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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mercredi 5 octobre 2016, 8 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures quarante minutes)

Mme David (Gouin) : Alors, mesdames messieurs, bonjour. Ce matin, Québec solidaire pose un geste important, en fait, je dirais, le geste parlementaire ultime. Vous savez que nous n'en avons pas énormément, à Québec solidaire, de capacité d'intervention et de prise de parole. Nous avons tout essayé depuis deux ans. Nous avons dit et répété que ce gouvernement impose une cure d'austérité néfaste pour les gens. Nous l'avons démontré à de multiples reprises. Et voilà que la Protectrice du citoyen, organisme indépendant, femme respectable et respectée de tous, nous dit la semaine dernière que le gouvernement du Québec a imposé des mesures néfastes pour bien des secteurs de la population, particulièrement les secteurs les plus vulnérables. Qu'est-ce que le premier ministre trouve à dire devant ce constat de la Protectrice du citoyen? Je cite M. Couillard : «Les discours sur les personnes vulnérables, les discours sur la solidarité, avec les finances publiques déséquilibrées et un endettement chronique, ce n'est que du vent...» Bien, voyez-vous, cela a fait bondir Québec solidaire. Non, ce n'est pas du vent, M. le premier ministre, que cette austérité qui a fait tellement mal à des enfants qui ont besoin de services, par exemple des enfants autistes qui n'ont pas de diagnostic, ça a fait mal à des personnes âgées, il y en a 40 000 en attente de services de maintien à domicile, ça fait mal aux centres à la petite enfance, on l'apprenait ce matin, qui ont maintenant des places vacantes tellement on leur a empoisonné la vie et qu'on a facilité la privatisation des services de garde. Il y aurait comme ça mais tellement d'exemples pour dire : Le gouvernement ment, depuis deux ans, lorsqu'il nous dit : Non, non, il n'y a pas de problème, nos mesures de rigueur budgétaire n'auront pas d'impact sur les services à la population... Je l'ai déjà dit, je le répète, c'est une des plus grosses menteries de l'histoire du Québec.

Alors, devant toutes ces tentatives de notre part et de la part des autres oppositions aussi de faire entendre raison au gouvernement du Québec, devant le fait qu'il ne dévie pas le cap, qu'il maintient qu'il a eu raison, eh bien, ce matin nous déposons une motion de censure. Et cette motion se lit comme suit :

«Que l'Assemblée nationale retire sa confiance et blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir ignoré les conséquences importantes des compressions budgétaires et de la réorganisation du réseau de la santé et des services sociaux pour les personnes vulnérables, que la Protectrice du citoyen a constatées dans son rapport 2015‑2016», protectrice, en passant, qui a été saluée à l'unanimité par l'Assemblée nationale hier suite à une motion déposée par Québec solidaire. Même le gouvernement n'a pas osé s'y opposer.

Donc, c'est un geste important que nous posons ce matin. Oui, nous savons que le gouvernement est majoritaire, mais notre geste est quand même important, il a une haute teneur symbolique. Il vient dire à ce gouvernement que nous ne lui faisons plus confiance. Il fait remarquer à ce gouvernement d'ailleurs que, de sondage en sondage, on voit bien que la majorité de la population ne lui fait plus confiance. Et ce geste vient aussi indiquer à l'opposition officielle et à la deuxième opposition, donc au PQ et à la CAQ, que nous souhaitons leur appui, que nous espérons que, comme nous ils vont s'opposer au gouvernement. Il est plus que temps que ce gouvernement entende raison. C'est pourquoi nous déposons cette motion de censure.

La Modératrice : Alain Laforest.

M. Laforest (Alain) : Mme David, est-ce que vous avez discuté avec les leaders des autres partis de l'opposition pour obtenir leur avis pour votre motion?

Mme David (Gouin) : Pas encore. Vous savez que la motion a été diffusée vers 8 heures ce matin. Nous allons certainement discuter avec eux.

M. Laforest (Alain) : Ça n'aurait pas été mieux de discuter avant pour être sûr d'avoir leur appui, non?

Mme David (Gouin) : Écoutez, en fait, je vais...

M. Laforest (Alain) : Si vous êtes juste trois à vous lever, là, c'est quoi, le message...

Mme David (Gouin) : Je vais être très claire, M. Laforest, nous comptons sur cet appui. Nous ne pouvons même pas imaginer qu'après tout ce que les deux autres partis ont dit depuis deux ans ils ne donneraient pas leur appui à une motion de censure, ils devraient en répondre devant la population. Mais je ne peux même pas l'imaginer.

