(Huit heures une minute)
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour,
tout le monde. Donc, nouvelle importante, après des années d'attente et de négociations
pour obtenir des transferts en santé, on se retrouve avec un gouvernement du
Québec qui obtient le sixième, le un sixième de sa demande. Et rappelez-vous ce
que François Legault nous a dit en élection, il n'y a pas si longtemps, il
avait besoin d'un mandat fort pour faire des gains, obtenir des victoires dans
le Canada. C'est, du propre aveu de François Legault, très décevant. Et je
pense que c'est le rôle des partis d'opposition de poser la question :
Maintenant qu'il manque 5 milliards de dollars dans la planification du
gouvernement du Québec en matière de santé, quel est le plan de contingence?
Comment Christian Dubé va déterminer... Puis quel est le plan, là, pour
trancher à savoir quels services ne seront pas offerts parce que le Québec n'obtient
pas sa part équitable des transferts fédéraux en matière de santé? Nous, on
veut avoir cette discussion-là, parce que, là, la réponse semble finale et ça
aura des conséquences très importantes sur notre capacité à livrer des services
de santé au cours des prochaines années.
M. Lacroix (Louis) : À quoi
sert le Conseil de la fédération? Quel est le poids qu'ont les provinces face
au fédéral? Parce qu'ils se sont braqués pendant deux ans et demi en disant que
ça prend 28 milliards par année, indexés à 5 % par année, puis,
finalement, on se retrouve avec 4,6 milliards par année.
M. St-Pierre Plamondon : C'était
de voir le regard abasourdi des provinces, hier, en point de presse. Ça nous
fait réaliser que ce système-là... Parce qu'à l'origine le fédéral n'était pas
censé prélever des impôts, ou en prélever très peu, en situation
exceptionnelle, comme une guerre. Puis, avec les années, le fédéral a élargi sa
capacité à aller chercher de l'argent pour ensuite tenter d'exercer un pouvoir,
ou, souvent dans le cas du Québec, dédoubler ce qu'on fait déjà. Et il y a
comme un aveu, un constat d'échec de ce Conseil de la fédération, de cette
alliance des provinces, parce qu'il n'y a personne, hier, qui pouvait dire que
le résultat obtenu a du sens. Tout le monde s'entendait pour dire : Nous
ne serons pas capables d'offrir, de manière pérenne, des services de santé
parce que le fédéral n'obtempère pas à des demandes légitimes. Mais, tu sais,
il y a couper la poire en deux, puis il y a obtenir seulement le sixième de ce
dont tu as besoin pour faire fonctionner ton système. Donc, il y a là un
constat d'échec qu'on prédit, de notre côté, depuis quand même, là, plusieurs
années sur ce sujet précis. Et, en général, on rappelle que tout ça serait plus
simple si on décidait nous-mêmes de comment nos impôts doivent être dépensés,
et si donc on n'était pas dans une posture où on doit quémander des sommes.
M. Bossé (Olivier) : ...réaction
de M. Legault, hier? Je l'ai déjà vu plus combatif.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
on a déjà vu plus combatif. Il y avait une acceptation, une résignation
vis-à-vis le dysfonctionnement du Canada, une résignation que je qualifierais
de passive.
M. Bossé (Olivier) : Plus
combatif, lui, ou on a déjà vu, en général plus, combatif que M. Legault?
M. St-Pierre Plamondon : Les
deux.
M. Denis (Maxime) : Qu'est-ce
que ça vous dit quand il dit : Bien, on verra avec les prochains
gouvernements? Donc, c'est là, on ne peut rien faire tant que les libéraux sont
au pouvoir, ça va rester comme ça, c'est final?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est particulier comme déclaration, mais j'ai l'impression que François
Legault est allé en politique avec la CAQ... est revenu en politique avec la
CAQ en disant : Je vais vous démontrer qu'on peut faire fonctionner le
Canada à notre avantage. J'ai l'impression qu'hier il nous a dit :
Écoutez, moi, je suis allé au bout de mon hypothèse, là, puis que ce soit le
rapport d'impôt unique, la culture, le chemin Roxham, les transferts en santé,
ou je ne sais pas quelle autre question pour laquelle j'ai eu des échecs, je
suis allé au bout de ce que je pouvais, puis, voilà, il y a... Il l'a dit
lui-même : C'est décevant. Et donc, quand il en appelle à d'autres
gouvernements, peut-être en appelle-t-il à d'autres gouvernements qui vont être
plus ambitieux ou plus prompts à défendre l'idée que le Québec ne devrait pas
avoir à quémander comme ça, puis que c'est inacceptable, et que donc on doit
décider par nous-mêmes.
