(Huit heures cinquante-neuf minutes)
Mme Hivon : Bonjour,
tout le monde. Alors, je suis heureuse d'être avec vous pour ce dernier point
de presse régulier, et fort probablement mon dernier point de presse régulier.
Juste vous dire que ça a été un plaisir, généralement, de travailler avec vous
tous et toutes.
Donc, aujourd'hui, écoutez, je veux
revenir sur ce fédéralisme de textos, qui, finalement, est un fédéralisme de
textos qui s'effacent et qui, je pense, démontre la très grande superficialité,
le manque de sérieux, le pathétisme de ce gouvernement dans ses relations avec
le Canada. On est passé d'un gouvernement qui faisait miroiter aux Québécois 21
demandes, y compris des demandes constitutionnelles formelles qu'ils allaient
obtenir avec leurs nouvelles voix, à un gouvernement qui n'a à peu près plus
fait de demandes, trois, si on les compte, pour avoir des refus en 24 heures
à chaque fois qu'ils en ont fait, qui les a menés à ne même plus envoyer de
lettres tellement, j'imagine, ils avaient peur d'avoir des refus. Et Mme LeBel
de nous répondre, il y a quelques semaines : Je n'envoie plus de lettres
parce qu'en fait j'échange par textos, pour finalement apprendre qu'elle ne
garde même pas les textos. Est-ce que c'est parce qu'ils sont trop gênants?
Est-ce que c'est parce que c'est trop humiliant? Est-ce parce qu'il y a un seul
mot, qui est n-o-n, dans les textos? On ne le sait pas, mais ça manque
gravement de sérieux. Et je pense que ça montre à quel point ce gouvernement
est dans le mirage de dire qu'il va changer les choses et que, dans le concret,
il ne se passe strictement rien, de peur évidemment d'être démasqué et de
montrer qu'il n'arrive à ne rien obtenir.
Un deuxième sujet, ce matin, bien sûr,
celui des problèmes dans le système de justice qui se multiplient. On voit ce
matin que c'est 550 personnes issues du personnel qui est en soutien au
réseau de la justice, aux palais de justice, à rendre justice qui ont quitté
dans la seule dernière année. C'est catastrophique, c'est une crise. Et pendant
ce temps-là, le ministre de la Justice, il est aux abonnés absents. Il ne prend
pas de leadership, on ne l'entend pas, il ne rassure pas son réseau, il ne
rassure pas tous les rouages, tous les gens qui sont impliqués et il n'envoie
aucun message pour son équipe, son monde. Alors, si le premier responsable de
la justice au Québec ne fait rien, c'est-à-dire de se mobiliser, puis de
mobiliser les gens puis de trouver des moyens pour stopper l'hémorragie, ça en
dit long sur l'absence complète de priorités que ce gouvernement-là accorde au
réseau de la justice.
Et pendant ce temps-là, bien, je vous
rappelle que la justice, c'est la base d'une démocratie. Si tu n'es plus
capable de rendre justice, si tu es rendu que tu libères des gens en attente de
procès parce que tu n'as plus de greffiers audienciers, d'adjointes au juge, c'est
extrêmement grave. Et pendant ce temps là, il n'y a personne qui a l'air de s'en
alerter au gouvernement.
Alors, je cède la parole au chef
parlementaire, Joël Arseneau.
M. Arseneau : Merci
beaucoup, Véronique. Alors, de crise en crise, oui, il y a la justice, mais
également la santé. Moi, je m'étonne que, depuis lundi, on n'a pas entendu le
ministre Dubé réagir à l'appel à l'aide des médecins-chefs des urgences du
Québec, qui voient la crise déjà présente dans les urgences du Québec, qui s'attendent
à un été absolument infernal, et que le ministre ait simplement répondu :
Bien, c'est sûr que l'été, là, ça peut être difficile. Où est le plan de match?
Pourquoi le ministre ne se mêle pas du dossier? Pourquoi n'a-t-il pas de plan?
Pourquoi ne rassure-t-il pas les gens du réseau? En fait, on voit qu'on
repousse à plus tard.
