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Point de presse de M. Joël Arseneau, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Martin Ouellet, leader parlementaire du troisième groupe d’opposition

Version finale

Le mardi 7 juin 2022, 10 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures une minute)

M. Ouellet : Bon matin à tous en cette dernière semaine de cette législature. Je vais vous faire un petit peu un bilan des projets de loi qui vont mourir au feuilleton parce que la CAQ ne les aura pas appelés ou les a tout simplement laissé tomber : le projet n° 18, Loi modifiant diverses dispositions en matière de sécurité publique et édictant la Loi visant à retrouver les personnes disparues, mort au feuilleton; projet de loi n° 19, Loi sur les renseignements de santé et services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives, mort au feuilleton; loi n° 27 modifiant les principales lois sur les régimes de retraite du secteur public, mort au feuilleton; le projet de loi n° 30 visant à récupérer des sommes dues à l'État, mort au feuilleton; projet de loi n° 23 sur la dénomination et la responsabilité de certains ministres et de certains ministères et édictant la Loi sur le ministère des Forêts, mort au feuilleton; 39, sur la réforme du mode de scrutin, même chose; Loi visant principalement à améliorer l'accès à la justice en simplifiant la procédure civile de la Cour du Québec et en réalisant de la transformation numérique de la profession notariale, mort au feuilleton.

Et dernièrement, vous l'avez vu, le gouvernement a déposé des projets de loi qui vont aussi mourir au feuilleton : projet de loi n° 41, Loi modifiant la Loi sur les agronomes, on en a parlé beaucoup, de l'affaire Louis Robert, il y a eu une commission, on est allés même en Europe, les parlementaires sont allés voir ce qui se passait, et on arrive en fin de session et on nous dépose un projet de loi qui ne sera pas adopté et qui aurait véritablement fait une énorme différence en l'agriculture; même chose aussi, Loi visant à principalement assurer la révision des redevances exigibles sur l'utilisation de l'eau, encore une fois, une épiphanie de la CAQ, on comprend que la richesse… une des richesses les plus fondamentales du Québec, c'est son eau, et on décide de vouloir légiférer, mais on ne le fait pas, on va... le projet de loi sera appelé probablement cette semaine, mais on va manquer de temps, évidemment; et le dernier et non pas le moindre, Loi visant notamment à plafonner le taux d'indexation des prix des tarifs de distribution d'électricité, donc ce que la CAQ nous dit, c'est : Donnez-nous un mandat… un mandat de correction pour corriger une erreur qu'on a faite, c'est-à-dire de fixer les tarifs d'Hydro-Québec avec l'inflation, donc ça va être déposé cette semaine, évidemment, ça ne sera pas appelé. Donc, vous avez compris que le gouvernement fait un peu exprès, sur des enjeux aussi fondamentaux comme l'agriculture, comme l'eau, bien, on est à la dernière minute et on ne sera pas capables de débattre et d'adopter ces projets de loi là.

Ce qu'il nous reste aussi cette semaine, projet de loi n° 37. Ça avance quand même assez bien, mais il y a un os, la clause F, les partis ne sont pas à la même place. Donc, j'ai hâte de voir de quelle façon la ministre de l'Habitation va faire les arbitrages. Ma collègue Méganne Perry Mélançon siège ce matin, on va siéger mardi et mercredi, j'espère qu'on ne manquera pas de temps, puisque c'est attendu : avant que le gouvernement fasse amende honorable et comprenne qu'il y a une crise du logement, déposer ce projet de loi là était une chose à faire, les gens l'attendent, le droit de préemption, entre autres, et surtout, pour la protection des OBNL. Donc, on espère qu'on va être capables d'y arriver. Projet loi n° 38 aussi, on collabore bien. Séance de travail vendredi, les légistes ont travaillé toute la fin de semaine pour réécrire certains articles qui étaient, à notre avis, mal écrits, donc le travail continue, mais j'espère qu'on ne manquera pas de temps. On espère être capables de l'adopter, mais, si on n'est pas capables, c'est parce que le gouvernement aura attendu la dernière minute et mal ficelé ses choses.

