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Commission permanente de la Voirie
Crédits du ministère de la
Voirie
Séance du jeudi 20 mai 1971
(Seize heures)
M. SAINDON (président de la commission permanente de la Voirie):
A l'ordre, messieurs!
Avant de continuer l'article 6 où nous avons ajourné hier,
est-ce que vous seriez prêts à reprendre l'article 2 qui a
été suspendu hier? Alors il s'agit de la construction de la route
Les Boules.
Construction de la route Les Boules
M. GAGNON: Nous sommes prêts, M. le Président. Disons si je
regarde le rapport de l'année 69/70, à la page 42, je constate
que les crédits qui avaient été affectés à
la reconstruction et à la réfection de cette route ont
été diminués considérablement. La dépense a
été de $4,943,017.74 et les crédits périmés
ont été de $2,170,482.26, ce qui fait un écart de
près de 30 p. c. entre les crédits qui avaient été
adoptés et les crédits périmés. Alors comme on le
sait, dans les prévisions de la construction de cette route, il avait
été prévu que les travaux se termineraient plus vite, eu
égard à la réalité. Je crois qu'en vertu de
l'entente fédérale-provinciale, il est même plus que
possible que le gouvernement perde certaines sommes. Parce que l'entente
fédérale-provinciale, lorsque périmée,
d'après les informations que j'ai obtenues qui sont assez officieuses,
ne sera pas renouvelée; et à ce moment-là le gouvernement
provincial pourrait être appelé à débourser des
frais supplémentaires qui représenteraient également la
part que le gouvernement fédéral refuserait.
D'abord, comment attribuer un retard dans les travaux pour
l'année dernière qui ont permis de périmer des
crédits pour $2,170,000?
M. PINARD : La première réponse à la question du
député de Gaspé-Nord, c'est que les crédits
périmés de $2,170,482.26 ne sont pas dus à des retards
dans la construction pour l'année dernière, mais à des
retards dans la construction durant l'année 1969. Retards qui ont
été causés par je ne sais trop quelles raisons. M. Michaud
pourrait vous les donner de façon plus détaillée.
Quant à l'autre question, à savoir que si le
fédéral ne reconduisait pas l'entente Canada-Québec pour
la construction de la route Les Boules-Rivière-au-Renard dans le
comté de Matane, eh bien je ne pense pas que ça donne lieu
à des inquiétudes sérieuses si nous tenons pour acquis que
nous sommes en mesure de faire un peu de rattrapage et d'arriver à
terminer les travaux selon les prévisions de l'entente.
M. GAGNON: Alors les prévisions de l'en- tente stipulent que la
fin des travaux doit survenir à quelle date?
M. PINARD: M. Michaud va répondre à vos questions pour le
reste.
A la première question, disons que s'il y a eu des crédits
périmés de $2,170,000 en 69/70, c'est principalement dû aux
cas d'expropriation. Ceux-ci n'étant pas réglés, les
travaux n'ont pas pu se faire. Maintenant l'entente se termine à la fin
novembre 1971 et la participation du fédéral est de $125,000 le
mille dès que le contrat est donné; $25,000 le mille additionnel
est octroyé pour le pavage, lorsque le pavage est terminé.
Actuellement la réclamation qu'on a faite au fédéral est
pour un grand total l'entente est pour 88 milles, à $150,000 le
mille qui représente environ $13 millions
récupérables. Nous avons $11,400,000 payés par le
fédéral déjà et nous avons fait une
réclamation de $600,000 il y a environ deux semaines, et cette
année nous ferons la réclamation de $900,000 pour
récupérer la totalité des montants dus par le
fédéral.
M. GAGNON: J'ai posé une question au ministre responsable de
l'ODEQ au sujet de la construction de la route de ceinture. Il a dit que des
fonctionnaires du ministère de la Voirie prenaient part aux discussions
concernant l'entente Canada-Québec.
Alors quels sont les officiers qui prennent part à la discussion
et qui accompagnent le ministre des Affaires municipales dans la discussion qui
permettra possiblement l'affectation de crédits pour la construction de
la route de ceinture de la Gaspésie?
M. PINARD: Je n'ai pas d'objection à répondre à la
question tout de suite, même si la discussion devrait venir au poste 8.
Les sous-ministres qui font partie de la table de négociations et de
discussion pour le compte du ministère de la Voirie sont le
sous-ministre en titre, M. Rouleau, et le sous-ministre adjoint, M. Jacques
Charland, dans le cadre des activités de l'ODEQ. Les pourparlers vont
bon train, il est possible que certaines modifications soient adoptées
en cours de discussion, mais ça ne changera pas de façon sensible
la portée de l'entente à intervenir dans ce domaine. Il s'agit
peut-être d'affecter dans un échéancier différent
certaines sommes d'argent nécessaires à la réalisation de
certains travaux.
M. GAGNON: Il semble donc que le montant qui sera affecté
à ces travaux sera d'environ $100 millions, pour un parcours d'environ
430 milles. Est-ce que le ministère de la Voirie est à peu
près convaincu que cette somme lui permettra de parachever la route de
ceinture en tenant pour acquis que la route de ceinture se termine à
Mont-Joli?
M. PINARD: Il s'agit de savoir, de façon
peut-être pas absolument certaine, mais relativement certaine,
parce qu'on est toujours dans le domaine de la technique, et il y a toujours
des conditions adverses qu'il faut prévoir. L'entente prévoyait
donc au départ que ça pouvait être réalisé
dans le cadre d'un échéancier de cinq ans. Il y a d'autres
personnes qui opinent en ce moment que ce serait préférable que
l'entente prévoie un échéancier de sept ans. C'est
ça qui est en discussion en ce moment. Je pense que si le gouvernement
fédéral promet de ne pas faire d'échec à la
négociation d'une entente qui ferait que le gouvernement du
Québec aurait à perdre certains montants qui ne seraient pas
totalement dépensés dans le cadre d'un échéancier
de cinq années, à ce moment-là, il faut négocier
cette partie pour avoir l'assurance que le gouvernement du Canada, si l'entente
prévoit que les travaux devront être réalisés dans
un délai de sept ans, mettra à contribution tous les montants
disponibles pour que le gouvernement du Québec n'encoure aucune perte
à cet égard.
M. GAGNON: On sait qu'en Gaspésie, l'hiver, dans ma
région, il y a un chômage assez considérable. S'il y a
entente entre les deux gouvernements concernant la réfection de cette
route, je ne sais pas si le ministère pourrait prévoir je
parle entre autres du comté de Gaspé-Nord que je connais mieux
que certaines parties de la réfection de la route 6 pourraient
être effectuées dans les mois d'hiver où le chômage
sévit d'une façon assez alarmante. Je parle entre autres des
quais qui longent le fleuve, des caps qui avancent assez profondément
dans le fleuve et qui permettent des courbes très avancées et
même parfois à 90 degrés. Je ne sais pas si le ministre
pourra nous donner la certitude, si l'entente est conclue assez vite, afin
qu'on ait le temps de faire la préparation des plans et devis, que le
ministère de la Voirie puisse envisager qu'il y aura des demandes de
soumissions et que des travaux puissent être faits au cours de l'hiver
72/73 pour remédier au chômage, surtout dans les parties où
c'est possible de le faire et dans les parties où le roc domine d'une
façon assez considérable.
M. PINARD: Je crois que c'est possible de réaliser des travaux
dans la partie dont le député parle, pour donner d'abord du
travail aux chômeurs de la région qui ont réellement besoin
de gagner.
C'est financièrement et techniquement possible de réaliser
ces travaux.
Pourrais-je corriger la déclaration que j'ai faite tantôt
concernant le délai de l'entente? J'ai parlé de cinq ans et de
sept ans.
M. GAGNON: Cela ne doit pas être assez.
M. PINARD: Ce n'est pas sept ans. C'est un délai de cinq ans.
Sauf que le gouvernement du Canada propose une entente qui serait signée
pour un délai de deux ans, quitte à renégocier le
renouvellement de cette entente pour la durée qu'il faudra pour nous
permettre de terminer nos travaux, ce qui conduirait éventuellement
à un délai de cinq ans.
M. GAGNON: Evidemment...
M. PINARD : La protection que le Québec se donne en la
matière est d'avoir une clause automatique de renégociation qui
stipulerait les mêmes conditions de contribution financière de la
part du gouvernement d'Ottawa, c'est-à-dire à raison de 50 p. c.
du coût des travaux, après l'expiration du délai de deux
ans, de façon que le Québec ne soit pas pénalisé,
n'ait pas à continuer tout seul le reste des travaux et n'ait pas
à en assumer seul le coût.
M. GAGNON: Ceci est probablement dû au fait que le
ministère de la Voirie est plus réaliste dans l'exécution
des travaux. Quand on sait que, surtout en Gaspésie, le service
d'expropriation a dû résoudre des cas où il n'y avait
même aucun billet de location émis sur des
propriétés et où des successions, de père en fils,
n'avaient jamais été réglées; il a fallu commencer
à adresser des demandes au ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation pour des lettres patentes, et à ce moment-là, j'ai
connu des cas où il a fallu deux ans pour les régler.
M. PINARD: Les titres n'étaient pas clairs.
M. GAGNON: Les titres de propriété, loin d'être
clairs, étaient des plus embrouillés. Alors comme on sait que le
gouvernement d'Ottawa n'est pas toujours au courant de ces problèmes, il
propose possiblement des délais qui, à ce moment-là, ne
sont pas conformes avec la réalité.
Maintenant, s'il arrivait l'entente fédérale-provinciale
à l'intérieur des projets de l'ODEQ, est-ce que les sommes qui
sont prévues pour cela apparaissent, comme le disait le ministre tout
à l'heure, au poste 8 nous voulons vider la question une fois
pour toutes ou si le gouvernement serait appelé à adopter
un autre budget supplémentaire?
M. PINARD: Les sommes apparaissent au poste 8 de la page 224 du cahier
des estimations budgétaires. Tout l'argent nécessaire se trouve
indiqué au poste 8 pour l'année en cours.
M. GAGNON: C'est cela. Alors c'est dire que, dans la discussion avec le
gouvernement fédéral, évidemment le gouvernement
provincial, au niveau du ministère de la Voirie, pourra s'entendre
à savoir qu'il y a eu un montant de X dollars d'adoptés au budget
et qu'il serait difficile d'en sortir. C'est à ce moment,
peut-être, qu'il pourrait y avoir une clause dans l'entente de
façon que le Québec ne soit pas pénalisé mais que
cela se rapporte à un délai
beaucoup plus que doublé. J'ai la conviction morale que c'est non
seulement un délai de cinq ans mais un délai d'au moins dix
ans.
M. PINARD: Enfin, je ne voudrais pas être pessimiste.
M. GAGNON: Non mais 430 milles de route, en Gaspésie.
M. PINARD: Je pense que c'est quand même un devoir d'être
réaliste. C'est pour cela qu'il y a une négociation en cours en
ce moment par le ministère des Affaires intergouvernementales, avec
également les fonctionnaires de l'ODEQ, le ministère de la Voirie
et, je pense, aussi, que le ministre responsable de l'ODEQ, M. Maurice Tessier,
est fort bien au courant de la situation. Nous lui avons fait part de nos
craintes en même temps que de notre désir de voir inclure dans
cette entente une clause de renégociation ou de renouvellement de
l'entente.
M. GAGNON: Alors pour l'article 2, j'ai fini ma série de
questions. S'il n'y a pas d'autres députés qui ont des questions
à poser...
M. LE PRESIDENT: L'article 2 du poste 7 est-il adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'article 6 du poste 7: Construction de la route
transcanadienne, ponts compris. Adopté?
M. CHARRON: Non.
Construction de la route transcanadienne
M. CHARRON: M. le Président, nous avons déjà eu
l'occasion, lors de la demande par le gouvernement de crédits
supplémentaires en matière de voirie, à la fin du mois de
mars dernier, de reprendre, puisque nous l'avions fait dès l'annonce des
travaux, l'explication de notre point de vue.
Pour la première fois, d'ailleurs, nous aurons l'occasion
d'entendre, de la part du ministre, les réponses qu'il pourra fournir
à nos objections. Nos objections font maintenant, bien sûr,
annales dans le journal des Débats. Je dois dire que les
événements, depuis le 31 mars, pas plus que depuis l'annonce des
travaux en novembre dernier, ne nous ont convaincus que nous avions tort.
Au contraire, je pense que cette question est devenue, dans ce quartier
de Montréal en particulier et même dans l'ensemble de la ville,
mais évidemment plus dans les zones touchées, un des points
litigieux les plus forts qu'ait connu la ville de Montréal depuis un bon
bout de temps. J'en prendrais à témoin simplement une toute
petite anecdote. Il m'était donné, la semaine dernière, de
rencontrer des étudiants français qui sont venus ici dans le
cadre de l'Office franco-québécois. Un étudiant
français, qui était ici depuis trois ou quatre jours, m'a dit:
Mais qu'est-ce que c'est, cette histoire d'autoroute? Il m'a dit: Je vous le
demande à vous, parce que vous êtes député. Moi, je
lui ai retourné la question pour lui demander comment il se faisait
qu'il était déjà au courant. Il m'a répondu: Je
n'entends parler que de cela depuis que je suis arrivé.
C'est un fait que le Front commun, qui est né, je crois, trois ou
quatre semaines après l'annonce du projet, a considérablement
accru, d'abord, ses membres, en allant retrouver des assciations, des centrales
syndicales et autres groupements sur lesquels il ne comptait pas dès le
départ. Deuxièmement aussi, il a sensiblement élargi ses
assises populaires, dans le sens qu'il ne s'est pas contenté de faire un
regroupement pro forma de différentes associations, mais qu'il a bien
veillé également à ce que ces associations-là,
d'une part, vérifient le bien-fondé de leur position et que,
deuxièmement, elles aillent rencontrer la population pour être
bien sûres qu'elles la reflétaient.
C'est ainsi que dans le quartier de Maisonneuve, que représente
mon collègue de Maisonneuve au provincial et que représente, au
niveau fédéral, un autre adversaire de l'autoroute, le
porte-à-porte s'est fait de façon assez massive depuis environ
deux mois. A la surprise générale d'ailleurs, le
député de Maisonneuve aura l'occasion d'en parler un peu plus
tard lors de l'étude de ce sous-article il existe vraiment une
opposition fondée et qui est sur le point de passer à l'action.
Quand je parle de passer à l'action, je veux parler du type d'action qui
est prévu lundi soir, à Montréal. Ce sera une
deuxième assemblée publique, concernant le projet de l'autoroute,
et elle se tiendra en plein centre du quartier Maisonneuve.
Donc, si le Front commun regroupait des gens de plus en plus nombreux
chaque jour, approfondissait ses racines populaires au point d'être
véritablement le plus représentatif possible sur la question, il
gagnait aussi, dans des milieux habituellement assez étrangers à
ce genre de questions de voirie, lorsqu'elles n'ont pas une signification aussi
importante que celle-là, des appuis qui, jusque-là,
n'étaient absolument pas escomptés. C'est assez curieux parce que
l'appui populaire que gagne ce Front commun et, en fin de compte, tout le
mouvement d'opposition à l'autoroute est-ouest à Montréal,
on dirait qu'il s'accentue à la faveur des travaux.
Le ministre ou le sous-ministre pourra peut-être me corriger
tantôt, mais je ne crois pas que, depuis l'adoption du budget
supplémentaire, on ait entrepris ailleurs d'autres chantiers que ceux
présentement en cours, depuis le 31 mars. A toutes fins pratiques,
disons que, dans l'avancement de la pieuvre routière, on est rendu
à la rue Saint-Denis, actuellement. Par contre, si le Front commun avait
une crainte, au départ, que
des gens puissent se dire: Le travail est beaucoup trop avancé,
il ne nous sert à rien de nous opposer; nous n'arrêterons pas
cela, etc. Ce fut l'une des heureuses surprises du Front commun de s'apercevoir
que, plus le travail se concrétisait on ne peut pas être
plus concret que de faire un trou en plein milieu d'une ville plus il y
avait d'opposition.
Parce que là, vraiment, la menace n'est plus dans une promesse
gouvernementale qui prend habituellement des années à se
réaliser, mais elle faisait partie d'un programme d'urgence et il
était entendu que celle-là allait se réaliser un peu plus
vite. Comme d'ailleurs il y avait aussi de l'opposition, il était
intéressant de réaliser le plus vite possible ce genre de projet.
L'opposition augmente donc à peu près chaque jour.
C'est pourquoi, M. le Président, vous ne serez pas surpris
nous en avons déjà prévenu le ministre et le ministre a
d'ailleurs suffisamment de flair politique pour savoir que nous reviendrions
à la charge si nous reprenons actuellement en essayant de les
étoffer encore mieux si possible, parce que nous n'avons pas
réussi lors de l'adoption du budget supplémentaire, les arguments
de plus en plus nombreux qui nous sont fournis par des sources de plus en plus
compétentes, arguments qui nous amènent à nous opposer de
façon carrée à ce projet.
J'ai envie, si vous me le permettez, de vous signaler un texte qui est
signé d'un éditorialiste de Montréal. Le titre
n'était pas flatteur, on appelait ça un projet
d'incompétent. Je n'en ferai pas mon expression, M. le Président,
parce que ce n'est pas parlementaire, mais je lis un court paragraphe de cet
éditorialiste qui dit: "Avec cette autoroute, un large secteur de
Montréal, en plus de perdre un horizon de rues et de maisons,
obtiendrait un horizon de structures de béton qui, en outre de boucher
la vue, empoisonnerait l'atmosphère de pollution de l'air et de bruit.
Et ce n'est pas tout, des quartiers et des municipalités entiers
seraient éventrés, des dizaines de milliers de logements
détruits dans la ville du Canada qui manque précisément le
plus de logements." Enfin, on y dit que la construction de cette autoroute
Est-Ouest donnerait du travail, sans doute un peu, mais ce genre de travaux est
celui qui, vu la mécanisation actuelle, fournit le moins de travail aux
ouvriers comparativement à la construction domiciliaire.
On peut être d'accord ou pas d'accord sur les
énoncés de l'éditorialiste, mais je sais par exemple pour
avoir entendu certaines personnes sur ce qu'on appelle les "hot lines" à
Montréal différents postes de radio en ont maintenant
et en particulier mon collègue de Maisonneuve qui s'est rendu
à un "hot line" à l'émission de Frenchie Jarraud à
CKVL. Il y a eu très peu d'objection aux positions que nous avions
prises; au contraire, l'appui était plus fort qu'on ne l'aurait cru
à chaque moment. Vous voulez m'interrompre, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Puis-je demander au député de
Saint-Jacques qui a écrit cet article?
M. CHARRON: Il s'agit de Jean Lévesque, éditorialiste du
poste CKAC, du réseau Télémédia.
M. PINARD: Celui qui écrit les Antipropos?
M. CHARRON: C'est ça, celui qui a paru dans le Devoir.
Si j'ai commencé avec l'article de Jean Lévesque, j'aurais
pu commencer avec d'autres, mais c'est parce qu'il y avait condensé une
série d'oppositions. Si nous le faisons, c'est parce que ça
résume assez bien les réserves et, plus que ça, les
objections des députés du Parti québécois, en
particulier ceux des comtés concernés. Il s'agit, à
l'exception du comté de Sainte-Anne, qui est représenté
par un joueur des Alouettes, de comtés qui sont
représentés par des députés péquistes: le
comté de Saint-Jacques par moi, le comté de Sainte-Marie, le
comté de Maisonneuve et le comté de Bourget.
Ces objections et ces réserves, nous les avons fait valoir
à l'Assemblée nationale et aussi dans diverses réunions
populaires sur le sujet. J'ai eu l'occasion il y a quelque temps d'aller
témoigner, d'ailleurs avec un sous-ministre, je pense, si je ne m'abuse,
devant la commission d'audiences publiques que le Conseil de
développement social de Montréal a créée sur la
question de l'autoroute. J'y suis allé il y a à peu près
un mois et j'ai fait part tout simplement à cette commission
créée par une agence sociale, des objections que nous avions fait
valoir le 31 mars dernier, lors de notre débat de quelques heures.
J'ai fait part d'ailleurs à cette commission que pour moi un des
phénomènes qui me permettaient en tout cas d'augmenter mon
objection, c'était l'inquiétude que je sentais dans mon
comté, en particulier la zone touchée chez nous, dans le
comté, je dois le dire en toute honnêteté, M. le
Président...
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, est-ce que je pourrais savoir
combien de personnes étaient à cette assemblée?
M. CHARRON: Ce n'était pas une assemblée, c'était
une commission où à tour de rôle...
M. LAVOIE (Wolfe): Combien y avait-il de personnes quand même?
M. CHARRON: Je ne sais pas combien de personnes sont allées
témoigner. Enfin, je sais que moi, j'ai demandé à aller
témoigner, on m'a dit: Venez à cinq heures et demie.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce qu'il y en avait au moins dix?
M. CHARRON: Bien, on pourra, d'ici la fin
de l'étude des crédits, vous fournir ce renseignement. Je
ne suis pas au courant, ce n'était pas organisé par nous. Moi,
j'ai manifesté l'intention d'y aller et on m'a dit d'y aller à
cinq heures et demie. Quand je suis arrivé, il y avait une dame qui
était en train de témoigner, j'ai attendu.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais vous-même, lorsque vous y êtes
allé, est-ce qu'il y avait plusieurs personnes?
M. CHARRON: Non, j'y suis allé à cinq heures et demie,
moi. Ce n'était pas public, ce n'était pas nécessairement
public, c'étaient des experts, un peu comme le genre des commissions
parlementaires.
M. GIASSON: Ce n'était pas public, mais des observateurs
pouvaient tout de même assister aux audiences.
M. CHARRON: Je crois que oui.
M. LAFONTAINE: Il avait été annoncé dans les
journaux qu'il y avait à peine sept personnes.
M. CHARRON: Sauf qu'à la deuxième, celle qui a eu lieu
dans le quartier même, le quartier concerné, celle des 7 et 8 mai,
lorsque le député de Maisonneuve est allé présenter
au nom du Parti québécois son objection, il y avait environ 200
personnes dans la salle. La première séance, c'était
malheureusement fort mal situé, celle où moi je suis allé
témoigner, cela se faisait au monastère des Dominicains. Je ne
sais pas en quel honneur, ils ont été situer ça là,
mais c'était sur le chemin de la Côté Sainte-Catherine, ce
qui faisait que les gens concernés n'ont pas pu se rendre. Mais
lorsqu'ils sont allés s'installer dans le quartier Sainte-Anne,
c'est-à-dire là où les travaux sont...
M. PINARD: Les gens de la rue ne veulent pas se mêler aux gens
d'église.
M. CHARRON: Probablement. Et j'ai donc fait part à cette
commission du fait que mon bureau était submergé le jour
de bureau le lundi d'appels de gens qui s'inquiètent, qui se
demandent s'ils vont déménager et quand; puis la rumeur,
évidemment les cancans courent d'un côté et de l'autre.
L'îlot des Voltigeurs est la seule partie de mon comté qui est
concernée; je suis moins touché, je l'ai dit tantôt, ce
sont 150 personnes qui sont touchées actuellement, donc c'est d'elles
que je m'occupe, mais le cas est bien différent pour mon collègue
de Maisonneuve qui, lui, reçoit l'autoroute en plein front.
Cette inquiétude est grandissante pour le moment et je signale
tout de suite au ministre que les services installés sur la rue Craig
n'ont pas reçu de publicité; ils ne semblent pas d'ailleurs avoir
la documentation voulue pour répondre aux inquiétudes des
citoyens. Ce qui fait que, même lorsqu'on les réfère
à ce numéro de téléphone de l'édifice de la
rue Craig, très souvent l'appel du citoyen nous revient après,
parce qu'il n'a pas eu la sécurisation nécessaire après
avoir causé avec des fonctionnaires de votre ministère.
Alors j'ai fait mention que nous avions déposé un
mémoire devant la commission d'audiences publiques et, dans ce
mémoire, les députés signataires n'ont fait que reprendre,
peut-être plus systématiquement que dans leurs discours en
Chambre, les objections majeures qu'ils soulèvent devant ce projet. En
fait, il y a trois types de critiques distinctes et qui se détachent
très nettement dans nos positions. La première, elle est assez
globale, elle est quand même tout aussi fondée que n'importe
quelle autre, c'est sur le principe même d'une autoroute dans un
centre-ville d'un point de vue strictement urbaniste. D'autre part, dans une
optique économique, la priorité, pour un gouvernement à
court de moyens, qui a été donnée à une autoroute
sur d'autres projets collectifs d'urgence et nécessaires comme les
transports en commun, les habitations à loyer modique, la lutte contre
la pollution, le domaine des loisirs, etc, chacun des députés
membres de cette commission pourrait énumérer des
priorités plus urgentes que celle de l'autoroute est-ouest. Et
finalement, une objection plus matérielle, si vous voulez, celle qui
concerne le tracé choisi par le gouvernement.
Alors vous noterez que ces approches sont nettement de plus en plus
restrictives, mais nous nous opposons au projet d'autoroute au nom de toutes
les approches et pour les raisons que nous aurons l'occasion, au cours de
l'étude de ces sous-articles, d'expliquer encore mieux.
Le ministre a certainement pris connaissance d'un article qui est paru
dans le journal français L'Express, il y a quelques semaines, et qui
titrait d'une façon peut-être un peu dramatique, "La guerre entre
l'auto et la ville", parce qu'à Paris et à Marseille, Lyon,
même Bordeaux en France, on commence à connaître ce genre de
problème et on y sera tôt ou tard placé devant le
même choix que le gouvernement a tranché rapidement.
L'expression peut sembler, à première vue, excessive, mais
les contestations des urbanistes dégagés des schémas
d'aménagement urbain du début du siècle concordent
à peu près toutes. Le règne absolument tentaculaire que
l'auto mène à l'intérieur des villes devient de moins en
moins supportable pour les poumons, pour les oreilles, pour les yeux, pour les
déplacements et la vie sociale en général.
Je prenais connaissance je regrette de ne pas le connaître,
de le maîtriser complètement juste avant les débuts
des travaux de la commission cet après-midi, d'un article qui a paru aux
Etats-Unis du maire John Lindsay, de New-York, qui s'intitule je
pourrais en faire parvenir une copie au ministre pour ses heures
de loisir: "les villes peuvent-elles survivre." Il y prend assez
carrément, position contre ce genre de projet. Il dit que lui, tant
qu'il sera maire de cette ville, ce genre de projet est complètement
terminé.
M. PINARD: Quel projet?
M. CHARRON: Ce genre de projet d'autoroute en milieu urbain. Quant
à nous, il est indéniable que depuis une cinquantaine
d'années, l'aménagement de nos grandes villes a été
dicté par l'automobile. Tous les plans d'urbanisme ont été
marqués par le fait que l'augmentation du nombre d'automobiles obligeait
à restreindre sur un paquet d'autres urgences dans des grandes villes
comme la nôtre.
Le terme même de ville ne fait plus qu'évoquer les
ceintures de béton et d'asphalte, les feux rouges, les embouteillages,
l'oxyde de carbone, les stations-services, les terrains de stationnement, les
piétons traversant, peureusement, les intersections achalandées,
vraiment toute la ville, et en particulier dans notre quartier, a
été livrée au monstre qu'est devenu l'automobile.
Le mouvement est tellement puissant que sans même envisager ici
les mythes contemporains de l'automobile comme symbole de virilité, de
statut social financier, la plupart des gens qui en ont les moyens, se voient
obligés de sacrifier au dieu automobile, devenu indispensable pour se
déplacer en milieu urbain, en particulier pour transporter les bagages
ou même pour aller de porte en porte. L'automobile est indispensable,
actuellement, pour détenir une liberté minimale de mouvement.
Uniquement, parce que rien d'autre n'est en place pour la remplacer, si ce
n'est les transports en commun qui dans la plupart des villes sont encore
insuffisants et, chez nous en particulier, encore très mal
intégrés.
Pourtant, par la technique moderne, et on entend parler à chaque
jour, des porteurs rapides, peu coûteux, non polluants, existent. Mais,
le noeud qui bloque entre les découvertes techniques et la
décision politique, semble à peu près
indénouable.
M. PINARD: Vous citez un auteur, là.
M. CHARRON: Non, c'est un texte que nous avons...
M. PINARD: Un texte que vous avez préparé.
M. CHARRON: C'est ça.
M. BOSSE: Continuez, ça va bien.
M. CHARRON: Pardon?
M. BOSSE: Continuez, de la vraie rêverie, c'est très bien
votre affaire.
M. CHARRON: Très bien, ça concerne le taxi un petit peu
plus loin.
M. BOSSE: Bien, je comprends.
M. CHARRON: L'auteur du rapport Bossé serait certainement
intéressé.
M. BOSSE: C'est épouvantable ce charriage-là, dans la
ville.
M. CHARRON: Non, mais je voudrais bien entendre vos objections, si vous
en avez.
M. BOSSE: Bien écoutez, ce que vous êtes en train de
décrire, c'est quoi? C'est la cité futuriste?
M. CHARRON: Mais non, c'est la cité absolument moderne.
M. BOSSE: Il y a des réalités, quand même, qu'on
doit vivre aujourd'hui. Vous parlez toujours au nom des populations. C'est
assez étrange, que nous, on doit représenter quand même
quelque chose, ici, dans ce Parlement. On a reçu un certain nombre de
votes dans la ville de Montréal. J'ai comme l'impression qu'on en a
reçu même plus que vous en avez reçu...
M. CHARRON: J'espère que le député de Dorion n'a
pas comme conception que, parce qu'un parti s'est trouvé majoritaire de
façon temporaire, que toutes ses décisions reçoivent
l'appui populaire.
M. BOSSE: Pas nécessairement, mais je ne crois pas...
M. CHARRON: Il n'a pas parlé de l'autoroute Est-Ouest au moment
de votre...
M. BOSSE: Je ne crois pas non plus que le fait d'être minoritaire
au Parlement ou dans une ville donne le droit de dicter au gouvernement ou de
créer des embêtements inutiles volontairement. Parce que c'est un
peu l'impression qu'on a. C'est assez étrange de trouver toujours les
mêmes gens à l'intérieur de toutes ces associations ou de
tous ces organismes qui contestent. La majorité silencieuse, elle, ne
s'exprime pas...
M. CHARRON: On retrouve toujours les mêmes gens dans les
organismes qui dominent la société.
M. BOSSE: On retrouve, quand même, un paquet d'activistes qui sont
toujours derrière les mêmes associations ou diverses associations.
C'est assez étrange. Ce n'est pas nécessairement réaliste,
le type de critique que vous faites à l'heure actuelle. J'ai
plutôt l'impression que vous faites de la critique, pour faire de la
critique.
Or, je pense que vous n'avez pas été élu pour faire
de la critique pour le plaisir. Vous avez été élu, comme
nous, pour faire de la critique objective.
M. CHARRON: C'est exactement ce que je suis en train de faire.
M. BOSSE: Et tenant compte, évidemment... que vous fassiez de la
théorie durant des heures et vous renouvelez cela d'ailleurs, non
seulement sur le sujet de l'autoroute. C'est une espèce d'attitude que
l'on retrouve un peu partout où vous faites une critique. Souvent, on a
carrément l'impression de ce côté-ci de la table, que vous
faites de la critique qui est recherchée. Vous ne savez vraiment pas
où puiser vos arguments. Vous en prenez un peu partout. Là, vous
en avez cherché à New York. Probablement que vous allez trouver
aussi, dans quelques auteurs futuristes, des arguments valables pour
détruire les autoroutes.
M. CHARRON: J'aurai l'occasion tantôt, quand il me sera
donné de continuer, de répondre au député de
Dorion...
M. BOSSE: Je m'excuse d'avoir interrompu M. le député de
Sainte-Marie...
M. CHARRON: Le député de Sainte-Marie est prêt; il
aurait quelque chose à ajouter.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. BOSSE: ... comté que je connais bien d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... le député de Dorion est un
résidant du comté de Sainte-Marie. Ce que je voudrais bien faire
comprendre, c'est que l'opposition du Parti québécois au projet
de l'autoroute Est-Ouest, est-ce que le député de Dorion comprend
qu'on ne fait pas cela pour s'amuser et on ne fait pas cela pour étirer
le temps...
M. BOSSE: Le temps présent...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, laissez-moi finir. Nous
représentons une coincidence l'autoroute passe dans des
comtés péquistes. Nous sommes les députés des
comtés où passe l'autoroute. Voici...
M. BOSSE: Ce n'est pas une raison...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'ai la parole.
Voulez-vous me laisser finir, s'il vous plaît, mon exposé et
après ça vous prendrez la parole? Je l'ai demandée, la
parole, et j'ai attendu qu'on me la donne. Alors, je dois avoir le droit de
m'exprimer même si ça ne vous intéresse pas.
M. BOSSE: Je regrette, par exemple. Cette remarque-là, je ne
l'accepte pas. Cela ne m'intéresse pas! J'habite Montréal et
particulièrement le comté Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je veux vous dire une chose. Actuellement,
nous nous opposons à l'autoroute Est-Ouest parce que la population de
nos comtés s'y oppose. Et nous ne sommes pas seuls: la CSN, la FTQ,
l'Association des locataires, les comités de citoyens; et j'ai
assisté à une commission d'enquête par la
Fédération des oeuvres, une commission d'enquête où
on a eu une rencontre dans le comté de Maisonneuve. Des gens sont venus
exposer leurs problèmes. Ils sont venus nous dire pourquoi ils
étaient contre l'autoroute et je pense que leur argumentation est
valable. Parce qu'il n'y a pas seulement le coût de l'autoroute, il n'y a
pas seulement le côté esthétique, que ça peut
défigurer une ville, il y a tout un problème humain. Et ces
gens-là nous téléphonent à nos bureaux, ils ne
téléphonent pas au député de Dorion
l'autoroute ne passe pas dans son comté ils
téléphonent au député de Sainte-Marie, au
député de Saint-Jacques et au député de Maisonneuve
et ils viennent nous voir. Ils disent: On vous a élus, vous êtes
nos députés et nous sommes contre le projet de l'autoroute parce
qu'on n'est pas capable de déménager, parce qu'on va être
obligé de vivre à proximité de l'autoroute, parce qu'on va
être obligé de vivre dans une atmosphère polluée de
bruit, de monoxyde de carbone. Il y a toutes sortes de raisons. Ce sont ces
raisons-là qu'on fait valoir à la commission. Il ne s'agit pas
pour nous de retarder l'étude des crédits d'une journée,
de deux jours ou trois jours. Je pense qu'on peut dire que nous sommes les
porte-parole des populations de nos comtés et que nous exprimons ici ce
que les gens des comtés voudraient bien pouvoir exprimer s'ils en
avaient la chance. C'est tout simplement cela.
Et, dès le début, pour l'information du
député de Dorion, quand le ministre de la Voirie a sorti son
programme d'urgence à l'Assemblée nationale, avant de prendre
position, je me suis renseigné et j'ai attendu. J'ai
écouté les gens de mon comté et j'ai écouté
pourquoi ils s'opposaient à l'autoroute. Et j'en suis venu à la
conclusion qu'ils avaient raison de s'opposer à l'autoroute parce qu'on
charcute je vais dire comme le secrétaire d'Etat une ville
en deux: on détruit des centaines pour ne pas dire des milliers de
logements à prix modique et ces gens-là, pour la plupart, on ne
s'est même pas occupé de les loger de nouveau ailleurs. Il y a des
gens qui sont venus à la commission, qui ont exposé leurs
problèmes. Ils ne savent pas où ils vont aller. Et d'autres
savent qu'ils vont rester là, dans les rues adjacentes à
l'autoroute et déjà ils vivent dans une atmosphère
polluée. Cela, on l'a dit à l'étude du budget
supplémentaire, cet hiver.
On recommandait même aux gens de ce
coin-là de ne pas sortir de leur demeure parce que le
degré de pollution était tellement élevé qu'on leur
recommandait de ne pas sortir. On ajoute en plus une autoroute où il est
prouvé que la pollution et le bruit vont augmenter. Ces gens ont des
familles et vont être obligés de vivre là. C'est là
qu'est le problème. Le type qui est capable de déménager,
puis s'acheter une maison ailleurs, ce n'est pas un problème pour lui.
On va exproprier sa propriété et il va aller demeurer dans un
autre quartier. Mais le type qui habite un logement de $45 par mois et qui
retire un salaire de $60 par semaine, il n'a pas les moyens. Et en plus, on va
l'empoisonner lentement. C'est cela l'autoroute du bas de la ville. Ce que je
veux bien faire comprendre au député, ce n'est pas le Parti
québécois qui s'oppose à l'autoroute. Ce n'est pas le
Parti québécois seul. Le ministre, hier, parlait du Parti
québécois qui s'opposait à l'autoroute. Le Parti
québécois fait partie d'un groupe d'organismes qui s'opposent
à l'autoroute. Nous sommes les députés de ces
comtés et c'est notre devoir de protéger la population et
d'être leur porte-parole. Je pense, ce qu'on dit ici, que nous sommes les
porte-parole des électeurs des comtés de Saint-Jacques,
Sainte-Marie, Maisonneuve. C'est aussi simple que cela. Ce n'est pas le
député de Dorion qui va m'empêcher d'être le
porte-parole de mes électeurs.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Dorion s'il vous plaît?
M. BOSSE: Certainement!
M. LAVOIE (Wolfe): A la suite de ce que vous avanciez tantôt,
est-ce que vous vouliez dire que, lorsque le gouvernement décide de
bâtir une autoroute, le Parti québécois suit les mouvements
qui sont contre et aussi que le Parti québécois suit les
mouvements qui sont pour la Transquébécoise. Pour autant qu'il y
a un mouvement quelque part, ils joignent ce mouvement pour être contre
ou pour.
M. BOSSE: Il me parait très évident, pour répondre
à votre question, que politiquement, je ne conteste pas que ce soit le
rôle d'un parti de l'Opposition, un des quelconques partis de
l'Opposition, de contester évidemment tous les travaux qui peuvent
être faits. Ce me paraît, à tort ou à raison,
systématique que l'on recherche en somme la mauvaise partie de ce qui
peut se faire sur les travaux qui se veulent constructifs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On n'a pas critiqué la
Transquébécoise.
M. BOSSE: Il est évident, dans ce cas-ci, que vous critiquez
à peu près... Ecoutez, c'est normal qu'un parti de l'Opposition
fasse de la critique. Maintenant, il y a la partie objective de la critique
aussi. C'est évident que, dans des grands travaux comme ceux d'une
autoroute dans une grande ville, cela crée des ennuis, que cela doit
amener la destruction de certaines propriétés, etc. C'est
évident que cela cause des ennuis, que cela cause des malaises pour une
certaine population.
Dans le cas, si vous me le permettez, de la population de Sainte-Marie,
c'est assez évident que là où l'autoroute passe, on a
affaire à une population surtout d'indigents. Le député de
Sainte-Marie le sait très bien. Je sais que cela n'est pas, à ce
moment-ci, pour autant que l'on trouve des logis convenables pour ces gens,
faire une situation plus mauvaise que celle qui existe, que de détruire
ces propriétés. Ces propriétés sont
déjà, en majorité en tout cas, des taudis comme tels.
Donc, transporter ces gens ailleurs, c'est évident que cela causse aussi
des ennuis, cela fait des déplacements.
Par contre, sur le plan de la pollution, à l'intérieur de
ce territoire, si le député de Sainte-Marie veut être
logique avec lui-même, il va commencer par demander le
déménagement des industries, entre autres, la MacDonald Tobacco
qui n'est pas loin et qui doit polluer quelque peu l'air dans son comté.
Il va demander le transfert de ces industries à partir de ce
comté-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est le travail du gouvernement, cela.
M. BOSSE: C'est cela, c'est le travail du gouvernement quand c'est le
temps de faire des choses positives et lorsque le gouvernement a fait des
choses positives, c'est évident que cela peut être le travail de
l'Opposition que de faire des critiques objectives...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous l'avons toujours fait.
M. BOSSE: Encore, doit-elle être objective! En ce qui a trait
je veux relever quand même, un petit moment je veux relever
la remarque du député de Sainte-Marie lorsqu'il dit: Evidemment,
la CSN, la FTQ, certains comités de citoyens. Moi, permettez-moi, comme
étant un gars qui en connaît de ces comités et de ces
organismes de vous contester la représentativité de
ceux-là dans ce contexte-ci. Permettez-moi de contester la
représentativité de ces groupes. Dans ce cas-ci en tout cas. Je
connais ces organismes et je sais la structuration et l'utilisation qu'on peut
faire d'un nom pour l'utiliser à des fins destructives.
Dans ce cas-ci, pour moi, c'est clair, c'est apparent, l'autoroute, on
n'en veut pas. On utilise tous les moyens. On va chercher quelques gars. Ce
n'est pas parce que le Conseil central de Montréal vient nous dire que
l'autoroute, c'est mauvais que ça va me convaincre. Je le connais, le
Conseil central de Montréal, ses organismes et aussi certains
comités de ci-
toyens. Les comités de citoyens, en règle
générale, j'en suis, je crois que ce sont des organismes faits
pour...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous me permettez une
question?
M. BOSSE: Non. Pas tout de suite. Si vous me le permettez, je vais
continuer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord. Je vous l'ai demandé.
M. BOSSE: Ces comités de citoyens, en règle
générale, sont valables dans la mesure où ils ne sont pas
évidemment animés par des agitateurs spécialisés.
C'est peut-être l'exception, mais c'est l'exception de trop qui confirme
la règle. Pour ma part, je ne connais pas de comités de citoyens
qui ont contesté dans ce cas-ci. Je ne porterai donc pas de jugement.
Mais je me réserve en tout cas le droit de le contester en temps
opportun après avoir vérifié qui, à
l'intérieur de ces comités, fait de la contestation. Ceci
étant dit, messieurs, vous pouvez dire ce que vous voulez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais vous poser une question, si vous
connaissez la réponse. Probablement que oui. Est-ce que vous êtes
au courant que la CSN et la FTQ...
M. BOSSE: Quand vous parlez de la CSN... Ne me dites pas que c'est la
CSN. Ce n'est pas vrai. C'est le Conseil central. Faites la distinction! Ayez
l'honnêteté de la faire. Trop de gens charrient ce qui se fait
actuellement à Montréal, par exemple, par le Conseil central. Ils
disent que c'est la CSN. Or, ce n'est pas la même chose.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le conseil central de la CSN est un
organisme de la CSN.
M. BOSSE: Dites-le honnêtement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous savez qu'avant de se
prononcer contre l'autoroute Est-Ouest, il a fait des études? Il a
présenté des mémoires. Il n'a pas fait cela à peu
près. Il a étudié le problème, les
conséquences d'une autoroute. Il a soumis des mémoires. Il nous a
dit pourquoi il était contre, l'autoroute tout simplement. Je pense que
c'était son droit. J'espère que vous n'enlèverez pas au
Conseil central de Montréal le droit de prendre position sur des choses
importantes comme cela.
M. BOSSE: Vous connaissez trop mon sens de la démocratie pour
enlever à qui que ce soit le droit d'émettre une opinion et de
contester une décision.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je connais votre sens de la
démocratie, mais je commençais à avoir des doutes.
M. BOSSE: N'ayez pas de doutes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le Conseil central de Montréal, c'est
la CSN, je crois.
M. BOSSE: Je regrette. Le Conseil central de Montréal est
affilié à la CSN, mais c'est un organisme autonome,
réunissant et groupant tous les syndicats de la région de
Montréal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, mais dans la CSN.
M. BOSSE: Tous ne sont pas nécessairement
représentés à l'intérieur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela n'intéresse pas les gens,
l'affaire des...
M. BOSSE: Cela intéresse les gens de savoir qui, à
l'intérieur du Conseil central, fait toutes ces histoires. Or, sont-ils
tous représentés? Quand on sait qu'il y a des syndicats qui ne
paient même pas leur contribution au Conseil central de Montréal
par contestation, à l'heure actuelle, contre le Conseil central. Il
faudrait peut-être qu'il y en ait qui sachent aussi que le Conseil
central est lui aussi contesté.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien entendu, tout est contesté.
M. GAGNON: Mais le député de Sainte-Marie
simplement une question a parlé tout à l'heure d'un
secrétaire d'Etat. Quel est ce monsieur?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Pelletier, député
d'Hochelaga, un certain écrivain qui n'est pas très
populaire.
UNE VOIX: Quel Pelletier?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Gérard Pelletier, le
secrétaire d'Etat, qui a dit que c'était de la charcuterie de
passer l'autoroute où était le tracé...
M. BOSSE: Le terme utilisé prouve qu'il est poète.
M. CHARRON: Son livre d'ailleurs le prouve encore mieux.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Sainte-Marie
pourrait me dire pourquoi le Conseil central s'est prononcé contre
l'autoroute Est-Ouest?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Parce qu'il y voit les mêmes
inconvénients que nous et que tous les autres organismes.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Sainte-Marie
pourrait me dire pourquoi le Conseil central de Montréal a
commencé à contester en 1970 ou 1971, lorsqu'on sait que
l'entente de la Transcanadienne à Montréal a été
signée en 1964? J'ai ici une photocopie de l'entente qui a
été signée le 14 octobre 1964, en présence de
Jean-Paul Deschâtelets, ministre des Travaux publics du temps à
Ottawa. Cela a pris exactement sept ans à la CSN pour contester un geste
qui était posé...
M. CHARRON: Il y a des tas d'ententes qui sont signées. Les
citoyens n'ont pas à manifester chaque fois qu'il y a une intention du
gouvernement. Chacun sait que les études...
M. LAFONTAINE: Lorsque l'entente provinciale-municipale a
été signée à Montréal, il y a eu
énormément de publicité autour de la Transcanadienne
à Montréal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour répondre au député
de Labelle, j'aimerais poser une question. Chaque fois que le ministère
de la Voirie, sous son administration ou sous l'administration actuelle, adopte
un projet, si les gens qui sont contre un tel projet commençaient
à contester, il y a des fois qu'ils contesteraient pendant dix ans.
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On en fait des projets qui ne se
réalisent pas toujours. Ils auraient commencé, depuis sept ans,
à contester. Ce que je trouve drôle, c'est qu'à
l'étude des crédits supplémentaires, l'ancien ministre de
la Voirie a critiqué le tracé. Il a même
suggéré qu'on le passe sur la route 3, au sud.
M. LAFONTAINE: Non, M. le Président. J'ai dit que la route
transcanadienne, dans les faits, existait de l'autre côté. Le
gouvernement du temps avait passé une entente
fédérale-provinciale avec le gouvernement d'Ottawa. Je
blâmais le gouvernement fédéral de ne pas tenir ses
promesses. J'ai ici l'entente fédérale-provinciale passée
entre la ville de Montréal, le gouvernement provincial et le
gouvernement fédéral, dans laquelle on dit: "Considérant
qu'à ces fins le gouvernement du Québec a proposé au
Canada la modification du tracé de la route transcanadienne sur
l'île de Montréal; considérant que le Canada a
accepté le principe du parcours...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je me souviens, etc.
M. LAFONTAINE: Mais je ne critiquais pas la politique de construire la
Transcanadienne dans la ville de Montréal. Je critiquais le gouvernement
fédéral qui laissait tout simplement tomber la ville de
Montréal et le gouver- nement provincial après avoir
engagé le gouvernement provincial à signer un contrat avec la
ville de Montréal.
UNE VOIX: Dans le journal...
M. LAFONTAINE: Ce que je dis, à ce moment-ci, il est
évident comme dirait le député de Saint-Jacques
que la population n'est pas saisie, à chaque moment, d'un geste
que le gouvernement fait. Mais, je me souviens très bien qu'en 1964,
l'entente fédérale-provinciale a reçu une publicité
monstre. En 1966, lorsque j'ai été assermenté ministre de
la Voirie, une contestation s'est faite dans la ville de Montréal parce
que je n'allais pas assez vite pour construire la route transcanadienne
à Montréal. Hier, à la commission de la Voirie, j'ai
entendu une autre contestation, à l'effet que le gouvernement n'allait
pas assez vite dans la Transquébécoise.
