(Neuf heures deux minutes)
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Très heureux de vous voir nombreux en ce matin d'interpellation qui a pour
thème, aujourd'hui : L'habitation; un autre échec caquiste. Et c'est un
échec retentissant, et c'est le seul constat possible après six années de
gouvernance caquiste. L'échec est total en matière d'accès au logement, à l'habitation.
La crise du logement, évidemment, a pris de l'ampleur puisque la CAQ n'a jamais
pris les mesures nécessaires pour essayer de juguler cette crise.
Quand on regarde un peu les statistiques,
on va en faire la démonstration tout à l'heure lors de... l'interpellation,
pardon, si on regarde la capacité des Québécois à se loger, par exemple, sur le
revenu moyen disponible par ménage, là, on parle d'une augmentation de
18 % depuis 2018, depuis l'entrée au pouvoir des caquistes, alors que le
prix des maisons, lui, a augmenté de 66 %. C'est trois fois... cinq fois
plus que le revenu disponible. Les copropriétés, ça a augmenté de 52 %. Et
ça, c'est pour l'accès à la propriété.
Pour ce qui est des loyers, on parle d'une
augmentation moyenne de 34 %, mais il faut bien comprendre que les loyers
qui demeurent occupés par les mêmes personnes sur une longue période font
baisser la moyenne, alors qu'au contraire, plus il y a des changements dans l'occupation
des loyers, plus les loyers sont à la hausse. Ça peut aller jusqu'à 50 %,
ce qui prouve que le contrôle des loyers au Québec ne fonctionne plus
correctement.
On a des disparités, là, entre des loyers
à Montréal, par exemple, ou à Gatineau, pour le même quatre et demi de qualité
équivalente, des disparités de 400 $ s'il y a un loyer qui est occupé
depuis plus longtemps qu'un autre. C'est donc dire que les recommandations du
Tribunal administratif du logement ne sont pas suivies par les propriétaires
depuis déjà quelques années. Donc, on n'a pas eu de mesure de la CAQ, au cours
des dernières années, pour essayer justement d'amoindrir les difficultés des
Québécois à se loger.
En 2018, acheter une maison, c'était
investir environ quatre fois son revenu annuel. En 2024, on est rendu à six
fois le revenu annuel des Québécois. Pendant quatre ans, on le sait, la CAQ a
nié qu'il y avait une crise du logement, le mot en c était tabou. On l'a
maintenant prononcé du bout des lèvres, mais on attend encore les actions de la
part du gouvernement.
On creuse le fossé entre les générations,
c'est très grave. Les jeunes ménages, les étudiants, les locataires, les aînés,
tous ceux qui entrent sur le marché de l'habitation qui ont des revenus fixes,
bien, ils sont pénalisés, à l'heure actuelle, par le laisser-aller de la CAQ. L'accès
à un logement, c'est un minimum, au Québec. On a un filet social et on devrait
absolument reconnaître ce droit au logement. L'accès à la propriété, ça fait
également partie du contrat social, au Québec, et maintenant ce contrat est
brisé envers les jeunes. C'est ce qu'on va rappeler à la ministre aujourd'hui.
Et, en terminant, je vous dirais qu'on
avait eu... on aurait eu l'occasion d'améliorer un tant soit peu les choses
avec le projet de loi n° 31. Malheureusement, pour la
ministre Duranceau, c'est un rendez-vous raté. Là-dessus, je peux prendre vos
questions.
Journaliste : ...en matière
de logement?
M. Arseneau : En matière de
logement, il y a... Bien, pendant la dernière campagne électorale, depuis deux
ans, on a proposé d'investir massivement dans le logement social. On aurait
voulu maintenir et réinvestir dans le programme AccèsLogis plutôt que le mettre
complètement de côté, l'abolir pour créer un nouveau programme qui ne
fonctionne pas. On avait pour objectif de construire 45 000 logements
sociaux ou hors marché, y compris 10 000 logements pour les
étudiants. On était les seuls à parler du logement étudiant. Aujourd'hui, là,
bien, on constate qu'il y a des étudiants qui sont contraints d'aller dans les
auberges du cœur pour se loger. Et on a maintenant la fédération collégiale,
des établissements collégiaux, qui demande au gouvernement d'investir des... en
fait, des dizaines de millions de dollars dans le logement étudiant. Les
universités se joignent également à nous. Le gouvernement n'a jamais vu ça
comme un élément... comme un problème.
