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Point de presse de M. Sylvain Pagé, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé publique et de prévention

Version finale

Thursday, March 22, 2018, 14 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures dix-sept minutes)

M. Pagé : Alors, je vous remercie. Bonjour à tous et à toutes. Alors, depuis plus d'un an, nous soulevons des questions à l'égard de la maladie de Lyme et de... On sait qu'il y a de plus en plus de cas que l'on trouve à travers le Québec. Et le 7 février dernier, en présence de Mme Glazer et de nombreuses personnes atteintes, nous avons déposé deux pétitions qui totalisaient plus de 9 000 pétitionnaires demandant un plan d'action au gouvernement du Québec, demandant également autre chose, mais essentiellement un plan d'action à l'égard de la maladie de Lyme.

Nous avons demandé, la journée même, à ce que la commission parlementaire de santé et services sociaux se saisisse de la pétition pour répondre aux pétitionnaires et se doter d'un plan d'action. Et je vais vous avouer qu'on a été agréablement surpris parce que c'est la première fois dans la présente législature, sur 82 demandes, première fois sur 82 demandes, que la commission accepte de se saisir d'une pétition — et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui — et nous entendons quatre groupes, et notamment des experts venus d'un peu partout à travers le Canada, mais également de France, Dr Perronne, venir nous faire part de leurs observations, de leurs conclusions et nous faire des propositions également.

Alors, on s'en réjouit beaucoup. On ne peut pas conclure, aujourd'hui, quel sera le plan d'action, mais aujourd'hui force est de reconnaître que cette maladie prend de plus en plus de place dans la population, soulève beaucoup d'inquiétude. Et moi, je salue le fait que le gouvernement ait accepté de se saisir de la pétition.

D'ailleurs, je remercie aussi le député des Îles-de-la-Madeleine, le député libéral des Îles-de-la-Madeleine, qui a plaidé pour que nous obtenions cette commission parlementaire. Et je salue le fait aussi qu'on travaille de façon non partisane. J'ai d'ailleurs, ce matin, laissé de mon temps à Amir Khadir parce qu'il est lui-même député, mais à la fois spécialiste infectiologue, donc, qui peut apporter ses connaissances, ses compétences à la commission parlementaire. Alors, voilà pour le travail qui est en cours aujourd'hui. Et je vais laisser Mme Glazer vous faire part des attentes de l'AQML.

Mme Glazer (Marguerite) : Oui, bonjour. Alors, merci au député Pagé de nous avoir menés jusqu'ici. Alors, au nom de l'Association québécoise de la maladie de Lyme et de tous les malades au Québec qui sont sans soins, nous avons des demandes. Tout d'abord, nous voudrions la reconnaissance de la maladie de Lyme chronique comme une affectation grave et un problème urgent de santé publique.

De plus, nous demandons la protection légale des médecins qui voudraient soigner les patients atteints de cette maladie selon des protocoles utilisés ailleurs dans le monde et reconnus. De plus, nous voudrions l'instauration et l'application d'un plan d'action pour garantir cette prise en charge des gens qui, en ce moment, sont complètement abandonnés à leur sort et que le plan d'action soit fait en étroite collaboration avec non seulement l'AQML, mais nos experts et nos membres.

Et sur ce, j'aimerais vraiment remercier les experts qui sont venus nous accompagner aujourd'hui, alors le Pr Christian Perronne, de la France, le Dr Hawkins et la Pre Lloyd, qui sont venus pour supporter nos propos et surtout éclairer cette situation et nous amener plus d'information sur les meilleures manières qu'on peut aller de l'avant pour mettre fin à ce problème urgent de santé publique en ce moment au Québec.

La Modératrice : Merci. Maintenant, Dr Perronne.

M. Perronne (Christian) : Bien, merci beaucoup, Marguerite. Je remercie aussi le député. Moi, c'est un plaisir si, de France, je peux venir vous aider, apporter mon éclairage. Il est clair qu'aujourd'hui beaucoup de données ne sont pas publiées parce qu'il n'y a pas eu de recherche pendant des années et des années. Il faut vraiment corriger ça et que tous les pays du monde investissent dans la recherche, mais il est faux de dire que la maladie de Lyme chronique n'est pas prouvée. Elle est prouvée, elle est démontrée dans la littérature scientifique, il y a des dizaines de publications. Et je crois qu'il faut vraiment que ça change.

