(Dix heures trente minutes)
M. Moreau
: Alors,
merci, merci beaucoup. Vous avez, pour la plupart d'entre vous, eu un briefing
technique ce matin, alors je représente les gens qui y ont participé : à
ma droite, Mme Luce Asselin, sous-ministre associée à l'Énergie et aux
Mines; à ma gauche, M. Mario Gosselin, sous-ministre associé au Territoire.
Ont également participé au briefing technique M. Mario Perron, directeur
général de l'information géospatiale, ainsi que M. Gaëtan Bonnier, de la Direction
générale des hydrocarbures. Alors, bonjour à tous et merci d'être présents.
Lors de l'étude des crédits du ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles le 19 avril dernier, j'ai indiqué
que, sur la question des puits inactifs, je reviendrais avec un plan de match
afin d'intensifier nos actions sur le terrain. C'est ce que je fais
aujourd'hui. Plusieurs d'entre vous ont déjà eu un aperçu de ce dossier
complexe tout à l'heure, lors du briefing technique. Je vais maintenant vous
brosser le portrait général de la situation et indiquer ensuite les actions à
venir en ce qui concerne l'état des puits inactifs au Québec.
Dès mon arrivée en poste, j'ai constaté
que le public était soucieux de l'état d'avancement des travaux d'inspection
sur les suites à donner aux puits inactifs. Il est normal de poser des
questions. Et c'est aussi le but de l'exercice de ce matin, donner l'heure
juste, en toute transparence, sur un dossier, je le répète, qui est, somme
toute, assez complexe.
La première question qu'on se pose, c'est :
Est-il si compliqué de repérer des puits inactifs? La réponse toute bête, c'est
oui, d'abord parce qu'il est très difficile d'établir si l'information fournie
ou disponible au sujet des puits inactifs est exacte. Dans plusieurs cas, on
doit travailler avec des données qui remontent à 1860.
Faisons ici un retour dans le temps pour
voir comment ça se passait sur le terrain et dans les bureaux. Je prends un
exemple en Gaspésie, parce que vous savez que les régions, principalement, où
les efforts se sont concentrés, c'est Bas-Saint-Laurent et Gaspésie. La
Gaspésie, pourquoi? Parce que c'est une région dont je suis aussi ministre
responsable. Entre 1860 et 1958, on sait maintenant que 77 puits
d'hydrocarbures ont été forés dans la péninsule gaspésienne et qu'il y a eu
confusion, à l'époque, entre les puits d'hydrocarbures et les puits miniers.
Aujourd'hui, cette confusion est corrigée. Les coordonnées de localisation qui
sont alors inscrites dans les rapports reposent sur des repères terrain que l'on
pouvait qualifier de rudimentaires à l'époque, ainsi la localisation initiale
du puits Campbell qui est décrite de la façon suivante dans les archives :
Lot 16, rang 2, canton Baie-de-Gaspé, comté Gaspé-Sud; coordonnées : côté
ouest du ruisseau d'Argent, 4 700 pieds à l'est de la ligne ouest du
canton.
Maintenant, plus on avance dans le temps,
plus les repères évoluent. C'est sous forme de coordonnées géographiques,
c'est-à-dire de degrés de longitude et de latitude, que l'on localise
aujourd'hui les puits forés auparavant, ce qui exige une transposition de
repères terrain en repères géographiques. Cette transposition comporte elle
aussi inévitablement un niveau d'imprécision notable, ce qui complexifie
grandement le repérage sur le terrain. De fait, la localisation de ces puits
peut non seulement s'avérer très difficile, mais, dans certains cas,
impossible. Souvent, vu la taille de la tête d'un puits et son ensevelissement,
c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Souvent, des structures
ont été construites par-dessus les puits. Ce n'est que depuis 1974 que les
cordonnées de localisation de tous les puits forés s'expriment en degrés de
longitude et de latitude et ce n'est que depuis 1988 que l'inscription au
Registre foncier de la localisation des puits est obligatoire. Or, entre 1860
et 1988, ce sont plus de 500 puits qui ont été construits, souvent en
bois, un matériau qui se dégrade et rend la tâche de les localiser encore plus
difficile.
Cela dit, je le mentionnais plus tôt, les Québécois
sont soucieux quant à notre connaissance de la situation. Ils sont en droit de
connaître l'état des lieux. Nous allons le faire avec méthode et transparence.
J'ai d'abord demandé de mettre à la disposition du public le plus d'informations
pertinentes possible. Je veux que l'on connaisse l'état des puits inactifs,
localisés ou non, inspectés et conformes ou non, les mesures et les actions
prises par le passé et celles qui sont encore nécessaires pour remédier à la situation
des puits jugés non conformes.
Je veux aussi que les citoyens puissent
poser des questions et exprimer leurs préoccupations à ce sujet et surtout
qu'ils nous aident à repérer les puits inactifs dits introuvables. À cet effet,
le ministère a mis une ligne téléphonique à la disposition du public et des municipalités.
Cette ligne est opérationnelle dès maintenant. Une adresse courriel est également
disponible pour recevoir de l'information ou signifier une situation
préoccupante.
Que savons-nous et que ferons-nous?
