(Huit heures vingt-cinq minutes)
M. Bérubé : Merci. Merci
d'être si nombreux ce matin. Un sondage paraît, ce matin, concernant la loi 96,
concernant la langue. On y apprend que seulement 22 % des Québécois
estiment que la loi 96, que le gouvernement Legault a fait adopter, est
suffisante pour renverser le déclin du français au Québec. Avant de parler d'immigration,
avant de parler de la Louisiane, avant de parler de la survie de la nation
québécoise, est-ce qu'on peut parler du projet de loi n° 96,
qui est une faillite, qui ne permettra pas de renverser le déclin du français?
Alors, le gouvernement a lamentablement échoué, et les Québécois considèrent
que ce n'est pas suffisant, qu'en matière de langue ils sont de notre côté, ils
sont avec le Parti québécois.
Alors, toute cette comédie, cette pièce
théâtrale qu'on nous a faite, depuis dimanche dernier, avec la Louisiane, jusqu'à
aujourd'hui, bien, ça démontre essentiellement une chose : le gouvernement
a des leviers sur lesquels il peut agir, il ne l'a pas fait avec la langue. Et
là maintenant, c'est l'immigration. Pour 6 000 personnes, là, l'avenir
du Québec serait en jeu. Bien, je vous annonce qu'on n'embarque pas là-dedans.
Nous, on les veut tous, les pouvoirs en immigration, tous les pouvoirs en
matière de langue, tous les pouvoirs en matière de culture, et là on aura le
socle pour agir convenablement pour le français.
Donc, ce sondage est disponible, on vous
enverra la copie méthodologique, si vous la souhaitez. Elle fait l'objet d'un
article, ce matin, dans Le Journal de Montréal et Le Journal de
Québec. Je cède la parole à Joël.
M. Arseneau : On peut
prendre des questions.
La Modératrice : ...prendre
des questions.
Mme Lévesque (Fanny) : M. Bérubé,
évidemment, la candidature de Bernard Drainville, comment vous percevez ça, au
Parti québécois? Est-ce qu'il déserte ou...
M. Bérubé : La seule
question, c'était : Quand allait-il l'annoncer? J'ai deux questions pour
M. Drainville. Évidemment, vous faites ce que vous voulez, mais je vous
invite à les considérer. Depuis quand sait-il qu'il sera candidat de la CAQ?
Quand a-t-il commencé à négocier sa candidature à la CAQ? Parce que je vous
rappelle que, depuis des années, je suis un de ceux qui écoutent sa chronique
au 98.5, vers 7 heures du matin, et que vous savez tous, les membres de la
tribune parlementaire comme l'ensemble des formations politiques à l'Assemblée
nationale, qu'il a toujours préservé le gouvernement de la CAQ, a été
particulièrement dur à l'égard des partis d'opposition. C'est une réalité que
vous connaissez. Alors, je repose ces questions : Depuis quand sait-il qu'il
est candidat? Quand a-t-il commencé à négocier? C'est une question importante,
qui s'est déjà posée, en 2007, dans le cas de Bernard Drainville aussi, pour ceux
qui s'en souviennent.
Alors, pour le reste, quant aux
explications qu'il fournira sur le fait que, on l'a appris hier, c'est à l'intérieur
du Canada... Sa conversion fédéraliste doit être totalement assumée maintenant,
il va côtoyer de joyeux nationalistes à la CAQ. Je veux dire, il fera ses
explications, comme Caroline St-Hilaire, d'ailleurs, qui vous a évités, toute
la fin de semaine, pour ne pas répondre à vos questions. Mais il y a un moment
de vérité qui viendra.
M. Bossé (Olivier) : ...trahison
pour le PQ, ça, M. Bérubé?
M. Bérubé : Non. Les
gens font leurs choix selon leurs intérêts. D'autres font des choix selon leurs
convictions. Celui qui vous parle fait des choix selon ses convictions.
Mme Côté (Claudie) : Mais qu'est-ce
que vous alléguez? Vous alléguez que c'était un envoyé spécial de la CAQ,
pendant toutes ces années, au...
