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(Seize heures quarante minutes)
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais souhaiter la
bienvenue à tous et, réalisant que nous avons le quorum,
déclarer cette vingt-troisième séance de travail ouverte
en rappelant à tous le mandat de notre commission parlementaire, qui est
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 125, le Code civil du Québec. Mme la secrétaire, est-ce que
nous avons des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président. Il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, je vous rappelle
l'horaire pour aujourd'hui. Nous allons travailler jusqu'à 18 h 30 ce
soir, stopper pour le souper, reprendre de 20 heures à 22 heures, ici,
dans cette même salle. On m'informe que nous passons des jours
mémorables actuellement puisque, hier, il semble que c'était
l'anniversaire de naissance de M. le ministre. Alors, j'aimerais, au nom de
tous les membres, lui souhaiter un joyeux anniversaire de naissance.
Mme Harel: 47 ans.
Le Président (M. Lafrance): Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Et on m'informe
également qu'aujourd'hui il y a un autre anniversaire, et c'est celui de
Me Julienne Pelletier. Alors, au nom de tous et de toutes, j'aimerais leur
souhaiter, donc, un joyeux anniversaire de naissance aujourd'hui.
Une voix: ...c'est rare.
Le Président (M. Lafrance): Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...renseignements nominatifs.
Document déposé
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais aussi vous notifier
que j'ai reçu et j'accepte le dépôt d'un mémoire du
Barreau du Québec sur le Code civil du Québec, le projet de loi
125, et, en particulier, sur le livre V, Des obligations. J'accepte donc le
dépôt du document qui portera le code numérique 43D. Est-ce
qu'il y aurait des déclarations d'ouverture de séance? M. le
ministre.
Organisation des travaux
M. Rémillard: M. le Président, tout d'abord pour
vous remercier et remercier aussi cette commission des bons voeux à
l'occasion de mon anniversaire et, évidemment, si vous pouviez me faire
un souhait, M. le Président, ce serait d'avoir ce Code civil
accepté par l'Assemblée nationale comme prévu, d'ici les
prochains jours.
M. le Président, vous me permettrez d'insister sur un
élément, je crois, qui est important. C'est que, lorsque nous
aurons accepté, voté ce Code civil en troisième lecture
à l'Assemblée nationale dans quelques jours, il faut bien
comprendre que le processus ne s'arrêtera pas là. Beaucoup de
travail nous attend. Entre autres, je me permets de revenir sur ce que j'ai dit
la semaine dernière en ce qui regarde les commentaires. Nous avons
convenu de déposer les commentaires comme éléments
d'intention du législateur. C'est donc dire que nous aurons, avant de
déposer ces commentaires... Nous ne les déposerons pas en
même temps que le projet de loi. Nous allons les déposer à
la session du printemps, ce qui nous permettra, au moins, de prendre
peut-être trois mois et peut-être un peu plus, à partir du
mois de janvier prochain, pour revoir, avec nos experts, avec les intervenants,
avec le Barreau, la Chambre des notaires, ces commentaires, pour nous assurer
qu'ils reflètent très bien notre intention en fonction de ce
nouveau Code civil.
Et ensuite, M. le Président, bien sûr que j'ai
déjà mentionné mon intention de déposer, du moins
dans son principe, c'est-à-dire en première lecture, si vous
voulez, la loi d'application du Code civil qui sera aussi très
importante, avec une commission parlementaire l'automne prochain. Et pensons
aussi au Code de procédure civile, qu'on ne doit pas simplement aborder
à la pièce mais qu'on dort voir aussi dans une perspective
globale, en fonction des principes qui nous guident, dont celui du principe de
l'accessibilité.
Et, aussi, je devrais ajouter un autre élément important.
Je me suis engagé, comme ministre, à étudier, en cette
commission parlementaire, le projet de règlement sur la publicité
des droits. C'est donc dire qu'ici nous aurons, en commission parlementaire,
à étudier ce règlement probablement en mai. Alors, c'est
donc beaucoup de travail qui nous attend, M. le Président, et je me dois
de le souligner.
En terminant, je voudrais souligner aussi que nous accueillons de
nouveau à notre commission Mme la députée de Groulx. Je
souhaite la bienvenue à Mme la députée de Groulx, qui nous
fait toujours participer à sa grande expérience de femme
très impliquée dans notre société, qui
a suivi nos travaux de très près depuis ie début et
qui a dû s'absenter pour prendre quelques jours de repos. Elle nous
revient en grande forme et je veux saluer son retour. Elle nous arrive
justement et je veux lui dire à quel point nous sommes heureux de
l'accueillir à cette commission.
Mme Bleau: C'est gentil, ça.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Monsieur...
Mme Bleau: Si vous saviez, je suis encore plus heureuse
d'être ici.
Le Président (M. Lafrance): Alors merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y aurait d'autres commentaires d'ouverture de séance? Oui,
Me Ouellette.
Mme Ouellette (Monique): Merci, M. le Président. Je ne
veux pas retarder indûment les travaux de la sous-commission, mais
permettez-moi, au nom de M. le professeur Pineau et en mon nom, de vous
remercier des bons mots qui ont été prononcés à
l'occasion du lancement de nos ouvrages respectifs jeudi dernier. Cette
délicatesse a été grandement appréciée et
nous a profondément touchés, alors je vous en remercie.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Me Ouellette. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Alors merci, M. le Président. Bon, je constate
et j'apprécie une fois de plus, à cette étude
détaillée, que vous mettiez à jour nos travaux. Nous en
sommes donc à 2946 articles étudiés, des articles dont la
sous-commission s'est saisie. En fait, il s'agit de 3144 articles
jusqu'à maintenant, puisque nous avons adopté 652 amendements,
suspendu 285 articles - qui le sont toujours - et suspendu également 39
amendements, pour un total de 94 heures 45 minutes de séance. Alors,
quelle précision! Mais ça reste intéressant; ça
nous montre le chemin parcouru et encore le travail quand même
considérable qui reste à faire.
M. le Président, vous allez me permettre de souscrire
immédiatement au bon mot du ministre à l'égard de Mme la
députée de Groulx. Je suis très, très contente
qu'elle soit de retour parmi nous et je veux qu'elle sache que c'est à
l'unanimité que l'Opposition a souscrit son consentement de façon
à ce qu'elle puisse siéger à sa convenance ici, à
la sous-commission, et évidemment en tenant compte de sa santé et
de ses forces physiques également. Il faut qu'elle se ménage et
qu'elle prenne soin d'elle, M. le Président, mais chaque fois qu'elle
décidera d'être des nôtres, alors vous n'aurez même
pas à nous demander notre consentement, nous l'avons donné d'ici
à la fin de la présente session.
D'autre part, j'aimerais par ailleurs, M. le Président, vous
rapporter un malentendu. Je ne peux pas croire que c'est de façon
délibérée qu'une telle chose se soit produite. Nous avons
reçu, jeudi et vendredi passé, au deuxième étage,
au bureau du whip de l'Opposition, une lettre circulaire qui a
été signée par des milliers de courtiers d'assurances au
Québec. Alors, c'est une lettre qui nous est arrivée. Je vous en
apporterai des copies, nous en avons reçu plus de 1000. Le
téléscripteur du whip n'a pas dérougi durant toute la
journée de jeudi et de vendredi, étant occupé à
recevoir ces lettres qui étaient transmises. D'autre part, hier, durant
la journée qui est souvent consacrée par les
députés à leur bureau de comté, mes
collègues ont été inondés de
téléphones, dans les régions, de courtiers qui leur ont
mentionné avoir été informés par le
ministère de la Justice - vous allez voir, c'est l'information,
d'ailleurs, qui nous est transmise - que l'Opposition réclamait une
assurance collective de dommages qui allait faire disparaître le beau
métier de courtier dans notre société.
Comme il y en a déjà 13 000 et que nous n'avons
reçu, à date, que 1000 lettres, je voudrais les rassurer et leur
dire que c'est là une proposition qui apparaît dans le projet de
loi 125 à l'initiative du ministère et du ministre de la Justice,
mais j'ai déjà, dès la semaine dernière, bien avant
que ces lettres me parviennent, échangé avec le ministre sur
cette question. Nous avions déjà, d'une certaine façon -
puis-je le dire, M. le ministre - convenu qu'il était souhaitable
d'avoir un éclairage beaucoup plus consistant que celui qui est à
notre disposition présentement, étant donné que nous ne
connaissons pas toutes les incidences qu'une mesure semblable pourrait avoir et
sachant que nous ne sommes pas intéressés, ici, à jouer
aux apprentis sorciers et à adopter, d'un trait de plume, des
dispositions qui pourraient avoir des effets pervers que nous ne pouvons
même pas envisager. En fait, nous avions convenu que ce serait justement,
pour l'Institut québécois de réforme du droit, une
occasion, vraiment, de s'appliquer lors d'un premier mandat que le ministre
pourrait lui donner. Je pense qu'il faut tout de suite le dire, M. le
Président, parce qu'à ce rythme-là le bureau du whip m'a
averti qu'ils ont autre chose à faire que de recevoir des fax. Je vous
en apporterai copie, M. le Président, mais je pense qu'il va falloir
qu'on puisse vérifier qui a transmis cette information-là, qui
est inexacte. Il faut bien le signaler.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je suis vraiment
désolé si quelque chose comme ça s'est produit. Cependant,
il est évident, quand vous regardez le projet de loi 125, que ça
apparaît dans le projet de loi 125.
Mme Harel: Oui, mais c'est vous qui devriez recevoir les fax, pas
moi. Là, il y a comme une erreur sur la personne.
M. Rémillard: Je suis désolé qu'on pense que
le projet de loi 125 a été déposé par l'Opposition.
Je pense qu'il y a là un malentendu majeur.
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Le projet de loi 125 a été
déposé par le gouvernement.
Mme Harel: Voilà.
M. Rémillard: Mais nous travaillons en étroite
collaboration avec l'Opposition et tous les membres de cette commission. Alors,
s'il a pu y avoir erreur, je ne vois pas ce qui a pu se passer. Je le regrette,
M. le Président, mais, de fait, je confirme ce que Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve vient de dire. Nous nous sommes
rencontrés et nous avons convenu que nous devions être très
prudents et que, par conséquent, ce serait probablement là un des
sujets qui pourraient être étudiés plus à fond par
l'Institut québécois de réforme du droit. Pour ma part,
après mûre consultation et réflexion, j'abonde dans le
même sens.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre, pour
ces précisions. Alors, s'il n'y a pas d'autres commentaires d'ouverture
de séance, j'aimerais donc vous référer là
où nous avions arrêté nos travaux lors de la
dernière séance, soit au chapitre quatrième, à la
page 492, chapitre quatrième qui traite de la protection des tiers de
bonne foi. Permettez-moi de vous lire le texte d'introduction à ce
chapitre quatrième.
De la publicité des droits
Des effets de la publicité (suite)
De la protection des tiers de bonne foi
Le chapitre quatrième, qui traite de la protection des tiers de
bonne foi, reprend les dispositions du droit actuel mais innove sur deux
points. Premièrement, celui qui acquiert, à titre onéreux,
un droit réel en se fondant de bonne foi sur les inscriptions du
registre est maintenu dans son droit, si celui-ci a été
publié. Deuxièmement, tout intéressé peut demander
au tribunal, en cas d'erreur, de faire rectifier ou radier une inscription.
Alors, j'aimerais appeler les articles contenus à ce chapitre
quatrième, soit les articles 2947 à 2950 inclusivement.
M. Rémillard: M. le Président, nous aimerions
suspendre l'article 2947 pour de plus amples consultations et discussions entre
experts, et il n'y a pas d'amendements.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y aurait des commentaires touchant ces articles? Aucun commentaire, donc
l'article 2947 est laissé en suspens. Les articles 2948, 2949 et 2950
sont donc adoptés tels quels. J'aimerais maintenant appeler les articles
du chapitre cinquième, mais, avant de faire ceci, j'aimerais demander
peut-être à un membre de la commission - oui, Mme la
députée de Groulx -de bien vouloir nous lire le texte
d'introduction contenu à la page 57 du livre des commentaires
détaillés sur les dispositions du projet de loi.
De la préinscription
Mme Bleau: Alors, le chapitre cinquième, suivant en cela
la proposition de l'ORCC, introduit dans le Code civil du Québec le
principe de la préinscription. Le consensual isme ne fait pas obstacle
à l'adoption de ce mécanisme, qui n'est pas inconnu en droit
québécois mais qui n'y trouve que des applications
limitées, comme au Code de procédure civile, à l'article
813.4: dénonciation au registrateur des demandes en séparation de
biens, en séparation de corps, en nullité de mariage ou en
divorce.
La préinscription présente d'importants avantages; elle
est, en fait, un mécanisme indispensable dans un système de
publicité assorti de la force probante des inscriptions. Sa fonction est
de sauvegarder des droits qui seraient en péril s'ils demeuraient
inconnus. Le chapitre cinquième, cependant, fait une application plus
restreinte de la préinscription que ne le proposait l'ORCC. La
préinscription annonce le droit qui doit être rendu public: elle
est une mesure de caractère provisoire, conditionnelle et
essentiellement conservatoire.
Mesure provisoire, la préinscription garantit le rang d'un droit
futur ou éventuel, mais à la condition que l'inscription
définitive correspondante suive; celle-ci remplace celle-là et
rétro-agit, à l'égard des tiers, au moment de
l'inscription de la préinscription.
Mesure conservatoire, la préinscription n'emporte pas
indisponibilité de l'immeuble qu'elle concerne; par contre, elle
empêche que le droit futur ou éventuel qu'elle garantit soit
anéanti ou diminué par l'inscription de droits postérieurs
que pourraient requérir des tiers. En ce sens, la préinscription
emporte indirectement une restriction au droit de disposer.
La préinscription doit être requise: articles 2951 et 2952;
cette réquisition est facultative. L'inscription de la
préinscription s'accompagne d'un effet d'opposabilité; l'absence
d'inscription de la préinscription s'accompagne d'un défaut
d'opposabilité de la demande en justice ou de la prétention
à un droit résultant d'un testament. Le règlement pris en
application du présent livre précisera la manière de
requérir l'inscription
d'une préinscription.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée de Groulx. J'appelle donc les articles contenus à
ce chapitre cinquième, soit les articles 2951, 2952 et 2953.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, nous
aimerions suspendre l'article 2953 et nous avons un amendement. L'article 2951
est modifié: 1° par la suppression, à la première
ligne, après les mots "en justice", de la virgule et par l'insertion,
après les mots "droit réel soumis", des mots "ou admis"; 2°
par l'insertion, dans la deuxième ligne, après les mots "à
l'inscription", des mots "sur le registre foncier" et par la suppression,
après le mot "préinscription", des mots "sur le registre
approprié"; 3° par l'ajout, après le premier alinéa,
de l'alinéa suivant: "La demande en justice, qui concerne un droit
réel mobilier qui a été inscrit sur le registre des droits
personnels réels mobiliers, peut aussi, au moyen d'un avis, faire
l'objet d'une préinscription."
M. le Président, la modification limite la préinscription
en matière mobilière à la demande en justice qui concerne
un droit réel publié. Elle est aussi de concordance, en ce qui
concerne le premier alinéa, avec l'article 2920. En raison de ces
amendements, l'article 2951 se lirait comme suit:
Toute demande en justice, qui concerne un droit réel soumis ou
admis à l'inscription sur le registre foncier, peut, au moyen d'un avis,
faire l'objet d'une préinscription. "La demande en justice, qui concerne
un droit réel mobilier qui a été inscrit sur le registre
des droits personnels et réels mobiliers, peut aussi, au moyen d'un
avis, faire l'objet d'une préinscription."
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y aurait des commentaires touchant ces trois articles du chapitre
cinquième?
Mme Harel: M. le Président, 2951 est de droit nouveau.
Alors, il serait certainement opportun que le législateur nous indique
l'incidence que ce droit nouveau peut introduire, l'incidence que ça
aura dans notre pratique.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je
demanderais à Me Longtin de nous faire les commentaires.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me longtin.
Mme Longtin (Marie-José): Oui, alors, M. le
Président, dans les commentaires introduces au chapitre
cinquième, je crois qu'on a quand même indiqué quels
étaient les principaux avantages qu'on attendait de la
préinscription. On a indiqué qu'il s'agit essentiellement, par ce
mécanisme, de sauvegarder des droits qui pourraient être en
péril s'ils demeuraient inconnus, et les articles 2952 et 2953 en sont
des illustrations certaines. Ce sont des droits... (17 heures)
Mme Harel: Je pense que Me Longtin est malade, non? Vous avez une
grippe? Ordinaire?
Mme Longtin: Ordinaire.
M. Rémillard: Soignez-vous bien, on a besoin de vous!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Est-ce que c'est une menace? L'absence ne sera pas
tolérée d'ici à Noël?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Longtin: C'est une mesure également provisoire, comme
on l'a mentionné, pour garantir le rang, puisque, si le résultat,
par exemple, d'une demande en justice est favorable à celui qui a fait
l'inscription, on pourra donc réputer publié à partir du
moment de l'inscription le droit qu'on avait qui était, donc,
contesté. Et une mesure conservatoire parce que, aussi, ça
permet, là, de bien marquer, à toute personne qui pourrait
vouloir faire ou effectuer un acte concernant cet immeuble, la
possibilité qu'un droit puisse venir rétroagir.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Fre-nette.
M. Frenette (François): Effectivement, les notes
introductives indiquent comment la préinscription va avoir un rôle
d'importance à jouer. Et si je comprends bien, de fait, 2951 tel que
rédigé veut faire en sorte, finalement, que les décisions
rendues aient un effet d'opposabilité aux tiers et un effet dans le
temps avec...
Mme Longtin: Exactement, oui.
M. Frenette: Et est-ce qu'on a pensé qu'au lieu
d'être facultative la préinscription devrait être
obligatoire, sans quoi les décisions rendues pourraient être, dans
bien des cas, sans effet?
Mme Longtin: C'est-à-dire que la publicité a
toujours, évidemment, un objectif: c'est de rendre opposables à
des tiers des droits. Mais la personne peut toujours choisir de ne pas publier
quelque chose. C'est elle qui y perd. Donc, c'est pour ça que,
finalement, on ne peut pas obliger une personne qui agit en justice à
nécessairement publier parce que, de toute façon, la sanction
s'impose d'elle-même: ça retarde l'oppo-
sabilité de son droit.
M. Frenette: C'est vrai, je pense, qu'on ne peut peut-être
pas, suivant le principe de base, imposer à quelqu'un de publier,
généralement parlant, et que, conséquemment, toute
personne désireuse de faire une transaction relativement à
l'immeuble visé devrait pouvoir se fier uniquement à ce qui est
inscrit. Mais la conséquence n'est-elle pas que, faute d'inscription
obligatoire, on pourrait avoir de façon très très
régulière des jugements rendus qui seraient rendus pour rien,
finalement? La justice aurait été encombrée pendant des
mois et des années pour des décisions qui ne pourraient pas avoir
d'effet.
Mme Longtin: C'est-à-dire que la règle de 2925 y
répond. Entre les parties, les droits produisent leur effet, donc le
jugement produira son effet mais on ne pourra pas, évidemment,
évoquer certains des droits qui pourraient être reconnus dans ce
jugement-là à l'égard des tiers et avoir effet à
l'égard des tiers tant qu'on n'aura pas effectivement inscrit le droit
réel qui est en litige. Mais je ne pense pas qu'on puisse, de là,
conclure que la demande en justice aura nécessairement été
inutile entre les parties.