J'ai posé la question également au premier
ministre, et il nous a dit que son plan allait être implanté, en matière de
santé et de services sociaux, s'il était réélu le 3 octobre prochain. La
crise, elle est maintenant, et il y a urgence aux urgences, et le gouvernement
est dans le déni par rapport à cette situation-là. On lui demande d'intervenir.
Je vous rappelle que ce qu'ont dit notamment les médecins-chefs des urgences, c'est
que la qualité des services était en grande détérioration, qu'il y avait des
décès potentiellement évitables qui avaient été constatés, qu'il y avait,
évidemment, là, congestion hospitalière. Alors, le gouvernement doit se
ressaisir, agir et déposer un plan d'action.
J'aimerais aussi aborder un sujet qui est
régional. En fait, on en avait parlé ici, brièvement, vous savez que la grippe
aviaire a frappé la faune ailée de l'est du Québec. Les fous de Bassan ont été
retrouvés par centaines, maintenant par milliers, sur les côtes des
Îles-de-la-Madeleine. J'ai intervenu auprès du ministre de l'Environnement, M. Charette,
pour qu'il développe un plan d'action pour aller ramasser les carcasses de ces
oiseaux, qui se retrouvent un peu partout sur les plages, mais même à l'intérieur
des terres. On a donné un contrat de gré à gré à une entreprise pour une
période limitée, pour couvrir 60 kilomètres sur les 300 kilomètres de
plage qu'on a aux Îles-de-la-Madeleine. Donc, on a retrouvé plus d'un millier
de carcasses, il y en a probablement deux fois, peut-être trois fois plus. Et
là le gouvernement retirerait ses billes, le contrat serait terminé.
J'en appelle au ministre à compléter le
travail qui a été entrepris. C'est une question, évidemment, sanitaire, c'est
une question de salubrité publique. La saison touristique débute. C'est aussi
une question de sécurité bioalimentaire, parce qu'on a toujours des craintes
que les animaux sauvages ou les animaux domestiques contractent la grippe
aviaire et puissent la propager, par exemple, dans des élevages. Alors, voici
le message que je voulais vous faire ce matin. On est prêts à prendre vos
questions, Véronique et moi.
Mme Plante (Caroline) : Mme Hivon,
comment se déroule l'étude détaillée du projet de loi n° 38, sur l'aide
médicale à mourir? Est-ce que ça va bien, est-ce que ça va être possible de
l'adopter?
Mme Hivon : Ça va bien,
dans le sens qu'on travaille extrêmement fort. C'est extrêmement complexe, évidemment,
puis on est les premiers à écrire un projet de loi sur cette question-là. Donc,
ça va bien, dans la mesure où on change beaucoup le projet de loi, on l'améliore,
on clarifie des choses, on détermine certaines orientations qui n'étaient pas
déterminées. Alors, on travaille extrêmement fort. Écoutez, l'espoir est
toujours là. Je dirais que la fenêtre, c'est sûr qu'elle est en train de se
refermer tranquillement. On est à l'avant-dernière journée. C'est sûr qu'il
nous reste beaucoup, beaucoup de travail à faire, donc je ne peux pas vous dire
ce qu'il va advenir.
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
que c'est la preuve que le projet de loi, à l'origine, était bâclé, s'il y a
autant de travail à faire dessus?
Mme Hivon : Bien,
écoutez, je ne veux pas être dans la critique aujourd'hui. Je veux être encore
dans l'espoir, puis on travaille de manière extrêmement sérieuse. Là, je le
sais, c'est dommage, c'est la fin de la session puis vous êtes tous pris sur 50 000 dossiers.
C'est incroyable ce qui se discute là, je dirais, en termes d'avancées qu'on
veut faire, mais aussi de refléter toute la complexité de ce que ça représente,
une telle avancée. Donc, en fait, on travaille tout le monde ensemble,
extrêmement fort. Et puis, c'est sûr qu'il y a encore quelques nœuds à dénouer.
