(Dix heures trente-cinq minutes)
Le Modérateur : Bonjour à
tous et bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Aujourd'hui
prendront la parole Paul St-Pierre Plamondon, le chef du Parti québécois et
député dans Camille-Laurin, député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, ainsi
que le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, ainsi que plusieurs
invités qui les accompagnent.
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour
à tous. Donc, caucus présessionnel ce matin, planification d'une session qui
s'annonce très intéressante, plusieurs sujets, plusieurs décisions dans le
cadre duquel des débats légitimes auront lieu en Chambre. On a hâte d'être
présents en Chambre. Et on a une annonce supplémentaire dans la foulée de ce
qu'on a connu aux dernières élections, c'est-à-dire une distorsion historique
entre le soutien populaire, d'une part, et les résultats en nombre de députés.
Nous sommes trois valeureux députés
capables d'être pertinents dans plusieurs sujets, je pense qu'on vous l'a
démontré, mais c'est important, pour nous, d'élargir l'équipe pour être à la
hauteur du mandat qui nous est donné par plus de 600 000 Québécoises
et Québécois, un nombre qui est grandissant si on regarde les plus récents
sondages. Dans quel cas, on s'est dit qu'on voulait l'équipe complète, surtout
qu'après l'élection on a tenu une réunion sur le post-mortem de notre élection,
et tout le monde levait la main dans l'équipe à savoir : On veut continuer
à s'impliquer, on a hâte à la suite.
Donc, on a eu une première annonce, cette
semaine, en Méganne Perry-Melançon, qui prend le poste de porte-parole du
parti. Donc, il s'agit d'une prise de parole nationale au nom du Parti québécois.
Et aujourd'hui s'ajoutent des porte-parole sectoriels, donc des gens qui vont
venir épauler notre travail et faire des interventions ponctuelles,
extraparlementaires ou sur invitation ici, à cette tribune, une fois de temps à
autre, de manière à ce que notre expertise se fasse entendre dans tous les
sujets, de manière également à ce qu'on ait des antennes sur le terrain pour
représenter le mieux possible la population.
Donc, je vous les présente, ces 11 porte-parole
sectoriels plus Méganne, donc ça fera une équipe de 12 : Gabriel Coulombe
à l'économie; Stéphane Handfield à l'Immigration; Véronique Venne aux
municipalités et à l'environnement; Sandrine Michon pour la jeunesse et la
condition féminine; Stephan Fogaing pour la diversité, la métropole et les
transports; Camille Pellerin-Forget à la santé, les aînés et la famille; Alexis
Gagné-Lebrun en éducation; Marie-Laurence Desgagné pour les affaires étudiantes;
Christine Moore pour les affaires autochtones; Geneviève Couture en entrepreneuriat
et communications; et Julie Boucher en agriculture.
Donc, on est clairement dans une manière
innovante de faire de la politique. On est clairement également dans une
démarche d'additionner, de rappeler à quel point on a des gens de qualité qui
ont de l'expertise et qui, donc, peuvent représenter la voix des gens qui nous
soutiennent et de ceux qui, peut-être prochainement, nous soutiendrons. Bref,
bien faire notre travail de la manière la plus complète possible.
Alors, c'est ce qu'on a à vous annoncer.
Puis là, évidemment, on a une grosse journée de planification aujourd'hui, de
discussion sur un certain nombre de projets d'orientation qui seront
déterminants pour la suite.
Le Modérateur : Alors, on va
prendre une question, une sous-question par média. Merci beaucoup.
M. Denis (Maxime) : Bonjour.
Maxime Denis, de TVA Nouvelles.
M. Plamondon, comment vous payez tout
ce beau monde-là? Vous avez fait une campagne de sociofinancement pour aller
chercher du financement supplémentaire, c'est ça qui permet de donner un nanan
à tout le monde?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
c'est non rémunéré. Donc, le degré d'engagement chez des gens qui ont été
candidats pour nous et qui ont un horaire très chargé, le degré d'engagement,
la volonté de représenter puis de continuer à faire avancer le Parti québécois
est telle que toutes ces personnes-là acceptent de jouer le rôle sur une base
entièrement bénévole.
