(Treize heures quarante-cinq minutes)
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Bien, d'abord un mot sur cette histoire de l'enseignante à Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
C'est épouvantable, ce qu'on entend sur la bande sonore. Je suis content qu'elle
ait été suspendue. Maintenant, il faut aller au fond de l'histoire pour savoir est-ce
qu'il y a quelqu'un qui savait à l'école. Là, ce que je comprends, c'est qu'il
y a une enquête de police ou une enquête du centre de services. Mais
complètement inacceptable que des enfants reçoivent... se fassent bardasser
comme ça, c'est totalement inacceptable.
Concernant le troisième lien, bon,
évidemment, j'ai vu, comme tout le monde, que Québec, Chaudière-Appalaches...
beaucoup de gens qui sont très déçus, puis je les comprends, des gens, entre
autres, qui font Québec-Lévis ou Lévis-Québec, soir et matin, surtout ceux et
celles qui restent à l'est, là, puis qui se disaient : Bien, enfin, au
lieu d'aller passer à l'ouest sur un des deux ponts, on va pouvoir avoir un
lien centre-ville à centre-ville. Je peux comprendre qu'ils soient déçus.
Ce qu'il est important de comprendre,
c'est que, d'abord, il n'y a pas de complot, il n'y a pas d'affaire organisée.
J'avais, jusqu'au 5 avril dernier, des données qui montraient que les
temps de parcours sur les deux ponts, à Québec, étaient, dans certains cas,
même plus élevés que sur des ponts à Montréal comme Champlain et
Jacques-Cartier. J'ai reçu, donc, il y a 20 jours, le 5 avril, dans
une rencontre avec Geneviève Guilbault, des nouvelles données qui concernent,
entre autres, la moyenne pour les heures de pointe en 2022, et on voit une
baisse importante des temps de parcours à un point tel que je pense que,
financièrement, ce n'est pas justifiable de faire un troisième lien
autoroutier, compte tenu des délais qui ne... qu'on ne peut plus juger, là, de
déraisonnables entre Québec-Lévis puis Lévis-Québec.
Évidemment, il faut regarder de quel
endroit on part puis quel endroit on arrive, mais vous avez, dans les documents
que Geneviève Guilbault a déposés, des comparaisons entre les données qu'on
avait de 2019 puis les nouvelles données de 2022. Puis vous voyez, là, quand
même une différence importante. Ce qu'on nous dit aussi, c'est que, même quand
on regarde les projections d'ici 2036, on ne prévoit pas une augmentation
importante.
Donc, c'est une décision qui est
difficile. J'en ai rediscuté avec les députés ce matin. On en avait discuté
dans ce qu'on appelle notre grand caucus mercredi soir passé. Il y avait eu des
rencontres aussi de Geneviève Guilbault, et des ministres de la région, et des
députés au début de la semaine dernière. Je comprends, là, qu'il y a une forte
réaction dans la population, mais, en même temps, bien, en bout de ligne, c'est
moi qui prends la décision, c'est moi qui ai pris la décision, et je l'assume.
Ma responsabilité, c'est que, quand les données changent, bien, il faut revoir
la décision qu'on avait prise avant les élections.
C'est une question d'être pragmatique. Je
veux dire, je l'ai souvent dit, moi, je ne me considère pas comme quelqu'un qui
est dogmatique puis qui dit : Il faut absolument faire ça à tout prix. Il
faut peser le pour et le contre. Dans ce dossier-là, il y a des pour, il y a
des contre pour chacun des scénarios, mais je pense qu'actuellement le meilleur
scénario, c'est de faire un troisième lien pour le transport collectif, de
s'assurer qu'on desserve bien les banlieues, autant sur la Rive-Nord que la Rive-Sud,
avec et via, entre autres, le tramway qu'on va avoir ici, à Québec, pour que
les gens qui font du Québec-Lévis soir et matin, bien, puissent le faire en
transport en commun. Sinon, bien, ils peuvent continuer d'utiliser leur auto
sur les deux ponts dans des délais, là, qui ne sont pas déraisonnables.