Et pour ce qui est de l'accès à la
propriété, on a fait des propositions, en période de questions, avec le chef de
parti du Parti québécois et le premier ministre et lundi prochain, à
10 heures, on a une conférence de presse qui est prévue à Montréal pour
annoncer l'ensemble des mesures qu'on propose au gouvernement.
Journaliste : À quel point
l'immigration temporaire, notamment, et aussi la hausse des réfugiés qu'on a
eus au Québec jouent sur la pénurie de logements?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
on a déjà répondu à ces questions-là sur la base, là, des affirmations,
notamment de la SCHL, de la banque... enfin, de la Banque Nationale, de
différents acteurs économiques. M. Fortin également, un économiste
reconnu, estime, chiffres à l'appui, que si la demande augmente et que l'offre,
elle, stagne ou régresse, bien, évidemment, on a un problème. Puis la demande
est, entre autres, selon l'économiste Fortin, est liée... l'augmentation de la
demande est liée essentiellement à l'augmentation de la population, et
l'augmentation de la population découle directement de l'immigration.
Journaliste : Pourquoi
attendre à lundi pour dévoiler votre plan? À toutes fins pratiques, là, c'est
fini le projet de loi n° 31. Pourquoi vous ne l'avez
pas fait avant?
M. Arseneau : Le projet de
loi n° 31, évidemment, il est terminé, mais il n'est
pas... Et vous demanderez à la ministre, elle-même se réserve un autre moment
pour déposer un plan d'action en matière d'habitation. Donc, le projet de loi
n° 31 touche certaines dispositions, notamment du Code civil,
relativement, justement, aux droits des locataires, on enlève certains droits,
notamment la cession de bail, mais ce n'est pas un plan, ce n'est pas une stratégie
de développement, par exemple, de l'habitation. Alors, évidemment, la ministre
attend, mais on ne sait pas à quand, pour déposer son plan. Nous, on va lui
proposer des solutions lundi, mais ça n'entrait pas dans le cadre d'un projet
de loi. Ce sont des mesures, disons, fiscales et autres pour stimuler la
construction et permettre l'accès à la propriété aux plus jeunes.
Journaliste
: Est-ce
que vous aimeriez qu'elle démissionne, comme certains groupes le réclament?
M. Arseneau : Ah! On n'en est
pas là. Moi, je pense que la ministre doit agir, c'est ce qu'on lui demande, et
d'essayer de se mettre à l'écoute également des besoins, des attentes des
locataires, mais également des jeunes et des moins jeunes qui, actuellement,
là, vivent une crise extrêmement importante. Puis des déclarations malheureuses
comme celle de dire qu'il faut qu'ils investissent dans l'immobilier, c'est le
genre de réaction, là, qu'il faut absolument éviter.
Journaliste : Est-ce qu'elle
manque d'impartialité compte tenu de son passé dans le milieu professionnel des
affaires?
M. Arseneau : Bien, on juge
la ministre à ses actions et les actions sont timides et sont effectivement
davantage favorables aux propriétaires qu'aux locataires. C'est ce qu'on a
constaté pendant toute l'étude du projet de loi. Je vous donne un seul exemple.
Pourquoi, en moment de crise, enlever à peu près le seul moyen qu'il reste aux
locataires de calmer un tant soit peu, là, la surchauffe sur les coûts de
loyer, c'est-à-dire la cession de bail? Pourquoi l'enlever à cette période-ci?
On a eu des consultations publiques. La quasi-unanimité des gens, y compris les
villes de Gatineau, de Montréal, tout le monde a dit : Non, non, ne
touchez pas à ça, c'est le plus mauvais moment pour le faire. Et elle l'a fait
quand même. Et quand on lui a demandé : Pourquoi? Sa justification, c'est,
initialement, selon elle, la cession de bail était inscrite au Code civil pour
s'assurer que le locateur ne soit pas laissé pour compte si un locataire quittait.
Maintenant que cette possibilité-là devient avantageuse pour le locataire, on
l'élimine. Alors, c'est dire le parti pris pour le locateur, alors
qu'évidemment la crise du logement, on en conviendra, mais la ministre a de la
difficulté, elle, à la percevoir. Ce sont les locataires, en particulier, qui
la subissent et non pas les propriétaires qui ont l'embarras du choix.
Journaliste : Qu'est ce que
vous avez pensé de la petite altercation entre Mme Guilbault puis votre
collègue, M. Bérubé, hier?
