(Dix heures sept minutes)
Mme
Hivon
: Merci
beaucoup. Bonjour, tout le monde. Alors, bien sûr, aujourd'hui, nous voulons
vous parler de la situation des infirmières qui est vraiment excessivement
grave à l'heure actuelle. Nous avons tous entendu, la semaine dernière, ce cri
du coeur de cette jeune infirmière, Émilie Ricard, qui, par le hasard des
choses, a fait en sorte que j'ai pu la rencontrer parce que j'étais à Sherbrooke
la semaine dernière, au moment où elle a lancé ce cri du coeur. Et je peux vous
dire que j'ai rencontré une jeune femme absolument passionnée par son métier et
qui veut tout faire pour pouvoir continuer de l'exercer avec coeur, avec
conviction et avec professionnalisme. Elle veut tout faire pour que sa
profession lui permette à elle, mais à l'ensemble des femmes qui choisissent
cette profession, comme celle d'infirmière auxiliaire, de préposée aux
bénéficiaires, de pouvoir continuer à oeuvrer pour soutenir les gens, pour
travailler pour les patients, pour nous tous au Québec.
Mais son cri du coeur, il est réel parce
que, dans les circonstances actuelles, comme vous l'avez bien vu, c'est une
crise qui est présente et qui ne va que s'amplifier si le gouvernement ne bouge
pas à très court terme, parce que l'épuisement est très présent déjà. Il ne va
qu'en s'amplifiant, et on est en train de mettre à risque les gens qui
soutiennent les gens et qui portent à bout de bras notre système de santé.
Donc, c'est notre système de santé, en ce moment, qui est à risque.
Vous connaissez les problèmes, ils sont
nombreux. Bien sûr, on voit une disproportion dans le nombre d'infirmières par
rapport au nombre de patients. Émilie Ricard, dans une nuit, plus de 72
patients dont elle avait la responsabilité en CHSLD, bien sûr que ça dépasse
l'entendement d'avoir ce poids, tout ce poids, cette responsabilité sur les
épaules, alors qu'on sait à quel point la situation en CHSLD devient de plus en
plus complexe, les personnes qui y sont ont des situations de plus en plus
graves et lourdes.
Premier problème très important, bien sûr,
le temps supplémentaire obligatoire qui est un recours de moins en moins
exceptionnel, malheureusement, par les dirigeants qui souvent... des CISSS et
des CIUSSS qui n'ont parfois pas d'autre choix, avec des situations très graves
que ça provoque pour les familles et ces infirmières-là. Et, bien sûr, toute la
question des postes qu'on n'arrive pas à combler. C'est vrai qu'il y a des
postes affichés, mais on n'arrive pas à les combler. Pourquoi? Parce qu'en ce
moment dire oui à un poste, c'est prendre un billet vers l'épuisement
professionnel. Et ce n'est pas ça, au Québec, qu'on souhaite, et c'est un
cercle vicieux. Ces femmes-là ne veulent pas entrer dans un système où elles
savent qu'elles vont risquer l'épuisement.
Alors, aujourd'hui nous demandons au
gouvernement, face à cette crise, de prendre les grands moyens, aux grands maux
les grands moyens. Ce sont des gestes très forts, urgents, très rapidement qui
doivent être pris pour résorber cette crise. Et, pour détailler les mesures que
nous demandons, je cède la parole à ma collègue Diane Lamarre.
Mme Lamarre : Alors, ce qu'il
faut bien comprendre dans le travail des infirmières actuellement, c'est
qu'elles en sont à un point où, sur un étage, s'il y a cinq patients qui ont
des besoins particuliers, elles vont devoir en choisir, en prendre trois sur
cinq, parce qu'elles n'ont pas le temps d'en faire plus. Et ça, c'est ça que
les infirmières refusent maintenant de faire.
Donc, ce que nous demandons, c'est que le
gouvernement libère immédiatement une marge budgétaire adéquate pour permettre
d'avoir des emplois intéressants, ouverts pour les infirmières, infirmières
auxiliaires et évidemment préposés aussi, mais, pour les infirmières et
infirmières auxiliaires, qu'il y ait des emplois intéressants qui ne les
mettent pas dans une situation de contrainte, dans une situation où elles
s'exposent à du temps supplémentaire obligatoire. Donc, une marge budgétaire
significative immédiatement qui doit être relâchée parce qu'il y a des
employées en détresse et parce qu'il y a des patients qui sont vulnérables par
manque de disponibilité et par manque d'infirmières.