Mme Lévesque (Fanny) : À
partir du moment où, là, on aura ces montants-là, là, vous parlez d'un plan de
contingence, mais on fait quoi, là? Vous les mettriez où, ces millions-là, dans
le réseau de la santé?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est ça. Donc, on a le un sixième, le milliard. Votre question, elle est
fondamentale, mais elle est fondamentale dans la mesure où on a estimé, puis ce
n'était pas juste le Québec, là, c'était toutes les provinces, que, dans le cas
du Québec, on avait besoin de 6 milliards pour le faire fonctionner de
manière pérenne. C'est la responsabilité du gouvernement d'arriver avec un plan
précis, à savoir qu'est-ce qu'on fait avec cet argent-là, mais, surtout,
qu'est-ce qu'on fait...
Une voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : ...c'est
ça, qu'est-ce qu'on ne pourra pas faire, puis où est-ce qu'on va couper dans un
système déjà mal en point pour pallier au fait qu'il manque 5 milliards
sur une base annuelle. Ce n'est pas rien. Puis, bon, est-ce qu'on aurait pu
s'arranger avec 4 milliards? Probablement. Mais là, quand tu es au un
sixième de ce dont tu as besoin pour fonctionner, clairement, on a besoin d'une
réponse du gouvernement. Quel est le plan de contingence?
Mme Lévesque (Fanny) : ...vous
feriez quoi? Vous couperiez où, puis vous en mettriez où?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
on a déjà déposé notre propre plan santé, souvenez-vous, et ça fait quelques
mois de ça, et on en a débattu en campagne électorale. Ce qu'on veut, c'est un
virage vers les soins à domicile et tout en rénovant les CHSLD, ne pas investir
dans les maisons des aînés, mais plutôt dans les services et dans, évidemment,
les conditions de travail du personnel de la santé. Ça, ça va coûter des
millions, voire des milliards. Et c'est ces milliards-là qui ne viendront pas
du fédéral, mais qui sont des impôts que les Québécois paient au fédéral. Puis
je voudrais juste ajouter une chose, c'est que le gouvernement, aussi, le
premier ministre a voulu tempérer en disant : Bien, finalement, on ne nous
impose pas vraiment de condition. Lorsqu'on regarde les petits caractères, là,
il y a quand même, je pense, c'est 7,2 milliards qu'il veut investir dans
des ententes en bilatéral. Donc, ce n'est pas la fin de l'histoire. Si vous
voulez toucher de l'argent, un peu d'argent supplémentaire, il va falloir que
vous vous attaquiez à la question des soins aux personnes âgées et...
M. St-Pierre Plamondon : ...
M. Arseneau : ...exactement,
et à la santé mentale notamment, et ce sera selon mes conditions. Ça, ça fait
partie de l'entente à l'heure actuelle, ça fait partie d'une autre négociation
à venir, et, sur ça aussi, le premier ministre semble avoir concédé la victoire
à Trudeau, à qui il serrait la main dans un café à Montréal il n'y a pas si
longtemps.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous pensez, M. St-Pierre Plamondon, que cette rebuffade-là peut
raviver la flamme souverainiste qui sommeille en M. Legault?
M. St-Pierre Plamondon : Moi,
j'incite M. Legault à au moins se rendre au niveau de nationalisme de
Robert Bourassa. Je l'ai interpellé souvent, même personnellement, je lui ai
dit. J'ai beaucoup de difficulté à croire que, quand François Legault se couche
hier soir, il n'a pas en tête que l'indépendance du Québec est notre seule
option à ce stade-ci. Parce qu'il l'avoue de manière implicite : Je suis
allé au bout de mon raisonnement de faire des gains dans le Canada et, je suis
transparent avec vous, je laisse le soin à d'autres gouvernements d'essayer, mais,
moi, je suis déçu puis je pars bredouille. C'est ça qu'il nous a dit hier.
