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Point de presse de M. Carlos J. Leitão, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances publiques

Version finale

Le vendredi 25 mars 2022, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-deux)

M. Leitão : Alors, bonjour. Bonjour. Alors, ce matin, dans à peu près une demi-heure, il y a une interpellation avec le ministre des Finances, où nous allons discuter, bien sûr, du budget. On en a beaucoup parlé depuis quelques jours. Ce que je vais aborder avec le ministre des Finances, c'est l'aspect de la prévisibilité et les risques auxquels le Québec fait face.

Parce qu'un budget, comme vous savez, c'est toujours un document très technique. Il y a plein de graphiques et plein d'analyses techniques, et c'est très bien, et le ministère des Finances le fait toujours très bien. Ce n'est pas ça la question. Mais un budget doit aussi être un document politique, et je dis «politique» au sens noble du terme, c'est-à-dire qu'il doit nous donner... doit nous présenter une feuille de route, où est-ce qu'on s'en va, où est-ce que la société québécoise, l'économie québécoise s'en va dans les années à venir. Et c'est ça qui, à mon avis, fait cruellement défaut. Il n'y a pas grand-chose dans ce budget pour nous dire comment on va s'adapter à cette nouvelle économie qui est en train d'émerger à nos yeux, une nouvelle économie postpandémique et une nouvelle économie fortement marquée par la guerre en Europe. Ça change complètement nos perceptions quant à l'avenir, ça change beaucoup les risques auxquels on fait face. Et je n'ai rien vu de particulier dans le budget à cet égard-là. Donc, on va continuer de marteler que c'est un budget vraiment à courte vue.

La mesure-phare du budget, c'est les fameux 500 $ à 6,4 millions de Québécois. C'est vraiment une mesure à courte vue, qui soulage à peine l'inquiétude de beaucoup de ménages québécois, et soulage à peine, malgré les 3 milliards que cela coûte, parce que cette mesure n'est pas ciblée. Elle aurait dû être ciblée à ceux qui en ont vraiment besoin et elle aurait dû être plus élevée que les 500 $ pour ceux qui en ont vraiment besoin, et... une composante aussi structurante et qui se répéterait dans le temps, ce qui n'arrive pas avec cette mesure. Ça arrive une fois, comme ça, et puis, l'année prochaine, on verra. Voilà, c'est un peu de ça qu'on va parler ce matin avec le ministre des Finances.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce que vous trouvez quand même que le budget... Parce que vous avez dit : On a une économie qui est particulière, et tout ça, là. Est-ce que vous trouvez quand même le budget relativement prudent au niveau de ses prévisions puis au niveau de ses provisions?

M. Leitão : Merci. Vous avez dit deux choses, et les deux sont très importantes, provisions et prévisions. Les provisions, oui, d'ailleurs, peut-être vous vous rappellerez qu'une ou deux semaines avant le budget on avait dit, j'avais dit ici, à l'Assemblée, que le gouvernement devrait se donner des provisions pour éventualités significatives parce que le niveau de risque auquel on fait face, c'est très élevé. Et il l'a fait, le ministre l'a fait, 2,5 milliards pour cette année et puis 1,5 milliard par année pour les quatre années suivantes, donc un niveau de provisions pour risques qui est raisonnable. Donc, pas de question là-dessus.

Maintenant, pour ce qui est des prévisions, les prévisions économiques derrière le budget, bon, sont très techniques, et, en effet, ça reflète le consensus du secteur privé. Vous regarderez les prévisions des banques, c'est à peu près dans le même ordre d'idées. Cependant, et c'est là où je dis le manque de vision, c'est parce que l'amplitude des risques auxquels nous faisons face est tellement élevée qu'il me semble que le gouvernement aurait dû être plus prudent, aurait dû être plus... faire face... avoir une plus grande... se donner une plus grande marge de manoeuvre en se donnant des prévisions un peu plus loin de celles du secteur privé, donc plus conservatrices, si on peut utiliser un tel terme.

L'enjeu principal, à mon avis, c'est l'inflation. Le gouvernement, dans ses prévisions, et, encore une fois, ça reflète le consensus du secteur privé, prévoit qu'on... anticipe qu'on revienne tout de suite à 2,3 % d'inflation en 2023. Écoutez, peut-être, mais il y a beaucoup d'incertitudes liées à cette prévision parce que, si ça n'arrive pas, si l'inflation demeure, en 2023, à 3 %, 4 %, ce qui... moi, je pense qu'il y a une forte probabilité que cela arrive, alors là, c'est... on est dans un tout autre environnement, là.

Mme Prince (Véronique) : Mais vous me corrigerez si je me trompe, mais il me semble que c'est une moyenne sur l'année, ça fait que peut-être qu'on pourrait commencer l'année avec une inflation très, très élevée, mais la terminer, en 2023, avec de quoi de plus bas. Donc, à ce moment-là, est-ce que la moyenne fait quand même du sens?

M. Leitão : La moyenne fait du sens. Je n'ai pas de problème avec ça. Et, comme je vous ai dit, c'est la moyenne aussi du secteur privé, les banques et tout ça, tout le monde est dans ce même ordre de grandeur. Le risque que je vois, c'est, comme vous avez mentionné, qu'on anticipe... — «on», ça veut dire presque tout le monde, là, le gouvernement comme le secteur privé — on anticipe qu'en 2023 l'inflation va diminuer rapidement pendant l'année et qu'à la fin de 2023 on sera déjà de retour à un taux d'inflation à l'intérieur de la fourchette à laquelle la Banque du Canada cible. Et ça, je trouve très risqué. Je trouve que... Et, si ça arrive et si vraiment on arrive à 2 % à la fin de 2023, comment est ce qu'on y arriverait? On y arriverait parce que les banques centrales auraient haussé le taux d'intérêt de façon plus agressive que ce qu'on pense. Donc, ça veut dire que la croissance économique serait beaucoup plus lente que ce qu'on anticipe aussi.

Donc, c'est ce genre de risques que je pense qu'on aurait dû incorporer dans le budget, avec des scénarios un peu plus conservateurs, pour qu'on ne se trouve pas devant une situation qui demanderait des mesures extraordinaires quelque part au milieu de 2023.

(Fin à 9 h 38)

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