D'abord, quelques statistiques. Les chiffres qui vous sont présentés ne sont
pas différents de ceux diffusés ces derniers mois, mais je veux qu'on les comprenne
bien. Première donnée : depuis 1860, 953 puits de toutes sortes ont
été forés au Québec. Deuxième donnée : de ces 953 puits, 242 sont
fermés temporairement ou en opération. Nous les connaissons et ils font l'objet
d'un suivi. Ces 242 puits font partie d'une catégorie autre que les puits
inactifs, mettons-les de côté pour les besoins de notre exercice.
Il reste donc 711 puits sur lesquels
nous portons notre attention. Ces 711 puits sont catégorisés inactifs,
avec propriétaire ou sans propriétaire, localisés ou non localisés. Nous savons
avec certitude que 93 des 711 puits ont des propriétaires. D'ici l'été, le
ministère communiquera avec eux pour qu'ils procèdent à l'inspection de leurs
ouvrages, y apportent les correctifs nécessaires, le cas échéant, et nous en
informent pour que nos inspecteurs puissent faire les vérifications et les
déclarer conformes. À compter de la réception de l'avis du ministère, les
propriétaires auront 90 jours pour régulariser leur situation, si besoin
était.
Le calcul est donc simple : il reste
618 puits inactifs sans propriétaire ou responsable connu. De ce nombre,
certains ont été repérés et 91 nécessitent des travaux correctifs, ce qui peut
aller de l'installation d'une simple pancarte jusqu'au traitement de petites
émanations, en passant par l'enlèvement de tubages non coupés.
Devant ce constat, pour rassurer la
population, j'ai demandé aux équipes du ministère d'entamer des travaux
systématiques sur la base des 618 puits inactifs, qu'ils aient été repérés
ou non. Nous nous engageons donc à le faire sur une période de trois ans et à
publier annuellement le résultat de nos travaux. Rappelons toutefois que toute
situation jugée préoccupante sera traitée sans délai.
Nous avons donc un véritable plan de match
pour régler le problème des puits inactifs et assurer la sécurité et la quiétude
de la population. Nous allons accélérer la recherche des puits inactifs, leur
attribuer un statut, s'assurer qu'ils soient mis aux normes, et colliger l'information
de façon précise, rigoureuse et complète, et en donner un accès public. Vous le
comprendrez, les travaux de repérage sont d'une grande ampleur. Déjà, des
travaux de documentation sont en cours, et l'information est diffusée à mesure
qu'elle est compilée sur le site Web du ministère. Les opérations d'inspection
des puits inactifs se poursuivent. Elles seront longues et complexes. Une chose
est sûre cependant, le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles
prendra tous les moyens nécessaires pour inspecter les puits inactifs dans un
délai raisonnable et pour y apporter les correctifs nécessaires, le cas échéant.
Nous disposons d'une équipe d'experts sur
le terrain pour mener à bien l'inspection des puits inactifs : trois
équipes d'inspecteurs en environnement composées de deux personnes sont situées
à Caplan pour l'Est-du-Québec, Trois-Rivières pour le centre et Montréal pour
l'ouest; deux géomaticiens pour colliger les informations de repérage et
produire une carte interactive qui sera disponible sur le site Web; trois
ingénieurs pour porter un diagnostic sur les informations recueillies; et deux
équipes externes en soutien en géomatique et en inspection et caractérisation. Nous
ferons connaître nos actions à mesure que les travaux se dérouleront sur le
territoire pour que la population soit bien informée.
Je suis maintenant disposé à répondre à
vos questions.
Le Modérateur
: On va
commencer avec Charles Lecavalier, Le Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour, M. Moreau. Bon, par le passé il y avait quand même beaucoup moins
de ressources pour trouver ces puits-là, pour les caractériser, alors pourquoi aujourd'hui
vous décidez de mettre toute la gomme, là, pour régler ce problème-là?
M. Moreau
: Parce
que, lorsque je suis arrivé au ministère, il y avait eu des efforts qui ont été
faits en 2014, un premier recensement qui avait été fait. Il y a des mandats
qui avaient été donnés à des associations qui ont fait un travail sur les
lieux, qui ont fait des constats. Ces constats-là ont été suivis d'inspections
et de visites sur les lieux. Et ce dont je me suis rendu compte, c'est qu'il y
avait, entre les constats faits par les équipes et les visites terrain, des
situations qui étaient décrites de façon tout à fait différente, d'une part.
D'autre part, j'ai constaté que, lorsque
le ministère ne pouvait pas repérer un puits, dans la catégorisation de ce
puits-là on indiquait qu'il s'agissait d'une situation conforme parce qu'il n'y
avait pas de situation non conforme de soulignée, ce qui m'apparaît pour le
moins imprécis. Et donc j'ai demandé, dès que je suis arrivé en poste, que l'on
relève systématiquement l'ensemble des informations dont le ministère disposait
déjà à l'égard des puits inactifs, mais qu'on aille beaucoup plus loin dans une
démarche. Parce que je suis très conscient, moi, que les gens ont peu d'information
sur la situation des puits inactifs. Ils ne savent pas très bien à quoi
ressemble un puits inactif. On sait que c'est à peu près... c'est plus petit
que la taille de la base d'une borne-fontaine et que, dans bien des cas,
construits, depuis 1860, en bois, certains de ces puits-là sont extrêmement
difficiles à repérer.