En terminant, avant de laisser la parole à mon chef parlementaire, je veux vous parler de la réforme parlementaire. Parce que, si on arrive, cette semaine, avec, dans la plupart des cas, une adoption sur des projets de loi pour lesquels on s'est entendus, c'est parce que le Parti québécois a mis sur la table, aussi, de condition à l'adoption, selon la procédure telle que connue, au moins l'adoption d'une réforme parlementaire.

À travers toutes ces années qu'on a travaillé, il y a certaines choses qui ont fait consensus, pas tout, et le président nous a préparé, un peu, un document qui résume en quoi on a un consensus à l'Assemblée nationale : on a un consensus, notamment, pour les horaires au salon bleu et en commission - horaires qu'on a testés pendant la COVID - pour une meilleure conciliation travail-famille, donc, ça, il est entendu, ce nouvel horaire-là; le dépôt électronique aussi des documents et la transmission de documents en commission parlementaire; d'augmenter le nombre de déclarations de députés à 12; l'interpellation du ministre, du vendredi, mais cette fois-ci, sous forme de crédits, donc, vraiment question-échange, de façon plus formelle; la mise en place, et ça, c'est important, d'une commission saisie d'un mandat d'importance par législature, vous l'avez vu, cette année... pas cette année, pardon, mais pendant cette législature, on a fait des commissions spéciales, donc dans la nouvelle réforme parlementaire, on veut instituer qu'à chaque législature il y aura au moins un sujet d'actualité publique qui devrait être soumis à une commission spéciale; les crédits à 120 heures, on les a testés pendant la COVID aussi, donc, ça, ça fait l'unanimité; et aussi un projet pilote pour permettre le vote électronique.

Donc, ce que je dis à Simon Jolin-Barrette ce matin, c'est que, quand on s'est rencontrés, les leaders, on a mis sur la table des propositions, lui aussi a fait des propositions pour qu'on atterrisse certains projets de loi, pour qu'on s'entende, pour qu'on donne notre consentement. Parce que c'est ça qu'il faut dire, là : 37, 38, ça a pris le consentement des oppositions pour avancer parce qu'ils l'ont déposé tardivement. La contrepartie du Parti québécois, c'était d'au moins, d'adopter le consensus qui était autour de la table pour la réforme parlementaire. J'espère que M. Simon Jolin-Barrette le fera avant la fin de cette session. Donc, je cède maintenant la parole à mon chef parlementaire Joël Arseneau.

M. Arseneau : Merci beaucoup, Martin. Écoutez, c'est la dernière semaine de la session, c'est aussi la dernière semaine de la 42e législature. Alors, évidemment, quand on regarde les quatre dernières années du point de vue du Parti québécois, on a la satisfaction du devoir accompli. Avec les ressources qu'on avait et la qualité des députés, aussi, représentés à l'Assemblée nationale, on a fait notre travail. Et on a toujours dit qu'on l'a fait de façon constructive, de façon critique, mais on a voulu être une opposition de propositions et on en a fait plusieurs.

Ce qu'on va faire aussi aujourd'hui, et je ne veux pas devancer le bilan qu'on fera à la fin de la semaine, on doit aussi reconnaître que, comme gouvernement, la CAQ devra aussi faire son bilan. Et on a commencé à le faire, nous, pour eux, et je vous invite à aller visiter le site Web Le vrai bilan, où on passe en revue, là, véritablement les réalisations du gouvernement de la CAQ au cours des quatre dernières années : si c'est, par exemple, sur son rapport au fédéral, dans la fédération canadienne, sur les 21 demandes qu'il nous présentait avant d'être le gouvernement, il n'y en a absolument aucune qui a donné des résultats, ça parle; en matière d'environnement, on a un plan de réduction de gaz à effet de serre qui est minimal et on a la moitié des moyens qui sont identifiés pour y arriver; en matière de santé, on a vu que les choses avaient continué de se dégrader pendant quatre ans, et, à la fin du mandat, il nous présente un plan pour les quatre prochaines années - on a le nôtre, on l'a présenté hier et on pense qu'il est beaucoup plus pragmatique et réaliste et qu'il répond davantage aux besoins des Québécois; on pourrait vous faire aussi le bilan de l'intervention de la CAQ pour le soutien des régions, là encore, on avait promis des emplois en région, on n'a pas atteint les objectifs. Et on pourrait continuer encore longtemps.