M. Denis (Maxime) : Mais
comment... Comme avec Méganne Perry Mélançon, tu sais, journalistiquement, on
va interpeler ces gens-là avant de passer par vous trois? Tu sais, comment vous
voyez ça?
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Donc, il faut distinguer. Méganne Perry Mélançon est rémunérée par le Parti
québécois, et, lorsqu'elle prend la parole au nom du parti, c'est donc une
prise de position partisane, et elle a le mandat de le faire. Donc, elle
représente à l'échelle nationale le parti.
Ensuite, vous avez ici des gens que vous
allez voir... Une fois aux deux semaines, on va inviter un co-porte-parole
sectoriel pour creuser ou faire une sortie très, très pointue sur un sujet
d'expertise. Et donc ce sont des interventions qui sont plus ponctuelles mais
qui nous permettent de maintenir notre niveau d'expertise, s'assurer qu'on
comprend correctement les enjeux et, de temps à autre, avoir leur soutien, là,
dans le cadre de sorties médiatiques importantes.
M. Denis (Maxime) : Donc, vos
priorités, là, pour le caucus, pour la prochaine session, là, vous allez parlez
de quoi, là?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on va annoncer... Dans le sens où là on commence notre exercice, il y a
plusieurs sujets pour lesquels on se pose la question comment s'assurer que le
gouvernement soit imputable de ce qui se passe, comment conserver un ton constructif,
être en mode solution
mais, en même temps, ne pas accumuler les
solutions tape-à-l'oeil ou les solutions de surface, là.
Donc, par exemple, ce matin, là, ce qui
est frappant dans l'actualité, c'est que... Vous savez que, maintenant, le
chemin Roxham est un sujet depuis près de six ans, le nombre de passages
irréguliers augmente d'année en année. La ministre Fréchette est sortie en
grande pompe pour dire : Là, Joe Biden s'en vient, et on va faire la une
des médias en disant que c'est la venue de Joe Biden qui va tout solutionner.
Ça a pris 24 heures, 24 heures à se faire rabrouer explicitement, là.
C'est gênant. Le fédéral répond : Non, non, ce n'est pas ça du tout qui va
arriver, puis nous, on fait ce qu'on veut, puis nous, on a installé des
infrastructures, là, puis c'est lié aux donateurs du Parti libéral du Canada,
puis on est très confortables là-dedans.
Bien, à un moment donné, ça prend une
opposition qui est constructive mais qui demande également de la rigueur sur
ces sujets-là pour qu'on ne passe pas de balloune médiatique en balloune
médiatique mais qu'on s'intéresse plutôt à ce qui va régler certains problèmes,
va apporter de réelles solutions pour la population.
M. Denis (Maxime) : Une
dernière, je termine sur la diversité. Parce que là trois hommes blancs qui
représentent le PQ en ce moment... C'est une façon de représenter plus les
Québécois, l'enjeu de la diversité, hein, dans votre caucus?
M. St-Pierre Plamondon : Évidemment,
parce que plus on élargit le groupe, plus on va chercher de la diversité
hommes-femmes et de la diversité régionale, d'âges, etc. Et c'est représentatif
du parti dans son ensemble, parce que ce sont des gens que vous avez entendus
lors des dernières élections et qui, sans prendre la parole un par un, vous
disent, ce matin : On est là pour la suite, on est contents de ce qui se
passe puis on continue à contribuer même lorsque ce sont des conditions
bénévoles. Donc, ça ajoute, à mon avis, à la valeur de cette implication-là.
M. Laberge (Thomas) : Oui,
bonjour. J'aimerais ça, justement, revenir sur un peu la technicalité, là, des
porte-parole. Parce que, je veux dire, ils ne sont pas élus non plus, c'est
vous, les élus, c'est vous qui êtes imputables. Je comprends que vous vouliez
avoir des experts, mais est-ce que...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
ça, mais on est toujours redevables envers vous, là, juste que ce soit clair.