M. Laforest (Alain) : M. le
premier ministre, est-ce que vous avez l'intention de vous excuser pour ne pas
avoir respecté un engagement solennel? Votre ministre, Bernard Drainville, l'a
fait, lui.
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, comme je l'expliquais, je comprends la déception, mais ma
responsabilité, c'est, avec les nouvelles données, de prendre la meilleure
décision pour les Québécois. Et c'est ce que je fais. Puis donc je ne m'excuserai
pas de prendre la meilleure décision pour les Québécois même si c'est une
décision qui est difficile.
M. Lecavalier (Charles) : Mais
est-ce que c'était responsable de promettre, en campagne, de le faire, études
ou pas, puis là arriver après : Oui, finalement, il y a une étude, puis on
ne le fera pas.
M. Legault : Bien, on avait
des données quand même avant, on avait des données. On pensait aussi que les
impacts de la pandémie ou de la baisse du trafic étaient temporaires. On voit
aussi non seulement que ça a changé le trafic puis ça a changé aussi le
pourcentage de gens qui... qui transitent aux heures de pointe. Donc, il y a
une situation où on avait des données, on avait pris une décision. On reçoit
des nouvelles données le 5 avril, et il faut être capable d'avoir le
courage de revoir la décision.
M. Lecavalier (Charles) : ...vous
aviez dit : Étude, pas étude. Puis là vous dites : Bien, on a une
étude. Est-ce que c'était responsable de dire : Étude, pas étude?
M. Legault : Bien, on avait
des gens qui, depuis plusieurs années, nous disaient : C'est long passer
sur les deux ponts le soir et le matin. Ces mêmes personnes là, aujourd'hui,
vont avouer que le délai est moins long.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que le
nouveau projet soit en cours de réalisation à la fin de votre mandat, là,
pendant la prochaine campagne, en 2026?
M. Legault : Bien, je sais
que Bernard a dit ça, puis moi, ma volonté, c'est d'aller le plus vite possible
tout en le faisant correctement, mais il faut d'abord établir c'est quel mode
de transport en commun puis avancer le plus rapidement possible. Donc, trois
ans et demi, vous savez, moi, je ne suis pas très patient, il me semble qu'on
devrait être capable d'en faire un bout en trois ans et demi.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que, comme lui, vous pensez encore
qu'il va y en avoir un, tunnel autoroutier?
M. Legault : Un tunnel
autoroutier?
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui, après celui-ci, est-ce qu'un jour il va y
en avoir un pour les voitures?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, on est dans le futur. Les deux ponts sont vieillissants, par contre, puis
je tiens à le préciser, sont sécuritaires actuellement. Est-ce que, dans 10 ans,
dans 20 ans, dans 30 ans, ces deux ponts-là seront encore
sécuritaires? Bien là, on est vraiment dans les projections à très long terme.
M. Gagnon (Marc-André) : ...vos
propres études, quand même, indiquent qu'il est encore trop tôt pour déceler
une tendance quant à l'effet de la pandémie. Alors là, aujourd'hui, vous
revenez avec cette excuse-là, si vous me permettez l'expression, pour justifier
l'abandon du troisième lien. Ce n'est pas un peu prématuré d'avoir tiré cette
conclusion-là? Parce vous auriez pu continuer les études, attendre de voir,
d'avoir un portrait plus précis.
M. Legault : Bien, la
pandémie a commencé en mars 2020. Là, on est rendus en 2023. Il y a aussi, dans
les études, des prédictions, des projections jusqu'en 2036, donc, à un moment
donné, les données qu'on a... sur la base de ces données-là, on ne peut pas
justifier un troisième lien autoroutier.
