(Seize heures)
M. Arseneau : Bonjour. Effectivement,
on veut offrir une réaction à chaud au discours inaugural du premier ministre
Legault, une autre opération marketing politique, un exercice de communication,
pour le moins, superficiel, notamment en matière de santé. Le gouvernement nous
annonce une décentralisation à venir. Le principe, on peut en convenir.
Le problème, c'est qu'il n'offre aucune
solution concrète à la crise actuelle, notamment sur le temps supplémentaire
obligatoire à éliminer ou encore le recours aux agences. Il propose une agence
publique-privée, si on comprend bien, pour faire concurrence aux agences de
placement privées, encore une fois, ce n'est pas une solution.
Est-ce que le gouvernement est cohérent
dans son discours? Bien, on en doute, d'autant plus que, pas plus tard que la
semaine dernière, alors qu'il y a des solutions du milieu, du terrain, qui lui
étaient proposées, notamment en Abitibi, pour maintenir les services, eh bien,
on a tout simplement fermé la porte, détourné le regard. Et là, aujourd'hui, on
dit qu'il faut faire confiance aux gens des régions, et c'est comme ça qu'on va
sortir de la situation actuelle.
Évidemment, pour rétablir la confiance, il
faudra que le gouvernement mène des actions concrètes, et là, actuellement, il
y a définitivement un déficit de confiance et un déficit d'action concrète ou
de crédibilité, en fait, dans les mesures qui sont absentes. En fait, on a évidemment
des phrases creuses, mais pas beaucoup d'information précise sur ce que le gouvernement
entend réellement faire. Donc, outre la santé, évidemment, je vais laisser mon
chef, Paul St-Pierre Plamondon, réagir.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Joël. Bonjour, tout le monde. Donc, aujourd'hui, on a été témoin d'un
exercice de lancement de campagne électorale de la CAQ à même les fonds
publics, à même le temps qui, normalement, est consacré à faire des lois et
sans la supervision du Directeur général des élections. C'est un exercice de
slogan plutôt que de résultat, un gouvernement qui, vraisemblablement, est
accro au marketing et à la visibilité. Mais lorsqu'on regarde concrètement de
quel changement, parce que c'est ça qu'on avait annoncé, du changement, on est
dans la continuité de certains thèmes de la CAQ, pour lesquels, à date, ils
n'ont obtenu aucun résultat, ce qui fait en sorte que les problèmes importants
pour la population sont les mêmes, notamment qu'est-ce qu'on fait avec
l'urgence climatique, alors que le plan présenté par la CAQ est un demi-plan
qui, de l'avis de tous les experts, est insuffisant? Qu'est-ce qu'on fait sur
le plan du français, alors que c'est, encore une fois, un plan insuffisant, de
l'avis de tous les experts? Comment recevoir cette affirmation du premier
ministre qu'ils vont commencer à étudier l'appauvrissement des Québécois sur le
plan de la crise du logement, sur le plan du panier d'épicerie qui coûte de
plus en plus cher. Le seul engagement, c'est de dire : Bien, on va
commencer à réfléchir à une solution.
Et c'est comme ça pour plusieurs vrais
problèmes, comme les places en garderie. On prend un engagement, ça fait trois
ans pourtant qu'on le sait. Il n'y a rien de concret. Donc, plusieurs énoncés
de communication, marketing, des slogans qui s'accumulent, mais très peu de
concret, très peu de résultats et très peu de cohérence par rapport à des
problèmes, là, qui, on le sait, requièrent des solutions qu'on a mises de
l'avant au Parti québécois.
Et, dernier point, l'éléphant dans la
pièce, ce sont... c'est le statut du Québec dans le Canada. M. Legault nous a
parlé de santé pendant de longues minutes, mais qu'advient-il des 6 milliards
manquants qu'on a demandés au Canada et que vraisemblablement on n'est pas en
position d'obtenir avec un gouvernement Trudeau, là, dans le cadre de
l'implication de notre premier ministre dans la campagne fédérale? On a parlé
de rapatrier les pouvoirs en immigration. Comment on va faire ça, parce que c'est
une demande qui a déjà été refusée. Quelle est la position de M. Legault pour
obtenir ces gains-là. On a parlé de culture, c'est la position de la CAQ de
rapatrier les pouvoirs en culture. Ah! oui? Comment?
Donc, la position du Québec dans le Canada,
c'est un sujet qui n'a pas été abordé. Mais quiconque est sérieux dans la
volonté d'agir dans ces sphères-là doit mentionner le problème devant lequel on
est placé, à savoir que le gouvernement Trudeau a déjà dit non, va continuer de
dire non, et la seule manière d'en sortir, c'est d'évoquer notre liberté, notre
autodétermination sur le plan démocratique, bref, l'indépendance du Québec.
Journaliste
: Concernant
… levée de l'urgence sanitaire, on semble, vraiment, l'avoir, ce calendrier.
Est-ce que ça vous satisfait comme calendrier, ou c'est encore trop vague?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est décevant parce que l'urgence sanitaire, ça devrait être le critère,
donc, d'urgence, qui justifie la gouvernance par décret et surtout les contrats
sans appel d'offres. On sait que c'est un risque important en matière de
prévention de la corruption, donner des contrats sans appel d'offres, donc on a
hâte que ça se fasse, et, nous, notre prétention, c'est que ça aurait dû être
fait il y a plusieurs mois.