Donc, je lui tends la main à nouveau, dans le sens qu'il a toujours l'option de
nommer la possibilité de l'indépendance, minimalement la nommer, compte tenu du
mépris puis du manque de considération dans ce dossier-là et dans plusieurs
autres dossiers où probablement qu'il avait des espoirs sincères. Mais, hier,
il a également eu la sincérité de dire : Écoutez, c'est très décevant,
puis c'est impossible de faire fonctionner le système de santé de manière
pérenne avec la réponse qu'on vient d'obtenir.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
en clair, vous invitez M. Legault à brandir l'option souverainiste.
M. St-Pierre Plamondon : À la
nommer.
M. Denis (Maxime) : Sur l'âge
de la retraite, j'aimerais vous entendre, la position du Parti québécois, par
rapport à ça. On voit déjà, dans les premières consultations, là, que plusieurs
organisations, syndicats redoutent, là, qu'on repousse l'âge de la retraite.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
on s'en va en motion là-dessus aujourd'hui, puis on va demander au gouvernement
de s'engager à ne pas repousser l'âge de la retraite, l'âge, donc,
d'admissibilité pour la RRQ. Le raisonnement est le suivant. Nous, on est en
faveur de mesures pour augmenter le taux de participation dans le marché du
travail des aînés. On pense que, si on donne un congé de RRQ, un congé de
cotisations de RRQ du côté travailleur à partir de 65 ans, bien, ça fait
six virgules quelques pour cent dans la poche du travailleur. Ça rend ça plus
intéressant. On pense que, si on donne un congé d'imposition de 15 % pour
les 35 000 $ gagnés, les derniers 35 000 $, ça aussi, ça
crée un incitatif. Mais on pense que, si on fait une solution mur-à-mur puis on
dit : Bien là, ce n'est plus 65 ans, c'est 65 ans, bien, il y a
des gens qui ont des travails qui sont durs sur le plan de la santé, sur le
plan du dos, sur le plan psychologique, des gens qui, malgré le fait qu'il y a
une grosse pénalité à prendre sa RRQ à 60 ans, n'ont pas le choix. Donc,
je ne vois pas comment le gouvernement peut s'engager dans du mur-à-mur qui va
vraiment pénaliser certaines catégories de travailleurs sans avoir tenté au
préalable ce que nous, on propose, c'est-à-dire des méthodes incitatives pour
augmenter la participation au marché du travail et ainsi travailler notamment
sur la question de la pénurie de main-d'œuvre.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur le
décès de Mme Simard, Andrée Simard, on voit ce matin que les
professionnels, les médecins disent qu'on a condamné de manière inappropriée
l'hôpital, là, en ciblant l'Hôpital St. Mary, que, donc, la condamnation était
inappropriée. Est-ce que vous partagez ce constat-là?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
je pense que les traitements qui ont été offerts à Mme Simard n'ont pas
répondu aux standards auxquels on serait en droit de s'attendre, selon ce qu'a
rapporté La Presse. Maintenant, ce qu'on croit, c'est qu'une enquête
doit être faite, puis une révision des pratiques. Et ça semble, justement, être
en voie de se réaliser, et des gens disent : Peut-être qu'on n'a pas toute
l'information. Donc, moi, je pense que c'est bien qu'on ait les deux côtés de
la médaille, à l'interne, comment ça s'est passé, quelles étaient les
pratiques, et que l'on puisse avoir un autre point de vue. C'est important. Ce
qui nous ramène à la réaction du ministre de la Santé, qui, souvenez-vous, a
utilisé cet exemple-là pour dire que, grâce au plan santé qu'il avait déposé,
ça ne pourrait pas se passer dans ces conditions-là. Il y avait là, peut-être,
un excès, une instrumentalisation du décès de la veuve de M. Bourassa dans
une situation qui est encore floue dans certains de ses contours. Alors, moi,
je pense qu'il faut continuer et attendre le rapport d'enquête pour avoir
toutes les données là-dessus.
Mme Lévesque (Fanny) : Juste
une précision. Il y a une enquête en ce moment sur... Je sais qu'on doit revoir
les pratiques, mais...
M. Arseneau : Bien, en fait,
je parle de la révision des pratiques. J'ose espérer qu'à l'interne...
Mme Lévesque (Fanny) : ...
