(Treize heures cinquante-trois minutes)
Mme David (Gouin) : Mesdames
messieurs, bonjour. Il y a eu un retard, vous en connaissez les causes, et vous
savez que, dans cinq minutes, la période de questions commence, donc je vais
être extrêmement rapide parce que vous comprendrez aussi que je veux être
présente au début de cette période de questions.
Ce que je veux dire d'abord et avant tout,
c'est qu'aujourd'hui Québec solidaire a l'honneur, en quelque part, de présider
un débat de cinq heures, une motion de censure qu'on adresse au gouvernement du
Québec, gouvernement que l'on juge irresponsable à cause de toutes les mesures
qu'il a prises depuis deux ans, mesures d'austérité qui ont fait extrêmement
mal à la population et dont la Protectrice du citoyen a abondamment parlé dans
son rapport, un rapport remis il y a un peu plus de 15 jours. C'est pour
ça que nous faisons cette motion de censure.
Oui, nous savons que nous ne renverserons
pas le gouvernement, mais c'est important, à certains moments, de poser des
gestes symboliques et de dire aux gens : Écoutez, vous n'en avez pas
assez, là? Est-ce que ça ne suffit pas que cette austérité qui atteint des
familles, des enfants, des personnes âgées, des personnes malades, des aidants
et aidantes naturels, tellement de gens qui souffrent de toutes les coupes
qu'on a connues en santé, en services sociaux, en éducation et dans l'ensemble
des services publics?
Manon, qui est allée en Gaspésie récemment,
a rencontré, par exemple, une dame très affectée par une maladie dégénérative
et qui doit venir chercher des services à Montréal parce qu'ils n'existent plus
en Gaspésie, près de chez elle. Ça, c'est le genre de situation, là, qu'on voit
régulièrement. Nous, on est sur le terrain, on parle avec les gens, ce sont des
choses véridiques et véritables, et on va en parler plus abondamment cet
après-midi. J'aurai l'occasion d'en parler davantage.
Ce qu'on souhaite aussi cet après-midi, c'est
que, nonobstant les divergences partisanes, l'ensemble des oppositions soient
vraiment unies d'une seule voix pour dire non à l'austérité libérale. C'est cet
après-midi que ça se passe. Les deux oppositions ont indiqué qu'elles
appuieraient notre motion de censure, nous espérons qu'elles vont le faire avec
énormément d'énergie, laissant de côté toute autre considération parce qu'aujourd'hui
l'adversaire, c'est le gouvernement Couillard.
M. Laforest (Alain) :
Quel message vous avez envoyé à M. Jean-François Lisée pour sa
première journée aujourd'hui?
Mme David (Gouin) : Le
message que j'aurais envie d'envoyer à M. Lisée, c'est : Faites juste
un petit peu moins de manoeuvres partisanes, faites de la politique
responsable, battez-vous conte l'austérité à l'instar de Québec solidaire. C'est
le message que j'ai envie de lui envoyer aujourd'hui.
M. Dutrisac (Robert) :
Mais se battre contre l'austérité, ça ne serait pas, comme M. Lisée le
dit, battre les libéraux dans Verdun ou mettre toutes les chances de son côté
pour les progressistes?
Mme David (Gouin) : Nous
battrons les libéraux en 2018. Pour l'instant, je vais vous dire ce que j'ai
dit à M. Lisée ici, dans une petite chaise au salon rouge, conversation de
15 minutes, le 27 septembre : Jean-François, c'est trop tôt, on
a des débats à faire avec nos membres. Ces débats-là vont se faire en novembre
lors de notre conseil national. Dès le 27 septembre, M. Lisée savait
que, pour Verdun, c'était non, alors je n'ai pas changé d'idée. De toute façon,
je suis une porte-parole, et mon parti va prendre des décisions le
19 novembre.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais comment vous qualifiez les manoeuvres de M. Lisée? Est-ce que vous
qualifiez ça de manoeuvres?
Mme David (Gouin) : Je les
qualifie de manoeuvres et je les qualifie de cavalières. Moi, je pense que,
lorsqu'on veut tenter des rapprochements avec un autre parti, lorsqu'on veut,
entre guillemets, séduire les gens d'un autre parti, bien, on se comporte de
façon moins cavalière, on prend la peine de téléphoner, de prendre rendez-vous,
d'avoir des discussions. Et, de toute façon, quand on sait... Parce que
M. Lisée le savait dès le 27 septembre que, pour l'instant, c'est
impossible parce que nous avons une vie démocratique à Québec solidaire, que
nous respectons comme porte-parole. M. Lisée sait tout ça. La manière
respectueuse d'entrer en communication avec nous, c'est de respecter nos échéances,
de respecter notre rythme et de ne pas essayer de nous peinturer dans le coin
comme il l'a fait cette semaine.
