(Huit heures trois minutes)
M. Tanguay : Bon matin à tous
et à toutes. Alors, ce matin, je suis heureux d'être accompagné de Madwa-Nika
Cadet, qui va vous parler, et on va vous parler d'énergie, d'Hydro-Québec et de
l'enjeu en matière notamment de développer notre énergie au Québec, notre
électricité, et les enjeux en matière d'emploi.
Avec François Legault, nous avons perdu
cinq ans. Quand il est arrivé au pouvoir en 2018, il y avait des surplus
énergétiques. De l'électricité, il n'en manquait pas. Maintenant, on aura l'occasion
cet après-midi, en partant ce matin, de questionner Michael Sabia sur ses
souhaits. Michael Sabia a un souhait, en 2035, d'avoir 60 térawattheures de
plus. Il nous dit : Ça va nous coûter collectivement entre 90 et 110 milliards.
Ça représente, 60 térawattheures, trois ouvrages, trois barrages :
Manic-5, Robert-Bourassa LG-2 et la Romaine. Ça, la Romaine, prenons ce seul
exemple là, ça a pris 11 ans pour construire la Romaine. Et, 2035, si on
commence à calculer dans le prochain mois, 2024, bien, c'est dans 11 ans.
Alors, beaucoup de questions. On a perdu
du temps sous ce mauvais gouvernement François Legault là. On a perdu cinq ans.
Quand il est arrivé au pouvoir en 2018, rappelez-vous, il avait fait un
moratoire sur le développement des ouvrages qui nous auraient permis d'avoir
plus d'électricité, également nous a fait perdre trois ans sur l'éolien, ainsi
de suite, ainsi de suite. C'est ça quand on fait affaire avec un mauvais
gouvernement brouillon puis qui n'a pas de vision. Il fallait que je le dise au
moins une fois.
Je cède maintenant la parole à ma collègue
Madwa-Nika Cadet.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Marc. Donc, comme vous l'avez entendu, donc, le chef, mes collègues, donc,
interrogeront M. Sabia aujourd'hui, P.D.G. d'Hydro-Québec, sur son ambition de
décarbonation, qui... donc, qui implique, donc, différents éléments et qui
vient avec des besoins en main-d'œuvre considérables.
Vous le savez, donc, je suis porte-parole
notamment en emploi, et on parle ici, donc, de 35 000 travailleurs qualifiés,
la grande majorité dans le secteur de la construction, pour réaliser, donc,
cette augmentation de production d'électricité. Il faut entendre M. Sabia sur
ce nombre. Donc, c'est ce que fera Marc... c'est ce que fera le chef du Parti
libéral du Québec cet avant-midi, étant donné le contexte actuel de pénurie de
main-d'oeuvre généralisée. Selon l'ACQ, donc, si on se concentre sur le secteur
de la construction, donc, selon l'Association de la construction du Québec, ce
sont 220 000 travailleurs qui sont dans le domaine de la construction au
Québec. Ça signifie que l'ambition de M. Sabia représente 18 % de la
main-d'oeuvre en construction. C'est énorme, ça vient avec certains défis. On
s'entend aussi que l'ACQ nous dit qu'il nous manque aujourd'hui 12 000 travailleurs
dans le secteur de la construction.
Donc, vous comprendrez qu'avec ces
chiffres-là et le fait qu'on est déjà en pénurie de main-d'oeuvre dans le
milieu, et qu'il y a d'autres besoins, notamment dans le secteur résidentiel,
on le sait, les mises en chantier dans ce secteur-là, au Québec, ont connu leur
pire année depuis 60 ans. Il y a des besoins immédiats, et la création... de
courte durée, il y a quelques semaines, par le gouvernement. Legault, ne résout
pas cette question-là, ne répond pas à cette demande en main-d'œuvre, surtout
qu'on ne s'attaque pas aux enjeux de rétention. La pénurie de main-d'oeuvre
dans l'industrie de la construction ne va pas se résorber de sitôt. Et, de
façon plus large, pas plus tard qu'hier il y avait un article qui titrait
Pénurie de main-d'oeuvre, le pire serait à venir avec les chiffres de la FCEI,
qui sont sortis hier, qui nous dit que nos PME sont dans la rouge, et que,
notamment, les PME, dans le secteur de la construction même, ont souffert avec
un manque à gagner de plus de 9,6 milliards de dollars juste dans la
dernière année.