M. Frenette: Non, non. Je pense qu'entre les parties il n'y aura
pas de problème.
Mme Longtin: II faut, je pense, se fier aussi à leur
vigilance.
M. Frenette: Mais la mesure est prévue en termes
d'opposabilité entre les parties. Il n'y a pas de doute que le jugement
va avoir son effet, mais le but recherché est aussi d'avoir un impact
sur la chaîne des titres, et il n'y en aura pas, finalement. Mais je vous
demanderais simplement, en concluant, l'hypothèse d'une
préinscription obligatoire a-t-elle été
envisagée?
Mme Longtin: On peut toujours y réfléchir encore,
mais, comme je l'ai indiqué, on l'avait quand même
écartée parce que c'est difficile de rendre obligatoire une telle
chose. Je pense que les parties, en elles-mêmes, ont cet
intérêt à préserver et à rendre opposable
leur droit si elles veulent l'évoquer ultérieurement. Et il y a
une responsabilité professionnelle aussi qui joue à
l'intérieur de ça. Donc, on ne peut pas l'obliger non plus.
M. Frenette: II ne s'agit pas d'une opposition au principe de la
préinscription facultative, mais de mesurer bel et bien l'effet d'une
réquisition facultative.
Le Président (M.
Lafrance): Merci, Me
Frenette et Me Longtin. S'il n'y a pas d'autre précision,
l'article 2951 est donc adopté tel qu'amendé. L'article 2952 est
adopté tel quel et l'article 2953 est laissé en suspens.
Nous en arrivons maintenant au titre troisième qui traite des
modalités de la publicité. Permettez-moi de vous lire le texte
d'introduction.
Des modalités de la publicité
Le titre troisième traite des modalités de la
publicité et se divise en cinq chapitres. Le chapitre premier porte sur
les registres où sont inscrits les droits et se divise en trois sections
traitant respectivement des dispositions générales concernant les
divers registres: du registre foncier, du registre des droits réels
mobiliers et du registre des droits personnels.
Le chapitre deuxième concerne les réquisitions
d'inscription. Il se divise en trois sections traitant respectivement des
règles générales applicables aux réquisitions
d'inscription, des attestations et de certaines règles d'inscription.
Les chapitres troisième, quatrième et cinquième traitent
respectivement des devoirs de l'officier de la publicité des droits, du
fichier des adresses et des règles d'application du livre De la
publicité des droits.
En égard au droit actuel, il introduit des règles qui
transforment radicalement, sur de nombreux points, la pratique que l'on
connaît de la publicité des droits personnels et des droits
réels. Une organisation nouvelle des registres, dont le nombre est
réduit, est proposée, car l'inscription sur les registres ne se
fera plus comme actuellement, de manière sommaire avec renvoi au
document qui la justifie. Des modes nouveaux de présentation des
documents sont introduits; on précise aussi les modalités de ces
divers modes. Par ailleurs, afin d'augmenter la sécurité du
registre foncier, l'intervention de l'avocat, du notaire et d'autres officiers
est systématisée. Les contrôles de l'officier de la
publicité des droits sont davantage précisés. Enfin, il a
paru préférable de préciser par règlement le
détail du fonctionnement des bureaux de la publicité des
droits.
Nous touchons maintenant le chapitre premier. Je demanderai
peut-être à M. le député de Chapleau de bien vouloir
nous lire le texte d'introduction à ce chapitre premier.
Des registres où sont inscrits les
droits
M. Kehoe: Oui, M. le Président. Des registres où
sont inscrits les droits, articles 2954 à 2963. Le chapitre premier du
livre troisième traite dès le départ des registres
où sont inscrits les droits et les dispositions générales
qui les concernent, compte tenu des nombreuses références qui y
sont faites. Ce chapitre introduit dans le Code civil du Québec le
registre foncier destiné à remplacer l'index des immeubles en ce
qui concerne les immeubles identifiés par des numéros distincts
au cadastre, l'index des noms
en ce qui concerne les immeubles situés en territoire non
cadastré et le registre minier en ce qui concerne les droits
réels d'exploitation des ressources de l'État. Il introduit aussi
le registre des droits réels mobiliers destiné à remplacer
le registre des cessions de biens en stock - C-53, articles 45 et 46 - le
registre des nantissements agricoles ou forestiers et le registre des
nantissements commerciaux du droit actuel - Code civil du Bas Canada, article
2161, paragraphes 4 et 5 - ainsi que le registre des droits personnels
destiné à remplacer l'actuel index des noms - Code civil du Bas
Canada, article 2161, paragraphe 1 - en ce qui concerne ces droits.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Chapleau. Je remarque qu'il y a aussi ici, par
exception, un texte d'introduction à la section I qui traite des
dispositions générales. Alors, permettez-moi de vous lire ce
court texte.
Dispositions générales
La section première du chapitre premier du titre troisième
traite de la localisation des registres et du fichier des adresses, du livre
où se fait la publicité selon qu'il s'agit d'un droit réel
mobilier, d'un droit personnel ou d'un droit qui concerne un immeuble et du
caractère public des registres, des documents que conservent les bureaux
de la publicité des droits et des bordereaux de présentation des
réquisitions d'inscription.
Alors, permettez-moi d'appeler maintenant les articles contenus à
cette section I qui traite des dispositions générales, soit les
articles 2954, 2955 et 2956.
M. Kehoe: M. le Président, on demande que l'article 2955
soit suspendu et on a deux amendements. L'amendement à l'article 2954.
L'article 2954 est modifié: 1° par la suppression, dans le premier
alinéa, des mots "ainsi que le fichier des adresses qui s'y rapporte,";
28 par le remplacement, dans le même alinéa, des mots
"règles d'application" par les mots "règlements pris en
application"; 3° par la suppression, dans le deuxième alinéa,
après les mots "est tenu, pour", du mot "tout"; 4° par le
remplacement, dans le même alinéa, des mots "réels
mobiliers, le fichier des adresses qui s'y rapporte, ainsi qu'un registre des
droits personnels" par les mots "personnels et réels mobiliers".
La modification prévoit expressément la tenue
réglementaire de registres additionnels et est de concordance avec
l'article 2918 en ce qui concerne la fusion du registre des droits personnels
et du registre des droits réels mobiliers. En ce qui concerne la
suppression du fichier des adresses, la modification est de concordance avec le
chapitre IV du titre troisième, articles 3003 et 3005, dont
l'intitulé et les dispositions sont modifiés. En raison de cet
amendement, l'article 2954se lirait comme suit: "II est tenu, au bureau de la
publicité des droits de chacune des circonscriptions foncières,
un registre foncier, de même que tout autre registre dont la tenue est
prescrite par la loi ou par les règlements pris en application du
présent livre. "En outre, dans le bureau désigné par le
ministre de la Justice, il est tenu, pour le Québec, un registre des
droits personnels et réels mobiliers. "
L'article 2956 est modifié: 1° par le remplacement des mots
"conserves dans" par les mots "conservés par"; 2° par le
remplacement des mots "par les règles d'application" par les mots "par
les règlements pris en application".
Modification rédactionnelle qui, d'une part, tient compte de la
possibilité de tenir les registres et les documents sur un support
informatique ou autre qui ne se trouve pas dans le bureau même de la
publicité des droits et qui, d'autre part, corrige le renvoi au pouvoir
réglementaire. En raison de cet amendement, l'article 2956 se lirait
comme suit: "Les registres et les documents conservés par les bureaux de
la publicité des droits, incluant les bordereaux de présentation,
sont des documents publics; ils peuvent être consultés selon les
modalités prévues par les règlements pris en application
du présent livre."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Chapleau. Est-ce qu'il y aurait des commentaires
touchant ces trois articles, 2954, 2955 et 2956? Oui, Mme la
députée de Hochela-ga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, à 2954, nous en
sommes là où nous en étions au moment où nous avons
pu échanger avec les personnes responsables des différents
registres au ministère. Mais je n'ai pas souvenance, là, si nous
avions pu obtenir plus de précisions sur le fonctionnement du registre
des droits réels mobiliers. Faut-il comprendre qu'il s'agirait aussi
d'un seul registre?
M. Kehoe: Oui, il s'agit seulement d'un registre, un seul
registre.
Mme Harel: Et où le ministre entend-il localiser ce
registre? (17 h 15)
M. Kehoe: Le ministre s'en vient immédiatement.
Mme Harel: Disons qu'on pourrait suspendre, avec un petit "s"
peut-être, 2954.
M. Kehoe: Peut-être qu'on peut suspendre cet
article-là parce que le ministre s'en vient, il sera ici dans quelques
secondes. Il avait juste un téléphone à faire et il
revient immédiatement.
Le Président (M. Lafrance): Ou s'il y avait une personne
qui aimerait répondre, peut-être parmi les experts qui sont ici
présents.
Mme Harel: Non, mais je vois que Me Suzanne Potvin-Plamondon est
là.
M. Kehoe: C'est juste une seconde.
Le Président (M. Lafrance): C'est ça. Je vois Me
Plamondon.
M. Kehoe: M. le Président, il s'agit d'une politique du
ministre. J'aimerais mieux que le ministre lui-même réponde
à ça, et il s'en vient dans quelques instants. Peut-être
qu'on peut suspendre, avec un petit "s", pour quelques minutes l'article
2954.
Le Président (M. Lafrance): Avez-vous des commentaires
touchant les autres articles? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Il s'agit de
l'article 2956, pour ce qui a trait à la première modification
qui est apportée. Si on considère le texte tel qu'il se
présentait avant l'amendement et qu'on le regarde maintenant, est-ce
qu'il n'apparaît pas évident qu'à l'avenir, et compte tenu
du fait que la publicité des droits et résultant de la
publication du sommaire en garantit l'existence, il ne sera plus
nécessaire de conserver, contrairement à ce qu'un article annonce
plus loin, les différents documents ayant trait aux droits qui sont
publiés? On dit que les registres et les documents sont conservés
par les bureaux et non pas dans les bureaux, ce qui indique, semble-t-il, que
le gouvernement a l'intention de ne pas - ce qui paraît logique -
conserver les documents qui font l'objet d'un sommaire quant aux droits
concernés.
M. Kehoe: M. le Président, il s'agit d'un sujet qui a
été discuté entre les experts des deux côtés.
Mme McMurray serait en mesure de répondre, mais j'aimerais autant que le
ministre soit présent, parce qu'il s'agit d'un peu plus qu'une
décision ou qu'une réponse d'un fonctionnaire. Le ministre est
à la veille de rentrer, comme je vous l'ai mentionné, n'est-ce
pas Mme Pelletier? On peut continuer et passer à l'autre section
entre-temps, Mme la députée.
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve, concernant, donc, votre question touchant 2954.
Mme Harel: Alors, M. le Président, il s'agit plus de
savoir quelles sont les intentions ministérielles à
l'égard du registre des droits personnels et réels mobiliers.
Nous avons eu l'occasion de discuter assez longuement de la localisation et de
l'accessibilité du registre d'état civil lorsque Mme la
députée de Chicoutimi est venue parmi nous. Mais nous n'avons pas
pu, je pense, vérifier ce qu'allait être l'implantation du
registre des droits personnels et réels mobiliers en matière
d'accessibilité. Comment le ministre entend-il agir? Ici, il est dit
qu'il y aurait un registre foncier dans chacune des circonscriptions
foncières, au premier alinéa, et, au second alinéa, on
parle d'un seul registre des droits personnels et réels mobiliers.
Est-ce qu'il serait localisé à Montréal ou à
Québec? Première question. La deuxième: Quelles sont les
garanties qu'il y aurait des terminaux pour en permettre
l'accessibilité? À quelle date? Est-ce que ça sera au
moment même ou le nouveau droit sera mis en vigueur? J'aimerais qu'il
nous fasse un portrait de ce registre des droits personnels et réels
mobiliers en termes d'implantation?
M. Rémillard: Oui, M. le Président, peut-être
que je pourrais demander à Mme Potvin-Plamondon de venir nous donner
plus d'explications. On sait que Mme Potvin-Plamondon est celle qui dirige
cette réforme des droits réels mobiliers, en fonction, donc, de
ce registre réorganisé qui va nous permettre une plus grande
accessibilité et une plus grande sûreté aussi du service
rendu. Il doit y avoir un centre des données qui sera situé
encore, à ma connaissance - nous n'avons pas pris la décision
exactement à quel endroit - à Québec ou à
Montréal, un des deux endroits, mais qui sera aussi desservi par un
réseau comprenant un ensemble de points de chute un peu partout dans
tout le territoire québécois. En fait, les bureaux
d'enregistrement seront les endroits par où transiteront les
données d'un côté comme de l'autre. C'est dans ce
contexte-là que je vais demander à Mme Potvin-Plamondon de
compléter mes commentaires, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
Me Suzanne Potvin-Plamondon, de la Direction générale de
l'enregistrement.
Mme Potvin-Plamondon (Suzanne): Alors, pour vous expliquer ou
pour vous donner une meilleure compréhension du registre, d'abord, il
est bien établi dans la loi que c'est un registre central. Donc, il n'y
a pas plusieurs registres mobiliers, il y a un seul registre, comme on
connaît actuellement pour l'administration de la loi sur les cessions de
biens en stock. Bien que l'accessibilité soit
décentralisée dans plusieurs bureaux d'enregistrement, 20...
Mme Harel: II y en a combien?
Mme Potvin-Plamondon: ...20 actuellement, il n'existe qu'un seul
registre dont le registrateur de Montréal est responsable. Maintenant,
ce qui a été envisagé ici, avec le registre des droits
personnels et réels mobiliers, pour mettre fin, comme je l'ai dit la
semaine dernière, à toute l'instabilité juridique qui
existe, finalement, un peu due au fait que l'enregistrement est
éparpillé dans l'ensemble des divisions territoriales actuelles,
ce qui crée des problèmes pour répertorier, pour
connaître, finalement, pour un bien, l'ensemble des garanties qui peuvent
l'affecter, il a été décidé, au niveau du projet de
loi 125, d'avoir un registre central qui serait administré par un bureau
central. Mais, évidemment, la centralisation de l'information, du
traitement de l'information implique une décentralisation de la
consultation, parce que c'est un registre, finalement, que tout le monde va
avoir besoin de consulter. Alors, comme je le disais la semaine
dernière, on va utiliser nécessairement le réseau des
bureaux d'enregistrement pour offrir à la clientèle la
consultation qui sera nécessaire. Et, aussi, les bureaux
régionaux agiront comme agents transmetteurs de l'information par
différents moyens dont, possiblement, le télécopieur comme
agent de courrier. On pourrait déposer les avis dans les bureaux locaux
et il y aurait une cueillette quotidienne du courrier.
Mme Harel: Les bureaux régionaux correspondent à
quoi? Aux 20 bureaux d'enregistrement ou à autre chose, là?
Mme Potvin-Plamondon: Actuellement, au niveau de la cession de
biens en stock - ce n'est pas tout à fait pareil, mais pour vous
expliquer - il y a une saisie de données qui se fait dans les bureaux
informatisés, en vertu de cette loi. D accord?
Mme Harel: Quand vous parlez de bureaux régionaux, de quoi
parlez-vous? C'est ça que je veux savoir.
Mme Potvin-Plamondon: Les bureaux d'enregistrement locaux sur le
territoire.
Mme Harel: Tantôt vous avez parié de locaux, vous
avez parlé de régionaux.
Mme Potvin-Plamondon: C'est la même chose.
Mme Harel: C'est la même chose. D'accord.
Mme Potvin-Plamondon: Je me suis mal exprimée, je m'en
excuse.
Mme Harel: Très bien, ce n'est pas grave. Alors, les
bureaux locaux, vous voulez parler des bureaux d'enregistrement?
Mme Potvin-Plamondon: C'est ça. Mme Harel: II y en
a 73, c'est bien le cas? Mme Potvin-Plamondon: Oui.
Mme Harel: Actuellement, il y en a une vingtaine qui sont
informatisés.
Mme Potvin-Plamondon: Pour la loi sur les cessions de biens en
stock seulement.
Mme Harel: Et le projet, c'est d'en infor matiser 73?
Mme Potvin-Plamondon: Pour le registre des droits personnels et
réels mobiliers, non. Le projet, c'est d'en informatiser un. Il y aura
un seul bureau des droits personnels et réels mobiliers. Un seul bureau
pour la province.
Mme Harel: Alors, un seul registre central?
M. Rémillard: Un seul central, et pour la
consultation.
Mme Harel: Mais pour la consultation?
Mme Potvin-Plamondon: Ah! Pour la consultation, bien oui,
ça, c'est certain qu'ils vont tous être équipés de
terminaux.
Mme Harel: Bon. Peut-être M. le ministre peut-il... Je suis
très contente, vous savez, Mme Potvin-Plamondon, de vous l'entendre
dire, mais moi, mes collègues me posent des questions. Vous savez, il y
a le député de Lévis qui me demande: Ils vont être
où, les registres? Hein? Alors, moi, je ne peux pas lui dire que la
décision n'est pas prise encore, parce qu'il va me dire: Si elle n'est
pas prise, comment tu as fait pour voter pour ça? Il ne demande pas que
ce soit à Lévis, mais vous comprenez qu'il demande que ce ne soit
pas loin de... Ha, ha, ha!
Si j'ai bien compris, le registre d'état civil - je veux juste
vérifier; je sais que ce n'est pas vous qui en êtes responsable -
lui, sera localisé, vous m'avez dit, à Québec ou à
Montréal?
M. Rémillard: Québec et Montréal, aux deux
endroits.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'il y a un registre, hein?
M. Rémillard: Un registre, mais il y a... Mme Harel:
Alors, lui, il est où?
M. Rémillard: ...deux centrales- Alors celui-ci...
Mme Harel: Non. Le registre d'état civil, il y en a un
surtout en quelque part et l'autre, c'est plutôt un terminal, hein?
M. Rémillard: Non, non, non.
Mme Harel: II ne peut pas y avoir deux registres.
M. Rémillard: Non. Il y a...
Mme Harel: II y a un point...
M. Rémillard: II y a deux banques et puis...
Mme Harel: Est-ce qu'il y a deux banques? Je pense qu'il y en a
une seule, M. le ministre.
M. Rémillard: Elles sont entrées aux deux endroits,
et à Québec et à Montréal. Attendez. Je pense que
je vais demander à M. Ménard ou à quelqu'un d'autre.
Alors, on me dit qu'il y a deux banques, une à Québec et une
à Montréal, pour l'état civil. Le traitement des
données se fait aussi à Québec et à
Montréal, et il y a des terminaux en fonction dans les palais de
justice.
Mme Harel: Mais est-ce qu'il y a un registre central pour
l'état civil?
M. Rémillard: Pardon?
Mme Harel: Est-ce qu'il y a un seul registre central?
M. Rémillard: II y a un registre. Mme Harel:
Où est-il?
M. Rémillard: Je m'excuse, M. le Président, mais je
ne suis pas un spécialiste de l'ordinateur.
Mme Harel: C'est tout à fait raisonnable.
M. Rémillard: Mais je voudrais qu'on puisse... On va
demander à quelqu'un de venir nous expliquer ça.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que M. Ménard
veut venir?
M. Rémillard: M. le Président, voici. Pour qu'on
puisse donner toutes les informations, j'aimerais pouvoir demander à
cette commission de patienter jusqu'à demain, où je ferai venir
la personne vraiment compétente pour donner la situation concernant les
registres d'état civil.
Le Président (M. Lafrance): C'est bien, M. le
ministre.