Donc, on travaille extrêmement fort, c'est ça que je peux vous dire. C'est sûr
que je suis consciente qu'on est jeudi, que la fin de la session est demain,
donc la porte est en train de se refermer, là, je le sais, mais, en tout cas,
on a encore une journée devant nous.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Est-ce
qu'il y a un danger de travailler trop vite, quand même? Dans le sens où, comme
vous dites vous-même, ce sont des enjeux qui sont fondamentaux. La session se
termine demain. Le monde n'a pas suivi vraiment le débat. À quelque part,
c'est-u responsable d'adopter ça aussi rapidement?
Mme Hivon : En fait, je
vous dirais que c'est sûr que ce n'est pas idéal. On est un peu dans une
position... tout le monde, on est dans une position difficile, parce qu'on a
cet objectif de faire cette avancée-là, mais, en même temps, on ne veut rien
négliger, puis on veut que ce soit bien fait, puis on veut que les gens
comprennent l'ampleur du débat. Donc, ça, tout le monde va convenir que ce
n'est pas idéal.
Ceci dit, je veux rassurer tout le monde,
il n'y a aucun coin rond, on ne tourne aucun coin rond en ce moment. C'est ce
qui fait qu'on ne s'est pas précipités à tout adopter ça sans poser de
questions. Là, on retourne vraiment chaque pierre, on... mais il reste des
dizaines d'articles à adopter. Donc, si ça peut rassurer tout le monde, on
n'est pas en train de négliger l'ampleur du travail, mais, évidemment, ça a un
impact sur, peut-être, le potentiel qu'on y arrive. Mais on a une autre journée
devant nous, on va voir. Je ne suis pas capable de vous le dire. Ça va dépendre
aussi de certains choix qui pourraient être faits, d'enlever des éléments du
projet de loi qui ne sont pas directement reliés à la demande anticipée, mais
il reste du travail sur la demande anticipée aussi. Donc, on va voir ce qui se
passe aujourd'hui. Mais je suis bien consciente que... je veux dire, ça
voudrait dire, en théorie, que, demain, on fait toutes les autres étapes en
accéléré. Mais les gens vont vouloir prendre la parole, donc je ne le sais pas
où on en est puis je ne suis pas dans les négociations de leaders. Puis on a
voulu mettre ça à l'abri des négociations aussi. Ça fait que nous, on est sur
notre voie, on travaille, puis on va voir.
Mme Côté (Claudie) : Mais êtes-vous
optimistes de l'adopter, le projet de loi, sans…
Mme Hivon : Oui, je ne
peux pas vous dire que je suis optimiste. J'ai encore un petit espoir. J'ai un
petit espoir, mais je suis bien consciente de l'ampleur de la tâche qui est
encore devant nous.
Mme Plante (Caroline) : ...pour
vous, de l'adopter, personnellement? Vous quittez la politique. Est-ce que
c'est un genre de legs, aussi, que vous aimeriez laisser?
Mme Hivon : Je ne veux
vraiment pas le voir en termes personnels. Oui, ça m'habite énormément puis il
y a tout un, je dirais, un message qui fait que, dans la première année de ma
vie politique, j'ai commencé avec un premier projet de loi. Puis là, dans mes
derniers jours de vie politique parlementaire, je suis avec ce même sujet, donc
ça me tient vraiment, profondément à cœur. Mais ce que je me dis, c'est que, si
jamais on n'y arrive pas, au moins, je vais avoir tout dit mes commentaires. Je
vais avoir bonifié le projet de loi avec beaucoup, beaucoup de demandes de
modifications, de changements. On travaille dans la collaboration. Donc, je me
réconforte avec ça. Puis je me dis que, si jamais on n'y réussit pas, je
demanderais à être invitée comme témoin la prochaine fois. Mais, écoutez, je ne
veux pas le prendre... Moi, ce que je veux, c'est qu'on ait le meilleur projet
de loi, qu'on ne perde pas de consensus, que les Québécois sentent qu'on
travaille sérieusement là-dessus, qu'il n'y a rien qui est négligé. Donc, c'est
ce qui m'importe le plus.
M. Lachance (Nicolas) : Qu'est-ce
qui explique qu'on en arrive là, qu'un projet de loi aussi important qui a été
travaillé tant en profondeur, puis on arrive, que ça soit minuit moins une,
alors qu'on ne devrait pas être pressés, là, pour faire ce type de projet de
loi là? Qu'est-ce qui explique ça?
