(Onze heures trente-neuf minutes)
Le Modérateur : Bonjour. Bienvenue
à cette conférence de presse. S'adresseront à vous le ministre de la Justice et
député de Borduas, Simon Jolin-Barrette, la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
et adjointe parlementaire à la Justice, Kariane Bourassa. Ils sont accompagnés
de Me Élise Labrecque, qui est sous-ministre associée aux orientations et
à l'accès à la justice. Mme Bourassa, je pense que c'est vous qui
commencez. Allez-y.
Mme Bourassa : Oui,
effectivement. Merci beaucoup. Contente de vous retrouver. D'abord, depuis qu'on
est en poste, on a déployé vraiment beaucoup d'efforts pour offrir aux
citoyens, aux citoyennes des services de justice qui sont plus abordables et
surtout de qualité, des services auxquels on peut accéder facilement, et ça, je
pense que c'est très important. Ces dernières années, on a réalisé de grandes
avancées en matière d'accès à la justice. Le projet de loi qu'on présente
aujourd'hui va s'inscrire dans la même ligne de pensée.
Donc, vous savez, souvent, lorsqu'on parle
d'accès à la justice, la chose qui nous vient en tête, ce sont les tribunaux,
ce sont les salles d'audience, mais ça va bien au-delà de ça. Le visage de l'accès
à la justice est vraiment en train de changer au Québec. On travaille en amont
et on se rend compte que ce n'est pas toujours nécessaire de judiciariser des
conflits. En fait, bien souvent, ça pourrait être évité. C'est pourquoi on mise
davantage sur les modes de règlement alternatifs, comme la médiation. On veut
que le réflexe soit d'abord la discussion et la recherche d'entente. Les
citoyens doivent avoir les outils nécessaires, ça, c'est sûr, et l'espace
adéquat pour échanger et pour trouver ensemble des solutions. L'objectif est
simple on veut leur donner plus de contrôle sur l'issue de leur litige. C'est
aussi ça, l'accès à la justice.
C'est dans cette logique qu'on a adopté au
printemps dernier la Loi visant à améliorer l'efficacité et l'accessibilité de
la justice notamment en favorisant la médiation et l'arbitrage et en
simplifiant la procédure civile à la Cour du Québec, un titre très long,
anciennement appelé le projet de loi n° 8. D'ailleurs, je vous informe que les
premiers projets pilotes de médiation obligatoire et d'arbitrage automatique à
la division des petites créances seront d'ailleurs déployés au cours des prochaines
semaines.
Soulignons aussi la récente adoption du
projet de loi no 34 qui abonde dans le même sens en rendant possibles les
actes notariés exécutoires. Cette pratique existe déjà en Europe, et ça permet
en partie d'éviter de faire appel aux tribunaux si justement les parties se
sont préalablement entendues. Imaginez, ce sont des centaines de dossiers par
année qui pourraient être ainsi réglés en dehors de nos tribunaux. Et ça, ça va
contribuer à désengorger le système de justice.
Pour améliorer le système de justice, on
doit travailler avec tous les acteurs du milieu. C'est ce qu'on a fait,
notamment avec les notaires, en leur permettant une plus grande contribution en
matière d'accès à la justice. Et c'est ce que nous nous apprêtons encore une
fois à faire aujourd'hui avec les cours municipales. À titre informatif, le
Québec compte 89 cours municipales desservant les citoyens de 1 220
municipalités. Basées sur... Basées dans nos quartiers depuis 170 ans déjà, les
cours municipales se distinguent en offrant une justice de proximité. Elles
connaissent bien la réalité du terrain et les besoins des gens dans la
collectivité. Elles contribuent aussi à rapprocher la justice des gens, et on
souhaite miser davantage sur cette approche.
Alors, sans plus tarder, je vais laisser
la parole à mon collègue le ministre de la Justice, qui va nous présenter le
nouveau projet de loi, qui va contribuer, encore une fois, à offrir à la
population québécoise - et les mots, là, vous les entendez souvent, ils
reviennent - une justice plus efficace, plus performante, plus accessible et
plus humaine. Merci.
M. Jolin-Barrette : Merci,
Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, merci d'être à nouveau présente
et de contribuer à ce projet de loi. Bonjour à toutes et à tous, merci.
