(Sept heures quarante-six minutes)
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Bonjour, tout le monde. Écoutez, c'est une fin de session, mais c'est aussi une
fin de législature donc qui a duré quatre ans, toujours une expérience
politique et humaine absolument extraordinaire, et, dans le contexte qu'on a
vécu, celui de la crise sanitaire, mais évidemment, à tout point de vue, cette
législature-là aura été inédite. Alors, j'ai eu le privilège d'être chef
parlementaire, au cours de la dernière année, pour le Parti québécois. Je veux
remercier mon chef, Paul St-Pierre Plamondon, pour le travail de collaboration
de tous les instants qu'il a été nécessaire de mettre en œuvre. Je veux
également le remercier pour son leadership, pour sa constance et pour sa
confiance. Je voulais aussi remercier Pascal Bérubé, qui m'a précédé dans ce
poste, qui a tenu le fort et qui a tracé la voie. Je veux également remercier
toute l'équipe de députés et, bien entendu, le personnel politique parce que,
si on a pu exercer un travail de qualité, c'est parce qu'on a des gens de
qualité avec nous et des gens de conviction. Ça ne se fait pas tout seul, le
travail politique qu'on doit exercer au quotidien.
On s'est, évidemment, efforcés, au cours
de la dernière session et des quatre dernières années, de travailler avec
sérieux, avec rigueur, avec cohérence et sans relâche. Pour ma part, puis je
pense que mes collègues seront d'accord, la fonction de parlementaire aura été
la plus exigeante mais également la plus gratifiante qu'il m'aura été donné d'occuper,
surtout ces deux dernières années. Alors, on est d'abord député, on a ce
grand privilège de représenter les citoyens, et il ne faut jamais l'oublier. On
a voulu ici, à l'Assemblée nationale, garder un ton respectueux, je l'ai dit,
constructif, également, demander des comptes au gouvernement, c'est toujours
important.
Nous avons voulu être une opposition de
propositions. Je pense que nous avons réussi. La liste est longue des sujets
que l'on a imposés pour le Québec, pour les Québécoises et pour les Québécois.
Nous avons voulu faire avancer, donc, la société québécoise, que ce soit sur la
langue, avec Pascal Bérubé, en habitation, en développement régional, avec
Méganne Perry Mélançon, en environnement, avec Sylvain Gaudreault, dans les
services de garde, en éducation, avec Véronique Hivon, bien entendu, pour les
personnes aînées, avec Lorraine Richard, en santé également, et tout ça
coordonné par notre leader parlementaire, Martin Ouellet, à qui je cède la
parole.
M. Ouellet : Merci,
Joël. Je m'adresse à vous ce matin après quatre années de leader
parlementaire, pour lequel j'ai eu un plaisir incommensurable de travailler. C'est
une équipe exceptionnelle, une équipe authentique, une équipe vraie, une équipe
engagée.
Et vous avez vu, tout comme moi, que les
grands principes et les valeurs fondatrices du Parti québécois ont fait partie
de la scène politique lors de ces quatre dernières années. Joël en a parlé :
la langue française, l'affirmation de la nation, la justice sociale, l'éducation,
la santé, l'égalité des chances pour tous. Voilà des sujets qui ont été dans l'actualité,
pour lesquels le Parti québécois a été fondé et pour lesquels le Parti
québécois a toujours sa raison d'être.
L'indépendance du Québec a fait un retour
à l'Assemblée nationale. Et vous l'avez vu, tout comme moi, avec le bilan de la
CAQ, dans son… évidemment que l'indépendance est la clé du Québec qu'on
souhaite, et évidemment que les insuccès de la CAQ va nous mener, tôt ou tard,
à cette option.
On a travaillé fort, on a poussé le
gouvernement dans les câbles, et une chance que le Parti québécois était là. Le
tribunal spécialisé, c'est nous, c'est Véronique. C'est grâce au travail du
Parti québécois qu'on a changé la société avec ce tribunal.
Pendant quatre ans, on a parlé
beaucoup de dignité pour les aînés, et on talonne encore le gouvernement pour
que des soins à domicile soient complètement financés et offerts à tous nos
aînés au Québec.
