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Point de presse de Mme Émilise Lessard-Therrien, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques

Version finale

Le jeudi 5 mai 2022, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-huit minutes)

La Modératrice : Bienvenue au point de presse. On va commencer avec une petite prière. Ensuite interviendront, dans l'ordre, Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda Témiscamingue et responsable solidaire en matière d'environnement, Yenny Vega Cardenas, présidente de l'Observatoire international des droits de la nature, et Uapukun Mestokosho, leader innue de l'Observatoire international des droits de la nature.

Mme Mestokosho (Rita) : (S'exprime dans une langue autochtone).

Mme Lessard-Therrien : Wow! C'est dur de prendre la parole après ça. Merci, «tshinashkumitin». Je pense que ces sons-là devraient résonner plus souvent dans les murs de l'Assemblée nationale.

Aujourd'hui, j'ai déposé le projet de loi n° 990, Loi conférant des droits au fleuve Saint-Laurent. C'est à la demande de l'Observatoire international des droits de la nature et de l'Alliance Saint-Laurent, qui sont ici derrière moi aujourd'hui. Un projet de loi pour donner des droits au fleuve Saint-Laurent, constituer un conseil des gardiens du fleuve et un comité d'experts pour assurer sa protection.

Quand on parle de droits, on parle de droits, comme le droit de couler, le droit au maintien de sa biodiversité naturelle, de son intégrité, de remplir ses fonctions essentielles au sein de son écosystème, de nourrir et d'être nourri par des aquifères et affluents, d'être à l'abri de toute contamination. Ça voudrait dire que déverser des eaux usées, rejeter des contaminants ou même surpêcher des espèces aquatiques seraient des infractions à la loi.

Qu'est-ce que serait le Québec sans son fleuve qui traverse le pays de bord en bord, qui transporte, dans ses flots, des millénaires d'histoire? C'est notre bijou national, et on se doit de le protéger. Notre Saint-Laurent, c'est un pays en soi, avec ses habitants, avec la vie qui grouille en dedans, qui grouille en dehors, avec ses bélugas blancs immenses, ses oies qui s'y déposent au tournant des différentes saisons, cette vie magnifique, mais qui est menacée.     Le projet de loi que j'ai déposé ce matin, s'il est adopté, va créer un précédent historique et décisif pour la protection environnementale. Nous nous devons de protéger ce fleuve pour que toutes ses richesses nous survivent longtemps. Merci.

Mme Vega Cárdenas (Yenny) : Bonjour à toutes et à tous. Merci beaucoup, Émilise, d'avoir porté ce projet de loi. Merci beaucoup à Québec solidaire qui soutiennent cette initiative, à la députée Ruba Ghazal qui a cru en nous depuis 2018, qu'on avait cette idée et ce rêve. C'est émouvant, c'est vraiment historique d'avoir le projet... Bien non... Merci. C'est vraiment le... qui nous... qui nous apprend à voir qu'on est interdépendants avec le fleuve, qu'on peut changer le paradigme. On peut changer le paradigme. Le fleuve, ce n'est pas une poubelle. Le fleuve est vivant, vivant, et on fait partie de ce fleuve.

On a les enfants, aujourd'hui, avec nous, qui sont les gardiens en herbe, avant les gardiens légaux, les gardiens ancestraux qui ont veillé pour garder ce fleuve vivant depuis des millénaires. Et puis on a aussi une alliance qu'on a construite, on a bâtie… comme avec des chercheurs qui vont devenir la voix du fleuve avec les savoirs ancestraux, parce qu'ils vont aller de l'avant et vont travailler de la main pour avoir une protection holistique du fleuve, pas séparée, parce qu'on n'en a pas un, ou deux, ou trois, ou quatre fleuves, on en a un avec tous ses bras. Et c'est ça que les Innus nous ont appris, à voir la nature avec d'autres yeux. Et toutes les différentes nations y voient une entité vivante.

Je souligne aussi la présence d'Eau Secours!, de Rébecca Pétrin qui est une guerrière qui milite pour l'accès à l'eau à toutes et à tous, le droit à l'eau et à l'assainissement, et toutes les municipalités qui se sont jointes à cette alliance, 15 municipalités riveraines qui demandent au gouvernement d'avoir les moyens pour assainir les eaux, donc de respecter ses responsabilités avec le fleuve. Certains disent que le fleuve, il devrait avoir des responsabilités aussi, eh oui!, il a des responsabilités, il nous abreuve. C'est la maison pour milliers des espèces vivantes. Il régule le climat. C'est la moindre des choses de nous… d'assumer comme humains nos responsabilités vis-à-vis cette entité vivante.