Donc, c'est important, et nous
recommandons donc qu'il y ait absolument ce déploiement de cette marge
budgétaire. Il faut absolument améliorer le nombre de professionnels
disponibles par patient. Et l'exemple que Véronique donnait tantôt, d'une
infirmière pour 72 patients, c'est certain qu'il va arriver deux événements
dans une nuit et qu'on va être incapable de gérer les deux patients en question.
Donc, il faut absolument faire en sorte qu'il y ait... Il devait y avoir,
d'ailleurs, des projets pilotes. Le gouvernement avait promis des projets
pilotes pour améliorer, justement, et déterminer les bons ratios, le bon nombre
de professionnels en fonction des patients. Ces projets pilotes, on a appris qu'ils
n'avaient pas vu le jour, ils n'ont pas été mis sur place.
Alors, on a un gouvernement qui a fait
beaucoup de choses pour les médecins mais qui n'a pas rien fait pour améliorer
la qualité de vie et la qualité de travail des infirmières et surtout des
patients qui en ont besoin et qui reçoivent ces soins-là. Donc, nous, on
demande au ministre de la Santé de donner de l'argent immédiatement, parce que
la situation est intenable, et elle ne va que s'enliser davantage, parce que
les infirmières vont être de moins en moins encouragées à prendre le relais
dans un contexte où l'épuisement professionnel les guette.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Jocelyne Richer, LaPresse
canadienne, micro de gauche.
Mme Richer (Jocelyne) :
Bonjour. Le problème, sur la question des ratios, c'est que le ministre dit que
les infirmières qu'on demande, on ne les a pas. Il dit : On ne les a pas,
je ne peux pas les embaucher. Alors, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'il faut en
former davantage, à ce moment-là?
Mme Lamarre : Bien, il y a
quand même 3 000 infirmières qui sont disponibles actuellement et donc il
y a 800 postes à combler. Il devrait y avoir des façons d'aménager les postes
pour qu'ils aient une certaine attractivité pour ces 3 000 infirmières là.
Mme
Hivon
: Puis
nous, ce qu'on dit, c'est qu'en ce moment il y a, d'une part, 3 000
infirmières disponibles, 800 postes effectivement disponibles, affichés,
mais la réalité est que les infirmières ne postulent pas parce qu'elles savent
qu'elles vont travailler dans des conditions absolument difficiles.
Alors, nous, ce qu'on dit, c'est que
probablement qu'à court terme ça prend plus que 800 personnes pour qu'on
sache que ces femmes-là qui vont arriver vont pouvoir avoir la marge de
manoeuvre dès qu'elles arrivent, et le soutien, et donc la révision de ces
ratios ou, si vous voulez, du nombre de patients par infirmière, infirmière
auxiliaire, que ça change dès maintenant. On ne peut pas attendre, des mois et
des mois, de voir le meilleur système. C'est sûr que les projets pilotes, s'ils
avaient déjà été en cours, on aurait une bonne indication. Malheureusement ce
n'est pas le cas, mais on ne peut pas attendre tous ces résultats-là. Il faut
que ça bouge maintenant.
Mme Richer (Jocelyne) : Mais
donc vous voulez créer plus de postes et, en même temps, baisser le ratio, si
je comprends bien, ou...
Mme Lamarre : Bien, les
800 postes qui sont annoncés, c'est dans le même contexte que celui qu'on
a actuellement. Or, le contexte actuel nous démontre qu'il n'y a pas
suffisamment d'infirmières par groupe de patients. Alors, il faut absolument
bonifier la proportion d'infirmières, il faut avoir plus d'infirmières et
d'infirmières auxiliaires pour un certain nombre de patients, selon la
complexité de ces patients-là.
Et ça, c'est possible de le calculer, c'est
possible de... Il y a des indicateurs qui peuvent permettre d'évaluer la
complexité d'un patient, son caractère plus risqué. Si vous avez des patients, par
exemple, qui sont susceptibles de faire de l'errance, c'est-à-dire de circuler
la nuit, c'est sûr que ça prend plus de surveillance. On a parlé, il y a quelque
temps, qu'on voulait diminuer les formes de contention chimiques, de donner
moins de médicaments aux gens. Bien, il faut avoir du personnel pour
accompagner puis encadrer ces gens-là, à ce moment-là. Donc, c'est un exemple
de ce qui est nécessaire dans les CHSLD, entre autres.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite, Alain Laforest. Une question, une sous-question, s'il vous
plaît.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, mesdames. Comment vous le calculez, le montant que le gouvernement
devrait injecter? Parce que le premier ministre l'a dit la semaine dernière, ce
n'est pas une question d'argent.
