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(Quatorze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Lafrance): Bonjour à tous. Je
remarque que nous avons le quorum. Alors, l'aimerais donc déclarer cette
séance de travail ouverte en rappelant à tous le mandat de notre
commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 125, Code civil du Québec.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Organisation des travaux
Le Président (M. Lafrance): Je vous rappelle tout d'abord
l'horaire. Nous avons prévu de nous réunir jusqu'à ce
soir, 22 heures, en arrêtant pour le souper entre 18 h 30 et 20
heures.
J'aimerais peut-être, avant de demander s'il y en a qui ont des
commentaires d'ouverture cet après-midi, vous proposer ceci. Nous avons,
comme vous le savez, laissé sept textes d'introduction que nous n'avons
pas lus, qui sont contenus au livre III, Des successions. En fait, il s'agit
des textes du chapitre quatrième au titre deuxième et, ensuite,
les chapitres I, II, III, IV et V du titre...
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): ...sixième. J'aimerais,
si vous le permettez, M. le ministre, juste terminer en disant que je propose
que nous lisions ces textes lorsque nous reviendrons sur les articles
suspendus, en temps et lieu, si ça vous convient.
M. Rémillard: Ahl Excusez-moi, M. le Président,
parce qu'avec votre dernière phrase je pense que ça nous situe
bien.
Le Président (M. Lafrance): Si vous êtes
d'accord.
Mme Harel: À savoir... Excusez-moi, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Parce qu'il y a des textes
d'introduction qu'on n'avait pas lus. Comme je vous ai dit, suite à la
décision du président, seules les interventions verbales sont
consignées au Journal des débats. Et, comme
référence future, je pense que ce serait bon que nous lisions ces
textes d'Introduction. Alors, je vous recommande de les lire lorsque nous
revien- drons sur les articles qui ont été suspendus dans ces
chapitres-là que nous avons laissés en suspens, si vous
êtes d'accord avec ça. Oui, Mme la députée?
Mme Bleau: Juste une question. Est-ce que ce serait possible de
nous donner l'horaire complet pour notre semaine, jour par jour, qu'on puisse
se situer et se préparer?
Le Président (M. Lafrance): Merci. Pour ce qui est de ce
que je viens de proposer, est-ce que vous êtes d'accord avec
ça?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Oui. D'accord. Pour ce qui est
de l'horaire, moi, je puis vous confirmer que nous avons convenu de nous
réunir également demain, de 14 heures jusqu'à 22 heures,
en arrêtant évidemment pour le souper entre 18 h 30 et 20 heures.
Pour ce qui est de jeudi, je n'ai pas eu de confirmation encore sur
l'horaire.
Mme la secrétaire, est-ce que, de votre côté, vous
avez eu...
La Secrétaire: II n'y a rien de décidé
encore pour jeudi.
Le Président (M. Lafrance): Nous allons vérifier,
Mme la députée de Groulx, cet après-midi et vous confirmer
ceci dès que nous aurons l'information nécessaire.
Mme Bleau: Merci, M. le Président. Vous êtes
très bon pour moi.
Le Président (M. Lafrance): Ha, ha, ha!
Mme Harel: Mol, je vous propose sur ce sujet, M. le
Président, que nous tirions nos conclusions sur les travaux de la
semaine au plus tard à la clôture de nos travaux, ce soir,
à 18 heures 30, de façon à ce que nous puissions planifier
nos propres activités, jeudi. Alors, si nous n'avions pas de
confirmation, nous devrions prendre pour acquis que nous ne siégons pas
jeudi, à ce moment-là, de façon à pouvoir
prévoir, à une seule journée d'intervalle, les
activités de jeudi.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: Je m'excuse, parce que j'avais d'autre chose
à... Si je comprends bien, donc, M.
le Président, nous siégeons demain après-midi et
demain soir. C'est ça? Et jeudi, je crois que ce qui est prévu,
ce qui pourrait être prévu, c'est jeudi après-midi ou jeudi
matin - un des deux -de sorte qu'on puisse laisser à nos experts - parce
qu'il y a un problème - le soin de se rencontrer. Ça a tout l'air
que... Moi, je serais prêt à siéger et jeudi matin et jeudi
après-midi. Mais on m'informe que nos experts ne se sont pas assez
rencontrés et n'ont pas assez discuté et qu'on ne pourrait pas
faire deux séances jeudi.
Mme Harel: Siège-t-on au niveau de la commission sur les
offres du fédéral et de la commission sur la souveraineté
ou si c'est exclu cette semaine? Faut-il comprendre que ce soit exclu à
ce moment-ci?
M. Rémillard: Moi, ce que j'en sais, je n'ai pas
été convoqué.
Mme Harel: Moi non plus.
M. Rémillard: Si je n'ai pas été
convoqué... Il me semble que, s'il y en avait, on devrait être
convoqués à ce moment-ci.
Le Président (M. Lafrance): Je retiens, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, votre proposition, avec
laquelle je suis d'accord. On va tenter, avant la fin de notre séance
d'aujourd'hui, de clarifier la situation de jeudi, de façon à
nous donner un petit peu de...
Mme Harel: À ce moment-là, M. le Président,
j'indique immédiatement que je souhaiterais que l'on puisse
siéger jeudi matin, de façon à permettre à nos
experts de se rencontrer jeudi après-midi.
M. Rémillard: Ça pourrait dépendre si on est
à un stade où nos experts doivent se rencontrer avant qu'on se
rencontre - c'est ça le problème - s'ils ont besoin de jeudi
matin pour se rencontrer et que nous, on fasse le travail jeudi
après-midi.
Mme Harel: De toute façon, avant de convenir, on en
reparlera aussi, parce qu'il est possible qu'il y ait d'autres activités
qui, compte tenu des circonstances, m'obligent à rentrer à
Montréal jeudi après-midi.
M. Holden: M. le Président, pour les cousins pauvres,
est-ce qu'on peut savoir sur quoi on a des tractations juste au cas où
ça nous intéresse un peu?
M. Rémillard: Mme la députée s'en va en
voyage parlementaire...
Mme Harel: Vendredi.
M. Rémillard: Vendredi.
M. Holden: Oui, je sais tout ça, mais les discussions des
experts...
M. Rémillard: Donc, jeudi, c'est normal. Mme Harel:
II y a une urgence, suite...
Le Président (M. Lafrance): Si vous permettez, j'aimerais
répondre à M. le député de Westmount...
M. Holden: Je parlais d'abord...
Le Président (M. Lafrance):... en vous
référant, peut-être, à la salle, de l'autre
côté, où ont lieu les rencontres. Alors, si vous voulez
savoir quel est le contenu de ces rencontres là, je pense que ça
se passe dans la salle voisine ici, on sera en mesure...
M. Holden: Est-ce qu'on est les bienvenus?
Le Président (M. Lafrance): Mais certainement, c'est
ouvert à tout le monde, les experts sont là et on peut y aller si
on veut.
M. Holden: C'est la première fois que j'entends
ça.
Le Président (M. Lafrance): Ah bon! Une voix: On
vous accommode.
Le Président (M. Lafrance): C'est l'endroit où nos
experts se rencontrent régulièrement pour discuter de nos
travaux.
M. le ministre.
M. Rémillard: Je veux simplement dire que, moi, je n'y
vais pas en tout cas. Je ne sais pas si Mme la députée y va. Mais
on laisse vraiment nos experts travailler ensemble pour faire le point sur les
différentes difficultés techniques et
d'interprétation.
M. Holden: Mais sur le fond même surtout des articles 1467
et tout ça, si on est pour changer par amendement l'approche aux
défauts cachés, j'aimerais bien faire partie de ces discussions.
J'en suis un expert là-dedans. J'ai pratiqué ça depuis 35
ans, M. le Président. J'ai plaidé bien des causes sur les
défauts cachés. Je suis prêt à discuter avec
n'importe quel soi-disant expert là-dedans.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je peux
rassurer le député de Westmount que, quand il est avec
nous, II est d'une très grande utilité à cette commission,
il y participe activement et ça me fait un très grand plaisir de
le voir être aussi sensible à toutes ces dimensions du Code civil,
en particulier dans des domaines où II a exercé et continue
d'exercer le droit.
En ce qui regarde donc cet article 1459 et tout ce qui regarde la
protection du consommateur, la responsabilité du fabricant, j'ai
annoncé que nous étions toujours en consultation. Il s'agit de
faire des choix qui reflètent un consensus dans la
société. C'est ça qui est notre responsabilité Ici,
comme membre de cette commission parlementaire, trouver le consensus.
Et j'ai continué à consulter, beaucoup consulter. J'ai
aussi regardé avec les experts différents textes et, quand nous
allons arriver à cet article-là, je vous ferai part de cette
réflexion. Je sais, d'autre part, que le Barreau réfléchit
aussi sur cette question, parce que le Barreau ne s'est pas prononcé
encore officiellement. Nous sommes donc dans une réflexion à ce
niveau-là. Ma préoccupation, c'est de protéger le
consommateur, tout en faisant en sorte qu'il n'y ait pas un
déséquilibre qui ferait que pour le fabricant, et pas simplement
pour la grande entreprise - on pense souvent que c'est simplement la grande
entreprise, mais des centaines de petites et moyennes entreprises aussi peuvent
être touchées - on trouve un moyen terme certainement en
protégeant des acquis en ce qui regarde la protection du
consommateur.
M. Holden: Vous avez déjà dit tout ça, M. le
ministre, et j'ai bien compris. Mais, dans l'autre salle, est-ce qu'on discute
des détails de rédaction ou si on discute, au fond, si la cause
Kravltz va être diluée? C'est ça que je veux savoir.
M. Rémillard: M. le Président, je veux rassurer le
député de Westmount, les décisions se prennent Ici. C'est
Ici, en commission parlementaire, par les élus, que se prennent des
décisions. Les experts sont là pour nous aider et ils le font
d'une façon exceptionnelle, mais c'est nous, comme élus, qui
prenons nos responsabilités et qui avons à discuter, dans
l'objectif de trouver ce consensus social. C'est ça que nous cherchons.
Alors, on prépare le terrain sur le plan technique, on nous propose des
solutions, mais c'est nous, ici, qui décidons. C'est évident, M.
le Président.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: ...une remarque, à ce stade-ci, pour dire au
ministre que je ne partage pas son point de vue sur le fait que notre
râle et notre responsabilité consisteraient exclusivement à
trouver les consensus. À ce moment-là, il faudrait faire des
sondages et le rôle des parlementaires, dans un Parlement comme celui-ci,
consisterait à s'ajuster à l'état de l'opinion. Moi, je ne
partage pas du tout cette remarque qu'il a faite. Je crois qu'il est important
aussi de faire évoluer nos concitoyens sur certaines grandes questions
qui concernent toute notre société et je ne me vois pas du tout
comme faisant un travail qui est le produit des résultats d'un
sondage.
M. Rémillard: M. le Président, pour ma part, je ne
me réfère pas à des sondages, je me réfère
à un consensus social. Et pour moi, je le répète, ce qui
est important dans cette commission, ce qui est important quand nous parlons de
la réforme d'un Code civil, c'est un Code qui reflétera
profondément un consensus social. Le Code civil est plus qu'une loi.
C'est un projet de société, c'est la loi la plus fondamentale,
avec la Constitution, qu'on retrouve dans une société puisque
c'est la loi qui gouverne les rapports entre les Individus. Dans ce
cadre-là, M. le Président, pour ma part, je cherche un consensus,
et ce consensus, ce n'est pas par sondage qu'on l'a. Ce consensus, on l'a en
consultant en fonction des intervenants directs qui sont impliqués et en
fonction d'une jurisprudence, en fonction des différents
éléments d'information que nous pouvons avoir. C'est ce que je
fais, M. le Président, depuis plusieurs semaines, c'est ce que je vais
continuer à faire et, quand nous allons arriver à cet article, je
vous ferai part de la réflexion que nous avons.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. M. le
député de Westmount, est-ce que vous avez un autre commentaire
à soulever?
M. Holden: Je voulais simplement... Le ministre parle de
consensus et de règles de la société. Mais un de nos buts,
c'est de faire en sorte que le Code s'inscrive dans la ligne juris-prudentielle
et je me demande en discutant la question de fabricants: Est-ce qu'on va
discuter le développement de la jurisprudence ou est-ce que, ça,
c'est laissé aux experts? Comment ça marche?
M. Rémillard: M. le Président, nous ne ferons pas
différemment, en ce qui regarde cet article, que nous avons fait pour
tous les autres articles. Dans tous les autres articles que nous avons vus
à date, c'est ici que la réflexion se fait et c'est ici que la
décision se prend. Ça va être exactement la même
chose.
Le Président (M. Lafrance): Moi, j'aimerais apporter un
commentaire. La salle est...
Mme Harel: J'ai demandé la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, juste un instant.
J'aimerais donner un commentaire à M. le député de
Westmount. La salle, en autant que je suis concerné, est accessible. Je
vois que vous avez une personne pour vous assister aussi. Vous pouvez vous en
servir pour connaître le contenu des discussions qui sont
préparatoires à ce qui se déroule ici. Mme la
députée de Hochelaga-Mai-sonneuve.
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, je reprends
les mots mêmes du ministre, à savoir que ce consensus social, il
ne le recherche pas avec des sondages, mais - je reprends ses termes - en
consultant les intervenants directement. Et je lui rappelle que nous lui avions
proposé d'entendre directement des intervenants et que nous allons
encore le lui proposer au moment où on en sera à l'examen de ces
dispositions sur lesquelles il y a consensus et ces dispositions contenues dans
le projet de loi 125 qui brisent le consensus social. Et nous lui proposerons
d'entendre directement des intervenants pour justement rétablir ce
consensus social.
M. Rémillard: M. le Président, nous envisageons des
amendements à cet article pour des objectifs et en fonction de
situations que j'expliquerai en temps et lieu.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y aurait d'autres commentaires d'ouverture sur le déroulement de
nos travaux pour cet après-midi et ce soir? Sinon, nous étions
rendus à l'article 1367. Donc, nous avons étudié 1367
articles et avons suspendu 246 de ces articles.
M. le ministre.
Des biens
M. Rémillard: M. le Président, je crois que nous
aimerions pouvoir reprendre aux articles que nous avons suspendus à
partir du livre quatrième concernant les biens. Nous pourrions reprendre
tous ces articles. Nos experts se sont rencontrés et les articles qui
ont été suspendus pourraient être revus à la
lumière de ces discussions qui ont eu lieu entre nos experts.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on reprenne au livre quatrième, donc, les articles
qui ont été suspendus? Oui?
Le premier article suspendu que j'ai, c'est l'article 919 au chapitre
troisième.
Mme Harel: Alors, M. le Président, j'attends les remarques
du député de Dubuc qui, comme vous le savez, s'intéresse
depuis longtemps et de très près à toute cette question et
qui a une bonne expertise. Je devrais, certainement pour le début de nos
travaux, ce soir, avoir une position finale sur cet article.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. On peut le laisser
en suspens. Est-ce que vous avez des commentaires sur ces remarques, M. le
ministre?
M. Rémillard: Non. Suspendons cet article, M. le
Président, pour quelques heures.
De la propriété (suite)
Le Président (M. Lafrance): Merci. J'aimerais donc appeler
l'article suivant qui a été laissé en suspens, soit
l'article 946; en fait, les articles 946, 947, 948 et 950 qui sont contenus au
titre deuxième, chapitre premier. À l'article 946, est-ce qu'il y
a des amendements de proposés?
M. Rémillard: M. le Président, oui. Nous avons un
amendement à l'article 946. Il s'agit d'ajouter, après le mot
"conditions", les mots "d'exercice". L'amendement vise à préciser
que les limites et les conditions que la loi peut établir eu
égard à la propriété peuvent en restreindre
l'exercice sans porter atteinte à la plénitude juridique du
droit. En raison de cet amendement, l'article 946 se lirait comme suit: "La
propriété est le droit d'user, de jouir et de disposer librement
et complètement d'un bien, sous réserve des limites et des
conditions d'exercice fixées par la loi."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Désirez-vous proposer...
Mme Bleau: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Groulx. (14 h 45)
Mme Bleau: La dernière phrase, est-ce qu'elle est
enlevée, M. le ministre? "Elle est susceptible de modalités et de
démembrements."
M. Rémillard: Excusez-moi! Mme la députée de
Groulx, M. le Président, a parfaitement raison. Nous conservons ce
dernier alinéa qui se lit comme suit: "Elle est susceptible de
modalités et de démembrements."
Le Président (M. Lafrance): Merci. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 946 tel qu'amendé? Oui.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Me Frenette.
M. Frenette (François): L'amendement, M. le
Président, apporte beaucoup de bon sans rendre pour autant
l'article parfait. Je pense que la perfection n'est pas de ce monde. Il reste
que le terme "jouir" a une certaine connotation qui, du moins en termes
d'Interprétation, comprend généralement le terme "user" ou
"utiliser". Je pense, néanmoins, qu'avec le temps et
l'interprétation on arrivera à surmonter cette difficulté
de rédaction.
Par ailleurs, comme le commentaire le précise, je pense qu'il
était de toute première importance qu'on rejoigne par des mots
différents la formulation de l'article 406 qu'on a à l'heure
actuelle au Code civil du Bas Canada, où on voit que c'est seulement la
façon d'exercer le droit qui peut être astreinte à
certaines limites ou à certaines façons de faire, et non pas que
le législateur puisse tailler, si je puis dire, suivant sa
volonté, des droits de propriété qui seraient
différents, dans leur conception d'origine, de ceux
énoncés à l'article 946 ou à l'article 406 du Code
civil du Bas Canada. Je pense que la précision était de toute
première importance, parce que les nouveaux mots utilisés, "sous
réserve des limites et des conditions fixées par la loi",
laissaient entendre que le droit de propriété lui-même
pouvait être limité dans sa dimension, si je puis dire,
conceptuelle.
Le Président (M. Lafrance) Merci. M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Si je vous comprends bien, M. le professeur, vous avez
accepté quand même ces mots-là, "d'exercice". Ce n'est pas
la perfection, mais c'est quand même une amélioration assez
Importante. C'est ça?
M. Frenette: Ah oui) J'étais entièrement d'accord
pour l'Insertion de ce terme, "d'exercice", qui reflétait mieux la
situation. Je suis demeuré avec des problèmes de jouissance, mais
tout le monde en a. Voila!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance) Merci. S'il n'y a pas d'autres
commentaires, l'article 946 est adopté tel qu'amendé.
Je remarque que nous avons un amendement à l'article 947 qui
avait été laissé en suspens. Est-ce que quelqu'un pourrait
nous communiquer cet amendement?
M. Kehoe: L'article 947 est remplacé par le suivant: "947.
La propriété d'un bien donne droit à ce qu'il produit et
à ce qui s'y unit, de façon naturelle ou artificielle, dès
l'union. Ce droit se nomme droit d'accession. "
Commentaire: L'amendement vise à reprendre d'une manière
textuelle le droit actuel. En raison de cet amendement, l'article 947 se lirait
comme suit: "La propriété d'un bien donne droit à ce qu'il
produit et à ce qui s'y unit, de façon naturelle ou artificielle,
dès union. Ce droit se nomme droit d'accession. "
Le Président (M. Lafrance) Merci. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur cet article 947 tel qu'amendé? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: M. le Président. Il est opportun de noter ici
que le droit d'accession est une des quatre pierres angulaires de la
propriété. Il est fort intéressant de noter que,
contrairement à ce que nous trouvons actuellement au Code, il se trouve
maintenant immédiatement accollé à la définition de
la propriété, sans cette référence à
l'expropriation pour juste et préalable indemnité. Et comme c'est
une des pierres angulaires de la propriété, dans son acception en
droit civil, je pense qu'il fallait apporter beaucoup de soin à sa
rédaction. Le gouvernement y est parvenu dans la présentation de
l'amendement que nous avons devant nous, et auquel nous avons acquiescé
sans réserve.
M. Holden: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Oui, M. le
député de Westmount.
M. Holden: Peut-être que le professeur pourrait me dire
l'avantage d'ajouter "naturelle ou artificielle"; pour moi, c'est un peu
redondant. Dans le texte original, il n'y avait pas "de façon naturelle
ou artificielle". Est-ce qu'il y a d'autres façons d'unir ou
d'incorporer un immeuble....
M. Frenette: Non, je pense, si je lis bien la pensée du
législateur, que l'insertion de la référence à
l'accession artificielle et naturelle prépare le terrain pour la
distinction qui apparaît à partir de 954.
M. Holden: Au lieu de le mettre là, on le met ici.
M. Frenette: Oui. Et le commentaire indique bien que l'amendement
vise à reprendre d'une manière plus textuelle le droit actuel et,
à l'heure actuelle, si vous allez à l'article 408, je pense, si
mon souvenir est bon, qu'on réfère effectivement à
l'accession qui se produit soit naturellement ou artificiellement.
Le Président (M. Lafrance): Merci. S'il n'y a pas d'autres
commentaires, donc l'article 947 est adopté tel qu'amendé.
J'aimerais maintenant appeler les articles 948 et 950. Je pense qu'il
n'y a pas d'amendement à ces articles. Est-ce qu'il y aurait des
commentaires à ces articles?
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Non, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Ça va. Alors, s'il n'y
a pas...
Mme Harel: L'article 948 adopté tel que
proposé.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. L'article 948, s'il
n'y a pas d'autres commentaires, est adopté tel quel. Et l'article
950?
M. Kehoe: Pas d'amendement.
Mme Harel: Très bien, M. le Président,
adopté.
Le Président (M. Lafrance): Ça va. S'il n'y a pas
d'autres commentaires, l'article 950 est adopté tel quel.
J'aimerais maintenant appeler les articles contenus au chapitre suivant,
chapitre deuxième, soit les articles 953 à 961 inclusivement.
Est-ce qu'il y a des amendements à ces articles?
M. Kehoe: II n'y en a pas à 953 puis 954. Il y en a un
à 955.
Le Président (M. Lafrance): O. K. On vous écoute
pour l'amendement proposé à 955.
M. Kehoe: L'article 955 est modifié en remplaçant,
au deuxième alinéa, les mots "Le propriétaire" par les
mots "Celui qui était propriétaire".
Commentaire: Le moment envisagé étant postérieur
à l'appropriation, l'expression est plus juste. En raison de cet
amendement, l'article 955 se lirait comme suit: "Le propriétaire d'un
immeuble devient propriétaire par accession des constructions, ouvrages
ou plantations qu'il a faits avec des matériaux qui ne lui appartiennent
pas, mais il est tenu de payer la valeur, au moment de l'incorporation, des
matériaux utilisés. "Celui qui était propriétaire
des matériaux n'a pas le droit de les enlever ni ne peut être
contraint de les reprendre. "
C'est un amendement qui a été demandé par le
Barreau et que nous consentons.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a des commentaires à ces trois
articles 953, 954 et 955 tels qu'amendés?
Mme Harel: II n'y a pas d'amendement, M. le Président,
à l'article 953?
Le Président (M. Lafrance): Non. Mme Harel:
Seulement à l'article 955? Le Président (M. Lafrance):
C'est exact.
Mme Harel: Et l'amendement à l'article 955 consiste
à remplacer "Le propriétaire" par "Celui qui était
propriétaire" pour bien faire valoir que c'est avant l'accession, c'est
ça?
Une voix: C'est ça. Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Lafrance): Ça va. S'il n'y a pas
d'autres commentaires, les articles 953 et 954 sont adoptés tels quels
et l'article 955 est adopté tel qu'amendé. Nous allons maintenant
appeler l'article 956.
M. Kehoe: II y a un amendement, M. le Président, qui se
lit comme suit: À l'article 956, ajouter à la première
ligne les mots "par accession" après le mot "acquiert".
Le commentaire: L'amendement apporte une précision sur le mode
d'acquisition de ta propriété. En raison de cet amendement,
l'article 956 se lirait comme suit: "Le propriétaire de l'Immeuble
acquiert par accession la propriété des constructions, ouvrages
ou plantations faits sur son immeuble par un possesseur, que les impenses
soient nécessaires, utiles ou d'agrément. "
Le Président (M. Lafrance): Merci. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur cet article tel qu'amendé? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Simplement, peut-être pour ajouter au
commentaire déjà fourni dans la présentation du texte, ce
n'est pas qu'une précision, je pense que c'est en même temps pour
refléter une coordination avec l'article 955 qui
précédait, et qui Indiquait que l'acquisition de
propriété se faisait par accession. Il devenait important de le
préciser Ici pour ne pas qu'il y ait d'ambiguïté. Merci.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître Alors,
s'il n'y a pas d'autres commentaires, l'article 956 est donc adopté tel
qu'amendé. Je pense que le prochain amendement vise l'article 960,
n'est-ce pas?
M. Kehoe: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais donc avant appeler
les articles 957, 958 et 959 qui ont été laissés en
suspens. Est-ce qu'il y a des commentaires visant ces trois articles?
Une voix: Oui.
M. Kehoe: À l'article...
Le Président (M. Lafrance): S'H n'y a pas de commentaires,
ces articles 957, 958 et 959 sont adoptés tels quels.
J'aimerais appeler l'article 960.
M. Kehoe: II y a un amendement proposé, M. le
Président, qui se lit comme suit. À l'article 960, au premier
alinéa, supprimer ce qui suit: ", sans être tenu de remettre les
lieux en l'état, ".
Le commentaire: L'amendement vise à éviter que cette
absence d'obligation ne donne lieu à une interprétation
littérale, qui favorisait chez le possesseur un comportement peu
réfléchi, car, sans qu'il soit formellement obligé de
remettre les lieux dans leur état antérieur, il doit
néanmoins les laisser dans un état acceptable. En raison de cet
amendement, l'article 960 se lirait comme suit: "Le possesseur de bonne foi qui
a fait des impenses pour son propre agrément peut, à son choix,
enlever les constructions, ouvrages ou plantations qu'il a faits, ou les
abandonner. "Dans ce dernier cas, le propriétaire peut soit les
conserver ou rembourser au possesseur le moindre du coût ou de la
plus-value accordée à l'immeuble, soit les enlever aux frais du
possesseur. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a des commentaires sur cet article 960 tel
qu'amendé? Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. D'abord une question au ministre. L'amendement
consiste à biffer le fait que le possesseur n'est plus tenu de remettre
les lieux en état lorsqu'il a fait des Impenses pour son propre
agrément. Alors, ça introduit, je pense, pour la première
fois, la distinction entre impense utile ou Impense d'agrément, ce qu'on
ne connaissait pas jusqu'à maintenant dans notre droit. Vous avez
jugé nécessaire, à ce stade-ci, d'apporter un amendement
pour enlever au possesseur qui fait des impenses d'agrément l'obligation
de remettre les lieux en état. Est-ce qu'on peut comprendre les motifs
qui vous ont amenés à ça? (15 heures)
M. Rémillard: C'est ça. Évidemment, je me
permets d'insister. Il s'agit du possesseur de bonne foi, dans un premier
temps. Il a fait des impenses pour son agrément à lui. Ce
n'était pas nécessaire pour protéger le bien ou quoi que
ce soit. Il peut, quand sa possession est terminée, enlever les
constructions - II peut le faire - ou bien les ouvrages ou plantations, ou bien
il peut les abandonner là. En enlevant donc, "sans être tenu de
remettre les lieux en état", ça veut dire qu'on laisse une marge
de manoeuvre plus grande sans pénalité, lorsque c'est fait de
bonne foi et lorsque c'est fait sans détériorer le bien, bien
sûr, mais pour l'améliorer. Dans bien des cas, c'est pour
l'améliorer.
On me parle d'un exemple. On parle d'un héritier.
L'héritier qui s'est cru héritier proprié- taire. C'est un
cas qui peut arriver souvent. Je crois qu'on améliore la portée
de l'article.
Mme Harel: Est-ce que le ministre pourrait me donner un exemple
d'impense utile en comparaison d'une Impense d'agrément?
M. Rémillard: Je crois que Me Longtin... Nous avons
discuté longuement, hier, de toutes ces questions. J'aimerais que Me
Longtin puisse venir nous l'expliquer.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Longtin.
Mme Longtin (Marie-José): M. le Président, je me
contenterai peut-être d'un exemple, effectivement. En fait, l'impense
d'agrément peut, peut-être, être assimilée à
ce qu'on connaît aujourd'hui comme des améliorations somptuaires.
Il s'agit, en fait, de quelque chose qu'on fait pour son propre plaisir et, en
elle-même, cette chose-là, son coût n'est pas
nécessairement en proportion avec la plus-value qui peut être
accordée à l'immeuble. On peut penser, par exemple, à une
piscine. Tandis qu'une impense utile pourrait être un système de
chauffage d'appoint qui demeure toujours utile, et surtout lorsqu'on... enfin,
avec les modes énergétiques, mais sans être non plus
vraiment nécessaire, puisque le chauffage de base de l'immeuble est
assuré autrement.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. Alors,
s'il n'y a pas d'autres... Oui? Me Frenette.
M. Frenette: M. le Président, je vous remercie. Je pense
que le commentaire aidera sans doute à interpréter l'article,
ici, quant au bout de phrase qui a été retranché de
manière à ce qu'effectivement, de façon
régulière et délibérée, quelqu'un n'emporte
pas ces impenses d'agrément sans procéder à tout le moins
à des échanges en vue de minimiser les dégâts. Mais
ce n'est pas dit textuellement.
Par ailleurs, il y a une chose que l'article semble peut-être
avoir négligée ou oubliée, c'est que, comme, en vertu des
articles précédents, l'accession a joué en faveur du
propriétaire, il apparaît légèrement cavalier que le
possesseur puisse dire: Je pars avec ça parce que c'est
d'agrément, comme si ça m'appartient. À vrai dire, le
transfert de propriété a eu lieu. Alors, tout en étant
relativement confiant que des bons échanges, surtout avec un possesseur
de bonne foi, pourraient donner lieu à un aplanisse-ment des
difficultés lorsqu'il y a enlèvement, peut-être que la
formulation de départ n'est pas au point parce qu'elle laisse entendre
que le droit du propriétaire peut être bafoué comme
ça, sans que personne n'ait un mot à dire.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard:... j'essaie de voir les commentaires de Me
Frenette. Évidemment, pour reprendre l'exemple de Me Longtin, lorsqu'il
y a une piscine creusée, il ne partira pas avec une piscine
creusée, c'est une bonne chose qu'elle demeure là. Mais j'essaie
de voir. Le texte actuel qui a été discuté avec vous et
les experts, est-ce que vous voulez y apporter d'autres modifications ou...
M. Frenette: Je pense qu'en toute honnêteté, lors
des discussions, le problème a porté davantage à minimiser
l'impact du fait qu'il pouvait ne pas être tenu de remettre les lieux en
bon état et que l'autre question a été un peu
peut-être négligée. Je pense que l'article,
honnêtement, ne vise pas à contredire que la
propriété a été acquise par accession au
propriétaire véritable. C'est juste que tel qu'il se
présente, il ne le traduit pas. Peut-être pourrions-nous prendre
quelques instants à la pause pour voir s'il n'y a pas moyen d'ajuster
cette chose-là, mais je pense qu'il n'y a pas désaccord sur le
fond.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, à ce
moment-là, je pense qu'il serait important, si on peut accepter
l'article, il y ait une autre rencontre entre nos experts sur ce
point-là pour vraiment faire le point. Parce que je pense que les
remarques du notaire Frenette méritent qu'on regarde bien à fond
tous les éléments.
M. Holden: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui, M. le
député de Westmount.
M. Holden:... je vois que c'est un article nouveau, mais, si ma
mémoire est bonne, le Code actuel fait référence à
une situation du possesseur similaire, non?
M. Rémillard: M. le Président, peut-être que
Mme Longtin pourrait faire l'état de la situation actuelle et nous
expliquer de quelle façon cet article apporte un complément ou
une évolution à notre droit.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Longtin.
Mme Longtin: M. ie Président, je ne suis pas certaine que
j'oserais faire l'état du droit actuel face à un professeur qui
l'enseigne régulièrement, mais, néanmoins, je pense que
l'article 960 visait quand même à changer quelque chose au droit
actuel, et notamment dans le cas... Ici, on parle toujours, évidemment,
d'un possesseur de bonne foi, donc d'une personne qui, au moment où elle
fait l'impense, se croit légitimement propriétaire du bien et,
donc, qui pense avoir tout le droit et toute l'utilisation du bien et qui agit
à son égard, donc, comme étant un propriétaire, ce
qui peut l'amener, évidemment, à faire des travaux Importants. Et
advient la contestation de son titre et elle se retrouve, donc, à devoir
céder cette propriété-là. On lui a laissé
Ici, par exception, finalement, à la règle et au principe de
l'accession qui sont Introduits à l'article 964, la possibilité
de récupérer quand même une certaine valeur par rapport
à son Investissement.
M. Holden: Quelle est la situation actuelle? On doit quitter, on
a fait des implantations, je ne sais pas comment vous les appelez en
français, mais des "improvements* et on peut les enlever ou on peut les
laisser...
Mme Longtin: Non.
M. Holden:... en faisant un paiement, non? Ça fait
longtemps que j'ai étudié cette section.
Le Président (M. Lafrance): Me Longtin.