Bonjour, Me Labrecque, merci d'être présente, Me Labrecque, qui est
sous-ministre associée au ministère de la Justice, alors c'est un plaisir de
vous retrouver à nouveau. Aujourd'hui, nous annonçons le dépôt du projet de loi
n° 40, visant notamment à réformer les cours municipales et améliorer
l'efficacité, l'accessibilité et la performance du système de justice.
Alors, depuis que je suis en poste au
ministère de la Justice, nous déployons beaucoup d'efforts pour réduire les
délais judiciaires et pour offrir aux citoyens une expérience du système de
justice plus représentative du XXIe siècle. Les Québécoises et les Québécois
doivent pouvoir compter sur un système de justice qui est adapté à leur réalité
et qui répond à leurs besoins. Les défis actuels dans le système de justice
commandent une action sur tous les fronts. L'ajout de ressources ne peut, à lui
seul, répondre à tous les enjeux. Nous devons revoir nos façons de faire et
trouver des solutions qui sortent du cadre habituel, et c'est dans cette
logique-là que nous vous proposons ce projet de loi. Le gouvernement du Québec
doit répondre à certaines recommandations du Comité de rémunération des juges,
par voie législative, d'ici l'été 2024. Nous profitons donc de l'occasion pour
réaliser des gains concrets pour la population et pour rendre le système de
justice plus performant.
Le projet de loi n° 40 se divise en
deux grands volets. Premièrement, le premier volet vise à réformer le système
des cours municipales pour leur permettre d'être plus agiles et plus efficaces.
Conformément au rapport du Comité de rémunération des juges, adopté par
l'Assemblée nationale, tous les juges municipaux travailleront, désormais, à
temps plein. Actuellement, il y a deux catégories de juges municipaux, soit
ceux dits à titre exclusif, et donc à temps plein, et ceux payés à la séance.
Nous mettons donc fin à cette situation et à cette distinction. Par ailleurs,
les juges municipaux seront, désormais, compétents partout sur le territoire
québécois. Ils pourront donc prêter main-forte en siégeant dans les cours
municipales où les besoins se font le plus sentir.
Ce projet de loi viendra notamment créer
le poste de juge municipal en chef, qui sera nommé parmi les juges municipaux.
En effet, actuellement, bien que les juges municipaux ne soient pas des juges
de la Cour du Québec, ils sont tout de même sous son autorité, ce qui n'est pas
optimal. Ils seront maintenant sous l'autorité d'une personne qui est issue de
leur milieu et qui est, donc, bien au fait des spécificités des cours
municipales et des réalités des municipalités. Cette nouvelle structure
facilitera également le développement de nouveaux projets, afin de mieux
répondre aux besoins des citoyens et des citoyennes. Il sera plus simple, pour
les cours municipales, de développer leurs propres façons de faire, en réponse
aux défis locaux propres aux localités qu'elles desservent.
Par ailleurs, le projet de loi propose
d'instaurer un nouveau régime de sanctions administratives pécuniaires, ce
qu'on appelle communément les SAP. Dans un premier temps, le nouveau régime
visera les dossiers de stationnement. Il faut dire que, juste pour la ville de
Montréal, les contraventions de stationnement génèrent plus d'1 million de
dossiers devant la cour municipale, ce qui représente 72 % des dossiers
devant cette cour. À Québec, la ville de Québec, ces dossiers représentent
62 % des activités de la cour municipale. Ainsi, les dossiers contestés en
matière de stationnement seront, désormais, traités par des décideurs administratifs
indépendants, plutôt que par des juges municipaux, donc ils ne seront plus à la
cour municipale. Cela aura, à terme, un impact positif sur les délais en
matières criminelle et pénale, puisque les juges qui traitent actuellement ce
type de dossier seront libérés et pourront se consacrer au traitement des
dossiers les plus lourds.
Soulignons aussi que les citoyens et
citoyennes pourront bénéficier d'une procédure simplifiée, plus rapide et,
surtout, plus flexible pour contester une infraction en matière de
stationnement. En effet, les citoyens n'auront plus à manquer un avant-midi
complet de travail pour se rendre à la cour municipale afin de contester une
contravention, sans savoir à quelle heure ils passeront devant le juge. Notre
objectif, à terme, est qu'il soit possible, pour les citoyens, de prendre
rendez-vous à une plage horaire qui leur convient, même en dehors des heures de
travail normales, les soirs, notamment, afin qu'ils puissent faire valoir leurs
droits. Ils vont pouvoir faire valoir leurs droits en personne, ou par
visioconférence, ou en envoyer un plaidoyer écrit, via une plateforme en ligne,
par exemple. Nous venons ainsi moderniser les pratiques en place pour offrir un
système de justice plus efficace, plus accessible et plus performant.