Donc, avec ces différents défis là qui
existent en matière de main-d'oeuvre plus générale, donc, on ne pourra pas
déplacer ces travailleurs, donc, de nos PME dans l'ensemble du territoire du
Québec vers Hydro-Québec. Donc, il faut entendre M. Sabia sur ces questions-là
aussi aujourd'hui.
Journaliste : Vous avez l'air
de douter, tous les deux, de la faisabilité ou du réalisme de ce plan-là. Vous
n'avez vraiment pas l'air convaincu que...
M. Tanguay : Deux choses.
Vous me permettrez une introduction. Nous, ce matin, là, on n'attaque
aucunement la crédibilité de M. Sabia. Pauvre lui, il arrive, après cinq ans
caquistes, la CAQ a décidé de dire bye-bye à Sophie Brochu, qui était appréciée
de tous, qui avait déposé un plan dès 2022. Là, M. Sabia arrive. Parfait. M.
Sabia, c'est une personne compétente. Nous, c'est le gouvernement qui est
responsable de nous avoir fait perdre cinq ans. M. Sabia a un souhait, mais
l'on n'a pas de plan réellement tangible. Quand on parle de 60 térawattheures,
ça représente trois barrages. La Romaine, la seule Romaine, ça a pris 13 ans.
Là, il nous reste 11 ans.
Alors on va questionner M. Sabia, mais
tout compétent et bien intentionné soit-il, est-ce qu'il y a un gouvernement
qui a la capacité de développer une vision avec les moyens? Ma collègue
Madwa-Nika Cadet vient de vous parler de la pénurie de main-d'oeuvre en matière
de construction, ce n'est pas à M. Sabia d'y voir, ça aurait dû être à la CAQ depuis
cinq ans. Alors, nous, sur votre question très précise, on n'est pas défaitiste
ce matin, on est juste dans l'expression d'un souhait, de notre rôle de
l'opposition officielle, d'avoir un gouvernement qui puisse faire les bons
choix puis bien gouverner, ce qu'on n'a pas.
Journaliste : Donc, c'est
quoi, la solution pour...
M. Tanguay : Bien, ça serait
de changer de gouvernement, mais les élections sont juste le 5 octobre 2026.
Journaliste : Par rapport à
la main-d'oeuvre, que vous dites qu'il n'y a pas assez de main-d'oeuvre,
finalement, pour bâtir les ambitions énergétiques du gouvernement. Donc, pour
solutionner cette problématique, on fait quoi?
Mme Cadet : Bien, d'abord,
c'est pour ça qu'on questionne M. Sabia, à savoir... tu sais, Marc, donc, vient
de le mentionner. Il a évoqué un souhait, il y a un gouvernement, donc qui
n'est pas là pour l'épauler, pour remplir ce souhait-là, 35 000 travailleurs,
donc c'est c'est beaucoup. Donc, l'objectif, c'est de voir, d'une part,
qu'est-ce qui est faisable avec le chiffre qui a été énoncé, mais ensuite,
donc, il va falloir... On sait que le projet de loi sur la réforme dans le
milieu de la construction va être déposé par le ministre Boulet dans
quelques... d'ici la fin de la session, semble-t-il. Et, à ce moment-là, donc,
on verra comment est-ce qu'on pourra rouvrir, de façon beaucoup plus large, la
formation de la main-d'oeuvre dans le secteur et aller beaucoup plus loin que
ce qui a été énoncé avec les AEC de courte durée récemment, qui ne répondent
pas aux besoins plus larges de pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur.
C'est l'un des éléments, là, ce n'est pas
l'ensemble, là. Mais certainement qu'il va devoir... on va devoir avoir une
conversation qui est plus large sur les enjeux de main-d'oeuvre dans le secteur
de la construction.
Journaliste : Je comprends
qu'un caucus libéral freinerait les ardeurs d'Hydro-Québec d'expansion.
M. Tanguay : Non, ce n'est
pas du tout ça, ce n'est pas du tout ça. Un caucus libéral...
Journaliste : Attends un peu,
attends un peu, vous dites : Il manque de main-d'oeuvre...
M. Tanguay : ...poser une
question, j'ai le temps de boire.
Journaliste : Prenez une
gorgée, ça va vous aider. Vous dites : Il manque de travailleurs. Vous
dites qu'il y a des ambitions, que ça prend 13 ans et vous dites que c'est
trop. C'est ce que j'entends.