M. Arseneau : Bon, ça a été
un échange, disons, costaud, mais je pense qu'il était pour le moins surprenant
de voir la ministre s'attaquer à mon collègue, Pascal Bérubé, alors qu'elle se
dirigeait vers un point de presse où elle aurait pu tout simplement s'excuser
pour des pratiques absolument ignobles de la part de la CAQ concernant, là,
l'utilisation d'un cocktail de financement, là, pour plaider sur une cause
aussi noble que celle qu'elle défendait.
Journaliste : Est-ce que vous
estimez que Mme Guilbault, pendant son point de presse, a diffamé au sujet
de M. Pascal Bérubé? Parce qu'on voit que ça ressort sur Twitter, là, en
ce moment, là. Il y en a... Mme Rizqy, entre autres, qui estime que c'est ça
qui est arrivé. Vous, est-ce que vous estimez que c'est effectivement le cas?
M. Arseneau : Je vais vous le
dire sincèrement, je n'ai pas eu l'occasion d'écouter le point de presse de Mme Guilbault.
Je ne peux pas me prononcer s'il y a un caractère diffamatoire à ses propos. Je
sais qu'il était indélicat de sa part de se porter à l'attaque, alors qu'elle
aurait pu tout simplement exprimer ses excuses et sa bienveillance envers le
couple visé. Elle aurait pu aussi s'engager à ce qu'ils soient remboursés pour
les 200 $ qu'on a exigés pour les deux minutes de conversation avec
elle. Mais sinon, là, je ne peux pas me prononcer sur ses propos, je ne les ai
pas entendus.
Journaliste : Mme Guilbault
a dit dans son point de presse hier que, finalement, elle... C'était un peu
comme si elle rejetait la faute sur les... sur Mme Rivera et M. Bittar
en disant : Bien, ils avaient juste à m'appeler. S'ils m'avaient appelé,
je les aurais rencontrés. Alors, elle s'est dit désolée, mais en même temps,
c'est un peu comme si elle leur renvoyait la balle en disant : Bien,
pourquoi vous ne m'avez pas appelée?
M. Arseneau : Bien, en fait,
ça ne tient pas la route. Moi, je suis député depuis bientôt six ans, et
je pense que tous les députés savent que, lorsqu'on reçoit des gens, lorsqu'on
a des cas citoyens puis qu'on veut faire... ces gens-là veulent faire un
plaidoyer auprès des ministres, bien, on essaie de les mettre en contact, on
essaie de... bon, souvent, de leur faire écrire des lettres, si le ministre
passe, on essaie de ménager un moment pour qu'ils puissent faire leur
plaidoyer. Et puis, qu'on soit dans l'opposition ou qu'on soit au pouvoir, on
fait le même travail auprès des ministres. Il y a une responsabilité d'État de
la part des ministres de s'assurer, là, que leurs politiques publiques puis que
leurs effets soient positifs pour le bien-être de la population. Mais jamais
va-t-on penser un instant que des cas citoyens doivent se... doivent être pris
sous l'angle du financement des partis politiques, de monnayer un accès à un
ministre, peu importe la cause, lorsqu'ils sont venus frapper à la porte du
bureau de circonscription. C'est ça qui est inadmissible.
Journaliste : Mme Picard...
Le Modérateur : On va passer
en anglais après...
Journaliste : Oui. Mme Picard
a connu une erreur de jugement. Mme Guilbault, elle, vous l'avez entendu, elle
dit qu'elle n'était pas au courant que ces gens-là allaient être là, qu'on ne
monnaie pas l'accès à... pour une rencontre avec elle. Pensez-vous que Mme Guilbault
a, elle aussi, son bout de chemin à faire là-dedans?
M. Arseneau : Bien, la
ministre Guilbault a multiplié les cocktails de financement et, aujourd'hui, je
pense qu'elle fait partie du système de plus en plus... qui se dessine, là, de
financement du Parti québécois... du parti de la CAQ, et c'est ce que dénonce
le Parti québécois. Donc, qu'elle fasse amende honorable, c'est ce qu'on lui
demande, faire preuve davantage, je dirais, d'humilité dans ce cas-là. Et puis,
dans le cas précis qui nous occupe, qu'elle sache à qui elle s'adresse ou pas,
ce n'est pas vraiment l'important. Je pense que ce qu'il faut voir, c'est d'où
venait la commande pour que ces cocktails de financement soient fréquentés par
les ministres et les ministres parmi les plus influents.