M. Laforest (Alain) : Donc, si tout le monde se lève et que la majorité libérale n'a pas prévu le coup, on pourrait être en élection aujourd'hui?

Mme David (Gouin) : La majorité libérale est la majorité libérale. Vous imaginez bien qu'au terme du débat de cinq heures qui aura lieu le 18 octobre je pense que M. Couillard aura certainement rameuté ses troupes. Donc, ce n'est pas tant l'issue du vote qui nous intéresse, quoi que, je vous le répète, nous espérons vraiment que toutes les oppositions réunies se dresseront contre le gouvernement de M. Couillard.

Ce qui nous intéresse, c'est que le message passe, c'est l'espoir que ce gouvernement rectifie le tir. Ce qui nous intéresse aussi, c'est de dire à la population du Québec : Bien, en tout cas, ce matin, il y en a au moins un, parti qui dit clairement que ça suffit, qui dit qu'il faut prendre au sérieux le rapport de la Protectrice du citoyen. On espère que les deux autres partis d'opposition en feront autant.

M. Laforest (Alain) : Qui vous voulez comme chef du Parti québécois?

Mme David (Gouin) : Tout cela est une autre question, M. Laforest. Les membres du PQ en décideront eux-mêmes.

M. Laforest (Alain) : Vous n'avez pas de préférence?

Mme David (Gouin) : Non.

Journaliste : Êtes-vous contente que la course au PQ se termine enfin?

Mme David (Gouin) : Je pense qu'il faudrait poser la question bien plus aux membres du Parti québécois. Peut-être qu'eux, ils sont contents parce que ça fait longtemps que ça dure. Et on suivra tout ça avec curiosité et intérêt vendredi soir.

Journaliste : Et est-ce qu'il y a un des candidats qui pourrait vous donner envie de rejoindre, converger, ne faire qu'un pour la prochaine élection?

Mme David (Gouin) : Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, c'est une décision que nos membres prendront en conseil national à la mi-novembre.

Journaliste : Mais vous?

Mme David (Gouin) : Nous sommes les porte-parole de nos membres. Nos membres en décideront à la mi-novembre. Je vous rappellerai que, ce matin, ce qui est important pour nous, c'est de poser ce geste d'une motion de censure. Ça n'est pas tellement du Parti québécois, honnêtement, que nous voulons discuter ce matin. Ce dont nous voulons discuter, c'est du mal, du tort, des conséquences néfastes du gouvernement Couillard sur les populations les plus vulnérables du Québec. Ça, ça nous intéresse vraiment, et nous espérons que ça vous intéresse aussi.

M. Khadir : Puis ça intéresse des membres du PQ aussi, hein?

Mme David (Gouin) : Sûrement.

M. Khadir : Je pense que tous les gens, y compris les membres sincères et honnêtes du PQ, sont préoccupés par ces coupes, et donc il faut vraiment se centrer là-dessus. Puis je pense que, dès que ça sera clair au PQ, nous pourrons agir sur les enjeux qui touchent la société.

Journaliste : M. Legault parle de baisses d'impôt ce matin, c'est sa motion, lui, pour utiliser les surplus. Est-ce que, pour vous, c'est une bonne solution de remettre l'argent dans les poches des contribuables pour stimuler l'économie?

Mme David (Gouin) : Non, c'est une très mauvaise solution. M. Legault devrait le savoir, pourtant. Tout ce à quoi ça conduit, les baisses d'impôts, c'est d'abord de favoriser les gens les plus riches. Les gens les plus pauvres ne paient pas d'impôt, donc ça ne leur donne absolument rien puis les gens les plus pauvres, au Québec, ne cessent de s'appauvrir. Et, deuxièmement, j'aimerais bien savoir comment M. Legault concilie la critique féroce qu'il faisait hier même au salon bleu, là, à la suite du rapport de la protectrice, critique féroce de l'austérité et des mesures du gouvernement Couillard, avec une baisse d'impôt.

Si on veut qu'il y ait de meilleurs services au Québec, si on veut redorer le blason de la santé, de l'éducation, des services sociaux, oui, il faut de l'argent dans les coffres du gouvernement du Québec, mais pas en baissant les impôts, en augmentant ceux des plus riches, en augmentant les taxes pour les grandes entreprises, entre autres les entreprises financières. Il y a de l'argent à aller chercher au Québec. Une baisse d'impôt, c'est un miroir aux alouettes, ça ne change rien dans la vie de la majorité des gens.