Mme Harel: Très bien. M. le ministre comprend toute la
préoccupation qu'a exprimée ici Mme la députée de
Chicoutimi. Elle l'a exprimée aussi à mes collègues, et
ils se préoccupent également de toute cette question. Alors,
j'aurai, avec raison, légitimement, à répondre à
leurs questions. Je reviendrai sur cette question du registre d'état
civil. Mais, pour le registre des droits personnels et réels
immobiliers...
M. Rémillard: Me permettez-vous, sur ce que vous venez de
dire, de dire que c'est la même préoccupation de notre
côté? Moi aussi, des députés me demandent ce qui va
arriver. Je les rassure en leur disant qu'il y aura une plus grande
accessibilité, tel qu'on nous l'a expliqué et tel qu'on va le
compléter, M. le Président, par les informations qui nous
arriveront, donc, demain sur ce point.
Mme Harel: Là, vous m'aideriez beaucoup, par exemple, si
vous me confirmiez que les bureaux d'enregistrement qui sont, je crois, au
nombre de 73 présentement, vont rester accessibles.
M. Rémillard: On pourra avoir ces informations-là
encore demain, M. le Président, mais je peux dire que c'est toujours
pour moi... Mon principe, c'est d'assurer la plus grande accessibilité
avec les moyens que nous avons. (17 h 30)
Mme Harel: C'est ça. C'est le deuxième membre de
phrase qui m'embarrasse parce que, jusqu'à maintenant, il y a eu 20
bureaux qui ont été informatisés pour l'application de la
loi de la cession de biens en stock. Tantôt, vous me disiez qu'il
n'était pas nécessairement projeté d'informatiser les 73
bureaux d'enregistrement. Non? À moins que vous me disiez. Qu'est-ce que
c'est le projet, finalement.
M. Rémillard: Pouvez-vous répondre?
Le Président (M. Lafrance): Me Potvin-Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: Alors, quand je disais que la consultation
devait être décentralisée, il est certain que les bureaux
d'enregistrement seront équipés de terminaux informatiques pour
permettre cette consultation.
Mme Harel: Quand vous dites les bureaux d'enregistrement, vous
voulez me dire les 73 bureaux d'enregistrement?
Mme Potvin-Plamondon: Les bureaux d'enregistrement actuels...
Mme Harel: Les 73?
Mme Potvin-Plamondon: ...dans les divisions territoriales, telles
qu'on les connaît. Bon je ne peux pas parler pour dans cinq ans. Est-ce
qu'il
y en aura 73? Est-ce qu'il y en aura 125? Je ne le sais pas
actuellement.
Mme Harel: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: Évidemment, il y a certaines lois
qui seront revues.
Mme Harel: Disons qu'il y en a 73, là, vous savez.
Mme Potvin-Plamondon: Oui.
Mme Harel: On n'en demande pas plus, mais on n'en veut pas moins.
Alors, est-ce que le projet d'implantation consiste à équiper les
73 bureaux, oui ou non?
Mme Potvin-Plamondon: Oui.
Mme Harel: D'accord. Alors, dans ces bureaux, il y aura donc des
terminaux. Ça correspond aux bureaux où il y a, de toute
façon, un registre foncier.
Mme Potvin-Plamondon: C'est ça.
Mme Harel: II va falloir... De toute façon, ça va
être des registres régionaux parce que les immeubles,
évidemment, n'ont pas les mêmes problèmes que les biens
meubles. C'est ça qu'il faut comprendre. Les registres fonciers... Il
n'y a pas juste un registre central foncier.
Mme Potvin-Plamondon: Non. Le registre foncier est réparti
par divisions territoriales. À chaque division d'enregistrement
correspond une série de livres fonciers selon la nomenclature
cadastrale. C'est inscrit au projet de loi 125.
Mme Harel: Alors, ce qui compte, c'est que les bureaux puissent
communiquer entre eux. Ça, en ce qui concerne le registre foncier, c'est
que, de Joliette, on puisse aller chercher l'information à
Baie-Comeau.
Mme Potvin-Plamondon: Là, vous ne me questionnez plus sur
mon registre.
Mme Harel: Non, c'est vrai. C'est un autre registre. Vous avez
raison.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Potvin-Plamondon: C'est pas moi qui suis...
Mme Harel: Ah oui! c'est vrai. Vous avez raison. C'est Mme
McMurray. Oui, c'est ça. On y reviendra, si vous me permettez, M. le
ministre, parce que c'est l'application du premier alinéa de 2954.
Est-ce qu'à 2954, au premier alinéa, où il est
prévu un registre foncier dans chaque bureau, plutôt dans chacune
des circonscriptions foncières, dans chaque bureau de chacune des
circonscriptions foncières, est-ce que ce registre foncier - on y
reviendra peut-être tantôt... Comment l'information pourra
être obtenue à ce moment-là d'un bureau de circonscription
foncière à un autre? Quel est le mode de communication qui est
prévu?
Mais restons-en au registre des droits personnels et des droits
réels mobiliers. Alors, quant à la localisation de ce registre
central, est-ce que je comprends qu'actuellement le registrateur est
localisé à Montréal et que la décision... M. le
ministre, quand avez-vous l'intention de prendre la décision quant
à la localisation du registre central?
M. Rémillard: Incessamment, en fonction de quand j'aurai
toutes les données. On me dit qu'il manquait encore des
éléments d'information. Il demeure qu'il y a une banque de
données, mais il y a deux centres de traitement, plus ensuite des points
de service. Alors, c'est en fonction de ça qu'on aura à prendre
une décision.
Mme Harel: Ah oui! Une banque de données, deux centres de
traitement en ce qui concerne le registre d'état civil.
M. Rémillard: C'est bien ça. oui.
Mme Harel: En ce qui concerne le registre des droits
réels? Ça, c'est pour le registre d'état civil. Mais en ce
qui concerne le registre des droits personnels et réels mobiliers, il y
a juste une banque de données?
M. Rémillard: Une banque de données aussi.
Mme Harel: Une seule. C'est là où les nouveaux
emplois vont être créés. Parce que vous prévoyez
quand même un certain nombre de nouveaux emplois liés au registre.
Si je ne me trompe pas, vous en prévoyez bien certainement 200 et plus,
si ça n'est pas plus.
M. Rémillard: 296 emplois.
Mme Harel: 296 emplois au total. Alors, je comprends pourquoi mes
collègues s'intéressent beaucoup à cette question. Je
devrais m'y intéresser aussi, étant donné la situation
à Montréal.
M. Rémillard: Oui, c'est ça. C'est un
estimé, 296 emplois.
Mme Harel: Nouveaux emplois. Est-ce que c'est une question...
Vous avez laissé entendre que c'était relié à des
problèmes techniques, la prise de décision ou le choix...
M. Rémillard: Non, à des considérations
techniques.
Mme Harel: De quel ordre?
M. Rémillard: Je vous avoue qu'il faudrait que je me
replonge dans ce dossier-là. Il faudrait que je revoie ça.
Mme Harel: II n'y a pas de considérations politiques?
M. Rémillard: De considérations politiques? Non.
C'est Québec et Montréal qui sont impliquées. Je peux vous
dire tout de suite... Vous pouvez répondre au député qu'il
ne sera pas à Lévis. Vous avez parfaitement raison. Il ne sera
pas à Joliette non plus. Pour des raisons strictement
d'efficacité, ça va être dans l'une des deux villes. Il
reste différentes données à prendre en
considération. C'est ça que j'ai à évaluer. Je vous
avoue qu'il faudrait que je revoie...
Le Président (M. Lafrance): Comme ça, il n'y a
aucune possibilité pour Iberville non plus, nest-ce pas?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Écoutez, ça pourrait être comme
à Shawinigan en ce qui concerne l'impôt. Ça pourrait
être à Iberville, ça pourrait être à Groulx,
ça pourrait être n'importe où; c'est
informatisé.
M. Rémillard: Alors, je vois que Mme la
députée a le coeur grand. Elle pense à ses
collègues. Son comté de Hochelaga-Maisonneuve... elle est
prête quand même à penser aussi à l'ensemble des
comtés du Québec.
Mme Harel: Je l'ai mis au conditionnel. M. Rémillard:
Je l'en félicite.
Mme Harel: Non, mais, M. le ministre, plus sérieusement,
à ce moment-ci de nos travaux - justement, au début, à
l'ouverture, vous faisiez état de l'importance de prendre des
décisions rapidement - je ne comprends pas que, compte tenu de tout ce
qui est déjà en place, la décision n'ait pas encore
été prise, à moins que...
M. Rémillard: Ce n'est pas une question qui... C'est une
décision que nous allons prendre dans les prochaines semaines, mais
ça ne touche absolument pas la mise en place du réseau.
Présentement, le réseau se met en place tel que prévu,
sans problème.
Mme Harel: Nulle part, dans la loi, il n'est prévu une
réglementation en matière d'accessibilité. On ne parle
pas... C'est une question de bonne foi, en fait, de bonne foi. Même la
bonne foi, par exemple, on peut aussi invoquer à un moment donné
des contraintes qui, dans toute bonne foi, nous amènent à changer
de façon de voir. On n'a aucune garantie que les bureaux
d'enregistrement actuellement connus seront desservis par des terminaux. C'est
l'intention.
M. Rémillard: Si ce n'est l'intention... Mme Harel:
Si ce n'est l'intention.
M. Rémillard: ...gouvernementale de pouvoir offrir le
service dans tous les bureaux d'enregistrement.
Mme Harel: Combien de temps ça va prendre pour
équiper tous les bureaux? Il n'y en a que 20 au niveau de la cession des
stocks. Ça reste surprenant qu'il n'y en ait eu que 20, à moins
que ce soit là où les activités se soient
concentrées, dans les capitales régionales, j'imagine? Quel est
le calendrier d'implantation de ces terminaux?
Le Président (M. Lafrance): Me Potvin-Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: L'implantation est prévue pour
l'automne 1993. Donc, tous les bureaux devraient être
équipés, formés et l'équipement devrait être
disponible pour l'automne 1993. On ne conçoit pas opérer un tel
registre, avec les effets prévus au niveau du projet de loi 125, sans
que la consultation soit accessible. Ce serait nier, finalement, l'objet
même du registre.
Mme Harel: Alors, à l'automne 1993, vous nous dites que
les bureaux d'enregistrement - j'y reviens, j'ai peut-être l'air
fatigante, mais je ne voudrais pas qu'il y ait d'omission dans ma pensée
ni dans celle du ministre - si je comprends bien, à l'automne 1993, il y
en aurait 73 qui seraient, à ce moment-là,
informatisés.
Mme Potvin-Plamondon: Les bureaux d'enregistrement existants
seront informatisés pour donner l'accessibilité voulue.
Mme Harel: C'est ce que le ministre pense également. Je
voudrais que ça vienne de lui.
M. Rémillard: Écoutez, notre objectif, c'est que,
dans tous les bureaux d'enregistrement, on puisse avoir des terminaux pour
offrir le service. C'est ça qui est l'objectif. Les 20 qui sont
déjà couverts, c'est en fonction, donc, d'une action dans une
première étape régionale. C'est ça, Mme
Potvin-Plamondon?
Mme Potvin-Plamondon: Les 20 qui sont actuellement
informatisés, c'est en vertu de la
loi des cessions de biens en stock qui sera abolie avec
l'hypothèque mobilière. Donc, on va recommencer a neuf. Ce
réseau va disparaître complètement et on va recommencer
à neuf avec un nouveau réseau où tous les bureaux
d'enregistrement existants seront informatisés pour donner accès,
en consultation, au registre des droits personnels et réels
mobiliers.
Mme Harel: Quand m'avez-vous dit que vous auriez de l'information
sur ces considérations techniques qui vous amèneront à
choisir l'une ou l'autre des localités pour la tenue du registre
central?
M. Rémillard: On m'a dit dans les prochaines semaines.
Mme Harel: Non, mais les considérations techniques,
elles?
M. Rémillard: C'est ça. C'est parce que c'est par
des consultations. Je pense qu'il y a des consultants qui sont dans ce dossier
ou quelque chose comme ça. Alors, dans les prochaines semaines. Je vais
vérifier tout ça tout à l'heure.
Mme Harel: Je me sentirais beaucoup plus à l'aise à
2954 si on le laissait en suspens, le temps qu'on puisse avoir un peu plus
d'informations sur ces considérations techniques qui vont amener le
ministère à opter pour l'une ou l'autre des localités,
finalement.
M. Rémillard: Et ce serait quoi vos... Quelles seraient
les questions auxquelles vous aimeriez avoir réponse? Je vais tout de
suite les identifier, comme ça je vais voir.
Mme Harel: Vous voyez, là, quant à
l'informatisation de 73 bureaux d'enregistrement, je crois comprendre que votre
réponse est oui.
M. Rémillard: C'est ça. En fait, notre objectif,
c'est d'informatiser les bureaux d'enregistrement. C'est ça qui est
notre objectif.
Mme Harel: Les 73.
M. Rémillard: Que le service soit offert en région,
dans toutes les régions et en fonction des bureaux d'enregistrement.
Mme Harel: Puis, ma deuxième question, c'est la tenue du
registre central. Dans quelle ville est-ce que cela se fera? Vous me dites
qu'il y a des considérations techniques...
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: ...qui vont vous amener à opter à un
moment donné...
M. Rémillard: Soit Québec ou Montréal.
Mme Harel: Oui. Pour l'une ou l'autre de ces deux villes.
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: Moi, je veux juste savoir en vertu de quelles
considérations techniques vous allez faire votre choix.
M. Rémillard: Attendez. On en a parlé un peu tout
à l'heure. Mme Potvin-Plamondon va expliquer les critères qui
sont étudiés pour qu on puisse prendre la décision.
Le Président (M. Lafrance): Me Potvin-Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: Alors, dans le cadre de notre projet, nous
sommes à effectuer actuellement une étude sur quel serait le
meilleur site pour la localisation du registre central et les principales
considérations dont on tiendra compte sont, évidemment, la
densité de la population que la ville est appelée à
desservir, ainsi que la proximité des clients et, nécessairement,
la question de coûts en arrière, parce qu'il y a toujours une
question de coûts. C'est relié à un choix quant à
l'informatisation. (17 h 45)
M. Rémillard: Or, M. le Président, compte tenu de
ces facteurs-là, il est évident qu'il y a des grandes chances que
ce soit Montréal Ce n'est pas encore décidé, là,
mais il y a de très grandes chances. Je pense que je peux dire
ça. Mme Potvin-Plamondon?
Mme Potvin-Plamondon: Oui
M. Rémillard: II y a des grandes chances que ce soit
Montréal, sans que la décision soit encore prise d'une
façon finale.
Une voix: Avec tous les emplois promis. Mme Harel:
Oui.
M. Rémillard: Je peux dire, M. le Président, que,
de fait, il y a des possibilités que ce soit Montréal.
Mme Harel: Oui. Est-ce qu'il y aurait d'autres questions?
Le Président (M. Lafrance): II y a Me Frenette aussi qui
avait posé une question, je pense, sur ces articles.
M. Frenette: Merci, M. le Président, pas sur 2954.
Le Président (M. Lafrance): C était sur
l'autre, 2956?
Mme Harel: Oui. Excusez-moi. Vous m'avez bien dit, la semaine
dernière, que l'informatisation, donc à la fois la confection du
registre central et l'informatisation des bureaux d'enregistrement avec les
terminaux, ça s'autofinance. C'est ça que vous m'avez dit? Est-ce
que j'ai bien compris?
M. Rémillard: Mme Potvin-Plamondon, oui, pouvez-vous
répondre?
Le Président (M. Lafrance): Me Potvin-Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: Quand vous parlez de l'informatisation des
bureaux d'enregistrement, il faut distinguer. Je ne sais pas ce que vous
entendez exactement quand vous dites "informatisation". Quand on dit: On va
informatiser les bureaux locaux pour la consultation, c'est-à-dire qu'on
va mettre à la disposition de la clientèle des écrans de
consultation. C'est une facette de l'informatisation, si vous voulez. On va
être reliés en réseau. Mais il y a aussi l'informatisation
au niveau du registre foncier, dont vous parlerez sûrement tout à
l'heure avec ma collègue.
Mme Harel: Non seulement pour consulter, mais pour inscrire.
Mme Potvin-Plamondon: Pour inscrire au niveau du registre
foncier. Mais ça, c'est différent, ce n'est pas la même
chose.
Mme Harel: Et pour inscrire au niveau du registre, comment se
fera l'inscription au registre des droits personnels et réels
mobiliers?
Mme Potvin-Plamondon: Centralement à Montréal, si
c'est le site qui est choisi.
Mme Harel: Vous voulez dire centralement, mais... C'est par le
terminal qu'on va pouvoir faire l'inscription?
Mme Potvin-Plamondon: Les bureaux locaux vont servir d'agents
transmetteurs des avis, des réquisitions d'inscription, mais le
traitement va se faire à Montréal. Il n'y aura pas de saisie
manuelle.
Mme Harel: Dans un bureau local. Mme Potvin-Plamondon:
Non.
M. Rémillard: Attention, M. le Président. Je dis
toujours que la décision n'est pas encore prise quant à
Montréal. Ça se peut que ça soit aussi à
Québec. Je veux avoir toutes les données, toutes les
informations, là, avant. Je dis qu'il y a des probabilités, qu'il
y a des possibilités, disons, que ce soit à Montréal.
Mme Harel: On dit ici, dans le document que vous avez
préparé aux fins de la consultation: La publicité se fera
par une réquisition d'inscription qui prendra la forme d'un avis. Sur
réception de cette réquisition, l'officier émettra un
bordereau de présentation établissant la preuve de
présentation à une date, heure, minute précises. Alors,
cette réquisiton d'inscription qui va prendre la forme d'un avis se fera
au bureau local?
Mme Potvin-Plamondon: La réquisition d'inscription peut
être déposée au bureau local et transmise via ce bureau au
bureau central.
Mme Harel: Oui. Alors, écoutez, M. le Président, je
vous laisse poursuivre sur le financement. Vous me disiez tantôt qu'il
fallait distinguer la forme d'informatisation. Finalement, quelle qu'en soit la
forme, qui va payer?
Mme Potvin-Plamondon: II y a un objectif d'autofinancement, c'est
certain, pour tous les registres.
M. Rémillard: II y a le fonds qui est là. Ce fonds
est alimenté par les coûts d'enregistrement, d'inscription et qui
vont demeurer comme ils ont été ajustés au mois d'octobre
dernier. Par ce fonds, on peut autofinancer, donc, ce registre.
Voilà.
Mme Harel: Donc, M. le Président, compte tenu des
réserves que le ministre a encore énoncées, moi, je crois
qu'on peut suspendre, qu'on doit susprendre l'article 2954.
M. Rémillard: Mais quelles réserves?
Mme Harel: À l'effet qu'il se réserve encore sa
marge de manoeuvre pour décider que ça pourrait ne pas être
Montréal, etc. Alors, il n'y a pas d'intérêt aujourd'hui
à précipiter les choses, là. On en est à 285
articles suspendus.
M. Rémillard: Ou pourra y revenir. C'est parce qu'on
suspend un article, M. le Président, simplement, je veux bien savoir
pourquoi on suspend. Et la seule question que je vous dis qu'il reste à
décider, c'est que c'est à Québec ou à
Montréal. Je dis qu'il y a de grandes possibilités que ce soit
à Montréal. Si je ne confirme pas, c'est tout simplement parce
que j'aime bien avoir toutes les données devant moi et que j'ai ma
recommandation par mes gens qui travaillent avec moi et qui me disent: Voici,
nous recommandons, nous référant aux critères que Mme
Potvin-Plamondon a mentionnés tout à l'heure: densité de
population, les coûts, l'efficacité du système, la
proximité des clientèles...
en fonction, donc, de ces critères-là, qu'on puisse en
arriver à dire: Bien voici, on vous recommande, M. le ministre, tel
endroit.
