L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mardi 5 avril 2016, 15 h 25

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures vingt-cinq minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Bien, effectivement, vous avez vu comme moi, hein, l'ensemble de la période de questions a porté sur les questions des révélations qu'on a eues en fin de semaine sur les attitudes de M. Hamad.

Oui, la question que j'ai posée avait quelque chose de profond. La population du Québec est profondément inquiète, et il y a des gestes politiques à poser pour redonner confiance à la population du Québec. Et il nous apparaît clair, à Québec solidaire, qu'il n'est absolument pas souhaitable que l'UPAC débarque faire le grand ménage, mais que... On a déjà vu que c'est arrivé. Rappelez-vous, à Montréal, hein, lorsque le maire Tremblay, M. Applebaum, M. Zampino, tous des grands dirigeants de la ville de Montréal se sont vus, un après l'autre, questionnés, interrogés. La population du Québec a besoin que le premier ministre prenne réellement en main cette question de corruption. Il faut régler, au niveau du gouvernement du Québec, cette question-là.

Et j'ai aussi amené la dimension des lanceurs d'alerte. Pourquoi? Parce que je trouve que, dans la discussion actuelle, on oublie que le ministre, qui est président du Conseil du trésor, a la responsabilité de faire adopter le projet de loi pour protéger les lanceurs d'alerte. Et ce projet de loi là est une des principales recommandations du rapport Charbonneau pour donner au peuple québécois les outils nécessaires pour être capables d'intervenir lorsque des actes répréhensibles sont posés.

Alors, c'est un petit peu inquiétant de voir comment tout ça se passe, actuellement, et bien sûr on s'attend à des actions beaucoup plus convaincantes du gouvernement du Québec. On dirait qu'actuellement, là, les seuls qui croient que ce n'est pas possible qu'il y ait des liens entre... qu'il y ait une certaine... qu'il y a des liens, pardon, entre M. Hamad et un certain trafic d'influence, c'est les libéraux. Le reste du Québec, semble dire : Nous, on n'est plus dupes et on est tannés.

Alors, c'est ça qu'on a voulu exprimer tant par la question que la motion, hein? Je rappelle aussi, là, peut-être que vous étiez partis, mais j'ai déposé une motion, qui a été rejetée, à l'effet de donner... en fait, de faire en sorte qu'un ministre du Conseil des ministres qui est suspecté de quelque chose soit retiré du Conseil des ministres et retiré aussi des privilèges qui viennent avec, c'est-à-dire tant au niveau des conditions salariales que de la limousine, et etc., mais aussi et surtout que, comme Assemblée nationale, on reconnaisse que, quand quelqu'un d'un Conseil des ministres a été blâmé par le Commissaire à l'éthique pour des fautes commises, ça tombe sous le sens que cette personne-là ne devrait plus avoir accès au Conseil des ministres, ne devrait plus siéger au Conseil des ministres. Alors, voilà ce qu'on a mis de... ce qu'on a essayé d'inscrire dans le débat, la nécessité de ne pas attendre que l'UPAC débarque pour faire le ménage et ensuite de s'assurer que les lanceurs d'alerte soient protégés.

Mme Dufresne (Julie) : Est-ce que ça dénote, à votre avis, un manque de sérieux que les libéraux n'aient pas accepté le dépôt de votre motion?

Mme Massé : Je vous ferai remarquer, c'est que personne ne l'a appuyée. Alors, ça, je trouve ça très inquiétant, hein, parce que, dans les faits, la déontologie, l'éthique veut qu'un député, et d'autant plus un ministre, lave plus blanc que blanc, comme l'expression consacrée le veut. Alors, oui, c'est décevant, mais je rappelle qu'aucun parti n'a appuyé cette motion-là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous trouvez ça très inquiétant, décevant, mais est-ce que vous trouvez ça surprenant?

Mme Massé : Honnêtement, vous savez, entre la parole et le geste, ce qui me surprend, c'est qu'on est capables d'autant de paroles, et de poser des gestes, des si petits gestes... C'est ça qui me surprend. Parce qu'on l'entend, on a entendu le leader du gouvernement dire et redire à plusieurs reprises : On fait confiance au Commissaire à l'éthique, il y a des mécanismes qui nous protègent, donc on souhaite que nos mécanismes nous protègent. Mais en même temps, lorsqu'il est temps soit d'appuyer une motion ou soit d'agir avec réelle diligence... Par exemple, sur les 60 recommandations de la commission Charbonneau, bien, ça fait, quoi, déjà huit mois, là — je calcule vite — que ça a été déposé, et je pense que la crise politique actuelle, la crise démocratique actuelle nécessiterait des actions beaucoup plus musclées.