Et on va d'ailleurs en profiter cette semaine pour continuer à discuter des vrais enjeux de la gouvernance caquiste et dans une perspective, évidemment, où l'été sera propice pour les débats politiques en prévision de la campagne électorale de l'automne. Merci.

La Modératrice : On va prendre les questions. Une question, une sous-question.

M. Duval (Alexandre) : Vous parlez du rapport du gouvernement avec le fédéral. On a vu hier que Steven Guilbeault a confirmé qu'il y aurait une évaluation environnementale fédérale pour le projet de troisième lien, est-ce que c'est là une bonne nouvelle, selon vous?

M. Arseneau : Bien, nous, on préférerait qu'il n'y ait pas d'étude fédérale parce qu'on préférerait qu'il n'y ait pas de troisième lien, d'autant plus qu'il n'y a pas d'étude qui a été déposée pour prouver que ce troisième lien là pourrait être nécessaire ou même réaliste ou réalisable. Alors, encore une fois, on voit que ce projet-là ne mène nulle part, est mal ficelé. Puis le fédéral veut se faire entendre sur des prérogatives en matière d'environnement où tous les partis s'entendent que ce devrait être plutôt les lois québécoises qui s'appliquent en matière d'environnement. C'est d'ailleurs mon collègue Sylvain Gaudreault qui en a fait la proposition, le projet de loi a été appelé par le gouvernement, ce qui est exceptionnel, malheureusement, on ne pense pas qu'il soit adopté. Donc, l'intervention du fédéral dans les compétences québécoises, on est absolument contre, mais l'intervention québécoise dans les compétences québécoises pour mettre ce projet-là au rancart pour de bon, c'est ce qu'on souhaite.

M. Duval (Alexandre) : ...toutes les oppositions sont d'accord que ce projet-là n'est pas bon, c'est ce que vous dites…

M. Arseneau : Oui, et même certains candidats de la CAQ semblent avoir aussi des doutes sur ce projet-là.

M. Duval (Alexandre) : On verra plus tard. Est-ce que c'est quand même une bonne nouvelle, que le grand frère fédéral, dans ce cas-ci, mette son pied à terre puis dise : On va l'évaluer? Parce qu'actuellement vous n'avez pas le pouvoir de le bloquer, ce projet-là.

M. Arseneau : Bien, disons que, le fédéral qui intervient dans les compétences québécoises ou sur le territoire québécois, ce n'est jamais une bonne nouvelle.

Journaliste : …mais ça pourrait vous servir?

M. Arseneau : L'existence même du gouvernement fédéral dans des compétences qui devraient appartenir entièrement aux Québécois, pour un indépendantiste comme je suis, ce n'est jamais une bonne nouvelle. La meilleure nouvelle, ce serait que l'on fasse l'indépendance. Alors, le fédéral, on le tient le plus loin possible des dossiers.

M. Duval (Alexandre) : …c'est peut-être le fédéral qui peut empêcher le projet de se faire et qui pourrait mettre un bâton dans la…

M. Arseneau : Moi, je pense que ce sont les Québécois eux-mêmes qui rejetteront le projet de troisième lien. Je pense même que le gouvernement… si jamais il était reporté au pouvoir, le gouvernement lui-même va mettre ce projet-là de côté parce qu'il va, un jour, s'apercevoir que ça n'a pas de maudit bon sens, de la même façon que le REM de l'Est a été mis au rancart.

Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce que vous demandez, donc, au fédéral de laisser tomber son étude environnementale?

M. Arseneau : Moi, je demande au fédéral de se mêler de ses affaires le plus souvent possible. Et particulièrement en matière d'environnement, le fédéral n'a aucune leçon à nous donner, on va tous s'entendre là-dessus. Maintenant, je demande aussi au gouvernement du Québec de nous déposer des études comme quoi le projet de troisième lien est solide, réalisable et, sur le plan environnemental, se tient. Et je pense qu'il est incapable d'en faire la démonstration.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que ce projet-là, de troisième lien, va nuire à la CAQ, en campagne électorale, ou ça va l'aider?

