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Point de presse de Mme Véronique Hivon, porte-parole de l’opposition officielle en matière de famille, porte-parole en matière de justice et porte-parole en matière de soins de vie, et Mme Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins

Version finale

Le mardi 6 février 2018, 10 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures sept minutes)

Mme Hivon : Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Alors, bien sûr, aujourd'hui, nous voulons vous parler de la situation des infirmières qui est vraiment excessivement grave à l'heure actuelle. Nous avons tous entendu, la semaine dernière, ce cri du coeur de cette jeune infirmière, Émilie Ricard, qui, par le hasard des choses, a fait en sorte que j'ai pu la rencontrer parce que j'étais à Sherbrooke la semaine dernière, au moment où elle a lancé ce cri du coeur. Et je peux vous dire que j'ai rencontré une jeune femme absolument passionnée par son métier et qui veut tout faire pour pouvoir continuer de l'exercer avec coeur, avec conviction et avec professionnalisme. Elle veut tout faire pour que sa profession lui permette à elle, mais à l'ensemble des femmes qui choisissent cette profession, comme celle d'infirmière auxiliaire, de préposée aux bénéficiaires, de pouvoir continuer à oeuvrer pour soutenir les gens, pour travailler pour les patients, pour nous tous au Québec.

Mais son cri du coeur, il est réel parce que, dans les circonstances actuelles, comme vous l'avez bien vu, c'est une crise qui est présente et qui ne va que s'amplifier si le gouvernement ne bouge pas à très court terme, parce que l'épuisement est très présent déjà. Il ne va qu'en s'amplifiant, et on est en train de mettre à risque les gens qui soutiennent les gens et qui portent à bout de bras notre système de santé. Donc, c'est notre système de santé, en ce moment, qui est à risque.

Vous connaissez les problèmes, ils sont nombreux. Bien sûr, on voit une disproportion dans le nombre d'infirmières par rapport au nombre de patients. Émilie Ricard, dans une nuit, plus de 72 patients dont elle avait la responsabilité en CHSLD, bien sûr que ça dépasse l'entendement d'avoir ce poids, tout ce poids, cette responsabilité sur les épaules, alors qu'on sait à quel point la situation en CHSLD devient de plus en plus complexe, les personnes qui y sont ont des situations de plus en plus graves et lourdes.

Premier problème très important, bien sûr, le temps supplémentaire obligatoire qui est un recours de moins en moins exceptionnel, malheureusement, par les dirigeants qui souvent... des CISSS et des CIUSSS qui n'ont parfois pas d'autre choix, avec des situations très graves que ça provoque pour les familles et ces infirmières-là. Et, bien sûr, toute la question des postes qu'on n'arrive pas à combler. C'est vrai qu'il y a des postes affichés, mais on n'arrive pas à les combler. Pourquoi? Parce qu'en ce moment dire oui à un poste, c'est prendre un billet vers l'épuisement professionnel. Et ce n'est pas ça, au Québec, qu'on souhaite, et c'est un cercle vicieux. Ces femmes-là ne veulent pas entrer dans un système où elles savent qu'elles vont risquer l'épuisement.

Alors, aujourd'hui nous demandons au gouvernement, face à cette crise, de prendre les grands moyens, aux grands maux les grands moyens. Ce sont des gestes très forts, urgents, très rapidement qui doivent être pris pour résorber cette crise. Et, pour détailler les mesures que nous demandons, je cède la parole à ma collègue Diane Lamarre.

Mme Lamarre : Alors, ce qu'il faut bien comprendre dans le travail des infirmières actuellement, c'est qu'elles en sont à un point où, sur un étage, s'il y a cinq patients qui ont des besoins particuliers, elles vont devoir en choisir, en prendre trois sur cinq, parce qu'elles n'ont pas le temps d'en faire plus. Et ça, c'est ça que les infirmières refusent maintenant de faire.

Donc, ce que nous demandons, c'est que le gouvernement libère immédiatement une marge budgétaire adéquate pour permettre d'avoir des emplois intéressants, ouverts pour les infirmières, infirmières auxiliaires et évidemment préposés aussi, mais, pour les infirmières et infirmières auxiliaires, qu'il y ait des emplois intéressants qui ne les mettent pas dans une situation de contrainte, dans une situation où elles s'exposent à du temps supplémentaire obligatoire. Donc, une marge budgétaire significative immédiatement qui doit être relâchée parce qu'il y a des employées en détresse et parce qu'il y a des patients qui sont vulnérables par manque de disponibilité et par manque d'infirmières.