Et je tire comme conclusion que lorsque le gouvernement commencera
à aller assez vite dans la Transquébécoise, on formera des
mouvements de contestation blâmant le gouvernement de construire la
Transquébécoise parce que...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A ce moment, le député, dans
l'autre comté, était un député qui était du
côté du pouvoir. Il n'était pas pour contester les projets
du gouvernement.
M. LAFONTAINE: A ce moment-là, la contestation vient de la
deputation PQ et non pas des comités de citoyens.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous, nous sommes des porte-parole des gens
du comté, actuellement. Nous ne sommes pas obligés d'appuyer tous
les projets du gouvernement.
M. CHARRON: La différence entre la Transquébécoise
et l'autoroute, est que la Transquébécoise correspond et
depuis longtemps, le ministre de la Voirie le sait parce qu'il avait eu
l'occasion de prendre les décisions nécessaires et il ne les
prenait pas à un besoin de la population. Elle est attendue. Les
comités de citoyens se forment pour la réclamer. A
Montréal les comités de citoyens se forment pour la
déconcer et la refuser. C'est différent.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député...
M. CHARRON: Je reprends l'exemple du député de Labelle qui
dit que ça a été signé en 1964. Donc, ils auraient
dû contester depuis ce temps. Depuis l'annonce de la...
M. LAFONTAINE: C'est parce que je trouve...
M. CHARRON: ... route de ceinture de la
Gaspésie, si les Gaspésiens contestaient, ça ferait
un bout de temps qu'ils contesteraient.
M. LAFONTAINE: En 1965 ou 1964, en dessous de la gare Bonaventure, en
dessous de l'hôtel Reine-Elizabeth, il y a un complexe routier valant $22
millions qui n'est pas apparent. Il est bâti. Il ne reste qu'à
s'en servir. Je n'ai jamais entendu, en 1964, 1965, 1966, personne contester la
construction de cet échangeur de circulation, le plus gros au monde, en
tunnel. Il faut attendre, en 1971, qu'on remette tout en question, lorsqu'il y
a au-delà de $100 millions de dépensés présentement
sur la Transcanadienne.
Maintenant le député de Saint-Jacques dit : A cause de la
pollution, etc. Est-ce que le député de Saint-Jacques
connaît la ville qui a la densité de circulation la plus grande
dans toutes les provinces canadiennes? La ville la plus densément
peuplée de toute l'Amérique du Nord est la ville de
Montréal. D'ailleurs le ministre de la Voirie a un document que
j'aimerais qu'il lise.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que le député par son
argumentation veut nous dire que l'autoroute Est-Ouest diminuera la
pollution?
M. LAFONTAINE: Quand je vois le Parti québécois contester
la construction de la Transcanadienne à Montréal, j'ai
l'impression que le Parti québécois veut scléroser la
ville de Montréal. Où je blâmais le gouvernement, lors de
l'étude des crédits supplémentaires, c'est pour ceci:
l'entente de la Transcanadienne a été signée. Nous aurions
pu, à ce moment, réclamer du gouvernement fédéral
ce qui en a coûté pour construire l'autoroute no 3, sur la rive
sud, on ne l'a pas fait. A un moment donné, la Transcanadienne passait
sur le boulevard Métropolitain. Il a été question, dans le
temps de l'ancien gouvernement libéral, que le gouvernement
fédéral paie 50 p. c. du boulevard Métropolitain, mais le
tracé a été changé par la suite pour prendre le
tracé est-ouest, la trouée dans la ville de Montréal,
comme d'ailleurs le boulevard Décarie. Je n'ai pas entendu de
municipalité de l'ouest de la ville de Montréal blâmer la
construction du boulevard Décarie à Montréal,
c'était utile.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'était pas le même
problème. Ce ne sont pas les mêmes résidants. Ce n'est pas
la même population. Vous n'avez pas le même niveau de vie; des gens
qui ont été expropriés sur le boulevard Décarie et
les gens qui vont être expropriés...
M. LAFONTAINE: Autrement dit, cela existe seulement pour les gens de
l'ouest et non pas pour les gens de l'est de Montréal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non.
M. LAFONTAINE: J'entends le député de Sainte-Marie, j'ai
entendu le député de Dorion qui se dit résidant du
comté de Sainte-Marie... J'ai été résidant du
comté de Maisonneuve pendant 25 ans. Je connais aussi l'est de la
ville.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous semblez oublier que les gens qui vont
être déplacés dans Sainte-Marie ou dans Maisonneuve, ce
n'est pas la même classe de gens que ceux qui ont été
déplacés quand on...
M. LAFONTAINE: A ce moment-là, si vous voulez attaquer le
gouvernement sur sa politique de relocalisation des gens, c'est un autre
problème.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vont-ils être logés ailleurs?
A-t-on prévu tout ça?
M. BOSSE: Je reviendrai sur un point et je serai d'accord avec le PQ,
sur un point, sur la relocalisation des populations. Je serai d'accord avec le
PQ. Je pense qu'il est important qu'on ait une politique très humaine
pour relocaliser ces populations. Cependant, je pense que c'est un double
service à rendre à la ville de Montréal que de
démolir certaines de ces constructions dans les quartiers et dans les
comtés où l'autoroute va passer et particulièrement dans
les comtés de Sainte-Marie, Saint-Jacques et Maisonneuve. Je connais
suffisamment ces quartiers pour voir là une occasion dans la mesure
où on aura une politique d'habitabion et de construction d'habitations
nouvelles parce que beaucoup de ces propriétés, dans ce coin,
font que les gens qui vivent là sont soit des indigents, soit des gens
en difficulté. Au prix où on paie les loyers, à $45 par
mois, c'est très évident qu'on a affaire à des taudis. Ce
ne sont peut-être pas toutes les propriétés, mais une bonne
partie des propriétés.
M. CHARRON: En réponse au député de Dorion en
même temps, au début de l'exposé qui est maintenant
viré en débat, je n'ai aucune objection, non plus, j'ai
signalé que nous traiterions de ce point de vue. C'est un des trois
points de notre objection à l'autoroute. J'étais à parler
de l'objection de principe qu'on a et j'espère que le
député de Dorion ne se veut pas à ce point pragmatique. Il
y a une conception du pragmatisme qui oublie d'aborder parfois le
problème de fond c'est-à-dire celui qu'il y a une autoroute
pour employer l'expression du député de Labelle qui
vient faire une trouée à travers la ville de Montréal.
C'est une objection. Là-dessus, le député de Dorion ne
nous rejoint peut-être pas. Peut-être que dans ses conceptions,
parmi les urbanistes qu'il a consultés avec le ministère de la
Voirie, peut-être que dans ses discussions, peut-être que, parmi
les savants qu'il a rencontrés, il a trouvé des hommes qui sont
pleinement capables de défendre le principe d'une autoroute à
l'intérieur d'une ville en
1971, peut-être. A ce moment-là, je serais très
intéressé. Si le député me permet de dire: Moi, ce
que j'ai trouvé et je n'en ai pas trouvé qui
défendaient le principe d'une autoroute en centre urbain en 1971
et c'est pour ça que je serais très intéressé
d'échanger avec le député de Dorion, avec le ministre de
la Voirie qui a dû certainement en consulter aussi, pour prendre cette
décision-là.
J'étais sur le premier point d'un exposé. Peut-être
que nous tomberons d'accord avec le député de Dorion ou que le
député de Dorion sera d'accord avec nous. Pour le moment, et je
crois, M. le Président, que j'en ai tout le loisir d'expliquer
l'opposition de principe que nous avons à cette autoroute-là. Je
serais très heureux d'entendre n'importe quel député
ministériel ou des deux autres partis de l'Opposition défendre le
principe d'une autoroute en centre urbain. Je pense que la commission a
pleinement le droit de répondre à ce défi-là.
M. LE PRESIDENT: Si vous me le permettez, j'aimerais bien faire une
remarque au député de Saint-Jacques, même à d'autres
si cela les concerne. Je suis peut-être bouché, mais je me demande
si on est ici pour faire un débat idéologique ou bien pour
discuter de crédits. Il me semble que ce qui s'est discuté
jusqu'à maintenant, c'est pas mal loin des crédits de la
Voirie.
M. CHARRON: M. le Président, mettez ces termes-là. Je suis
en train d'expliquer pourquoi nous sommes contre l'adoption du budget à
l'article 6.
M. LE PRESIDENT: A moins que je ne comprenne pas, il me semble qu'en
Chambre, lorsqu'un bill est présenté, c'est là qu'on
discute les principes du bill. Depuis que nous sommes ici cet
après-midi, nous avons discuté de principes de bill. Nous n'avons
pas discuté de crédits.
M. CHARRON: Il n'y a pas eu de bill présenté sur
l'autoroute...
M. LAFONTAINE: L'intervention du député de Saint-Jacques
est complètement pertinente au débat. C'est l'endroit pour en
discuter et non pas en Chambre. C'est normal.
M. CHARRON: Il n'y a pas eu de bill de présenté sur
l'autoroute.
M. LAFONTAINE: Et, je pense que, d'après les règlements de
la Chambre, le député de Saint-Jacques peut parler de ce point
pendant une heure.
M. LE PRESIDENT: Oui. Il a probablement le droit, mais c'est une
remarque que je fais, en passant. Si on passe notre temps à discuter
d'idéologie, on ne discutera jamais de crédits.
M. CHARRON: Le président connaît-il...?
M. LE PRESIDENT: Je demande la coopération des membres.
M. CHARRON: Le président connaît-il un autre endroit
où je pourrais exercer tous mes droits?
M. LE PRESIDENT: Je demande votre coopération...
M. LAVOIE (Wolfe): Quand on va à la Chambre, on se fait dire: On
reparlera de ça aux crédits.
M. LE PRESIDENT: Je demande votre coopération parce que,
premièrement, vous avez déjà eu l'occasion de vous
exprimer et vous l'aurez encore.
M. CHARRON: Quand, M. le Président? M. LE PRESIDENT: En
Chambre.
M. CHARRON: A quelle occasion? Il n'y a pas de projet.
M. LE PRESIDENT: La semaine prochaine, on le
référera...
M. CHARRON: Vous avez une expérience parlementaire plus vaste que
la mienne...
M. LE PRESIDENT: D'ailleurs, ça a été
discuté longuement déjà. Ce n'est pas une obligation, vous
avez le droit, c'est sûr, mais je demande votre coopération.
M. BOSSE: M. le Président, lors de mon interruption du savant
exposé de mon confrère de Saint-Jacques, ce n'était pas
évidemment pour l'empêcher de s'exprimer ou de le censurer.
Personnellement, je suis pleinement d'accord aussi que c'est l'endroit
approprié. Je suis un de ceux qui croient que les commissions doivent
servir à l'expression totale et entière. Cela prendra le temps
que ça voudra. Mais qu'on s'exprime ici, quitte à ce qu'on se
dise des choses où on diffère d'opinion. C'est l'endroit
approprié, pour ma part. Mon intention n'était pas de
l'empêcher de s'exprimer.
Je lui disais au tout début qu'il charriait
légèrement. Je continue d'avoir cette opinion. Cependant,
ça ne doit pas l'empêcher de continuer à charrier.
M. LE PRESIDENT: Je suis entièrement d'accord là-dessus,
mais il ne faudrait quand même pas répéter et
répéter les mêmes choses, parce qu'à ce
moment-là...
M. CHARRON: M. le Président, j'ai l'impression...
M. LAFONTAINE: M. le président, vous avez tout de même le
pouvoir de limiter son
droit d'intervention à une heure, ça me ferait
plaisir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On étudie les crédits de $82
millions pour cette autoroute?
UNE VOIX: C'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On a le droit d'en discuter, du principe de
l'autoroute.
M. BOSSE: Cela va faire du bien au comté de Sainte-Marie.
M. LE PRESIDENT: J'ai tout simplement demandé votre
coopération, je n'ai jamais voulu...
UNE VOIX: Economiquement?
M. CHARRON: J'ai l'impression, M. le Président, que dans votre
remarque concernant les travaux de la commission, vous jugiez en même
temps les arguments que j'apportais.
M. LE PRESIDENT: Bien non!
M. CHARRON: Si une partie des arguments que j'ai annoncés
étaient d'ordre de principe, c'est mon choix et mon droit de les
exprimer.
M. LE PRESIDENT: C'est sûr.
M. CHARRON: Il peut arriver à un autre moment que notre
opposition soit tout à fait matérielle et là,
peut-être qu'on répondra à votre désir. Mais dans le
cas actuel...
M. LE PRESIDENT: J'ai demandé votre coopération pour ne
pas répéter à maintes reprises la même chose, c'est
tout. Ce qui est dit est dit, ça ne servira pas à autre chose, si
vous répétez dix fois.
M. CHARRON: M. le Président, j'étais à dire qu'on
décelait derrière les paroles du ministre de la Voirie ou du
premier ministre sur l'autoroute Est-Ouest, une attitude mentale profonde qui,
plus que tout, sans doute, est à la base de la décision qu'ils
ont prise en novembre dernier. On sent qu'implicitement, ils sont incapables de
se décentrer de l'impérialisme automobile. Ils sont
peut-être accessibles, ils nous l'ont montré, aux critiques sur le
tracé, à celles de la possibilité de consacrer des sommes
à autre chose. Mais, dès que le principe même d'une
autoroute au centre-ville est évoqué, on dérape.
On dirait que le parti ministériel le député
de Dorion vient de nous en donner la preuve est encore braqué sur
une conception d'une ville utopique et modèle des années 1940,
où chaque rue serait une autoroute, où la ville serait une vaste
plaine d'asphalte, si on poussait la logique au bout. Nos dirigeants ne sont
plus sur la longueur d'ondes des grandes villes modernes qui se
développent. Quand on pense que le maire Lindsay songe
sérieusement, et il le dit dans son texte, à interdire la
circulation automobile dans tout le sud de l'île de Manhattan, c'est
qu'il est en train de choisir une nouvelle série de valeurs pour la
conception de la vie urbaine, alors qu'une pareille décision, avant le
raz-de-marée automobile qu'ont amené les autoroutes à
l'intérieur de la ville de New York, aurait paru à peu
près, pour employer le vocabulaire du député de Dorion,
utopique, délirante, etc.
Mais, actuellement, c'est un maire responsable qui fait face à un
problème. Il se dit qu'on a trop longtemps sacrifié à
l'automobile. Elle a rendu la vie invivable. Il faut maintenant l'exclure de
notre vie parce que la ville est d'abord faite pour des humains, avant
d'être faite pour des automobiles.
M. BOSSE: Qu'ils commencent à en donner une à chaque
famille au moins, au Québec.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Saint-Jacques?
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. LAVOIE (Wolfe): Quelle est sa solution? Où voudrait-il que
cette route passe? Sur la rive sud, ou pour décongestionner la
circulation si vous voulez? Avez-vous une solution à proposer?
M. CHARRON: Nous aurons l'occasion, c'est-à-dire que mon
collègue de Maisonneuve aura l'occasion, un peu plus tard, au cours des
travaux de la commission d'aborder le troisième point qui est celui qui
concerne le tracé même de l'autoroute.
M. LAVOIE (Wolfe): D'accord.
M. CHARRON: Alors, M. le Président, je dis que ce qui est encore
plus grave, c'est que le problème de l'autoroute Est-Ouest est
discuté, en soi, comme s'il ne suffisait pas à lui-même. En
procédant de cette façon, nous oublions le plus important,
c'est-à-dire de replacer cette autoroute dans tout le contexte de
l'aménagement de la grande ville de Montréal. Penser à
cette autoroute révèle plus que tout que les gouvernements n'ont
aucune politique d'aménagement pour la ville de Montréal à
l'échelle d'un budget gouvernemental plus élevé. Il
s'agit, bel et bien, d'une bonne vieille "politiquette" de bouts de chemin,
sans planification aucune sinon entre les divers bouts de chemin. Tout ceci
veut d'abord dire que nous nous opposons à cette autoroute parce
qu'à la suite des expériences internationales en ce domaine,
à la suite des constatations et des prédictions de la
plupart des urbanistes et des spécialistes de la ville, nous
contestons la place que l'actuelle politique d'aménagement fait aux
routes, en général, à l'intérieur des villes,
contradictoire, selon nous, avec le mode de développement que devraient
épouser désormais les grandes villes comme celle de
Montréal.
Pour prendre un exemple, la ville parfaitement "automobilisée",
si le mot est français, peut se trouver dans l'exemple de la ville de
Los Angeles. Cette ville-là compte plus de 700 milles d'autoroute en
périphérie ou au centre de la ville. Par rapport aux besoins de
la population et à l'espace occupé, c'est la plus forte
concentration mondiale d'asphalte. Inversement, pour ceux qui ont eu l'occasion
d'y aller, les transports collectifs, vous l'aurez découvert, sont
quasiment inexistants si bien qu'on pu dire qu'il est impensable de survivre
à Los Angeles sans automobile. Conséquences négatives, on
connaît l'intensité dramatique du "smog", de nuages de pollution
atmosphérique qui tuent indirectement des centaines de gens par
année; le "smog" de Los Angeles, le pire au monde, est causé
à 65 p. c. , selon les statisticiens des Etats-Unis, par les gaz qui
s'échappent des automobiles.
D'autre part, la pénurie des transports collectifs dans cette
ville-là se fait tellement sentir que le maire de Los Angeles a
déclaré et vous pouvez retrouver cette citation dans "L'Express"
du 3 novembre 1969, page 66: "La meilleure solution à tous ces maux
serait la construction, comme à San Francisco, d'un "rapid transit
system", une sorte de métro futuriste dont on entend souvent parler et
qui aura 140 kilomètres de voies". Alors, la situation de Los Angeles
illustre l'extensibilité presque sans fin de la quantité d'autos
en circulation. Devant les embouteillages et la congestion, le premier
raisonnement qui vient à l'esprit est: Construisons d'autres voies
rapides. Mais par la suite, ces voies rapides se congestionnent elles aussi, au
fur et à mesure de leur aménagement. A Montréal, si nous
considérons deux des grandes voies rapides actuelles, le boulevard
Métropolitain et le boulevard Décarie, il appert qu'ils
fonctionnent constamment à la limite de leur capacité
d'absorption maximale du flot automobile. "Du lundi au vendredi, ces deux
routes sont surchargées au-delà de ce qu'elles peuvent porter".
C'était dans la Presse du 16 février 1971, dans l'article qui
s'appelait "Les voies rapides le sont-elles vraiment? " Ce qui nous fait
dire... Premier argument: Puisqu'elles sont surchargées, faisons-en une
autre. Combien de temps se produira-t-il avant que nous ayons besoin de
construire une autre autoroute pour soulager la circulation trop dense et
congestionnée sur l'autoroute Est-Ouest qui sera en fonction? C'est
comme un cercle vicieux dans lequel les grandes villes se sont
embarquées, une après l'autre. Tôt ou tard, la nouvelle
voie qui vient pour échapper à une voie congestionnée se
trouve elle-même congestionnée parce que c'est une invitation
à l'automobile. Par rumeur, les citoyens se disant: Puisque
désormais il y a des autoroutes, je peux utiliser mon auto pour aller en
ville, il en vient de plus en plus. Nous sommes encore surchargés et je
ne suis pas urbaniste, M. le Président, je ne suis qu'un citoyen de la
ville de Montréal. Mais advenant la fin des travaux, selon le plan
tracé de l'autoroute Est-Ouest, actuellement, je ne donnerais pas un an
au gouvernement, quel qu'il soit à ce moment-là pour avoir
à prendre une décision à savoir s'il ne fait pas une autre
autoroute pour décongestionner celle d'est-ouest qui aura le nom qu'on
voudra, par exemple, en empruntant la route 3 sur la rive sud de
Montréal.
En d'autres termes, les voies rapides ne font pas qu'absorber et
soulager la circulation automobile, souvent elles la créent.
Le flot d'automobiles grandit au fur et à mesure qu'on lui ouvre
des voies. Le processus, que j'appelais tantôt cercle vicieux, n'a plus
de limite. Si ça continue, les villes deviendront une vaste plaine
d'asphalte.
Quand on étudie ce problème, et les urbanistes qu'on a eu
l'occasion de lire, proposent des solutions. Il y en a une qu'on appelle, la
plupart du temps, la solution collective. C'est complètement à
l'autre bout de l'échelle que celle employée par le ministre de
la Voirie actuel. On conçoit la cité comme commence à la
concevoir d'ailleurs le maire Lindsay, comme étant un endroit où
les habitants se déplacent uniquement par les transports collectifs et
en particulier le métro. Cette formule a des avantages que nous
reprendrons plus loin sour une forme mitigée, mais je souligne
immédiatement ces désavantages par rapport à l'automobile.
Deux pays retiennent notre attention à ce propos. La France, dès
le début du siècle, construisait le métro de Paris et
consolidait en même temps le meilleur système de transport
ferroviaire au monde avec le Japon d'aujourd'hui. Des trains rapides, en grand
nombre, desservent toutes les banlieues parisiennes.
Dans le même sens, les Suédois ont installé, pour
desservir Stockholm et ses banlieues, un magnifique réseau de
métro, particulièrement dense.
Dans ces deux cas, depuis une dizaine d'années, on
s'aperçoit que la population préfère quand même
utiliser l'automobile. Seuls les embouteillages, les retards, la pollution et
les coûts plus élevés d'utilisation retiennent,
semble-t-il, les voyageurs interurbains d'utiliser uniquement leurs autos. Dans
l'absolu, l'auto est vue comme supérieure aux transports collectifs,
même dans ces villes.
A côté d'avantages objectifs du transport automobile, ce
qui fait basculer l'adhésion, ressort très souvent, c'est
signalé par les urbanistes et ça fait partie du bagage, du stock
qu'un gouvernement doit considérer quand il a une décision
à prendre. C'est de la psychosociologie qui entre en jeu. L'auto procure
l'isolement de la foule alors que les transports
en commun affectent la psychologie des gens. Les enquêtes,
menées dans les grands centres urbains l'ont prouvé.
Les deux solutions extrêmes, celles qui donnent toute
priorité à l'asphalte et celle qui, de l'autre côté,
l'interdit complètement, comportent trop de désavantages les unes
comme les autres. Il faut les renvoyer, dos à dos.
M. BOSSE : Il n'y a pas une place au centre.
M. CHARRON: J'y arrivais, pour satisfaire le député de
Dorion. C'est-à-dire...
M. LAVOIE (Wolfe): En ville, on se plaint qu'on a trop d'asphalte et en
campagne on se plaint qu'on n'en a pas assez.
M. CHARRON: Exactement. M. BOSSE: Un peu des deux.
M. CHARRON: Ce qu'on a recherché, chez nous, c'est essayer
à mélanger, pour ainsi dire, le transport collectif et les routes
urbaines. Il s'agit d'une technique de superposition, de chevauchement, de deux
apports, selon un dosage variable. C'est le choix actuellement de la ville de
New York, de San-Francisco, de Paris et même de Montréal si on se
décide à fonctionner de cette façon.
Si la formule est avantageuse sur les deux autres, elle culmine
rapidement et apparaît insuffisante pour résoudre les
problèmes récents. Du strict point de vue de circulation de
personnes, on s'aperçoit lentement, que dépassé un certain
stade, les deux modes de transport deviennent incompatibles.
Nous signalions tout à l'heure l'extensibilité infinie du
flot automobile. Elle exige des autoroutes urbaines et parallèlement des
autoroutes qui accentuent la marée sur quatre roues.
Dès qu'une agglomération comme Montréal
possède une infrastructure routière minimale, il devient urgent
et décisif de stopper l'escalade de l'asphalte, si on peut employer
l'expression. Il faut alors avoir la lucidité et la volonté
nécessaires pour comprendre qu'à ce stade et nous croyons
que la ville de Montréal est rendue à ce stade on doit
passer à autre chose, c'est-à-dire l'intégration
réelle des transports collectifs.
Saisir que le transport n'égale pas obligatoirement l'automobile
est malheureusement, semble-t-il, un exercice mental hors de la portée
de certains des dirigeants.
L'automobile rend donc les centres-villes invivables,
congestionnés, bruyants et ce malgré toutes les autoroutes
urbaines et très souvent à cause des autoroutes urbaines. La
juxtaposition, le chevauchement des routes et des transports collectifs tels
qu'on les retrouve maintenant ne suffisent pas, de toute évidence. Une
troisième voie doit être étudiée rapidement pour
l'avenir, même si elle était sans doute inadéquate dans le
passé.
Alors, face à ces trois culs-de-sac, la science urbaniste moderne
a commencé à élaborer un modèle
d'aménagement urbain global, non plus axé sur les voies
routières ou plus généralement le transport, mais les
incluant dans une vision plus large de la cité de 1970.
Sans entrer dans les détails, pour ne pas importuner le
député de Dorion, on retiendra une distinction de base entre un
vaste centre-ville, libéré de ses usines c'est
déjà presque réalisé à Montréal
devenant de moins en moins un lieu résidentiel, mais se
concentrant davantage dans des fonctions de loisirs comme le cinéma, le
théâtre, les sports et dans le commerce de détail ou dans
les administrations et services, c'est-à-dire les édifices
à bureaux.
D'autre part, de très vastes centres périphériques,
du type de banlieue, qu'on commence à connaître,
entrecoupés de parcs industriels. C'est là qu'on retrouverait les
usines, la majeure partie de la population de cette grande ville y demeurerait
dispersée en rayons concentriques autour du centre-ville. Si on y pense
bien, cette description ne se réfère pas une cité utopique
de l'an 2000. Elle est le choix actuellement de certaines grandes villes
américaines. Mais elle atteint déjà la disposition
fonctionnelle de la grande amélioration montréalaise.
Dans cette optique, que devient le réseau de transport? Plusieurs
types de transports sont à considérer: ceux entre les diverses
banlieues, ceux dans les banlieues mêmes, les liaisons entre les
banlieues et le centre-ville, les réseaux de sortie; finalement, le
réseau interne du centre-ville. C'est de ce dernier que nous allons
parler, puisque l'autoroute Est-Ouest s'y insère.
Les modèles d'aménagement optimaux de la cité
vivable concordent tous. Tous les urbanistes que nous avons lus s'entendent
là-dessus. Le centre-ville est nécessaire sur tous les plans, en
particulier pour l'organisation sociale, l'efficacité administrative
d'une société et la santé mentale des individus.
On ne peut penser à faire éclater la ville en disloquant
son centre en banlieue périphérique. C'est alors toute la
question. Quand on admet le principe qu'il doit nécessairement y avoir
un centre de vie dans une ville, toute la question est l'accessibilité
à ce centre, en provenance de la périphérie qui est en
jeu.
Alors, construire une autoroute entre la périphérie et la
banlieue, ce que serait l'autoroute Est-Ouest, ne règle rien. La plaie
centrale du centre-ville est déjà sa congestion due aux
automobiles, tout le monde le sait, l'absence de stationnements ou, alors, les
coûts exorbitants de ceux-ci, pour ceux qui connaissent Montréal,
de même que la lenteur désespérante de la circulation, la
pollution à l'oxyde de carbone. Une autoroute accroît encore plus
tous ces problèmes, en rendant davantage accessible le centre-ville.
L'autoroute Est-Ouest déversera, chaque jour, près de 80,000
automobiles dans des rues déjà surchargées. A quoi bon une
autoroute rapide, si l'automobiliste se retrouve, la minute après, en
file d'attente au coin des
rues Peel et Sainte-Catherine? C'est un peu comme si on collectait un
gros boyau de pompe à incendie sur un robinet de cuisine. Cette
autoroute ne dégagera pas du tout la circulation, mais ne fera qu'amener
davantage, dans le centre-ville, comme le fait déjà l'autoroute
Bonaventure, une série d'automobiles.
UNE VOIX: Ce sont des hypothèses.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, je ne voudrais pas
interrompre le député de Saint-Jacques, mais est-ce qu'il en a
encore pour assez longtemps? Le protocole d'entente dit une demi-heure. Je
pense que vous avez dépassé largement votre demi-heure. Moi, cela
ne me fait rien, mais je pense bien que si on s'entend...
M. CHARRON : Je ne pense pas avoir dépassé la demi-heure,
parce que, pendant une bonne période, il y a eu un échange entre
plusieurs députés.
M. LAVOIE (Wolfe): Ah! certainement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est le règlement de la Chambre, ce
n'est pas le règlement pour l'étude des crédits.
M. LAVOIE (Wolfe): Quand même, je vous en prie, c'est la
même chose pour les commissions.
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection.
M. PINARD: Le règlement s'applique aussi bien à
l'Assemblée nationale qu'aux commissions parlementaires.
M. BOSSE: M. le Président, j'interviendrai en faveur du
député de Saint-Jacques. Si vous me permettez, même si les
règlements sont rigides, je pense qu'il est important que ces gens
n'aient pas l'occasion de dire qu'ils ont été censurés par
les journaux ou par d'autres moyens. Je crois qu'il est opportun, avec votre
permission et avec la permission des membres de la commission, que ces gens se
fassent entendre jusqu'au bout, de telle sorte qu'on ne dise pas qu'on a
tenté de les bâillonner et de les empêcher de
s'exprimer.
M. LAVOIE (Wolfe): Oui, pour autant que cela crée un
précédent. Si notre parti une bonne journée, désire
en faire autant, qu'on nous accorde la même permission.
M. LE PRESIDENT: Disons qu'il reste encore dix minutes pour finir la
demi-heure.
M. CHARRON: Sincèrement, M. le Président, je pense
même avoir fini avant ça, si la commission me le permet. On peut
préciser les objections des urbanistes que nous avons consultés
de cette façon-ci. Premièrement, l'auto- route occupe de
très larges bandes de terrain dans le centre-ville, où le terrain
libre est rare, coûteux, occupant des espaces pouvant être
utilisés par des bâtiments. D'autre part, l'autoroute accapare des
espaces qui deviennent non imposables pour les municipalités.
Troisièmement, l'autoroute entraîne forcément un plus haut
degré de pollution de l'air.
On répond quelquefois qu'au contraire elle la diminue, car, quand
les autos roulent plus vite, elles polluent moins. En soi, c'est exact, mais
c'est très incomplet. Encore là, on s'enferme à
l'intérieur d'une certaine logique: Les autos lentes polluent le
centre-ville, donc accélérons la vitesse.
Et on se trouve à comparer les avantages de l'autoroute dans la
lutte à la pollution, non pas par rapport à d'autres
transporteurs, comme le métro, qui ne pollue à peu près
pas, mais en rapport avec les rues ordinaires, plus grandes causes de
pollution. Autrement dit, on substitue un mal à un autre, sans voir,
à côté, les autres options, qui, elles, seraient
carrément bienfaisantes.
Finalement, l'expérience passée nous apprend que la
majorité du temps les autoroutes intra-urbaines sont tellement
congestionnées qu'il n'y a à peu près pas de
différence avec une rue ordinaire, surtout aux heures de pointe,
c'est-à-dire exactement au moment où on devrait profiter des
autoroutes. Le boulevard Métropolitain et le boulevard Décarie
sont déjà assez révélateurs à ce
sujet-là. L'autoroute provoque un embouteillage des artères
routières sur lesquelles se greffent les voies de service ; par
conséquent, outre cette congestion, l'autoroute décuple les
problèmes de stationnement déjà très aigus du
centre-ville. Indirectement, elle nuit au commerce, au profit des grands
centres commerciaux des banlieues périphériques dotées de
vastes stationnements.
Une autoroute au niveau du sol ou en tranchée, comme c'est le cas
de celle qui traverse mon comté, nuit fortement à la circulation
transversale, oblige à des viaducs coûteux comme celui de
l'autoroute Décarie.
Une autoroute désagrège le tissu urbain, pour reprendre
les arguments de M. Gérard Pelletier, non seulement
matériellement, mais socialement. Et cela, c'est sérieux. Il
s'agit précisément d'une entaille vive au coeur de quartiers qui
sont déjà fortement intégrés socialement. Une
charcuterie sociale, selon l'expression d'un écrivain.
Des réseaux de circulation pour le travail, les loisirs, les
relations d'amitié et de voisinage existent dans cette partie de la
ville, par suite de son ancienneté et de son
homogénéité sociale et ethnique. Cette incision ne peut
manquer de les dissoudre, de les bouleverser, de les désorganiser, comme
l'a fait l'autoroute Décarie, dans un quartier déjà moins
intégré. On ne crée pas aussi lestement des
frontières naturelles sans plus tenir compte de ces facteurs.
Autre argument, M. le Président, que j'ajou-
te: une autoroute constitue une source continuelle de bruit et de
trépidation pour les habitants des environs. En termes de
création d'emplois, puisque nous allons retrouver là le programme
essentiel du parti au pouvoir, si une ligne de métro en construction
emploie à peu près autant de gens qu'une autoroute en chantier,
il est important de noter qu'un métro ou des systèmes analogues
constituent un secteur plus hautement technique, incluant des industries de
pointe. Et on encourage ainsi plus l'avenir de l'économie de la
société que par les carrières de pierre ou d'asphalte.
Toujours par comparaison avec le métro, l'autoroute importe avec
elle des probabilités plus élevées d'accidents
d'automobiles, donc des pertes humaines et matérielles
considérables. Le métro, au contraire, cause très rarement
de telles pertes. Un métro, ou l'équivalent, utilise
l'énergie électrique pour se mouvoir. Celle-ci est moins
chère que l'essence pour la collectivité et, en plus, est
produite par un organisme public, ce qui fait qu'en quelque sorte l'argent
circule à l'intérieur même de notre économie.
Une autoroute, au contraire d'un métro, exige de coûteux
entretiens d'hiver. Elle se retrouve relativement figée, en hiver. Un
métro correspond mieux aux ruées des heures de pointe, apanage et
problème central du centre-ville.
Autre argument, le coût d'exploitation et d'établissement
d'un métro est considérablement plus bas que celui d'une
autoroute pour l'ensemble de la collectivité. Si, en effet, on
comptabilise, d'une part, le coût de construction et de fonctionnement
d'un métro et, d'autre part, les coûts de transport routier,
construction de la route, entretien d'hiver, coûts d'achat et
opération d'autos y circulant, accidents matériels et humains, le
transporteur public revient largement moins cher, la distance parcourue et le
nombre de passagers demeurant constant pour la comparaison. D'après les
enquêtes que nous avons vérifiées, une automobile en
circulation urbaine transporte, en moyenne, 1.3 personne, même si elle
est conçue pour quatre ou six personnes. C'est donc dire l'énorme
gaspillage économique que le transport par auto individuelle
représente en termes d'espace occupé par une auto,
l'énergie dépensée pour déplacer une personne. Dans
ce cas précis, il faut aussi souligner que l'autoroute déplace
quelques millions de personnes qui résident dans des habitations au
loyer assez bas, actuellement.
L'expropriation de ces maisons est, évidemment, une bonne affaire
pour les propriétaires qui demeurent sans doute ailleurs, mais les
locataires n'ont à peu près aucune chance de retrouver des
logements à loyer modique. On a procédé avec eux comme
s'il s'agissait de déplacer quelques pions dans un plan anachronique
d'un ingénieur en circulation.
J'admets, M. le Président, que d'autres remarques pourraient
être amenées mais je pense que celles-ci sont sans doute
suffisantes pour convaincre de la supériorité nette du
transporteur collectif sur l'auto individuelle en zone de centre-ville, surtout
qu'une autoroute en centre-ville constitue un recul de vingt ans sur
l'évolution dans l'aménagement des centres urbains.
Il est d'ailleurs significatif que ce projet date déjà de
sept ans. Nous demandons aux autorités...
M. LAVOIE (Wolfe): Justement, M. le Président, en parlant de ce
projet, il y a sept ans, lorsque l'entente
fédérale-provinciale-municipale a été
signée, M. Jacques Parizeau n'était-il pas le conseiller
économique du gouvernement, en ce temps-là?
M. LAFONTAINE: Il était en faveur des autoroutes dans ce
temps-là.
M. LAVOIE (Wolfe): Pourquoi s'y oppose-t-il aujourd'hui? Je vois
d'après le journal, ici, qu'ils feront une marche lundi: M. Jacques
Parizeau, M. Bourdon, M. Henri Sirois.
M. CHARRON: M. Parizeau était, à ce moment, fonctionnaire.
Ce n'était pas son rôle de prendre les décisions.
UNE VOIX: Il était conseiller.
M. CHARRON: Il a, tant qu'il a été fonctionnaire, sur
cette question comme sur les autres, essayé de sauver les meubles devant
des décisions gâcheuses, c'est tout. Dans ce cas, il a
certainement dû conseiller de son mieux, comme il peut s'en trouver
à l'intérieur du ministère de la Voirie, actuellement, qui
ne sont pas favorables, qui ont été ébranlés par
des arguments de ce genre mais, devant la volonté inébranlable
d'un ministre, ils essaient de faire le mieux possible.
M. LAFONTAINE: M. le Président rendus en 1971...
M. CHARRON: Je crois que quand le gouvernement si le
député de Labelle me permet aura accepté de changer
son tracé, c'est qu'il faisait justement face à une
décision inébranlable. Il pliait au moins devant quelques
oppositions intérieures qui ont certainement eu plus d'effet que la
nôtre. Mais quand un conseiller économique ou un haut
fonctionnaire de n'importe lequel ministère se heurte à la
volonté d'un gouvernement inébranlable, malgré tout ce
qu'on dit, il fait de son mieux. C'est ce que M. Parizeau faisait à ce
moment. C'est tout.
M. BOSSE: Il ne se heurtait pas beaucoup dans le temps.
M. CHARRON: Pardon?
M. BOSSE: Il ne se heurtait pas beaucoup dans le temps, à moins
que le député soit en mesure...
M. LAFONTAINE: M. le Président j'aimerais ajouter quelque chose,
si le député de Dorion me le permet. Quand je vois qu'en 1971 M.
Parizeau est rendu dans la rue pour contester, on dirait que sa conscience se
réveille, en 1971; je me demande pourquoi elle ne s'est pas
réveillée en 1964, alors qu'il était conseiller technique
auprès du gouvernement. Ce sont les seuls commentaires que j'ai à
faire, M. le Président, au sujet de la Transcanadienne.
M. LE PRESIDENT: Le temps du député de Saint-Jacques est
maintenant écoulé. Le député de Dorion m'avait
demandé la parole il y a déjà dix minutes.
M. BOSSE: Je ne voudrais pas relever tous les points, évidemment,
de la recherche poussée du député de Saint-Jacques. Une
chose qu'il faut admettre, c'est qu'il y a un travail assez recherché
dans ce qu'a fait le député de Saint-Jacques. Evidemment, cela
suppose que, derrière cela, il y a une volonté réelle de
faire une critique que je qualifie de négative.
Je relèverai cependant une couple de points. A entendre
l'exposé, on a carrément l'impression que votre
démonstration s'oppose carrément à toute forme de
développement ou d'utilisation des sciences nouvelles. Je songe, par
exemple, quand vous parlez de pollution, au développement des divers
types d'avions, de turbo-jets et tout. Si nous prenions votre philosophie, il
faudrait nécessairement en venir à la conclusion que ces
appareils ne doivent pas être utilisés puisqu'ils comportent un
danger de pollution plus grand.
D'autre part, j'ai carrément l'impression, si vous avez fait du
travail de recherche chez les urbanistes et les autres spécialistes de
même acabit, que vous en avez fait très peu du côté
de la science proprement dite, à savoir chez les gens de l'automobile
qui, probablement, peuvent nous arriver, dans un délai très bref,
avec une automobile électrique, ce qui aurait pour effet de foutre par
terre une grande partie de votre exposé. Quand on a des autos qui
fonctionnent à l'électricité, cela pollue pas mal moins.
Du moins, c'est ce que certaines gens me disent. Moi, évidemment, je
suis dans le comté de Dorion. Je ne suis pas spécialisé
dans la pollution. Vous autres, dans les comtés pollués, vous
avez sûrement une idée de ces choses. Il serait peut-être
bon que vous en mentionniez la possibilité aussi.
M. CHARRON: Si le député de Dorion pouvait m'assurer que
l'automobile électrique arrivera en même temps que l'avancement
des travaux...
M. BOSSE: Je dirai à ce moment: Le député de
Saint-Jacques peut-il m'assurer que toutes les hypothèses qu'il a
émises sont vraies? Ce ne sont que des hypothèses que vous avez
émises à partir de bouquins fort brillants, vous avez
consulté des auteurs brillants, c'est évident.
Mais il faut se rappeler aussi je pense que tout le monde sait
cela que si Aristote, d'une part, était très fort en
philosophie, comme par hasard, en astronomie il ne l'était pas. Il a eu
une conception qui a toujours été fausse. Il ne faudrait quand
même pas prendre... Je veux bien que vous fassiez de la critique. C'est
votre rôle. Il est légitime, je ne conteste pas cela. Seulement,
vous la faites longuement. Vous la faites d'une façon très
recherchée, mais ce n'est pas prouvé que ce soit très
efficace. C'est tout ce que j'avais à dire, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour commencer, je voudrais répondre
à une remarque de l'ancien ministre de la Voirie. Quand il parle d'un
ancien conseiller financier du gouvernement, M. Jacques Parizeau, on peut en
donner un exemple. M. Parizeau avait fait partie d'une commission qui avait
étudié le projet des chutes Churchill. Ses fonctions
étaient de faire un rapport au gouvernement, ce n'était pas lui
qui prenait les décisions. Cela, vous le savez, vous avez
été ministre. Ce ne sont pas les conseillers, ce ne sont pas ceux
qui font des études sur un projet qui disent au gouvernement: Vous allez
exécuter ce projet ou pas.
Il ne s'agit pas de parler des anciens fonctionnaires qui étaient
pour ou contre telle chose. Quand ils étaient fonctionnaires,
c'était leur travail, ce n'était pas la même chose.
M. LAFONTAINE: Je m'excuse, je pense que le député de
Sainte-Marie m'a mal compris.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): En tout cas.
C'est parce que ce matin, dans le journal, j'ai remarqué que M.
Parizeau doit lundi... Je remarque tout simplement la coïncidence du
débat d'aujourd'hui. C'est tout simplement une mise au point. "M.
Jacques Parizeau, membre de l'exécutif national du Parti
québécois et spécialiste des questions économiques
et financières, accompagné d'un président d'un
comité d'action politique de Sainte-Anne, d'un vice-président du
Conseil central de Montréal." sont supposés faire un grand
défilé, lundi, avec le Front commun, contre l'autoroute
Est-Ouest.
Un dépliant en couleurs a déjà été
tiré et distribué dans la région métropolitaine; il
stigmatise l'autoroute Pinard. Je regrette que cela porte son nom. De toute
façon, je trouve curieux qu'en 1971 M. Parizeau soit rendu à
contester dans la rue et qu'il ne l'a pas fait en 1964, lorsque l'entente a
été signée avec la ville de Montréal. Si sa
protestation, en 1971, est valable, pourquoi ne l'a-t-il pas faite en 1964,
lorsqu'il n'y avait pas d'argent de dépensé dans la ville
de Montréal? Depuis ce temps, il y a $100 millions, de l'argent des
Québécois, qui sont déjà investis dans le
tracé de la Transcanadienne. C'est tout simplement une remarque à
l'effet que je trouve la protestation de M. Parizeau, un peu en retard; sept
ans en retard.
M. BURNS: M. le Président, avec la permission de mon
collègue de Sainte-Marie, c'est une question de règlement que je
pose, tout simplement. Est-ce que les faits m'ont bien été
rapportés à l'effet que le président de cette commission,
applique le projet d'entente du protocole? M. le Président, en tant que
leader parlementaire du Parti québécois je suis parfaitement au
fait, de ce qu'il s'agit exactement. C'est un projet d'entente, c'est un
"gentlemen agreement" qui existe, qui n'a pas été signé,
pour des raisons que je n'ai pas à dévoler tant que mes trois
collègues, leaders parlementaires des autres partis, n'auront pas
décidé d'en parler.
Je vous pose la question. D'abord, je ne vois rien, dans ce protocole
d'entente, mis à l'essai, comme il est titré, qui puisse limiter
le droit de parole de quelqu'un sur un sujet quelconque en commission.
M. LE PRESIDENT: Ce que vous avez dit est juste, je m'en tiens au
règlement sessionnel, au procès verbal no 2, à la page 36.
Il y est dit que nul député ne peut parler plus d'une demi-heure
sur un article précis. Vous l'avez ici, à la page 36. "Le
président de l'Assemblée nationale fait rapport en
Chambre..."
M. BURNS: En commission, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Vous avez ici la durée de la période des
questions, la durée des discours. "Nul discours ne doit durer plus de 30
minutes, sauf le discours des chefs de parti reconnu et le discours du
proposeur d'une motion de fond, dont la durée limite sera d'une heure."
Les mêmes règlements s'appliquent en commission.
M. BURNS: M. le Président, cela n'a jamais été
appliqué en commission. Je vous rappelle entre autres choses et
si ce n'est que ça comme exemple, déjà c'est très
significatif la durée des débats à la commission
des Affaires culturelles lorsqu'on y a étudié les crédits
de l'année dernière. Vous allez vous rendre compte, M. le
Président, qu'en tout cas, en ce qui concerne le député de
Chicoutimi, puis en ce qui concerne le député de Saint-Jacques,
cette règle n'a sûrement pas été
appliquée.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais le règlement que j'ai ici, moi, ce
n'est pas celui de l'an dernier, c'est celui de cette année.
M. BURNS: C'est exactement le même là-dessus, M. le
Président.
M. PINARD: M. le Président, nous ne ferons pas une discussion
trop longue là-dessus, la question va être soumise à
l'arbitrage, nous demanderons l'opinion du président de la Chambre, qui
lui a...
M. BURNS: Bien je trouve ça important...
M. PINARD: ... juridiction en la matière et va nous donner
l'exacte interprétation de l'entente intervenue entre les chefs de
parti.
M. BURNS: C'est d'ailleurs ce que j'avais l'intention de faire, demander
au président de la Chambre de nous donner une directive là-dessus
étant donné que mon collègue le député de
Saint-Jacques, selon ce qu'on m'a rapporté, n'avait pas encore, en ce
qui le concerne, terminé.
M. LAFONTAINE: Je demanderais qu'on ait un peu plus de latitude pour nos
exposés.
M. PINARD : M. le Président, je m'excuse auprès du
député qui vient d'arriver, mais le député de
Saint-Jacques a bel et bien dit, à la suite d'une question qui lui a
été posée par le président, soit: Combien de temps
vous reste-t-il pour terminer votre intervention? Il a dit: Quelques minutes.
Il a dit: Je n'aurai même pas besoin de prendre les...
M. LE PRESIDENT: Quelques minutes.
M. PINARD:... dix minutes que vous aviez allouées pour
terminer.
M. LE PRESIDENT: Je lui ai donné dix minutes de plus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Saint-Jacques a
dit qu'il lui restait quelques minutes après que le président
l'eut averti qu'il ne lui restait que dix minutes à parler. Vous lui
avez dit que son temps était écoulé.
M. LE PRESIDENT: Non, non, avant, oui avant ça il m'a dit qu'il
en avait seulement pour quelques minutes. Je lui ai quand même
donné dix minutes de plus.
M. BOSSE: Je ne crois pas, M. le Président, que...
M. GIASSON: Le député de Saint-Jacques a dit: Je pourrai
terminer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est parce qu'on l'avait avisé qu'il
devait terminer.
M. BURNS: Il a été avisé par personne
interposée; il n'était pas au courant de ça.
M. BOSSE: Mais je ne crois pas que le député de
Saint-Jacques n'ait pas pu terminer son intervention, il peut nous le dire; je
crois, dans mon esprit du moins, j'ai eu l'impression qu'il avait fait son
intervention au complet avec évidemment quelques réserves.
M. BURNS: Le député de Saint-Jacques vient de confirmer
qu'il avait terminé son exposé.
M. CHARRON: Mais disons, M. le Président, pour clarifier
l'affaire que la partie "exposé"que je voulais faire pour expliquer mon
opposition de principe à l'autoroute, je l'avais substantiellement
terminée; mais il reste que d'autres objections qui sont celles de mon
parti, des citoyens de cette région-là, peuvent être
maintenant signalées par mes deux collègues qui sont ici avec moi
d'une part.