M. Bérubé : Je pose deux
questions. Libre à vous de lui poser.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
est-ce qu'il manquait, donc, de neutralité dans son analyse, à votre avis?
M. Bérubé : Je vous pose
deux questions. S'il répond à ces questions-là, vous aurez des éléments de
réponse, s'il vous répond franchement.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
en même temps, comme chroniqueur, il n'avait pas nécessairement le devoir d'être
neutre. Il a le droit de donner son opinion. Mais là votre lecture de la
situation, du temps où il avait la chronique, donc, de 7 heures le matin,
vous dites : Il protégeait le gouvernement.
M. Bérubé : J'affirme,
sans aucune ambiguïté, qu'il a été complaisant, et s'est toujours préservé d'attaquer
directement la CAQ, depuis plusieurs années, et qu'il a été particulièrement
dur sur des peccadilles, parfois, sur le Parti québécois et d'autres formations
politiques, ce qu'on ne retrouve pas présentement avec le chroniqueur actuel,
et ce qu'on ne retrouvait pas avec son célèbre prédécesseur.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
ne le portez pas particulièrement dans votre cœur, si je comprends bien?
M. Bérubé : C'est vos
mots.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que vous pensez que c'est opportuniste comme genre d'annonce, de décision?
M. Bérubé : Oui.
M. Gagnon (Marc-André) : Et
le choix de sa circonscription, là, Lévis? La rumeur est forte, là.
M. Bérubé : J'ai appris,
hier, qu'il se présentait dans Lévis, je l'ai appris hier. Et là ça force le...
parce qu'on a appris l'information... ça force François Paradis, président de l'Assemblée
nationale, à se faire bousculer, et à se faire dire : M. Paradis, c'est
ce matin qu'il faut annoncer que vous quittez. Je veux dire, c'est ça, la
réalité. Je n'essaie pas de vous dire autre chose que ce qui est la vérité.
Pour le reste, écoutez, M. Drainville
fera les choix qu'il veut selon ses ambitions. Mais nous, on continue, on est
indépendantistes, on a des convictions. On en est en ligne droite avec les
raisons pour lesquelles on est entrés en politique. C'est le cas de Joël, c'est
mon cas, c'est le cas des 125 candidats qui seront là au Parti québécois.
Je veux dire, on ne peut pas empêcher les gens de faire ce qu'ils veulent dans
la vie, mais je suis convaincu que le public va se poser des questions sur
cette conversion tardive. Et pour le reste, je pense que, si vous voulez
retrouver des convictions sincères, des gens authentiques qui pensent que, si c'est
la meilleure option, l'indépendance, il faut la défendre, bien, continuons de
la défendre.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que ça ne vient pas envoyer un signal que... comme on l'a entendu cette semaine,
peut-être, de M. Bouchard, mais que le Parti québécois n'est peut-être
plus ce véhicule-là pour faire avancer la souveraineté?
M. Bérubé : Alors, ce
serait lequel, le véhicule?
Mme Lévesque (Fanny) : Il
ne l'a pas précisé, mais est-ce que ça pourrait être la CAQ, par exemple?
M. Bérubé : La CAQ?
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que le fait que M. Drainville choisisse la Coalition avenir Québec...
M. Bérubé : On écoutera
ses explications quand il les aura, mais, je veux dire, ça fait très longtemps
qu'on sait qu'il se présente pour la CAQ. Je lui ai posé la question, moi.
Quand il a mis fin à sa chronique le matin, je lui ai posé la question, je l'ai
appelé. Jamais il n'a voulu répondre. Ça aurait été facile de dire : Non,
je fais de la radio... Jamais il n'a voulu me répondre, jamais.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
avez soulevé l'épisode de 2007, justement. Il y a eu beaucoup de questions... autour
de ça, là. Est-ce que, vous, vous aviez une certitude qu'il avait bel et bien
fait son choix avant qu'il fasse sa...
