(Treize heures deux minutes)
Le Modérateur : Bonjour, tout
le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la
parole, dans l'ordre, Mme Ruba Ghazal, députée de Mercier, M. Nezih Belhaj, du Collectif de Québec pour la paix, M.
Jesse Greener, représentant Voix juives indépendantes, et enfin M. Guillaume Cliche-Rivard,
député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, Victor. Merci, tout le monde, d'être ici. Merci beaucoup au Collectif
de Québec pour la paix d'être ici. Merci d'avoir été les initiateurs, d'avoir
fait appel à Québec solidaire, à mon bureau, pour porter cette pétition, que je
suis extrêmement fière aujourd'hui d'avoir déposée à l'Assemblée nationale. Il
y a eu 12 000, 12000 Québécois
et Québécoises qui ont demandé que le gouvernement de la CAQ renonce à
l'ouverture d'un bureau du Québec à Tel-Aviv. Et j'ai envie aussi... (panne de
son) ...du peuple québécois envers le peuple palestinien, que j'entends, moi, comme
Palestinienne, depuis très longtemps, et, avec cette pétition, à ma grand-mère,
ma grand-mère qui est décédée ce lundi à Laval. Elle avait 92 ans. Elle
est née en 1931 en Palestine, réfugiée au Liban. Et, pour elle, là, le conflit
israélo-palestinien, ce n'est pas juste une question qu'on voit comme ça dans
les nouvelles. Elle a vécu ce conflit-là dans sa chair.
Et aujourd'hui, aujourd'hui,
malheureusement, on voit qu'il y a eu 28000 morts.
Ma grand-mère a eu la chance de pouvoir vivre ici, entourée de sa famille, puis
de mourir, jusqu'à la fin de sa vie, ici, au Québec, mais il y a eu beaucoup de
gens... personnes innocentes à Gaza, des enfants, des enfants qui n'ont rien
demandé autre que vivre dans la paix, qui sont en train de mourir. Et nous,
ici, au Québec, il faut qu'on soit... qu'on fasse honneur à cette tradition de
paix.
Malheureusement, j'ai interpelé la
ministre Martine Biron avec mon collègue Guillaume Cliche-Rivard, et je suis
très, très blessée par l'indifférence de la ministre, par l'indifférence du
gouvernement de la CAQ, le gouvernement du Québec face au sort du peuple
palestinien. La ministre nous dit qu'elle veut ouvrir un bureau du Québec au
Moyen-Orient et que la porte d'entrée, c'est Tel-Aviv. Quel message ça envoie à
toutes les personnes, aux peuples qui vivent dans cette région-là, de dire que
c'est à Tel-Aviv la première porte? Il y aurait eu possibilité d'ouvrir ça
ailleurs si elle avait voulu. Elle refuse même, elle refuse même la demande
d'aide d'urgence que je lui ai demandée il y a plusieurs mois. Alors que la
situation est dramatique, la situation humanitaire est catastrophique et il y a
un risque aussi de famine à Gaza, quel manque de sensibilité!
Mais ce n'est pas grave, le peuple
québécois est... lui, il est pour la paix et il fait entendre sa voix par
toutes sortes de façons, par exemple en s'impliquant par le... avec le
collectif, avec d'autres organisations de la société civile, en faisant des
manifestations pour faire pression sur le gouvernement. Puis on va continuer à
faire pression sur Mme Biron et le gouvernement de la CAQ.
Je vais vous laisser continuer. Merci.
M. Belhaj (Nezih) : Bonjour.
Mon nom, c'est Nezih Belhaj, du Collectif de Québec pour la paix. Nous venons
de déposer aujourd'hui une pétition de plus de 12 000 signataires
dans laquelle nous demandons au gouvernement Legault l'annulation pure et
simple de l'ouverture d'un bureau de Québec en Israël. Cette demande vise à
mettre l'arrêt de l'occupation israélienne des territoires palestiniens, qui
sont... qui sont sous occupation depuis 75 ans, comme condition pour
l'ouverture du bureau. Nous demandons au gouvernement d'avoir le courage de
rester... le courage de rester fidèle à notre charte québécoise... à notre charte
québécoise des droits et libertés et aux valeurs universelles des droits
humains. Notre demande est d'autant plus pertinente alors que la Cour
internationale de justice soupçonne Israël de commettre un génocide envers les
Palestiniens, et elle enquête là-dessus.
