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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Le mardi 18 octobre 2016, 13 h 52

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures cinquante-trois minutes)

Mme David (Gouin) : Mesdames messieurs, bonjour. Il y a eu un retard, vous en connaissez les causes, et vous savez que, dans cinq minutes, la période de questions commence, donc je vais être extrêmement rapide parce que vous comprendrez aussi que je veux être présente au début de cette période de questions.

Ce que je veux dire d'abord et avant tout, c'est qu'aujourd'hui Québec solidaire a l'honneur, en quelque part, de présider un débat de cinq heures, une motion de censure qu'on adresse au gouvernement du Québec, gouvernement que l'on juge irresponsable à cause de toutes les mesures qu'il a prises depuis deux ans, mesures d'austérité qui ont fait extrêmement mal à la population et dont la Protectrice du citoyen a abondamment parlé dans son rapport, un rapport remis il y a un peu plus de 15 jours. C'est pour ça que nous faisons cette motion de censure.

Oui, nous savons que nous ne renverserons pas le gouvernement, mais c'est important, à certains moments, de poser des gestes symboliques et de dire aux gens : Écoutez, vous n'en avez pas assez, là? Est-ce que ça ne suffit pas que cette austérité qui atteint des familles, des enfants, des personnes âgées, des personnes malades, des aidants et aidantes naturels, tellement de gens qui souffrent de toutes les coupes qu'on a connues en santé, en services sociaux, en éducation et dans l'ensemble des services publics?

Manon, qui est allée en Gaspésie récemment, a rencontré, par exemple, une dame très affectée par une maladie dégénérative et qui doit venir chercher des services à Montréal parce qu'ils n'existent plus en Gaspésie, près de chez elle. Ça, c'est le genre de situation, là, qu'on voit régulièrement. Nous, on est sur le terrain, on parle avec les gens, ce sont des choses véridiques et véritables, et on va en parler plus abondamment cet après-midi. J'aurai l'occasion d'en parler davantage.

Ce qu'on souhaite aussi cet après-midi, c'est que, nonobstant les divergences partisanes, l'ensemble des oppositions soient vraiment unies d'une seule voix pour dire non à l'austérité libérale. C'est cet après-midi que ça se passe. Les deux oppositions ont indiqué qu'elles appuieraient notre motion de censure, nous espérons qu'elles vont le faire avec énormément d'énergie, laissant de côté toute autre considération parce qu'aujourd'hui l'adversaire, c'est le gouvernement Couillard.

M. Laforest (Alain) : Quel message vous avez envoyé à M. Jean-François Lisée pour sa première journée aujourd'hui?

Mme David (Gouin) : Le message que j'aurais envie d'envoyer à M. Lisée, c'est : Faites juste un petit peu moins de manoeuvres partisanes, faites de la politique responsable, battez-vous conte l'austérité à l'instar de Québec solidaire. C'est le message que j'ai envie de lui envoyer aujourd'hui.

M. Dutrisac (Robert) : Mais se battre contre l'austérité, ça ne serait pas, comme M. Lisée le dit, battre les libéraux dans Verdun ou mettre toutes les chances de son côté pour les progressistes?

Mme David (Gouin) : Nous battrons les libéraux en 2018. Pour l'instant, je vais vous dire ce que j'ai dit à M. Lisée ici, dans une petite chaise au salon rouge, conversation de 15 minutes, le 27 septembre : Jean-François, c'est trop tôt, on a des débats à faire avec nos membres. Ces débats-là vont se faire en novembre lors de notre conseil national. Dès le 27 septembre, M. Lisée savait que, pour Verdun, c'était non, alors je n'ai pas changé d'idée. De toute façon, je suis une porte-parole, et mon parti va prendre des décisions le 19 novembre.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais comment vous qualifiez les manoeuvres de M. Lisée? Est-ce que vous qualifiez ça de manoeuvres?

Mme David (Gouin) : Je les qualifie de manoeuvres et je les qualifie de cavalières. Moi, je pense que, lorsqu'on veut tenter des rapprochements avec un autre parti, lorsqu'on veut, entre guillemets, séduire les gens d'un autre parti, bien, on se comporte de façon moins cavalière, on prend la peine de téléphoner, de prendre rendez-vous, d'avoir des discussions. Et, de toute façon, quand on sait... Parce que M. Lisée le savait dès le 27 septembre que, pour l'instant, c'est impossible parce que nous avons une vie démocratique à Québec solidaire, que nous respectons comme porte-parole. M. Lisée sait tout ça. La manière respectueuse d'entrer en communication avec nous, c'est de respecter nos échéances, de respecter notre rythme et de ne pas essayer de nous peinturer dans le coin comme il l'a fait cette semaine.