M. Arseneau : Ah, bien, je ne vois pas comment un projet irréaliste, ruineux et, sur le plan environnemental, qui est catastrophique pourrait aider un gouvernement ou un parti à se faire élire. Bien, en fait, je pense que cette conclusion-là, là, la majorité des Québécois l'a déjà tracée, le gouvernement se dirige vers ça, tranquillement, pas vite, j'en suis convaincu.

Mme Plante (Caroline) : Ça va être un enjeu électoral, donc?

M. Arseneau : Bien, c'est clairement un enjeu électoral : ce qu'on avait promis, c'est un troisième lien, on avait promis que les travaux commenceraient avant la fin du mandat. Alors, on attend encore les études pour savoir si ce projet-là a du bon sens, puis on a eu trois moutures ou quatre, je ne sais plus, là, on perd le compte, et puis, on a joué avec les chiffres, puis on a joué avec les tracés. Mais on joue avec la patience des gens aussi et avec leur crédulité, à un moment donné, ça n'aura qu'un temps.

Mme Côté (Claudie) : Éric Caire avait mis son siège en jeu là-dessus, est-ce qu'il doit laisser sa place?

M. Ouellet : Bien, moi, j'aurais peur, à sa place, parce que ça a été dit. Puis, pour lui, c'était une condition sine qua non de son engagement à la CAQ et d'être député. Donc, on ne sera pas dupes, là, ils ne vont pas nous envoyer une feuille en disant : Bien, écoutez, on a un fonctionnaire qui a été engagé sur le bureau de projet, il a déjà produit un rapport, on a débuté les travaux. Je pense que M. Caire devra répondre à ses citoyens c'est quoi, pour lui, vraiment, concrètement, le premier pas vers le troisième lien. Parce qu'il a vraiment dit qu'il mettrait son siège en jeu, alors j'espère qu'il sera conséquent. Pour moi, un rapport fait par un fonctionnaire et une pelletée de terre, c'est une énorme différence quant à la volonté d'un gouvernement de faire les choses.

M. Pilon-Larose (Hugo) : En cette dernière semaine de session et dans l'état actuel des choses pour votre parti, pouvez-vous prétendre que vous êtes un gouvernement en attente?

M. Arseneau : Bien, en fait, nous, on a toujours pour objectif de former le gouvernement. C'est le propre du Parti québécois et d'une formation politique qui va présenter 125 députés... candidats. Et on souhaite... nous, on ne souhaite pas avoir 125 députés, hein, une majorité, ça ferait bien notre affaire, contrairement au gouvernement au pouvoir. C'est la raison pour laquelle on va présenter une plateforme complète dans tous les domaines. Et les campagnes électorales comptent, vous savez, rappelez-vous, là, la campagne électorale de 2015 au fédéral, là, qui était le premier ministre, selon les sondages : le commentateur à TVA QUB et Journal de Montréal, M. Mulcair. Bien, alors, tout peut arriver.

M. Carabin (François) : M. Arseneau, êtes-vous d'accord avec les propos de Mme Alice Lévesque tenus dans une lettre adressée à l'ex-premier ministre Lucien Bouchard?

M. Arseneau : Oui.

M. Carabin (François) : En quoi? Développez.

M. Arseneau : Bien, en fait, vous voyez, elle exprime sa colère, alors je n'ai pas à juger de la colère de la sœur du premier ministre Lévesque. L'argumentaire qu'elle élabore, ce que j'en comprends, c'est qu'elle dit que le rôle de président des festivités du 100e anniversaire de René Lévesque exige une certaine réserve… de rendre hommage au personnage plus grand que nature que fut René Lévesque, à ce premier ministre qui a été le fondateur du Parti québécois qui, grâce au Parti québécois, a gagné le pouvoir en 1976 et a fait des réformes absolument extraordinaires qui sont toujours reconnues comme étant la deuxième Révolution tranquille essentiellement. Alors, aujourd'hui, de la part de l'ancien premier ministre Bouchard, de se servir de cette tribune qui est... qu'on lui a offerte dans le cadre du lancement des festivités pour, disons, faire une certaine évaluation du Parti québécois de René Lévesque et de commenter sur le Parti libéral comme quoi ce parti-là doit demeurer, il y avait quelque chose là d'assez ahurissant. Et que Mme Lévesque se prononce, je pense que c'est dans l'ordre des choses. Qu'elle se sente, en fait, un peu, disons, décontenancée par le fait qu'on tente de dissocier le rôle de première importance pour le Québec de René Lévesque, du parti qu'il a créé et qui lui a permis d'avoir un rôle prépondérant dans l'histoire du Québec, il y a quelque chose là qui, effectivement, nous rend perplexes et je partage le point de vue de Mme Lévesque là-dessus.

