(Huit heures une minute)
La Modératrice : Bonjour.
Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Joël Arseneau,
notre chef parlementaire et porte-parole en matière de santé, sera suivi du
chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à vous.
M. Arseneau : Bonjour. Merci,
Laura. Bonjour, tout le monde. Alors, aujourd'hui, je voudrais revenir sur l'échange
que j'ai eu avec le premier ministre concernant le redressement du système de
santé québécois.
Alors, on a eu la confirmation que le
gouvernement a fait son nid. Il ouvre grand la porte au privé, au détriment du
public. On trouve que le gouvernement fait preuve d'un mauvais sens des
priorités. Au moment où le système public a besoin d'amour, a besoin de
réinvestissements, a besoin justement d'être revalorisé, le gouvernement, lui,
présente cette fausse bonne idée que c'est à travers le système privé qu'on va
pouvoir redresser les problèmes du système public.
On le sait, il faut rappeler que, si le
privé existe et peut prospérer, c'est parce qu'il fait de l'argent avec
notamment des chirurgies qui sont payantes, qui sont rapides. Et évidemment,
lorsque les cas sont plus lourds, bien, ils vont nécessairement être laissés au
système public. On sait aussi que, s'il peut mieux payer ses employés, c'est
parce qu'il a une marge de profit, tirée, évidemment, des revenus
gouvernementaux, qui peut lui permettre notamment d'attirer la main-d'œuvre. On
le voit avec les agences privées de placement, ces entreprises qui, évidemment,
coûtent 1 milliard de dollars au trésor québécois, alors que le
gouvernement du Québec peine à retenir ses employés au public.
Je voudrais terminer en disant que, ce
matin, on a quand même une illustration, là, d'un système privé qui ne
fonctionne pas, c'est celui des CHSLD privés. Ici, ce n'est pas 20 %, c'est
10 % des CHSLD privés, là, qui croulent, actuellement, là, sous le poids
des exigences et des standards qu'ils doivent maintenir, avec une pénurie d'employés.
Et c'est une espèce de mise en abîme, puisque le privé dépend du privé, donc
des agences privées, à coût de 300 $ de l'heure pour des services d'infirmières,
par exemple, qui ne peuvent plus suffire à la demande et à la tâche. Et qu'est-ce
qu'il fait? Bien, il menace littéralement de dumper les patients, les personnes
âgées dans les urgences du système public. Si c'est vers ça que veut nous mener
le gouvernement de la CAQ, bien, ce n'est évidemment pas la voie à suivre, et
c'est un retour sur un passé douloureux qui nous rappelle l'ADN de la CAQ,
c'est-à-dire l'ADQ.
Là-dessus, je vous laisse avec mon chef,
Paul.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bonjour,
tout le monde. Si je peux juste me permettre d'ajouter sur la question de la
santé, moi, ce qui me frappe, c'est que la promesse floue du privé, comme s'il
n'existait pas dans notre système, alors qu'il y a du privé déjà dans le
système de santé, cette promesse floue, c'est une belle excuse pour ne pas
faire les réformes qui, vraiment, offriraient une première ligne aux
Québécoises et aux Québécois, notamment une réforme de la rémunération des
médecins, pour qu'il y ait une prise en charge des patients en fonction de leur
santé, et non pas un paiement à l'acte, par exemple, une première ligne plus
forte, en mettant à profit tous les professionnels de la santé et pas seulement
les médecins. Ça, vous remarquerez, ça ne bouge pas, puis les réformes n'ont
pas été faites depuis quatre ans. Et là on arrive, à la fin du mandat, puis on
dit : On a une solution magique, c'est le privé. Puis, comme l'explique
très bien Joël, bien, la solution, elle est très, très décevante quand on
regarde le résultat du privé dans plusieurs exemples concrets en ce moment.
