(Treize heures quarante-cinq minutes)
M. Legault : Bon, la vie
continue, même si on n'a pas gagné la loterie Connor Bedard. Mais, bon, Louis
Lacroix est prêt, donc on peut commencer, O.K.?
Des voix : ...
M. Legault : Oui, hein, est-ce
qu'on va prendre un Russe ou non? J'avais pris pour Toronto, mais ça regarde
mal. Bon, bon, bon, O.K., O.K., soyons sérieux, je veux vous parler
d'immigration.
Bon, j'ai vu comme vous autres en fin de
semaine les reportages sur cette possibilité, là, que le gouvernement fédéral
vise à avoir 100 millions de Canadiens d'ici 2100. Évidemment, pour tout
le Canada, ça pose des gros défis, d'abord de construire des logements, d'avoir
les capacités nécessaires, le personnel nécessaire en santé, en éducation, mais
je veux vous parler du Québec.
D'abord, je veux être très clair, là, il
n'est pas question, au Québec, qu'on ait une telle croissance de l'immigration
au cours des prochaines années. D'abord, c'est important de le dire, c'est
comme ça puis ça doit rester comme ça, c'est le Québec qui doit décider seul du
nombre d'immigrants permanents qu'on reçoit à chaque année. Et on va annoncer
bientôt, avec Christine Fréchette, que, pour la première fois dans l'histoire
du Québec, on va mettre des exigences concernant la connaissance du français
pour les immigrants économiques. Puis on va s'assurer aussi, bien sûr, qu'avant
de sélectionner, de choisir, d'avoir des immigrants, bien, on ait les capacités
autant au niveau du logement, de la santé que de l'éducation.
Bon, maintenant, oui, on le voit depuis
quelques années, il y a de plus en plus d'immigrants temporaires. Bon, d'abord,
première chose que je veux dire, les immigrants temporaires, le mot le dit, ils
sont temporaires. Ça veut dire que, lorsqu'ils veulent devenir permanents, ils
doivent absolument passer par les conditions qui sont requises pour devenir
immigrants permanents. Ça veut dire, par exemple, la connaissance du français.
Malgré ça, il y a beaucoup de temporaires.
Et donc j'ai demandé aux différents ministres concernés de regarder d'abord du
côté des étudiants étrangers. C'est important que la grande majorité vienne
étudier en français, donc dans nos cégeps et nos universités francophones.
Maintenant, j'ai demandé aussi qu'on regarde ce qu'on peut faire avec les
travailleurs temporaires pour protéger le français au Québec. Donc,
actuellement, on regarde pour agir concrètement à court terme dans tous les
aspects de l'immigration.
Reste le poids du Québec dans le Canada.
Bon, d'abord, c'est important, je le répète, l'urgence, à court terme, c'est de
protéger le français au Québec. Mais on va continuer de se battre pour protéger
le poids politique du Québec au Canada. Et on doit continuer d'augmenter notre
autonomie, l'autonomie du Québec, comme on l'a fait avec la loi n° 21
pour les signes religieux, comme on l'a fait avec la loi n° 96,
première grande avancée depuis la loi 101 pour protéger le français. On
doit continuer aussi de réduire notre écart de richesse. Plus on veut être
autonome financièrement, moins on va recevoir de péréquation, moins on va être
dépendant du reste du Canada. Donc, c'est très important d'agir rapidement,
d'agir maintenant. C'est ce qu'on va faire.
M. Laforest (Alain) : M. Legault,
ça ne risque pas de causer un problème au niveau démographique? Vous ne pouvez
pas demander de conserver le même poids si les autres provinces canadiennes
augmentent et que le poids démographique du Québec ne passe pas. Les élus à
Ottawa ne vous le donneront pas.
M. Legault : Bien, d'abord,
les élus à Ottawa ont adopté une résolution où on reconnaît que le Québec est
une nation, et, comme nation, je pense qu'on doit avoir notre poids dans la
fédération canadienne. Deuxièmement, je vous le dis, à court terme, ce qui est
surtout important, c'est de protéger le français au Canada puis de s'assurer
avec Ottawa qu'on soit le plus autonome possible dans tous les secteurs qui concernent
notre identité.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
qu'il devrait y avoir une modification constitutionnelle pour nous permettre
d'avoir le même poids à Ottawa?