M. Caron (Régys) : Qu'est-ce que vous pensez de l'attitude des députés libéraux aujourd'hui? Bon, il y en a seulement deux qui ont parlé — le premier ministre et le leader — la période de questions a porté exclusivement sur l'affaire Hamad, mais qu'est-ce que vous avez pu constater de l'attitude de la députation libérale aujourd'hui?

M. Khadir : Moi, ça fait bientôt sept ans et demi que je suis à l'Assemblée nationale, ce n'est pas la première fois qu'on traverse une crise de confiance qui touche à des questions éthiques. On se rappellera le triste épisode où, lors d'un congrès, il n'y avait eu qu'un délégué qui s'est levé et personne pour l'appuyer. Cette discipline de fer ne sert pas la cause du Parti libéral. Il y a une déchéance morale qui s'installe graduellement, crise après crise, déni après déni, refus de reconnaître les problèmes et refus d'y apporter des remèdes.

Je pense que ça ferait le plus grand bien au Québec si un député, avec poste ministériel ou pas, se lève en Chambre et, si le premier ministre du Québec n'est pas capable de répondre, prenne la parole. Et j'assure… je suis persuadé, devant tout le monde ici, qu'il va jouir d'une telle acclamation, d'une telle approbation à l'échelle du Québec qu'il sera absolument intouchable. Et je défie le premier ministre actuel, M. Couillard, de vouloir réprimander un de ses députés qui se lèverait en Chambre pour reconnaître une partie des problèmes, c'est-à-dire du cancer de la corruption qui ronge le Parti libéral.

M. Caron (Régys) : Comment expliquez-vous que… Ce dont on parle avec l'affaire Hamad, ce dont on a parlé avec l'arrestation de Mme Normandeau, de Marc-Yvan Côté, ce sont des choses qui se sont passées sous le gouvernement Charest. Le gouvernement Charest a été sanctionné, a été battu. Mais là le gouvernement actuel, dans quelle mesure doit-il porter la responsabilité de quelque chose qui s'est passé sous un autre gouvernement?

M. Khadir : Dans la mesure où ce gouvernement est tapissé, au sein de son Conseil des ministres, d'anciens ministres à 100 000 $ du gouvernement Charest, en vertu du fait que le principal organisateur politique qui a permis à M. Couillard d'arriver à la direction de ce parti et d'être premier ministre aujourd'hui s'appelle Sam Hamad, ancien collaborateur de Marc-Yvan Côté, vice-président ou, enfin, siégeant sur le même exécutif libéral où siégeait Marc-Yvan Côté à l'époque où il était sur l'exécutif du Parti libéral du Canada, le Marc-Yvan Côté qui a été banni pour avoir reconnu d'avoir ramassé illégalement de l'argent.

La culture au Parti libéral du Québec n'a pas changé. M. Couillard n'a jamais admis réellement les erreurs du passé. S'il l'avait admis, aujourd'hui il n'aurait aucune difficulté à reconnaître ce qui est arrivé. Regardez, vous dites que… on dit... ou lui, il prétend que c'est chose du passé. Pour que ça soit chose du passé, il faut qu'il y ait une admission. Bien, s'il y a une admission, pourquoi il a autant de difficultés à reconnaître le fait que ce qu'a fait M. Sam Hamad est du trafic d'influence, et c'est inadmissible, et il faut qu'il soit exclu immédiatement? Quant à moi, il devrait l'exclure du Parti libéral, comme Jean Charest l'a fait de Tony Tomassi pour bien moins. Rappelons-nous ce qu'avait fait Tony Tomassi, il avait juste utilisé une carte de crédit auquel il n'avait pas droit, quelques centaines de dollars peut-être, il avait usé de son trafic d'influence pour accorder le permis de port d'armes à un monsieur. Comparez ça à de l'influence, à du trafic d'influence pratiqué par M. Sam Hamad pour obtenir des millions de dollars en appuis non mérités... enfin, non justifiés, on va le savoir quand...

Donc, c'est clair que M. Couillard porte toute la responsabilité de ce qui a été fait tant et aussi longtemps qu'il n'a pas un plan convaincant pour assainir le parti, commencer à rembourser l'argent, mettre dehors ceux qui étaient les grands responsables et artisans de l'orchestre qui ramassait des millions de dollars par année.