Mme Longtin: En fait, II y a deux règles. Il y a l'article
417, troisième alinéa, du Code actuel où on dit que, si
les améliorations n'étalent pas nécessaires et qu'elles
aient été faites par un possesseur de bonne foi, le
propriétaire est encore tenu de les retenir si elles existent et de
payer soit la somme déboursée, soit celle au montant de laquelle
la valeur du fonds a été augmentée. L'article 418
complète en disant: Au cas du troisième alinéa de
l'article précédent, si ces dépenses-là sont
tellement considérables et dispendieuses, donc d'agrément, que le
propriétaire du fonds ne puisse les rembourser, il est permis, à
la discrétion du tribunal, de forcer le tiers à retenir le
terrain en en payant la valeur.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: II n'en reste pas moins que c'est du droit nouveau.
À l'article 960, M. le député de Westmount, vous avez dans
le commentaire...
M. Holden: J'ai vu ça. Mme Harel:... qui nous
est...
M. Holden: C'est pour ça que j'ai demandé....
Mme Harel: C'est ça. Ahl voilà.
M. Holden:... qu'est-ce que c'était. Il y a très
peu de différence, dans le fond.
Le Président (M. Lafrance): Si je comprends
bien, on propose de l'adopter tel qu'amendé, quitte à
revenir si jamais il y a un ajustement. C'est bien ça que j'ai compris,
ou...
M. Rémillard: Oui. C'est ce que nous proposons, M. le
Président.
Mme Harel: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): O.K.
Mme Harel: Alors, il vaut mieux suspendre, à ce
moment-là, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Vous aimez mieux le
suspendre.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Rémillard: Nous aimerions mieux l'adopter. Maintenant,
si Me Frenette aime mieux le suspendre pour ne prendre aucun risque, d'aucune
façon, pour une sécurité émotive et de
rédaction, je suis prêt à suspendre, M. le
Président.
En suspendant, M. le Président, je voudrais souligner que c'est
aujourd'hui l'anniversaire de Mme la sous-minlstre, Mme Lise Morency, qui
fête aujourd'hui son anniversaire. Je veux le souligner pour signaler
l'excellent travail qu'elle nous fait. Alors, suspendons cet article, M. le
Président, mais pas l'anniversaire de Mme Morency.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Joyeux anniversaire, Mme la
sous-ministrel Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Si le ministre préférait ne pas
suspendre l'article, nous pouvons, en quelques instants, en disposer par une
proposition d'amendement à l'amendement.
M. Rémillard: Oui... M. Frenette: Oui.
M. Rémillard: ...on peut très rapidement, parce que
le plus d'articles on peut régler, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Évidemment, si on
peut...
M. Rémillard: Nous sommes prêts à recevoir
toute proposition d'amendement qui - je suis certain - vise la bonification du
texte.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors,
Me Frenette, on vous écoute.
M. Frenette: Une solution intéressante qui est
proposée pourrait être que le choix soit laissé au
propriétaire. L'article se lirait: "Le possesseur de bonne foi qui a
fait des impenses pour son propre agrément peut, au choix du
propriétaire du fonds, enlever les constructions, ouvrages ou
plantations qu'il a faits ou les abandonner." Puis s'il n'y a pas d'abandon,
à ce moment-là, il doit forcément... c'est-à-dire,
s'il y a abandon, le propriétaire du fonds devra rembourser.
M. Rémillard: C'est ça, il devra rembourser...
M. Frenette: Oui, je suis d'accord à ce qu'il n'y ait pas
d'enrichissement sans cause.
M. Rémillard: C'est ça. Alors, voulez-vous le
reprendre, si vous voulez, que je comprenne bien? Parce que le dernier bout est
important.
M. Frenette: Oui. "Le possesseur de bonne foi qui a fait des
impenses pour son propre agrément peut, au choix du propriétaire
du fonds, enlever les constructions, ouvrages ou plantations qu'il a faits ou
les abandonner." Dans ce dernier cas, donc, l'abandon, le propriétaire
du fonds, devrait-on dire, doit rembourser au possesseur le moindre du
coût ou de la plus-value accordée à l'immeuble. Il n'aurait
pas le droit, il n'aurait pas le choix, à ce moment-là, de le
faire enlever... Il faut qu'il paie.
M. Rémillard: Non, c'est trop substantiel... M.
Frenette: Suspendons! Ha, ha, ha!
M. Rémillard: ...pour, comme ça, d'un coup du
coeur, régler ce problème, Me Frenette.
Mme Harel: Ce n'est pas pour des raisons émotives,
là; c'est pour des raisons juridiques!
M. Rémillard: Ah, mais c'est le coeur qui est là
aussi dans tous les articles que nous étudions. Alors, suspendons notre
coeur!
Le Président (M. Lafrance): D'accord.
L'article 960 tel qu'amendé est donc laissé en
suspens.
J'aimerais appeler les articles 961 et 963, auxquels, je pense, il n'y a
pas eu d'amendements de déposés. S'il n'y a pas eu d'amendements,
j'assume qu'on est d'accord pour les adopter tels quels.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Lafrance): O.K.? Alors, les deux articles
961 et 963 sont donc adoptés tels
quels.
J'aimerais maintenant appeler l'article 983 qui traite des fruits qui
tombent chez le voisin. Est-ce qu'il y a des amendements de proposés
à cet article? Non? Pardon?
Mme Harel: M. le Président, juste une seconde.
Le Président (M. Lafrance): Ça va. Les articles
sont distancés, oui. M. le ministre.
M. Rémillard: C'est un article qui se réfère
à très loin, M. le Président. Souvenons-nous de nos
premiers parents, Adam et Eve!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Mais on ne parle pas de fruits
défendus!
M. Rémillard: C'est le temps des pommes, M. le
Président!
M. Holden: Est-ce que je peux demander au ministre pourquoi on a
changé le système pour permettre aux voisins de couper les
arbres? Est-ce que c'était déjà de la jurisprudence?
Mme Harel: M. le député de Westmount, on l'a
amendé la semaine passée.
M. Holden: O. K.
Mme Harel: On va y revenir, si vous voulez.
Le Président (M. Lafrance): Alors, j'aimerais en rester
à la question des fruits pour l'instant...
M. Holden: Ça va. O. K.
Le Président (M. Lafrance):... en demandant s'il y a des
commentaires sur cet article 983 que nous avions laissé en suspens.
Mme Harel: Non, adopté.
Le Président (M. Lafrance): Non? Ça va. Alors,
l'article 983 est donc adopté tel quel.
J'aimerais appeler les articles contenus au chapitre premier du titre
troisième, 1008 et 1009. Je pense qu'il y a eu des amendement qui ont
été déposés pour l'article 1009.
Des modalités de la propriété
(suite)
M. Rémillard: On dit que nos experts, qui ont
travaillé très fort sur ces articles, en sont arrivés
à la conclusion qu'entre les articles 1008 et 1009 il manquait un
article pour bien introduire toute la réalité juridique. Donc,
nous sommes toujours à travailler sur cet article pour avoir une vue
plus juste de la réalité du titre troisième.
(15 h 15)
À l'article 1009, nous avons un papillon, M. le Président.
Excusez-moi d'utiliser cette expression, M. le Président, mais c'est le
terme technique, comme vous le savez, que nous utilisons dans notre jargon
législatif. M. le Président, II s'agit d'un amendement que nous
proposons à l'article 1009 et qui fera en sorte que l'article soit
modifié dans son deuxième alinéa, premièrement, en
supprimant l'expression ", le bien étant matériellement
divisé quant à certaines de ses parties, " et,
deuxièmement, en Insérant à la fin, entre le mot
"privative" et les mots "et une", ce qui suit: "matériellement
divisée, ".
M. le Président, l'amendement vise à mieux préciser
ce qui est matériellement divisé. Je me permets de dire que
l'article devra être lu avec la définition générale
de la copropriété à être introduite comme article
1008. 1 dont je vous ai parié tout à l'heure. En raison de ces
amendements, l'article 1009 se lirait donc comme suit: "La
copropriété est dite par indivision lorsque plusieurs personnes
ont ensemble un droit de propriété sur un bien sans que celui-ci
soit matériellement partagé entre elles. "Elle est dite divise
lorsque le droit de propriété se répartit entre les
copropriétaires par fractions comprenant chacune une partie privative,
matériellement divisée, et une quote-part de parties communes.
"
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires? Si j'ai bien compris, M. le ministre, est-ce qu'on
veut laisser l'article 1008 en suspens ou si on veut en disposer?
M. Rémillard: Là, on disposerait, M. le
Président, selon ce qui a été convenu, de l'article 1008,
mais on s'entend pour qu'il y ait un nouvel article, qui serait l'article 1008.
1, qui viendrait donc compléter et 1008 et 1009 pour donner une
perspective juridique plus complète de la copropriété par
indivision et aussi les autres copropriétés.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Je remarque que vous
avez également une proposition Ici de 1009. 1.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Nous y arrivons
justement. Il est ajouté, après l'article 1009, l'article 1009. 1
qui se lit comme suit: "La propriété superficialre est celle des
constructions, ouvrages ou plantations situés sur l'immeuble appartenant
à une autre personne, le tréfoncier. "
M. le Président, l'amendement vise à Introduire,
dès le début du titre, dans les dispositions
générales, la définition de la propriété
super-flclaire. Le texte proposé reprend le premier
alinéa de l'article 1008 en alléguant... En raison de cet
amendement, l'article 1009.1 se lirait comme suit: "La propriété
superflclaire est celle des constructions, ouvrages ou plantations
situés sur l'immeuble appartenant à une autre personne, le
tréfoncler."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
est-ce qu'il y a des commentaires sur les articles 1008, 1009, tel
qu'amendé, et le nouvel article 1009.1? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Je pense qu'il est
peut-être difficile pour les membres de la commission d'apprécier
à sa juste valeur l'article 1009 sans le fameux article 1008.1, mais
qu'il soit d'ores et déjà noté que l'article 1009, dans
ses deux paragraphes, indique bien que la copropriété est dite.
Elle est dite tout le temps. Alors, c'est de la fiction. Normalement, certains
termes que nous retrouvons dans l'article 1009 et, notamment au deuxième
alinéa, ne devraient pas s'y trouver. On ne devrait pas les trouver
côte à côte, mais, puisque le législateur est
omnlpulssant, il peut faire appel à toute fiction jugée utile
pour fins de règlement de difficultés. L'avantage d'Introduire
l'article 1008.1 sera de bien clarifier ce qui est annoncé à
l'article 1008, le premier démembrement, la copropriété,
avec des variantes à 1009 et la deuxième modalité
apparaîtra à l'article 1009.1. Je pense qu'on arrive avec un
équilibre qui est Intéressant et la fiction couvrira les
incohérences.
M. Rémillard: M. le Président, vous me permettrez
de demander...
Le Président (M. Lafrance) Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: ...à Mme Longtin de préciser
ici pourquoi elle tient à ajouter cet article 1008.1 qui va venir
compléter l'ensemble.
Le Président (M. Lafrance) M. le député de
Westmount, durant que Me Longtin vient prendre place. Oui.
M. Holden: Vous allez nous donner le texte, Me Longtin, ou juste
les idées en général?
M. Rémillard: Nous ne l'avons pas encore, mais je pense
qu'il est important, comme le disait Me Frenette...
M. Frenette: II est tout prêt.
Mme Harel: On peut vous en proposer une formulation.
M. Rémillard: Oui, c'est prêt aussi de ce
côté-ci, mais je pense qu'il vaut mieux que, mutuellement, il y
ait rencontre de nos experts avant que la commission en soit saisie.
Jusqu'à présent, on a fonctionné comme ça, et je
pense que ça s'est bien passé. Alors, Me Longtin pourra faire les
commentaires.
Le Président (M. Lafrance) Merci, M. le ministre. Me
Longtin.
Mme Longtin: Oui, M. le Président. L'article 1009, tel
qu'il se présente, est un article qui se voulait de façon
générale fonctionnel pour chapeauter les différents types
de modalités de la copropriété que l'on retrouve, au fond,
dans ce titre des modalités.
Les notions qui sont véhiculées, de division et
d'indivision, ne sont quand même pas étrangères à
notre droit ou aux sources de notre droit civil et je rappellerai tout
simplement quand même, par exemple, que l'indivision existe
déjà en matière successorale et que le Code civil
français a adopté dans les années soixante-dix un chapitre
complet sur la convention d'indivision dont, d'ailleurs, les textes qui sont
présentés au projet de loi 125 se sont inspirés assez
libéralement.
Quant à la division, il est certain que c'est un raccourci
juridique. Je pense quand même que le droit est assez habitue à
formuler des concepts ou des termes qui puissent avoir un contenu beaucoup plus
large peut-être que les seuls mots qui sont utilisés pour les
recouvrir. Il demeure qu'actuellement la périphrase
véhiculée par le Code civil du Bas Canada n'est pas très
utilisée et, donc, lorsque les textes ont été
élaborés, on s'est attaché à vérifier quel
pouvait être un critère ou un caractère assez essentiel qui
aurait permis de déterminer cette forme de copropriété. Je
rappelle enfin que le mot "divise" est quand même utilisé dans les
dictionnaires juridiques.
Quant à l'article 1008.1 qui devra être refait - ça
ne devrait pas tarder - c'est un article qui va déterminer au fond, de
façon générale, circonscrire, disons, d'une manière
assez générale la notion de copropriété et qui
permettra peut-être, en chapeautant l'article 1009, de parer aux
insuffisances que l'on peut y voir ou y retrouver par rapport finalement
à la théorie générale de la propriété
ou de la copropriété.
Le Président (M. Lafrance) Merci, maître. M. le
député de Westmount.
M. Holden: M. le Président. Mme Longtin, vous avez
mentionné le texte du droit français et je vois en anglais
l'expression "superficies". Vous ne vous occupez pas des mots dont on se sert
dans le texte anglais.
Une voix: Non.
M. Holden: On a pris le même mot "superficies" en anglais
qu'en français. "Superficies", en français, c'est très
clair, mais "superficies" en anglais c'est beaucoup moins clair. C'est encore
une affaire dont j'aimerais discuter avec l'avocat Brierley.
Le Président (M. Lafrance) M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je
répète ce qu'on a dit à quelques reprises. M. le
député de Westmount a raison d'être très vigilant
sur la signification des termes utilisés en anglais et le professeur
Brierley y travaille. Il est engagé par l'Assemblée nationale
pour traduire le Code civil. Et nous l'avons déjà
mentionné, d'ailleurs, le député de Chapleau, adjoint
parlementaire au ministre de la Justice, regarde ça de très
très près. Il est très préoccupé aussi par
cette question-là. Il m'en a fait part à plusieurs reprises, avec
des exemples bien précis. Donc, avec le député de
Westmount, probablement que vous aurez l'occasion de regarder de très
près cette traduction faite par le professeur Brierley.
M. Holden: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Est-ce que le professeur Brierley travaille
actuellement? Ces textes-là, ces mots qui sortent actuellement, je me
doute fort bien que c'est son travail, c'est le fruit de sa recherche et tout
le reste. Est-ce que, actuellement, il travaille sur la traduction?
M. Rémillard: Oui, M. le Président, il travaille
présentement sur la traduction et c'est révisé
présentement. Et il travaille toujours à la lumière de nos
commentaires évidemment, et des modifications que nous faisons.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
s'il n'y a pas d'autres commentaires... Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Simplement pour souligner qu'il est vrai, comme Mme
Longtin le faisait remarquer, que le droit français contient des
dispositions sur l'indivision et tout. Mais la difficulté - et le mot
"divise" est connu également - Ici consiste à accoler deux mots
qui normalement ne vont pas ensemble. "Copropriété divise", tel
qu'on le volt par exemple à 1036, la "copropriété"
référait au fractionnement du titre, puis le mot "indivision",
l'objet. Mais je pense qu'on a suffisamment senti qu'on faisait violence aux
mots et au concept pour invoquer la fiction. Mais, une fois qu'on a compris
qu'on invoquait la fiction, tout va bien.
M. Rémillard: Je suis parfaitement d'accord pour bannir
toute violence, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. S'il
n'y a pas d'autres commentaires, et si j'ai bien compris, l'article 1008 est
adopté tel quel. Nous allons revenir sur l'article 1008. 1, qui sera
éventuellement Inclus. L'article 1009 est adopté tel
qu'amendé et le nouvel article 1009. 1 est adopté.
J'aimerais appeler les articles qui sont contenus à la section I
qui suit, au chapitre deuxième, les articles 1010, 1011 et 1012. Et je
pense que nous avons une proposition d'amendement à 1012.
M. Kehoe: Ça a rapport à 1010 et 1011; à
1012, l'amendement se lit comme suit: Remplacer l'article 1012 par celui-ci:
"L'indivision conventionnelle portant sur un immeuble doit être
publiée pour être opposable aux tiers. La publication porte
notamment sur la durée prévue de l'indivision, sur
l'identification des parts des Indivisaires et, le cas échéant,
sur les droits de préemption accordés ou sur l'attribution d'un
droit d'usage et de jouissance exclusive d'une partie du bien indivis. "
Commentaire: L'amendement a pour but de préciser l'article et II
est de concordance avec le livre De la publicité des droits; il
précise les principaux éléments que les tiers ont
intérêt à connaître. En raison de cet amendement,
l'article 1012 se lirait comme suit: "L'indivision conventionnelle portant sur
un immeuble doit être publiée pour être opposable aux tiers.
La publication porte notamment sur la durée prévue de
l'indivision, sur l'identification des parts des Indivisaires et, le cas
échéant, sur les droits de préemption accordés ou
sur l'attribution d'un droit d'usage et de jouissance exclusive d'une partie du
bien indivis. "
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le
député. Est-ce qu'il y a des commentaires sur 1010, 1011, et 1012
tel qu'amendé? Oui. Me Frenette. (15 h 30)
M. Frenette: M. le Président, je vous remercie.
L'avant-dernière ligne, est-ce que j'ai compris que la concordance sera
faite pour le "ou" ou si c'est... J'ai perdu un peu... Peut-être qu'il
faudrait que j'appelle à la mémoire de Mme Longtin, de Me
Cossette ou de Mme Morency.
Le Président (M. Lafrance): Un instant! Vous voulez
répéter votre question. Je n'ai pas bien compris
moi-même.
M. Frenette: Est-ce que, à l'avant-dernière ligne,
"droit d'usage et de jouissance", plutôt que... C'est parce qu'on a
toujours fonctionné avec cette formulation.
Le Président (M. Lafrance): D'accord, je
vols qu'on a écrit "et" Ici. M. Frenette: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a des
précisions là-dessus? S'il vous plaît? Me Longtln.
M. Kehoe: Justement... Excusez-moi. À l'article...
Le Président (M. Lafrance): Pardon. M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe:... 1012, dans le dernier paragraphe, après le
mot "d'usage", on devrait se servir du mot "ou" à la place de "et", "ou
de jouissance".
M. Frenette: C'est clair.
Le Président (M. Lafrance): Alors, on va adopter l'article
avec cette précision. À l'avant-dernière ligne...
M. Kehoe: Vous surveillez beaucoup l'affaire.
Le Président (M. Lafrance): Non, ce sont des remarques
très pertinentes, très Importantes.
M. Frenette: Entre l'usage et la jouissance, vous savez qu'il y a
un monde. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): O. K. Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires, les articles 1010 et 1011 sont adoptés tels
quels, et l'article 1012 est adopté tel qu'amendé. J'aimerais
maintenant appeler les articles 1013 et 1014, auquel, je pense, il y a un
amendement de proposé. A l'article 1014, n'est-ce pas?
M. Kehoe: II n'y a pas d'amendement aux articles 1013 et 1014. Il
y a un article 1014. 1 qui sera...
Le Président (M. Lafrance): Un nouvel article,
d'accord.
M. Kehoe: Oui.
Le Président (M. Lafrance): On vous écoute.
M. Kehoe: Le projet est modifié par l'insertion,
après l'article 1014, du suivant: "1014. 1 Le droit d'accession profite
à tous les indivisaires en proportion de leur part dans l'indivision;
néanmoins, lorsqu'un indivisaire bénéficie d'un droit
d'usage et de jouissance exclusive sur une partie du bien indivis, le titulaire
de ce droit a aussi l'usage ou la jouissance exclusive de ce qui s'unit ou
s'incorpore à cette partie. "
Commentaire. La règle générale veut que le droit
d'accession dont peut bénéficier un propriétaire en vertu
des articles 947 et 954 et suivants profite à tous les indivisaires en
proportion de leur part dans l'indivision. À cet égard,
l'expression de l'article 1018 est fautive: l'indivisaire n'a pas un droit
d'accession distinct, il a plutôt la jouissance de ce qui s'unit et
s'incorpore au bien, s'il a sur ce bien un droit d'usage et de jouissance
exclusive. Si cela résulte de ses impenses, la règle de l'article
1017 lui permet d'être indemnisé. L'amendement vise donc à
clarifier la portée de la règle énoncée. En raison
de cet amendement, l'article 1014. 1 se lirait comme suit: "Le droit
d'accession profite à tous les indivisaires en proportion de leur part
dans l'indivision; néanmoins, lorsqu'un indivisaire
bénéficie d'un droit d'usage ou de jouissance exclusive sur une
partie du bien indivis, le titulaire de ce droit a aussi l'usage et la
jouissance exclusive de ce qui s'unit ou s'incorpore à cette partie.
"
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Alors, est-ce qu'il y a des commentaires sur les articles
1013, 1014 et 1014. 1, le nouvel article 1014. 1?
M. Frenette: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Je pense que, pour
l'article 1014. 1, il s'agissait là d'une... Du moins, II y a eu une
demande de la Chambre des notaires qui a été
considérée de bonne part par le gouvernement pour aboutir
à l'amendement que nous avons.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. Alors,
s'il n'y a pas d'autres commentaires... Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, de fait, la Chambre
des notaires avait attiré notre attention sur cet article. Après
étude, discussion avec nos experts et discussion avec la Chambre des
notaires, nous avons cru bon, donc, d'apporter cet article 1014. 1.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
les articles 1013 et 1014 sont adoptés tels quels, et le nouvel article
1014. 1 est adopté. J'aimerais appeler l'article 1015, auquel, je pense,
il y a un amendement de proposé.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Remplacer la
deuxième phrase de l'article 1015 par ce qui suit, en l'ajoutant,
à la fin de la première phrase, à la suite du mot
"indivision": ", à défaut de partage provisionnel ou de tout
autre accord
visant leur distribution périodique; ils accroissent encore
à l'indivision s'ils ne sont pas réclamés dans les trois
ans de leur date d'échéance".
M. le Président, l'amendement proposé clarifie la
règle de l'article 1015. En effet, M. le Président, la
règle sous-jacente et implicite, liée au droit de
propriété et exprimée à l'article 948, veut que les
fruits et revenus appartiennent aux indivisaires. Ce n'est que dans les cas
où ceux-ci n'ont pas convenu du partage ou que les revenus ne sont pas
réclamés dans le délai prescrit qu'ils accroissent
à l'indivision. En raison de cet amendement, l'article 1015 se lirait
comme suit: "Les fruits et revenus du bien indivis accroissent à
l'indivision, à défaut de partage provisionnel ou de tout autre
accord visant leur distribution périodique; ils accroissent encore
à l'indivision s'ils ne sont pas réclamés dans les trois
ans de leur date d'échéance".
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur cet article 1015 tel qu'amendé? Aucun.
Alors, l'article 1015 tel qu'amendé est adopté. J'aimerais
appeler l'article 1016, auquel, je pense, il y a également un amendement
de proposé.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'article 1016
est modifié, premièrement, par le remplacement, à la
première ligne, du mot "responsables" par le mot "tenus". Tenus". On
peut avoir du "tenus" sans être tenus à grand-chose, M. le
Président. Je m'excuse du lapsus. Je recommence. Premièrement,
par le remplacement, à la première ligne, du mot "responsables"
par le mot "tenus". Deuxièmement, par le remplacement, à la
première ligne, du mot "en" par le mot "à".
M. le Président, la première modification est formelle. Le
mot "tenus" est le terme habituellement utilisé au projet.
Deuxièmement, il s'agit d'une modification linguistique. En raison de
cet amendement, l'article 1016 se lirait comme suit: "1016. Les indivisaires
sont tenus, à proportion de leur part, des frais d'administration et des
autres charges communes qui se rapportent au bien indivis".
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur cet article? Non, alors l'article 1016 est
adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler l'article 1017, auquel,
je pense, il y a également un amendement de proposé.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. À
l'article 1017, insérer à la troisième ligne du premier
alinéa, après le mot "impenses", le mot "autorisées". M.
le Président, l'amendement est de concordance avec la règle de
l'article 1014 qui prévoit que l'Indivisaire ne peut, lorsqu'il utilise
le bien, porter atteinte aux droits des autres copropriétaires. En
raison de cet amendement, l'article 1017 se lirait comme suit: "Chaque
indivisaire a droit au remboursement des Impenses nécessaires qu'il a
faites pour conserver le bien Indivis. Pour les autres Impenses
autorisées, il a droit, au moment du partage, à une
indemnité égale à la plus-value donnée au bien.
"inversement, l'Indivisaire répond des pertes qui diminuent, par son
fait, la valeur du bien indivis. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur cet article tel qu'amendé? Sinon,
l'article est adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler l'article
1018, auquel, je pense, il y a également un amendement de
proposé.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, l'article 1018
du projet est supprimé. Il s'agit d'une modification pour
améliorer la cohérence de présentation des règles.
Cet article est déplacé après l'article 1014 et
renuméroté 1014. 1.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
s'il n'y a aucun commentaire, l'article est adopté tel qu'amendé.
J'aimerais appeler l'article 1019, auquel il y a, je pense, un amendement de
proposé également.
M. Hamel: Oui, effectivement, M. le Président, l'article
1019 est remplacé par le suivant: "Le partage qui a lieu avant le moment
fixé par la convention d'indivision n'est pas opposable au
créancier qui détient une hypothèque sur une part Indivise
du bien, à moins qu'il n'ait consenti au partage ou que son
débiteur ne conserve un droit de propriété sur quelque
partie du bien. "
M. le Président, la règle prévue à 1019
étant une règle dérogatoire à celle de
l'opposablllté du partage, l'amendement vise à mieux baliser les
conditions de son application. Ainsi, le partage doit survenir avant le moment
prévu et le débiteur du créancier hypothécaire doit
avoir conservé un droit de propriété sur quelque partie du
bien; sinon, son créancier doit y avoir consenti. En raison de cet
amendement, l'article 1019 se lirait comme suit: "Le partage qui a lieu avant
le moment fixé par la convention d'Indivision n'est pas opposable au
créancier qui détient une hypothèque sur une part Indivise
du bien, à moins qu'il n'ait consenti au partage ou que son
débiteur ne conserve un droit de propriété sur quelque
partie du bien".
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Sherbrooke. Alors, Me Frenette, désirez-vous
apporter des précisions...
Mme Harel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance):... sur cet article
1019 tel qu'amendé?
Mme Harel: Dans quelques minutes, oui. Le Président (M.
La franco): Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Je pense que
l'amendement à l'article 1019 a une importance considérable.
L'amendement solutionne en grande partie, tel que présenté, des
difficultés qui surgissaient sur la base de l'article 2021 du Code
actuel. Il était souvent difficile pour des indivisaires d'avoir du
crédit parce que le partage pouvait avoir un effet néfaste sur
les droits du créancier et les créanciers refusaient d'avancer de
l'argent. Maintenant que le créancier voit ses droits
protégés dans les situations plus délicates, je pense que
les choses devraient être beaucoup plus faciles pour le financement,
notamment, de certaines unités qui ne sont pas en
copropriété divise mais en copropriété indivise,
surtout les petits propriétaires dans lesdits logements de quatre ou six
personnes.
Le Président (M. Lafrance): Merci pour ces
précisions. M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. En fait,
l'article 1019 contient un principe que nous protégeons. Pour moi, c'est
un principe important. Nous le rendons en termes encore plus clairs, plus
significatifs, et nous améliorons particulièrement cet article
qui a des conséquences pratiques évidentes, M. le
Président, pour beaucoup de petits propriétaires. Je crois qu'on
l'améliore considérablement par une interprétation plus
évidente.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
l'article 1019 est adopté tel qu'amendé. J'aimerais maintenant
appeler l'article 1020, auquel, je pense, II y a également une
proposition d'amendement. (15 h 45)
M. Rémillard: M. le Président, on me dit que, sur
l'article 1020, II y a encore des points d'interrogation. Les légistes
aimeraient que nous puissions le revoir peut-être un petit peu plus tard
dans la journée, un petit peu comme nous avons fait avec notre premier
article.
Le Président (M. Lafrance): Certainement. Alors, on va le
laisser en suspens. Me Frenette.
M. Frenette: Je n'ai pas le souvenir de difficultés sur
ça, mais je comprends que s'il y a encore des réserves on puisse
suspendre.
M. Rémillard: Oui. Il y aurait des petites choses, je
pense, qu'on veut vérifier; une dernière vérification,
pour être très sûrs sur le plan technique.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, l'article 1020
est laissé en suspens. J'aimerais appeler les articles 1021 à
1028, inclusivement. Je pense qu'il n'y a pas d'amendements de proposés
à ces articles. Je réalise que nos experts se sont
consultés. Est-ce qu'on peut, peut-être, les adopter tels quels ou
s'il y a des commentaires qu'on aimerait soulever? J'ai bien dit 1021 à
1028, inclusivement.
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Lafrance): Ça va. Alors, les
articles 1021 à 1028, inclusivement, sont adoptés tels quels.
J'aimerais maintenant appeler l'article 1029 avec l'amendement proposé,
s'il vous plait.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. À
l'article 1029, il s'agit de remplacer, au premier alinéa, tout d'abord
les mots "la majorité" par "les trois quarts" et, deuxièmement,
les mots "au moins les trois quarts en parts" par "90 p. 100 des parts". M. le
Président, l'amendement est de concordance avec ceux qui seront
apportés aux articles 1096 et 1106. En raison de cet amendement,
l'article 1029 se lirait comme suit: "Malgré toute convention contraire,
les trois quarts des invidisaires, représentant 90 p. cent des parts,
peuvent mettre fin à la copropriété indivise d'un immeuble
principalement à usage d'habitation pour en établir la
copropriété divise. "Les Indivisaires peuvent satisfaire ceux qui
s'opposent à l'établissement d'une copropriété
divise et qui refusent de signer la déclaration de
copropriété en leur attribuant leur part en numéraire; la
part de chaque indivisaire est alors augmentée en proportion de son
paiement. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y aurait des commentaires qu'on aimerait soulever?
Mme Harel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je tentais de voir concrètement comment une
disposition semblable, par exemple, pouvait trouver application dans un
logement de trois unités et moins ou encore dans un immeuble à
logements de 10 unités et plus. Je comprends, en fait, que dans les cas
de maisons d'habitation de trois unités et moins, vraisembablement,
c'est la convention qui va prévaloir parce qu'il ne pourrait pas y
avoir... Même quatre, en fait, puisque c'est 90 % des parts. Je pense
que, de toute façon, la convention doit, dans la mesure du possible,
prévaloir lorsqu'il s'agit d'immeubles de moins d'unités, tout en
laissant la possibilité, dans les immeubles... Il faut comprendre que,
pour que ça trouve applica-
tion, il faudrait presque qu'il y ait 10 unités et plus.
M. Rémillard: M. le Président s'il y a trois
logements, il va falloir qu'ils s'entendent. Maintenant, je me permets
d'insister sur le début de l'article "Malgré toute convention
contraire". Alors, là, il y a quand même des garanties qu'on a
voulu apporter. Mais c'est dans le sens de ce que vient de dire Mme la
députée.
Mme Harel: "Malgré toute convention contraire", si les
parties s'entendent, vous écartez leur convention ou la
possibilité, plutôt, d'écarter la convention s'il y a 90 %
des parts. Dans le cas d'unités de trois ou quatre logements, ça
n'aura pas effet, ça. Il faut donc qu'il y ait une convention. La
règle que les gens doivent savoir, c'est qu'ils doivent faire une
convention là-dessus, je pense.
Le Président (M. Lafrance): Ça va? Mme Harel:
Adopté.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre,
désirez-vous apporter un commentaire? Non? Alors, l'article 1029 est
adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler les articles 1030
à 1034, inclusivement, auxquels, je pense, il n'y a pas d'amendements de
proposés. Alors, s'il n'y pas de commentaires, ces articles 1030
à 1034 inclusivement sont adoptés tels quels. J'aimerais
maintenant appeler l'article 1035.
Mme Harel: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Rémillard: M. le Président, on m'informe
qu'à l'article 1033 il y a encore des discussions à venir.
Mme Harel: II vaudrait mieux suspendre l'article 1033?
M. Rémillard: L'article 1033? Oui.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Donc, l'article 1033
est laissé en suspens. J'aimerais reprendre, si vous me le permettez.
Les articles 1030, 1031 et 1032 sont donc adoptés. L'article 1033 est
laissé en suspens. L'article 1034 est adopté et nous en sommes
maintenant à l'article 1035 avec l'amendement proposé.