Mme Hivon : O.K. Mais
d'abord, je veux rassurer tout le monde. On ne travaille pas comme si on avait
un fusil sur la tempe, je veux juste le dire, parce qu'on prend le temps de
tout faire, là, c'est... en gros, là, il y a... c'est ça, il y a
50 articles, puis on a fait quelques articles, là, qui sont les plus
fondamentaux. Mais... Ça fait que je veux rassurer tout le monde à cet
égard-là.
Ce qui explique ça, bien, je pense, c'est
une congestion, hein? Qu'est-ce que vous voulez? Il faudrait demander au leader
du gouvernement, il faudrait demander pourquoi il y a eu d'autres priorités,
pourquoi on n'a pas décidé d'ouvrir une autre commission, peut-être, pour
traiter ça avant, pourquoi ce n'est pas un projet de loi qui a été priorisé.
Nous, notre rapport, on l'a déposé en décembre, puis on avait une date limite
qui était décembre. Tout ça était dans l'optique d'avoir une session complète
après pour pouvoir faire un projet de loi puis l'adopter. Donc, c'est sûr que
l'échéancier, à la base, c'était ça. Pourquoi il est arrivé le 25 mai? Ça,
ce n'est pas à moi... C'est vraiment le ministre qui peut répondre, le ministre
de la Santé et le leader du gouvernement ensuite.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...Régis
Labeaume, ce matin, l'ancien maire de Québec, dans sa chronique, suggère au
Parti québécois de tasser Paul St-Pierre Plamondon et de mettre Pascal Bérubé
chef pour la prochaine campagne. Est-ce que c'est un souhait que vous avez
aussi?
M. Arseneau : Absolument
pas. En fait, je vous invite à lire les Michel David, les Richard Martineau,
les Gilles Proulx ce matin, même entendre Mario Dumont, la plupart encensent le
travail de Paul St-Pierre Plamondon et sa dignité, sa hauteur, son authenticité
et le fait que ses convictions, évidemment, sont mises de l'avant et qu'il ne
déroge pas. Alors, évidemment, nous, on est tout à fait derrière Paul. Et en
fait, hier, M. Labeaume évoque le fait qu'au troisième étage ce doit être
un peu morose. En fait, je l'inviterais à venir nous rendre visite, parce qu'hier,
en fait, l'ensemble du caucus réuni autour de Paul était extrêmement satisfait
de son travail, évidemment, depuis sa nomination, et en particulier depuis qu'il
peut obtenir, je dirais, un espace médiatique qui lui permet, justement, de
faire valoir ses convictions. Et lorsqu'on regarde ce qui se passe chez nos
amis d'en face, bien, écoutez, on n'envie pas leur décision de tourner le dos à
la souveraineté ou à l'indépendance puis de ne pas savoir trop, trop où il s'en
va sur leur troisième voie, la voie de l'évitement.
Mme Côté (Claudie) : M. St-Pierre
Plamondon a finalement été invité à prendre la parole dans le cadre des
célébrations entourant le 100e anniversaire de René Lévesque. Est-ce que
vous vous êtes placés dans une position où vous avez quémandé votre place pour
parler?
M. Arseneau : Bien, je
vous invite à revoir le point de presse qui a été tenu par Paul hier, où il a
pris acte du fait qu'il n'avait pas reçu d'invitation et qu'il était prêt à
accepter une invitation. Et il jugeait qu'il était de bon aloi de la part de la
fondation de faire honneur à la mémoire... Bien, il n'a...
Mme Côté (Claudie) : …ça n'envoie
pas le message qu'on vous avait tassés puis que vous avez dit : On existe
encore?
M. Arseneau : D'aucune
façon le Parti québécois, dans son histoire, n'a été dans le rôle de
quémandeur. Nous avons toujours tenu nos valeurs et nos convictions de façon
courageuse et avec force et fermeté. Et hier, ce que Paul a envoyé comme
message, c'était qu'il s'attendait, si on voulait rendre hommage au chef
fondateur du Parti québécois, René Lévesque, qu'on fasse également référence de
façon importante à son legs, qui est celui du Parti québécois. Le message a été
entendu, on en est satisfaits.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
il a quand même laissé entendre qu'il ne se présenterait peut-être pas, là, s'il
ne faisait pas de discours. Il a dit qu'il n'était pas certain, dans les
circonstances actuelles, de vouloir être présent.