Je veux revenir sur ce que Sonia LeBel
vous a dit, hier, parce que ça m'a vraiment... ça a piqué ma curiosité. Donc,
devant la situation inédite et très inquiétante de 17 milliards de dollars
octroyés sans appel d'offres, donc sans garde-fou, sans mécanisme de prévention
pour s'assurer qu'il n'y a pas de favoritisme et, surtout, que l'État obtient
un bon rapport qualité-prix, Sonia LeBel vous répond que tous les mécanismes
ont été mis en place pour éviter le favoritisme dans l'octroi de contrats. Très
bien, moi, je veux savoir quels mécanismes. Je veux savoir exactement comment
on s'est retrouvés, il y a quelques semaines, avec la révélation, dans les
médias, qu'un contrat a été octroyé à un ami par le gouvernement. S'il y a un
mécanisme, là, qu'on nous dise quel est ce mécanisme-là qui favorise la
concurrence, élimine le favoritisme et nous assure d'avoir un bon rapport
qualité-prix, parce que moi, je cherche, et je n'ai pas vu de tels mécanismes.
La réponse est facile pour Sonia LeBel : Faites-vous-en pas, on a tout mis
en place. O.K. Quoi? Qu'est-ce que vous avez mis en place? Parce que le travail
d'enquête, à date, nous révèle exactement l'inverse.
Et aujourd'hui, deuxième sujet, vous savez
qu'en principe on va obtenir un projet de loi qui met fin à l'urgence
sanitaire. Évidemment que le Parti québécois va y aller avec l'adoption la plus
rapide possible de ce projet de loi là. On n'a pas encore vu le contenu, mais
ce qu'on veut qui soit clair, on veut être très clairs avec le gouvernement, il
n'est pas question de retenir des pouvoirs extraordinaires juste parce que
c'est pratique pour le gouvernement. Déjà que le gouvernement a joué, a
corrompu la notion d'urgence en maintenant un état d'urgence parce que c'est
pratique, gouverner sans opposition et sans reddition de comptes, alors que,
nous le savons tous, on n'est pas en situation d'urgence. Donc, déjà que le
gouvernement a étiré la sauce, on s'attend à un projet de loi de deux lignes
qui nous permet de passer rapidement à autre chose. Mais on ne veut pas voir un
gouvernement qui se dit : Moi, ce serait pratique pour moi de ne pas
débattre d'un certain nombre de choses ou de ne pas rendre de comptes sur
comment je donne mes contrats, donc voici ce que je vous propose, sans quoi je
vous menace de conserver l'état d'urgence. C'est un détournement, c'est une
corruption de la notion d'urgence, dont on est témoins, et ça suffit. Donc, on
s'attend à un projet de loi de deux lignes. Dans quel cas, évidemment que les
oppositions vont dire : On collabore puis on s'arrange pour que ça se
fasse le plus rapidement possible.
Sur ce, je vais prendre vos questions.
La Modératrice : Une question
et une sous-question, s'il vous plaît, au micro.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bonjour.
M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce
que vous avez pensé hier du... parce que vous avez utilisé le mot «mécanisme»
tantôt, là, mais du mécanisme du gouvernement Legault pour faire en sorte qu'il
n'y ait pas de hausse de tarifs d'Hydro-Québec? Qu'est-ce qu'on en tire, de ça?
Est-ce que... Parce que M. Legault a dit : Ce n'est pas vrai qu'il va y
avoir... que les Québécois vont subir une hausse des tarifs de 4 %, 5 %.
Mais, en même temps, on ne sait pas trop comment il va faire ça. Est-ce que ça
va être un chèque qu'il va remettre aux gens? Est-ce que ça va être modifier la
loi?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci
de la question. Donc, avant la réforme Legault, on avait un mécanisme sérieux
et complet qui évaluait les besoins d'Hydro-Québec, mais également la situation
économique pour déterminer c'est quoi, la hausse d'Hydro-Québec. C'est quoi, le
système Legault? Bien, désormais, les hausses d'Hydro-Québec, ce sera papa
Legault qui se demande quel cadeau il va donner, puis il regarde ses sondages
internes en fonction de ses intérêts, puis il se dit : Bien là, cette
fois-ci, ce ne sera pas plus que 4 %, je vais vous gosser quelque chose
peut-être autour de 3 %.