M. Robillard (Alexandre) :
Puis pourquoi c'est trop tard dans Verdun?
Mme David (Gouin) : Parce
qu'on a des débats à faire dans notre parti, que ces débats-là sont amorcés,
que les associations sont en train d'y réfléchir et que le débat va trouver un
terme le 19 novembre prochain en conseil national.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que ça peut nuire aux efforts de convergence qui ont été confiés à
Mme Hivon, ça?
Mme David (Gouin) : Écoutez,
lorsque M. Lisée a été élu chef, j'ai déjà donné une indication ou deux à
l'effet que, tout en saluant, bien sûr, sa victoire, qui est incontestable, et
sa légitimité, il y avait quand même une couple de choses qui rendaient des
rapprochements plus difficiles. La première, reporter toute discussion sur la
souveraineté après la prochaine élection. On n'en discute pas du tout d'ici ce
temps-là. Après, on pourra commencer à en discuter, et c'est quelque part après
2022 que ça va arriver. Ça, ce n'est pas tellement de nature à rassurer, chez
nous, nos membres, qui sont des souverainistes affirmés. Et, deuxièmement,
toute la campagne que M. Lisée a faite cet été, passant des voeux de fin
du ramadan, au burkini, à la burqa, aux seuils d'immigration. Ça non plus, ce
n'est pas de nature à rassurer les membres de Québec solidaire, qui croient en
une identité québécoise, mais une identité qui inclut tout le monde et pas qui
exclut.
Alors, je dirais, des difficultés, il y en
a et il y en aura avec M. Lisée. Ce qui ne veut pas dire que tout
rapprochement est impossible. Ce sont nos membres qui en décideront, je le
répète, la fin de semaine du 19 et 20 novembre prochain.
Mme Plante
(Caroline) : Mme David, what do you think
of the fact that a third of the groups that were slated to present at bill 62
hearings this fall have cancelled? What do you make of that fact?
Mme David (Gouin) :
Some of them said : We said all we have to say, so it's enough, read our
last memory. Others said : It's not our affair, like la table de concertation
en soutien aux immigrants, it's not a question of immigration, so we did our
job last time, we don't do the same job again. So, some of them said why they
won't come. The others, I don't know. But I think we have a problem when many,
many people decide to exclude themselves of the participation.
So, what I expect, I
expect we will have a calm debate. I think p.l. n° 62 is a beginning, it's
not enough. «La laïcité», it's more than that, but in
the same time, I expect really this time we will have correct debates and a
debate which includes everybody. I want inclusion, not exclusion.
Mme Plante (Caroline) : The bill should pass without a hitch?
Mme David (Gouin) : Hitch?
Mme Plante (Caroline) : The bill will pass easily?
Mme David (Gouin) : We will see. I'm not sure. I read this morning what the Coalition avenir Québec said, I prepare
myself to having big debates, I think.
Mme Massé : And let's say it's very important to have, in this bill, the aspect of «laïcité». It's very important, you know, and that's a point that
we'll fight for.
Mme David (Gouin) : Merci
beaucoup. Je m'excuse...
Mme Crête (Mylène) :
...question en français, juste deux secondes?
Mme David (Gouin) : Ça va
être vraiment deux secondes parce qu'il faut vraiment que j'y aille.
Mme Crête (Mylène) :
Pourquoi est-ce que le projet de loi n° 62 ne va pas assez loin, selon
vous?
Mme David (Gouin) : Parce
que le mot «laïcité» n'y apparaît même pas. Nous, nous avions, dans notre projet
de loi sur la laïcité il y a déjà trois ans, toute cette recommandation que la
laïcité soit incluse dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec,
dans le préambule. Donc, vraiment il y a un refus du gouvernement d'appeler un
chat un chat, comme si «laïcité», c'était un mot péquiste. «Laïcité», c'est un
mot du dictionnaire puis il dit ce qu'il veut dire. Moi, je pense que ça doit
apparaître. Ça, c'est le point, pour nous, qui est le plus important :
affirmer clairement la laïcité de l'État et des institutions publiques. Merci
beaucoup.
Mme Crête (Mylène) : Est-ce
que votre parti va l'appuyer, le 62?
Mme David (Gouin) : On va en
discuter, certainement. Merci. On est desolées, on est désolées...
(Fin à 14 h 2)