Donc, c'est important, et nous recommandons donc qu'il y ait absolument ce déploiement de cette marge budgétaire. Il faut absolument améliorer le nombre de professionnels disponibles par patient. Et l'exemple que Véronique donnait tantôt, d'une infirmière pour 72 patients, c'est certain qu'il va arriver deux événements dans une nuit et qu'on va être incapable de gérer les deux patients en question. Donc, il faut absolument faire en sorte qu'il y ait... Il devait y avoir, d'ailleurs, des projets pilotes. Le gouvernement avait promis des projets pilotes pour améliorer, justement, et déterminer les bons ratios, le bon nombre de professionnels en fonction des patients. Ces projets pilotes, on a appris qu'ils n'avaient pas vu le jour, ils n'ont pas été mis sur place.

Alors, on a un gouvernement qui a fait beaucoup de choses pour les médecins mais qui n'a pas rien fait pour améliorer la qualité de vie et la qualité de travail des infirmières et surtout des patients qui en ont besoin et qui reçoivent ces soins-là. Donc, nous, on demande au ministre de la Santé de donner de l'argent immédiatement, parce que la situation est intenable, et elle ne va que s'enliser davantage, parce que les infirmières vont être de moins en moins encouragées à prendre le relais dans un contexte où l'épuisement professionnel les guette.

La Modératrice : Merci. On va maintenant passer à la période de questions. Jocelyne Richer, LaPresse canadienne, micro de gauche.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour. Le problème, sur la question des ratios, c'est que le ministre dit que les infirmières qu'on demande, on ne les a pas. Il dit : On ne les a pas, je ne peux pas les embaucher. Alors, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'il faut en former davantage, à ce moment-là?

Mme Lamarre : Bien, il y a quand même 3 000 infirmières qui sont disponibles actuellement et donc il y a 800 postes à combler. Il devrait y avoir des façons d'aménager les postes pour qu'ils aient une certaine attractivité pour ces 3 000 infirmières là.

Mme Hivon : Puis nous, ce qu'on dit, c'est qu'en ce moment il y a, d'une part, 3 000 infirmières disponibles, 800 postes effectivement disponibles, affichés, mais la réalité est que les infirmières ne postulent pas parce qu'elles savent qu'elles vont travailler dans des conditions absolument difficiles.

Alors, nous, ce qu'on dit, c'est que probablement qu'à court terme ça prend plus que 800 personnes pour qu'on sache que ces femmes-là qui vont arriver vont pouvoir avoir la marge de manoeuvre dès qu'elles arrivent, et le soutien, et donc la révision de ces ratios ou, si vous voulez, du nombre de patients par infirmière, infirmière auxiliaire, que ça change dès maintenant. On ne peut pas attendre, des mois et des mois, de voir le meilleur système. C'est sûr que les projets pilotes, s'ils avaient déjà été en cours, on aurait une bonne indication. Malheureusement ce n'est pas le cas, mais on ne peut pas attendre tous ces résultats-là. Il faut que ça bouge maintenant.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais donc vous voulez créer plus de postes et, en même temps, baisser le ratio, si je comprends bien, ou...

Mme Lamarre : Bien, les 800 postes qui sont annoncés, c'est dans le même contexte que celui qu'on a actuellement. Or, le contexte actuel nous démontre qu'il n'y a pas suffisamment d'infirmières par groupe de patients. Alors, il faut absolument bonifier la proportion d'infirmières, il faut avoir plus d'infirmières et d'infirmières auxiliaires pour un certain nombre de patients, selon la complexité de ces patients-là.

Et ça, c'est possible de le calculer, c'est possible de... Il y a des indicateurs qui peuvent permettre d'évaluer la complexité d'un patient, son caractère plus risqué. Si vous avez des patients, par exemple, qui sont susceptibles de faire de l'errance, c'est-à-dire de circuler la nuit, c'est sûr que ça prend plus de surveillance. On a parlé, il y a quelque temps, qu'on voulait diminuer les formes de contention chimiques, de donner moins de médicaments aux gens. Bien, il faut avoir du personnel pour accompagner puis encadrer ces gens-là, à ce moment-là. Donc, c'est un exemple de ce qui est nécessaire dans les CHSLD, entre autres.