On sait aussi que, depuis le temps où ces
puits-là existent, il n'y a pas eu d'incidents malheureux qui ont été
rapportés, de dommages qui ont été occasionnés ou de blessures qui ont été
causées à des individus, mais il demeure tout le temps une situation où les
gens ne savent pas ce qui se produit avec ça, et je pense, moi, que dans un
souci, d'une part, de protection de l'environnement, pour rassurer le public et
puis pour s'assurer que nous détenons l'ensemble de l'information sur ces
puits, il y a lieu d'ajouter à nos efforts, et c'est ce qu'on fait ce matin,
c'est ce qu'on annonce ce matin.
M. Lecavalier (Charles) :
Donc, vous avez constaté quand même des problèmes dans la façon de faire du
ministère. Quand vous dites qu'il y avait...
M. Moreau
: J'ai
constaté des imprécisions dans ce qui avait été fait comme relevés, et, très
sincèrement, moi, ça ne me satisfait pas. Et je me dis que, si le ministre
n'est pas satisfait, j'imagine que la population est aussi en droit de ne pas
l'être, et je pense qu'on a l'obligation de répondre aux gens.
L'idée, c'est d'être rassurants et de dire
aux gens : Regardez, ce n'est pas quelque chose qui est très simple,
compte tenu de l'historique dont je viens de parler, puis bénéficier aussi
peut-être de l'apport que 8 millions de Québécois peuvent ajouter aux
équipes du ministère, en disant : Regardez, nous, on a une situation, on
pense que c'est un puits, ou : On a une situation préoccupante et on ne
souhaite pas que la situation perdure.
Alors, l'idée est double. Un, c'est de
systématiquement aller chercher l'information sur ces puits-là, et deuxièmement
de répondre sans délai à toute situation qui pourrait être préoccupante pour la
santé publique ou encore pour l'environnement.
M. Lecavalier (Charles) :
Je vais m'en permettre une petite dernière. Il y a combien de puits,
actuellement, qu'on ne sait pas ils sont où?
M. Moreau
: Des
puits qui ont été... Attendez un peu. Dans vos tableaux, là, ce que vous
avez...
Une voix
: Des
introuvables.
M. Moreau
: ...des
introuvables. On a combien d'introuvables?
Une voix
: C'est
difficile à dire.
M. Moreau
: C'est
difficile à dire combien il y en a qui sont introuvables. On peut vous dire qu'il
y en a 711 qui sont inactifs, 93 qui appartiennent à des propriétaires
identifiés. Puis donc moi, je prends les 618 puits, mais, sur les
618 puits restants, il y en a plusieurs qui ont fait l'objet d'inspections
déjà.
M. Lecavalier (Charles) :
Pouvez-vous me dire il y en a combien qui sont trouvés?
M. Moreau
: Bien,
en fait, ce que je vous dis, là, c'est que, sur les 618 puits qui restent,
je ne serais pas en mesure de vous dire combien ont été trouvés ou combien
n'ont pas été trouvés particulièrement parce que, dans certains cas, on a des informations
au ministère en disant «la situation est conforme», alors qu'une situation
conforme peut correspondre à un puits qui n'a pas été trouvé et pour lequel il
n'y a pas eu d'émanations. Donc, l'inspection qui avait été faite jusqu'à maintenant
disait : Moi, je ne l'ai pas trouvé, il n'y a pas d'émanations; s'il n'y a
pas d'émanations, il n'y a pas de situation non conforme. Je vous dis, ça, pour
moi, c'est insatisfaisant, il faut aller plus loin.
Le Modérateur
: Gilbert Lavoie,
Le Soleil.
M. Lavoie (Gilbert) :
Oui, bonjour, M. Moreau. Il reste combien de puits actifs?
M. Moreau
: Des
puits actifs, on en a 242 qui sont fermés temporairement ou qui sont en activité.
Il y a 242 puits où il pourrait y avoir de l'activité. À cet égard de ces
242 puits, le ministère dispose d'informations quant aux propriétaires.
Puis il peut arriver, dans certains cas, que le propriétaire dise : Pour
l'instant, je le mets... je le déclare inactif ou je prends les mesures pour le
rendre inactif, mais se conserve le droit de pouvoir le réactiver.
M. Lavoie (Gilbert) : Et
la majorité de ces puits-là, c'est dans le contexte de recherche de ressources
gazières ou pétrolifères?
M. Moreau
: Exact,
exact.
M. Lavoie (Gilbert) : On
commence quand même à avoir un peu d'expérience, là, surtout avec Anticosti, et
tout ça, et la baie de Gaspé. Est-ce que l'expérience de la dernière décennie
montre, selon vous, qu'il vaut encore la peine de chercher du pétrole au
Québec?
M. Moreau
: Du
pétrole?
M. Lavoie (Gilbert) : Du
pétrole ou du gaz.
M. Moreau
: Moi,
je pense que ce qu'on a comme information à l'heure actuelle, c'est que les
ressources en pétrole au Québec ne sont pas énormes, que, s'il y en a, elles
sont concentrées beaucoup plus dans la région de la Gaspésie que dans les
basses terres du Saint-Laurent, et qu'à l'heure actuelle il y a véritablement
trois situations où il semble y avoir un potentiel — bien qu'il ne
soit pas totalement défini — c'est Galt, Haldimand et Bourque.