M. Laberge (Thomas) : Mais
est-ce que vous voulez... Par exemple, sur un sujet précis, un journaliste
demande une question sur un sujet précis, vous allez envoyer votre porte-parole
ou ça va être encore vous qui...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
chaque matin, nous, on est là pour vous puis on répond à vos questions. On est
élus. Maintenant, on a le droit d'avoir un ou une invitée avec nous et dire :
Ce matin, on va aller précisément sur un sujet d'expertise, on va donner la
parole à cette personne, et ensuite répondre à vos questions. Donc, ça permet
d'élargir l'expertise puis les champs d'intervention, mais évidemment qu'on
demeure constamment redevables de vos questions sur l'actualité.
M. Bérubé : Est-ce que je
peux donner un exemple?
M. St-Pierre Plamondon : Vas-y,
Pascal.
M. Bérubé : Je veux donner un
exemple historique. Entre 1971 et 1976, le porte-parole en matière d'économie
du Parti québécois est un dénommé Jacques Parizeau, qui n'était pas un élu. Et
il y a eu, aux origines de notre parti, plusieurs porte-parole comme ça, des
gens qui, Paul l'a indiqué, avaient un tel engagement qu'ils ont été des
porte-parole reconnus, ils étaient présents auprès des groupes, dans la
représentation et dans l'espace public avec leurs représentations. Donc, ce
n'est pas nouveau, et on revient à l'esprit de l'engagement de nos militants.
Je donne l'exemple de M. Parizeau
parce qu'il est spectaculaire, mais on en avait plein d'autres dans un ensemble
de domaines. Je pourrais parler du père Couture, qui était député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
dans le domaine de l'immigration, qui était prêtre-ouvrier avant d'être élu,
donnait un coup de main pour les politiques d'immigration pour le Parti
québécois. C'était la minute historique.
M. St-Pierre Plamondon : J'ignorais
l'anecdote du père Couture.
M. Bérubé : C'était un prêtre-ouvrier
qui était ministre de l'Immigration dans Saint-Henri—Sainte-Anne. Voilà.
M. Laberge (Thomas) : J'aimerais
revenir, par contre, sur la question d'immigration, parce que là ça touche
quand même les États-Unis aussi, là. Je veux dire, vous parlez que la ministre
s'est fait rabrouer, mais je veux dire, il faut quand même s'entendre aussi
avec les États-Unis, le Québec reste avec une frontière au sud. Même si le Québec
était indépendant, il faudrait quand même s'entendre avec les États-Unis.
M. St-Pierre Plamondon : Bien
sûr.
M. Laberge (Thomas) : Qu'est-ce
que vous voulez faire plus précisément là-dedans pour régler le problème?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
parce que ça fait six ans que ça traîne, et le phénomène va aller en
s'amplifiant, donc de 20 000 à 50 000, à potentiellement
100 000, 200 000. Et on en voit, ce matin, des organismes
communautaires, crier à l'aide, là, en disant : On ne peut pas soutenir ni
sur le logement ni sur le plan des services sociaux, on ne peut pas soutenir
une situation comme celle-là.
Donc, c'est au gouvernement du Québec de
lancer des ultimatums, des dates butoirs en disant : Si, à cette date-là,
il n'y a rien de réglé, bien là, on va intervenir nous-mêmes. Par exemple, on
sait qu'en pandémie on n'a pas eu de difficulté à fermer le chemin Roxham. On
sait que d'autres provinces se sont permis de fermer des chemins, notamment le
Nouveau-Brunswick avec le Québec, mais il faut que le gouvernement du Québec
assume sa responsabilité, ne peut pas se cacher derrière un gouvernement
fédéral qui est un peu méprisant, là. Quand, en 24 heures, on ferme la
porte sans aucune... c'est qu'il n'y a pas beaucoup de rapport de force, vraisemblablement,
là.
M. Bourassa (Simon) : Bonjour
à tous! Simon Bourassa, de Noovo. De quelle façon vous comptez interpeler le
gouvernement concernant ce qu'on a appris cette semaine sur les résultats, bon,
pour le moins décevants à l'examen de français en secondaire V?
M. Bérubé : On apprend que le
ministre de l'Éducation va présenter ses priorités à son caucus aujourd'hui, ce
n'était pas prématuré. M. Drainville avait bien hâte d'être ministre de ce
gouvernement, mais de prendre en charge les dossiers, c'était plus long. De
façon générale, avant d'arriver à votre dossier, la prise en charge des enjeux
importants, l'éducation, c'est d'importance capitale, la réussite scolaire, la
question des enseignants, la question des particules dans l'air, la question de
la réussite en français.
