(Huit heures quarante minutes)
Mme David (Gouin) :
Alors, mesdames messieurs, bonjour. Ce matin, Québec solidaire pose un geste important,
en fait, je dirais, le geste parlementaire ultime. Vous savez que nous n'en
avons pas énormément, à Québec solidaire, de capacité d'intervention et de
prise de parole. Nous avons tout essayé depuis deux ans. Nous avons dit et
répété que ce gouvernement impose une cure d'austérité néfaste pour les gens.
Nous l'avons démontré à de multiples reprises. Et voilà que la Protectrice du
citoyen, organisme indépendant, femme respectable et respectée de tous, nous
dit la semaine dernière que le gouvernement du Québec a imposé des mesures
néfastes pour bien des secteurs de la population, particulièrement les secteurs
les plus vulnérables. Qu'est-ce que le premier ministre trouve à dire devant ce
constat de la Protectrice du citoyen? Je cite M. Couillard : «Les
discours sur les personnes vulnérables, les discours sur la solidarité, avec
les finances publiques déséquilibrées et un endettement chronique, ce n'est que
du vent...» Bien, voyez-vous, cela a fait bondir Québec solidaire. Non, ce
n'est pas du vent, M. le premier ministre, que cette austérité qui a fait tellement
mal à des enfants qui ont besoin de services, par exemple des enfants autistes
qui n'ont pas de diagnostic, ça a fait mal à des personnes âgées, il y en a
40 000 en attente de services de maintien à domicile, ça fait mal aux
centres à la petite enfance, on l'apprenait ce matin, qui ont maintenant des
places vacantes tellement on leur a empoisonné la vie et qu'on a facilité la
privatisation des services de garde. Il y aurait comme ça mais tellement
d'exemples pour dire : Le gouvernement ment, depuis deux ans, lorsqu'il
nous dit : Non, non, il n'y a pas de problème, nos mesures de rigueur budgétaire
n'auront pas d'impact sur les services à la population... Je l'ai déjà dit, je
le répète, c'est une des plus grosses menteries de l'histoire du Québec.
Alors, devant toutes ces tentatives de notre
part et de la part des autres oppositions aussi de faire entendre raison au gouvernement
du Québec, devant le fait qu'il ne dévie pas le cap, qu'il maintient qu'il a eu
raison, eh bien, ce matin nous déposons une motion de censure. Et cette motion
se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale retire sa
confiance et blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir ignoré les
conséquences importantes des compressions budgétaires et de la réorganisation
du réseau de la santé et des services sociaux pour les personnes vulnérables,
que la Protectrice du citoyen a constatées dans son rapport 2015‑2016», protectrice,
en passant, qui a été saluée à l'unanimité par l'Assemblée nationale hier suite
à une motion déposée par Québec solidaire. Même le gouvernement n'a pas osé s'y
opposer.
Donc, c'est un geste important que nous
posons ce matin. Oui, nous savons que le gouvernement est majoritaire, mais
notre geste est quand même important, il a une haute teneur symbolique. Il
vient dire à ce gouvernement que nous ne lui faisons plus confiance. Il fait
remarquer à ce gouvernement d'ailleurs que, de sondage en sondage, on voit bien
que la majorité de la population ne lui fait plus confiance. Et ce geste vient
aussi indiquer à l'opposition officielle et à la deuxième opposition, donc au
PQ et à la CAQ, que nous souhaitons leur appui, que nous espérons que, comme
nous ils vont s'opposer au gouvernement. Il est plus que temps que ce
gouvernement entende raison. C'est pourquoi nous déposons cette motion de
censure.
La Modératrice
: Alain
Laforest.
M. Laforest (Alain) :
Mme David, est-ce que vous avez discuté avec les leaders des autres partis
de l'opposition pour obtenir leur avis pour votre motion?
Mme David (Gouin) : Pas
encore. Vous savez que la motion a été diffusée vers 8 heures ce matin.
Nous allons certainement discuter avec eux.
M. Laforest (Alain) : Ça
n'aurait pas été mieux de discuter avant pour être sûr d'avoir leur appui, non?
Mme David (Gouin) : Écoutez,
en fait, je vais...
M. Laforest (Alain) : Si
vous êtes juste trois à vous lever, là, c'est quoi, le message...
Mme David (Gouin) : Je
vais être très claire, M. Laforest, nous comptons sur cet appui. Nous ne
pouvons même pas imaginer qu'après tout ce que les deux autres partis ont dit
depuis deux ans ils ne donneraient pas leur appui à une motion de censure, ils
devraient en répondre devant la population. Mais je ne peux même pas
l'imaginer.