M. Bérubé : Je ne le sais
pas. J'étais candidat en 2007. J'ai vu le reportage comme vous, mais je vous
dis juste que, comment dire, moi, ça n'ébranle pas mes convictions. Je veux
dire, chacun, hier, a rappelé que c'est le nationalisme à l'intérieur du
Canada. Il y a des gens qui auront des explications à donner. Mais moi, je
continue, puis notre équipe, on continue aussi. Et là le monde ne tourne pas
autour de Bernard Drainville, là. Je veux dire qu'il a fait son choix. Alors,
moi, je suis triste pour François Paradis, qui est obligé d'annoncer, en
catastrophe, qu'il quitte, qui est quand même lui qui, encore pour aujourd'hui
et la semaine prochaine, va présider nos débats. Il sait que, sans ménagement,
il faut l'annoncer tout de suite, il faut laisser de la place à
M. Drainville.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que vous avez cru à ses convictions, pour le temps que vous étiez collègues
pendant huit ans ou 10 ans?
M. Bérubé : Oui. Bernard
Drainville a perdu la direction de la chefferie du Parti québécois, puis
ensuite, un à un, ses collaborateurs ont été invités à passer à la CAQ, un par
un.
M. Gagnon (Marc-André) : Et
votre défaite, à l'époque, avec Mme Marois, est-ce que M. Drainville
avait une part de responsabilité là-dedans?
M. Bérubé : Non, je ne
le crois pas du tout. Je n'ai jamais cru que la charte était une raison. Je
l'ai appuyée, puis je l'appuie toujours, d'ailleurs. Moi, j'ai toujours été
fidèle à toutes les décisions que le gouvernement Marois a prises, et encore
aujourd'hui. Et j'ai une pensée pour Mme Marois aujourd'hui.
M. Poinlane (Pascal) : Non, mais
le fait de ne pas avoir amendé la charte, pour aller en élections avec une
charte plus musclée, peut-être, après, gagner les élections.
M. Bérubé : Bien,
c'est-à-dire que notre proposition était claire, on l'a mise au jeu, et les
gens savaient que c'était notre position. La position en matière de laïcité que
propose la CAQ, et qui est maintenant une loi, la loi 21, est très loin de ce
que proposait Bernard Drainville à l'époque, ça n'a rien à voir, là. Je veux
dire... Et là encore une fois, on se retrouve dans une situation où je dois
commenter les raisons de quelqu'un qui ne s'est pas encore prononcé. Je vous
rappelle, Caroline St-Hilaire, est-ce qu'on vous a proposé un scrum, un point
de presse à Drummondville? Non. Il y avait suffisamment d'espace pour ne pas
que vous la croisiez, puis c'est encore le cas aujourd'hui. Alors, que Bernard
Drainville vienne s'expliquer ici. Il est ancien parlementaire, il peut venir
faire un point de presse. Je l'invite, moi, comme parlementaire actuel. Je vais
écouter.
Mme Côté (Claudie) : Mais il
y a quand même beaucoup de souverainistes puis d'anciens péquistes qui
traversent du côté de la CAQ.
M. Bérubé : ...si vous
êtes à la CAQ, vous êtes un ancien souverainiste. Vous êtes maintenant un
fédéraliste.
Mme Côté (Claudie) : Donc,
qui traversent à la CAQ. Est-ce que François Legault avale votre oxygène?
M. Bérubé : Est-ce que
Bernard Drainville passerait à la CAQ si la CAQ n'était pas en avance dans les
sondages?
Mme Côté (Claudie) : Mais je
vous pose la question...
M. Bérubé : Je vous
réponds.
Mme Côté (Claudie) : ...est-ce
que François Legault avale votre oxygène?
M. Bérubé : Ils avalent
quoi? Ils avalent quelqu'un qui va en politique pour ses propres ambitions.
Mme Côté (Claudie) : Mais il
va jouer sur votre terrain. Il va parler de nationalisme, il va recruter des
souverainistes.