On s'est distingués aussi par une approche
pragmatique en environnement, axée sur l'adhésion de tous pour obtenir des
résultats réels et concrets. Les changements climatiques sont beaucoup trop
importants pour gérer cette crise par sondages ou par intérêts. On a rallié les
autres partis sur deux valeurs fondamentales que le Québec devra réaliser,
à savoir que notre souveraineté environnementale appartient au Québec, et non
pas au Canada, et surtout que, pour réussir la lutte aux changements
climatiques, il faudra passer par une transition juste. Et ça, ça veut dire des
moyens et surtout des hommes et des femmes qui vont y contribuer partout sur le
territoire.
On a été une voix forte aussi pour les
régions du Québec en demandant plus d'autonomie, plus de développement, plus de
moyens pour les transports régionaux, et on a fait connaître leurs enjeux ici,
à l'Assemblée nationale.
En habitation, on a proposé des solutions
concrètes à ceux et celles qui cherchent présentement à se loger. On a
démontré, pendant quatre ans, l'importance du réseau des CPE, et ce n'est
pas pour rien que le Parti québécois a promis une place pour chaque enfant,
alors qu'on sait qu'il y a présentement 50 000 personnes qui cherchent une
place désespérément pour leurs enfants.
On est arrivés avec une approche aussi
constructive en santé, au lieu de se contenter de critiquer, avec nos
12 travaux plus notre plan, un véritable plan qui, concrètement, va
permettre aux Québécois d'avoir une alternative à la vision caquiste, qui va
être axée sur le privé.
Et enfin nous avons été toujours sur la
première ligne pour la défense de la langue française et l'identité québécoise.
C'est grâce au Parti québécois si on a poussé la CAQ dans les câbles... et d'aller
plus loin pour protéger la langue. Je veux vous rappeler que notre chef, lorsqu'il
est arrivé ici, son premier geste politique a été déposer une motion sur l'urgence
linguistique. Mais, bien avant ça, le Parti québécois parlait de l'urgence de
protéger notre langue française, mais, malheureusement, personne ne nous
croyait. Après deux ans et demi, la CAQ s'est réveillée, mais avec son projet
de loi n° 96. Malheureusement, on rate la cible. Vous le savez, notre chef est
prêt à présenter une offre politique authentique, essentielle, qui va plaire au
peuple québécois. Donc, sans plus tarder, je vous présente notre chef, mon ami
Paul.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Martin. Bien, avant de commencer, je veux prendre le temps de
remercier mes coéquipiers. Donc, Martin, Joël, qu'on vient d'entendre, mais,
également, Véronique, Sylvain, Pascal, Méganne, Lorraine, merci pour le travail
accompli, mais merci pour l'intensité puis la sincérité dans ce travail-là. Je
pense qu'à chaque fois qu'un député du Parti québécois prend la parole on sait
qu'on aura quelqu'un de rigoureux et d'honnête, de dédié dans la défense d'une
idée qui, sans l'ombre d'un doute, est utile pour le Québec, utile pour les
Québécoises et les Québécois.
Bilan de fin de session, j'ai un seul
message pour vous ce matin : l'élection n'a pas eu lieu et l'élection
n'est pas jouée. Et nous avons hâte à cette élection, essentiellement, pour
deux raisons, il y en a plusieurs, là, mais il y a deux grandes familles de
raisons. Ce qui est frappant, en cette fin de session, c'est à quel point il y
a une ligne de démarcation, je dirais même une ligne de fracture très claire
qui s'est tracée entre le gouvernement de la CAQ et le Parti québécois. La CAQ
invite ouvertement les Québécois à une forme de résignation, mais également à
une forme de manque d'honnêteté et de transparence quant aux convictions
réelles que les gens ont, quant à l'heure juste, la vérité par rapport à
l'avenir du Québec.
D'un côté, il y a donc la résignation, de
l'autre côté, il y a ceux qui sont fiers, il y a ceux qui affichent leurs
convictions puis il y a ceux qui ont hâte d'en parler, de porter leurs
convictions auprès de la population. Et ça, c'est le Parti québécois. Et on va
se présenter comme ça aux prochaines élections, honnêtes, convaincus, et
toujours avec notre capacité de donner l'heure juste aux Québécois. Et je
pense, je le répète, je l'ai dit souvent, je crois sincèrement que la sincérité
et les convictions en politique ont une valeur, ont une valeur pour
l'électorat. Et c'est comme ça qu'on va se présenter aux prochaines élections.