Mme
Hivon
:
Bien, c'est ça, nous, on pense que ça va probablement être quelques dizaines de
millions de dollars. Ce qu'il faut, c'est que dès aujourd'hui, à la suite de sa
rencontre, on espère que le ministre Barrette et que son premier ministre vont
être à l'écoute et qu'ils vont envoyer un message clair à tous les dirigeants
des CISSS et des CIUSSS pour dire : Donnez-nous vos besoins, dites-nous de
combien d'infirmières, infirmières auxiliaires vous avez besoin, et on va
débloquer les fonds dès maintenant pour résorber la crise pendant qu'on fait le
travail sur l'évaluation des ratios et, bien sûr, la question de l'intensité
des soins. C'est ça, en fait, qu'on demande : dès maintenant, un signal
clair aux dirigeants.
Mme Lamarre : Absolument.
M. Laforest (Alain) : 47
périodes de questions à partir d'aujourd'hui. Il y a un sondage. Est-ce qu'on
sent l'effet Hivon?
Mme
Hivon
: La
seule chose que je dirais, c'est que, pour nous, ce sont de bonnes nouvelles,
de bonnes nouvelles modestes. Mais on a vu, en janvier, un sondage où nous
étions à 18 %; aujourd'hui, nous sommes à 23 %. Donc, un pas à la
fois, un jour à la fois, un geste à la fois, une marche à la fois. Je pense que
tout est possible.
La Modératrice
: Merci.
Véronique Prince, Radio-Canada, micro de gauche.
Mme Prince (Véronique) : Oui,
bonjour. Est-ce que la solution, en fait, ça serait de changer le ministre de
la Santé?
Mme Lamarre : Il est trop
tard. Il aurait fallu le faire un peu plus tôt, parce que là, vraiment, c'est
vraiment quelque chose qui fait que c'est... Le mal est fait. Je vais vous
dire, c'est terrible.
Ça fait plusieurs années qu'on demande au
gouvernement de jeter un regard par-dessus l'épaule du ministre de la Santé. Ce
ministre a eu carte blanche pendant quatre ans, et là on récolte vraiment...
Tout est en lambeaux dans notre système de santé, actuellement. Et il a eu
vraiment tout ce qu'il voulait dans l'organisation, dans sa réorganisation, et
les résultats ne sont pas là. Ils ne sont pas là pour une simple bonne raison,
c'est que ces actions n'ont pas été faites en fonction des besoins des
patients, elles ont été faites sous toutes sortes d'autres considérations, mais
jamais en fonction des besoins réels des patients. Et c'est comme ça qu'il faut
faire une vraie réforme si on veut la réussir.
Mme
Hivon
:
Et si le Dr Barrette, le ministre Barrette avait donné la même importance
à la reconnaissance et la valorisation des infirmières, des infirmières
auxiliaires et des préposées qu'il a donnée aux médecins, on n'en serait pas là
aujourd'hui. Ce sont ces femmes-là qui portent le système à bout de bras, bien
sûr avec les médecins, mais elles le portent à bout de bras, et je pense que c'est
important aujourd'hui de reconnaître ça et de donner de l'oxygène au système en
permettant de résorber la crise.
Mme Prince (Véronique) :
Mais, d'ici la prochaine campagne électorale, il reste quand même encore, quoi,
huit mois. Vous ne pensez pas que changer le porteur du ballon d'ici là peut
quand même faire une différence? Vous ne réclamez pas sa démission, en fait.
Mme
Hivon
:
Vous avez entendu M. Couillard la semaine dernière. Est-ce qu'il avait une
attitude très différente de celle de M. Barrette? Donc, est-ce que c'est
la personne ou c'est le gouvernement et la tête du gouvernement? Je pense que
poser la question, c'est y répondre.
La Modératrice
: Merci.
Patrick Bellerose, micro de droite, Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour à toutes les deux. Est-ce que la situation actuelle met la population
qui est dans les établissements de santé en danger?