C'est ça, la gouvernance sous la CAQ. On
est passés d'experts économistes, spécialistes pour Hydro-Québec, à François
Legault, dans son bureau, qui gouverne comme pendant la crise, qui gouverne par
décrets, en se disant : Bien, moi, mon intérêt électoral, il est où
là-dedans? Je vais vous donner un chiffre, moi, ce ne sera pas l'inflation,
mais ça va être quelque chose, là, quelque chose autour de 3 %, 4 %.
Ce n'est pas une manière de gouverner, c'est une détérioration de la qualité de
nos décisions, une détérioration de la démocratie. Et c'est typique de ce qu'on
a vu de la CAQ dans la manière de gouverner.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous demandez à M. Legault d'avoir... de prendre position. Qu'est-ce qu'il doit
faire? Il doit modifier le projet de loi, à votre avis, le projet de loi qui...
Bien, de toute évidence, il a dit lui-même, là, qu'il ne s'attendait pas à des
hausses aussi importantes. Devant ce constat-là...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, mais c'est son oeuvre...
M. Lacroix (Louis) :
...est-ce qu'on doit admettre que ce n'est pas un bon un projet de loi, ce
n'est pas une bonne loi?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Justement. Donc, exactement, il critique sa propre mesure qui consistait à
tasser la Régie de l'énergie dans un examen complet de comment doser les
hausses. Pourquoi on ne revient pas au système qui fonctionnait? De toute
évidence, c'est un aveu d'échec de sa réforme. Pourquoi on ne revient pas? Ce
n'est pas grave, là, il peut revenir à l'ancien régime où est-ce qu'il y avait
des gens qui s'y connaissent puis des experts qui venaient nous dire :
Voici comment on vous suggère de gérer les hausses tarifaires.
M. Carabin (François) : Sur
la place du privé en santé, selon M. Legault, 20 % de privé dans le
réseau de la santé, c'est approprié. C'est quoi, un pourcentage approprié de
privé dans le réseau de la santé?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, moi, je vais laisser à Joël... mais c'est quoi, ça, 20 %? La
solution, c'est 20 % de privé en santé. C'est quoi, ça? C'est exactement
la même chose que : Je vais vous faire une inflation, pas 4 %, là, je
vais regarder ça. 20 % en privé en santé. Allez voir les 12 travaux du
Parti québécois en santé. Ce sont des vraies mesures, ce n'est pas des affaires
de coin de table, ce n'est pas des approximations. Ce sont des mesures
concrètes qui donneraient plus de services pour le même prix.
D'ailleurs, il y avait un topo, hier, à
Radio-Canada, au téléjournal, qui expliquait la différence de fonctionnement
entre l'Ontario et le Québec. C'est tout dans nos 12 travaux du Parti
québécois. Ça, c'est des vraies mesures. Mais en période préélectorale, là, de
faire des sorties tout aussi floues que : Oui, ça va prendre du privé en
santé, moi, je le verrais à peu près à 20 %... Sonia LeBel, sur le
français, qui a échoué puis là qui nous sort : On n'a pas besoin des
autres pour décider. C'est tout du vent, c'est des calories vides, c'est des
Froot Loops de la politique. Il n'y a rien en dessous de ça. C'est quoi, ça,
20 %?
Je ne sais pas si tu as quelque chose à...
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise sur 20 % en santé, là?
M. Arseneau : En fait,
juste pour compléter, je suis d'accord avec l'idée que c'est des Froot Loops.
Mais l'idée, ce qu'on essaie de nous faire avaler, justement, c'est l'idée que
probablement qu'il y a 20 % des opérations, des chirurgies ou des services
qui peuvent être payants. Alors, ça, ce serait le privé qui va le faire. Puis
tout ce qui coûterait, là, tout ce qui serait plus lourd, tout ce qui est plus
complexe, bien, ce serait le public. Si c'est vers ça qu'on s'en va, là, bien,
ça ne marche pas. Ça ne marche pas parce que tout ce qui est payant, du côté du
privé, puis qu'on va lui offrir, bien, il va le faire, évidemment, il va livrer
ces services-là à profit. Bien, c'est ce qu'on pourrait faire également au
public, sans, justement, faire engraisser les revenus des entreprises privées.