M. MAILLOUX: Pas d'objection.
M. CHARRON: ... mais il est aussi possible que j'aie l'occasion de poser
des questions au ministre sur d'autres questions.
M. BOSSE: La partie "exposé"...
M. LE PRESIDENT: Je n'ai brimé la liberté de parole du
député de Saint-Jacques à aucun moment.
M. BOSSE: La partie "exposante" a eu toute la latitude d'exposer...
M. BURNS: D'accord, M. le Président, je veux tout simplement
rétablir les faits. Je n'ai pas été informé de
ça, c'est-à-dire j'ai peut-être été
informé comme ça mais à cause du fait que j'étais
en haut à l'Assemblée nationale, je n'ai pas compris comme
ça la chose. Alors je m'en excuse, M. le Président et je vous
prie de continuer à présider de façon compétente
comme vous le faites toujours d'ailleurs.
M. LAFONTAINE: On peut assurer le leader parlementaire du Parti
québécois que le député de Saint-Jacques avait un
dossier très volumineux de notes copieuses qui sont défendues par
les règlements de la Chambre.
M. BURNS: Il peut s'en inspirer, même lorsqu'elles sont
copieuses.
M. LAFONTAINE: Il peut s'en inspirer, mais disons qu'il s'en est
inspiré seconde après seconde.
M. BURNS: Ah bien! Je ne le sais pas. Est-ce que vous aviez un texte en
main?
M. GIASSON: Il n'a pas abusé.
UNE VOIX: Il n'avait pas de complexe.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, voici, M. le Président, dans
l'article que nous discutons ici à savoir l'autoroute Est-Ouest, de la
ville de Montréal, je pense que le gouvernement avait à faire un
choix. Etant donné qu'on voulait diminuer le chômage dans
Montréal, qu'on avait promis des travaux, bien on a sorti ce projet et
puis on l'a mis à exécution.
Maintenant, il arrive parfois qu'en politique nous sommes obligés
de faire certains choix. Est-ce que le projet de l'autoroute était
prioritaire? Est-ce qu'une autoroute est une bonne chose? On peut en parler
longtemps, mais c'est la question que nous nous posons. A la place est-ce qu'il
n'aurait pas été préférable par exemple de
construire un métro, des habitations? Dans l'habitation, il est
prouvé que ça crée quatre fois plus d'emplois que la
construction d'une autoroute. Cent millions investis dans l'habitation peuvent
créer de 16,000 à 17,000 emplois. Et nous pensons que
l'habitation, surtout dans nos comtés, le problème des taudis, le
problème des logements étant prioritaire, devait passer avant une
autoroute. Choisir de mettre tant de dollars à ceci plutôt
qu'à cela, c'est l'essence même de la politique et tout la
planification socio-économique d'un pays qui vise, justement, à
rendre ces choix les plus rationnels possibles en prévoyant la
succession dans le temps, etc.
La question que nous devons nous poser devient donc: Cette autoroute
est-elle si importante? Naturellement, le ministre n'a pas besoin de
répondre. Il va me dire oui si je lui pose la question. Mais les autres
secteurs de la vie sociale n'exigent-ils pas davantage un flot puissant de
ressources économiques? Nous croyons, nous, que oui. Et, nous en venons
à parler de l'habitation. Nous en avons parlé pendant
l'étude des crédits supplémentaires. Nous en parlons
encore aujourd'hui parce que c'est le problème numéro 1 de tous
les comtés du bas de la ville. C'est pour cela que le problème
des gens qui s'opposent à l'autoroute c'est l'habitation. Où
vont-ils se reloger ces gens-là? Et est-ce que le ministre a
prévu que tous les gens que nous allons déplacer pour la
construction de l'autoroute sont certains d'être relogés dans des
loyers à prix modique, des loyers qui vont avec leurs revenus, en somme?
Parce que je parle du comté de Sainte-Maire. Le député de
Maisonneuve et le député de Saint-Jacques pourront parler de leur
comté.
Dans le comté de Sainte-Marie, vous avez même cela
je tiens à préciser, pour ceux qui ne le savent pas, je ne suis
pas responsable de la situation, ça ne fait qu'un an que je suis
député: j'ai pris la situation comme ça des
paroisses où il y a 52 p. c. d'assistés sociaux et de
chômeurs. Parmi les 48 p. c. qui restent, il y en a 31 p. c. qui gagnent
un salaire de $65 net, par semaine, en descendant. Alors, le problème
que
ces gens-là nous exposent, ils s'en fichent d'une autoroute. La
plupart n'ont même pas d'automobiles, ils ne s'en serviront pas. Ils nous
disent: Où allons-nous nous reloger? A quelle place allons-nous
déménager? Dans le nord de la ville? On parle de plans
domiciliaires à loyer modique de $140 et $145. N'allez pas parler de
cela à ces gens-là. Ce ne sont pas tous des gens qui ne
travaillent pas. Il y a des gens qui travaillent là-dedans. Il y a des
gens qui sont pères de famille de cinq, six, sept et huit enfants et qui
retirent un salaire de $60 ou $65 par semaine, qui paient un loyer de $40, $45,
$50 et même $60, peut-être un peu plus. Cela varie.
Le problème pour eux on leur dit: Tu peux trouver des logements
dans tel secteur de la ville. Ces gens-là vont frapper aux portes. Ils
s'informent. Ce sont des loyers de $100 à $125 par mois, même $150
et plus. C'est ça le problème. Il y a des rues dans le
comté de Sainte-Marie où les gens sont là depuis des
années. Ils aimeraient déménager à
l'extérieur de la ville, vivre dans la verdure, respirer l'air frais sur
le bord des lacs, dans les Laurentides. Mais ils n'y pensent pas. Ils ne
prennent même pas l'autobus pour y aller. Ils n'ont pas d'argent. Alors
eux, l'autoroute, ils sont obligés de la subir. Ils sont obligés
ça, ce sont ceux que nous allons déplacer ceux
qu'on ne déplacera pas, ceux qui vont rester dans les rues où les
gens ne seront pas expropriés vont être obligés de vivre
dans le milieu. Ils vont être obligés de vivre près d'une
autoroute. Est-ce que le gouvernement n'aurait pas été mieux
d'investir une centaine de millions de dollars dans la rénovation
urbaine dans la ville de Montréal ce qui aurait créé, je
comprends que c'est la hantise du premier ministre de créer des emplois,
il l'a promis? Est-ce qu'il n'aurait pas été mieux de
développer un certain secteur du bas de la ville, de rénover les
maisons, de construire même au risque de démolir des rues
complètes et de les reconstruire à nouveau avec, je ne sais pas
moi, un organisme paritaire, avec le gouvernement ou l'entreprise
privée, peu importe, mais de s'occuper du problème des taudis.
Eux, ces gens-là, c'est leur objection à l'autoroute. Le
député de Dorion me faisait une remarque tantôt, il disait:
Le Parti québécois conteste l'autoroute, proteste contre
l'autoroute. Bien, je reviens là-dessus.
Ce n'est pas une question de protester contre les projets du
gouvernement, nous en voulons davantage des routes dans le Québec, mais
à la bonne place.
Actuellement plus de 50 p. c. ou 60 p. c. des gens qui seront
déplacés ne savent pas encore où ils iront. Ils n'ont rien
en vue, ils ne savent pas où ils déménageront.
Le ministre pourrait-il nous dire si tout a été
prévu afin que ces gens ne soient pas dans la rue, obligés de
prendre des logements qui coûteront deux ou trois semaines de salaire? Le
ministre peut-il nous dire si le relogement des familles qui seront
déplacées sur le tracé de l'autoroute a été
prévu?
M. PINARD: Le député ne préfère-t-il pas
terminer son intervention? Je répondrai ensuite à chacune des
questions qu'il aura posées.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas d'objection. Il s'agit
peut-être là de l'urgence première à Montréal
et à Québec et d'ici une vingtaine d'années ce sont
des statistiques que je n'ai pas improvisées l'on dit qu'on
devrait construire autant de logements que tout ce qui a été
construit jusqu'à maintenant.
Le rapport fédéral Hellyer et d'autres études
évaluent à 200,000 le nombre minimal des unités de
logement nécessaires par année d'ici 1975 pour le Québec.
Le chiffre atteindrait quelque 60,000 unités annuelles et ceci serait un
strict minimum. Donc, il y a une pénurie de logements à prix
modique nécessairement.
M. PINARD: Le chiffre de 200,000, vous l'appliquez à la province
ou à la ville de Montréal, d'après le rapport Hellyer?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A la province de Québec. Selon le
ministre fédéral Andras, une somme d'environ $1,800,000,000
devrait être consacrée au logement pour le Québec jusque
vers 1975, pour grimper ensuite. En 1969, les chiffres indiquent que les
investissements dans l'habitation n'atteignaient que $1,300,000,000. C'est donc
dire qu'il manque immédiatement dans la rénovation urbaine, dans
la construction de logements une somme d'au moins $200,000,000 pour simplement
satisfaire à la demande de logements causée par l'accroissement
de la population et la détérioration du stock existant.
Le Québec est d'ailleurs fortement en retard sur l'Ontario, si
vous faites des comparaisons. En 1969, proportionnellement à sa
population, le Québec aurait dû consacrer j'aimerais que le
ministre m'écoute. C'est une pause qui rafraîchit à
la politique du logement $780 millions supplémentaires pour investir
comme l'Ontario. Ce sont des statistiques, on pourrait ainsi aligner des
chiffres, parler des fausses habitations à loyer modique à $145
par mois pour des logements de trois pièces et demie. Vingt-deux pour
cent des logements du Québec étaient surpeuplés en 1969.
Cela crée des problèmes humains, des problèmes de
criminalité, d'alcoolisme, de détérioration psychologique,
enfin tous les problèmes que connaissent les secteurs d'une ville
où les gens vivent dans des taudis. L'autoroute passe dans ces
secteurs-là mais on n'a rien prévu j'espère que le
ministre va me répondre tantôt pour prendre ces familles,
les déplacer et les reloger ailleurs dans un secteur où ils
pourront avoir des logements à peu près au prix qu'ils paient
actuellement.
On répondra peut-être que le choix entre la
mise en place d'habitations convenables et une autoroute n'existe pas
puisque le gouvernement fait les deux. Ce qui est inexact. Les sommes
déjà prévues par les deux gouvernements pour le logement
sont insuffisantes pour combler le fossé entre les besoins et l'offre,
d'autant plus qu'il faudra augmenter les apports gouvernementaux pour mettre en
place des habitations à loyer modique qui le soient vraiment.
Il faudrait pousser la préfabrication des logements, mettre fin
à la spéculation foncière. Cela se fait couramment
à Montréal, la spéculation foncière; c'est pour
ça que certains logements coûtent très cher. Il faudrait
aussi des démarches connexes à une politique raisonnée de
l'habitation.
Somme toute, les $300 millions pour l'ensemble de l'autoroute Est-Ouest
qui va coûter environ $300 millions, l'échangeur compris, seraient
avantageusement mieux employés dans l'habitation. Qu'on songe, par
exemple, qu'avec cette somme, on pourrait établir une usine de
préfabrication ou encore, un stock de terrains vacants pour contrer la
spéculation, deux opérations qui réduiraient
respectivement les coûts de construction de 20 p. c. à 15 p. c. A
ce moment-là, on pourrait peut-être, si on diminuait le coût
des opérations, enlever la spéculation, on pourrait
peut-être réduire le coût de la construction de 20 p. c.
à 15 p. c, surtout si le gouvernement fédéral pouvait
consentir à enlever la taxe sur les matériaux de 11 p. c.
Imaginons qu'on réduise les loyers de ces maisons d'autant,
près de 30 p. c. au moins. En expliquant tout cela à la
population, il est bien certain que celle-ci préférerait de
beaucoup la réduction des loyers à la construction d'une
autoroute. C'est ce que les gens préfèrent dans nos
comtés. Ils voudraient avoir des logements salubres, où les lois
sont respectées, où les gens pourraient au moins avoir une
chambre de bain, de l'eau chaude quand ils en ont besoin, et ils voudraient
rester dans la basse-ville ou déménager mais où?
déménager dans un autre secteur et c'est la question que
des milliers pas des centaines, des milliers de locataires de mon
comté nous posent tous les jours. Où va-t-on
déménager? Où va-t-on se loger? Pendant ce
temps-là, le trou de l'autoroute est rendu à la rue Saint-Denis,
le ministre le sait. On parle de longer un peu le nord de la rue Notre-Dame, de
remonter après cela et de traverser tout le comté de
Maisonneuve.
Le ministre a certainement des statistiques pour nous dire le nombre de
familles qui seront déplacées et le nombre d'individus qui seront
soumis à ces déplacements nécessaires à la
construction de l'autoroute. Il y a tout le problème humain des
électeurs, des gens résidant dans ces comtés. Je le
répète souvent, parce qu'on me l'a répété
tous les jours et aujourd'hui encore, on me l'a répété, il
y a tout le problème des familles qui n'ont pas les moyens même
souvent de prendre l'autobus ou le métro pour aller à l'île
Sainte-Hélène et dont la seule maison d'été est le
trottoir. Ils vont être assis en face d'une autoroute qui va être
traversée de l'est à l'ouest à la journée, par des
milliers de camions, des milliers de bétonnières, de remorques,
enfin tout... Ces gens-là sont obligés de rester là.
Je comprends que, pour la plupart d'entre nous, si nous demeurons dans
un milieu qui ne nous plaît pas, nous pouvons nous déplacer,
vendre, acheter ailleurs ou faire quelque chose du genre. Mais pour ces
gens-là, il n'en est aucunement question. Ils sont pris pour vivre
là et on leur impose une masse de béton, avec des milliers et des
milliers d'automobiles qui vont passer tous les jours. Leur maison
d'été va rester le trottoir, elle va rester la ruelle. C'est
ça le problème, et c'est là-dessus que j'aimerais avoir
les statistiques du gouvernement, du ministre de la Voirie. J'aimerais avoir
des chiffres exacts pour pouvoir faire part à cette population des
décisions du gouvernement et lui dire: oui, ne vous inquiétez
pas. Si vous payez un loyer de $50 par mois, si vous retirez $60 en revenu, le
gouvernement a prévu les mesures nécessaires et vous serez
relogés à un prix que vous serez capables de payer. C'est
ça leur problème, ça les empêche de dormir.
Comprenez-vous? C'est grave. Quand il est question de dire: Je suis
obligé de prendre un loyer pour quelques-uns de $25 de
plus par mois, tout le budget familial est déséquilibré et
ces gens-là ne s'en sortent pas.
Je ne veux faire pleurer personne, mais c'est plus important qu'on
pense. C'est là que je reviens un peu aux remarques du
député de Dorion. Quand il semblait vouloir dire que c'est tout
simplement une opposition, on se plaît ici dans la chaleur à
ennuyer le ministre avec l'autoroute. Ce n'est pas cela.
Le problème, c'est d'être le porte-parole de ces
gens-là. Je pense que, pour la plupart d'entre nous, dans les quartiers
où nous vivons, ce n'est pas le problème. Mais ces
gens-là, dans les quartiers de nos comtés, ont peur de
l'autoroute pour la pollution, pour le bruit et parce qu'ils vont être
obligés de rester là, et ceux qui vont être obligés
de déménager ne savent pas où aller.
Il y a des gens qui me téléphonent tous les jours. Je leur
dis: Téléphonez au ministre, téléphonez au
ministère de la Voirie et arrangez-vous avec le ministère de la
Voirie. Ce n'est pas moi le ministre, ce serait peut-être mieux, je ne le
sais pas, mais je ne le suis pas actuellement. Je leur dis donc: Informez-vous.
Mais il n'y a pas encore de chiffres exacts pour nous dire: Cela touche 2,000,
2,500 ou 3,000 familles, ça comprend 15,000 ou 20,000 individus et ces
gens-là ont la garantie d'être relogés au même prix
dans des habitations habitables. Cela, nous ne l'avons pas!
J'ai téléphoné au ministère, pour votre
information, M. le ministre, j'y ai demandé des statistiques, des
informations précises pour pouvoir les donner à ces gens et je ne
les ai pas eues.
Au ministère, on ne m'a pas donné de chiffres, de
documents ou de preuves que ces gens-là vont pouvoir se reloger dans des
logis au prix qu'ils paient actuellement. J'ai l'air de vouloir dramatiser,
mais pour certains un loyer de $5 de plus par mois, c'est presque la faillite,
c'est aussi simple que cela, parce que ces gens ne comptent pas leurs piastres,
ils comptent leurs trente sous et leurs cennes noires pour vivre! Et ça,
c'est 50 p. c. de la population de mon comté. C'est peut-être
presque autant dans Saint-Jacques, je veux dire dans le secteur où passe
l'autoroute. Il y a certains secteurs où c'est moins, mais
principalement dans le secteur. C'est ça leur problème et c'est
pour cela qu'ils viennent nous voir et c'est pour cela qu'ils sont
inquiets.
Est-ce que le ministre a des statistiques là-dessus? Je voudrais
avoir quelque chose de précis, signé par le ministre ou un de ses
fonctionnaires, pour pouvoir dire aux gens: Voici, mon ami, dors tranquille, ne
t'inquiète pas, on a tout prévu. Tu vas avoir un logement. Tu ne
seras pas exproprié à la baie James. Tu vas rester dans ton
comté et on va te trouver un logement. C'est cela que je voudrais leur
dire et je ne suis pas capable de le faire, ils me disent: Ecoute, tu es
député, tu dois le savoir. Je leur dis: Communiquez avec le
ministère de la Voirie. C'est important, le ministre veut avoir une
certaine popularité aux prochaines élections dans nos
comtés, c'est important qu'il s'occupe de cela. C'est très
important, parce qu'on nous dit, et ce n'est pas moi qui le dis, vous savez les
réflexions courantes: Le ministre, ça ne l'inquiète pas,
lui, il doit être bien logé. Ils me disent ça, à moi
aussi. Que voulez-vous, ce sont des réflexions populaires. Mais il y a
des fois où on part du bureau le coeur gros, quand on voit des gens pour
qui c'est une question de vie ou de mort de laisser leur logement. Il y a des
vieux qui sont en pension, il ne faut pas que je vante le gouvernement
fédéral ça fait quarante ans qu'ils vivent dans le
même logement. Ils vivent avec leur pension de vieillesse depuis qu'elle
existe, et ces gens-là ne savent pas où aller. C'est un
problème.
M. le Président, pour que le ministre puisse se préparer
à certaines questions, étant donné qu'il est six heures,
je demanderais l'ajournement.
M. BOSSE: J'aurais aimé, M. le Président, avant qu'on
ajourne, dire quelques mots là-dessus, comme citoyen, évidemment,
du comté de Sainte-Marie.
Il n'est pas sûr que j'aie voté pour mon confrère
à ma droite...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'en suis pas certain!
M. BOSSE: ...je serai d'accord cependant sur à peu près
tout ce qui a été énoncé en ce qui a trait à
la politique de relocalisation. Je crois que le ministère, comme tel,
devrait faire une publicité, devrait avoir une politique. Je pense que
le ministère, comme tel, avec les divers organismes
intéressés, a sûrement une politique et a sûrement
planifié de ce côté. Il devrait cependant, sécuriser
les citoyens de ces comtés, c'est-à-dire du bas de la ville, qui
sont concernés. Il devrait aussi, je pense, avoir la sagesse de faire la
communication aux populations concernées, soit à titre individuel
ou collectif, soit par des moyens publicitaires habituels.
Ces citoyens que je connais aussi, en fait, ont de la difficulté
à se relocaliser. On doit se préoccuper tout
particulièrement de ces cas-là. A ce niveau, je serai d'accord
avec mon confrère de Sainte-Marie.
M. LE PRESIDENT: Les trente minutes du député de
Sainte-Marie étant écoulés, il reste encore une
demi-minute avant six heures...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous me permettez, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant. Il reste une demi-minute avant six heures.
J'ai bien le droit de vous demander si la commission veut adopter cet article.
Si la commission le veut, nous allons l'adopter avant d'ajourner.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Avec les interruptions, je n'ai pas pris mon
temps.
M. LE PRESIDENT: Vous avez accepté les interruptions, j'ai
enregistré votre temps, votre temps est écoulé. Si la
commission veut accepter l'article pour...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, il est six heures et
j'ai demandé l'ajournement. Il est six heures et deux minutes et,
suivant les règlements, j'ai demandé l'ajournement.
M. PINARD: Alors il faudrait déterminer combien il reste de temps
au député pour terminer son intervention...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le leader parlementaire...
M. PINARD: ... Si le député prétend qu'il n'a pas
écoulé ses trente minutes, il faut suivre le
règlement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sur l'interprétation du
règlement, le leader parlementaire, député de Maisonneuve,
a dit tantôt qu'il demandera les directives au président de
l'Assemblée nationale...
M. PINARD: Oui, c'est ce que le président fera...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... et puis je
ne dis pas que j'aurai seulement une demi-heure. J'attends la
décision du président de l'Assemblée nationale.
M. PINARD: Oui, parce qu'il semblerait y avoir différentes
interprétations...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il est six heures et deux minutes, je
demande l'ajournement.
M. GIASSON: D'ailleurs, M. le Président, je crois que le
député de Maisonneuve donnera suite aux interventions des deux
députés de Saint-Jacques et de Sainte-Marie. Il a des
propositions concrètes à faire à la commission concernant
une politique d'aménagement du système de transport de la ville
de Montréal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça.
M. LE PRESIDENT: C'est suspendu jusqu'à huit heures et
quinze.
Reprise de la séance à 20 h 20
M. SAINDON (président de la commission permanente de la Voirie):
A l'ordre, messieurs!
Si vous voulez, nous allons continuer la séance ajournée
à six heures ce soir avec l'article 6 du poste 7.
M. BURNS: Fermez la porte pour qu'on s'entende. Je ne vous entends
pas.
M. LE PRESIDENT: Je disais que nous allions continuer la discussion de
cet après-midi. Nous avons ajourné à six heures, à
l'article 6 du poste no 7 : Construction de la route transcanadienne, ponts
compris.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, il ne me reste pas
de temps.
M. LE PRESIDENT: Non, malheureusement, pour nous conformer au
règlement ses-sionnel, procès-verbal, votre temps est
écoulé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais vous demander une directive.
Dans mon petit exposé, j'ai posé quelques questions au ministre
et le ministre m'a fait remarquer qu'il attendait la fin de mon exposé
pour répondre à mes questions. Quand le ministre va
répondre aux questions que j'ai posées, je n'aurai même pas
le droit d'intervenir. Je n'en ai plus le droit.
M. PINARD: Vous en avez certainement le droit.
M. LAVOIE (Wolfe): Oui, oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ce que je voudrais savoir.
M. LE PRESIDENT: Vous avez le droit de poser une question.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien non, s'il répond à mes
questions.
UNE VOIX: Le débat se continue.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Très bien.
M. CHARRON: S'il répond comme il faut, tu n'auras pas d'autres
questions.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous seriez prêts à adopter
l'article 6?
M. BURNS: Non, M. le Président.
Au départ, je repose tout simplement le problème du
règlement que je vous ai posé cet après-midi. Je me pose
sérieusement la question et j'attends une directive de votre part. J'ai
apporté le règlement sessionnel qui semble être la base de
votre directive. C'est le règlement sessionnel qui est inscrit au
feuilleton du 24
février 1971 et il y a certains amendements au règlement
de l'Assemblée nationale. J'ai une mauvaise habitude, M. le
Président, je ne plaide jamais quand le juge parle au procureur de la
couronne.
M. LE PRESIDENT: C'est gentil.
M. BURNS: Non, c'est tout simplement dans l'intérêt du
juge, de la défense.
M. PINARD: Non, un instant, j'aimerais régulariser la situation.
Je m'en excuse auprès du député qui avait la parole. Cet
après-midi, nous nous sommes entendus pour référer le
problème au président de l'Assemblée nationale pour fins
d'interprétation du règlement sessionnel relativement à la
durée de l'intervention de chaque député en
commission.
M. BURNS: A ce moment-ci M. le Président et M. le ministre...
M. PINARD: Je voulais savoir si le président avait rendu une
décision là-dessus ou avait interprété le
règlement.
M. LE PRESIDENT: Il n'a pas rendu sa décision.
M. BURNS: Je dois en toute honnêteté vous dire que je l'ai
averti qu'éventuellement ce problème lui serait soumis. Si vous
voulez le soumettre, je suis bien d'accord qu'on le lui soumette
immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Le problème est censé lui avoir
été soumis, mais je n'ai pas eu la réponse du
président.
M. BURNS: Que le problème lui ait été soumis, il
n'y a pas de doute. Je lui en ai parlé et en présence d'un
député ministériel, sinon le leader parlementaire du
gouvernement, du moins un de ses assistants, sauf qu'il n'y a pas eu de
décision. Je préférerais qu'à un moment
donné il y ait une décision.
M. LE PRESIDENT: Quand dites-vous que le problème lui a
été soumis?
M. BURNS: Bien, c'est absolument en dehors des...
M. LE PRESIDENT: Non, non, mais cet après-midi?
M. BURNS: Après que je vous eus quitté cet
après-midi...
M. LE PRESIDENT: Oui, oui, d'accord.
M. BURNS: ... au cours d'une réunion non formelle, si vous
voulez.
M. LE PRESIDENT: C'est justement ce à quoi je
réfère et je n'ai pas eu encore de réponse du
président. J'ai ici le texte du règlement sessionnel, c'est le
procès-verbal no 2, page 36, et d'après ce texte, le temps
permissible est de trente minutes. Le temps alloué au
député de Sainte-Marie est donc écoulé.
Jusqu'à preuve du contraire, je suis obligé de m'en tenir
à ce règlement et il s'appliquera pour tout le monde.
M. BURNS: Alors, M. le Président, je vais vous demander une
directive. Est-ce que vous croyez que dans le cas où je contesterais
votre décision, c'est à vous à en décider ou si
c'est au président de la Chambre?
M. LE PRESIDENT: Me basant sur le document que j'ai devant moi, je suis
obligé, sur le champ, de m'en tenir au texte que j'ai devant moi.
Maintenant, si c'est le désir de cette commission d'obtenir un avis, une
opinion du président de la Chambre, je suis totalement d'accord.
M. PINARD: M. le Président, si on me le permet, je n'aime pas
faire de la "procédurite" et je ne suis pas un partisan de cette formule
non plus. Cependant, si le député voulait bien nous dire le temps
qu'il veut prendre pour faire une intervention d'ordre général
à l'article 6 pour parler, fort probablement, de l'autoroute
transcanadienne et peut-être, plus spécifiquement de l'autoroute
Est-Ouest comme je le conçois facilement, alors, nous pouvons nous
entendre.
M. BURNS: C'est que...
M. PINARD: Que le député fasse son intervention d'ordre
général et s'il a des questions à poser au ministre, je me
ferai un plaisir d'y répondre. J'aurai moi-même une intervention
à faire en réponse à tous les arguments qui ont
été invoqués cet après-midi, à l'encontre du
concept de l'autoroute même et de sa réalisation. Après
cela, je donnerai des réponses à chacune des questions qui sera
posée par les députés, membres de la commission
parlementaire.
M. BURNS: Voici, M. le Président, ce qui m'inquiète
beaucoup dans votre décision de cet après-midi, ce n'est pas le
fait que vous nous limitiez au point de vue du temps. A ce moment-là, je
conçois qu'il est parfaitement normal que, tôt ou tard, on doive
céder la parole à quelqu'un d'autre à la commission. Ce
qui m'inquiète plus que ça, c'est qu'une fois que nous aurons
exposé notre point de vue, comme cela a été le cas du
député de Saint-Jacques, comme cela a été le cas du
député de Sainte-Marie et comme ce sera éventuellement mon
cas, il me semble que, déjà se limitant à un certain
nombre de minutes, on nous dise qu'il
nous est impossible de poser des questions au ministre, après
coup, c'est ce qui m'inquiète beaucoup.
M. PINARD: Ce n'est pas ce que je viens de vous dire, M. Burns.
M. BURNS: Bien, c'est ce qui m'inquiète beaucoup. Alors, à
ce moment-là, M. le Président, je voudrais avoir une
décision claire là-dessus. En ce qui me concerne, j'aimerais vous
donner une partie du point de vue de mon parti. Il y en aura d'autres qui
viendront vous donner également une partie du point de vue parce que, si
nous sommes limités au point de vue du temps, à ce
moment-là, il faudra se dédoubler pour vous donner l'ensemble de
notre point de vue. Mais après coup, je me demande si, sur ce même
article, il ne nous serait pas possible de poser des questions au ministre
parce qu'il est inévitable que, à toutes les questions que nous
allons poser au niveau de l'intervention, tant du député de
Sainte-Marie que du député de Saint-Jacques que de la mienne, le
ministre lui-même voudra sans doute répondre. D'ailleurs, il a
manifesté l'intention de le faire il n'y a pas tellement longtemps.
A ce moment-là, nous nous retrouvons un peu à la
période des questions habituelles en Chambre. Il y a des
possibilités de questions additionnelles. Je ne voudrais pas être
limité à des questions de "procédurite", comme le disait
le ministre. Moi non plus, je n'ai pas l'intention d'en faire.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, est-ce que je peux ajouter un
mot à cela? M. le député, ce que j'ai toujours compris,
dans ce protocole d'entente, c'est que nous avions le droit de parler une
demi-heure d'ordre général sur le sujet. Mais après cela,
nous posons toutes les questions que nous voulons même si cela dure une
heure. Cela n'a pas d'importance.
M. LE PRESIDENT: Pas d'après le règlement. D'après
le règlement, c'est une demi-heure et c'est dit clairement.
Maintenant, je n'ai pas d'objection, comme le ministre le disait
tantôt, si après votre demi-heure écoulée vous aviez
des questions à poser, le ministre aura une demi-heure pour
répondre à vos questions. Mais, si les autres membres de votre
parti viennent se remplacer, tour à tour, de manière à
parler chacun une demi-heure, lorsque le temps de tous les membres de votre
parti et je crois que c'est ce qui va arriver sera
écoulé, à ce moment-là, nous suivrons le
règlement à la lettre.
M. BURNS: Alors, M. le Président, je ne vous cache pas, je serai
très honnête avec vous, que nous avons l'intention d'utiliser tout
le temps possible pour discuter du problème de l'autoroute sous toutes
ses faces, sous tous ses aspects. Je ne veux pas prendre la commission par
surprise, non plus le président. A ce sujet, il est normal que je vous
dise en toute franchise que nous allons tenter d'utiliser tout le temps pour
discuter de ce problème à fond parce que nous avons l'impression
qu'il n'a pas été discuté à fond. Et si je
comprends bien, actuellement, M. le Président, vous ne minutez pas mon
temps, je suis en train de vous parler sur une question de
règlement.
M. LE PRESIDENT: Là, je ne vous minute pas.
M. BURNS: Je vous dis tout simplement, je n'ai pas l'intention de faire
perdre le temps de la commission. Il ne faudrait pas que ce soit l'approche que
le président prenne, ni aucun des membres de la commission à
l'égard de nos interventions. Nous voulons, dans le fond, que le
problème de l'autoroute soit discuté, en long et en large. Le
ministre a été très compréhensif au niveau des
crédits supplémentaires qui ont été adoptés
le 31 mars, il nous a donné beaucoup de réponses. Depuis ce
temps, il y a d'autres questions qui se sont posées chez nous. Il y a
des mouvements, comme le sait le ministre, qui se font actuellement, qui posent
le problème, qui se demandent où ça s'en va cette
histoire. Alors, nous voulons vider ce problème ouvertement. Si nous
sommes limités, nous nous limiterons, mais nous nous remplacerons.
M. LAFONTAINE: M. le Président, d'après ce que j'ai
compris dans les affirmations du député de Maisonneuve, il dit
que son parti a l'intention de prendre tout le temps et tous les moyens
possibles, que l'ensemble des députés du Parti
québécois a l'intention de parler sur le sujet avec un texte bien
préparé, comme nous l'avons vu cet après-midi, disons
comme préambule.
M. BURNS: Comme préambule.
M. LAFONTAINE: Comme entrée en matière, un texte qu'ils
liraient et qui durerait une demi-heure ou trois quarts d'heure, une heure.
M. BURNS: Dans mon cas...
M. LAFONTAINE: Si je calcule, à sept députés du
Parti québécois, cela ferait trois heures et demie de mise en
scène.
M. BURNS: Pour autant qu'il n'y a pas d'amendement.
M. LAFONTAINE: Oui, en plus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais faire remarquer que cet
après-midi, j'avais un texte pour m'y référer, mais je ne
l'ai pas lu, j'ai parlé, à peu près, sans texte.
M. LAFONTAINE: Je n'accuse pas le député
de Sainte-Marie, au contraire, il était très
intéressant. Nous ne partageons pas ses opinions. Mais j'ai bien
remarqué que le député de Saint-Jacques avait un texte qui
ressemblait à la Transcanadienne d'une façon
déformée parce que, de temps en temps, nous nous sentions
transportés entre Los Angeles et New York. De toute façon,
c'était son discours. En vertu des règlements de la Chambre, en
comité chaque opinant a droit à une heure, d'après le
protocole d'entente. Je ne sais pas s'il s'applique aux commissions.
M. BURNS: M. le Président.
M. LAFONTAINE: Mais, de toute façon, je n'ai pas l'intention de
limiter le droit de parole de qui que ce soit. Par contre, si c'est une
stratégie mise en l'avant par le Parti québécois, que les
sept députés parlent chacun une demi-heure, trois quarts d'heure
ou une heure, se réservant, après ça, le droit de
questionner le ministre, cela veut dire qu'à ce moment-là le
débat, simplement de la part du Parti québécois, durerait
quoi, sept ou huit heures, pour faire valoir le bien-fondé ou le bien
non fondé de la Transcanadienne. Quant à cela, je n'ai pas
d'objection à discuter à fond l'entente de la Transcanadienne
intervenue entre le gouvernement du Québec et le gouvernement d'Ottawa.
De là à remettre toujours en question la même question en
voltigeant de grande ville en grande ville dans le continent
nord-américain, j'ai l'impression que nous n'arriverons nulle part.
Cet après-midi, nous avons entendu le député de
Saint-Jacques qui a fait valoir sa thèse. Nous entendons, à
l'heure actuelle, le député de Sainte-Marie qui fait aussi valoir
une thèse. Elle est certainement valable dans certains milieux. Mais je
me demande ce que donnerait d'éterniser les débats?
M. BURNS: Mon collègue qui a parlé avant moi.
M. LAFONTAINE: Oui, c'est cela. J'ai dit que j'ai entendu le
député de Sainte-Marie cet après-midi quand le
député de Maisonneuve n'était pas ici.
M. BURNS: Bon, d'accord.
M. LAFONTAINE: D'ailleurs, il a exposé une thèse qui
semble valable et intéressante dans certains milieux. Mais s'il faut que
chacun des députés... D'ailleurs, c'est leur droit de
répéter. Mais à ce moment, je pense bien qu'il faudrait
s'en tenir au règlement de la Chambre qui dit une heure par personne. A
ce moment-là, cela donnera sept heures de débat.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, si les préambules sont
terminés, je crois que nous devrions passer à l'étude des
crédits au poste 7, article 6.
M. BURNS: Sauf, M. le Président, sur le point de règlement
qui est soulevé actuellement, que je voudrais m'assurer,
premièrement, du fait que le député de Sainte-Marie n'a
pas la possibilité de parler encore et que le député de
Saint-Jacques n'a pas, également, la possibilité de parler
encore, qu'avant que j'aie à intervenir, je sache combien de temps m'est
alloué. Dans ces circonstances, je fais une suggestion à la
commission, si vous voulez clarifier ce problème une fois pour
toutes.
Je vous suggère d'ajourner la commission et que nous allions
demander une directive au président de la Chambre, si cela est l'opinion
des membres de la commission. Ce sera un problème qui sera
réglé une fois pour toutes.
M. PINARD: Avez-vous terminé votre intervention?
M. BURNS: C'est une suggestion que je fais aux membres de la
commission.
M. PINARD: M. le Président, avant que vous ne vous prononciez sur
la suggestion qui vient de vous être faite, je pense qu'il ne sert
à rien que les membres de la commission parlementaire jouent à
cache-cache. Si les membres du Parti québécois nous disaient
franchement la tactique qu'ils veulent employer et la façon dont ils
veulent jouer leurs cartes. Je n'ai pas objection à ce qu'ils fassent un
débat au sujet de la Transcanadienne et en particulier sur le
tronçon est-ouest de Montréal. Mais s'ils veulent nous lire les
mémoires qu'ils ont présentés, eux-mêmes, devant la
commission d'auditions populaires, je n'ai pas d'objection. Qu'ils lisent le
texte et nous les écouterons, même si nous connaissons le contenu.
Je l'ai lu. Nous écouterons attentivement et le texte sera
consigné au journal des Débats. Mais après cela, quand ils
auront fini de le lire, j'imagine qu'ils voudront me poser des questions. Je
répondrai à vos questions. Nous ne sommes pas pour coucher ici et
nous éterniser là-dessus pendant trois semaines. Même si
vous avez une manifestation populaire lundi, qu'est-ce que cela donnera de
plus? Allez dire devant la population les arguments que vous nous avez dits en
commission parlementaire. La population jugera et le gouvernement jugera
également.
M. BURNS: La population les a déjà jugés, M. le
ministre.
M. PINARD: Pardon?
M. BURNS: La population visée les a déjà
jugés.
M. PINARD: Non. Je n'admets pas cela.
M. BURNS: En ce qui nous concerne, elle les a déjà
jugés.
M. PINARD: Continuez à le prétendre si vous le voulez mais
je ne l'admets pas.
M. BURNS: Je n'ai pas reçu, en ce qui me concerne, d'opinions
défavorables encore.
M. PINARD: Je ne l'admets pas parce que je suis allé dans le
territoire lundi et j'en ai vu, des gens, moi aussi.
M. BURNS: Oui.
M. PINARD: Les gens sont en maudit parce que le Parti
québécois proteste contre la décision gouvernementale.
M. BURNS: Bien oui!
M. PINARD: Ce n'est pas tout le monde qui est d'accord avec vous.
M. BURNS: C'est drôle que mon téléphone est
très public et il n'y a jamais personne qui m'a dit cela.
M. PINARD: A l'émission de "hot line", je n'ai pas eu un appel
téléphonique contre le tronçon est-ouest à
Montréal. Au contraire.
M. BURNS: Moi, j'ai eu exactement la réaction contraire.
M. PINARD: Le seul appel que j'ai eu, c'était pour...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pourrais-je poser une question au
ministre?
M. PINARD: Les gens me posaient la question à savoir pourquoi il
y en avait quelques-uns qui s'opposaient à cette décision
gouvernementale.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pourrais-je poser une question au ministre?
Avez-vous consulté les gens qui seront déplacés?
M. PINARD: Je suis allé dans le territoire, sur l'île
Notre-Dame, avec M. John Connolly, lundi. Nous sommes en train de
préparer un kiosque d'information au garage Hamelin.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sur la rue Notre-Dame? Vous n'êtes pas
allé dans le milieu.
M. PINARD: C'est en plein dans le territoire. Les gens sont venus
pendant que j'y étais. Ils sont venus s'informer. Nous leur avons
montré la maquette au complet, à partir de l'échangeur
Turcot jusqu'au pont-tunnel Lafontaine. Les gens voulaient savoir où
passait le tracé, de quelle façon il passerait, si c'était
sous terre, au niveau du sol ou en voie élevée. Ils ont reconnu
leur propriété: Est-ce que je suis exproprié? Oui, vous
êtes exproprié. Regardez la ligne passe. Alors là, ils
allaient vérifier sur le plan qui était plus en détail.
Ils disaient : Très bien. Cela fait mon affaire. L'autre disait: Moi, je
ne sais pas si cela fait mon affaire. Cela dépendra de
l'indemnité qu'on m'offrira. Ils discutaient avec nous. C'était
absolument amical. Il n'y avait pas de contestation globale comme celle que
l'on entend de la part du Parti québécois.
Alors, qu'ils ne viennent pas me faire croire qu'ils parlent au nom de
toute la population de la ville de Montréal. Ce n'est pas vrai. Personne
ne croira cela, d'ailleurs.
M. BURNS: J'ai l'impression de parler au nom de la population de mon
comté.
M. PINARD: Vous ne parlez même pas au nom de la population de
votre comté, de la majorité. Vous parlez au nom de certaines
personnes qui s'opposent à ma décision.
M. BURNS: A l'ordre, à l'ordre!
M. PINARD: C'est absolument normal. Je vous en donne le droit.
M. BURNS: M. le Président, qu'un ministre vienne me dire à
moi que je ne parle même pas au nom de la population de mon comté,
eh bien, j'ai été élu au même titre que lui. Nous ne
sommes pas pour nous mettre à comparer nos majorités l'un et
l'autre.
On siège au même titre. La seule différence qu'il y
a entre lui et moi, c'est qu'il a un supplément de salaire parce qu'il
est ministre. C'est la seule différence. Il ne faudrait pas que l'on
s'énerve là-dessus. Ne nous énervons pas. Je veux
clarifier cela tout de suite. Il n'y a pas un ministre qui va me traiter de
haut ici, en me disant que je ne parle pas au nom de mon comté, que ce
soit le ministre de la Voirie ou qui que ce soit. Il n'y a personne qui va
venir me dire cela. On va replacer cela tout de suite, au départ.
M. PINARD: J'ai dit que vous ne parliez pas au nom de la majorité
de tous les citoyens du comté que vous représentez.
M. BURNS: Je parle au nom de mon comté, M. le ministre.
M. PINARD: Cela, c'est faux.
M. BURNS: Les gens de mon comté, le jour où ils ne seront
pas contents, ils viendront me le dire, comme les gens de votre comté
iront vous dire, tranquillement, pas vite, que vous parlez pas au nom de votre
comté. Sauf que moi, les gens de mon comté ne sont pas encore
venus me dire cela. C'est tout à fait le contraire qui est arrivé
jusqu'à maintenant. Il ne faudrait pas déplacer les
problèmes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous venez de dire...
M. BURNS: Je suis prêt à venir vous parler de l'autoroute.
Je suis prêt à prendre tout le temps que la commission voudra bien
me donner. Je suis bien prêt à faire tout cela, mais ne venez pas
me dire que je ne parle pas au nom de mon comté.
M. PINARD: Mais, au lieu de faire tant d'histoires...
M. BURNS: Cela s'adonne que c'est ce comté-là qui est
concerné.
M. PINARD: ...parlez-en donc de l'autoroute et arrêtez donc de
jacasser.
M. BURNS: Je ne jacasse pas.
M. PINARD: Vous êtes ici pour cela.
M. BURNS: Je veux savoir où l'on s'en va, c'est tout.
M. PINARD: Si vous voulez le savoir, commencez par me poser des
questions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le ministre vient de dire qu'il y avait des
gens qui seraient expropriés.
M. BURNS: Je veux savoir où je m'en vais.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: Je veux avoir un "ruling". M. LE PRESIDENT: Je
demanderais...
M. PINARD: J'ai déjà connu des "filibusters" en Chambre.
Vous n'êtes pas les premiers à nous faire de l'obstruction.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez vu les gens qui ont
été expropriés; vous n'avez pas vu les autres.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: M. le Président, j'invoque l'article 285,
dix-neuvièmement. Le ministre me prête des intentions.
M. PINARD: Voyons, c'est évident.
M. BURNS: Je n'ai pas, jusqu'à maintenant...
M. PINARD: Je lui prête des intentions!
M. BURNS: ...exprimé des choses qui peuvent permettre au ministre
de me prêter des intentions.
M. LE PRESIDENT: Il reste quand même...
M. PINARD: Ne faites pas de procédurite.
M. BURNS: C'est dans l'ordre. Je n'en fais pas.
M. LE PRESIDENT: ...que l'on n'est pas...
M. PINARD: Parlez de l'autoroute, parlez-en.
M. LAFONTAINE: Pourquoi le ministre, au lieu de prêter des
intentions, ne nous donne-t-il pas les renseignements?
M. BURNS: Vous ne nous ferez pas passer des vessies pour des lanternes,
non plus.
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez, pour la bonne marche de la commission,
nous allons commencer immédiatement la discussion de l'article 6 du
poste 7. Cela fait la troisième fois que je vous le demande. Il me
semble que vous pourriez montrer un peu de coopération.
Si vous voulez que l'étude finisse, je crois que nous sommes
aussi bien de commencer.
M. LAFONTAINE: M. le Président, à l'instar du
député de Maisonneuve, j'aimerais bien savoir vos directives.
M. BURNS: C'est cela.
M. LAFONTAINE: Il ne faudrait tout de même pas commencer le
débat sans en connaître la fin.
M. LE PRESIDENT: Les directives...
M. LAFONTAINE: Si nous commençons de cette façon-là
et que le Parti québécois, à un moment donné,
conteste, disons, la durée du temps ou la réglementation qui,
semble-t-il, a été acceptée par le projet de protocole
d'entente...
M. BURNS: Je m'excuse, mais on nous réfère constamment
à un projet de protocole qui n'a aucune espèce d'application en
l'instance.
M. LAFONTAINE: Je serais pour que l'on applique tout simplement le
règlement de l'Assemblée nationale qui limite la période
à une heure par personne. Je suis bien prêt à
l'accepter.
M. LE PRESIDENT: Ecoutez, je dois vous répondre que j'ai ici
devant moi un texte qui dit une demi-heure. Jusqu'à ce que le
président de la Chambre me dise autre chose, nous nous en tiendrons
à une demi-heure.
M. LAFONTAINE: Je pense que le texte que vous avez, M. le
Président, réfère à des travaux en Chambre. Je vois
ici le leader du
gouvernement qui entre. J'aimerais bien entendre, de la part du leader
du gouvernement en Chambre, son interprétation quant à la
limitation du droit de parple, ici en commission.
M. BURNS: Je m'excuse, mais je ne suis pas d'accord que le leader du
gouvernement nous donne... Si nous voulons une interprétation, nous
irons voir le président de la Chambre.
M. LAFONTAINE: Un instant. On pourrait peut-être demander aussi au
leader du Parti québécois de donner son interprétation,
comme je peux demander au leader du gouvernement de donner son
interprétation. Nous ne sommes pas ici pour nous chicaner sur de la
procédure; nous sommes ici pour essayer d'expédier les choses de
l'Etat.
M. LE PRESIDENT: Un instant.
M. BURNS: Je ne suis pas ici pour me chicaner sur la procédure,
seulement, je veux savoir...
M. LE PRESIDENT: Accepteriez-vous, tel que mentionné ici au
procès-verbal, une demi-heure? Lorsque nous aurons eu l'opinion du
président, si le président dit que c'est une heure, ceux qui
auront parlé et qui voudront avoir l'autre demi-heure à laquelle
ils auront droit pourront l'avoir. En attendant, la commission ne perdra pas
son temps.
M. BURNS: D'accord. Je veux savoir une autre chose, de votre part, M. le
Président. Je veux savoir si, dans le texte de l'article 3 des
règlements sessionnels, quand on parle de la durée des discours
au paragraphe 2, sous-paragraphe 2, et qu'on nous dit une demi-heure de
discours, si, pour vous, cela exclut les questions.
M. LE PRESIDENT: Cela inclut ou ça peut exclure les questions
suivant...
M. BURNS: Je vous avais dit d'avance, M. le Président, que nous
avons de la difficulté à minuter nos questions.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Suivant que celui qui a la parole accepte une
question d'un autre membre du comité. Si un autre membre de la
commission lui demande la parole et qu'il lui refuse la parole, alors, il a une
demi-heure à sa disposition. Maintenant, s'il accepte l'intervention
d'un autre membre, pour lui poser une question, le temps, pris pour
répondre ou poser cette question, naturellement est inclus dans la
demi-heure à sa disposition. Celui qui a la parole, tout ce qu'il a
à faire, s'il ne veut pas perdre de temps est de refuser à un
autre membre la permission de poser une question.