M. Arseneau : Non, non, non.
Mais moi, je pense qu'à l'interne, actuellement, si on a une réaction de la
part des professionnels, c'est qu'il y a une analyse de ce qui s'est passé. Et
j'ose espérer qu'en toute transparence on va savoir exactement, là, ce qui
s'est passé, pourquoi ça s'est passé ainsi.
M. Gagnon (Marc-André) : ...revenir
sur la question de l'âge de la retraite, là. Depuis, que, bon, vous vous êtes
fait entendre sur votre proposition, est-ce que vous avez des appuis, là? On
sait qu'il y a la FADOQ, entre autres, qui va être entendue, les syndicats, les
experts à partir d'aujourd'hui.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on sait déjà... pour avoir lu leurs positions antérieures, on s'attend, à juste
titre, qu'ils s'assurent que le gouvernement ne considère pas cette option-là. Et
ils doivent absolument maintenir cette position-là, justement, pour des
catégories de travailleurs qui vont se retrouver... On me donnait un exemple. Les
gens qui, vraiment, travaillent avec de la machinerie lourde, là, des marteaux
piqueurs, ou des polisseurs, ou... tu sais, vraiment, il y a des catégories de
travailleurs qui arrivent à un stade, très jeunes dans leur vie, où le corps
n'est plus capable de prendre cette pression-là. Donc, il n'y a pas d'incitatif
à prendre sa retraite à 60 ans dans le régime actuel. Il y a vraiment une
pénalité. Ceux qui prennent cette pénalité-là, c'est parce qu'ils ont des
raisons de considérer qu'ils sont rendus là puis qu'ils n'ont pas d'autre
option. Donc, moi, je pense... je m'attends à ce que plusieurs groupes sortent
à la défense de ces travailleurs-là en disant : Bien, on va envisager
d'autres solutions, si c'est une question de bien financer le RRQ. On a
également proposé des avenues, mais je m'attends à ce que les positions soient
assez vigoureuses.
M. Robillard (Alexandre) : Sur
les transferts, est-ce que vous avez été surpris de la réaction de M. Legault,
qui, visiblement, était insatisfait? Mais est-ce qu'elle aurait dû être plus
forte?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
le mot, c'est... il y avait une résignation. Il a utilisé les mots : Je
suis déçu, là. Si je me souviens bien, il a vraiment dit : Je suis déçu.
Ça a le mérite d'être clair.
M. Robillard (Alexandre) : Et,
sans aller jusqu'à brandir la souveraineté, là, parce que...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est là que moi, j'interviens en lui disant...
M. Robillard (Alexandre) : ...une
différence entre vous et lui. Mais, sans aller jusque-là, est-ce que ça aurait
tout de même dû être plus fort? Puis est-ce qu'il est encore temps pour lui de
faire entendre la voix du Québec, là? À défaut de le faire, qu'est-ce que ça va
indiquer sur...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
il y a peut-être une fatigue, à un moment donné, à toujours être choqué mais
n'avoir aucun rapport de force. Parce que toute son hypothèse, c'était qu'un
mandat fort allait faire plier Justin Trudeau et Ottawa, et, dans tous les
dossiers, malheureusement, il constate qu'on a beau se choquer puis dire :
C'est épouvantable, 48 heures plus tard, le constat est toujours le même,
il n'y a rien qui bouge, il n'y a pas de rapport de force.
M. Robillard (Alexandre) : Donc,
un mandat fort, ça ne sert à rien?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
ne sert à rien. Mais ça, c'est ce qu'on disait avant, c'est ce qu'on disait
pendant puis c'est ce qu'on constate aujourd'hui. Puis le seul rapport de
force, à mon avis, ce serait d'à tout le moins nommer que, dans la mesure où nos
impôts sont dépensés complètement... de manière complètement divergente avec ce
que nous, on voudrait faire de manière démocratique, puis que, dans plein
d'autres dossiers, il n'y a pas de respect ni de considération de la part
d'Ottawa, une option, c'est de décider par nous-mêmes.
M. Robillard (Alexandre) : Justement,
sur les impôts, est-ce que le gouvernement du Québec puis M. Legault ne se
sont pas torpillés en annonçant des baisses d'impôt? Est-ce que ça ne nuit pas
à son rapport de force, fondamentalement?