M. Bérubé : Nous, on va
parler d'indépendance, puis lui, il va parler de son ami Doug Ford, puis il va
parler du Canada. Je veux dire, quand vous êtes président du Conseil de la
fédération canadienne, comme l'a été M. Legault, on peut présumer que le
club des premiers ministres canadiens t'accepte dans la confrérie des
fédéralistes. C'est comme ça. Je veux dire, c'est des fédéralistes. Geneviève
Guilbault, Pierre Fitzgibbon, Éric Girard, Sonia LeBel et combien d'autres, là,
qui ont des drapeaux canadiens dans leurs bureaux, ici, puis dans leur
circonscription, là, ce n'est pas tout à fait des crypto-indépendantistes.
Alors, je leur souhaite bonne chance avec leur nouvelle candidature.
Mme Lévesque (Fanny) : Comment...
On ne vous a pas entendu, je pense, sur les propos de Lucien Bouchard cette
semaine. Hier, le chef en a parlé...
M. Bérubé : Vous allez
m'entendre maintenant.
Mme Lévesque (Fanny) : ...mais
on avait aussi, ce matin... Radio-Canada avait une entrevue avec Patrice Roy. Il
trouve que ce n'est pas une idée de faire un référendum dans un premier mandat.
M. Bérubé : Moi, je
trouve que ce qui est une bonne idée, c'est d'être indépendantiste, et on est
d'accord là-dessus. Moi, j'ai parlé avec Lucien Bouchard, en privé, lors du
dévoilement de la statue. C'est une bonne idée. Alors, quel parti met de
l'avant l'indépendance? C'est le Parti québécois. Met de l'avant de façon
totalement assumée? C'est le Parti québécois. Mais, je veux dire, quand on
croit une idée, on la défend quand il fait beau puis quand il pleut. Ça fait
15 ans que je suis député, je n'ai jamais dévié. Je ne me considère pas si
spécial que ça. Je pense que ça devrait être la normalité. Mais de me placer
dans des situations où j'ai à commenter ça... Moi, je n'ai jamais dévié.
J'ai énormément de respect pour
M. Bouchard. Il est de notoriété presque publique qu'on est assez souvent
en contact, on a des échanges. Alors, quand Lucien Bouchard s'exprime, j'écoute
toujours. Mais si l'indépendance est si nécessaire, il l'a dit, bien, il faut
continuer d'en parler. Parce que, si le Parti québécois ne joue pas son rôle,
qui va en parler, d'indépendance? Je ne sais pas.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que M. Drainville a perdu votre respect?
M. Bérubé : M. Drainville
aura à s'expliquer, mais je sais qu'il n'a pas pris sa décision hier.
M. Bossé (Olivier) : Mais
ça vous laisse un goût amer. C'est ce qu'on sent.
M. Bérubé : Je n'utilise
pas vos mots. Je trouve... Est-ce que... Je repose les questions. Depuis quand
sait-il qu'il sera candidat? Quand a-t-il commencé à négocier? Et je veux qu'il
offre la bonne réponse.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
M. Bouchard a quand même dit, hier, là, ou avant-hier, que... bon, il a laissé
un peu parler... est-ce que... il a parlé du Parti québécois au passé, est-ce
que c'est encore le bon véhicule. M. Lisée, hier, a dit qu'il avait trouvé que
c'était un manque de respect, de sa part, de parler comme ça. Donc, de ce que
je comprends, vous, vous ne l'avez pas interprété comme ça...
M. Bérubé : Bien, tous ceux
qui ont oeuvré au Parti québécois, qui ont été élus grâce à des membres du
Parti québécois, des sympathisants du Parti québécois doivent se souvenir que
c'est les véhicules qui les ont amenés en politique, y compris M. Legault, qui,
parfois, est très dur à l'égard de son ancienne formation politique. M.
Legault, le Parti québécois lui a permis d'être trois fois ministre : ministre
de l'Économie, en arrivant, ministre de l'Éducation, ministre de la Santé. Le
Parti québécois a très bien travaillé avec M. Legault, l'a mis en valeur. Bien
des gens, bien des gens auraient voulu qu'il soit chef du Parti québécois, moi
le premier. J'y ai travaillé beaucoup à l'époque. ll a fait le choix de
quitter, il a créé sa formation politique, on ne devait plus parler de
Constitution pendant 10 ans. Maintenant, il s'assume à l'intérieur du
Canada. Moi, j'ai une série de déclarations que je lui pose aux crédits Comité
exécutif. Le Québec, pour toujours, est à l'intérieur de la fédération
canadienne. C'est clair, il l'assume. Si vous adhérez à cette formation
politique là, c'est le credo, ça ne peut pas dépasser.