M. Lavoie (Gilbert) :
Mais je pose la question parce que, compte tenu de la controverse entourant ces
recherches-là, est-ce qu'il y a assez de pétrole au Québec pour que ça vaille
la peine de continuer à driller, comme dirait l'autre?
M. Moreau
: Bien,
je vous dirais qu'il y a bien des dossiers où... notamment dans ces trois
dossiers-là, on continue les recherches pour déterminer quelle est la nature
des gisements, quelle est l'importance des gisements, ce n'est pas complété. Il
serait prématuré de répondre à la question. Mais les entreprises qui font les
recherches le font dans le but d'établir si, oui ou non, il y a un potentiel
suffisant pour leur exploitation.
Le Modérateur
: Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour. Pourriez-vous préciser les crédits alloués à votre équipe pour
mener cette opération?
M. Moreau
: Cette
année, on a ajouté un budget de 1,9 million à l'équipe pour... en deçà des
équipes régulières du ministère. Il y aura deux équipes externes qui vont se
joindre aux équipes du ministère, notamment pour la géolocalisation et la
géomatique, c'est-à-dire constituer une carte interactive qui sera accessible
sur un site Web pour permettre de localiser puis d'aller, au fur et à mesure,
colliger les informations qui seront retenues, et une équipe d'inspection et de
caractérisation pour les travaux qui sont faits. Parce que, lorsqu'on repère un
puits, ce qu'on m'indique, c'est que, dans certains cas, il est parfaitement
sécurisé, c'est-à-dire qu'il va être clôturé, il va être correctement fermé
ou... Puis il faut faire attention, la façon de fermer un puits peut varier
selon les situations que l'on retrouve sur le terrain. S'il existe encore de la
pression, on ne peut pas strictement essayer de mettre une obturation simple.
Dans certains cas, l'ensemble de la situation est correct, sauf que le puits n'est
pas correctement identifié, alors c'est une question d'identification pour que
les gens sachent qu'il s'agit d'un puits. Et, dans d'autres cas, il peut y
avoir des travaux qui sont plus importants, soit parce que le puits a été
endommagé en partie par des constructions qui se sont ajoutées ou par
l'intervention des propriétaires sur le terrain. Alors, il arrive, dans
certains cas, que des agriculteurs font des travaux dans le champ et vont
endommager les éléments qui seraient nécessaires pour sécuriser un puits ou,
tout simplement, vont en découvrir un qui fait partie de ceux que l'on n'a pas
encore trouvés.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que ce soit davantage que 1,9 million de
dollars au cours des prochaines années en raison, justement, des opérations qui
seront faites après le repérage?
M. Moreau
: Oui, absolument,
absolument, vous avez... excellente question. Cette année, c'est
1,9 million parce qu'on estime... on a une bonne idée des éléments sur
lesquels on veut tabler, à partir d'informations qui peuvent être
contradictoires sur des puits qui ont été repérés, et accentuer le travail. Et,
pour l'an prochain et les années qui vont suivre — parce qu'on estime
que c'est une opération qui peut se réaliser sur trois ans, peut-être plus
rapidement, mais certainement à l'intérieur d'un délai de trois
ans — le ministère entend bien consacrer les efforts nécessaires pour
aller de l'avant là-dedans. Il s'agit d'une question, moi, je pense, tout à
fait légitime d'information du public puis de sécurisation, même si, je le répète,
il faut rassurer les gens, depuis 1860 ces situations-là existent, il n'y a pas
eu, heureusement, de dommage aux propriétés ou de blessures aux personnes qui
ont été rapportés depuis cette époque-là. Néanmoins, s'il y a des émanations,
il y a une question de protection de l'environnement, puis effectivement il
pourrait y avoir des questions où on a l'obligation de sécuriser pour assurer
la sécurité du public.
Alors, on dit aux gens : Si vous en
repérez, vous, près de chez vous puis que vous avez une situation, pas qui...
ce n'est pas à vous à déterminer si c'est urgent. Si vous êtes préoccupés par
une situation, on met à votre disposition une ligne téléphonique, appelez-nous.
Et, si une situation préoccupante nous est signalée, sans délai les équipes
vont se déplacer sur place. Il y a des ingénieurs qui vont déterminer quelle
est la nature des travaux à effectuer, puis on va y aller.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Si des travaux sont nécessaires pour les 93 puits sous la responsabilité
d'entreprises, est-ce que le ministère va effectuer les travaux et refiler la
facture aux propriétaires de ces puits-là?
M. Moreau
: Non,
ce n'est pas l'objectif. L'objectif premier, c'est de dire aux propriétaires :
Vous êtes des propriétaires identifiés, responsables de ces puits-là. Il y a
une responsabilité qui vient avec la propriété. Vous devez faire les travaux,
vous devez nous faire la démonstration que les travaux sont faits et que le
puits est sécurisé. Si ce n'est pas fait, le ministère va indiquer quels sont
les travaux qui doivent être faits selon lui. S'il y avait refus d'exécuter, le
ministère pourrait y procéder et poursuivre par la suite pour récupérer les
sommes en question. Il y a une question de responsabilité inhérente à la
propriété, et on entend bien la faire respecter.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, bonjour, M. Moreau. Vous disiez à l'instant : Si des gens
constatent la présence d'un puits sur leur terrain, on les invite à communiquer
avec le ministère. Pour être bien certain, est-ce qu'il y a une obligation
légale de signaler un puits qui serait découvert sur un terrain?