On ne cache rien, on assume et on assume des questions qui sont tellement
profondément ancrées dans l'histoire du Québec. Donc, on a hâte d'en découdre.
Et, je vous le répète, rien n'est joué. Je
lance ce message aux indépendantistes, aux amoureux du français, aux amoureux
de notre avenir environnemental, aux amoureux de nos tout-petits, ceux qui
aiment nos aînés puis qui croient que ces gens-là méritent une dignité, tous
ces gens-là, là, je leur lance un message en disant : On est là, entiers,
et écoutez ce qu'on a à dire, regardez les solutions qu'on met de l'avant,
regardez les gens qu'on a. Rien n'est joué. Parce que ce n'est pas vrai qu'on
peut parler de fierté, se faire croire qu'on est fiers, puis, en même temps,
constamment inciter à la résignation. La résignation est parfaitement
incompatible avec la fierté. La fierté, c'est d'assumer ses idées, de rêver à
l'avenir puis d'aller au front pour ce en quoi on croit.
Une autre raison qui me frappe énormément,
quand je vous dis, là, l'élection n'est pas jouée. Je ne pense pas que les
sondages sont un bilan d'un gouvernement. Regardez attentivement les problèmes
réels, dans la vie des gens, qui demeurent après quatre ans de la CAQ,
écoutez les groupes qui se disent ouvertement insatisfaits du gouvernement.
Cette semaine, on a les Premières Nations qui se disent très déçues. Mais,
allez parler aux locataires puis aux familles qui ne trouvent pas de logement,
allez parler aux familles qui cherchent une place en garderie, allez chercher
des témoignages des amoureux de la langue française qui se rendent bien compte
que le projet de loi n° 96 ne fait pas le travail, allez parler à ceux qui sont
inquiets de l'avenir environnemental, demandez-leur ce qu'ils pensent du
gouvernement de la CAQ, parlez aux aînés, parlez aux familles qui ont de la
misère à rejoindre les deux bouts parce qu'ils se sont substantiellement
appauvris, parlez aux professeurs, parlez aux professionnels de la santé,
parlez à plein de groupes représentatifs de notre société, parlez aux maires,
même, sur la question de la densité puis de la planification de nos villes,
écoutez-les, puis ils vont vous dire : On est ouvertement insatisfaits du
gouvernement.
Donc, évidemment que rien n'est joué,
parce que le Parti québécois, vous l'avez vu avec ce qu'on a lancé cette
semaine, le vrai bilan, on arrive avec des propositions absolument différentes
de ce qui est proposé par la CAQ, parce que nous, au Parti québécois, on a une
vision. On regarde l'avenir puis on se demande quel est le meilleur intérêt du
Québec. On n'est pas dans une gouvernance par sondage au jour le jour, en
fonction de ce qui plairait comme réponse en date d'aujourd'hui. Le leadership,
la démocratie, le rôle que vous jouez comme journalistes, les citoyens qui nous
écoutent, j'ose espérer que la politique sert encore à rêver mieux, à
planifier, à s'arranger pour que les prochaines générations obtiennent mieux
puis que les problèmes se règlent pour vrai, pas patcher des problèmes, les
solutionner. Donc, nous serons ce parti-là, qui arrive avec des solutions
intelligentes, concrètes, réfléchies. Et, encore une fois, dans ce contexte-là,
absolument rien n'est joué.
Et je terminerai par une conclusion, pas
amusante, mais sur un ton plus léger. J'ai un petit message pour tous ceux qui
tiennent un micro, une caméra ou une plume. Je vous propose une avenue pour que
la prochaine campagne soit intéressante. Je pense qu'on a fait le tour des
analyses sur les sondages : le gouvernement partira en avance dans les
sondages. Mais, pour que cette campagne-là soit significative, porteuse, pour
que le taux de participation soit le plus élevé possible, intéressons-nous aux
propositions de chaque parti. Intéressez-vous aux propositions qu'on mettra de
l'avant. Faisons une campagne d'idées qui portent sur notre avenir. C'est ça,
mon invitation à vous tous. C'est une invitation à la population. D'une part,
parce que ça va être pas mal plus le fun, mais également parce que ce sera une
discussion beaucoup plus porteuse pour l'intérêt de nos gens, pour l'intérêt de
chaque groupe qui ont des questions ou des plaintes légitimes après quatre ans
de gouvernance de la CAQ. Faisons de cette campagne-là une campagne
substantielle et intéressante. Nous, c'est ça qu'on va essayer de faire, puis
regardez-nous bien aller.