M. Rémillard: M. le Président, il est ajouté
à la fin de l'article 1035, un troisième alinéa qui se lit
comme suit: "Néanmoins, l'acte de partage qui met fin à une
indivision autre que successorale est attributif du droit de
propriété. "
M. le Président, l'amendement proposé précise que
l'acte de partage qui met fin à une indivision autre que successorale
est attributif du droit de propriété, non déclaratif. La
convention d'indivision permettant de reporter le partage de plusieurs
années, donner un effet rétroactif de l'acte de partage comme le
fait le deuxième alinéa de l'article 884 soulèverait des
difficultés d'administration majeures. En raison de cet amendement,
l'article 1035 se lirait comme suit: "L'indivision cesse par le partage du bien
ou par son aliénation. "Si on procède au partage, les
dispositions relatives au partage des successions s'appliquent, compte tenu des
adaptations nécessaires. "Néanmoins, l'acte de partage qui met
fin à une indivision autre que successorale est attributif du droit de
propriété. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'on désire apporter des commentaires sur cet article 1035 tel
qu'amendé? Oui, Me Frenette?
M. Frenette: Merci, M. le Président. Peut-être juste
une observation. Il reste que c'est une dérogation importante à
la grande règle déjà connue, et le commentaire l'indique.
Cependant, je pense que l'impact sur le plan fiscal risque d'être assez
Important. L'indivision était souvent utilisée comme
véhicule dans de nombreux projets de développement Immobilier. Le
véhicule était souvent choisi parce que, sur le plan fiscal, il y
avait des avantages à en tirer. Lorsque le partage était fait,
les gens étaient réputés propriétaires à
compter de la date où ils avalent procédé à leur
investissement - trois, quatre ou cinq ans auparavant - ce qui est fort
différent d'aujourd'hui.
Alors, tout en étant peut-être favorable au but poursuivi
par l'amendement, je me demande si nous avons eu le temps, dans nos
échanges, de réfléchir suffisamment sur l'impact au plan
fiscal.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, c'était
une préoccupation que nous avions. Avant de donner la parole à Me
Longtln, si vous me le permettez, M. le Président, je devrais dire que
nous avons rencontré le ministère du Revenu et cet aspect a
été discuté. Je veux donner la précision parce que
le notaire Frenette me demandait si ça avait été vu.
Alors, je lui dis...
M. Frenette: C'est qu'on n'avait pas eu le temps, entre nous,
d'aborder...
M. Rémillard: Oui, c'est ça. Je vais demander, si
vous me le permettez, à Me Longtln d'apporter plus de
précisions.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
Me Longtln.
Mme Longtin: Oui, M. le Président. C'est aussi une demande
qui nous avait été soulignée par le Barreau du
Québec et qui, entre autres, je pense, obéit à des motifs
pratiques. Il est possible que la règle actuelle soit avantageuse sur le
plan fiscal, mais il demeure quand même que, lorsqu'on prévoit la
possibilité de convenir ou de retarder le partage pour une
période de 30 ans, il peut être difficile, au bout de 30 ans, de
revenir en arrière complètement pour considérer qu'on est
déclaratif de copropriété, compte tenu de l'ensemble des
actes qui ont pu survenir ou être faits sur l'immeuble. Donc, c'est une
règle qui se veut, j'oserais dire, plus réaliste, compte tenu
aussi des pratiques commerciales dans le secteur.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci,
maître.
Mme Harel: Doit-on comprendre des propos que Me Longtin a tenus
que c'est une disposition qui est Introduite essentiellement pour pouvoir
contrer l'effet des 30 ans?
Mme Longtin: C'est une disposition, effectivement, qui est
introduite pour éviter, dans les indivisions autres que successorales
qui sont, par convention, amenées à durer jusqu'à 30 ans,
les problèmes de rétroactivité.
Mme Harel: Est-ce qu'on ne pourrait pas envisager, à ce
moment-là, de mettre un terme, peut-être une durée dans la
rétroactivité possible? Par exemple, cinq ans?
M. Rémillard: C'est difficile, mais peut-être que Me
Longtin pourrait répondre. Je pense que, de prime abord, ça me
paraît très difficile, là.
Mme Harel: Pourquoi?
Mme Longtin: En fait, je pense que ce serait une
possibilité qui complexifierait, me semble-t-il, davantage que ne l'est
déjà l'indivision.
Mme Harel: Dans quel sens?
Mme Longtin: En fait, c'est qu'on voit difficilement quel serait
l'avantage d'avoir une rétroactivité limitée à cinq
ans, qui serait, au fond, très fictive par rapport à une
règle qui attribue les droits de propriété au moment
où, effectivement, on procède au partage de ces droits.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. Oui, Me
Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Je comprends
qu'à compter de l'Instant où on déroge à la
règle on introduit un certain nombre de complications. C'est à
compter de ce moment-là également que l'on précise qu'il
n'y aura jamais de rétroactivité ou qu'il n'y en aura pas
à partir de cinq ans, à partir de la date de la convention
d'indivision ou à compter du moment où il y a eu
l'investissement. Tout ça devient relatif et je pense que c'est
difficile de dire de quel côté on doit se ranger ou non en termes
de nombre d'années. Il reste que ma crainte est plutôt de savoir
si, pour régler un problème d'ordre administratif, on ne se
crée pas d'autres problèmes sur le plan de la facilité
d'investissement. Les réponses qui ont été données
ont été à l'effet qu'il y avait des complications, mais
est-ce qu'on a pu mesurer l'impact sur les projets de développement ou
la fréquence des projets de développement utilisant cette
technique? Est-ce qu'on a eu des commentaires du ministère du Revenu ou
d'associations d'investissement sur l'amendement comme tel?
M. Holden: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais peut-être
laisser... Est-ce que c'est une précision à la question?
M. Holden: C'est un ajout à la question.
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Westmount.
M. Holden: Pour ceux de nous qui ne sont pas versés en
fiscalité, pourriez-vous nous donner une idée concrète des
problèmes fiscaux qui arrivent quand il y a un partage autre ou un
partage de l'indivision? C'est quoi le problème? Il y a une taxe sur le
gain de capital ou quoi?
Le Président (M. Lafrance): Merci.
M. Rémillard: Dans ce domaine-là, d'une
façon plus précise, le notaire Cossette a travaillé cet
aspect avec le ministère du Revenu. Je vais demander au notaire Cossette
de venir apporter son éclairage.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Cossette, la parole est à vous.
M. Cossette (André): M. le Président, je pense que
c'est assez difficile de répondre à la question à
brûle-pourpoint, comme ça. Mais, brièvement, je pourrais
peut-être dire que des personnes qui ont convenu d'une indivision dans la
perspective de bénéficier de certains avantages fiscaux, qui ont
fait une convention pour une durée de 20 ans, par exemple, au terme de
cette convention-fà, ils auront bénéficié pendant
20 ans d'avantages fiscaux. Ça, je pense que c'est d'une évidence
absolue. Avec le principe qui veut que le partage soit déclaratif,
c'est-à-dire rétroactif, ça viendrait détruire, en
somme... Si,
par hasard, un des indivisaires n'a la propriété d'aucune
partie de ces biens-là, ça viendrait peut-être
détruire l'ensemble des avantages fiscaux dont il a
bénéficié pendant cette durée de 20 ans.
Le Président (M. La trance): Merci. Me Frenette.
M. Frenette: Je vous remercie, Me Cossette, mais, si je comprends
bien, lorsque...
M. Cossette: Je dis ça sous toute réserve parce
qu'il faudrait revoir le dossier que nous avons établi avec le
ministère du Revenu. C'est déjà très loin.
M. Frenette: Oui, je pense qu'il serait peut-être opportun
de revoir le dossier, mais, pour mieux permettre aux membres de la commission
de mesurer l'impact de la chose, c'est que dans les projets... Si on prend,
à titre d'exemple, le Centre de commerce mondial de Montréal,
où c'est par centaines de millions qu'il y a des injections de capitaux,
l'aspect fiscal a été prédominant. Les gens tenaient
à être aux titres, avec convention d'indivision, parce que
personne effectuant l'investissement, même à court terme, ne
voulait se retrouver dans cinq ans tenu à des gains de capitaux
faramineux. Sans ces avantages fiscaux, probablement que le Centre n'aurait
jamais vu le jour, et je ne mentionne qu'un exemple. Alors, est-ce que dans le
Code civil on doit procéder à une modification d'un tel impact?
Je ne le sais pas. Peut-être est-il opportun de réfléchir.
Honnêtement, encore là, nous n'avons pas tellement
échangé sur ça. Que des discussions subséquentes
aient lieu, ce serait peut-être bien.
Le Président (M. Lafrance): Me Cossette,
désirez-vous ajouter quelque chose?
Mme Harel: Est-ce que ça répond à la
question du député de Westmount?
Le Président (M. Lafrance): Non, ça va?
M. Holden: C'est les gains de capitaux, au fond, qui sont les
problèmes. Je le soupçonnais, mais je voulais que quelqu'un me le
dise carrément.
Mme Harel: Est-ce qu'on suspend? On vous le propose.
M. Rémillard: Est-ce que ça soulève des
problèmes à ce point là?
Mme Harel: En tout cas, II vaudrait mieux que ça n'en
soulève pas. Alors, pour en avoir la certitude, il vaudrait mieux
que...
M. Rémillard: II y a deux choses. On veut tous atteindre
ce degré de certitude, les membres de cette commission, mais il est
évident aussi que s'il y avait quelque difficulté, parce que
l'article fait suite à des rencontres et dos discussions avec le
ministère du Revenu... S'il y avait des difficultés dans la loi
d'application, on pourrait toujours y remédier en fonction de la loi sur
le revenu, mais, dans ce contexte-ci, les discussions que nous avons eues se
sont faites, ont été faites avec le ministère du Revenu.
Le texte que nous avons est accepté par le ministère du Revenu,
et iI est conforme, pour notre part, au principe.
M. Holden: Est-ce qu'eux y voient un avantage pour le
ministère du Revenu, parce que si la propriété... C'est
clair qu'il vont collecter beaucoup plus vite. Mais est-ce que c'est parce que
le ministère du Revenu est content que nous ne devrions pas nous y
pencher, M. le ministre?
M. Rémillard: Non, ce n'est pas pour ça. Ce
n'était pas non plus notre intention de changer définitivement la
règle.
Mme Harel: Alors, comme II faut constater que la règle
serait changée par l'adoption de cet amendement à l'article 1035,
et comme ça ne semble pas être la volonté du ministre de
changer la règle, Je pense qu'on est mieux de continuer à
échanger là-dessus.
M. Rémillard: Le député de Westmount Insiste
pour qu'on suspende, alors on va suspendre.
M. Holden: Ha, ha, ha! C'est la première fois, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, l'article
1035...
Mme Harel: Oui, je pense que le député de Westmount
peut tirer la leçon que la combinaison gagnante, c'est d'être du
même avis que de ce côté-ci.
M. Holden: Oui, oui, des fois.
M. Rémillard: Là, il y a une association, M. le
Président, serait-elle historique?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'article 1035 est
suspendu tel qu'amendé.
Sur ce, J'aimerais peut-être proposer de suspendre notre
séance de travail pour 10 minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 7)
(Reprise à 16 h 40)
Le Président (M. Lafrance): Nous avons quorum. Alors, nous
allons reprendre nos travaux, s'il vous plaît, en vous rappelant
l'importance d'essayer de suivre notre horaire. Nous avons commencé tard
aujourd'hui, presque 30 minutes en retard, et nous venons de faire 35 minutes
d'arrêt. Alors, si on additionne tous ces temps-là, en bout de
ligne, ça veut dire peut-être des séances
supplémentaires, ce que nous ne souhaitons pas, évidemment, avec
tous les travaux que nous avons. Alors, j'aimerais appeler les articles...
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Pardon? Oui, M. le
ministre.
M. Rémillard: ...vous me permettrez, sur les
dernières remarques que vous venez de faire, pendant nos ajournements,
M. le Président, je dois dire que nous travaillons quand même
beaucoup, dans le sens que c'est pour la commission. Les experts se parient,
nous nous parlons beaucoup et je peux vous dire que, si nos travaux vont si
bien pendant que nous sommes ici, c'est parce qu'il y a au niveau des experts
des échanges qui sont fructueux au point de vue technique. On ne
pourrait pas faire ce travail sans ça, M. le Président. Je
voudrais simplement vous dire que, quand nous ajournons et que nous prenons 30
minutes, c'est parce que, pendant ce temps-là, les experts travaillent
d'arrache-pied et nous pouvons d'autant plus travailler pour un meilleur Code
possible lorsque nous revenons à cette table, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
j'aimerais appeler les articles suivants, c'est-à-dire 1036 à
1044 inclusivement, et je pense qu'il n'y a pas d'amendements de
proposés à ces articles, n'est-ce-pas? Alors, s'il n'y a pas de
commentaires, ces articles, donc 1036 à 1044 inclusivement, sont
adoptés. J'aimerais appeler l'article 1045 auquel, Je pense, on a un
amendement de proposé.
M. Kehoe: L'amendement proposé: Supprimer, à la
quatrième ligne de l'article 1045, les mots "ou à la partie de la
fraction aliénée".
Commentaire: L'amendement est de concordance avec celui apporté
à l'article 1047 et qui rend inutile cette mention. En raison de cet
amendement, l'article 1045 se lirait comme suit: "Chaque fraction constitue une
entité distincte et peut faire l'objet d'une aliénation totale ou
partielle; elle comprend, dans chaque cas, la quote-part des parties communes
afférente à la fraction, ainsi que le droit d'usage des parties
communes à usage restreint, le cas échéant."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a des commentaires sur cet article tel
qu'amendé? Sinon, l'article est adopté tel qu'amendé.
J'aimerais appeler les articles 1046 et 1047. Je pense qu'il y a un amendement
de proposé à l'article 1047.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Remplacer,
à la première ligne de l'article 1047, le mot "fraction" par les
mots "partie privative".
M. le Président, ce qualificatif n'est pas essentiel et peut
même porter à confusion car la partie ne devient divise qu'au
moment de la création de la nouvelle fraction. En raison de cet
amendement, l'article 1047 se lirait comme suit: "L'aliénation d'une
partie divise d'une partie privative est sans effet et ne peut être
publiée si la déclaration de copropriété et le plan
cadastral n'ont pas été préalablement modifiés pour
créer une nouvelle fraction, la décrire, lui attribuer un
numéro cadastral distinct et déterminer sa valeur relative, ou
pour faire état des modifications apportées aux limites des
parties privatives contiguës."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur ces articles, 1046 ou 1047 tel qu'amendé?
Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Pour 1047, je pense
que c'est une correction que la Chambre des notaires avait également
sollicitée à cor et à cri, et il semblerait que c'est
plutôt par un mauvais concours de circonstances que la correction n'avait
pas pu être apportée avant.
Le Président (M. Lafrance): Merci de ces
précisions. M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je pense que
ça vaudrait la peine que je demande a Me Longtin de venir
préciser aussi peut-être le contexte dans lequel nous situons cet
amendement, toujours en relation avec la demande de la Chambre des
notaires.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Longtin.
Mme Longtin: M. le Président, je ne suis pas certaine
qu'on ait eu une demande à cor et à cri. On a eu une demande,
parmi les milliers d'autres, de la Chambre des notaires. En fait, la correction
vise tout simplement, si on peut dire, à présenter un article qui
sera plus concret et, donc, d'une lisibilité plus facile. Mais je pense
que, sur le fond, la règle demeure ce qu'elle était.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires, l'article 1046 est adopté tel quel et l'article
1047 est
adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler les articles 1048
et 1049. Je pense qu'il y a un amendement de proposé à 1049.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, 1049 est
modifié par la suppression du deuxième alinéa.
L'amendement, M. le Président, vise à supprimer
l'exception à la règle établie par le premier
alinéa, lequel pourvoit à la divisibilité de
l'hypothèque dès que la déclaration de
copropriété fait l'objet d'une Inscription. Cette exception
rendait difficile la connaissance par les tiers de la situation exacte
prévalant quant à certaines unités. En raison de cet
amendement, l'article 1049 se lirait comme suit: "Malgré les articles
2636 et 2646, l'hypothèque, les sûretés additionnelles qui
s'y greffent ou les priorités existantes sur l'ensemble de l'immeuble
détenu en copropriété, lors de l'inscription de la
déclaration de copropriété, se divisent entre les
fractions suivant la valeur relative de chacune d'elles ou suivant toute autre
proportion prévue. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
est-ce qu'il y a des commentaires sur ces articles, 1048 ou 1049 tel
qu'amendé? Ça va. Alors, 1048 est donc adopté tel quel et
1049 est adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler les articles
1050 et 1051, avec l'amendement proposé à 1051, s'il vous
plaît.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'article 1051
du projet est modifié: 1° par l'ajout, à la première
ligne du premier alinéa, du mot "constitutif après le mot "acte";
2° par le remplacement, à la deuxième ligne du
deuxième alinéa, des mots "de calcul prise" par le mot
"suivie".
Cette précision, M. le Président, permet d'amoindrir les
possibilités de confusion entre la déclaration et l'acte
constitutif de copropriété. Deuxièmement, l'expression
"méthode de calcul" semblant trop restrictive et pouvant porter à
confusion, il semble plus juste de référer à la
"méthode suivie" qui, elle, tient compte des critères
indiqués à l'article 1039. En raison de ces amendements,
l'article 1051 se lirait comme suit: "L'acte constitutif de
copropriété définit la destination de l'Immeuble, des
parties privatives et des parties communes. "Il détermine
également la valeur relative de chaque fraction et Indique la
méthode suivie pour l'établir, la quote-part des charges et le
nombre de voix attachées à chaque fraction et prévoit
toute autre convention relative à l'immeuble ou à ses parties
privatives ou communes. Il précise aussi les pouvoirs et devoirs
respectifs du conseil d'administration du syndicat et de l'assemblée des
copropriétaires. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a un commentaire? Oui,
Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Au deuxième
alinéa de l'article 1051, je pense que le changement de mots,
"méthode de calcul" par "méthode suivie", est fort opportun parce
qu'il faut ajouter peut-être aux commentaires ici qu'il n'y a pas juste
une question que ça pouvait sembler trop restrictif, c'est que la
destination tient compte de certains facteurs qui ne sont pas toujours
facilement comptables. Si on utilise seulement les pieds carrés ou le
volume, ça va assez bien, mais, si on tient compte de certaines
qualités propres à l'immeuble ou à sa situation, ça
devient beaucoup plus difficile, ou à certaines fins recherchées
par ceux qui se regroupent pour la copropriété. Alors, II est
heureux que le changement ait lieu Ici de manière à ce qu'on ne
remette pas en cause continuellement les déclarations de
copropriété qui ne préciseraient pas par le détail
comment chacun des éléments ayant conduit à
l'établissement de la destination et de la valeur relative,
conséquemment, soit énuméré Merci.
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le ministre.
M. Rémillard: Me Longtin pourrait apporter quelques
précisions, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Me Longtin.
Mme Longtin: Oui, M. le Président. Il est certain que les
termes qui étaient employés pouvaient laisser l'Impression, pour
certains, qu'on se référait à une méthode
arithmétique alors qu'il est évident que ça ne peut
être utilisé de façon aussi stricte, compte tenu que les
critères sont tous, d'abord, relatifs les uns aux autres et relatifs
à l'immeuble même et à sa destination fondamentale. Mais je
pense qu'y est Important, peut-être, aussi de souligner qu'un des
objectifs de cet article-là - et, donc, il est important de maintenir
dans la déclaration des indicatifs sur la méthode suivie pour
établir les critères - c'est que ça doit se lire en
rapport aussi avec l'article 1066 du projet qui permet, durant un certain
temps, au copropriétaire qui pourrait être lésé par
une déclaration - lésé", excusez-moi - qui pourrait se
plaindre du fait que la répartition des charges n'est pas conforme ou
concordante avec la valeur relative, donc, II pourrait se plaindre en invoquant
la méthode de calcul qui est Indiquée dans la déclaration,
donc l'acte officiel qui les lie.
Le Président (M. Lafrance): Merci. S'il n'y a pas d'autres
commentaires, l'article 1050 est adopté tel quel et l'article 1051 est
adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler les articles 1052, 1053
et 1054, avec l'amendement proposé à 1054, s'il vous
plaît.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'article 1054
est modifié par la suppression du deuxième alinéa.
Le second alinéa de l'article illustre par deux exemples le
premier. L'amendement vise à supprimer ces exemples. En raison de cet
amendement, l'article 1054 se lirait comme suit: "La déclaration de
copropriété ne peut Imposer aucune restriction aux droits des
copropriétaires, sauf celles qui sont justifiées par la
destination de l'immeuble, ses caractères ou sa situation".
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur ces articles? Non? Alors, l'article 1052 et
l'article 1053 sont donc adoptés tels quels et l'article 1054 est
adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler l'article 1051, s'il
vous plaît, avec son amendement.
M. Rémillard: L'article 1055, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): L'article 1055. Pardon. Vous
avez raison.
M. Rémillard: Oui. L'article 1055, M. le Président.
À la deuxième ligne de l'article 1055, remplacer le mot
"fraction" par les mots "partie privative".
M. le Président, l'amendement est de concordance terminologique.
En raison de cet amendement, l'article 1055 se lirait comme suit: "Le
règlement de l'immeuble est opposable au locataire ou à
l'occupant d'une partie privative, dès qu'un exemplaire du
règlement ou des modifications qui lui sont apportées lui est
remis par le copropriétaire ou, à défaut, par le syndicat.
"
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. S'il
n'y a pas de commentaires, l'article 1055 est donc adopté tel
qu'amendé. J'aimerais appeler les articles 1056 et 1057, avec
l'amendement proposé à 1057, s'il vous plaît.
M. Rémillard: M. le Président, l'article 1057 du
projet est modifié: 1° par l'ajout, à la deuxième
ligne du premier alinéa, du mot "constitutif" après le mot
"acte"; 2" par la suppression, à la deuxième ligne du
deuxième alinéa, des mots "ainsi que"; 3° par l'ajout, au
deuxième alinéa, après le mot "échéant", des
mots ", ainsi que par les créanciers qui détiennent une
hypothèque sur l'immeuble".
M. le Président, le premier amendement apporte une simple
précision afin d'amoindrir les possibilités de confusion entre la
déclaration et l'acte constitutif de copropriété. Les
deuxième et troisième amendements, avec celui proposé
à l'article 1060, clarifient la règle en matière
d'opposabllité de la déclaration de
copropriété.
Afin d'éviter des difficultés aux créanciers
hypothécaires, il serait préférable que leurs
consentements soient donnés à la déclaration. En raison de
ces amendements, l'article 1057 se lirait comme suit, M. le Président:
"La déclaration de copropriété doit être
notariée et en minute; il en est de même des modifications qui
sont apportées à l'acte constitutif de copropriété
et à l'état descriptif des fractions. "La déclaration doit
être signée par tous les propriétaires de l'immeuble, par
l'emphytéote ou le superficiaire, le cas échéant, ainsi
que par les créanciers qui détiennent une hypothèque sur
l'immeuble; les modifications sont signées par le syndicat. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires sur ces articles? Non? Alors, 1056 est donc
adopté tel quel et 1057 est adopté tel qu'amendé.
J'aimerais appeler l'article 1058, avec son amendement, s'il vous
plaît.
M. Rémillard:. M. le Président, à l'article
1058, il s'agit d'ajouter, à la deuxième ligne du premier
alinéa, le mot "constitutif après le mot "acte".
L'amendement apporte une précision dans le but d'amoindrir les
possibilités de confusion entre la déclaration et l'acte
constitutif de copropriété. En raison de cet amendement,
l'article 1058 se lirait comme suit: "La déclaration, ainsi que les
modifications apportées à l'acte constitutif de
copropriété et à l'état descriptif des fractions,
sont présentées au bureau de la publicité des droits. La
déclaration est inscrite au registre foncier, sous les numéros
d'immatriculation des parties communes et des parties privatives; les
modifications ne sont inscrites que sous le numéro d'immatriculation des
parties communes, à moins qu'elles ne touchent directement une partie
privative. Quant aux modifications apportées au règlement de
l'immeuble, il suffit qu'elles soient déposées auprès du
syndicat. "Le cas échéant, l'emphytéote ou le
superficiaire doit donner avis de l'Inscription au propriétaire de
l'immeuble faisant l'objet d'une emphytéose ou sur lequel a
été créée une propriété
superficiaire. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
s'il n'y a pas de commentaires sur cet article, l'article est donc
adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler les articles 1059 et
1060, avec l'amendement proposé à l'article 1060, s'il vous
plaît.
M. Kehoe: L'amendement proposé: L'article 1060 est
remplacé par le suivant: "La déclaration de
copropriété lie les copropriétaires, leurs ayants cause et
les personnes
qui l'ont signée et produit ses effets envers eux, à
compter de son inscription. "
Commentaire: La rédaction de l'article entraîne une
confusion. Les copropriétaires sont liés par la totalité
de la déclaration. Ce qui importe, c'est de préciser à
partir de quel moment, afin d'éviter toute discussion sur le point.
Quant aux ayants cause, même si la question est réglée,
à leur égard, par les articles 1437 et 1438, il parait utile d'en
conserver ici mention. Le régime d'opposabilité à
l'égard des tiers est lié à celui de la publicité.
Afin d'éviter des difficultés aux créanciers
hypothécaires, il serait préférable que leurs
consentements soient donnés à la déclaration. L'article
1057 est donc modifié en conséquence. En raison de cet
amendement, l'article 1060 se lirait comme suit: "La déclaration de
copropriété lie les copropriétaires, leurs ayants cause et
les personnes qui l'ont signée et produit ses effets envers eux,
à compter de son Inscription. "
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le
député. S'il n'y a pas de commentaires sur ces articles, donc,
l'article 1059 est adopté tel quel et l'article 1060 est adopté
tel qu'amendé. J'aimerais appeler les articles 1061, 1062 et 1063, avec
l'amendement proposé à l'article 1063, s'il vous plaît.
M. Kehoe: L'amendement proposé: À l'article 1063,
remplacer le mot "fraction" par les mots "partie privative".
Commentaire: L'amendement opère une concordance terminologique.
En raison de cet amendement, l'article 1063 se lirait comme suit: "Le
copropriétaire qui loue sa partie privative doit le notifier au syndicat
et indiquer le nom du locataire. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Alors, s'il n'y a pas de commentaires, les articles 1061
et 1062 sont adoptés tels quels et l'article 1063 est adopté tel
qu'amendé. J'aimerais appeler l'article 1064 avec son amendement, s'H
vous plaît.
M. Kehoe: L'amendement proposé: À l'article 1064,
au deuxième alinéa, remplacer le mot "fraction" par les mots
"partie privative".
(17 heures)
Commentaire: L'amendement opère une concordance terminologique.
En raison de cet amendement, l'article 1064 se lirait comme suit: "Aucun
copropriétaire ne peut faire obstacle à l'exécution,
même à l'intérieur de sa partie privative, des travaux
nécessaires à la conservation de l'immeuble décidés
par le syndicat ou des travaux urgents. "Lorsque la partie privative est
louée, le syndicat donne au locataire, le cas échéant, les
avis prévus par les articles 1909 et 1918 relatifs aux
améliorations et aux travaux. "
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le
député. Alors, s'il n'y a pas de commentaires, l'article 1064 est
donc adopté tel qu'amendé.
Je remarque que le prochain amendement est à l'article 1070.
Alors, j'aimerais appeler les articles 1065 à 1070 inclusivement, en
vous demandant de nous préciser l'amendement à 1070, s'il vous
plaît.
M. Hamel: Alors, voici I'amendemont proposé: À
l'article 1070, 1° au premier alinéa, remplacer tout ce qui suit,
à la troisième ligne, le mot "ceux-ci" par ce qui suit: "aux
charges communes, après avoir déterminé le montant des
sommes nécessaires pour faire face aux charges découlant de la
copropriété et de l'exploitation de l'immeuble et les sommes
devant être versées au fonds de prévoyance"; 2°
remplacer le deuxième alinéa par le suivant: "La contribution des
copropriétaires au fonds de prévoyance est d'au moins 5 p. 100 de
leur contribution aux charges communes. Il peut être tenu compte, pour
l'établir, des droits respectifs des copropriétaires sur les
parties communes à usage restreint. "
M. le Président, l'amendement vise à fixer le pourcentage
minimum des contributions au fonds de prévoyance. La constitution de ces
fonds, actuellement laissée à la discrétion des
administrateurs, s'imposera avec le nouveau droit, vu l'article 1069. Or, pour
éviter, surtout dans les nouvelles copropriétés, une
contribution trop faible, il paraît souhaitable de prévoir un
minimum. En raison de ces amendements, l'article 1070 se lirait comme suit:
"Annuellement, le conseil d'administration fixe, après consultation de
l'assemblée des copropriétaires, la contribution de ceux-ci aux
charges communes, après avoir déterminé le montant des
sommes nécessaires pour faire face aux charges découlant de la
copropriété et de l'exploitation de l'immeuble et les sommes
devant être versées au fonds de prévoyance. "La
contribution des copropriétaires au fonds de prévoyance est d'au
moins 5 p. 100 de leur contribution aux charges communes. Il peut être
tenu compte, pour l'établir, des droits respectifs des
copropriétaires sur les parties communes à usage restreint. "Le
syndicat avise, sans délai, chaque copropriétaire du montant de
ses contributions et de la date où elles sont exigibles. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Sherbrooke. Oui? Est-ce qu'il y a un commentaire, Me
Frenette?
M. Frenette: Merci, M. le Président. Oui. quelques mots
pour souligner qu'encore une fois l'amendement est extrêmement opportun,
parce que, tel qu'il était actuellement envisagé, les fonds de
prévoyance en question n'auraient été autre chose que des
voeux pieux. Personne n'aime, en copropriété ou ailleurs, voter
ou
réserver chaque année certains montants pour l'avenir; on
a tendance à toujours dire qu'on réglera le problème plus
tard. Et, comme l'article 1069 avait pris la précaution de
prévoir l'existence d'un fonds de prévoyance pour protéger
les gens contre eux-mêmes, et notamment les propriétaires
successifs, lorsqu'il y a des changements, qui se trouveraient à devoir
supporter l'imprévoyance des copropriétaires antérieurs,
il fallait absolument prévoir un minimum et l'amendement y pourvoit. Je
pense que c'est aussi important dans les grandes copropriétés que
dans tes petites copropriétés où, dans leur cas,
c'était encore plus évident qu'ils ne voteraient pas des sommes
Importantes. C'est une économie forcée qu'ils sont obligés
de faire, mais c'est une économie forcée qui les protège,
qui est un signe de planification pour eux. Alors, il est extrêmement
opportun, comme je l'ai mentionné, et heureux que l'amendement
survienne.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Je demanderais à Mme Longtin de faire un
commentaire, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Me Longtin.
Mme Longtin: Alors, M. le Président, il est certain que
l'amendement répond à des demandes qui ont été
faites. Le projet lui-même ne portait pas de pourcentage parce que la
détermination d'un chiffre est toujours arbitraire. Évidemment,
ici, on l'a exprimé comme devant être un minimum.
Il demeure cependant que, même si on peut penser que l'article
pourrait être très différent, il ne faut jamais oublier,
quand même, que le syndicat des copropriétaires est une personne
morale et que ses administrateurs sont quand même tenus à
certaines obligations par ce fait-là, et qu'ils auraient donc pu et
dû amener leurs copropriétaires à accepter d'être
prévoyants quant à l'immeuble dont ils partagent la
copropriété.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. Oui, Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Pour conclure, M. le Président, vous aurez
compris que l'Opposition est contente que l'amendement qu'elle souhaitait ait
été retenu par le gouvernement.
Le Président (M. Lafrance): Merci de toutes ces
précisions.
M. Kehoe: On accepte toutes les suggestions de l'Opposition qui
sont positives pour bonifier.
Mme Harel: On a vu ça jusqu'à maintenant là,
on en a plusieurs.
M. Kehoe: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci de votre
coopération.
Mme Bleau: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Groulx.
Une voix: Commentaires sur commentaires.
Mme Bleau: Je pense que les commentaires qu'on a employés
au cours de ces dernières minutes, je les accepte; c'est vrai,
l'Opposition nous fait souvent des recommandations, mais ça ne vient pas
seulement de l'Opposition, ça vient de tous les groupes. Je pense aux
avocats, je pense aux notaires, je pense souvent aussi du côté
ministériel; les députés ont souvent des suggestions
à faire et je pense que même nos fonctionnaires, nos hauts
fonctionnaires, à l'occasion, en relisant un article, peuvent trouver un
ajout ou des choses à faire qui peuvent être utiles à la
population. Je pense qu'ils s'y prêtent de bonne grâce, alors.
C'est peut-être le dernier commentaire.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Mme la
députée. Je réalise aussi que nous avons tous une part de
crédit dans ces travaux importants et c'est pourquoi j'aimerais
peut-être proposer l'adoption des articles...
Mme Harel: Vous permettez, M. le Président?
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Parce que je sais combien Mme la députée
de Groulx est soucieuse de rendre à César ce qui est à
César, alors nous de même, et nous souhaitons, à chaque
fois que l'occasion nous est fournie, évidemment souligner la
contribution de la Chambre des notaires ou, à l'occasion,
évidemment du Barreau du Québec. Mais, en l'occurrence, en ce qui
concerne cet amendement à l'article 1070, c'est l'Opposition qui en est
redevable. Voilà.
