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Point de presse de M. Pierre Arcand, président du caucus de l’opposition officielle, et Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle

Version finale

Le mercredi 27 avril 2022, 11 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures dix-sept minutes)

M. Arcand : Alors, bonjour, tout le monde. On vient de finir une période de questions qui a été particulièrement, disons, difficile vers la fin. J'ai été un peu, disons, troublé par les propos du premier ministre, c'est le moins qu'on puisse dire, troublé dans le sens que ça dépassait l'entendement.

Vous savez, dans le domaine politique, on est là, on se bat, on se bat pour des idées, on se bat pour un certain nombre de convictions. Et la semaine dernière, comme vous le savez, le premier ministre était à une célébration que nous faisions tous parce que plusieurs d'entre nous avaient un bon nombre d'années en politique. Et il me semblait, en tout cas, qu'il y avait un respect qui est nécessaire, particulièrement pour ceux qui ont oeuvré en politique pendant nombre d'années.

Aujourd'hui, j'entends les propos du premier ministre et je me suis dit : Écoutez, ça sert à quoi, tout ce qu'on a fait, si on est traités comme ça, de la façon dont il m'a traité? Alors, je voulais juste vous dire simplement que je suis ébranlé très fortement par ses propos.

Et je me dis : On a un chef de l'État... Vous savez, à quelques fois, j'ai posé des questions au premier ministre sur certains de ses propos à propos d'individus, quand j'étais chef intérimaire à l'époque. Et je me rappelle, à quelques reprises, j'ai dit : Ce premier ministre qu'on a actuellement, sur plusieurs enjeux, sur plusieurs cas particuliers, n'était pas digne d'être premier ministre. Et aujourd'hui je peux simplement vous dire qu'il n'était pas digne d'être premier ministre par rapport à cela.

M. Lecavalier (Charles) : Acceptez-vous ses excuses, M. Arcand?

M. Arcand : J'accepte les excuses, mais je suis quand même ébranlé fortement par ça. Et même si j'accepte les excuses, ça ne demeure pas moins que je pense que les Québécois doivent prendre note, à un moment donné, qu'il y a une limite à l'arrogance. Je comprends qu'il y a une joute parlementaire qui doit se faire, mais, à un moment donné, là, pour employer une expression, c'est un coup en bas de la ceinture.

M. Lecavalier (Charles) : Est-ce que ça symbolise... donc vous en faites un peu le symbole du, quoi, du manque de respect de M. Legault pour les institutions?

M. Arcand : C'est un manque de respect. Vous savez, entre nous, il faut avoir un minimum de respect. On peut attaquer des gens, on peut dire : Tel ministre n'a pas fait le travail, tel député s'est trompé, on peut aller quand même assez loin. Mais là, là, disons que celle-là… et surtout, surtout, surtout que ce n'était pas quelque chose qui était pertinent au débat d'aucune façon.

M. Robitaille (Antoine) : L'avez-vous entendu personnellement?

M. Arcand : Bien, je l'ai entendu de loin. J'ai été un peu abasourdi et, écoutez, je me disais : Non, ça ne se peut pas qu'il ait dit ça. Ça a été la première chose qui m'a surpris. Puis j'ai dit : Écoutez, ça n'a aucun sens. Et là, j'ai demandé à mes collègues autour, j'ai dit : Est-ce que j'ai... il y avait Enrico Ciccone, j'ai dit : Est-ce que j'ai bien compris ce qui a été dit?

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce qu'on vous a… Pouvez-vous répéter ce que vous avez entendu, s'il vous plaît?

M. Arcand : Non, non, c'est ça, j'ai entendu, écoute : Il est-u mort, celui… il n'est pas mort encore, celui-là? J'ai dit...

Journaliste :

M. Arcand : Quelque chose comme ça. Et là, Enrico s'est retourné vers moi puis il m'a dit : Je pense, tu es mieux de ne pas l'entendre. Alors, juste pour vous montrer jusqu'à quel point, là… et… Bon, alors, c'est ça.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que ça vous donne le goût, ça, une sortie comme ça, du premier ministre, d'y aller pour un autre quatre ans pour montrer que ce n'est pas le cas?