M. Arseneau : Exactement.
Et ça, c'est faire preuve de fermeté et de, je dirais, d'estime de soi
suffisante pour dire : À partir du moment où on ne rend pas un hommage
adéquat à René Lévesque, bien, on n'ira pas s'associer à cet événement-là. Et,
visiblement, le message a été entendu. Alors, nous, on est satisfaits de la
décision de la fondation, évidemment, de rendre hommage à René Lévesque pendant
la prochaine année et dans toutes ses réalisations, dont celle, importante,
fondamentale, de la création du Parti québécois.
M. Duval (Alexandre) : En
immigration, le MIFI n'a pas d'étude ou d'analyse à fournir pour soutenir le
discours gouvernemental d'une capacité d'accueil limitée à 50 000
immigrants. Qu'est-ce que ça nous dit sur le sérieux du discours gouvernemental
en immigration?
M. Arseneau : Bien, ce
que ça nous dit, c'est que le gouvernement de François Legault, c'est le
gouvernement de Jean Charest 2.0. Il a retenu les cibles de Jean Charest,
celles de 50 000 immigrants, qui ne reposaient, elles-mêmes, sur
absolument rien. Alors, on fait ce constat-là que le gouvernement nous balance
des chiffres tout en plaidant contre ce qu'il a appelé lui-même la
louisianisation du Québec. Il est donc dans une contradiction profonde où il
parle d'une question existentielle pour le Québec, mais, lorsqu'il est question
de prendre des moyens pour s'assurer d'une intégration au Québec des nouveaux
arrivants, qui comprend, évidemment, l'intégration linguistique, bien, le
gouvernement n'a aucune balise, il n'a aucune direction, il navigue à vue et c'est
déplorable.
M. Bélair-Cirino (Marco) : ...vos
propres cibles d'immigration?
M. Arseneau : Bien,
nous, je vous rappellerai qu'on n'a pas annoncé de cibles. On estime que les
chiffres qu'on a devant nous à l'effet que, durant les années 90 jusqu'à
2003, les taux, les seuils étaient de l'ordre de 35 000 à
40 000 nouveaux arrivants, faisaient en sorte que la place de la
langue française était maintenue et s'améliorait légèrement. Depuis l'arrivée
au pouvoir... suite à l'arrivée au pouvoir des libéraux et l'augmentation des
seuils à 50 000, bien, on a vu le déclin de la langue française s'installer
et se poursuivre. Alors, ce qu'on dit, c'est qu'il faut maintenant, justement,
fixer des seuils qui nous permettent de revenir à cette période où les gens
adhèrent à la langue française et s'installent ici, au Québec, pour y demeurer,
avec la langue...
M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous
faites un lien causal, là...
M. Arseneau : Pardon?
M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous
faites un lien causal. Vous dites : De 1990 à 2003, il y avait tels
chiffres, ça se passait bien. En 2003, on augmente, ça ne se passe plus bien,
il y a un lien.
M. Arseneau : Bien, juste
pour préciser, c'est que j'ai... ma réponse était sans doute trop longue pour
vous, mais ce que je veux dire, c'est qu'on est en train de faire les calculs
pour, justement, proposer des seuils et on pourra les défendre.
M. Duval (Alexandre) : Mme Hivon,
vous vous apprêtez à quitter la politique, non pas à quêter, parce que vous
n'êtes pas quémandeurs. Vous voyez la chronique de Régis Labeaume ce matin. On
dit que votre nouveau chef est un mauvais casting. Est-ce qu'il n'y a pas un
regret à quelque part, sachant tout le respect que les Québécois vous vouent,
de ne pas avoir tenté de reprendre le flambeau?
Mme Hivon : Non, pas du
tout. Aucun regret. Je ne pars avec aucun regret. C'était une décision qui
était la bonne quand je l'ai prise, vraiment, et puis que je n'ai jamais
regrettée. Donc, ce n'était juste pas possible dans les circonstances qui
étaient les miennes, et donc c'était la seule possible.