Je n'ai pas reçu cette recommandation claire, nette et
précise Cependant, a ce qu'on m'a dit, de par les études qui se
poursuivent et qu'on peut maintenant analyser quand même dans un certain
impact, on peut dire qu'il y a de grandes possibilités que ce soit
à Montréal. Alors, tout simplement, ce que je me permets de dire,
M. le Président, c'est très bien de suspendre un article, mais
pourquoi suspendrions-nous un article simplement parce que je dis que la banque
centrale pourrait être à Québec ou à
Montréal, avec de fortes probabilités qu'elle soit à
Montréal?
C'est simplement ma conclusion. On peut toujours revenir sur un article,
M. le Président. Il n'y a aucun problème là-dessus. C'est
parce que, quand on suspend, on suspend, on suspend, on va avoir plusieurs
articles de suspendus. Si on peut répondre à cette question,
pourquoi ne pas y répondre tout de suite et procéder à un
autre article?
Mme Harel: Au premier alinéa de l'article 2954, on
prévoit donc un registre foncier dans chaque bureau des circonscriptions
foncières. Alors, la question reste posée, là. Ce n'est
pas vous qui pouvez y répondre, mais je souhaiterais qu'elle puisse
être répondue peut-être maintenant: Comment les bureaux
pourront ils communiquer entre eux?
M. Rémillard: Alors, je vais demander, M. le
Président, à Mme McMurray de venir répondre à cette
question.
Mme Harel: Merci. Je voudrais en profiter pour remercier Me
Potvin-Plamondon.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Carole McMurray, de
la Direction générale de l'enregistrement.
Mme McMurray (Carole): M. le Président, alors, en vertu de
l'article 2954, il sera tenu un registre foncier dans chaque circonscription
foncière au Québec et la publicité se fera en vertu de
l'article 2955. La publicité des droits qui concernent un immeuble se
fait au registre foncier du bureau de la publicité des droits dans le
ressort duquel est situé l'immeuble, de sorte que le registre foncier
sera tenu, dans chacune des circonscriptions foncières, au moyen d'un
outil informatique.
Mme Harel: Et si on veut communiquer, là, de Laval
à Québec, par exemple?
Mme McMurray: Alors, le mandat de l'équipe de projet sous
ma direction est d'implanter la réforme de la publicité
foncière dans les 73 divisions d'enregistrement et d'implanter l'outil
informatique dans les 73 divisions. Alors, évidemment, la tenue du
registre foncier se fait par division. Par ailleurs, l'objectif est d'assurer
une communication informatique entre les divisions d'enregistrement pour la
consultation
Mme Harel: Cet objectif, vous pensez pouvoir l'atteindre?
Mme McMurray: Certainement.
Mme Harel: Dès le départ, dès la mise en
vigueur de la loi?
Mme McMurray: Eh bien, la difficulté, le défi
informatique que représente l'implantation du registre foncier se situe
ailleurs que dans l'interaction entre les divisions d'enregistrement Alors,
avec les technologies modernes qu'on connaît, je pense que c'est un
objectif réalisable.
Mme Harel: Très bien, excellent, je vous remercie.
M. Rémillard: Merci, madame.
Mme Harel: M. le ministre, je consultais, la. le mémoire
que vous avez soumis au Conseil des ministres concernant la réforme du
Code civil, en date du 15 octobre 1990, puis qui fait état de toutes ces
propositions pour lesquelles vous avez obtenu un appui du Conseil des
ministres. À la page 64 de ce mémoire, au chapitre 2.92
intitulé "Les coûts d'implantation et d'opération", 2.93
plutôt, on disait ceci: "Selon l'évaluation faite de la charge de
travail, on considère que 488 postes seront requis pour assurer la tenue
du registre foncier, soit 100 postes additionnels à ceux actuellement
autorisés, et que 296 postes seront nécessaires au fonctionnement
des registres des droits personnels et réels mobiliers". ce qui confirme
ce que Me Potvin-Plamondon nous disait. Donc, c'est un total de 396 postes, en
fait, pas tout à fait 400, au total. Registres centralisés
à Montréal, dont 293 postes seront nouveaux. C'est ce que vous
écriviez dans ce mémoire en octobre dernier. Vous
précisiez, en octobre dernier, que les registres allaient être
centralisés à Montréal, tant le registre foncier que le
registre des droits personnels et réels mobiliers. Alors...
M. Rémillard: Excusez-moi, est-ce que, dans le registre...
Je n'ai pas copie du mémoire. Est-ce qu'on pariait aussi des registres
fonciers dune façon aussi précise?
Mme Harel: Oui. Voyez, vous donniez même...
M. Rémillard: On disait qu'il serait à
Montréal, le registre foncier?
Mme Harel: Oui, je peux vous en faire tout de suite obtenir
copie, là. 100 postes additionnels à ceux actuellement
autorisés pour un coût de 3 500 000 $, pour ce qui est du registre
foncier; 296 postes, au coût de 10 360 000 $, au fonctionnement des
registres des droits personnels et réels mobiliers, registres
centralisés à Montréal, au pluriel là, hein! Non?
En fait, je lis tel quel le mémoire. Je peux tout de suite vous le faire
parvenir.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: On me dit qu'il y a une nuance, M. le
Président. Je vais demander à Me Longtin de venir expliquer cette
nuance.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me
Longtin.
M. Rémillard: Dans les situations difficiles, Me Longtin
est toujours là, M. le Président, pour nous donner
l'explication.
Mme Longtin: Merci, M. le ministre. M. le Président, je
pense que le dernier bout de phrase, c'est qu'on se réfère aux
registres au pluriel effectivement parce que, dans le projet, on avait
divisé le registre des droits personnels et droits réels
mobiliers en deux registres. Donc, je pense qu'on se référait
strictement à ce qu'on connaîtra maintenant comme registre des
droits personnels et réels mobiliers.
Mme Harel: Très bien, mais ça reste, pour les fins
de ma démonstration à moi, une nuance importante parce que, de
toute façon, on sait bien qu'il n'y en aura pas de centralisés,
mais, pour ce qui est du registre central des droits personnels et réels
mobiliers, dans ce mémoire au Conseil des ministres, vous le
précisiez comme allant être localisé à
Montréal. Alors, je ne comprenais pas pourquoi vous reveniez sur
ça maintenant.
M. Rémillard: Je n'y reviens pas. Je dis qu'il y a de
fortes possibilités, comme on le mentionne dans le mémoire. Mais
ce que je vous dis, c'est que, comme mes gens me disent qu'on va me donner une
étude complète en fonction des critères que j'ai
énumérés tout à l'heure, je me garde la
réserve de dire: Je n'ai pas encore cette étude d'une
façon complète, mais il y a de fortes probabilités que ce
soit à Montréal.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre... Je
suis certaine qu'il comprend qu'il est difficile pour nous de nous engager plus
à fond, à moins, là, c'est une question de bonne foi,
qu'il puisse me confirmer qu'il entendrait mettre à la disposition de
l'Opposition cette étude complète, une fois qu'il l'aura.
M. Rémillard: Bien, écoutez, en fonction des
décisions qu'on aura à prendre, c'est bien sûr qu'on aura
des données, mais je ne peux m'enga-ger à mettre des
études gouvernementales à la disposition. Cependant, ce que je
peux vous dire, c'est que j'ai de la difficulté - je vous avoue
là, ça ne m'arrive pas souvent, mais je dois le dire - à
vous suivre. Je ne sais pas. C'est quoi le problème? Je vous dis
simplement qu'il y a de grandes possibilités que ce soit à
Montréal, mais que, comme ministre, comme je n'ai pas l'étude
finale, et tant qu'on n'a pas une étude finale, je me dis toujours:
Attendons. Mais on me confirme, on me dit que, selon de très grandes
possibilités, c'est à Montréal, de par les critères
qu'on est en train d'élaborer. Mais l'étude, je ne l'ai pas
encore devant moi. Écoutez, je pense que ce n'est pas une question de
bonne foi, mais que c'est évident qu'on va décider dans les
meilleurs intérêts de l'État, des citoyens, en fonction des
critères que j'ai énumérés. Et de par les
études préliminaires qui nous sont faites, tel qu'il
apparaît d'ailleurs quand on a rédigé ce mémoire au
Conseil des ministres, par les études préliminaires, ce serait
à Montréal. (18 heures)
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, il ne
s'agissait pas d'études préliminaires. Il y a un an, dans un
mémoire que vous déposiez le 15 octobre au Conseil des ministres,
là, vous étiez en mesure de le préciser. Un an plus tard,
vous dites qu'il vous manque des études. Un mémoire au Conseil
des ministres, ce n'est pas des hypothèses, là. C'est une
proposition, une proposition avec des coûts afférents. C'est une
proposition complète que vous avez faite. Vous étiez capable de
la faire il y a un an et là vous semblez attendre quelque chose d'autre,
un an après. C'est moi qui vous demande quel est le problème qui
vous empêche, comme vous le faisiez il y a un an, de préciser tout
ça.
M. Rémillard: C'est tout simplement que j'ai
demandé, et il y en a eu, des consultations, des consultants dans ce
domaine-là. La réponse définitive va m'arriver par l'avis
qu'on va me donner, mais je vous confirme ce qu'il existe dans le
mémoire. Si je voulais aller à rencontre de ce qu'il est
écrit dans le mémoire, il faudrait que je retourne au Conseil des
ministres.
Mme Harel: Je pense, M. le Président, que je vais faire
confiance au ministre parce que, de toute façon, il vaut mieux continuer
comme ça. Il va y avoir la loi d'application. Si jamais on ne
s'entendait pas, après tout ce que vous m'avez dit, on aura toujours
l'occasion d'y revenir dans la réglementation.
M. Rémillard: Bien, il n'y a pas juste vous qui
reviendriez. Il y a un mémoire au Conseil des ministres qui est
là, il y a mes collègues qui sont ici, membres de la commission.
Je vois M. le
député de Chapieau, l'adjoint parlementaire, qui me
surveille aussi, même s'il est adjoint parlementaire, Mme la
députée...
Mme Harel: D'un oeil très bienveillant.
M. Rémillard: de Groulx, qui est là et qui ne me
laisserait pas aller comme ça, M. le Président. Elle surveille
aussi ce que je fais. Elle m'a à l'oeil, hein? Alors, je peux vous dire,
M. le Président, que...
Mme Harel: Je sais que vous êtes un député...
En fait, vous êtes un député de Québec, vous, M. le
ministre?
M. Rémillard: Je suis un député de
Québec, du beau comté de Jean-Talon, qui est le plus beau des
comtés, M. le Président. Nous sommes dans le comté de
Jean-Talon présentement.
Le Président (M. Lafrance): II y a toujours
possibilité aussi de rouvrir l'article comme on a déjà
fait dans le projet, le projet de loi.
M. Rémillard: Vous allez voir, M. le Président,
qu'il n'y a pas de difficultés à ça.
Le Président (M. Lafrance): Me Frenette, vous avez une
question concernant 2956, je pense, tel qu'amendé.
M. Frenette: Oui, M. le Président, j'avais une question
sur 2956 tel qu'amendé et je vous demanderais de ne pas tenir compte de
ma demande de question. Je la reposerai plutôt en regard de l'article
2989 plus tard.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci. Mme Harel:
M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: J'ai une dernière question, justement,
concernant le financement. Le ministre nous a dit: Toutes choses étant
égales, les tarifs resteront, se maintiendront au niveau de ce qu'ils
sont depuis octobre. C'est bien ça qu'il nous a mentionné?
Étant donné qu'il va y avoir 293 nouveaux postes... En fait,
c'est un total de 100 postes pour le registe foncier et de 296, pour un total
de 396. Mais, comme tel, ce que vous prévoyez, c'est 293 nouveaux postes
avec, j'imagine, des transferts d'autres départements.
Ces 293 nouveaux postes vont nécessiter peut-être environ
10 000 000 $ d'ajout, finalement. Comme vous le mentionniez tantôt,
est-ce qu'il faut comprendre que c'est simplement l'informatisation qui, elle,
est autofinancée par le fonds du registre? Tout ce qui est de l'ordre du
fonctionnement, des opérations, c'est au budget du ministère de
la Justice. Où donc va se prendre cet argent sans que les tarifs soient
augmentés, toutes choses étant égales par ailleurs, avec
200, 300 personnes de plus?
M. Rémillard: On m'informe, M. le Président, que
c'est tout ce qui est finance, qui es; autofinancé, c'est l'ensemble qui
est autofinancé
Mme Harel: L'informatisation et le fonctionnement de tous ces
registres?
M. Rémillard: Je demanderais à Mme la
sous-ministre...
Le Président (M. Lafrance): Oui Mme la sous-ministre.
Mme Morency (Lise): Est-ce que je peux vous demander, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, de répéter votre
question, s il vous plaît?
Mme Harel: Oui, certainement. Le ministre, tantôt, nous
mentionnait qu'il allait y avoir autofinancement et que les tarifs allaient
être maintenus au niveau où ils ont été fixés
en octobre, n'est-ce pas? Alors, il y a actuellement, donc, ce fonds des
registres. Comme il y aura 300, en fait 293 nouvelles personnes exactement
engagées, il y aura donc, de façon récurrente une dizaine
de millions de dollars, évidemment qui devront être indexés
parce que ça ce sont les chiffres de 1990. Alors, au moment où
ces personnes commenceront à l'emploi de ces bureaux, il y aura
là déjà un coût supplémentaire. Est-ce que
tout ça a été prévu? Faut-il croire que les tarifs
vont rester au niveau où ils ont été fixés en
octobre, à moins qu'ils soient simplement indexés? Mais peut-on
écarter des montées brusques de tarification sur la
clientèle?
Mme Morency: Concernant le registre des droits personnels et
réels mobiliers, bien évidemment, le registre n'existant pas
encore, il est certain qu'il y aura un tarif fixant l'utilisation de ce nouveau
registre, sous l'inscription de ces droits-là, et qui devrait aussi
constituer un apport dans le fonds des bureaux d'enregistrement, le fonds du
ministère pour les... Mais, pour le moment, les tarifs qui ont
été fixés sont ceux qui, pour le registre foncier, doivent
prévaloir pour une période encore indéterminée,
bien évidemment, comme le sont les tarifs Les tarifs sont
révisables à certains moments, mais il n'y a pas de...
Mme Harel: Vous voulez dire révisables. On ne parte pas
d'indexation, là.
M. Rémillard: ...d'indexation.
Mme Morency: Non. Ça pourrait être de
l'indexation et ça pourrait être autrement.
Mme Harel: Parce qu'il y aura une centaine de personnes de plus
simplement au niveau du registre foncier. C'est bien ce que vous
prévoyez.
Mme Morency: C'est ce que vous avez lu dans le mémoire et
ce sont encore les projections actuelles.
Mme Harel; Et, pour ce faire, on évalue, dans le
mémoire, à 3 500 000 $ ce personnel supplémentaire.
Mme Morency: Malheureusement, le nom du fonds m'échappe
actuellement, son nom exact, mais peu importe, les règles qui sont
prévues à cette loi qui a été adoptée cette
année, au printemps, prévoient différentes façons
d'alimenter le fonds, notamment des avances eu ministre des Finances qui
peuvent pourvoir aux besoins du fonds. Évidemment, le fonds devra
éventuellement s'autofinancer, tel que c'est prévu dans la loi
adoptée.
Mme Harel: Vous nous aviez précisé la semaine
dernière que les prévisions portaient sur les sept prochaines
années.
M. Rémillard: Bon, alors, je vais demander à M. le
sous-ministre Ménard de venir vous rapporter tous lés
détails, M. le Président. Il est le responsable du dossier.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me
Clément Ménard, sous-ministre associé à
la
Direction générale de l'enregistrement. Me
Ménard.
Mme Harel: Bonjour, Me Ménard. La semaine passée,
ce n'était pas vous mais quelqu'un qui est en responsabilité qui
nous disait que la prévision d'autofinancement de l'informatisation
était basée sur les sept prochaines années. Est-ce qu'il
faut comprendre qu'il y aurait des précisions à nous donner sur
ce délai-là?
M. Ménard (Clément): D'abord, je vais apporter une
correction. Je n'ai pas les vertus du droit; je ne suis pas Me Ménard.
Deuxièmement, les prévisions d'autofinancement sont faites en
regard de plusieurs paramètres et ces paramètres-là
peuvent varier beaucoup. Entre autres, quand on parle d'autofinancement, il
faut tenir compte des grandes variations économiques, des grandes
variations de l'entrée de fonds.
On sait qu'il y a une corrélation assez directe entre la
conjoncture économique, les taux d'intérêt et,
évidemment, ce que rapportent les tarifs. Alors, quand on parle de
prévisions pour sept années, étendues sur sept ans,
évidemment, plus on avancé dans le temps dans la planifica- tion,
plus les marges de manoeuvre sont très grandes. Alors, il est
très difficile d'établir à ce moment-ci des
prévisions. On a fait, dans un premier temps, une révision du
tarif qui permet de cheminer pour une période x.
Mme Harel: De combien? La période x est à
durée déterminée.
M. Ménard: Bien, c'est-à-dire la période
où les tarifs ont été augmentés pour... On ne peut
pas vous dire exactement, à ce moment-ci, quelle sera la durée du
tarif à 42 $. Comme je vous l'ai dit, ça dépend de la
conjoncture économique.
Mme Harel: C'est-à-dire moins il y aura de transactions,
plus il va falloir que les tarifs augmentent.
M. Rémillard: Non, mais il y a différents
services.
M. Ménard: Ça peut être ça. Mais aussi
il faut comprendre que plus les transactions... Il faut penser que le tarif,
à ce moment-ci, est prévu, dans un premier temps, pour mettre en
vigueur le registre foncier et le registre des biens personnels et mobiliers
dans la perspective, éventuellement, que chacun de ces registres
s'autofinance lui-même par les tarifs qui sont prévus pour chacun
des registres. Alors, c'est pour ça qu'il est très difficile,
à ce moment-ci, de prévoir des années d'avance quels
seront les coûts parce que ça va dépendre de comment vont
réagir les citoyens à l'égard de tel registre plutôt
que de tel autre registre.
Mme Harel: Mais la perspective de l'autofinancement...
M. Ménard: Oui.
Mme Harel: ...à quel moment prévoyez-vous que ce
registre s'autofinance?
M. Ménard: Les registres doivent s'autofinancer dans un
très court temps. Chacun des registres doit s'autofinancer. Dès
leur implantation, on prévoit que les tarifs vont supporter les
coûts. Il peut arriver qu'on ait à avoir une avance du
ministère des Finances pour quelques mois, mais normalement, dès
l'entrée en vigueur des registres, ils doivent s'autofinancer
eux-mêmes par les revenus qui...
Le Président (M. Lafrance): Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. M. Ménard,
s'il vous plaît, le registre foncier doit se financer ou s'autofinancer
sur la base des tarifs actuels ou d'un réajustement que vous allez
faire?
M. Ménard: Les tarifs qui ont été...
M. Frenette: Adoptés pour l'automne dernier, à la
fin de l'été.
M. Ménard: ...qui sont entrés en vigueur au mois
d'octobre.
M. Frenette: Oui, oui. Et ça suffirait pour rencontrer
le...
M. Ménard: Oui.
Mme Harel: Les frais d'opération et d'implantation?
M. Ménard: Oui.
Mme Harel: Dans l'année?