M. Bérubé : Il y a quelqu'un
au gouvernement qui a trouvé que c'était une bonne idée de faire la promotion
des baisses d'impôt dans le cadre d'une élection partielle. Non seulement c'est
un mauvais timing, mais c'est irresponsable. D'un côté, depuis deux ans, de
préparer des attentes importantes en matière de santé par une mise en scène
dans le Vieux-Montréal avec Justin Trudeau, de dire qu'on s'attend à des gains
substantiels pour finalement arriver avec le un sixième de ce qu'on a besoin,
puis, de l'autre côté, dire : Écoutez, on va baisser les impôts, c'est de
se tirer dans le pied.
Ça fait longtemps que je suis M. Legault
en politique, vous le savez. Hier, j'ai senti la résignation. Puis dire
«décevant», c'est le terme minimum. Là, la suite, Paul l'a bien indiqué, c'est
un plan de contingence. Dans tout ce que le gouvernement veut faire, qu'est-ce
qu'il ne pourra pas faire? À quoi il faut renoncer? Puis c'est un ton un peu
grave que j'ai, dans le sens que je sais qu'il y aura un impact sur plusieurs
clientèles. Le vieillissement de la population, le gouvernement s'attendait à
de l'argent pour ça. Puis, encore là, la somme qui était proposée était
minimale.
Donc, je reviens à votre question. Qui a
pris la décision de mettre sur des affiches électorales : baisse d'impôt?
Comment il explique ça, le premier ministre? Ça ne fonctionne pas. Alors, c'est
exactement la même chose que Stephen Harper avait reprochée à Jean Charest à
l'époque. Ce n'est pas différent.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais,
dans l'entente, il y a quand même... je comprends qu'on est loin de ce qui
était demandé, là, mais à peu près 1 milliard par année, là, qui
reviendrait au Québec, en plus. Si on revient à l'option que vous mettez de
l'avant, là, si on conservait, au Québec, tous les impôts qu'on envoie au
fédéral, est-ce que ça compenserait pour la péréquation? Parce que, sauf
erreur, le PQ n'a jamais mis à jour ses états financiers sur le Québec
souverain, là.
M. St-Pierre Plamondon : Oui.
Donc, ce sera fait. Puis, oui, on va vous revenir sur la date de sortie, parce
qu'évidemment, avec les négociations dans le cadre duquel il fallait voir
combien de ressources on a ici à l'Assemblée nationale en recherche, combien de
ressources également... Donc on vous reviendra sur la date, mais ça va être
fait, sans doute. Ce qu'on sait...
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
n'avez pas la réponse en attendant?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
c'est ça, la réponse sur le fond, c'est qu'essentiellement l'enjeu de
péréquation puis l'enjeu de transferts en est un des points de pourcentage
d'imposition en fonction des missions respectives de chaque gouvernement. Ça a
été calculé à plusieurs reprises dans l'histoire du Québec, s'il n'y avait pas
de dédoublement des missions, si on n'avait pas un gouvernement de trop qui
fait essentiellement la même chose, ou qui se donne des missions comme celle de
la gouverneure générale, là, qui sont superflues à nos yeux, quelles seraient
les économies et quel serait l'impact sur des choix qu'on ferait différemment
au Québec. Et, clairement, au niveau de la santé, si on avait l'entièreté des
points de pourcentage d'imposition et qu'on décidait nous-mêmes de comment la
dépenser, la santé arriverait bien avant certains choix de Justin Trudeau qu'on
ne partage pas.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
sans même avoir fait tous les calculs, selon vous, en 2023, la souveraineté du
Québec, ça serait payant?
M. St-Pierre Plamondon : La
souveraineté du Québec nous permettrait, en santé, non seulement de faire des
économies sur tout ce qui est dédoublé par le fédéral, mais permettrait de
faire des choix plus généreux en santé en faisant des choix différents de ceux
que nous impose Justin Trudeau.
