(Onze heures vingt-quatre minutes)
Le Modérateur
:
Bonjour, bienvenue à ce point de presse. Donc, vont s'adresser à vous aujourd'hui
M. LeBel, porte-parole du Parti québécois en matière de services sociaux;
M. François Winter, de L'A-Droit de Chaudière-Appalaches; suivi de
M. Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole en matière de
santé.
Sont également présents avec nous des
membres de la Conférération des organismes des personnes handicapées du Québec.
Donc, je laisse sans plus tarder la parole à M. LeBel.
M. LeBel : Oui, bonjour.
Je viens de déposer, à l'Assemblée nationale, une pétition soulignant l'importance
de mieux soutenir des personnes qui ont des handicaps, qui demeurent en
résidence, et qui doivent faire face à des situations de pauvreté, et qui,
depuis quelques années, font face à une injustice, c'est-à-dire que le gouvernement
a augmenté les prestations des gens à l'aide sociale, mais le gouvernement
prend d'une main ce qu'il donne de l'autre, c'est-à-dire fait en sorte que les
prestataires qui sont en résidence perdent tout leur montant supplémentaire.
Bref, on est en train de les appauvrir davantage
par une mécanique qui n'est pas normale et qui doit être changée, qu'on doit
s'assurer qu'on change cette situation-là. Et tout de suite je laisse la parole
aux gens qui connaissent la situation. Ils vont vous expliquer exactement
comment ça se passe.
Le Modérateur
:
M. Winter.
M. Winter (François) : Bonjour.
Merci, M. LeBel. Donc, aujourd'hui, on est venus assister... Ah! je vais
m'avancer. Merci. Aujourd'hui, on est venus assister au dépôt d'une pétition
qui est appuyée par près de 1 600 personnes qui demandent au gouvernement
du Québec de revoir sa position dans le dossier de l'allocation pour dépenses
personnelles pour les personnes hébergées en ressource intermédiaire.
Depuis quelques années, les différents
regroupements provinciaux qui représentent les personnes avec des limitations
fonctionnelles ont, avec les différents ministères, des discussions concernant
l'insuffisance de cette allocation de dépenses personnelles. Depuis 2018, des
avancées et des reculs dans ce dossier n'ont pas amené de solution durable à
cette inéquité. Tout comme l'ensemble des personnes ayant appuyé cette
démarche, nous estimons qu'une solution doit être mise en oeuvre dans ce
dossier.
Les conséquences pour les personnes... une
allocation de 260 $ par mois, les gens, avec ce montant-là, doivent
pouvoir s'acheter des vêtements, aller au restaurant, avoir des loisirs, payer
leurs frais de transport, aller se faire couper les cheveux, pouvoir acheter
des cadeaux de Noël à leurs proches, s'acheter des cigarettes s'ils sont
fumeurs, acheter des médicaments non prescrits, un cellulaire, peut-être même
une télévision ou un abonnement à différentes plateformes de câblodistribution.
Donc, qu'est-ce que ça fait? C'est quoi,
les conséquences? C'est que ça met un poids, donc, sur les familles quand les
gens ont des familles, mais ça met aussi un... ça met les gens dans une
situation de précarité, des gens qui, oui, sont logés, nourris, mais pour
lesquels le gouvernement du Québec s'était engagé à sortir
100 000 personnes de la pauvreté. Donc, les gens auparavant, comme, on
appelait... qui sont contraintes sévères à l'emploi à l'aide sociale, donc
maintenant sur le programme de solidarité sociale, donc ces personnes-là, ce
sont des citoyens à part entière, puis on devrait le considérer comme ça.
À ce titre-là, M. François Legault
avait mentionné, en 2018, lorsqu'il était dans l'opposition, qu'on parle des
gens les plus vulnérables de notre société, puis qu'on ne parle pas de montants
astronomiques, puis il faut qu'on ait de la compassion. On est d'accord avec
cette déclaration-là que M. Legault a eue en 2018 et puis on pense que le gouvernement
pourrait facilement régler cette situation-là.
Donc, en terminant, on peut noter qu'avec
le dernier plan d'action pour l'inclusion économique et la participation
sociale, l'État s'était engagé, comme je l'ai mentionné, à sortir
100 000 personnes de la pauvreté. C'est une décision politique.