M. Arcand : J'aurai l'occasion de vous revenir là-dessus.

M. Laforest (Alain) : Non, mais ça vous stimule-tu, ça, quelque chose comme ça?

M. Arcand : Bien, disons que j'ai le goût parfois de dire, premièrement, je suis en pleine forme, j'ai... Et, encore une fois, comme vous le savez, dans certaines sociétés, les gens qui ont un certain âge, on les respecte beaucoup. Je suis surpris de voir qu'au Québec la personne la plus importante à la tête de l'État ne semble pas le faire. Je pense que c'est inquiétant.

M. Lecavalier (Charles) : M. Legault dit que vous êtes un ami. Est-ce que c'est comme ça que vous caractérisez votre relation? Puis est-ce que ça vous fait plus mal?

M. Arcand : Disons qu'il y a pas mal moins d'amitié qu'il y en avait auparavant. Disons qu'on s'est respectés, on a travaillé ensemble, particulièrement pendant les deux, trois premiers mois de la COVID, où on a eu des échanges presque quotidiens sur ces questions-là. Donc, on était solidaires, à ce moment-là, ensemble, sur la nécessité d'aider les Québécois puis de trouver les meilleures solutions. Puis il n'était pas question de faire de la politique partisane à ce moment-là, alors...

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que ça reflétait le fond de sa pensée ou est-ce que c'était juste pour être méchant, selon vous?

M. Arcand : Regardez, là, je ne le sais pas, mais si vous me permettez l'expression, c'était vraiment un «cheap shot».

M. Robitaille (Antoine) : Comment vous comprenez… Mme Anglade, comment vous comprenez ce qui s'est passé? Parce que vous-même, vous vous êtes déjà plainte, là, d'un aspect paternaliste de sa part.

Mme Anglade : Premièrement, là, je vais vous dire, là, je suis profondément, là... moi, ça m'a vraiment troublée, ce qui a été dit, là. Le premier ministre, il a vraiment dit, là : Aïe, il n'est pas mort, lui? C'est ça qu'il a dit dit. Moi, ça m'a... Je sais que Pierre est deux rangées en arrière, là, puis je me suis dit : C'est sûr qu'il va être ébranlé, c'est sûr qu'il va être touché par ça. Vous le voyez, là, je le connais, Pierre, il est ébranlé par ce qui a été dit par le premier ministre. Parce que c'est une question de respect. On met des heures et des heures de travail, toute formation confondue, à venir ici, à essayer de trouver des solutions. On peut ne pas s'entendre sur des idées, mais le respect… On dirait que l'arrogance du premier ministre n'a aucune limite. Mais cette arrogance-là, il ne la montre pas à la caméra, c'est quand les micros sont fermés, il se permet de faire ce genre de commentaire, comment est-ce qu'on peut accepter ça?

M. Duval (Alexandre) : Mais tous les deux, vous le connaissez beaucoup, M. Legault. Est-ce qu'il n'y a pas une part de ça qui est peut-être due au fait que, pendant deux ans, il a gouverné seul, par décret, avec son gouvernement et là, c'est le retour de l'opposition et des vrais débats?

Mme Anglade : Tu sais, à chaque fois qu'on pose des questions, vous voyez comment il répond. Bien là, ça dépasse les bornes, c'est de l'arrogance. Elle s'arrête quand, l'arrogance? Une fois que tu as enterré la personne, elle s'arrête quand, l'arrogance?

M. Bellerose (Patrick) : M. Arcand, M. Legeault va dire, tu sais : C'est une blague, je veux dire…

M. Arcand : Bien, ce n'était pas une blague drôle en tout cas.

M. Bellerose (Patrick) : Qu'est-ce vous en avez compris? Quand il a dit : Il n'est pas mort, lui?, pour vous, ça veut dire quoi?

M. Arcand : Je ne le sais pas, j'essaie de l'interpréter. Je dois dire que je suis un peu encore sous le choc de ce qui s'est passé. C'est une mauvaise blague, si ça en est une, mais ça ne se fait pas; le point, là-dedans, fondamentalement, c'est que ça ne se fait pas. Et en plus de ça, j'avais une question quand même qui m'apparaissait très pertinente, hein? J'avais une question sur les dépenses en publicité.