M. Caron (Régys) : M. Khadir, vous évoquez souvent les ministres à 100 000 $. Il y en a plus d'une dizaine, dans le gouvernement, qui devaient... qui siégeaient dans le gouvernement de M. Charest, qui devaient récolter... rencontrer cette exigence-là. Est-ce que tout le monde doit démissionner parce qu'ils récoltaient 100 000 $ présumément de façon illégale?

M. Khadir : Votre question porte en elle toutes les réponses, c'est-à-dire c'est une question qu'il faut... pour moi, là, la réponse, c'est... cette question-là, il faut la poser à M. Couillard : Qu'est-ce que vous allez faire? Qui vous allez mettre de côté? Mais je vous donne une suggestion, déjà, ce serait un geste assez solide, puis je le fais depuis la semaine dernière... Qu'est-ce que fait Jean-Marc Fournier, comme leader du gouvernement libéral, actuellement? C'est un ministre à 100 000 $, parmi les plus proches collaborateurs de Jean Charest à l'époque où tout ça s'est déroulé. C'est le même ministre qui, comme avocat, était engagé par une firme qui s'appelle SNC-Lavalin, aujourd'hui qui répond en justice pour des accusations de trafic d'influence et de pot-de-vin et qui a obtenu des millions de dollars, en fait, des centaines de millions de dollars en contrats, La Romaine, les superhôpitaux.

Il y a un nuage de soupçons qui pèsent sur les pratiques de SNC-Lavalin et des contrats offerts par le gouvernement à cause de tout ce qu'on sait. Qu'est-ce que fait Jean-Marc Fournier, ministre à 100 000 $, personnage principal du gouvernement Charest, à côté de M. Couillard aujourd'hui si M. Couillard a mis tout ça derrière lui et qu'il a rompu avec le passé?

Mme Dufresne (Julie) : Vous soumettez que M. Couillard, quoi, devrait démettre M. Fournier de ses fonctions parce qu'il y a un nuage de soupçons? Ça demeure des soupçons.

M. Khadir : Comment voulez-vous que le Québec se gouverne de manière confiante dans le fait que quelque chose a changé dans ce gouvernement libéral par rapport à l'autre si les principaux artisans de l'époque Charest, les principaux ministres à 100 000 $ qui exerçaient les plus grandes influences au sein du gouvernement sont toujours là? Comment voulez-vous?

M. Caron (Régys) : Ce gouvernement-là a une légitimité, M. Khadir. Il a été élu, il arrive à mi-mandat, là. Est-ce que le gouvernement est devenu illégitime parce qu'il y a un passé sulfureux?

Mme David (Gouin) : Moi, je connais bien des gens qui ont voté pour ce gouvernement parce qu'il promettait une gestion rigoureuse des finances publiques. Jamais les gens qui ont voté pour le gouvernement libéral, premièrement, ne s'attendaient à ce qu'il fasse preuve d'autant d'insensibilité par rapport à de larges couches de la population qu'il a atteintes de plein fouet avec ses mesures d'austérité. Jamais les gens ne pensaient que ça arriverait.

Et M. Couillard, rappelez-vous, se présentait comme l'homme du renouveau. C'était le nouveau Parti libéral, un peu comme le vin nouveau. On n'est plus dans les anciennes gangs, on n'est plus dans les anciennes pratiques, on est le Parti libéral nouveau. Ce qu'on essaie de vous dire aujourd'hui, au vu des événements des dernières semaines, c'est qu'on n'est pas du tout dans le Parti libéral nouveau. Bien sûr, il y a de nouvelles personnes qui sont arrivées en 2012‑2014, mais je souscris à ce que mes collègues disent : Il y en a plusieurs qui étaient présents à cette époque-là, et on a l'impression que personne ne se pose de questions. C'est comme si, «business as usual», tout va bien, tout est normal. Nous, ce que nous voulons dire à M. Couillard, c'est qu'il n'y a plus rien de normal, là.

Et l'autre chose, c'est que, pendant qu'on est tous là à se poser des questions sur la corruption, la collusion, les allégations de trafic d'influence, qu'est-ce qui avance au Québec, au juste? Est-ce qu'on développe une vision économique de l'avenir du Québec, une vision écologique de l'avenir du Québec? Est-ce qu'on s'occupe des services publics? Est-ce qu'on s'occupe des plus pauvres de la société, sauf pour couper leur chèque encore? Ça aussi, c'est lamentable.

Et moi, je pense que la population... Enfin, je le sens beaucoup sur le terrain à partir de ce que je lis, de ce que je vois, des gens qui nous parlent. Là, vraiment, je pense qu'il y a un bris de confiance, il y a une cassure et M. Couillard doit absolument poser des gestes forts s'il veut éventuellement — on verra si c'est possible — retrouver la confiance de la population.