Il s'agit d'entreprises privées, donc des actionnaires. Et, cet argent-là qu'on
économiserait, on pourrait le réinvestir, notamment dans la main-d'oeuvre et
dans les services.
Je vous rappelle qu'on a des salles
d'opération, en fait, des plateaux techniques qui sont sous-utilisés, mais
c'est parce qu'on manque de personnel. Il est où, le personnel? Il est du côté
du privé. Or, chaque professionnel de la santé, qu'on a formé aux frais de
l'État, qui va travailler au privé, bien, évidemment, c'est un professionnel
qui n'est pas dans le public. On mine le système, on cannibalise le système en
offrant des services au privé et en payant pour.
M. Carabin (François) : Bien,
juste pour être certain, sous un gouvernement du Parti québécois, par exemple,
est-ce qu'il y aurait une place pour le privé en santé ou c'est 0 %?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, en effet. Non, on ne pense pas que l'accroissement de la part du privé
est une solution prioritaire. Au contraire, on voit que les agences privées,
comme, par exemple, les infirmières, et le fait que le privé s'accapare,
finalement, les endroits où on peut faire du profit, en général, la notion de
faire du profit sur des services aussi importants sur le plan humain, on l'a vu
pour les CHSLD, les résultats sont mitigés.
Donc, nous, on insiste sur des solutions
qui sont beaucoup plus simples, en termes d'application, et qui sont connues
depuis longtemps, mais qui nécessitent un courage politique que la CAQ n'a pas.
C'est pour ça que je fais référence, là, à d'autres juridictions qui ont les
solutions que, nous, on propose et qui, pour moins d'argent dans le système de
santé par personne, obtiennent de bien meilleurs résultats. Donc, pourquoi ne
pas s'inspirer des meilleures pratiques avant de lancer des chiffres en l'air
comme : Moi, je vois vous patenter quelque chose à 20 % de privé? Ce
n'est pas... ça manque de rigueur.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Vous parliez tout à l'heure de l'importance de la concurrence par rapport
à l'octroi des contrats par le Conseil du trésor. Michel Clair nous dit, ce
matin, ancien élu du Parti québécois : Il faudrait appliquer un peu la
même logique dans le système de santé. Oui, avoir des hôpitaux, mais avoir
aussi peut-être des cliniques spécialisées qui pourraient procéder à des
chirurgies, avec des cultures organisationnelles différentes. Ça pourrait
peut-être attirer d'autres types de gens qui ne veulent pas aller dans les gros
hôpitaux, mais qui aimeraient ça travailler dans un plus petit milieu. Ça
permettrait une saine compétition. Donc, vous, vous écartez complètement tous
ces arguments-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non,
je pense qu'il peut y avoir une concurrence dans un régime public, qu'il peut y
avoir, même si c'est financé par l'État, des manières de comparer chaque
institution, là, pour s'assurer que les ajustements se font. Mais là prenons un
pas de recul, là. Tout le monde cherche la solution miracle en santé. Un des
gros problèmes qu'on a eu, dans l'historique plus long de notre système de
santé, ce sont justement des gouvernements qui arrivent avec leurs patentes,
là, et qui chamboulent constamment notre régime de santé. Donc, si c'est le
Parti québécois qui est au pouvoir, il va y avoir des mesures simples, connues,
qui permettent à chaque région de prendre ses responsabilités puis d'avoir les
pouvoirs de le faire, là.