M. Bellerose (Patrick) : ...Bien, pour vous, c'est sur votre âge qu'il vous attaquait en disant ça?

M. Arcand : Bien, moi, je pense qu'il commence à sentir, par rapport à ce qui s'est passé la dernière fois, là, depuis les derniers... je dirais, les derniers mois, les questions, essentiellement, dans la période de questions, ont porté sur la santé. Là, aujourd'hui, on analyse et on travaille sur l'ensemble du travail gouvernemental en éducation, en santé, en matière économique beaucoup plus que les 90 % du temps qu'on a passé, je dirais, sur la santé. Et là, je pense qu'il sent une certaine pression et c'est sa façon de répondre. Mais moi, je trouve que ce n'est pas une façon acceptable.

M. Lacroix (Louis) : Mais, au fond, est-ce qu'il ne voulait pas faire une boutade pour dire que vous êtes… qu'on vous a écarté du Parti libéral puis qu'on vous a mis de côté? Est-ce que ce n'était pas ça, un peu, la référence qu'il faisait?

M. Arcand : Bien, écoutez, M. Lacroix, je suis président du caucus, je suis porte-parole en matière de Conseil du trésor, je suis passablement actif dans toutes les réunions, je n'appelle pas ça quelqu'un qui est écarté.

M. Bellerose (Patrick) : ...Vous avez dit que vous étiez ébranlé, mais est-ce que vous pouvez nous qualifier comment vous vous sentez? vous êtes indigné? Vous êtes triste…

M. Arcand : Bien, un mélange de tout ça, un mélange de tristesse, d'indignation. Et, comme je vous dis, c'est quelque chose que j'ai de la misère à absorber parce que je n'en reviens pas. Je n'en reviens pas de la part de quelqu'un qui occupe les plus hautes fonctions de l'État. Voilà.

M. Duval (Alexandre) : M. Legault, il y a quelques minutes, là, je ne sais pas si vous l'avez vu, là, mais il a dit que vous étiez un ami, que c'était une mauvaise blague et qu'il s'est excusé. Un ami.

M. Arcand : Oui, oui, il s'est excusé en Chambre, je sais qu'il l'a fait. Mais c'est une mauvaise blague, là, c'est le moins qu'on puisse dire.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : C'est vrai que c'est votre ami?

M. Arcand : Écoutez, ce n'est pas… c'est quelqu'un que je connais bien depuis nombre d'années, depuis 2007, même à l'époque où il était au Parti québécois, alors je le connais depuis longtemps. Est-ce que c'est un ami avec lequel on se voit régulièrement? Non.

M. Laforest (Alain) : C'est un ami politique, là, c'est…

M. Arcand : C'est une connaissance politique avec qui, quand on a eu des échanges, c'était cordial.

M. Lacroix (Louis) : Mais vous avez des passés d'hommes d'affaires, là, les deux, alors, ça, ça vous…

M. Arcand : C'est ça.

M. Lacroix (Louis) : J'ai déjà entendu des conversations où vous aviez quand même certaines affinités avec lui, en tout cas, sur le plan des... économique.

M. Arcand : Oui, oui, sur le plan économique, sur la nécessité d'avoir un Québec économiquement fort, oui, on a des objectifs communs en ce sens-là, oui, ça existe. Mais, ceci étant dit, évidemment, je n'ai pas besoin de vous dire, depuis nombre d'années, qu'on ne s'est pas vus beaucoup, autre que lors des différentes rencontres qu'on a pu avoir depuis quelques années. Voilà.

M. Laforest (Alain) : Mais je reviens avec ma question, qui va revenir jusqu'au 10 juin, là : Ça, est-ce que ça vous stimule pour dire...

M. Arcand : Oui, je le sais, je le sais, j'aurai l'occasion de vous revenir…

M. Laforest (Alain) : …il reste quatre ans encore?

M. Arcand : M. Laforest, je vais vous revenir le plus rapidement possible.

M. Laforest (Alain) : Il me semble que ça devrait vous stimuler, ça?

M. Arcand : Oui.

M. Laforest (Alain) : ...dire : Je vais vous montrer que je suis encore bien vivant.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Vous auriez un slogan, Je suis vivant, Pierre Arcand : Je suis vivant.

M. Arcand : Oui, oui, c'est ça, c'est ça. Non, non, bien, je suis comme je suis, puis comme vous pouvez voir, je suis en pleine forme.

(Fin à 11 h 27)

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