Mme Bleau: Merci, l'Opposition.
Le Président (M. Lafrance): On vous remercie de toutes ces
précisions qui, j'en suis cetrtain, trouveront leur place dans notre
Journal des débats pour des références futures.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M, Lafrance): Alors, tes
articles 1065 à 1069...
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Pardon. Me Frenette.
M. Frenette: II faut dire quand même que la qualité
de la rédaction et le texte de rédaction sont attribuabies
à Mme Longtin.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Mme Harel:
Oui.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, les articles
1065 à 1069 inclusivement sont donc adoptés tels quels et
l'article 1070 est adopté tel qu'amendé.
J'aimerais maintenant appeler les articles 1071, 1072 et 1073, avec
l'amendement proposé, s'il vous plaît, à 1073.
M. Kehoe: L'amendement proposé. L'article 1073 du projet
est modifié: 1° par l'ajout, à la troisième ligne du
premier alinéa, du mot "constitutif après le mot "acte"; 2* par
le remplacement, à la sixième ligne du deuxième
alinéa, de "2479" par "2482".
Commentaire: Cette précision permet d'amoindrir les
possibilités de confusion entre la déclaration et l'acte
constitutif de copropriété. L'amendement corrige le renvoi fait
à l'article 1073. Il faut renvoyer à l'article 2482 plutôt
qu'à l'article 2479, puisque c'est à 2482 que l'on
réfère au rang des créanciers. En raison de ces
amendements, l'article 1073 se lirait comme suit: "L'indemnité due au
syndicat à la suite d'une perte importante est, malgré l'article
2479, versée au fiduciaire nommé dans l'acte constitutif de
copropriété ou, à défaut, désigné par
le syndicat. "Elle doit être utilisée pour la réparation ou
la reconstruction de l'immeuble, sauf si le syndicat décide de mettre
fin à la copropriété; en ce cas, le fiduciaire,
après avoir déterminé la part de l'indemnité de
chacun des copropriétaires en fonction de la valeur relative de sa
fraction, paie, sur cette part, les créanciers prioritaires et
hypothécaires suivant les règles de l'article 2482. Il remet,
pour chacun des copropriétaires, le solde de l'indemnité au
liquidateur du syndicat avec son rapport. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Chapleau. Alors, s'il n'y a pas de commentaires, les
articles 1071 et 1072 sont adoptés tels quels et l'article 1073 est
adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler les articles 1074
à 1077 inclusivement, en vous demandant de bien vouloir nous lire
l'amendement proposé à 1077.
M. Kehoe: L'amendement proposé: À la
deuxième ligne de l'article 1077, remplacer le mot "fraction" par les
mots "partie privative".
Commentaire: L'amendement opère une concordance terminologique.
"Le syndicat peut, après avoir avisé le locateur et le locataire,
demander ia résiliation du bail d'une partie privative lorsque
l'inexécution d'une obligation par le locataire cause un
préjudice sérieux à un copropriétaire ou à
un autre occupant de l'Immeuble. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Est-ce qu'on désire apporter des commentaires
à ces articles?
Une voix: Pas de commentaires.
Le Président (M. Lafrance): Ça va. Alors, les
articles 1074 à 1076 inclusivement sont adoptés tels quels.
L'article 1077 est adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler
l'article 1078 avec son amendement, s'il vous plaît.
M. Kehoe: Amendement proposé: Remplacer, au
deuxième alinéa de l'article 1078, les mots ", après avoir
désigné une personne pour y procéder et fixé une
mise à prix" par ceux-ci: "conformément aux dispositions du Code
de procédure civile relatives à la vente du bien d'autrui".
Commentaire: L'amendement proposé est conforme aux dispositions
qui seront proposées en matière de vente du bien d'autrul, dans
le cadre de la révision du Code de procédure civile. Trois modes
de vente seront prévus: aux enchères, de gré à
gré et par appel d'offres. En raison de cet amendement, l'article 1078
se lirait comme suit: "Lorsque le refus du copropriétaire de se
conformer à la déclaration de copropriété cause un
préjudice sérieux et irréparable au syndicat ou à
l'un des copropriétaires, l'un ou l'autre peut demander au tribunal de
lui enjoindre de s'y conformer. "Si le copropriétaire transgresse
l'injonction ou refuse d'y obéir, le tribunal peut, outre les autres
peines qu'U peut imposer, ordonner la vente de la fraction conformément
aux dispositions du Code de procédure civile relatives à la vente
du bien d'autrui. " (17 h 15)
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Alors, l'article 1078 est donc adopté tel
qu'amendé. J'aimerais appeler les articles 1079 et 1080, avec
l'amendement proposé à 1080, s'H vous plaît.
M. Kehoe: L'article 1080 est remplacé par le suivant: "Le
syndicat... " M. le Président, ça, c'est un des articles qui
devrait être discuté entre les différents légistes
et le ministre. Donc, on demande que soit suspendu l'article 1080.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Madame.
Mme Harel: II y un amendement qui est déposé.
Est-ce que l'amendement est déposé ou pas à 1080?
M. Kehoe: II n'est pas déposé encore.
Mme Harel: II n'est pas déposé. Mais avez-vous
l'intention de le déposer?
M. Kehoe: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Oui, mais l'amendement, je
pense, a été distribué. Alors, je suggère qu'on en
prenne connaissance et que les experts se parlent. Ensuite, on pourra le
lire..,
M. Kehoe: Excusez-moi juste une seconde. Le Président
(M. Lafrance): Oui.
M. Kehoe: Avant de déposer l'amendement, on
préférerait discuter l'affaire avec le ministre. Les
légistes désirent discuter l'affaire avec le ministre. Le
ministre va être disponible dans quelques minutes. On va discuter de cet
article avec lui et, d'ici à l'ajournement à 18 h 30,
possiblement qu'on sera en mesure de présenter l'amendement et
l'article.
Mme Harel: Je ne suis pas certaine si on se comprend bien. Est-ce
que le député veut signifier que les légistes souhaitent
que le ministre soit présent lorsque nous discuterons cet article en
commission parlementaire ou si les légistes souhaitent rencontrer le
ministre à l'écart de la commission parlementaire?
M. Kehoe: Justement, c'est le ministre, à l'écart
de la commission parlementaire; on veut discuter l'affaire avec les
légistes, les experts, puis, après ça, venir à la
commission.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Vous avez reçu
le texte de l'amendement proposé. Alors, on le lira en temps et lieu
lorsqu'on le discutera. Donc, l'article 1079 est adopté tel quel.
L'article 1080 est donc laissé en suspens. J'aimerais appeler les
articles 1081 à 1092 inclusivement, avec l'amendement proposé
à 1092.
M. Kehoe: L'article 1092 est remplacé par le suivant: "Le
copropriétaire qui, depuis plus de trois mois, n'a pas acquitté
sa quote-part des charges communes ou sa contribution au fonds de
prévoyance est privé de son droit de vote. "
Commentaire: II paraît inutile de recourir au tribunal lorsque le
fait peut se constater aisément. En raison de cet amendement, l'article
1092 se lirait comme suit: "Le copropriétaire qui, depuis plus de trois
mois, n'a pas acquitté sa quote-part des charges communes ou sa
contribution au fonds de pré- voyance est privé de son droit de
vote. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a des commentaires? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. L'amendement est
intéressant. Je pense qu'il est juste, comme il est
précisé, que te recours aux tribunaux est ainsi
évité, mais l'efficacité de l'amendement paraît
telle qu'on pourrait se demander l'opportunité de conserver une
priorité en matière de sûretés en faveur des
administra» teurs pour le recouvrement de pareilles sommes s'ils peuvent
aller jusqu'à priver du droit de vote. Alors, je pense qu'on devrait
prendre bonne note, au moment de l'étude du livre sur les
sûretés, que d'autres garanties ou d'autres moyens sont à
la disposition des administrateurs pour le recouvrement des sommes dues pour
frais communs et qu'aller jusqu'à leur accorder une priorité ou
une hypothèque légale n'est peut-être pas
nécessaire.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires, les articles... Oui. Pardon.
M. Kehoe: Mme Longtin, je pense, veut commenter.
Le Président (M. Lafrance): Oui Alors, Me Longtin.
Mme Longtin: M. le Président, je voudrais simplement dire
ceci. Je pense que ta remarque de M. Frenette doit être prise en
considération. Maintenant, il faut aussi considérer le fait que
les copropriétés vivent des contributions aux charges communes et
qu'elles ont eu, jusqu'à présent et très souvent encore,
des difficultés très nombreuses dans la perception de ces dus, La
possibilité, donc, qui est offerte ici est un moyen, quand même,
qui vise à rendre, disons, la collectivité plus favorable, disons
plus consciente de ses responsabilités.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. Alors,
s'il n'y a pas d'autres commentaires, les articles 1081 à 1091
inclusivement sont adoptés tels quels et l'article 1092 est
adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler l'article 1093 avec son
amendement, s'il vous plaît.
M. Kehoe: L'amendement proposé: À la
deuxième ligne de l'article 1093, remplacer les mots "notifiée
par écrit" par le mot 'dénoncée*.
Commentaire: II paraît inutile de préciser que la
notification se fait par écrit. Généralement, la prudence
et les exigences de preuve incitent à constituer la preuve par
écrit. En raison de cet amendement, l'article 1093 se lirait comme
suit:
"La cession des biens de vote d'un copropriétaire doit être
dénoncée au syndicat pour lui être opposable. "
Mme Harel: C'est la cession des droits et non pas des biens.
M. Kehoe: La cession des droits. Excusez-moi. La cession des
droits de vote.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires, l'article 1093 est donc adopté tel
qu'amendé. J'aimerais appeler l'article 1094. Je pense qu'il n'y a pas
d'amendement à l'article 1094, n'est-ce pas? S'il n'y a pas de
commentaires, l'article 1094 est donc adopté tel quel.
M. Kehoe: Pour la même raison qu'à l'article 1080,
M. le Président, nous demandons de suspendre les articles 1095 et 1096
et les modifications qui ne sont pas encore déposées.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, les articles
1095 et 1096 sont donc laissés en suspens.
Mme Harel: II ne sont pas déposés, je pense, les
amendements que vous nous présentez.
M. Kehoe: Officiellement, non, ils ne sont pas
déposés.
Le Président (M. Lafrance): II faudrait s'entendre sur les
termes "déposé", "distribué" ou "lu".
M. Kehoe: Ce qui arrive, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Moi, en autant que je suis
concerne, c'est ce qui est lu officiellement qui devient l'amendement
M. Kehoe: Voilà.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les feuillets qui sont
distribués avant et auxquels on se réfère sont simplement
distribués et ne sont pas officiels tant que ce n'est pas lu
formellement ici.
M. Kehoe: C'est ça. Les gens de la commission ont en main
les différents amendements, mais ils ne sont pas officiellement
déposés tant qu'ils ne sont pas lus.
Mme Bleau: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Merci. Oui, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: D'ailleurs, il faut bien noter que, dans certaines
commissions, certains minis- tres déposent les amendements bien
longtemps d'avance, c'est-à-dire nous livrent les amendements bien
longtemps d'avance. Mais, tant qu'ils ne sont pas rendus en commission article
par article, ça ne compte pas.
Le Président (M. Lafrance): C'est exact. Je note aussi
qu'ici, à cause de l'ampleur de nos travaux, II est très
difficile de le faire longtemps à l'avance.
Mme Bleau: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): Alors, c'est pour ça
que nous travaillons dans un esprit de coopération complète et,
s'il y a de quoi qui nécessite d'être suspendu, évidemment,
on le fait d'emblée.
Mme Bleau: M. le Président, une autre remarque. Il faut,
je pense, remercier les fonctionnaires de nous remettre quand même les
amendements plusieurs numéros d'avance pour qu'on puisse en prendre note
et les étudier. Alors, c'est très apprécié.
Merci.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires, j'aimerais appeler les articles 1097 à 1106, avec
l'amendement proposé à l'article 1106, s'il vous plaît.
M. Kehoe: L'amendement proposé: L'article 1106 est
modifié par le remplacement, au premier alinéa, des mots "deux
tiers" par "trois quarts".
L'amendement vise à accroître la proportion des voix
prévues pour mettre fin à la copropriété, compte
tenu de l'importance de la décision. En raison de cet amendement,
l'article 1006 se lirait comme suit...
Une voix: 1106.
M. Kehoe: 1106 se lirait comme suit: "II peut être mis fin
à la copropriété par décision des trois quarts des
copropriétaires représentant 90 p. 100 des voix de tous les
copropriétaires. "La décision de mettre fin à la
copropriété doit être consignée dans un écrit
que signent le syndicat et les personnes détenant des hypothèques
sur tout ou partie de l'immeuble. Cette décision est inscrite au
registre foncier, sous les numéros d'immatriculation des parties
communes et des parties privatives. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Mme la députée de
Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Alors, une question au
député de Chapleau. Dois-Je comprendre l'absence du ministre du
fait que nous sommes à examiner des dispositions qui n'ont pas
encore fait l'objet d'un échange entre lui et les
légistes?
M. Kehoe: Absolument pas, du tout, du tout.
Mme Harel: Non? Alors, pourquoi ne pas tout de suite
procéder? Quand entendez-vous réexaminer ces dispositions qui
sont maintenant suspendues?
M. Kehoe: Aussitôt que le ministre va revenir, on va
ajourner les travaux pour quelques minutes pour donner l'opportunité au
ministre ainsi qu'aux légistes du côté ministériel
de faire certaines vérifications et, tout de suite après, nous
allons discuter les... Il y a seulement trois articles à date qui sont
en suspens.
Mme Harel: II faut bien comprendre que c'est comme une sorte
d'examen un peu dispersé, en ordre dispersé, parce que,
là, on va introduire à 1106, avec l'amendement que vous apportez,
la règle des trois quarts plutôt que des deux tiers. Nous y sommes
favorables, nous l'avions souhaité, mais je comprends que la même
règle n'a pas été déposée, en tout cas comme
amendement, à 1096. Alors, est-ce qu'il n'y aurait pas
intérêt à examiner ça de façon
peut-être plus cohérente plutôt que de le faire en ordre
dispersé comme on le fait présentement? Il faut qu'il y ait une
certaine cohérence, je pense, M. le député de Chapleau.
Par exemple, à 1106, ça concerne la fin de la
copropriété. Alors, là, vous proposez, avec raison selon
nous, de mettre fin à la copropriété par décision
des trois quarts des propriétaires. Alors, II ne faudrait pas que,
dépendamment des décisions, on ait finalement des fractions qui
soient différentes. Il faut une certaine cohérence.
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Dans le fond, Mme la députée, il n'y a
pas de problème majeur. C'est juste une question de vérification,
que nous voulons faire avec le ministre, pour être sûrs,
exactement, de la position qu'on va prendre. C'est juste qu'à date,
dû à l'absence du ministre la dernière fois que ça
s'était discuté, Ils n'ont pas pu prendre une position finale
dans le dossier. Ce n'est pas une affaire qui va retarder les travaux.
J'imagine que le ministre va revenir dans quelques minutes; on demandera une
suspension pour quelques minutes et on reviendra, et je pense que tous ces
articles-là pourront être adoptés assez rapidement.
Effectivement, avec l'Opposition et les experts des deux côtés, il
y a eu une entente. Ils s'entendent sur ces différents
articles-là, il n'y a pas de problème.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'il y a eu des
représentations de l'Opposition pour les faire modifier et c'est suite
à nos représentations que nous souhaitons, évidemment, les
adopter.
Le Président (M. Lafrance): Si vous me permettez. Le point
de Mme la députée de Ho- chelaga-Maisonneuve, c'est qu'elle dit,
si j'ai bien compris, que, si 1095 et 1096 n'ont pas été
adoptés, il y a peut-être une relation avec 1106.
M. Kehoe: Bien, on peut suspendre 1106 jusqu'à ce que le
ministre revienne.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Si vous pensez qu'il y a une
relation, oui, qui...
Mme Harel: Oui.
M. Kehoe: Effectivement, on se pose des questions s'il y a une
relation, mais, si c'est pour rencontrer le désir de Mme la
députée, on peut le suspendre jusqu'à ce qu'il
revienne.
Mme Harel: Vous êtes sûr qu'il va revenir? M.
Kehoe: Oui, oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Kehoe: D'ici à Noël. (17 h 30)
Le Président (M. Lafrance): Alors, si je comprends bien,
1106 est laissé en suspens tel qu'amendé et les articles 1097
à 1105 sont donc adoptés tels quels. J'aimerais appeler les
articles 1107 et 1108, avec l'amendement proposé à 1108, s'il
vous plaît.
M. Kehoe: L'amendement proposé: Le titre de la section I
précédant 1108 est remplacé par le suivant: "De
l'établissement de la propriété superficiaire".
Commentaire: La nature de la propriété superficiaire
étant définie à l'article 1009. 1, le titre doit
être reprécisé. En raison de cet amendement, le titre de la
section I se lirait comme suit: "De l'établissement de la
propriété superficiaire".
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Alors, c'est un amendement donc qui touche le titre de la
section. Je pense que vous avez aussi un amendement qui touche le texte de
1108.
M. Kehoe: 1108. O. K. L'article proposé: L'article 1108
est modifié: premièrement, par la suppression du premier
alinéa; deuxièmement, par le remplacement, au début du
deuxième alinéa, du mot "Elle" par les mots "La
propriété superficiaire"; troisièmement, par l'ajout, dans
la première ligne de cet alinéa, des mots "portant
sur l'immeuble", après le mot "propriété".
Commentaire: Dans la structure du titre troisième, il
était prévu au chapitre premier des dispositions
générales de définir la nature des droits constituant les
principales modalités de la propriété. En raison de cet
amendement, l'article 1108 se lirait comme suit: "La propriété
superficiaire résulte de la division de l'objet du droit de
propriété portant sur l'immeuble, de la cession du droit
d'accession ou de la renonciation au bénéfice de l'accession.
"
Le Président (M. Lafrance): Merci.
M. Kehoe: C'est l'Opposition qui a demandé l'amendement et
puis on y donne suite.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires, le nouveau titre est adopté ainsi que l'article
1108 tel qu'amendé. 1107 est également adopté tel quel.
J'aimerais appeler les articles 1109 à 1111 avec l'amendement
proposé à 1111, s'il vous plaît.
M. Hamel: Alors, l'amendement proposé: L'article 1111 est
supprimé. M. le Président, le bail à construction n'est
qu'un exemple parmi d'autres de propriété superficiaire. Il n'y a
pas d'intérêt particulier à en faire état.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Me Frenette.
M. Frenette: Je trouve que le commentaire de l'amendement est
extrêmement éclairé.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Merci. Donc, les articles 1109
et 1110 sont adoptés tels quels, et 1111 est adopté tel
qu'amendé. J'aimerais appeler l'article 1112.
Mme Bleau: C'est-à-dire que l'article est
supprimé.
Le Président (M. Lafrance): Tel qu'amendé, ce qui
implique supprimé.
Mme Bleau: Ah, O. K.
Le Président (M. Lafrance): Alors, j'aimerais appeler
l'article 1112, s'il vous plaît, avec son amendement.
M. Hamel: Alors, l'amendement proposé est le suivant: "La
propriété superficiaire peut être perpétuelle... "
L'article 1112, pardon, est remplacé par le suivant: "La
propriété superficiaire peut être perpétuelle, mais
un terme peut être fixé par la convention qui établit la
modalité superficiaire. "
M. le Président, l'amendement découle de la suppression de
l'article 1111. En raison de cet amendement, l'article 1112 se lirait comme
suit: "La propriété superficiaire peut être
perpétuelle, mais un terme peut être fixé par Ia convention
qui établit la modalité superficiaire. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Sherbrooke. Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Je pense qu'à ce stade-ci, M. le
Président, II est important, pas simplement opportun, d'Indiquer que la
propriété superficiaire, tout en étant une
modalité, est une propriété; donc, le caractère de
perpétuité qui y est attaché est Indissociable. Mais la
modalité elle-même peut avoir une durée limitée et
c'est ce que souligne la fin de l'amendement. Alors, II se pourrait que la
propriété superficiaire dure à perpétuité
dans certains cas, suivant son mode de constitution, mais la modalité
superficiaire pourrait se terminer, par exemple, si le bâtiment
détenu en propriété superficiaire et le fonds
appartiennent à la même personne. Alors, à ce
moment-là, c'est normal qu'ils disparaissent, mais la
propriété a perduré en passant d'une main à
l'autre.
Le Président (M. Lafrance): Merci pour ces
précisions. Oui, M. le député de Sherbrooke.
M. Hamel: Me Longtin pourrait nous faire quelques commentaires,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Me Longtin.
Mme Longtin: J'ajouterais, M. le Président, à ce
que Me Frenette vient de dire, parce que le commentaire était
peut-être un peu court. Évidemment, l'article 1112, tel qu'il
était au projet, laissait bien entendre la possibilité d'un terme
à la propriété, tout en affirmant le caractère
possible de la perpétuité. Sauf que la notion de bail à
construction étant retirée, je pense qu'il devenait important
à ce moment-là d'établir quand même la
possibilité... enfin, de clairement indiquer le fait que la
propriété superficiaire peut être à terme.
Le Président (M. Lafrance): Merci de ces
précisions, maître.
Mme Harel:... la modalité.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que vous pouvez
reprendre votre question, s'y vous plaît, madame?
Mme Harel: Oui. Est-ce que vous pouvez reprendre les
dernières paroles que vous avez eues, Me Longtin?
Mme Longtin: Je pense que ce que j'ai dit,
parce que je n'ai pas de transcription Instantanée...
M. Frenette: Je pense que Mme Harel avait cru comprendre que vous
référiez au caractère temporaire du droit de
propriété, alors que c'est au caractère temporaire de la
modalité.
Mme Longtin: C'est certainement, comme le texte le
prévoit, le caractère temporaire, la modalité. Je ne
voudrais surtout pas entreprendre une discussion sur le caractère de la
perpétuelle propriété, quoique là-dessus }e pense
qu'il y a des thèses qui s'affrontent encore très violemment.
Le Président (M. Lafrance): Merci.
Mme Harel: Mon Dieu! Pourtant, le ministre nous avait dit qu'il
voulait éviter toute violence dans son projet de loi. Ha, ha, ha!
Mme Longtin: Mais ce sont les thèses à
l'extérieur.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci de toutes ces
précisions. L'article 1112 est donc adopté tel qu'amendé.
J'aimerais appeler les articles 1113 et 1114, avec l'amendement proposé
à 1114, s'il vous plaît.
M. Kehoe: L'article 1114 est remplacé par le suivant: "La
perte totale des constructions, ouvrages ou plantations ne met fin à la
propriété super-ficiaire que si celle-ci résulte de la
division de l'objet du droit de propriété. "L'expropriation des
constructions, ouvrages ou plantations ou celle du tréfonds ne mettent
pas fin à la propriété superficiaire. "
Commentaire: L'amendement vient préciser les circonstances qui
mettent fin à la propriété superficiaire lorsque les
constructions, ouvrages ou plantations sont faites sans terme. En raison de cet
amendement, l'article 1114 se lirait comme suit: "La perte totale des
constructions, ouvrages ou plantations ne met fin à la
propriété superficiaire que si celle-ci résulte de la
division de l'objet du droit de propriété. "L'expropriation des
constructions, ouvrages ou plantations ou celle du tréfonds ne mettent
pas fin à la propriété superficiaire. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Alors, est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article
1113 ou 1114 tel qu'amendé? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: M. le Président, sur le deuxième
alinéa, pour noter tout simplement qu'il s'agit d'une situation fort
différente de celle envisagée au premier alinéa. Que
l'article le précise m'ap-paraîtrait très bien, mais on
envisage, dans le deuxième alinéa, tout simplement un transfert
de propriété suite à une expropriation, alors que, dans le
premier, on envisage une destruction de l'objet de la propriété
superficiaire.
M. Kehoe: Encore une fois, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître.
M. Kehoe: M. le Président, je demanderais à Me
Longtin de préciser aussi, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Me Longtin.
Mme Longtin: M. le Président, c'est un fait que le second
alinéa vise une situation qui est différente. Sauf
peut-être qu'on peut toujours trouver un dénominateur commun dans
la perte de jouissance de la propriété superficiaire.
Le Président (M. Lafrance): Merci de ces
précisions. Alors, s'il n'y a pas d'autres commentaires, l'article 1113
est donc adopté tel quel et l'article 1114 est adopté tel
qu'amendé. J'aimerais appeler l'article 1115 avec son amendement, s'il
vous plaît.
M. Kehoe: L'article 1115 est modifié: par l'ajout,
à la deuxième ligne, après le mot "acquiert", des mots
"par accession"; deuxièmement, par la suppression, après le mot
"superficiaire" à la troisième ligne, de ce qui suit: "si leur
valeur est inférieure à celle du tréfonds";
troisièmement, par le remplacement, au début du deuxième
alinéa, du mot "Si" par ceci: "Cependant, si".
Commentaire: Les amendements ont pour but de mieux exprimer la
règle qui veut que le propriétaire du fonds devienne
propriétaire de ce qui s'ajoute à son fonds par accession. Ils
réservent cependant les droits de superficiaire de se porter
acquéreur du tréfonds en certains cas. En raison des amendements,
l'article 1115 se lirait comme suit: "À l'expiration de la
propriété superficiaire, le tréfoncier acquiert par
accession la propriété des constructions, ouvrages ou plantations
en en payant la valeur au superficiaire. "Cependant, si la valeur est
égale ou supérieure à celle du tréfonds, le
superficiaire a le droit d'acquérir la propriété du
tréfonds en en payant la valeur au tréfoncier, à moins
qu'il ne préfère, à ses frais, enlever les constructions,
ouvrages et plantations qu'il a faits et remettre le tréfonds dans son
état antérieur. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Alors, s'il n'y a pas de commentaires, l'article 1115 est
donc adopté tel qu'amendé.
J'aimerais appeler 1116 avec son amendement, s'il vous plaît.
M. Kehoe: L'article 1116 est modifié par le remplacement
des mots "devient propriétaire par accession" par les mots "conserve la
propriété".
Commentaire: L'amendement vise à établir une meilleure
concordance avec la règle exprimée à l'article 1115,
premier alinéa. En raison de cet amendement, l'article 1116 se lirait
comme suit: "À défaut par le superficial d'exercer son droit
d'acquérir la propriété du tréfonds dans les
quatre-vingt-dix jours suivant la fin de la propriété
superficiaire, le tréfoncier conserve la propriété des
constructions, ouvrages et plantations. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député. Alors, s'il n'y a pas de commentaires, 1116 est donc
adopté tel qu'amendé. Pour terminer cette série d'articles
qui avaient été suspendus, j'appelle 1117. S'il n'y a pas de
commentaires, 1117 est donc adopté tel quel. J'aimerais maintenant
appeler l'article suivant qui avait été laissé en suspens,
soit 1136 avec l'amendement proposé, s'il vous plaît.
Des démembrements du droit de
propriété (suite)
M. Kehoe: L'article 1136 est modifié par la suppression,
au premier alinéa, de la deuxième phrase. 1136?
Le Président (M. Lafrance): 1136, oui. (17 h 45)
M. Kehoe: Je continue. Commentaire: II s'agit d'une modification
de concordance avec le nouvel article 1136. 1. En raison de cet amendement,
l'article 1136 se lirait comme suit: "Les impenses nécessaires faites
par l'usufruitier sont traitées, par rapport au nu-propriétaire,
comme celles faites par un possesseur de bonne foi. "
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le
député. Je pense que vous avez un nouvel article qui suit, soit
l'article 1136. 1.
M. Kehoe: Je vais lire l'article 1136. 1, l'amendement
proposé. Le projet est modifié par l'ajout, après
l'article 1136, du suivant: "1136. 1 Les impenses utiles faites par
l'usufruitier sont, à la fin de l'usufruit, conservées par le
nu-propriétaire sans indemnité, à moins que l'usufruitier
ne choisisse de les enlever; le nu-propriétaire ne peut cependant
contraindre l'usufruitier à le faire. "
Commentaire: L'amendement atténue la portée de la
règle proposée afin d'éviter que le
nu-propriétaire, lorsqu'il reprend le bien, ne soit tenu d'indemniser
l'usufruitier de toutes les impenses que ce dernier a considéré
utile de faire alors même qu'il connaissait la précarité do
son droit. Toutefois, comme les Impenses sont utiles et servent le bien, II n'y
a pas lieu de permettre au nu-propriétaire de contraindre l'usufruitier
à les enlever. En raison de cet amendement, l'article 1136. 1 se lirait
comme suit: "Les impenses utiles faites par l'usufruitier sont, à la fin
de l'usufruit, conservées par le nu-propriétaire sans
Indemnité, à moins que l'usufruitier ne choisisse de les enlever;
le nu-propriétaire ne peut cependant contraindre l'usufruitier à
le faire. "
Le Président (M. Lafrance): Merci. Oui. Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Je ne dirai rien sur
l'article 1136 en sol, tel qu'amendé, parce que mes commentaires
porteront davantage sur le résultat qui en advient en 1136. 1. Je pense
que le commentaire est juste, mais il néglige peut-être de mettre
l'accent sur le fait que non seulement l'usufruitier n'avait pas le droit de
procéder aux Impenses utiles parce qu'il se savait détenteur,
c'est que l'accession a joué en faveur du nu-propriétaire et il
est normal que, techniquement, il n'ait droit à rien. Et, à moins
que les discussions - ici, c'est plus un point d'interrogation parce que je ne
veux prendre personne par surprise, mais j'avais l'impression que le texte que
je vols devant mes yeux n'est pas celui qui a fait l'objet de nos
échanges. J'avais plutôt compris que l'amendement à 1136. 1
se lirait: "conservées par le nu-propriétaire sans
Indemnité" et non pas que l'usufruitier ait la possibilité de les
enlever. Il enlève le bien d'autrui. Je pense qu'on avait reconnu
ça tout à l'heure. Je me demande si on ne pourrait pas
éclalrcir cette question-là. Peut-être que Mme Morency ou
Mme Longtin pourrait me rafraîchir la mémoire. Est-ce que je me
trompe?
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, dans les circonstances, je
pense que ce serait dans l'Intérêt de clarifier la position que
nous allons prendre et que cet article devrait être suspendu. Le ministre
va revenir, là. Je ne suis pas sûr s'il va revenir avant notre
ajournement, mais c'est une chose qui devrait être discutée entre
les experts des deux côtés pour prendre une position finale sur
l'article. Dans les circonstances, nous demandons que l'article soit
suspendu.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Donc, l'article 1136
est adopté tel qu'amendé, et le nouvel article 1136. 1 est
laissé en suspens. J'aimerais appeler l'article suivant qui avait
été laissé en suspens, soit l'article 1169. Il n'y a
pas
eu d'amendement de déposé sur cet article. J'en conclus
qu'il y a eu des discussions et qu'on veut peut-être le laisser tel quel.
Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Harel: Un Instant, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Fre-nette.
Mme Harel: Alors, simplement, M. le Président, que...
M. Kehoe: Juste une seconde, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lafrance): Non. J'ai donné la
parole à Me Frenette, là.
M. Frenette: Je pense que, effectivement, des discussions doivent
avoir lieu sur ça. Nous n'avons pas le texte devant nous. Il avait
été suspendu parce qu'il devait y avoir discussion.
Le Président (M. Lafrance): J'assume, oui.
M. Frenette: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Mais...
M. Frenette: Ou la discussion a lieu tout de suite, ou nous
suspendons.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Un Instant, s'il vous plaît. M. le
Président, c'est un des articles sur lesquels M. le ministre maintient
sa position pour que l'article reste tel quel, qu'il n'y ait pas d'amendement.
Il veut, par contre, qu'un débat s'engage pour discuter l'affaire.
Maintenant, encore une fois, dû à son absence, II est retenu par
d'autres circonstances, nous...
Mme Harel: On va ajourner la commission. Non, on ne continuera
pas comme ça, là. On ne procédera pas comme ça,
là, pour le reste du temps. Certainement pas. Non. On va ajourner...
Le Président (M. Lafrance): Mais est-ce qu'on peut...
Madame...
Mme Harel: ...et puis ça va permettre aux légistes
de rencontrer le ministre, mais on ne fera pas des débats par personnes
interposées avec un ministre qui n'est pas là. Non, non.
M. Kehoe: Ce n'est pas avec les légistes...
Le Président (M. Lafrance): Si vous voulez terminer, M. le
député de Chapleau. Ensuite, madame...
M. Kehoe: C'est ça. Je vais terminer. Le
Président (M. Lafrance): Oui.
M. Kehoe: Ce n'est pas avec les légistes de notre
côté qu'il veut avoir une discussion. Le ministre veut avoir une
discussion avec l'Opposition, mais il veut entretenir lui-même des
discussions avec l'Opposition.
Mme Harel: Alors, qu'il soit là quand on en discute.
M. Kehoe: Mais qu'est-ce que vous voulez? Il a d'autres
occupations et il était obligé de s'absenter.
Mme Harel: J'en ai d'autres, moi aussi, M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Je comprends, mais...
Mme Harel: Beaucoup d'autres occupations.
M. Kehoe: Je ne dis pas le contraire.
Mme Harel: Alors, on va ajourner là. Ce n'est pas
sérieux, là.