Nous avons présenté un plan sur le
français avec notre chef. Le gouvernement ne s'en est pas suffisamment inspiré,
mais il y a la défense du français puis il y a la promotion du français, et ça
passe par la qualité de la langue écrite et la langue parlée à l'école. Donc,
cet enjeu-là doit être un enjeu prioritaire, et l'éducation aura un rôle à
jouer pour la suite pour ce qui est du français.
Jusqu'à maintenant, la CAQ, c'est
essentiellement le ministre responsable de la Langue qui était responsable.
Nous, on veut que l'Éducation, et l'Immigration, et la Culture soient mis à
contribution pour le français. Et, si d'aventure le gouvernement manque
d'inspiration sur ces questions, il peut faire appel à des experts qui sont ici,
devant vous, sur ces questions.
M. Bourassa (Simon) : Concernant
Hydro-Québec, là, on vous a entendu sur vos idées sur le processus de
nomination du prochain ou de la prochaine P.D.G. d'Hydro-Québec. Le Parti
libéral, lui, parle d'une discussion nationale à y avoir sur l'avenir et les
enjeux énergétiques au Québec. De quelle façon vous voyez ça, vous, l'avenir
des enjeux énergétiques par rapport à Hydro-Québec?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
une question qui a été abordée hier avec François Legault. Il m'a indiqué sa
volonté de faire une commission parlementaire sur la planification des besoins
énergétiques à travers Hydro-Québec. Donc, là, la prochaine étape, donc, c'est
de définir les paramètres de cette commission parlementaire pour que,
justement, toutes les questions entourant l'énergie puissent être étudiées par
les élus.
Puis ensuite, bien, c'est sûr qu'on
pense... Évidemment, notre crainte, c'est que les nominations ne soient pas
uniquement en fonction des compétences et du mérite mais également en fonction
des intérêts partisans de la CAQ, à savoir obtenir le moins... tu sais, le plus
de... pas d'autorité morale, là, mais de collaboration de la part des sociétés
d'État, alors que, de notre point de vue, c'est une question uniquement de
compétence, d'expertise.
Donc, en termes de légitimité, c'est
certain que, si le gouvernement va chercher l'aval d'un, deux chefs
d'opposition et qu'on constate tous qu'il s'agit d'une candidature en fonction
du mérite et des compétences, bien, ça donne plus de légitimité au niveau de la
suite des choses pour Hydro-Québec.
M. Bourassa (Simon) : O.K. Rapidement,
en terminant, là, la commission parlementaire sur les besoins énergétiques,
vous, vous êtes d'accord avec ça?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
évidemment, on encourage ça. Ce dont on veut s'assurer, c'est qu'on ait
l'espace et le temps pour faire un examen complet. Parce que tous, en ce
moment, se posent la question : Pourquoi, tout d'un coup, les barrages? Puis
ça peut être une bonne idée, ça peut être une idée problématique, mais
normalement c'est le fruit d'une planification puis d'une réflexion en fonction
des besoins du Québec sur le plan énergétique et également en fonction de la
question des changements climatiques et de l'environnement. Donc, on veut cette
discussion-là.
M. Carabin (François) : Bonjour.
Juste pour être certain, la commission parlementaire, c'est un engagement ou
c'est une ouverture de la part du premier ministre à l'organiser?
M. St-Pierre Plamondon : Ça a
été discuté hier, c'est ce qu'il m'a dit.
M. Carabin (François) : O.K.
Pour ma première question, je voulais vous demander, M. St-Pierre
Plamondon, vous allez finalement pouvoir entrer au salon bleu la semaine
prochaine, poser vos premières questions au premier ministre. Sur quoi
comptez-vous l'interpeler d'abord et avant tout?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est un sujet de discussion, aujourd'hui, qui passionne tout le monde.
M. Bérubé : On lui a dit de
ne pas vous le dire.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
il faut le remettre en contexte. C'est l'occasion pour nous d'avoir des
discussions sur nos priorités, les premiers gestes qu'on va poser. On est
conscients que, dans notre cas, bien, c'est un moment qui est très particulier
parce que finalement on obtient le droit de siéger mais la chance de poser des
questions. Donc, c'est un peu, là, l'objet de nos travaux en équipe élargie
aujourd'hui. Donc, restez fidèles au poste, les réponses vont venir.