M. BURNS: Avec toute la déférence et tout le respect que
j'ai pour vous, M. le Président, je vous dis tout simplement que je veux
des réponses à ces questions, immédiatement. Je ne veux
pas avoir l'impression d'être bâillonné, si jamais, à
un moment donné, on me dit qu'on ne répond pas à mes
questions et qu'on n'accepte pas que je les pose.
Moi, je veux savoir où je m'en vais, sur le plan de la
procédure, immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Je vous ai donné mon opinion. S'il faut
commencer à enlever les minutes perdues lorsqu'un autre membre pose une
question, je demanderais au président de la Chambre, peut-être de
me donner ce que l'on appelle, en bon français un chronomêtre pour
être capable de calculer le temps.
M. LEVESQUE: M. le Président, si on me permet, puisque le
député de Labelle a signalé ma présence ici, et si
je peux apporter ma modeste contribution, je suis très heureux...
UNE VOIX: On vous avait remarqué.
M. LEVESQUE : Oui. Premièrement, je dois dire que sans vouloir
bâillonner, comme on a employé le mot, les travaux de cette
commission et encore moins le droit des députés, ou quel que soit
le député qui veuille s'exprimer, je crois, tout d'abord, en
règle générale, que les députés ont eu
à la commission parlementaire de la Voirie, une liberté de
s'exprimer qui s'est étendue depuis plusieurs séances. Nous
avions convenu, lorsque nous avons adopté les règlements
sessionnels, qu'afin de procéder d'une façon efficace, et de
tenir compte du désir de chacun des participants de procéder avec
célérité, tout en respectant évidemment le droit de
parole de chacun des députés, de réduire le droit de
parole qui dans les règlements était d'une heure à une
demi-heure.
Si on regarde les articles 325, 380 et 346, concurremment, on
s'aperçoit que cette disposition des règlements sessionnels
s'applique, en particulier, au travail des commissions. En effet, il serait
absolument absurde que l'on ait voulu limiter le travail, en Chambre, sans
avoir, en même temps, englobé l'ensemble de nos
délibérations.
Et encore une fois, si on lit ces trois articles que je viens de
mentionner et qu'on se serve simplement des règles ordinaires
d'interprétation, on s'aperçoit que pour chaque article chacun
des articles d'un budget de quelque ministère que ce soit, chacun des
108 parlementaires a droit de parler pendant une demi-heure. Cela, sur chacun
des articles d'un budget.
Il y a certainement là absence absolue de bâillon. Si
quelqu'un a des idées précises à exprimer, si comme on a
dit: "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour
le dire arrivent aisément..."
M. BURNS: Qui a dit ça? Boileau, Boileau d'abord.
M. LEVESQUE : C'est Boileau qui a dit ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Boileau, son talent.
M. LEVESQUE: Il me semble qu'une demi-heure pour chaque article, une
demi-heure accordée à chacun des parlementaires, il me semble que
si nous prenions complètement le temps mis à la disposition des
parlementaires, et si les 108 dans ce Parlement prenaient avantage de ce
règlement, nous serions ici à l'année, simplement
peut-être sur la Voirie, les Travaux publics et quelques autres
ministères.
M. BURNS: M. le Président, permettez-moi de vous dire tout de
suite qu'il y en a au moins 71 qui seraient bâillonnés au
départ.
M. LEVESQUE: Evidemment, M. le Président, nous pouvons
peut-être parler des membres du Parti québécois qui sont
absents ce soir, enfin.
M. BURNS: Ils sont partout dans la place. Ils fourmillent.
M. LEVESQUE: Je pense bien, M. le Président, pour revenir
à l'esprit, non pas seulement à la lettre des règlements,
mais si on me permet de dire, si nous voulons revenir à l'esprit des
règlements, je crois bien que dans une demi-heure, chacun des
collègues peut exprimer, sur un article en particulier, son point de vue
et si on voulait dépasser ça, on se dirigerait vers de
l'obstruction systématique et c'est justement ce que nous avons voulu
éviter. Il me semble qu'il y a suffisamment de gens de la presse ici,
les media d'information sont assez puissants aujourd'hui que ce que veut dire
un député, ce qu'il veut exprimer, cela peut se rendre dans tous
les coins de la province très facilement.
Evidemment, si l'on dit des choses qui n'ont pas tellement d'importance,
qui n'ont pas tellement de résonance, ou d'acceptation dans le grand
public, c'est peut-être en vain que l'on voudra parler longuement pour
essayer finalement de créer une impression.
Mais, à mon sens, M. le Président, et je le dis bien
respectueusement, lorsqu'on se fie plutôt sur la longueur des discours
que sur leur qualité, à ce moment-là, l'on arrive à
ce que l'on arrive présentement...
M. BURNS: Pour la qualité, nous n'avons personne à qui il
faut envier quelque chose. Alors, nous n'avons aucun problème...
M. LEVESQUE: Eh bien, M. le Président, la suffisance...
M. BURNS: Ce n'est pas de la suffisance, c'est tout simplement du
réalisme.
M. LEVESQUE: ... elle ne m'impressionne pas tellement et je dois dire
que, si nous nous en tenons strictement à l'interprétation des
règlements tels que ceux qui dirigent nos débats, je crois que
nous devrions nous en tenir à ces règlements et limiter nos
interventions chacun à une demi-heure par article.
M. LE PRESIDENT: Ceci étant dit, est-ce que, pour une
quatrième fois, je pourrais vous demander...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, sur un point de
règlement, pour ce que vient de dire le leader parlementaire, je
voudrais faire remarquer ceci: c'est que cet après-midi, dans mon
exposé, j'ai posé des questions au ministre, des questions
précises et le ministre m'a fait remarquer qu'il attendait la fin de mon
intervention pour me donner les réponses à mes questions. J'ai
accepté. Alors, si le ministre répond aux questions que je lui ai
posées, j'aimerais bien avoir le privilège de le
contre-interroger si les réponses ne sont pas satisfaisantes. Sinon, il
ne sert à rien de parler d'un projet de $82 millions, nous en parlons
pas ici d'un "stand à patates frites" au coin de la route, nous parlons
d'un projet de $82 millions et d'une autoroute qui va déplacer des
milliers de personnes.
Moi, j'ai des questions à poser au ministre et je vais m'arranger
pour les poser.
M. LEVESQUE: Voici, M. le Président, s'il faut attendre que les
députés soient satisfaits...
Nous ne pouvons pas, à mon sens, décider des
règlements dans la mesure de la satisfaction d'un député
aux réponses données. Il y a un principe fondamental qui dit
qu'aux questions posées le ministre peut répondre ou ne pas
répondre, les règlements consacrent cela et que le
député soit satisfait ou non des réponses données,
il doit s'en satisfaire ou autrement exercer les autres recours prévus
par les règlements.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il répondra ce qu'il voudra, je n'ai
plus un maudit mot à dire.
M. LEVESQUE: Voici, si nous attendons que le Parti
québécois soit satisfait des travaux exécutés par
le présent gouvernement, nous ne pourrions pas régler les
situations dans une journée ou dans une semaine. Mais le gouvernement,
actuellement, n'a pas le temps d'attendre l'appréciation favorable du
Parti québécois. Le gouvernement doit agir, nous avons un respect
pour le droit démocratique de chacun des parlementaires, nous le
respectons à l'intérieur des règlements. Mais en plus de
cela, M. le Président, je soumets respectueusement que nous ne pouvons
pas attendre que l'honorable député de Sainte-Marie exprime sa
satisfaction, ce serait utopique de penser que nous aurions, à un moment
donné, un vote de satisfaction
vis-à-vis de l'autoroute Est-Ouest qui, à mon sens, est le
signe du progrès.
Le représentant du comté de Sainte-Marie semble s'insurger
contre le progrès, comme tous ceux, d'ailleurs...
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président...
M. LEVESQUE: ...à qui les travaux du gouvernement
présentement font mal.
M. BURNS: J'invoque le règlement. Une question d'ordre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si la foule se met là-dessus,
ça ne marchera pas. C'est aussi simple que ça.
M. BURNS: Si le député...
M. LEVESQUE: Cela va marcher quand même.
M. BURNS: ...de Bonaventure...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Laissez faire vos intentions!
M. BURNS: ...veut discuter du bon de l'affaire, il en discutera. Mais,
actuellement, nous discutons d'une méthode de procédure. Moi, je
veux savoir exactement comment nous allons procéder dans cette
affaire-là.
M. LAFONTAINE: M. le Président, est-ce que je peux vous faire
remarquer ceci? Comme vous l'avez dit plusieurs fois, il y a un projet de
protocole d'entente que nous, de l'Union Nationale, sommes prêts à
reconnaître. Si le Parti québécois ne veut pas
reconnaître le projet de protocole d'entente...
M. BURNS: Il n'y a plus de protocole d'entente ici.
M. LAFONTAINE: ...qu'on s'en tienne, M. le Président, aux
règlements de la Chambre : une heure par question. Il y a sept
députés québécois qui parlent pendant sept heures
et, après cela, nous prendrons notre droit de parole.
M. LEVESQUE: M. le Président, cela va plus loin que le protocole
d'entente et je crois que le député de Maisonneuve a raison. Il
ne s'agit pas du protocole d'entente; il s'agit des règlements
sessionnels...
M. BURNS: Sûrement.
M. LEVESQUE: ...qui ont été adoptés par la Chambre,
dans l'ensemble. Si nous voulons ensemble... Je connais les connaissances
juridiques du député de Maisonneuve que je respecte dans cette
compétence.
M. BURNS: Je vous respecte aussi dans d'autres.
M. LEVESQUE: Oui, mais disons que, sur certains points, nous pouvons
différer d'opinion. Mais si nous lisons ensemble les articles 325, 380
et 346, nous nous apercevons de ce qui suit, à l'article 380: "A moins
de dispositions contraires, les règles qui régissent les
opérations des comités pléniers s'appliquent au
comité des subsides et au comité des voies et moyens". Nous nous
entendons là-dessus.
M. BURNS: Bien d'accord.
M. LEVESQUE: Si nous prenons l'article 346 premièrement: "En
comité plénier, un député peut prendre la parole
sur le même point aussi souvent qu'il lui plaît, à condition
de ne pas parler plus d'une heure en tout sur un même article". L'article
325 dit: "A moins de dispositions contraires, les opérations des
comités pléniers sont soumises aux mêmes règles que
les opérations de la Chambre, mutatis mutandis".
Or, dans les règlements sessionnels, nous avons volontairement,
ensemble, accepté de limiter les interventions à une demi-heure.
Donc, mutatis mutandis, les opérations des comités
pléniers sont soumises aux mêmes règles que ces
opérations de la Chambre, c'est-à-dire que chaque
député a le droit de parler, sur un article, une demi-heure.
Alors, que chacun des sept membres du Parti québécois prenne la
demi-heure à laquelle il a droit, personne ne s'en offusquera. Il me
semble que c'est clair, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je répète ce que j'ai dit il y a quelques
instants. Nous avons un règlement. Je suis obligé de le faire
respecter. Alors, c'est une demi-heure. Lorsque le ministre fera se
réponse, s'il veut répondre aux questions qui lui ont
déjà été posées, libre à lui de le
faire, mais il n'y aura pas de temps supplémentaire à qui que ce
soit.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Saindon): C'est le règlement.
M. LACROIX: Si vous le permettez, M. le Président, tout
l'après-midi, les membres du Parti québécois se sont tenus
à côté de la question. Si je comprends bien...
M. BURNS: Cela, c'est votre jugement à vous, M. le
Président. On ne le respecte pas tellement.
M. LACROIX: Si vous me le permettez, M. le Président, je vous
dirai que nous étudions actuellement les crédits du
ministère de la
Voirie. Je suis venu assez fréquemment pour savoir ce qui se
passait. Les députés de Saint-Jacques et de Sainte-Marie ont
parlé constamment d'habitation, de métro, ce qui, je crois, ne
fait pas l'objet des crédits actuels. Quant à moi, si le Parti
québécois a des problèmes particuliers dans ses
comtés, s'il veut empêcher le développement que nous
voulons faire dans cette région et qui est nécessaire pour le
développement de tout l'Est de Montréal et de toute l'île
de Montréal, en essayant d'accrocher le grelot sur une "bebelle"
à René Lévesque, libre à lui. Mais seulement, je
crois qu'actuellement nous étudions les crédits de la Voirie.
Nous essayons, par l'adoption de crédits de l'ordre de $75 millions,
d'aider non seulement à développer le réseau routier de
l'île de Montréal, mais de créer aussi des emplois et de
faire en sorte que les taudis qu'habitent les pauvres résidants...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LACROIX: ... des comtés du député de
Sainte-Marie et du député de Saint-Jacques.
M. BURNS: Le député des Iles-de-la-Madeleine veut parler
du fond. Or, nous ne sommes pas sur le fond actuellement, nous sommes sur un
modus vivendi que nous essayons d'établir.
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. BURNS: Qu'il n'essaie pas de nous amener sur le fond et de parler des
taudis...
M. LACROIX: C'est ce que vous avez fait toute la journée.
M. LEVESQUE: Je rappellerai au député de Maisonneuve que
si j'ai bien compris, le président a rendu sa décision.
UNE VOIX: C'est ça.
M. BURNS: A ce moment-là, j'ai d'autres questions à poser
au président.
UNE VOIX: D'accord.
M. BURNS: Si je comprends bien, M. le Président, vous avez rendu
votre décision sur le plan de la durée des discours,
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. BURNS: Vous nous avez dit que c'était une demi-heure.
M. LE PRESIDENT: Trente minutes.
M. BURNS: Alors, M. le Président, j'en appelle de votre
décision.
M. LE PRESIDENT: Libre à vous.
M. BURNS: Je le fais.
M. LE PRESIDENT: Nous allons prendre le vote à main
levée.
Les membres de la commission qui sont en faveur de maintenir la
décision du président: M. Harvey (Chauveau), M. Carpentier, M.
Faucher, M. Giasson, M. Lafontaine, M. Larivière, M. Latulippe, M.
Lavoie (Wolfe), M. Mailloux, M. Pinard. Neuf membres présents appuient
la décision du président. Neuf votes pour, neuf à
zéro.
M. BURNS: D'accord, M. le Président. J'ai maintenant une autre
question à vous poser. Je ne sais pas si vous avez rendu votre
décision là-dessus, je voudrais avoir des précisions. Vous
nous dites que nous sommes limités à une demi-heure. Le membre de
la commission qui est absent, M. Lessard, est actuellement à la
commission des Richesses naturelles, je vous le dis honnêtement, c'est
lui qui est membre.
M. MAILLOUX: Un des nôtres est absent aussi.
M. BURNS: Divisez 72 par 7 et vous allez voir la différence.
M. MAILLOUX: Nous ne sommes pas 72 sur cette commission.
M. BURNS: Sauf que vous divisez le travail entre 71 alors que nous le
divisons entre 7.
M. LACROIX: Nous voulons entendre le leader parlementaire du Parti
québécois, qu'il s'adresse à la présidence.
M. BURNS: Si vous voulez parler d'un problème d'enfilage de
mouches, nous allons nous en parler, je n'ai pas d'objection.
M. LACROIX: Là, nous...
M. BURNS: Ce n'est pas cela, mais je vous le dis, il n'est pas ici, il
est à la commission.
M. LACROIX: Je ne vous en fais pas grief.
M. BURNS: Si on veut jouer à cela, je vais jouer, ça ne me
fait rien. Sauf qu'actuellement il faut se rendre compte d'une chose, c'est
qu'il y a trois commissions qui siègent en même temps.
M. LACROIX: Nous ne vous en faisons pas grief.
M. BURNS: Non, alors d'accord, ne nous en parlez plus, s'il vous
plaît.
M. LACROIX: Ce n'est pas moi qui vous en ai parlé.
M. BURNS: Je vous rends cet hommage, M. le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs...
M. BURNS: Je vous pose une autre question, M. le Président, qui
est la suivante: Je veux savoir si, dans la demi-heure votre
décision a été maintenue par la commission vous
allez considérer également les questions que nous allons poser au
ministre?
M. LE PRESIDENT: Je l'ai dit deux fois tantôt, je le
répète, à moins d'avoir un chronomètre, lorsqu'un
membre de cette commission a la parole, s'il ne veut pas perdre une partie du
temps qui lui est alloué, ce sera de refuser les questions qui
pourraient lui être adressées. S'il les accepte, le temps qui sera
pris par cette question, sera déduit du temps qui lui est alloué,
soit des trente minutes auxquelles il a droit.
M. BURNS: Alors, les questions ne sont pas comptées dans le temps
alloué à chaque député.
M. LE PRESIDENT: Comment voulez-vous que j'arrête le temps pendant
que vous répondez à une question?
M. BURNS: Cela veut dire que nous allons utiliser au maximum notre
délai de droit de parole...
M. LE PRESIDENT: Si je faisais cela, mon calcul serait arbitraire, il
n'y aurait rien de plus arbitraire.
UNE VOIX: ... cela donne trois heures et demie pour le faire.
M. LE PRESIDENT: Alors, c'est impossible. Si vous acceptez une question
d'un membre lorsque vous parlerez, vous perdez ce temps-là, qui est pris
à même le temps qui vous est alloué.
M. BURNS: M. le Président, j'ai une dernière question
à vous poser et je vous suggère qu'en vertu de l'article 677 on
s'en réfère au président de la Chambre pour poser cette
question. C'est une directive à mon avis que le président devrait
nous donner à savoir: Est-ce, en ce qui vous concerne,...
M. LAFONTAINE: ... le président de la Chambre pourrait
peut-être vous éclairer.
M. BURNS: Sauf que ce n'est pas lui actuellement, c'est tout simplement
M. Lavoie qui vient d'entrer, ce n'est pas le président de la Chambre.
Il n'est pas le président de la Chambre à ce moment-ci. Je veux
tout simplement savoir, étant donné...
M. PINARD: C'est une motion qui est débat- table et susceptible
d'appel, une motion de référence au président de la
Chambre.
M. BURNS: Bien oui!
M. PINARD: Faites votre motion et nous allons en discuter.
M. BURNS: Bien oui, je veux tout simplement exposer de quelle nature
elle est.
M. PINARD: Bien oui! M. BURNS: D'accord? M. PINARD: Bien oui!
M. BURNS: Alors, si je regarde l'article, actuellement en discussion,
nous avons un article qui s'appelle la Transcanadienne j'ai perdu ma
page, je m'excuse, je vais la retrouver c'est-à-dire poste 7,
article 6: Construction de la route transcanadienne, ponts compris.
Construction of the Trans-Canada highway, bridges included.
Est-ce que vous limitez notre droit de parole, à cet article 6,
à la demi-heure et les questions? Pourrions-nous vous parler,
également, au sujet des sous-articles 31 et 32, ainsi que les autres
articles?
M. LE PRESIDENT: Le règlement dit: Trente minutes par article.
C'est clair.
M. BURNS: Et article, dans votre opinion, M. le Président, c'est
à ce sujet que je voudrais m'en référer au
président de la Chambre, en vertu de l'article 667: "Il ne peut
être posé aucune question écrite à l'orateur, au
président maintenant. Mais des questions peuvent lui être
posées de vive voix relativement aux affaires de la Chambre et aux
formes de procédure à suivre." Actuellement, j'aimerais bien que
le président nous donne des directives relativement à cette
possibilité que nous aurions de poser des questions. Si nous sommes
limités, relativement à votre décision antérieure,
au fait de parler ou de faire un discours dans un délai d'une demi-heure
et que cette demi-heure étant utilisée, nous n'avions aucune
possibilité de poser des questions après coup à
moins que le ministre, de façon bienveillante, accepte la question et
que le comité l'accepte aussi à ce moment-là,
j'aimerais bien savoir si ayant utilisé ma demi-heure, le
député de Sainte-Marie ayant utilisé sa demi-heure ainsi
que le député de Saint-Jacques, si l'un ou l'autre, nous aurions
la possibilité de poser des questions, autrement et ailleurs, sur des
articles du poste 7. Est-ce que c'est ça? Alors, M. le Président,
je propose, à la suggestion du ministre de la Voirie, que nous nous en
référions à l'opinion du président de la
Chambre.
M. PINARD: M. le Président, j'aurais une
intervention à faire sur la suggestion du député de
Maisonneuve. Je vois mal comment le président pourrait rendre une
décision différente de la vôtre. Enfin, c'est mon humble
opinion.
M. BURNS: Il n'a pas pris de décision encore, je m'excuse,...
M. PINARD: Non, non, un instant...
M. BURNS: ... mais nous ne sommes pas rendus à la
décision.
M. PINARD: La décision que le président de la commission
parlementaire a rendue en vertu des responsabilités, lui incombe comme
président. Il a mis la motion du député de Maisonneuve aux
voix. La motion a été battue. Alors, le député veut
faire un autre point de procédure...
M. BURNS: Je m'excuse là...
M. PINARD: ... de demander au président de
référer...
M. BURNS: Est-ce que je peux rectifier les faits?
M. PINARD: L'interprétation que nous faisons du
règlement...
M. BURNS: Est-ce que vous me permettez de rectifier?
M. PINARD: ... quant à la durée des interventions des
membres de la commission parlementaire à une demi-heure, il veut
demander que cette question soit référée au
président...
M. BURNS: Pas du tout.
M. PINARD: ... de l'Assemblée nationale...
M. BURNS: Vous ne m'avez pas compris.
M. PINARD: ... aux fins de l'interprétation.
M. BURNS: Je m'excuse...
M. PINARD: Quel est votre point?
M. BURNS: Voici, M. le Ministre, je vais tenter de rectifier les faits
avec votre permission, M. le Président. J'en ai appelé de votre
décision, bien humblement et bien respectueusement,...
M. PINARD: Oui.
M. BURNS: ... sur le fait que nous étions limités à
une demi-heure. A ce propos, la commission a maintenu la décision du
président. Le deuxième point que j'ai posé comme question
était à savoir si cette demi-heure incluait les questions et s'il
était possible de poser des questions en plus. Le président a
rendu sa décision. Je n'ai pas appelé de sa décision.
D'accord? Jusque-là, nous nous suivons. J'ai posé une
troisième question. Avant que le président y réponde, j'ai
suggéré, en vertu de l'article 667, que nous demandions une
directive au président. Cette question était de savoir lorsqu'on
se limite à une demi-heure par article si on veut dire une demi-heure
par article au sens des crédits, au sens des articles de chaque
poste.
C'est là-dessus que je fais une proposition pour qu'on s'en
réfère à la décision du président.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si vous me permettez quelques
mots sur l'intervention, le point d'ordre soulevé par le
député de Maisonneuve, cela fait douze ans cette année que
je siège en cette Chambre, soit du côté ministériel,
soit du côté de l'Opposition, plus souvent dans l'Opposition qu'au
gouvernement. Jamais il n'y a eu de tracasseries à la commission
parlementaire de la Voirie quant au temps donné aux
députés, jamais le temps n'a été compté,
jamais le temps n'a été mesuré et je pense bien que,
quelque gouvernement que ce soit, nous avons toujours été
compréhensifs vis-à-vis des questions posées par
l'Opposition parce qu'il est normal de renseigner la population; mais je
comprends mal que nous avons commencé à siéger à
huit heures quinze et qu'il est actuellement neuf heures et treize minutes,
nous avons perdu une heure tout simplement sur des points de procédure
et j'ai l'impression, sans prêter d'intention à personne, qu'on
semble vouloir faire tramer les débats en longueur pour je ne sais
quelle raison, est-ce que ce serait en raison de la marche concernant
l'autoroute qui doit avoir lieu lundi à Montréal ou est-ce pour
d'autres raisons? Je n'ai encore vu aucune question à laquelle le
ministre de la Voirie a refusé de répondre, à l'heure
actuelle, et je peux assurer les membres du Parti québécois que,
si le ministre de la Voirie refusait de répondre à quelque
question, que je me rangerais sous leur bannière, dans la discussion en
cours. Mais je comprends mal, à l'heure actuelle, l'attitude du Parti
québécois qui semble être, je m'excuse, je vais
peut-être être déplaisant vis-à-vis des membres du
Parti québécois, mais...
M. BURNS: Nommez des députés, je pourrais invoquer une
question de privilège...
M. LAFONTAINE: ... tout simplement peut-être...
M. BURNS: Parlez donc du député au lieu de parler du Parti
québécois.
M. LE PRESIDENT: Deux questions m'ont été posées
par le député de Maisonneuve, je vais répondre, ma
réponse est...
M. BURNS: Je m'excuse, avant que vous ne répondiez, M. le
Président, j'ai fait une motion. J'ai proposé que nous nous en
référions à la décision, en vertu de 667, du
président de la Chambre concernant l'interprétation de ce que
peut être un article, quant à la limite de notre droit de parole.
Si vous me permettez, M. le Président, je vais tout simplement dire
immédiatement, en réponse au député de Labelle que,
n'eût été l'attitude de la commission, je ne nommerai
personne, mais disons l'attitude majoritaire de la commission, il n'y a jamais
aucun problème de règlement qui aurait été
soulevé ici. Si les choses s'étaient déroulées
telles qu'elles se déroulent normalement en commission des subsides,
parce qu'à toutes fins pratiques, nous sommes le prolongement du
comité des subsides, ici, même si nous sommes une commission
permanente, je pense qu'il n'y aurait jamais eu de problème de
règlement qui aurait été soulevé.
Seulement nous nous sommes dit: S'il y a des gens qui veulent commencer
à jouer à cela, nous allons jouer à cela nous autres
aussi. C'est aussi simple que cela. Je ne vous le cache pas. C'est pour
publication. Ne vous gênez pas...
M. LAFONTAINE: M. le Président, avant le souper, je pense bien
que le député de Saint-Jacques a eu toute la latitude et, en ce
qui me concerne, j'ai l'impression que le député de Saint-Jacques
a dû parler de quarante à quarante-cinq minutes...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il a parlé trente minutes.
M. LAFONTAINE: ... il a été interrompu, il a
répondu gentiment, tous les membres de la commission ont
participé au débat mais lui-même le député de
Saint-Jacques, si nous faisons la somme des propos qu'il a
échangés cet après-midi, a certainement parlé de
quarante à quarante-cinq minutes. Son droit n'a pas été
limité et nous ne ferons pas de chicane de procédure sur une
question de cinq ou dix minutes, mais si nous nous apercevons, par exemple,
qu'un parti en cette commission veut amener le problème sur la table
pour tenter d'en faire un débat de procédure, j'ai tout
simplement l'impression que nous perdons le temps de la commission et que
chacun des députés à cette table perd aussi son temps.
Parce que nous sommes ici pour discuter la Transcanadienne et il y a autre
chose à faire...
M. LACROIX: M. le Président, le député de
Maisonneuve serait-il d'accord que tous les 108 députés
s'expriment durant une demi-heure sur le sujet.
M. BURNS: Entièrement d'accord...
M. LACROIX: Et que ça va aider énormément au
développement économique de la province de Québec et
particulièrement de l'est de la ville de Montréal? N'est-ce pas
seulement...
M. BURNS: Entièrement d'accord pour trouver d'autres solutions
que les solutions caves...
M. LACROIX: Naturellement, je crois que les paroles du
député de Maisonneuve ont dépassé sa
pensée.
M. BURNS: Pas du tout des solutions caves...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Cela, c'est votre interprétation personnelle, que
nous ne sommes pas obligés d'accepter. Mais une chose est certaine,
c'est que vous le vouliez ou que vous ne le vouliez pas, l'avenir de la
province de Québec, le progrès de la province de Québec et
le progrès de l'est de l'île de Montréal, en particulier,
ça va se faire de la même façon et que vous fassiez votre
marche lundi ou mardi prochain que René Lévesque vienne
ici cela ne nous fait absolument rien.
M. BURNS: Nous savons tout cela...
M. LACROIX: En définitive, c'est nous qui avons la
majorité. Il est temps que vous sachiez que ce ne sont pas sept
députés qui vont faire trembler les...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: ...fondations du Parlement de Québec.
M. BURNS: Qu'on le veuille ou non, on va passer l'article de l'autoroute
tout de suite. Est-ce à votre goût là?
M. LACROIX: Ce ne seront pas vous, les sept députés, qui
allez gouverner le gouvernement. Ce ne sont pas René Lévesque et
ses sept pantins qui sont ici en Chambre qui vont faire trembler les fondations
du Parlement de Québec.
M. BURNS: Laissez René Lévesque tranquille!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Juste un instant. Le
député de Maisonneuve, le député...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je veux répondre au
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. LE PRESIDENT: Une minute, un instant...
UNE VOIX: Vous avez eu assez de temps pour vous exprimer là.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! Je veux
répondre au député de Maisonneuve. La décision, en
commission...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...La croix de l'Assemblée
nationale.
M. LE PRESIDENT: ... en commission la décision du
président ne peut être appelée. La proposition du
député de Maisonneuve pour en appeler au président de la
Chambre n'est pas recevable.
M. BURNS: Je m'excuse, M. le Président, avant que vous rendiez
votre décision,...
M. LE PRESIDENT: Elle est rendue. Je l'ai rendue.
M. BURNS: J'en ai appelé, M. le Président, de votre
décision à la commission puisque c'est à la commission que
je dois en appeler. C'est bien évident. Sauf que je n'ai pas
appelé de votre décision, j'ai tout simplement fait une
proposition en vertu de l'article 667 à savoir qu'on pose le
problème au président de la Chambre, avant même que vous
rendiez votre décision. A ma connaissance, avant que je fasse ma
proposition, vous n'aviez pas rendu de décision. Je vous fais tout
simplement une motion en vertu de l'article 667 à savoir que le
président nous donne une directive relativement au problème que
j'ai posé en troisième lieu. C'est tout. C'est ça que j'ai
posé comme problème. Alors que la commission en dispose à
moins que vous nous disiez, M. le Président, que ma proposition est
irrecevable.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais faire remarquer au député de
Maisonneuve que j'ai déjà répondu plusieurs fois aux
questions qu'il vient de poser.
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse, mais vous n'avez pas
répondu à la troisième.
M. LE PRESIDENT: ...à savoir que la demi-heure, qui est
allouée à chacun des députés pour discuter, inclut
la période des questions s'il accepte d'en poser.
Maintenant, et je l'ai répété plusieurs fois
il y a une demi-heure d'accordée par article.
M. BURNS: J'ai bien compris ça, M. le Président, j'en ai
appelé puis je vous suppliais de...
M. LE PRESIDENT: Cela c'est un article global. Il ne s'agit pas de
disséquer les articles pour en faire une demi-douzaine de sous-articles.
Il y a une demi-heure par article, un point c'est tout. C'est ce qui est
marqué dans le règlement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ç'a l'air
qu'il y a des gens d'en face qui disent n'importe quoi...
M. HARVEY (Chauveau): Vous n'avez pas le droit de nous prêter
d'intentions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...Il semblerait, imaginez-vous donc,
lancer...
M. BURNS: On engueule le Parti québécois. On ne vous a pas
dit un mot...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): L'ancien ministre de la Voirie a
mentionné tantôt le fait que le député de
Saint-Jacques avait parlé 45 minutes. Je me souviens cet
après-midi, quand le président a dit au député de
Saint-Jacques que son temps était fini, il lui a dit que ça
faisait exactement trente minutes qu'il avait la parole. Le
député des Iles-de-la-Madeleine vient de nous dire qu'on ne
conduira pas le gouvernement, mais le député des
Iles-de-la-Madeleine ne m'empêchera pas de parler au nom des
électeurs du comté de Sainte-Marie. Je ne parle pas au nom des
électeurs des Iles-de-la-Madeleine et vous, vous ne parlerez pas au nom
des électeurs du comté de Sainte-Marie. J'ai été
élu démocratiquement.
M. LACROIX: Cela ne se peut pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce sont les électeurs qui m'ont
amené ici. J'ai eu 2,500 de majorité.
M. LACROIX: Combien d'électeurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quant aux électeurs de mon
comté, c'est moi qui suis embêté par eux, pas vous.
M. LACROIX: Vous avez eu 61 p. c. de...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous, ils ne vous auraient pas élu
dans mon comté. Ils sont trop intelligents pour ça.
M. LACROIX: Je m'aperçois de ça; ils sont tous
quêteux à les entendre parler.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils sont trop intelligents pour
ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pas de foude-basan dans Sainte-Marie.
M. LE PRESIDENT (Saindon): A l'ordre, s'il vous plaît! J'appelle
l'article 6.
M. LACROIX: Vous pouvez bien être PQ.
M. BURNS: M. le Président, qu'est-ce qui arrive de ma motion?
M. LE PRESIDENT: ...du poste 7 général.
M. BURNS: Qu'est-ce qui arrive de ma motion, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Quelle motion?
UNE VOIX: M. le Président, je pense que la commission doit
prendre une décision.
M. BURNS: J'ai fait une motion. Qu'on s'en réfère à
la décision du président de la Chambre en vertu de l'article
667.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça. M. PINARD: Pourquoi?
M. BURNS: Même à la suggestion du ministre de la Voirie. Je
l'ai faite à sa suggestion.
M. PINARD: Je l'ai dit tantôt...
M. BURNS: C'est une motion en vertu de 667. On s'en
référait. Je m'excuse, laissez-moi terminer, s'il vous
plaît, sur le point de règlement.
M. PINARD: Quel est votre point précis?
M. BURNS: Tantôt, j'ai entendu les savants commentaires de notre
collègue, le leader parlementaire du gouvernement. Il nous a dit: Les
règles applicables à la Chambre...
M. LEVESQUE: Cela a été décidé avec le
Président.
M. BURNS: ...s'appliquent mutatis mutandis à la commission.
Alors, l'article 667 est une règle applicable à la Chambre et,
mutatis mutandis, je tente de vous la faire appliquer à la commission.
Dans ce cas-là, j'en appelle au président de la Chambre pour une
directive et non pas de votre décision, M. le Président, ce qui
est une petite...
M. LAFONTAINE: Nuance.
M. BURNS: ...nuance, disons, dans ce cas-là. Je demande tout
simplement une directive au président. Je demande simplement et
je fais motion à cet effet-là, je l'ai fait tantôt
que le président nous dise si, en ce qui concerne
l'interprétation du règlement sessionnel, cela veut dire
qu'à chaque article ou sous-article d'un poste j'ai droit à une
demi-heure.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je ne sais pas en vertu de
quel règlement mais je sais qu'il n'a pas le droit de faire une telle
proposition.
M. LE PRESIDENT: Je vais demander un vote sur la motion du
député de Maisonneuve.
Alors, M. Harvey, pour la motion du député de Maisonneuve,
oui ou non? Pour ou contre?
M. HARVEY (Chauveau): Contre. M. LE PRESIDENT: M. Carpentier?
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse, je pense que le
député de Sainte-Marie voulait parler sur la motion.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous avons le droit de parler, c'est une
motion débattable.
M. LAFONTAINE: M. le Président, dois-je vous souligner qu'un
député qui ne fait pas partie d'une commission parlementaire n'a
pas le droit de parole. Je crois que ce député n'a pas le droit
de faire.
M. BURNS: Ah! Ah! Là...
M. LACROIX: Il n'a pas le droit de parole, il n'a pas de droit de vote
et il n'a pas le droit de faire de motion.
M. BURNS: Cela, c'est parfait ça.
UNE VOIX: Vous n'avez pas le droit de faire de motion.
M. BURNS: D'accord, cela marche. Bon, j'attends votre décision
là-dessus, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas de motion.
M. LAFONTAINE: Voulez-vous appeler le poste 7, article 6?
M. LE PRESIDENT: Alors, j'appelle l'article 6 du poste 7.
M. BURNS: Nous ne sommes pas en comité des subsides.
DES VOIX: Adopté.
M. BURNS: Ce n'est pas adopté, M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non, ce n'est pas adopté.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cet article est adopté?
M. BURNS: Non, M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Maisonneuve n'a
pas fait son intervention.
UNE VOIX: Sur division.
M. GIASSON: Sur division, M. le Président.
M. BURNS: Un instant.
M. HARVEY (Chauveau): Qu'on prenne le vote, M. le Président.
M. BURNS: Un instant, ne prenez pas le boeuf.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): N'usez pas d'astuce.
M. HARVEY (Chauveau): Ah! c'est une astuce. Ah bon! c'est...
UNE VOIX: Est-ce que j'ai le droit de parler?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous êtes très actucieux.
M. HARVEY (Chauveau): Bon.
M. LE PRESIDENT: Vous n'avez pas le droit de parler.
M. LACROIX: ...ne casserez pas les... Vous allez apprendre la
démocratie, c'est la majorité... Vous n'êtes pas à
la CSN.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour l'information du député
des Iles-de-la-Madeleine, je n'ai jamais fait partie de la CSN.
M. LACROIX: Ce n'est pas un dixième... qui marche.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai jamais fait partie de la CSN.
M. LACROIX: Ah! bien de la FTQ, c'est encore pire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve a la parole.
M. CHARRON: Vous êtes assez mal placé pour parler...
UNE VOIX: Je comprends que vous êtes un antisyndical.
M. BURNS: Il est mal placé pour parler. M. CHARRON: Oui.
UNE VOIX: Ne vous embarquez pas sur des terrains glissants.
M. LAFONTAINE: M. le Président, dois-je vous souligner que cela
fait exactement...
M. LACROIX: Malheureusement...
M. LAFONTAINE: ... une heure et huit minutes que nous sommes en
commission. Les travaux n'ont pas avancé d'un iota. J'ai l'impression
que la tactique a été, disons, planifiée et est en train
d'être en oeuvre avec la complicité de certains
députés.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il n'y a aucune tactique, c'est faux. Ce
sont des questions et nous voulons avoir le droit de poser des questions.
UNE VOIX: Vous avez des complices.
UNE VOIX: Nommez-les donc, ces complices.
M. LAFONTAINE: Je pense que nous devrions revenir à l'ordre et au
progrès, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: J'ai appelé le poste 7, article 6, et la parole
est au député de Maisonneuve...
UNE VOIX: Sur une question de privilège...
UNE VOIX: Il n'y a pas de question de privilège en
comité.
M. LE PRESIDENT: Son droit de parole court depuis neuf heures et
vingt-trois minutes.
M. BRISSON: Il n'y a aucune question de privilège en
comité.
M. CHARRON: Par curiosité, voulez-vous nommer les complices? Le
député des Iles-de-la-Madeleine va les jeter dehors.
UNE VOIX: Si le député de Maisonneuve veut utiliser sa
demi-heure, je pense que tout le monde va l'écouter.
M. LE PRESIDENT: Son temps court depuis neuf heures et vingt-trois
minutes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, excusez, le
ministre...
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas pris la parole depuis neuf
heures et vingt-trois minutes.
UNE VOIX: ... le PQ, vous le savez.
M. LACROIX: Je pourrais être complice de n'importe quoi, mais
jamais d'imbéciles comme ça qui essaient de faire constamment de
l'obs-
truction pour le bénéfice de je ne sais pas quel chef,
Bourgault ou Lévesque, en tout cas.
M. BURNS: M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Très intelligent. Avant
l'intervention du député de Maisonneuve, M. le Président,
je vous ferais remarquer que le ministre de la Voirie m'avait promis
qu'à la fin de mon intervention, il répondrait aux questions que
je lui ai posées. J'espère que le ministre de la Voirie va
répondre aux questions que je lui ai posées.
M. LE PRESIDENT: Il va tenir parole, lorsqu'il utilisera le temps qui
lui est alloué comme membre de cette commission.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez, en commission comme cela, nous
posons des questions et nous avons le droit d'avoir des réponses avant
que toutes les interventions soient finies, je le pense.
M. LE PRESIDENT: Il est libre de vous répondre à la fin.
Il est quand même libre de vous répondre à la minute...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous ne sommes pas en deuxième
lecture pour attendre son intervention à la fin. J'ai posé des
questions...
M. LAFONTAINE: M. le Président, que les députés du
Parti québécois, au lieu de faire de la procédure,
commencent donc à poser leurs questions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je les ai posées avant...
M. LAFONTAINE: Cela fait exactement une heure et dix minutes que nous
entendons parler de choses et d'autres, que nous faisons des propositions
même quand on n'a pas le droit de faire des motions. Qu'on pose donc les
questions et j'espère que le ministre puisse répondre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça. M. PINARD: Très
bien.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je dois vous reposer mes
questions ou si vous vous souvenez des questions que j'ai posées cet
après-midi?
M. PINARD: M. le Président, j'ai dit, cet après-midi, que
je répondrais aux questions qui m'ont été posées
par les représentants du Parti québécois qui ont fait des
interventions sur le sujet de l'autoroute transcanadienne. Comme je sais que le
député de Maisonneuve a une intervention à faire, qu'il la
fasse et je reprendrai les questions, une à la suite de l'autre, et j'y
répondrai dans mon intervention pour clore le débat, si
possible.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Depuis quand, à l'étude des
crédits, le ministre répond-il à toutes les questions,
seulement, à la fin? Je suis à l'Assemblée nationale
depuis un an et je n'ai pas encore vu cela.
M. PINARD: Vous ne pouvez pas m'imposer...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez le choix.
M. PINARD: ... la façon de répondre...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord, d'accord.
M. PINARD: ... ou de faire une intervention. Ou bien je vous
répondrai par une déclaration générale, tout en
touchant moi-même aux points que vous avez soulevés dans vos
déclarations générales ou bien j'y répondrai point
par point, sans faire de déclaration générale. J'ai le
choix de la formule.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, je suis allé à
la commission lorsqu'elle a siégé à la chambre 81. Vous
répondiez aux questions au fur à mesure qu'on vous les
posait.
M. GIASSON: C'est son choix.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est votre choix?
M. PINARD: De quoi avez-vous à vous plaindre?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est une façon de nous boycotter
dans nos questions.
M. LAFONTAINE: Si on pouvait revenir au poste budgétaire 7,
article 6.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il y a des questions qui sont posées
par mes électeurs. Je voudrais avoir une réponse et mais vous
nous boycottez.
M. LAFONTAINE: Les députés du parti
Québécois poseront leurs questions, le ministre de la Voirie
donnera ses réponses. Nous pourrons évaluer l'intelligence des
réponses du ministre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ne vous occupez pas de mon problème,
dans mon comté, je suis capable de m'arranger. N'ayez pas peur.
Occupez-vous des vôtres à la prochaine élection.
M. BRISSON: Ne vous occupez pas des miens. Je vais aller me
présenter contre vous.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous lance tout de suite un défi.
Je vais aller dans votre comté.
M. BRISSON: Vous allez voir que vous ne ferez pas vieux os.
M. GIASSON: M. le Président...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas le droit, mais je vous le lance
quand même.
M. GIASSON: ... quand on décidera d'être
sérieux...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord. Vous êtes témoins. Je
change de comté aux prochaines élections. Je vais me
présenter chez vous.
M. BRISSON: Je vais me présenter contre vous.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous serez le bienvenu. Ma victoire est
acquise d'avance. Vous aurez le temps de démissionner.
M. LAVOIE (Wolfe): ... on ajournera et on reviendra. Franchement...
M. BRISSON: M. le Président, vous avez appelé le poste
budgétaire 7, article 6. Le député de Maisonneuve avait
des questions à poser. La parole lui appartient.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve a la parole
depuis 9 h 23. J'attends encore après le député de
Maisonneuve.
M. LAVOIE (Wolfe): Je propose l'ajournement.
M. BURNS: Je n'ai pas dit un mot depuis 9 h 23. Si vous décidez
que j'ai la parole depuis 9 h 23, cette décision est absolument injuste,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Vous parliez de...
M. BURNS: Je n'ai pas dit un mot. Je vais vous dire de quoi je vais vous
parler? Je vais vous parler du tracé quand je parlerai. Je n'ai pas
parlé du tracé du tout.
M. LE PRESIDENT: J'ai appelé le poste budgétaire 7,
article 6. Vous étiez à portée. Je vous l'ai donné.
Je vous avertis que votre temps courait à partir de 9 h 23 et vous
l'avez.
M. BURNS: C'est une décision absolument injuste.
M. LE PRESIDENT: Peut-être injuste pour vous. Je vous ai averti
que vous l'aviez et que votre temps courait depuis 9 h 23. Je vous l'ai
donné. C'est enregistré aux Débats. Vous l'avez depuis 9 h
23. Votre temps court depuis 9 h 23. Si vous voulez parler, c'est à vous
de parler, mais qu'on commence!
M. MAILLOUX: Allez-y donc, le temps court.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, pendant mon
intervention cet après-midi, une remarque a été faite,
ici, à ma droite. Je voudrais faire une mise au point. M. le
Président, est-ce que vous voulez que je répète?
M. LE PRESIDENT: Si vous avez une question à poser, demandez le
consentement de votre collègue. C'est lui qui a la parole.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai son consentement. Quelqu'un a fait une
remarque qui n'est pas conforme aux faits. Je voudrais faire une mise au point
pour informer les membres de cette commission.
M. BRISSON: M. le Président, vous avez donné la parole au
député de Maisonneuve.
M. LE PRESIDENT: Il l'a.
M. BRISSON: J'ai l'impression qu'à l'unanimité, même
les huit ou dix minutes écoulées, on peut le considérer
comme n'ayant pas parlé...
M. LAFONTAINE: Non, non.
M. BRISSON: ... et lui donner sa demi-heure au complet. Mais qu'il
commence à parler!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais faire une mise au point avant de
commencer, si vous me le permettez. C'est une chose qu'on a dite cet
après-midi. Est-ce que j'ai la permission de le faire?
M. LE PRESIDENT: Si votre collègue vous donne la permission,
d'accord. Mais j'ai dit que votre temps courait à partir de 9 h 23 et il
court depuis 9 h 23.
M. LAFONTAINE: La mise au point, M. le Président, s'adresse
à une déclaration que j'ai faite cet après-midi...
M. LE PRESIDENT: Parfait!
M. LAFONTAINE: ... relativement à l'engagement de M. Parizeau en
1964. M. Parizeau a été engagé en 1965. Il a
été, à partir de 1965, conseiller technique auprès
du gouvernement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Conseiller financier et
économique.
M. LAFONTAINE: Economique et finan-
cier. A ce moment-là, il a conseillé le gouvernement en
1965, 1966, 1967, 1968 sur la Transcanadienne. Je n'ai rien à retirer de
ma déclaration, à l'exception de la date.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est très important.
M. LACROIX: Le député de Maisonneuve a-t-il...
M. BURNS: J'attends que tout le monde ait fini d'intervenir pour que je
le fasse.
M. LE PRESIDENT: N'accordez pas la parole à vos collègues,
à personne.
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas encore parlé sur le
mérite. Je n'ai parlé que de problèmes de forme,
jusqu'à maintenant. Si vous me dites que je parle depuis 9 h 23, c'est
bien dommage, mais je ne comprends plus rien.
M. MAILLOUX: M. le Président, il faudrait considérer que
son droit de parole commence pour en finir, s'il vous plaît.
M. BURNS: Je remercie le député qui fait cette suggestion,
qui semble être adoptée unanimement par la commission.
M. LE PRESIDENT: Si tout le monde est d'accord.
M. LACROIX: Oui, on a assez hâte.
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas à revenir sur ce
que mes collègues vous ont dit. 9 h 31, M. le Président?
M. LACROIX: Oui, 9 h 32.
M. LE PRESIDENT: C'était 9 h 30 et une demie tantôt, mais
là c'est rendu 9 h 31.
M. BURNS: Parce que j'ai remarqué que vous regardiez l'horloge.
Je n'ai pas à revenir, M. le Président, sur ce que mes
collègues vous ont dit, sur le principe de l'autoroute lui-même.
Je n'ai peut-être, comme introduction, qu'à vous
réitérer le fait que nous sommes contre le principe de
l'autoroute, et je pense qu'il ne faudrait pas que ce soit
considéré de façon ambiguë. Malgré que nous
soyons contre et que nous contestions le principe d'une autoroute au centre de
la ville, la priorité qui est donnée à celle-ci sur
d'autres secteurs, nous considérons qu'il faut ajouter que le
tracé même est peu satisfaisant en soi.