M. Tanguay : Ce que
j'entends, c'est que M. Sabia nous a donné l'objectif collectif : Ça nous
prend 60 térawattheures en 2035. Ce que je constate, c'est que le gouvernement,
de un, dans cet ambitieux plan là, qui est un plan que l'on doit collectivement
faire, il nous a fait perdre cinq ans. Je suis convaincu que M. Sabia, là,
il aimerait ça être... plutôt qu'en 2023, il aimerait ça être en 2018 puis
dire : Aïe, j'ai cinq ans de plus. C'est le même objectif en 2035. Mais la
première chose qu'a faite François Legault... puis à un moment donné, il faut
qu'il assume ses responsabilités, là. Vous nous dites : Ah, l'opposition
officielle, vous feriez quoi? Bien, je veux dire, première des choses, on
n'aurait pas nié la pénurie de main-d'oeuvre pendant trois ans, on n'aurait pas
arrêté tous les plans de développement. Puis il y a plusieurs questions qui se
posent, donc, sur la faisabilité de cela. On va poser nos questions à
M. Sabia, mais on va continuer à talonner le gouvernement. Ce que l'on
proposait...
Journaliste : ...
M. Tanguay : Juste terminer,
30 secondes même pas... c'est une commission nationale sur l'énergie pour qu'on
puisse débattre, mettre tout le monde dans le coup, les régions également.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous feriez donc, là, avec la situation actuelle?
M. Tanguay : Il y a tellement
de choses à faire. La réponse, elle est complexe et elle est multiple. Je vous
donne un seul exemple, on vient de parler de pénurie de main-d'oeuvre, le
gouvernement Jean Boulet nous dit : J'ai investi, je pense, c'est
au-dessus de 200 millions dans des programmes de formation accélérée. Où
sont les indicateurs de performance de ces programmes? On apprend ce matin que
c'est zéro puis une barre, il n'y a pas de reddition de comptes. Vous ne pouvez
pas améliorer ce que vous ne mesurez pas. Alors, la solution, elle est
multiple, elle est complexe. Et, ne serait-ce que sous l'aspect des
travailleurs, on a un gouvernement qui a mis des sommes d'argent très
substantielles, c'est les millions des payeurs de taxes, mais qu'on n'a pas le
retour sur l'investissement. Ça a donné quoi? Puis comment on peut collectivement
mieux faire? C'est un gouvernement brouillon.
Journaliste : Est-ce que
votre projet ÉCO n'aurait pas été lui-même problématique sur le plan de la
demande énergétique, des besoins de la main-d'oeuvre, là, ce que vous avez
présenté l'année dernière en campagne?
M. Tanguay : Ce sera une
question qu'on va poser à M. Sabia, la place de l'hydrogène vert dans son
plan de développement. On va poser la question à M. Sabia.
Maintenant, ÉCO, c'est un projet ambitieux
public-privé qui nous amenait en 2050. 2050, des investissements de
100 milliards public-privé, qui faisait une part importante à l'hydrogène
vert.
Maintenant, une fois au gouvernement, ce
se serait imbriqué dans une stratégie nationale de l'énergie. Rappelez-vous, ça
fait un an que je demande à François Legault d'avoir une commission nationale
sur l'énergie pour qu'on puisse analyser, justement, la part de l'hydrogène
vert. Il y a une part d'hydrogène vert. Dernière fois que j'ai regardé, le
gouvernement consacrait 100 millions sur quatre ans dans l'hydrogène vert.
Il y a des projets, il faut que ça fasse partie de la discussion.
Journaliste : Churchill
Falls, par exemple, est-ce que ça, ça fait partie d'un des éléments importants,
là, de l'équation du gouvernement, Churchill Falls? On voit des négociations
qui ne progressent pas tant que ça, est-ce qu'il n'y aurait pas un échéancier à
fixer sur quand est-ce que devrait... On devrait le savoir rapidement parce
qu'à un moment donné, si ça dit que ça ne fonctionne pas, il va falloir se tourner
vers la construction de barrages ou...
M. Tanguay : Tout à fait.
Churchill Falls, alors c'est une autre des questions. Dans la vision
60 térawattheures 2035 de M. Sabia, dans son souhait... Puis,
encore une fois, M. Sabia ne fait pas partie du problème, je pense qu'il
fait partie de la solution, mais ce qu'il nous a présenté, c'est un souhait, ce
n'est pas un plan. Puis parce que, je veux dire, il y a une limite. Il n'y a
pas de calendrier de livrables. Vous savez, on a la destination finale, mais on
ne nous dit pas : O.K., dans deux ans, on va avoir tant d'éolien, on va
avoir tant de solaire, on va avoir tant de barrages dans 10 ans, c'est...