M. Ménard: Oui.
Mme Harel: C'est-à-dire que l'implantation, ce ne sont pas
des frais récurrents du même montant, du même ordre?
M. Ménard: Bien, c'est sûr que les frais
d'implantation sont...
Mme Harel: Sont répartis sur...
M. Ménard: II y a une partie des frais d'implantation
cette année qui va être payée par les tarifs.
Évidemment, l'implantation s'étale sur une période x,
alors...
Mme Harel: C'est quoi la période d'implantation?
M. Ménard: Ça, la conception administrative
à laquelle on a fait allusion la semaine dernière va nous donner
plus de précisions, d'une part. D'autre part, ça va
dépendre, évidemment, du moment où la loi sera
définitivement arrêtée. C'est clair que, pour informatiser,
pour faire les devis de systèmes et pour faire l'architecture des
systèmes de façon précise, il faut qu'on ait un droit qui
est arrêté, aussi bien le droit qu'on utilise actuellement que le
droit transitoire. Pour pouvoir déterminer de façon claire et
nette les coûts de système, il faut savoir ce que le
système devra mettre en vigueur et c'est le droit qui va nous le
dire.
Mme Harel: Là, on ne se fixe pas un système en
fonction de la capacité de payer. Là, on va se fixer un
système en fonction, comme vous le dites, de la cohésion de
l'ensemble. On va se fixer un système et, après ça, on va
dire: Payez. Si ça tombe dans une conjoncture économique
très sensible, comme vous te mentionniez tantôt, on va arriver au
dilemme où moins il y aura de transactions, plus ça va
coûter cher d'en faire pour pouvoir justement compenser le fait qu'il y
en ait moins. Puisque si ça s'autofinance, là, il va finir par y
avoir... il peut y avoir un problème, dépendamment de la
conjoncture économique dans laquelle tout ça évolue,
hein?
M. Rémillard: M. le Président, je vais
simplement... On va demander à Me Ménard de compléter. M.
Ménard, dis-je, excusez-moi de vous affubler d'un titre dont vous ne
voulez pas.
M. Ménard: Mais qui m'honore.
M. Rémillard: Je veux simplement dire que nous aurons un
système qui répondra aux besoins. C'est ça. Au
départ, ce sont les besoins qui ont été identifiés
et le système doit répondre aux besoins. Maintenant, je
répète ce que M. Ménard a dit: Nous allons nous
autofinancer en fonction... D'abord, il y a de nouveaux services qui vont
être mis en place, donc, par le fait même, une nouvelle
tarification pour ces nouveaux services. Les statistiques nous
démontrent qu'ii y a une hausse constante des services, donc de la
demande qui est là, ce qui nous amène à autofinancer notre
système par les services tout simplement que nous offrons en fonction
des tarifs qui ont été mis en vigueur au mois d'octobre dernier.
Mais je vois difficilement la question de Me Frenette au point de vue
technique, à quoi il se réfère, s'il doit y avoir un
problème technique derrière sa question. (16 h 15)
M. Frenette: Non, non, mais je disais que, si les coûts
exacts d'implantation ne sont pas connus, comment a-t-on la certitude que le
tarît, a 42, va la couvrir?
M. Rémillard: Voici, c'est que nous, comme gouvernement,
en fonction des prévisions qui ont été faites, nous vous
disons en commission parlementaire que ce système sera financé en
fonction du tarif qui a été émis en octobre, en fonction
des nouveaux services qui seront offerts et, donc, qu'il y aura un
autofinancement. Mais j'ai de fa difficulté à voir ce que serait
le problème que vous voyez.
Mme Harel: On ne peut pas parler de maintien des tarifs au niveau
où ils ont été fixés en octobre dernier.
M. Rémillard: Pour moi, si on m'assure que le financement
se fait en fonction des tarifs mis en vigueur au mois d'octobre dernier...
C'est ce que M. Ménard semble confirmer.
Mme Harel: Vous voulez dire le financement d'un service qu'on ne
connaît pas encore? Parce que M. Ménard nous a dit que c'est le
financement d'un service qu'il ne connaît pas, étant donné
qu'il n'en connaîtra la cnarpente que... Il vient de nous dire
ça.
M. Pémillard: Non. Attention! Ce n'est pas ce que M.
Ménard a dit. M. Ménard dit que les services sont connus. C'est
les modalités des services qui vont être en fonction du droit tel
qu'il va être arrêté et ce droit sera arrêté
dans la mesure où cette loi 125 sera adoptée et dans la mesure
où le droit transitoire, par la loi d'application, sera
déterminé.
Mme Harel: Mais est-ce qu'il peut connaître les coûts
d'implantation?
M. Rémillard: Absolument.
Mme Harel: Bon, alors, M. Ménard, est-ce que vous pouvez
connaître les coûts d'implantation?
M. Rémillard: Oui, le sous-ministre les a donnés.
Vous pouvez y aller.
Mme Harel: Bon. Parce qu'il me semblait tantôt vous avoir
posé la question sur les coûts d'implantation et vous me disiez...
Tant mieux, si on peut les avoir!
M. Rémillard: Le sous-ministre les a donnés la
semaine dernière.
Mme Harel: Sur les coûts d'implantation?
M. Rémillard: Les coûts d'implantation, le
financement, l'autofinancement. Il a parlé du fonds, de la latitude que
nous laisse le fonds, de notre relation avec le fonds et le Conseil du
trésor.
Mme Harel: Écoutez, les coûts d'implantation, si
c'est à ça que vous nous référez, c'est très
incomplet. Par exemple, il n'y a aucun coût concernant l'informatisation
dans les régions. Les seuls coûts qu'il nous a donnés
concernent Montréal et Québec seulement, puis ils sont en
chiffres de 1990 et ne sont pas du tout actualisés à ce que
ça coûtera au moment de l'implantation. Là, vraiment!
M. Rémillard: Non. Les coûts couvrent l'ensemble de
l'informatisation. Écoutez, c'est ce qu'on me confirme.
Mme Harel: J'ai même reposé la question à
votre sous-ministre. On va faire sortir les galées.
M. Rémillard: Bon, alors, on va répondre à
votre question.
Mme Harel: Votre sous-ministre nous a dit: Non, c'est
Montréal et Québec. J'ai même noté '
M. Rémillard: Alors, on va répondre à cette
question-là. M. Ménard et aussi Mme McMurray peuvent venir
répondre à cette question-là.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me McMurray.
Mme McMurray: En ce qui concerne le registre foncier, les
chiffres qui vous ont été donnés la semaine
dernière, pour un total de 14 955 000 $, couvrent les frais de
développement et d'implantation des systèmes informatiques dans
les 73 divisions d'enregistrement.
Mme Harel: Et en ce qui concerne le registre des droits?
Mme McMurray: Et ces coûts étaient de 8 870 000 $
pour le développement et l'implantation des systèmes auxquels
s'ajoutaient des coûts de formation, de réaménagement et de
communication.
Mme Harel: En ce qui concerne le registre des droits personnels
et réels mobiliers?
M. Rémillard: On peut demander à Mme
Potvin-Plamondon, mais c'est la même situation.
Mme Harel: C'est-à-dire que c'est combien?
M. Ménard: C'est 10 462 000 $.
Mme Harel: Alors, vous avez déjà une
évaluation autour de 25 000 000 $. C'est ça qu'il faut
comprendre? Ça, c'est en chiffres de 1990. Est-ce que c'est en chiffres
actualisés aux coûts à effectuer en 1993 ou en 1990?
M. Ménard: On a pris les chiffres, mais on a quand
même prévu une possibilité d'accroissement.
Mme Harel: Mais ceux que Me McMurray vient de me donner, ce sont
des chiffres de 1990 ou de 1993?
M. Ménard: De 1990.
Mme Harel: De 1990. D'accord. Alors donc, vous prévoyez
que les tarifs vont couvrir à la fois les coûts d'implantation et
les coûts d'opération. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Ménard: C'est ça.
Mme Harel: Et ça, sur une planification qui dure sept
ans?
M. Ménard: Pas sur...
Mme McMurray: Quand, la semaine dernière, le sous-ministre
de la Justice a parlé d'un délai de sept ans, il se
référait au délai d'amortissement des coûts de sept
ans. Il ne parlait pas du tarif, à ce moment-là.
Mme Harel: D'accord. Vous nous disiez donc tantôt que
l'implantation, qui est évaluée à ce moment-ci à 25
000 000 $ non indexés, sera financée à même le tarif
en combien de temps? En une seule année, en deux ans?
Mme McMurray: Les coûts d'implantation varient
évidemment d'une année à l'autre et, au fur et à
mesure que les registres vont entrer en vigueur, eh bien, de nouvelles recettes
seront générées. Alors, actuellement, l'augmentation des
tarifs des services de l'enregistrement couvre les coûts initiaux
d'implantation et de développement des registres jusqu'à ce que
d'autres sources de revenus s'ajoutent aux revenus générés
par l'enregistrement foncier.
Mme Harel: Une fois que ces revenus vont s'ajouter, vous
prévoyez quel laps de temps pour pouvoir éponger les frais
encourus par l'implantation du système?
Mme McMurray: Des coûts...
Mme Harel: Non pas par les coûts d'opération, mais
d'implantation.
Mme McMurray: L'amortissement était calculé sur une
base de sept ans.
Mme Harel: De sept ans. D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Ça va. Alors, merci, Me
McMurray...
Mme McMurray: Merci.
Le Président (M. Lafrance): ...et M. Ménard. Alors,
s'il n'y a pas d'autres questions, l'article 2954est donc adopté tel
qu'amendé.
Mme Harel: Juste une seconde, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui L'article 2955est
laissé en suspens.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Lafrance): Et l'article 2956 est donc
adopté tel qu'amendé.
Nous en arrivons maintenant à la section II qui traite du
registre foncier. J'aimerais appeler les articles 2957 à 2962
inclusivement. Alors, Mme la députée de Groulx, pour nous lire
les amendements.
Du registre foncier
Mme Bleau: Vous voulez que je lise les amendements avant? Oui?
Bien.
Le Président (M. Lafrance): Pardon? Oui.
Juste un instant, s'il vous plaît, Mme la députée.
Oui, M. le député de Chapleau.
M. Kehoe: II y a des notes à lire à la page 71, je
pense, pour commencer.
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie d'avoir...
Ah! C'est ça. Alors, il faudrait lire ies notes avant, oui.
Mme Bleau: Nous allons commencer par les noies.
Le Président (M. Lafrance): À la section II.
Mme Bleau: C'est bien. Du registre foncier, articles 2957
à 2962. La section deuxième du chapitre premier du titre
troisième traite de l'organisation du registre foncier qui s'appuie sur
le plan cadastral. Il prévoit aussi des règles pour les immeubles
qui sont situés dans la portion non cadastrée de la
circonscription d'un bureau de la publicité des droits. A chaque
immeuble correspond une fiche immobilière sur laquelle on trouvera toute
l'information qui le concerne, car la publicité des droits sera
réelle, c'est-à-dire faite par référence au
numéro cadastral du lot ou, s'il s'agit d'un immeuble non
cadastré, par référence au numéro d'ordre que
l'officier de la publicité attribue à la fiche immobilière
qui lui correspond.
Comme certains démembrements du droit de propriété
peuvent faire l'objet d'un morcellement de l'exercice du droit, d'une
aliénation ou d'une hypothèque, des fiches complémentaires
sont prévues, ce qui permettra de ne pas trouver, sur la fiche
principale de l'immeuble, les inscriptions qui concernent seulement le
démembrement. La consultation des registres s'en trouve facilitée
d'autant.
On a également tenu compte de la copropriété par
indivision lorsque la convention identirie la part de chaque indivisaire et de
la fraction d'une copropriété divise qui peut, su.van'i la
déclaration de copropriété, être détenue par
plusieurs personnes ayant chacune un droit de jouissance périodique et
successif de la fraction.
Afin de diminuer, lorsque c'est possible, le nombre de fiches des
immeubles non immatriculés mais contigus, le copropriétaire
pourra requérir l'officier de la publicité de grouper, sur une
même fiche immobilière, les tiohes établies pour chacun des
immeubles qu'il possède.
Enfin, dans le souci d'éviter la détérioration du
livre foncier des immeubles qui ne sont pas immatriculés, tout
morcellement d'un tel immeuble donne lieu à l'établissement de
nouvelles fiches immobilières, car aucune fiche ne peut correspondre
à la partie d'un immeuble. Ce faisant, on évitera de revivre la
dégradation de l'index des immeubles actuel qui, trop souvent, est un
simple index des propriétaires des diverses
parties d'un même lot.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée de Groulx. Je remarque que je viens d'avoir les
amendements. Il y a six amendements à cette section-là.
Étant donné qu'il nous reste deux, trois minutes seulement,
à moins qu'il n'y ait des commentaires de fin de séance, je me
propose de suspendre nos travaux jusqu'à ce soir. O.K. Les travaux sont
donc suspendus jusqu'à 20 heures ce soir, ici, dans cette même
salle. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
(Reprise à 20 h 29)
Le Président (M. Lafrance): Si vous voulez prendre place,
nous allons débuter. Je constate que nous avons le quorum. J'aimerais
donc déclarer cette séance de travail ouverte.
Document déposé
Nous avons reçu un mémoire ici qui porte le titre
"Constatations et propositions de modifications au projet de loi 125 sur le
Codfc civil", qui nous a été déposé par la RAIF,
c'est-à-dire par le Réseau d'action et d'information pour les
femmes. J'accepte donc le dépôt de ce document qui portera le code
numérique 44D.
Alors, s'il n'y a pas de déclaration, on débute la
séance. Nous avions donc lu le texte d'introductiofi à la section
II, Du registre foncier, et j'avais appelé les articles 2957 à
2962 inclusivement. Alors, M. le ministre, est-ce que nous avons des
amendements qui touchent ces articles?
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Nous avons six
amendements. Est-ce que je peux demander à M. le député de
Sherbrooke, qui est avec nous d'une façon assidue, de nous lire ces
amendements, M. le Président?
Le Président (M. Lafrance): Avec plaisir, M. le ministre.
Alors, M. le député de Sherbrooke.
M. Hamel: Merci, M. le Président. Alors, l'article 2957
est modifié par la suppression, dans le deuxième alinéa,
des mots "et les radiations".
M. le Président, modification rédactionnelle qu'exige le
système nouveau de publicité des droits: la radiation ne
résultera plus d'une mention en marge du document qui constate le droit,
mais d'une inscription spécifique sur le registre approprié. En
raison de cet amendement, l'article 2957 se lirait comme suit: "Le registre
foncier d'un bureau de la publicité des droits est constitué
d'autant de livres fonciers qu'il y a de cadastres dans le ressort du bureau.
"Chaque livre foncier comprend autant de fiches immobilières qu'il y a
de lots marqués sur le plan cadastral; sur chaque fiche sont
répertoriées les inscriptions qui concernent l'immeuble."
Un autre amendement est proposé à l'article 2958, M. le
Président, qui est remplacé par le suivant: "2958. S'il est
constitué sur l'immeuble un droit d'emphytéose, ou s'il y a
attribution d'un droit d'usage ou de jouissance exclusive sur une partie de
l'assiette de ce droit, l'officier de la publicité des droits
établit, de la manière prévue par les règlements
pris en application du présent livre, une fiche complémentaire.
La réquisition d'inscription du droit doit indiquer à l'officier
les inscriptions faites sur la fiche principale à reporter sur la fiche
complémentaire, ou celles faites sur la fiche complémentaire
à reporter sur les fiches complémentaires nouvelles. "Il en est
de même dans le cas où il est établi une
copropriété par indivision, lorsque la convention identifie la
part de chaque indivisaire, qu'il y a attribution d'un droit d'usage ou de
jouissance exclusive sur une partie de l'immeuble et qu'il y a
réquisition expresse d'établissement d'une fiche
complémentaire pour chaque partie qui a fait l'objet de
l'attribution."
La modification vise à restreindre l'établissement de
fiches complémentaires. Elle tient aussi compte du fonctionnement du
registre. Il n'y a pas lieu d'établir une fiche complémentaire
pour le droit de superficie, car l'article 3012, alinéa premier, exige
son immatriculation, ou encore pour la déclaration de
coemphytéose, puisque celle-ci est soumise aux règles de la
déclaration de copropriété, article 1194.
Par ailleurs, il a paru souhaitable d'éliminer le cas de
l'usufruit et de l'usage et de limiter l'établissement d'une fiche
complémentaire dans le cas d'une copropriété par
indivision. En raison de cet amendement, l'article 2958 se lirait comme suit:
"S'il est constitué sur l'immeuble un droit d'amphytéose, ou s'il
y a attribution d'un droit d'usage ou de jouissance exclusive sur une partie de
l'assiette de ce droit, l'officier de la publicité des droits
établit, de la manière prévue par les règlements
pris en application du présent livre, une fiche complémentaire.
La réquisition d'inscription du droit doit indiquer à l'officier
les inscriptions faites sur la fiche principale à reporter sur la fiche
complémentaire, ou celles faites sur la fiche complémentaire
à reporter sur les fiches complémentaires nouvelles. "Il en est
de même dans le cas où il est établi une
copropriété par indivision, lorsque la convention identifie la
part de chaque indivisaire, qu'il y a attribution d'un droit d'usage ou de
jouissance exclusive sur une partie de l'immeuble et qu'il y a
réquisition expresse d'établissement
d'une fiche complémentaire pour chaque partie qui a fait l'objet
de l'attribution."
Nous avons un amendement proposé à l'article 2958.1. Le
projet est modifié par l'inser-tton, après l'article 2958, de
l'article 2958.1 suivant: "2958.1 L'inscription d'un droit sur la fiche
complémentaire établie pour un droit d'emphytéo-se, pour
la partie de l'assiette de ce droit ou de la copropriété indivise
qui a fait l'objet de l'attribution d'un droit d'usage ou de jouissance
exclusive, n'a pas à être reportée sous le numéro de
la fiche principale. "Les fiches complémentaires sont établies et
clôturées suivant les modalités prescrites par les
règlements."
L'ajout adopte la règle de l'article 1059 à l'inscription
d'un droit sur la fiche complémentaire établie pour un droit
d'emphytéose, ainsi que pour la partie de l'assiette du droit ou de la
copropriété indivise qui a fait l'objet de l'attribution d'un
droit d'usage ou de jouissance exclusive. En outre, l'ajout prévoit la
réglementation de rétablissement ou de la clôture de la
fiche complémentaire. En raison de cet amendement, l'article 2958.1 se
lirait comme suit: "L'inscription d'un droit sur la fiche complémentaire
établie pour un droit d'emphytéose, pour la partie de l'assiette
de ce droit ou de la copropriété indivise qui a fait l'objet de
l'attribution d'un droit d'usage ou de jouissance exclusive, n'a pas à
être reportée sous le numéro de la fiche principale. "Les
fiches complémentaires sont établies et clôturées
suivant les modalités prescrites par les règlements."
Nous avons un autre amendement, M. le Président. L'article 2959
est modifié: 1° par la supression, dans le deuxième
alinéa, des mots ", pourvu que le titre d'acquisition de chacun d'eux
soit distinct"; 2° par l'ajout, après le deuxième
alinéa, du suivant: "Malgré ce qui précède, les
fiches immobilières établies sous un numéro d'ordre pour
un droit réel d'exploitation de ressources de l'État, qui
s'exerce en territoire cadastré, ou pour un réseau de services
publics situé en territoire cadastré, font partie de ce livre
foncier."