M. Gagnon (Marc-André) : Ce
n'est pas plutôt le coût? On parlait... on était rendu, finalement, de retour à,
tu sais, quelque chose autour de 10 milliards.
M. Legault : Bien, c'est sûr
que, si ça ne coûtait rien, on dirait : Bien, écoute, on va le faire. À
partir du moment où est-ce que c'est un projet qui est coûteux puis que là les
temps de parcours ne sont pas déraisonnables, on ne peut pas justifier ça.
M. Bossé (Olivier) : ...le 4 avril,
vous étiez convaincu que la CAQ allait construire un tunnel autoroutier?
M. Legault : Bien, j'avais
hâte d'avoir les données. Puis rappelez-vous, au début de l'année, on avait promis
de livrer ces données-là en début d'année. Geneviève vous a déjà expliqué que
la première mouture qu'elle avait reçue, c'était plus encore des vieilles
données. Là, elle a demandé, parce qu'il fallait travailler avec la ville de
Québec puis la ville de Lévis, pour avoir des nouvelles données. Bien, ces
données-là, moi, je les ai eues le 5 avril, donc c'est là que j'ai vu :
Wo! Ça ne fonctionne pas.
M. Laforest (Alain) : Mme Biron
a dit, ce matin, que ça prend un retour d'ascenseur pour Chaudière-Appalaches,
Lévis. Comment vous le recevez, ça? Ça vient d'une de vos députées qui dit
qu'on doit compenser Lévis pour avoir abandonné le lien autoroutier.
M. Legault : Bien, écoutez,
dans le passé, il y a eu des partis qui ont été au gouvernement qui ont fait ce
qu'ils ont fait. Moi, je m'assure que toutes les régions, incluant
Chaudière-Appalaches, incluant la Capitale-Nationale, que ça soit en transport,
que ça soit en santé, que ça soit en éducation... que les projets qui sont
urgents et nécessaires, on les fasse.
M. Laforest (Alain) : ...pas
de traitement de faveur, il n'y aura pas de traitement de faveur?
M. Legault : On traite avec
faveur les 17 régions.
M. Bossé (Olivier) : La
construction des wagons du tramway au Mexique, l'usine d'Alstom, au Mexique,
c'est un problème, là, on pensait que ça allait se faire à La Pocatière.
M. Legault : Bon, vous savez
qu'en vertu des règles internationales, entre autres avec notre entente avec
l'Europe, on n'a pas le droit d'exiger plus que 25 % de contenu local.
Donc, on a essayé, avec Alstom, d'en faire le maximum. Et, à La Pocatière,
je pense qu'il y a 400 employés qui travaillent là, conception le plus
possible à Saint-Bruno, mais il y a une partie qui va être effectivement faite
au Mexique, mais ce qu'on souhaite, c'est qu'il y en ait le plus possible qui
soit fait au Québec. On sait qu'il y a d'autres projets qui s'en viennent
aussi. J'ai eu l'occasion de rencontrer, il y a quelques jours, quelques
semaines, le président d'Alstom Canada puis... Alstom Amériques, pardon, avec
un «s», et je lui ai dit que j'espère, à l'avenir, que ce pourcentage-là va
grandir.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous admettez, dans le dossier du troisième lien... Parce que vos députés,
ce matin, quand ils sont entrés à la rencontre qu'ils avaient avec vous,
plusieurs ont dit qu'ils étaient déçus de la façon dont ça leur a été
communiqué, que d'avoir l'information mardi dernier, c'était beaucoup trop
tard, qu'on aurait dû avoir les informations avant ça. Est-ce que vous admettez
qu'il y a eu un problème dans la communication avec votre équipe, vos députés
de la région?
M. Legault : Bien, écoutez,
pour ce qui est des enjeux de communication puis de consultation à l'interne,
on va garder ça à l'interne.