Alors, sur Churchill Falls, effectivement,
c'est une part très substantielle qui est comblée. On ne l'a plus, on ajoute à
notre problème, et, si on l'a, bien, ça va être une renégociation, là, à ce
moment-là, avec Churchill Falls.
Alors, on va poser des questions à
M. Sabia là-dessus, on va probablement se faire dire : Écoutez, on ne
peut pas rien vous dire parce que c'est en actuelle négociation, mais j'ose
espérer que les négociations vont bon train, qu'on n'est pas comme dans le
secteur public, là, parce qu'il n'y a personne qui va faire de grève du
gouvernement du Québec ni de Terre-Neuve, Labrador, puis j'espère que là il y a
des négociations sérieuses et rapides. C'est 2041, c'est rapide, Churchill
Falls.
Journaliste : Bien,
justement, au niveau de la tarification dynamique, là, on sait que
M. Fitzgibbon avait son rêve de partir le lave-vaisselle à 2 heures
du matin, mais est-ce qu'Hydro ne sera pas obligé d'imposer d'autres choses
pour arriver à ses fins dans ça? Ce qu'on veut, c'est réduire la consommation
aux heures de pointe, donc c'est 6 heures à 9 heures, 16 heures
à 19 heures, là.
M. Tanguay : Exact. Dans ce
qu'on aimerait avoir, 2035, le calendrier des livrables en apport de nouvelle
électricité, vous avez raison de mentionner que, là-dedans, il y a l'efficacité
énergétique. Alors, quel est le plan du gouvernement, évidemment, du maître
d'oeuvre Hydro-Québec, pour dire : Bien, nous, on figure que l'efficacité
énergétique, dans trois ans, va nous permettre de dégager telle quantité de
térawattheures, et ainsi de suite, et ainsi de suite? Alors, ça prend une
vision qu'on n'a pas.
Vous avez vu M. Fitzgibbon, quand il
ne parle pas des poissons à trois yeux, il nous parle de lave-vaisselle à
partir à 2 heures du matin, à un moment donné, ça prend du sérieux, qu'on
n'a pas malheureusement.
Journaliste : Mais est-ce,
là, les gens... le comportement des gens doit changer donc. Est-ce que le
résidentiel doit être visé quand même dans les mesures, là?
M. Tanguay : Oui, oui, tout à
fait. Moi, je pense que les Québécoises et Québécois sont prêts à faire leur
part. Je pense que les Québécoises et Québécois sont prêts à faire leur part.
Journaliste : Jusqu'où, selon
vous, on peut...
M. Tanguay : Bien, jusqu'où?
Ça devient intéressant pour les Québécoises et Québécois. Exemple, si vous avez
une économie d'énergie basée sur votre consommation précédente, comment le
gouvernement pourrait s'assurer de récompenser ça, par exemple, donc d'avoir
des bonus pour inciter les gens à diminuer leur consommation d'électricité, pas
des malus.
Je reviens sur votre question fondamentale
également. Qui va ramasser la facture? Normalement, il y a quatre sources de
financement. Il y a les emprunts d'Hydro-Québec, qui a une capacité d'emprunt
extraordinaire, mais, à un moment donné, les emprunts, il faut les rembourser.
Alors, les trois qui peuvent payer, c'est évidemment les entreprises. On peut
également penser aux dividendes d'Hydro-Québec qui seraient réduits. Ça, ce
serait un manque à gagner pour le gouvernement et, à ce moment-là, ultimement,
il y a le particulier avec les tarifs. Quelle est l'intention du gouvernement
Legault, par exemple, sur le bloc patrimonial, qui est la première portion de
base qui est à coût moindre? Est-ce qu'il va dire : Bien, moi, les
tarifs...
Journaliste : ...
M. Tanguay : Pardon?
Journaliste : ...
M. Tanguay : Ah! je pourrais
vous revenir là-dessus, mais je veux savoir les intentions du gouvernement
Legault. Alors... Et aussi, je termine là-dessus, François Legault a commis une
erreur historique en 2019 quand il a dit : Les tarifs, ça va être l'inflation.
Il a corrigé à mi-chemin son erreur historique pour les particuliers, il a dit
que ça va être 3 %. Pour les PME, qu'ils s'arrangent avec leur trouble,
c'est 6.4 %. Il n'a pas corrigé l'erreur historique par rapport aux PME.