Donc, leur offre est claire, la nôtre est
claire aussi, puis on va la mettre en jeu. Mais dans notre cas, ce n'est pas
nouveau, on s'assume. Et je pense que les gens vont considérer une équipe qui
est authentique et qui ne varie pas son discours selon ses intérêts. Alors,
c'est le «nous», ce n'est pas le «je», au Parti québécois.
M. Gagnon (Marc-André) : ...votre
chef n'est pas là ce matin, mais...
M. Bérubé : Il va être là un
peu plus tard, je pense.
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.
Lors du dévoilement, justement, de la statue de M. Parizeau, Dominique Anglade
n'était pas présente. Est-ce que ça vous a choqué?
M. Bérubé : Bien, elle était
à Matane, elle se cherche une candidature dans Matane. Alors, il est de
tradition que je ne commente pas la régie interne des formations politiques.
Mais on m'a dit qu'elle n'avait pas trouvé sa candidature dans Matane.
Mme Côté (Claudie) : Rapidement,
sur François Paradis. Parce qu'au-delà du fait que vous considérez son annonce
de départ précipitée, peut-être un mot pour lui, là, puisqu'il ne se
représentera pas? Vous l'avez côtoyé, quand même.
M. Bérubé : C'est la deuxième
fois que ça arrive, hein? Il y a des ministres qui ont appris dans le journal,
aussi, qu'il ne se représentait pas, hein? Ce n'est pas la première fois qu'on
bouscule un peu les gens. François Paradis a fait un travail honorable, on est
en mesure de l'apprécier. Je pense qu'il aurait mérité de faire une annonce
après la fin de la session parlementaire, après avoir terminé son travail
exigeant. Ce n'est pas une législature qui est facile. Les leaders sont parfois
surreprésentés dans la période des questions.
Respect pour François Paradis, qui est
quelqu'un que j'admire depuis longtemps. Moi, je lui raconte souvent qu'en 1994
j'étais tout jeune, là, je suivais les élections puis je suivais ses analyses à
TVA, puis tout ça. C'est franchement un homme bon. Vous lirez son livre, si
vous avez l'occasion, c'est vraiment très inspirant. Alors, beaucoup de respect
pour François Paradis. Et... Tu veux rajouter un mot là-dessus?
M. Arseneau : Bien, je
voudrais, si vous permettez, dire un mot aussi sur François Paradis, parce que
je pense que son oeuvre consistait à rapprocher le public québécois des travaux
à l'Assemblée nationale, et de s'assurer que tous aient une voix. Les partis
d'opposition ont eu leur place. Il a tenu tête, souvent, là, à son propre parti
pour s'assurer que les débats se fassent correctement, de façon civilisée. Je
dirais aussi, là, qu'il a travaillé... malheureusement, ce n'est pas terminé,
mais il a travaillé, justement, à moderniser les façons de faire à l'Assemblée
nationale. Lorsqu'il parle de la maison du peuple, comme l'Assemblée nationale
doit l'être, je pense qu'il le croit sincèrement, et qu'il y a travaillé
pendant toutes ces années.
J'ai eu l'occasion aussi de l'accompagner
à quelques reprises dans des missions en Europe, et il a toujours fait preuve
d'élévation, jamais dans la partisanerie. Mais représenter le Québec comme
nation, il l'a fait très, très bien ici, je pense, et aussi dans ses missions à
l'étranger. Et, dernier élément, il a aussi dû gérer l'Assemblée nationale,
comme président, dans une période exceptionnelle, qui était celle de la
pandémie, et il a mis tout son poids pour que l'on puisse reprendre les travaux,
de façon peut-être inédite et difficile, le plus rapidement possible, à
effectifs réduits, et ainsi de suite. Je pense qu'il a été un rouage important
pour nous permettre de fonctionner au cours des quatre dernières années, malgré
la pandémie.
