(Douze heures trois minutes)
Mme Biron : Bonjour, tout le
monde. J'espère que vous avez passé un bel été. Contente de vous revoir. C'est
toujours fébrile, la première journée à l'Assemblée nationale. Catherine
Boucher, tu veux peut-être dire un mot.
La Modératrice : Oui, je vais
faire un petit mot d'introduction. Catherine Boucher, je suis attachée de
presse de Mme Biron. Donc, ça va se dérouler très simplement, la ministre
va faire une déclaration, puis ensuite on pourra passer aux questions sur l'annonce
du jour.
Mme Biron : O.K. Alors, nous
avons tous été très touchés par le séisme, l'important séisme qui est survenu
au sud du Maroc dans la nuit de vendredi à samedi. Monsef Derraji, député
libéral de Nelligan, a de la famille dans la région à Marrakech. Je lui ai
parlé samedi, il m'a raconté qu'il a eu toute une frousse, ça a été très
difficile de rejoindre sa famille. Sa famille est saine et sauve, mais, quand
même, ça touche beaucoup de ses compatriotes. Vous savez que le député Samuel
Poulin, qui travaille avec moi, un Beauceron, est né au Maroc. Alors, ça touche
beaucoup de gens. Notre diaspora marocaine, elle est importante au Québec. En
fait, plus de 80 % des Marocains qui sont au pays vivent au Québec.
Alors, je sentais que c'était important de
poser un geste, un geste transpartisan. C'est pour ça que les partis d'opposition
ont été invités ici. Alors, on a réussi à dégager une somme de 1,5 million
que l'on va verser aux organismes de coopération internationale québécois qui
sont déjà sur place. J'ai communiqué avec l'ambassadeur du Maroc au Canada, Mme Otmani.
Je lui ai parlé samedi, je l'ai vue hier, parce que j'étais à Gatineau avec l'ensemble
des ambassadeurs pour leur expliquer la position du Québec, et je lui ai parlé,
ce matin, pour lui dire : Écoutez, on va mettre ce montant d'argent là. C'est
le gouvernement du Maroc qui décidera, essentiellement, où sont les besoins et
comment est-ce que l'argent sera distribué.
Alors, je suis contente d'être entourée de
tout le monde ici. On a mis le drapeau en berne. Et vous savez que les morts...
le dernier bilan est assez élevé, 2 800 morts, presque autant de
blessés. Il y a encore des recherches qui se poursuivent. Alors, c'est un geste
pour accompagner nos amis, nos amis marocains.
La Modératrice : Merci. On
pourrait passer maintenant à la période de questions. Il y a des micros de part
et d'autre, si vous voulez y aller ad lib., comme ça.
Journaliste : Bonjour. Il me
semble qu'on est plus proches qu'avant. Mme Biron, est-ce que vous avez
parlé aux organismes québécois qui se trouvent là-bas? Et quels sont ces
organismes, justement, qui vont recevoir ces fonds-là?
Mme Biron : Il y a plusieurs
organismes qui sont sur le terrain, ça fait partie d'un grand... ça s'appelle
l'AQOCI, qui est une association de ces organismes-là. Mes équipes à moi, au
MRI, sont en contact régulier avec ces organismes-là, et c'est eux qui sont
déjà là, qui faisaient déjà un travail de terrain auparavant, qui vont
poursuivre ce travail-là.
Mais, comme je vous dis, ce que j'ai dit à
l'ambassadeur, ce matin, c'est : On est conscients que le gouvernement du
Maroc veut cibler clairement où iront les fonds, essentiellement parce que le
séisme a touché des régions assez éloignées, c'est difficile de s'y rendre, alors
il souhaite coordonner l'action. Alors, moi, je vais flécher... je vais envoyer
l'argent vers ces organismes-là, mais c'est le gouvernement qui va déterminer
où l'argent va aller et c'est via les organismes qui vont décider, eux, de
distribuer l'argent.
Journaliste : C'est ça,
justement, parce que le Maroc a dit non déjà à de l'aide de d'autres pays.