Maintenant, là, l'échéance, je pense, c'est 2024-2025, où la régie doit
regarder l'inflation réelle et revisiter ce plafonnement-là. Question à poser à
François Legault et à M. Sabia : Qu'est-ce qui va arriver dans le
projet de loi qu'il avait déposé à la révision quinquennale de la régie quand
elle va regarder ça? Est-ce qu'elle va réajuster à la hausse? Parce que c'est
déjà prévu dans la loi.
Journaliste : ...vous dites
qu'il n'y a pas de vision en matière d'efficacité énergétique. J'aimerais juste
comprendre, parce que, dans le plan stratégique d'Hydro-Québec, il y a un
nombre de térawattheures qui serait issu de l'efficacité, là... de mesures
d'efficacité énergétique au Québec. Donc, qu'est-ce que ça veut dire il n'y a
pas de vision si...
M. Tanguay : Bien, si je vous
donne juste un nombre, je veux dire, je n'ai pas de plan. Je n'ai pas de... Je
veux dire, d'ici à 2035, on doit l'avoir cette efficacité-là. Ce gain
d'efficacité là, on doit l'avoir quand dans la vision d'Hydro-Québec basée sur,
entre autres, les nouvelles ententes qui signent avec Northvolt et compagnie,
qui vont requérir davantage d'électricité. Quel est le calendrier des livrables
nécessaires? Donc, on a la destination finale, entre autres sur l'efficacité
énergétique, mais on n'a pas de plan. Puis ça veut dire quoi? On parle... on
fait des gorges chaudes sur la sécheuse, là, le soir ou le lave-vaisselle à
2 heures du matin, mais il n'y a toujours pas de plan.
Journaliste : M. Tanguay, sur
le projet de loi n° 15, là, est-ce que vous pensez qu'un bâillon est
évitable? Et aussi vous voyez la sortie des anciens commissaires de la
commission Laurent qui disent que les services sociaux ne sont pas du tout
inclus dans le projet de loi actuel? Je veux vous entendre sur ces deux
aspects-là.
M. Tanguay : Oui. Première
des choses, vous le savez, avec la CAQ, bâillon rime avec brouillon, que ce
soit en matière, justement, d'Hydro-Québec, on vient d'en parler, en matière
d'éducation ou d'immigration. CAQ, bâillon égale brouillon. Il faut absolument
l'éviter. Maintenant, si le gouvernement décide de nous passer sur le corps, il
va le faire parce qu'ils ont le droit en vertu du règlement de l'Assemblée
nationale, de nous lancer en bâillon. Mais ce serait tellement mal avisé, parce
qu'ils se sont beaucoup trompés. Imaginez-vous, je pense qu'ils sont rendus...
ils ne sont même pas rendus à 700 articles d'adoptés sur 1 180, et il
y a eu 350 et plus amendements. Alors, imaginez-vous le soir où on partirait en
bâillon, dans une semaine ou 10 jours, le nombre d'amendements qu'on
devrait analyser à vitesse grand V, ce serait mauvais. Déjà que le projet de
loi n° 15, pour nous, c'est la mauvaise approche.
Pour ce qui est des... de votre seconde
question, je sais que des représentations ont été faites par André Fortin, qui
fait un travail extraordinaire là-dessus, puis je lui laisserais peut-être
l'occasion de vous revenir là-dessus.
Journaliste : Vous l'avez
peut-être relu ce matin, certains enseignants qui continuent de faire du
tutorat pendant la grève. Est-ce que, selon vous, c'est l'équivalent de
franchir les piquets de grève, puis est-ce que le ministre Drainville devrait
intervenir d'une certaine façon?
M. Tanguay : À la fin de ma
réponse, je vais vous dire : Oui, le ministre Drainville devrait intervenir,
mais vous allez voir dans quel contexte. Il y a trois choses à dire là-dessus.
Je comprends l'inquiétude des parents qui n'ont pas accès pour x raisons à du
tutorat pour leurs enfants. Je comprends également les professeurs qui veulent,
durant la période de grève, pouvoir, oui, aider, mais également avoir un revenu
d'appoint, alors qu'ils n'en ont pas. Oui, le ministre, dans un troisième
temps, devrait intervenir, devrait intervenir parce que la véritable solution,
c'est de régler cette grève-là. Il devrait s'impliquer. Il devrait aller
épauler Sonia LeBel, qui sûrement ne dirait pas non à de l'aide. À la vue du
fait que ça s'éternise, il devrait s'impliquer, le ministre de l'Éducation, et
pour que la règle... la grève se règle le plus rapidement possible.