Donc, pour les décideurs politiques, bon, mettre de l'argent pour la recherche, c'est très bien, pour des nouveaux tests, d'évaluer des nouveaux traitements, mais les résultats, on les aura dans des années, cinq ans, 10 ans. Donc, l'urgence, pour les décideurs, c'est de ne pas laisser tomber, pendant cette période intermédiaire, des milliers, voire des millions de malades en errance dans le monde qui ont une vie terrible, qui perdent leur emploi, qui perdent leur famille, qui perdent tout, qui n'arrivent plus à travailler et qui vont de médecin en médecin.

Donc, moi, j'essaie d'apporter un petit peu d'expérience qu'on est en train d'essayer de mettre sur pied en France, actuellement, où on reconnaisse que des malades aient un statut de malade séronégatif, puisque malheureusement, les tests sont souvent négatifs, que les médecins puissent proposer à leurs patients, après avoir éliminé un autre diagnostic, un traitement antibiotique dit d'épreuve, c'est-à-dire qu'on essaie de voir si ça réagit chez le malade pendant un mois, par exemple, et qu'après il y a des stratégies de traitement qui ne soient pas celles qui sont recommandées aujourd'hui du traitement soi-disant qu'on guérit tout le monde en trois semaines. Ça, c'est complètement faux.

Mais après, si on sort un petit peu des clous, je dirais, des recommandations actuelles, il faut que ce soit évalué. Et, moi, ce que je demande, c'est que les autorités de santé de chaque pays mettent en place des structures d'évaluation avec des centres sérieux, mais des gens qui aient l'esprit ouvert et qui acceptent de traiter différemment et que ce soit évalué. Il n'y a pas... Il faut sortir la maladie de Lyme de la guerre et de la clandestinité et avancer avec la recherche et des bonnes données scientifiques. Voilà, c'est les grandes lignes de cette action.

La Modératrice : Merci. On va maintenant passer à la période de questions. J'ai Patricia Cloutier au micro de gauche, pour le journal Le Soleil.

Mme Cloutier (Patricia) : Oui, bonjour. J'aimerais savoir, M. Pagé... Tantôt, on a entendu M. Khadir dire qu'il voulait écrire au Collège des médecins pour leur demander, si on veut, de traiter les malades différemment. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça? Est-ce que le Collège des médecins devrait se sentir interpelé aujourd'hui puis mettre d'autres directives?

M. Pagé : Bien, je pense que tout le monde reconnaît que M. Khadir, c'est un spécialiste de la santé, donc, un infectiologue, donc une personne qui est directement liée sur le terrain à confronter cette maladie, alors je pense qu'il faut recevoir avec beaucoup d'ouverture cette demande de M. Khadir. Et d'ailleurs il s'est retourné vers nous, les collègues, en souhaitant que nous l'appuyions dans cette démarche. Moi, je vais montrer beaucoup d'ouverture, parce qu'il est un spécialiste de la santé qui souhaite cette ouverture-là. Alors, on va l'appuyer dans sa demande.

Mme Cloutier (Patricia) : Et qu'est-ce que vous pensez... Tout à l'heure, on va entendre l'institut de santé publique, le directeur de la santé publique. Au niveau de la prévention, est-ce que vous trouvez qu'il s'en fait assez ou la Santé publique a un rôle, si on veut, à jouer, là, pour que l'été prochain, par exemple, il n'y ait pas plus de gens malades, là, piqués par des tiques?

M. Pagé : Oui. On sait que la maladie, elle est nouvelle plus au nord de l'Amérique. Les tiques ont traversé la frontière il y a quelques années et, il y a à peine 10 ou 15 ans, on n'en entendait pas parler. Maintenant, on en entend parler de plus en plus. Pourquoi? Parce qu'il y en a de plus en plus, de gens, qui, finalement, après avoir consulté 30, 40, 50 médecins, se font dire : C'est peut-être la maladie de Lyme. Donc, il y a forcément de la prévention à faire comme nous n'avons jamais fait parce que cette tique vient de traverser, et il y a de plus en plus de cas qu'on est capables, aujourd'hui, d'investiguer. Alors, oui, vivement la prévention. On va entendre, aujourd'hui, l'Institut national de santé publique, qui vont venir nous dire ce qu'ils ont dans leur plan de match. Mais force est de constater qu'il faut accentuer sur la prévention. Je pense que c'est la première chose qu'il faut faire, on devrait le faire partout. Mais, dans le cas de cette maladie, ça nous apparaît évident qu'il faut accentuer sur la prévention.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 14 h 25)

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