Donc, simplement décentraliser un peu,
changer le mode de rémunération des médecins, libérer des sommes pour avoir une
première ligne plus forte à travers des CLSC, où tous les professionnels sont
mis à profit. Ces solutions-là, là, elles sont simples, elles existent dans
d'autres juridictions et elles n'auraient pas l'effet de chambouler encore,
d'imposer au système de santé un autre deux, trois ans de gestion du
changement. Alors que c'est sûr que, là, si on dit : On a tout faux au
Québec, on va révolutionner de A à Z notre système, tu en as pour un autre
trois, quatre ans, comme on a vécu sous Gaétan Barrette, là, où tout le système
est déstabilisé, et tous les efforts sont investis à tenter de pallier à des
changements qui n'ont pas toujours de sens, surtout quand on centralise à
outrance.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
donc je reviens sur la place du privé. Est-ce que ça peut ou non être moteur
d'une saine concurrence?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On
n'a pas besoin de privatiser davantage pour faire une évaluation du rendement
de chaque institution. Puis les solutions les plus efficaces, elles n'ont rien
à voir avec le public-privé, elles ont à voir avec le mode de rémunération des
professionnels et la participation de tous les professionnels pour obtenir une
première ligne qui fonctionne. Et ça, c'est dit, c'est su depuis des années, et
ça fonctionne dans d'autres juridictions.
La Modératrice : Prochaine
question au micro.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous. Question un peu champ gauche : l'heure d'été.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : L'heure
d'été?
M. Laforest (Alain) : Oui. On
fait quoi avec ça, là? C'est-u assez? C'est-u encore bon pour les agriculteurs?
En avez-vous parlé?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Moi,
je m'en passerais, de l'heure d'été. Je pense que l'exemple des Américains,
c'est une autre juridiction qui se dit : Est-ce qu'on en a vraiment
besoin? Est-ce que tout ce changement-là pour les familles, l'impact que ça
a... Évidemment, c'est une proposition qu'on a faite, je pense, il y a deux
ans, où est-ce qu'on voulait abolir l'heure d'été. On pense toujours ça. On
n'est pas revenus sur la question parce qu'on trouve que, dans le contexte de
l'Ukraine, de la pandémie, mais surtout des milliards de dollars octroyés sans
appel d'offres... on trouvait le sujet peut-être un peu plus... En temps
normal, on en aurait traité. Là, on...
M. Laforest (Alain) : Il est
champ gauche.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il est champ gauche. Mais si vous me demandez mon opinion, nous, on pense qu'on
devrait abolir ça. On ne comprend pas il est où, le bénéfice, par rapport à
tout ce que ça implique de troubles pour les familles, là. Moi, je ferais comme
les États-Unis, puis je dirais : Merci, bonsoir.
M. Laforest (Alain) : Question
premier but.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Est-ce
que je «bunte» ou est-ce que je...
M. Laforest (Alain) : Ah! je
pense que vous allez la claquer. La position de Jean Charest sur la loi n° 21?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien,
Jean Charest a passé sa carrière à nier le droit des Québécois à décider pour
eux-mêmes. C'était le cas en 1995, quand il était dans le camp du Non. C'était
le cas pendant sa gouvernance, où est-ce qu'il a affaibli nos institutions. Il
a un régime qui n'a pas la réputation d'avoir été des plus éthiques. Et
aujourd'hui, il veut continuer cette œuvre-là d'affaiblissement du Québec, en
niant notre droit à décider pour nous-mêmes. Pire, il semble avoir une
sympathie pour les villes qui financent les recours. Je lisais, là, sur une
possibilité d'alliance avec M. Brown, c'est ça? Donc, malheureusement, c'est à
l'image de la carrière de Jean Charest.
Et le Parti québécois sera toujours là
pour défendre les Québécois, se dresser contre ceux qui minent la confiance des
Québécois en eux-mêmes et veulent les empêcher de décider par eux-mêmes, en leur
faisant comprendre qu'ils ne sont pas assez intelligents pour prendre leurs
propres décisions puis faire les politiques publiques qui leur conviennent.