M. Poinlane (Pascal) : Vous,
vous en pensez quoi, de M. Drainville et de sa candidature?
M. Arseneau : Je pense qu'il
y a déjà beaucoup qui a été dit là-dessus. Je partage entièrement les propos de
mon collègue Pascal, à l'effet que monsieur Drainville, c'est à lui de
s'expliquer, c'est à lui de se justifier.
M. Poinlane (Pascal) : Non,
mais est-ce que c'est opportuniste?
M. Arseneau : Bien, je pense
qu'on peut le qualifier comme on veut. Nous, on va se réserver, là-dessus, nos
commentaires pour sa sortie. On va voir comment il va s'expliquer, quand est-ce
qu'il le savait qu'il était candidat. Mais il a clairement été très proche du
gouvernement, ces quatre dernières années, dans ses propos, dans ses façons de
faire, et là qu'il se joigne à la CAQ ce n'est pas particulièrement une
surprise, pour nous, en tout cas.
La Modératrice : ...en
terminant.
M. Bossé (Olivier) : ...la
possibilité de voir le projet de tramway de Québec déclaré illégal? Rapidement.
M. Bérubé : Monsieur Transports.
M. Arseneau : Comment vous
dites ça?
M. Bossé (Olivier) : Sur la
possibilité de voir le projet de tramway, à Québec, déclaré illégal? Il y a un
groupe qui veut, bien, contester ça devant la cour, dire que ce n'est pas
légal.
M. Arseneau : Bien, écoutez,
je pense que ce combat d'arrière-garde n'a pas sa place. Le tramway, c'est un
modèle de transport structurant dont Québec a besoin. Malheureusement, on l'a attendu
beaucoup trop longtemps. La CAQ a retardé la mise en œuvre des travaux. Il ne
faudrait surtout pas que des mesures judiciaires ou des recours aux tribunaux
prolongent encore l'attente pour la mise en place d'un service qui est
nécessaire.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
le maire Marchand laisse entendre clairement que ces gens-là font de la
désinformation, là.
M. Arseneau : Bien, écoutez,
je pense que le maire Marchand a la bonne approche. Il veut défendre ce
projet-là, il estime que l'acceptabilité sociale augmente aussi à Québec. Puis
je pense qu'effectivement il y a un travail d'information à faire pour
convaincre les Québécois qu'on en a vraiment besoin, et ce sera bon pour ceux
qui utilisent le transport collectif comme ceux qui continuent d'utiliser aussi
la voiture. C'est bon pour tous.
M. Gagnon (Marc-André) : Ce
recours-là, est-ce que ça vous apparaît crédible?
M. Arseneau : Pas vraiment, non.
Je ne suis pas juriste, mais ça ne m'apparaît pas crédible, non.
M. Bérubé : Le maire nous
assure qu'il a fait toutes les... j'ai un souci aussi de la Capitale-Nationale...
qu'il a tout en main pour aller de l'avant. Alors, le fardeau de la preuve
repose sur les poursuivants, si je peux l'exprimer ici, les opposants, avec Me
Bertrand.
La Modératrice : On va passer
en anglais.
Mme Senay (Cathy) :
Mr. Bérubé, Mr.
Legault wants to see the PQ dead. He is winning, and
recruiting Bernard Drainville, a former PQ minister and the one who was at the
head of the, well, the Québec secular values charter. He's winning.
M. Bérubé : He's winning what?
Mme Senay (Cathy) :
He's winning…
M. Bérubé :
What kind of candidate?
Mme Senay (Cathy) :
Tell me. But, well, Bernard Drainville
is a high-profile candidate, and you know that, and he's a former PQ minister,
and he's a sovereignist. Mr. Legault is winning, he wants to see the PQ dead
and he's going to win.