Respecter cet engagement auprès des personnes qui résident en ressource
intermédiaire, ça constitue également une décision politique. Donc, c'est ce qu'on
demande au gouvernement avec cette pétition, de respecter son engagement envers
les personnes les plus vulnérables de notre société. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. M. Arseneau.
M. Arseneau : Merci.
Alors, ce que je peux ajouter à ce qui a été présenté de façon très éloquente,
c'est le fait qu'on peut constater qu'avec une telle mesure, actuellement, il y
a une discrimination qui a été instaurée par l'État du Québec à l'encontre d'un
certain groupe de personnes handicapées avec contrainte sévère à l'emploi. On
crée deux catégories de personnes : celles, donc, qui sont hébergées en
résidence intermédiaire et les autres, et qui n'ont pas accès, donc, aux mêmes
montants pour, justement, aspirer à sortir un tant soit peu de la pauvreté. Les
personnes qui sont en résidence intermédiaire, en ressource intermédiaire, n'ont
pas moins besoin de ce petit budget là pour dépenses personnelles. Ils ont
aussi à acheter des vêtements, à se vêtir, donc, à se transporter également, se
déplacer pour les produits d'hygiène, de loisir. La liste de ces besoins-là est
longue, et les montants sont actuellement au minimum.
D'autre part, les personnes handicapées en
situation de pauvreté hébergées dans les ressources intermédiaires reçoivent
donc un montant, et il est prélevé par la Régie de l'assurance maladie
lorsqu'ils sont en ressource intermédiaire. Ils sont privés de cette hausse de
la prestation qu'ils reçoivent. C'est véritablement une aberration. C'est comme
si les montants du ministère de la Solidarité sociale étaient détournés pour
aller financer la Régie de l'assurance maladie du Québec. Et ça, c'est
inadmissible. Même le premier ministre Legault, à l'époque où il était dans
l'opposition, l'avait dénoncé. Il y a une forme de détournement de fonds,
d'appropriation du bien et des petits montants qui sont versés à des
bénéficiaires en situation de vulnérabilité et de pauvreté qui, donc, sont
appropriés par la Régie de l'assurance maladie du Québec, ce qui est
inacceptable, je l'ai déjà mentionné, qui est une aberration.
Et je dirais en terminant que le projet,
le plan d'inclusion, de participation à la vie sociale, donc le plan pour
sortir les personnes handicapées de la pauvreté, là, ça ne doit pas servir à
sortir la Régie de l'assurance maladie de la pauvreté. Le gouvernement aujourd'hui
doit prêcher par l'exemple et il doit faire aujourd'hui ce qu'il s'engageait à
faire avant d'être porté au pouvoir, et c'est ça, le message urgent à porter au
gouvernement aujourd'hui.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. M. LeBel, en terminant.
M. LeBel : Les gens qui vivent
en résidence intermédiaire, qui vivent la pauvreté, ils ne doivent pas... ce
n'est pas des gens qu'on doit... ils ne doivent pas être... ces gens-là doivent
avoir une qualité de vie. Ce n'est pas parce que tu vis cette situation-là de
pauvreté puis que tu es en résidence que tu dois t'enfermer dans la résidence
puis ne pas avoir de vie, et c'est ce que ça fait actuellement. Et cette situation-là
avait été comme corrigée temporairement par l'ancien gouvernement, qui avait
compris que ça ne fonctionnait pas, mais le nouveau gouvernement arrive et
continue, fait comme si ça n'existait pas, et on continue encore avec la même
méthode où la Régie de l'assurance maladie prend l'argent qui devrait aller
pour ces personnes-là. Ça fait que ce n'est pas des gros montants, on l'avait
dit. Tu sais, là, actuellement, on parle de personnes avec une allocation de
260 $. Pour être convenable, ça devrait être 360 $. Tu sais, on parle...
Ce n'est pas des folies, là, puis ça parle à des gens, ça parle à du monde qui
ont le droit à cette qualité de vie.
Ça fait que nous, ce qu'on va faire, comme
on est dans l'opposition, on va continuer à mettre de la pression. Avec les
groupes, on a déjà déposé la pétition, on va interpeler les ministres
concernés. Il faut absolument arriver à trouver une solution à ça, c'est la
grosse logique. Et je le dis, c'est des personnes qui vivent ces situations-là,
qui nous écoutent puis qui veulent qu'on trouve une solution, puis on va en
trouver une. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Merci beaucoup pour ce point de presse.
(Fin à 11 h 32)