M. Carabin (François) : Je
voudrais vous entendre sur l'agence santé. Le ministre Dubé a affirmé en
entrevue, là, ce matin, que, bon, ça aurait pu notamment aider à alléger les
souffrances de Mme Simard, décédée il y a maintenant une semaine, si je ne
m'abuse. Comment vous la prenez, vous, cette intention du ministre Dubé de
créer un autre... une espèce de... une nouvelle boîte, là, dans l'organigramme
du ministère de la Santé?
M. Arseneau : Écoutez,
l'entreprise de relations publiques du ministre Dubé, ce matin, évidemment, les
fils sont gros comme des câbles, c'est-à-dire que, depuis plusieurs jours,
c'est la crise à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, mais c'est un peu, là,
l'exemple de ce qui se passe aussi à travers toutes les régions du Québec.
On a demandé, mon chef l'a fait, au
ministre d'être imputable de la situation actuelle face au constat que, depuis
trois ans, on n'a pas agi pour régler les problèmes notamment en matière de
personnel dans le domaine de la santé. Et là, aujourd'hui, il nous arrive avec
une nouvelle proposition à venir, sur une échelle de plusieurs années, de créer
un dédoublement de structures bureaucratiques pour mieux gérer ce qui se passe
sur le terrain, alors qu'il n'y a pas plus tard que quelques mois on disait
qu'on voulait décentrer le réseau. Donc, il y a encore un manque de cohérence
absolument aberrant qui nous renverse.
Et, pour le ministre, avec une voix
rassurante, c'est l'idée de donner espoir, à travers un autre mirage de la CAQ,
que les choses vont mieux aller, alors que le problème, il n'est pas dans les
structures, il est dans les ressources qu'on ne met pas en place sur le terrain,
notamment les moyens d'améliorer les conditions de travail des employés, des
infirmières au premier chef, et mettre dehors les agences une bonne fois pour
toutes avec un calendrier établi. Voilà.
M. St-Pierre Plamondon : Je
rajouterais l'historique de ce genre d'annonce là, hein? Donc, on se souviendra
de la facturation symbolique des minihôpitaux privés, de la cellule de crise en
santé. Souvenons-nous également, en grande pompe, l'annonce du plan de la CAQ
en santé. Ce sont toutes des sorties... Il y avait Shirley Dorismond aussi, là,
qui était censée changer la donne en santé. Toutes des annonces pour lesquelles
il n'y a jamais eu de suivi.
Donc, c'est de s'éloigner du tape-à-l'oeil
médiatique puis de se pencher sur des solutions comme la question des agences
privées, la question des conditions de travail. Lorsqu'on s'intéresse à ce que
les travailleurs et les gens du milieu disent, il y a des solutions qu'on
répète, et qu'on répète depuis des années, qui ne se font pas, et, pendant ce
temps-là, la CAQ sort des idées qui ne sont pas nécessairement toutes mauvaises
mais qui permettent d'une certaine manière de changer le sujet, et, pendant ce
temps-là, on perd du temps. On perd du temps, on perd des employés, puis le
système se dégrade.
Journaliste : Bonjour.
Concernant la clause dérogatoire et la possibilité d'un renvoi en Cour suprême,
que pensez-vous de ça, premièrement, et deuxièmement de la posture du
gouvernement Legault face à cette possibilité-là, là, sa réaction à tout ça?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on demande au gouvernement Legault de dépasser le nationalisme verbal. C'est
une chose, un matin, de lancer des tweets pour dire : Ce matin, je suis
fâché, mais se pose la question : «Then, what?» Ensuite, quoi? Et c'est
malheureusement, là, un pattern, une séquence qu'on voit en culture, en
immigration, à Roxham, dans le financement du système de santé, dans
l'application de la loi 101 aux entreprises à charte fédérale. La CAQ sait
que c'est payant, de faire des déclarations nationalistes, mais, sachant
également très bien que son rapport de force est nul puis que ça n'avancera
pas, nous laisse oublier, envoie sous le tapis toutes ces questions-là.