M. Laforest (Alain) : Donc,
si tout le monde se lève et que la majorité libérale n'a pas prévu le coup, on
pourrait être en élection aujourd'hui?
Mme David (Gouin) : La
majorité libérale est la majorité libérale. Vous imaginez bien qu'au terme du
débat de cinq heures qui aura lieu le 18 octobre je pense que M. Couillard
aura certainement rameuté ses troupes. Donc, ce n'est pas tant l'issue du vote
qui nous intéresse, quoi que, je vous le répète, nous espérons vraiment que
toutes les oppositions réunies se dresseront contre le gouvernement de M. Couillard.
Ce qui nous intéresse, c'est que le
message passe, c'est l'espoir que ce gouvernement rectifie le tir. Ce qui nous
intéresse aussi, c'est de dire à la population du Québec : Bien, en tout
cas, ce matin, il y en a au moins un, parti qui dit clairement que ça suffit,
qui dit qu'il faut prendre au sérieux le rapport de la Protectrice du citoyen.
On espère que les deux autres partis d'opposition en feront autant.
M. Laforest (Alain) :
Qui vous voulez comme chef du Parti québécois?
Mme David (Gouin) : Tout
cela est une autre question, M. Laforest. Les membres du PQ en décideront
eux-mêmes.
M. Laforest (Alain) :
Vous n'avez pas de préférence?
Mme David (Gouin) : Non.
Journaliste
: Êtes-vous
contente que la course au PQ se termine enfin?
Mme David (Gouin) : Je
pense qu'il faudrait poser la question bien plus aux membres du Parti québécois.
Peut-être qu'eux, ils sont contents parce que ça fait longtemps que ça dure. Et
on suivra tout ça avec curiosité et intérêt vendredi soir.
Journaliste
: Et est-ce
qu'il y a un des candidats qui pourrait vous donner envie de rejoindre, converger,
ne faire qu'un pour la prochaine élection?
Mme David (Gouin) : Comme
je l'ai dit à plusieurs reprises, c'est une décision que nos membres prendront
en conseil national à la mi-novembre.
Journaliste
: Mais
vous?
Mme David (Gouin) : Nous
sommes les porte-parole de nos membres. Nos membres en décideront à la
mi-novembre. Je vous rappellerai que, ce matin, ce qui est important pour nous,
c'est de poser ce geste d'une motion de censure. Ça n'est pas tellement du
Parti québécois, honnêtement, que nous voulons discuter ce matin. Ce dont nous
voulons discuter, c'est du mal, du tort, des conséquences néfastes du
gouvernement Couillard sur les populations les plus vulnérables du Québec. Ça,
ça nous intéresse vraiment, et nous espérons que ça vous intéresse aussi.
M. Khadir
: Puis
ça intéresse des membres du PQ aussi, hein?
Mme David (Gouin) :
Sûrement.
M. Khadir
: Je
pense que tous les gens, y compris les membres sincères et honnêtes du PQ, sont
préoccupés par ces coupes, et donc il faut vraiment se centrer là-dessus. Puis
je pense que, dès que ça sera clair au PQ, nous pourrons agir sur les enjeux
qui touchent la société.
Journaliste
: M. Legault
parle de baisses d'impôt ce matin, c'est sa motion, lui, pour utiliser les
surplus. Est-ce que, pour vous, c'est une bonne solution de remettre l'argent
dans les poches des contribuables pour stimuler l'économie?
Mme David (Gouin) : Non,
c'est une très mauvaise solution. M. Legault devrait le savoir, pourtant.
Tout ce à quoi ça conduit, les baisses d'impôts, c'est d'abord de favoriser les
gens les plus riches. Les gens les plus pauvres ne paient pas d'impôt, donc ça
ne leur donne absolument rien puis les gens les plus pauvres, au Québec, ne
cessent de s'appauvrir. Et, deuxièmement, j'aimerais bien savoir comment M. Legault
concilie la critique féroce qu'il faisait hier même au salon bleu, là, à la
suite du rapport de la protectrice, critique féroce de l'austérité et des
mesures du gouvernement Couillard, avec une baisse d'impôt.
Si on veut qu'il y ait de meilleurs
services au Québec, si on veut redorer le blason de la santé, de l'éducation,
des services sociaux, oui, il faut de l'argent dans les coffres du gouvernement
du Québec, mais pas en baissant les impôts, en augmentant ceux des plus riches,
en augmentant les taxes pour les grandes entreprises, entre autres les
entreprises financières. Il y a de l'argent à aller chercher au Québec. Une
baisse d'impôt, c'est un miroir aux alouettes, ça ne change rien dans la vie de
la majorité des gens.