Malheureusement, Mme Biron a répondu par
le refus à notre pétition en prétextant que ce bureau est la porte d'entrée de
Québec au Proche-Orient. Donc, ce gouvernement a choisi un État qualifié d'État
d'apartheid, un État soupçonné de génocide pour ouvrir une porte au
Proche-Orient. Quel message envoyé aux populations de la région et aux
Québécois et Québécoises!
Nous remercions nos 12000 concitoyens qui
ont signé cette pétition. Nous remercions Mme Ghazal pour avoir parrainé cette
pétition. Nous remercions aussi Québec solidaire, les différents syndicats de
travailleurs, nos partenaires de Voix juives indépendantes ainsi que tous les
groupes qui nous ont aidés à diffuser... à diffuser cette pétition. Merci.
M. Greener (Jesse) : Bonjour.
Je m'appelle Jesse Greener, de Voix juives indépendantes. Les Juifs
progressistes du Québec sont profondément préoccupés par la guerre menée par
Israël contre les Palestiniens innocents. Ici, chez nous, nous sommes également
préoccupés par le rôle de nos gouvernements et nos secteurs privés dans le
génocide en cours à Gaza. Cela inclut les entreprises vendant des armes à
Israël et la décision du gouvernement fédéral de suspendre l'aide humanitaire
dont les civils palestiniens ont... dont ont besoin désespérément pour se
protéger de la famine et de la maladie qu'Israël leur a imposées.
L'idée que le Québec ouvrirait une
ambassade en Israël, surtout après une guerre dépravée, envoie un mauvais
message au monde, et nous croyons qu'elle contrevient... récente directive de
la Cour internationale de justice pour prendre toutes les mesures nécessaires
pour empêcher la poursuite du génocide à Gaza. C'est donc avec plaisir qu'au nom
de Voix juives indépendantes je suis témoin aujourd'hui de la présentation de
cette pétition. Merci pour l'invitation et merci pour le travail.
M. Cliche-Rivard : Merci.
Après des demandes répétées de Québec solidaire depuis le 7 octobre dernier,
l'Assemblée nationale a finalement voté à l'unanimité une motion qui en appelle
à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. C'était déjà là une première victoire.
Quelques jours avant ça, la décision
historique de la CIJ, la Cour internationale de justice, reconnaissait qu'il y
a un risque plausible de violation des droits des Palestiniens d'être protégés
contre un acte de génocide. Vous le savez, tout le monde en a lu, le monde
entier l'a lu.
Malgré tout, les rumeurs d'une offensive
terrestre à Rafah prennent de plus en plus d'ampleur dernièrement et soulèvent
beaucoup de questions quant à la protection des populations et quant au respect
de la décision de la CIJ.
Dans un tel contexte, persister dans la
décision d'ouvrir un bureau en Israël pourrait être interprété comme un appui
aux actions du gouvernement Nétanyahou. La ministre Biron devrait prendre en
compte l'impact de cette décision dans les rapports du Québec avec le
Moyen-Orient et les conséquences sur l'image du Québec de sa prise de décision
sur les relations internationales.
Enfin, je tiens à rappeler la tradition de
solidarité internationale du Québec avec les populations vulnérables partout
dans le monde. Il est impératif qu'une solution négociée soit trouvée afin de
permettre aux populations de Palestine et d'Israël de pouvoir vivre en paix
dans des frontières sûres et reconnues. Merci.
Le Modérateur : Merci. Merci
à toutes et à tous. On va maintenant prendre des questions sur le sujet du
jour, s'il y en a.
Journaliste : Oui, bonjour.
Le Modérateur : M. Bergeron,
oui.
Journaliste : Patrice
Bergeron, La Presse canadienne. Vous m'entendez bien? Oui? O.K. Je voulais
savoir, d'après ce qu'on a pu comprendre, c'est que le bureau est déjà ouvert,
donc on le referme? Qu'est-ce qu'on fait?