Les cours municipales permettent aux
citoyens d'avoir accès à des services de proximité, notamment grâce à des
horaires flexibles et à un processus judiciaire simplifié. De plus, 14 cours
municipales au Québec traitent également des dossiers en matières criminelle et
pénale. Avec le projet de loi n° 40, nous nous rapprochons encore plus du
système de justice accessible, efficace et humain auquel nous aspirons tous.
Nous continuons de travailler sur tous les
fronts afin de faire des gains concrets pour que les citoyens puissent compter
sur le système de justice à la hauteur de leurs attentes.
En terminant, nous tenons à remercier les
différents partenaires impliqués dans l'élaboration de ce projet de loi. Les
cours municipales constituent un pan important de notre système de justice, et
nous avons l'opportunité de mettre davantage à profit leur expertise au
bénéfice des Québécois et des Québécoises, et c'est ce que nous faisons. Alors,
merci pour votre présence et votre attention.
Le Modérateur : Donc on va
faire une ronde de questions. On va commencer par Marie-Michèle Sioui, Le
Devoir.
Journaliste : Oui, bonjour.
Je veux juste vous demander une précision, pour commencer. Vous avez dit :
Les contraventions vont être traitées par des décideurs administratifs
indépendants. C'est qui... c'est quoi, leur poste, à ces gens-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, c'est un régime qu'on va créer. Actuellement, les dossiers... exemple,
pour la Cour municipale de Montréal, il y avait 1,2 million de contraventions,
de dossiers, donc, qui passaient à la cour municipale. Donc, ce qu'on va faire,
c'est qu'on va sortir ces dossiers-là de la cour municipale, et la mécanique
qu'on met en place, elle est similaire à celle que la ville de Toronto a mise
en place, c'est-à-dire le citoyen qui reçoit une contravention va pouvoir la
contester, dans un premier temps, par la voie de la révision administrative.
Donc, il va y avoir un fonctionnaire à la ville de Montréal qui va avoir les
observations du citoyen. Donc, c'est une révision administrative dans un
premier temps.
Si le citoyen n'est pas satisfait de la
réponse, en fait, de la révision, ça va ensuite être transféré devant un
décideur administratif, l'équivalent d'un décideur administratif qui est au
Tribunal administratif du Québec. Parce que ce régime-là existe déjà, exemple,
à la Loi sur la qualité de l'environnement, quand il y a des SAP, des sanctions
administratives pécuniaires qui sont données, il y a une révision au ministère
de l'Environnement. Et, par la suite, si le citoyen porte en appel, ça s'en va
devant le Tribunal administratif. Avec la formule qu'on propose, ça va être
vraiment une formule simplifiée où le citoyen va pouvoir avoir une justice sur
rendez-vous. Ça veut dire qu'un coup qu'il va être rendu devant le décideur
administratif pour son audience, il va pouvoir le faire à distance, il va
pouvoir le faire dans le bureau du juge. Les règles de procédure, de preuve
vont être beaucoup plus simplifiées que dans le cadre d'une infraction pénale à
la cour municipale. Donc, ça nous permet de sortir les dossiers de la cour
municipale, de les traiter plus rapidement, plus efficacement pour les
citoyens.
Journaliste : Puis, si je
comprends bien, l'idée, c'est de permettre aux juges de traiter, par exemple,
davantage de cas de violence conjugale, là. Il y en a, des accusations par voie
sommaire, si je ne me trompe pas, qui se retrouvent là?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Exemple, sur le territoire de la ville de Montréal, ils ont la juridiction,
actuellement, sur la violence conjugale en matière sommaire sur l'ancien
territoire de la ville de Montréal. Donc, en faisant ce que nous faisons, on
vient libérer environ cinq juges à la Cour municipale de Montréal, ce qui est
un volume important de juges, donc on va pouvoir traiter... un, améliorer les
délais dans les autres types de dossiers, deux, vous savez, ce genre de dossier
là, notamment, lorsqu'il y avait du par défaut, ce n'était pas optimal pour la
cour de faire en sorte qu'un juge de la cour municipale de Montréal consacre
son temps à ça, ça fait qu'il va pouvoir faire plus de criminel et, justement,
améliorer les délais.