La Modératrice
: Merci.
Régys Caron.
M. Caron (Régys) : Oui,
bonjour. On rapporte ce matin qu'il y a un gaspillage d'une quinzaine de millions
au ministère de la Santé par l'achat de matériel informatique, on paierait en
double pour des boîtes courriel. Est-ce que c'est une fatalité à laquelle on ne
semble pas pouvoir échapper ou si c'est en plus de l'incurie du gouvernement?
Comment se fait-il que ces choses-là sont récurrentes? On n'arrête pas
d'apprendre des choses comme ça, puis ça semble une fatalité à laquelle on ne
peut pas échapper.
Mme David (Gouin) : Et la
Protectrice du citoyen le note dans son rapport, hein, que ce qui est atteint
le plus gravement par les mesures d'austérité, ce sont les services aux
citoyens pendant que la bureaucratie continue de s'encrasser. Alors, oui, il y
a un ménage à faire dans ce genre de choses. Tout le programme informatique du
gouvernement, on le sait, coûte immensément plus cher que prévu. On peut se
demander si, au travers de tout ça, il y a parfois aussi des ententes entre ce
gouvernement et des amis du régime. Ça, ce sont des questions qu'on est bien en
droit de se poser après tout ce qu'on a vu depuis plusieurs années. Donc, oui,
il y a du ménage à faire, mais en même temps il faut arrêter de couper dans les
services aux citoyens. Ça, il faut que ça soit clair.
M. Khadir
: Tous
les achats de fournitures et de services, c'est pareil, hein? Équipements,
fournitures médicales, matériel informatique, c'est tout à la même enseigne,
comme les médicaments, c'est-à-dire le gouvernement n'a aucun scrupule à
dépenser des millions supplémentaires, à faire du gaspillage. Mais, dans les
services, dans le minutage du travail des préposés aux bénéficiaires ou des
travailleurs sociaux, là, le gouvernement serre et fait une gestion rigoureuse
et en fait tout à fait aberrante du système au détriment de la population.
Le Modérateur
:
Monsieur...
Journaliste
: ...Boucher
pour l'Université Laval. Vous dites, bon, puis même selon la Protectrice du
citoyen, bon, oui, il y a une cure d'austérité depuis 2014, et, quand ils ont
commencé à le faire, bon, il y a quand même eu, quand même, quelques déficits
d'affilée. Comment auriez-vous agi pour, par exemple, revenir à un certain
équilibre budgétaire?
Mme David (Gouin) : On a
toujours dit, nous, que l'équilibre budgétaire, c'est une chose souhaitable,
mais qu'on peut prendre le temps d'y arriver, le temps nécessaire. On ne peut
pas et on ne doit pas y arriver en coupant dans les services aux citoyens et
particulièrement, on l'a vu avec le rapport, là, souvent les citoyens les plus
vulnérables. Il y a de l'argent au Québec, je le répète, et il y en a chez les
minières, et il y en a dans les banques et autres institutions financières. Les
contribuables aux revenus les plus élevés au Québec pourraient contribuer
davantage. Il y en a, des moyens d'aller chercher de l'argent neuf au Québec,
il faut arrêter de couper dans les services aux gens.
M. Hicks
(Ryan) : Hi. Ryan Hicks, CBC. Can you tell me a little bit about what's behind this censure motion that you're
tabling?
M. Khadir
: The censure motion is a very important tool, the most radical, if you
wish, parliamentarian tool to oppose to the policies of a government. And, in
this case we just tabled a motion that means that the opposition… And we hope,
in that regard, that the other oppositions will feel the sense of responsibility, our responsibility in face
of these findings of the Protectrice du citoyen, who blamed the Government for cutting services instead of
bureaucracy, instead of the appropriate «ménage», appropriate cleanup in the
bureaucracy of the system. So, by that message, we want to denounce the
«mensonge», the lie that is behind the proposal of the Government. And I really
address to those who, by tradition, are voting for the Liberal Party. I don't
think anybody could support a government who has so bluntly lied to the people
about the effects of austerity, about the effects of the cutbacks in the health
sector, in the education sector, and that is what we are trying to do.
M. Hicks (Ryan) : Procedurally, do you expect this motion to go to a vote? Will it
have to go to a vote?
M. Khadir
: It will go to the vote. We
count on the support of the two other oppositions in that regard. I hope it
will be clear that we have a responsibility collectively, all the oppositions,
in front of these lies of the Government. Thank you.
(Fin à 8 h 53)