(Neuf heures quarante et une minutes)
M. Arseneau : Bonjour,
tout le monde. Alors, aujourd'hui, c'est une interpellation sur le tramway de
Québec, et on voulait offrir notre point de vue là-dessus.
C'est quand même assez hallucinant que,
plus de deux ans après l'adoption d'un projet de loi, là, express, qu'on
avait tous appuyé, tous les partis, pour donner les pleins pouvoirs à la ville
de Québec, qui était alors dirigé par Régis Labeaume, d'aller de l'avant avec
le projet de tramway, on en soit réduit, encore aujourd'hui, à plaider auprès
du gouvernement de la CAQ qu'il arrive enfin au XXIe siècle. On plaide au
gouvernement de la CAQ, encore aujourd'hui, qu'il doit cesser de s'ingérer dans
les affaires de la ville de Québec et adopter le décret qui va permettre enfin
au projet de tramway d'aller de l'avant, donc qu'on puisse enfin aller de l'avant
dans les appels d'offres pour que ce projet-là, qui est d'une importance
capitale pour la vieille capitale, bien, qu'il se réalise enfin. Et puis ce ne
sera pas, là, en deux mois.
Donc, on le sait, chaque mois que l'on
perd fait augmenter, en plus, la facture. Et, si on en est rendus à avoir
dépassé, là, les 3,3 milliards de dollars que le gouvernement avait fixés
comme le plafond des dépenses pour la ville dans le projet, bien, c'est
justement directement lié au fait que les élus de la CAQ se sont mêlé les deux
mains dans le dossier de tramway, qui ne leur appartient pas. S'ils veulent
diriger la ville de Québec, ils auraient pu se présenter aux élections de l'année
passée. On en a un peu soupé, là, de ces interventions-là. Et c'est la raison
pour laquelle, aujourd'hui, on va encore une fois plaider pour que le
gouvernement s'occupe de ses affaires mais se mêle de ses affaires. Je suis
prêt à répondre à vos questions.
M. Gagnon (Marc-André) : Le
projet de loi auquel vous faites référence, si je me souviens bien, qui avait
été adopté à grande vitesse, là, prévoyait quand même une certaine reddition de
comptes de la part de la ville de Québec envers le gouvernement. Est-ce qu'il n'est
pas là, le problème... mis ça dans une loi?
M. Arseneau : Bien, le
gouvernement, aux dernières nouvelles, siège sur le bureau de projet. Alors, si
ses émissaires au bureau de projet ne sont pas en mesure d'amener l'information
au gouvernement, c'est le gouvernement qui, encore une fois, gère mal ses
affaires. On ne peut pas mettre sur les épaules du maire Marchand le fait que
le gouvernement n'obtient pas l'information qu'il devrait obtenir en siégeant
sur un bureau de projet. Il y a là un genre d'hypocrisie de la part des élus
qui semblent tomber des nues que ce projet-là ait évolué parce qu'on a mis des
bâtons dans les roues du projet initial puis qu'on a exigé des conditions. Puis
une fois que les conditions sont remplies, bien, on en exige encore d'autres.
Il faut que ça finisse, là, de jouer au plus fou avec un projet comme celui-là.
Et je comprends l'irritation des gens de la ville, je comprends aussi l'irritation…
des gens de la ville, c'est-à-dire des dirigeants, des élus et évidemment des
citoyens qui veulent enfin qu'un projet aboutisse
M. Gagnon (Marc-André) : Bien,
justement, comme le gouvernement a de ses représentants sur le bureau de projet
du tramway, vraisemblablement, il savait déjà, depuis plusieurs mois, qu'il y
avait cette rue partagée là de projetée. Donc, selon vous, qu'est-ce qui
explique le fait que ce soit à ce moment-ci que le gouvernement Legault s'objecte
puis impose des conditions à l'adoption des décrets?