M. Legault : Bien, écoutez,
pour ce qui est des moyens, on a dit qu'on veut y aller graduellement. Donc, on
va regarder les meilleurs moyens. Mais ce qui est important, là, c'est d'agir à
court terme. Les gouvernements qui ont été là avant nous, le PQ et le Parti
libéral, n'ont pas utilisé tous les pouvoirs qu'on a pour exiger la connaissance
du français, entre autres, dans l'immigration économique, qui est contrôlée
complètement par le gouvernement québécois. On a aussi des pouvoirs concernant
l'immigration temporaire que les gouvernements comme les libéraux puis le Parti
québécois n'ont pas utilisés. Puis on va faire des demandes à Ottawa pour avoir
des pouvoirs.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que les cibles d'Ottawa menacent la culture québécoise, M. Legault?
Est-ce que... L'Initiative du siècle, est-ce que ça menace la culture
québécoise? Vous avez déjà parlé louisianisation. Est-ce qu'on est dans cette
espèce de danger là?
M. Legault : Bien, à
partir du moment où les gestes qu'on pose au Québec viennent arrêter le recul
du français, le déclin du français au Québec, puis qu'on recommence à voir le
pourcentage de francophones augmenter au Québec, bien, on protège aussi la
culture.
M. Robillard (Alexandre) : L'Initiative
du siècle, M. Legault, est ce que c'est un facteur de louisianisation du
Québec?
M. Legault : Bien,
écoutez, le Québec doit faire ses choix puis le Québec va prendre des mesures,
à court terme, pour arrêter le déclin du français, pour revoir une
augmentation. Donc, dans ce sens-là, si... puis moi, je suis convaincu qu'on va
y arriver, bien, on ne peut pas parler d'une disparition du français.
M. Robillard (Alexandre) : ...hausser
les seuils, toujours, à l'heure actuelle, comme vous l'aviez dit?
M. Legault : Bon,
écoutez, on va, d'ici quelques semaines, faire une annonce concernant les
seuils. Ce qui est surtout important, surtout important, c'est qu'on exige la
connaissance du français dans...
Des voix : ...
M. Legault : Je ne répondrai
pas à votre question, là. On va malheureusement vous demander d'attendre
quelques semaines.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...la
part des francophones qui choisissent le Canada plutôt que le Québec, elle,
elle a augmenté sous votre gouverne. Qu'est-ce que vous comptez faire pour
inverser ce phénomène-là?
M. Legault : Bien,
inverser ce phénomène-là, moi, ce que je veux, c'est que l'immigration
économique au Québec soit francophone. S'il n'y a plus de francophones dans le
reste du Canada, c'est une bonne chose aussi, là.
Mme Lajoie (Geneviève) : ...réclamez-vous
encore tous les pouvoirs à Ottawa?
M. Legault : Oui.
Mme Lajoie (Geneviève) : C'est-à-dire?
Quels pouvoirs vous voulez exactement?
M. Legault : Bien, c'est-à-dire,
allez voir notre programme, vous allez avoir tout le détail, mais on veut
toujours avoir tous les pouvoirs à Ottawa. Mais il faut aussi agir à court
terme maintenant, avec les pouvoirs qu'on a, puis il faut agir graduellement
avec le fédéral.
M. Bossé (Olivier) : 100
millions en 2100, est-ce c'est quelque chose...
M. Legault : Pardon?
M. Bossé (Olivier) : 100
millions d'habitants au Canada en 2100, est-ce que c'est quelque chose à quoi
vous croyez? Ça se peut? Est-ce que c'est...
M. Legault : Bien,
écoutez, d'abord, pas au Québec. Maintenant, pour ce qui est dans le reste du
Canada, bien, ça pose des énormes défis de logements puis de services publics.
M. Duval (Alexandre) : Les
partis vous demandent d'inclure les temporaires dans vos calculs pour les
seuils d'immigration dans la prochaine consultation. Qu'est ce que vous allez
faire pour prendre en compte le nombre important de temporaires pour la
prochaine planification pluriannuelle?
M. Legault : Bon, d'abord,
c'est deux sujets différents : les permanents, les temporaires. D'abord,
les temporaires qui veulent devenir permanents, ils vont devoir suivre les
conditions pour devenir permanents. Les temporaires, par contre, il y en a
beaucoup, et là on doit se poser des questions sur ce qu'on fait pour protéger
le français pas seulement du côté des permanents, mais du côté des temporaires
aussi.