La Modératrice : On va
prendre les questions au micro, avec une question, une sous-question, s'il vous
plaît. On va commencer avec M. Laforest.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous tous. J'ai assez de cheveux gris pour entendre ce genre de discours là à
la veille de l'élection. Vous êtes si désespéré que ça, de lancer ce message-là
d'appel au vote aujourd'hui, alors que la campagne n'est pas déclenchée?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Au
contraire, avec la fin des travaux parlementaires, on rentre en campagne
électorale, et donc, pour nous, c'est très important de dire : Rien n'est
joué, puis entendez-nous sur ce qu'on a à proposer, ce qu'on a dans le cœur
comme dans notre tête, parce que c'est tellement différent de la gouvernance
par sondage au jour le jour de la CAQ. Puis c'est tellement apparent en fin de
session… Notre appel aux indépendantistes puis aux amoureux de la langue
française, qui voient bien que ça ne tient pas. Quand une ministre envoie ses
demandes au fédéral par texto, puis ensuite elle est contrainte d'effacer... En
tout cas, je ne sais pas qui a effacé les textos, mais, par magie, ils se sont
effacés, est-ce que c'est une façon de concevoir l'avenir du Québec, notre
avenir national? Est-ce que c'est ça qu'on veut? On propose autre chose,
complètement autre chose.
M. Laforest (Alain) : Marie-Victorin,
est-ce que c'était un tournant?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien,
c'est un tournant où est-ce qu'on s'est imposé comme la seule voie capable de
tenir tête à la CAQ, et je pense que ce sera une continuité lors de l'élection.
On le voit également dans l'espace médiatique. Les gens remarquent la
démarcation entre la vision du Parti québécois et celle de la CAQ.
La Modératrice : M. Carabin.
M. Carabin (François) : M. St-Pierre
Plamondon, vous perdez au moins trois poids lourds : Mme Hivon, M.
Gaudreault, là, je vois que Mme Richard n'est pas là, peut-être nous expliquer
pourquoi, là. M. Ouellet ne nous a pas encore informés de sa décision. Comment
on se débrouille, dans une prochaine législature, sans des législateurs de ce
poids-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : J'ai
reçu le mandat de renouveler le Parti québécois et d'assumer pleinement nos
options, de recentrer sur notre raison d'être. Et regardez qui se joint au
Parti québécois. On vient de parler de Pierre Nantel, dans Marie-Victorin, mais
je m'en vais voir Alexis Deschênes en fin de semaine, j'étais avec Stéphane
Handfield, hier, je discutais avec Jeanne Robin de la planification des
questions environnementales. Vous regarderez la qualité des gens qu'attire
notre cause. Je pense qu'on met de l'avant le mandat qui nous a été confié en
ce qui a trait au Parti québécois, le mandat que les membres voulaient voir de
nous, et c'est précisément ce qu'on va livrer aux prochaines élections.
Journaliste : Peut-être une
question pour les députés qui ont été dans la dernière législature. J'aimerais
savoir comment vous croyez que se compare le gouvernement Couillard... comment
s'est comparé le gouvernement Couillard au gouvernement Legault?
M. Bérubé : Quand tu hérites
de 8 milliards de dollars, tu ne dis non à personne. Alors, c'est ça,
la grande différence entre les deux. Alors, quand tu te compares au
gouvernement Couillard, c'est sûr que tu as l'air plus nationaliste, puis plus
éthique, mais on peut faire tellement plus et tellement mieux que ce
gouvernement-là, parce que l'étalon de comparaison, c'est le gouvernement
Couillard. Alors, c'est sûr que la CAQ paraît bien si on compare, mais elle va
devoir se comparer à nos convictions et à ce qu'on va proposer cet automne. Et
vous savez quoi? J'en ai fait plusieurs, campagnes, je m'apprête à en faire une
sixième, j'ai hâte, moi aussi. Alors, c'est ça, la grande différence, selon
moi, humblement.