On a parlé de deux tracés pour l'est, un sur la rue Rouen,
l'autre sur la rue Notre-Dame, ce serait ce dernier, semble-t-il,
d'après les dernières déclarations, qui obtiendrait
finalement la priorité ou la décision favorable du
ministère. Selon le ministère de la Voirie, de 1,000 à
1,456 logements seront détruits pour tracer l'autoroute, variant avec le
tracé choisi selon le cas, soit que ce soit la rue Rouen ou la rue
Notre-Dame. Je tire cette statistique de la Presse du 24 avril 1971. Plusieurs
organismes, au cas où... le député de Labelle est parti,
mais au cas où il se plaindrait que je m'inspire de notes copieuses, il
s'apercevra s'il a le texte que je fais aussi des digressions.
Plusieurs organismes considèrent ces chiffres comme
erronés, et parlent de 4,000 logements, ce qui causerait la mise sur le
pavé de quelques 12,000 personnes. Je m'en réfère tout
simplement au fait que la ville de Montréal, comme Québec, ne
dispose d'aucune "réserve" de logements, ce qu'on appelle HLM ou
habitations à loyer modique pour reloger ces gens-là. Au mieux,
si on met en place à temps ces HLM, de toute façon, le loyer que
paieront ces gens déplacés sera sûrement beaucoup plus
élevé, et ce sont justement des gens qui n'en ont pas les
moyens.
Vous avez entre autres, comme dans le cas du comté de
Maisonneuve, des gens dont la moyenne de revenus varie aux alentours de $3,500
à $4,000 par année, et je m'en réfère aux
statistiques fédérales pour appuyer ce que j'avance. Cette
boucherie urbaine, digne de dégagement de Haussmann dans le Paris du
siècle dernier, disloquerait complètement des quartiers entiers,
parmi ceux où la vie communautaire est la plus vivante. Pour ces raisons
de blessures vives dans le coeur d'une cité, et pour celles
énumérées plus haut sur l'inadéquation d'une
autoroute au centre-ville, nous suggérons que, si elle devait être
construite, il faudrait pour limiter les dégâts au plus bas,
premièrement: ou bien rendre l'autoroute entièrement souterraine,
sans la construire à ciel ouvert. Là-dessus, M. le
Président, nous reprenons une suggestion qui a été faite
par M. Jean Lévesque, commentateur à CKAC à
Montréal, le 16 décembre 1970.
M. PINARD: Cela a déjà été dit cet
après-midi par un autre orateur.
M. BURNS: D'accord.
UNE VOIX: Vous répétez souvent.
M. PINARD: Vous répétez votre phrase.
M. BURNS: Bis repetita placent!
M. PINARD: C'est ça.
M. BURNS: D'accord.
M. PINARD: Il n'y a pas d'autres arguments que ceux compris dans le
mémoire qui nous a été lu cet après-midi.
M. BURNS: C'est ça. Est-ce que...
M. PINARD: Il n'y a rien de nouveau dans votre affaire.
M. BURNS: Est-ce qu'on vous a parlé de cet aspect-là du
mémoire?
M. PINARD: Oui.
M. BURNS: On vous a parlé du tracé aujourd'hui?
M. PINARD: Oui, vous vous êtes partagé votre
mémoire...
M. BURNS: On ne vous a pas parlé du tracé, je conteste ce
que vous dites là. On ne vous a pas parlé du tout du tracé
aujourd'hui. Ou bien, en deuxième lieu, si cette suggestion-là
qui a été prônée par un commentateur bien connu de
Montréal, M. Jean Lévesque, c'est-à-dire à l'effet
que l'autoroute soit entièrement souterraine, n'est pas plaisante, ou
bien, selon notre point de vue, on devrait la faire passer entièrement
le long du fleuve, sur le port de Montréal à la place des voies
ferrées actuelles. Evidemment, les données techniques manquent
pour savoir si ce sont là des choses faisables, et à quel
coût.
Là-dessus, j'aimerais bien que le ministre nous dise
éventuellement c'est une question que je lui pose s'il a
examiné la possibilité de ces deux options ou de cette
alternative, soit que l'autoroute soit uniquement souterraine pour ne
pas, selon l'expression maintenant consacrée du citoyen Gérard
Pelletier, "charcuter" un quartier, qui s'adonne être son quartier
également ou bien de faire tout simplement quelque chose qui causerait
le moins possible de dommage.
Tout ceci dit évidemment avec toutes les prémisses que mes
collègues vous ont dites cet après-midi, à l'effet que
nous étions contre le principe même de l'autoroute. Les
données, je les demande au ministre, si des données ont
été examinées concernant ces deux solutions.
M. PINARD: Oui.
M. BURNS: Oui? Ce seraient peut-être des réponses que vous
pourriez nous donner éventuellement, quand vous nous ferez votre
brillante intervention nous savons qu'elle va être brillante,
ça fait tellement longtemps que vous la retenez, elle devrait être
brillante mais nous croyons qu'il serait au moins nécessaire
d'étudier sérieusement ces autres trajets pour obtenir un
éventail complet des possibilités.
Comme il a déjà été dit, même si on
adoptait ce tracé, somme toute hors du centre-ville, dans l'optique
d'une voie de ceinture, il serait nécessaire d'éviter toute
sortie de l'autoroute au centre-ville. Là-dessus je pense rejoindre
l'opinion des autorités de la ville de Montréal et de la
Communauté urbaine de Montréal, c'est-à-dire, pour elles,
le moins possible de sorties à l'intérieur de la ville de
Montréal. En effet, le ministre l'a dit lui-même, au cours des
débats relatifs aux crédits supplémentaires de son
ministère la somme de $8 millions qui avait été
votée le soir du 31 mars le ministre, je le rappelle, nous disait
à ce moment-là que, selon lui, il fallait éviter que la
circulation s'amène au centre-ville et qu'en même temps
paradoxe que je n'ai pas encore compris, peut-être que le ministre
pourrait nous expliquer éventuellement l'autoroute favorisait un
accès beaucoup plus facile et beaucoup plus rapide au centre-ville.
Il serait, selon nous, nécessaire d'éviter toutes les
sorties de l'autoroute comme je le disais tantôt au
centre-ville pour éviter que la voie rapide ne serve qu'à
alourdir davantage la circulation du centre. Seules les entrées du
centre vers l'autoroute pourront être mises en place pour dégager
le centre-ville. C'est d'ailleurs et c'est ce à quoi je me
référais il y a quelques minutes l'opinion de M.
Gérard Niding, président du Conseil exécutif de
Montréal, qui nous dit: "Il nous apparaît que le premier objectif
d'une voie rapide dans le centre-ville doit être de dégager et
d'alléger la circulation et non de permettre un accès encore plus
facile dans ce territoire." Je réfère la commission à
l'extrait du Montréal-Matin du 22 janvier 1971, à la page 24.
En concluant, M. le Président, ce que je viens de dire
relativement au tracé, je ne m'y suis pas attaché tellement
longtemps parce que, comme je l'ai dit tantôt et pour les raisons que mes
collègues de Sainte-Marie et de Saint-Jacques vous ont
énoncées, nous croyons que l'autoroute ne devrait pas passer dans
le centre de Montréal. Si, de toute façon, vous voulez absolument
y faire passer une autoroute, selon l'opinion des experts, ça devrait
passer en périphérie. Or, il arrive que le sud-est de
Montréal, les parties connues sous les noms de Sainte-Marie,
Saint-Jacques et Maisonneuve, ne sont sûrement pas en
périphérie, et bien au contraire, des quartiers
résidentiels avec des logements encore habitables, n'en déplaise
au député des Iles-de-la-Madeleine qui nous a
quittés malheureusement.
Nous voudrions donc tout simplement préciser que tant sur le plan
du principe d'une autoroute que sur celui des priorités globales de
notre société, ou sur celui des tracés envisagés,
tout dans ce projet est contestable. Si le gouvernement a raison, qu'il
produise d'autres justifications que celles apportées jusqu'à
maintenant, qui ne vont jamais au fond de la question et, n'en déplaise
au ministre, toutes les fois où les citoyens l'ont invité, quitte
à ce que je m'expose à me faire accuser injustement, comme il l'a
fait l'autre fois en Chambre.
Toutes les fois que les citoyens concernés l'ont invité,
le ministre n'est jamais venu défendre son projet devant les citoyens.
J'aimerais bien, une bonne journée peut-être lundi, on en
avait parlé tantôt ce serait peut-être une
bonne occasion pour le ministre de venir défendre publiquement
son projet. Des gens qui sont contre l'autoroute seront là et
prêts à l'entendre.
On a l'impression de se trouver en face d'une décision absurde,
prise en petit cercle fermé, sans largeur de vue, sans vision d'avenir.
Devant des critiques auxquelles on ne s'attendait pas, c'est surprenant que
dans un comté des députés disent: Non, nous n'en voulons
pas de route. Nous avons été habitués à
l'époque de politiciens antérieurs à avoir cette politique
de petites routes. Vite, venez dans notre comté pour qu'à la
prochaine élection, on puisse dire: Regardez les belles routes qu'on
vous a données. C'est surprenant! Dans le sud-est de Montréal
et vous devriez vous arrêter à y penser quelque
chose d'anormal se passe. Des représentants du peuple avec l'appui
quoi qu'en disent certains de leurs électeurs disent
carrément: Nous n'en voulons pas de route comme cela, dans notre
comté.
Si la ville de Montréal veut améliorer le système
de rues, dans le sud-est montréalais, nous sommes bien d'accord. C'est
à améliorer. Il n'y a pas de problème. Mais de venir
charcuter un comté, nous ne sommes pas d'accord, avec une autoroute,
soi-disant, au nom du progrès. Cette décision que nous qualifions
d'absurde, prise en petit cercle, et sans largeur de vue et sans vision
d'avenir, nous aimerions qu'elle soit revisée.
L'étroitesse d'esprit du projet, selon nous, s'est
transportée dans la défense qu'on en a faite. Dans son style
surtout. Refus fondamental de reconsidérer la décision,
d'accepter de s'être trompé, chose bien humaine, d'ailleurs,
même pour un ministre, même pour un gouvernement, de publier les
études et les données complètes sur la question. Et
lorsque je dis de reconsidérer la question, M. le Président, je
n'ai aucune hésitation à dire que les gens qui nous diront: Il y
a déjà tant de millions d'investis, là-dedans, devraient
pouvoir comprendre que si on a fait une bêtise, au départ, si on a
pris des engagements, au départ, si on se sent lié à cause
de gestes qu'on a posés, au départ, à mon avis, ce n'est
pas plus intelligent au nom des quelques millions qu'on y a mis, jusqu'à
maintenant, de dire: On va continuer la bêtise puisque la bêtise
est commencée.
La question de l'autoroute, depuis le début, est d'abord une
sorte d'aveu, à notre avis, implicite de l'absence de dialogue
réel entre les dimensions humaines et sociales des problèmes. La
connaissance objective des données, les attitudes des gens
concernés et le travail gouvernemental.
M. le Président, je ne peux que m'en référer,
puisque nous parlons à un gouvernement qui constamment nous cite des
autorités extérieures, à une autorité
extérieure, qui semble s'y connaître dans le domaine. Je parle,
entre autres, de M. John Lindsay, maire de New York. Vous retrouverez dans la
revue Preuves, premier trimestre 1971, numéro 5, de la page 7 à
la page 16, un article, sous sa signature, qui s'intitule: "Les villes peuvent
survivre". En exergue, au début, on lit ceci: "Le maire de New York,
luttant durement contre les conditions de moins en moins supportables, tire les
leçons d'une expérience qui peut servir d'avertissement aux
responsables européens" et je dis "nord-américains aussi".
Dans cet article de M. Lindsay, il y a certaines
références que je ne peux m'empêcher de citer au ministre.
Entre autres, la suivante, relativement au réseau d'autoroutes: "Le
réseau fédéral d'autoroutes a fait le bonheur des
banlieusards, mais les villes sont défigurées et de nombreux
quartiers ont été détruits."
J'aimerais bien que le ministre m'écoute...
M. PINARD: Je vous écoute!
M. BURNS: Vous m'écoutez quand même?
M. PINARD: C'est de la répétition. Cela fait dix fois
qu'on entend cela.
M. BURNS: Ce n'est pas du tout de la répétition. Je vous
sors quelque chose de tout neuf.
M. PINARD: Voyons donc!
M. BURNS: Avril. Ce n'était pas publié quand on a fait le
débat sur...
M. LAVOIE (Wolfe): Le député de Saint-Jacques l'a
cité cet après-midi.
M. BURNS: Il l'a cité. Est-ce qu'il a cité cette
partie?
M. LAVOIE (Wolfe): Oui.
M. BURNS: Cela nous surprend, on ne le croirait pas! Alors, je vous
disais, en citant le maire Lindsay "Le réseau fédéral de
l'autoroute a fait le bonheur des banlieusards mais les villes sont
défigurées, de nombreux quartiers ont été
détruits. Et, comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement
fédéral en l'occurence, si on veut l'adapter, le
gouvernement provincial depuis 12 ans, en ce qui concerne New York, que
la loi est entrée en vigueur, ne s'est toujours pas décidé
à subventionner le transport en commun." Le député de
Saint-Jacques et le député de Sainte-Marie vous en ont
parlé cet après-midi, j'en conviens. On a l'impression que les
Américains et dans le cas je pourrais l'adapter aux gens du
sud-est de Montréal, tenant pour admis que la ville est un lieu sombre
et désolé sont disposés à dépenser
des millions pour aider des ruraux sans rien faire pour défendre le
milieu urbain et le rendre plus habitable. Je prends tout simplement un autre
extrait qui me ramène à la citation que je vous donnais il y a
quelques minutes qui, je pense,
devrait laisser à réfléchir surtout après
les critiques qui ont été faites par M. Lucien Saulnier, le
président du conseil exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal...
M. PINARD: Avant d'avoir son métro.
M. BURNS: ...qui attend d'avoir son métro et d'ailleurs...
M. PINARD: Avant d'avoir son métro...
M. BURNS: ...tous les Montréalais l'attendent, ça
aussi.
M. PINARD: Il ne critique plus depuis qu'il a le métro.
M. BURNS: Oui, mais tous les Montréalais l'attendent encore ce
métro-là dans l'est , soit dit en passant. Et je cite encore le
maire Lindsay: "On ne peut édifier..."
M. PINARD: Je me demande si ce n'est pas l'intention de M. Saulnier
d'approuver le projet modifié de la route transcanadienne dans l'est de
Montréal, la route est-ouest.
M. BURNS: De toute façon, moi je pense que M. Saulnier, à
un moment donné, nous a dit...
M. PINARD: Vous vous trompez... l'intention de M. Saulnier.
M. BURNS: ...pas du tout, pas du tout. Je vous ai cité ses
déclarations.
M. PINARD: ...de faire le métro ou d'annuler le métro.
M. BURNS: Je vous ai cité ses déclarations en Chambre, M.
le ministre, et vous ne pouvez pas me dire vous ne m'avez pas encore dit
que j'avais tronqué quoi que ce soit. Depuis ce temps-là,
comme d'ailleurs certaines autres personnes, il a fait certaines
précisions parce qu'il y a peut-être eu d'autres discussions qui
ont eu lieu.
M. PINARD: J'ai discuté avec M. Saulnier, tantôt...
M. BURNS: De toute façon, laissons tomber M. Saulnier, je vous
parle encore de M. Lindsay de New-York...
M. PINARD: Prenez-en un autre, là!
M. BRISSON: Est-ce que M. Lindsay connaît mieux le problème
de Montréal que M. Saulnier?
M. BURNS: Non. Je ne vous parle pas de ça. Je vous parle tout
simplement de quelqu'un qui a l'expérience...
M. BRISSON: J'ai l'impression que l'appréciation de M. Saulnier
peut être beaucoup plus avantageuse pour M. Lindsay.
M. BURNS: Est-ce que mon temps est compté là, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Votre temps compte, monsieur, parce qu'il vous pose une
question et vous lui répondez.
M. BURNS: Quand on m'interrompt comme ça, comme le
député de Jeanne-Mance?
M. BRISSON: Je m'excuse, c'est une question que je voulais poser au
député de Maisonneuve. Gentil comme il l'est...
M. BURNS: Bien, on ne m'a pas demandé la permission.
M. LE PRESIDENT: Non, mais vous lui avez répondu, alors cela
équivaut à un consentement.
UNE VOIX: Allez, marchez...
M. BURNS: Alors, M. le Président, je cite le maire Lindsay. Je le
cite intentionnellement parce que je considère qu'aucune consultation
n'a véritablement été faite dans cette affaire-là
même si le ministre nous a dit qu'il a consulté
l'archevêché de Montréal, qu'il a consulté le CPR,
qu'il a consulté le CNR, les propriétaires de la Place
Bonaventure, tout ce qu'il y a d'establishment à Montréal a
été consulté...
M. PINARD: Pensez-vous que j'aurais dû consulter la permanence du
PQ? La planification aurait été meilleure.
M. BURNS: M. le Président, sur un point d'ordre, je n'ai pas
permis de question.
M. LE PRESIDENT: Continuez à parler.
M. BURNS: Je veux parler mais a ce moment-là qu'on ne compte pas
le temps où j'ai été interrompu.
M. LE PRESIDENT: Vous avez encore la parole.
M. BURNS: D'accord! Alors, même s'il a consulté tout ce
qu'il y a d'establishment Montréalais y compris la Banque Royale, la
Banque de Montréal et toutes les autres histoires du même genre
qui ont pu être consultées par le ministre il reste que le peuple
n'a pas été consulté. C'est un petit oubli et lui, M.
Lindsay, il a pensé à ça et il nous dit: "On ne peut
édifier des plans pour les citoyens que si on le fait avec eux, que si
l'on est disposé à donner aux individus, aux quartiers, aux
collectivités la possibilité de se faire entendre et de discuter
et surtout le pouvoir de décider." Cela va loin ça,
bien plus loin pour un Américain qu'on dit de droite, qu'on dit
moins imbu de la réalité d'avant-garde québécoise,
contestataire québécoise. Il va jusqu'à dire, le monsieur,
et je continue à citer: "La possibilité de se faire entendre et
de discuter, surtout le pouvoir de décider dans toute la mesure du
possible ce que sera l'avenir de leur communauté, comment elle
fonctionnera.
A qui prétendrait que pareille procédure
entraînerait un morcellement excessif, je conseille de
référer au passé, c'est toujours M. Lindsay qui parle
l'histoire des cinquante dernières années abonde en
exemples d'organismes de décisions uniques et tout puissants le
cas de l'autoroute, une histoire qu'on a sortie des tiroirs quand la panique du
gouvernement Bourassa s'est montrée tout simplement à jour et que
l'on s'est aperçu que l'affaire des 100,000 emplois, c'était une
vaste fumisterie et que l'on ne savait plus comment s'en sortir...
Alors, ces décisions uniques et de tout puissants dont les
méthodes de planification n'étaient pas démocratiques,
mais qui procédaient pourtant sans vue d'ensemble, ont abouti à
des résultats frisant la catastrophe.
Je recommande très fortement au ministre de lire cet
article-là, non pas de s'en faire donner des extraits comme il nous a
donnés lors de l'étude des crédits supplémentaires
de MM. Frigault et autres, sans tenir compte de l'ensemble de ces
problèmes.
La question de l'autoroute, depuis le début, est d'abord une
sorte d'aveu implicite, comme je le disais tantôt, et si le gouvernement
reprenait tout à zéro, il ferait preuve à notre humble
avis d'un certain sens de responsabilité de la chose publique. Nous
avons quelque $83,317,000 à voter, après en avoir voté $8
millions il y a quelque temps, après déjà en avoir enfoui
plusieurs autres millions; à ce moment-là, on est obligé
tout simplement de continuer dans l'erreur qu'on avait faite au départ,
du moins l'erreur en ce qui concerne les gens immédiatement
concernés, c'est-à-dire les gens au surplomb de qui cette
autoroute-là va se faire.
M. le Président, il ne me reste que quelques minutes, j'aurais
aimé vous faire un petit portrait chronologique, je vais tenter de le
faire durant le temps qui me reste, selon votre décision, de cette
situation que nous considérons absolument inacceptable et qui, pour
nous, est un autre exemple du fait que le gouvernement québécois
ne gouverne pas, dans le fond. Nous dégagerons quelques conclusions,
espérons-nous, importantes pour l'action à venir des
autorités québécoises.
La loi fédérale de la route transcanadienne a
été votée en 1949 et prévoyait la construction
d'une route de l'Atlantique au Pacifique. Le gouvernement de l'Union Nationale,
sous la direction de M. Duplessis, refusa de participer à ce projet: la
Voirie constituant un champ de juridiction exclusivement provincial. Ce n'est
que le 27 octobre 1960 que le gouvernement libéral de M. Jean Lesage
signa l'entente fédérale-provinciale. Le retard pris par le
Québec ne fut pas vraiment de onze ans puisqu'en réalité
les travaux débutèrent lentement dans les autres provinces
jusqu'au point de nécessiter une nouvelle rencontre
fédérale-provinciale en 1955 et la reconduction de la loi en 1956
jusqu'en 1960. La lenteur des travaux a fait que la loi a dû être
reconduite de nouveau de 1960 à 1967 puis de 1967 à 1970.
Même si le gouvernement de M. Duplessis s'opposait au projet, il
faut croire que le ministère provincial de la Voirie agissait comme si
l'accord était accompli ou était sur le point de l'être. En
effet, M. Michel Vastel, soit dit en passant, que le ministère a
délégué à sa place au cours des discussions tenues
par la commission d'enquête qui a siégé récemment
à Montréal sur un problème d'autoroute, cet agent
d'information de l'actuel ministère de la Voirie a écrit dans le
Devoir du 24 avril 1971 : "Le ministère québécois de la
Voirie prévoyait déjà, en 1962, l'intégration du
boulevard Métropolitain dans la route transcanadienne. M. Vastel ajoute
même que le gouvernement libéral, dès 1962, savait: "que
cette autoroute est déjà surchargée et ses normes
géométriques déjà devenues désuètes.
On parle de progrès, M. le Président, déjà
désuètes! Malgré ces sujets d'inquiétude entre 1964
et 1966, plus de $30 millions furent investis dans l'échangeur Turcot et
l'échangeur Université sans qu'une entente définitive ne
soit intervenue entre Ottawa, Québec et Montréal pour le
tracé de l'autoroute sur l'île de Montréal.
Le gouvernement de l'Union Nationale poursuivit les travaux en 1966,
mais les interrompit sur l'île de Montréal, à la demande de
la ville de Montréal en 1967, l'année de l'Expo. Enfin, l'entente
fédérale-provinciale arrivait à terme le 31
décembre 1970. A cette date, neuf des provinces canadiennes,
c'est-à-dire toutes sauf le Québec, avaient
complété les travaux ou étaient sur le point de le faire.
Au Québec, un peu plus de 50 p. c. de la route prévue
était achevé et le défaut de reconduire l'entente
après le 31 décembre 1970 allait coûter $90 millions de
contributions fédérales selon le journaliste Gilles Racine de la
Presse. Je réfère au président de la commission à
la Presse du 14 mars 1971, page 23.
Effectivement, alors que les autres provinces avaient amené le
gouvernement fédéral à reconduire la loi de 1949, en 1956,
en 1960 et en 1967, le gouvernement du Québec n'est pas arrivé
à persuader le gouvernement fédéral d'en faire autant en
1970. C'est la chose qui nous a le plus étonnés, M. le
Président, quand on nous a dit que c'est urgent que ce
problème-là se règle. On nous a dit: On perd $90 millions
si on ne relance pas le projet de l'autoroute. C'est la déclaration du
premier ministre en date du 18 novembre 1970. Toutes les provinces ont
réussi à faire reconduire cette entente-là à
quatre
reprises. Nous, nous n'avons pas réussi. Au lieu d'une
contribution fédérale de $90 millions, M. Benson accorda un
prêt de $70 millions à 6.8 p. c. d'intérêt sur 20
ans, au chapitre de la politique d'aide fédérale aux
provinces.
A partir de ce prêt, le gouvernement du Québec
décida de poursuivre les travaux. En décembre 1970, M. Lucien
Saulnier, le président de la Communauté urbaine de
Montréal, s'était prononcé contre l'extension de
l'autoroute et en faveur d'un bon système de transport en commun, ce
à quoi je me référais tantôt, M. le
Président.
En janvier 1971, le président du comité exécutif de
la ville de Montréal, M. Niding écrivit au premier ministre
Bourassa au-delà des pressions des autorités
montréalaises: toute une série d'organismes populaires connus ont
entrepris de s'opposer à la décision du gouvernemnt
québécois de poursuivre les travaux. Un certain nombre de
conclusions importantes se dégagent de cette suite
d'événements.
Ces différents gouvernements du Québec, depuis 1949, ont
donné le spectacle habituel de dirigeants qui commencent par s'opposer
à une intrusion fédérale en matière de juridiction
exclusivement provinciales, puis dans un second temps, acceptent de jouer le
jeux pour ne pas perdre les sommes disponibles et enfin n'arrivent pas à
persuader les autorités fédérales de conduire leurs
engagements jusqu'au bout, alors que les neuf autres provinces y avaient
réussi:
S'étant laissé imposer une priorité
fédérale, non seulement le Québec n'arrive pas à
pousser la rentabilité jusqu'au bout, mais il parait clair que le
gouvernement lui-même et de quelque parti qu'il soit ne possède
pas de politique précise en matière de réseaux routiers et
encore moins en matière d'aménagement urbain. Vous suivez, M. le
ministre?
M. PINARD: Je suis très bien.
M. BURNS: Ainsi, pendant que le gouvernement Duplessis disait non, le
ministère provincial de la Voirie intégrait le boulevard
Métropolitain à la Transcanadienne. Pendant que le gouvernement
libéral constatait que cette formule était désuète,
on investissait des millions dans la construction d'échangeurs. Pendant
que le nouveau gouvernement de l'Union Nationale de 1966 acceptait de
poursuivre les travaux acceptés par les libéraux, il se laissait
imposer, par la seule ville de Montréal, l'arrêt des travaux en
1967. Pendant que le gouvernement de M. Bourassa pratique une politique de
construction d'autoroutes sur l'île de Montréal, les
autorités de Montréal préconisent une politique de
transport en commun.
Par ailleurs, si on se réfère au journal des Débats
de l'Assemblée nationale du 31 mars 1971, on constate que le ministre de
la Voirie construit tout en ignorant quelles sont les conditions réelles
de financement. Je réfère la commission à la page 722 du
journal des Débats de 1971. Pendant que le ministre des Finances qui
connaît les conditions de financement, ignore tout des conditions de
construction, on est en train de procéder dans l'absence même
d'une coordination entre ministères.
Le ministre de la Voirie affirme d'une part que les travaux actuels sont
basés sur des études scientifiques très
sérieuses.
Il avoue en même temps que ce n'est qu'au moment où le
Québec aura un véritable ministère de l'Equipement
on se souvient de ce débat groupant tous les moyens de transport,
que nos ingénieurs seront en mesure d'adopter les nouvelles techniques,
pour la desserte des citoyens, des citadins et des banlieusards. Encore une
fois, journal des Débats page 720, 1970.
Enfin, le rôle de la ville de Montréal semble
mystérieux. En 1967, il semble qu'elle dispose de l'autorité
voulue pour faire cesser les travaux par le gouvernement du Québec. En
1971, elle n'arrive plus à se faire entendre. Avant 1970, elle pratique
une politique de construction d'autoroutes. Après 1970, priorité
est donnée à une politique de transport en commun. Chaque fois,
de toute évidence, il n'y a aucune espèce de coordination avec le
gouvernement du Québec.
De son côté, le gouvernement fédéral,
après avoir réussi à imposer une de ses priorités
aux provinces, se montre souple, avec neuf d'entre elles, et refuse de
concéder au Québec. En même temps, ce n'est pas un
mystère qu'Ottawa veut que l'autoroute de Montréal se
réalise, de façon à bien desservir l'aéroport de
Sainte-Scholastique. Ce genre d'ambiguïté peut expliquer que le
citoyen Gérard Pelletier j'y ai fait référence
tantôt, M. le Président s'oppose d'une part à
l'autoroute pour des motifs sociaux, et en même temps, le ministre
Gérard Pelletier est favorable à l'autoroute pour des motifs
économiques. Le tracé auquel s'oppose M. Pelletier pourrait
être remplacé par le tracé le plus indiqué, j'en ai
parlé tantôt, celui des voies qui longent le chemin de fer dans le
port de Montréal. Le port de Montréal, lui, de son
côté, se trouve sous juridiction fédérale et
échappe au contrôle du gouvernement du Québec.
M. Guy Beaudet, directeur du port, a déjà laissé
savoir qu'il n'est pas intéressé à céder au
Québec le terrain requis, puisqu'il prévoit une expansion des
activités du port. Soit dit en passant, cette activité ou cette
expansion, selon les dires de plusieurs experts que je ne peux malheureusement
pas citer immédiatement, semble être une chose qui est dans
l'esprit de M. Beaudet seulement. Il semble que le port de Montréal,
malheureusement, soit appelé plutôt à prendre de la
"désexpansion" plutôt que de l'expansion.
Cette expansion, alors cette politique d'expansion est vraisemblablement
loin des regards du gouvernement du Québec et de Montréal. Ainsi,
si le problème de l'autoroute est relié à
bien des problèmes à la fois et qu'il entraîne des
implications sociales importantes, il constitue encore une fois un autre bel
exemple de confusion de juridiction à trois niveaux:
fédéral, provincial et municipal. Le fédéral
impose. Le provincial suit en retard et n'arrive pas à conduire à
terme. Le municipal, lui, suggère, mais personne n'écoute. Tout
le monde fonctionne sans coordination. Personne n'est susceptible de
définir une politique d'ensemble. Au fond de tout cela, les personnes
les plus directement impliquées, celles dont les conditions de vie
quotidienne sont les plus implacablement affectées, cherchent à
se faire entendre par un gouvernement qui fait mine d'écouter pendant
que les bulldozers sont déjà en marche sur les chantiers.
M. le Président, je vous remercie de m'avoir donné
quelques minutes de plus pour terminer mon intervention.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes bienvenu.
M. LESSARD: Alors voici, M. le Président, mes collègues
ont fait une certaine lutte sur l'autoroute Est-Ouest qui doit se faire, pour
un montant de $105 millions. Au cours de la discussion à
l'intérieur de ces crédits, le ministre de la Voirie, à
maintes et maintes reprises, nous a dit qu'il fallait déterminer des
priorités. A maintes et maintes reprises, le ministre de la Voirie nous
a dit qu'il n'avait pas d'argent, par exemple, à accorder à des
projets qui sont pourtant prioritaires, soit dans l'Abitibi, soit dans la
Gaspésie, soit sur la Côte-Nord.
Nous savons par ailleurs...
M. BOSSE: Baie James.
M. LESSARD: ...qu'en 1967, lorsque les régions rurales
désiraient obtenir un réseau routier satisfaisant, on leur
disait, à ce moment-là, qu'il fallait donner priorité
à la région de Montréal. La région de
Montréal devait avoir un aménagement routier assez important,
étant donné qu'on avait l'Exposition universelle de 1967. On nous
disait à nous des régions rurales que, par la suite, après
1967, on allait faire un effort considérable pour développer le
réseau routier. C'était devenu extrêmement important pour
tenter de faire de la décentralisation industrielle.
Et ça, chez nous, c'est important. C'est important aussi pour la
région de la Gaspésie. Actuellement, on se bat pour signer une
entente entre le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial, pour le réseau routier de la Gaspésie, par exemple.
Dans cette entente-là, le gouvernement provincial désirerait
obtenir une somme supérieure à $50 millions.
M. BOSSE: Personne ne songe à vous contredire.
M. LESSARD: Comment, nous contredire, M. le Président?
M. BOSSE: De toute façon, quelle que soit...
M. BURNS: Intervenez donc quand ce sera le temps, M. le
député de Dorion. Faites donc cela comme...
M. BOSSE: Voici, quelle que soit...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait!
M. BURNS: C'est le député de Saguenay qui a la parole.
M. BOSSE: Quelle que soit l'attitude...
M. GIASSON: Il faudrait quand même demander au
député de Saguenay de parler de l'autoroute Est-Ouest.
M. LESSARD: Voici, je parle toujours de l'autoroute Est-Ouest, M. le
Président...
M. GIASSON: Vous étiez rendu dans la Gaspésie et le
Saguenay. C'est à Montréal.
M. LESSARD: Oui, M. le Président, mais je veux montrer que, dans
cette région-là, il y a des besoins et que, actuellement dans la
région de Montréal, on est en train de construire une autoroute
qui nous apparaît complètement inutile, une autoroute qui
apparaît justement, étant donné le développement
urbain et surtout le développement des villes futures, non seulement une
inutilité mais un obstacle au développement social et même
économique. Je lisais dernièrement une étude à ce
sujet qui nous disait qu'aux Etats-Unis, actuellement, on est en train
d'étouffer tous les autres transports. C'est-à-dire que tous les
autres transports, par suite du fait qu'on développe le système
des autoroutes, sont en train de faillir, sont en train tout simplement de
diminuer; de plus, la population grandit de plus en plus à
l'intérieur des villes.
Or, il me semble, M. le Président, dans cette optique, qu'on doit
arrêter à un moment donné d'avoir des oeillères,
qu'on doit voir à un moment donné dans quelle direction on s'en
va, qu'on doit constater que le développement économique doit se
faire non seulement pour une tête, ça doit se faire non seulement
pour une région, mais que le développement économique doit
se faire aussi pour l'ensemble du territoire du Québec, que le
développement économique ne concerne pas seulement la
région de Montréal.
Au contraire, le ministre nous a dit à maintes et maintes
reprises qu'il y avait des priorités à établir dans son
budget. A maintes et maintes reprises, le ministre nous a dit, par exemple,
qu'on ne pouvait pas cette année prévoir des projets dans telle
région, dans telle autre et ainsi
de suite. Mais pour la question de l'autoroute, ça va. Et
pourquoi est-ce que ça va? Parce que, tout simplement, nous sommes pris
dans un système où nous ne sommes pas capables de
déterminer nous-mêmes quel choix, quelle priorité
établir. Le ministre nous disait, par exemple, qu'on est obligé
de faire l'autoroute parce qu'à ce moment-là, on pourrait perdre
des millions de dollars, dans le sens que le gouvernement fédéral
ne nous redonnerait pas l'argent qui nous est dû normalement.
Mais, on s'est aperçu que maintenant ce n'est plus un don. On
s'est aperçu que maintenant c'est un prêt qu'on nous fait avec
notre argent pour construire une autoroute que les gens ne semblent pas
vouloir, ne semblent pas désirer, alors que chez nous, dans nos
régions, en Gaspésie, en Abitibi, on a besoin de routes. On en a
besoin parce que, contrairement à ce que bien souvent le ministre nous a
laissé entendre au cours de l'étude de ses crédits, le
développement industriel est censé, à un moment
donné, être précédé par l'infrastructure
économique. Dans la région de la Gaspésie, on a beau faire
des BAEQ, mais depuis des années le tourisme y diminue
considérablement. Et pourquoi? Parce qu'on n'est même pas capable
de s'y rendre, c'est de la poussière continuellement. Ce sont des routes
absolument impraticables.
Qu'on commence au moins, avant de faire des études, à
réaliser concrètement des projets qui sont devenus prioritaires.
Si la région de Montréal est polluée par des autoroutes,
il reste que ces gens-là veulent sortir à un moment donné
de leur milieu. Ils veulent sortir de la région de Montréal et,
pour sortir de la région de Montréal, il va falloir, s'ils
veulent venir dans des régions non polluées, qu'ils viennent dans
les régions comme la Gaspésie, qu'ils viennent dans des
régions comme la Côté-Nord, qu'ils viennent dans des
régions comme l'Abitibi. Et c'est ça, à ce
moment-là, qui va nous permettre de développer le Québec,
non pas exclusivement en centrant tout dans la région de
Montréal, mais en centrant sur l'ensemble du territoire du
Québec, ce développement à un moment donné sur les
problèmes économiques, dans des territoires comme la
Gaspésie, dans des territoires comme la Côte-Nord et comme
l'Abitibi.
C'est pourquoi, M. le Président, je propose que les
crédits prévus pour la construction de la route transcanadienne,
poste budgétaire 7, soient réduits à la somme de
$1.00.
M. PINARD: Un vote, M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On a le droit de parler
là-dessus?
M. PINARD: Oui.
M. BURNS: Pas besoin de secondeur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Avant de passer au vote d'abord je
n'ai pas besoin de dire que j'approuve l'amendement du député de
Saguenay étant donné toutes les objections des groupes et
des corps intermédiaires qui s'opposent à la construction de
l'autoroute dans le sud-est de Montréal... Est-ce que j'ai droit de
parole, M. le Président?
UNE VOIX: Quelqu'un vous a-t-il empêché de parler?
M. PINARD: Si le député me le permet, je ne veux pas
interrompre l'intervention. Est-ce que le député, à
l'appui de la motion faite par le député de Saguenay, propose un
amendement?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non. Je ne propose pas d'amendement. Je
parle sur l'amendement proposé par le député de
Saguenay.
M. PINARD: C'est son amendement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Son amendement sur la motion demande de
réduire le budget à $1.00, ce qui, à toutes fins
pratiques, équivaut à demander qu'on discontinue...
UNE VOIX: Est-ce que c'est appuyé par les membres de la
commission?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est appuyé. Je l'ai
appuyé.
M. LESSARD: M. le Président, vous devriez lire vos
règlements. A l'intérieur d'un comité, il n'y a pas besoin
tout simplement d'avoir de secondeur. Je propose la motion. La motion est sur
la table. La motion peut être discutée. On n'a pas besoin de
secondeur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est cela, le règlement. Alors, M.
le Président, je continue. J'espère que, quand on discute de
procédure, ce n'est pas alloué à mes 30 minutes.
D'ailleurs, c'est supposé être comme cela. Je disais donc que si
on demande de réduire... Je vais attendre d'être
écouté.
M. BRISSON: Le président vous écoute. Vous pouvez
parler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On demande de réduire le budget
à $1.00.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, je crois que, sur une motion,
il faut que ce soit appuyé par les membres de la commission. Je ne crois
pas que le député de Sainte-Marie soit membre de la
commission.
M. LESSARD: M. le Président, je viens de dire, question de
règlement, je viens de dire: Veuillez regarder vos règlements. A
l'intérieur d'une commission, nous pouvons faire n'importe quelle
motion. Nous n'avons pas besoin de
secondeur. M. le Président, veuillez ouvrir les lumières
des membres de cette commission.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'attends votre décision, M. le
Président.
M. PINARD: Allez-y donc! Prenez tout le temps que vous voulez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ne dites pas cela comme si c'est une faveur
que vous me faites. C'est le règlement qui me permet...
M. PINARD: Je ne vous fais pas de faveur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...d'appuyer la motion du
député de Saguenay. Je parle sur la motion. La motion dit qu'on
doit réduire le budget à $1.00.
M. PINARD: Quel budget?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le budget que vous nous proposez à
l'article 6.
M. PINARD: Oui. Quel montant?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il est mentionné ici. Vous le
savez.
M. PINARD: Jusqu'à maintenant, votre motion est
irrégulière.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pourquoi est-elle
irrégulière?
M. PINARD: Parce que vous demandez de rabaisser à $1.00 le
montant qui est demandé pour la construction de l'autoroute
transcanadienne.
M. LESSARD: M. le Président, la motion est très claire.
Que le budget prévu pour la construction de la route transcanadienne,
section des autoroutes, crédits du ministère de la Voirie, soit
réduit à la somme de $1.00.
M. PINARD: La motion est irrégulière. UNE VOIX: En quel
honneur?
M. PINARD: Parce que vous demandez de rabaisser à $1.00 tout le
budget prévu pour la construction de la route transcanadienne.
M. LESSARD: La section de l'autoroute Est-Ouest, M. le
Président.
M. PINARD: Votre motion est irrégulière.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La section de l'autoroute Est-Ouest qui
passe dans la ville de Montréal.
M. CHARRON: Je ne comprends pas les arguments du député de
Drummond. Il ne nous les a pas donnés.
M. PINARD: L'autoroute transcanadienne ne se limite pas seulement au
tracé Est-Ouest à Montréal. Votre motion est donc
irrégulière.
M. LESSARD: La section de l'autoroute Est-Ouest, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La motion dit que c'est la section de
l'autoroute Est-Ouest. C'est clair.
M. PINARD: Vous ne savez même pas quel est le montant prévu
sur la section est-ouest à Montréal et vous demandez de baisser
le crédit à $1.00. Vous ne vous êtes même pas
inquiétés, pendant tout le temps que vous avez discuté, de
savoir quel était le montant que le gouvernement entend dépenser
à Montréal pour la construction de la route transcanadienne. Cela
ne vous intéresse pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. PINARD: Vous ne savez même pas quel est le montant qui sera
dépensé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai écrit au ministère et les
fonctionnaires du ministère ont été assez gentils qu'ils
m'ont envoyé à mon bureau les noms de tous les gens de qui on a
accepté des soumissions.
J'ai fait le calcul. Cela monte à $105 millions. Il y a tous les
noms des compagnies de telle rue à telle rue, tous les tronçons
inclus. Je l'ai à mon beurau. Cela fait trois mois que je l'ai. Je l'ai
eu par téléphone et les fonctionnaires du ministère me
l'ont donné. Je sais quel est le montant qu'on doit dépenser pour
l'autoroute Est-Ouest de Montréal. Je peux même vous donner les
noms de tous les entrepreneurs, les montants. Il y en a un, entre autres, de
$17,168,224.08. Si vous voulez je vais les envoyer chercher à mon bureau
immédiatement.
M. PINARD: Vous n'avez pas besoin de...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela fait trois mois que je me documente et
que je sais cela. C'est faux de dire que nous parlons à travers notre
chapeau surtout quand on n'en a pas sur le tête pour parler à
travers. C'est faux de dire que nous parlons sans connaissance des faits.
Est-ce que je peux continuer, M. le Président? J'appuie la motion
du député de Saguenay.
M. LE PRESIDENT: A ce que je sache, vous n'avez pas
arrêté.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je parle sur la motion du
député de Saguenay.
M. BRISSON: Cela n'a pas besoin d'être appuyé en
comité plénier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je l'appuie. Je parle sur sa motion.
UNE VOIX: Vous venez de découvrir cela.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Jeanne-Mance.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il y a longtemps que je le sais. Elle n'a
pas besoin d'être appuyée, mais je parle sur la motion du
député de Saguenay.
M. BRISSON : Je n'ai pas à me comparer à vous, mais si je
me comparais, je serais le gagnant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'attends la décision du
Président.
M. BURNS: M. le Président, sur la recevabilité, je vous
réfère à l'article 382 de notre règlement,
paragraphe 3. Il est bon, je pense, pour une meilleure compréhension du
paragraphe 3, de l'article 382, de prendre connaissance des deux premiers
paragraphes qui nous situent un peu le sens du troisième paragraphe.
Au premier paragraphe, on lit: "En comité des subsides et
que vous décidiez, M. le Président, que ces règles
s'appliquent ou non, vous verrez que par le règlement ces règles
s'appliquent mutatis mutandis à tous les comités il ne
peut être proposé en étudiant un budget. je pense
que même si nous sommes à une commission permenente, nous sommes
aussi en comité des subsides; le mandat nous a été
donné par la Chambre il ne peut être proposé, en
étudiant un budget, d'augmenter un crédit demandé. Ce
n'est pas le cas. On n'essaie pas de l'augmenter, je pense bien. De changer la
destination d'un crédit demandé, ce n'est pas le cas non plus. Ou
d'attacher à un subside une condition ou une expression d'opinion, mais
il est permis de discuter de l'à-propos qu'il y aurait d'augmenter un
crédit demandé ou d'en changer la destination. Nous n'avons fait
aucune de ces deux options. Nous nous y sommes référés
dans nos interventions.
M. BRISSON: De préciser la destination.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que j'ai la parole sur la
question de règlement? Nous n'avons pas tenté de faire cela, mais
nous avons discuté de l'à-propos. Evidemment, le
député de Saint-Jacques et le député de
Sainte-Marie vous ont dit qu'il y aurait peut-être lieu de faire autre
chose avec cela. On a discuté de l'à-propos. Mais la motion, ce
n'est pas cela qu'elle concerne.
Deuxièmement, quand on désire augmenter un crédit
demandé, il faut ou bien présenter un budget
supplémentaire ou bien retirer le budget à l'étude et en
présenter un nouveau. Ce n'est évidemment pas de notre ressort de
faire cela. C'est une initiative gouvernementale et c'est pour cette raison
qu'on ne l'a pas fait. Ce n'est pas le cas. Finalement, le troisième.
C'est pour cela que je vous ai lu les deux premiers. Le comité des
subsides peut refuser ou réduire un crédit demandé. C'est
exactement cela. Quant au ministre de la Voirie, cela ne lui fait pas plaisir
qu'on réduise cela à $1. Je ne sais pas s'il va encore nous faire
ce soir une contribution à la caisse du Parti québécois
comme il a faite la dernière fois malgré qu'on lui ait remis, on
s'est dit qu'on n'accepte pas d'argent de n'importe qui!
M. BRISSON: Attention! Vous êtes en péril de...
M. BURNS: On s'est dit simplement, M. le Président...
M. HARDY: Etes-vous toujours aussi sévère que cela?
M. BURNS: Oui. Nous sommes très sévères. Nous avons
des règlements très sévères, beaucoup plus
sévères que les vôtres d'ailleurs!
M. BRISSON: J'espère que le peuple va s'abstenir...
M. BURNS: Là-dessus, M. le Président, tout ce que nous
voulons savoir, c'est que le ministre de la Voirie nous dise quelle partie
s'applique à l'autoroute ou pas. Nous autres, on vous dit tout
simplement c'est-à-dire pas nous autres, mais le
député de Saguenay vous dit tout simplement qu'il propose,
lui qui est membre de la commission, lui à qui vous ne pouvez pas
reprocher de ne pas avoir le droit de faire cela, il vous propose de
réduire cet article des subsides de $82,317,000. je pense, c'est
cela à $1. Je ne vois pas en quoi cette proposition eu
égard aux dispositions de l'article 382, plus particulièrement du
paragraphe 3, serait irrecevable.
Alors, je vous demande tout simplement que vous décidiez, selon
les dispositions de notre règlement, si la proposition du
député de Saguenay est parfaitement recevable. J'aimerais bien
entendre quelqu'un qui nous dise pourquoi, elle n'est pas recevable. En vertu
de quel...
M. PINARD: Quand j'ai déclaré que la motion d'amendement
du député de Saguenay était irrégulière,
c'est qu'il n'a pas fait la distinction dans sa motion.
M. BURNS: Il n'a pas besoin de le faire.
M. PINARD: ... pour nous dire qu'il demandait de réduire à
$1 la partie du budget, prévue
pour la construction de la route Est-Ouest à Montréal.
C'est contre cette section de l'autoroute qu'il en a et non pas contre toute
l'autoroute transcanadienne. C'est en ce sens que j'ai dit qu'elle était
irrégulière.
M. BURNS: Il n'a pas besoin de le faire.
M. PINARD: Nous sommes bien prêts à laisser passer sa
motion.
M. BURNS: Elle est recevable. M. PINARD: Elle est recevable...
M. BURNS: Si le président nous dit qu'elle est recevable...
M. PINARD: ... mais moi, je m'y oppose personnellement. Je demande
à la commission parlementaire de se prononcer par vote.
M. BURNS: Pas du tout, c'est une décision à être
prise par le président. Le président, comme on le connaît,
en personne bein équilibrée et en personne connaissant son
règlement, nous rendra une décision sur la base de l'article 382.
Il n'a pas besoin de s'en référer à la commission, il n'a
qu'à interpréter le règlement. Il n'a qu'à
décider, comme le règlement nous le dit. Cette proposition est
parfaitement recevable.
M. PINARD: Le président ne décidera pas si le budget sera
de $1 ou de $90 millions.
