(Douze heures dix-huit minutes)
M. Péladeau : Alors, le Québec
vit de grandes turbulences, et aucune mesure n'est prise pour chasser le
cynisme. Vous vous souviendrez que le candidat Philippe Couillard, candidat à
la direction du Parti libéral du Québec, avait souhaité faire le ménage ou avait
mentionné qu'il le ferait, vous vous souviendrez également que Philippe
Couillard, chef de l'opposition officielle, avait également mentionné qu'il
allait faire le ménage au Parti libéral du Québec et vous vous souviendrez,
bien évidemment, de toutes les déclarations qui ont été faites par le premier
ministre alors qu'il est premier ministre en exercice. Or, nous sommes obligés
de constater qu'aucun changement n'a été effectué au Parti libéral du Québec.
Et il est ironique de constater que le premier
ministre Charest et le premier ministre Couillard ont dit la même chose. Alors,
c'est vraiment bonnet blanc, blanc bonnet. Et, si le premier ministre... et
c'est sa responsabilité de protéger la démocratie, s'il a cette intime
conviction que nous devons, justement, la protéger, qu'il prenne les mesures
pour combattre le cynisme en politique et qu'il fasse toute la lumière sur le système
de financement du Parti libéral du Québec.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite. M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Concernant M. Hamad, comment vous trouvez le fait qu'il soit, par exemple,
en Floride, reçoive pleine rémunération et qu'il soit maintenu dans ses fonctions
dans le contexte actuel?
M. Péladeau : Écoutez, ça
dénote, évidemment, encore une fois, une absence de jugement de sa part, mais également,
aussi et surtout, une absence de jugement de la part du premier ministre. On
dirait qu'il y a des blocs de 48 heures. Ça prend 48 heures au premier
ministre pour réagir, c'est tout à fait inacceptable, et nous l'avons dénoncé,
et nous continuerons à le faire. Un ministre sans portefeuille, ça n'existe
pas, et aujourd'hui il doit, justement, faire en sorte et, d'une part, donc, de
démissionner de son statut de ministre et également de démissionner du caucus en
vertu de la jurisprudence qui existe en cette matière.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce qu'il devrait être ici, à l'Assemblée nationale, plutôt qu'en Floride,
selon vous?
M. Péladeau : Bien, s'il est
député, effectivement, il est rémunéré par la nation pour représenter les
électeurs, les électrices de sa circonscription. Donc, sa place, c'est ici, à l'Assemblée
nationale, et, s'il ne souhaite pas être à l'Assemblée nationale, mais qu'il
démissionne purement et simplement de son poste de député.
Le Modérateur
:
M. Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Péladeau. J'ai une question sur un autre sujet, mais peut-être d'abord
terminer sur ce sujet-là. Vous avez parlé de blocs de 48 heures, comment
qualifieriez-vous la gestion de crise exercée par ce gouvernement dans le
dossier de Sam Hamad?
M. Péladeau : Bien, tout le
monde s'entend là-dessus, elle est catastrophique, je pense qu'il n'y a pas
d'autre qualificatif qu'on peut utiliser. Et c'est triste que le premier
ministre ne soit pas en mesure d'assumer le leadership qui lui revient. Comme
chef du Parti libéral du Québec, comme premier ministre, il a la responsabilité
d'assumer le leadership, et malheureusement toutes les circonstances prouvent
qu'il n'a pas la capacité de pouvoir effectivement réunir les attributs et les
compétences nécessaires pour le réaliser.
M. Croteau (Martin) : Sur un
autre sujet, si vous me permettez, le gouvernement va dévoiler sa politique
énergétique jeudi, le ministre de l'Environnement ne sera pas présent.
Qu'est-ce que vous pensez de l'absence de M. Heurtel au dévoilement de
cette politique?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
je trouve ça très curieux. Vous vous souviendrez, lorsque le premier ministre est
allé en balade à la COP21 et qu'il est devenu, donc, environnementaliste... Je
pense qu'il n'y a pas de politique énergétique qui ne peut être mise en branle
sans avoir également aussi un souci particulier au niveau de l'environnement.