Et puis, bien honnêtement, je pense qu'il
faut arrêter de se perdre en conjectures et en si et tout ça. Et je pense que
Paul, les Québécois vont le découvrir à la faveur de la prochaine campagne
électorale. Une campagne électorale, aux dernières nouvelles, ça sert encore à quelque
chose. Ça, ça va faire des débats, ça sert à découvrir des personnes, des
personnalités, du leadership, un style de leadership. Dans ce cas-ci, je pense
que les Québécois vont découvrir quelqu'un extrêmement constant, extrêmement
convaincu, courageux, qui est loyal à ses convictions. Et je pense que ça va
faire du bien dans cette ère de cynisme.
J'ai toujours voulu combattre le cynisme.
Je pense que la première manière de combattre le cynisme, c'est de rester
fidèle à ses convictions et, si on n'y reste pas fidèle, d'expliquer clairement
pourquoi. Et heureusement, nous, on a un chef qui est fidèle à ses convictions
et qui est capable d'expliquer pourquoi il les tient, puis pourquoi
l'indépendance du Québec, c'est la seule voie possible pour l'épanouissement
complet des Québécois, ce à quoi j'adhère complètement.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
sur le plan émotif, là, votre chef semble à fleur de peau, un peu, depuis
quelque temps, Mme Hivon, et il a le motton rapidement quand on pose des
questions. Les larmes lui viennent quand il se fait applaudir sur la scène. On
le sent un petit peu moins enjoué aussi, par moments. Est-ce que vous le sentez
affecté par la situation actuelle?
Mme Hivon : Je ne le
sens pas affecté, je le sens juste humain. Moi, j'aime que les gens qui nous
gouvernent soient des humains. J'aime que les gens qui nous gouvernent ne
soient pas des robots. Et puis, je pense que Paul St-Pierre Plamondon est bien
conscient de la tâche qui est la sienne. Mais, justement, il ne recule pas
devant l'adversité, il en fait une force, il en fait un tremplin pour rebondir
avec tout ce qu'il est comme personne, dans ses aspects les plus rationnels,
comme ses aspects les plus humains. Moi, je pense que c'est ce dont on a besoin
en politique, des gens qui ont les deux côtés.
M. Lachance (Nicolas) : Sur
les maternelles 4 ans, on voit le prix des classes qui explose encore. Le
gouvernement ne semble plus être intéressé de savoir quelle sera la facture
finale afin d'accomplir cette promesse électorale. Est-ce qu'on va…
Mme Hivon : Je pense que
ça en dit vraiment long sur la catastrophe des maternelles 4 ans qui sont
passées de 120000 $
à 1,2 million. Je vous rappelle que construire un CPE au complet de 60
places, dont 10 places poupons, c'est 1,2 million, et ça, c'est le
prix d'une classe de maternelle 4 ans. Je pense que c'est assez évident
que ce n'était pas le bon choix quand on voit la crise dans nos services de
garde puis qu'on voit à quel point les maternelles 4 ans, en plus, selon
les études, ne font aucune différence supplémentaire pour le développement des
tout-petits. Et je m'explique vraiment mal que l'on tasse maintenant les
données sur les maternelles 4 ans alors que c'était une promesse phare,
c'était quelque chose de fondamental. Je pense que ça en dit long sur le fait
que le gouvernement n'assume pas ce que ça représente et l'échec que ça
représente, autant financier qu'en termes d'orientations et de politiques
publiques.
Mme Côté (Claudie) : ...sur
le serment de la reine...
M. Arseneau : Je voudrais
juste compléter. En fait, c'est que, pour un gouvernement qui se disait un
gouvernement de comptables, de vouloir, là, effacer les chiffres sur le coût
des maternelles 4 ans, c'est absolument aberrant, mais c'est probablement
ce qu'il s'apprête à faire également pour les maisons des aînés aussi, dont les
prix ont explosé. Et qu'on regarde, par exemple, la saga du troisième lien, où,
aussi, les chiffres sont très aléatoires et on n'a pas d'études. Alors, je
pense que ça fait, là, un beau bilan des promesses phares du gouvernement et de
sa façon de voir à gérer les finances publiques.