M. Robillard (Alexandre) : Sur
votre position d'hier, là, sur le chemin Roxham, il y a un lien qui a été fait
avec Donald Trump. Comment vous réagissez à ça? Est-ce que vous avez des
précisions à apporter sur le sujet?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je constate que certains de mes adversaires politiques n'ont pas le souci de
faire de la politique qui élève le débat puis n'ont pas de scrupules à coller
des épithètes à leurs adversaires. Devant ça, j'ai un dilemme à savoir est-ce
que moi, je fais la même chose pour répondre par la bouche de mes canons, ou
est-ce que j'en fais fi puis je continue. Puis la décision, je pense, puis
c'est ce que j'essaie de faire, puis ce n'est pas toujours simple, surtout pas
sur des sujets comme ceux-là, là, mais je vais continuer à expliquer notre
position puis je vais ignorer les épithètes qu'on essaie de me coller en
faisant confiance au jugement des gens.
M. Robillard (Alexandre) : Au
delà des épithètes, on a critiqué la solution, la faisabilité.
M. St-Pierre Plamondon : Ça,
c'est correct. C'est ça, mais ça, c'est correct. Je veux dire, ça fait partie
du débat public.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que vous maintenez que c'est la bonne chose à faire?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
la bonne chose à faire. Les gens qui disent que ce que je propose est
simpliste, il y a deux éléments, là, il y en a qui ne réalisent pas que c'est
un moyen de pression, que c'est une stratégie de transition pour obliger le
fédéral à faire quelque chose dans ce dossier-là après six ans d'inaction. Donc,
ça permet d'avoir une vraie négociation. Ils oublient également, à mon avis,
que c'est simpliste de garder le chemin Roxham ouvert. À la lumière de l'impact
de l'augmentation des entrées irrégulières sur le logement, le français et les
services sociaux, c'est très simpliste de se fermer les yeux puis dire :
On ne discute pas de solutions. Parce que, souvent, les gens qui critiquent,
lorsqu'on leur pose la question : Vous, c'est quoi votre solution?, c'est
le statu quo. Puis le statu quo, pour les raisons que j'ai exposées, à mon
avis, n'est pas tenable. Donc, non, je maintiens la position d'hier. Si les
gens veulent me coller des épithètes, ça parle plus d'eux que ça parle de moi.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
M. Authier
(Philip) :
What
more do you think Mr. Legault could have done to get more money for the
health transfers out of Ottawa? I mean, they all seemed sort of… there was no
anger there in the Premiers, from what I saw at their news conference. They
didn't seem very angry.
M. St-Pierre
Plamondon :
They're
exhausted. I mean, how many years of going very strong on that issue and then
taking a cup of coffee with Justin Trudeau to show that we're actually working
together? I mean, at some point, they are exhausted because it doesn't work.
Whatever the strategy, whatever the intensity they give on that topic, it's not
working for them. It's not working for any of the provinces. So, at some point,
like, they we're staring at the camera saying, like: It's just disappointing, but
you could feel the exhaustion and «la résignation».
Une voix : Resignation.
M. St-Pierre
Plamondon : Resignation?
M. Authier
(Philip) :
It
is a word in English, yes.
M. St-Pierre
Plamondon :
Because,
to resign, in English, is more to quit.
M. Authier (Philip)
: Yes, but «resignation» also means like…
M. St-Pierre
Plamondon : Because sometimes, it's a… They
call it «les faux amis». Sometimes, you think it's the right word...
M. Authier (Philip)
: …and disappointment, they don't quite marry each other.
M. St-Pierre
Plamondon : So, I think that's what's going on.
And I really think we need to look at the fact that there's one genuine
solution to all this, and it is do decide by ourselves, and also quit with
having two governments that are basically doing the same missions because it's
very costful. And so, there's… I think there's some thought to be given once
we're before an example that is so crystal clear about what's awaiting Québec
in the Canadian Federation.
Mme Greig
(Kelly) : On the age of retirement or the age
of eligibility for the Québec Pension Plan, why do you think it's a bad idea to
raise that age over 60?
M. St-Pierre
Plamondon : I think there's a genuine interest
in improving the participation of everyone to the labour market. Now, if the
solution to reach that goal is to oblige everyone not to take their pensions at
60 and raise for everyone the age at 62, 65, it is unfair for certain workers
who are not capable of going forward and who have accepted that their pension
will be penalized because they're taking it at 60. So, what we're saying is
that we should go with measures that are promoting the participation in the
labour market, such as an incentive for not to pay the pension contribution
once you're 65 and older, such as cuts in the tax rate for the last $35,000
that is worked by someone who's 65 and more, incentives that will allow us to
raise, to improve the participation rate in the labour market. But it's going
to be difficult for the Government not to try those incentives and say: We're
going to go with a measure that is compulsory and not taking into account the
specificity of certain situations for workers.