Et comment se fait-il, vous venez de le mentionner, que la présence du ministre
de l'Environnement ne sera pas, justement, mise en place? Alors, ça m'apparaît
tout à fait contradictoire, mais nous ne sommes pas à une contradiction près avec
le gouvernement de Philippe Couillard, puisque nous allons, de fil en aiguille,
systématiquement, justement, dans ce genre de circonstances.
Journaliste
: Comment
vous l'expliquez, vous, l'absence de M. Heurtel, de cette conférence, de
ce dévoilement?
M. Péladeau : Bien, c'est
difficile pour moi de pouvoir anticiper, mais, bon, à un certain moment, il
semble qu'il n'avait pas particulièrement, donc, la faveur du premier ministre.
Il est revenu un petit peu à l'avant-scène, justement, au cours de la
conférence sur les changements climatiques à Paris, et là est-ce que c'est un
nouvel environnement dans lequel, aujourd'hui, nous nous plaçons? Mais, chose
certaine, ça m'apparaît tout à fait inapproprié que le ministre de
l'Environnement ne soit pas présent lors du dévoilement d'une politique
énergétique que, je vous le rappelle, nous avons souhaitée depuis un certain
temps.
Alors, est-ce que nous allons encore avoir
de l'incohérence comme, justement, l'environnement dans lequel nous avons vécu
depuis les derniers mois ou on va avoir une politique sérieuse, une politique
qui va, justement, s'engager sur la force du Québec, c'est-à-dire notre
électricité, notre hydroélectricité et est-ce qu'également ça va s'intégrer à
l'intérieur d'une politique plus large, notamment, particulièrement, sur
l'électrification des transports?
Le ministre de l'Environnement était
présent lors de la divulgation de la politique... ou appelons ça la politique
ou tentative de politique d'électrification des transports. Alors, comment se
fait-il qu'il n'est pas présent, justement, là où on attend quelque chose de
tangible, quelque chose de solide en ce qui concerne la politique énergétique?
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite, M. Lavoie, Le Soleil.
M. Lavoie (Gilbert) :
Bonjour, M. Péladeau. Lorsque vous demandez...
M. Péladeau : M. Lavoie,
bonjour.
M. Lavoie (Gilbert) : ... — bonjour — à
Philippe Couillard de faire toute la lumière sur le système de financement
du PLQ, est-ce que vous parlez du système actuel ou du passé?
M. Péladeau : Bien, vous
savez, il a fait partie du gouvernement de M. Charest, donc... Il est le
chef du Parti libéral du Québec, alors il ne faut jamais oublier ça, et, à
titre de chef, il a la responsabilité de faire en sorte, puisque s'il souhaite
combattre le cynisme, qu'on tourne la page. Et, pour tourner la page, bien, il
va falloir être bien en mesure d'apprécier comment ça fonctionnait. On sait
qu'il y avait des ministres à 100 000 $, et vous vous souviendrez
également aussi qu'il avait dit, comme premier ministre, qu'il passerait tout
le monde au confessionnal, en tout cas, certainement les anciens ministres, les
membres du Conseil des ministres précédents. Est-ce qu'il l'a fait? Justement,
les circonstances que nous avons apprises par les révélations de Radio-Canada,
est-ce que le premier ministre était au courant? Est-ce qu'il a reçu les
courriels, tel que les médias l'ont divulgué jeudi dernier?
Alors, si c'est le cas pour Sam Hamad,
alors est-ce que c'est le cas également pour les autres membres du Conseil des
ministres qui étaient ses collègues à ce moment-là? Et c'est la raison pour
laquelle... Parce que ce n'est pas un simple député, il est chef d'un parti
politique, et il a l'obligation d'être transparent, puisque c'est lui-même
également aussi qui l'avait mentionné.
Donc, il est en contradiction avec ses
propos, il est contradiction avec l'espérance qu'il a donnée aux citoyens et
aux citoyennes, puisqu'il l'a répété à plusieurs reprises.
M. Lavoie (Gilbert) : Et, autre
question, lorsque vous demandez que Sam Hamad se retire du caucus libéral, vous
parlez de jurisprudence. Est-ce que vous parlez de... Je vous pose la question
parce que, dans le temps, Gilles Baril n'avait pas démissionné du caucus, il
avait démissionné de son poste au Conseil des ministres, il n'avait pas
démissionné du caucus. Est-ce que le mot «jurisprudence»...