Donc, vous avez l'assurance que ces sommes-là seront utiles, seront utilisées?
Mme Biron : Oui, il faut que
l'argent soit utilisé. Hier, quand j'ai... j'ai eu un entretien avec
l'ambassadeur et je lui ai posé la question, je lui ai dit : Pourquoi
est-ce qu'il y a quatre pays? Il y en avait deux de plus hier, donc six, et il
y en aura d'autres. Il faut comprendre que... Ce qu'elle m'a expliqué, c'est
que le désastre est vraiment en montagne et que c'est difficile de s'y rendre.
C'est un peu comme quand nous, on a vécu les feux de forêt ici, il faut coordonner
la façon de fonctionner. Et c'est dans ce sens-là, je pense, que le
gouvernement du Maroc a décidé d'être le maître d'œuvre de son action sur le
terrain.
M. Chouinard (Tommy) : Justement...
Tommy Chouinard, La Presse.
Justement, Mme Biron, il y avait,
justement, cette décision-là du gouvernement marocain de s'assurer qu'il n'y
ait pas un embouteillage, en quelque sorte, de l'aide. Donc, expliquez-moi,
donc, le gouvernement du Québec s'est assuré qu'auprès du gouvernement
marocain... que son aide... comment... Pouvez-vous m'expliquer exactement si
cette aide que vous annoncez va effectivement se retrouver sur le terrain?
Mme Biron : Bien, elle va
nécessairement se retrouver sur le terrain. D'abord, le MRI a une enveloppe,
une certaine marge de manœuvre quand il arrive des situations d'urgence, mais
on n'a pas les mêmes moyens, les mêmes leviers qu'un pays. Alors, comme nous
avons une diaspora importante ici, au Québec, on voulait poser un geste. On va
le poser via les organismes de coopération internationale. Comme nous sommes
déjà en place, nous pouvons passer par ces organismes-là. Le gouvernement va
identifier les besoins sur son propre territoire, et ce sera à ces
organismes-là de distribuer l'argent sur le terrain.
M. Chouinard (Tommy) : D'accord.
Je vous poserais une question sur un autre sujet, si c'est correct. Parfait. Il
y a une proposition qui a été faite par M. Paul St-Pierre Plamondon, il y
a un instant...
Mme Biron : Je veux juste
m'assurer que les collègues ici sont à l'aise avec ça, là. Parce que, si on
pose des questions... Joël a l'air à être d'accord.
La Modératrice : Bien,
peut-être qu'on pourra... S'il y avait d'autres questions sur le sujet du jour,
on pourrait les prendre avant ou...
Mme Biron : Tiens, est-ce que
vous voulez parler... Peut-être vous voulez parler aussi à Monsef ou à Samuel.
Peut-être qu'ils ont des choses à dire sur leurs contacts sur le terrain. Oui,
non, peut-être?
Journaliste : M. Derraji,
si vous pouvez nous dire comment vous avez vécu la catastrophe puis comment
vous espérez que l'aide va être utilisée là-bas.
M. Derraji : Bien,
premièrement, je tiens à remercier le gouvernement du Québec. Mme la ministre a
fait un travail exceptionnel. On s'est parlé samedi, elle a tout fait pour
parler avec les autorités, elle s'est déplacée à Ottawa pour rencontrer Son
Excellence Mme l'ambassadeur du Maroc au Canada. Je pense, aujourd'hui, le
message à retenir, c'est que le gouvernement du Québec, l'ensemble des élus
sont derrière le peuple marocain et ils vont l'aider.
Maintenant, par rapport à la question de
l'aide, Mme la ministre vient de le mentionner, pensez à la route, entre
Montréal et Québec, montagneuse, c'est des petits villages et, entre chaque
village, il y a un petit village. Hier, en soirée, le gouvernement, les
autorités locales ont découvert un petit village, 600 décès. Il y a un
risque d'épidémie. Donc, il y a... Moi, j'ai parlé et je me suis entretenue
avec les autorités, il y a une certaine logistique à mettre en place, et je
pense que l'aide du gouvernement du Québec va être là pour accompagner l'après,
qui est maintenant l'urgence de trouver des survivants et aller aussi chercher
des cadavres, parce que sinon, ça risque d'être une épidémie.