La Modératrice : Mme
Véronique Prince.
Mme Prince (Véronique) : Oui.
Bonjour. Je vous ai entendu, il me semble, au conseil national, dire : Si
vous ne voulez pas que la CAQ se retrouve avec une majorité de
100 députés, ou quelque chose comme ça, il faut qu'il y ait une opposition
forte à Québec, entre autres, votez pour nous. Je vous ai entendu dire ça à
votre conseil. Puis, aujourd'hui, vous avez répété au moins sept ou huit fois :
Rien n'est joué. Vous êtes en mode défensif?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien
non, rien n'est joué. Quand on va jouer une partie de hockey puis qu'on
embarque sur la patinoire en disant : Moi, j'ai hâte de jouer cette
partie-là, rien n'est joué, je joue pour gagner, je joue pour le plaisir,
également, de ce sport-là, c'est la psychologie de gens qui n'ont absolument
pas peur, mais qui vont tout donner. Je veux dire, c'est ça, la mentalité qu'on
doit avoir. Donc, il n'y a que de l'espoir. D'ailleurs, je trouve que c'est le
rôle, aussi, du Parti québécois d'être dans le registre de l'espoir. Pas juste
la peur, pas juste la résignation, pas juste la colère. Ce sont des sentiments
qui existent en politique, mais on a un rôle fondamental d'incarner l'espoir en
politique quant à notre destin national, mais quant à des questions
fondamentales comme le français, l'environnement, le sort qu'on réserve à certains
de nos citoyens. Moi, j'ai hâte, puis nous avons hâte d'incarner ça, d'incarner
des choses aussi fondamentales que notre place dans le monde.
Mme Prince (Véronique) : Et
comment allez-vous incarner cet espoir-là dans votre propre maison? Parce que,
là, la session se termine, tout le monde est sur l'adrénaline, parce qu'il y a
les travaux parlementaires, tout ça. Là, vous allez arriver en été, puis la
réalité va vous frapper, là, la moitié du caucus s'en va, ça ne va pas très
bien dans les sondages. Alors, comment allez-vous motiver vos troupes cet été?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il faut…
M. Bérubé : …
Mme Prince (Véronique) : Qu'est-ce
qu'elle a, ma question? Je pense qu'elle est légitime, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non, mais… Elle est légitime, mais elle est présomptueuse. Elle présume
d'un événement qui n'a pas lieu.
Mme Prince (Véronique) : Non,
non, non…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, mais attendez je vais répondre…
Mme Prince (Véronique) : …je
ne présume pas, je vous demande comment vous allez motiver vos troupes.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Il
y a une prémisse, dans votre question, que mes troupes ne sont pas motivées.
Avez-vous vu les images hier, dans Masson, de 70 personnes qui crient à
tout rompre? Avez-vous vu le son de nos militants au conseil national? Les
avez-vous entendus? Vous ne pouvez pas dire… respectueusement soumis, là, je ne
pense pas qu'on peut présumer qu'il y a des gens pas motivés. La motivation...
Au cours des derniers jours, on n'a jamais vendu autant de cartes de membre du
Parti québécois. Pourquoi? Parce qu'il y a un paquet de gens qui se disent :
J'étais péquiste, je ne l'ai pas été au cours des dernières années, mais là, ça
va faire, ça va faire. Je suis indépendantiste, je m'inquiète du français, je
m'inquiète de l'environnement. Je veux des gens sincères en politique, puis ça,
c'est vous. J'ai repris ma carte de membre. Regardez les médias sociaux, c'est
partout. On est vraiment motivés, et on va rentrer dans cette élection-là avec
une vigueur que vous aurez rarement vue, je crois.
Mme Prince (Véronique) : Nos
questions ne sont pas présomptueuses, elles sont basées sur des faits. Alors,
c'est parfait que vous répondiez à nos questions basées sur des faits.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je
vous soumets respectueusement que ce n'est pas un fait que nos troupes sont
démotivées, c'est l'inverse, puis ça se vérifie partout.
La Modératrice : M. Laberge.
M. Laberge (Thomas) : Oui. Bonjour.
Merci. M. Plamondon, vous avez gentiment suggéré aux journalistes d'arrêter de
regarder les sondages. Pourtant, vous en avez fait mention...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien,
pas tant les journalistes que les chroniqueurs, en passant. Les journalistes
posent des questions...