M. Laberge (Thomas) : Le PQ de René Lévesque... est-ce que le Parti québécois est encore celui de René Lévesque?

M. Arseneau : Bien, le PQ de René Lévesque était un parti social-démocrate, était un parti qui faisait la promotion de l'indépendance, était un parti composé de militants, tout d'abord; c'est un parti démocratique, et il l'est encore à tout point de vue. Alors, nous sommes les héritiers de René Lévesque et, évidemment, de son parti, et, je dirais, de ses valeurs, et je vous mets au défi de prouver le contraire.

M. Duval (Alexandre) : Est-ce que votre chef a parlé à M. Bouchard?

M. Arseneau : Je ne le sais pas, je ne pourrais pas...

M. Carabin (François) : Mais quel est l'état de vos relations avec M. Bouchard? Est-ce que les ponts sont rompus?

M. Arseneau : Bien, moi, j'ai rencontré M. Bouchard lors de l'inauguration de la statue de M. Parizeau et je l'ai salué, je lui ai serré la main. Je n'ai pas eu l'occasion de travailler avec M. Bouchard dans le passé. Donc, j'ai un très grand respect pour l'homme et ce qu'il a accompli, j'ai un désaccord sur les propos qu'il a tenus. Ça, c'est mes relations avec M. Bouchard. Je ne pourrais pas me prononcer pour Paul St-Pierre Plamondon dans ce dossier-là, on n'en a pas... on n'a pas eu l'occasion d'en discuter ensemble.

M. Duval (Alexandre) : Comment vous expliquez-vous que les anciens de votre formation politique soient parfois si durs envers vous? Ce n'est pas la première fois qu'on voit une situation comme celle-ci.

M. Arseneau : Bien, écoutez, je vais m'inspirer des propos de Mme Lévesque, qui évoque le fait que le parti démocratique qu'est le Parti québécois et ses membres ne se sont jamais gêné pour mettre de la pression sur leurs chefs, pour parfois les critiquer et les critiquer durement. Et il est possible que certains en ressortent avec certaines blessures, une certaine amertume et offrent des propos critiques envers le parti qui les a parfois malmenés, mais ça, c'est le propre d'un parti démocratique où les débats sont permis…

Des voix :

M. Arseneau : …où on ne reçoit pas de script lorsqu'il y a un panel et puis que les gens puissent poser des questions eux-mêmes.

M. Laberge (Thomas) : Vous ne pensez pas que vous avez un examen de conscience à faire, quand même, là? M. Bouchard a été très dur avec le Parti québécois, puis les sondages ne sont pas très forts. Vous ne pensez pas que vous avez un examen de conscience? Vous dites : Il y a des gens qui nous critiquent, on dirait que ça...

M. Arseneau : Bien, je ne vois pas le lien entre les propos du premier ministre Bouchard et le fait qu'on puisse ne pas caracoler dans les sondages et avoir un examen de conscience. Il y a quatre ans, on a subi, et je ne vous apprends rien, là, une défaite cinglante. Ce qu'on a fait, c'est qu'on s'est retroussé les manches et on a reconstitué le parti sur la base du vœu des militants d'axer vers l'indépendance. On a aussi élu un nouveau chef, on a également revu les statuts, on a adopté un projet national, on est en train de mettre la dernière main à une plateforme électorale et on aura 125 candidats aux prochaines élections et on a un financement qui va bien. Alors, l'idée n'est pas de faire un examen de conscience, l'idée est de se donner une organisation qui puisse faire valoir un certain nombre de valeurs, un certain nombre de points de vue et qui a une offre distincte, sur le plan politique, de tous les autres partis.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais pourquoi la CAQ réussit à drainer… à siphonner autant de vos anciens membres, vos anciens députés, même votre ancien personnel politique?