M. Kehoe: Mais certainement que c'est sérieux. Il y a
certains articles qu'on peut adopter, qui ne sont pas controversés.
Celui-là, c'en est un de fond, et il veut faire une discussion avec
l'Opposition. La seule chose qu'on demande, c'est de retarder l'adoption de cet
article, de le suspendre comme les autres. Le ministre m'a dit avant de partir
que, peut-être, il sera ici avant 18 heures 30, mais c'est bien
évident qu'il ne le sera pas. Par contre, je soumets respectueusement
qu'il y a d'autres articles avec lesquels on peut continuer. Ils ne sont pas en
controverse. On peut les adopter d'ici l'ajournement à 18 heures 30.
Mme Harel: M. le Président, moi, je n'apprécie pas
la façon dont on a travaillé cet après-midi. Je
n'apprécie pas que le ministre ait quitté sans nous en informer.
J'ai moi-même posé la question il y a à peine une heure de
ça. On m'a confirmé, M. le député de Chapleau
lui-même et, je pense, tous ses collègues, que le ministre allait
revenir incessamment. Non, je n'apprécie pas cette
façon-là de travailler. Je préférerais savoir
exactement ce qui en est. Moi, je vais vous dire, je considère que, si
on continue comme ça, on n'est pas dans la bonne voie.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée. Alors, Me Frenette a recommandé peut-être
de laisser l'article 1169 en suspens, de façon qu'on puisse, les
experts, se rencontrer, et qu'on revienne ensuite ici en commission.
Mme Harel: M. le Président, ça là, tout de
suite, question de règlement.
Le Président (M. Lafrance): Oui.
Mme Harel: Me Frenette ne recommande rien, et je pense qu'il est
le premier lui-même à convenir qu'il fait un travail pour toute la
commission, autant que Me Longtin et autant que tous les légistes et les
juristes qui sont ici. Quand Me Longtin parle, moi, je l'écoute avec
autant d'attention que quand Me Frenette parle, et j'espère que c'est la
même chose de l'autre côté. Mais dans les deux cas, M. le
Président, moi, ce que je vous recommande, c'est qu'on ajourne nos
travaux à ce moment-ci.
M. Kehoe: Encore une fois...
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que vous avez
terminé, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: La seule chose que je puis ajouter à ça,
Mme la députée, je suis bien d'accord si vous voulez ajourner
jusqu'à ce que le ministre soit ici pour cet article-là
spécifiquement. Mais ce que je trouve regrettable, on a encore une
demi-heure à faire sur des articles qui ne sont pas controversés,
qui ne causent pas de difficulté et, sur ces articles-là, je
soumets respectueusement qu'on peut procéder à leur adoption.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Mme Harel: M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, moi j'aimerais qu'il y
ait un consentement, là. S'il n'y a pas de consentement, on va devoir
ajourner c'est certain, parce qu'il faut travailler de façon efficace et
productive. Alors, si vous voulez qu'on suspende 1169 pour y revenir, on peut
le faire et continuer avec les autres articles ou, si vous
préférez ajourner carrément, on peut le faire aussi. Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je pense qu'à ce
moment-ci, après quoi? 36 heures de travaux, on a suffisamment
manifesté notre esprit de collaboration et notre bonne volonté
pour que ce ne soit pas ça qui soit en cause. M. le Président,
déjà il avait été convenu avec le ministre qu'il
serait présent pour l'examen des dispositions et je pense que le
député de Chapleau va convenir lui-même que sa
présence s'impose. Nous en sommes à la deuxième
suspension. Il y a déjà eu une première suspension de ces
dispositions-là et nous en sommes à une deuxième. Moi, je
vais montrer de la bonne volonté, M. le Président, suffisamment
pour qu'on continue de procéder, vous voyez. Mais je voudrais qu'on
puisse clairement savoir comment le ministre entend procéder dans
l'avenir. Je ne pense pas que ce soit une façon de travailler. Et je
crois qu'on a intérêt de part et d'autre - je comprends les
obligations qu'il a, je partage cette façon d'avoir beaucoup de
responsabilités - je pense qu'il en va du bon déroulement de nos
travaux à nous que l'on sache exactement comment les choses doivent se
passer. Je pense que le ministre doit nous avertir et nous informer quand II
nous quitte pour une partie importante de nos travaux. Je pense
également, M. le Président, qu'il vaut mieux ajourner.
Peut-être qu'on aurait pu ajourner une heure pour que les légistes
rencontrent le ministre. On aurait pu procéder beaucoup plus rapidement
parce qu'il n'est pas de notre intention do pelleter en avant toutes les
dispositions qui peuvent être l'objet de litige. Je pense qu'on va
devoir, à chacun des livres, compléter avant d'en aborder un
autre. C'est la seule façon qui va nous permettre le plus
harmonieusement possible de nous rendre jusqu'à la fin.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée. Si je peux apporter un commentaire, je partage aussi
certaines observations qui ont été dites autant d'un
côté que de l'autre, à date. J'ai remarqué aussi que
nous avions suspendu un bloc d'articles et nous venons de passer au travers de
ça et nous en sommes présentement à des articles qui ont
été laissés de façon Individuelle, si je peux
employer ce terme, de côté. Donc, des articles sur lesquels on
doit revenir pour des questions bien souvent de fond. Alors, je
considère aussi important, surtout s'il n'y a pas eu consultation entre
les experts au préalable, d'avoir les personnes qui peuvent
répondre à ces questions de fond. C'est un commentaire que je
voulais ajouter. M. le député de Chapleau. (18 heures)
M. Kehoe: Une dernière intervention, M. le
Président. Je pense que jusqu'à date il y a eu de la
collaboration et de la coopération surtout de l'Opposition dans le
déroulement des débats, c'est sûr et certain. Ce n'est que
cet après-midi qu'il y a eu des circonstances hors du contrôle du
ministre, qui a été obligé de s'absenter. Il s'agit d'un
certain nombre... On est en train de discuter, quoi? de 200 articles en tout.
Il peut y en avoir à peu près quatre ou cinq sur lesquels les
experts des deux côtés de la Chambre n'ont pas pu s'entendre
complètement. Puis il y a trois articles de notre côté, que
le ministre et les légistes n'ont pas eu le temps de scruter à
fond.
Ce que je veux dire à Mme la députée de
Hochelaga-Mal8onneuve, c'est qu'il y a beaucoup d'autres articles sur lesquels
on peut continuer
pour avancer les travaux. Ce n'est pas des articles... Tout le monde est
d'accord. Sur celui-là, cet article-là dont on discute
actuellement, je suis d'accord avec vous, II faut avoir un débat de
fond. Le ministre a toujours dit que, quand il s'agit de ces
articles-là, II va être ici présent en autant que faire se
peut en tout temps. Mais quand il s'agit des articles de fond, des secteurs de
fond du Code, des obligations, il a dit qu'il serait ici, et il y sera
aussi.
Mais, malheureusement, on en frappe un qui est un article sur lequel le
ministre veut faire un débat. Puis je veux juste pour cette raison
là... ce n'est pas une question de un pas en avant deux en
arrière. C'est juste un autre article que nous demandons à
l'Opposition de suspendre jusqu'à ce que le ministre soit de retour.
Entretemps, sur les autres articles, les quelque 50 autres articles qui nous
restent dans le secteur des biens, je soumets respectueusement qu'on peut
continuer et puis les compléter.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le
député. Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, il y a un aspect qui est
important, M. le député de Chapleau. C'est que, à
l'article 1169, II ne s'agit pas de faire poursuivre entre les légistes
et les juristes l'échange qui a déjà eu lieu. Là,
il s'agit d'une décision ministérielle qui amène le
ministre à vouloir faire adopter sans amendement cet article 1169.
Je vous dis ceci, quand ça va se produire, à chaque fois
là, il faut qu'ils en soient conscients, je ne pourrai pas accepter que
le débat n'ait pas lieu parce que le ministre n'est pas là.
Alors, à ce moment-là, ce n'est pas parce que je l'oblige
à être ici, c'est parce qu'on va être ailleurs nous aussi,
hein, on en a des obligations, M. le Président. Alors, on va simplement
attendre d'être là pour faire le débat.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Si je comprends bien, on a un
consentement pour continuer et laisser cet article en particulier de
côté.
M. Kehoe: Parce que je peux vous assurer, Mme la
députée, que...
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe:... M. Rémillard va être ici dans quelques
minutes, puis sûrement avant 18 h 30.
Le Président (M. Lafrance): Merci.
Mme Harel: Alors, on reviendra sur ces articles. Très
bien.
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'article 1169 est donc
laissé en suspens. J'aimerais continuer en appelant les articles
suivants qui avaient été laissés en suspens, soit 1187 et
1188. Je pense qu'il y a un amendement à proposer à 1187.
M. Kehoe: L'article 1187 est modifié dans son premier
alinéa, premièrement, par l'ajout, à la première
ligne, après le mot "servitude", des mots "de passage";
deuxièmement, par le remplacement, dans la troisième ligne, des
mots "la gêne" par les mots "l'inconvénient".
Commentaire: L'amendement vise à mieux circonscrire la
portée de la règle; la plupart des cas qui ont, dans le
passé, soulevé des difficultés concernaient des servitudes
de passage. Par ailleurs, les critères, tels qu'indiqués,
pourraient être trop larges s'ils devaient, comme tels, s'appliquer
à des servitudes de vue ou de non-construction. En raison de cet
amendement, l'article 1187 se lirait comme suit: "Sauf en cas d'enclave, la
servitude de passage peut être rachetée lorsque son utilité
pour le fonds dominant est hors de proportion avec l'inconvénient ou la
dépréciation qu'elle entraîne pour le fonds servant.
"À défaut d'entente, le tribunal, s'il accorde le droit au
rachat, fixe le prix en tenant compte, notamment, de l'ancienneté de la
servitude et du changement de valeur que la servitude entraîne, tant au
profit du fonds servant qu'au détriment du fonds dominant. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Chapleau. Est-ce qu'il y a des commentaires sur les
articles, donc, 1187 tel qu'amendé, et 1188? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Je vous ferais
simplement remarquer, pour 1187, qu'il s'agit d'un cas de droit de rachat.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires, l'article 1187 est donc adopté tel
qu'amendé et l'article 1188 est adopté tel quel. J'aimerais
continuer en appelant l'article 1193 qui avait été laissé
en suspens avec, je pense, l'amendement qu'on propose.
M. Kehoe: L'amendement proposé à l'article 1193:
L'article 1193 est modifié: premièrement, en remplaçant
les deux premières lignes par ce qui suit: "L'emphytéose est le
droit qui permet à une personne, pendant un certain temps, ";
deuxièmement, en ajoutant à la troisième ligne,
après le mot "autrui", les mots suivants: "et d'en tirer tous ses
avantages"; en remplaçant, à la fin, les mots "ou qui le mettent
en valeur" par les mots "d'une façon durable"; quatrièmement, en
ajoutant l'alinéa suivant: "L'emphytéose s'établit par
contrat. "
Je comprends la demande de l'Opposition que cette quatrième
condition soit suspendue pour le moment. C'est ça?
M. Frenette: En tout cas, moi, j'aurais plutôt compris
qu'on pouvait l'adopter, mais on comprenait que, s'il y avait des
difficultés subséquentes, on ajusterait le texte, mais qu'il
devait y avoir débat...
M. Kehoe: D'accord.
M. Frenette: Mais, ici, il est peut-être plus sage de le...
Si nous l'adoptons tel quel, nous évitons, je pense, de procéder
à des amendements de concordance qui auraient été
souhaitables, mais je veux qu'il soit compris que je n'accepte pas le texte tel
quel, parce qu'il y avait d'autre chose qui avait été
proposé.
Le Président (M. Lafrance): O. K. Alors, est-ce qu'il y
a...
M. Kehoe: Le 4°, il reste tel quel.
Le Président (M. Lafrance): Moi, il faut que j'y aille
selon les règlements. Si vous me lisez un amendement, il doit être
adopté comme tel, quitte peut-être à le rouvrir si on est
d'accord par après ou tout simplement le mettre de côté,
s'il y a consentement.
M. Kehoe: Oui, le 4° reste tel quel, en ajoutant
l'alinéa suivant: "L'emphytéose s'établit par contrat.
"
Le commentaire: La première et la deuxième modification
visent à donner une signification plus directe et plus complète
de l'emphytéose; la troisième modification supprime une mention,
celle relative à la mise en valeur, qui substantiellement est couverte
par l'expression précédente "qui augmentent la valeur du bien",
et ajoute une précision quant au caractère durable des
constructions, ouvrages ou plantations. La dernière modification, enfin,
n'est que de concordance avec tes deux premières modifications. En
raison des amendements, l'article 1193 se lirait comme suit:
"L'emphytéose est le droit qui permet à une personne, pendant un
certain temps, d'utiliser pleinement un immeuble appartenant à autrui et
d'en tirer tous ses avantages, à la condition de ne pas en compromettre
l'existence et à charge d'y faire des constructions, ouvrages ou
plantations qui augmentent sa valeur d'une façon durable.
"L'emphytéose s'établit par contrat. "
Mme Harel: Je pense, M. le Président, qu'il serait plus
sage, à ce moment-ci, de suspendre 1193 et de... Oui, c'est ça,
au quatrième alinéa, en fait, le quatrième alinéa
de l'amendement, mais c'est le deuxième alinéa de l'article
1193.
M. Kehoe: Oui, d'accord. On n'a pas d'objection. Mais les trois
premières, ce sera adopté, et le 4°, ce sera suspendu. C'est
ça?
Le Président (M. Lafrance): Mol, je vais... Mme Harel:
Vous suspendez le tout. M. Kehoe: Tout l'article.
Le Président (M. Lafrance): Je préfère,
à ce stade-ci, laisser l'article 1193 en suspens, tel qu'amendé,
mais en suspens et on y reviendra.
M. Kehoe: À la demande de Mme la députée,
tout l'article sera suspendu. C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): Tel qu'amendé Alors,
j'aimerais appeler l'article suivant. Je pense qu'il y a eu consentement Ici
pour rouvrir 1194, n'est-ce pas?
M. Kehoe: II y a un amendement.
Le Président (M. Lafrance): Oui, parce qu'il y a un
amendement à proposer à 1194.
Mme Harel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): D'accord? O. K. Alors,
l'article 1194 qui avait été adopté est donc rouvert avec
l'amendement suivant:
M. Kehoe: Oui. L'amendement proposé: Ajouter, à la
deuxième ligne de l'article 1194, après le mot "Immeuble", le mot
"déjà".
Commentaire: L'amendement propose une simple précision, afin
qu'il soit clair qu'on vise le cas où l'Immeuble est déjà
bâti et non le cas où l'immeuble est bâti par
l'emphytéote. Ce dernier cas est réglé à l'article
1038. En raison de cet amendement, l'article 1194 se lirait comme suit:
"L'emphytéose qui porte à la fois sur un terrain et un immeuble
déjà bâti peut faire l'objet d'une déclaration de
coemphytéose, dont les règles sont les mêmes que celles
prévues pour la déclaration de copropriété. Elle
est en outre assujettie, compte tenu des adaptations nécessaires, aux
règles de la copropriété établie sur un immeuble
bâti par un emphytéote. "
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, s'il n'y a pas
de commentaires, l'article 1194 tel qu'amendé est donc adopté.
J'appelle l'article 1196, qui est l'article suivant qui avait été
laissé en suspens. Et je pense que vous avez maintenant un
amendement.
M. Kehoe: Oui, M. le Président. Un amendement: L'article
1196 est modifié par le remplacement de tout ce qui suit le mot "faire",
à la quatrième ligne, par ceci: "de nouvelles construe-
tions ou plantations ou de nouveaux ouvrages, autres que les Impenses
utiles. "
Commentaire: L'amendement a pour objet de mieux préciser la
portée de la règle. Celle-ci vise à permettre le
renouvellement de l'emphytéose sans obliger l'emphytéote à
effectuer de nouveaux travaux. Il doit cependant faire tout ce qui est utile
pour maintenir et, possiblement, accroître la valeur du bien qui fait
l'objet de l'emphytéose. En raison de cet amendement, l'article 1196 se
lirait comme suit: "Le contrat d'emphytéose portant sur un terrain sur
lequel est bâti l'immeuble détenu en copropriété,
ainsi que celui qui porte à la fois sur un terrain et sur un immeuble
bâti, peuvent être renouvelés, sans que l'emphytéote
soit obligé d'y faire de nouvelles constructions ou plantations ou de
nouveaux ouvrages autres que les impenses utiles. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Chapleau. Oui. Un commentaire, Me Frenette?
M. Frenette: Merci, M. le Président. Un seul. Je
demanderais très simplement s'il était possible dans le
commentaire d'éliminer le mot "possiblement"? Pour le reste,
l'amendement m'apparaît très juste et très bien
préparé. Mais le commentaire tend à induire en erreur,
parce que, si, finalement, l'emphytéote, lors du renouvellement, est
tenu à des impenses utiles, ces impenses augmentent ou accroissent la
valeur du bien. Alors, il ne doit pas juste faire un effort, ça va
arriver; II faut que ça arrive. (18 h 15)
M. Rémillard: Oui. M. le Président, il y a
certainement une possibilité, mais c'est une possibilité qui peut
être certaine; ce n'est pas une certaine possibilité. Je ne sais
pas si nos légistes vont comprendre. Je ne sais pas si Mme Harel, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve serait d'accord avec la
remarque, enlever ce mot "possiblement".
Mme Harel: Vous, je n'ai pas su encore ce que vous en pensiez.
Vous êtes d'accord?
M. Rémillard: Moi, je vous demande ce que vous en
pensez.
Mme Harel: Mais vous aviez la parole. Je pensais que
c'était pour faire un commentaire sur celui qui avait été
fait.
M. Rémillard: Je vous demande ce que vous en pensez.
Mme Harel: Bien justement, alors vous avez la parole. Dites-le
nous.
M. Rémillard: Bien, écoutez, moi, je viens de vous
dire qu'il y a une certaine possibilité qui peut être une
possibilité certaine. Alors, je vais voir avec les légistes.
Est-ce que, Me Longtin, vous voyez une difficulté?
Mme Longtin: Je pense qu'on peut l'enlever.
M. Rémillard: Ça ne cause pas de difficulté.
Maintenant, est-ce que Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
M. le Président, aurait aussi un commentaire à apporter?
Mme Harel: Me Frenette a un commentaire. Le Président
(M. Lafrance): Me Frenette.
M. Frenette: Si je me suis permis de faire la demande, c'est que
les commentaires sont publiés aux fins d'éclairer et aux fins de
bien indiquer quelle était l'intention. Ils sont sûrement lus avec
attention par la suite autant que l'article. Alors, si le commentaire comporte
une légère contradiction avec le texte, il vaut mieux
l'éclaircir tout de suite.
M. Rémillard: M. le Président, je pense que M.
Frenette a particulièrement raison, qu'il faut être très
vigilant en ce qui regarde les commentaires parce qu'il s'agit là de
l'intention du législateur. Par conséquent, il faut porter une
attention tout à fait particulière. Alors, je crois qu'on peut
assez facilement enlever le mot "possiblement" pour être plus conforme
à toute la discussion que nous avons eue sur cet article.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Le mot
"possiblement" est donc enlevé des commentaires et l'article 1196 est
donc adopté tel qu'amendé. J'aimerais maintenant nous
référer à l'article suivant qui avait été
laissé en suspens, soit l'article 1198 avec l'amendement proposé,
s'il vous plaît.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, à
l'article 1198, premièrement, au premier alinéa, il s'agit de
remplacer le mot "exerce" par le mot "a, "; il s'agit aussi de remplacer
l'expression "tous les droits du propriétaire" par celle-ci: "tous les
droits attachés à la qualité de propriétaire";
deuxièmement, M. le Président, au deuxième alinéa,
de remplacer, premièrement, à la première ligne, les mots
"les droits" par "l'exercice des droits" et deuxièmement, à la
troisième ligne, les mots "du bien" par les mots "de l'immeuble".
M. le Président, ces amendements visent à mieux
circonscrire le domaine d'exercice des droits de l'emphytéote. En raison
de ces amendements, l'article 1198 se lirait comme suit: "L'emphytéote
a, à l'égard de l'immeuble, tous les droits attachés
à la qualité de propriétaire, sous réserve des
limitations du présent chapitre et du contrat d'emphytéose. "Le
contrat peut limiter l'exercice des
droits des parties, notamment pour accorder au propriétaire des
droits ou des garanties qui protègent la valeur de l'immeuble, assurent
sa conservation, son rendement ou son utilité ou pour autrement
préserver les droits du propriétaire de l'emphytéote, ou
régler l'exécution du contrat. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Oui, Me
Frenette.
M. Frenette: M. le Président, il s'agit d'un amendement
important qui a l'avantage de corriger deux choses, si je puis dire: de se
raccrocher à certains termes utilisés à l'article 569
aujourd'hui tout en, si je puis dire, taisant ou en solutionnant d'avance et en
écartant toutes les querelles qui avaient surgi depuis l'amendement de
1984 introduisant l'article 569. 1 au Code civil du Bas Canada. Alors, il faut
saluer cet amendement.
Le Président (M. Lafrance): Merci.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, je crois que cet amendement est
conforme donc à un droit, une évolution du droit et j'aimerais
demander à Me Long-tin de peut-être apporter des commentaires
supplémentaires.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Me Longtin.
Mme Longtin: M. le Président, je crois que les amendements
qui ont été apportés à l'article 1198 et qui font
suite aux discussions qui ont eu lieu ne font que bonifier le texte, mais
probablement qu'ils étaient déjà sous-entendus dans les
termes qui y étaient utilisés. Mais, enfin, ce sont des
clarifications et tant mieux si ça évite des litiges
ultérieurs.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, l'article 1198
est donc adopté tel qu'amendé. Oui. Je remarque qu'on propose ici
un amendement à 1208, qui avait été adopté. Alors,
j'assume qu'il y a consentement pour rouvrir cet article. Est-ce qu'on peut
nous lire l'amendement proposé à 1208, s'il vous plaît?
M. Rémillard: Oui, M. le Président.
L'article 1208, donc, il s'agit de remplacer, au deuxième alinéa,
les mots "de mauvaise foi" par "de bonne foi". L'amendement vise, M. le
Président, à clarifier le fait que l'emphytéote ne peut
être traité comme l'usufruitier ou le locataire quant aux Impenses
volontaires, car son droit lui donnait l'autorité do le faire. En raison
de cet amendement, l'article 1208 se lirait comme suit: "À la fin de
l'emphytéose, l'emphytéote doit remettre l'immeuble en bon
état avec les constructions, ouvrages ou plantations prévus au
contrat, à moins qu'ils n'aient péri par force majeure. "Ce qu'il
a ajouté à l'Immeuble sans y être tenu est traité
comme les Impenses faites par un possesseur de bonne foi. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
l'article 1208 est donc adopté tel qu'amendé. J'aimerais
maintenant vous référer à l'article suivant qui avait
été laissé en suspens, soit l'article 1210, qui avait
été lu avec un amendement. Je pense qu'on pourrait reconfirmer le
nouvel amendement proposé.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Vous me
permettrez peut-être un commentaire sur 1208 qu'on vient de
présenter, qui a été accepté, pour dire que c'est
certainement un aspect important qu'on a ajouté. On reconnaît que
Me Frenette est un grand spécialiste de l'emphytéose; alors, il a
apporté cet amendement, je pense, important. Je veux l'en remercier.
Des restrictions à la libre disposition de
certains biens (suite)
Oui, M. le Président, à l'article 1210, il s'agit de
remplacer les deux premiers alinéas par ce qui suit: "La restriction
à l'exercice du droit de disposer du bien ne peut être
stipulée que par donation ou testament. "La stipulation
d'inaliénabilité est faite par écrit à l'occasion
du transfert, à une personne ou à une fiducie, de la
propriété d'un bien ou d'un démembrement du droit de
propriété sur un bien. "
M. le Président, l'amendement propose une modification formelle
qui, liée à l'article 2633, rend plus péremptoire
l'énoncé de la règle. Le deuxième alinéa ne
vise qu'à simplifier la rédaction de l'article. En raison de cet
amendement, l'article, 1210 se lirait comme suit: "La restriction à
l'exercice du droit de disposer du bien ne peut être stipulée que
par donation ou testament. "La stipulation d'Inaliénabilité est
faite par écrit à l'occasion du transfert, à une personne
ou à une fiducie, de la propriété d'un bien ou d'un
démembrement du droit de propriété sur un bien. "Cette
stipulation n'est valide que si elle est temporaire et justifiée par un
intérêt sérieux et légitime. Néanmoins, dans
le cas d'une substitution ou d'une fiducie, elle peut valoir pour leur
durée. "
La Président (M. Lafrance): Merci. M. le ministre. Alors,
si je comprends bien, l'amende ment qui avait été proposé
à notre dernière
séance est donc retiré et remplacé par ce nouvel
amendement. Est-ce qu'il y a des commentaires? Ça va. Alors, l'article
1210 est donc adopté tel qu'amendé. J'aimerais maintenant appeler
l'article 1211. C'est le même cas, je pense qu'il y avait un amendement
qui avait été proposé à notre dernière
séance. Donc, on veut retirer cet amendement avec le nouvel amendement
qui suit.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Il s'agit
d'ajouter, à l'article 1211, le deuxième alinéa suivant:
"Le tribunal peut, lorsqu'il autorise l'aliénation du bien, fixer toutes
les conditions qu'il juge nécessaires pour sauvegarder les
intérêts de celui qui a stipulé
l'inaliénabllité, ceux de ses ayants cause ou ceux de la personne
au bénéfice de laquelle elle a été stipulée.
"
L'amendement proposé a pour but, M. le Président, de
permettre au tribunal d'assujettir son autorisation à toute condition
qu'il juge nécessaire pour sauvegarder les intérêts de
celui qui a stipulé l'inaliénabllité, ceux de ses ayants
cause ou ceux de la personne au bénéficie de laquelle elle a
été stipulée. De telles conditions peuvent être
nécessaires notamment dans le cas où une personne aurait
donné sa maison à ses enfants, le disposant s'étant
réservé le droit de l'habiter sa vie durant. En permettant que la
maison soit aliénée, le tribunal pourra prévoir un certain
dédommagement au disposant, lequel se retrouvera sans demeure. Or, en
raison de cet amendement, l'article 1211 se lirait comme suit: "Celui dont le
bien est inaliénable peut être autorisé par le tribunal
à disposer du bien si l'intérêt qui avait justifié
la stipulation d'inalién - excusez-moi, M. le Président -
d'inaliéna-bilité a disparu ou s'il advient qu'un
intérêt plus important l'exige. "Le tribunal peut, lorsqu'il
autorise l'aliénation du bien, fixer toutes les conditions qu'il juge
nécessaires pour sauvegarder les intérêts de celui qui a
stipulé l'inaliénabllité, ceux de ses ayants cause ou ceux
de la personne au bénéfice de laquelle elle a été
stipulée. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Oui,
Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Peut-être juste un commentaire, M. le
Président. C'est qu'on nous ramène exactement le même
amendement qui avait été proposé la dernière fois,
lorsqu'on avait suspendu. C'est ça?
Le Président (M. Lafrance): Oui, j'avais noté que
c'était exactement le même amendement. De toute façon, on
se réfère à cette dernière lecture comme
référence officielle.
Mme Harel: Je me rappelle, M. le Président, que nous
avions engagé un échange ici même, à la commission,
sur la situation de la personne contre laquelle la stipulation
d'inaliénabilité était rédigée. Il faut donc
comprendre que la situation est restée la même puisque le tribunal
va prendre en considération les intérêts de celui qui a
stipulé ou ceux de ses ayants cause et ceux de la personne au
bénéfice de laquelle elle a été stipulée,
sans prendre en considération... Non, non, très bien. Je me
rappelle, on avait fait un débat là-dessus. Parce que c'est celui
dont le bien est inaliénable qui peut être autorisé et donc
demander, à ce moment-là, que soit écartée la
stipulation.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Est-ce qu'on
désire apporter des commentaires à ces dernières
remarques?
Une voix: Non.
Le Président (M. Lafrance): Non. Alors, sinon
l'article...
Mme Harel: Juste une seconde, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Mme Harel:
Adopté.
Le Président (M. Lafrance): L'article 1211 est donc
adopté tel qu'amendé. J'aimerais vous référer
à notre prochain article, mais je réalise que nous avons un
chapitre au complet qui avait été laissé en suspens.
Alors, peut-être qu'on pourrait...
Une voix: II est 18 heures 30, là.
Le Président (M. Lafrance):... tout simplement suspendre
pour reprendre à 20 heures. Je remarque que nous avons laissé en
suspens 13 articles depuis le début de ce chapitre.
Mme Harel: M. le Président, en préparation de nos
travaux ce soir, je voudrais d'abord savoir du ministre s'il sera ici durant la
prochaine séance et s'il entend rencontrer les légistes de
façon à ce que nous puissions procéder justement à
l'examen de ces dispositions qui ont dû être à nouveau
suspendues.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, dans la mesure
où II est possible de le faire, je serai toujours présent comme
je le suis jusqu'à présent. Je me suis absenté tout
à l'heure quelques instants, Mme la députée peut
comprendre un petit peu que, comme ministre, c'est ce que j'ai fait.
D'ailleurs, j'ai cru comprendre mol aussi qu'elle nous a demandé, jeudi
après-midi, de ne pas siéger parce qu'elle ne serait pas
là. Est-ce que, jeudi après-midi, parce qu'on siégerait
jeudi après-midi, ça vous va?
Mme Harel: Pas du tout.
M. Rémillard: Ça vous convient jeudi
après-midi?
Mme Harel: Certainement.
M. Rémillard: Parfait. Très bien. Je vous souhaite
un bon voyage. Vous allez partir combien de temps?
Mme Harel: Écoutez, on s'en reparlera, M. le ministre.
M. Rémillard: Bon. Alors, si vous voulez...
Mme Harel: Je ne sais pas, j'ai l'impression que mon voyage vous
intéresse tellement.
M. Rémillard: Certainement.
Mme Harel: Moi, je suis prête à vous en parler
abondamment, mais je ne trouve pas que les travaux de cette commission sont
indiqués pour ce faire.
M. Rémillard: Heureux qui comme Ulysse fera un beau voyage
aux Indes, en Inde, excusez-moi.
Mme Harel: Sans "s".
M. Rémillard: Sans "s", en Inde.
Le Président (M. Lafrance): Alors, sur ces propos,
j'aimerais peut-être, s'il n'y a pas d'autres commentaires, suspendre nos
travaux jusqu'à 20 heures.
Mme Harel: II faut comprendre qu'on revient ce soir sur ces
dispositions qu'on a dû suspendre cet après-midi.
Le Président (M. Lafrance): On pourra en décider.
Moi, j'ai 13 articles Ici qui ont été laissés en suspens.
On peut reprendre avec ces 13 là ou on peut continuer jusqu'à la
fin du chapitre et revenir après. C'est comme vous voulez.
M. Rémillard: On peut reprendre avec ces articles, M. le
Président. On reprendra avec ces articles laissés en suspens.
Mme Harel: Excellent! Merci.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, la séance
est levée et nous reprendrons ce soir, à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 30)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Lafrance): Oui, merci. Je réalise
que nous avons le quorum, alors j'aimerais proposer l'ouverture de notre
séance de travail. Nous nous étions laissés sur la
possibilité de continuer avec l'article 1254, où nous
étions rendus, ou revenir en arrière pour reprendre les articles
laissés en suspens. Est-ce qu'on a pu en venir à un consentement
à cet égard? M. le ministre?
Articles en suspens
M. Rémillard: M. le Président, j'avais compris
qu'on reprenait, donc, de l'article 919 aux autres articles laissés en
suspens pour que nous puissions faire le point sur ces articles.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Mme Harel:
Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel:... je crois comprendre, là, que nous n'avons
pas d'amendement à 919?
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Vous en avez un? Alors, on est prêts à
l'examiner.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, il s'agirait,
à l'article 919, de remplacer les mots "sur les cours d'eau et les lacs"
par ceux-ci: "sur les lacs et les cours d'eau navigables et flottables".
L'amendement vise à limiter la portée de la règle en
précisant que les cours d'eau visés sont navigables et
flottables. En raison de cet amendement, l'article 919 se lirait comme
suit:
Toute personne peut circuler sur les lacs et les cours d'eau navigables
et flottables, à la condition de pouvoir y accéder
légalement, de ne pas porter atteinte aux droits des
propriétaires riverains et de respecter les conditions d'utilisation de
l'eau. "
M. le Président, nous en sommes arrivés à cette
conclusion, je pense, pour permettre de resserrer un petit peu en fonction du
principe que sous-tend cet article, c'est-à-dire que les lacs et les
cours d'eau navigables et flottables sont du domaine public. Cependant,
protéger les droits des riverains, ça ne veut pas dire que le
petit ruisseau de quelques pieds, où les gens peuvent circuler à
pied, pourrait, à ce moment-là, être sujet à cet
article et mettre une entrave considérable au droit de
propriété. Alors, voilà, M. le Président,
l'amendement que nous proposons.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Harel: Nous recevons avec satisfaction cet amendement qui,
selon nous, en fait, peut venir à la fois introduire le principe, qui
n'existait pas dans le Code civil, pour toute personne de circuler librement.