M. BURNS: Pas du tout, la commission en décidera, après,
par vote.
M. PINARD: C'est ça.
M. BURNS: Mais nous parlons de la recevabilité actuellement.
M. LESSARD: M. le Président, il appartient au président de
décider si la motion est recevable ou pas.
M. PINARD: Vous avez parlé sur votre motion.
M. LESSARD: Après ça devra engager le débat. Le
ministre de la Voirie, tout à l'heure, a mis en doute la motion qui
était présentée. C'est cette question que nous discutons
actuellement. Il ne s'agit pas pour le moment, de passer immédiatement
un vote. Le président doit prendre en ce sens, une décision. Le
président, je crois et j'en suis assuré doit
prendre ses responsabilités. Il doit voir si la motion est recevable ou
pas. Par la suite, étant donné que nous, nous jugeons que la
motion est recevable, et bien, le débat puisqu'il s'agit d'une
motion qui peut être débattue pourra s'engager sur cette
motion.
Actuellement, il s'agit de savoir exactement, de la part du
président, si la motion sera recevable. Par la suite, nous avons
l'intention de discuter de cette motion.
M. LE PRESIDENT: Votre...
M. BOSSE: M. le Président, le président peut, s'il le
désire, ajourner sa décision à une date ultérieure.
Quant à moi...
M. LESSARD: Pas d'objection.
M. BURNS: Il n'est pas question de prendre le vote, qu'est-ce que ces
suggestions?
M. BOSSE: Non, en ce qui a trait à la décision comme
telle...
M. BURNS: Je ne me réfère pas à ce que le
député de Dorion vient de dire, mais plutôt à ce que
le député de Chauveau vient de dire, derrière.
M. HARVEY (Chauveau): Est-ce parce que je n'ai pas le droit de vote?
M. HARDY: M. le Président, pour un membre qui n'est pas membre de
la commission, qui a le droit de siéger sur la commission, est-ce que le
député de Saguenay pourrait relire le libellé de sa
motion?
UNE VOIX: Ce n'est pas libellé...
M. LESSARD: Voici, M. le Président. Je propose que les
crédits prévus pour la construction de la route transcanadienne,
section de l'autoroute Est-Ouest de Montréal, soient diminués
à $1, pour cette section de l'autoroute.
M. HARDY: Parlant sur la question de règlement, M. le
Président, ma première impression était que la motion du
député de Saguenay était recevable. Après avoir
écouté la lecture de sa motion, je suis d'avis qu'elle n'est pas
recevable. Il a le droit, en vertu du règlement, de proposer la
réduction d'un article. Pas d'une partie d'un article et pas de la
partie d'un sous-article, ce qu'il fait actuellement.
Il faudrait pour que la motion du député de Saguenay soit
recevable, qu'il propose de réduire le sous-article 6 de $82,317,000
à $1. Ce qu'il ne fait pas, si j'ai bien bien saisi le libellé de
la motion.
M. BURNS: M. le Président, c'est le sens de sa motion. Si on
relit de la façon qu'il l'a faite, il y a peut-être une
légère modification dans l'approche qu'il vient d'en faire. Tel
qu'il l'avait faite tantôt, c'était la réduction du poste
7, de l'article 6 à $1. Et considère, avec tout le respect...
M. HARDY: Cela change tout...
M. BURNS: Bien, c'est exactement comme ça que le
député de Saguenay l'a faite au départ.
M. HARDY: ... l'esprit.
M. CHARRON: Le député de Saguenay a apporté cette
précision à la demande ou à la suggestion du
député de Dorion.
M. PINARD: Il a retiré sa première motion. Il en a fait
une deuxième.
M. CHARRON: En aucun temps, je n'ai entendu le député de
Saguenay dire qu'il avait retiré sa motion. C'est la seule qui est
là.
M. PINARD: Celle qu'il vient de lire? C'est la première
motion.
M. LESSARD: M. le Président, à la suite d'une discussion
avec le ministre de la Voirie...
M. BOSSE: Attention, je pense que de toute façon, c'est une
intention de mesure dilatoire.
M. LESSARD: ... il nous a fait part du fait que nous n'avions pas le
droit de...
M. BURNS: J'invoque le règlement, article 285,19, M. le
Président. Le député de Dorion impute des...
M. HARDY: Il fait une constatation. M. BURNS: ... intentions.
M. HARDY: M. le Président, il ne faut pas se perdre en
détails trop précis. Je saisis, à la lumière des
nouvelles explications que le député de Saguenay vient de donner
à ses collègues, qu'il s'oppose à tout le crédit de
$82,317,000...
UNE VOIX: $82,317,000.
M. HARDY: ... donc, il s'oppose à tout le crédit de la
Transcanadienne. Il faudra que, quand la commission sera appelée
à voter tantôt, on ait bien à l'idée que ce que le
député de Saguenay propose est qu'on empêche
complètement la construction de la route transcanadienne.
DES VOIX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: J'ai la proposition du député de Saguenay
par écrit. Il y dit: Je propose que les crédits prévus par
la construction de la route transcanadienne poste budgétaire 7, article
6, les crédits du ministère de la Voirie soient réduits
à la somme de $1.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela a été accepté en
Chambre.
M. LE PRESIDENT: Je vais demander le vote sur la proposition du
député de Saguenay.
M. BURNS: M. le Président... M. CHARRON: Le député
de...
UNE VOIX: On va voir si elle est recevable et après ça on
argumentera là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Elle est recevable. UNE VOIX: Parfait.
UNE VOIX: On va essayer de convaincre nos collègues.
UNE VOIX: Le président dit qu'elle est recevable.
M. BURNS: Le député de Sainte-Marie avait la parole
sur...
DES VOIX: Vote, vote!
M. PINARD: Ecoutez, voyons donc, vote. M. MAILLOUX: Il a rendu sa
décision. M. PINARD: Oui.
M. BURNS: Elle est recevable, elle est débattable, sauf que le
député de Sainte-Marie s'est fait interrompre à la suite
des remarques du ministre de la Voirie se posant des questions sur la
recevabilité de la motion. Le président vient de rendre sa
décision à l'effet que cette motion est recevable. Si je
comprends bien, le député de Sainte-Marie a encore la parole.
M. BOSSE: Lorsqu'une motion est recevable, elle est débattable,
je crois.
M. BURNS: C'est ça.
M. BOSSE: Aussi bien de dire franchement que vous êtes contre
l'autoroute.
M. BURNS: On vient de le dire.
UNE VOIX: Qu'est-ce que ça donne de le dire encore?
M. LESSARD: M. le Président...
M. PINARD: M. le Président, avant qu'un autre
député n'intervienne pour proposer quoi que ce soit, il faut
disposer de la motion telle qu'elle a été
présentée.
M. BURNS: Vous avez le droit de parler sur la motion.
M. PINARD: Sur quelle motion?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sur la motion du député de
Saguenay. Le président a dit qu'elle était recevable alors, c'est
une motion débattable.
M. BURNS: Elle est débattable, à partir de ce
moment-là, on a le droit de parler dessus.
M. PINARD : Si elle est recevable, pourquoi continuez-vous à la
débattre?
M. BURNS: II veut vous expliquer pourquoi cela doit être
réglé à l'amiable.
DES VOIX: On sait pourquoi.
M. BRISSON: Le député de Saguenay n'a pas
été assez clair?
M. BURNS: La majorité ministérielle veut nous
bâillonner encore une fois. C'est ça?
M. CHARRON: C'est parce qu'on fait confiance à votre
intelligence. On est prêt au vote.
M. PINARD: On n'y fait pas confiance, nous autres.
M. BOSSE: Je voudrais quand même relever une remarque du Parti
québécois à l'effet que la partie ministérielle
voulait bâillonner encore une fois. J'ai le regret pour ma part, d'avoir
pris une attitude absolument contraire cet après-midi.
M. BURNS: J'ai tout simplement posé la question. Je ne crois pas
que la majorité ministérielle encore une fois veuille nous
bâillonner.
M. BOSSE: Mais, encore une fois, pourquoi ne l'acceptez-vous pas? C'est
ça. D n'y a pas eu d'autres fois à ma connaissance.
Nommez-les.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le président m'avait donné la
parole. Je prends mon droit de parole. Je continue.
UNE VOIX: Cela tombe dans votre domaine.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la commission est en faveur de la motion du
député de Saguenay? Il faut en disposer.
M. BURNS: II a droit de parler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça, mais j'ai le droit de
parole.
M. BURNS: II a le droit de parler.
M. CHARRON: On l'a demandé avant de faire le vote.
M. PINARD: Il l'a présentée, le député l'a
appuyée. Ils ont épuisé leur droit de parole.
UNE VOIX: J'ai dit que je l'appuyais.
M. PINARD: C'est encore pire. Si personne n'appuie une motion à
la commission, le débat se trouve à être clos.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non.
M. PINARD : Quant au parrain de la motion, le président...
M. CHARRON: Le député de Drummond a plus
d'expérience parlementaire que ça!
M. PINARD : Le président la déclare recevable, c'est
à la commission maintenant à se prononcer, à savoir si les
crédits seront réduits à $1, tel que demandé.
M. CHARRON: Avant de se prononcer, il faut bien entendre les arguments.
Il faut bien savoir pourquoi vous allez voter contre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, un à la fois!
M. PINARD : Après que la commission se sera prononcée sur
la validité de la motion du député de Saguenay, à
savoir si on doit réduire les crédits de $82 millions à
$1, là, la commission passera à d'autre chose.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non.
M. LESSARD: J'invoque le règlement, M. le Président. On
nous a dit, depuis un certain temps qu'on devait suivre des cours en
procédure. Or, depuis douze mois, on a réussi à en
apprendre. J'ai l'impression que le ministre de la Voirie devrait suivre la
procédure. Il devrait constater qu'une fois qu'une motion est
acceptée par le Président, toute autre personne peut parler sur
cette motion-là, peut parler selon le temps prévu par les
règlements sessionnels et il n'appartient pas au Président,
à ce moment, de demander le vote, tant et aussi longtemps que la
discussion sur la motion n'est pas terminée.
Alors, M. le Président, vous n'avez pas demandé le vote,
vous avez tout simplement laissé continuer la discussion et, comme on
constate que les collègues de l'autre côté de la table
n'ont pas encore compris véritablement les arguments qui sont
apportés par mes collègues, eh bien, nous voulons continuer de
vous les expliquer.
M. BOSSE: Quand même, de notre capacité de comprendre vous
ne pouvez présumer!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je pense que
l'atmosphère est suffisamment sereine.
M. PINARD : Les arguments ont été invoqués par le
député de Saguenay avant qu'il ne présente se motion,
qu'il ne l'ait déposée sur la table de la présidence. Il a
fait le préambule et finalement il a conclu par sa motion et nous avons
tout de suite compris pourquoi il s'opposait à ce que la commission
aodpte les crédits de $82 millions prévus au poste
budgétaire 7, article 6.
M. CHARRON : Le député voulait vous expliquer pourquoi il
a proposé $1 plutôt que $5. Il a le droit.
M. BRISSON: Il l'a expliqué avant de proposer sa motion.
M. PINARD: Il l'a expliqué avant de proposer sa motion, alors, il
n'a pas besoin de répéter son explication.
M. CHARRON: Et si un député veut expliquer pourquoi il
appuierait la motion d'un de ses collègues.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il a parfaitement le droit.
M. CHARRON: Moi, je veux exprimer pour que ce soit inscrit dans
le journal des Débats pourqoi je vais voter je ne le sais
pas, je vous réserve la surprise en faveur ou contre la motion du
député de Saguenay. J'ai le droit.
UNE VOIX: Cachottier!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Voyons donc, M. le Président!
M. CHARRON: On a un vétéran...
M. BURNS: Je veux tout simplement faire appel à l'intelligence
des règlements que possède, évidemment, peut-être,
à part moi, le député de Terrebonne...
M. BOSSE: J'invoque le règlement.
M. BURNS: Moi, cela ne me fait rien. Si vous ne voulez pas en discuter
de ce problème-là, nous allons en discuter autrement. Il y a un
article qui s'appelle 377 dans les règlements et en ce qui concerne les
comités des subsides, cela se fait à chaque jour. Alors si vous
voulez en entendre parler tous les jours, c'est la meilleure façon de ne
pas en discuter ici. Puis je ne fais pas de menaces.
M. BRISSON: Du chantage.
M. BURNS: Non, non, je m'en fiche, prenez ce que ça voudra mais,
si vous nous empêchez de parler ici, on va parler en haut. C'est
ça qui va arriver.
M. MAILLOUX: Si jamais le Parti québécois prenait le
pouvoir, on se demande l'endroit où il nous resterait à parler
dans le Québec. Vous essayez de parler depuis quatre heures
après-midi, on sait très bien où l'on va.
M. BURNS: Ecoutez, on sait très bien où on va parler.
M. MAILLOUX: Vous pouvez parler de bâillon quand ça fait
cinq heures sur le même projet.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Le député de Charlevoix devrait comprendre que
je suis en train de défendre sa région...
M. MAILLOUX: Que le député...
M. LESSARD: ...je suis en train de défendre sa région
parce que nous nous sommes sacrifiés au niveau du gouvernement, du
ministère de la Voirie.
M. MAILLOUX: ...Que le député de Saguenay... Je me
suffirai à moi-même. Je n'ai pas besoin du député de
Saguenay.
M. LESSARD : Nous sommes sacrifiés depuis 1967, on a tout
concentré les crédits de la Voirie à Montréal.
M. MAILLOUX: ...réforme électorale... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. La
motion qui est présentement devant la commission est bien
spécifique...
M. LESSARD: Vous viendrez.
M. MAILLOUX: ...je vous assure de ma collaboration...
M. LESSARD: Ce n'est certainement pas vous qui allez...
M. HARDY: ...elle a trait à réduire les crédits
proposés pour la construction de l'autoroute transcanadienne. Alors, il
n'y a rien d'autre, aucune construction d'autres routes qui doit être
mentionnée...
M. MAILLOUX: ...pas autre chose que...
M. HARDY: ...dans la discussion présente. Alors je vous
demanderais, M. le Président, d'exiger que chacun des membres qui
prendrait la parole sur cette motion du député de Saguenay s'en
tienne à l'opportunité de réduire
ou non les crédits prévoyant la construction de la route
transcanadienne.
M. BURNS: M. le Président, si je comprends bien, elle est
recevable cette motion, et, si je comprends bien également, c'est le
député de Sainte-Marie qui avait la parole et est-ce que je me
trompe quand je fais ces avancés-là, M. le Président?
M. CHARRON: Sur la motion du député de Saguenay.
M. BURNS: Sur la motion du député de Saguenay proposant de
réduire les crédits à $1, au poste 7, article 6.
M. PINARD: Allez-y "boys"! Au point de vue stratégique, c'est
bien bon, allez-y!
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. A la
transcription...
M. BURNS: Ce n'est pas du tout de la stratégie que vous faites!
Tout simplement de passer une autoroute sur le dos du monde sans même les
consulter. Ce n'est pas mieux.
M. PINARD: Arrêtez donc!
M. BRISSON: ...notre programme...
M. BURNS: Sans même en avoir discuté avec les gens
concernés et, à un moment donné, à grand renfort de
tambours et trompettes, vous annoncez cela en Chambre.
M. PINARD: Arrêtez donc!
M. BRISSON: C'est à se demander si le député de
Maisonneuve n'est pas contre le développement de l'est de
Montréal.
M. BURNS: Un autre style de spectacle du Colisée, pas de
problème...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On n'est pas du tout contre le
développement de l'est.
M. BRISSON: Cela n'en a pas l'air.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que j'ai la parole, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Oui. J'ai une remarque à vous faire qu'on m'a
communiquée. C'est qu'à la transcription, on m'a demandé
d'avertir ceux qui veulent que leurs paroles soient consignées au
journal des Débats, de ne pas parler en même temps que d'autres.
Qu'il y en ait seulement un qui parle à la fois, sinon, c'est malheureux
mais vous ne vous relirez pas au journal des Débats.
M. BOSSE: On veut vous convaincre.
M. LE PRESIDENT: Il faudrait qu'il n'y en ait qu'un qui parle à
la fois.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous me donnez la parole, M. le
Président sur la motion du député de Saguenay?
M. LE PRESIDENT: Je ne vous l'ai pas encore enlevée. Bon,
bien...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, mais les autres... Si je comprends
bien, vous me l'avez laissé enlever par les autres.
M. HARDY: Ce sont vos collègues qui vous l'ont
enlevée.
M. LE PRESIDENT: Ils vous l'ont enlevée...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je continue. La motion du
député de Saguenay dit qu'on doit réduire ces
crédits à $1. Ce qui veut dire, à toutes fins pratiques,
qu'on arrête les travaux de l'autoroute Est-Ouest de Montréal.
Etant donné tous les arguments que nous avons exposés au ministre
cet après-midi et ce soir, de mes collègues de Maisonneuve, de
Saint-Jacques, je pense que tous les membres de cette commission comprendront
le sens de cette motion.
Je pense que vous comprenez que pour $1 le ministre ne pourra pas
construire l'autoroute, c'est définitif. Pour que la motion soit
recevable, il ne faut pas qu'elle soit réduite à zéro.
Alors, ce que nous disons ici, et ce que les membres de cette commission ne
semblent pas comprendre, c'est qu'il ne s'agit pas pour nous de faire de
l'obstruction. Il ne s'agit pas pour nous de faire...
M. BOSSE: ...bonne résolution.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non, écoutez! Je n'ai pas
donné le droit de parole à personne, je vous donne le droit de
rire, mais pas le droit de m'interrompre. Les membres de cette
commission...
UNE VOIX: Le ridicule tue!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...ne semblent pas comprendre que nous qui
représentons les électeurs du comté de
Saint-Jacques...
M. BURNS: Vous devriez être mort depuis longtemps.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...du comté de Sainte-Marie, du
comté de Maisonneuve, du comté de Bourget, nous sommes
mandatés par ces gens pour parler en leur nom devant cette commission.
Si nous nous opposons au projet de l'autoroute, c'est parce que nous sommes
convaincus, même si vous ne l'êtes pas, que nous avons l'appui de
la majorité de la popula-
tion de ces comtés. Je ne répéterai pas tous les
arguments que je vous ai servis cet après-midi, j'espère que vous
vous en souvenez. Nous avons parlé contre ce projet, à
l'étude des crédits supplémentaires et, à cette
commission, nous sommes encore contre ce projet parce que le peuple, les gens
que nous représentons, est contre plus que jamais. Ce n'est pas une
opposition du Parti québécois, c'est une opposition de tous les
citoyens qui sont touchés par le projet de l'autoroute, appuyés
par des centrales syndicales, appuyés par les comités de
locataires, comités de citoyens.
M. BOSSE : Je conteste encore la centrale syndicale. Il n'y a jamais eu
de proposition passée à la CSN, à ma connaissance,
à l'effet d'approuver...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas donné la parole au
député de Dorion, s'il vous plaît, M. le
Président...
M. BOSSE: C'est le conseil central, ce n'est pas la centrale
syndicale.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai donné la parole à
personne, je regrette.
M. LE PRESIDENT: Un instant s'il vous plaît, c'est le
député de Sainte-Marie qui a la parole.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai donné la parole à
personne. Le Conseil central de Montréal a donné son appui
à tous les gens qui s'opposaient au projet de l'autoroute, la FTQ et
cela après avoir fait des études, après avoir
présenté des mémoires, pour dire pourquoi ils
étaient contre. C'est curieux que vous ne semblez pas vouloir comprendre
une population qui s'oppose à cela. Elle a des raisons de le faire et ce
sont ces raisons qu'on expose devant les membres de la commission, depuis qu'on
en parle, même à l'Assemblée nationale et ici, on en a
parlé tout l'après-midi et, s'il le faut, on va en parler encore
longtemps.
C'est curieux que des députés viennent ici pendant
quelques minutes et repartent après. Ils viennent tout simplement nous
dire qu'on s'amuse et qu'on fait de l'obstruction systématique.
Il s'en fait de l'obstruction systématique à
l'Assemblée nationale, et ce n'est pas toujours le Parti
québécois. Mais quand le Parti québécois s'oppose
à quelque chose, c'est parce qu'il a approfondi le problème,
qu'il l'a étudié, et qu'il y a des milliers d'électeurs
dans nos comtés qui viennent nous voir. Je répète ce que
j'ai dit cet après-midi parce que ça prend du temps
à entrer dans la caboche de certains il y a des milliers de coups
de téléphone qui se donnent tous les jours et qui nous disent:
S'il vous plaît, tâchez de bloquer ce projet parce que les gens
veulent rester chez eux. Les gens ne veulent pas déménager dans
des logements plus chers, les gens ne veulent pas être empoisonnés
par la pollution de l'air, par l'oxyde de carbone. Ils ne veulent pas quitter
certains logements où ils vivent depuis vingt ans et ils n'ont pas les
moyens d'aller ailleurs.
Je reviens toujours à ce problème-là parce que,
quand on en parle, les gens ne semblent pas le comprendre. C'est pour
ça...
M. BOSSE: Ce n'est pas la résolution pas du tout. La
résolution dit: la réduction du crédit à $1. On a
entendu ce débat-là cet après-midi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, mais on doit...
M. BOSSE: On a discuté de la réduction du
crédit.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, quant à perdre son
temps comme ça, on va demander l'ajournement de la commission.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Demandez-le.
M. LAVOIE (Wolfe): On perd son temps.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Demandez-le, on continuera un autre
jour.
M. BURNS: Demandez-le.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela ne nous fait rien, on continuera un
autre jour. Alors, M. le Président, est-ce que je peux continuer?
M. BURNS: Le député a demandé...
M. LAVOIE (Wolfe): Je demande l'ajournement, si c'est pour continuer sur
ce train-là, on perd son temps...
M. LESSARD: L'Union Nationale doit savoir comment ça se perd du
temps.
M. LAVOIE (Wolfe): On a une manière pratique de travailler...
UNE VOIX: On attend une décision du président.
M. BOSSE: Je ne voudrais pas politiser le débat, M. le
Président. Il m'apparaît que lorsqu'on discute d'une motion, il
faut s'en tenir strictement au contenu de la motion et non revenir et discuter
d'autre chose que de l'opportunité de réduire le crédit
à $1. Je pense que ce serait légitime, M. le Président,
que vous ne permettiez pas à un intervenant de nous
répéter la même chose qu'on a entendue déjà.
C'est très dramatique, très prenant, mais cela a
déjà été entendu au moins une fois. Ceci
étant dit, M. le
Président, je fais appel à votre compréhension du
code pour rappeler à l'ordre l'opinant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je suis à
expliquer, exposer pourquoi je suis contre la réduction de ce budget
à $1.
M. LEDUC: Je pense que ce que le député de Sainte-Marie
voulait dire...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis pour la réduction de ce
budget à $1, je suis pour la motion...
M. BOSSE: C'est une erreur de copiste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je peux avoir eu un lapsus, en tout cas, vous
avez compris ce que je voulais dire. Il n'y a pas de problème.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je peux continuer, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Certainement, je vous ai déjà
ajouté dix minutes sur le temps officiel.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Les gens d'en face sont souvent intervenus
sans ma permission, j'espère que les...
M. LE PRESIDENT: Il a ajouté dix minutes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous remercie, M. le
Président.
M. HARDY: Avez-vous compté les interventions de vos amis?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous remercie beaucoup, M. le
Président, celles de mes amis sont très importantes. Je continue.
Nous avons l'intention de demander la réduction de ces crédits
tout simplement pour que le ministre arrête le projet de l'autoroute
Est-Ouest du bas de la ville de Montréal. C'est aussi simple que
ça. Je pense que ce n'est pas à moi à décider si ce
projet doit se faire ou pas, ce n'est même pas au gouvernement, c'est au
peuple que nous représentons. Ce sont eux que nous aurions dû
consulter. Comme le disait mon collègue il y a quelques instants, on a
consulté tous les organismes, l'establishment, toutes les grosses
compagnies, même l'archevêché. Mais on n'a pas
consulté le peuple et nous, nous avons consulté nos
électeurs. C'est pour ça que nous nous sentons forts dans nos
arguments, nous nous sentons appuyés, nous ne sommes pas seuls. Nous ne
sommes pas seuls ici ce soir, c'est toute la population, tous les
électeurs de nos comtés qui nous ont demandé de nous
opposer à ce projet-là. C'est pour ça que nous appuyons la
motion du député de Saguenay, et que nous voulons que le projet
de l'autoroute, qui est rendu à Saint-Denis, arrête là. Ces
crédits-là, qu'on les verse ailleurs.
Il y a d'autres priorités. Il y a la
Transquébécoise. Il y a des routes à faire dans le
Saguenay, dans le comté, la route de la Gaspésie, partout. Dans
la ville de Montréal, dans mon comté, ces gens seront très
heureux, si le ministre ou si les membres de cette commission acceptent la
motion du député de Saguenay. C'est pour cela que j'appuie sa
motion.
M. LE PRESIDENT: Vous avez terminé, M. le
député?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour le moment, oui.
M. LE PRESIDENT: Un vote sur la motion.
M. BIENVENUE: Je veux parler de façon très brève
sur la motion. Je ne parlerai pas de la partie qui concerne la ville de
Montréal, sur les $82,317,000. Je vois, par la motion que si
c'était réduit de $82,317,000 à $1.00, les travaux de la
Transcanadienne de Montmagny à la frontière du Nouveau-Brunswick,
en passant par Rivière-du-Loup, si la motion était
agréée, si les crédits étaient réduits en
conséquence, cette section de la Transcanadienne ne serait pas
continuée. Ce serait un désastre. C'est ce que j'appelle du
fédéralisme rentable, cette section de la route.
M. CHARRON: Un désastre?
M. BIENVENUE: Non, la construction de la route. C'est tuer des centaines
et des centaines d'individus sur cette route, extrêmement dangereuse. Je
ne toucherai pas...
M. LESSARD: Le tourisme resterait peut-être en Gaspésie, si
on faisait l'autoroute de la Gaspésie.
M. BIENVENUE: Le tourisme aurait plus de chances de se rendre vivant en
Gaspésie, parce que pour le moins qu'on connaisse la région, pour
se rendre en Gaspésie, il faut passer par Rivière-du-Loup. Ne
serait-ce que pour cela, sans toucher à la question de Montréal,
je pense que cette motion je ne sais pas quelle portée on a voulu
lui donner, je ne sais pas à quoi on a songé non, je ne
parle pas de ces choses, je parle des conséquences que j'ai
soulignées. Ce serait un désastre. Il y a trop longtemps que
presse la route Québec-Rivière-du-Loup-Nouveau-Brunswick. Je
voterai contre la motion pour des raisons tellement évidentes que je
n'ai pas besoin de souligner quoi que ce soit davantage.
M. BURNS: Est-ce que le député a droit de vote, à
la commission?
M. BIENVENUE: Je voterais.
M. LE PRESIDENT: Non. Il n'a pas le droit. Il n'a pas encore
voté.
M. CHARRON: Est-ce que le député de Matane...
M. HARDY: De toute façon, comme membre du comité
plénier, il votera automatiquement pour l'adoption des crédits.
Tous les députés sont membres du comité
plénier.
M. CHARRON: Est-ce que le député de Matane a
terminé?
M. BRISSON: Je trouve curieux les arguments du député de
Sainte-Marie. Personnellement, le comté de Sainte-Marie et le
comté de Maisonneuve touchent à mon comté et souvent j'ai
l'occasion de me promener dans le comté de Sainte-Marie et dans le
comté de Maisonneuve je vais me promener davantage pour
éclairer le peuple je trouve que ces arguments sonnent un peu
faux. Tout le peuple du comté de Maisonneuve et du comté de
Sainte-Marie je ne sais pas à quels électeurs il s'est
adressé veulent l'autoroute. Les gens de ces comtés
veulent se débarrasser de leurs taudis ainsi que de leurs "coquerelles."
Ils veulent en sortir.
M. LESSARD: Où vont-ils vivre?
M. BRISSON: Ne vous en faites pas. On va les replacer.
M. LESSARD: Oui?
M. BRISSON: Oui et à bon prix. D'ailleurs, ce n'est pas le temps
d'en discuter.
M. CHARRON: ... parce qu'ils ne le savent pas.
UNE VOIX: C'est cela, le fédéralisme rentable.
M. BRISSON: Justement, on leur dit par les loyers modiques.
M. BURNS: $145 par mois.
M. BRISSON : Le gouvernement va payer la différence.
N'êtes-vous pas au courant de la loi? M. le Président, je pense
que ces gens veulent en sortir.
M. HARDY: Pas les assistés sociaux.
M. BRISSON: C'est pourquoi ils sont en faveur de cette autoroute. En
plus, ils sont en faveur de cette autoroute, parce qu'ils veulent le
développement de l'est. A entendre parler le député de
Saguenay, on dirait qu'il est contre le développement de la ville de
Montréal et je me pose une question. Est-ce que les six
députés péquistes...
M. LESSARD: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
M. BRISSON: ... sont contre le développement de la ville de
Montréal également?
M. LESSARD: En vertu de l'article, 285, 19e, sous-article 2. on me
prête des intentions et je n'accepte pas les intentions qui me sont
prêtées. Je n'ai jamais dit, M. le Président, que
j'étais contre le développement de la ville de
Montréal.
J'ai dit, M. le Président, qu'on s'apercevait que, dans d'autres
régions de la province, il y avait des besoins qui étaient aussi
prioritaires, qu'en 1967 on avait centralisé à peu près
tous les crédits du ministère de la Voirie vers la région
de Montréal et qu'il était temps maintenant puisqu'en
1967, on nous avait dit à nous des régions rurales, on nous avait
dit: Attendez et après Montréal, ça viendra cela
fait des années qu'on attend et maintenant il est temps qu'on
développe les autres régions de la province.
M. HARDY: Ce n'est pas une question de règlement, ça.
M. LESSARD: M. le Président, on me prête des intentions et
je remets...
M. BRISSON: Dans la région de Montréal...
M. LESSARD: ... et ça donne exactement les paroles que j'ai
dites.
M. BRISSON: ... il y a au-delà de trois millions de
population...
M. LESSARD: M. le Président, l'électricité c'est
chez nous qu'on l'a.
M. BRISSON: ... ces gens-là ont droit au travail,
également aux améliorations.
M. LESSARD: Chez nous aussi.
M. BRISSON: Ils ont droit au progrès aussi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BRISSON: Je pense que c'est une priorité, si je dois dire,
primordiale que cette autoroute et puisque le peuple est en faveur, je ne vois
pas pourquoi on réduirait les crédits.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous, on dit qu'il est contre.
M. BRISSON: Si vous voulez être contre, le peuple vous jugera dans
deux ou trois ans.
M. BURNS: Le peuple est contre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous ne fréquentez pas les
mêmes gens que nous.
M. BRISSON: Non, ça paraît parce que, moi, je
fréquente le vrai peuple.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOSSE: M. le Président, c'est à titre de citoyen du
comté de Sainte-Marie que je parle, d'abord, et aussi à titre de
député de Dorion. J'ai l'occasion de rencontrer le peuple et le
peuple, je connais ça autant que les gars d'en face. Il y a certains
gars d'en face qui ont peut-être moins l'occasion de fréquenter le
peuple que je peux l'avoir ou que j'ai pu l'avoir. Pour ma part, j'y demeure
encore dans ce comté et quand on vient affirmer ici qu'on
représente le peuple, il faudrait peut-être dire... Certains gars
d'en face, plus directement en face de moi. Pour ma part, en tout cas, je
rencontre beaucoup de ces citoyens et c'est assez étrange que ces
citoyens ne soient pas aussi traumatisés qu'on voudrait ici le laisser
entendre.
D'autre part aussi, les organismes représentatifs j'en ai
dit un mot cet après-midi, je n'ai pas l'intention de revenir à
la charge et me répéter non plus seulement, il y a, comme
je crois, certaines personnes qui, par intérêt politique, ont
peut-être besoin de faire, de prendre une attitude absolument
négative vis-à-vis d'un développement à
l'intérieur de l'est de Montréal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, est-ce que je peux
poser une question?
M. BOSSE: Je n'hésite point à prendre mes
responsabilités vis-à-vis de la population de Montréal, y
compris les citoyens de Sainte-Marie et les autres de la province qui, dans
l'ordre de 76 p. c, n'ont quand même pas voté...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous voulez que je pose une
question?
M. BOSSE: ... pour le Parti québécois.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. BOSSE: Permettez donc que je continue. M. CHARRON: Qu'est-ce qui
arrive...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est parce que quand vous parlez des gens
qui ont un intérêt politique, est-ce que vous parlez du
député de...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. HARDY: A l'ordre!
M. BOSSE: En ce qui me concerne, comme représentant de la ville
de Montréal et des citoyens de la ville de Montréal, et je ne
suis pas moins représentatif, autant au sud qu'au nord parce que, d'une
part, j'y habite et, d'autre part, j'ai l'occasion de rencontrer ces citoyens
et les plus défavorisés, autant que ceux qui sont directement en
face de moi. C'est évident que je m'opposerai pour des raisons de
développement de la ville de Montréal et de création
d'emplois nouveaux à l'intérieur de la ville de Montréal.
C'est là une occasion, un investissement, je serai pour ce
fédéralisme rentable. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je voulais poser une
question. Est-ce que le député me permet?
M. BOSSE: Je permets au député et savant confrère
de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quand le député de Dorion qui
est un de mes électeurs je ne veux pas dire qu'il a vote pour moi
...
M. BOSSE: J'espère.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... mais qui est un des électeurs du
comté de Sainte-Marie, quand le député de Dorion dit : Il
y en a qui ont des intérêts politiques à arrêter
l'autoroute, est-ce que le député de Dorion fait mention du
député de Sainte-Marie? Est-ce que vous parliez de moi, à
ce moment-là?
M. BOSSE: Bien possiblement, ça peut être ça. Si le
député de Sainte-Marie l'interprète, je lui laisse le soin
d'interpréter, cette fois, pour ne pas...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non, je n'ai affaire à aucun
patronage dans l'autoroute.
M. BOSSE: C'est une opinion que j'ai émise, alors, à ce
moment-là, interprétez comme vous le voulez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le ministre n'a pas terminé...
M. LAFONTAINE: M. le Président, moi, je veux souligner que je
pense bien que la majorité de la commission est suffisamment
éclairée et pour autant que je suis concerné, on serait
prêt à prendre le vote.
M. CHARRON: M. le Président, sur la motion du
député de Saguenay...
M. LE PRESIDENT: Sur la motion du député de Saguenay?
M. CHARRON: C'est ça. M. le Président... M. HARDY:
L'esprit de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Bien, si vous voulez.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chauveau, M. Harvey.
UNE VOIX: Saint-Jacques le Mineur ou le Majeur?
M. HARVEY (Chauveau): Bien, moi, j'ai quelques mots à dire
simplement pour dire que je vais voter contre la motion.
M. LE PRESIDENT: M. Carpentier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous n'aviez pas besoin de le dire, on le
savait.
M. BURNS: Avez-vous autre chose d'intelligent à nous dire?
M. HARVEY (Chauveau): Au lieu de dire des conneries comme vous dites
!
M. LE PRESIDENT: M. Faucher.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que c'est parlementaire?
M. CHARRON: Est-ce que les paroles du député de Chauveau
sont parlementaires?
M. LE PRESIDENT: M. Giasson. DES VOIX: Oh! Oh! Oh!
M. CHARRON: ...on venait de vous le signaler.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je vous dis que le Parti
québécois est en retard, vous êtes rendu à la
moitié de votre liste.
M. BRISSON: M. le Président, dès que le vote est
commencé...
M. CHARRON: Attendez une minute, je vous avais demandé la
parole.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Faites pas ça.
M. BRISSON: Le vote est commencé, M. le Président,
je...
M. LE PRESIDENT: Le vote est commencé...
M. BRISSON: Faites appel aux députés alors.
M. CHARRON: M. le Président, vous m'aviez reconnu auparavant et
je venais de vous signaler...
M. LE PRESIDENT: M. Larivière...
M. CHARRON: ...que je voulais parler sur la motion du
député de Saguenay.
M. LE PRESIDENT: Je ne vous ai pas vu faire la demande.
M. CHARRON: Il y a toujours bien une maudite limite.
M. LEDUC: M. le Président, le député de
Saint-Jacques a le droit de dire tout ce qu'il veut dire à
l'Assemblée nationale et en commission, mais les "maudites limites" par
exemple, il y a des maudites limites au langage qu'il emploie.
M. CHARRON: Vous venez de le dire: Maudites limites. Vous venez de le
répéter.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEDUC: Justement parce que c'est vous qui l'avez dit. Si le
député de Saint-Jacques veut retourner ça en foire, on va
retourner ça en foire.
M. BURNS: Que le député de Taillon reste tranquille !
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas pris ombrage, parce que je sais de qui
ça vient. Nous continuons le vote.
M. BURNS: M. le Président...
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement
également.
M. LE PRESIDENT: M. Latulippe.
M. BURNS: La décision est absolument injuste.
M. LAFONTAINE: On n'invoque pas le règlement dans un vote.
M. BURNS: Cela, c'est ce qu'on appelle un bâillon. Et le pire
c'est que c'est vous qui bâillonnez.
M. LE PRESIDENT: Le vote était commencé.
M. CHARRON: Il n'était pas commencé.
UNE VOIX: Vous l'aviez demandé, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Vous m'avez regardé, vous m'avez reconnu et j'ai dit:
Sur la motion du député de Saguenay.
M. BURNS: M. le Président, votre décision est absolument
injuste, j'irais même jusqu'à dire
qu'elle est partisane et j'en appelle au président de la
Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Appeliez le président de la Chambre.
M. MAILLOUX: M. le Président...
M. CHARRON: Vous n'avez pas le droit d'appeler le vote avant qu'aucun
député n'ait manifesté l'intention de parler.
M. LE PRESIDENT: J'ai appelé un vote et personne n'a dit un seul
mot.
M. CHARRON: J'invoque le règlement et vous pouvez retourner
à la transcription des débats, j'ai dit: Sur la motion du
député de Saguenay.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, nous allons finir le vote.
M. MAILLOUX: Est-ce que je pourrais vous soumettre bien humblement que,
sans contredit, je pense que le député de Saint-Jacques avait
réellement demandé la parole et que ce serait son droit de
s'exprimer.
M. LE PRESIDENT: C'est bien dommage, je ne l'ai pas vu.
M. CHARRON: Vous m'avez regardé en pleine face.
M. LE PRESIDENT: J'ai demandé à un certain moment que les
membres de la commission parlent un à la fois. Si, d'un
côté de la commission, tout le monde parle en même temps, ce
n'est pas ma faute si je n'ai pas entendu.
M. MAILLOUX: M. le Président, je voudrais...
M. LE PRESIDENT: J'ai demandé le vote et je vais continuer
à le demander. M. Latulipe.
M. LATULIPE: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Lavoie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Saint-Jacques
avait demandé.
M. LESSARD: Article 336 du... M. LE PRESIDENT: M. Mailloux.
M. MAILLOUX: M. le Président, je regrette...
M. BURNS: Si le député de Charlevoix est honnête, on
va savoir que ce n'est pas...
M. MAILLOUX: ...je ne voterai pas sur une telle motion, parce que
assurément je pense qu'honnêtement parlant, le
député de Saint-Jacques avait demandé la parole.
M. CHARRON: Je remercie le député du comté de
Charlevoix.
M. MAILLOUX: Je ne blâme pas le président de ne pas l'avoir
reconnu, mais nous-mêmes avons constaté qu'il demandait la parole
et c'est dans le brouhaha évidemment que vous avez possiblement...
UNE VOIX: L'ajournement, M. le Président, il est onze heures.
M. LE PRESIDENT: J'ai demandé clairement qu'un membre parle
à la fois. Maintenant, si tout le monde parle en même temps, ce
n'est pas ma faute.
M. LESSARD: Il est onze heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Si on avait parlé un à la fois, cet
incident-là ne serait pas arrivé.
M. MAILLOUX: M. le Président... M. LESSARD: Il est onze
heures.
M. LE PRESIDENT: Je suis rendu à demander le dernier membre de la
commission...
M. LESSARD: Il est onze heures.
M. LE PRESIDENT: ...sur la liste, M. Pinard.
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement. Qui
pensez-vous...
M. LAFONTAINE: Il n'a pas le droit de parler, M. le
Président.
M. CHARRON: ...le député de Terrebonne signalait
lorsqu'il...
M. LAFONTAINE: Il n'a pas le droit de parler, M. le
Président.
M. CHARRON: ...le député de Terrebonne m'a entendu parce
que quand j'ai dit: Sur la motion du député de Saguenay. Il a
dit: L'esprit de Saint-Jacques. Comme j'allais commencer, vous vous êtes
retourné vers le député de Chauveau...
UNE VOIX: C'est ça.
M. CHARRON: Le député de Terrebonne
peut certainement témoigner aussi honnêtement que vient de
le faire le député de Charlevoix. J'en appelle à
l'honnêteté du député de Terrebonne pour voir si
véritablement à mes paroles il avait ajouté: L'esprit de
Saint-Jacques, dans l'hypothèse où j'allais témoigner.
M. HARDY: Personnellement, je ne peux témoigner de rien parce que
je n'ai pas l'intention de me substituer au président de la commission.
Si j'agissais comme président, je saurais ce que j'ai à faire
mais, dans les circonstances actuelles, je...
M. BURNS: Sauf que vous avez pris une attitude qui était bien
claire quand vous avez dit: L'esprit de Saint-Jacques, c'était bien
évident. A ce moment-là, vous voyiez vous, comme le
député de Charlevoix, que le député de
Saint-Jacques allait adresser la parole.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Le député de Saint-Jacques n'a pas dit un mot
parce qu'il croyait que vous donniez la parole au député de
Chauveau. C'est ça. Quand on s'est aperçu que vous lanciez le
vote, je trouve que cela charrie un peu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le vote a été pris. Il y en a
sept contre la motion et un pour.
M. BURNS: Cela s'appelle un "railroading" ça.
M. CHARRON: Vous n'êtes pas sortis du bois!
UNE VOIX: Il est 11 heures, M. le Président.
M. BURNS: Je tiens à enregistrer, pour la fin des Débats,
que j'en ai appelé de votre décision de continuer le vote. Je
vous réfère, M. le Président, à l'article 326 de
notre règlement. On verra ça plus tard.
M. LE PRESIDENT: La séance est levée et ajournée
à demain 10 h 30.
(Fin de la séance: 23 h 2)
Séance du vendredi 21 mai 1971 (Dix heures cinquante-huit
minutes)
M. SAINDON (président de la commission permanente de la Voirie):
A l'ordre, messieurs!
Nous allons continuer la séance qui a été
ajournée hier soir à 11 heures. Au sujet du vote, pris hier soir,
j'admets que la demande avait été faite par le
député de Saint-Jacques.
M. PINARD : Cela a paru dans nos notes.
M. LE PRESIDENT: Cela a paru dans les notes, encore une fois. Hier, je
ne l'avais pas entendu. J'ai agi selon les faits que je connaissais.
Maintenant, d'après les notes du journal, il en a bel et bien
fait la demande. Alors, il faut bien que je retire la décision que j'ai
prise hier.
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement vous remercier
de votre objectivité même si, hier soir, les esprits, à un
certain moment, se sont échauffés. Je suis sûr que tout le
monde, de part et d'autre, a oublié les choses
désagréables qui auraient pu être dites dans le feu de la
chicane, si on peut dire.
M. CHARRON: Pour ma part, M. le Président, je ne regrette rien de
ce qui s'est passé hier. Si l'occasion se représentait, j'agirais
de la même façon.
M. le Président, sur la motion de mon collègue, le
député de Saguenay. J'endosse, à mon tour, la motion
présentée par le député de Saguenay. Je la crois
légitime et fondée selon les arguments que nous avons
déjà soumis devant la Chambre et devant cette commission.
J'aimerais dire ou peut-être préciser en deux points, ce
matin, pourquoi j'endosse cette motion et pourquoi je favorise la
réduction à $1 du budget prévu aux travaux de la
Transcanadienne, cette année. Je la pose en des termes nouveaux. Hier,
lors du débat sur la motion principale si on peut appeler
ça comme cela à l'article 6, j'ai présenté
les objections de principe que notre parti et les citoyens de nos comtés
avaient contre cette autoroute. J'en voudrais, maintenant, à ce projet.
C'est pourquoi je favorise la motion du député de Saguenay pour
deux raisons. Le gouvernement et l'Etat québécois viennent de
manquer une occasion unique d'innover en au moins deux matières: la
première est celle d'innover en urbanisme, tout simplement. Ils sont
rares, M. le Président, et vous le savez, les endroits où la
société québécoise est à l'avant-garde dans
l'humanité.
Au contraire, nous sommes à combler un retard incroyable et, en
plusieurs endroits, même le retard comblé se voit toujours
devancé par un fossé invraisemblable qui semble de plus en plus
long à franchir.
Sauf que nous avions là, dans le plan de l'urbanisme et de
l'aménagement d'une grande
ville comme celle de Montréal, l'occasion de retrouver ce qui
commence à se dessiner un peu partout ailleurs dans le monde,
c'est-à-dire la volonté par les dirigeants de
sociétés de rendre les villes vivables.
Je faisais mention au cours du débat d'hier je peux le
reprendre sur cette motion de la possibilité qu'a
évoquée le maire Lindsay de New-York de fermer
complètement le sud de l'île Manhattan à la circulation
automobile. Je pense que si Montréal je ne souhaite pas que
Montréal passe immédiatement à cette
étape-là mais Montréal aurait au moins l'occasion
de ralentir le flot de la circulation automobile sinon de le diminuer
complètement.
J'ai fait valoir hier des arguments qui n'ont été battus
en brèche par aucun autre argument que je connaisse, à l'effet
que les voies rapides peuvent avoir le don d'apporter beaucoup plus de
circulation plutôt que de la facilité à l'intérieur
de la ville.
Nous avions l'occasion de dire devant toute la société que
nous allions faire de la ville de Montréal une ville où il ferait
bon vivre, où les humains reprendraient leur place et où le culte
de l'asphalte et celui de l'automobile seraient replacés à leur
juste proportion.
Nous avons manqué cette occasion-là, il y a quelque temps.
La motion présentée par le député de Sagnenay nous
donne l'occasion d'y revenir. C'est pourquoi je la favoriserai.
Une deuxième raison qui m'incite à appuyer la motion de
mon collègue c'est qu'elle nous donnera aussi l'occasion d'innover en
matière de consultation populaire. A cet effet, le dossier du
gouvernement est mince. La consultation élitique s'est évidemment
faite comme sur n'importe quel autre projet, mais la consultation populaire a
été extraordinairement mince. Il a fallu attendre l'initiative
d'un organisme, d'une agence sociale de Montréal pour pouvoir enfin
avoir une commission d'audiences publiques sur l'autoroute, commission devant
laquelle d'ailleurs et le ministre le sait les
députés de cette région de Montréal sont
allés témoigner.
Nous avons manqué à ce moment-là une occasion
unique d'innover dans le rapport entre l'Etat et les citoyens, en donnant
l'occasion aux citoyens de s'exprimer, de faire valoir leurs objections,
parfois même, leur appréciation.
Il n'est pas dit que les citoyens vont toujours s'opposer. La simple
idée d'aller consulter les gens pour savoir ce qu'ils voulaient n'a
même pas été respectée dans ce cas-là. La
motion présentée par le député de Saguenay visant
à réduire, si vous voulez, où à toutes fins
pratiques, anéantir le projet, permettra si jamais les $82,317,000 sont
jugés utilisables ailleurs, au gouvernement en place actuellement,
d'utiliser je l'espère, cet argent dans un esprit de consultation
populaire.