M. Lecavalier (Charles) : Bonjour.
Encore sur les tarifs d'électricité, juste pour bien comprendre votre position,
vous, vous aimeriez que le gouvernement dépose un nouveau projet de loi qui
viendrait rétablir l'examen annuel de la Régie de l'énergie?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui,
exact. Nous, on gèlerait pour cette année, au moins. Parce que là, dans les
mesures rapides, là, qu'on peut prendre concrètement, on ne peut pas faire la
sourde oreille au fait qu'il y a un appauvrissement substantiel des ménages
québécois. Ça peut mener à des faillites, ça mène à de la détresse, pas juste
financière. Donc, devant ça, nous, on dit : Bien, à court terme, un levier
qu'on a, qui est vraiment sous notre contrôle, ce sont les sociétés d'État. On
fait un gel. Donc, il n'y a pas d'arbitrage, là, c'est un gel, et, dans cette
période de gel là, on remet en place un mécanisme d'examen qui aura, donc,
l'opportunité, en fonction de ce qu'on aura vécu comme instabilité
exceptionnelle, de remettre sur les rails la gestion de la hausse des tarifs de
manière à ce que ce soit plus réfléchi et que ce soit moins politisé. Parce que
là, on est vraiment dans la politisation à outrance de données économiques,
puis à long terme, ce n'est pas bon, là.
M. Lecavalier (Charles) : Mais
je me fais l'avocat du diable, là, je vous cite, là. Quand vous dites que papa
Legault, il décide que c'est 2 %, mais vous, vous décidez que c'est 0 %,
on est dans le même arbitraire, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui,
oui, dans l'intervalle. Je n'aurai pas une régie demain matin, là. Donc,
l'impact de ce que le premier ministre a fait en tirant le garde-fou, là, qui
est la Régie de l'énergie, c'est que, oui, il y a une politisation, en ce
moment, des taux. Moi, je vous dis : Vraisemblablement, il y a un
appauvrissement tel qu'on peut juste geler, pour l'instant. Puis notre
position, c'est que je remettrais la Régie de l'énergie comme c'était avant,
pour que, justement, la discussion soit moins politique et plus en fonction des
besoins d'Hydro-Québec, mais surtout de la situation macroéconomique du Québec.
M. Bourassa (Simon) : Bonjour.
Quels pouvoirs vous êtes ouvert à ce que le gouvernement conserve dans son
projet de loi de sortie d'urgence sanitaire? Parce que le privé...
présentement, le recours au privé permet quand même de rattraper un certain
nombre de chirurgies.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On
se posait la question ce matin : Quels pouvoirs, dans les circonstances
actuelles, là, où il n'y a pas d'urgence sanitaire, où, de l'aveu du
gouvernement, là, c'est le temps d'enlever toutes les mesures sanitaires, quels
pouvoirs doivent être conservés de sorte qu'il n'y ait pas de débat ou pas de
reddition de comptes, pas d'appel d'offres? Dans quelles situations... on
cherchait ce matin... dans quelles situations on pense qu'il ne devrait pas y
avoir de débat, que ça devrait être un pouvoir discrétionnaire et opaque pour
la CAQ? On n'en trouve pas.
Évidemment, si la question, c'est :
Est-ce que les décrets qui ont été faits par le passé, on est ouverts à ce que
les ajustements permettent la continuité de certaines mesures du passé, la
réponse, c'est oui. Mais ça, tu n'as pas besoin d'un projet de loi compliqué,
là, ça se fait comme ça.
L'enjeu d'aujourd'hui, je pense, c'est
plutôt : Est-ce que la CAQ veut conserver des pouvoirs discrétionnaires
opaques au cas où ce soit pratique? C'est ça, le problème, si c'est le cas.
Quant à moi, le projet de loi devrait faire quelques lignes, puis ensuite, au
cas par cas, bien, on débattra de c'est quoi, les bonnes mesures. Mais il ne
faut pas détourner la notion d'urgence. On n'est pas en urgence. Le
fonctionnement normal, c'est de réfléchir, débattre et arriver avec un
résultat.