M. Laberge (Thomas) : Vous
avez dit : Toute personne qui tient une plume, une caméra ou un micro.
Bref, vous avez parlé des sondages, précédemment, dans votre allocution, mais
vous avez dit que, si on regardait sur le terrain, les choses étaient
différentes. Qu'est-ce que vous suggérez? Que les maisons de sondage sont
complètement dans le champ? Qu'on ne peut pas s'y fier? C'est quoi, la
stratégie derrière l'idée de dire, plutôt que les sondages ont peut-être un peu
raison, de dire : Bien non, ils ont tort puis arrêtez de vous y fiez?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je n'ai pas dit ça.
M. Laberge (Thomas) : Non,
mais je vous pose la question : Qu'est-ce que vous suggérez?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je suggère que… lorsqu'on fait le bilan d'un gouvernement, on ne peut pas
se contenter du chiffre dans les sondages comme si ça faisait foi d'un bilan
positif, il faut s'intéresser à la qualité de vie et le sort réservé aux
citoyens pendant cette gouvernance-là. Et je vous ai fait la liste de tous ceux
qui ont des griefs, mais sentis, par rapport à ce gouvernement-là, simplement
pour vous dire : la campagne n'est pas faite et rien n'est joué.
M. Laberge (Thomas) : ...vous
ne répondez pas à ma question. Comment vous expliquez, dans ce cas-là, les
résultats des sondages et ce que vous dites voir sur le terrain? Ça veut dire,
selon ce que vous suggérez, que les sondages sont complètement à côté de la
traque, si, selon ce que vous dites, votre vision des choses nous montre que
les gens sont en colère contre la CAQ.
M. Ouellet : ...c'est
une photo...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est ça, le sondage est une photo à un moment précis et la campagne n'a
pas eu lieu. Donc, on verra comment les gens réagissent devant les propositions
de chaque parti. Et je vous soumets qu'on gagnerait comme société à comparer
les propositions puis la vision d'avenir de chaque parti au mérite, en
regardant, également, sur le terrain, ce qui se passe, ce que les gens ont à
dire de légitime.
La Modératrice : M. Bellerose.
M. Bellerose (Patrick) : Oui,
bonjour à tous. M. St-Pierre Plamondon, vous dites : Ça va très bien,
au PQ, les militants sont de retour...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Le financement va bien, on vend des cartes de membre.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
allez faire combien de sièges au minimum aux prochaines élections?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
À nouveau, rien...
M. Bellerose (Patrick) : Commettez-vous
un petit peu, quand même, là. Vous me dites, là : Ça va bien, on a tort,
avec les analyses qu'on fait. On est dans le champ, donc, dites-moi, minimum...
Vous avez fait 10 la dernière fois, allez-vous faire plus que 10 cette fois-ci?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je vous parle du présent avec certitude. Donc, je vous dis : Voici où
est-ce qu'on en est sur des engagements qu'on avait pris, sur comment nos
membres réagissent, etc. Vous me demandez de faire une prédiction dans l'avenir
et je vous répondrai : Rien n'est joué, et intéressons-nous aux idées et
aux propositions au lieu de faire des pronostics statistiques hypothétiques sur
les prochaines élections.
M. Bellerose (Patrick) : Allez-vous
faire un minimum de 10 comme la dernière fois?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense qu'on est en position de surprendre et que rien n'est joué.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
dites : Tout va bien malgré tout. Puis vous n'aimez pas le constat, mais
c'en est un quand même, il y a cinq députés qui ont quitté ou qui vont
quitter, ou peut-être un dernier, on n'est pas certains, sous votre gouverne.
Qu'est-ce que ça dit de votre leadership ou du renouveau que vous avez amené au
Parti québécois?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense qu'il faut avoir beaucoup de respect... Ça fait juste deux ans,
moi, que je suis dans l'arène, et il faut avoir beaucoup de respect pour ceux
qui donnent énormément d'années de leur vie pour la cause. Et c'est normal
qu'après un certain nombre d'années il y a des gens qui ont beaucoup donné puis
laissent la place à d'autres gens qui arrivent. Et c'est ça qu'il faut observer
dans l'évolution du Parti québécois, il y a au moins autant de gens de qualité
qui ont un potentiel exceptionnel qui rentrent. Et ça s'appelle un
renouvellement, ça adonne que c'est le mandat qu'on m'avait donné.