Mme
Hivon
:
Je dirais que non parce que... on espère que non parce qu'évidemment on a
entendu Mme Ricard dire que tout est fait pour qu'on puisse tenir le
système à bout de bras. Mais, en ce moment, ce sont ces femmes-là, ces
infirmières, infirmières auxiliaires, préposées qui font en sorte que tout ne
s'écroule pas parce qu'elles acceptent, dans des circonstances parfois
absolument abracadabrantes, qu'on m'a racontées, là, qu'on va dire : Bien,
il faut que tu restes pour faire du temps supplémentaire obligatoire même s'il
faut que tu ailles chercher ton enfant à la garderie. Va le chercher, trouve un
voisin qui va le prendre puis revient dans une demi-heure. Là, c'est des choses
qui se vivent.
Alors, c'est parce que ces femmes-là sont
de grandes professionnelles. Mais combien de temps encore on peut durer dans
une telle situation? C'est la question qu'on se pose et c'est surtout ce qu'on
veut éviter, une dégradation encore plus importante.
M. Bellerose (Patrick) :
Et outre la marge financière que vous demandez, que doit faire le ministre
Barrette dans la rencontre aujourd'hui avec la FIQ?
Mme Lamarre : Je pense
qu'il devrait écouter. Il devrait écouter leurs demandes. Ce n'est pas un
ministre qui a fait preuve de beaucoup d'écoute tout au long de son mandat. Et
souvent, les solutions, elles originent des gens qui sont sur le terrain. Les
infirmières sont très sur le terrain, elles sont proches des gens. Qlors, je
pense qu'il doit vraiment se mettre en mode écoute et répondre à leurs besoins
parce que ce qu'elles traduisent, ce sont les besoins de la population.
M. Bellerose (Patrick) :
...juste une petite précision sur la marge financière. C'est seulement pour
embaucher des infirmières auxiliaires qui vont venir supporter, aider?
Mme Lamarre : Non,
infirmières, infirmières auxiliaires et éventuellement préposées.
M. Bellerose (Patrick) :
Mais l'argent est déjà là pour les infirmières.
Mme Lamarre : Là, il a
déjà annoncé des postes pour les préposées, mais infirmières et infirmières auxiliaires.
Il y a une synergie. Dans le fond, il faut vraiment utiliser ces
professionnelles au meilleur de leurs compétences. Et donc parfois ça prend
plus d'infirmières, parfois ça prend plus d'infirmières auxiliaires, mais ça
prend une adéquation appropriée.
M. Bellerose (Patrick) :
...les infirmières, les postes ne sont juste pas comblés. Est-ce que vous
voulez créer de nouveaux postes d'infirmières?
Mme Lamarre : Oui, il faut
ajouter des postes.
M. Bellerose (Patrick) :
Combien?
Mme Lamarre : Moi, je pense
que chaque directeur, P.D.G. de CISSS et de CIUSSS devrait se faire demander...
parce que c'est son territoire, là. C'est lui qui est supposé être responsable
de regarder qu'est-ce qu'il faut pour que ça arrive, pour plus qu'il n'y ait de
TSO, là. C'est lui qui les cumule, ces résultats-là.
Alors, il devrait demander à chacun de ses
P.D.G., P.D.G. adjoints : Qu'est-ce que ça vous prend pour ne plus qu'on
ait ce genre de situation là et répondre à leurs besoins, peu importe le prix
que ça coûtera? Parce qu'il y a effectivement des dizaines de millions de
dollars à mettre là-dessus. Il faut les mettre parce qu'il y a une situation
d'urgence actuellement, et c'est réel.
On ne peut pas, vous savez, avoir coupé,
pendant quatre ans, 10 millions de dollars par année dans tous les CISSS
et les CIUSSS sans qu'il y ait des conséquences. On les voit, ces
conséquences-là maintenant. Alors, il faut qu'ils redonnent. On va voir beaucoup,
beaucoup d'allers-retours, je pense, dans les prochains huit mois, des
décisions qui ont été des mauvaises décisions qui ont été prises et qui sont
renversées puis finalement on revient au point de départ.
La Modératrice
: Merci.
Micro de gauche, Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
bonjour. Pour que les P.D.G. puissent identifier leurs besoins, il faudrait
fixer un barème national, un ratio raisonnable, parce que le un pour 72 que
vous décriez, c'est considéré dans le milieu comme les bonnes pratiques, là, actuellement.