La Modératrice : Merci. Micro de droite, Alain Laforest. Une question, une sous-question, s'il vous plaît.

M. Laforest (Alain) : Bonjour, mesdames. Comment vous le calculez, le montant que le gouvernement devrait injecter? Parce que le premier ministre l'a dit la semaine dernière, ce n'est pas une question d'argent.

Mme Hivon : Bien, c'est ça, nous, on pense que ça va probablement être quelques dizaines de millions de dollars. Ce qu'il faut, c'est que dès aujourd'hui, à la suite de sa rencontre, on espère que le ministre Barrette et que son premier ministre vont être à l'écoute et qu'ils vont envoyer un message clair à tous les dirigeants des CISSS et des CIUSSS pour dire : Donnez-nous vos besoins, dites-nous de combien d'infirmières, infirmières auxiliaires vous avez besoin, et on va débloquer les fonds dès maintenant pour résorber la crise pendant qu'on fait le travail sur l'évaluation des ratios et, bien sûr, la question de l'intensité des soins. C'est ça, en fait, qu'on demande : dès maintenant, un signal clair aux dirigeants.

Mme Lamarre : Absolument.

M. Laforest (Alain) : 47 périodes de questions à partir d'aujourd'hui. Il y a un sondage. Est-ce qu'on sent l'effet Hivon?

Mme Hivon : La seule chose que je dirais, c'est que, pour nous, ce sont de bonnes nouvelles, de bonnes nouvelles modestes. Mais on a vu, en janvier, un sondage où nous étions à 18 %; aujourd'hui, nous sommes à 23 %. Donc, un pas à la fois, un jour à la fois, un geste à la fois, une marche à la fois. Je pense que tout est possible.

La Modératrice : Merci. Véronique Prince, Radio-Canada, micro de gauche.

Mme Prince (Véronique) : Oui, bonjour. Est-ce que la solution, en fait, ça serait de changer le ministre de la Santé?

Mme Lamarre : Il est trop tard. Il aurait fallu le faire un peu plus tôt, parce que là, vraiment, c'est vraiment quelque chose qui fait que c'est... Le mal est fait. Je vais vous dire, c'est terrible.

Ça fait plusieurs années qu'on demande au gouvernement de jeter un regard par-dessus l'épaule du ministre de la Santé. Ce ministre a eu carte blanche pendant quatre ans, et là on récolte vraiment... Tout est en lambeaux dans notre système de santé, actuellement. Et il a eu vraiment tout ce qu'il voulait dans l'organisation, dans sa réorganisation, et les résultats ne sont pas là. Ils ne sont pas là pour une simple bonne raison, c'est que ces actions n'ont pas été faites en fonction des besoins des patients, elles ont été faites sous toutes sortes d'autres considérations, mais jamais en fonction des besoins réels des patients. Et c'est comme ça qu'il faut faire une vraie réforme si on veut la réussir.

Mme Hivon : Et si le Dr Barrette, le ministre Barrette avait donné la même importance à la reconnaissance et la valorisation des infirmières, des infirmières auxiliaires et des préposées qu'il a donnée aux médecins, on n'en serait pas là aujourd'hui. Ce sont ces femmes-là qui portent le système à bout de bras, bien sûr avec les médecins, mais elles le portent à bout de bras, et je pense que c'est important aujourd'hui de reconnaître ça et de donner de l'oxygène au système en permettant de résorber la crise.

Mme Prince (Véronique) : Mais, d'ici la prochaine campagne électorale, il reste quand même encore, quoi, huit mois. Vous ne pensez pas que changer le porteur du ballon d'ici là peut quand même faire une différence? Vous ne réclamez pas sa démission, en fait.

Mme Hivon : Vous avez entendu M. Couillard la semaine dernière. Est-ce qu'il avait une attitude très différente de celle de M. Barrette? Donc, est-ce que c'est la personne ou c'est le gouvernement et la tête du gouvernement? Je pense que poser la question, c'est y répondre.

La Modératrice : Merci. Patrick Bellerose, micro de droite, Journal de Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour à toutes les deux. Est-ce que la situation actuelle met la population qui est dans les établissements de santé en danger?