Là, je comprends que "sur les lacs et les cours d'eau navigables et
flottables", II s'agit de tous ces cours d'eau et lacs qui sont sous
juridiction fédérale. C'est ça? Parce que "navigables et
flottables", je pense que ça correspond... Non? Ha, ha, ha!
Mais, ceci étant dit, II n'en demeure pas moins que c'est
là un amendement qui vient, je pense, introduire un juste
équilibre entre les droits des uns et les droits des autres. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, madame. Oui? M. le
député de Chapleau?
M. Kehoe: M. le ministre, les mots "à la condition de
pouvoir y accéder légalement", je voudrais juste des explications
pour ça. Qu'est-ce que c'est que...
M. Rémillard: Ce que ça veut dire, M. le
Président, c'est que si vous voulez accéder à un lac qui
est navigable et flottable, si pour y accéder vous devez passer sur la
propriété de quelqu'un d'autre, sans droit de passage, cela n'est
pas légal si vous n'avez pas la permission de passer chez votre voisin
pour aller sur le lac. Mais, par contre, si le lac est conjoint dans cette
dimension de votre propriété et de celle de votre voisin et qu'il
est flottable et navigable, vous pouvez partir de votre quai, de chez vous, et
vous rendre au bout du lac là-bas même si vous n'êtes plus
le propriétaire riverain. Ça va?
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. S'il
n'y a pas d'autres commentaires, l'article 919 tel qu'amendé est
adopté.
J'aimerais appeler l'article suivant, qui avait été
laissé en suspens, c'est-à-dire l'article 960 avec l'amendement
qui avait été proposé.
M. Rémillard: M. le Président, j'aimerais que
l'article 960 soit discuté par les membres de cette commission,
l'article 960 tel qu'amendé. La proposition d'amendement que nous avons
faite, M. le Président, qui a été lue par M. le
député de Chapleau, adjoint parlementaire au ministre de la
Justice, se lit comme suit: "Le possesseur de bonne foi qui a fait des Impenses
pour son propre agrément peut, à son choix, enlever les
constructions, ouvrages ou plantations qu'il a faits, ou les abandonner. "Dans
ce dernier cas, le propriétaire peut soit les conserver et rembourser au
possesseur le moindre du coût ou de la plus-value accordée
à l'immeuble, soit les enlever aux frais du posses- seur. "
Là, M. le Président, il y a deux lignes possibles. La
première ligne, c'est de dire qu'il y a un possesseur qui est de bonne
foi, donc qui se croit vraiment propriétaire. Ce possesseur, qui se
croit propriétaire, a fait différentes dépenses pour
agrémenter l'utilisation de sa propriété. Il est de bonne
foi. Il croit qu'il est chez lui, que c'est sa propriété. Tout
à coup, il apprend qu'il n'est pas chez lui. Le propriétaire
exige son bien, sa propriété. Le possesseur, qu'est-ce qu'il doit
faire de ces éléments d'agrément qu'il a ajoutés
à la propriété? On dit ici qu'il peut, à son choix,
enlever les constructions, les ouvrages ou plantations, il peut enlever ces
agréments, ou bien il peut les abandonner. S'il les abandonne, à
ce moment-là, c'est le propriétaire qui va les conserver et il va
rembourser au possesseur le moindre du coût ou de la plus-value
accordée à l'immeuble ou bien il va les faire enlever aux frais
du possesseur.
Donc, la première ligne qu'on prend, M. le Président,
c'est celle du possesseur de bonne foi. On dit: Celui-là, il a tout fait
parce qu'il était de bonne foi; il ne faut pas le pénaliser,
mais, d'autre part, il faut aussi respecter le droit du propriétaire de
retrouver son bien comme il l'a toujours été, donc sans les
agréments. Ça, c'est une première ligne.
L'autre ligne qu'on peut envisager aussi, c'est de dire: Écoutez,
il y a un propriétaire de ce terrain-là et, par
conséquent, comme c'est le propriétaire qui a tous les droits,
même s'il y a un possesseur de bonne foi; si des agréments ont
été faits et que les agréments sont abandonnés, par
conséquent, il n'a pas à défrayer les frais au possesseur.
Et, là, notre référence devient le propriétaire de
bonne foi.
M. le Président, dans tout ça, il me semble que je
reprends les mots de Mme la députée, ce qu'elle vient de dire,
cherchant le "juste équilibre"; c'est ce qu'on recherche, le consensus
social. Quelle pourrait être la meilleure interprétation? Je
laisse cette question à cette commission et j'aimerais entendre les
membres de cette commission là-dessus.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires? Oui. Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Moi, je prends... Bon. Je pense que ça va
être très difficile, d'abord, de trancher; je suis bien de cet
avis-là. Je pense que ça dépend peut-être de notre
manière de voir, à chacun, mais je pense que les hommes de loi
qui sont ici ce soir vont peut-être mieux trancher que moi. Le pauvre
possesseur qui se pensait propriétaire et qui a mis de l'argent,
peut-être en n'en ayant pas beaucoup, mais pour améliorer la
résidence, la maison ou la propriété, qui a mis de
l'argent de sa poche pour l'améliorer, en se pensant
propriétaire, de bonne foi, là, et qui se
voit du jour au lendemain enlever la propriété sur
laquelle II comptait, en plus d'avoir mis de l'argent pour l'améliorer,
mol, je pense qu'il a au moins droit à des compensations. Moi, de mon
côté, là, je pense qu'il aurait au moins droit à des
compensations. En tout cas, moi, c'est mon idée à mol.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Mme la
députée de Terrebonne, c'est sur la même argumentation?
Avant que M. le ministre, puisse peut-être répondre? Oui, Mme la
députée de Terrebonne.
M. Rémillard: Je n'ai pas de réponse à
faire, M. le Président, j'entends les commentaires des membres.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. J'aimerais rectifier un
petit peu. Je pense que la proposition qui avait été faite par Me
Frenette n'était pas à l'effet de ne plus rembourser au
possesseur le moindre coût, là. Ça, c'était
maintenu. La seule différence, c'était que le choix d'enlever ou
d'abandonner n'appartenait plus au possesseur mais au propriétaire. Et,
si le propriétaire choisissait de garder, de lui demander d'abandonner
ces ouvrages qu'il avait faits, il les remboursait quand même; il n'avait
pas annulé ce paragraphe-là.
Mme Bleau: Ce n'est pas pour cette proposition-là,
ici.
Mme Caron: Me Frenette l'avait donnée verbalement, cette
proposition-là.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires? Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, il y a peut-être
un aspect, là, dans l'argumentation du ministre, qui m'a surprise. C'est
que, finalement, son objectif étant légitime, étant de ne
pas faire perdre un investissement au possesseur de bonne fol, il faut
comprendre que le possesseur, soit enlève les constructions ou les
ouvrages qu'il a faits, donc, les conserve, soit les abandonne, auquel cas il
se fait rembourser la plus-value par le propriétaire. En fait, le
problème que ça pose, évidemment, c'est qu'il y a
là une sorte de contradiction avec des dispositions antérieures,
notamment aux articles 957 et suivants. J'aimerais, M. le Président, que
Me Frenette puisse nous donner tout l'ensemble des questions de droit qui sont
en cause.
Le Président (M. Lafrance): Merci, madame. Oui. M. le
ministre. Ensuite, Me Frenette.
M. Rémillard: Oui. Est-ce que j'Interprète bien en
disant qu'à ce moment-là, les deux choix que nous avons, c'est
d'une part de laisser au propriétaire le choix de garder ou
d'enlever...
Mme Harel: Évidemment, à ce moment-là, iI
doit tenir compte d'un remboursement du coût.
M. Rémillard: C'est ça. Il y a remboursement,
c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'enrichissement sans cause. On s'entend.
Ou bien on laisse au possesseur ce choix de dire: Je garde ou j'enlève.
C'est à ce niveau-là; iI s'agit de savoir qui a le choix. C'est
soit le propriétaire, soit le possesseur de bonne foi qui décide.
C'est à ce niveau-là que... Est-ce que...
Mme Harel: On est dans le chapitre... M.
Rémillard:... j'interprète bien?
Mme Harel: On est dans le chapitre de l'accession.
M. Rémillard: De l'accession. Mme Harel:
D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Oui, Me
Frenette et ensuite M. le député de Chapleau.
M. Frenette: Je pense que le ministre a raison de dire qu'il faut
trouver un accommodement, une certaine règle d'assouplissement.
Ça va d'autant mieux, je pense, si cette règle d'assouplissement
se trouve dans la rectitude du droit. Il faut tenir compte d'une part que
l'accession a joué en faveur du propriétaire suivant 956. Il faut
tenir compte du fait que le possesseur de bonne foi qui a fait des Impenses
utiles, c'est-à-dire qui a procédé à certains
investissements, à l'article 958, n'a même pas la faculté
de décider, à son choix, de partir avec. C'est entendu que le
propriétaire doit le rembourser, mais ces biens-là appartiennent
au propriétaire.
Nous voilà rendus maintenant dans le cas des Impenses dites
d'agrément faites pour...
Mme Harel: Somptuaires.
M. Frenette:... somptualres, faites pour le bon plaisir. Je ne
sais pas, du marbre là où du granit aurait suffi ou...
Mme Harel: Des flamants roses.
M. Frenette:... et là je pense que le ministre de la
Justice a raison. Il faut éviter de pénaliser celui qui a fait
l'investissement. Respectons la règle du droit quant à
l'accession. Laissons le choix au propriétaire de décider s'y les
garde ou non. Lui, il aime ça aussi les fia-
mants roses; bon, II gardera les flamants rosés, mais iI paiera.
S'il n'aime pas les flamants rosés puis qu'il demande à l'autre
de partir avec, bien, le possesseur n'aura rien perdu parce qu'il aura son
Investissement en poche, les flamants roses suivront. Je pense qu'on atteint le
même but, même en laissant le choix au propriétaire. On
atteint le même but dans le respect de la rectitude des deux articles qui
précèdent.
M. Rémillard: M. le Président, je vais essayer de
prendre des exemples pour bien comprendre. Les arguments de Me Frenette, je
pense, sont très Intéressants. Prenons le cas d'une personne qui
se croit propriétaire d'un terrain parce qu'elle l'a eu depuis longtemps
puis, enfin, elle se croit propriétaire d'un terrain et elle construit
une maison sur ce terrain. Là, arrive finalement le vrai
propriétaire et on reconnaît légalement la
propriété. Si je comprends bien, ce qu'on nous propose...
Mme Harel: Mais ce n'est pas une maison de poupée,
là.
M. Rémillard: Hein?
Mme Harel: II faudrait que ce soit une maison de poupée
parce que ce sont des dépenses d'agrément, pas des
dépenses utiles.
M. Rémillard: Non, ce que je voulais dire...
Mme Harel: C'est à 958, les dépenses utiles.
M. Rémillard: Non, j'ai une maison... Peut-être que
]e me suis mal exprimé. Je voulais dire une construction... Oh, tiens,
une piscine. Alors, il y a une piscine, c'est vraiment de l'agrément.
Cet été, iI faisait...
M. Frenette: D'accord.
M. Rémillard:... beau. C'était de
l'agrément. Alors là, évidemment, il ne peut pas partir
avec. C'est une piscine solide, en béton, bien creusée. Et
là il s'aperçoit que, finalement, il n'est pas
propriétaire. Le propriétaire arrive et là il dit: Moi, la
piscine, je n'aime pas ça, alors je ne veux pas conserver ça.
Mais il peut bien dire ça parce qu'il sait que l'autre ne peut pas
partir avec. Il ne peut pas partir avec la piscine de béton. Alors,
là, II dit: Très bien, enlève ta piscine. Mais là,
enlever la piscine, ça ne donnera pas de droit. Est-ce que
j'Interprète mal? (20 h 30)
M. Frenette: Je pense qu'il y a peut-être une
méprise ici. Je ne veux pas que le propriétaire ait le droit de
dicter son choix. C'est-à-dire que le propriétaire du fonds se
fera offrir par le possesseur de bonne foi la solution suivante: Puis-je partir
avec ou je décide de les abandonner? Mais je ne veux pas que le
propriétaire... Je pense que c'est peut-être ça, là,
c'est juste la formulation. Le premier mot à dire, dans ça,
devrait revenir au propriétaire du fonds parce que ça lui
appartient. Je ne veux pas que le possesseur dise: Bon, bien, ça vous
appartient, ce n'est pas grave, je pars avec. C'est juste ça que Je ne
veux pas qu'on me dise.
Mme Harel: Mais j'ai l'impression, moi, qu'il y a un
élément... Il faudra suivre le raisonnement du ministre parce
qu'il n'est pas arrivé au terme de son raisonnement.
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Donc, là, le propriétaire, par rapport
à la piscine, pense qu'il va devoir l'abandonner; il va demander, donc,
au possesseur de bonne foi de...
M. Rémillard:... partir avec la piscine. Mais il ne peut
pas partir avec la piscine. Alors, là, qu'est-ce qui arrive? Il n'y a
pas d'enrichissement sans cause, parce qu'il se trouve à s'enrichir. Il
se retrouve avec une piscine. Alors, comment on règle ça?
M. Frenette: Bien, dans ce cas-là, il faut
reconnaître d'emblée que l'enlèvement n'est pas possible et
que, par conséquent, il n'y a qu'une seule solution, c'est l'abandon; et
cet abandon-là se ferait moyennant compensation.
M. Rémillard: Ah! Oui. Là, on ajouterait donc:
"Lorsqu'il n'est pas possible"...
M. Frenette: Je ne veux pas qu'on utilise à dessein
l'article pour que le propriétaire trouve un moyen...
M. Rémillard: D'enrichissement.
M. Frenette:... d'abuser du possesseur.
M. Rémillard: Oui, oui. Puis, dans l'enrichissement sans
cause, c'est quand même toujours le principe qui nous guide.
M. Frenette: Oui, oui. C'est ça.
M. Rémillard: Mais il s'agit de voir comment on peut le
formuler. Moi, écoutez, M. le Président, qu'on parte notre
raisonnement en fonction du propriétaire, je veux bien. Ce que je ne
voudrais pas, c'est que le possesseur de bonne foi soit pénalisé
et que ça serve, comme vient de le dire Me Frenette, au
propriétaire pour, à toutes fins pratiques, s'enrichir.
Là, j'essaie de trouver le juste équilibre, mais je suis bien
d'accord qu'on parte en respectant, donc, le titre dans lequel nous sommes, De
la propriété... De l'accession... Je peux bien partir du
propriétaire
mais comment on va rédiger ça? Je pense que ça
mériterait qu'on s'assoie et qu'on y pense un peu.
M. Frenette: Oui, je pense qu'il peut y avoir une
réflexion.
M. Rémillard: Alors, en conclusion, M. le
Président, est-ce qu'on pourrait dire que nous nous entendons pour
partir du principe que le choix relève du propriétaire?
Deuxièmement, que nous nous entendons pour dire que le possesseur ne
doit pas être pénalisé? Est-ce qu'on s'entend sur ces deux
principes-là?
Mme Harel: II ne doit pas être pénalisé...
Oui, c'est vrai, tout à fait.
M. Rémillard: À partir de ça.
Mme Harel: II ne peut pas être pénalisé dans
la mesure où le choix est fait par le propriétaire, justement.
Oui.
M. Rémillard: Oui, mais les deux principes sont
là.
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Le monde est de bonne foi.
Mme Harel: Oui, c'est ça. D'accord.
M. Rémillard: O. K. ? Alors, est-ce qu'à partir de
ces deux principes-là on peut suspendre cet article et demander qu'il y
ait projet de rédaction?
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Avant de ce faire,
j'aimerais laisser la parole à M. le député de Chapleau,
qui avait...
M. Kehoe: Bien, tout a été dit dans ça. La
seule chose que je veux ajouter dans cette affaire-là, c'est qu'un
possesseur de bonne foi a quand même commis une erreur. Il est de bonne
foi, mais il y a une erreur quelconque, là. Il n'a pas été
clair. Tandis que le propriétaire, c'est vraiment lui. Il me semble que
l'approche qu'on prend en disant que le propriétaire devrait avoir le
premier choix et que le possesseur ne devrait pas subir un préjudice...
Le propriétaire, quand même, en principe, lui, n'a commis aucune
erreur. Les deux sont de bonne foi et les deux principes qui sont... Il n'y a
pas de solution facile, on s'en rend compte. Mais il reste quand même que
le propriétaire est propriétaire tandis que le possesseur de
bonne foi a commis une erreur.
M. Rémillard: Oui, mais, M. le Président, si vous
me permettez, là-dessus...
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard:... le possesseur de bonne foi commet une
erreur... À Baie-Saint-Paul, chez mol, les délimitations des
terres, souvent, ça s'en va au boutte de la grosse roche, au fond du
trécarré et puis ça revient au boisé,
là-bas. Et, puis, les lignes ne sont pas... Ce n'est pas en ville,
là. On n'a pas des 100 par 300.
M. Kehoe: Mais, originalement, quelqu'un a commis une erreur
en...
M. Rémillard: Originalement, il faut s'entendre. À
ce moment-là, on a pensé que c'était vraiment toujours sur
le terrain, sur la ferme. Et là, au bout de la ferme, on est allé
construire une belle cabane à sucre. Et tout à coup, on
s'aperçoit...
Une voix: II n'est pas chez lui.
M. Rémillard: Je ne suis pas chez mol. Une belle cabane
à sucre, puis ça va. Alors, je ne crois pas, pour ma part, M. le
Président, que... Pour moi, c'est Important qu'on ne pénalise pas
le possesseur dans tout ça, en respectant le droit du
propriétaire.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Oui, un
commentaire, Mme la députée de Hochelaga-Malsonneuve.
Mme Harel: Le ministre va cependant convenir que, dans cette
règle, II y a une sorte de modulation qu'il faut faire et que le
député de Chapleau a cependant raison parce qu'il n'y a pas
nécessairement un bon possesseur de bonne foi et un mauvais
propriétaire. Il est possible que ce soit le propriétaire qui se
trouve très handicapé par le remboursement ou la compensation
à donner pour une dépense somptuaire. Ce n'est pas du tout
évident que la dépense... Ce ne sont pas des dépenses
utiles ni nécessaires, ce sont des dépenses somptuaires. Il n'est
pas du tout évident que le propriétaire, qui est dans son plein
droit, qui a retrouvé son bien, puisse payer la compensation qui est
nécessaire pour payer la plus-value. Ce n'est pas évident, alors
il y a une modulation à faire quelque part.
M. Rémillard: M. le Président, simplement, pour
terminer, je pense qu'on serait mieux de s'en tenir à nos principes et
de terminer en disant que des dépenses somptualres... La piscine
pourrait être somptuaire, cela dépend de ce que l'on entend. Parce
que l'agrément peut être somptuaire. Cela dépend.
Mme Harel: Cet après-midi, quand j'ai posé la
question, Me Longtln m'a dit... Je lui avais demandé ce que signifie
agrément parce que cela n'existe pas dans te Code civil
présentement;
qu'est-ce que cela signifie des dépenses d'agrément en
comparaison avec des dépenses nécessaires ou utiles? Elle m'a dit
que cela peut s'associer à des dépenses somptuaires.
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Alors, je prends pour acquis qu'un possesseur de bonne
foi peut peut-être, justement, procéder à des
dépenses somptuaires, mais de là à lui donner le droit de
se les faire rembourser...
M. Rémillard: Mais le principe est le même. Que ce
soit une maison de poupée ou la dépense somptuaire d'une
magnifique piscine, le principe demeure le même. C'est quelqu'un qui
était vraiment de bonne foi. Il n'a pas commis d'erreur. Il est de bonne
foi et il dit: Écoutez, j'ai toujours pensé que j'étais
sur mon terrain. Le principe est le même.
Le Président (M. Lafrance): Pour conclure, je pense qu'on
s'entend sur les grands principes de base. Mais, avant de suspendre, je pense
qu'il y a Me Frenette qui aimerait ajouter un commentaire additionnel.
M. Frenette: Je pense qu'on s'entend sur les principes de base,
mais il y en a peut-être un qu'on a oublié, qui a
été évoqué en douceur par Mme la
députée de Hochelaga-Malsonneuve et par le député
de Chapleau, c'est qu'il ne faudrait peut-être pas faire un sort plus
facile et enviable au possesseur de bonne foi qui a fait des Impenses
d'agrément, qui a versé dans le somptuaire, que ce qui lui est
fait pour les Impenses utiles. Il se peut que l'accommodement débouche
sur une modification de 959.
Le Président (M. Lafrance): Merci.
M. Rémillard: Je pense qu'on peut se référer
à nos experts.
Mme Caron: J'ai peut-être juste un dernier mot.
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Terrebonne, étant donné que vous n'avez pas commenté
jusqu'à ce point, un dernier commentaire, s'il vous plaît.
Mme Caron: Oui, j'avais commenté. J'avais resitué
où étaient les choix.
Le Président (M. Lafrance): Oui, excusez-moi.
D'accord.
Mme Caron: Une petite chose, M. le Président. Si le
propriétaire n'a effectivement pas les moyens de payer pour les
agréments qui sont là et si on garde le principe qu'on lui donne
le choix, il lui demandera de les enlever, s'il n'a pas les moyens de les payer
et puisqu'on lui donne le choix.
Le Président (M. Lafrance): Merci.
M. Rémillard: C'est un autre bon point. C'est une autre
question qui montre qu'il ne sera pas facile de trouver une solution à
ça. Mais, définitivement, il s'agira aussi de penser à
cette solution-là. M. le Président, je suggère qu'on
demande à nos experts de nous revenir avec un texte.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Pour la
troisième fois, nous allons suspendre ce très difficile article
qu'est l'article 960 pour enchaîner avec un nouvel article qui est
l'article 1008. 1. Je pense qu'on nous a distribué un feuillet.
M. Rémillard: M. le Président, vous me permettrez
de lire, donc, l'article 1008. 1. Il est ajouté, après l'article
1008, l'article suivant: "1008. 1 La copropriété est une
modalité du droit de propriété selon laquelle le droit
portant sur un bien appartient à plusieurs personnes, chacune
étant investie privativement d'une quote-part accompagnée, en
concurrence avec les autres copropriétaires, de certains droits. "
L'amendement vise à introduire, M. le Président, avant de
préciser la nature des deux formes de copropriété dont
traite l'article 1009, une disposition qui vienne circonscrire de
manière globale la notion de copropriété et qui permette
par la suite d'utiliser la fiction sous-jacente aux notions de la
copropriété par indivision et de la copropriété
divise. En raison de cet amendement, l'article 1008. 1 se lirait comme suit:
"La copropriété est une modalité du droit de
propriété selon laquelle le droit portant sur un bien appartient
à plusieurs personnes, chacune étant investie privativement d'une
quote-part accompagnée, en concurrence avec les autres
copropriétaires, de certains droits. "
Le Président (M. Lafrance): Merci. Oui. Un commentaire, Me
Frenette?
M. Frenette: Oui, M. le Président. C'est que je
réalise, M. le Président, qu'un document antérieur avait
circulé avec l'indication "pour discussion" et que je n'ai pas
formulé, avant la réouverture de la session ou de nos
débats, une observation. D'une part, il m'apparaît difficile qu'on
puisse utiliser une définition comme telle parce que l'article 1008 dit
déjà que la copropriété est une modalité,
alors c'est inutile de le répéter. On ne l'a pas fait pour la
propriété superficial qu'on a adoptée à l'article
1009. 1, je pense, de sorte qu'au départ il faudrait peut-être
raccourcir. Ensuite, j'ai un peu de difficulté à
suivre; peut-être est-ce l'heure, seulement. Même en
raccourcissant, "la copropriété est le droit portant sur un bien
qui appartient à plusieurs", il faudrait faire d'autres corrections.
Alors, je ne sais pas si...
M. Rémillard: Oui. Ça va. M. le
Président...
M. Frenette:... on pouvait demander simplement de...
M. Rémillard: M. le Président, je me rends compte
et on m'informe que nos experts n'ont pas eu le temps d'en discuter à
fond. Nous permettez-vous simplement de demander à Me Pineau de dire
quelques mots de commentaires, et suspendons cet article pour demander aux
experts d'en discuter?
M. Frenette: Je dois signaler qu'il n'y a pas d'opposition sur la
présentation de l'article ni sur le but de la définition mais
simplement sur les mots à aligner.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Pineau.
M. Pineau (Jean): M. le Président, la définition
qui est donnée est la reproduction intégrale de la
définition qui est donnée de la copropriété dans le
vocabulaire juridique qui a été rédigé sous la
direction du doyen Cornu. Alors, je pense que nous pouvons nous appuyer assez
aisément sur cette définition sans crainte de ne pas circonscrire
véritablement le sens de cette notion qu'est la
copropriété.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je propose
qu'on suspende.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, le nouvel
article 1008. 1 est donc laissé en suspens. J'aimerais appeler l'article
1020 tel qu'amendé.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, à
l'article 1020, donc, premièrement, joindre le deuxième
alinéa au premier alinéa; deuxièmement, ajouter
l'alinéa suivant: "Le droit de retrait ne peut être exercé
lorsque les indivisaires ont, dans la convention d'indivision, stipulé
des droits de préemption et que, portant sur un immeuble, ces droits ont
été publiés. "
L'amendement vise à limiter la portée du droit de retrait
et à mieux assurer le titre du tiers acquéreur lorsque des droits
de préemption ont été octroyés dans la convention.
Ces droits visent à permettre aux indivisaires d'acquérir la part
d'un...
Mme Harel: Excusez-moi, M. le Président, on n'a pas 1020,
là, je pense.
M. Rémillard: Ah!
Mme Harel: Le nouveau 1020. Est-ce qu'on a... on a reçu...
(20 h 45)
Le Président (M. Lafrance): Je pense que ce sont des
amendements qui avaient été distribués cet
après-midi, mais qui n'avaient pas été lus.
Mme Harel: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): Alors, si vous voulez
continuer, M. le ministre, là où vous avez
arrêté.
Mme Harel: Excusez-moi.
M. Rémillard: Alors, tout le monde se retrouve? Bon. M. le
Président, cet amendement vise à limiter la portée du
droit de retrait et à mieux assurer le titre du tiers acquéreur
lorsque des droits de préemption ont été octroyés
dans la convention. Ces droits visent à permettre aux indivisaires
d'acquérir la part...
Une voix: Un coindivisaire.
M. Rémillard:... d'un coïndMsaire et, si
l'indivisaire n'exerce pas ce droit, il ne devrait pas, en outre, avoir un
droit de retrait. En raison de cet amendement, l'article 1020 se lirait comme
suit:
Tout indivisaire peut, dans les soixante jours où il apprend
qu'une personne étrangère à l'Indivision a acquis à
titre onéreux la part de l'Indivisaire, l'écarter de l'Indivision
en lui remboursant le prix de la cession et les frais qu'elle a
acquittés. Ce droit doit être exercé dans l'année
qui suit l'acquisition de la part. "Le droit de retrait ne peut être
exercé lorsque les indivisaires ont, dans la convention d'indivision,
stipulé des droits de préemption et que, portant sur un Immeuble,
ces droits ont été publiés. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Malson-neuve.
Mme Harel: Je ne pense pas qu'on ait eu l'occasion... Oui, on a
eu cet amendement qui vient atténuer le droit de retrait, le baliser, en
fait, doit-on dire, de façon telle que, s'il y a eu des stipulations de
préemption sur un Immeuble et que ces stipulations ont été
publiées, le droit ne pourrait être exercé, à ce
moment-là. Alors, je m'intéresse à savoir si vous entendez
introduire des dispositions semblables au regard des autres sections
où... Je pense, entre autres, à l'emphytéose, par exemple.
Je ne sais pas à quel article exactement on retrouve des dispositions -
nu-propriétalre, par exemple - qui prévoyaient un droit de
retrait. J'aimerais savoir si vous
entendez Introduire une façon de faire qui permettrait, lorsque
les conventions le stipulent, d'écarter le droit de retrait.
M. Rémillard: C'est une question qu'on pourra discuter,
entre autres, à 1080, lorsqu'on va aborder 1080 tout à l'heure.
On pourrait le voir en fonction de 1080.
Mme Harel: Est-ce que vous l'avez envisagé en fonction de
1080?
M. Rémillard: On en a discuté, oui, et ça
pose des questions qu'on aimerait pouvoir discuter en commission.
Mme Harel: Ah bon! Parce qu'on n'a pas eu l'amendement, je pense,
pour 1080. Oui? Mais il ne porte pas là-dessus, par exemple. Il ne
contient pas cette disposition-là. Est-ce qu'il a été
distribué, 1080? Oui.
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur 1020?
Mme Harel: Ça signifie donc que, lorsque, par exemple, les
indivisaires ont, dans la convention, stipulé des droits de
préemption et que ces droits ont été publiés, le
droit de retrait ne peut alors être exercé. C'est ça qu'il
faut comprendre.
M. Rémillard: Ça va? Mme Harel: Ça
va.
Le Président (M. Lafrance): Pas de commentaires, donc
l'article 1020 est adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler
l'article suivant qui avait été laissé en suspens, soit
l'article 1033. Je pense qu'on n'avait pas d'amendement à cet
article.
M. Rémillard: Non, mais nos experts sont encore à
faire des vérifications, M. le Président. On m'informe que la
recherche n'est pas complétée sur cet article qui devrait
être un peu plus fouillé, aux dires de nos experts.
Le Président (M. Lafrance): Alors, s'il n'y a pas d'autres
commentaires, j'en conclus qu'on va le laisser en suspens?
M. Rémillard: Oui, II faudrait...
Le Président (M. Lafrance): O.K. Alors, l'article 1033 est
suspendu. J'aimerais appeler maintenant l'article 1035 tel
qu'amendé.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, sur 1035, on a
fait toutes les vérifications. On a regardé ça à
plusieurs et il semble, pour nous, qu'il n'y a pas de crainte et nous ne
voulons pas plus que tout autre membre de cette commission enrichir le
trésor public. Loin de nous cette idée, mais on ne voit pas la
difficulté qu'il pourrait y avoir. Et, comme je l'ai mentionné,
M. le Président, cet article a été discuté avec les
gens du ministère du Revenu qui se sont déclarés d'accord,
mais sans aucun commentaire. On ne voit pas comment ça pourrait
favoriser l'État, les revenus de l'État. Alors, si Me Frenette a
des objections ça serait intéressant qu'on puisse les
entendre.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Frenette.
M. Frenette: Oui, M. le Président, merci. Comme je
le signalais cet après-midi, l'objection fondamentale c'est la
répercussion sur le gain en capital. S'il n'y a pas d'effet
déclaratif, on peut imaginer un groupe de personnes procédant
à un investissement, songeant au court terme. En enlevant l'effet
déclaratif du partage lorsqu'ils procéderont au partage, la
transaction sera considérée non pas comme datant d'antan,
lorsqu'ils ont fait l'investissement, mais comme datant du moment où ils
reçoivent leur part; et on devra l'évaluer pour ce qu'elle vaut
à ce moment-là.
C'est différent dans le temps de se reporter à l'instant
même où ils ont fait l'investissement où, dans le fond, ils
procédaient à une injection de fonds qui a permis d'assembler le
groupe, de procéder à l'acquisition, souvent, de l'immeuble,
parce que c'est en matière immobilière que ça se produit,
mais ensuite les capitaux disponibles serviront de levier pour obtenir le
financement; ce n'est que par la suite, généralement, qu'on
procède au partage. Et, dans ces cas-là, sans effet
déclaratif ça peut être catastrophique dans certains
cas.
Mais ce qui m'inquiète surtout c'est lorsqu'on mentionne que des
discussions ont eu lieu avec le ministère du Revenu et qu'il ne semble
pas y avoir de problème; mais est-ce que cet aspect-là en
particulier a été abordé? C'est surtout ça. Si on
me dit: La question a été abordée, évaluée,
on a considéré qu'il n'y avait pas d'impact négatif et que
l'instrument, l'investissement qu'est généralement la convention
d'indivision pourra toujours être utilisé pour des projets
d'envergure, bien, je serai satisfait. Mais, si on peut me dire simplement: On
en a parlé, il ne semble pas y avoir de problème, on n'a pas
encore répondu à certaines craintes. On n'a pas d'objection de
fond si on a des réponses.
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie,
maître.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui, M. le
ministre.
M. Rémillard:... me permettez-vous? Il est important que
l'on puisse, dans tout ça, protéger un droit du consommateur
payeur de taxes, c'est celui de pouvoir jouir d'un gain de capital, oui, mais
en fonction quand même des normes qui lui sont réservées.
S'il y a ce doute qui persiste, moi, je suis bien prêt à dire:
Très bien, essayons d'avoir réponse à ce doute-là.
Je suis parfaitement d'accord là-dessus. La seule chose que je
demanderais, M. le Président, c'est que M. le professeur Frenette nous
le mette par écrit, pour qu'on puisse adresser la question au
ministère du Revenu, aux personnes compétentes. On revient avec
la réponse et on procède en conséquence. C'est ce que je
propose.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Oui. D'autant plus que l'acte qui est attributif du
droit de propriété, n'est-ce-pas, est introduit par un amendement
qui ne faisait pas partie de la disposition du projet de loi comme tel et je ne
sais pas si tout le débat a pu avoir lieu avec le ministère du
Revenu, évidemment, compte tenu du fait que cet amendement
n'était pas connu.