Donc, vous comprenez que, si on ouvre des
postes alors que le ratio actuel est de 1-70 puis c'est considéré comme une
bonne pratique, bien là, je ne sais pas si, dans votre esprit, la mesure que
vous proposez aurait vraiment la conséquence que vous souhaitez. Au fond, les
ratios que vous connaissez, là, le dossier de la santé, ça devrait être quoi au
fond? Parce qu'on parle de CHSLD, les CH, c'est autre chose. Bon, là, il faut...
Êtes-vous en mesure de dire : Bien, réalistement, là, il faut penser à tel
type de ratio?
Mme Lamarre : Tout est une question
d'intensité de soins. Et vous savez que, dans les CHSLD, il y a 10 ans, les
gens restaient beaucoup plus longtemps. Leur durée moyenne de séjour était de plusieurs
années. Maintenant, 50 % des gens décèdent à l'intérieur d'un an dans les
CHSLD.
La fin de vie est toujours considérée dans
tous les systèmes comme étant la période qui demande la plus grande intensité
de soins. Vous avez des patients avec des problèmes respiratoires qui
suffoquent, et qui ont besoin d'aide, et qui ont besoin d'être accompagnés. Vous
avez des gens avec du gavage, vous avez des gens avec des stomies, vous avez...
Alors, on a une intensité de soins et c'est ça qu'il faut considérer comme
déterminant des ratios.
Donc, le un pour 72, c'était peut-être ce
qui allait dans les CHSLD d'il y a 10 ans. Maintenant, il faut peut-être
regarder ce que nous avons ici, au Québec, comme intensité de soins dans nos CHSLD
et dans certains hôpitaux pour voir quels sont les bons ratios à trouver. Mais
ce qui est certain, c'est qu'il faut que tous les patients reçoivent les soins
nécessaires auxquels ils ont droit, et l'infirmière ne doit pas avoir à
choisir, sur 10 patients qui sont en besoin, les cinq qu'elle va prioriser
au détriment des cinq autres.
M. Chouinard (Tommy) : Quant
aux préposés aux bénéficiaires, c'est quoi, un ratio réaliste?
Mme Lamarre : Ce n'est pas à
nous à le dire. Là encore, ça va dépendre beaucoup… Si vous avez une aile de
patients qui sont très, très lourds comme demande de soins, qui sont incapables
de s'aider quand ils prennent leur bain, qui sont incapables de manger seuls,
qui sont incapables de… qui circulent la nuit, il y a une intensité de soins
qui doit être déterminée…
M. Chouinard (Tommy) : ...est-ce
qu'il va être capable, lui, de dire : Bien, voici les ratios recommandés,
voici ce que ce devrait être?
Mme Lamarre : Bien là, il y a
une urgence.
M. Chouinard (Tommy) : Parce
que là vous dites chaque fois : C'est du cas par cas.
Mme Lamarre : Là, il y a une
urgence, là. Le vase coule de partout, alors là il faut vraiment s'assurer
qu'on colmate la brèche et, après ça, on va déterminer les bons ratios. Mais je
suis certaine que le ministre peut déjà ajouter énormément de personnel et de
ressources financières pour faire en sorte qu'il va vraiment s'assurer que des
conditions gagnantes, attractives vont être là pour les infirmières.
Mme
Hivon
: Ce
n'est pas compliqué, en ce moment, il y a une urgence, ils infirmières ne
postulent pas. Alors, on est vraiment dans une situation qui s'aggrave de jour
en jour, où les infirmières ne postulent pas. Il faut leur envoyer le message
qu'on a compris que la situation est intenable pour elles et qu'on prend des
mesures d'urgence pour qu'elles sachent que, si elles disent oui à un poste,
elles vont être soutenues adéquatement. Et ça, ce ne sera pas en attendant
pendant des mois qu'on ait évalué précisément les bons ratios.
Malheureusement, si le ministre Barrette
avait fait le travail, et que les projets pilotes qui étaient demandés avaient
été mis sur pied, et qu'on était déjà avancés, on serait plus avancés pour
savoir où sont les bons chiffres. Mais on n'est pas là. Là, en ce moment, il
faut travailler dans l'urgence, puis c'est ça qu'on lui demande aujourd'hui.
La Modératrice
: Merci.
On va passer en anglais avec Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning. Just to start, can
you summarize what you're asking the minister to do for English viewers?