Comme il est possible d'acquérir plusieurs immeubles, contigus ou
non, par un même titre, la fin du deuxième alinéa
était inexacte, en ce qu'elle pouvait s'interpréter comme
exigeant l'établissement d'une même fiche pour plusieurs immeubles
non contigus acquis par un même titre. Par ailleurs, l'article 2961
permet au propriétaire d'exiger le groupement sur une même fiche
des immeubles acquis par un même titre ou des titres distincts.
La deuxième modification précise que les fiches concernant
les droits réels d'exploitation des ressources de l'État font
partie du livre foncier, même en territoire cadastré. En raison de
cet amendement, l'article 2959 se lirait comme suit: "Lorsqu'une portion du
territoire d'une circonscription foncière n'est pas cadastrée, le
registre comprend, pour cette portion, un seul livre foncier. "Ce livre est
constitué d'autant de fiches immobilières qu'il y a d'immeubles
non immatriculés dans cette portion de territoire, même si ces
immeubles appartiennent à un même propriétaire.
"Malgré ce qui précède, les fiches immobilières
établies sous un numéro d'ordre pour un droit réel
d'exploitation de ressources de l'État, qui s'exerce en territoire
cadastré, ou pour un réseau de services publics situé en
territoire cadastré, font partie de ce livre foncier."
Un autre amendement, M. le Président, est proposé à
l'article 2960, qui est modifié, dans la troisième ligne: 1°
par le remplacement du mot "identifiée" par le mot
"désignée"; 2° par le remplacement du mot "en" par le mot
"de".
M. le Président, il s'agit de simples modifications
rédactionnelles. En raison de cet amendement, l'article 2960 se lirait
comme suit: "Dans un territoire non cadastré et, le cas
échéant, lorsque la loi le permet, en territoire cadastré,
la fiche immobilière est désignée par un numéro
d'ordre établi de la manière prévue aux règles
d'application."
Un dernier amendement est proposé, M. le Président,
à l'article 2961, qui est modifié comme suit: 1° par
l'insertion, dans le premier alinéa, après le mot "contigus", des
mots ", grevés des mêmes droits réels et situés dans
la portion non cadastrée d'une même circonscription
foncière,"; 2" par le remplacement, à la troisième ligne
du même alinéa, du mot "grouper" par le mot "regrouper"; 3°
par la suppression, dans le même alinéa, dans les deux
dernières lignes, des mots ", si aucun d'eux n'est grevé d'un
droit réel en faveur d'un tiers"; 4° par l'insertion, après
le premier alinéa, du suivant: "Le titulaire d'un droit réel
d'exploitation de ressources de l'État non immatriculé, qui
s'exerce en territoire cadastré, ou le propriétaire d'un
réseau situé en territoire cadastré, peut faire la
même réquisition, pourvu que les droits réels
d'exploitation soient de même nature, contigus, grevés des
mêmes droits réels et situés dans le même cadastre
d'une circonscription foncière ou que les immeubles que traverse le
réseau fassent partie du même cadastre d'une circonscription
foncière."; 5' par la fusion en un troisième alinéa des
deux derniers alinéas; 6e par le remplacement au début
du troisième alinéa, du mot "il" par les mots "Le
propriétaire ou le titulaire";
7° par le remplacement, dans la deuxième ligne du
troisième alinéa, du mot "groupement" par le mot
"regroupement".
M. le Président, ceci est un ajout de précisions
techniques pemettant, d'une part, d'éviter l'établissement d'une
fiche unique pour un immeuble chevauchant deux circonscriptions
foncières et, d'autre part, autorisant le regroupement sur une
même fiche lorsque les immeubles sont grevés des mêmes
droits réels en faveur d'un tiers, mais sont situés en territoire
non cadastré.
La troisième modification, pour sa part, vient compléter
la règle de l'article 2959 amendé. En raison de cet amendement,
l'article 2961 se lirait comme suit: "Le propriétaire de plusieurs
immeubles non immatriculés mais contigus, grevés des mêmes
droits réels et situés dans la portion non cadastrée d'une
même circonscription foncière, peut requérir l'officier de
la publicité des droits de regrouper, sur une même fiche
immobilière, les fiches établies pour chacun des immeubles. "Le
titulaire d'un droit réel d'exploitation de ressources de l'État
non immatriculé, qui s'exerce en territoire cadastré, ou le
propriétaire d'un réseau situé en territoire
cadastré, peut faire la même réquisition, pourvu que les
droits réels d'exploitation soient de même nature, contigus,
grevés des mêmes droits réels et situés dans le
même cadastre d'une circonscription foncière ou que les immeubles
que traversent le réseau fassent partie du même cadastre d'une
circonscription foncière. "Le propriétaire ou le titulaire
présente une réquisition désignant l'immeuble qui
résulte de ce regroupement, indiquant les fiches visées et les
inscriptions subsistantes à reporter sur la nouvelle fiche. L'officier
de la publicité indique la concordance, entre les fiches anciennes et la
nouvelle et procède au report des inscriptions." Et voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors merci, M. le
député $e Sherbrooke. Est-ce qu'il y a des commentaires touchant
ces articles 2957 à 2962 inclusivement, incluant, il va de soi, le
nouvel article 2958.1, tel que proposé? Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. En ce qui a trait
à l'article 2958, c'est une question d'information,' surtout. D'une
part, à la fin du premier alinéa, il est fait mention de fiches
complémentaires nouvelles. Est-ce qu'il sera établi une; fiche
complémentaire dans l'hypothèse où il y avait un droit
d'emphytéose qui était créé et que,
sùbséquemment, il y aura aussi des fiches complémentaires
additionnelles?
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, Me McMurray.
Mme McMurray: M. le Président, le but de cet amendement
est de toujours s'assurer qu'il n'existe qu'une chaîne de titre par fiche
au registre foncier, de sorte que, s'il y a partage du droit d'usage ou de
jouissance d'un droit d'emphytéose, il y aura création de fiches
complémentaires nouvelles, qui se substitueront à l'ancienne.
M. Frenette: Qui se substitueront à la fiche
complémentaire établie pour le droit d'emphytéose?
Mme McMurray: C'est ça.
M. Frenette: Très bien. J'ai une question additionnelle,
s'il vous plaît...
Le Président (M. Lafrance): Oui. (20 h 45)
M. Frenette: ...au sujet de l'article 2958. Le deuxième
alinéa envisage l'hypothèse où il y a une convention
d'indivision comportant attribution d'un droit d'usage ou de jouissance
exclusive avec des limitations sur l'immeuble. Est-ce qu'on a
considéré que pareille convention pouvait exister en
matière d'usufruit, par exemple?
Le commentaire indique bien que, pour l'usufruit lui-même, il
n'était pas nécessaire de pourvoir à
l'établissement d'une fiche complémentaire, mais on peut avoir
des cas d'indivision entre usufruitiers où les usufruitiers se font une
répartition de l'usage et de la jouissance des lieux.
Mme McMurray: Ce pourquoi certains démembrements du droit
de propriété sont disparus par rapport à la version
initiale, c'était aussi dans le but de simplifier la tenue du registre
foncier, mais surtout sa consultation et sa compréhension, parce que les
fiches complémentaires sont quand même rattachées à
une fiche principale et à un lot.
L'objectif du deuxième alinéa est d'assurer une
publicité adéquate à l'égard de la
copropriété par indivision, compte tenu des dispositions
nouvelles introduites dans le projet de loi 125 où on favorise
l'utilisation de ce mode de propriété. C'est le motif pour lequel
on a cru nécessaire de faire les adaptations requises, mais de les
limiter dans les circonstances où les conditions présentes au
deuxième alinéa existent, cela pour éviter une
multiplication des fiches complémentaires. Sinon, dans le cas de la
copropriété par indivision, à l'égard des
époux, par exemple, qui, pour la plupart, achètent en
copropriété, on aurait systématiquement établi des
fiches complémentaires.
M. Frenette: Ce n'était pas tout à fait le sens de
ma question. Je comprends que le deuxième alinéa vise les
conventions d'indivision non pas de façon pure et simple, mais les
conventions d'indivision débouchant sur l'attribu-
tion d'un droit d'usage et de jouissance exclusive. On imagine
difficilement, quoique aujourd'hui rien ne pourrait surprendre, que des
conjoints achètent ensemble et qu'ils passent une convention que l'un
occupera juste le haut et l'autre le bas ou juste le nord ou le sud.
Je pense que ce n'était pas ce qui était visé. On
entrevoit davantage les petites copropriétés. On envisage des
petites copropriétés où on traite, nonobstant
l'indivision, dans les faits, les différents logements comme s'ils
constituaient des entités séparées. Je pense que c'est un
peu le but du deuxième alinéa. Si on fait le recoupement avec
1008 et 910, est-ce qu'on n'arrive pas à la conclusion qu'il faudrait
faire la même chose pour l'usufruit?
Mme McMurray: Je pense qu'on a voulu couvrir, par l'article 2958,
les situations les plus usuelles et courantes. Je pense qu'il serait assez rare
de voir une convention de partage de l'usufruit.
M. Frenette: C'est assez rare, mais il semble que ce soit le cas,
par exemple au mont Sainte-Anne, avec des quantités assez
phénoménales en termes de nombre.
Mme McMurray: Ce qu'on voit dans les copropriétés
auxquelles vous faites référence, c'est une convention
d'utilisation, mais qui pourrait peut-être tomber sous le coup du
deuxième alinéa.
M. Frenette: Mettons qu'il y aurait peut-être lieu de
réviser l'article si on avait le temps. C'est peut-être quelque
chose qui nous a échap-pé.
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Juste une seconde, on va faire les
vérifications.
Le Président (M. Lafrance): En attendant, si je peux
apporter un commentaire, Me Frenette, vous avez parlé tantôt
d'additionnelle. J'aimerais vous préciser qu'ici vous avez droit au
nombre d'additionnelles que vous voulez et que vous avez droit aussi à
un préambule à l'additionnelle.
M. Frenette: J'essaierai de ne pas abuser du
préambule.
Mme McMurray: L'article 2958 visait les droits de
propriété, de copropriété ou les
démembrements assimilables à la propriété, comme
l'emphytéose. Il n'a pas de champ d'application élargi par
rapport au droit d'usufruit.
M. Frenette: Oui, il est possible qu'au moment où on se
parle les cas d'usufruit ou les cas de conventions d'usufruit soient un peu
plus rares, mais, encore, je retourne à la raison d'être du
deuxième alinéa. Ce n'est pas tant, contrairement au premier,
lorsque, antérieurement ou dans le texte avant l'amendement, on
référait au droit d'usufruit. Lui, on le rencontre moins souvent.
Il n'était peut-être pas nécessaire d'établir une
fiche complémentaire pour avoir la possibilité de suivre à
la trace la chaîne des titres sur l'usufruit. Mais, à compter du
moment où une pluralité de personnes décideraient de faire
une espèce de répartition des lieux entre eux de la même
façon que dans la copropriété, est-ce que, dans ce
cas-là, simplement pour faciliter l'étude des titres, même
si la chose n'est pas d'une survenance fréquente, quoiqu'on pourrait en
dénombrer des centaines, je pense, dans le district judiciaire de
Québec, un élargissement du deuxième alinéa, si
vous étiez regis-trateur, vous semblerait souhaitable?
Mme McMurray: Ce qui apparaît souhaitable, c'est aussi de
faciliter la consultation et d'éviter d'avoir à se
référer à plusieurs sources d'information pour pouvoir
compléter l'information. Les dispositions auxquelles vous faites
référence sont quand même des dispositions de droit nouveau
et je me demande si, à l'usage, on ne verra pas s'il y a un besoin
réel et si, à ce moment-là, on ne pourra pas
apprécier la nécessité d'élargir le champ
d'application des fiches complémentaires selon les pratiques qui
pourront se développer au cours des années.
M. Frenette: Est-ce qu'on a la conviction, au moment où on
se parle, à la lecture de 1008 et 910, que la fiche
complémentaire ne serait pas requise dans ce cas-là, même
si on n'emploie que les mots "copropriété par indivision"?
Mme McMurray: On pense que l'usage sera restreint par rapport
à la copropriété par indivision, effectivement.
M. Frenette: Je me demandais si, en lisant notamment 910, on ne
pourrait pas interpréter le deuxième alinéa de l'article
2958, bien qu'on emploi l'expression "copropriété par
indivision", comme couvrant néanmoins une convention d'indivision
portant sur un démembrement.
Mme McMurray: Me Frenette, une réponse à votre
question, pour ma part, mériterait une réflexion.
M. Frenette: Merci. J'aurais une question sur un autre point,
mais supplémentaire. Je remarque dans le deuxième alinéa
que l'hypothèse envisagée donne lieu à
l'établissement facultatif d'une fiche complémentaire. Est-ce
que, si le but visé est de faciliter la lecture des droits dans une
chaîne donnée, ça ne devrait pas être obligatoire
comme dans le premier alinéa?
Mme McMurray: La raison pour laquelle on a voulu prévoir
une faculté au deuxième alinéa, c'est qu'il peut arriver
que, malgré le fait que la jouissance soit établie de
façon exclusive, les copropriétaires ne souhaitent pas avoir une
chaîne de titres différents parce que l'hypothèque, par
exemple, peut grever l'ensemble selon peut-être le désir du
créancier ou les exigences du créancier et qu'on souhaite, par
exemple, revendre par la suite, simultanément. C'est une faculté
qui est laissée aux propriétaires, selon l'utilisation qu'ils
voudront bien faire de leur propriété.
M. Frenette: Est-ce que le même argument n'aurait pas pu
être invoqué pour le premier alinéa à ce
moment-là?
Mme McMurray: À savoir pour le droit
d'emphytéose?
M. Frenette: Oui.
Mme McMurray: Eh bien, dans le cas de la
copropriété par indivision, comme je l'ai mentionne tout à
l'heure, il fallait absolument prévoir une faculté pour
éviter de couvrir l'ensemble des situations de copropriété
par indivision, justement pour ne pas que, systématiquement, à
chaque fois qu'il y a plus d'un propriétaire d'un même immeuble,
on se retrouve avec des fiches complémentaires alors que ce n'est pas
là la volonté des parties, que souvent ce sont plutôt les
couples qui achètent. C'est pour cette raison qu'on a prévu la
faculté.
M. Frenette: Non, non. Ma question était: Si ces
facultés...
Mme McMurray: À l'égard du droit
d'emphytéose, il est certain que la chaîne du droit
d'emphytéose est totalement distincte de la chaîne de
propriété du fonds.
M. Frenette: Oui, mais pour la deuxième hypothèse
dans le premier alinéa, celle où il y a attribution d'un droit
d'usage ou de jouissance exclusive, vous nous avez confirmé tantôt
qu'il y aura des fiches complémentaires nouvelles.
Mme McMurray: Oui, c'est ça.
M. Frenette: Alors dans le fond, ça couvre la même
hypothèse que le deuxième alinéa, sauf qu'à
l'origine...
Mme McMurray: C'est assimilable.
M. Frenette: ...on a le droit d'emphytéose plutôt
que le droit de propriété.
Mme McMurray: Je n'ai pas d'autre commentaire à
ajouter.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Frenette, est-ce que
vous avez d'autres...
M. Frenette: Merci, Mme McMurray.
Le Président (M. Lafrance): ...commentaires? Non?
Ça va? Avez-vous d'autres questions concernant ces articles? Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais que Mme McMurray
nous explique comment ce double système... Il s'agit donc d'un double
système d'inscription. Il y aura ce registre pour les immeubles
immatriculés et un autre registre pour ceux qui ne le sont pas et sont
des parties de lot, finalement. Et ça, ça peut durer
jusqu'à ce que mort s'ensuive, que ces deux registres-là se
perpétuent, finalement, côte à côte. C'est ça
qu'il faut comprendre, hein?
Mme McMurray: M. le Président, la nouveauté de la
réforme de la publicité foncière réside notamment
dans l'institution du registre foncier en territoire cadastré comme en
territoire non cadastré. Alors, en territoire cadastré, on ne
peut pas dire qu'on travaille avec des parties de lot puisqu'il n'y a pas de
lots. Il y a parfois un premier niveau de découpage de territoire dans
les cadastres, à l'intérieur d'une division, mais il n'y a pas de
lots.
Pour les immeubles sur lesquels on transigera en territoire non
cadastré, on tiendra des fiches d'immeubles auxquelles on donnera un
numéro d'ordre pour pouvoir les identifier et les répertorier.
Les inscriptions se feront comme en territoire cadastré à
l'égard d'une fiche immobilière, mais identifiée par un
numéro d'ordre à la suite de la réquisition du
propriétaire pour l'ouverture d'une fiche.
Mme Harel: Dans un autre registre que le registre foncier.
Mme McMurray: C'est le registre foncier, mais pour la portion non
cadastrée d'une circonscription foncière.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Frenette.
M. Frenette: M. le Président, merci. Avant de passer
à l'article 2958.1 et compte tenu du fait que le deuxième
alinéa de l'article 2958 prévoit seulement de façon
facultative l'établissement d'une fiche complémentaire, je me
demande si on pourrait avoir peut-être une dernière discussion sur
ce bout d'article pour autre...
M. Kehoe: Sur quel article?
M. Frenette: Je me demande si l'article ne
pourrait pas être suspendu pour que nous ayons une discussion
supplémentaire pour le deuxième alinéa.
M. Kehoe: M. le Président, les légistes,
jusqu'à date, des deux côtés, ont eu plusieurs rencontres,
je pense, concernant ce sujet-là. On a pensé, de ce
côté-ci, que la plupart des problèmes étalent
résolus, mais on voit qu'il y en a d'autres. Évidemment qu'il y a
d'autres problèmes qui pourraient survenir. Donc, à ce
moment-là, on n'a pas d'objection à suspendre l'article pour
d'autres discussions. (21 heures)
Le Président (M. Lafrance): Très bien. Merci, M. le
député de Chapleau. Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Au sujet de l'article
2958.1, il est mentionné, à la fin du premier alinéa,
qu'il n'y a pas de report sous le numéro de la fiche principale. Est-ce
qu'on pourrait simplement avoir quelques explications sur la raison
d'être de ce texte?
M. Kehoe: Oui. Mme McMurray, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me McMurray.
Mme McMurray: M. le Président, l'objectif de cet
amendement est d'éviter toute ambiguïté, de manière
à ce qu'on distingue bien la fiche principale de la fiche
complémentaire, mais qu'on ait besoin de se référer
seulement à la fiche complémentaire pour connaître
l'ensemble des inscriptions qui affectent le droit d'emphytéose.
M. Frenette: Alors, si je comprends bien, c'est une mesure de
simplification. C'est qu'on n'a pas besoin de... Indépendamment de ce
qui serait présenté dans le sommaire, où on viserait
à la fois une référence à la fiche principale et
à la fiche complémentaire, on pourrait s'en tenir à la
fiche complémentaire. C'est ce que...
Mme McMurray: Si l'inscription du droit qui est requise ne
concerne que le droit d'emphytéose créé sur la fiche,
l'inscription ne sera portée que sur la fiche complémentaire.
M. Frenette: Très bien. Merci.
Mme Harel: Vous considérez que ce double système va
survivre à l'infini ou envisagez-vous, éventuellement, que le
système des immeubles non immatriculés soit en
désuétude?
Mme McMurray: Eh bien, la portion de territoire au Québec
qui n'est pas immatriculée est évidemment en régions
éloignées et il y a peu de transactions sur ces immeubles, sur
cette portion de territoire.
Mme Harel: II peut y avoir encore, dans des territoires, par
exemple, qui jouxtent des grandes villes, des territoires agricoles, des
immeubles qui ne le soient pas.
