(Dix heures onze minutes)
M. Ratthé
: Alors,
bonjour à tous. Écoutez, c'est un peu impromptu, là, comme conférence de
presse, mais, d'une part, je voulais, dans un premier temps, réagir aux propos
que vous a tenus M. Duchesneau il y a quelques minutes, lorsque la question lui
a été posée, là, concernant ma réinsertion possible au sein de la Coalition
avenir Québec. J'ai été quand même étonné d'entendre M. Duchesneau vous dire qu'on
s'était vus il y a deux semaines. La dernière fois que j'ai vu M. Duchesneau,
ça remonte au mois de novembre, je n'ai pas eu d'autres contacts avec M. Duchesneau
depuis ce temps-là. La dernière fois que j'ai vu M. Legault, ça remonte au mois
de septembre, et, à toutes les fois, M. Legault m'a rencontré… il m'a rencontré
à deux reprises à ma demande et, à toutes les fois, il m'a relégué à une
rencontre avec M. Duchesneau.
J'entends M. Duchesneau dire que ça
prendrait une preuve que je n'étais pas informé de l'allégation à laquelle on
m'a associé. Écoutez, si on se rapporte aux faits et simplement aux faits, il
faut quand même conclure que le témoin, M. Roger Desbois, a émis une allégation
contre quelqu'un d'autre, quelqu'un qui était en charge de mon financement. M.
Desbois a clairement indiqué sous serment que je n'étais pas présent lors de
cette transaction-là. Il a même indiqué qu'il n'avait aucune idée si j'avais
été informé de la situation, et, depuis le début, je vous l'affirme, je n'ai
pas été informé de cette situation-là.
Alors, comment est-ce que je pourrais
apporter une preuve tangible, une preuve concrète que, cette situation-là, je n'en
ai pas été informé? La seule chose, c'est ma parole contre celle… même pas
contre celle du témoin, puisque le témoin en tant que tel allègue qu'il a remis
l'argent à quelqu'un d'autre. Et je vous dirais, l'ironie du sort, c'est que
cette personne-là, qui présumément aurait reçu de l'argent, n'a même pas été
accusée de quoi que ce soit, et, depuis neuf mois, je n'ai pas été accusé de
quoi que ce soit, il n'y a aucune allégation directe qui a été faite.
Alors, en résumé, je suis exclu pour avoir
été associé… mon nom a été associé à quelqu'un qui n'est même pas accusé de
rien. Alors, c'est quand même assez particulier qu'on me demande de déposer des
preuves, alors que quelqu'un qui veut, je veux dire, aspirer à devenir premier
ministre fait fi complètement de la présomption d'innocence. Je vous rappelle
en bout de ligne que M. Legault m'a exclu de son caucus avant même d'avoir
entendu ce que le témoin avait à dire, ce qui est quand même un peu
particulier. Je pense qu'il voulait bien paraître, paraître… faire plus blanc
que blanc et j'ai gravement payé pour ça. Je pense que son geste a donné une
crédibilité démesurée au témoignage de M. Roger Desbois.
M. Boivin (Simon)
: Le
scénario idéal pour vous, M. Ratthé, est-ce que ce serait de réintégrer le
caucus de la CAQ, de recevoir une offre du PQ ou de vous présenter comme
indépendant?
M. Ratthé
: Bien,
écoutez, au moment où on se parle, et je l'ai bien dit hier à quelques
journalistes, et avant-hier, il n'y a eu aucune conversation formelle avec
quelque personne qui, il faut dire… que je vais qualifier d'officiers ou qui
sont dans l'entourage de la première ministre ou même dans un entourage
décisionnel, que ce soit au niveau du parti, que ce soit au niveau du directeur
général, que ce soit au niveau de la présidence. Il n'y a eu aucune discussion
formelle.
Ce que vous avez entendu, c'est qu'il y a
eu, depuis quelques mois, des discussions de corridor, comme ça arrive souvent
avec des ex-collègues qui m'ont, en fait, exprimé le souhait dans certains cas,
ou d'autres m'ont demandé si je pouvais envisager peut-être de revenir avec le
Parti québécois, mais sans plus. Et, au moment où on se parle, je suis loin de
pouvoir vous affirmer qu'il y a une entente, qu'il y a une possibilité de… je n'ai
pas eu de rencontre avec personne d'additionnel.
M. Boivin (Simon)
: Est-ce
que vous aimeriez avoir une offre de ce genre?
M. Ratthé
: Bien, si on
me fait une offre, évidemment, je vais la regarder de façon très sérieuse, évidemment
que je vais l'analyser. Tout est basé sur la confiance. Je pense que j'ai
quitté le Parti québécois dans des circonstances très particulières. Il faut se
rappeler que c'est peut-être, au cours des dernières années, l'une des pires
crises qui avaient secoué le Parti québécois. Je n'ai pas été le seul à partir,
j'ai été… on a été plusieurs à quitter le parti. Si je l'ai fait, j'ai cru, à
ce moment-là, qu'ayant défié Mme Marois, ayant mis en doute son leadership,
donc ce que je considère comme étant un affront personnel à son endroit, alors,
si je l'ai fait, je… et qu'elle, en toute légitimité, Mme Marois a pris la
décision de demeurer, donc je considérais, moi, que je ne pouvais pas demeurer
au sein de l'organisation du parti puisque j'avais défié ma chef.