Ce sont donc là, M. le Président, deux situations
où le gouvernement pourrait être encore plus large et moins
restreindre cela à un parti politique, où l'Etat
québécois avait l'occa- sion d'innover en urbanisme et, sur un
autre plan plus vital encore peut-être, sur le simple plan de la
consultation populaire. Nous avons manqué notre coup en novembre
d'ailleurs à cause de la façon que cela a été
annoncé. Nous avons depuis ce temps, à plusieurs reprises, en
Chambre, fait valoir nos arguments là-dessus. Nous avons tenu un
débat de quelques minutes le 31 mars dernier pour insister à
nouveau et je ne crois pas que, sur aucun de ces plans, il y ait eu des
améliorations.
Voilà donc, M. le Président, brièvement, deux
raisons pour lesquelles j'appuie la motion du député de Saguenay.
Je pourrais revenir mes collègues le feront certainement
sur d'autres arguments qui font que la réduction du budget à $1
soulagerait certainement les travaux du député de d'Arcy-McGee,
ministre de l'Environnement, car il aurait un problème de pollution en
moins à régler; soulagerait en même temps une bonne partie
des services d'habitation de la ville de Montréal qui ont comme nous le
confirmait le ministre tantôt en conversation privée, à
travailler largement maintenant pour reloger toute cette population qui vient
d'apprendre son départ éventuel et soulagerait enfin la
population de nos comtés qui est extraordinairement nerveuse à
propos de ce projet. Voilà donc pourquoi j'appuie sans aucune
réserve la motion présentée par le député de
Saguenay. Je sais bien que nous aurons l'occasion, advenant l'adoption de cette
motion, d'exprimer notre satisfaction et advenant notre défaite de cette
motion, de revenir sur la motion principale et de tenter une fois de plus de
convaincre le gouvernement de ne pas avoir peur en cette matière,
d'être à l'avant-garde, un des rares endroits où on
pourrait l'être dans toute la vie sociale du Québec.
M. le Président, c'est pourquoi j'appuie la motion du
député de Saguenay.
M. LAURIN: M. le Président, c'est ma salle de commissions
préférée, puisque j'y suis depuis deux ou trois jours
déjà. Je veux d'abord commencer par rétablir les faits.
J'ai entendu ce matin des déclarations d'un parti politique, en Chambre.
Je comprends, en un sens, parfaitement son désir de ne pas participer
à ce débat, puisque le parti qu'il représente n'a pas
réussi à faire élire un seul député dans la
région de Montréal. On comprend parfaitement qu'il ne soit pas
très conscient des problèmes posés par
l'élaboration d'une autoroute dans le quartier métropolitain.
D'ailleurs, sa défaite dans l'île de Montréal signe
bien qu'il n'a jamais été très sensible aux
problèmes urbains, qu'il n'a pas su faire comprendre à la
population qu'il était sensible à ces problèmes. C'est
bien la raison pour laquelle les électeurs ne se sont pas reconnus dans
les candidats de l'Union Nationale qui se sont présentés dans les
grands centres urbains aux dernières élections. En
conséquence, on doit dire que leur attitude de ce matin est
extrêmement logique, puisqu'elle signe encore une fois
l'absence de compréhension qu'ils ont eu de ces problèmes
urbains.
Pour notre part, nous nous en réjouissons pour une autre raison.
Dans bien des cas nous avons dû souffrir des combats douteux, des combats
prolongés, menés sur des points de détail. Nous avons
poliment accepté les longues déclarations dont le sens nous
échappait. Pour le débat qui nous occupe présentement,
tout le monde peut dire que c'est un débat très important,
puisqu'il touche l'aménagement non seulement des grandes villes en
général, mais les projets d'aménagement de notre grande
métropole, à nous, de la province de Québec. Le sort de
cette ville de Montréal devrait préoccuper d'une façon
très sensible tous les députés de l'Assemblée
nationale. Montréal constitue le coeur de notre Québec. Pour
paraphraser les mots de l'ancien directeur de la compagnie General Motors, on
peut dire que tout ce qui est bon pour Montréal est bon pour le
Québec, et inversement tout ce qui est mauvais pour Montréal est
également mauvais pour le Québec.
C'est dans cette perspective que nous avons décidé de nous
opposer dès le début à ce projet d'autoroute, non pas pour
faire de l'obstruction systématique, bien au contraire, mais pour
montrer aussi bien au gouvernement qu'à la population qu'il s'agissait
là d'une matière et d'un problème très, très
importants qui engageaient l'avenir peut-être d'une façon
irrémédiable et irréversible et qu'il pouvait être
temps, dans la mesure où le gouvernement écouterait nos
représentations et nos objections, qu'il était peut-être
encore temps de faire machine arrière et de penser à de meilleurs
projets d'aménagement pour la métropole montréalaise, pour
l'île de Montréal.
D'ailleurs, nous étions encouragés dans cette direction
par ce qui s'était passé, il y a à peine quelques
années, à Toronto où le même problème s'est
posé, où les mêmes oppositions se sont fait jour bien que
ces oppositions-là n'ont pas été véhiculées
par un parti qui prônait l'indépendance de l'Ontario par rapport
au régime fédéral.
Ces oppositions avaient été nombreuses, avaient
été prolongées, s'appuyaient sur des arguments
extrêmement sérieux, extrêmement étoffés et
avaient fini, non pas par avoir gain de cause complètement, mais avaient
fini quand même par modifier d'une façon assez marquée
l'opinion des autorités concernées. C'est fort de ce
précédent que nous avons entrepris, pour notre part, de mener la
lutte contre ce projet.
Je voudrais vous faire remarquer ainsi qu'au gouvernement qu'une des
preuves que notre obstruction, notre opposition n'a pas été
systématique, c'est que nous avons mené des études, pour
notre part, des études nombreuses, des études fouillées
sur le sujet. Nous avons présenté il y a à peine quelques
semaines un mémoire au tribunal d'honneur qui s'est formé
à Montréal pour entendre toutes les opinions qui pouvaient ce
faire jour sur le projet. Nous avons organisé des groupes
d'études, des groupes de recherches qui ont fouillé les moindres
aspects du projet, qui ont regardé dans toute la littérature qui
concerne ces problèmes et qui ont résumé et qui ont
tiré de ces études les principaux arguments que nous avons
exposés jusqu'ici.
C'est bien la preuve de l'esprit positif, de l'esprit constructif dans
lequel nous avons abordé tout ce problème.
D'ailleurs, tout le monde devrait savoir maintenant que le Parti
québécois ne s'oppose pas d'une façon systématique
à n'importe quel projet. Bien souvent, nous collaborons avec le
gouvernement; bien souvent, nous acceptons ses projets de loi alors que les
autres partis y sont opposés. Je dirais même que la plupart des
projets de loi du gouvernement reçoivent notre adhésion.
Lorsque le Parti québécois décide de se prononcer
contre un projet, il ne le fait que pour des raisons très
sérieuses, qui engagent l'avenir de la collectivité
québécoise et qui prétendent orienter l'avenir de cette
collectivité québécoise dans le sens du progrès.
C'est la même ligne de conduite, c'est la même politique que nous
avons poursuivie en ce qui concerne l'étude de ce projet d'autoroute.
Nous avons essayé de l'aborder dans un esprit qui se veut dynamique, qui
se veut marqué au point du progrès, des techniques modernes, et
c'est précisément parce que nous avons étudié
à fond ce sujet, et que plus nous l'étudions, plus nous voyions
les carences, les lacunes du projet gouvernemental, que notre position, loin de
s'atténuer au fur et à mesure des délibérations de
l'Assemblée nationale ou des séances de commission, s'est au
contraire accentuée et intensifiée, de telle façon que
notre opposition devient maintenant irréductible.
Cette opposition devient à ce point irréductible que,
à cette commission qui siège, nous avons senti la
nécessité d'affirmer à nouveau qu'il fallait
réduire les crédits du ministère de la Voirie en ce qui
concerne les autoroutes, afin qu'ils soient réduits à $1. Je
voudrais, pour ma part, résumer les arguments qui ont déjà
été apportés à l'Assemblée nationale et qui
viennent d'être apportés en commission par mes collègues,
afin de bien montrer que notre attitude est une attitude d'ensemble, qu'elle
couvre presque tous les aspects du projet et que, pour tous ces aspects, il y
aurait eu moyen de trouver des solutions de rechange qui se seraient
avérées bien supérieures à la solution
envisagée par le ministère de la Voirie au problème du
transport dans notre métropole.
Il faut bien se rappeler, M. le Président, la façon dont
le gouvernement nous a annoncé le projet d'autoroute dans l'île de
Montréal. Pour ma part, je me rappelle très bien que ce programme
a été annoncé dans le cadre du programme d'urgence. C'est
après les événements d'octobre en effet, au moment
où le
gouvernement sentait qu'il lui fallait faire quelque chose pour calmer
l'agitation des masses québécoises, pour atténuer les
causes de la division sociale profonde qui s'était manifestée
à l'occasion de cette crise, pour pallier de façon sensible le
chômage, que le gouvernement nous a annoncé, ex abrupto, sans que
rien ne le laisse prévoir, ce programme de la terminaison de l'autoroute
Est-Ouest dans l'île de Montréal.
On voit donc que, dès ce moment, le gouvernement
obéissait, non pas à des impératifs d'urbanisme, non pas
à des impératifs de planification en ce qui concerne la Voirie,
mais surtout à des impératifs politiques, à des
impératifs sociaux. Il nous semble que ces impératifs, que ces
motivations ont vicié dès l'origine la décision
gouvernementale, l'engageant dans une voie qui n'était pas la sienne,
dans une voie qui n'était pas spécifique au problème que
l'on prétendait régler par cette solution.
Il semble bien, en effet, que le but principal du gouvernement
était de créer des emplois à ce moment; autrement, il nous
aurait laissé entendre d'une façon beaucoup plus claire le but
qu'il poursuivait du strict plan de la Voirie, du strict plan de la politique
de la Voirie dans le Québec. Eh bien, de ce seul point de vue de la
création d'emplois, nous avons soutenu et nous soutenons encore que la
terminaison de l'autoroute Est-Ouest dans l'île de Montréal est un
des plus mauvais moyens que le gouvernement pouvait utiliser. En effet, il est
prouvé maintenant que la construction des routes, et en particulier des
autoroutes, et en particulier dans un grand centre métropolitain comme
Montréal, crée beaucoup moins d'emplois qu'à une
époque antérieure. Nous savons en effet que les travaux se
mécanisent de plus en plus, que les travaux sont plutôt faits
maintenant par de grosses machines qui deviennent de plus en plus grosses, dont
la manutention demande de moins en moins d'hommes. Surtout, quand nous
comparons le nombre d'emplois créés par l'élaboration et
la fabrication de ces autoroutes avec le nombre d'emplois créés,
soit par des routes rurales de moindre envergure, ou encore par la
création de logements, ou encore par l'érection d'industries
manufacturières, que ce soient des industries manufacturières
traditionnelles ou des manufactures de pointe, l'avantage va incontestablement
à toutes ces autres entreprises plutôt qu'aux entreprises qui ont
pour but de créer des autoroutes.
Nous continuons donc de soutenir que la motivation qui soutenait la
décision du gouvernement, la motivation de créer des emplois a
été bien mal réalisée par la fabrication de cette
autoroute. Nous constatons, nous sommes obligés de constater que, si le
gouvernement avait pris une autre voie, le nombre d'emplois créés
aurait été beaucoup plus élevé et le
problème économique, ainsi que le problème social, aurait
été beaucoup mieux réglé et d'une façon
beaucoup plus permanente.
Nous déplorons également que la façon dont le
gouvernement nous a annoncé ce projet de loi ne cadrait pas avec les
objectifs de planification qui ont été dévoilés
lors de l'étude des crédits au ministère de la Voirie. Non
seulement avons-nous constaté lors de l'étude de ces
crédits que le ministère de la Voirie ne possédait pas un
véritable plan de planification de toute la voirie au Québec,
mais nous avons été obligés de constater également
que ce plan de terminaison de l'autoroute Est-Ouest arrivait un peu comme un
cheveu sur la soupe, à la dernière minute, et s'intégrait
très mal même à l'esquisse de plan que le ministère
de la Voirie possédait à cette époque.
Nous déplorons également que ce projet ait
été pensé, élaboré il y a une quinzaine
d'années et qu'il soit sorti des tablettes où il était en
train de ramasser de la poussière, exactement de la façon qu'il y
avait été posé. Au moins, si en sortant ce plan des
tablettes, en l'époussetant, on avait profité de l'occasion pour
l'étudier plus à fond, pour le moderniser, pour l'ajuster aux
techniques nouvelles, aux objectifs nouveaux. Si on en avait profité, en
somme, pour l'intégrer d'une façon plus adéquate aux
nouvelles techniques, aux nouveaux projets d'urbanisme, aux nouvelles
réalisations qui peuvent se faire dans d'autres domaines qui affectent
le transport, au moins nous aurions vu, nous aurions pu constater que le
gouvernement était plus sérieux. Mais, au contraire, l'impression
que nous en avons retirée c'est que ce programme était
improvisé, c'est que ce programme avait été insuffisamment
mûri et étudié, n'avait pas été
intégré, n'avait pas fait l'objet de consultations entre les
divers ministères et, en particulier, en ce qui concerne le
ministère des Affaires municipales, le futur ministère de
l'Environnement, le ministère de la Santé et qu'en
conséquence, nous avons assisté à une sorte de sortie
abrupte d'un plan qui ne possédait pas les garanties qu'une population
maintenant beaucoup plus éveillée demande, exige avant que toute
réalisation d'envergure ne soit effectuée, surtout sur le
territoire métropolitain.
Donc, en conclusion, dans ce cadre du programme d'urgence qui avait
été adopté par le gouvernement, nous continuons de
considérer que la terminaison de l'autoroute est-ouest avait
été mal conçue, avait été improvisée,
insuffisamment mûrie, insuffisamment étudiée,
insuffisamment coordonnée avec des entreprises analogues, soit dans le
ministère de la Voirie ou dans d'autres ministères et qu'ainsi
elle devait porter fatalement les marques de cette improvisaiton,
c'est-à-dire, conduire non pas à un progrès mais à
une régression sur tous les plans. Et c'est bien ce que nous entendons
prouver dans l'étude de ces crédits avant d'avoir à le
prouver plus tard en comité plénier lorsqu'il faudra adopter ces
crédits d'une façon définitive.
Il y a un autre point, M. le Président, qui nous a
frappés.
Nous y avons fait allusion déjà dans la première
partie de notre exposé. Nous avons dit que la motivation de ce projet
tenait beaucoup
plus à la situation d'urgence dans laquelle il a
été annoncé que dans l'étude logique qui aurait
dû précéder ce projet.
Une des conséquences de ceci, est que le projet n'a pas fait
l'objet des consultations qui s'avèrent absolument nécessaires
maintenant pour des projets de cette envergure. Bien sûr, le ministre
nous a déjà dit à une autre occasion qu'il avait
consulté, il nous a même énuméré une liste
des organismes qu'il a consultés. Je fais quand même remarquer au
ministre que cette consultation s'est effectuée après que le
gouvernement eut annoncé ce projet à l'Assemblée
nationale.
Il aurait été beaucoup plus convaincant s'il nous avait
prouvé, à notre satisfaction, que les consultations avaient
été préalables, à l'approbation du projet. Il
aurait été beaucoup plus convaincant si, dans les discours qu'il
a prononcés à cette occasion, il nous avait dit que depuis le
mois de mai, date effective de la prise de pouvoir par ce nouveau gouvernement,
son ministère, ses hauts fonctionnaires avaient procédé
aux consultations nécessaires. Mais, il semble bien que c'est seulement
devant le tollé qu'a provoqué l'annonce de son projet qu'il a cru
nécessaire de consulter. Ce qui prouve bien, incidemment, que la
consultation aurait dû précéder puisque le ministre,
lui-même, pour rattrapper le temps perdu, pour corriger un peu son
projet, a cru nécessaire, a cru même indispensable de
procéder à un nombre assez élevé de
consultations.
M. le Président, il est évident que des consultations,
menées après que l'irréparable, après que
l'irrémédiable, a été accompli, ne peuvent plus
modifier d'une façon sensible un projet qui a été
annoncé d'une façon publique. Des contrats sont
déjà octroyés, des firmes ont déjà
commencé à travailler d'une façon effective, le
gouvernement s'est déjà engagé dans une direction. On sait
à quel point il est difficile pour un gouvernement de perdre la
face.
On voit bien que les consultations qui sont faites également,
après qu'un projet a été lancé ne peuvent
être que de très peu d'utilité puisqu'en somme on ne peut
plus changer que les détails. Je retiens cependant ce fait que, si le
ministre a procédé par la suite à de nombreuses
consultations, c'est une sorte d'aveu implicite qu'il a fait que les
consultations auraient dû précéder, qu'elles auraient
dû être nombreuses et que peut-être si ces consultations
avaient eu lieu, peut-être l'essence du projet aurait changé.
Peut-être même que le projet aurait été
remplacé par un projet qui aurait été plus logique, qui
aurait été plus rentable.
Nous déplorons donc que ces consultations ne se soient
effectuées qu'après que le gouvernement eut annoncé son
projet. Car, encore, une fois, si elles avaient eu lieu avant, nous sommes
convaincus, pour notre part, avec l'intelligence que nous reconnaissons au
ministre, avec le sens du bien public que nous lui reconnaissons qu'il est bien
possible, pour ne pas dire probable, que son opinion aurait changé. Il
nous aurait présenté un projet beaucoup plus
étoffé, un projet beaucoup mieux articulé, un projet
beaucoup mieux coordonné.
Il aurait répondu d'une façon beaucoup plus
adéquate aux aspirations des Québécois et surtout des
populations touchées et aurait réglé d'une façon
beaucoup plus effective et beaucoup plus efficace les problèmes de
circulation, les problèmes de transport de plus en plus aigus qui se
posent dans nos métropoles. Il reste cependant que ces consultations ont
eu lieu après. Mais même après, dans cette période
qui a suivi l'annonce du projet, nous déplorons, M. le Président,
que le ministre ait fait une sorte de tri, ait fait une sorte de choix dans les
consultations qu'il a effectuées.
En effet, dans les organismes qu'il nous a avoué avoir
consultés, nous sommes obligés de constater que nous n'avons
affaire qu'aux autorités établies. On a employé le mot
"establishment". C'est un mot anglais qui veut bien dire ce qu'il veut dire,
dont tout le monde connaît maintenant le sens. Mais pour nous, ceci veut
dire que le ministère, que le gouvernement qui lui-même est une
autorité en place, n'a consulté que ses homologues ou que ses
dépendants immédiats. Il n'a consulté en somme que ceux
qui sont actuellement en place à la tête des organismes les plus
anciens, à la tête des organismes les plus reconnus, que ce soit
la ville de Montréal, que ce soit l'Eglise de Montréal, que ce
soient les chambres de commerce, que ce soient en somme les notables qui ont
toujours dirigé, avec les bons et les mauvais côtés que
cela peut comporter, notre société québécoise.
Bien sûr, je ne veux pas minimiser les opinions qui ont
été données au gouvernement lors de ces consultations. Je
suis le premier à admettre que la ville de Montréal, que le
service d'urbanisme de la ville de Montréal, que les chambres de
commerce peuvent avoir des opinions valables à exprimer, et je ne serais
pas prêt, pour ma part, à les renverser, à les balayer d'un
revers de la main. Mais il reste seulement que les plateaux de la balance sont
d'une certaine façon faussés, penchent un peu trop d'un seul
côté si on omet de mettre dans l'autre plateau qui se dessine de
plus en plus le poids qu'il faudrait y mettre. De la même façon,
je crains que si on se contente de consulter un seul côté des
intéressés en présence, les opinions auxquelles on en
arrive finalement soient biaisées en faveur d'une certaine conception de
la société, en faveur d'une certaine conception de la
planification routière, en faveur d'une certaine conception de
l'aménagement urbain. C'est la raison pour laquelle nous avons
trouvé tellement grave que ces consultations aient été
trop unilatérales, aient par trop été dans une seule
direction, car la société québécoise n'est plus
composée que de ces notables. La société
québécoise n'est plus dirigée que par ces élites
traditionnelles. Nous voyons dans la société
québécoise surgir d'autres élites dans d'autres
secteurs de la population et qui, peut-être, représentent
d'une façon plus adéquate les aspirations de la majorité.
Il s'agit de groupes qui, jusqu'ici, n'étaient pas organisés. Il
s'agit de groupes qui, encore jusqu'ici, étaient sans voix, qui ne
parvenaient pas à faire entendre aux autorités concernées
leurs inquiétudes, leur désarroi, leurs opinions, leurs
représentations. Mais heureusement, la progression même de
l'idéal démocratique et des structures démocratiques fait
que ces groupes de sans-voix, que cette multitude de sans-voix commence
à trouver des organismes qui permettent de faire connaître ce
qu'ils pensent, ce qu'ils ressentent, ce qui les inquiète, ce qui les
trouble et qui permettent de véhiculer jusqu'aux paliers
supérieurs aussi bien de l'administration municipale que
régionale et québécoise, ces désarrois, ces
inquiétudes, ces opinions et ces représentations.
Bien sûr, ces groupes ne sont pas encore aussi bien
organisés que les groupes traditionnels, n'ont pas à leur
disposition des services comme les services d'urbanisme ou les services dont
peuvent maintenant se doter les municipalités. Mais parce qu'ils n'ont
pas encore ces structures à leur disposition, il ne faudrait pas en
conclure que leurs opinions sont moins valables que les autres.
Il ne faudrait pas en conclure que leurs dispositions, que leurs
représentations sont moins étoffées, au contraire. On
pourrait même penser que, si elles avaient à leur disposition les
moyens dont disposent des corps publics mieux établis, on pourrait
envisager l'apparition d'études qui représenteraient beaucoup
mieux les aspirations de ces couches populaires. Et l'apparition
d'études également qui pourraient leur donner un fondement
additionnel, logique, beaucoup mieux étoffé encore que les
conceptions qui nous parviennent d'une époque, qui enfin il faut
quand même l'admettre ont une saveur de plus en plus
viellotte.
Je pense que le gouvernement aurait dû se mettre à
l'écoute davantage des masses populaires, aurait dû se mettre
davantage à l'écoute de ces groupes qui sont en train de
s'organiser et qui sont en train de trouver leur voie. Bien sûr, on
pourrait nous répondre: Les comités de citoyens se livrent
parfois à des exagérations, à des éclats de voix
qui ne conviennent pas beaucoup à l'atmosphère des salons
où se discute habituellement la politique.
Mais il faut bien comprendre justement qu'une des raisons, c'est parce
que ces comités de citoyens travaillent en pleine pâte humaine,
sont très près des problèmes, très près des
souffrances, des protestations que nous n'entendions pas jusqu'ici, que c'est
précisément cette plongée en pleine pâte humaine qui
donne à leurs protestations ce caractère parfois un peu
incohérent, ce caractère dramatique, passionnel que l'on peut
bien sûr déplorer à certains égards, mais qui sont
quand même une marque additionnelle de leur authenticité, de leur
vérité.
Et c'est la raison pour laquelle nous déplo- rons que le
gouvernement, ni avant l'annonce du projet, ni après l'annonce du
projet, n'ait jugé bon d'accorder toute l'attention qu'il aurait fallu
à ces représentations des groupes peu organisés, mais qui,
quand même reflétaient d'une façon peut-être beaucoup
plus réelle que celle de l'opinion des notables, les aspirations en
même temps que les inquiétudes des couches populaires.
Il faut quand même ici remarquer que nos sociétés
évoluent. Il y a une cinquantaine d'années, nous acceptions que
la société soit dirigée par ceux qui avaient reçu
leur formation dans des établissements d'éducation qui ne
s'ouvraient qu'à une infime minorité. Le temps n'est pas
éloigné où, dans notre Québec, nos collègues
classiques ne recevaient que 10 p. c. de la population. Et encore 10 p. c. de
la population qui venaient en grande partie de l'élite,
c'est-à-dire une élite traditionnelle qui se
régénérait par elle-même et qui assoyait de plus en
plus son pouvoir sur les masses populaires.
Ce temps n'est pas très éloigné. Encore il y a une
dizaine d'années, c'était le cas dans notre Québec.
Justement, on a senti le besoin de changer cette façon de
concevoir la société. Nous avons parlé durant de
nombreuses années de l'accessibilité des masses à
l'éducation. Nous en avons parlé d'une façon platonique,
d'une façon académique, durant une trentaine d'années et
finalement, il y a une dizaine d'années, pour ne pas se faire taxer
d'hypocrisie, nous avons senti le besoin de passer de la parole aux actes,
d'ouvrir nos collèges classiques aux masses populaires et pour cela, il
a été nécessaire de bouleverser de fond en comble le
système d'éducation. C'est à ce moment que nous avons vu
non pas d i s p a r a î t r e les collèges classiques mais se
créer des collèges publics, des régionales, des
collèges d'enseignement général et professionnel qui ont
commencé à réaliser cet idéal démocratique
dont on se gargarisait depuis de nombreuses années.
C'est seulement depuis une dizaine d'années que nous voyons les
masses populaires affluer aux régionales, aux collèges
d'enseignement général et professionnel. On peut dire que
maintenant 65 p. c. de la population peut profiter des bienfaits de
l'éducation, comparativement aux 10 p. c. d'il y a quelques
années.
Même si cette révolution n'existe que depuis une dizaine
d'années, nous commençons à en récolter les fruits.
Nous voyons que l'accession des masses populaires, des quartiers ouvriers, des
agriculteurs, des collets blancs, au collège d'enseignement
général et professionnel a contribué à hausser le
niveau de politisation de notre société, l'information que la
masse de la population possède. Déjà on voit que la
population est davantage capable de prendre en main son destin, de critiquer
les politiques gouvernementales, que celles-ci soient municipales, que
celles-ci soient scolaires, que celles-ci soient proprement
québécoises.
De plus en plus, on voit une participation
effective, une participation réelle de secteurs de plus en plus
grands, de plus en plus développés de la population aux
politiques qui doivent régir son destin. Je crois qu'il faut se
féliciter de cette révolution. D'ailleurs, le gouvernement actuel
est un de ceux qui ont poussé à la roue de ce progrès. Je
ne vois pas maintenant pourquoi il refuserait d'en envisager les
conséquences, d'en envisager les effets, et de profiter de ces effets
car justement c'est de ces secteurs nouveaux de la population que viennent les
critiques qui sont faites contre le projet de l'autoroute Est-Ouest. Si vous
regardez...
M. GIASSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
crois que le député de Bourget parle sur la motion du
député de Saguenay. Il m'apparaît qu'il devrait s'en tenir
au fond de la motion,
M. LAURIN: Je montre, M. le député de l'Islet, pourquoi ce
projet de l'autoroute Est-Ouest.
M. GIASSON: La motion était de réduire de $1 les
crédits du projet de l'autoroute Est-Ouest de Montréal.
M. LAURIN: J'essaie de montrer que les critiques qui ont
été faites contre le projet et qui proviennent du Parti
québécois en Chambre mais qui sont appuyées sur les
revendications d'une foule de plus en plus grande de citoyens de
Montréal, viennent précisément des changements sociaux qui
sont survenus dans le domaine de l'éducation.
M. GIASSON: Vous êtes extrêmement loin. Vous faites tout
l'historique de toute la transformation du système d'éducation au
Québec.
M. LAURIN: C'est ma façon à moi de justifier l'opposition
que nous constatons nous, députés de Montréal, que nous
constatons dans nos quartiers, dans nos comtés à ce projet
d'autoroute. C'est notre façon à nous de justifier l'opinion,
l'accord que nous avons donnés aux comités de citoyens, aux
fronts communs qui se sont prononcés ici dans la province de
Québec contre ce projet d'autoroute. Si nous voulons comprendre cette
opposition, il faut essayer d'en chercher les racines et de voir quelle est
exactement la conséquence des progrès qui sont survenus dans le
domaine social par la grande réforme de l'éducation dont le
gouvernement libéral d'ailleurs est un des principaux artisans.
En somme, ce que je suis en train de dire c'est que si le gouvernement
libéral a voulu cette réforme, ce bouleversement, cette
révolution dans le domaine de l'éducation, il faut maintenant
qu'il en accepte les conséquences. Il faut qu'il en accepte non
seulement les conséquences qu'il aime mais il faut qu'il en accepte
également les conséquences qu'il peut ne pas aimer.
Ce que je voudrais dire au député de l'Islet c'est que,
s'il connaissait comme nous les membres de ces comités de citoyens et de
tous ces autres comités qui se sont opposés au projet de
l'autoroute, il verrait que la plupart de ces comités sont animés
par ces nouveaux instruits. Des gens qui, il y a dix ans n'avaient pas
accès à l'instruction supérieure et qui justement sont
capables maintenant de prendre leur part de l'évolution de notre
société, ils sont capables d'en discuter les implications. Et les
arguments que ces comités de citoyens ont développés
tiennent précisément des progrès qui sont survenus dans le
domaine de l'éducation.
C'est la raison pour laquelle je voudrais inciter, s'il n'est pas
déjà trop tard, le gouvernement à prêter une oreille
plus sympathique à ces représentations qui lui sont faites et qui
lui viennent de secteurs de la société qui, jusqu'ici,
étaient silencieux, dont jusqu'ici on n'avait que très peu
entendu la voix. Car, ces représentations viennent de gens dont
l'authenticité ne saurait être mise en doute.
Ces représentants des secteurs, jusque là silencieux, sont
beaucoup plus près des réalités populaires, sont beaucoup
plus près des réalités urbaines que beaucoup de notables
qui ont eu l'habitude, depuis de longues années, de diriger nos
communautés. Ceci est une preuve que l'équilibre de la
société est en train de changer, et c'est la raison pour laquelle
nous incitons le gouvernement à écouter un peu plus ce qui est
nouveau dans notre société, ce qui prétend orienter notre
société dans des directions nouvelles plutôt que ceux qui
sont les partisans d'un statu quo d'aucuns voudraient ne pas
dépasser.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais faire remarquer au
député de Bourget qu'il a dépassé de quelques
minutes le temps qui lui était accordé pour faire son
intervention?
M. BURNS: M. le Président, je vous ferais remarquer que le
député de Bourget est le chef parlementaire du Parti
québécois, et qu'en vertu des règlements sessionnels il a
droit non pas à une demi-heure, mais à une heure. Et, je vais
vous référer au texte lui-même...
UNE VOIX: Le règlement sessionnel.
M. BURNS: Le règlement sessionnel, article 3, sous-paragraphe 2,
durée des discours, l'article 265 du règlement est abrogé
et remplacé par le suivant: Nul discours ne doit durer plus de trente
minutes. C'est sans doute ce à quoi vous vous référez, M.
le Président, et j'ajoute le paragraphe suivant: Toutefois les
restrictions ci-dessus ne s'appliquent pas aux discours prononcés a) par
le premier ministre, b) par le ministre au nom de l'affaire etc. et c) par le
député de l'Opposition qui propose un vote de
blâme à l'occasion du discours du budget, et enfin, un
député désigné par chacun des chefs de parti
reconnu aura droit à un droit de parole limité à une
heure.
Dans tous les cas, jusqu'à maintenant, le président de la
Chambre a toujours appliqué cette règle d'une heure, tant au chef
du Ralliement créditiste qu'au chef de l'aile parlementaire du Parti
québécois. Je ne sais pas si c'est votre interprétation du
règlement sessionnel, mais...
M. LAURIN: Est-ce que je peux continuer?
M. LE PRESIDENT: J'ai fait la remarque parce que je croyais qu'il ne
s'agissait pas là de temps dévolu à l'article proprement
dit, c'était le temps accordé à une proposition.
Maintenant, si c'est le cas...
M. LAURIN: Est-ce que je peux continuer, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: D'accord, continuez.
M. LAURIN: D'ailleurs, pour contenter le député de
1'Islet, après cette introduction, je voulais en arriver
véritablement au projet qui fait l'objet de notre examen.
C'est-à-dire les autoroutes urbaines en général et
l'autoroute Est-Ouest à Montréal qui fait l'objet plus
précis de notre examen. Ces autoroutes urbaines, M. le Président,
on l'a déjà dit ici et je voudrais y revenir, sont de plus en
plus condamnées par les esprits les mieux avertis, non seulement en
matière d'urbanisme, mais même en matière d'affaires
municipales, en matière d'aménagement urbain.
Ces autoroutes sont condamnées, justement parce que
l'expérience américaine, surtout américaine
nous fait voir de plus en plus les inconvénients majeurs qu'elles font
subir à nos populations, nous font voir de plus en plus les impasses
dans lesquelles nous nous dirigeons au point de vue de l'aménagement
urbain si nous continuons dans la même ligne. Pour ma part, j'ai
étudié deux ans aux Etats-Unis, dans une grande métropole,
et j'ai vu se construire, à Boston, autoroute sur autoroute. J'ai vu
tous les problèmes auquels cela donnait lieu, particulièrement
dans les centres-villes. Je me suis rendu plusieurs fois à New York et
j'ai vu ce chassé-croisé d'autoroutes qui passent les unes
par-dessus les autres dans les centres-villes.
J'ai vu lés problèmes épouvantables de circulation
auxquels cela donnait lieu, dans la plus grande métropole du monde. J'ai
vu, j'ai senti, de mes propres narines, les gaz délétères
qui venaient des automobiles, en nombre extraordinaire, qui circulaient dans
ces villes. C'est la raison pour laquelle les esprits avertis, que ce soient
des philosophes, que ce soient des penseurs, que ce soient des
économistes, que ce soient des aménagistes, que ce soient des
édiles municipaux même, comme le maire de New
York, dont on parlait ces jours-ci, un nombre de plus en plus grand
d'esprits avertis deviennent de plus en plus unanimes à condamner ces
autoroutes urbaines. Nous pourrions même ajouter à ces
témoignages d'autres témoignages encore plus percutants du fait
qu'ils proviennent même de gens qui sont intéressés
à la fabrication des automobiles. J'ai ici un article que je ne vous
lirai pas parce que cela prendrait trop le temps de la commission. Un article
écrit par l'un des directeurs de l'usine Fiat en Italie, M Aurelio Pacei
qui condamne, non seulement les autoroutes urbaines, mais également le
culte de l'automobile auquel conduit nécessairement, fatalement, la
multiplication des autoroutes urbaines. En somme, M. Pacei dénonce le
cercle vicieux qui s'instaure lorsqu'on construit des autoroutes urbaines.
UNE VOIX: C'est le directeur de la compagnie Fiat?
M. LAURIN: Oui, oui, c'est le directeur de la compagnie Fiat. Il est,
comme tout homme averti, capable de voir que plus on construit des autoroutes
urbaines plus il y a une sorte d'appel. Plus il y a une sorte d'aspiration
à la production d'automobiles, ce qui fait que plus on construit
d'autoroutes, plus les autoroutes sont congestionnées. Plus le besoin de
production automobile augmente, plus les gens se disent: Maintenant il y a des
autoroutes, on va s'acheter des automobiles pour pouvoir circuler dessus. Par
contre, plus il y a d'automobiles, plus les édiles municipaux, plus les
autorités gouvernementales croient nécessaire de multiplier le
nombre d'autoroutes.
Je pourrais citer le cas de la ville de Los Angeles qui constitue un
véritable ruban d'asphalte d'autoroutes. Il y a tellement d'autoroutes
qu'en fait, là, le problème est rendu à son acmé.
Los Angeles est devenue une ville menacée...
Le député de Laurier ne comprend absolument rien à
ce que nous voulons essayer de lui dire. Le député de Laurier
devrait écouter un peu s'il veut participer, d'une façon
intelligente, aux travaux de cette commission. Il devrait avoir assez de
respect, pour ses collègues, pour écouter ce que nous avons
à lui dire. Je suis parfaitement conscient, dès le début,
que tout ce que je pourrais avoir à dire le dépassera de cent
coudées. Si, au moins, il veut manifester un certain respect pour ses
collègues, il devra aller faire ses petites conversations au café
du Parlement plutôt que de venir nous ennuyer ici, comme c'est son
habitude.
M. MARCHAND: Je répondrais au député de
Saguenay.
M. LAURIN: Vous n'avez pas à répondre au
député de Saguenay. C'est moi qui ai la parole ici. Si vous
voulez interrompre les débats de la commission, demandez au
président comme tout le monde.
M. MARCHAND: Dites la même chose au député de
Saguenay, c'est votre confrère.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LAURIN: Je n'ai pas à me mettre au courant des échanges
qui ont lieu entre le député de Saguenay et vous. Vous me
distrayez simplement.
M. MARCHAND: Je demanderais au député de Bourget...
M. LE PRESIDENT: C'est inutile d'envenimer la discussion, je demanderais
au député de Bourget de revenir à son...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela va bien là, ne gâtez pas
la sauce.
M. MARCHAND: Dites la même chose au député de
Saguenay.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ne faites pas sûrir le
ragoût.
M. LAURIN: Je disais donc, M. le Président...
M. MARCHAND: Vous savez où est le ragoût?
M. LAURIN: Je disais donc, M. le Président, qu'il y a une sorte
de cercle vicieux qui s'établit entre le multiplication du nombre des
autoroutes et l'augmentation de la production automobile et toutes les
conséquences qui s'ensuivent au niveau de la pollution. Ce cercle
vicieux, on commence à s'en apercevoir dans les cercles les plus
avertis. Même, le directeur d'une compagnie aussi importante que Fiat en
est très conscient. Je donnais l'exemple concret d'une ville où
ce cercle vicieux a atteint des proportions tellement catastrophiques qu'on
pourrait dire que Los Angeles est devenue une ville sinistrée justement
à cause d'une trop grande multiplication des autoroutes.
Montréal, si elle ne fait pas attention, pourrait bientôt devenir
un équivalent, ici au Québec, de cette ville de Los Angeles qui,
comme on le sait, a dû faire face au cours de ces dernières
années à des menaces très profondes en ce qui concerne son
environnement et la santé de ses habitants.
Je voudrais aussi me référer à un autre
témoignage d'un édile municipal qui, lui aussi, a un poste de
responsabilité extrêmement important en ce qui concerne une des
grandes métropoles mondiales. Il s'agit de M. Maurice Doublet, directeur
du Bureau d'urbanisme de Paris qui, dans un numéro récent de la
revue Preuve, en 1971, disait que son choix pour Paris était le
transport collectif justement parce qu'il se rend compte de ce cercle vicieux,
infernal, dans lequel la multiplication des autoroutes est en train d'enfermer
non seulement toute la population de Paris mais également la population
des banlieues. Et M. Maurice Doublet a, pour justifier son attitude, non
seulement ce cercle vicieux dont je viens de parler mais également toute
la progression qui est en train de s'effectuer dans les méthodes de
transport qui sont adaptées aux grandes villes. M. Doublet fait
ressortir toutes les techniques nouvelles auxquelles l'ingénierie
moderne est en train de convier le monde civilisé.
D'ailleurs, nous en avons vu un exemple lors de l'exposition
universelle. Nous avons vu des minirails qui transportaient, d'une façon
très agréable, des milliers et des milliers de spectateurs d'un
endroit à un autre, sans bruit, sans pollution, avec la faculté
de voir où l'on était. Nous avons vu également un
métro-express qui, d'une façon très rapide, transportait
des milliers de passagers d'un point à un autre de telle sorte que
l'environnement en souffre le moins possible. Nous entendons parler de plus en
plus souvent des techniques nouvelles comme l'aéro-train le maire
Drapeau en a même parlé pour relier le centre-ville aux banlieues
c'est une solution qu'on envisage dans presque toutes les grandes
agglomérations urbaines. On parle également des trottoirs
roulants et, justement, à cause de ce progrès remarquable dans
l'ingénierie, à cause des répercussions sociales, à
cause des répercussions économiques de ces nouveaux modes de
transport collectifs, à cause du progrès que nous sommes en train
de faire même dans la fabrication de voitures traditionnelles comme les
autobus, à cause du progrès indéniable qui s'est
manifesté au cours des dernières années dans la confection
des plans de métro, il semble qu'on devrait essayer de
réfléchir sur les répercussions de ces progrès
techniques en ce qui concerne l'aménagement des grandes villes, en ce
qui concerne la politique de circulation, en ce qui concerne la politique de
transport à l'intérieur d'une grande agglomération.
Nous n'avons cité que ces autorités, M. Pacei, M. Doublet,
on a cité le maire de la grande ville de New-York, le maire de Los
Angeles, mais je suis sûr que si nous avions le temps et que si le
gouvernement avait pris le temps également de faire toutes les
études à ce sujet, il en serait venu à des conclusions
autres que celle qu'il nous a présentées jusqu'ici. Il nous
semble que ce gouvernement qui a voulu orienter toute son action dans le sens
de la modernité, dans le sens de la technicité, ne devrait pas se
contenter simplement de déclarations mais tirer les conséquences
réelles de ces déclarations. C'est-à-dire, entreprendre
l'action qui correspond à ces déclarations. Dans le
détail, dans toutes les facettes de l'étude d'un projet,
l'étude des crédits nous a montré encore une fois que nous
assistions plutôt à des efforts parcellaires de techniciens qui
envisagent un seul aspect des problèmes, qui ne les coordonnent pas avec
les autres aspects techniques de leur propre discipline, d'une part, et qui ne
les
coordonnent pas avec les politiques plus générales,
économiques, sociales auxquelles elles devraient être
coordonnées si on veut que cette société prenne
l'orientation qui se devrait aux meilleures conditions possibles.
C'est la raison pour laquelle nous déplorons, encore une fois, le
caractère prématuré, le caractère improvisé,
le caractère précipité de la décision
gouvernementale. Et nous en arrivons d'une façon plus précise au
projet de l'autoroute Est-Ouest à Montréal. Il semble bien que
tout le monde est unanime maintenant à considérer que la
construction de cette nouvelle autoroute dans les quartiers qu'elle traversera
ne pourra qu'ajouter aux problèmes que nous connaissons
déjà dans l'île de Montréal. Je pense bien que tous
les députés qui sont ici, tous les membres de cette commission,
sont unanimes à déplorer la congestion qui existe
déjà dans le centre-ville de Montréal.
Il suffit de se trouver à Montréal aux heures de pointe en
particulier pour se rendre compte à quel point il est plus facile pour
un piéton de circuler que pour une automobile. Les automobiles avancent
au pas de tortue et nous savons que lorsque les automobiles avancent au pas de
tortue, le taux de pollution, le taux des gaz d'échappement qui se
dégagent des automobiles est beaucoup plus élevé que
lorsque les automobiles circulent à grande vitesse. Ceci vaut non
seulement pour les grandes artères du bas de la ville, Sainte-Catherine
et Ontario, boulevard Maisonneuve, ou Saint-Denis, Papineau, mais
également pour toutes les autres petites rues adjacentes. Presque tout
le centre-ville ou est devenu un parc automobiles, ou est devenu une sorte
d'avenue où circulent, à pas ralentis, des automobiles qui
empestent la circulation, qui empestent l'atmosphère.
Cette congestion des centres-villes est donc déjà
très forte, a déjà dépassé le point que nous
devrions tolérer. Mais là, avec cette nouvelle autoroute
Est-Ouest, nous allons encore ajouter à cette congestion du
centre-ville, précisément à cause du plan du ministre de
la Voirie, qui a prévu un très grand nombre, un nombre beaucoup
plus élevé qu'il se devrait de postes d'entrée et de
sortie. En somme, chaque poste d'entrée et de sortie va devenir une
sorte de goulot d'étranglement qui va recevoir des milliers et des
milliers d'autos, surtout aux heures de pointe, et va encore augmenter la
congestion que nous déplorons actuellement.
Ces goulots d'étranglement auraient dû être
évités, auraient dû disparaître. Si, au moins, on
avait créé une autoroute Est-Ouest qui évite le
centre-ville ou qui n'aurait pas comporté de sorties, au moins on aurait
tenu cette situation déplorable qui existe actuellement dans
l'état où elle est, quitte à ce qu'on en arrive plus tard
avec d'autres méthodes plus modernes pour corriger cette congestion.
Là, loin de la corriger, nous allons encore l'augmenter. Nous allons
augmenter le nombre des automobiles. Loin, donc, de faciliter la circulation,
loin de faciliter le transport, nous allons amener dans ce centre-ville qui va
devenir une véritable bouilloire, une véritable chaudière,
encore du combustible en plus grande quantité. Chaque automobile pourra
devenir l'équivalent de charbon ou d'uranium qui va encore ajouter
à la chaleur de ce centre-ville, chaleur à tous les points de
vue: au point de vue de congestion, au point de vue de grouillement, au point
de vue de pollution, au point de vue de pollution de l'environnement urbain
aussi bien que de pollution de l'air.
Donc, de ce seul point de vue, la solution de l'autoroute Est-Ouest
devrait être complètement mise de côté. Nous
déplorons que nous ayons à faire la preuve de quelque chose qui
devrait être tellement évident que nous n'aurions même pas
besoin de le démontrer.
Actuellement, le gouvernement libéral fait un gros effort pour se
doter d'un nouveau ministère de l'Environnement ou un ministère
de l'Aménagement. Une des premières tâches de ce nouveau
ministère sera présicément d'aménager les villes.
D'ailleurs, nous le voyons bien par toutes les questions que nous posons au
futur titulaire de ce ministère, au ministre éventuel de ce
ministère. Par toutes les questions que nous lui posons, nous voyons
bien que la préoccupation est toujours l'environnnement urbain. Il
s'agit toujours de questions qui ont trait à des usines, qui crachent
des fumées ou qui crachent des produits chimiques qui peuvent nuire
à la santé de la population. Mais qu'est-ce que c'est que ces
fumées qui sortent des usines par comparaison aux fumées qui
sortent des automobiles, des automobiles que nous allons multiplier, des
camions que nous allons multiplier? Si l'on faisait la comparaison, au point de
vue du taux de pollution, des déchets, des gaz toxiques qui sortent des
automobiles par comparaison à ceux qui sortent des usines, je suis
convaincu pour ma part que la supériorité, et de loin,
reviendrait aux gaz qui s'échappent des automobiles.
On dirait que, d'un côté, le gouvernement veut encourager
la lutte à la pollution et, de l'autre côté, il encourage
la pollution. Il détruit par son action les effets
bénéfiques qu'il veut créer par la création de ce
nouveau ministère. C'est là une attitude absolument illogique,
c'est là une attitude absolument incohérente et que nous ne
comprenons pas, pour notre part. Pourquoi détruire d'une main ce que
l'on veut construire de l'autre? Shakespeare a dit depuis longtemps que "Tout
royaume divisé contre lui-même est voué à la ruine".
C'est d'ailleurs ce qui arrivera fatalement au gouvernement libéral,
s'il continue dans cette action de vouloir détruire d'une main ce qu'il
construit de l'autre.
Voilà pourquoi nous ne comprenons absolument pas cette
décision du gouvernement qui est fatalement amenée à
augmenter la pollution dans le centre-ville, en même temps que ceci ne
constitue en rien un correctif aux problèmes très graves, aux
problèmes criants qui se manifestent dans ce domaine. D'ailleurs, ce
n'est pas
seulement à ces pertes au point de vue humain que le projet
d'autoroute peut nous conduire. Il peut conduire aussi à de grandes
pertes économiques. J'ai vu, pour ma part, la maquette du
ministère de la Voirie. J'ai pris la peine de me rendre et j'ai
regardé tous les quartiers qu'elle traversait. Je me suis rendu compte,
simplement à permière vue, des pertes économiques assez
grandes que ceci pouvait constituer. Bien sûr, on pourra objecter
à cela que ceci permettra à un plus grand nombre de camions de
venir faire le commerce dans le centre-ville, mais par ailleurs, ne
contribue-t-on pas de cette façon à gaspiller des espaces qui
pourraient être utilisés à des fins économiques
beaucoup plus rentables et beaucoup plus productives, car nous savons l'emprise
des autoroutes. Nous savons le terrain très grand dont elles ont besoin
pour s'étendre; pour faire place à ces autoroutes, il faut
enlever des logements; il faut enlever des commerces; il faut enlever des
entreprises; il faut même enlever des industries. Toutes ces entreprises,
tous ces logements paient des taxes et ces taxes, bien sûr, les
municipalités ne pourront pas en disposer. Le produit de ces
entreprises, les municipalités, la ville de Montréal ne pourra
pas en disposer. Elles seront obligées d'aller se reloger ailleurs,
parfois dans d'autres villes que Montréal, parfois même dans
d'autres provinces, dans d'autres pays et ces pertes économiques, si on
en fait le décompte du point de vue des taxes non perçues, du
point de vue de la diminution du produit national brut, du point de vue de
déménagement d'industries, du point de vue de la
nécessité de relocaliser les habitants que nous allons disperser.