Mme McMurray: Oui. Alors, ce à quoi vous faites
référence, ce sont les transactions sur parties de lot en
territoire cadastré...
Mme Harel: C'est ça.
Mme McMurray: ...et non pas le territoire non cadastré
d'une circonscription.
Mme Harel: Exactement. Alors, ces transactions qui se font sur
des parties de lot en territoire cadastré constituent quelle portion de
la superficie au Québec? Est-ce que vous avez une idée de ce que
ça peut représenter?
Mme McMurray: En superficie, non. Je n'ai pas une idée de
ce que ça peut représenter en superficie.
Mme Harel: En nombre de transactions, alors?
Mme McMurray: En nombre de lots, au Québec, le
ministère de l'Énergie et des Ressources nous informe qu'il y a
environ 800 000 parties de lot existantes.
Mme Harel: Et par rapport aux lots immatriculés, ça
correspond à quel pourcentage?
Mme McMurray: II y a plus de 3 000 000 de lots
immatriculés...
Mme Harel: Alors, il y a toujours...
Mme McMurray: ...sous réserve de vérification
auprès de...
Mme Harel: ...800 000 parties de lot en territoire
cadastré sur 3 000 000 de lots immatriculés.
Mme McMurray: Environ.
Mme Harel: C'est ça qu'il faut comprendre.
M. Kehoe: Un sur trois.
Mme Harel: Et quel est le rythme avec lequel l'immatriculation se
fait? Est-ce que vous avez une idée de ça?
Mme McMurray: De plus en plus, les parties de lot, comme je le
mentionnais la semaine dernière, disparaissent, surtout en raison de la
réglementation municipale en matière de cons-
truction qui impose souvent la division, la subdivision d'un lot.
Mme Harel: Avez-vous un rythme d'évaluation de cette
disparition?
Mme McMurray: Non, malheureusement, je ne peux pas vous fournir
cette statistique.
Mme Harel: C'est un sentiment que vous avez?
Mme McMurray: Non, c'est une certitude, mais je n'ai pas un
chiffre à vous donner.
Mme Harel: Aucun? Non? Mme McMurray: Non.
Mme Harel: C'est certainement très intéressant.
Mme McMurray: Me Morency précisait que la plupart des
schémas d'aménagement ont prévu cette restriction quant
à la construction...
Mme Harel: Cette exigence?
Mme McMurray: Oui, c'est ça, qui est une exigence de
devoir faire subdiviser avant de construire.
Mme Harel: Mais ça ne vaut que lorsqu'il y a, donc,
construction...
Mme McMurray: Oui.
Mme Harel: ...dans la partie agricole, par exemple, où il
n'y a pas justement cette... au contraire, même où il peut y avoir
prohibition. À ce moment-là, il n'y a aucune exigence pour en
arriver à l'immatriculation.
Mme McMurray: II peut arriver qu'à certains endroits il
n'y ait pas d'exigence, mais les propriétaires peuvent en tout temps
requérir les services d'un arpenteur...
Mme Harel: Oui, oui, c'est très bien.
Mme McMurray: ...et demander l'établissement de leur
lot.
Mme Harel: Mais j'aimerais encore une fois... Je suis surprise,
disons, de la capacité avec laquelle vous pouvez affirmer des choses.
C'est très intéressant, mais j'aurais aimé savoir
qu'est-ce qui, par exemple, pouvait permettre de prévoir l'abandon,
comme vous le mentionniez tantôt, des parties de lot. C'est une sorte de
progressivité qui est difficile à évaluer maintenant qu'il
y a... Vous parliez des schémas d'aménagement, mais il y a,
malgré tout, le zonage agricole qui vient aussi tempérer,
finalement.
Mme McMurray: En matière de zonage agricole, il est
interdit de découper davantage le territoire.
Mme Harel: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Fre-nette.
M. Frenette: Peut-être un complément d'information.
Je pense que, lorsque le nouveau Code sera en vigueur, avec les dispositions
qu'on a devant nous en matière de publicité des droits, on n'a
qu'à songer à tout le processus de financement et aux habitudes
des institutions financières de poser certaines conditions, comme,
à l'heure actuelle, de demander un certificat de localisation. Alors,
pour bénéficier de la sûreté des titres que va
permettre la publication sur les lots immatriculés, la publication sur
des droits immatriculés, on peut prendre pour acquis que la plupart des
institutions financières vont exiger que le lot soit immatriculé
et que, par conséquent, le processus d'élimination des parties de
lot va aller bon train. Malheureusement, on ne sait pas trop pourquoi, la
plupart des gens ont besoin d'hypothéquer leur propriété
pour faire face aux besoins courants. Alors les choses devraient aller assez
rondement là-dessus. Il n'y a pas beaucoup de personnes qui
échappent à ça.
Mme McMurray: Nous partageons évidemment cet argument.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Kehoe: C'est l'évidence même.
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'il y aurait
d'autres commentaires touchant ces articles? Ça va? Donc, l'article 2957
est adopté tel qu'amendé. L'article 2958 est laissé en
suspens tel qu'amendé. L'article 2958.1 est adopté tel que
proposé. Les articles 2959, 2960 et 2961 sont adoptés tels
qu'amendés et l'article 2962 est adopté tel quel.
Nous en arrivons maintenant à la section III qui traite du
registre des droits réels mobiliers et du registre des droits
personnels. Permettez-moi de vous lire le court texte d'introduction à
cette section III.
Du registre des droits personnels et réels
mobiliers
La section troisième du chapitre premier du titre
troisième introduit dans le Code civil du Québec le registre des
droits réels mobiliers et le registre des droits personnels. Ces deux
nouveaux registres proviennent de la scission du
registre des droits personnels et mobiliers de l'avant-projet, article
3397.
J'aimerais donc appeler le seul article que contient cette section III,
soit l'article 2963.
M. Kehoe: Oui. M. le Président, il y a seulement un
article et il y a deux amendements. L'intitulé de la section III,
immédiatement avant l'article 2963, est remplacé par le suivant:
"Du registre des droits personnels et réels mobiliers".
Modification de concordance avec l'article 2918. En raison de cet
amendement, l'intitulé de la section III, immédiatement avant
l'article 2963, se lirait comme suit: "Du registre des droits personnels et
réels mobiliers".
L'article 2963 est modifié: 1° par le remplacement des mots
"Le registre des droits réels mobiliers et celui des droits personnels
sont constitués" par les mots "Le registre des droits personnels et
réels mobiliers est constitué"; 2° par le remplacement des
mots "règles d'application du présent livre" par le mot
"règlements". 3° par l'ajout, après le premier alinéa,
de l'alinéa suivant: "Sur chaque fiche sont répertoriées
les inscriptions qui concernent la personne ou le meuble."
Modification de concordance avec l'article 2918 en ce qui concerne
l'appellation du registre. Modification, également, de correction du
renvoi au pouvoir réglementaire. Enfin, l'ajout vient préciser le
contenu des fiches qui composent le registre des droits personnels et
réels mobiliers. Quant au deuxième alinéa, il adapte
à ce registre la dernière phrase du deuxième alinéa
de l'article 2957. En raison de cet amendement, l'article 2963 se lira comme
suit: "Le registre des droits personnels et réels mobiliers est
constitué de fiches tenues par ordre alphabétique,
alphanumérique ou numérique, sous la désignation des
personnes nommées dans les réquisitions d'inscription ou selon
tout autre mode prescrit par les règlements. "Sur chaque fiche sont
répertoriées les inscriptions qui concernent la personne ou le
meuble."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Chapleau. Est-ce qu'il y aurait des commentaires
touchant cet article 2963 tel qu'amendé?
Mme Harel: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Cet article, comme vous le savez, a déjà
fait l'objet d'un échange entre l'Opposition et le gouvernement. Je me
rappelle les réponses qui nous avaient été données
et qui étaient à l'effet que les études n'étaient
pas encore terminées pour identifier les biens qui pourraient être
individualisés et qui pourraient permettre une désignation. Si je
comprends bien, là, à 2963, les fiches au registre sont tenues
selon la désignation des personnes?
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le
député de Chapleau.
Mme Harel: On en est encore au problème de la
réglementation. On nous avait dit, il me semble, que oui, possiblement,
il y aurait des biens qui pourraient être désignés... Vous
vous rappelez sans doute, M. le Président, on donnait comme
qualificatifs à ces biens de "flotter", de "rouler" ou de "voguer". Non?
De voler, excusez-moi. Mais on en est donc toujours aux mêmes
réponses, si je comprends bien? Adopter 2963, est-ce à dire que
ça signifie adopter un registre sous la désignation de personnes,
un registre qui est constitué à partir de fiches sous la
désignation de personnes? (21 h 15)
M. Kehoe: Me Potvin-Plamondon.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me
Potvin-Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: M. le Président, évidemment,
la tenue du registre des droits personnels et réels mobiliers à
partir du nom des parties mentionné à la réquisition
d'inscription est un des principes de base du registre, comme on vous a
expliqué la semaine dernière, en associant, pour les biens qui
pourront être individualisés par une technique de sériation
ou autre, une fiche descriptive. C'est le même principe qu'on a
énoncé la semaine dernière. Donc, d'abord, un
enregistrement nominatif, donc une publicité personnelle, et une
publicité réelle s'il y a lieu, pour les biens qui seront
définis au règlement d'application. Si le...
Mme Harel: En amendement, au deuxième alinéa, vous
introduisez la formulation suivante. "Sur chaque fiche sont
répertoriées les inscriptions qui concernent la personne ou le
meuble.'1 Alors, on saura uniquement au moment où on fera
l'étude du règlement quels sont les meubles qui peuvent
être ainsi répertoriés.
M. Kehoe: Je tiens à souligner, Mme la
députée, que tous ces règlements seront
étudiés ici, en commission parlementaire, tel que promis par le
ministre. À ce moment-là, il y aura une discussion, un
échange entre l'Opposition et le gouvernement sur tous ces
renseignements-là.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut avoir l'assurance que ce
règlement nous sera déposé incessamment? Quand avez-vous
l'intention de
procéder à l'étude de la réglementation?
M. Kehoe: Je pense qu'à plusieurs reprises, dans le
passé, le ministre a laissé savoir qu'on travaille actuellement
au règlement. Le règlement devrait être
déposé au mois de mai.
Mme Harel: Au mois de mai?
M. Kehoe: C'est ça qu'il a dit cet après-midi et
à d'autres occasions.
Mme Harel: Au mois de mai? Il nous aurait dit ça cet
après-midi?
M. Kehoe: Je m'excuse, je reviens. Si je ne me trompe pas... Vous
dites qu'il n'y aurait pas de date spécifique, qu'il n'aurait pas dit de
date spécifique? Je m'excuse, je retire le mois de mai comme une
date.
Mme Harel: C'est pire, c'est pire encore. Pas de date
spécifique, ça veut dire quoi, ça? Ça veut dire
après la loi d'application ou avant?
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Encore une fois, après consultation, les
légistes m'ont dit que le ministre a toujours espoir que ce soit
déposé vers le mois de mai et étudié avant la fin
de la session du mois de juin. C'est l'intention à l'heure où on
se parle.
Mme Harel: Alors, vous n'étiez pas si
éloigné de l'intention du ministre, n'est-ce pas?
M. Kehoe: Bien...
Mme Harel: Alors, je vais vous proposer, M. le Président,
de suspendre...
M. Kehoe: Excusez-moi. Mme Harel: D'accord.
M. Kehoe: La conception administrative va être
préparée après que la loi sera adoptée. C'est une
roue qui tourne, il y a une chose après l'autre. C'est pour ça
qu'on ne peut pas dire avec précision quand le règlement va
être déposé et étudié. Si tout tombe en
ordre, ça devrait être fait tard au printemps ou au commencement
de l'été.
Mme Harel: De toute façon, cet après-midi,
déjà, M. Ménard nous mentionnait que l'implantation des
registres se ferait à l'automne 1993. Alors, il faut prévoir,
dans le fond, la mise en vigueur autour du 1er janvier 1994. Si
l'informatisation, telle qu'on nous l'a mentionnée cet
après-midi, se fait à l'automne 1993, je ne vois pas comment il
serait possible de le mettre en vigueur avant même que ça soit
opérationnel.
Je vais vous proposer, M. le Président, de suspendre 2963
jusqu'à ce que l'on ait disposé de la question du fond,
c'est-à-dire de la question de l'hypothèque mobilière. Je
ne voudrais pas qu'à ce moment-ci, sans savoir ce qui va arriver avec
les articles qui traitent de l'hypothèque mobilière, on adopte un
registre et puis on ne saurait même pas ce qu'il y a dedans. Alors, en
principe, dépendamment de ce qui arrivera lors de l'examen de
l'hypothèque mobilière, on adoptera 2963 ou pas.
M. Kehoe: Mais je tiens à souligner, Mme la
députée, que ça ne touche pas seulement
l'hypothèque mobilière. Ça touche beaucoup plus le
nantissement commercial dans un tas d'affaires.
Mme Harel: C'est ça, la cession, etc. Ça ne touche
pas seulement, mais ça touche aussi. Alors, si ça ne touchait pas
l'hypothèque mobilière, on pourrait le voir de votre
façon. Mais, comme ça l'affecte également, vaut mieux voir
de la façon dont on va en disposer.
M. Kehoe: Mais c'a toujours été la politique du
ministre de suspendre l'article où il y a une question semblable. Donc,
je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de torts à suspendre l'article.
Mme Harel: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): S'il y a consentement, donc,
l'article 2963 est laissé en suspens tel qu'amendé et le nouvel
intitulé à la section III est donc adopté tel que
proposé. Nous en arrivons au chapitre deuxième qui traite des
réquisitions d'inscription.
Des réquisitions d'inscription
Mme Harel: On a bien dit que 2963 était suspendu?
Le Président (M. Lafrance): Oui.
Mme Harel: C'est ça. Excusez-moi. Ah oui! c'est
l'intitulé.
Le Président (M. Lafrance): Permettez-moi de vous lire le
texte d'introduction de ce chapitre deuxième, Des réquisitions
d'inscription, qui touche les articles 2964 à 2987 inclusivement. Le
chapitre deuxième du titre troisième porte sur les
réquisitions d'inscription. Il a paru préférable de
traiter de ce sujet immédiatement après le chapitre traitant des
registres où sont inscrits les droits. Ce chapitre est fondamental: il
explique tout le mécanisme de la publicité des droits,
particulièrement en ce qui concerne les règles
générales applicables aux diverses formes de réquisition
d'inscription, les règles propres
aux attestations des réquisitions et les devoirs de l'officier de
la publicité des droits.
Ce chapitre introduit des nouveautés dont la première se
trouve dans l'intitulé même du chapitre. Ce faisant, on a voulu
insister sur le fait que l'officier de la publicité des droits n'agit
pas de sa propre initiative, mais bien sur la réquisition écrite
des intéressés, sous réserve des quelques cas où la
loi l'autorise expressément à agir d'office.
Le projet rejette délibérément l'incohérence
du vocabulaire actuel de l'enregistrement des droits réels, selon lequel
l'enregistrement se fait par dépôt, selon lequel il peut aussi se
faire par bordereau, l'enregistrement par dépôt se faisant par le
dépôt du document, l'enregistrement par bordereau, par le
dépôt du bordereau.
Dans le projet, le terme "dépôt" est réservé
au dépôt des plans cadastraux et des autres documents dont la loi
requiert la conservation par les bureaux de la publicité.
Dans le droit proposé, on ne déposera plus de documents,
on présentera des réquisitions, celles-ci pouvant prendre quatre
formes: 1° l'abrégé normalisé intégré
à l'acte; 2° le sommaire de l'acte; 3" l'acte lui-même, s'il
ne contient que l'information prescrite par les normes; 4° l'avis, lorsque
la loi l'exige.
L'insistance mise sur l'utilisation du terme "réquisition" vise
à bien faire ressortir que l'on passera d'un système
d'enregistrement de documents à un système de publicité
des droits dont le support sera soit le registre foncier, soit le registre des
droits personnels, soit le registre des droits réels mobiliers.
L'inscription des droits se fera sur le fondement de la
réquisition présentée, mais seuls seront publiés
les droits qui doivent être inscrits sur le registre approprié. La
constitution d'un registre complet en soi aura pour résultat qu'il ne
sera opportun de consulter la réquisition que pour préciser
l'assiette d'un droit comme, par exemple, l'assiette d'une servitude de
passage.
Poursuivant l'objectif de l'Office de révision du Code cK/U, mais
prenant en considération les moyens technologiques contemporains et
à venir, le projet propose un système de publicité des
droits dans lequel il sera possible, par la simple consultation du registre,
sur place ou à distance, de connaître, par exemple, la situation
juridique d'un immeuble, sans qu'il soit nécessaire de recourir aux
pièces justificatives de l'inscription.
Ainsi, seront énoncées, dans la section première
traitant des règles générales concernant les
réquisitions d'inscription, les mentions nécessaires qu'on doit
trouver dans toute réquisition d'inscription: l'objectif poursuivi est
l'inscription des droits et l'opposabilité qui résulte de cette
inscription sur le registre approprié.
L'introduction, dans la deuxième section, de l'attestation
obligatoire de la presque totalité des réquisitions qui
concernent le registre foncier vise, certes, l'accroissement de la
fiabilité de celui-ci; il importe, cependant, de bien comprendre le
pourquoi du recours à cette condition habilitante de la
réquisition.
Le Québec se situe dans un contexte nord-américain et
admet que des conventions soient sous seing privé. Aussi aurait-il
été draconien de n'admettre à la publicité que des
droits constatés par acte authentique. Il convient, cependant, de
concéder que l'attestation d'un acte sous seing privé par deux
témoins, dont l'un sous serment, ne concerne que l'attestation de la
signature des parties à l'acte. Pourtant, le contenu de l'acte n'est pas
chose négligeable.
Valable dans un système d'enregistrement où il faut
vérifier l'acte pour s'assurer de l'existence du droit que le document
constate, l'attestation par témoins est insuffisante dans un
système de publicité des droits dont le principe est la confiance
dans le registre. De là, l'obligation nouvelle et justifiée de
l'attestation de la réquisition.
Enfin, dans la troisième section, on traite des règles
particulières d'inscription, telles celles concernant la
déclaration de transmission ou le procès-verbal de bornage.
La section I maintenant, des règles générales, soit
les articles 2964 à 2970. Permettez-moi de vous lire le court texte
d'introduction.
Règles générales
La section première du chapitre deuxième du titre
troisième énumère les divers modes possibles de
présentation de la réquisition, indique le lieu de
présentation de celle-ci, traite de la signature, de l'attestation et de
la présentation des réquisitions, précise la
manière de présenter l'abrégé normalisé ou
le sommaire d'un acte, ainsi que l'étendue de la publicité et,
enfin, autorise que le sommaire d'un acte puisse résumer plusieurs
documents qui se complètent l'un par l'autre.
J'aimerais donc appeler les articles contenus à cette section I
des règles générales, soit les articles 2964 à 2970
inclusivement.
M. Kehoe: M. le Président, à l'article 2965, il y a
un amendement distribué mais le Barreau nous a demandé certaines
précisions. On veut que l'article 2965 soit suspendu. Une courte
suspension, avec un petit "s".
Le Président (M. Lafrance): Donc, l'amendement n'est pas
déposé?
M. Kehoe: Non. M. le Président, il y a cinq
amendements dans cette section. L'article 2964 est modifié: 1° par
le remplacement des mots ", sur le registre des droits réels mobiliers
ou sur le registre des droits personnels" par les mots "ou
sur le registre des droits personnels et réels mobiliers"; 2°
par le remplacement des mots "règles prises" par les mots
"règlements pris".