M. Moreau
: Il n'y
a pas d'obligation légale de signaler un puits, mais il faut bien comprendre
que... Et je vous remercie de poser la question parce que les gens pourraient
penser : Il y en a un, mais moi, je ne veux pas être dans le problème avec
ça. L'approche du ministère n'est pas une approche coercitive, c'est une approche
qui est là en vue d'aider puis de corriger une situation. Maintenant, cette
personne-là doit savoir que, si sur sa propriété il y a un puits et que le
puits fuit, il peut y avoir des dommages à l'environnement et des dommages
occasionnés aux personnes ou aux objets qui se trouvent à proximité du puits,
et là il y a une responsabilité civile qui leur échoit. Alors, ce qu'on dit à
ces gens-là : On vous tend la main; si vous ne savez pas ce qui se passe
puis que vous voulez le savoir, on peut être là pour vous aider. Mais, oui, il
y a... Mais il n'y a pas d'obligation légale de dire au ministère : Voici,
j'ai un puits sur ma propriété. Mais il y a des obligations légales qui se
rattachent à la propriété, qui relèvent du droit civil général.
M. Lavallée (Hugo) :
Vous avez beaucoup parlé de rassurer la population puis les propriétaires
éventuels, donc, de puits. On comprend que l'essence même de cette opération-là
que vous annoncez aujourd'hui, c'est préventif et, vous le disiez vous-même, il
n'y a pas d'incidents, véritablement, qui ont été rapportés ces dernières
années.
M. Moreau
: Non,
mais on n'a pas à attendre que des incidents arrivent. C'est préventif et
éventuellement curatif, dans la mesure où des puits sont dans une mauvaise
situation et doivent être mis de façon conforme aux normes. Dans ce sens-là, c'est
curatif; non pas curatif sur des dommages, mais curatif pour faire en sorte que
les puits soient mis dans une situation où ils sont conformes aux normes des règlements
et de la loi. Mais ce que l'on fait aussi, c'est préventif pour éviter, éventuellement,
qu'une situation inconnue ne soit cause de dommages.
M. Lavallée (Hugo) : Et en
ce qui concerne les 618 puits sans responsable connu à repérer, à
inspecter ou à sécuriser, est-ce qu'il va y avoir un effort d'effectué par le ministère
pour retracer d'éventuels propriétaires de ces puits-là ou est-ce que le ministère
va les prendre en charge?
M. Moreau
: Non,
mais je pense que le premier objectif, c'est véritablement de sécuriser les
puits. Si l'ensemble de nos recherches nous permettaient d'en identifier les
propriétaires, certainement qu'à ce moment-là on pourra l'ajouter, mais ce
n'est pas l'objectif premier. L'objectif premier, c'est véritablement de dire :
Il y a une situation qui existe depuis fort longtemps, depuis près de 150 ans
au Québec, cette situation-là doit faire l'objet, par le gouvernement, d'une
mise à niveau, d'une augmentation des connaissances à l'égard de ce qui se
passe parce que ce sont des situations qui sont potentiellement ou dommageables
pour l'environnement ou qui mettent à risque la sécurité des biens et des personnes.
Le Modérateur
:
Jean-Frédéric Moreau, Le Soleil.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Bonjour, M. Moreau. Au risque de vous faire répéter, je veux juste être
sûr de bien comprendre. Donc, s'il y a un puits qui a un dommage ou quoi que ce
soit, mais que le propriétaire n'a pas été identifié, c'est donc la responsabilité
du ministère de...
M. Moreau
: Le ministère
va assumer les coûts nécessaires pour mettre la situation en ordre.
M. Moreau
(Jean-Frédéric) : La Cour suprême, si je ne m'abuse, va se pencher sur
un litige, là, qui concerne... ça se passe surtout en Alberta, je ne sais pas
si vous êtes au courant, mais je me demandais : Si les puits, en majorité,
sont propriété d'entreprises, puis que ces entreprises-là font faillite, est-ce
que le gouvernement va voir, d'une certaine façon, à pallier, si on veut, la
faillite d'une entreprise? La Cour suprême va se pencher là-dessus, je ne sais
pas si vous étiez au courant, là.
M. Moreau
:
Non, je ne suis pas au courant de cette situation-là, mais je peux vous dire
que c'est déjà le cas, le ministère déploie des efforts, notamment pour la
réhabilitation des sites miniers qui ont été abandonnés au fil du temps. Alors,
le gouvernement a pris sur lui une responsabilité à l'égard de ces sites-là.
Et, si vous regardez l'évolution de la législation et de la réglementation, de
plus en plus, justement, pour éviter que ces situations-là, dans le passé, qui
n'étaient à peu près pas réglementées... votre collègue à côté de vous vous
dirait : C'était le far west... Aujourd'hui, ce qu'on essaie de faire,
tant dans les lois qui touchent l'environnement que dans les lois qui sont sous
la responsabilité du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, c'est
de mettre en place un régime de responsabilité à l'égard des activités qui sont
faites sur le terrain et qui modifient la situation d'une propriété. Alors, on
va demander maintenant des garanties, que ce soit dans le domaine des hydrocarbures
ou dans le domaine des mines, des garanties pour la réhabilitation des sites, ce
qui ne se faisait pas avant.
