(Quatorze heures dix-sept minutes)
M. Pagé
: Alors,
je vous remercie. Bonjour à tous et à toutes. Alors, depuis plus d'un an, nous
soulevons des questions à l'égard de la maladie de Lyme et de... On sait qu'il
y a de plus en plus de cas que l'on trouve à travers le Québec. Et le 7 février
dernier, en présence de Mme Glazer et de nombreuses personnes atteintes,
nous avons déposé deux pétitions qui totalisaient plus de 9 000 pétitionnaires
demandant un plan d'action au gouvernement du Québec, demandant également autre
chose, mais essentiellement un plan d'action à l'égard de la maladie de Lyme.
Nous avons demandé, la journée même, à ce
que la commission parlementaire de santé et services sociaux se saisisse de la
pétition pour répondre aux pétitionnaires et se doter d'un plan d'action. Et je
vais vous avouer qu'on a été agréablement surpris parce que c'est la première
fois dans la présente législature, sur 82 demandes, première fois sur
82 demandes, que la commission accepte de se saisir d'une
pétition — et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici
aujourd'hui — et nous entendons quatre groupes, et notamment des
experts venus d'un peu partout à travers le Canada, mais également de France, Dr Perronne,
venir nous faire part de leurs observations, de leurs conclusions et nous faire
des propositions également.
Alors, on s'en réjouit beaucoup. On ne peut
pas conclure, aujourd'hui, quel sera le plan d'action, mais aujourd'hui force
est de reconnaître que cette maladie prend de plus en plus de place dans la
population, soulève beaucoup d'inquiétude. Et moi, je salue le fait que le
gouvernement ait accepté de se saisir de la pétition.
D'ailleurs, je remercie aussi le député
des Îles-de-la-Madeleine, le député libéral des Îles-de-la-Madeleine, qui a
plaidé pour que nous obtenions cette commission parlementaire. Et je salue le
fait aussi qu'on travaille de façon non partisane. J'ai d'ailleurs, ce matin,
laissé de mon temps à Amir Khadir parce qu'il est lui-même député, mais à la
fois spécialiste infectiologue, donc, qui peut apporter ses connaissances, ses compétences
à la commission parlementaire. Alors, voilà pour le travail qui est en cours
aujourd'hui. Et je vais laisser Mme Glazer vous faire part des attentes de
l'AQML.
Mme Glazer (Marguerite) :
Oui, bonjour. Alors, merci au député Pagé de nous avoir menés jusqu'ici. Alors,
au nom de l'Association québécoise de la maladie de Lyme et de tous les malades
au Québec qui sont sans soins, nous avons des demandes. Tout d'abord, nous
voudrions la reconnaissance de la maladie de Lyme chronique comme une
affectation grave et un problème urgent de santé publique.
De plus, nous demandons la protection
légale des médecins qui voudraient soigner les patients atteints de cette
maladie selon des protocoles utilisés ailleurs dans le monde et reconnus. De
plus, nous voudrions l'instauration et l'application d'un plan d'action pour
garantir cette prise en charge des gens qui, en ce moment, sont complètement
abandonnés à leur sort et que le plan d'action soit fait en étroite collaboration
avec non seulement l'AQML, mais nos experts et nos membres.
Et sur ce, j'aimerais vraiment remercier
les experts qui sont venus nous accompagner aujourd'hui, alors le Pr Christian
Perronne, de la France, le Dr Hawkins et la Pre Lloyd, qui sont venus
pour supporter nos propos et surtout éclairer cette situation et nous amener
plus d'information sur les meilleures manières qu'on peut aller de l'avant pour
mettre fin à ce problème urgent de santé publique en ce moment au Québec.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Dr Perronne.
M. Perronne (Christian) :
Bien, merci beaucoup, Marguerite. Je remercie aussi le député. Moi, c'est un
plaisir si, de France, je peux venir vous aider, apporter mon éclairage. Il est
clair qu'aujourd'hui beaucoup de données ne sont pas publiées parce qu'il n'y a
pas eu de recherche pendant des années et des années. Il faut vraiment corriger
ça et que tous les pays du monde investissent dans la recherche, mais il est
faux de dire que la maladie de Lyme chronique n'est pas prouvée. Elle est
prouvée, elle est démontrée dans la littérature scientifique, il y a des
dizaines de publications. Et je crois qu'il faut vraiment que ça change.