M. Arseneau : Écoutez,
on hésite toujours à imputer des motifs au gouvernement qui, lui-même, ne s'explique
pas sur le fond de son argumentaire. Mais on devine que l'échéance électorale a
quelque chose à jouer avec les tergiversations actuelles du gouvernement, et c'est
assez lamentable. On peut aussi penser qu'il y a un aspect idéologique, là, au
refus du gouvernement, là, d'appuyer le projet de la ville, parce qu'on a vu
les arguments qui ont été utilisés par certains des élus en disant que le maire
veut faire la guerre aux automobilistes. On voit le préjugé défavorable au
transport collectif qu'a toujours maintenu la CAQ, là, malgré ses déclarations.
Donc, cette résistance-là, elle semble être beaucoup plus profonde que
simplement l'enjeu de la rue partagée.
Et si on parle aujourd'hui d'un secteur,
tu sais, disons, clé où on a cet enjeu-là qui est soulevé par la CAQ. Bien, c'est
aussi parce qu'on a imposé un carcan financier à la ville, et on a dû
raccourcir le tunnel qui était prévu, notamment sur René-Lévesque. Alors, on a
imposé des conditions, on remplit les conditions, on fait des consultations, on
trouve le meilleur moyen de sauver des arbres, puis de permettre à la fois la
circulation du tramway et de réduire un peu la circulation automobile. Et le
but ultime, il faut le dire, dans une vision de développement et d'aménagement
urbain, c'est aussi de favoriser une mobilité plus efficace, plus rapide, plus
économique, plus environnementale aussi. Et il faut qu'on ait une vue d'ensemble
et qu'on puisse favoriser un transfert modal. On ne pourra pas avoir autant de
voitures ou plus de voitures et plus de transport collectif. Je pense que cette
vision-là, si c'est la vision de la CAQ, elle ne mène nulle part.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
que les rues partagées, vous, vous êtes d'accord avec ce concept-là?
M. Arseneau : Absolument.
Mme Prince (Véronique) : Sans
condition, aussi?
M. Arseneau : Bien, sans
condition, les conditions, elles sont établies par la ville en consultation
avec les citoyens, c'est-à-dire qu'on ne commencera pas à jouer les experts
dans un dossier comme celui-là. Mais si ce concept-là, c'est la voie de
passage, si vous me permettez l'expression, pour, enfin, qu'on puisse aller de
l'avant, parce qu'on a imposé des conditions financières qui empêchaient de
creuser le tunnel le plus longuement, bien, à ce moment-là, ça semble être la
solution.
Mme Prince (Véronique) : Mais
vous ne pensez pas que ça peut quand même créer des bouchons de circulation,
par exemple, sur Laurier?
M. Arseneau : Bien, en fait,
moi, je pense que les automobilistes s'adaptent aux conditions d'aménagement
d'une ville et s'adaptent de façon positive si la ville a une vision d'avenir.
Et je pense que c'est ce qu'il faut retenir, c'est qu'à un moment donné il y a
aussi d'autres façons de se rendre en ville, dans toutes les capitales du
monde. Il est beaucoup plus efficace de prendre le transport... le transport
collectif, que le...
Une voix : Vous pensez aux
Îles?
M. Arseneau : Oui, oui, je
pense à un autre dossier que je voudrais bien voir aboutir aussi et qui est
pris dans le même marasme d'attente. Mais on parle ici de transport collectif,
de transport urbain, et je pense que si on n'a pas une vision du transfert
modal, si on ne développe pas les stationnements incitatifs, si on n'a pas
comme objectif, finalement, une plus grande mobilité des personnes plutôt
qu'une plus grande mobilité de l'automobile… bien, je pense qu'on va être
d'accord avec le projet du maire Marchand.
M. Gagnon (Marc-André) : Québec
solidaire nous a annoncé, tantôt, là, qu'il s'organise une espèce de grand
rassemblement pour démontrer l'appui des gens de Québec envers le projet de
tramway, mardi prochain, donc la veille de l'adoption prévue des décrets
attendus par le maire Marchand. Est-ce qu'au Parti québécois, vous allez y
être?