C'est une modification de concordance avec l'article 2918 en ce qui
concerne les registres et de correction du renvoi au pouvoir
réglementaire. En raison de cet amendement, l'article 2964 se lirait
comme suit: "Les réquisitions d'inscription sur le registre foncier ou
sur le registre des droits personnels et réels mobiliers
désignent les titulaires et constituants des droits, qualifient ces
droits, désignent les biens visés et mentionnent tout autre fait
pertinent à des fins de publicité, ainsi qu'il est prescrit par
la loi ou par les règlements pris en application du présent
livre." (21 h 30)
L'article 2966 du projet est remplacé par le suivant: "La
réquisition d'inscription sur le registre des droits personnels et
réels mobiliers est produite en un seul exemplaire au registre central;
elle se fait par la présentation d'un avis, à moins que la loi ou
les règlements n'en disposent autrement. "La réquisition
d'inscription sur le registre d'une hypothèque ou d'une restriction au
droit de disposer, ou d'un droit dont la durée est
déterminée, doit fixer la date extrême d'effet de
l'inscription."
Le premier alinéa est de concordance avec l'article 2918 en ce
qui concerne l'appellation du registre; il permet aussi au gouvernement de
prendre plus d'un règlement.
Le deuxième alinéa, de droit nouveau et inspiré du
Code civil français, exige de fixer dans la réquisition de
certains actes, par leur nature temporaire, une date au-delà de laquelle
l'inscription n'a plus d'effet. La disposition facilitera l'épuration du
registre et dispensera le créancier de produire une réquisition
de radiation. La disposition est complétée par les articles 3036
et suivants qui définissent la notion de la péremption
d'inscription et qui précisent le rôle de l'officier de la
publicité lorsque survient la péremption. En raison de cet
amendement, l'article 2966 se lirait comme suit: "La réquisition
d'inscription sur le registre des droits personnels et réels mobiliers
est produite en un seul exemplaire au registre central; elle se fait par la
présentation d'un avis, à moins que la loi ou les
règlements n'en disposent autrement. "La réquisition
d'inscription sur le registre d'une hypothèque ou d'une restriction au
droit de disposer, ou d'un droit dont la durée est
déterminée, doit fixer la date extrême d'effet de
l'inscription."
L'article 2967 est modifié par le remplacement des mots "le
règlement" par les mots "les règlements".
Bien qu'il soit souhaitable pour les utilisa- teurs que les normes
édictées par le gouvernement soient réunies dans un seul
et même règlement, il s'agit, en fait, d'un choix qui doit
être laissé à l'administration qui, en temps utile,
pourrait juger plus opportun de diviser l'exercice de son pouvoir
réglementaire et de prendre plus d'un règlement. En raison de cet
amendement, l'article 2967 se lirait comme suit: "Les réquisitions
d'inscription sont signées, attestées et présentées
de la manière prévue par la loi, le présent titre ou les
règlements."
L'article 2968 est modifié: 1° par la suppression, dans la
troisième ligne, des mots "l'abrégé normalisé ou";
2° par l'insertion, dans la même ligne, après les mots "le
sommaire, l'acte" des mots ", l'extrait".
La modification tient compte de l'abandon de l'utilisation de
l'abrégé normalisé; elle est aussi de concordance avec
l'article 2965. En raison de cet amendement, l'article 2968 se lirait comme
suit: "La personne qui requiert une inscription sur le registre foncier est
tenue de présenter, à des fins de conservation et de
consultation, avec le sommaire, l'acte, l'extrait ou tout autre document qui en
fait l'objet."
L'article 2969 est modifié: 1° par la suppression, dans le
premier alinéa, des mots "et quel que soit le contenu du document qui
fait l'objet de l'abrégé normalisé ou du sommaire"; 2°
par l'insertion, dans la première ligne du deuxième
alinéa, après les mots "l'assiette" des mots "ou
l'étendue"; 3" par le remplacement, dans le même alinéa,
des mots "le règlement l'autorise" par les mots "les règlements
l'autorisent".
Remplacement qui justifie la suppression de l'article 2968 et de
concordance avec l'article 2965 nouveau. En raison de cet amendement, l'article
2969 se lirait comme suit: "Quelle que soit la forme que prenne la
réquisition d'inscription, seuls sont publiés les droits qui sont
énoncés à la réquisition et qui doivent être
inscrits sur le registre. "Néanmoins, pour préciser l'assiette ou
l'étendue du droit, il est permis, lorsque les règlements
l'autorisent, de faire référence, dans l'inscription, au document
en vertu duquel celle-ci est requise."
M. le Président, il y a une erreur. Le commentaire devrait se
lire tout simplement...
Le Président (M. Lafrance): Du même article
2969?
M. Kehoe: Oui, 2969.
Le Président (M. Lafrance): Oui.
M. Kehoe: C'est seulement en concordance avec l'article 2965
nouveau.
Le Président (M. La trance): O.K. Alors, si je comprends
bien, vous supprimez, là, "Remplacement que justifie la suppression de
l'article 2968 et de" et vous remplacez tout ça par "En concordance avec
l'article 2965 nouveau."
M. Kehoe: Voilà, c'est ça.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Est-ce qu'il y aurait,
donc, des commentaires touchant ces articles 2964 à 2970 inclusivement,
en vous rappelant qu'on a convenu de laisser 2965 en suspens. Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Effectivement, M. le Président, je souhaitais
obtenir les motifs qui ont été invoqués pour demander la
suspension de 2965.
M. Rémillard: Alors, on semble, M. le
Président...
Le Président (M. Lafrance): Parce qu'il y avait un
amendement à cet article 2965, que j'ai retourné, étant
donné que vous ne l'avez pas lu, que vous ne l'avez pas
déposé.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, il semble y
avoir différentes considérations techniques qui méritent
vérification.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
M. Rémillard: Je vous avoue que je viens d'arriver et que
j'ai un petit peu de difficultés à saisir toutes les
conversations que j'ai autour de moi. Je ne voudrais pas causer d'embarras
à cette commission et l'induire en erreur, mais me référer
à l'aspect technique de cette question et demander que ce soit suspendu
pour plus amples vérifications sur certains aspects de la question.
Mme Harel: Et ces aspects techniques portent sur quoi?
M. Rémillard: C'est sur la notion d'extrait, extrait
authentique par rapport à extrait sous seing privé.
J'espère que ça suffit, M. le Président, je peux
difficilement aller plus loin.
Mme Harel: Ah oui! Parce que l'amendement réfère
à... Très bien, d'accord. Ce n'était, en fait, pas tant
sur l'article que sur l'amendement. C'est ça?
Le Président (M. Lafrance): Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Au sujet de l'article
2968, le nouveau système de publicité des droits qui est mis de
l'avant par le projet de loi 125 en est un qui vise la publication des droits
plutôt que des actes, comme la chose a été
mentionnée à plusieurs reprises depuis, de fart, le début
des travaux sur le projet de loi 125, en particulier sur la publication des
droits. Ce qui veut dire que, dans la mesure où nous avons des documents
assez succincts de la teneur de ceux mentionnés à l'article 2965,
les gens doivent pouvoir... si on se fie également à 2947 et
2928, à ce qui est publié sous forme de sommaires, ou d'extraits,
ou d'actes très brefs, ou d'avis. Alors, la question est la suivante:
À quoi sert la présentation et le dépôt aux fins de
conservation qui sont prévus à l'article 2968?
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que je peux
inviter Mme McMurray à répondre à cette question?
Le Président (M. Lafrance): Oui, merci, M. le ministre.
Alors, Me McMurray.
Mme McMurray: M. le Président, j'aimerais insister sur le
fait que l'article 2968 précise que le document est déposé
à des fins de conservation et de consultation seulement et qu'il ne sera
donc pas utilisé pour les fins de l'inscription au registre foncier,
sous réserve de la disposition prévue à 2969, au
deuxième alinéa, où, par l'amendement, on prévoit
la possibilité de référer au document, s'il est
nécessaire, pour compléter l'assiette du droit ou le contenu
d'une inscription. Ça, c'est l'une des premières raisons pour
lesquelles il est nécessaire de conserver le document dans les bureaux
de publicité. Mais il y a également d'autres motifs. En raison
des effets importants qui résulteront des inscriptions au registre
foncier - et je pense surtout à la présomption
irréfragable accordée au droit de propriété
après 10 ans - il est apparu nécessaire de pouvoir mettre
à la disposition des tiers l'information requise et donc le document
source qui est la cause de la transaction pour pouvoir donner la
possibilité de consulter le document d'origine, faire une
vérification quant à la qualification et à l'inscription
et s'opposer, s'il y a lieu, au temps qui court et qui donnera une
présomption irréfragable. Alors, en raison de ces effets
importants, la conservation de l'acte est apparue nécessaire.
D'autre part, comme les actes sous seing privé seront
également admis et toujours admis à la publicité, il est
nécessaire d'en assurer leur préservation. Ça, c'est un
autre motif. D'autre part, la documentation foncière des bureaux
d'enregistrement sert aussi à d'autres fins que de publier les titres,
notamment les bureaux d'enregistrement fournissent aux municipalités
copie des mutations immobilières pour la mise à jour des
rôles d'évaluation foncière. Il est nécessaire, pour
les évaluateurs, d'avoir l'information en ce qui concerne le contexte de
la transaction pour pouvoir évaluer justement la valeur marchande de la
transaction.
Alors, pour tous ces motifs et parce que, depuis plus de 100 ans, on
conserve dans les bureaux d'enregistrement la documentation foncière, il
est apparu périlleux peut-être d'aliéner
immédiatement cette documentation, quitte à revoir, après
quelques années d'exercice, si la pratique peut être
modifiée.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Frenette.
(21 h 45)
M. Frenette: Je pense qu'effectivement, pour la période
où il est possible, une fois le report de droit fait, de contester
certaines inscriptions, du moins en ce qui a trait aux droits qui sont
incertains ou qui auront été déclarés incertains,
la consultation des documents peut s'avérer utile. Mais la force
probante du titre et des droits va jouer surtout pour ce qui a trait aux lots
immatriculés. Et, pour ceux-là, avec le temps, les registres ne
serviront à rien.
Je comprends les besoins que peuvent requérir l'article 2969,
deuxième alinéa, mais c'est peut-être quelque chose qui
serait évident lors de la confection du sommaire. Et ma crainte à
moi, c'est que, passant d'un système d'enregistrement des documents
à un système de publicité des droits, de fait, on ne
puisse pas revenir en arrière si, au moment où les nouvelles
dispositions sont mises en vigueur, on continue d'opérer exactement de
la même façon que de par le passé. La documentation ayant
servi à la confection des sommaires doit pouvoir être
trouvée, mais nous devons comprendre que le gouvernement prendra
à sa charge les frais de location des espaces additionnels, les frais de
conservation, bref tous les frais afférents à la conservation des
actes aujourd'hui, bien qu'on ait un système qui est supposé nous
dispenser, en prenant les mesures appropriées pour l'application dans le
temps, de cette conservation.
Il est vrai que peut-être certains points techniques que vous avez
mentionnés nécessitent la consultation des actes, mais est-ce
qu'ils nécessitent la consultation des actes aux endroits prévus
par l'article 2968? Essentiellement, c'est un petit peu comme si, au premier
coup d'oeil et au premier coup d'oeil seulement, il y avait peu de confiance
dans le système proposé, au point où on se garde comme
filet la conservation des actes déposés au cas où il
faudrait revenir à l'ancien.
Le Président (M. Lafrance): Me McMurray.
Mme McMurray: Nous n'avons aucun doute et aucun objectif de cette
nataure. Il est clair que seuls seront opposables au tiers et
bénéficieront des effets de la publicité les droits
inscrits au registre foncier et tels qu'inscrits au registre foncier. Et
l'article 2969 est très clair, et 2968 également, en
précisant que les documents ne sont déposés que pour la
conservation et que pour la consultation et que, sous réserve du
deuxième alinéa de 2969, en aucun temps ils ne peuvent être
utilisés pour compléter l'information du registre foncier.
Et l'objectif du ministère, c'est de tenir un registre foncier
qui se suffit et d'adopter les moyens technologiques requis pour en faire la
publicité.
M. Frenette: Mais, si j'ai bien compris, en offrant un service
qui n'est plus nécessaire, mais en décidant quand même
d'offrir un service de conservation et de consultation qui n'est pas
nécessaire aux fins du mode de publicité mis en vigueur.
Mme McMurray: Pour bénéficier des effets du
registre foncier, non, comme je l'ai mentionné, mais pour d'autres
raisons qui peuvent apparaître secondaires mais qui, additionnées
les unes aux autres, ont mérité la disposition de 2968, notamment
pour la protection de l'acte sous seing privé.
M. Frenette: Est-ce que les coûts supplémentaires de
cette mesure ont pu être évalués dans le temps?
Mme McMurray: Les coûts de la conservation des actes
peuvent facilement être réduits en faisant appel à des
techniques de conservation modernes, comme le microfilm, par exemple, et nous
songeons à utiliser ces modes de conservation. Il en sera de même
aussi pour la réquisition d'inscription qui aura peu d'utilité en
elle-même puisqu'il n'y a que le registre foncier qui fera foi des
inscriptions.
Mme Harel: Est-ce que ce sera, encore une fois,
autofinancé par le fonds des registres?
Mme McMurray: Oui, absolument. Mme Harel: Donc, par la
tarification. Mme McMurray: Oui.
Mme Harel: Et vous faites une évaluation de coût de
quel ordre, présentement?
Mme McMurray: Vous parlez strictement pour la conservation de ces
actes?
Mme Harel: Oui.
Mme McMurray: C'est minime par rapport à l'ensemble des
réalisations que nous avons à faire.
Mme Harel: Sur microfilms, oui?
Mme McMurray: Aussi, parce que nous songeons à adopter les
microfilms pour conserver
la réquisition d'inscription et c'est minime ça aussi.
Nous ferons des analyses de coûts-bénéfices et, dans la
mesure où il sera plus rentable d'utiliser ce moyen que de conserver une
documentation papier, ce sera le moyen que nous retiendrons.
Mme Harel: Combien est-ce que ça coûte actuellement,
la conservation? À combien l'éva-luez-vous?
Mme McMurray: Nous n'avons pas de chiffres précis, en ce
qui concerne strictement l'activité de conservation. Nous conservons la
documentation foncière depuis plus de 100 ans, depuis la création
des bureaux d'enregistement, et cela fait partie des coûts
d'opération des bureaux d'enregistrement.
Mme Harel: Est-ce qu'ils sont ventilés de manière
à pouvoir vous permettre de les identifier?
Mme McMurray: Non, nous n'avons jamais distingué les
coûts propres, stricts de la conservation papier des coûts de tenue
de registres puisque c'est un ensemble. La documentation foncière est
constituée de registres et de documents qu'on consulte qui sont des
documents de référence.
Mme Harel: Comment allez-vous faire pour comparer ces coûts
avec ceux éventuels du microfilm pour en choisir le mode le plus
approprié ou le moins coûteux?
Mme McMurray: Nous allons estimer les coûts de conservation
des documents papier par rapport aux coûts de conservation de la
documentation sur d'autres supports.
Mme Harel: Vous allez l'estimer?
Mme McMurray: Non. Nous allons faire des études qui vont
nous donner des chiffres précis.
Mme Harel: Vous n'avez pas beaucoup de chiffres, en tout cas, M.
le ministre, pour l'ensemble de ces choses nouvelles qui sont introduites.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Fre-nette.
M. Frenette: Peut-être une question d'information
seulement. Puisque, au fur et à mesure que les immeubles deviendront
tous immatriculés, et que le report des droits aura été
fait sur chacun des immeubles immatriculés, et que la brève
période de contestation des droits sera écoulée
également, les registres actuels deviendront inutiles à toutes
fins pratiques, avez-vous pensé à les centraliser?
Mme McMurray: Les centraliser?
M. Frenette: Par région, à Québec ou
à Montréal, ou s'ils demeureront là ad vitam aeternam dans
les bureaux d'enregistrement?
Mme McMurray: Le temps sera quand même relativement long
pendant lequel nous aurons encore besoin de consulter l'index des immeubles.
Alors, l'index des immeubles devra demeurer disponible. Par ailleurs, nous
songeons à utiliser d'autres supports de conservation, d'abord pour
assurer la préservation de l'index des immeubles qui est sur papier, qui
est menacé en raison du temps et de l'utilisation qui en est faite, et
de manière aussi à réduire les coûts de
conservation. Mais cela se fera quand même dans un avenir plus
lointain.
M. Rémillard: M. le Président... Le
Président (M. Lafrance): Oui.
M. Rémillard: ...je veux remercier, si vous me permettez,
Me McMurray pour ses explications. C'est vraiment très impressionnant de
voir à quel point elle possède bien son dossier et elle nous
l'explique bien. Je veux la remercier.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Me McMurray. L'article
2964 est adopté tel qu'amendé. L'article 2965 est laissé
en suspens. Les articles 2966, 2967, 2968 et 2969 sont adoptés tels
qu'amendés et l'article 2970 est adopté tel quel. Nous en
arrivons à la section II qui traite des attestations. Permettez-moi de
vous lire le texte d'introduction à cette section II, Des attestations,
donc les articles 2971 à 2978.
Des attestations
La section deuxième du chapitre deuxième du titre
troisième porte sur l'attestation des actes concernant un droit
susceptible d'être publié. Elle traite successivement de
l'obligation qui est faite aux notaires, arpenteurs-géomètres,
officiers de justice, syndics de faillite, secrétaires ou greffiers
municipaux, officiers ministériels rédacteurs d'actes
authentiques ou publics soumis à la publicité foncière, ou
avocats, d'attester certains actes.
La section deuxième traite aussi de l'attestation des actes sous
seing privé et de l'exactitude du contenu du sommaire, de la forme et du
signataire de l'attestation, de la non-nécessité de l'attestation
de certains actes et de la traduction de documents rédigés dans
une langue autre que le français ou l'anglais.
J'appelle donc les articles contenus à cette section II, soit les
articles 2971 à 2978 inclusivement.
M. Rémillard: M. le Président, vous appelez
ces articles. Il nous reste à peine trois minutes. Vous avez une
bonne grippe, que vous couvez en tout cas. Il faudrait...
Le Président (M. Lafrance): Et je réalise qu'il y a
plusieurs amendements.
M. Rémillard: Oui. Il y a plusieurs amendements. Il
faudrait vous reposer. Alors, peut-être qu'on pourrait reprendre tout
ça. On a convenu de reprendre tout ça demain
après-midi.
Le Président (M. Lafrance): Vous me dites demain
après-midi.
M. Rémillard: Après la période de
questions.
Le Président (M. Lafrance): II y a consentement? Parce que
j'avais eu ordre, moi, de siéger demain matin. Donc, nous
siégerons demain après-midi, après la périodes des
affaires courantes?
M. Rémillard: Oui. Je ne sais pas où vous prenez
vos ordres, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Bien, je dois m'assurer qu'il
y a consentement. Détail technique. Je suis aussi sous les ordres de
tous les membres de la commission, dans ce sens que, lorsqu'il y a un
consentement, bien... Est-ce qu'il y a d'autres remarques de fin de
séance?
M. Rémillard: Ça va.
Le Président (M. Lafrance): Donc, j'aimerais ajourner nos
travaux à demain, 27 novembre, après la période des
affaires courantes, sujet à confirmation en Chambre. Merci.
(Fin de la séance à 21 h 58)