Donc, pour les décideurs politiques, bon,
mettre de l'argent pour la recherche, c'est très bien, pour des nouveaux tests,
d'évaluer des nouveaux traitements, mais les résultats, on les aura dans des
années, cinq ans, 10 ans. Donc, l'urgence, pour les décideurs, c'est de ne
pas laisser tomber, pendant cette période intermédiaire, des milliers, voire
des millions de malades en errance dans le monde qui ont une vie terrible, qui
perdent leur emploi, qui perdent leur famille, qui perdent tout, qui n'arrivent
plus à travailler et qui vont de médecin en médecin.
Donc, moi, j'essaie d'apporter un petit
peu d'expérience qu'on est en train d'essayer de mettre sur pied en France, actuellement,
où on reconnaisse que des malades aient un statut de malade séronégatif,
puisque malheureusement, les tests sont souvent négatifs, que les médecins
puissent proposer à leurs patients, après avoir éliminé un autre diagnostic, un
traitement antibiotique dit d'épreuve, c'est-à-dire qu'on essaie de voir si ça
réagit chez le malade pendant un mois, par exemple, et qu'après il y a des
stratégies de traitement qui ne soient pas celles qui sont recommandées
aujourd'hui du traitement soi-disant qu'on guérit tout le monde en trois semaines.
Ça, c'est complètement faux.
Mais après, si on sort un petit peu des
clous, je dirais, des recommandations actuelles, il faut que ce soit évalué. Et,
moi, ce que je demande, c'est que les autorités de santé de chaque pays mettent
en place des structures d'évaluation avec des centres sérieux, mais des gens
qui aient l'esprit ouvert et qui acceptent de traiter différemment et que ce
soit évalué. Il n'y a pas... Il faut sortir la maladie de Lyme de la guerre et
de la clandestinité et avancer avec la recherche et des bonnes données
scientifiques. Voilà, c'est les grandes lignes de cette action.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. J'ai Patricia Cloutier au
micro de gauche, pour le journal Le Soleil.
Mme Cloutier (Patricia) :
Oui, bonjour. J'aimerais savoir, M. Pagé... Tantôt, on a entendu M. Khadir
dire qu'il voulait écrire au Collège des médecins pour leur demander, si on
veut, de traiter les malades différemment. Est-ce que vous êtes d'accord avec
ça? Est-ce que le Collège des médecins devrait se sentir interpelé aujourd'hui
puis mettre d'autres directives?
M. Pagé
: Bien, je
pense que tout le monde reconnaît que M. Khadir, c'est un spécialiste de
la santé, donc, un infectiologue, donc une personne qui est directement liée
sur le terrain à confronter cette maladie, alors je pense qu'il faut recevoir
avec beaucoup d'ouverture cette demande de M. Khadir. Et d'ailleurs il s'est
retourné vers nous, les collègues, en souhaitant que nous l'appuyions dans
cette démarche. Moi, je vais montrer beaucoup d'ouverture, parce qu'il est un
spécialiste de la santé qui souhaite cette ouverture-là. Alors, on va l'appuyer
dans sa demande.
Mme Cloutier (Patricia) :
Et qu'est-ce que vous pensez... Tout à l'heure, on va entendre l'institut de
santé publique, le directeur de la santé publique. Au niveau de la prévention,
est-ce que vous trouvez qu'il s'en fait assez ou la Santé publique a un rôle,
si on veut, à jouer, là, pour que l'été prochain, par exemple, il n'y ait pas
plus de gens malades, là, piqués par des tiques?
M. Pagé
: Oui. On
sait que la maladie, elle est nouvelle plus au nord de l'Amérique. Les tiques
ont traversé la frontière il y a quelques années et, il y a à peine 10 ou
15 ans, on n'en entendait pas parler. Maintenant, on en entend parler de
plus en plus. Pourquoi? Parce qu'il y en a de plus en plus, de gens, qui,
finalement, après avoir consulté 30, 40, 50 médecins, se font dire :
C'est peut-être la maladie de Lyme. Donc, il y a forcément de la prévention à
faire comme nous n'avons jamais fait parce que cette tique vient de traverser,
et il y a de plus en plus de cas qu'on est capables, aujourd'hui,
d'investiguer. Alors, oui, vivement la prévention. On va entendre, aujourd'hui,
l'Institut national de santé publique, qui vont venir nous dire ce qu'ils ont
dans leur plan de match. Mais force est de constater qu'il faut accentuer sur
la prévention. Je pense que c'est la première chose qu'il faut faire, on
devrait le faire partout. Mais, dans le cas de cette maladie, ça nous apparaît
évident qu'il faut accentuer sur la prévention.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 14 h 25)