M. Arseneau : Écoutez, je vous dirais que nous, au Parti québécois, on est des péquistes indépendantistes, il y a des gens qui sont plutôt fédéralistes et il y en a d'autres encore qui peuvent être tentés par un certain opportunisme. Je pense que c'est la réalité.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Serez-vous candidat, M. Ouellet? Je ne sais pas si j'ai vu… si j'ai manqué l'information, mais serez-vous candidat aux élections?

M. Ouellet : Je suis présentement à Québec cette semaine et je vais faire connaître ma réponse au courant de la semaine prochaine du côté de ma circonscription.

La Modératrice : Une dernière en français, s'il vous plaît.

M. Carabin (François) : C'est quoi, le legs législatif de la CAQ, après quatre ans de législature?

M. Ouellet : C'est quoi, le legs? Moi, je peux vous dire que pendant ces... puis, tu sais, je comprends qu'il y a un contexte pandémique, là, tu sais, je veux dire, on a essayé de faire des projets de loi aussi à distance puis par Teams, puis ce n'était peut-être pas l'idéal, là. Mais je me rends compte que, sur de grands enjeux, ils ont tardé à agir, et lorsqu'ils ont agi, ça a été mal fait. On a dû, à plusieurs reprises, en commission parlementaire, réécrire, des fois, des grands bouts de la loi parce que le travail avait été botché en certains cas. Donc, pour moi, là, comme législateurs, puis mes collègues pourront en témoigner pour avoir participé à d'autres projets de loi, des fois, c'était bien fait, mais pas tout le temps, et on devait...

Mme Côté (Claudie) : Vous avez sauvé les meubles...

M. Ouellet : Bien, c'est le travail de l'opposition, de s'assurer qu'on adopte la meilleure loi possible même si on vote contre. Mais je vois le travail que ma collègue fait, présentement, dans l'aide médicale à mourir, je vois que ma collègue aussi, quel travail qu'elle va faire auprès de l'Habitation. Il y a, des fois, à vouloir faire vite, à vouloir plaire, hein, puis à être beaucoup dans le marketing, ça manque de profondeur, ça manque de suspense... ça manque de substance, pardon, et pas de suspense. C'est ce qui fait qu'on manque de temps puis qu'on doit remettre le travail à demain et continuer. Puis le meilleur exemple que je pourrais donner, c'est le plan aérien, je veux dire, ça a été un plan marketing, on l'a décrié, d'autres acteurs l'ont décrié aussi. Donc, quand on veut faire vite puis qu'on veut frapper l'imaginaire, peut-être qu'à court terme ça a une portée chez les citoyens et citoyennes, mais lorsqu'on fait des lois, lorsqu'on légifère, lorsqu'on a un impact sur la vie des gens pour les décennies à venir, je pense qu'il faut prendre le temps… il faut qu'on prenne le temps de faire ça adéquatement. Et je pense qu'une chance que la CAQ a eu de l'opposition pour s'assurer qu'on faisait bien les choses.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...l'importance des oppositions, pour les quatre prochaines années, justement, quand le premier ministre dit : Je veux un mandat encore plus fort?

M. Ouellet : Oui, puis je pense que tout le monde est d'accord que ça ne prend pas une hégémonie d'un seul parti unique, je pense que ce n'est pas ce que le Québec a besoin. Le Québec a besoin d'oppositions parce que c'est ce qui force un gouvernement à être meilleur… à le repousser dans ses tranchées. On l'a fait avec le projet de loi n° 96, entre autres : je pense que, si le Parti québécois n'avait pas été là, la CAQ n'aurait pas été si loin sur la langue française parce qu'il n'aurait pas été challengé ni par Québec solidaire ni par les libéraux.