La Modératrice : M. Duval.
M. Duval (Alexandre) : Bonjour.
M. St-Pierre Plamondon, hier, M. Labeaume vous qualifiait d'erreur de
casting pour le Parti québécois. Mme Hivon hier disait que vous alliez vous
révéler durant la campagne, que les Québécois apprendraient à vous connaître
durant la campagne. Qu'est-ce qui va vous permettre de vous démarquer, vous, pas
votre parti, mais vous, comme aspirant premier ministre du Québec?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
La sincérité, l'intégrité dans les idées et l'intégrité des gens qu'il y a
ici. Il n'y a pas d'opportunistes au Parti québécois, en ce moment, il y a
juste des gens intègres qui aiment le Québec. Et ça, ça a une valeur, et ça, ça
nous distingue de la CAQ, la sincérité et l'intégrité. On est là par
conviction, par amour pour le Québec. Je vois tous les gens aussi de notre personnel,
là. C'est ça.
M. Duval (Alexandre) : Il
y a une certaine Kim Campbell, oubliée de l'histoire, qui a déjà dit que les
campagnes électorales n'étaient pas les lieux pour...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Parler d'économie.
M. Duval (Alexandre) : ...discuter
d'enjeux sérieux.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Elle avait dit : Ce n'est pas le moment de parler d'économie, si je me
souviens bien.
M. Duval (Alexandre) : D'enjeux
sérieux, d'enjeux sérieux.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est vrai?
M. Duval (Alexandre) : Vous
voulez faire de la prochaine campagne une campagne d'idées, or, une campagne,
ça va vite. Comment allez-vous, vous, Paul St-Pierre Plamondon, réussir à faire
en sorte que, vraiment, ce soit une campagne d'idées, alors que d'autres
politiciens se sont butés à ce problème-là à maintes reprises dans le passé?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Une campagne vigoureuse, énergique et sentie. Il y a une part d'émotion,
hein? Même si on est un parti d'idées qui rêve à un Québec meilleur… Bien, vous
le voyez, j'ai des émotions également.
Journaliste : C'est possible,
selon vous?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Pourquoi pas, pourquoi pas, quel meilleur antidote au cynisme que d'avoir
des idées et des émotions par amour pour le Québec. Pourquoi pas. On le fait.
C'est ça qu'on va faire.
M. Duval (Alexandre) : Merci.
La Modératrice : On va passer
aux questions en anglais. Mme Senay.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui,
c'est ça, embarquez dans notre autobus. Vous viendrez voir.
Mme Senay (Cathy) :
Good Morning.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
Good morning.
Mme Senay (Cathy) :
Mr. St-Pierre Plamondon, four years
ago, the Québec flags were not
there because PQ MNAs were on the stairs, they were not half a dozen.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : And now we have Québec flags.
Mme Senay (Cathy) : So, how are you going to be able to bounce back, to ensure… the CAQ
is not killing, once for all, the PQ during the election campaign?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I think people see through what the
CAQ is trying to do and I think authenticity, honesty has a value from an
electoral standpoint. Of course, you need an election to put forward that
sincerity and to put forward your ideas, but I think it does have a value for
electors and it will show during the election.
Mme Senay (Cathy) : Why are you so sure about this? You know it's not how it works. I
mean, social media made it tougher for sincerity to survive in politics.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : So, if that is the case, what good…
what reason to be in politics? Like, why would we put that much effort if we
don't believe that the truth and the common good will prevail? And I know the
environment in which we are working is not easy, I know. I mean, if someone
knows, in Québec, throughout Québec, it's me. I know it. But look at all
our staff, young people working for the National
Assembly. Like, what good, what reason for politics if
it's not for the truth and the common good to prevail? That's why we're here.
Mme Senay (Cathy) : And when you talk about Mr. Legault or Mr. Drainville having
difficulties dealing with their past as sovereignists…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Difficulty to deal with the truth.
Mme Senay (Cathy) : So, what's the red flag that Quebeckers have to understand from
this?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, good question. I think very rarely, in the history of Québec and in the history of democracy, have we seen people that are not
honest with themselves come up with good public policies and with care for the
population.
