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Point de presse de M. Daniel Ratthé, député de Blainville

Version finale

Le jeudi 13 février 2014, 10 h 10

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures onze minutes)

M. Ratthé : Alors, bonjour à tous. Écoutez, c'est un peu impromptu, là, comme conférence de presse, mais, d'une part, je voulais, dans un premier temps, réagir aux propos que vous a tenus M. Duchesneau il y a quelques minutes, lorsque la question lui a été posée, là, concernant ma réinsertion possible au sein de la Coalition avenir Québec. J'ai été quand même étonné d'entendre M. Duchesneau vous dire qu'on s'était vus il y a deux semaines. La dernière fois que j'ai vu M. Duchesneau, ça remonte au mois de novembre, je n'ai pas eu d'autres contacts avec M. Duchesneau depuis ce temps-là. La dernière fois que j'ai vu M. Legault, ça remonte au mois de septembre, et, à toutes les fois, M. Legault m'a rencontré… il m'a rencontré à deux reprises à ma demande et, à toutes les fois, il m'a relégué à une rencontre avec M. Duchesneau.

J'entends M. Duchesneau dire que ça prendrait une preuve que je n'étais pas informé de l'allégation à laquelle on m'a associé. Écoutez, si on se rapporte aux faits et simplement aux faits, il faut quand même conclure que le témoin, M. Roger Desbois, a émis une allégation contre quelqu'un d'autre, quelqu'un qui était en charge de mon financement. M. Desbois a clairement indiqué sous serment que je n'étais pas présent lors de cette transaction-là. Il a même indiqué qu'il n'avait aucune idée si j'avais été informé de la situation, et, depuis le début, je vous l'affirme, je n'ai pas été informé de cette situation-là.

Alors, comment est-ce que je pourrais apporter une preuve tangible, une preuve concrète que, cette situation-là, je n'en ai pas été informé? La seule chose, c'est ma parole contre celle… même pas contre celle du témoin, puisque le témoin en tant que tel allègue qu'il a remis l'argent à quelqu'un d'autre. Et je vous dirais, l'ironie du sort, c'est que cette personne-là, qui présumément aurait reçu de l'argent, n'a même pas été accusée de quoi que ce soit, et, depuis neuf mois, je n'ai pas été accusé de quoi que ce soit, il n'y a aucune allégation directe qui a été faite.

Alors, en résumé, je suis exclu pour avoir été associé… mon nom a été associé à quelqu'un qui n'est même pas accusé de rien. Alors, c'est quand même assez particulier qu'on me demande de déposer des preuves, alors que quelqu'un qui veut, je veux dire, aspirer à devenir premier ministre fait fi complètement de la présomption d'innocence. Je vous rappelle en bout de ligne que M. Legault m'a exclu de son caucus avant même d'avoir entendu ce que le témoin avait à dire, ce qui est quand même un peu particulier. Je pense qu'il voulait bien paraître, paraître… faire plus blanc que blanc et j'ai gravement payé pour ça. Je pense que son geste a donné une crédibilité démesurée au témoignage de M. Roger Desbois.

M. Boivin (Simon) : Le scénario idéal pour vous, M. Ratthé, est-ce que ce serait de réintégrer le caucus de la CAQ, de recevoir une offre du PQ ou de vous présenter comme indépendant?

M. Ratthé : Bien, écoutez, au moment où on se parle, et je l'ai bien dit hier à quelques journalistes, et avant-hier, il n'y a eu aucune conversation formelle avec quelque personne qui, il faut dire… que je vais qualifier d'officiers ou qui sont dans l'entourage de la première ministre ou même dans un entourage décisionnel, que ce soit au niveau du parti, que ce soit au niveau du directeur général, que ce soit au niveau de la présidence. Il n'y a eu aucune discussion formelle.

Ce que vous avez entendu, c'est qu'il y a eu, depuis quelques mois, des discussions de corridor, comme ça arrive souvent avec des ex-collègues qui m'ont, en fait, exprimé le souhait dans certains cas, ou d'autres m'ont demandé si je pouvais envisager peut-être de revenir avec le Parti québécois, mais sans plus. Et, au moment où on se parle, je suis loin de pouvoir vous affirmer qu'il y a une entente, qu'il y a une possibilité de… je n'ai pas eu de rencontre avec personne d'additionnel.

M. Boivin (Simon) : Est-ce que vous aimeriez avoir une offre de ce genre?

M. Ratthé : Bien, si on me fait une offre, évidemment, je vais la regarder de façon très sérieuse, évidemment que je vais l'analyser. Tout est basé sur la confiance. Je pense que j'ai quitté le Parti québécois dans des circonstances très particulières. Il faut se rappeler que c'est peut-être, au cours des dernières années, l'une des pires crises qui avaient secoué le Parti québécois. Je n'ai pas été le seul à partir, j'ai été… on a été plusieurs à quitter le parti. Si je l'ai fait, j'ai cru, à ce moment-là, qu'ayant défié Mme Marois, ayant mis en doute son leadership, donc ce que je considère comme étant un affront personnel à son endroit, alors, si je l'ai fait, je… et qu'elle, en toute légitimité, Mme Marois a pris la décision de demeurer, donc je considérais, moi, que je ne pouvais pas demeurer au sein de l'organisation du parti puisque j'avais défié ma chef.