M. Bourassa (Simon) : La
question du retour éventuel du passeport vaccinal, s'il y a une autre vague
aussi, ça ne devrait pas être inclus dans le projet de loi...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non,
parce qu'il faut que ce soit débattu. C'est une question d'organisation de
notre société. Les débats peuvent se faire rapidement, là. Supposons qu'il y a
une vague foudroyante. On a déjà vu des commissions se faire en 48 heures. On
peut accélérer, on peut penser à des façons de garder les débats, là, très,
très courts. Mais jamais on ne va revenir, pour des décisions aussi
fondamentales, à la gouvernance qu'on a connue, où on prétend que nos décisions
sont basées sur la Santé publique, mais, après coup, on se rend compte qu'il
n'y a pas d'avis ou que l'avis ne disait pas vraiment ce que le gouvernement
nous a dit. Ça, on va maintenir les débats pour toutes les décisions
importantes pour la suite des choses. Ça, c'est vivre avec le virus.
La Modératrice : Dernière en
français, s'il vous plaît.
M. Gagnon (Marc-André) : Pour
revenir sur les tarifs, là, comme mon collègue le soulignait, vous avez dit
«papa Legault». Donc, pour vous, l'approche de François Legault, c'est une
approche qui est paternaliste?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est
une approche qui est électoraliste et qui... Disons que François Legault et la
CAQ, en général, aiment se simplifier la vie en contournant les mécanismes
normaux, pour voir ce qui les avantage dans le contexte électoral, là. Puis sur
une question pointue sur le tarif d'Hydro-Québec... Puis là il faut distinguer
aussi tarifs des entreprises, tarifs des particuliers, catégories de
particuliers en fonction de leurs revenus ou de leur consommation. C'est très
complexe. Et on a enlevé tout ce savoir-faire-là, puis François Legault nous
dit : Je vais vous dire, en fonction de mes sondages internes, quelle sera
l'augmentation d'Hydro. Ce n'est pas une façon de fonctionner, mais
malheureusement c'est assez typique de ce à quoi la CAQ nous a habitués dans
les dernières années.
M. Gagnon (Marc-André) : Aussi,
le nickel, lorsqu'on voit comment le géant allemand BASF s'est comporté au
Michigan, est-ce que ça vous donne l'impression que c'est pour favoriser cette
entreprise-là à Bécancour, là, qui veut s'installer à Bécancour, qu'on a décidé
d'augmenter la norme nickel?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je
n'ai pas de preuves de ça, mais dans tous les cas, il n'y a pas de compromis à
faire. On n'empoisonnera pas l'air des gens en fonction de l'intérêt d'une
entreprise ou de je ne sais pas quelle autre raison, parce que je n'ai toujours
pas compris ce qui justifierait une hausse du nickel dans l'air. La qualité de
l'air, la qualité de l'eau, ce sont des choses avec lesquelles on ne joue pas.
Donc, nous, on n'est pas... notre position ne change absolument pas.
La Modératrice : On va passer
en anglais.
Mme Senay
(Cathy) :
Good
morning. Are you still trying to understand why other provinces didn't need a
bill to lift the public health emergency, but Québec does?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
There is no reason for it. And what we've been saying is : If,
really, you're serious about getting rid of the governance by decreet, just do
it, just pull the plug on the state of emergency, and you're done. So, when
they come up with a bill… We're going to find out today and we're probably be
going to speak together, later today, to comment. But, really, the question…
Mme Senay (Cathy) :
…in provinces.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
It's the most relevant question : Why do you need to do this?
If, really, you're serious about pulling the plug on the governance by decreet, why didn't you do it and why don't you do it
right now? Why do you put conditions? Why do you need to go through a bill? I
haven't understood that point so far, but maybe we're going to understand when
they come up with this bill. I hope it's not because they want to retain a few
powers that would be useful in their day-to-day, because, of course, any power
would like to govern without any opposition and without any reckoning of the
decisions. So, that's the issue here.
Mme Senay (Cathy) :
There are university teachers… well,
researchers that came out with a study. They talked to… well, they got the
impression of more than 600 university students, and basically, because of the
effects of Bill 21, some students are basically saying that there is a negative
effect, they are thinking… When they are studying for teaching or in law, they
are basically considering leaving the province, or some of them will change…
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
How many of those students have been in the article? How many are
there students that are confirmed to leave the province?