Journaliste : Puis je m'en
allais là, ça a été dénoncé, le fait qu'autant de dossiers de violence
conjugale passent par les cours municipales, là, par les groupes de femmes,
entre autres. Puis je me souviens qu'à l'époque où vous avez lancé le tribunal
spécialisé, vous aviez dit : Ces dossiers-là, on aimerait les ramener à la
Cour du Québec pour que toutes les victimes passent vraiment par le même
chemin. Mais là on vient, en fait, officialiser le fait qu'il y ait deux
chemins différents. Tu sais, je m'étonne un peu de l'annonce, par rapport à ce
que vous avez dit dans le passé.
M. Jolin-Barrette : En fait,
non, parce qu'à la Cour municipale de Montréal ils font déjà du très bon
travail en matière de violence conjugale. Vous savez, le programme Côté-Cour a
été notamment une des inspirations du tribunal spécialisé. Et quand vous lisez
le rapport sur Rebâtir la confiance, notamment, les bonnes pratiques étaient
déjà à la ville de Montréal. Donc, on aura des discussions, puis l'important,
pour les personnes victimes, c'est vraiment d'avoir les services d'accompagnement,
ce qui est déjà le cas. À Montréal, ce qu'ils font, notamment, avec Côté Cour,
c'est qu'il y a une intervenante, notamment, ils font venir les personnes
victimes lors des pro forma pour faire en sorte qu'elles puissent rencontrer
quelqu'un des services sociaux pour les accompagner. Parce que, vous savez,
pour briser le cycle de la violence conjugale, le défi qu'on a, c'est que,
souvent, les personnes victimes de violence conjugale veulent retirer leur
plainte. Donc, à Montréal, elles ont l'accompagnement en matière de services
sociaux, rencontrent des intervenantes. Alors, il y a un très bon travail qui
est fait à la ville de Montréal.
Puis l'objectif aussi, dans notre système
de justice, c'est de réduire les délais le plus possible pour que, justement,
quand un dossier... pour la victime, elle puisse raconter son histoire puis
elle puisse le faire rapidement.
Journaliste : Je m'excuse,
après, je vais me taire et laisser ma place, mais c'est que, vraiment, en 2022,
vous nous aviez dit que vous lanciez des discussions avec la ville de Montréal
pour que ces dossiers-là soient transférés à la Cour du Québec puis,
finalement, ce n'est pas le chemin que vous prenez.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, on a des discussions à continuer à avoir avec la ville de Montréal, mais
nous, notre objectif, notamment, c'est de faire en sorte d'avoir les différents
partenaires. Alors, s'il y a un tribunal spécialisé, il pourrait se
retrouver... Bien, en fait, il va avoir des tribunaux spécialisés partout au
Québec, dans tous les districts, mais la cour municipale peut contribuer
également au tribunal spécialisé. Je pense qu'ils font déjà du bon travail. Les
procureurs sont formés, les juges sont formés également. Il y a un
accompagnement qui est fait par les services sociaux. Alors, ce que l'on
recherche avec le tribunal spécialisé, c'est notamment ça. Puis j'avais dit
aussi, au moment de déposer le projet de loi, que les projets pilotes vont
permettre de s'adapter en fonction des réalités régionales, des réalités
locales.
Donc, exemple, Montréal, c'est un bel
exemple de... il faut travailler avec nos partenariats locaux sur ce qui est
bien fait, ce qui est fait. Puis mon objectif aussi, c'est toujours d'offrir
l'accompagnement aux personnes victimes mais aussi que les délais soient
traités rapidement. Vous connaissez la longueur des délais qu'on a à Montréal,
dans le district judiciaire de Montréal. Donc, moi, je pense, il faut utiliser
toutes les ressources à notre disponibilité pour bien accompagner les victimes
mais que leur dossier soit traité rapidement pour qu'elles puissent tourner la
page rapidement en matière d'infraction sexuelle ou conjugale.
Une voix : Merci.
Le Modérateur : Thomas
Laberge, LaPresse canadienne.
Journaliste : Oui. Par
rapport à la volonté de faire en sorte que tous les juges municipaux
travaillent à temps plein, est-ce que vous vous attendez à de la résistance de
la part des juges?