Alors, on est quand même une jeune société
et on apprend des erreurs du passé. Et je pense que ce que le gouvernement fait,
il le fait lorsqu'on est dans le néant à l'égard d'une responsabilité
d'identifier un responsable. Ça fait partie, je pense, d'une responsabilité
sociale que le gouvernement assume. Mais vous noterez que l'évolution
législative et réglementaire est à l'effet de créer ces obligations-là et
d'obtenir, avant le début des travaux, les garanties nécessaires pour assurer
la réhabilitation et la sécurisation des sites.
M. Croteau (Martin) :
J'aurais à mon tour quelques petites questions, si vous permettez.
Pardonnez-moi, j'ai l'air de vous faire répéter, mais pouvez-vous clarifier...
M. Moreau
: Vous
êtes pardonné à l'avance.
M. Croteau (Martin) :
Merci beaucoup.
M. Moreau
: Je
vous donne une absolution totale urbi et orbi.
M. Croteau (Martin) :
Vous êtes gentil, merci beaucoup. Je me sens soulagé.
Pouvez-vous clarifier qui est responsable
de quoi à l'égard des puits abandonnés? Et je fais ici une distinction entre
l'entreprise qui a, dans le passé, exploité le puits et le petit propriétaire
qui découvre un puits abandonné par accident. Est-ce que, finalement, au sens
légal, ces deux entités ont la même responsabilité à l'égard du puits?
M. Moreau
: Des
tiers? À l'égard des tiers? La réponse : À l'égard des tiers, je vous
dirais qu'en droit civil la responsabilité est la même. Si j'ai un puits sur ma
propriété que je découvre, puis ce n'est pas moi qui l'a creusé, puis je
découvre qu'il y a un puits sur ma propriété, j'ai une responsabilité d'assurer
la sécurité des lieux. Et, à l'égard des entreprises, les entreprises qui sont
propriétaires ont une responsabilité également à l'égard de ces puits-là.
Maintenant, on a des situations, et je
pense que ça fait écho à la question que votre collègue posait juste avant,
qu'est-ce qui se passe lorsqu'on n'est pas capables d'établir qui est le
propriétaire du puits ou comment la situation va évoluer? Dans ce cas-là, la
responsabilité et l'intention du ministère est d'assurer la sécurité des lieux
en s'assurant que le puits va être corrigé de façon tout à fait correcte.
M. Croteau (Martin) : Et
cette obligation légale et ces responsabilités légales sont de loin antérieures
à l'annonce que vous faites aujourd'hui, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de
nouvelles obligations qui sont imposées aux propriétaires.
M. Moreau
: Ah!
bien oui, tout à fait. Aujourd'hui, on ne crée pas de nouvelles obligations.
L'annonce d'aujourd'hui, c'est dire : Nous allons intensifier les travaux
du ministère en vue de rechercher, d'identifier et d'assurer la sécurité des
953 puits dont on connaît... dont on soupçonne, dans certains cas,
l'existence au Québec.
M. Croteau (Martin) :
Vous avez dit quelque chose un petit peu plus tôt qui a piqué ma curiosité,
vous avez dit que les propriétaires auront 90 jours pour régulariser leur
situation. Puis pardonnez-moi, là, je prends peut-être l'expression hors
contexte, mais pouvez-vous me préciser de quoi il s'agit exactement?
M. Moreau
: C'est
qu'on a des puits... Il y a 93 puits... Des 953, il y en a 711 qui sont
inactifs. De ces 711 inactifs, il y a 93 puits pour lesquels la
propriété — qui est le propriétaire de puits, là — est
documentée auprès du ministère. Alors, à l'égard de ces 93 puits là, le ministère
va entrer en communication avec l'ensemble des entreprises ou des propriétaires
et va dire : Vous devrez nous dire quel est l'état du puits. Est-ce qu'il
est actif, inactif? Est-ce que sa situation... Est-ce qu'il est sécurisé de
façon conforme aux normes? Et sinon, bien, dans quel délai est-ce que vous
allez faire les travaux? Alors, ça, c'est un travail qui va se faire d'ici
l'été avec les propriétaires connus de ces puits-là.
Pour les autres, les 618 autres, il
n'y a pas de propriétaire connu. Ils se trouvent en quelque part physiquement. Dans
certains cas, c'est difficile de savoir où. Dans certains cas, on m'a même
indiqué qu'il y avait des infrastructures qui avaient été construites sur ces
puits-là ou sur ce qui serait la localisation de ces puits-là.
Mais je vous rappelle un peu la
description qu'on a eue dans certains cas. Dans mes remarques introductives...
Vous savez, à proximité du ruisseau d'Argent, des fois le ruisseau d'Argent...
avec l'évolution de l'agriculture au Québec, le ruisseau d'Argent n'existe
plus. Puis, à 700 mètres de la limite du canton, des fois les limites des
cantons sont assez variables. Alors donc, ça équivaut à avoir une description
qui ne correspond à peu près à rien. Dans ces cas-là, on essaie de les repérer.