Mme Lajoie (Geneviève) : ...avez-vous
une cible de temporaires? Est-ce qu'il y a un seuil?
M. Legault : Écoutez, je
ne vais pas faire une annonce aujourd'hui, mais ce que je vous dis, c'est que
je suis préoccupé puis on regarde actuellement pour agir sur les deux.
M. Lacroix (Louis) : Mais
M. Legault, vous parlez beaucoup de francisation, faire des efforts,
franciser, mais la culture d'un peuple ne se limite pas à la langue. La langue,
c'est un véhicule de la culture, mais ça ne se limite pas à ça. Alors, en ce
sens-là, est-ce que la culture québécoise est menacée par trop d'immigration?
M. Legault : Bien, écoutez,
oui, vous avez raison que la culture ne se limite pas au français. C'est pour
ça qu'on fait des efforts importants, avec Mathieu Lacombe, pour développer une
offre plus grande de produits culturels, entre autres pour les jeunes, c'est
pour ça qu'on développe aussi les Espaces bleus, c'est pour ça qu'on veut
développer des nouvelles émissions à Télé-Québec, c'est pour ça qu'on va
travailler aussi du côté de la culture avec Mathieu Lacombe.
Mme Lajoie (Geneviève) : Êtes-vous
du même avis que Gabriel Nadeau-Dubois à l'effet que la culture québécoise,
elle s'enrichit des nouveaux venus?
M. Legault : Bien, il y
a une partie d'enrichissement avec les nouveaux venus, c'est certain, mais ça
ne doit pas se faire au détriment de notre langue commune, le français.
Le Modérateur
: On va
passer à l'anglais.
Mme Greig
(Kelly) : Why do you think this measure is
necessary, to set… to have a criterion or a standard of French for economic
immigrants?
M. Legault : Because we see right now that, for many years, there's a reduction,
every year, about the percentage of Francophones, in particular on the island
of Montréal. We're now at 48%. It
means under 50%. So, we have to increase the percentage of Francophones. It's
not a question that we want to be against Anglophones, it's a question of survival
for French in North America.
M. Authier (Philip)
:
We know that Québec, compared to the other provinces, has more powers over immigration than the others do. So, even if
the rest of Canada talks about,
you know, a hundred million… a hundred million, aren't we not already… does Québec not already have enough power to sort
of stop that from happening here? Do we not have enough power already?
M. Legault : We already have powers for permanent immigrants regarding the
number, regarding the choice of economic immigrants. But regarding temporary
immigrants, we have some power, but not all the powers.
Mme Greig
(Kelly) : What about the response from the federal Government? Obviously, Mr. Trudeau
has long wanted this plan, it's not a new plan, for the immigrants. Have you
spoken to him recently about this?
M. Legault : Well, I don't think we discussed specifically about that, but I
discussed a lot with Mr. Trudeau about the future of French in Québec. I was happy to see that he took
action on Roxham Road. I was happy that he helped us making sure that federal companies
like Air Canada now apply Bill 101.
So, I think we're moving in good direction. But we still have discussions to
have about temporary immigrants.
Mme François
(Mélissa) : What is the message you're sending to the future
immigrants that want to, I don't know, establish themselves in Québec in the
future? What is the message you're sending today?
M. Legault : The message I'm sending is that we are a nation, a nation. We speak
French. I think it's a plus. We're different than the rest of North America. And
it's important to protect
French in the future to make sure that the newcomers that they speak French,
because there will always be a strong incentive for people in Québec to learn English, because we are in
North America with hundreds of millions of Anglophones. So, I think it's
important. I want that we protect French, and they have to know that there's
only one official language in Québec, and it's French.
M. Spector
(Dan) : Do you worry about the recruitment for
English institutions, schools?
Do you worry about the implications on them?
M. Legault : No, I don't think so. I think that there are a lot of Francophones
in France, Switzerland, Belgium, Africa, and I think that, also, people can
learn French. I think it's a good place to live, in Québec, so I think we'll be successful in the recruitment of people that
are in the sectors where we need some manpower.
Merci, tout le
monde.
(Fin à 13 h 58)