Mme Ghazal : Bien, en fait,
ce n'était pas clair au début s'il allait rester ouvert parce que la ministre,
elle avait dit qu'il allait... qu'ils allaient ouvrir un bureau à Tel-Aviv en
août. Et, après ça, quand il y a eu ce qui s'est passé... 7 octobre, là, elle a
dit : Bien, on le suspend. Elle était supposée y aller, puis on ne sait
pas trop, puis elle n'a pas dit qu'il allait être ouvert. C'est vraiment
aujourd'hui, en posant la question, qu'elle a dit qu'il est ouvert à Montréal
et qu'il est fonctionnel, ce qui n'était pas clair. Moi, c'était une
information que je n'avais pas. J'avais espoir, un petit, petit espoir que la
ministre décide de dire : Bien, on ne va pas ouvrir là, on ne va pas être
là, puis ce n'est pas ça qu'elle a pris. Donc là, on vient de l'apprendre, elle
l'a dit.
Journaliste : Donc, on ferme
le bureau qui est ouvert, c'est bien ça que vous voulez?
Mme Ghazal : Absolument.
Journaliste : O.K. O.K.
Mme Ghazal : Tout à fait.
Journaliste : Est-ce qu'il
n'y a pas un risque quand même, parce qu'étant donné que c'est des relations
diplomatiques qu'il y a avec l'État d'Israël et non pas avec le gouvernement
Netanyahou... que ça ne serait pas aussi mal vu que de rompre des relations
avec l'État d'Israël? Parce que le gouvernement, il a été élu démocratiquement,
il va changer, comme n'importe quel gouvernement dans un état démocratique, là.
Mme Ghazal : Là, en ce
moment, il y a un peut-être risque de génocide, et ça, ce n'est pas Québec
solidaire qui le dit, ce n'est pas moi, ce n'est pas le collectif ici, c'est la
Cour internationale de justice, qui a dit à Israël : Faites tout en votre
pouvoir, là, pour éviter qu'il y ait un génocide, puis gardez les traces, et
tout ça, puis les preuves, parce que ça peut prendre du temps, investiguer.
Donc, ça, ça veut dire, tous les États aussi qui font affaire avec Israël,
c'est un message pour eux, en leur disant : Faites attention de ne pas
être complices. On ne le sait pas encore s'il y en a un, mais il va y avoir une
investigation, puis ça va prendre des années.
Donc, nous, le Québec, pendant ce
temps-là, alors qu'il y a des innocentes victimes qui meurent... c'est
70 % de gens qui n'ont rien à voir... bien, la majorité, là, qui meurent
qui n'ont rien à voir avec ça, de la même façon qu'il y a eu des innocentes
victimes aussi qui ont... qui sont mortes aux mains du Hamas, avec un acte
terroriste qu'on a vu le 7 octobre, et c'est les peuples, les deux peuples, là,
qui sont pris en otage par des gens comme le gouvernement de Netanyahou. Donc,
pendant ce temps-là, le gouvernement dit : Aïe! Je vais faire de la
business, moi. Où est-ce que je vais aller au Moyen-Orient pour la première
fois? Et il décide d'aller exactement dans l'État où il y a un risque de
génocide. Franchement! Je veux dire, n'importe qui qui entend ça, il dit :
Renoncez à cette mauvaise décision. Puis il n'y a pas... Je veux dire,
l'économie du Québec n'est pas menacée parce qu'on n'ouvre pas un bureau du
Québec à Tel-Aviv.
Journaliste : Qu'est-ce
que...
M. Cliche-Rivard : J'ajouterais...
Journaliste : Oui, oui.
M. Cliche-Rivard : J'ajouterais
que c'est quand même assez épatant et surprenant qu'on apprenne ça, là, dans
une question, que soudainement le bureau est ouvert, là. La dernière
communication publique, c'était que c'était suspendu. Et qu'est-ce qui est
arrivé depuis? Il est arrivé 28 000 décès. Il est arrivé une décision
de la CIJ. Moi, je m'explique mal pourquoi les conditions qui menaient à la
suspension il y a quelques mois permettent aujourd'hui la réouverture dans
un... ou l'ouverture dans un contexte qui s'est passablement dégradé. Je pense
que la ministre doit répondre de ça. Comment se fait-il qu'elle avait toutes
les raisons au monde de justifier une suspension ou un arrêt il y a quelques
mois puis qu'aujourd'hui elle nous annonce comme ça que, soudainement, c'est
ouvert? Je pense qu'elle a des réponses à donner, là.