Mme Senay (Cathy) :
Well, 629 students… Well, basically,
they sounded 629 students, and the main discovery of this survey is that here
is a very… like there is an unease of staying in Québec,
and they are considering leaving the province, and then also considering
changing the field, their field of studies. Is it something that may have a
backlash, in the future, for Québec, because of this law? Is this… I know that
you've been supporting this law from the start, and even you wanted this law to
go further, but is there like a fear on your side?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : No. There needs to be hard facts. I mean, if all there is is
a survey whereby people say : I might do something… It's O.K. to change
field of study, many students do that, because each field of study leads to a
job, and each job has requirements. So, the law is pretty clear. I don't want
to get back into the reasons for that law, we've been debating it for more than
10 years now, and I don't see any specific case of someone leaving because it's
so unbearable.
Mme Senay (Cathy) : So, before reacting to a survey like this, you want to have the
real facts, you want to know who's leaving, how many, why?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, let's just say it's not hard
data. But most importantly, people who get into a field of study know the
requirements for the job after their studies. So, it's not like they've been
surprised or… So, the law is the law and it applies.
La Modératrice :
Une dernière question en anglais.
M. Wood (Ian) :
Dawson College students are going be
here today to ask the Government to continue with the plan, the investment there that was cancelled.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
Oh! that's interesting. What are they saying to the Government? What are their points?
M. Wood (Ian) :
Well, that they'd like this plan to not
be cancelled. But, you know,
the problem was the Government
says they're cancelling this because the needs of French CEGEPs should take
precedence, but even the French CEGEPs, the association that represents them
says : No, Dawson's needs are legitimate, regardless of whether it's an
English or French institution. Do you agree with that?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
No, I don't. There was a letter specifically saying that Dawson was
not collaborating with other CEGEPs in Montréal with the proportion of students that are hosted. There's a
coordination in which Dawson does not participate. But that's why I'm curious
to hear what argument students of Dawson have exactly, because the whole point
of expanding Dawson is to expand the number of students, and we know that
Dawson has not been respecting the planification of students per CEGEP. So, if
the argument is to say : We would be very glad to have more students
studying in English at Dawson and we want the money for it, I mean, it's a
very… it's nothing new, it's a very weak argument, given that there are needs…
M. Wood (Ian) :
Sure, but that's not what Dawson has
said. They said they are not planning to increase the number of students. And
again, last month, when this happened, the association representing some French
CEGEPs agreed with Dawson…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Dawson CEGEP…
M. Wood (Ian) : …in that their facility needed the investment to be improved and modernized because half of their students are
already working in, you know,
portable spaces and rented spaces…
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
Oh! yes, of course. If they bring too many students for their
capacity, of course, there will be that situation, but that's Dawson taking too many students. And when you say that
they do not intended to host more students, they've been saying that for many
years, but when you look at the data, they haven't respected the decreet that
applies in terms of how many students should be hosted at Dawson. So, we need
to take with prudence what Dawson says on that topic, given the history of the
decisions, by Dawson, as to how many students were hosted.
M. Wood (Ian) :
So, this isn't…
La Modératrice :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Wood (Ian) :
…doesn't matter even if the French
CEGEPs are saying that this is good for education?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
It's all about data. The data shows that the needs, in terms of financing, in French CEGEPs are
obvious, and the number of places in English on the island of Montréal, seats, places of CEGEPs in English
are far larger than the proportion of the population that speaks English. So, right now, Dawson and other English-speaking CEGEPs are not a space for
English-speaking Quebeckers to
continue to pursue their education in English, it's a space for Francophones
and Allophones to take English as a daily common language, and that's the topic
we've been debating for the past months. So, there is nothing new in terms of what I hear. There are already
too many places in English in Montréal at the CEGEP level. So, we need to balance this, we need to balance
the financing and balance the number of places in French on the island.
La Modératrice :
Merci beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 8 h 33)