M. Péladeau : Bien, je dirais,
il y a une jurisprudence qui s'est installée avec le gouvernement Charest.
Donc, lorsqu'il y a eu des enquêtes qui ont été ouvertes, on a demandé, donc,
au député de se retirer du caucus où... Je vous réfère probablement, donc...
Bernard Drainville, mon collègue, donc, l'avait mentionné, justement, durant,
donc, des questions... vous vous souviendrez de cette épique période de
questions, lorsque les fils s'étaient touchés du côté du Parti libéral à propos
de Germain Chevarie un fameux jeudi, et ils n'ont pas respecté les règles que
nous nous sommes données comme parlementaires.
M. Lavoie (Gilbert) : Une
petite dernière, si vous permettez. Bon, vous savez un peu quel genre de
réponses on va vous donner aujourd'hui à la période de questions. Ce matin,
dans LaPresse, Denis Lessard pose la question si Sam Hamad
vous a demandé, dans le temps, si vous étiez inscrit comme lobbyiste, lorsque
vous êtes intervenu à deux reprises auprès de lui. Quelle est la réponse à
cette question?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
moi, j'ai toujours été inscrit. J'ai fait des représentations dans le passé,
mais, bien honnêtement, je ne me souviens pas d'avoir demandé à Sam Hamad quoi
que ce soit. On fait référence à Christine St-Pierre. Premièrement, Christine
St-Pierre, elle n'a pas compétence, parce qu'on faisait référence à des tours,
c'est une compétence fédérale. Je vois très mal pourquoi j'aurais demandé à Sam
Hamad de m'introduire auprès de Christine St-Pierre sur un sujet qui ne
concerne pas la compétence du Québec.
Et je me souviens très bien, par contre,
de l'avoir rencontrée dans le cadre de la présidence du conseil de la Fondation
de l'entrepreneurship avec le directeur général pour faire des représentations
afin de stimuler, évidemment, la mission de la fondation, c'est-à-dire de
mettre en valeur et la promotion des entrepreneurs au Québec.
Le Modérateur
: Merci.
M. Caron, Journal de Québec, Journal de Montréal.
M. Caron (Régys) : Bonjour,
M. Péladeau. Comment départager la présomption d'innocence, M. Péladeau,
des sanctions qui doivent s'appliquer à des politiciens qui sont soupçonnés de
malversation? Est-ce qu'on ne va pas un peu trop vite dans le cas des...
M. Hamad n'est pas accusé de rien, par exemple, Mme Normandeau n'est
pas coupable jusqu'à preuve du contraire. Comment faire le partage entre cette
notion-là de présomption d'innocence et la sanction politique?
M. Péladeau : Bien, il y a un
contexte, donc, judiciaire, en ce qui concerne Mme Normandeau, puis
effectivement tout prévenu fait l'objet... doit avoir le bénéfice de cette
présomption.
Maintenant, la situation de Sam Hamad est
bien différente, hein, dans la mesure où il est membre d'un conseil des
ministres, il est appelé à prendre des décisions, et toutes les décisions qui
vont être prises risquent de soulever des soupçons. Et c'est ce qui m'apparaît
extrêmement important, c'est la transparence, puisque le premier ministre
lui-même s'est dit être le champion de la transparence et de l'intégrité. C'est
certain que, dans les circonstances, s'il devait demeurer au Conseil des
ministres et s'il devait demeurer au caucus, bien, on a un défaut de
transparence à cet égard ou, en tout cas, certainement un défaut d'apparence à
cet égard.
Alors, les deux sont similaires, et la
politique fait en sorte, et vous le savez probablement mieux que moi-même, que
les apparences en cette matière sont très importantes.
M. Caron (Régys) : Changement
de sujet, M. Péladeau. Les révélations de M. Lebel, au sujet... qui
était aux premières loges, là, lors des échanges du Conseil des ministres dans
le gouvernement Marois, est-ce que ce n'est pas inquiétant? Est-ce que
M. Lebel, d'abord, a outrepassé certaines règles de confidentialité, à
votre avis?
M. Péladeau : Écoutez, moi, je
n'ai pas lu le livre de Dominique Lebel et, bien honnêtement, je n'ai pas
l'intention de le lire, alors je ne ferai pas d'autre commentaire. Vous savez
très bien que je ne faisais pas partie de ce gouvernement, alors c'est tout ce
que j'ai à dire là-dessus.