Mme Dufresne (Julie) : Et donc on comprend que ce geste fort à vos yeux, c'est ni plus ni moins que demander à tous ces ministres-là de ne plus exercer leurs fonctions?

M. Khadir : M. Couillard pourrait venir avec un plan convaincant qui nous montre qu'il commence à payer l'argent sale ramassé — ça monte à plusieurs millions de dollars, on parle de 20 millions en plus de 15 ans — qu'il assainisse son Conseil des ministres, qu'il assainisse sa députation et le Parti libéral.

Mme David (Gouin) : Au minimum, pour répondre à votre question, le plan de remboursement, c'est extrêmement important. Ça fait des semaines qu'on le demande, hein, il n'y en a toujours pas. Puis, au minimum, il y a des questions très sérieuses qui doivent être posées à tous ces ministres-là, là, qui étaient là à l'époque, là. Là, c'est comme s'ils jouissaient d'une sorte immunité, non?

M. Khadir : Il n'est pas peut-être obligé de les démettre tout de suite, mais qu'il nous dise comment il compte évaluer leur travail à l'époque Charest. Qu'est-ce qu'a fait M. Fournier? Quelles sont les enquêtes en cours éventuellement? Quelles sont les enquêtes qu'il y a encore au sein du Parti libéral? Parce qu'on nous a dit que le Parti libéral a vu à tout ça, là. Est-ce qu'il y a eu des enquêtes au sein des ministères? Ils sont dans les ministères, ils peuvent sortir tous les dossiers : les contrats d'Hydro-Québec donnés à SNC-Lavalin, les contrats donnés par le gouvernement dans le consortium pour les superhopitaux. Quel est le rôle de M. Fournier à l'époque? C'est un ministre à 100 000 $. Eux autres, ils peuvent faire enquête. Il peut nous montrer un plan pour faire enquête. Puis comment il compte doter cette enquête, à l'interne, des garanties nécessaires, d'impartialité, que ce ne soit pas quelque chose pour juste nier les évidences?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais vous n'êtes pas sans savoir qu'avant d'être assermentés les ministres font l'objet d'une enquête de la Sûreté du Québec. Le premier ministre, avant la formation de son Conseil des ministres, a en main ces rapports d'enquête là. Est-ce qu'ils doivent être dévoilés? Est-ce qu'on doit... parce que...

M. Khadir : J'ai de la difficulté à répondre à votre question parce que les enquêtes de la Sûreté du Québec, sur cet aspect des choses, ça doit être : Est-ce que vous avez, je ne sais pas, un dossier criminel? Est-ce que vous... C'est ça, là. Là, on parle de contrats gouvernementaux, de trafic d'influence de l'ordre de ce qui s'est passé dans les échanges courriel qui ont été révélés par Radio-Canada. Alors, on comprend que ce genre de chose là n'est pas à notre disposition, ni à la...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais vous faites mention également de M. Fournier. Vous faites également mention de M. Fournier.

M. Khadir : Bien oui, mais ça, le gouvernement, s'il a le moindrement la volonté d'assainir et de montrer qu'il y a une reconnaissance, peut nous dire : Nous allons faire enquête sur tous les ministres à 100 000 $ qui sont dans mon gouvernement, revoir les contrats qui ont été donnés sous leur responsabilité alors qu'ils étaient ministres de ceci, ministres de cela, telle décision a été prise, quel a été leur rôle.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Puis, au nom de la transparence, vous réclamez ces rapports-là si...

M. Khadir : Bien sûr, parce que, là, on est dans une sérieuse crise de confiance du public qui jette de sérieux doutes sur la légitimité de ce gouvernement, d'autant plus que les élections qui ont été gagnées par son gouvernement, je vous rappelle, ont été rendues possible grâce à tout près de 20 millions de dollars ramassés pratiquement tout illégalement, en grande partie. Ça, c'est les données de la direction générale des élections, qui estime à plusieurs millions de dollars l'argent ramassé par les prête-noms.