M. Duval (Alexandre) : ...la fidélité
de vos députés dans la région? Et qu'est-ce que vous pensez de la décision de
M. Caire de rester en poste malgré tout ce qu'il a dit?
M. Legault : Ah! moi, je
donne mon appui total à Éric Caire. Il est là depuis le début, et je l'appuie
totalement. Puis ce n'est pas une décision d'Éric Caire, là, c'est une décision
de François Legault.
M. Gagnon (Marc-André) : ...M. Legault,
parce qu'il avait... vous l'aviez entendu, il avait clairement mis son siège en
jeu, il avait dit qu'il se battrait jusqu'à la dernière goutte de sang.
M. Legault : Bien, le
contexte a changé, la situation a changé.
Le Modérateur : On va passer
en anglais...
Des voix : ...
Le Modérateur : On va passer
en anglais, s'il vous plaît!
Journaliste
: Sur les
traversiers. En ce moment, il y a un seul traversier, M. Legault. Est-ce
que vous allez les remplacer éventuellement?
M. Legault : Yes.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
M. Authier (Philip)
: ...second major power outage
in two weeks, electrical power outage, a lot of citizens again out of... in the
dark. Do you still have confidence in the Hydro network?
M. Legault :
What... I have very little information
about what's happening right now. What they tell me is that it has nothing to
do with what happened couple weeks ago. It's about the production, maybe from
Churchill Falls. So, I really want to have more information before answering
your question.
M. Authier (Philip) :
And do you think Mr. Caire, with
all the pressure he's under... Will you continue to support him as the MNA for La Peltrie with these petitions and all
these things that are being said about him?
M. Legault :
Totally. Mr. Caire is with me
since the beginning. And I think it's not his decision, it's my decision. So,
yes, I support him.
Mme Warren (Émilie) :
You said that this is your decision
that you made. Why did you wait until today to speak about it instead of going
with Mme Guilbault when she made the announcement?
M. Legault :
Because I think that it's important... And
I answered a few of your questions last Thursday, so it's the first chance I
have today to answer your questions. But I think it was important to first
table all the data, because many people... and they asked me about this data
for 35 days in a row. So, it was important that you get these data, and now I'm
answering your questions.
M. Grillo (Matthew) :
What's your message to the region...
the Québec City region? A lot of people are upset about this, they wanted a
third link, a third way to get across, and they thought that this was going to
happen based on the campaign.
M. Legault :
So, first, I understand that people
around Québec and Chaudière-Appalaches, Lévis, they are unhappy about the decision because some of them
live in the east and they have to go to the two bridges in the west to go
Québec-Lévis or Lévis-Québec. So, I understand that that's not an ideal
solution, but right now, with the new data we have, I cannot justify to invest
this kind of money because the delays, the «temps de parcours» are reasonable.
The data I had before showed that the delays were higher than on some bridges
like Jacques-Cartier or Champlain in Montréal. So, the situation changed, it's
my responsibility to adjust our decision. I'm managing funds coming from Quebeckers, from taxpayers, so it's
important that we take the right decision.
M. Grillo (Matthew) :
Can we just ear you about the teacher,
the recording of the teacher yelling at a student? What were your thoughts when
you heard that?
M. Legault :
I cannot imagine a teacher yelling like
that with children of six years old, it's totally unacceptable. So, I'm happy
that this person has been suspended. There'll be an inquiry, and I want to make
sure that nobody knew in the school about what was happening, because it's
totally unacceptable.
M. Spector (Dan) :
Just lastly, on «troisième lien», how
do you defuse the anger and the division in your own caucus?
M. Legault :
I think, of course, we have to look at
the figures, we are a responsible party, and I think that time will help. Of
course, it's not an ideal situation, it's not a question of black and white, is
this the right decision or the wrong decision, it's about the pros and the
cons. And right now, with the new data regarding delays, we have to face
reality, we cannot justify a third link for cars.
Le
Modérateur : Merci beaucoup, tout le monde. Merci.
M. Legault : Merci.
(Fin à 14 heures)