Donc, le Parti québécois a fait son travail, va continuer de le faire assurément. Évidemment, mon collègue… on aspire à former le gouvernement, mais qu'on soit au gouvernement ou dans l'opposition, on a une seule chose qui nous habite : la justesse de bien servir nos citoyens et citoyennes. Et lorsqu'il vient le temps de faire...

Mme Lajoie (Geneviève) : C'est quoi, le risque d'un parti trop fort? C'est-à-dire qui a trop de députés, qui est trop représenté à l'Assemblée nationale, c'est quoi, le risque?

M. Arseneau : Oui, bien, en fait, moi, je voudrais juste compléter la réponse de mon collègue, avec laquelle je suis complètement d'accord. Bien, je pense qu'aujourd'hui ce à quoi aspirent les Québécois… et le Québec, en fait, dans toute sa diversité devrait être représenté à l'Assemblée nationale. C'était l'essence même de la réforme du mode de scrutin et de l'engagement que nous avions pris, le Parti québécois, Québec solidaire, mais également la Coalition avenir Québec. Et là, ce qu'on voit, c'est non seulement que le gouvernement n'a pas respecté ses engagements en matière de réforme du mode de scrutin… le nouveau mode de scrutin, selon l'entente, devait être mis en oeuvre pour la prochaine élection, donc non seulement on a reculé sur cet engagement pour donner la parole et une voix à toutes les tranches de la société au Québec dans son Parlement, mais là, on en vient à avoir un discours qui dit : Il faudrait tuer toute espèce de velléité, de contre-pouvoir ou de contre-argumentaire de la part des Québécois. C'est vraiment le virage que la CAQ a procédé… a fait, et c'est très, très contraire à nos valeurs et je pense que ça peut être, effectivement… ne serait-ce que de tenir un discours comme celui-là est contraire à la démocratie telle qu'on veut l'incarner, nous.

La Modératrice : On va passer en anglais, s'il vous plaît.

Mme Senay (Cathy) : Mr. Arseneau, good morning.

M. Arseneau : Good morning.

Mme Senay (Cathy) : Would you qualify Bernard Drainville as a defector?

M. Arseneau : I haven't worked with Bernard Drainville at all. And what I know of him is that he was one of the most implicated sovereigntists or independentists in the movement when he was a Cabinet Minister and MNA, to such an extent that he wanted to be the head of the Parti québécois to lead Québec to its independence. So, now, where is he at, I don't know. But how could you, you know, change your profound convictions and values to such an extent that you would adhere to «la Coalition avenir Québec» and embrace federalism? That's what I question, that's what I wonder : will he have the decency to say where he stands, if he's still, if he's still a fervent independentist? That's what I expect of him and we'll see how profound his values and convictions are.

Mme Senay (Cathy) : Some political analysts say that Bernard Drainville, being a new candidate for the CAQ, is basically a coup de grace for the PQ.

M. Arseneau : It's hard for me to share the analysis… this kind of analysis with you. Because Bernard Landry wanted to be head of the Parti québécois, he, you know, didn't get the support...

Mme Senay (Cathy) : ...Bernard Drainville?

M. Arseneau : Bernard… What did I say?

M. Ouellet : Bernard Landry.

Mme Senay (Cathy) : Landry.

M. Arseneau : No link whatsoever. Okay, I start. No, Bernard Drainville wanted to be head of the Parti québécois and so, he quit because he didn't make it, right? And, as far as I know, he was no longer part of the Parti québécois for the past five years, and he was a commentator… a public commentator, and wasn't particularly friendly towards our cause or our party. So, basically, do we have, this week, someone who was with us, who, you know, crossed the line to join another party? In my mind, he was already far away from the Parti québécois for many years, so I don't see what the bid deal is. The big question is : Was he a commentator while he was negotiating and commenting politics while he was already, you know, negotiating a Cabinet Minister position, as some people say, before he was even candidate?

Mme Senay (Cathy) : But since Friday morning, Bernard Drainville has been… has become a source of complete distraction for the CAQ. So, how… what do you wish for the CAQ, right now? Because they've been spending hours dealing with this and being completely surprised by what happened in the media, you know, attention deserved to Bernard Drainville.