Mme Côté (Claudie) : Sur le
serment à la reine, comment est-ce que vous qualifiez la sortie de Marc Tanguay
ce matin, là, qui promet que ce sera une grande bataille juridique, que ça va
coûter très cher puis que c'est une bataille qu'on ne devrait pas mener en ce
moment, alors qu'il y a d'autres priorités?
M. Arseneau : Bien, on
ne partage pas son point de vue, là. Sur le plan juridique, Véronique est
sûrement mieux placée que moi pour répondre à cette question-là, mais on est
tout à fait favorables à l'idée d'éliminer ce serment à la reine, bien entendu.
Je vous rappellerai, d'ailleurs, que, dans
le projet de loi n° 96, Simon Jolin-Barrette vient d'indiquer, là, que la
nation québécoise, il fallait qu'elle soit reconnue, et il appelle ça un
changement constitutionnel à la Constitution du Québec à l'intérieur du Canada,
dans une Constitution qu'on n'a pas signée. Alors, on pourrait faire ce
débat-là aussi.
Mais, essentiellement, ce que je veux
dire, c'est que Marc Tanguay, là, depuis quelques jours, dérape solide sur un
nombre... la réalité telle qu'il la voit, traiter le gouvernement Legault de
séparatiste et ainsi de suite, et SSE, là, évidemment. Alors, tout ce débat-là,
bien, évidemment, reflète cette incapacité du Parti libéral, là, de se
positionner face à l'électorat qui l'a abandonné. C'est un peu pathétique. Mais
nous, le serment à la reine, bien entendu qu'on sera favorables à adopter une
loi pour s'en débarrasser pour de bon.
La Modératrice : On va passer
en anglais.
Mme Senay
(Cathy) :
Mrs.
Hivon, regarding Bill 38, you cannot really fail on that one. There are so many
Quebeckers waiting for this
change, the advanced consent for people suffering from Alzheimer's disease. I
mean, you just have a few hours left, so how will you succeed?
Mme
Hivon
: Really, we work really, really hard and we're not in a rush because
we want to do it properly. There's no purpose in adopting a bill which would
not be fully, I would say, properly drafted on such a sensitive matter. So,
this is what we're really working hard on having, a really thorough bill. And I
think people in Québec…
although I understand, I'm waiting for this advance also, because I think it's
a more human way to deal with those very terrible suffering conditions. And I
wish we were able to do it, but we will not do it at any cost, and so we will
keep trying until tomorrow, but, of course, we see that the window is shrinking
a little bit.
So, I just want to
reassure people that we do everything, but that we do everything to have the
proper bill, and if ever we don't succeed, well, I imagine that everybody will
take the promise to bring it back and do it, and maybe we can implement it, you
know, more quickly. But we're not there yet, I still have a little hope for
today, so we'll see what we can achieve.
Mme Senay (Cathy) : About inflation,
Mr. Girard is set to make an announcement at 11h30. I just would like to hear
you, Mr. Arseneau, because you've been asking for this, for new measures before
the election campaign. What do you hear from your own constituents about the
cost of living, the rising cost of living?
M. Arseneau :
Well, it is a daily preoccupation, when
you look at the prices of goods, you know, obviously, you know, lodging
yourself, it's become a challenge, feeding yourself, putting gas in your car.
We don't get calls, we just get comments, you know, on a daily basis, that, you
know, something is wrong, and people fear for the future.
So, of course, I think
the Government promised
something for… a check for after election date is quite cynical. Now, we see
the government who will
probably announce something just before the end of the session. Well, it seems
to me like all of the topics that we've discussed this morning, that it sounds
too little, too late. We'll wait and see, but obviously the Government is trying to patch all of the
holes that were left in the legislature, and it's quite pathetic, actually, to
say that, you know, all these problems arise, and they've been present, and
we've been asking the Government to act for months and months, and, all of a sudden, in the last
week, they say : We'll solve everything, including Hydro-Québec tariffs and so on. This is
cynical. Merci beaucoup. Bonne
journée.
(Fin à 9 h 25)