Donc, encore une fois, merci au
gouvernement du Québec. C'est un message très positif envoyé à la communauté
québécoise d'origine marocaine mais aussi un geste de solidarité envoyé au
peuple marocain.
La Modératrice : Merci.
Tommy, peut-être, on peut la prendre après...
Des voix : ...
La Modératrice
: Oui,
juste pour pouvoir libérer tout le monde.
Des voix : ...
La Modératrice
: O.K.
Pardon, on avait des questions en anglais.
Journaliste : Good afternoon.
Mme Biron : Yes, good afternoon.
Journaliste
: Can you start explaining why it was so important to do this today?
Mme Biron :
There's lots of Quebeckers from Morocco that live on the
territory of Québec. The Moroccan diaspora is more than 80% who lives on the
territory of Québec. So, I think it's a gesture of friendship towards our Quebeckers from Morocco and for the country
of Morocco. You know that we have an office in Morocco, in Rabat, so we have
special links with the country.
Journaliste :
Have you been in contact with that
office?
Mme Biron :
Oh! yes, for sure. The first thing we
did when we knew about this situation is to call them. Everybody is fine. They
are all based in Rabat, which is north, so they sensed the... Comment tu dis
«séisme»?
Journaliste :
The earthquake.
Mme Biron :
The earthquake. And... But everybody is
OK, yes.
Journaliste :
What are you... How are you making sure
that this money actually gets to the people on the ground?
Mme Biron :
Well, we're going to send this money
towards international cooperation organizations, Quebeckers. And we... I spoke
with the ambassador of Morocco in Canada, and she told me that the Government
will establish the priorities, and these organizations will make sure that the
money follows.
Journaliste :
Forgive me if I missed the amount
that's being given, but what is the amount? And also where is the Moroccan
Government trying to direct this money to?
Mme Biron :
OK. It's $1.5 million. My Ministry has
a «marge de manoeuvre» to... when there's a situation... crisis situation like this one, so we put aside $1.5 million
towards our friends from Morocco. And the money will be sent to the international
cooperation organizations from Québec, who are on the ground at this moment,
who work at this moment on the ground. And it's the Government of Morocco who
will decide where the money should go, on the ground, to help people. They are
establishing their priorities at the moment.
M. Chouinard (Tommy) : Donc,
la petite question autre.
Mme Biron : Petite question
autre.
M. Chouinard (Tommy) : Bien,
j'y vais quand même rapidement. Il y a M. Paul St-Pierre Plamondon qui a
dit, tout à l'heure, qu'il faudrait une commission parlementaire sur tout le
débat sur l'identité de genre. Il disait qu'actuellement, dans le réseau de
l'éducation, essentiellement, il y a l'imposition d'une mouvance, là, de gauche
radicale, là il disait : Ça prendrait un débat parlementaire sur... là, je
vais reprendre ses termes, si vous voulez bien, parce que je ne veux pas que ce
soit mal interprété, mais toutes ces questions-là, donc, «les toilettes, les
pronoms, les nouvelles théories d'écriture inclusive, doivent être débattues
ici, à l'Assemblée nationale», par une commission parlementaire. Est-ce que
vous trouvez que c'est une bonne idée?
Mme Biron : Je ne sais pas si
c'est le meilleur moyen, mais je suis d'accord avec l'idée qu'il faut
réfléchir, parce qu'on a un cas par semaine, là, où... et c'est quand même des
cas assez isolés, çà et là. Et je pense qu'il faut regarder comment agir, parce
qu'on est rendus... on est interpelés, nous, au gouvernement, à la petite
semaine ou à la journée, sur chaque cas isolé, dans une école, dans un gym, ou
autres, alors ça fait beaucoup.