M. Arseneau : Well, but I understand that they have… some of the CAQ members, you know, MNAs wonder if, you know, Bernard Drainville still believes in independence, still has this idea that Québec should be independent and, moreover, still wants to be prime minister. And, you know, we all know that all of Bernard Drainville's close collaborators are all at the PM's Office for a number of years, so they must be happy to see Bernard go back or to work with them. But I understand that some others in the party must be fearing that Bernard Drainville will make his way into their ranks, for many reasons, and particularly, you know, for his goals and aspirations that we should know more about in the coming hours.

Mme Senay (Cathy) : And one last question about Alice Lévesque's letter. Gilles Duceppe was explaining, at 24/60, last evening, the number of times that the Bloc québécois was supposed to be dead, the number of times that PQ was supposed to be dead. Is Lucien Bouchard becoming a source of motivation to prove everybody's wrong at the PQ?

M. Arseneau : Well, I wouldn't say it's a source of motivation. It's certainly a disappointment to see someone who became a prime minister, who was, you know, cohead of a referendum, Yes camp in the referendum in 1995, turn his back, to some extent, to the Parti québécois that was, you know, the reason why he's well-known and appreciated in Québec. So, we're disappointed, but we're not in any way motivated by, you know, I'm going to say, you know, negative comments towards us. We'd like Lucien Bouchard to be... you know, to keep his distance and not, you know, comment the polls or the political situation while he's supposed to be promoting René Lévesque's 100th anniversary year. I mean, he has the right to comment, obviously, the news, but it was made in an interview that was supposed to be promoting, you know, the year, as a president, and so, we believe that he probably went too far in commenting the news. But, you know, we're turning the page and we'll move on to what we have to do.

Mme Plante (Caroline) : ...M. Arseneau, vos commentaires sur Bernard Drainville, brièvement? Un résumé de ce que vous avez dit en anglais?

La Modératrice : Rapidement, en français.

M. Arseneau : Oui, oui, bien, très rapidement. Bien, j'ai dit que je n'ai pas travaillé personnellement avec Bernard Drainville, mais je le connais comme étant un fervent indépendantiste et, essentiellement, quelqu'un qui voulait devenir chef du Parti québécois et devenir premier ministre. Maintenant, où il se situe aujourd'hui, je ne le sais pas, mais j'espère entendre, durant la conférence de presse, quelles sont ses valeurs profondes. Je l'aimerais prononcer le mot «indépendance», également, à défaut de quoi on pourrait conclure que la Coalition avenir Québec ne permet aux gens, véritablement, de s'exprimer dans leurs convictions profondes que s'ils sont fédéralistes alors que les indépendantistes, eux, doivent conserver leurs convictions profondes et leurs valeurs pour eux-mêmes.

Alors, on verra ce que M. Drainville a à dire et puis, pour le reste, on sait qu'il a... que tous ses proches collaborateurs sont maintenant au bureau du premier ministre, alors j'imagine qu'ils vont applaudir son arrivée au sein de la CAQ. Et, s'il était élu, on peut comprendre pourquoi certains députés, certains ministres, même, de la CAQ se sentent un peu inconfortables, s'ils sont fédéralistes d'abord, et s'ils se sont ambitieux d'autre part.

Mme Lajoie (Geneviève) : Tout à l'heure vous, avez dit de gens qui sont partis du PQ pour s'en aller à la CAQ… vous avez parlé d'opportunisme. Est-ce que vous qualifieriez M. Drainville d'opportuniste?

M. Arseneau : Oui, dans la mesure où il veut saisir l'opportunité de profiter de l'apparente popularité indétrônable de la CAQ pour pouvoir se rapprocher du pouvoir. Alors, pour moi, je pense que, pour lui, c'est une opportunité qu'il voit comme étant positive sur le plan personnel, comme il voyait, sur le plan personnel, une opportunité positive de devenir chef du Parti québécois et de faire accéder le Québec à l'indépendance. Mais je trouve que les deux différents moments de sa carrière sont plutôt contradictoires sur le plan des valeurs et des convictions.

La Modératrice : Merci beaucoup.

M. Arseneau : Merci.

(Fin à 10 h 33)

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