C'est un projet de loi rassembleur. C'est un projet de loi aussi qui invite la science, c'est pour ça qu'il va y avoir un comité scientifique. Nathalie Gravel, de CentrEau, est ici avec nous, qui nous a appuyés depuis le début, qui a une grande sensibilité pour protéger le fleuve, EcotoQ, avec son directeur, également, qui protège les écosystèmes aquatiques, qui nous illustre et nous illumine avec... face aux menaces que doit subir cette entité vivante, Isbath qui est venue avec lui aussi, c'est la coordinatrice d'EcotoQ, et puis mon équipe, Louis Gabriel qui nous parle de son expérience vivante comme biologiste et géographe, et Alexandra, avec... de rencontrer différentes nations, et Inès qu'on a commencé le projet au Costa Rica depuis 2018. Et puis toutes, toutes ces personnes-là, Rébecca et puis Rita, Uapukun, qui nous a vraiment appris ce lien intrinsèque qui existe entre l'eau et nous.

Donc, vous avez vu des enfants aujourd'hui. Ils sont les gardiens en herbe. C'est un projet du Semoir et d'Arbre-Évolution qui les ont amenés et qui vont probablement travailler avec aussi d'autres communautés pour faire un échange d'enfants, un échange de visions, un échange des cultures.

M. André Stainier plaidait, en son vivant, pour un véritable statut pour le fleuve Saint-Laurent. Et le voilà, voilà le statut qui peut élever et le mettre sur un pied d'égalité. On souhaite sincèrement que ce projet de loi soit appuyé par les autres partis politiques pour qu'il devienne un sujet de droit qui doit être respecté et considéré.

Et même il y a le rapporteur des Nations unies sur les droits humains et l'environnement, M. David Boyd, que je me permets de citer aujourd'hui. Il nous envoie une citation pour vous : «Le fleuve Saint-Laurent est le coeur vivant ou battant du Québec, mais il a été ravagé par des siècles d'exploitation. Une loi reconnaissant les droits du fleuve Saint-Laurent marquerait un tournant révolutionnaire dans l'histoire du Canada en reconnaissant que notre avenir dépend de notre capacité à vivre en harmonie avec la nature».

Maintenant, je passe la parole à ma collègue, Uapukun, qui m'a permis de me calmer et de pouvoir vous adresser la parole. Merci beaucoup.

Mme Mestokosho (Uapukun) : Je m'appelle Uapukun Mestokosho, je suis Innue d'Ekuanitshit. Je pense, c'est le temps de décoloniser notre manière de voir l'eau, notre relation à l'eau, et le système aussi en entier. Je vais essayer de me calmer.

Le fleuve recueille le sang des veines de la terre, les rivières. Il est le coeur du vaste corps où nous vivons. Sans coeur, pas de vie. Le fleuve Saint-Laurent abrite notre grand-mère, «mishtamek», la baleine, celle qui nous connaît depuis l'origine. Plus qu'un être vivant, le fleuve est la vie. Nous dépendons de lui. Nous devons l'honorer comme un aîné, un être vivant sacré.

Il y a ma nièce Zélia aussi qui veut partager quelque chose, qui voudrait dire quelque chose.

L'eau, c'est la vie.

Une voix : L'eau, c'est la vie.

Mme Mestokosho (Uapukun) : Merci.

Mme Lessard-Therrien : Bien, merci infiniment à tout le monde de vous être déplacés. Merci de nous avoir accompagnés, de nous avoir poussés pour le dépôt de ce projet de loi là. Je vous l'ai dit tantôt, je le répète, les gens comme ceux sur le terrain, les citoyens qui sont là, qui nous poussent, ça donne beaucoup de sens à notre engagement politique. Et, si nous, on peut, en retour, donner du sens à votre engagement militant, ça va toujours nous faire plaisir de le faire. Je pense qu'on vient de poser un geste important aujourd'hui puis je vous en remercie infiniment.

Merci.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 11 h 41)

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