Donc, notre rôle, nous, c'est de s'assurer
que ce ne soit pas que des paroles mais que le gouvernement s'engage dans des
gestes vis-à-vis ce qui est vraiment une attaque. Non seulement on n'a pas
signé la Constitution, en 1982, mais ensuite on est en train de reculer sur
l'une des règles du jeu qui permet d'assurer que ce soient des choix
démocratiques, que ce sont des choix démocratiques qui deviennent des lois.
Et c'est pour ça que, l'indépendance, il
faut au moins être capable de la nommer, là, parce que c'est la seule solution
vis-à-vis un régime qui tente toujours d'affaiblir notre pouvoir décisionnel
dans une perspective de centralisation du fédéral. Au moins être capable de
nommer l'indépendance, comme le faisait, d'ailleurs, Robert Bourassa.
Journaliste : Et, constatant
les résultats des dernières élections et votre posture par rapport à,
justement, ce que devrait être le nationalisme de la CAQ, c'est-à-dire le but
étant l'indépendance, est-ce que le rôle du Parti québécois, qui était naguère
de faire l'indépendance, ce serait — on peut voir dans les faits
maintenant — de rendre la CAQ indépendantiste?
M. St-Pierre Plamondon : Vaste
programme. Bien, j'entends les rires partout, puis ça répond un peu à la
question. C'est qu'il y a vraiment un mirage, une invitation à ne pas se dire
toute la vérité entre nous, Québécoises et Québécois, lorsqu'on prétend qu'on
va faire plier le fédéral, alors que régulièrement on a des exemples où le
fédéral non seulement montre peu de respect puis d'intérêt pour le Québec,
parce qu'électoralement notre poids diminue, et donc... Que ce soient les
conservateurs ou les libéraux, ils n'ont pas besoin du Québec pour prendre le
pouvoir. On se conte un peu des mensonges lorsqu'on prétend que tout ça va
s'arranger sans pour autant dire la vérité sur notre destin national, à savoir
qu'on est appelé à devenir un pays qui va décider par lui-même.
Et, comme un peu pour le serment du roi,
une fois que ce sera réglé, il n'y a plus personne qui va vouloir revenir en
arrière et quémander de manière malaisante, là, comme on le voit, auprès de
Justin Trudeau, quémander des choses qui sont pourtant essentielles dans notre
société.
Journaliste : Bonjour.
Je voudrais revenir un peu sur le rôle de vos collaborateurs ici et sur le rôle
de Mme Méganne Perry Mélançon. Vous dites qu'elle va être rémunérée, donc,
par le parti politique.
M. St-Pierre Plamondon : Oui.
Journaliste : Ça s'est déjà
vu dans la mesure où, par exemple, quand un chef comme vous, vous n'étiez pas
élu, vous étiez rémunéré, bon, mais, dans ce cas-là, elle n'est pas cheffe.
C'est un peu particulier, quand même, qu'elle soit rémunérée quand même. En
tout cas, je veux que vous m'expliquiez comment vous voyez ça. Puis vos
porte-parole dans plusieurs domaines, est-ce que, donc, leur position, leur
parole, ça sera la position et les paroles des députés du Parti québécois?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
donc, pour clarifier, dans le cas de Méganne, elle travaillera à temps plein
non seulement en termes de porte-parole, de prises de position, mais également
de représentation auprès de toutes sortes de groupes dans notre société qui
nous invitent à des dialogues et à des réflexions sur des sujets importants.
Étant trois, dont un député à Matane puis un député aux Îles, c'est vraiment un
ajout très important d'avoir quelqu'un qui a été députée, a été étoile montante
deux fois, nommée par ses pairs, comprend les enjeux et donc qui est en mesure
de nous représenter dans toutes les situations au nom du Parti québécois. Donc,
c'est correct qu'elle soit rémunérée pour ce travail à temps plein, puis il n'y
aura pas d'ambiguïté sur le fait qu'elle représente le parti.