Mme Hivon : Je dirais que non parce que... on espère que non parce qu'évidemment on a entendu Mme Ricard dire que tout est fait pour qu'on puisse tenir le système à bout de bras. Mais, en ce moment, ce sont ces femmes-là, ces infirmières, infirmières auxiliaires, préposées qui font en sorte que tout ne s'écroule pas parce qu'elles acceptent, dans des circonstances parfois absolument abracadabrantes, qu'on m'a racontées, là, qu'on va dire : Bien, il faut que tu restes pour faire du temps supplémentaire obligatoire même s'il faut que tu ailles chercher ton enfant à la garderie. Va le chercher, trouve un voisin qui va le prendre puis revient dans une demi-heure. Là, c'est des choses qui se vivent.

Alors, c'est parce que ces femmes-là sont de grandes professionnelles. Mais combien de temps encore on peut durer dans une telle situation? C'est la question qu'on se pose et c'est surtout ce qu'on veut éviter, une dégradation encore plus importante.

M. Bellerose (Patrick) : Et outre la marge financière que vous demandez, que doit faire le ministre Barrette dans la rencontre aujourd'hui avec la FIQ?

Mme Lamarre : Je pense qu'il devrait écouter. Il devrait écouter leurs demandes. Ce n'est pas un ministre qui a fait preuve de beaucoup d'écoute tout au long de son mandat. Et souvent, les solutions, elles originent des gens qui sont sur le terrain. Les infirmières sont très sur le terrain, elles sont proches des gens. Qlors, je pense qu'il doit vraiment se mettre en mode écoute et répondre à leurs besoins parce que ce qu'elles traduisent, ce sont les besoins de la population.

M. Bellerose (Patrick) : ...juste une petite précision sur la marge financière. C'est seulement pour embaucher des infirmières auxiliaires qui vont venir supporter, aider?

Mme Lamarre : Non, infirmières, infirmières auxiliaires et éventuellement préposées.

M. Bellerose (Patrick) : Mais l'argent est déjà là pour les infirmières.

Mme Lamarre : Là, il a déjà annoncé des postes pour les préposées, mais infirmières et infirmières auxiliaires. Il y a une synergie. Dans le fond, il faut vraiment utiliser ces professionnelles au meilleur de leurs compétences. Et donc parfois ça prend plus d'infirmières, parfois ça prend plus d'infirmières auxiliaires, mais ça prend une adéquation appropriée.

M. Bellerose (Patrick) : ...les infirmières, les postes ne sont juste pas comblés. Est-ce que vous voulez créer de nouveaux postes d'infirmières?

Mme Lamarre : Oui, il faut ajouter des postes.

M. Bellerose (Patrick) : Combien?

Mme Lamarre : Moi, je pense que chaque directeur, P.D.G. de CISSS et de CIUSSS devrait se faire demander... parce que c'est son territoire, là. C'est lui qui est supposé être responsable de regarder qu'est-ce qu'il faut pour que ça arrive, pour plus qu'il n'y ait de TSO, là. C'est lui qui les cumule, ces résultats-là.

Alors, il devrait demander à chacun de ses P.D.G., P.D.G. adjoints : Qu'est-ce que ça vous prend pour ne plus qu'on ait ce genre de situation là et répondre à leurs besoins, peu importe le prix que ça coûtera? Parce qu'il y a effectivement des dizaines de millions de dollars à mettre là-dessus. Il faut les mettre parce qu'il y a une situation d'urgence actuellement, et c'est réel.

On ne peut pas, vous savez, avoir coupé, pendant quatre ans, 10 millions de dollars par année dans tous les CISSS et les CIUSSS sans qu'il y ait des conséquences. On les voit, ces conséquences-là maintenant. Alors, il faut qu'ils redonnent. On va voir beaucoup, beaucoup d'allers-retours, je pense, dans les prochains huit mois, des décisions qui ont été des mauvaises décisions qui ont été prises et qui sont renversées puis finalement on revient au point de départ.

La Modératrice : Merci. Micro de gauche, Tommy Chouinard, LaPresse.