Puis il n'y en a quand même pas tant que ça,
des non-binaires puis des trans, au Québec, là, ils sont à peu près 16 500.
Alors, on est peu... Tu sais, un gouvernement, ça met en place un grand cadre,
et après les gens doivent s'organiser à l'intérieur de ce grand cadre là, mais
on ne peut pas commencer à faire des politiques mur à mur sur chaque petit cas
qui nous est soumis, ce n'est pas possible.
Alors, je pense que oui, une réflexion
avec des gens outillés pour nous conseiller, je pense que ce serait utile. Bon,
est-ce que c'est un débat à l'Assemblée nationale? Est-ce que c'est une
commission parlementaire? Est-ce que c'est un comité d'experts? Je ne sais pas,
mais je pense qu'il faut qu'on ouvre une réflexion pour voir qu'est-ce qu'on
fait, en général, mettre, justement, ce grand cadre là.
M. Chouinard (Tommy) :
...réflexion à ce sujet-là, pour faire cette... donner cette réflexion...
Mme Biron : Bien, je pense
qu'il faut l'avoir. Tu sais, là, dans le cas des toilettes, c'est une bonne
histoire, ou du professeur, là, qui est quand même... Tu sais, moi, je suis
ministre de la Lutte contre la transphobie puis l'homophobie. Quand je vois un
professeur être victime d'un tel déferlement de haine... Cette personne-là,
elle veut juste œuvrer, là, puis il semble y avoir une certaine... un certain
consensus sur la qualité de ce professeur-là. Ce qu'on veut, nous, c'est des
bons profs, là, tu sais, dans nos écoles. Alors, moi, je ne veux pas que ces
gens-là soient violentés de toutes sortes de façons. Alors, ça, ça m'achale.
Alors, je pense qu'il faut...
M. Chouinard (Tommy) : Mais
la présence d'une mouvance de gauche radicale, là, dans notre système scolaire,
c'est un bon diagnostic selon vous? Est-ce que ça existe?
Mme Biron : Bien là, vous le
ciblez dans le système scolaire, c'est peut-être dans... tu sais, je ne le sais
pas. Ce n'est pas si blanc et noir que ça, c'est pour ça que je dis que ça
prend une réflexion. Parce qu'il y a des petits cas, ici, qui se positionnent
puis qui nous «popent» ici, puis il faudrait, comme, du jour au lendemain,
arriver avec une politique, une façon de faire les choses. Puis je pense que,
des fois, les gens sont capables de s'organiser entre eux, surtout que c'est
vraiment des cas isolés qui prennent beaucoup de place, trop de place.
M. Chouinard (Tommy) : Puis peut-être
une dernière chose, mais vous avez vu le vote au Parti conservateur du Canada, là,
sur l'idée, bon, bien, d'interdire les interventions sur mineur, et tout ça,
pour les changements de sexe. Bon, est-ce que vous trouvez que ça, ça va trop
loin comme mesure? Est-ce qu'il faudrait, au nom, peut-être, de la protection
de l'enfant contre lui-même, là, adopter des mesures? Est-ce qu'on est là ou
pas là?
Mme Biron : Bien, au Québec,
là, tu ne changes pas de sexe comme ça, là, tu sais, c'est un long processus.
Puis les enfants, les mineurs, ils ne se font pas prescrire des bloqueurs de
genre comme ça, puis ce n'est pas simple, c'est une grosse affaire, et ça
demande un support puis un processus psychologique, puis même la transition,
c'est compliqué.
Mais je pense que, dans... justement, dans
ce que je dis, tu sais, c'est... tout ça devrait faire l'objet de certaines
réflexions. Parce que le débat se polarise autour de ça, tu sais, on l'a vu,
ça, avec les drags aussi, le débat se polarise sans raison, parce que c'est
quand même assez inoffensif, ce qui se passe. Alors, il faut voir les choses
avec calme puis essayer de prendre des décisions qui sont posées puis qui
conviennent, parce qu'il ne faut pas oublier que c'est des cas isolés.
(Fin à 12 h 18)