M. Journet (Paul) : Qu'est-ce que vous pensez aujourd'hui du leadership de Mme Marois?

M. Ratthé : Bien, je pense que vous l'avez vous-même constaté, elle a réussi à sortir de cette crise-là qui était quand même… Elle a quand même montré du leadership. Je pense que… Écoutez, je ne suis plus dans les instances du parti, mais ce que je vois, c'est qu'il semble y avoir un caucus qui est uni. Bon, force est d'admettre, là, qu'elle a eu peut-être un début de mandat difficile, mais je pense que maintenant, elle démontre qu'elle est capable de bien mener sa barque, qu'elle a quand même un leadership peut-être que je n'ai pas pu, à l'époque, lui reconnaître à sa juste valeur. Et je pense que ce qu'on voit aujourd'hui, en tout cas, ce que moi, je constate, c'est que l'erreur… J'ai fait probablement une erreur de jugement basée sur des circonstances exceptionnelles et probablement sur mon expérience qui n'était pas si grande que ça dans le domaine de la politique nationale.

M. Boivin (Simon) : Regrettez-vous aujourd'hui d'avoir quitté le…

M. Ratthé : Écoutez, j'assume la décision que j'ai prise. J'ai fait confiance à François Legault. Je me serais… Vous savez, là, j'ai risqué ma carrière politique, là, pour me joindre à l'équipe de François Legault pour des raisons qui étaient : on forme un nouveau parti. Je vous rappelle que ça me permettait de ne pas avoir à renier mes racines souverainistes, je ne l'ai jamais fait. M. Legault a toujours dit que ce parti-là était formé de souverainistes et de fédéralistes. J'ai mis cette option-là en veilleuse à l'époque. Je lui ai fait grandement confiance, je pense que j'ai remporté l'élection. Je suis quand même conscient qu'un député a une certaine influence dans une élection, mais je pense que, la dernière élection, j'ai joué quand même un rôle assez important dans la victoire de la Coalition avenir Québec dans Blainville.

Je me serais attendu à ce que M. Legault m'accorde cette même confiance, m'accorde la présomption d'innocence. Je pense que, quand on aspire à devenir premier ministre, on ne peut pas faire fi d'un des fondements importants de notre société de droit. Je n'ai été accusé de rien, il n'y a aucune preuve qui a été déposée. Je ne vois pas pourquoi on m'a exclu. En fait, je le vois, c'était pour sauver la face, pour laver plus blanc que blanc, à mon avis, et puis je considère que j'ai été un bouc émissaire.

Mme Plante (Caroline) : So, Mr. Ratthé, are you apologizing to Mrs. Marois today?

M. Ratthé : It's not a question of apologize, I would say. I would say I made… I don't know exactly how you say that in English, but a judgment mistake probably about her leadership. What I… at that time, if we go back at that time, I think it was one of the… probably the major crisis in the Parti québécois for the last few years actually and since I doubted about her leadership, for me, it was just normal after that that I quit the party because I doubted her leadership. At that time, I couldn't see why and how I could stay after saying to her that she was... that I was having doubts about her leadership.

I think she proved, over the last years and months, that she's been able to put the party back together. I think the spirit seems to be good… because I'm not there anymore, but, from what I see, I think she improved certainly… she certainly improved. And, you know, if I receive any kind of offer from them, which is not the case, actually… I want to make sure that you understand that I didn't receive any kind of offer. It's just… What you hear, today, it's just conversation between colleagues and myself, conversations in halls. And, at this moment, if I'm... Sorry. I think I will ride much more like an independent MNA than any members of the Parti québécois, but...

Mme Plante (Caroline) : But are you hoping to reintegrate that caucus?

M. Ratthé : Well, if I do receive an offer, which means that probably we will have to have a major conversation between Mme Marois and myself, and confidence and trust have to be there, if I do receive an offer, I will certainly look into it seriously.

M. Harrold (Max) : Do you feel betrayed by François Legault?

M. Ratthé : Well, I feel... in a sort of way, yes, because I think, like I said, I was... I gave him all... You know, I trusted him, I put my career at risk. There is nothing against me, no allegation, no accusation. Nine months later, we're forced to say that nothing happened, like I said, and I was expecting that he will trust me, at least that he will give me that innocence presumption — that's what you say? — and which I didn't receive.

So I can't accept the fact that he says that I need to prove something, to bring little proof of something when I was not aware of the situation. And the witness said exactly the same thing : I was not there, and he has no clue if I was informed about the situation. Thank you. Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 20)

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