Journaliste : Qu'est-ce qui
serait une bonne porte d'entrée pour le Québec au Moyen-Orient? Beyrouth,
Ramallah...
Mme Ghazal : Bien, moi, je ne
suis pas experte. Je ne sais pas, je ne suis pas experte de c'est où, et tout
ça. Il y a des gens dans le ministère des Relations internationales qui
pourraient conseiller la ministre, là, pour lui dire où est-ce qu'on pourrait
aller pour ouvrir. Je n'ai aucune idée. Par exemple, le Liban, ça parle
français. Est-ce que c'est... il y a déjà eu des discussions? La Jordanie, où
est-ce qu'ils ont quand même des relations peut-être un peu normalisées... Je
ne suis pas une experte. C'est à la ministre de dire : Nous, on veut aller
au Moyen-Orient, on veut faire des affaires. Et c'est une bonne chose. Parce
qu'en plus de ça, quand on regarde les gens autour, dans la région, là, les
pays autour, les populations, je ne parle pas du gouvernement, hein, parce que
souvent c'est des États qui... où la démocratie n'est pas très, très présente,
bien, les gens, ils vont être... Quelle image on va donner du Québec à ces
personnes-là en disant : Bien, on fait affaire avec Israël? Est-ce qu'ils
vont avoir envie, après ça, de faire affaire avec le Québec, les pays autour,
là, qui sont au Moyen-Orient? Je ne penserais pas.
Journaliste : Une petite
dernière, si vous permettez. Est-ce que le Québec, à ce moment-là, se
trouverait être complice d'actions qui pourraient mener à un génocide, si je
vous interprète bien, là?
Mme Ghazal : En fait, il y a
un risque. C'est... Encore une fois, je répète, je prends... puis, aujourd'hui,
j'ai posé une question, là, dans ma question, j'ai repris avec des...
exactement ce que la Cour internationale de justice, qui dit qu'il y a un
risque de génocide et donc il faut faire attention de ne pas avoir les mains
dedans puis prendre toutes les mesures entre les mains de l'État d'Israël, puis
aussi les autres États qui font affaire avec Israël, pour s'assurer... les
alliés, là, pour s'assurer qu'il n'y ait pas de génocide.
Journaliste : ...ou on serait
comme des complices, une sorte de complicité, ou...
Mme Ghazal : Ce n'est pas...
Pardon?
Une voix : ...
Mme Ghazal : Ce n'est pas... Ce
n'est pas... Ce n'est pas une question... c'est-à-dire que c'est de ne pas
participer d'une façon directe ou indirecte à un risque de génocide. Il ne faut
pas que le Québec, on y participe puis qu'on donne la caution à l'État d'Israël
de commettre un génocide, s'il en commet un.
Le Modérateur : M. Duval.
Journaliste : Mme Ghazal ou
M. Cliche-Rivard, là, il y a les déclarations publiques du gouvernement, mais
il y a aussi les discussions derrière les portes closes. Est-ce que vous avez
eu des... (panne de son) ...Mme Biron, dans lesquelles vous auriez peut-être
senti une approche différente que celle qui est affichée publiquement pour le
moment?
Mme Ghazal : Bien, moi, j'ai
déjà rencontré la ministre surtout aussi pour lui parler de la demande d'aide
humanitaire, puis récemment elle venait de débloquer de l'argent après le
séisme au Maroc, aussi en Haïti. Donc, c'est quelque chose qui est commun que
l'État québécois débloque de l'argent. Puis elle m'avait dit, entre les portes
closes, qu'elle allait regarder ça et puis étudier. Donc, vraiment,
aujourd'hui, moi, j'avais espoir, à la question qui a été demandée par
Guillaume Cliche-Rivard, qu'elle allait dire... nous annoncer : Oui, on va
débloquer un montant d'argent pour l'aide humanitaire, et c'est tout.