M. Jolin-Barrette : Non, pas
du tout. Il faut comprendre que le modèle, de la façon qu'il existait
présentement, là, il y avait des juges municipaux à titre exclusif, O.K., pour
trois villes, Montréal, Laval, Québec. Pour toutes les autres cours
municipales, on a 89 cours municipales au Québec, donc 86 des
89 cours, les juges étaient nommés à la séance. La majorité de ces
juges-là atteignaient le maximum de séances admissibles par année de
250 séances. Cependant, la séance, ce n'était pas nécessairement toute la
journée au complet. Puis, tu sais, on est passé... à l'époque, c'était :
le juge faisait une séance de moins de deux heures, il y avait un tarif; entre
deux puis cinq heures, il y avait un autre tarif; cinq heures et plus, il y
avait un autre tarif. Là, ça avait été changé avec l'ancien comité de
rémunération où on était des séances matin, après-midi, soir. Mais ça fait en
sorte que ce n'était pas optimal, parce qu'en fonction des rôles, bien, des
fois, les rôles n'étaient pas pleins, puis ça ne terminait pas à la journée
complète.
Donc là, les juges ne pourront plus avoir
un deuxième emploi. Il y en avait très peu, là, parmi les juges municipaux à la
séance qui avaient un deuxième emploi, ils pouvaient continuer à être avocats.
Je pense qu'on en avait un ou deux qui étaient encore comme ça, mais la
majorité des juges atteignaient le maximum des séances. Ce que ça permet de
faire en les mettant à titre exclusif, et surtout ce qui est important, c'est
une juridiction nationale sur l'ensemble du territoire québécois. Ça fait que
je vous donne un exemple. Supposons qu'un juge est basé à Saint-Hilaire, bien,
il va pouvoir aller à la cour municipale de Beloeil et de Saint-Hyacinthe. On
va avoir une plus grande flexibilité pour optimiser les ressources puis pour
offrir davantage de services aux citoyens, davantage de plages horaires.
Je donne un exemple, il y a certaines
cours municipales qui ne siégeaient pas, supposons, l'été parce que le juge
municipal avait atteint le nombre de séances maximal. Ça fait que, là, on va
pouvoir envoyer d'autres juges pour offrir aux citoyens davantage de plages
horaires puis optimiser le travail aussi. Puis il y a une question aussi de
déplacement aussi. Ça fait que notre objectif, c'est de réduire les coûts au
maximum pour les citoyens, pour les municipalités aussi puis d'offrir une plus
grande flexibilité au nouveau juge en chef puis aux juges coordonnateurs pour
assigner les gens.
Journaliste : Merci.
Le Modérateur : Sébastien
Desrosiers, Radio-Canada.
Journaliste : Sur les
contraventions, M. Jolin-Barrette, qu'est-ce qui arrive aux dossiers qui sont
déjà devant la cour? Est-ce qu'ils vont être décidés par un décideur
administratif ou ça va se rendre devant un juge?
M. Jolin-Barrette : Dans le
fond, les dossiers qui sont déjà en cours, c'est des infractions de nature
pénale, donc ces dossiers-là vont continuer en cour municipale. Le projet de
loi, ce qu'il fait, c'est qu'il habilite le gouvernement à déployer un
règlement pour mettre en place ce régime de sanctions administratives
pécuniaires là. Donc, le projet de loi doit être adopté. On va adapter le
projet de règlement. On débute par les stationnements, cependant on pourrait
aller aussi, puis on a l'habilitation pour le faire dans le cadre du projet de
loi, vers d'autres types d'infractions, exemple de l'urbanisme, supposons, pour
les municipalités.
Puis ça, je pense que c'est un bon outil à
la fois pour les municipalités, à la fois pour les citoyens, parce que la
preuve est allégée, c'est moins rigide puis ce sont des infractions, je vous
dirais, d'une moins grande importance. C'est des infractions de responsabilité
absolue pour le stationnement, supposons. Donc, lorsque le règlement va être en
place, c'est 1,2 million de constats d'infraction qui vont sortir de la
cour municipale. Donc, tu sais, à Montréal, il y a 31 juges, ça va en libérer
cinq, six.