Journaliste
: M.
Arseneau, j'aimerais ça vous entendre sur les Îles-de-la-Madeleine. Vous…
M. Arseneau : Est-ce que ça a
été mentionné pendant le discours?
Journaliste
: Bien, peut-être.
Quand le gouvernement a dit qu'il veut faire la décentralisation du réseau de
la santé, est-ce que vous avez compris qu'au fond, ce qu'il voulait, c'est de
défaire la réforme Barrette puis donner les vrais pouvoirs aux régions, ou ce
n'est pas ça du tout que vous avez entendu?
M. Arseneau : Bien, en fait,
on aimerait croire que le gouvernement veut véritablement redonner le pouvoir
aux régions en matière de santé, sauf que les actions des derniers mois, la
gouvernance par décret qu'il a instituée, le refus d'écouter les solutions qui
provenaient du milieu, que ce soit de ma région ou des autres régions et des
travailleurs en tant que tels, il est clair, alors est-ce qu'aujourd'hui il
nous annonce une nouvelle approche? On l'espère, mais est-ce qu'on croit que le
gouvernement s'apprête à engager une nouvelle réforme pour défaire la réforme
Barrette, est-ce que le milieu de la santé est prêt à faire face à une nouvelle
réforme, donc à changer les structures alors qu'on a des besoins criants de
main-d'oeuvre et qu'on a besoin aussi de mettre fin au temps supplémentaire
obligatoire, d'améliorer, donc, les conditions de travail, la conciliation
travail-famille de l'ensemble de travailleurs de la santé? Je crois qu'il y a
peu d'appétit pour ça.
Dans toutes les consultations qu'on a
menées au cours des trois dernières années avec des gens du milieu, ils nous
ont dit : Vrai, la réforme Barrette a sacrifié le pouvoir, là, des régions
et de l'ensemble des gens qui y travaillent, et puis on a maintenant une
structure qui est hyperconnectée au ministère, qui est hyperpolitique, et qu'on
regrette. Est-ce qu'on veut engager une nouvelle réforme? On en a soupé des
réformes. Il faut faire des aménagements. Je ne sais pas où le gouvernement se
situe à l'heure actuelle.
Journaliste
: Concernant
les hydrocarbures, maintenant, est-ce que vous avez été surpris de cet
engagement du premier ministre de dire : Bon, bien, c'est terminé
l'extraction d'hydrocarbures, ou est-ce que ça vous a semblé nouveau dans le
discours?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, mais, de mémoire, ce n'est pas nouveau. Est-ce que c'est véritablement une
nouveauté? Pour nous, c'est parce qu'on le demande depuis tellement d'années,
en tout cas, depuis que je suis chef, on l'a demandé trois, quatre fois. Donc,
ce n'est pas nouveau dans l'espace public. Et ce qu'on constate, c'est que…
Journaliste
: Est-ce
que c'est nouveau dans le discours de François Legault? Parce que, comme votre
ancien gouvernement, il appuyait le développement de l'île d'Anticosti, là,
comme le gouvernement Marois, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, mais, si on regarde les dernières années, là, il n'y a rien de neuf dans
le bilan qu'on fait au Québec, de notre relation aux hydrocarbures, qu'on ne
veut pas ces projets-là. On a parlé beaucoup aussi de projets hydroélectriques
comme une façon, là, de prendre le virage vert. Moi, je suis pour
l'hydroélectricité, là, mais la vraie question, c'est comment est-ce qu'on peut
justifier le troisième lien, comment on peut justifier également un plan qui ne
mesure même pas les gaz à effet de serre, puis ensuite claironner le virage
vert puis faire des slogans avec la nouvelle économie verte. À nouveau, c'est
un enjeu de cohérence entre ce que dit le gouvernement et ce qu'il fait dans la
réalité.
La Modératrice
:
Dernière question en français.
Journaliste
: Est-ce
que vous sentez, justement, qu'il se sent dédouané pour pouvoir faire son
troisième lien en promettant de cesser…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, de toute évidence, il n'a pas mentionné son troisième lien lorsqu'il
parlait de son virage vers la nouvelle économie verte. À nouveau, c'est un
gouvernement de slogans, c'est un gouvernement qui est moins axé sur les
résultats et plus sur les communications. Et là, on a perdu deux jours, là, à
permettre au gouvernement de faire une infopub. C'est une infopub. Mais le
concret, là, le comment, le pourquoi, c'est très flou. Tout est très flou.
La Modératrice
: On va
passer rapidement en anglais, si vous voulez bien répéter un résumé en anglais,
s'il vous plaît.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : So, today, we saw the Government using public funds and using time
that should be spent on working on bills, on new laws, for advertisement,
advertisement of the Government.
So, it was a paid-for advertising. And, unfortunately, there was nothing new.
It was things from the Government that we already know since 2018.
And, unfortunately, for
issues that are very important for the population such as global warming, such
as the French language, the housing, the cost of living, many issues that are
very real in Quebeckers' life,
unfortunately, there was nothing specific, nothing very concrete, but a lot a
slogans, a lot of advertising. And, obviously, it's a government a really loves visibility, and they had another shot at
self-promotion today.
La Modératrice
:
Merci beaucoup, bonne journée.
(Fin à 16 h 10)