Mme Greig
(Kelly) : So, you're saying it's kind of a
blanket solution.
M. St-Pierre
Plamondon : It is a blanket solution. And we
cannot go with a blanket solution if we have not tried the incentives that
might reach the same goal, and yet allow the freedom
for certain workers who must quit their jobs at 60.
M.
Denis (Maxime) : Sur Saint-Henri—Sainte-Anne, pourquoi attendre à
demain matin pour présenter votre candidate?
M. Bérubé : Ça vaut la peine
d'attendre, c'est pour ça.
M. Denis (Maxime) : Vous
perdez quatre jours de campagne, là.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
en fait, c'est important pour moi d'être là. Donc, je veux être présent demain.
Puis, en même temps, il y a un travail à faire ici, donc...
M. Denis (Maxime) : Juste
pour ça? Vous ne pouviez pas aller dans Saint-Henri—Sainte-Anne avant demain
matin?
M. St-Pierre Plamondon : On ne
voit pas de pénalité à l'annoncer demain matin, au contraire, si ça vous
intéresse, c'est bon signe.
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Pour la parité des questions, je vais m'en permettre
une après. Sur l'aluminium vert, je ne sais pas si vous avez vu l'article ce
matin dans Radio-Canada, en fait, que, finalement, l'industrie pourrait enlever
des milliers d'emplois. Qu'est-ce que vous avez à dire là-dessus?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
nous, ça fait des années qu'on parle de transition juste. Donc, on demande une
planification de la transition de notre économie vers une économie verte et
juste qui ne pénalise pas les travailleurs. Parce que c'est normal que,
lorsqu'on effectue une transition, il y ait des impacts sur le marché du
travail, et on a beau pousser pour cette planification de transition économique
juste, il n'y a pas eu de planification du côté du gouvernement. Donc, c'est la
responsabilité du gouvernement de planifier, parce qu'il faut faire une transition
vers une économie verte.
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Pour vous, c'est un bel exemple de manque de
planification?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
oui. Bien oui. Ça fait deux, trois ans qu'on leur dit : Planification
juste, transition juste. Comment est-ce qu'on protège les travailleurs? Comment
est-ce qu'on s'assure qu'on a réfléchi à quels secteurs permettent, lorsqu'il y
a une perte d'emploi potentielle, de trouver des emplois équivalents ou de
meilleurs emplois dans des technologies d'avenir? Si la planification n'est pas
faite, et on a exactement le même débat au niveau de l'énergie, si on part sur
un truc mais on n'a pas évalué un plan qui considère tous les acteurs, bien, on
se retrouve dans des situations comme celle-là.
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Mais avez-vous l'impression qu'on donne des
subventions aux entreprises sous le couvert de la transition énergétique et
qu'on n'aide pas nécessairement les citoyens?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
il faut aider les travailleurs. C'est que, si les travailleurs puis... C'est
ça, la transition juste. Nous, on réservait, je pense, 1 milliard. Je vais
vérifier, là, mais notre proposition, c'était 1 milliard uniquement dédié
à la transition juste pour que la formation puis la capacité d'accompagner les
travailleurs fassent en sorte qu'il n'y ait pas de levée de boucliers légitime,
parce que les gens, ils se disent : Bien là, moi, il m'arrive quoi, là, si
vous changez de technologie? Cette planification-là, si elle n'a pas été faite,
et je pense que c'est ça, la situation, bien, on est en train de rater un
virage qui pourrait être bien fait puis qui, malheureusement, va être escamoté.
M. Arseneau : Mais juste, si
vous permettez, juste...
M.
Bérubé
:
Joël, on te laisse.
M. Arseneau : Non, non, mais
ce que vous dites, c'est : Si on met 80 millions dans le projet, on
devrait exiger en retour qu'il y ait, justement, des garanties sur les emplois,
les emplois payants que le gouvernement promet. Et c'est ça, l'enjeu, est-ce
qu'on a un levier pour s'assurer que les compagnies conservent les emplois et
même en ajoutent si on leur donne des blocs d'énergie à rabais?
Une voix : Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 28)