M. Bérubé :
Flash news: he's no longer a
sovereignist. Since he's in the CAQ, he has to make sure that he gets rid of
his ex-life. He's no longer a sovereignist, he is a so-called nationalist
inside of Canada. So, welcome, Bernard, try Canada. We don't have any
expectations about Canada. We know how Canada acts to make sure that Bill 21,
Bill 96 can no longer be operational in Québec, and this is the kind of party that you want to join? And, you know what? Ask the question, to the MNAs
of the CAQ, what they feel about Bernard Drainville coming, but separately. Try
this.
M. Grillo (Matthew) : Is he a traitor? Is Bernard Drainville a traitor? Would…
M. Bérubé : No, I don't use that kind of word. I have some tough questions for
him: When he decided to be a candidate of the CAQ, when? Months, year? Since
when he negotiated with CAQ? That's some tough questions, and I hope he gives
the good answers, because, maybe, we have the good answers. So, I'll let him
tell you this. But it's an important question.
You do a though job.
People trusting you as a journalist, as someone who… as commentator, and I feel
that Bernard Drainville was a different commentator, as politics, than Jean
Lapierre was or Jonathan Trudeau. And we have questions.
And I'm not the only one. I know a lot of members of the press, here, are at the same, exactly the same opinion that I have,
because we talked about this. Maybe all of you.
So, he could come here as
an ex-member of Parliament and tell you why he wants to be a candidate of CAQ,
and why now. Because we find out yesterday that he's going to be candidate.
This is why he decided to call his boss later, yesterday.
M. Authier (Philip)
: The fact that he did not go back to his old party, is that a blow
to the party, to the PQ? Does that hurt the PQ's image?
M. Bérubé : PQ is about strong convictions. And, I guess, Bernard Drainville,
it's about his ambition. And I remember that the name of his radio show is
Bernard PM. I guess he's not standing only for "Bernard Afternoon".
Maybe, it's a first step to the after-Legault era. Watch this.
La Modératrice
:
Dernière en anglais…
Mme Senay
(Cathy) :
So,
Mr. Legault should watch this?
M. Bérubé :
He tried to be the leader of Parti québécois, he failed. He was a great
minister. I have a lot of respect for him, but not for this move, oh no! Hell,
no!
Des voix : …
Mme Senay (Cathy) : Mr.
Arseneau… O.K. Allez-y en français, allez-y en français.
Mme Lévesque (Fanny) : Non,
mais vous allez loin, quand même, là. Vous sous-entendez qu'il voudrait être
premier ministre du Québec?
M. Bérubé : Bien, il l'a
voulu, il a été candidat à la chefferie du Parti québécois.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
que son choix, maintenant, s'inscrit dans cette lignée-là?
M. Bérubé : Il y a six mois,
je vous aurais dit : Il veut être candidat de la CAQ. Qu'est-ce qui vous
fait dire ça? À suivre.
La Modératrice : Une dernière
en anglais.
M. Authier (Philip)
: Mr. Legault has to watch his back?
M. Bérubé :
Moi, je pense qu'il y a plusieurs
ministres de la CAQ qui ne sont pas très heureux de ça. Je dis ça puis je ne
dis rien.
Mme Senay (Cathy) :
O.K., one last question to Mr. Arseneau
about François Paradis, what he tried or accomplished to do as a Speaker of the
National Assembly, and
especially during the pandemic.
M. Arseneau :
Yes, exactly, it was a tough time for
the President, and I think he did everything to give all of the parties a voice
and to maintain our democracy, you know, active during the time of the
pandemic. Thanks to François Paradis, we got to go back to the National Assembly earlier than we could have
expected, with, you know, different rules, but he made sure that everyone had a
spot, had a place, had, you know, a say.
And I think he was very,
you know, contributive to, you know, making this House the House of the
citizens, and that was his plea, and he worked on the modernization of our
practices. And I think his heritage will be seen, probably, in the next
legislature, because we couldn't quite finish. But he was certainly convinced
that we had to reach out to the citizens. He did that when he was a TV host and
he did that when he was President, you know, wanting to reach out to the
population for the better of our democracy.
La Modératrice
:
Merci beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 8 h 50)