Finalement, l'amendement n'a été introduit que tout
dernièrement et j'ai cru comprendre par les propos de Me Cossette cet
après-midi que les échanges au ministère du Revenu ont eu
lieu II y a déjà un bon moment. Alors, est-ce qu'ils ont eu lieu
à la lumière, justement, de l'amendement qui, finalement, modifie
l'état du droit actuel?
De toute façon, ce qui serait intéressant, c'est d'avoir
également l'opinion de l'APCHQ. Je pense que l'Association provinciale
des constructeurs d'habitations du Québec, qui nous a fait parvenir un
mémoire assez substantiel, n'a pas examiné cette
question-là. Sans doute n'était-elle pas au courant de
l'amendement qui a été introduit et ce serait certainement utile
d'avoir son point de vue. Je crois comprendre que le Barreau se serait
prononcé sur cette disposition...
Une voix:... sur l'amendement.
Mme Harel: ... sur l'amendement, je ne sais pas, mais, enfin, ce
serait important, pas seulement Intéressant mais je pense qu'il serait
important d'avoir les réactions sur l'amendement.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Rémillard: Je suis parfaitement d'accord, M. le
Président. En fonction d'une question qui serait formulée, on va
faire des vérifications.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors l'article 1035
tel qu'amendé est donc laissé en suspens. J'aimerais appeler
maintenant l'article 1080 tel qu'amendé. Est-ce que l'amendement avait
été lu? Je ne suis pas certain.
Une voix: II avait été présenté,
oui.
Le Président (M. Lafrance): L'amendement avait
été déposé, distribué, mais pas
officiellement, je pense, présenté.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, l'amendement
proposé pourrait être le suivant: L'article 1080 est
remplacé par le suivant: "Le syndicat a le droit, dans les six mois
à compter de la notification qui lui est faite par le
propriétaire de l'immeuble faisant l'objet d'une emphytéose ou
d'une propriété superficiaire de son intention de céder
ses droits dans l'immeuble, de les acquérir, par
préférence à tout autre acquéreur éventuel.
Si la cession projetée ne lui est pas notifiée, le syndicat peut,
dans les six mois à compter du moment où il apprend qu'un tiers a
acquis les droits du propriétaire, acquérir les droits de ce
tiers en lui remboursant le prix de la cession et les frais qu'il a
acquittés. "
M. le Président, l'amendement vise à favoriser l'exercice
d'un droit de préemption par le syndicat plutôt qu'un droit de
retrait. Ce dernier droit ne s'exercera alors que si le propriétaire de
l'immeuble a fait défaut de notifier au syndicat la cession
projetée. En raison de cet amendement, l'article 1080 se lirait comme
suit: "Le syndicat a le droit, dans les six mois à compter de la
notification qui lui est faite par le propriétaire de l'immeuble faisant
l'objet d'une emphytéose ou d'une propriété superficiaire
de son intention de céder ses droits dans l'immeuble, de les
acquérir, par préférence à tout autre
acquéreur éventuel. Si la cession projetée ne lui est pas
notifiée, le syndicat peut, dans les six mois à compter du moment
où il apprend qu'un tiers a acquis les droits du propriétaire,
acquérir les droits de ce tiers en lui remboursant le prix de la cession
et les frais qu'il a acquittés. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Oui,
Mme la députée de Hochetaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Le ministre pourrait-Il
nous donner un exemple de ce qu'il entend proposer au regard de ce qu'on peut,
par exemple, connaître comme projets actuellement existants?
M. Rémillard: Oui. Je vais demander à Me Longtin de
venir vous donner quelques exemples et de les commenter.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Longtln.
Mme Harel: Peut-être Me Longtin...
Le Président (M. Lafrance): Avez-vous bien compris la
question?
Mme Harel:... pourrait-elle également nous indiquer quels
problèmes cette disposition entend résoudre. (21 heures)
Le Président (M. Lafrance): Je pense que Me Longtin n'a
peut-être pas compris la question clairement. Est-ce que vous pourriez
répéter, s'il vous plaît?
Mme Harel: Oui, M. le Président, là on introduit
à l'article 1080 une nouvelle façon de faire qui est quand
même importante puisque le propriétaire de l'immeuble faisant
l'objet d'une emphytéose, par exemple, ou d'une propriété
superficiaire ne pourra pas, dans le fond, céder son bien à
quelqu'un qui va l'acquérir avec sécurité parce qu'il
pourra dans les six mois être délogé par le syndicat.
Alors, la question c'est de savoir de Mme Longtin un exemple de problème
qu'une disposition semblable veut venir résoudre et ce que... une
illustration de ce que ça donnerait dans la réalité.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Longtin.
Mme Longtin: M. le Président, je crois
qu'évidemment le cas sous-jacent à l'article c'est l'existence
d'une copropriété divise, donc, sur un immeuble soumis à
une emphytéose ou à une superficie. Il s'agit de voir de quelle
façon protéger ou donner aux copropriétaires la
possibilité lorsque l'occasion survient d'acquérir le fonds sur
lequel est construit leur Immeuble de façon à avoir une
propriété pleine et entière entre leurs mains.
On nous avait fait valoir que l'article 1080 tel qu'il se
présentait, parce qu'il accordait un droit de retrait, se trouvait
à rendre quand même précaire l'acquisition faite par un
tiers acquéreur puisque ce droit pouvait s'exercer dans les six mois a
compter du moment où on apprenait qu'une personne avait acquis les
droits du propriétaire. Dans certaines discussions on nous avait fait
valoir également que peut-être la solution ou une solution serait
de prévoir un avis de six mois avant la disposition de manière
à ce que le syndicat puisse prendre position assez rapidement et sa
position étant prise, donc, de libérer, si l'on peut dire, le
sort éventuel de l'acquis que pourrait avoir un tiers acquéreur
qui se verrait vraiment protégé dans la mesure où II
saurait qu'on ne peut revenir contre lui. Donc, on envisageait comme
souhaitable cet avis préalable de façon, justement, à
éviter tous les transferts de propriété et les
retransferts de propriété consécutifs à un droit de
retrait.
Je voudrais également souligner que le droit de retrait est un
choix qui avait été fait pour éviter les nombreuses
difficultés qu'aurait pu susciter une réglementation plus
particulière du droit de préemption, ce qu'on avait fait valoir
au moment des consultations publiques. Alors, l'article tel que proposé
vise à...
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. Oui, Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je dois donc comprendre que le choix de rendre la
possession précaire d'un immeuble faisant l'objet d'une
emphytéose ou d'une propriété superficiaire, ce
choix-là est fait en faveur des co-propriétaires. Durant
l'intermis-sion, je demandais à Me Frenette un exemple et on a choisi
dans la région d'origine du ministre, c'est-à-dire au mont
Sainte-Anne.
M. Rémillard: C'est l'exemple classique.
Mme Harel: Voila!
M. Rémillard: Dans un pays classique.
Mme Harel: Je demanderais peut-être à Me Frenette de
nous dire en quoi cette possession précaire peut avoir, par ailleurs,
des incidences qui vont rejaillir sur tout le monde.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Frenette.
M. Frenette: Est-ce que Mme Longtin avait terminé ses
précisions?
M. Rémillard: Elle aurait parlé du même
exemple. Alors, allez-y. C'est l'exemple que nous avons tous à
l'esprit.
M. Frenette: Oui. Nous le savons tous. Nous le savons maintenant,
disons. Nous le saurons dans... Nous savons qu'au mont Sainte-Anne le fonds de
terre appartient au gouvernement par l'entremise de la SEPAQ. Dans ce qu'on
appelle le village intégré, au pied des pentes, il y a eu une
cession en emphytéose à une corporation qui avait pour obligation
de construire ce fameux village, et il était entendu que la corporation,
même par des intermédiaires, arriverait à déposer
une déclaration de copropriété de manière à
vendre les unités.
Or, les gens pourraient, sur les terres de la couronne, en passant par
le chemin de l'emphytéose, devenir quand même propriétaires
de leur unité. Mais, comme il s'agissait finalement du droit
d'emphytéote qui, lui, devait un jour s'éteindre, on se disait:
Ils ont fait un investissement dans un bien qui, dans le temps, va perdre de la
valeur plutôt que d'en gagner. On a apporté, donc, un amendement
visant à permettre plus facilement le renouvellement, ce qu'on a
adopté cet après-midi.
Mme Harel: De l'emphytéose.
M. Frenette: De l'emphytéose, qui déjà
protège beaucoup ces gens-là parce que le renouvellement va
être plus facile sans qu'ils aient l'obligation de reconstruire. Subsiste
la question de savoir - et c'est le cas, disons, précisément au
mont Sainte-Anne - si jamais la SEPAQ décidait de se départir de
ses droits de nu-propriétaire, est-ce que les gens qui ont des
unités devraient être avertis? La réponse à
ça, je pense, doit être oui. Est-ce que ces gens-là doivent
avoir priorité pour l'achat? Je ne suis pas sûr qu'ils doivent
avoir priorité. L'important, c'est d'assurer la libre disposition des
biens.
La SEPAQ, comme toute autre - si c'avait été une autre
personne - désire obtenir le meilleur prix possible. Par ailleurs, les
gens qui sont là, qui avaient acheté un bien essentiellement
"dépérissable", ont certainement le droit de dire: Nous allons
profiter de l'occasion pour rendre notre investissement pareil à tout
autre, c'est-à-dire durable et allant possiblement en augmentation de
valeur. Alors, est-ce que ça veut dire qu'ils doivent avoir
priorité? D'une part, ils savaient au départ qu'ils avaient
acheté un bien allant... dépérissant. Qui plus est, ce
n'est pas le genre de copropriété où on investit comme
dans la maison unifamiliale en disant c'est le patrimoine qu'on doit
transmettre à nos enfants et à notre descendance.
Qui plus est, je pense, à moins de me tromper, qu'à
l'article 1038 on admet que les copropriétaires sont en fait aux droits
de l'emphytéote relativement à ses obligations vis-à-vis
du nu-propriétaire et on n'a strictement rien prévu dans le cas
où, en matière d'emphytéose, indépendamment d'une
copropriété, le nu-propriétaire décide de vendre
ses droits. Est-ce que l'emphytéote devrait avoir priorité pour
faire l'acquisition? On n'a strictement rien de ça. Pourquoi est-ce que
dans ce cas-ci, tout simplement parce qu'on a mis un nouveau tissu de
règles, qui ne change rien à la situation, et qu'il s'agit de
constructions faites par un emphytéote, on arrive à dire: Ah, il
faut absolument donner la priorité à ces gens-là? On ne
l'a pas accordée en d'autres circonstances. Ça ne
m'apparaît pas plus grave ici. Il y a un élément,
toutefois, qu'il est Important de signaler, c'est que les gens ont
l'impression, en achetant en copropriété, que c'est à eux
pour toujours.
Peut-être qu'il y a méprise au départ.
Peut-être qu'ils sont mai guidés, mais est-ce à dire qu'ils
doivent avoir la priorité, je ne sais pas. Je pense qu'il doivent
être vigilants dans leur achat. Je pense qu'on doit traiter cette
situation-là d'une façon semblable à ce qu'on retrouve
dans tes autres cas d'emphytéose.
Le Président (M. La franco): Merci, maître. M. le
ministre.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, je pense que le
cas du mont Sainte-Anne nous permet d'illustrer très bien notre
discussion et M. le professeur Frenette vient de le faire d'une façon
particulièrement éloquente. Il est évident qu'un acheteur,
lorsqu'il achète dans ces conditions, devrait savoir que sa
propriété a une durée, malgré sa volonté,
mais ce n'est pas toujours, peut-être, le cas. Ça devrait
être, peut-être, le cas. C'est une nouvelle... En fait,
l'emphytéose est un nouveau mode, à toutes fins pratiques. Il y a
quelques années, lorsque le professeur Frenette faisait sa thèse,
iI ne croyait pas que l'emphytéose deviendrait si populaire. On parlait
de Place Ville-Marie dans ce temps-là.
Mme Harel: Au contraire...
Une voix:... croyait à son avenir.
Mme Harel:... je pense qu'il l'avait prévu.
M. Rémillard: Ah! II l'avait prévu! Excusez-moi,
c'est vrai. C'est parce qu'il l'avait prévu.
Alors, toujours est-Il qu'on est très heureux de l'avoir
maintenant pour nous éclairer parce que le problème, c'est que
les consommateurs ne sont pas encore habitués à ce
mode-là. C'est vrai qu'ils devraient le savoir. Quand ils vont chez leur
notaire... Tout bon notaire devrait les Informer que la propriété
qu'ils achètent va se terminer à tel moment, qu'ils ne pourront
pas léguer ça par testament, peut-être, à leur
progéniture, dépendant de la période de temps,
évidemment, qui est prévue.
Bon, tout ça, ça ne fait pas encore partie des moeurs.
C'est peut-être pour ça que ça nous a un petit peu
amené à dire: II faudrait peut-être essayer de donner une
préséance à ces gens-là pour essayer de les
protéger un peu. Mais peut-être bien qu'on fait du paternalisme
juridique qu'on devrait éliminer et qu'on devrait dire: Écoutez,
vous savez à quoi vous vous engagez. À ce moment-là, le
propriétaire, c'est la libre circulation des biens, la libre disposition
des biens et, par conséquent, il n'y a pas de
préférence.
M. le Président, je vous avoue... Je regarde ça un petit
peu. D'une part, je suis tenté de protéger l'acheteur, le
propriétaire qui ne réalise pas toujours ce qui se passe, mais
qui devrait le réaliser. D'autre part, c'est vrai que le
propriétaire doit disposer de son bien et que l'emphytéose ne
donne pas un droit de propriété absolu, loin de là. Alors,
je suis bien prêt à entendre les membres de cette commission sur
ce point-là.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Ouf, Me
Frenette.
M. Rémillard: Si vous me permettez, M. le
Président, on me souligne que c'est un droit
actuel, ça existe depuis 1988.
Mme Harel: Introduit en 1987. M. Rémillard:
1988.
M. Frenette: M. le Président, la dernière
précision est fort exacte, d'ailleurs je pense que c'a été
introduit en 1988 précisément pour le cas du mont Sainte-Anne.
C'était un genre de compromis qui avait été trouvé
à cette époque-là. Mais je poserais, pour tenter de
solutionner la question ou le problème, la question au ministre: S'il
avait acquis lui-même au mont Sainte-Anne, au village dit
intégré, une de ces unités et qu'il recevait avis du
propriétaire que ses droits sont à vendre - la SEPAQ l'avertit -
et, réalisant ce qu'il n'avait peut-être pas réalisé
auparavant, oui, c'est vrai, j'ai fait l'acquisition d'un bien qui s'en va en
dépérissant, ne sauterait-Il pas lui-même sur l'occasion
pour procéder à l'acquisition?
M. Rémillard: Mais oui, mais ça peut me tomber
dessus comme la misère sur le pauvre monde, dans le sens, M. le
Président, que peut-être que je ne suis pas prêt à
faire cette acquisition-là. Le problème aussi, c'est que
peut-être que le propriétaire peut se servir un peu du fait que je
suis coincé pour faire monter des enchères. Est-ce qu'il n'y a
pas un problème là aussi?
M. Frenette: Mais le problème subsiste si on lui accorde
la préférence et qu'il n'a pas les moyens de faire l'acquisition,
à ce moment-là. Il n'y a aucune balise qui est donnée
quant à l'exercice. On lui dit: C'est très bien, vous avez la
préférence. L'avis est reçu, ils ont la
préférence, ils ne sont pas capables de s'entendre sur le prix,
les mois passent, et la SEPAQ, dans l'exemple, perd l'occasion. Est-ce qu'elle
procéderait? Est-ce que la SEPAQ va avoir donné un avis de six
mois, recevant réponse entre-temps que le syndicat est
intéressé, mais qu'ils ne sont pas capables de s'entendre? Est-ce
qu'ils pourraient passer outre et vendre quand même à quelqu'un
d'autre? Je pense qu'il n'y a pas un acquéreur qui prendrait ce
rlsque-là.
M. Rémillard: Excusez-moi, je ne vous suis pas. Là,
je veux juste voir... Selon le texte, la SEPAQ devrait, si elle voulait vendre,
avertir le syndicat, dire: Voici, mol je veux vendre.
M. Frenette: Oui.
M. Rémillard: Et, par conséquent, venez me
voir...
Mme Harel: Le syndicat a signé. (21 h 15)
M. Rémillard: ...on va en discuter et on a six mois. Six
mois, hein? S'il y a six mois qui s'écoulent et qu'il n'y a pas
d'entente qui est faite, après les six mois, la SEPAQ peut vendre
à qui elle veut.
Mme Harel: Et, après ce moment-là où la
SEPAQ a vendu à qui elle veut, le syndicat a six mois
après cette vente-là... a six mois de la cession... Non?
M. Rémillard: Non, non, non.
Mme Harel: Ça c'est si ça ne lui a pas
été notifié.
M. Rémillard: Si ça n'a pas été
notifié.
M. Frenette: Je pense que l'interprétation qu'il vient de
donner dépasse peut-être le sens du texte. C'est que...
Mme Harel: Oui.
M. Frenette: ...l'avis est donné de l'Intention de
céder des droits, de vendre. La discussion s'amorce. Il n'est pas dit
qu'après six mois, s'il n'y a pas d'entente, la SEPAQ peut vendre
à tout le monde, à n'importe qui. Non.
M. Rémillard: Mais ça serait ça en
conclusion. Je pense bien que l'intention c'est de dire: Dans un premier temps
- et je pense qu'on est tous d'accord là-dessus - il faut que le
syndicat soit averti, en premier. Deuxièmement, on est tous d'accord
pour dire qu'on peut lui donner la première possibilité d'achat,
au syndicat. Et on met un délai, on met six mois. On dit: Pendant six
mois, discutez-en. Si après six mois vous ne pouvez pas vous entendre
sur le prix, bien coudon, si elle peut trouver meilleur acquéreur, que
la SEPAQ le vende ailleurs. Au moins on aura permis à ces gens-là
d'avoir six mois pour trouver du financement et s'organiser et acheter la
propriété.
Moi j'essaie de... Je comprends ce que le professeur Frenette nous dit.
Je comprends très bien, M. le Président, que l'acheteur devrait
savoir que sa propriété est fort limitée dans le temps.
Mais quand même, M. le Président, je crois - peut-être que
la députée de Terrebonne va être sensible à mon
argumentation - qu'il faut qu'on essaie de protéger un petit peu ces
gens-là. Pensons à la vente. Pensons à tout ça,
comment ça se fait. Tout à coup il fait beau au mont Saint-Anne,
une belle journée de ski de printemps, puis vous faites une vente. On a
acheté le condominium et... Bon. Il y a des choses comme ça.
C'est comme ça que ça se passe dans la vraie vie. C'est bien
sûr qu'il aurait dû le savoir. Mais est-ce qu'on ne pourrait pas
essayer de trouver le moyen terme pour respecter le principe que je veux faire
respecter aussi, que le professeur Frenette me souligne, M. le
Président, la libre disposition d'un bien?
Une voix: Certainement...
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Moi, M. le ministre, ce que je vous propose c'est
qu'on s'entende sur le fait qu'on trouve raisonnable qu'il y ait un avis et que
cet avis ait une durée de six mois, mais une fois l'avis échu,
que le propriétaire puisse vendre sans avoir à redonner un nouvel
avis où à chaque fois le syndicat va pouvoir épuiser le
délai. C'est-à-dire qu'une fois le délai convenu
terminé le syndicat ne pourra pas, à chaque fois qu'un avis lui
est donné, se prévaloir de cette disposition-là.
M. Rémillard: J'ai de la difficulté à vous
suivre. Peut-être que Me Frenette veut ajouter quelque chose.
M. Frenette: Je pense que ce que Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve veut dire c'est qu'après les six mois, s'il n'y a
pas eu d'entente, la libre disposition des droits du nu-propriétalre
peut se faire.
M. Rémillard:... j'ai manqué, là.
M. Frenette: Vous ai-je bien compris?
Mme Harel: C'est-à-dire que c'est très simple.
C'est qu'il nous semble que le syndicat, étant donné qu'il a le
droit dans les six mois...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel:... à un droit de
préférence...
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel:... il peut faire traîner. Il peut faire
traîner les choses six mois, finalement. Mais, une fois le délai
de six mois écoulé, qu'est-ce que vous pensez qu'il se produit
compte tenu de la disposition, là?
M. Rémillard: Bien moi, ça m'apparaît que
c'est fini. Je veux dire, à ce moment-là, le propriétaire
dispose de son bien. Il dispose de son bien. Bien oui. Terminé.
Terminé. Mais il y a un droit de retrait. S'il n'a pas donné
l'avis, bien là, il a un droit de retrait. C'est pour la protection.
Bien moi, il me semble que c'est très clair dans mon esprit que six
mois... Après six mois, écoutez, si on ne s'est pas entendus, O.
K. Très bien. Terminé.
Mme Harel: Écoutez, on aurait peut-être
intérêt simplement à finaliser, parce qu'on partage aussi
ce point de vue qu'y devrait y avoir un avis et qu'au bout du compte,
lorsque...
M. Rémillard: Six mois?
Mme Harel: Oui, un avis de six mois.
M. Rémillard: Un avis de six mois et, après l'avis
de six mois, le propriétaire peut en disposer. Et, si l'avis n'est pas
donné, il a un droit de retrait. Bien, c'est ça. On est tous
d'accord.
Le Président (M. Lafrance): On est d'accord sur le
contenu. Oui, Mme la députée de Ter-rebonne.
Mme Caron: Oui, je voulais juste dire, M. le Président,
qu'effectivement la députée de Ter-rebonne était
très sensible aux arguments qui étaient avancés par le
ministre par rapport à la protection des consommateurs. Ha. ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Ha, ha, ha!
Merci. Alors, si...
M. Rémillard: Mme la députée de Terrebon-ne
agit en fonction de sa réputation, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Ha, ha, ha!
Mme Harel: Alors, ça veut donc dire que la
préférence ne survit pas aux six mois.
M. Rémillard: Ah, non, non. C'est six mois et c'est
terminé. Pour nous, c'est terminé.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, s'il n'y a
pas d'autres commentaires, l'article 1080 est donc adopté.
Mme Harel: Ah non, M. le Président.
M. Frenette: Non, non, puisque le texte ne dit pas ça
à cet Instant.
M. Rémillard: Non, non, mol ce que je trouve qu'on
convient, là...
Le Président (M. Lafrance): Vous pouvez retoucher le
texte?
M. Rémillard:... on convient, on s'entend sur ce qu'on
veut avoir.
Mme Harel: Parce que le...
M. Rémillard: A partir de là. nos légistes,
nos experts se rencontrent, font les textes en fonction de ce qu'on vient de
décider.
Mme Harel: On va juste convenir de ce sur quoi on ne s'entend pas
avant et après on va poursuivre.
M. Frenette: Je pense que ce qui préoccupe
également la députée de Hochelaga-Malsonneuve c'est de
bien faire ressortir que le droit de préférence ici, suivant le
texte, subsistait après les six mois. Parce qu'il doit... Il n'est pas
dit que... Bon. La préférence est donnée, l'accord doit
être conclu et c'est un délai péremptoire. La
préférence est accordée. Point.
M. Rémillard: M. le Président, je suis d'accord,
tout simplement, pour qu'on le mette de côté ce texte-là.
Je suis parfaitement d'accord. Pas de problème. Ce que je dis c'est: On
s'entend sur les principes qui doivent nous guider et, à partir de
là, rédigeons un texte qui est clair, le plus clair possible. Pas
de problème.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, l'article
1080 tel qu'amendé est donc laissé en suspens. J'aimerais appeler
l'article suivant qui est l'article 1095 en demandant, s'il vous plaît,
qu'on nous précise l'amendement. Cet amendement n'avait pas
été, je pense, distribué cet après-midi.
Mme Harel: Je voudrais dire que c'est un nouvel amendement...
Mme Bleau: Nouvel amendement.
Mme Harel:... alors, il faut mettre de côté
l'amendement qui a été distribué.
Mme Bleau: C'est ça.
Mme Harel: Alors, la façon de l'identifier... C'est
Indiqué le 17 septembre, tandis que celui qui nous a été
distribué cet après-midi est daté du 16 septembre.
Mme Bleau: C'est le contraire.
Mme Harel: Non? C'est le contraire? C'est ça.
Mme Bleau: C'est le contraire.
Mme Harel: Celui de ce soir c'est le 17.
Mme Bleau: C'est marqué le 16.
Mme Harel: Ah bon! Celui de ce matin, c'était
marqué le 17.
M. Rémillard: Mais, M. le Président, peu
Importe...
Mme Harel: Peu importe, vous avez raison.
M. Rémillard:... j'essaie de me référer aux
articles 1095 et 1096. Il y a deux amendements. Je pense qu'on va trouver une
solution à tout ça, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre, c'est
ça. Je ne pense pas, de toute façon, qu'on avait lu cet
amendement.
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Lafrance): Bon, alors, il s'agit bien de
l'amendement 1095, première proposition officielle, si je peux employer
ce terme. Alors, on vous écoute, M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, voici, à
la suite de rencontres entre nos spécialistes, nos experts, ce que nous
proposons comme amendements à 1095 et 1096. Tout d'abord 1095 est
modifié: 1° par le remplacement du "3°" en un "4e";
2° par l'ajout, après le 2°, de ceci: "3° La construction de
bâtiments pour créer de nouvelles fractions"; 3° par l'ajout,
au 4°, du mot "constitutif après le mot "acte".
M. le Président, les deux premiers amendements sont de
concordance avec les amendements faits à l'article 1096. Le
troisième amendement permet d'amoindrir les possibilités de
confusion entre la déclaration et l'acte constitutif de
copropriété. En raison de ces amendements, l'article 1095 se
lirait comme suit: "Sont prises à la majorité des
copropriétaires, représentant les trois quarts des voix de tous
les copropriétaires, les décisions qui concernent: "1° Les
actes d'acquisitions ou d'aliénation immobilière par le syndicat;
"2° Les travaux de transformation, d'agrandissement ou
d'amélioration des parties communes, ainsi que la répartition du
coût de ces travaux; "3° La construction de bâtiments pour
créer de nouvelles fractions; "4° La modification de l'acte
constitutif de copropriété ou de l'état descriptif des
fractions. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, j'aimerais avoir la
permission de cette commission pour lire aussi l'amendement 1096 qui, je pense,
doit se comprendre avec 1095.
Le Président (M. Lafrance): J'allais justement, M. le
ministre, vous proposer ceci, étant donné qu'on parie de
concordance dans 1095.
M. Rémillard: Alors, 1096 est modifié, M. le
Président: 1° par l'insertion, à la première ligne,
entre les mots "majorité" et "des copropriétaires", des mots
suivants: "des trois quarts"; 2° par la suppression du 3°; 3° par
la renumérotation du 4° en 3°.
M. le Président, le premier amendement vise, compte tenu de
l'Importance des décisions qui sont visées par l'article,
à accroître la proportion des voix requises pour procéder
aux actes prévus. Par ailleurs, compte tenu que le 3° ne touche pas
la destination de l'immeuble, II est déplacé à l'article
1095. En raison de cet amendement l'article 1096 se lirait comme suit: "Sont
prises à la majorité des trois quarts des copropriétaires,
représentant 90 % des voix de tous les copropriétaires, les
décisions: "1° Qui changent la destination de l'immeuble; "2°
Qui autorisent l'aliénation des parties communes dont la conservation
est nécessaire au maintien de la destination de l'immeuble; "3° Qui
modifient la déclaration de copropriété pour permettre la
détention d'une fraction par plusieurs personnes ayant un droit de
jouissance périodique et successif. "
Voilà, M. le Président, les deux amendements.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Malson-neuve.
Mme Harel: C'est avec, évidemment, beaucoup de
satisfaction qu'on reçoit ces amendements. Et moi, il me semble, en tout
cas, que ça va bien préciser... J'imagine déjà des
cours auprès des jeunes avocats pour leur préciser ce que le
législateur a voulu faire comme distinction dans les décisions
que les copropriétaires ont à prendre et celles qui sont
prévues à 1096. Notamment, celles qui changent la destination de
l'immeuble vont nécessiter une majorité des trois quarts des
copropriétaires représentant 90 % des voix et il est heureux
qu'il en soit ainsi.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée. Oui, Me Frenette.
(21 h 30)
M. Frenette: Merci, M. le Président. Je pense que les
amendements introduits par le ministre de la Justice ont une Importance, non
seulement pour les raisons mentionnées par la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, mais II devenait très important de les faire en
raison de l'article 1099 du projet de loi 125 qui empêche de
procéder à des modifications des pourcentages prévus
à la loi en matière de votation. Une certaine jurisprudence, pour
ne pas dire une jurisprudence certaine, dont l'arrêt Lambert,
reconnaissait que les proportions actuellement prévues au Code, aux
articles 441b et suivants, les conditions relatives à l'exercice du
droit de vote, pouvaient être augmentées, non pas réduites,
mais augmentées. A défaut de pouvoir obtenir, dans les
déclarations de copropriété pour l'avenir, la règle
de l'unanimité, je pense qu'il devenait important de resserrer les cas
où il y avait des décisions d'importance à prendre et les
amendements y pourvoient.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. Alors,
s'il n'y a pas d'autre...
Mme Harel: Je pense, entre autres, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, j'attire l'attention des membres de la
commission. Je sais que ça les intéresse particulièrement,
mais au paragraphe 3° de l'article 1096 qui prévoit que pour
modifier une déclaration de copropriété il va falloir "...
pour permettre la détention d'une fraction par plusieurs personnes ayant
un droit de jouissance périodique et successif... ". En fait, c'est les
"time-sharing". Pour transformer un Immeuble à logements en
"time-sharing", II faudrait trois quarts des copropriétaires
représentant 90 %.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autres commentaires... M. le ministre, est-ce que vous désirez
apporter une précision?
M. Rémillard: Oui, M. le Président, je dois
dire que ces amendements précisent l'intention du législateur
dans la bonne voie et, de fait, pour compléter le tout, je vais proposer
un amendement à 1106, aussi.
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie. Alors, les
articles 1095 et 1096 sont adoptés tels qu'amendés et nous en
arrivons à 1106, qui avait été suspendu en raison que nous
avions laissé de côté 1095 et 1096. Je pense que... Est-ce
que l'amendement avait été lu à cet article 1106?
M. Rémillard: Je ne crois pas, M. le Président.
Mme Bleau: C'est celui qui a fait problème à un
moment donné.
M. Rémillard: Si vous me permettez. M. le
Président, |e peux faire la lecture.
Le Président (M. Lafrance): Ça serait
peut-être mieux de le relire. Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: Voici, M. le Président, l'article
1106 est modifié par le remplacement, au premier alinéa, des mots
"deux tiers" par "trois quarts".
L'amendement vise à accroître la proportion des voix
prévues pour mettre fin à la copropriété, compte
tenu de l'importance de la décision. En raison de cet amendement
l'article 1106 se lirait comme suit:
"Il peut être mis fin à la copropriété par
décision des trois quarts des copropriétaires représentant
90 % des voix de tous les copropriétaires. "La décision de mettre
fin à la copropriété doit être consignée dans
un écrit que signent le syndicat et les personnes détenant des
hypothèques sur tout ou partie de l'immeuble. Cette décision est
inscrite au registre foncier, sous les numéros d'Immatriculation des
parties communes et des parties privatives. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Ça va. Alors, l'article 1106 est donc adopté tel
qu'amendé. J'aimerais appeler l'article 1136. 1, qui est un nouvel
article proposé. C'est un article qui vient de nous être
distribué ou du moins au début de cette séance.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. L'amendement
ici tente aussi de trouver un consensus à un sujet de grande
préoccupation, M. le Président. Le projet de loi donc est
modifié par l'ajout, après l'article 1136, du suivant: "1136. 1
Les Impenses utiles faites par l'usufruitier sont, à la fin de
l'usufruit, conservées par le nu-propriétaire sans
indemnité, à moins que l'usufruitier ne choisisse de les enlever.
Le nu-propriétaire ne peut cependant contraindre l'usufruitier à
les enlever. "
M. le Président, l'amendement atténue la portée de
la règle proposée afin d'éviter que le
nu-propriétalre, lorsqu'il reprend le bien, ne soit tenu d'Indemniser
l'usufruitirer de toutes les impenses que ce dernier a considéré
utiles de faire, alors même qu'il connaissait la précarité
de son droit. Toutefois, comme ces impenses sont utiles et servent le bien, II
n'y a pas lieu de permettre au nu-propriétaire de contraindre
l'usufruitier à les enlever. Donc, en raison de cet amendement l'article
1136. 1 se lirait comme suit: "Les impenses utiles faites par l'usufruitier
sont, à la fin de l'usufruit, conservées par le
nu-propriétaire sans indemnité, à moins que l'usufruitier
ne choisisse de les enlever et de remettre le bien en l'état. Le
nu-propriétaire ne peut cependant contraindre l'usufruitier à les
enlever. "
Mme Harel:... comprendre que c'est l'état de la pratique
du droit actuel.
M. Rémillard: Actuel, oui.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de règle,
mais c'est ce qui se fait.