Ensuite, sur les porte-parole sectoriels,
oui, lorsqu'ils vont s'exprimer ici, une fois de temps en temps, ils parlent au
nom du parti, mais c'est évidemment un pouvoir qui est délégué par les trois
députés, là, c'est-à-dire qu'en principe on est toujours redevable vis-à-vis
vous des questions de tous les sujets d'actualité. Lorsqu'on invite un
co-porte-parole, bien, ça a été travaillé avec les députés puis toute l'équipe
au préalable. Donc, on n'esquivera aucune question parce qu'on a des
co-porte-parole. Les co-porte-parole vont arriver sur des sujets plus pointus,
plus précis, des dossiers qui méritent d'être creusés, pour vous les présenter
une fois de temps en temps.
Journaliste : Tout à l'heure,
mon collègue vous a questionné sur le fait qu'il y a peu de diversité dans
votre caucus, disons-le comme ça, trois hommes blancs, c'est ce que mon
collègue disait. J'aimerais savoir justement comment vous allez faire pour
réussir à attirer davantage de diversité au Parti québécois. Et est-ce que
votre position sur les seuils d'immigration, notamment, qui serait de baisser,
donc, les seuils à 30 000, je pense... Est-ce que ça, ça ne...
M. St-Pierre Plamondon : 35 000.
Journaliste : Ah! À 35 000.
Est-ce que ça ne freine pas justement ce désir de représenter davantage la
diversité?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
je pense qu'il faut éviter de mettre... de placer les gens dans des catégories
où tout le monde dans une catégorie pense la même chose. Au contraire, il y a
toutes sortes d'opinions sur ces sujets-là, ça fait partie du débat public. Et
la preuve, c'est qu'on avait la zone paritaire, une diversité, une équipe
complète, aux dernières élections, avec des positions qu'on a présentées de
manière très authentique, et il y a une partie grandissante de la population
qui sont d'accord, qui nous appuie là-dedans. Donc, vers 2026, on aura les
mêmes proportions représentatives de la population, il n'y a aucun doute.
Journaliste : Puis vous ne
pensez pas que votre position sur les seuils d'immigration, bien, peut-être, ça
freine certains à appuyer le Parti québécois?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
pas du tout. Au contraire, on est les seuls à être à la recherche d'un modèle
durable, de sorte que, justement, on évite ce qu'on voit ailleurs dans le monde
en ce moment, là, la montée des extrêmes. Nous, on cherche des modèles durables
à tous les niveaux, linguistiques, culturels mais également notre capacité de
loger tout le monde, notre capacité à offrir des services. Et on a démontré,
dans la dernière campagne, notre capacité à en parler de manière responsable
sans tenter d'utiliser un sujet ou de le détourner à des fins de gains
politiques. Je pense que les gens ont confiance en notre sens des
responsabilités. Ça ne nous empêche pas pour autant d'être à la recherche d'un
modèle qui est durable, à la lumière de ce qui se passe notamment en Europe,
dans certains pays d'Amérique latine.
Journaliste : Oui, justement,
vous dites la montée des extrêmes. Que voulez-vous dire exactement?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
clairement, moi, j'ai vécu au Danemark puis j'ai vécu en Suède, je regarde la
Hongrie, la France, l'Angleterre. Si on fait l'erreur de ne pas trouver des
modèles durables, ça a des conséquences sur certaines parties de l'électorat
qui vont décider de prendre les choses d'une autre manière. Donc, je pense,
c'est René Lévesque qui disait : Devant des situations absurdes, on doit
trouver une solution raisonnable. On est toujours là-dedans, au Parti
québécois.
Il y a quelque chose d'intenable dans le
modèle actuel, les organismes communautaires nous le disent à nouveau ce matin.
Et c'est à nous de proposer quelque chose d'équilibrer et de durable à tous les
niveaux de manière à sécuriser tout le monde et à vivre dans une paix sociale
que tout le monde apprécie au Québec.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
M. Laberge (Thomas) : ...que
vous précisiez votre pensée là-dessus, là. Qu'est-ce qui pourrait contribuer à
la polarisation, à rendre des gens plus extrêmes, selon vous?