M. Caron (Régys) : Dans l'état actuel des choses, le gouvernement peut-il terminer ce mandat jusqu'au 18 octobre 2018?

Mme David (Gouin) : Moi, je pense qu'il va avoir de la difficulté à le faire. Nous nous attendons à ce qu'il y ait d'autres arrestations. L'UPAC nous a prévenus qu'il y avait une quarantaine d'enquêtes en cours. J'imagine que les médias vont continuer de faire leur travail. On ne s'attendait pas à ce que, si près de l'arrestation de Mme Normandeau, il y ait ces révélations, donc, de l'émission Enquête. Honnêtement, et ce n'est pas parce qu'on est dans le secret des dieux, mais comment penser qu'il n'y aura pas d'autres événements? Donc, oui, nous nous sommes dit, justement aujourd'hui, tiens, à Québec solidaire, qu'il fallait possiblement envisager que ce gouvernement ne se rende pas en 2018 et qu'il y ait possiblement des élections générales avant 2018. Ça n'est plus de l'ordre de l'impossibilité.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais vous devez compter sur un bon nombre de députés libéraux pour défaire le gouvernement, non? Parce que le gouvernement est... parce que vous avez dit...

M. Khadir : Ou la sagesse... Ou la raison et la sagesse...

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...une de ses forces que vous reprochez, c'est sa discipline de fer. Et, pour l'instant, l'ensemble de la députation libérale fait bloc derrière le gouvernement.

Mme David (Gouin) : Pour l'instant. Nous n'en savons rien, nous ne sommes pas au caucus, mais il est possible que certains membres du caucus commencent à se poser des questions. Je l'espère, en tout cas. Alors, tout est possible. Écoutez, on ne fera pas de boule de cristal ici, mais tout est possible.

En fait, ce qu'on sent, nous, c'est que, pour la première fois depuis son élection — et ça fait deux ans cette semaine, hein, qu'il est élu — le gouvernement libéral est sérieusement ébranlé. Ça, je pense que c'est la chose très importante à dire. Il y a eu l'austérité, ça a été difficile, beaucoup de manifestations, beaucoup de mobilisation, le dernier budget n'a pas beaucoup impressionné — il faut dire que l'UPAC a agi en même temps, mais, de toute façon, il n'est pas impressionnant, ce budget-là, hein, en passant, ça ne rapporte à peu près rien en santé, en éducation, et rien pour les gens les plus pauvres — donc je pense que les gens en ont juste marre. Et, quand s'ajoute la question de la corruption, ce qu'on sent énormément autour de nous, c'est : Là, ça va faire!

Mme Dufresne (Julie) : Est-ce que ce contexte-là pourrait pousser Québec solidaire à songer à une coalition?

Mme David (Gouin) : Ça, c'est une question que nous discuterons en temps et lieu avec nos membres.

Journaliste : En discutez-vous avec d'autres partis?

Mme Dufresne (Julie) : Mais vous avez abordé cette question-là?

Mme David (Gouin) : C'est une question que nous discuterons en temps et lieu avec nos membres.

M. Khadir : De toute façon, ça fait longtemps que c'est commencé, on en discutera encore longtemps, longtemps, longtemps.

Mme David (Gouin) : C'est ça. Oui, oui.

M. Caron (Régys) : J'aurais une autre question pour M. Khadir sur un autre sujet. Le ministre de la Santé annonce, dans le feuilleton d'aujourd'hui, son intention de déposer un projet de loi visant à accorder plus de pouvoirs à la Régie de l'assurance maladie du Québec. M. Khadir, êtes-vous rassuré par ça?

M. Khadir : Bien, en tout cas, je suis rassuré que, de temps en temps, les interventions des journalistes comme vous ébranlent les ministres, même les plus têtus comme M. Barrette, parce que je pense que c'est en réaction un peu à diverses choses, dont vos interventions et vos articles. Et moi, j'appuie l'idée qu'il faut augmenter les prérogatives et les pouvoirs de la RAMQ pour faire enquête, mais il faut encore envoyer les directives nécessaires — puis ça, c'est une volonté politique — pour que la RAMQ agisse, parce que tout ça, c'est dans un contexte politique. Et moi, j'aimerais qu'on cesse la complaisance par rapport aux frais accessoires, par rapport à toutes, disons, les gamiques mises en place par certaines cliniques privées pour multiplier les paiements, maximiser les dividendes pour les actionnaires, diminuer leur impôt. Tout ça, ça coûte très, très, très cher à la population puis ça ne répond pas... tu sais, pendant ce temps-là, on prive des centaines de médecins, qui sont déjà formés, d'accès et surtout près de 200 000 Québécois d'accès à des médecins étrangers parce qu'on ne veut pas reconnaître leurs diplômes, les facultés prétextant qu'ils n'ont pas assez de sous pour le faire, d'ailleurs. Les sous sont là.

Des voix : Merci.

(Fin à 15 h 45)

Participants


Document(s) associé(s)