Journaliste : Donc,
l'essentiel des gains que vous allez chercher, c'est grâce à ces SAP, les
sanctions administratives pécuniaires.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
parce qu'il faut comprendre, 1,2 million de dossiers, c'est 72 % des
dossiers qui sont ouverts à la cour municipale de Montréal, ces dossiers de
stationnement là. Alors, on a des juges qui sont compétents, qui sont formés,
qui ont des aptitudes, notamment, pour faire du droit criminel. C'est une des
solutions que nous avons pour réduire les délais en matière de justice. Ça ne
sera pas la seule proposition que je vais faire, mais ça contribue... ça va
nous permettre de contribuer à la réduction des délais en matière criminelle
puis d'atteindre nos objectifs.
Vous savez, on a été victimes du
changement de ratio à la Cour du Québec. On a le nouveau juge en chef avec qui
on collabore, on travaille pour faire en sorte, justement, qu'il n'y ait pas ou
qu'il n'y ait très peu d'arrêts de procédures ou que le poursuivant, le DPCP,
doive faire... dans les... Alors, notre... mon souci, notre souci, c'est de
faire en sorte que toutes les infractions puissent être poursuivies dans des
délais raisonnables puis qu'il n'y ait pas de victimes laissées sur le côté.
Alors, c'est pour ça qu'on y va d'une façon paramétrique, sur les différents
aspects, sur l'ensemble du système de justice, pour agir.
Journaliste : Est-ce que,
pour ce qui est des délais à la cour municipale, par exemple, il n'y a pas un
enjeu aussi de pénurie de main-d'oeuvre auquel...
M. Jolin-Barrette : Bien,
exemple, à la cour municipale de Montréal, pour avoir un procès pour violence
conjugale, c'est environ deux mois et demi, trois mois, donc les délais
sont excellents. Honnêtement, tout le monde est à la recherche de talents puis
de personnel judiciaire. C'est pour ça qu'au ministère de la Justice on est en
processus de reclassification, avec ma collègue la présidente du Conseil du
trésor, pour faire en sorte que nos employés soient reconnus à la hauteur de
leurs tâches.
Journaliste : Merci.
Le Modérateur : Est-ce qu'il
y a d'autres questions en français? Angela MacKenzie, CTV.
M. Jolin-Barrette : Bonjour.
Journaliste :
Bonjour. Can you just explain like how
significant is this, in terms of reducing the backlog in municipal courts?
Like, what sort of... How many or how big is the backlog for parking violation
cases right now?
M.
Jolin-Barrette :
Yes. So, the parking violation case is the most of the cases that
goes to municipal court. So, it's 1.2 million of files… of cases that goes in
front of the court. So, we'll take off these cases, and it will be a new regime
that will be called a «sanction administrative pécuniaire». So, it will be more
simple for the city, but it will also be more simple to make a contestation of
that «contravention» for the citizens.
So, it will be more
administrative. You will have two step, one step with a public servant of
the city that you will be able to say to him why I should not receive that fine
and, after that, if the public servant says : No, I think you are guilty
about that, it will be in front of an administrative judge as they do in
Toronto. So, that will help, because 70 % of the cases in front of the
municipal court in Montréal are
parking violation. So, it will be more simple.
And also, with the
administrative judge, you will not be at the court for all the day waiting that
your turn will be... that it will be your turn, you will be able to set
appointment, online or in person, when you will have your audition about that.
So, we are going on
justice… on meeting, on... on meeting, and it will be easy for everybody. And
that proposition will be able to let us have five judges that will be
working on criminal cases or other cases, that will be able to reduce the
delay.
Journaliste :
OK. And, as well, I just want to know a
bit about how you model this. So, you mentioned Toronto, like, you were looking
at other jurisdictions, what did you like about or what grab your attention
from these other jurisdictions?
M.
Jolin-Barrette :
Well, that model was a demand… an asking from Montréal, city of Montréal. We studied that, and we make sure that it always will be fitting
and will be OK when we will start that. But that's a good model. In Toronto,
they did that, they take out from the municipal court and go on that way.
And I think, we have to
think about the citizens. When he goes in front of the justice system, he needs
to have confidence in the justice system, but also efficacity. Because, you
know, when the justice system is criticized, it's always about the delay and
about the fact that we have a problematic to be... and that's the name of the
Bill, about performance.
So, we need to change our
method. It's not always something about resources, numerous resources, it's
about how we work and changing things to move forward and to ameliorate. So,
that's what we're doing with that Bill.
Journaliste :
Merci.
Le Modérateur :
Franca Mignacca, Global.