M. St-Pierre Plamondon : Un
modèle dans le cadre duquel le français est condamné à reculer, dans le cadre
duquel on est en crise de logement exacerbé et que donc certaines familles ne
peuvent même pas se loger et dans le cadre duquel on n'arrive plus à fournir
des services à la population va exacerber des insatisfactions. Donc, nous, on
dit : Pourquoi est-ce qu'on ne trouve pas un modèle qui nous permet
d'atteindre chacun des objectifs légitimes dans une société qui se veut une
sociale démocratie, là? Moi, je tiens aux services publics, je tiens à
l'égalité des chances, mais ça veut dire qu'on ait une planification
intelligente de ces questions-là.
Journaliste : Donc, le
modèle actuel de la CAQ, ça nous amènerait peut-être vers ça?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
si on compte l'immigration temporaire, la situation à Roxham, qui est en
progression, et on prend les seuils actuels, nous, on constate le déclin du
français, l'incapacité à loger tout le monde et l'incapacité à offrir des
services. Donc, on est à la recherche d'un modèle qui soit plus durable, plus
rassurant, plus garant de notre paix sociale et de la qualité des services
également. Et on pense que c'est légitime de chercher ce modèle-là sans
idéologie, c'est-à-dire qu'on est toujours en discussion à l'interne sur ce qui
est raisonnable dans les circonstances, mais... puis avec le sens des
responsabilités que vous nous connaissez, là, au niveau de la manière d'aborder
ces sujets-là.
M. Laberge (Thomas) : Mais
vous ne faites pas porter un lourd fardeau aux immigrants irréguliers, aux
réfugiés dans votre scénario?
M. St-Pierre Plamondon : Dans
quel sens?
M. Laberge (Thomas) : Bien,
vous semblez parler de difficulté à se loger, déclin du français.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
oui, mais c'est ce que nous disent les organismes communautaires ce matin.
C'est noir sur blanc, là, c'est explicite. Puis là supposons qu'on atteint les
100 000, puis ensuite on atteint les 200 000 entrées
irrégulières, 95 % d'entre elles au Québec seulement, il faut visualiser
l'impact, là. Donc, ce sont des sujets légitimes qui demandent de les traiter
avec un sens des responsabilités mais également une volonté de trouver des
solutions, des modèles durables dans l'intérêt de tout le monde.
M. Pouliot
(Samuel) : Good morning. Is it possible to
explain who the people are...
M. St-Pierre
Plamondon : I didn't hear that, sorry.
M. Pouliot (Samuel) : ...that are with you today, who they are and what will be their
role in the party?
M. St-Pierre
Plamondon : Yes, of course. So, today, we are
preparing this very interesting parliamentary session ahead of us, and we added
Méganne Perry Mélançon as a «porte-parole»... spokesperson for the party.
So, we are adding more people as co-spokesperson for very specific topics. So,
12 persons will be together with us, once in a while, to talk about very
specific subjects.
So, we have Gabriel
Coulombe for the economy, Stéphane Handfield for immigration, Véronique Venne
for cities and the environment, Sandrine Michon for youth and woman condition,
Stephan Fogaing for transportation and diversity, Camille Pellerin-Forget for
health and families, Alexis Gagné-Lebrun for education,
Marie-Laurence Desgagné for student affairs, Christine Moore for First Nations,
Geneviève Couture for entrepreneurship and communications, and Julie Boucher in
agriculture.
So, it shows that a lot
of people who were candidates in the elections are willing to continue, are
still together with us. And together we are a very strong and relevant team. So,
of course, we are still before you to answer all questions, but we have a lot
of people with expertise and good will for the upcoming years. So, it's very
positive, and we will invite them once in a while, so you will see them here as
our guests on specific topics.
M. Pouliot (Samuel) : So, all of them were candidates, and now they're volunteers,
correct?
M. St-Pierre
Plamondon : Yes, it is the case.
M.
Pouliot (Samuel) : OK. This will be your first time
in salon bleu since the last election. What will you try to focus on during the
next session?
M. St-Pierre
Plamondon : Well, it's going to be an important moment on the 31st
of January. And one of the topics today is exactly that question, what will be
our first intervention, how do we want it to be. And we're going to discuss
this in a democratic fashion that everyone comes up with ideas, but of course
we are looking to be coherent with the campaign we just ran, with the messages
that are important to us. So, stay tuned.
Le Modérateur
: Merci à
tous.
(Fin à 11 h 06)