Pour ce qui est du reste, là, c'est-à-dire
que moi, quand j'ai eu la rencontre avec la ministre, c'était avant que le
gouvernement décide finalement de demander un cessez-le-feu par une motion,
puis là elle, elle était inquiète par rapport au Hamas, par rapport aux otages.
Puis moi, je lui ai dit... Je veux dire, il n'y a personne... Puis, à Québec
solidaire, nous, on veut que les otages soient libérés. Ça, c'est une demande
qui est faite par tout le monde qui demande un cessez-le-feu. Donc, j'ai...
c'est ça.
Mais, pour ce qui est du bureau, je n'ai
pas eu de discussion plus que ça si, par exemple, elle pourrait reconsidérer la
décision. Mais nous, on discute toujours, notre porte est ouverte, la sienne
aussi. Et, moi, ça me ferait plaisir de lui parler puis de la rencontrer en
privé, la même chose aussi pour Guillaume, qui est son vis-à-vis, de la
rencontrer, puis de parler comme on le fait souvent avec les ministres, en
espérant qu'elle change d'idée, puis de la sensibiliser.
M. Cliche-Rivard : Puis je
soulignerais en complément qu'on a rencontré la déléguée... (panne de son) ...organisée
ici, quand Mme Biron était là, nous, on était là, on a organisé une rencontre.
En fait, on leur a permis de se rencontrer puis de se parler, et Mme Biron,
avant une période de questions, a passé quelques bonnes minutes à discuter avec
la déléguée. J'ai senti une belle ouverture, j'ai senti un beau vent de
communication. Je pense que les liens sont là, la volonté des liens sont là, et
elle était invitée à faire une rencontre formelle un petit peu plus en détail
avec la déléguée, et je la relancerai cette semaine ou la semaine prochaine
là-dessus. Je pense qu'ils ont des choses à se dire, des informations à se
partager, mais j'ai vu là une belle intention de collaboration puis je pense
qu'il y avait une belle ouverture avec la déléguée générale.
Journaliste : Est-ce qu'il y
a, au sein même du gouvernement, des éléments qui pourraient expliquer la
rigidité de la position actuelle sur le maintien du bureau? Au-delà de la
business, est-ce qu'il y a autre chose que vous voyez qui pourrait expliquer?
Mme Ghazal : Il faudrait leur
demander. Il faudrait demander à la CAQ. Moi, je ne me l'explique pas. Puis je
suis très, très honnête avec vous, peut-être que je suis un peu naïve, là, mais
j'avais un petit espoir pour le bureau quand elle a dit qu'elle... finalement,
ils allaient suspendre l'ouverture, qu'elle l'annule. Et je n'ai pas... je n'ai
pas d'élément factuel qui expliquerait ça. Il y a la pétition, 12 000 signataires.
Quand on voit, dans les rues, les gens qui manifestent de façon très pacifiste,
les organisations syndicales, les organisations de la société civile, moi, je
pense que les Québécois, là, applaudiraient le gouvernement de la CAQ s'il
décidait de revenir sur sa position.
Journaliste : Mon collègue
Patrice Bergeron soulignait tantôt, bon, les gouvernements vont et viennent, le
Québec a quand même des représentations à l'étranger dans d'autres pays où le
respect des droits de l'homme pose problème, entre autres la Chine. J'aimerais
comprendre en quoi... Je comprends le contexte de la guerre, évidemment, là,
mais est-ce qu'on n'ouvre pas la porte à ouvrir des bureaux, fermer des
bureaux, ouvrir des bureaux, fermer des bureaux, en fonction des orientations
gouvernementales étrangères?
M. Cliche-Rivard : Il y a
quand même une cour internationale de justice, la Cour internationale de
justice, qui a dit qu'ils reconnaissaient un risque plausible de violation du
droit des Palestiniens d'être protégés contre un génocide. Je veux dire, s'il y
a une ligne rouge à franchir, je pense, dans l'ensemble de nos conventions
humanitaires puis du droit de la guerre, c'est celle-là.