Et les équipes d'experts qui vont être mises à contribution par le ministère
visent précisément à aller chercher le plus d'informations possible pour dire :
À la fin du compte, on aura, d'ici trois ans, comptabilisé, repéré et pris les
mesures qui seront rendues publiques pour chacun des cas à l'égard de ces 953 puits.
M. Croteau (Martin) : O.K.
Donc, des propriétaires qui ne soupçonnent pas l'existence d'un puits sur leur
terrain pourraient, dans les prochains mois, recevoir une communication du ministère
les informant de la situation. Comment ça va fonctionner pour ces gens-là?
M. Moreau
: Absolument,
absolument. Et l'idée n'est pas de... Comme je dis, là, on n'a pas une approche
coercitive. L'approche, c'est de dire : Écoutez, si vous avez connaissance
d'un puits, qu'il soit sur votre propriété ou pas, indépendamment de la... Moi,
je n'agis pas en responsabilité civile, j'agis comme ministre de l'Énergie et
des Ressources naturelles qui dit : Je veux les repérer et je veux les
sécuriser. Puis je pense que le propriétaire d'un lot sur lequel est trouvé un
puits doit avoir probablement le même intérêt que moi là-dessus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une précision, si vous me le permettez. Quelle crédibilité ou plutôt quelle est
la fiabilité des données présentées aujourd'hui sur le nombre de puits? 711
puits inactifs, est-ce que, dans les faits, ça pourrait être une fois et demie davantage
ou deux fois plus?
M. Moreau
: Non, je
ne crois pas. Je pense que l'ordre de grandeur — l'ordre de grandeur,
je l'exprime à escient — est, il me semble, assez conforme. Est-ce
qu'il y en a un ou deux en plus ou en moins? Peut-être qu'on est dans cet ordre
d'idées là. Mais l'idée, c'est véritablement de dire : On ne se limitera
pas à ça, et c'est la raison pour laquelle on ajoute, aux connaissances que
l'on a, des équipes de spécialistes sur le terrain en géolocalisation, qui vont
nous permettre d'avoir une idée très précise. Et ça relève un peu, je vous
dirais, de la réaction que j'ai eue lorsque j'ai pris connaissance de ce
dossier-là, en disant : On est un peu dans l'imprécision.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Entrevoyez-vous la possibilité de réviser la Loi sur les hydrocarbures?
M. Moreau
: Pour
les puits inactifs?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
De façon générale, M. Moreau.
M. Moreau
: Je
vais vous revenir là-dessus dans les prochaines semaines.
M. Lecavalier (Charles) :
Juste encore une petite précision sur la responsabilité. On en a beaucoup
parlé, mais je veux prendre un cas concret, là, pour être certain que je
comprends bien.
M. Moreau
: Quelqu'un
trouve un puits chez lui...
M. Lecavalier (Charles) :
Quelqu'un trouve un puits chez lui, bon...
M. Moreau
: Chez
vous, vous arrivez ce soir...
M. Lecavalier (Charles) :
C'est ça, j'ai un puits...
M. Moreau
: Vous
étendez votre linge sur la corde à linge puis là vous dites : Mon Dieu! Il
y a quelque chose qui sort, puis, oups, c'est un puits.
M. Lecavalier (Charles) :
Exact. Et là je le déclare au...
M. Moreau
: Quelle
est ma responsabilité?
M. Lecavalier (Charles) :
C'est ça. Est-ce que c'est moi qui faut qui paie pour les travaux?
M. Moreau
: Bon. Non,
vous n'avez pas à payer pour les travaux, vous avez simplement à dire au ministère :
Regardez, voici la situation. Par contre, si le puits est sur votre propriété
et qu'il est à la base de dommages qui sont causés, vous avez une responsabilité
civile liée à ça. Donc, vous avez, voyez... là où je dis... Notre approche ne
se veut pas coercitive, elle se veut véritablement une approche qui va aider la
population à mieux connaître la situation, s'assurer que les puits ne
constituent pas de danger pour l'environnement, les personnes ou les choses, et
faire en sorte qu'on puisse avoir un relevé complet.
Mais ce que nous, on fait pour vous aider
n'enlève pas votre responsabilité civile à l'égard des tiers pour les dommages
causés à partir d'une propriété qui est la vôtre. Parce que, quand vous êtes
propriétaire d'un terrain, vous êtes propriétaire du dessus et du tréfonds. Ça,
c'est...
M. Lavoie (Gilbert) : Est-ce
que ça veut dire, M. Moreau, que, si j'achète terrain demain et que je me
rends compte, un an plus tard, qu'il y avait un puits là-dedans, c'est un vice
caché au sens de la loi?
M. Moreau
: Bien,
je ne pourrais pas vous dire si c'est... Les vices cachés, c'est une question
de faits, hein, qui doivent être appréciés les uns après les autres. Si vous
n'avez pas inspecté votre propriété puis qu'il y avait des parties qui étaient
visibles facilement, ça ne peut pas être un vice caché. Un vice caché, c'est quelque
chose qu'on ne peut pas détecter avec une inspection qui est quand même
correcte. Alors, ce n'est pas juste de dire : J'ai acheté un terrain dans
le but d'en faire la spéculation, je suis passé devant en voiture à 60 kilomètres-heure
puis je n'ai pas vu qu'il y avait un puits dans le milieu de la place. Si le
puits peut être repérable facilement et même par une inspection... Quand on
parle de vice caché, par exemple, dans le cas des résidences, on demande à ce
qu'il y ait des inspections qui soient faites. Donc, ça va plus loin que
simplement le fait de dire «je n'ai pas regardé» ou «je ne l'ai pas vu», un
vice caché. Alors, je vais donc me garder de donner une opinion juridique sur
cette question, puisque je déclare au Barreau régulièrement que je ne pratique
pas le droit.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Modérateur
: Hugo
avait une petite précision.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, M. Moreau, sur un autre sujet, si vous permettez, maintenant qu'on a
fait le tour des puits. On apprend donc ce matin que M. Lessard ne
sollicitera pas de nouveau mandat.