La Modératrice : Merci. Régys Caron.

M. Caron (Régys) : Oui, bonjour. On rapporte ce matin qu'il y a un gaspillage d'une quinzaine de millions au ministère de la Santé par l'achat de matériel informatique, on paierait en double pour des boîtes courriel. Est-ce que c'est une fatalité à laquelle on ne semble pas pouvoir échapper ou si c'est en plus de l'incurie du gouvernement? Comment se fait-il que ces choses-là sont récurrentes? On n'arrête pas d'apprendre des choses comme ça, puis ça semble une fatalité à laquelle on ne peut pas échapper.

Mme David (Gouin) : Et la Protectrice du citoyen le note dans son rapport, hein, que ce qui est atteint le plus gravement par les mesures d'austérité, ce sont les services aux citoyens pendant que la bureaucratie continue de s'encrasser. Alors, oui, il y a un ménage à faire dans ce genre de choses. Tout le programme informatique du gouvernement, on le sait, coûte immensément plus cher que prévu. On peut se demander si, au travers de tout ça, il y a parfois aussi des ententes entre ce gouvernement et des amis du régime. Ça, ce sont des questions qu'on est bien en droit de se poser après tout ce qu'on a vu depuis plusieurs années. Donc, oui, il y a du ménage à faire, mais en même temps il faut arrêter de couper dans les services aux citoyens. Ça, il faut que ça soit clair.

M. Khadir : Tous les achats de fournitures et de services, c'est pareil, hein? Équipements, fournitures médicales, matériel informatique, c'est tout à la même enseigne, comme les médicaments, c'est-à-dire le gouvernement n'a aucun scrupule à dépenser des millions supplémentaires, à faire du gaspillage. Mais, dans les services, dans le minutage du travail des préposés aux bénéficiaires ou des travailleurs sociaux, là, le gouvernement serre et fait une gestion rigoureuse et en fait tout à fait aberrante du système au détriment de la population.

Le Modérateur : Monsieur...

Journaliste : ...Boucher pour l'Université Laval. Vous dites, bon, puis même selon la Protectrice du citoyen, bon, oui, il y a une cure d'austérité depuis 2014, et, quand ils ont commencé à le faire, bon, il y a quand même eu, quand même, quelques déficits d'affilée. Comment auriez-vous agi pour, par exemple, revenir à un certain équilibre budgétaire?

Mme David (Gouin) : On a toujours dit, nous, que l'équilibre budgétaire, c'est une chose souhaitable, mais qu'on peut prendre le temps d'y arriver, le temps nécessaire. On ne peut pas et on ne doit pas y arriver en coupant dans les services aux citoyens et particulièrement, on l'a vu avec le rapport, là, souvent les citoyens les plus vulnérables. Il y a de l'argent au Québec, je le répète, et il y en a chez les minières, et il y en a dans les banques et autres institutions financières. Les contribuables aux revenus les plus élevés au Québec pourraient contribuer davantage. Il y en a, des moyens d'aller chercher de l'argent neuf au Québec, il faut arrêter de couper dans les services aux gens.

M. Hicks (Ryan) : Hi. Ryan Hicks, CBC. Can you tell me a little bit about what's behind this censure motion that you're tabling?

M. Khadir : The censure motion is a very important tool, the most radical, if you wish, parliamentarian tool to oppose to the policies of a government. And, in this case we just tabled a motion that means that the opposition… And we hope, in that regard, that the other oppositions will feel the sense of responsibility, our responsibility in face of these findings of the Protectrice du citoyen, who blamed the Government for cutting services instead of bureaucracy, instead of the appropriate «ménage», appropriate cleanup in the bureaucracy of the system. So, by that message, we want to denounce the «mensonge», the lie that is behind the proposal of the Government. And I really address to those who, by tradition, are voting for the Liberal Party. I don't think anybody could support a government who has so bluntly lied to the people about the effects of austerity, about the effects of the cutbacks in the health sector, in the education sector, and that is what we are trying to do.

M. Hicks (Ryan) : Procedurally, do you expect this motion to go to a vote? Will it have to go to a vote?

M. Khadir : It will go to the vote. We count on the support of the two other oppositions in that regard. I hope it will be clear that we have a responsibility collectively, all the oppositions, in front of these lies of the Government. Thank you.

(Fin à 8 h 53)

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