M. Arseneau : Oui. En fait,
j'ai été invité par le député de Jean-Lesage et la députée de Taschereau. Et je
pense que ce dossier-là, là, doit transcender les allégeances politiques
partisanes, on est rendus là. Et je pense que, si la CAQ voyait les choses de
la même façon, ce serait un geste positif qu'on pourrait poser pour les
résidents et pour la ville de Québec. Et c'est la raison pour laquelle je vais
y être avec enthousiasme pour appuyer des députés collègues, qui représentent
leur population dans leur circonscription, qui, actuellement, veulent qu'un
projet aboutisse. Et puis, plus globalement, je pense qu'il est important aussi
d'appuyer la ville de Québec auprès du gouvernement pour signifier qu'on a trop
attendu et qu'il faut aller de l'avant.
M. Chouinard (Tommy) : J'ai
une question sur un autre sujet, si je peux me permettre. Vous êtes
certainement au courant qu'il y a ces jours-ci le procès civil des survivants
de l'attentat au Métropolis, en 2012?
M. Arseneau : Oui.
M. Chouinard (Tommy) : Il se
trouve que la Sûreté du Québec a témoigné, hier. Et la Sûreté du Québec a dit, essentiellement,
que, s'il y avait le même rassemblement politique électoral aujourd'hui, ce
serait exactement les mêmes méthodes qui seraient utilisées par la Sûreté du
Québec pour assurer la sécurité. Elle a dit qu'il n'y a pas eu de changement,
de modification quant à la recette, la base des opérations de la Sûreté du
Québec pour la protection des élus, à la suite de cet événement-là. On dit,
essentiellement, qu'on a revu... peut-être qu'on a amélioré, là, ils disent,
les échanges avec les partenaires. Est-ce que, un, ces propos-là vous étonnent?
M. Arseneau : Bien, j'ai été
effectivement troublé de lire ça dans les journaux. C'est une espèce de ligne
de défense de la Sûreté du Québec pour protéger son image, qui, moi, me déçoit
beaucoup. Parce que j'aurais plutôt pensé qu'avec un certain recul la Sûreté du
Québec puisse admettre que ces événements-là étaient absolument inadmissibles
et inexcusables, et qu'il y avait eu des failles majeures dans la sécurité
assurée à la nouvelle première ministre, et que, fort de l'examen de l'ensemble
des circonstances, qu'on ait amélioré nos pratiques. Alors, j'ai de la
difficulté à comprendre comment la Sûreté du Québec peut lancer un message
rassurant sur les pratiques qui sont observées par la Sûreté du Québec, alors
que les faits prouvent qu'il y a eu non seulement mort d'homme, mais qu'il y
aurait pu y avoir un véritable carnage si les armes à feu de l'assassin ne
s'étaient pas enrayées. Alors, de dire qu'on a tout fait dans les règles de
l'art puis qu'on n'a pas amélioré les pratiques, c'est véritablement troublant.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
que vous avez l'intention de faire quelque démarche que ce soit, au Parti
québécois, pour tenter de pousser plus loin ce dossier-là?
M. Arseneau : Bien, je pense
qu'on va devoir revenir, parce que les révélations sont troublantes, je l'ai
mentionné, et le sujet est toujours d'actualité. On a une société qui est
encore plus polarisée qu'elle pouvait l'être en 2012, quoiqu'on sortait de la
crise du printemps érable… mais, quand même, lorsque, je dirais, les émotions
sont à fleur de peau, comme au sortir d'une pandémie. On a une campagne électorale
qui s'en vient, on veut s'assurer que la Sûreté du Québec, dans ses pratiques,
soit à la fine pointe non seulement de la technologie, mais des méthodes d'intervention.
Et là le message est plutôt inquiétant, je vous dirais.
Alors, effectivement, on va analyser ses
déclarations, au porte-parole de la Sûreté du Québec, on va certainement
revenir à la charge pour rassurer, et la population, et les élus, évidemment, là,
sur les méthodes qui seront appliquées au cours des prochains mois et des
prochaines années. Merci.
(Fin à 9 h 52)