Mme Senay (Cathy) : It goes together?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes. Speaking truth and being sincere
is important in terms of what kind of government you will get afterwards. It says a lot about why people are there
and what they're going to do. And we have many episodes that are very… that
speak a lot about that.
La Modératrice
:
On va passer à l'autre micro.
Journaliste
: Good morning. This is your
first campaign as leader. What are you hoping to do differently that other PQ
leaders haven't done before? Because you said, you know: We want to do things
differently this time.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I want to have fun, I want to enjoy
and really give everything we've got in that campaign. I've done that before,
not in a general election, but in a leadership race. In 2016, I started at
1 % and people thought I would not even participate. It happened. And I
think, like in sports, when you enjoy what you're doing, and when you fear
nothing, and you're just there because you hope for the best and you finish
your game the best you can, things happen. It's a universal principle in any
sport, and I think politics is a very dangerous sport, but it is… there are comparisons.
Journaliste
: I've always heard that defense wins championships. But what do you
think the top… if you had to choose one issue that you think Quebeckers are going to be voting on this
election… There're thousands of issues I know we could talk about, but what do
you think is the main driving force of people's votes this time around?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : There are a few that are competing,
so each party will try to grab some of the issues. So, what the PQ will do, in
those circumstances, is have an intelligent and useful answer on basic things,
such as families who can't cope with the inflation, fundamental things, like
the environment, like our kids, like the dignity of elderly people. But
at the same time, you will hear me a lot on the future of Québec, because we're very aware that the
response of the CAQ, when the CAQ says: Give me 10 or 15 more people and you'll
see, Ottawa, by magic, will start saying yes to everything we ask, nobody,
except a few people, nobody believes that. And our answer, I think a lot of Quebeckers know that it is the truth and a
lot of Quebeckers think that Québec should become a country, so expect us
to be as straightforward and proud of that project as we could.
Journaliste
:
Thank you.
La Modératrice
:
Prochaine question.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Après vous. Non, après vous. Non, après vous.
Journaliste
: I'll continue with your
sports references. You're going into the election, two men... one woman
and one man down. How are you going to continue to be a strong opposition?
I know you said: The game isn't over yet. But how do you think you can be a
strong opposition with two people down?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : By being relevant and intelligent on
the most important issues. People will ask themselves: Who is looking after the
issues I consider very important, so who's looking after the future of the
French language? Who's looking after climate change? Who's looking after that
our kids have somewhere to go at CPE level, at day care, kindergarten? Who's
looking after the dignity of our elderly? So, those questions, we have an
answer for them. It's not been easy, during the pandemic, to speak about those
issues, but a campaign is there for that. We have very good answers, very good
people, and I think that will come up, will show.
Journaliste
: Will you continue the sovereignty versus federalism debate going
into the election and making it a key priority?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Of course. I mean, there was a
reasonable doubt in 2018. Anybody who knows the history of Québec knows that being autonomist within Canada never paid off, but there was still a
certain reasonable doubt saying: Well, it's been a while, let's try to make
demands in Ottawa. But, four years
later, it's crystal clear, no success at all. And what happened yesterday is
quite an illustration of what happened throughout the four years. A
minister says: I haven't been writing to Ottawa to make demands, but I've been texting. Oh yes? Show us the texts.
Can we see the text messages? It's been erased. I mean, it's crystal clear that,
no matter how many CAQ representants there will be in this House after the next
election, it will not change the fact that Ottawa will not say yes to things that, according to the Premier, are
vital to the survival of our nation.
So, of course, the debate
on whether we should decide for ourselves, whether we should exist
internationally, whether René Lévesque and Jacques Parizeau and their work
should give a result, a fair and beautiful result at the very end, all those
questions will be asked and will be put forward by the Parti
québécois. That's the reason of our existence. So, I
will assume that, I will bring that with all the energy possible.
La Modératrice
:
Dernière question.
Journaliste
: Good
morning. This is sort of a standard question at these events.
If you lose the election, will you stay on as leader?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I will not answer, a bit like what
happened for the French questions. I can speak of the present and I can tell
you what we're going to do. And the rest is in the hands of the electorate, of
the people.
Journaliste
:
Fair enough.
La Modératrice
: Bonne
journée.
(Fin à 8 h 22)