M.
Jolin-Barrette :
Bonjour.
Journaliste :
Good afternoon. In terms of why you
decided to do this today, can you explain about what led to the decision to
move the parking tickets from the system as it is right now?
M.
Jolin-Barrette :
Well, as I said, it was an asking from the city of Montréal, and I find that was a good idea.
And also Québec City is in
favor of that, because for Québec City it's 65% or 62%... 62% of the case in the municipal court in Québec City. So, even for Montréal, or Québec City, or all other municipalities, it will be more simple for them.
And I find that's a great idea.
So, we have to do some
work about that, and that's the product of our work, to be sure and... that,
when we do that, we do that for a city, for a citizen, but also that we will be
able to use the judges for all their knowledge and all their competency to
treat really big infraction that really... I want to say «matters», but every
case is important, even parking
fines. But, you know, when you
have criminal cases or cases that are more complicated, it takes judge time, so
we need to give them ways to ameliorate the situation.
So, I think that's a big
move today, and we are happy to that, because we have to work on the justice
system on all the sides.
Journaliste
: Aside from the parking fines, what other types of cases are we
seeing a backlog in right now
in terms of municipal courts? What are you hoping to give them more time to do?
M. Jolin-Barrette : I give you an example for Montréal : the delays on «sécurité incendie». You
know there were fires in Old Montréal.
So, there's a number of cases that takes time to proceed before. So, for the
inspection about fire case, so, these cases will be able to proceed more
quickly in front of the municipal court.
Journaliste
:
Just one last clarification, if I may. I know you can't give an exact timeline
or an exact date this will be implemented, but ideally, I guess, when should
people expect to see this change actually come into place?
M.
Jolin-Barrette : Well, my goal is the more
quickly as we can. So, I table that right now. We have three weeks to adopt the
bill until Christmas. I think, with the collaboration of the Opposition, we
should and could do that. So, after that, we adopt the bylaw and... Spring this
year. We have to go fast.
Journaliste : Comme dirait
l'autre, en français, s'il vous plaît. Vous espérez avoir... À quel moment
espérez-vous adopter le projet de loi pour que ce régime entre en vigueur?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, pour que le projet de loi entre en vigueur, il reste trois semaines
d'ici la fin de la session. Donc, mon objectif est de faire en sorte, avec la
collaboration de mes collègues des oppositions, de me rendre disponible à
chacune des séances d'ici la fin de la session pour faire en sorte qu'on se
donne les outils pour améliorer les choses dans le système de justice,
notamment l'efficacité. Et, suite à ça, il va falloir adopter le règlement.
Donc, vous me connaissez, je suis un optimiste, alors il n'y a pas de raison
que ça ne rentre pas en vigueur au printemps pour ce qui est de la partie des sanctions
administratives pécuniaires.
Le Modérateur : Thomas.
Journaliste : ...vous
entendre sur un autre sujet. Le premier ministre n'a pas exclu d'interdire les
manifestations dans le contexte actuel du conflit israélo-palestinien.
J'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce que vraiment, dans une démocratie
libérale, on peut se permettre d'interdire des manifestations?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je vais prendre votre question en délibéré. Je n'ai pas entendu la
déclaration du premier ministre, donc je vais vous revenir avec ma réponse, je
vais prendre connaissance de la réponse du premier ministre en premier.
Journaliste : Merci.
Le Modérateur : Vas-y...
Journaliste : ...sur Adil
Charkaoui, je sais qu'on vous a posé des questions là-dessus cette semaine.
Est-ce qu'il serait possible, vous croyez, dans la loi, de demander au
gouvernement fédéral, par exemple, d'enlever l'exemption pour les discours
religieux, qui permettrait à Adil Charkaoui d'échapper à des accusations, par exemple,
de discours haineux?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, en tant que procureur général, c'est... je dois limiter mes
commentaires relativement au contenu. Ce que je peux vous dire, par contre,
c'est que les corps de police ont tous les outils pour analyser ce genre de
déclarations. Il y a déjà des dispositions qui sont prévues au Code criminel
dans ces circonstances-là. Puis je n'irai pas plus loin sur mes commentaires
actuellement.
Le Modérateur : Est-ce qu'il
y a d'autres questions? Merci beaucoup à tout le monde.
M. Jolin-Barrette : Merci,
tout le monde.
(Fin à 12 h 07)