Journaliste : ...pas d'enjeu
dans la prestation de tutorat pendant la grève?
M. Tanguay : Encore une fois,
moi, je ne vais pas accuser, je ne vais pas lancer la pierre aux parents
inquiets qui n'ont pas accès au tutorat et aux professeurs qui veulent aider et
avoir un revenu d'appoint. Je ne vais pas lancer la pierre puis je ne vais pas
la qualifier de cette façon-là. Je comprends les inquiétudes des parents et des
professeurs qui... Et c'est au ministre de l'Éducation à agir. Encore une fois,
la solution, c'est de régler la grève.
Le Modérateur
: On va passer en anglais.
M. Tanguay
: Sure.
Journaliste
: In English, for Michael Sabia's participation in the parliamentary
committee. COP 28 is starting, Québec wants to save its leadership role in this
energy transition. Don't you see that the plan is what it needs for Québec to remain a leader?
M. Tanguay :
Of course, Québec is actually, I think, a leader based on the good decision, among
other things, coming from a Liberal government. We're talking about Robert Bourassa, for instance.
That being said, I think
that you're absolutely right. In order to keep being ahead of the parade, we
need to assume that role and we need to have not only objectives, 60 «térawattheures» in... for 2035, but we need to have a
plan. We don't have a plan, we don't have a vision. And, for instance,
construction workers, this is one of the many aspects of the governmental
responsibilities that are not addressed. And we need to have a plan, we need to
have a proactive government who
is able, at the end of the day, to elaborate a vision. We lost five years with
the CAQ. So, we need to have a wake-up call.
Journaliste :
Five years, what do you mean exactly,
five years?
M. Tanguay :
I mean that, back in 2018, François
Legault put a stand still on every project having the objective to develop
electricity. So, he imposed a stand still on any new project back in 2018.
Also, he stopped the «développement» of the «éolien». He stopped that development
and he reset the program three years afterwards. He denied the labor shortage
for three years. So, we lost time, precious time with François Legault.
Journaliste :
Is there, like, a fear on your side
about the fact that it's a very expansive plan, with this billion of dollars?
Is there a fear on your side that Hydro-Québec may not be able to basically share its profits with the QuébecGovernment because there is a reinvestment of its profits?
M. Tanguay :
It's concerning, absolutely. We are
perfectly aware of the fact that Hydro-Québec has a huge potential to borrow money. But that being said, someone
will have to pay the price at a certain period of time. So, it's going to be
either the Government of Québec, reducing the profits received by Hydro-Québec, which will have an impact on
the provincial budget, for one thing. And also I think the Government wants to pass part... a
substantial part of the invoice to our industries, our small business. We need
to know what's the plan and, at the end of the process, the individuals, will
they have to pay a certain amount of that. And I think that the Government needs to be more transparent
about his intentions.
Journaliste
: What's your sense of... if Hydro-Québec does expend, build these new dams, about the potential of selling
energy to other places, like we had the deal with Massachusetts? Do you think
that...
M. Tanguay
: Yes. It's... And he signed the deal with New York as well. We have
a lot of questions with respect to the deal with New York. It's a deal on 25
years. We are looking to see the benefits of this deal. Certain will say that
it's $30 billion Canadian over 25 years. And it represents 10,4
«térawattheures» that you have to provide. And now we need to have, for 2035,
60 «térawattheures». So, we have a lot of questions with respect to that deal.
We're not saying this morning that this is a bad deal, we're not saying that,
but a lot of questions to the economics behind that deal, signed on a very,
very long time. For instance, we have to compare these numbers, the potential
profitability of that deal, with the cost of producing new energy in order to
answer this contractual engagement. So, lot of questions to be asked.
Journaliste :
Do you the plan is realistic as far...
As energy consumption goes as far as saving energy, do you think it goes...
it's realistic?
M. Tanguay :
We have an objective, we have a final
destination, but we don't have a plan. So, the realism of being able to achieve
that goal will be based on a detailed plan, but we don't have any detailed
plan. So, again, today will be an important exercise questioning for nearly
four hours Mr. Sabia. We have a lot of questions, but for us that will not
impair the importance to have a discussion on our future with respect to our
energy.
(Fin à 8 h 26)