Journaliste : Rapidement sur
la campagne de promotion de l'indépendance de Québec solidaire. Qu'est-ce que
vous en pensez à ce moment-ci?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
nous, on cherche à faire croître l'appui à l'option de l'indépendance, et, si
Québec solidaire veut rallier l'ensemble de ses membres à la cause, bien évidemment,
là, on deviendra encore plus forts. Et c'est ce qu'on souhaite, c'est bâtir un
pays.
Journaliste : C'est qui le
vrai capitaine Québec, là? Est-ce que c'est G.N.D., est-ce que c'est P.S.P.P.,
est-ce que c'est M. Legault? Le vrai capitaine Québec, là, le vrai, là.
M. Arseneau : Il n'y a aucun
doute, dans mon esprit et dans l'esprit de tous les Québécois, que le vrai
capitaine Québec, c'est Paul St-Pierre Plamondon et c'est avec lui qu'on va bâtir
le pays du Québec. Mais tous les alliés qui voudront se joindre, évidemment, à
la cause, et à la bataille, et au débat sont évidemment les bienvenus.
Le Modérateur : On va passer
en anglais...
Journaliste : ...plus fort,
est-ce que vous pensez... Parce qu'on a vu aussi le tweet de M. St-Pierre
Plamondon, là, qui appelle, justement...
M. Arseneau : ...
Journaliste : Alors, fusion
Québec solidaire, Parti québécois, c'était-tu une invitation que vous leur
lancez là-dessus ou?
M. Arseneau : Non, mais moi,
je pense que la diversité des partis politiques est encore importante, et des
différentes... je dirais, différentes vues sur l'avenir du Québec. Mais, si on
peut s'accorder sur une chose, c'est-à-dire que le Québec doit devenir un pays
et décider par lui-même dans tous les domaines de son action en matière
économique, environnementale, culturelle, linguistique, c'est là-dessus qu'il
faut se rassembler. C'est la raison pour laquelle on tend la main à Québec
solidaire pour dire : Voulez-vous faire l'indépendance avec nous? Bien
entendu, on fait un appel au ralliement de l'ensemble des forces politiques,
des forces vives de la société civile pour bâtir un pays, mais on n'est pas
obligé de tout fusionner, je pense qu'on peut avoir différentes vues sur
certains enjeux, mais l'enjeu qui nous préoccupe davantage, c'est l'avenir du
Québec, de la langue française, de la culture, et c'est pour ça qu'on milite et
qu'on continue de se battre pour faire un pays.
Le Modérateur
: On va passer
en anglais.
Journaliste :
Good morning. This morning, on Arcand,
Mme Guilbault was asked if there some kind of a directive from the top. Mr.
Bérubé, yesterday, talked about: Was there a memo, like to target people that
have problems, that want access to a minister so they would be... which appears
to be... you know, what happened with this case, that they wanted to talk to
the minister, they paid their money. She denies that there's some sort of a
directive to the CAQ to do this. Do you believe her?
M. Arseneau :
Well, you know, you could talk about an
anecdote, if there is one case. Two cases, oh, maybe there's a combination of,
you know, great ideas. And then a third case, and a fourth case. With so many
cases, you come to think: Well, there is some kind of system. Is there a formal
or informal directive that remains to be, you know, proven? But one can
certainly suspect that this modus operandi was, you know, taken by many, and it
sounds a lot like they knew what to do, whether it came from up above, you
know, directly or indirectly.
Journaliste :
Mme Guilbault has said, you know, the situation
was unfortunate. Mme Picard's employee has apologized. We don't have an apology
from the top. Do you think there should… do you think the Government… do you think Mme Guilbault
should issue a formal apology to this couple and refund their money?
M. Arseneau :
That's what we asked right from the
get-go. During the commission, you know, during, you know, the debate, she
could have said, you know: My deepest apologies, you know, I had no idea that
you had to pay to present your arguments and to share your experience and
testimony. She could have said it right then and there.
Journaliste
: …yesterday
M. Arseneau : Yes, she could have said it yesterday right in front of those
people. She didn't. Then, she came here and she wouldn't apologize. I think now
is the time, today is the time to apologize, whether it's her responsibility or
not, it's the entire CAQ, as a political party, that is, you know, seen as
exploiting people's misery, and this is really unfortunate. As for reimbursing,
I think it goes without saying. Merci.
(Fin à 9 h 20)