M. Journet (Paul)
:
Qu'est-ce que vous pensez aujourd'hui du leadership de Mme Marois?
M. Ratthé
: Bien, je
pense que vous l'avez vous-même constaté, elle a réussi à sortir de cette
crise-là qui était quand même… Elle a quand même montré du leadership. Je pense
que… Écoutez, je ne suis plus dans les instances du parti, mais ce que je vois,
c'est qu'il semble y avoir un caucus qui est uni. Bon, force est d'admettre,
là, qu'elle a eu peut-être un début de mandat difficile, mais je pense que maintenant,
elle démontre qu'elle est capable de bien mener sa barque, qu'elle a quand même
un leadership peut-être que je n'ai pas pu, à l'époque, lui reconnaître à sa
juste valeur. Et je pense que ce qu'on voit aujourd'hui, en tout cas, ce que moi,
je constate, c'est que l'erreur… J'ai fait probablement une erreur de jugement
basée sur des circonstances exceptionnelles et probablement sur mon expérience
qui n'était pas si grande que ça dans le domaine de la politique nationale.
M. Boivin (Simon)
: Regrettez-vous
aujourd'hui d'avoir quitté le…
M. Ratthé
: Écoutez,
j'assume la décision que j'ai prise. J'ai fait confiance à François Legault. Je
me serais… Vous savez, là, j'ai risqué ma carrière politique, là, pour me
joindre à l'équipe de François Legault pour des raisons qui étaient : on
forme un nouveau parti. Je vous rappelle que ça me permettait de ne pas avoir à
renier mes racines souverainistes, je ne l'ai jamais fait. M. Legault a
toujours dit que ce parti-là était formé de souverainistes et de fédéralistes.
J'ai mis cette option-là en veilleuse à l'époque. Je lui ai fait grandement
confiance, je pense que j'ai remporté l'élection. Je suis quand même conscient
qu'un député a une certaine influence dans une élection, mais je pense que, la dernière
élection, j'ai joué quand même un rôle assez important dans la victoire de la
Coalition avenir Québec dans Blainville.
Je me serais attendu à ce que M. Legault
m'accorde cette même confiance, m'accorde la présomption d'innocence. Je pense
que, quand on aspire à devenir premier ministre, on ne peut pas faire fi d'un
des fondements importants de notre société de droit. Je n'ai été accusé de
rien, il n'y a aucune preuve qui a été déposée. Je ne vois pas pourquoi on m'a
exclu. En fait, je le vois, c'était pour sauver la face, pour laver plus blanc
que blanc, à mon avis, et puis je considère que j'ai été un bouc émissaire.
Mme Plante (Caroline)
:
So, Mr. Ratthé, are you apologizing to Mrs. Marois today?
M. Ratthé
:
It's not a question of apologize, I would say. I would say I made… I don't know
exactly how you say that in English, but a judgment mistake probably about her
leadership. What I… at that time, if we go back at that time, I think it was
one of the… probably the major crisis in the Parti québécois for the last few
years actually and since I doubted about her leadership, for me, it was just
normal after that that I quit the party because I doubted her leadership. At that time, I couldn't see why and how I could stay after saying
to her that she was... that I was having doubts about her leadership.
I think she proved, over
the last years and months, that she's been able to put the party back together.
I think the spirit seems to be good… because I'm not there anymore, but, from
what I see, I think she improved certainly… she certainly
improved. And, you know, if I receive any kind of offer from them, which is not
the case, actually… I want to
make sure that you understand that I didn't receive any kind of offer. It's
just… What you hear, today, it's just conversation between colleagues and
myself, conversations in halls. And, at this moment, if I'm... Sorry. I think I
will ride much more like an independent MNA than any members of the Parti québécois, but...
Mme Plante (Caroline)
: But are you hoping to reintegrate that caucus?
M. Ratthé
: Well, if I do receive an offer, which means that probably we will
have to have a major conversation between Mme Marois and myself, and confidence
and trust have to be there, if I do receive an offer, I will certainly look
into it seriously.
M. Harrold (Max) : Do you feel betrayed by François Legault?
M. Ratthé
: Well, I feel... in a sort of way, yes, because I think, like I
said, I was... I gave him all... You know, I trusted him, I put my career at
risk. There is nothing against me, no allegation, no accusation. Nine months
later, we're forced to say that nothing happened, like I said, and I was
expecting that he will trust me, at least that he will give me that innocence
presumption — that's what you say? — and
which I didn't receive.
So I can't accept the
fact that he says that I need to prove something, to bring little proof of
something when I was not aware of the situation. And the witness said exactly
the same thing : I was not there, and he has no clue if I was informed
about the situation. Thank you. Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 20)