M. Rémillard: C'est l'état actuel du droit.
Mme Harel: L'usufruitier doit soit enlever son bien et remettre
la situation en l'état ou bien le laisser au nu-propriétaire sans
indemnité. C'est l'état du droit.
M. Frenette: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre, est-ce que
vous avez un commentaire à ce stade-ci?
M. Rémillard: Non. Je vais attendre M. ie professeur.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Me Frenette.
M. Frenette: Je ne suis pas sûr que ce soit l'état
du droit actuel, mais je pense que c'est une bonne règle
d'équité.
M. Rémillard: Ah! M. le professeur soulève un mot
qui m'est très cher: l'équité. Je crois que la justice est
avant tout équité.
Mme Harel: Alors, moi, je demanderais à M. le professeur
quel est l'état du droit actuel.
M. Frenette: L'état du droit actuel, c'est que, primo, les
impenses utiles ne peuvent pas être faites par l'usufruitier et ces
impenses-là restent au propriétaire en fin d'usufruit. Il n'est
pas question pour l'usufruitier d'avoir le choix de faire quoi que ce soit
avec. Alors, qu'on reconnaisse néanmoins que, parce qu'il a
apporté une certaine plus-value, II ait un choix qui puisse être
exercé, sur le plan de l'équité, si on admet qu'il s'agit
d'équité, je pense que c'est acceptable.
M. Rémillard: Ce n'était pas tout à fait
l'état du droit, c'était l'état de
l'équité.
Mme Harel: Ce n'est pas tout à fait l'état... On
n'est pas dans la rectitude du droit là, par exemple.
M. Frenette: Mais parfois la rectitude du droit est difficile
à vivre pour les gens.
Le Président (M. Lafrance): Oui.
M. Rémillard: Très bien, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, le nouvel
article 1136. 1 tel qu'amendé...
Mme Harel: Me permettez-vous une question sur...
Le Président (M. Lafrance):... est donc adopté.
Mme Harel:... 1136 juste avant de l'adopter, M. le
Président?
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Qu'est-ce que les légistes entendaient apporter
comme distinction entre impenses nécessaires par rapport aux impenses
utiles?
M. Rémillard: Je vais demander à Me Long-tin de
venir nous faire cette distinction.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
Me Longtin.
M. Rémillard: Je pourrais dire brièvement, M. le
Président, que ce qui est nécessaire c'est pour protéger
le bien; ce qui est utile, c'est pour lui permettre d'améliorer son
utilisation, par exemple, améliorer le système de chauffage. Vous
avez un système de chauffage qui chauffe très bien la maison,
mais vous voulez en avoir un meilleur. Ça peut être utile. Mais il
faut quand même un système de chauffage. Mais, mettre un
système de chauffage dans la maison, ça, c'est nécessaire.
Je ne sais pas si je m'exprime correctement, mais il faudrait quand même
revenir à Mme...
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. Rémillard:
Ça va.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: Mais, à ce moment-là, vous avez choisi
de légiférer sur les impenses utiles et, donc, de ne pas...
M. Rémillard: Mais le nécessaire est prévu
aussi.
Mme Harel: Les impenses nécessaires sont prévues
aussi.
M. Rémillard: Oui. À 1136.
Mme Harel: À 1136. Alors, ça, c'est 1136. 1.
Donc, les impenses nécessaires, c'est comme un possesseur de
bonne foi. Les impenses utiles, c'est, en fait...
M. Rémillard: C'est particulier. Mme Harel:...
particulier, oui.
M. Rémillard: Oui. Tout simplement, ça contribue
à bien utiliser la propriété.
Mme Harel: Alors donc, celles faites comme impenses
nécessaires doivent être, dépendamment du sort qu'on
réservera aux possesseurs de bonne foi - c'est encore en suspens,
mais... Il y aura le même sort finalement. C'est ça? Non? Les
nécessaires. Ah ouil D'accord. Elles sont remboursées.
M. Rémillard:... des agréments. Mme Harel:
C'est ça.
M. Rémillard: Tantôt, on parlait
d'agréments.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Est-ce qu'on
désire encore entendre Me Longtin ou est-ce que les interrogations
sont...
M. Rémillard: On va permettre à Me Longtin tout
à l'heure de nous donner plus d'explications sur un autre point.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, l'article 1136.
1 est donc adopté tel qu'amendé. J'aimerais appeler l'article
suivant qui avait été laissé en suspens, soft 1169. C'est
un article qui n'a pas été amendé.
M. Rémillard: Là, M. le Président, 1169,
c'est un sujet qui est de très grande Importance aussi pour
protéger adéquatement le propriétaire, mais aussi le
consommateur. Alors, M. le Président, je me permets de lire cet article
1169. "L'usufruitier qui éprouve des difficultés sérieuses
à remplir ses obligations a le droit d'exiger du nu-propriétaire
ou de l'usufruitier conjoint ou successif la conversion de son droit en rente.
"À défaut d'entente, le tribunal, s'il constate le droit de
l'usufruitier, fixe la rente en tenant compte, notamment, de l'étendue
du droit, de sa durée, ainsi que des fruits et revenus qui en sont
tirés. "
M. le Président, là-dedans, qu'est-ce qu'on cherche
à faire? Quel est l'objectif? C'est de faire en sorte que celui ou celle
qui reçoit un bien en usufruit soit capable quand même de pouvoir
exercer son droit d'usufruitier et, s'il ne peut pas le faire, qu'il puisse
convertir ça en...
Prenons le cas, par exemple - je sais que sur les fermes ça se
passe régulièrement - la mort d'un conjoint et puis la dame se
retrouve avec une ferme. Ça pourrait être un commerce; pensons
à n'importe quel commerce. Finalement, elle se retrouve... Ça n'a
pas de bon sens, ça ne va pas, elle ne peut pas l'administrer, cette
ferme ou ce commerce. Ça peut être l'homme aussi, remarquez,
ça peut être l'un ou l'autre. Ils ne peuvent pas l'administrer,
mais Ils ont l'usufruit du bien pour leur vivant, comme c'est souvent le cas,
et ensuite ça va aux enfants. Et puis là elle dit:
Écoutez, mol je ne peux plus. Je ne peux pas administrer ce bien
là. Qu'est-ce qui se passe? On va essayer de lui donner la
possibilité de dire à ce moment-là: Je voudrais convertir
mon usufruit en une rente et dire: Si on ne s'entend pas avec les
propriétaires, c'est le tribunal qui va trancher. Il va essayer de
donner ça. Il va tenir compte de l'usufruit, de sa durée, de
l'âge de la personne, etc., et il va
déterminer la rente.
Alors, notre but là-dedans, M. le Président, c'est de
donner un maximum de protection à ces personnes qui se retrouvent
souvent démunies devant leur tâche, leur permettre, donc, d'avoir
une alternative. Voilà l'objet de 1169.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre, pour
ces précisions. Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Harel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Me Fre-nette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Il y a beaucoup de
bon, je pense, dans les paroles du ministre de la Justice. Le but poursuivi est
louable quant à l'exemple donné. Il faut se souvenir que
l'usufruitier prend les biens dans l'état où il les
reçoit. Il faut se souvenir également que l'usufruit est plus
souvent qu'autrement constitué à titre gratuit. Il faut se
souvenir de l'adage: À cheval donné, on ne regarde pas la bride.
Et II faut se souvenir qu'on a écarté en matière de
succession la possibilité d'écarter le partage pour cause de
lésion. Pour quelqu'un recevant un droit d'usufruit, conscient, à
cause de la nature particulière de ce bien, que finalement les charges
sont plus Importantes que ce que cette personne-là reçoit, il
m'apparait un peu curieux que la personne puisse en profiter pour les
années où ça lui convient, pour ensuite venir dire:
Écoutez, je n'arrive plus, c'est bien dommage, je vais demander une
conversion en rente. Il ne faut pas oublier que la conversion en rente va
devoir être payée, finalement, par le propriétaire. (21 h
45)
S'il y a un problème particulier, notamment, si on se fie
à l'exemple donné, pour le cas de personnes recevant la
jouissance d'une maison d'habitation, limitons la portée de l'article
à cet exemple-là, comme on l'a fait en matière de
servitude, pour le rachat des servitudes. Par voie d'amendement, le ministre de
la Justice a accepté que le rachat des servitudes ne se fasse pas de
façon absolue, mais uniquement pour ce qui a trait aux servitudes de
passage parce que les projets de loi privés présentés
devant la Législature Indiquaient que c'était ce qui faisait
problème.
Ce qui fait problème Ici, c'est un cas particulier. Ne le
réglons pas par une disposition d'ordre général. Je n'ai
absolument rien contre - |e l'ai indiqué tout à l'heure - le
recours à une règle d'équité, si la chose
paraît normale, pour protéger notamment les personnes
vieillissantes qui ont peut-être pu mal évaluer la situation.
Môme si elles ont mal évalué leur situation,
peut-être faut-il être Indulgent à leur égard. De
là à dire que toute espèce d'usufruit peut être
converti en rente, ce qui inclurait les cas où l'usufruitier a
négligé ses propres obligations pendant un certain temps et qui,
décidant de s'en laver les mains, demande simplement qu'on
convertisse...
M. Rémillard: Oui. M. le Président, je crois qu'il
serait difficile de limiter ça aux strictes situations concernant les
habitations. Combien de personnes... Combien de femmes, en particulier...
Parlons de cas concrets. Je suis certain qu'autour de cette table il y a des
exemples qui nous viennent tous de cas qu'on connaît, des gens qui se
retrouvent... Le mari teste et dit: Bien voici, le garage, maintenant,
l'usufruit appartient à ma femme, mais, à son
décès, c'est les enfants qui deviendront propriétaires. La
dame va le prendre, le garage. Ça va très bien. Elle va
l'administrer. Tout à coup, soit qu'elle ait des problèmes de
santé elle-même, ce qui se peut fort bien, soit qu'elle se rende
compte que ça lui prend un temps fou, qu'elle ne peut plus vivre, que ce
n'est pas possible, elle se retrouve dans une situation où elle dit:
Moi, ça n'a pas de bon sens, c'est hors de mes capacités, et pour
des raisons de santé, pour différentes considérations
qu'on n'a pas à élaborer ici, je pense, elle demande aux gens qui
vont devenir propriétaires: Voulez-vous prendre ça et me donner
une rente? Ils ne s'entendent pas. Le tribunal, lui, à ce
moment-là, la fixe, la rente.
Ce que le professeur Frenette nous dit, c'est: Attention, parce que
l'usufruitier devrait savoir dans quoi il s'est engagé, et il a bien
raison. L'usufruitier ne peut pas avoir utilisé un bien pendant un bout
de temps et, tout d'un coup, décider que ça ne marche plus. Il a
encore raison. Mais est-ce que ces considérations-là ne
pourraient pas être des considérations prises,
étudiées par le tribunal, lorsque le tribunal aura à se
prononcer? Moi, j'aimerais mieux - je vais vous dire sincèrement -
laisser ça au tribunal comme moyen d'établir la rente
plutôt que de limiter la portée du principe et de créer des
injustices en fonction, peut-être, de ce que je viens de dire, qui se
passe aussi bien en matière commerciale qu'en matière
résidentielle.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Oui,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Le ministre va convenir que ça reste un article
de droit nouveau qui introduit une sorte de... C'est ce qu'on pourrait appeler
une dénaturation de ce qu'on a toujours connu comme étant
l'usufruit. Bon, c'est la transformation en rente viagère. Ça
peut obliger, par exemple... Ça peut aller, j'imagine, jusqu'à
obliger le nu-propriétaire à vendre le bien,
éventuellement...
M. Rémillard: II y a toujours...
Mme Harel:... pour payer la rente.
M. Rémillard: C'est le tribunal. Ça pourrait
peut-être arriver à ça, mais c'est le tribunal qui en
décide. Vous savez, on dit ici: "À défaut d'entente, le
tribunal, s'il constate le droit de l'Usufruitier... " Donc, c'est quoi le
droit de l'usufruitier? C'est des difficultés sérieuses.
Ça va être apprécié par le tribunal. On dit: Cette
madame-là, écoutez, elle est rendue impotente, par exemple, et
elle ne peut plus s'occuper de ça. Ce n'est pas possible. Ensuite, on
dit: "... le tribunal [... ] fixe la rente en tenant compte - là, on
donne des balises - notamment - donc, ce sont des exemples - de
l'étendue du droit - ce que ça comprenait, son usufruit - de sa
durée - pendant combien de temps - ainsi que des fruits et revenus qui
en sont tirés. "
Ça, ça répond directement au commentaire du
professeur Frenette, tout à l'heure, qui disait: Écoutez, elle en
a profité pendant un bout de temps et, là, elle dit que ça
ne fait plus son affaire. Alors, mol, j'ai l'impression quand même que ce
que nous avons à décider ici, M. le Président, c'est:
Est-ce que ça ne vaut pas la peine d'établir le principe
qu'à un moment donné, pour des raisons, des difficultés
sérieuses, on puisse faire en sorte qu'un usufruit se transforme en
rente, mais que le grand arbitre, évidemment, ce soit le tribunal si on
ne s'entend pas? À ce moment-là, on plaide devant le tribunal ces
éléments-là.
Le Président (M. Lafrance): Oui.
Mme Harel: Vous comprenez, M. le Président, que ça
reste extrêmement important. Je comprends les préoccupations
très légitimes du ministre, mais c'est un peu comme pour ce que
nous discutions au début de notre séance, ce soir,
c'est-à-dire qu'il faut comprendre que ça peut avoir exactement
l'effet contraire de ce qui était recherché au moment où
la décision a été prise de désigner un usufruitier
et de désigner un nu-propriétaire. La personne qui l'a prise- -
on reprend l'exemple du ministre - qui a décidé, par exemple, que
sa conjointe allait avoir l'usufruit du garage, mais que ce serait le fils qui
serait le nu-propriétaire, bien, cette intention-là de la
personne peut être totalement mise en échec du fait qu'au bout de
la ligne le garage est vendu et qu'il y a une rente viagère qui est
versée. Tout ça est laissé à l'appréciation
du tribunal.
La question que je me pose c'est: Comment c'est venu à l'esprit
du ministre d'introduire une disposition comme celle-là? Des
véhicules nouveaux, je trouve ça intéressant dans la
société et je pense, entre autres, tout récemment,
à l'hypothèque immobilière inversée que les caisses
populaires ont mise sur le marché. Il y a les FERR aussi. En tout cas,
il y a un certain nombre de choses nouvelles. Mais pourquoi utiliser ce
véhicule-là qui est quand même connu dans notre
société, qui sert souvent, en tout cas, dans les testaments en
particulier? Est-ce qu'il y a eu des représentations? Est-ce qu'on peut,
par exemple, nous Indiquer s'il y a des mémoires, s'il y a eu des
intervenants qui se sont fait connaître pour souhaiter une disposition
semblable?
M. Rémillard: Bien, écoutez, on a eu
différents commentaires à ce niveau-là, en particulier, je
veux dire, pour les femmes. C'est arrivé.
Mme Harel: Mais ce sont des commentaires qui viennent
d'où? Vous voyez, moi, j'ai lu attentivement le mémoire...
M. Rémillard: Je pense... C'est des discussions. Oui, je
crois qu'il n'y a rien, II n'y a pas de dispositions formelles qui nous ont
été présentées comme telles...
Mme Harel: Non.
M. Rémillard:... mais c'est des commentaires qu'on nous a
faits et on nous a mentionné, dans plusieurs cas, des difficultés
que pouvaient poser l'usufruit et la possibilité de convertir en rente.
C'est du droit nouveau, définitivement. Pour ma part, je le voyais -
pour utiliser un mot qu'on a utilisé tout à l'heure - en
équité, cherchant ce juste équilibre et je me dis que le
tribunal va l'apprécier. Mais combien de femmes ont affaire à
cette difficulté-là? Il y en a beaucoup, M. le Président,
qui se retrouvent avec... Si on parle de patrimoine familial à part de
ça, ça peut comprendre bien des choses. Est-ce qu'on pourrait
penser... Il y a bien des exemples qui peuvent nous arriver. Alors, II me
semble que c'est une règle non seulement de justice, mais aussi
d'équité. Peut-être que Mme la députée
aimerait en dire quelques mots.
Mme Harel: Vous l'Invitez à le faire, mol je voudrais
poursuivre, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, N y a Me Frenette aussi
qui m'a demandé la parole. Mme la députée de Terrebonne,
en vous rappelant qu'il reste cinq minutes à notre temps officiel, si je
peux employer ce terme encore. Est-ce que vous avez terminé, M. le
ministre?
Mme Harel: Mol, je n'ai pas terminé, par exemple.
M. Rémillard: Moi, j'ai dit ce que j'avais à dire,
M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, on revient à Mme
la députée de Hochelaga-Malson-neuve.
Mme Harel: En fait c'est une rente viagère qui est
peut-être, à ce moment-là, le meilleur véhicule. On
me dit que dans fa majorité des cas l'usufruitier est
désigné par voie testamentaire.
M. Rémillard: C'est en très grande partie le cas
auquel on peut se référer.
Mme Harel: C'est une façon connue parce que la personne
qui désigne sait, finalement, que la propriété va se
transmettre de cette façon-là. C'est une façon connue,
là. Maintenant ce n'est plus certain. Il y a quand même un
élément... On introduit une Inconnue et il n'est plus certain
que, par exemple, le bien n'ait pas à être vendu pour verser cette
rente-là.
M. Rémillard: Non, on dit que le tribunal va constater
s'il y a des difficultés sérieuses. Deuxièmement, il va
établir, à ce moment-là, la rente, mais en tenant compte
"notamment"... Alors, II peut tenir compte du fait qu'il s'agit d'un bien qui
selon la volonté de tester doit demeurer dans la propriété
des personnes. Il peut décider que la rente ne doit pas obliger les
nus-propriétaires à vendre le bien.
Mme Harel: Est-ce qu'il ne serait pas mieux peut-être de
l'indiquer?
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: De plus en plus on aura des personnes qui auront une
longévité... On est assurés un peu comme toutes les
sociétés occidentales qui nous ressemblent que d'ici peu de temps
on aura peut-être quelques centaines de milliers de personnes qui
atteindront 90 ans. Il n'est pas impensable, par exemple, qu'à un moment
donné une personne soit atteinte de sénilité ou atteinte
d'une sorte d'Incapacité à administrer puis on invoquera que,
peut-être pour pouvoir lui permettre de meilleurs soins dans un centre
privé qui est plus coûteux, il lui faut obtenir sa conversion en
rente. Je ne suis pas sûre des effets. Des fois je me méfie; les
bons sentiments ne font pas toujours les bonnes politiques. Ça a parfois
exactement l'effet inverse de celui qu'on recherche. Cela dit,
j'apprécie les préoccupations du ministre. Je voudrais m'y
associer, mais je ne suis pas sûre que le véhicule choisi soit
celui qui est le plus adéquat.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, il s'agit
certainement de trouver le véhicule le plus adéquat. J'aimerais
demander à ce moment-ci au professeur Pineau de venir nous donner des
informations peut-être complémentaires sur ce droit d'usufruit et
les ouvertures que nous avons déjà dans le Code.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
Me Pineau.
M. Pineau: Merci, M. le Président. Je voudrais simplement
attirer l'attention de la commission qu'en droit familial, maintenant, le
tribunal a de plus en plus de pouvoirs et notamment celui d'attribuer un droit
d'usufruit, effectivement, sur certains biens.
Mme Harel:... qui est un droit d'usage.
M. Pineau: Ou qui est même un droit d'usufruit, si mon
souvenir est exact. Il faudrait que je retrouve le texte, mais je pense qu'il a
cette possibilité. À l'article 458 - droit d'usage, effectivement
- du Code civil du Québec...
Mme Harel: Ah oui, d'accord.
M. Pineau:... je ne parle pas du projet - et l'article 460. (22
heures)
Mme Harel: Vous l'avez repris dans...
M. Pineau: C'est cela, l'attribution du droit d'usage,
d'habitation, de propriété, etc. L'attribution... 462. 16
également.
Mme Harel: C'est un droit d'usage à ce
moment-là.
M. Pineau: Dans la prestation compensatoire, lorsqu'il y a lieu
au paiement d'une prestation compensatoire, le tribunal en fixe la valeur.
Celui-ci peut également déterminer les modalités,
ordonner, etc. Et si le tribunal attribue à l'un des époux ou au
conjoint survivant un droit sur la résidence familiale, ou des droits
accumulés, etc., les sections II et III sont applicables. Donc, c'est
bien dire que c'est un droit qui va être, qui peut être
attribué, et qui va pouvoir, effectivement, servir à payer soit
la prestation familiale, la prestation compensatoire, ou alors la simple
attribution préférentielle que l'on a dans 458. C'est simplement
un élément supplémentaire.
Mme Harel: C'est intéressant, professeur
Pineau. Est-ce que vous pouvez nous rappeler quelles sont les
dispositions du projet de loi 125 qui reprennent... Il faudrait comprendre,
à ce moment-là, que la personne qui se voit attribuer ce droit
pourrait demander au tribunal de le transformer en rente viagère.
M. Pineau: J'aimerais aussi préciser que la solution de
cette transformation en rente se trouve dans le droit français
également.
Mme Harel: C'est actuellement en vigueur. M. Pineau: En
droit français.
Le Président (M. Lafrance): Je remarque qu'il est
maintenant 22 heures. Alors, je ne sais pas si on désire, avec votre
consentement, disposer de cet article 1169.
Mme Harel: On pourrait peut-être permettre aux personnes
qui veulent intervenir de le faire.
Le Président (M. Lafrance): Oui, parce qu'il y a Me
Frenette qui aimerait apporter un commentaire. Est-ce qu'il y a consentement
pour qu'on essaie de disposer? Oui. Alors, Me Pineau, premièrement.
Est-ce que vous avez...
M. Pineau: Tout simplement préciser 428 du projet de loi
125 sur la prestation compensatoire.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, Me Frenette.
M. Frenette: Je pense qu'il s'agit, M. le Président, d'un
échange intéressant parce qu'on voit que l'article, sous des
apparences anodines, recèle beaucoup de choses. J'aimerais rappeler
quand même que, en matière d'usufruit, la personne qui
reçoit le droit n'a pas de garantie au maintien de la valeur de la
chose, d'une part. Ensuite, je voudrais rappeler que l'usufruitier a toujours
le droit de disposer de son droit; voyant que ses facultés
périssent, qu'il n'a pas les moyens de pourvoir à l'entretien
comme normalement prévu, rien ne l'empêche de disposer de son
droit et de recevoir l'équivalent au lieu de... Il ne faut pas oublier
que le nu-propriétaire... Comme on l'a dit, l'usufruit étant
souvent créé - souvent, je n'ai pas dit tout le temps - à
titre gratuit, cela forcera le nu-propriétalre, qui lui aussi a
reçu à titre gratuit et ne s'y attend pas, à payer ce
qu'il va devoir peut-être payer, et II va devoir payer.
Ensuite, il faut se souvenir qu'en accordant le droit de rachat de
l'usufruit pour le transformer en rente peut-être qu'on obtiendra l'effet
inverse, c'est-à-dire que les nus-propriétaires exerceront
à certaines occasions, lorsqu'ils veulent disposer de leurs droits et de
ceux de l'usufruitier lorsqu'une offre alléchante est faite, des
pressions sur l'usufruitier - et puis, dans les cas qu'on envisage, c'est
surtout l'usufruitière - pour lui dire: Oui, oui, consens à une
rente! On ne peut pas tenir compte de beaucoup d'importance pour cette
valeur-là. Une fois la transaction bâclée, ils se
retournent et vendent pour un prix faramineux.
Ensuite, il faut se souvenir que la Chambre des notaires du
Québec s'était expressément élevée contre
cette disposition, non seulement à cause de fa dérogation par
rapport au droit actuel, mais encore parce qu'elle introduisait, même de
façon atténuée, une judiciarisation du problème,
alors qu'à l'heure actuelle on n'en a pas.
Il faut également, enfin - et je terminerai là-dessus - se
souvenir que même si le droit d'usufruit est un petit peu
poussiéreux, et qu'on le dépoussière à cette
occasion, c'est un Instrument, c'est un véhicule qui a commencé
à être utilisé d'une façon un peu plus
contemporaine. Et, à titre d'exemple, II faudrait peut-être se
souvenir que la Fédération des caisses populaires du
Québec a utilisé l'usufruit comme instrument, comme
véhicule particulier pour les gens du troisième âge dans un
programme qui s'appelle Placement-Habitat lancé dans le public. Je ne
suis pas sûr que l'article tel que proposé permettrait le maintien
de ce véhicule qui est destiné à rendre des grands
services aux gens du troisième âge. Je pense que, justement,
l'usage du véhicule par la Fédération atteint les buts
sans même qu'on obtienne une disposition de la loi telle qu'elle
existe.
M. Rémillard: M. le Président, j'écoute
cette argumentation et elle se réfère au respect de
l'institution. Le professeur Frenette veut qu'on respecte l'institution qu'est
l'usufruit et je pense qu'il a raison, qu'on doit le respecter, puisqu'on le
crée, cet usufruit, on doit respecter les données juridiques. Il
y a un propriétaire et un nu-propriétaire et par
conséquent... un usufruitier. On me dit qu'on ne prend plus
nu-propriétaire. C'est l'usufruitier. Alors, l'usufruitier, sans
être le propriétaire, a l'avantage de l'utilisation du bien.
M. le Président, cet article est du droit nouveau Ici, II est
vrai, mais c'est un article qu'on retrouve dans d'autres droits, dont en
particulier en France. On l'a apporté là-bas pour la même
considération qu'on l'apporte ici, pour pouvoir protéger la
personne qui est démunie. Comprenons donc qu'il s'agit d'une personne
démunie puisque nous parlons de difficultés sérieuses.
Donc, s'il y a des difficultés sérieuses, il y a quelqu'un qui
est démuni. Et on dit: Cette personne étant démunie, elle
ne devrait pas, par le fait même, perdre tous ses droits parce qu'elle ne
peut plus jouir de son usufruit. Mais, parce qu'elle ne peut plus jouir de son
usufruit et qu'elle est en difficulté, donc, démunie, on dit: On
lui donne quand même une compensation qui est une rente. Et là on
dit: Qui va fixer la rente? Esssayez de vous entendre entre vous. Ce n'est pas
judiciariser que de dire: Essayez de vous entendre entre vous. La femme va
essayer de s'entendre avec les enfants - prenons cet exemple-là
puisqu'on en a beaucoup parié - et, si on ne peut pas,
référons-nous au tribunal qui devra, entre autres - et nous avons
quelques balises - se référer à l'étendue du droit,
à sa durée, ainsi qu'aux fruits et revenus qui en sont
tirés.
À ce moment-là, M. le Président, protégeant
donc cette personne qui est démunie - et j'insiste sur cet
aspect-là - et protégeant aussi une volonté de pouvoir
protéger l'usufruit, on en
arrive à cette conclusion que la personne peut demander une
rente. M. le Président, il me semble que c'est un droit, c'est un
droit.. On connaît tellement de cas, tellement de cas. Il y a combien -
je me permets de prendre cet exemple - de femmes...
Mme Bleau: C'est surtout ça.
M. Rémillard:... qui se retrouvent dans cette
situation-là. Les représentations qu'on a reçues, c'est en
fonction de ça même si elles ne sont pas formelles. La Chambre des
notaires, II est vrai, M. le Président, a fait des
représentations, mais le Barreau, par contre, n'était pas
contre.
Alors, d'une part, je comprends le professeur Frenette et je suis
d'accord avec lui pour protéger l'institution, mais il me semble - et je
soumets respectueusement, M. le Président, à cette commission,
que ce que nous faisons, nous donnons ce droit à quelqu'un qui est
démuni de ne pas perdre tout son droit d'usufruit et se retrouver avec
rien, mais plutôt avec une possibilité de rente - que nous ne
touchons pas à l'intégrité de cette Institution, mais bien
que nous apportons un correctif à une situation qui autrement serait
abusive.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, si j'ai bien compris, le ministre Insiste, avec
raison, sur la situation particulière des femmes âgées, de
celles qui ont... peut-être pas de celles qui ont fait des
représentations, mais de celles pour lesquelles iI fait des
représentations. À ce moment-là, peut-être faut-il
envisager que ça s'applique, cette disposition, pour les conjoints
survivants parce que, sinon, ce qui est Introduit, c'est une disposition
très très large. Le professeur Pineau nous a parlé
tantôt du droit d'usage. Je le retrouvais justement à l'article
409, ce droit d'usage en matière d'attribution d'un droit d'usage de la
résidence familiale, mais, je ne pense pas qu'il faille envisager, par
exemple, l'application de 1169 dans le cas de 409. Ce n'est pas parce qu'il y a
un droit d'usage de la résidence familiale qu'il faut comprendre que la
personne qui a ce droit d'usage pourrait, par exemple, demander de convertir
son droit en rente.
Mme Bleau: Est-ce qu'on peut même mettre "pour les
conjoints"?
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée. Oui, Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Peut-être que... Je ne sais pas si on pourrait
limiter cet article au conjoint survivant. À ce moment-là,
ça réglerait peut-être la question.
Mme Harel: Écoutez, de toute façon, à
l'heure qu'il est, j'ai l'impression qu'on a intérêt à se
retirer sur ces questions - la nuit porte conseil - et puis à
reprendre...
Le Président (M. Lafrance): Alors, vous nous proposez donc
peut-être d'aller mûrir cette question d'usufruitier.
Mme Harel: À moins qu'il n'y ait une information. Moi, je
ne demande pas mieux que...
M. Rémillard: Non, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): II y a Mme la
députée de Terrebonne qui m'avait demandé la parole un peu
plus tôt. Alors, M. le...
M. Rémillard: Non, allez-y. Je laisse la parole à
Mme la députée de Terrebonne.
Le Président (M. Lafrance): Ça va? On a
répondu?
Mme Caron: Non, M. le Président. Ça va.
Le Président (M. Lafrance): D'accord. Alors, M. le
ministre.
M. Rémillard: Bien, je veux dire qu'à 1174 on dit
que les dispositions relatives à l'usufruit sont, pour le reste,
applicables au droit d'usage, compte tenu des adaptations nécessaires.
Alors, ça, au départ, ça existe comme règle. M. le
Président, c'est un point...
Mme Harel: C'est important pour moi à ce stade-ci. Est-ce
que le ministre fait cette intervention pour me faire savoir qu'il lui semble
que 1169 va trouver application notamment en matière de droit d'usage de
la résidence familiale que le tribunal peut accorder à 409?
M. Rémillard: Compte tenu des adaptations
nécessaires. M. le Président, si...
Mme Harel: Bon, excusez-moi, M. le Président. J'attire
l'attention du ministre sur le deuxième alinéa de 1174 qui dit:
Toutefois, les règles relatives à la conversion de l'usufruit en
rente ne s'appliquent pas au droit d'usage, sauf si ce droit est cessible et
saisissable. " Je crois comprendre que le droit... C'est le tribunal qui, je
pense, aurait à apprécier si le droit est cessible et
saisissable.
M. Rémillard: Pas nécessairement. M. le
Président...
Mme Harel: II l'est en principe à moins que ce soit le
tribunal qui en décide autrement.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard:... cet article m'apparaît très
important. Si l'Opposition veut le suspendre, on peut très bien le
suspendre. Si l'Opposition est prête à le voter tout de suite, mol
je veux vous dire que je serais prêt à l'accepter comme il est
là. Si l'Opposition me dit: On veut y réfléchir, on veut
le suspendre, moi je n'ai pas d'objection.
Mme Harel: Écoutez, l'Intérêt,
évidemment, de toute disposition que l'on adopte Ici c'est d'en
connaître tous les tenants et aboutissants, y compris jusqu'aux effets
contraires à ceux que l'on pense pouvoir obtenir. Alors, je crois qu'il
est préférable que nous suspendions à ce moment-ci et nous
pourrions, par exemple, peut-être sur certains articles, envisager un
échange entre légistes et juristes et nous-mêmes, s'il en
était nécessaire.
Le Président (M. Lafrance): Merci.
M. Rémillard: Suspendons-nous, M. le
Président...
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le ministre...
D'accord.
Mme Bleau: Est-ce qu'on pourrait savoir les heures pour jeudi,
s'il vous plaît?
Le Président (M. Lafrance): Oui, alors l'article 1169 est
laissé en suspens. J'aimerais vous apporter deux précisions
administratives. Tout d'abord, comme prévu, nous allons entreprendre la
prochaine séance demain, le mercredi 18 septembre, à 14 heures
pour terminer à 22 heures avec, évidemment, de 18 h 30 à
20 heures pour le souper. J'aimerais vous aviser aussi d'un communiqué
que je viens de recevoir du bureau du leader du gouvernement qui dit:
Conformément à l'article 147 du règlement, je
désire vous aviser que la sous-commission des institutions devra se
réunir à la salle Louis-Joseph-Papineau, le jeudi 19 septembre
1991, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à 18 h 30.
M. Rémillard: C'est 18 heures, je pense, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): C'est précisé 18
h 30, mais s'il y a consentement on pourra ajuster certainement. Alors, c'est
ça. Le reste, M. le leader du gouvernement me rappelle évidemment
le mandat de la sous-commission. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Alors,
j'aimerais ajourner notre séance. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 15)