Mme
Hivon
:
Do you want to go or…
Mme Lamarre : Je peux
commencer. We consider that there is an emergency actually
because a lot of nurses have too much work. They need support, they need a new
investment from the Government as soon as possible, because, more and more, we
have a problem that they won't take the jobs that are available just because
they are afraid that they will have to stay for 16 hours a day. Nobody wants to
work 16 hours a day in a row, you know. This is not a way that we can work, and,
at a certain time, it may put patients in danger.
Mme
Hivon
: Yes, what we believe is, now, we are in a crisis situation. So, when you have a crisis, you have
to respond to a crisis. So that means that there has to be new investments done
in conformity with what the heads of the system, of the different CISSS and CIUSSS
tell the Minister and the Government right now. The crisis is like that, we need in an emergency those…
how many nurses and all that, because the situation right now is that people don't apply. The nurses don't apply
because they know that it's a ticket to burnout if they say yes to go back in
the system.
So this is why Mr.
Barrette today has to really, you know, step in and say : OK, we heard and we will, you know, put the
money necessary now because we cannot wait forever to know exactly how many nurses
and, you know, auxiliaries we have to put forward because the ratio is still
under scrutiny. So that's what we are asking.
Mme Fletcher (Raquel) : Last week, the Minister said : Well, I'm hiring, I'm trying to
hire nurses, but they are not applying, it's the nurses' fault, there is
nothing I can do.
Mme Lamarre : Because the jobs that he has to offer are not interesting. You
know, they have a risk of burnout, so they don't want to go. So he has to make
this employment more attractive, more, I would say, more able to care. Nurses
want to care for their patients, and actually they way they have to work is
just to fill the patch, you know, to fill… So he has to make their way of
working in concordance with good care for patients.
Mme Fletcher (Raquel) : And you are saying that takes money or is it just a matter of
managing the system better? What is the solution?
Mme Lamarre : For now, because there is a crisis, as Véronique said, we need
money right now. So he has to give money, more money to be sure that there will
be two or three jobs at a place where there is only one job for now. So, if we
have this kind of opening and this kind of new way of working, that may help
nurses to accept to go in the health system again. And then, after and if he
did what he should have done… two years ago, he was supposed to introduce a
pilot project according to… establishing good ratio between nurses, auxiliary
nurses and patients.
So, if he had done that,
maybe we had this kind of ratio now. But now, he didn't do that at all. So we
have, for now, to, you know, respond to the crisis and then to work on the
establishment of right ratios according to patient care.
La Modératrice
: Merci. Une dernière avec Angelica Montgomery de CBC.
Mme Montgomery (Angelica) : Yes. Mme Hivon, could I start by asking you what you make of this
latest poll? You have said that you see good news in it.
Mme
Hivon
: Yes. They are... I don't know how you say «modeste». There are
modest good news, but there are good news, we believe. Of course, we have a lot
of work to do, but, as you know, two weeks ago, there was a poll in which we
were at 18%, and today we are at 23%. So we see an increase, and of course it's
with a lot of work every day, every step that we will take that we believe will
bring us, you know, where we want to be, which is in phase with the Quebeckers to respond to their needs.
Mme Montgomery
(Angelica) : Considering that so many people
are seeing this as a race between the Liberals and the CAQ, how much of a danger
do you think there is that your party might be sidelined or forgotten as a
third party?
Mme
Hivon
: Well, if I take the media coverage we've had in the last weeks, I
don't think we are sided apart.
La Modératrice
: Une dernière question pour Maya Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Good morning. Mme Hivon, I just want to follow up on Angelica's
question regarding the poll. I'm wondering if you think that your presence as
the coleader will over time change the game and help improve the party's
results.
Mme
Hivon
: You know, I think you know me, and what I believe in is teamwork,
and I think that this good news that we're seeing today, which is modest, I
want to say it... We know there's a lot of work to do, and it's one step at a
time. But I think it's the effort of all the team of, you know, people who are
so involved in the work they do, like Diane in health. And she was, you know,
pursuing all last fall, you know, those efforts to really bring the Government
to change the direction and to propose ideas that are very interesting. It's
the fact that we really want to respond to people's needs. You know, this is
what is our main concern, and I think that what we put forward are ambitious
proposals, but, at the same time, they are realistic, and I think that people
start to listen to us and see that we're there for them.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 33)