M. Moreau
: Je
n'ai pas entendu M. Lessard dire ça. Peut-être l'a-t-il déclaré, je ne le
sais pas.
M. Lavallée (Hugo) : M. Heurtel
aussi est présumé ne pas en solliciter de nouveau. Mais, chose certaine, il y a
déjà 12 députés libéraux qui ont confirmé qu'ils ne solliciteraient pas de
nouveau mandat. Comment vous accueillez cette accumulation de départs là?
Est-ce que ça vous inquiète?
M. Moreau
: Bien,
sur les deux derniers cas que vous avez parlé, je disais à vos collègues que je
ne commenterai pas ça pour ne pas accréditer ce qui, à l'heure actuelle, m'apparaît
être des spéculations. Et j'ai trop de respect pour mes collègues pour écrire
moi-même l'avenir de leur carrière, ils le feront eux-mêmes. C'est des gens
pour qui j'ai beaucoup de respect.
Sur l'ensemble des choses, ce que je
disais tantôt, c'est ceci : Ce qui m'apparaît, moi, être… ce qui
m'apparaîtrait être troublant, ce n'est pas le fait que des gens quittent la
politique, ce serait si le parti — et je suis convaincu qu'on n'est
pas dans cette situation-là, enfin, selon les informations que j'ai, ce n'est
pas le cas — avait de la difficulté à recruter des candidats pour remplacer
ceux qui choisissent de partir.
Mais la vie politique est ce qu'elle est.
Vous la connaissez presque aussi bien que nous, peut-être un peu moins parce
que vous êtes d'un côté de la barrière qui est parfois plus confortable que le
nôtre. Mais, pour chaque individu, il peut y avoir une foule de raisons qui
incitent quelqu'un à quitter la politique. Et je ne vois pas, dans les cas qui
ont été annoncés, nécessairement des cas qui sont identiques les uns aux
autres. Dans certains cas, il y a des questions d'obligations familiales, que
je comprends très bien. J'ai en tête certains exemples où je sais qu'il y a des
besoins qui sont importants, puis que les gens font passer — et c'est
tout à fait normal — leur famille avant la vie publique. Dans
d'autres cas, il y a des choix de carrière selon l'âge que l'on a, ce qu'on
voit pour l'avenir, les possibilités qui s'offrent à nous puis le fait qu'on
préfère aller fournir ses talents dans d'autres secteurs. Puis dans d'autres
cas, il y a la difficulté liée à l'existence… à la vie publique elle-même.
Alors, moi, le fait que quelqu'un part,
pour moi, ce n'est pas un jugement sur… ça ne doit pas… on ne doit pas en
extrapoler le jugement sur une situation politique donnée, chaque cas étant
vraiment particulier. Si on était incapables de recruter, oups, là il y aurait
un signal fort, mais je comprends qu'on n'est pas dans cet univers-là d'aucune
façon.
Et, moi, ma réaction, véritablement, c'est
plutôt de remercier ceux qui font le choix maintenant de se retirer en les
remerciant pour ce qu'ils ont fait. Parce que consacrer une partie de sa vie au
service public, moi, je pense que, peu importe les idées que l'on défend, ça
devrait mériter le respect de nos concitoyens et certainement de ceux qui,
comme eux, sont dans la vie publique.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
La révision des allocations de transition, des indemnités de départ, est-ce
qu'elle force une réflexion qui aurait pu, dans certains cas, être tenue dans
deux ans en cours de mandat?
M. Moreau
: Honnêtement,
dans les cas qui ont été annoncés, il faudrait poser la question à ces gens-là.
Moi, pour un, je vous le dis tout de suite, là, ça ne changerait strictement
rien à la décision que j'aurais à prendre de rester ou de partir. On ne fait
pas ça pour une allocation de transition. Si on fait ça pour une allocation de
transition, on n'est pas au bon endroit au bon moment. Ce n'est pas comme ça
que les choses se dessinent.
Maintenant, les allocations de transition
en fin de mandat sont là pour une raison qui permet à la personne de regarder
vers d'autres horizons puis de se relocaliser ou de subsister en attendant de
se trouver un nouvel emploi. Est-ce que, dans toutes les circonstances, c'est
essentiel? La réponse à ça, c'est non, de sorte que je n'ai pas l'impression
que ce soit un dénominateur commun qui accélère ou modifie le rythme auquel les
gens ont à penser à se retirer. Dans certains cas, ça pourrait être un élément
qui est pris en compte, j'en suis bien conscient, mais je ne ferais pas une
généralité avec ça non plus. Ça va?
Le Modérateur
: Merci.
M. Moreau
:
Bienvenue.
(Fin à 11 h 7)