M. Chouinard (Tommy) : Oui, bonjour. Pour que les P.D.G. puissent identifier leurs besoins, il faudrait fixer un barème national, un ratio raisonnable, parce que le un pour 72 que vous décriez, c'est considéré dans le milieu comme les bonnes pratiques, là, actuellement.

Donc, vous comprenez que, si on ouvre des postes alors que le ratio actuel est de 1-70 puis c'est considéré comme une bonne pratique, bien là, je ne sais pas si, dans votre esprit, la mesure que vous proposez aurait vraiment la conséquence que vous souhaitez. Au fond, les ratios que vous connaissez, là, le dossier de la santé, ça devrait être quoi au fond? Parce qu'on parle de CHSLD, les CH, c'est autre chose. Bon, là, il faut... Êtes-vous en mesure de dire : Bien, réalistement, là, il faut penser à tel type de ratio?

Mme Lamarre : Tout est une question d'intensité de soins. Et vous savez que, dans les CHSLD, il y a 10 ans, les gens restaient beaucoup plus longtemps. Leur durée moyenne de séjour était de plusieurs années. Maintenant, 50 % des gens décèdent à l'intérieur d'un an dans les CHSLD.

La fin de vie est toujours considérée dans tous les systèmes comme étant la période qui demande la plus grande intensité de soins. Vous avez des patients avec des problèmes respiratoires qui suffoquent, et qui ont besoin d'aide, et qui ont besoin d'être accompagnés. Vous avez des gens avec du gavage, vous avez des gens avec des stomies, vous avez... Alors, on a une intensité de soins et c'est ça qu'il faut considérer comme déterminant des ratios.

Donc, le un pour 72, c'était peut-être ce qui allait dans les CHSLD d'il y a 10 ans. Maintenant, il faut peut-être regarder ce que nous avons ici, au Québec, comme intensité de soins dans nos CHSLD et dans certains hôpitaux pour voir quels sont les bons ratios à trouver. Mais ce qui est certain, c'est qu'il faut que tous les patients reçoivent les soins nécessaires auxquels ils ont droit, et l'infirmière ne doit pas avoir à choisir, sur 10 patients qui sont en besoin, les cinq qu'elle va prioriser au détriment des cinq autres.

M. Chouinard (Tommy) : Quant aux préposés aux bénéficiaires, c'est quoi, un ratio réaliste?

Mme Lamarre : Ce n'est pas à nous à le dire. Là encore, ça va dépendre beaucoup… Si vous avez une aile de patients qui sont très, très lourds comme demande de soins, qui sont incapables de s'aider quand ils prennent leur bain, qui sont incapables de manger seuls, qui sont incapables de… qui circulent la nuit, il y a une intensité de soins qui doit être déterminée…

M. Chouinard (Tommy) : ...est-ce qu'il va être capable, lui, de dire : Bien, voici les ratios recommandés, voici ce que ce devrait être?

Mme Lamarre : Bien là, il y a une urgence.

M. Chouinard (Tommy) : Parce que là vous dites chaque fois : C'est du cas par cas.

Mme Lamarre : Là, il y a une urgence, là. Le vase coule de partout, alors là il faut vraiment s'assurer qu'on colmate la brèche et, après ça, on va déterminer les bons ratios. Mais je suis certaine que le ministre peut déjà ajouter énormément de personnel et de ressources financières pour faire en sorte qu'il va vraiment s'assurer que des conditions gagnantes, attractives vont être là pour les infirmières.

Mme Hivon : Ce n'est pas compliqué, en ce moment, il y a une urgence, ils infirmières ne postulent pas. Alors, on est vraiment dans une situation qui s'aggrave de jour en jour, où les infirmières ne postulent pas. Il faut leur envoyer le message qu'on a compris que la situation est intenable pour elles et qu'on prend des mesures d'urgence pour qu'elles sachent que, si elles disent oui à un poste, elles vont être soutenues adéquatement. Et ça, ce ne sera pas en attendant pendant des mois qu'on ait évalué précisément les bons ratios.

Malheureusement, si le ministre Barrette avait fait le travail, et que les projets pilotes qui étaient demandés avaient été mis sur pied, et qu'on était déjà avancés, on serait plus avancés pour savoir où sont les bons chiffres. Mais on n'est pas là. Là, en ce moment, il faut travailler dans l'urgence, puis c'est ça qu'on lui demande aujourd'hui.