Journaliste : ...en Chine
aussi, là, puis il y a un bureau à Beijing.
M. Cliche-Rivard : Puis il y
a des questions à avoir. Je ne suis pas fermé à avoir cette discussion-là,
mais, quand ouvre une antenne du Québec, quand on ouvre une délégation du
Québec, je pense qu'il faut qu'il y ait là, nécessairement, un lien avec le
respect des droits fondamentaux et que, quand il y a des allégations de
génocide ou de risque de génocide reconnues par un tribunal, le tribunal de la
Cour internationale de justice, il va falloir qu'on... il y a des questions à
se poser puis il va falloir qu'on se pose des questions sur quel message le
Québec envoie, si, là, postdécision CIJ, tout d'un coup, on décide qu'on ouvre
le bureau. Je veux dire, c'est quand même tout qu'un message... disons, pas le
bon message qu'on envoie.
Journaliste : Mais
pensez-vous que la même question doit se poser aussi pour le bureau à Beijing,
considérant le sort réservé aux Ouïghours? Puis je ne veux pas dévier le sujet,
mais c'est juste parce qu'on est devant des situations qui ne sont pas les
mêmes, mais...
M. Cliche-Rivard : Non, non,
mais la question... la question est tout à fait légitime, la question est tout
à fait légitime, puis les rapports d'Amnistie internationale puis de plusieurs
organisations sont assez accablants sur ce qui se passe avec les Ouïghours.
Moi, je suis... je n'ai pas de position ferme, là, en ce moment, sur la
question, mais je suis très intéressé à l'étudier puis à l'évaluer davantage.
Là, aujourd'hui, on est là avec les gens pour Gaza, là, mais évidemment que,
dans toute logique, c'est une question qui va devoir se poser puis qui peut se
poser.
Journaliste : Bonjour. Je
reviens aussi sur une question du collègue Patrice Bergeron, parce que votre
collègue Haroun Bouazzi vient d'écrire un message, là, avec une position un peu
différente de celle que vous défendez ce matin. Il dit... Il écrit que «la CAQ
nous rend complices d'un gouvernement d'extrême droite qui accumule les crimes
de guerre, les crimes contre l'humanité, les nettoyages ethniques et qui a
démarré un processus génocidaire depuis quelques mois». Donc, je me demandais :
Est-ce que vous souscrivez aux propos de votre collègue Haroun Bouazzi ou
est-ce que vous trouvez qu'il va trop loin?
Mme Ghazal : Bien là, vous
venez de le lire, on ne l'a pas vu, là, vous nous informez de ça. Puis, vous
savez, c'est un sujet extrêmement émotif, extrêmement émotif. On se rappelle
comment Haroun... Parce que, comment dire, on regarde les réseaux sociaux...
Moi, j'essaie de me désabonner à des pages parce que je ne suis plus capable de
voir des bébés qui meurent, puis c'est extrêmement émotif, puis ce qui se passe
en ce moment à Gaza est effroyable, humainement intolérable. Je vous parlais de
ma grand-mère, c'est quelque chose d'émotif. Puis, si... Il voulait aussi... de
ce que je comprends, là, parce que vous venez de le lire, là, je n'ai pas vu,
donc, il exprime l'émotion qu'il ressent face à cette situation-là.
Puis c'est important que le Québec, on
fasse preuve de précaution quand on ouvre des bureaux comme ça, comme par
exemple par rapport à la question des droits humains. Ça, c'est extrêmement
important, puis il faut toujours, toujours, toujours ramener ça à la question
de justice. Et la Cour internationale de justice, on ne le rappellera jamais
assez, elle s'est prononcée.
Journaliste : Donc, c'est une
réaction émotive, mais vous n'êtes pas prête à aller aussi loin. Vous trouvez
qu'il va un peu loin, quand même.
Mme Ghazal : Non. Je ne veux
pas qualifier s'il va loin ou pas. Je ne veux pas qualifier ça.
Journaliste
: ...
Mme Ghazal : Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, s'il n'y a rien d'autre.
Mme Ghazal : Merci.
(Fin à 13 h 22)