M. Robillard (Alexandre) : Puis pourquoi c'est trop tard dans Verdun?

Mme David (Gouin) : Parce qu'on a des débats à faire dans notre parti, que ces débats-là sont amorcés, que les associations sont en train d'y réfléchir et que le débat va trouver un terme le 19 novembre prochain en conseil national.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que ça peut nuire aux efforts de convergence qui ont été confiés à Mme Hivon, ça?

Mme David (Gouin) : Écoutez, lorsque M. Lisée a été élu chef, j'ai déjà donné une indication ou deux à l'effet que, tout en saluant, bien sûr, sa victoire, qui est incontestable, et sa légitimité, il y avait quand même une couple de choses qui rendaient des rapprochements plus difficiles. La première, reporter toute discussion sur la souveraineté après la prochaine élection. On n'en discute pas du tout d'ici ce temps-là. Après, on pourra commencer à en discuter, et c'est quelque part après 2022 que ça va arriver. Ça, ce n'est pas tellement de nature à rassurer, chez nous, nos membres, qui sont des souverainistes affirmés. Et, deuxièmement, toute la campagne que M. Lisée a faite cet été, passant des voeux de fin du ramadan, au burkini, à la burqa, aux seuils d'immigration. Ça non plus, ce n'est pas de nature à rassurer les membres de Québec solidaire, qui croient en une identité québécoise, mais une identité qui inclut tout le monde et pas qui exclut.

Alors, je dirais, des difficultés, il y en a et il y en aura avec M. Lisée. Ce qui ne veut pas dire que tout rapprochement est impossible. Ce sont nos membres qui en décideront, je le répète, la fin de semaine du 19 et 20 novembre prochain.

Mme Plante (Caroline) : Mme David, what do you think of the fact that a third of the groups that were slated to present at bill 62 hearings this fall have cancelled? What do you make of that fact?

Mme David (Gouin) : Some of them said : We said all we have to say, so it's enough, read our last memory. Others said : It's not our affair, like la table de concertation en soutien aux immigrants, it's not a question of immigration, so we did our job last time, we don't do the same job again. So, some of them said why they won't come. The others, I don't know. But I think we have a problem when many, many people decide to exclude themselves of the participation.

So, what I expect, I expect we will have a calm debate. I think p.l. n° 62 is a beginning, it's not enough. «La laïcité», it's more than that, but in the same time, I expect really this time we will have correct debates and a debate which includes everybody. I want inclusion, not exclusion.

Mme Plante (Caroline) : The bill should pass without a hitch?

Mme David (Gouin) : Hitch?

Mme Plante (Caroline) : The bill will pass easily?

Mme David (Gouin) : We will see. I'm not sure. I read this morning what the Coalition avenir Québec said, I prepare myself to having big debates, I think.

Mme Massé : And let's say it's very important to have, in this bill, the aspect of «laïcité». It's very important, you know, and that's a point that we'll fight for.

Mme David (Gouin) : Merci beaucoup. Je m'excuse...

Mme Crête (Mylène) : ...question en français, juste deux secondes?

Mme David (Gouin) : Ça va être vraiment deux secondes parce qu'il faut vraiment que j'y aille.

Mme Crête (Mylène) : Pourquoi est-ce que le projet de loi n° 62 ne va pas assez loin, selon vous?

Mme David (Gouin) : Parce que le mot «laïcité» n'y apparaît même pas. Nous, nous avions, dans notre projet de loi sur la laïcité il y a déjà trois ans, toute cette recommandation que la laïcité soit incluse dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, dans le préambule. Donc, vraiment il y a un refus du gouvernement d'appeler un chat un chat, comme si «laïcité», c'était un mot péquiste. «Laïcité», c'est un mot du dictionnaire puis il dit ce qu'il veut dire. Moi, je pense que ça doit apparaître. Ça, c'est le point, pour nous, qui est le plus important : affirmer clairement la laïcité de l'État et des institutions publiques. Merci beaucoup.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que votre parti va l'appuyer, le 62?

Mme David (Gouin) : On va en discuter, certainement. Merci. On est desolées, on est désolées...

(Fin à 14 h 2)

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