La Modératrice : Merci. On va passer en anglais avec Raquel Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Just to start, can you summarize what you're asking the minister to do for English viewers?

Mme Hivon : Do you want to go or…

Mme Lamarre : Je peux commencer. We consider that there is an emergency actually because a lot of nurses have too much work. They need support, they need a new investment from the Government as soon as possible, because, more and more, we have a problem that they won't take the jobs that are available just because they are afraid that they will have to stay for 16 hours a day. Nobody wants to work 16 hours a day in a row, you know. This is not a way that we can work, and, at a certain time, it may put patients in danger.

Mme Hivon : Yes, what we believe is, now, we are in a crisis situation. So, when you have a crisis, you have to respond to a crisis. So that means that there has to be new investments done in conformity with what the heads of the system, of the different CISSS and CIUSSS tell the Minister and the Government right now. The crisis is like that, we need in an emergency those… how many nurses and all that, because the situation right now is that people don't apply. The nurses don't apply because they know that it's a ticket to burnout if they say yes to go back in the system.

So this is why Mr. Barrette today has to really, you know, step in and say : OK, we heard and we will, you know, put the money necessary now because we cannot wait forever to know exactly how many nurses and, you know, auxiliaries we have to put forward because the ratio is still under scrutiny. So that's what we are asking.

Mme Fletcher (Raquel) : Last week, the Minister said : Well, I'm hiring, I'm trying to hire nurses, but they are not applying, it's the nurses' fault, there is nothing I can do.

Mme Lamarre : Because the jobs that he has to offer are not interesting. You know, they have a risk of burnout, so they don't want to go. So he has to make this employment more attractive, more, I would say, more able to care. Nurses want to care for their patients, and actually they way they have to work is just to fill the patch, you know, to fill… So he has to make their way of working in concordance with good care for patients.

Mme Fletcher (Raquel) : And you are saying that takes money or is it just a matter of managing the system better? What is the solution?

Mme Lamarre : For now, because there is a crisis, as Véronique said, we need money right now. So he has to give money, more money to be sure that there will be two or three jobs at a place where there is only one job for now. So, if we have this kind of opening and this kind of new way of working, that may help nurses to accept to go in the health system again. And then, after and if he did what he should have done… two years ago, he was supposed to introduce a pilot project according to… establishing good ratio between nurses, auxiliary nurses and patients.

So, if he had done that, maybe we had this kind of ratio now. But now, he didn't do that at all. So we have, for now, to, you know, respond to the crisis and then to work on the establishment of right ratios according to patient care.

La Modératrice : Merci. Une dernière avec Angelica Montgomery de CBC.

Mme Montgomery (Angelica) : Yes. Mme Hivon, could I start by asking you what you make of this latest poll? You have said that you see good news in it.

Mme Hivon : Yes. They are... I don't know how you say «modeste». There are modest good news, but there are good news, we believe. Of course, we have a lot of work to do, but, as you know, two weeks ago, there was a poll in which we were at 18%, and today we are at 23%. So we see an increase, and of course it's with a lot of work every day, every step that we will take that we believe will bring us, you know, where we want to be, which is in phase with the Quebeckers to respond to their needs.

Mme Montgomery (Angelica) : Considering that so many people are seeing this as a race between the Liberals and the CAQ, how much of a danger do you think there is that your party might be sidelined or forgotten as a third party?

Mme Hivon : Well, if I take the media coverage we've had in the last weeks, I don't think we are sided apart.

La Modératrice : Une dernière question pour Maya Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Good morning. Mme Hivon, I just want to follow up on Angelica's question regarding the poll. I'm wondering if you think that your presence as the coleader will over time change the game and help improve the party's results.

Mme Hivon : You know, I think you know me, and what I believe in is teamwork, and I think that this good news that we're seeing today, which is modest, I want to say it... We know there's a lot of work to do, and it's one step at a time. But I think it's the effort of all the team of, you know, people who are so involved in the work they do, like Diane in health. And she was, you know, pursuing all last fall, you know, those efforts to really bring the Government to change the direction and to propose ideas that are very interesting. It's the fact that we really want to respond to people's needs. You know, this is what is our main concern, and I think that what we put forward are ambitious proposals, but, at the same time, they are realistic, and I think that people start to listen to us and see that we're there for them.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 33)

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