M. Caron (Régys) : Le jour où
vous seriez premier ministre...
M. Péladeau : Bien là, avec
des hypothèses... avec des «si» on va à Paris, là on est encore à Québec
aujourd'hui.
M. Caron (Régys) : Très bien.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest, TVA, micro de droite.
M. Laforest (Alain) :
M. Péladeau, bonjour. M. le premier ministre vient de dire que ce qui
s'était passé avant son arrivée, on ne peut pas tenir ça en compte.
M. Péladeau : Oui, mais c'est
un peu facile, vous en conviendrez. Il est quand même le chef du Parti libéral
du Québec. Et, pour aujourd'hui faire en sorte que nous retrouvions la
confiance en la démocratie, que nous chassions le cynisme, il faut poser des
gestes forts. Parce que ces turbulences, aujourd'hui, qui nous assiègent, bien,
font en sorte que, justement, il y a un éloignement de plus en plus important
entre le citoyen et son représentant à l'Assemblée nationale, entre le citoyen
et le législateur. Alors, s'il souhaite, effectivement, se donner ce qu'il a
prétendu être, c'est-à-dire le champion de l'intégrité et de la transparence,
il doit faire le nécessaire pour que nous puissions, une fois pour toutes,
tourner la page sur le financement du Parti libéral du Québec. Et, pour le savoir,
bien, c'est à lui de faire en sorte que les citoyens et les citoyennes soient
en mesure de l'apprécier adéquatement.
M. Laforest (Alain) : Depuis
qu'il est chef du Parti libéral, est-ce que vous avez quelque chose à lui
reprocher au niveau de l'éthique et du financement?
M. Péladeau : Bien, moi, je
n'ai pas de moyen d'enquête, là, c'est au Directeur général des élections de
faire le nécessaire.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous avez des soupçons qu'il y a toujours du financement illégal qui... au
Parti libéral?
M. Péladeau : Ce n'est pas mon
travail...
M. Laforest (Alain) : Vous
êtes chef de l'opposition, vous demandez des explications au premier ministre.
La question que je vous pose, c'est : Actuellement, depuis qu'il est chef,
est-ce que vous parlez du passé de Jean Charest ou vous parlez d'actuellement
ce que Philippe Couillard fait en tant que financement?
M. Péladeau : Bien, vous
savez, il a été membre du Conseil des ministres sous Jean Charest pendant cinq
ans. Alors, a-t-il été ou non lui aussi assujetti à la fameuse règle du
100 000 $? C'est lui qui a composé son Conseil des ministres, Conseil
des ministres qui est composé, comme vous le savez, d'un grand nombre de
membres qui ont également été membres du Conseil des ministres de Jean Charest.
Alors, aujourd'hui, lorsque nous
constatons ce qui s'est produit et ce qu'il a dit, est-ce que nous pouvons
avoir l'assurance hors de tout doute que la vérification diligente, excusez-moi
l'expression, a été faite alors qu'il le mentionnait? Et là, avec les
révélations troublantes faites par les médias jeudi dernier en ce qui concerne
la situation du député de Louis-Hébert, bien, il ne semble pas que cette
vérification diligente ait été faite, à moins que le premier ministre nous dise
qu'il était bien au courant de cette situation. Ça, c'est peut-être une
question que vous devriez lui poser.
Le Modérateur
: Merci. On
y va en anglais, je crois? Oui, M. Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Ryan Hicks, CBC. Mr. Péladeau, do you
think that Sam Hamad needs to resign?
M. Péladeau :
Well, first of all, you know, we need to reiterate the fact that, you know, we
asked, very early in the process, that he should abandon his position as Minister.
We consider completely unacceptable the fact that he is still a minister, he
has had all the privileges that come with a minister, and he should also retire
from the caucus.
If he don't want to be
here, if he don't want to do his job as a Member of Parliament, then,
therefore, he should resign also as what… He is not here today, he is in
Florida. I guess that, for the entire population, it's completely unacceptable.
He should be here, he should be in a position, you know, to do his job, and his
job is here, it is not to be in Florida. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 12 h 33)