Tout ceci va conduire soit à des pertes économiques
sèches, soit à des dépenses très
élevées qui vont compenser amplement pour les avantages
économiques que le ministre a bien voulu nous montrer.
Ces pertes économiques, au fond, deviennent encore plus grandes
quand on regarde les solutions alternatives que nous pourrions prendre. Les
solutions alternatives, elles commencent à se dessiner de plus en plus.
Ces solutions alternatives, ce ne serait peut-être pas de fermer
complètement le centre-ville, mais de diminuer, de prendre tous les
moyens pour diminuer considérablement la circulation dans le
centre-ville, de façon que le centre-ville devienne un quartier
consacré aux loisirs, aux commerces de détail, à
l'administration, comme cela, d'ailleurs, est en train de se faire à
Montréal. Une diminution de la congestion du centre-ville pourrait alors
être compensée par une attention plus grande portée au
transport collectif, au transport en commun. Le réseau d'autobus
pourrait être beaucoup mieux agencé, pourrait être beaucoup
mieux développé. Le métro, dont les stations pourraient
être augmentées dans le centre-ville, éviterait aux
piétons d'avoir à faire d'aussi longues distances
qu'actuellement, dans le centre-ville, pour aller d'une station à une
autre, des croisements de lignes de métro comme cela s'est fait à
Paris, comme cela se fait à Moscou, des métros qui, en somme,
pourraient s'articuler d'une façon beaucoup plus adéquate avec le
réseau d'autobus que nous avons. En même temps, ces autres
solutions dont je parlais tout à l'heure, c'est-à-dire
l'introduction, soit de minirails ou de métros-express ou de transports
de surface qui correspondent aux données de la technique moderne et qui
pourraient améliorer le sort du piéton.
En même temps qu'on améliorerait ainsi ce centre-ville,
nous pourrions alors penser à une articulation du centre-ville avec les
banlieues, c'est-à-dire une extension des lignes de métro qui
amènerait nécessairement l'érection de très grands
centres de stationnement analogues à ceux que nous avons à
Longueuil, maintenant, et qui sont très utiles dont les effets utiles
ont été prouvés. Des parcs de stationnement à la
jonction du centre-ville et des banlieues permettraient justement aux habitants
des banlieues qui, eux, pourraient posséder leur automobile, de se
rendre à cette jonction, d'y laisser leurs automobiles et ensuite,
d'aller dans le centre-ville vaquer à leurs affaires, sachant que
l'amélioration de la circulation dans le centre-ville leur permettrait
de ne pas perdre de temps et de mieux profiter des avantages du
centre-ville.
D'autant plus que nous savons maintenant que lorsque nous construisons
un plus grand nombre de lignes de métro, que ce soit dans le
centre-ville ou que ce soit dans les banlieues, ceci est d'un avantage
économique certain. L'expérience a été faite que
toute ligne de métro amène des investissements très
importants sur le tracé de ces lignes de métro. Beaucoup
d'entreprises veulent profiter de cette affluence de citoyens aux lignes de
métro pour faire du commerce ou veulent en profiter également
pour que la main-d'oeuvre soit proche des lignes de métro.
Michel Lizée écrivait, à cet égard, dans le
Devoir, il y a à peine une semaine, un article que, pour ma part, j'ai
trouvé très convaincant. Il montrait que, du strict point de vue
économique, nous aurions dû nous en tenir à un plan
alternatif pour l'amélioration du transport et de la circulation au
centre-ville.
Donc, du seul point de vue économique qui est un des
impératifs du gouvernement actuel, qui est une des motivations
sous-jacentes à toute la politique du gouvernement actuel, il nous
semble que les études ont été insatisfaites, ont
été insuffisantes, partielles. Si ces études
étaient complétées et faites d'une façon
rationnelle, logique, sans partisanerie, nous sommes convaincus que le
gouvernement, même à cette étape du projet, pourrait encore
changer d'idée et penser à des solutions qui seraient meilleures
que celles auxquelles il en est arrivé. Elles pourraient même
compenser pour la perte qu'entraînerait l'arrêt des travaux, au
stade où ils en sont rendus.
J'exhorte le gouvernement à se pencher davantage sur cet aspect
du problème, à étudier
les arguments très pertinents, apportés par les
autorités que j'ai citées et par M. Michel Lizée, dans
l'article récent qu'il écrivait dans le Devoir. Du seul point de
vue économique, nous sommes convaincus qu'il y aurait moyen de gaspiller
moins d'espace, qu'il y aurait moyen d'arriver à un meilleur rendement
des zones qui font l'objet des plans du gouvernement.
Je ne voudrais pas m'attarder sur les pertes sociales
qu'entraînera nécessairement l'autoroute Est-Ouest. On en a
beaucoup parlé, on a parlé des logements, dans le projet. Le
ministre lui-même admet que 1,500 à 1,600 familles devront
être délogées, particulièrement à un moment
où la crise, au niveau du logement, atteint des sommets sans
précédent dans l'agglomération montréalaise. Nous
savons que dans le Québec en général, et dans
Montréal en particulier, l'effort de la construction domicilaire s'est
considérablement ralenti aux cours des dix dernières
années, surtout quand nous le comparons à l'effort de
construction domicilaire qui a eu lieu dans la province de l'Ontario.
Et alors même que nous aurions un énorme retard à
rappraper, alors même que les ressources de l'Etat devraient être
canalisées d'une façon prioritaire, dans ce domaine, nous
arrivons avez un plan qui contribue encore à diminuer le nombre des
logements dans l'agglomération montréalaise.
Là, encore une fois, on semble s'ingénier à
détruire d'une main ce que l'on dit vouloir construire de l'autre. La
disparition de ces 1,500 logements dans l'île de Montréal ne fera
qu'ajouter à la crise actuelle, ne fera qu'ajouter aux impératifs
futurs du gouvernement qui devra dépenser énormément
d'argent pour pallier les lacunes actuelles. Alors que nous voyons la ville de
Montréal chercher désespérément les millions dont
elle aura besoin pour terminer les projets qu'elle annonce depuis quelques
années, nous voyons que le projet du gouvernement va à l'encontre
de cette politique municipale et va à l'encotre d'une politique
québécoise qui devrait être prioritaire dans le domaine de
la construction des logements.
J'écoutais, hier, le député de Jeanne-Mance qui
disait qu'on veut enlever ces taudis et qu'on veut reloger ces gens, ce sont
des voeux pieux. Nous savons très bien qu'il n'y a aucun plan de HLM
où le gouvernement subventionnerait lui-même les loyers. C'est
arrivé il y a quelques années, il y a bien longtemps, mais je
n'ai jamais entendu parler de projet similaire de la part du gouvernement
actuel.
Même si c'était le cas et je m'en réjouirais
avec lui ceci entraînerait quand même des dépenses
qui devraient être défalquées par rapport au coût de
l'autoroute actuelle. Encore une fois ceci est un voeu pieux.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, M. le député, mais votre
temps est dépassé de quelques minutes.
M. LAURIN: Si mon temps est dépassé, je réserverai
le reste de mes arguments pour une séance ultérieure.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Saint-Henri.
M. SHANK: M. le Président, d'abord je m'oppose à cette
motion de réduire à $1 le budget, pour une raison bien
particulière. C'est parce que chez moi, vous savez que l'autoroute a
été très bien accueillie par la population.
J'en profite pour remercier le ministère et le ministre d'avoir
bien voulu continuer ces travaux qui étaient demandés à
grands cris par la population de chez nous. Quand on sait que l'autoroute
Est-Ouest dans Saint-Henri avait été laissée en plan,
qu'on avait laissé un immense monument à peu près à
200 pieds dans les airs, à la rue Saint-Rémi, quand on sait que
chez nous, tout avait été démoli qu'il ne restait
absolument rien, quand on sait que l'autoroute a amené de l'emploi
et ceci on peut le constater tous les jours lorsqu'on passe par notre
nouveau bureau du Centre de main-d'oeuvre provincial , je vous dis, M. le
ministre, que notre autoroute est la bienvenue.
On me fait rire quand on dit qu'on devrait affecter ces sommes à
la rénovation urbaine. A titre d'ancien secrétaire
général du service d'urbanisme de la ville de Montréal, je
voudrais vous dire que l'un ne va pas sans l'autre. J'ai déjà
dans mon comté cinq projets de rénovation urbaine et trois sont
pratiquement terminés. Je ne vois pas ce que le projet de
rénovation urbaine vient faire dans le projet de l'autoroute.
Pour vous donner un peu l'idée du genre d'obstruction qu'on
trouve dans mon comté contre les autoroutes, on vous dira que, dans une
lettre ouverte du journal "La Voix Populaire", un certain monsieur, dont le
parti n'est pas le nôtre évidemment, me disait: qu'attendez-vous
pour terminer l'autoroute Est-Ouest le lendemain de l'élection? Lorsque,
le 21 décembre, le ministre inaugurait les travaux dans mon
comté, ce même monsieur, dans une autre lettre ouverte, dans le
même journal, s'écriait: Arrêtez les travaux de l'autoroute!
Tout ce que l'on veut, c'est empêcher le progrès. On veut
empêcher le progrès que le gouvernement donne présentement
dans mon comté.
Je m'empresse de parler du fameux tribunal d'honneur où des gens
de trois comtés réunis de l'ouest de Montréal, 20
personnes au total, se sont présentées pour les comtés de
Saint-Henri, Sainte-Anne et Westmount, 20 personnes pour une population de
79,000 personnes, je pense que la moyenne est assez bonne pour nous.
Je dis merci, M. le ministre, au nom de la population de Saint-Henri.
Elle pourra enfin jouir d'une autoroute laissée en plan durant quatre
ans et du même coup, jouira de la rénovation urbaine, du transport
en commun, puisque nous aurons deux stations de métro très
bientôt.
Je ne vois pas ce que viennent faire les substituts qu'on veut donner
à la place de
l'autoroute puisque tous les plans peuvent marcher ensemble. Je pense
que c'est de l'urbanisme véritable. Je pense que c'est ainsi qu'on doit
fonctionner.
Au sujet de l'Expo, je m'empresse de vous dire on a parlé
tantôt de l'Expo elle a attiré quand même 52 millions de
visiteurs en six mois qu'aucun embouteillage majeur n'a eu lieu dans la
ville de Montréal.
Présentement, il y a une chose qu'il faut que l'on sache: c'est
que le projet de l'autoroute actuel doit faire partie d'un immense ensemble, un
ensemble de ceinture autour de l'île. Je pense qu'il est fait au nord, il
est fait à l'ouest. Nous sommes en train de le relier à l'est
avec le pont-tunnel Louis-Hyppolyte Lafontaine. Ceci s'impose absolument au
sud.
Je ne vois pas comment on fait des comparaisons entre Los Angeles et
Montréal, qui a à peine 20 milles d'autoroute, alors que Los
Angeles a 242 milles d'autoroute dans la ville.
Je pense que ces notes sont tout à fait contre le bien commun
parce que je sais que, dans mon comté, les gens voulaient l'autoroute.
On nous l'a donnée, j'en suis fort aise.
M. le Président, j'ai fait le tour du monde. J'ai visité
au moins 70 grandes capitales. Je dois vous dire que Montréal est une
des villes les mieux structurées au point de vue de l'urbanisme. Nous
avons eu un congrès mondial d'urbanisme il y a quelques années.
Nous avons eu des félicitations extraordinaires. Ceci fait partie du
grand plan d'ensemble, et j'espère que vous ne l'abandonnerez pas pour
le plus grand bien de la population. Merci.
M. BURNS: J'aurais une question, M. Shanks. Si Montréal, parmi
les villes que vous avez vues, est la mieux équilibrée au point
de vue de l'urbanisme, ne croyez-vous pas que faire passer une autoroute en
plein milieu risque de changer ça? Dans les centres
résidentiels?
M. SHANKS: Vous croyez que Montréal est saturée au point
de vue des autoroutes?
M. BURNS: Oui, certainement, dans le centre-ville.
M. MARCHAND: Pas dans le sud.
M. BURNS: En périphérie, on n'a pas dit ça.
M. SHANKS: Il arrive que notre centre-ville est au sud. Il est
près de...
M. BURNS: Justement.
M. SHANKS: C'est justement là notre problème. C'est un
centre-ville qu'on peut déplacer facilement. Le leader du Parti
québécois disait tantôt qu'il favorise les voitures pour
les banlieusards. Je ne vois pas pourquoi, nous, les gens de la ville, nous ne
pourrions pas nous servir aussi de nos voitures.
M. LAURIN: Le centre-ville est déjà congestionné,
vous le savez mieux que quiconque.
M. SHANKS: Est-ce que l'autoroute va congestionner le coin? Parce qu'on
passe dans le bas de la ville tout de même.
M. LAURIN: Bien sûr, il y a des entrées et des sorties qui
vont amener des milliers et des milliers d'autos au centre-ville.
M. SHANKS: On avait dit la même chose pour l'Expo 67. Est-ce que
ç'a donné ça, M. Laurin?
Est-ce qu'il n'y avait pas un ensemble d'autoroutes extraordinaire?
M. LAURIN: On voit déjà que l'autoroute Décarie, le
boulevard Métropolitain sont congestionnés. Plus vous allez
construire des autoroutes, plus vous allez augmenter la congestion en vertu du
cercle vicieux dont je parlais tout à l'heure.
M. SHANKS: Mais 52 millions de visiteurs en six mois, j'arrive d'Osaka,
je suis allé visiter l'exposition et pour se rendre à
l'exposition, il nous fallait attendre quatre heures. Tandis qu'à
Montréal, on s'y rendait en vingt minutes.
M. BURNS: Grâce à quoi, grâce au métro.
M. SHANKS: Non, je regrette, grâce aux autos-parcs. Il y a tout de
même Victoria qui avait un parc de 12,000 et un parc de 9,000
voitures.
M. BURNS: Et aussi grâce au métro...
M. SHANKS: Evidemment, mais je le dis très bien: L'un ne va pas
sans l'autre. Pourquoi ferait-on uniquement des métros et
arrêterait-on les autoroutes? L'un ne va pas sans l'autre, c'est
ça l'urbanisme d'ailleurs.
M. LAURIN: L'urbanisme, est-ce que c'est l'addition de la pollution qui
existe déjà? Est-ce que c'est ça?
M. SHANKS: Pourquoi voulez-vous qu'on enlève à tout prix
les voitures? Vous allez dire à tout le monde: Garez vos voitures chez
vous, c'est fini maintenant! Je regrette qu'on passe des lois antipollution,
mais c'est ça qu'on est en train de faire.
M. LAURIN: Surtout lorsqu'il y a des solutions alternatives qui vous ont
été proposées...
M. SHANKS : Quelles sont les solutions alternatives?
M. LAURIN: ... et que vous auriez pu étudier. Comme par exemple
une voie le long du fleuve pour les camions au moins, et
l'absence d'entrées et de sorties au lieu de multiplier les
entrées et sorties comme vous avez fait.
M. SHANKS: Mais que vouliez-vous faire avec l'autoroute,
l'échangeur Turcot, par exemple? Répondez-moi. Que vouliez-vous
faire...?
M. LAURIN: C'est d'ailleurs l'opinion de M. Gérard Niding.
M. LE PRESIDENT: C'est la dernière question.
M. SHANKS: Mais, je ferais remarquer très respectueusement au
leader du Parti québécois que c'est tout de même la ville
de Montréal qui avait présenté ce projet, ce n'est pas le
gouvernement provincial.
M. LAURIN: Seulement les fous ne changent pas d'idée. Justement,
ils se sont ravisés. Plus ils étudiaient les questions, plus ils
se rendaient compte que cette solution...
M. SHANKS: Dans l'ouest, l'autoroute ne pose aucun problème.
M. PINARD: M. le Président, si le député me permet
une précision, c'est que M. Saulnier a tenu pour acquis qu'il n'aurait
pas son métro, et nous avons décidé de prolonger
l'autoroute Est-Ouest.
M. SHANKS: Exactement, c'est une question...
M. PINARD: Et lorsque nous lui avons donné l'assurance que les
deux systèmes étaient complémentaires mais ne s'excluaient
pas l'un l'autre, et que nous avons fait la rencontre que vous savez, au bureau
du premier ministre en présence du maire Drapeau et de M. Gérard
Niding, il s'est déclaré, après cette entente intervenue
entre la ville de Montréal et le gouvernement du Québec, fort
satisfait du prolongement de la route Est-Ouest.
Sa déclaration a été consignée et a
été rapportée par tous les journaux. Donc, M. Saulnier
tenant pour acquis qu'il n'y aurait pas de métro disait: C'est le
métro qu'il nous faut et non pas le prolongement de l'autoroute. Mais
quand il a eu les deux, il s'est déclaré fort satisfait de la
solution qui avait été choisie par le gouvernement du
Québec et la ville de Montréal.
M. LAURIN: Comme de raison, quand on n'est pas dans les secrets des
dieux, on ne sait pas ce qui se passe dans les officines. Mais il reste que
même si ces conversations-là se sont passées avec les
résultats que vous nous donnez, cela n'enlève rien aux faits
brutaux que nous avons mentionnés qui font que l'augmentation des
entrées et sorties va sûrement produire une plus grande congestion
et une plus grande pollution dans le centre-ville, alors qu'il y aurait des
solutions alternatives qui, si elles avaient été
étudiées, auraient permis d'éviter ces
inconvénients-là.
M. PINARD: Je répondrai à cela au fur et à
mesure...
M. SHANKS: Vous êtes d'accord que le centre-ville se
déplace présentement. Il part de la rue Saint-Jacques pour
remonter la rue Dorchester.
M. LAURIN: Mais pas d'après le nombre de gratte-ciel dont on
entrevoit la construction dans le centre-ville, avec tous les immeubles que le
ministre de la Voirie nous disait...
M. PINARD: Il y a des études d'urbanisme qui ont
été faites, je vous en parlerai tantôt, et cela contredit
vos positions.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, hier soir, j'ai eu
l'occasion d'expliquer aux membres de cette commission les arguments pour
lesquels j'appuyais la motion du député de Saguenay. Il me
restait quinze minutes.
M. BURNS: Il n'a pas utilisé une demi-heure hier?
M. PINARD: M. le Président, sur un point de règlement, je
ne veux pas faire de procédure, mais le député de
Sainte-Marie a appuyé la motion du député de Saguenay.
M. BURNS: Il n'a pas utilisé sa demi-heure.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai parlé en faveur du...
M. PINARD: Comment se fait-il qu'il n'a pas utilisé sa
demi-heure? Parce que celui qui a demandé la parole avant l'ajournement
hier, c'était le député de Saint-Jacques, alors,
même s'il n'a pas utilisé sa demi-heure, il n'a pas le droit de
revenir aujourd'hui, sur la même motion.
M. BURNS: Sur 346 qui se lit comme suit...
M. PINARD: Il ne peut pas revenir sur la même motion, il a
déjà exprimé son...
M. BURNS: Pas du tout, en commission il peut revenir aussi souvent qu'il
le veut.
M. PINARD: Mais non, il ne peut pas revenir...
M. BURNS: Ecoutez, lisez-donc l'article 346 qui s'applique aux
commissions.
M. PINARD: Si le député avait voulu utiliser sa
demi-heure, temps qu'il lui est imparti par le règlement, très
bien, mais il a volontairement sauté quinze minutes sur son temps. Il
n'a pas le droit d'y revenir par la suite, sur la même motion...
M. BURNS: M. le Président, tout le monde sait que les
règles du comité plénier s'appliquent mutatis mutandis en
commission permanente. Et en commission plénière, un
député peut prendre la parole sur le même point aussi
souvent qu'il lui plaît, à condition de ne pas parler plus d'une
heure. Cela est modifié par le règlement sessionnel, selon
l'interprétation du président, hier, c'est-à-dire 30
minutes. Or hier, il n'a parlé que douze minutes.
M. PINARD: Mais, il n'a pas le droit de revenir par la suite sur la
même motion.
M. le Président, je maintiens mon opposition pour faire respecter
le règlement. J'admettrais le raisonnement du député de
Maisonneuve s'il s'agissait de la discussion d'un article budgétaire,
mais comme il s'agit de la présentation d'une motion d'amendement,
alors, ce n'est pas le même cas. Le député aurait pu
employer toute sa demi-heure pour appuyer la motion d'amendement
proposée par le député de Saguenay; il n'a utilisé
que quinze minutes, il n'a pas droit de revenir à une séance
ultérieure...
M. BURNS: Absolument, il a le droit en commission...
M. PINARD: ... pour reprendre les quinze minutes qu'il n'a pas
utilisées...
M. BURNS: M. le Président, on va arriver dans un débat de
discussion générale.
M. PINARD: Alors ce n'est pas le règlement qui s'applique dans ce
cas comme il s'appliquerait s'il s'agissait de la discussion d'un poste ou d'un
article budgétaire.
M. BURNS: Je m'excuse, M. le ministre, mais...
M. PINARD: Il s'agit d'une motion d'amendement.
M. BURNS: Ecoutez, je m'excuse, mais je ne peux absolument pas admettre
ces genres d'arguments. Je concevrais que l'argumentation du ministre,
relativement aux points de règlement, serait valable et recevable si on
était au niveau d'un débat de deuxième lecture, par
exemple, ou de troisième lecture. Quand on est en commission, ce sont
les règles du comité plénier qui, mutatis mutandis,
s'appliquent. Une des règles, c'est l'article 346. Cet article nous dit
qu'un député peut reprendre la parole aussi souvent qu'il voudra
pour autant qu'il ne dépasse pas une certaine durée de temps. Je
pense bien que l'article 346 est très clair là-dessus: "Peut
prendre la parole sur le même point, aussi souvent qu'il lui plaît,
à condition de ne pas parler plus d'une heure, en tout, sur un
même article, un même paragraphe, une même motion, une
même question d'ordre de règlement." C'est assez clair cela?
Alors, cette même motion c'est la motion qui est sur la table et
il faut oublier complètement les règles rigides de la
procédure en deuxième lecture là. J'admets avec le
ministre qu'en deuxième lecture, si le député de
Sainte-Marie avait parlé et n'avait pas utilisé sa demi-heure, il
ne pourrait pas revenir parce qu'il aurait épuisé son droit de
parole. Mais là, vous avez une règle stricte, formelle, qui vous
dit exactement le contraire. Comme il n'a pas utilisé tout son temps
hier, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas le continuer aujourd'hui.
M. PINARD: Je ne suis pas d'accord avec vous.
M. BURNS: Vous n'êtes pas d'accord avec le règlement. C'est
la procédure...
M. PINARD: Je ne suis pas d'accord sur l'interprétation que donne
le député de Maisonneuve à l'esprit du
règlement.
M. BURNS: Ce n'est pas de l'interprétation, je lis tout
simplement un article, je ne l'interprète pas.
M. PINARD: Cela n'aurait pas de bon sens. Le Parlement ne fermerait
jamais si un député pouvait utiliser son temps n'importe
comment.
M. BURNS: Cela fait assez longtemps que vous siégez à
l'Assemblée nationale que vous devriez savoir que les règles en
commission sont bien différentes des règles en deuxième
lecture en Chambre.
M. PINARD: S'il y avait eu une motion dont on aurait disposé et
qu'il arrive une autre motion différente, à ce moment-là,
un député peut, de nouveau, utiliser une demi-heure pour
présenter une motion ou l'appuyer.
M. BURNS: Pour vous contredire, je ne peux que lire cet
article-là tellement il est clair. Lisez jusqu'à la fin, on le
dit ici. "A condition de ne pas parler plus d'une demi-heure, on modifie par le
règlement sessionnel en tout sur un même article, un même
paragraphe, une même motion.
M. PINARD: Oui.
M. BURNS: C'est cela, on a une motion.
M. LESSARD: On a la même motion.
M. BURNS: Il a donc le droit de parler selon ce
règlement-là aussi souvent que cela lui plaît, même
si c'est une motion.
M. PINARD: Cela n'a pas de bon sens.
M. BURNS: Bien le texte est très clair, il n'est même pas
sujet à interprétation.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Voilà, je
voudrais vous faire remarquer qu'on me dit que le député a
utilisé quinze minutes, hier soir, de son temps, qui devait être
trente minutes. Je n'ai pas en main les documents, les notes que j'avais prises
hier soir. Je crois qu'il serait peut-être bon d'accorder quinze minutes
additionnelles. Le député de Sainte-Marie a donc la parole pour
quinze minutes. Mais si quelqu'un pose des questions et que vous leur donnez la
parole, cela comptera sur votre temps.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je vous remercie et
je continue. J'ai exposé hier devant les membres de cette commission les
raisons pour lesquelles j'appuyais la motion du député de
Saguenay, motion qui demande de réduire le budget à $1.
Aujourd'hui, je veux continuer mon argumentation devant cette commission qui
semble beaucoup plus calme qu'hier soir, je vais tâcher de l'être,
j'espère que les autres vont l'être aussi.
J'ai remarqué hier, dans une argumentation, que le ministre de la
Voirie me disait que beaucoup de personnes concernées sont allées
examiner la maquette et que ces gens-là auraient affirmé au
ministre qu'ils étaient contents du tracé de l'autoroute et
qu'ils étaient satisfaits de la façon qu'on allait les
exproprier.
Je comprends qu'il y a certains propriétaires je parle
pour le comté de Sainte-Marie que je connais bien qui ont des
propriétés à vendre depuis longtemps et c'est très
difficile de les vendre. Etant donné que le gouvernement va les
exproprier et payer leurs propriétés, ces gens-là se sont
dits satisfaits. Par contre, ces gens-là n'ont pas parlé des
locataires de leurs propriétés, des gens qui sont à loyer.
Et c'est surtout au nom de ces gens-là que nous nous opposons au
tracé de l'autoroute actuel qui traverse les trois comtés sud-est
de Montréal.
Je ne veux pas revenir là-dessus mais le ministre nous avait
mentionné tous les organismes qu'il a consultés. Je sais fort
bien que le président du CNR n'est pas embarrassé du tout de
l'autoroute, ni le président de l'Hydro, ni l'archevêque. Tous les
organismes qu'avait mentionnés le ministre...
M. PINARD: Pourquoi dites-vous cela?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...sont logés et ne sont pas
touchés du tout par...
M. PINARD: Cela veut dire quoi?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...un comté qui va être
charcuté, qui va être coupé en deux et ils ne sont pas
obligés de vivre la pollution, le bruit qu'il va y avoir dans ces
comtés-là. Ce n'est pas le même problème. Mais nous,
nous avons consulté la population, ceux qui sont touchés
directement. Et hier, j'ai posé des questions précises au
ministre. Je lui ai demandé s'il allait me donner des réponses
afin que je puisse renseigner les électeurs de mon comté. Je lui
ai surtout demandé ce que je devais dire aux gens qui venaient me
consulter au bureau et qui me demandaient où on allait les loger de
nouveau après que leur propriété ou leur logement sera
exproprié.
J'espère que le ministre je ne sais pas s'il
m'écoute même va me donner les informations que je lui ai
demandées afin de renseigner les gens de mon comté. Parce
qu'actuellement, je le répète, je ne veux pas faire
d'obstruction, il ne s'agit pas pour moi de plaider une cause que je penserais
perdue d'avance. Je crois que le gouvernement peut revenir encore sur sa
décision en faisant appel au bon sens. Les gens m'ont demandé de
communiquer avec le ministère de la Voirie. J'ai communiqué avec
les responsables du ministère de la Voirie et je leur ai demandé
quelles sont les informations que je pourrais donner à ces
gens-là et je n'en ai eu aucune. Ces gens-là n'ont pas la
garantie de trouver des logements au même prix qu'ils ont actuellement,
ils n'ont pas la garantie de pouvoir se loger dans le même quartier, dans
le même comté, enfin dans le même secteur.
Je voudrais bien, étant donné qu'il me reste quinze
minutes et je pense qu'après le Président ne me donnera pas la
permission de poser d'autres questions...
M. LE PRESIDENT: M. le député, si vous permettez. Cela
n'attaque pas ce que vous dites mais il me semble que ça ne touche pas
beaucoup à la motion.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'explique les raisons pourquoi j'approuve
la motion du député de Saguenay...
M. LE PRESIDENT: Si vous me dites que ça touche directement la
motion, je suis d'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est pour toutes ces considérations,
M. le Président, tous ces problèmes que l'autoroute va
créer dans mon comté et dans les autres comtés qui sont
touchés par le tracé de l'autoroute, c'est pour toutes ces
raisons-là qu'on s'oppose je parle du comté de
Sainte-Marie naturellement au tracé de l'autoroute...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...au projet de l'autoroute dans le bas de
la ville, et qu'on demande la réduction du budget. Je pense que
je suis dans l'ordre. J'espère, à mon retour à
Montréal, pouvoir donner des informations. Les gens sont inquiets, les
gens qui sont logés dans les mêmes logements depuis des
années se demandent s'ils vont être obligés de
déménager, ils se demandent où ils vont aller. C'est
ça le problème, c'est ça le point d'interrogation. Quant
aux autres, j'ai demandé aussi au ministre hier, à propos de
toutes les familles qui ne seront pas déplacées par le
tracé de l'autoroute mais qui seront obligées de continuer
à vivre près de l'autoroute, si l'on a pris des mesures contre la
pollution.
Est-ce qu'on a pris des mesures afin que ces gens puissent vivre dans un
climat, dans une atmosphère normale? C'est ce que je voudrais savoir. En
supposant qu'il ne veuille pas revenir sur sa décision, ce qui serait
souhaitable, est-ce que le ministre a compris tout de même, même
s'il était occupé ailleurs, que j'ai répété
un peu les questions que je lui ai posées hier? Je voulais avoir des
réponses. Ces réponses ne sont pas pour moi. Ce sont des
réponses que je veux du ministre afin de les transmettre aux gens
concernés dans mon comté. Où vont-ils aller? Que vont-ils
faire? C'est cela qui est important!
Le ministre devra attacher une importance capitale à ce
problème. C'est son rôle et son devoir de le faire. Au moins
d'informer la population. C'est le problème numéro un. Ce ne sont
pas des gens capables de déménager du jour au lendemain. Ils n'en
ont pas les moyens.
Je voudrais que le ministre me donne les informations précises
afin que moi en tant que député de Sainte-Marie, je puisse les
transmettre aux électeurs du comté de Sainte-Marie. Cela fait
trois mois qu'on me le demande. J'espère obtenir, ce midi, une
réponse du ministre, s'il a le temps de le faire.
La population, M. le ministre, si vous voulez bien m'écouter
pendant quelques minutes, la population du comté...
M. PINARD: Cela fait trois semaines que je vous écoute.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, mais comme ça prend du temps
à comprendre, on est obligé de répéter.
UNE VOIX: Cela prend du temps à s'exprimer, aussi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous voulez prendre la parole, je ne vous
en ai pas donné le droit.
Je comprends que le député de Beauharnois, le
député de tel comté, le député de
Charlevoix-Saguenay, ne sont pas au coeur du problème. Ils ne
réalisent pas l'importance de nos demandes. Ils ne réalisent pas
le problème tel que nous, nous le vivons, tous les jours, dans nos
comtés. Hier, on a discuté d'une route aux Boules, le
député de Gaspé-Nord est intervenu.
Je ne suis pas intervenu parce que je n'ai pas toutes les données
du problème...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... mais dans mon comté j'ai toutes
les données du problème.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au député de revenir
à la motion, s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): S'il vous plaît, voulez-vous demander
aux autres députés de ne pas m'interrompre?
M. MAILLOUX: Vous prêtez des intentions malgré que nous
n'en ayons pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non. Je n'ai pas d'intentions.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais aux membres de la commission de laisser
parler le député de Sainte-Marie, s'il vous plaît.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je dis, je donne des exemples. Je ne suis
pas au courant de tous les problèmes de route, dans Charlevoix et vous
n'êtes pas au courant de tous les problèmes de la circulation de
la ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! C'est le député de
Sainte-Marie qui a la parole. Voulez-vous le laisser parler, s'il vous
plaît?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre devrait prendre en
considération toute cette contestation d'une population qui s'oppose
à son projet d'autoroute. Il est temps qu'on revienne à la source
et qu'on consulte les gens, le peuple, la population.
M. le ministre devrait se souvenir d'une parole de l'ancien premier
ministre, Jean Lesage. Il avait dit que ce qui avait fait perdre les
élections était le fait que le parti s'était trop
éloigné du peuple. Vous devriez y revenir. Vous devriez prendre
nos objections, nos arguments, en considération. Et non seulement
consulter les gros organismes, l'establishment, non seulement consulter les
propriétaires parce qu'il y a que cela fait leur affaire
mais consulter le peuple, la population, les locataires, ceux qui seront
touchés par ce problème.
Même si vous ne voulez pas en changer le tracé, même
si vous ne voulez pas revenir sur des décisions que vous regrettez,
peut-être. Peut-être, que vous ne pouvez plus reculer. On sait
qu'il y a $105 millions de contrats qui ont été octroyés.
On connaît le nom de tous les entrepreneurs. On sait de quelle rue
à quelle rue ces entrepreneurs auront à faire l'autoroute.
Peut-être qu'il est très difficile pour le ministre d'annuler le
projet, de faire un autre tracé soit sur le bord du fleuve ou sur la
rive sud. Au
moins qu'on ne laisse pas les gens dans l'anxiété, dans
l'inquiétude! Au moins qu'on les informe de ce qu'on fera d'eux! Qu'on
n'informe pas seulement le CNR, l'archevêque et l'Hydro et la Chambre de
commerce! Qu'on informe la population! Ce sont eux qui sont touchés. Ce
sont eux qui vivent le problème. Ce sont eux qui vivront dans un climat
de pollution, de bruits, presqu'intenable. C'est pour cette raison qu'on
s'oppose. C'est aussi simple que cela.
Hier, il y a des gens qui ont fait mention ici qu'en demandant de
réduire le budget à $1 était contre la Transcanadienne.
C'est faux. Quand on sait que le budget qui est demandé
présentement, c'est pour l'autoroute Est-Ouest de la ville de
Montréal, les $83 millions. Je ne sais pas où est la
différence, parce que d'après mon calcul, les contrats, il y en a
pour $105 millions. Je ne sais pas, je peux me tromper dans mes chiffres, mais
peut-être que le ministre pourra m'informer là-dessus. Il ne
s'agit pas pour nous de combattre, d'être contre le progrès, au
contraire, nous sommes pour le progrès. Il ne s'agit pas pour nous de
bloquer la circulation. Il ne s'agit pas d'être contre la
Transcanadienne. On était pour cela, j'étais pour cela, en 1960,
quand il y a eu une entente que le ministre avait signé avec Ottawa,
dans le temps, pour trois ans. C'est normal, la Transcanadienne, mais où
elle passe et de la façon qu'elle passe et de la façon qu'on
dérange toute une population, nous sommes contre ce fait là. Le
ministre doit prendre cela en considération. C'est plus sérieux
qu'il le pense.
M. MAILLOUX: Est-ce que vous me permettriez une question?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'achève. M. le Président,
est-ce qu'il me reste plusieurs minutes?
M. LE PRESIDENT: Il vous reste, à ma montre ici, deux
minutes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Après, s'il vous plaît, si vous
voulez me poser une question et si le président me permet de vous
répondre, cela me fera plaisir. M. le Président, pour toutes ces
considérations, pour toutes ces raisons importantes qui sont des
problèmes humains, j'approuve la motion du député de
Saguenay de réduire le budget à $1 ; ce qui veut dire, à
toutes fins pratiques arrêter l'autoroute Est-Ouest dans la ville de
Montréal, dans les comtés de Sainte-Marie, Maisonneuve, Bourget,
ainsi de suite. C'est encore le temps de le faire et là, nous ne voulons
pas bloquer les 100,000 emplois du premier ministre, parce que ces $82
millions-là, on n'a seulement qu'à les mettre dans la
rénovation urbaine et cela va créer quatre fois plus d'emplois.
C'est le problème primordial qui existe dans nos comtés, de faire
des logements salubres et tout ça et non pas de les empoi- sonner
davantage avec des autoroutes. Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je remercie le député de Sainte-Marie. Le
député de...
M. MAILLOUX: Je voudrais poser une question d'une seconde au
député qui vient de terminer son temps de parole. Le
député a affirmé précédemment que ce qui
avait fait battre le Parti libéral dans les comtés de l'est de
Montréal, c'était effectivement l'éventuelle construction
de l'autoroute Est-Ouest. Est-ce que c'était réellement le
motif?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas dit... Est-ce que j'ai dit cela
dans ma déclaration?
M. MAILLOUX: Vous avez affirmé cela au début de la
commission ce matin.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous avons parlé de cela. Tout le
monde blaguait un peu et on n'était pas en commission. Le
président n'était pas ici.
M. MAILLOUX: Mais ce n 'est pas le motif pour lequel les gens ont
voté pour le Parti québécois.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que tout ce que j'ai dit avant, vous
voulez que je le répète? Ce que d'autres m'ont dit...
M. MAILLOUX: C'est inscrit au journal des Débats.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non. Ce n'est pas marqué au journal
des Débats. Le président n'était pas ici.
M. MAILLOUX: Parce que vos collègues se sont
opposés...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si c'est marqué au journal des
Débats, je vais contester cela.
M. MAILLOUX: ... à ce que vous venez d'affirmer, que le vote
était significatif, l'éventuelle construction de l'autoroute
Est-Ouest de Montréal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il est probable... Je peux vous affirmer que
probablement le projet de l'autoroute Est-Ouest, dans le bas de la ville, a
peut-être joué un rôle.
M. MAILLOUX: Vous savez que ce n'était pas décidé
à ce moment-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas affirmé cela. On a
conversé ce matin avant l'ouverture de la commission.
M. MAILLOUX: On lira le journal des Débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je répéterai ce que vous avez
dit aussi.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres de cette commission
qui veulent exercer leur droit de parole?
M. BURNS: M. le Président, étant donné que...
J'espère, soit dit en passant, que vous avez pris note de la motion qui
a été adoptée ce matin, à l'effet que je suis
membre de la commission à la place de... J'ai été
substitué au député de Saguenay.
M. LE PRESIDENT: Oui, monsieur.
M. BURNS: Avant, comme j'aurai à voter sur cette motion,
plutôt que de faire une intervention, il y aurait quelques questions que
j'aimerais poser au ministre, s'il veut bien avoir l'amabilité de me
répondre. Il y en a une, entre autres, qui me chicote, qui chicote
beaucoup de monde, c'est le fameux problème du tracé. En
admettant qu'actuellement le projet soit mis à exécution,
particulièrement dans l'est de Montréal, où il y a
déjà discussions sur deux tracés possibles, est-ce que le
ministre peut me dire actuellement quel est le tracé définitif,
s'il est enfin établi? Quand je dis enfin, ce n'est pas dans le sens que
je le désire, mais dans le sens de "s'il est établi". Est-ce que
le tracé définitif est établi actuellement?
M. CADIEUX: Avant que le ministre ne réponde, je voudrais faire
appel aux règlements. Ma question est posée au président.
Il y a une motion qui a été proposée par le
député de Saguenay. On discute cette motion-là. Est-ce
qu'on peut continuer à en discuter maintenant que le
député de Saguenay n'est plus membre de la commission?
UNE VOIX: Si c'est la volonté du ministre de répondre,
d'accord, mais...
M. BURNS: Moi, je n'ai pas de problème. Je vais vous la
refaire.
M. CADIEUX: Je pose une question au président. On discute d'une
motion du député de Saguenay et le député de
Saguenay n'est plus membre de la commission.
M. BURNS: M. le Président, cette question suppose qu'on se rend
au moins compte d'une chose, c'est qu'une fois qu'une proposition a
été mise sur la table, elle n'appartient plus à la
personne qui l'a faite, mais elle appartient à la commission. Et la
personne qui se fait substituer postérieurement à ça,
c'est à mon avis absolument immatériel qu'elle soit membre de la
commission ou non, ce qui est important c'est qu'elle l'était au moment
où la motion a été faite.
M. CADIEUX: Il faut être membre.
M. BURNS: C'est la seule façon de faire une motion... Il faut
être membre, bon...
M. CADIEUX: Il ne l'est plus.
M. BURNS: Il l'était quand il l'a faite.
M. CADIEUX: On discute de sa motion quand même.
M. BURNS: Il me semble que c'est l'enfance de l'art.
M. LE PRESIDENT: Il est une chose que je dois vous faire remarquer,
c'est qu'il a été entendu hier que, lorsque les interventions
seraient terminées, qu'au cours de sa propre intervention le ministre
devait répondre à toutes les questions à la fois. C'est ce
qui a été entendu hier. Et maintenant si le ministre veut
procéder de la même façon, il répondra lorsqu'il
prendra la parole.
M. BURNS: C'est parce que nous sommes au niveau de l'étude des
crédits, il est normal...
M. LE PRESIDENT: Il faudrait quand même terminer les interventions
sur la motion.
M. BURNS: C'est ça, moi je termine tout simplement par quelques
questions auxquelles je voudrais que le ministre réponde.
M. LE PRESIDENT: Je crois que ça va réellement allonger le
débat. Vous pouvez poser vos questions, il va en prendre note, il vous
répondra en même temps que les autres.
M. BURNS: Sur la motion je n'ai pas parlé, je n'ai pas
utilisé mon droit de parole, le réservant à cause de votre
décision d'hier disant que le temps employé à faire une
intervention était compté également avec le temps
utilisé à poser les questions.
Il est évident, d'après votre décision d'hier,
qu'il va m'être impossible à partir du moment où on
aurait disposé de cette motion sur la table de poser des
questions au ministre et comme je n'ai pas utilisé mon temps de parole
sur la motion, je préférerais plutôt poser des
questions.
M. LE PRESIDENT: Justement vous allez prendre du temps que les autres
n'ont pas eu et n'auront pas. Il a été entendu que, si vous posez
les questions, vous les posez, le ministre vous répondra lorsqu'il
répondra à tout le monde, au cours de son temps
d'intervention.
M. BURNS: Moi je vous dis qu'il y a
certaines questions que je me pose avant qu'on prenne des
décisions sur la motion qui est sur la table.
M. PINARD : Vous faites votre intervention à l'appui de la motion
et posez vos questions dans le cadre...
M. BURNS: Vous ne voulez pas y répondre au fur et à mesure
que je les pose.
M. PINARD: Je répondrai de la façon que je choisirai.
M. LE PRESIDENT: C'est ce qui a été entendu hier.
M. PINARD: Ne m'imposez pas ma façon de discuter le
problème, je ne vous impose pas la vôtre. Je vous laisse la
responsabilité...
M. BURNS: Je vous demande tout simplement, bien gentiment, M. le
ministre,...
M. PINARD: ... de choisir votre formule de la discussion et ça
donnera ce que ça donnera.
M. BURNS: D'accord, alors je vais tout simplement formuler mes questions
et j'espère que le ministre en prendra note et y répondra.
M. PINARD : Faites votre stratégie et nous allons faire la
nôtre.
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
M. MAILLOUX: ... au député de Maisonneuve, c'est parce que
j'ai eu l'impression tantôt que le député de Maisonneuve
avait hier soir terminé son droit de parole de trente minutes sur la
motion.
M. BURNS: Pas sur la motion, je n'ai pas parlé.
M. GIASSON: Sur les crédits.
M. MAILLOUX: Dans ces conditions-là, je m'excuse, je croyais que
les trente minutes du député de Maisonneuve étaient
terminées.
M. BURNS: D'accord, mes trente minutes ont été
utilisées hier soir avant que la motion ait été
formulée. Tout simplement hier, je me suis attaché, entre autres,
à parler du tracé.
J'aimerais que le ministre nous dise si ce tracé est
définitif, où il doit passer, les conséquences que
comportera l'un ou l'autre de ces tracés ou peut-être un
troisième, du moins, quant à la partie qui n'est pas,
semble-t-il, définitivement décidée, c'est-à-dire
le tracé Rouen ou le tracé Notre-Dame.
Si le tracé n'est pas encore définitif, j'aimerais
simplement qu'il nous dise quand il le sera. En second lieu, j'aimerais bien
que le ministre puisse nous préciser les contrats qui ont
été donnés quant à l'autoroute, à qui ils
ont été donnés et pour quelle partie ils ont
été donnés. Cette deuxième question est
reliée à la première, car, si le tracé n'est pas
encore finalement définitif si vous me permettez un
pléonasme il y a sans doute des contrats qui ne sont pas
donnés. Je pense, entre autres, à la partie est où il y a
un certain nombre de contrats qui n'ont pas encore été accordes
aux entrepreneurs.
J'aimerais également que le ministre établisse
c'est à la suite d'une de ses références, à lui,
hier, que je me pose cette question-là dans le crédit de
$82,317,000... Est-ce que le ministre tente de m'impressionner en frappant du
poing sur la table? J'aimerais que le ministre commente un peu l'indication
qu'il nous a donnée à l'effet que les $82,317,000 ne seraient pas
au complet, employés pour l'autoroute Est-Ouest, mais qu'il y en aurait
une partie qui serait employée ailleurs.
J'aimerais bien que le ministre nous précise quelle est la partie
de ce crédit de $82,317,000 qui va être effectivement
employée pour l'autoroute Est-Ouest. La partie dans Montréal.
J'apprécierais aussi que le ministre nous parle du coût à
venir de cette autoroute. Je ne sais pas comment le ministre va réussir
à répondre à toutes mes questions, parce qu'il n'a pas
l'air d'en prendre note.
M. PINARD: Je peux vous relire dans le journal des Débats. La
façon de vous lire comme il faut, c'est de vous lire au journal des
Débats.
M. BURNS: D'accord. Comme ça, vous ne voulez pas me
répondre aujourd'hui?
M. PINARD: Non, parce que vous avez décidé d'employer tout
votre temps pour arriver à une heure sans avoir réussi à
faire expirer la demi-heure.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement en vertu
de l'article 285 dix-neuvièmement. Encore une fois, le ministre me
prête des intentions.
M. PINARD: Je ne vous prête rien. Nous vous prêtons du
temps.
M. BURNS: C'est d'ailleurs, du temps qui nous appartient.
M. PINARD: Employez-le.
M. BURNS: Je l'emploie. Ce sont des questions bien précises.
Contrairement à ce que le ministre semble vouloir laisser entendre, je
n'essaie pas de perdre du temps. Je vous pose quelque neuf ou dix questions
bien précises. C'est tout simplement ça. Mon intervention va se
limiter à ça, M. le Président.
M. PINARD: Posez vos questions.
M. BURNS: Après avoir demandé quelle peut être la
proportion du crédit de $82,317,000 qui va être appliquée
à la partie montréalaise du prolongement de l'autoroute, je
disais que j'aurais aimé savoir quel est le coût à venir
prévu, si le montant total du coût de l'autoroute, lorsqu'elle
traverse Montréal, n'est pas inscrit dans ce montant de $82,317,000. La
raison pour laquelle je me pose cette question-là, M. le
Président, c'est que, lorsque ce projet a été
annoncé, il a été question de crédits d'un montant
de $105 millions. Il y a peut-être eu ambiguïté autour de ces
$105 millions.
C'était peut-être l'ensemble du projet de prolongement des
autoroutes, y compris l'autoroute du nord. C'est un point sur lequel j'aimerais
avoir des précisions.
J'aimerais aussi que le ministre nous dise quelle est la proportion du
coût qui sera accordée aux expropriations elles-même dans
Montréal. Je me pose cette question depuis le début puisque
évidemment, un investissement de cet ordre était, à
l'origine, selon le communiqué émanant du bureau du premier
ministre lorsque le projet a été annoncé, surtout et
principalement un projet qui avait pour but de lutter contre le chômage.
C'était, si je me rappelle bien, un des cinq critères de
rentabilité de ce projet, comme le communiqué du premier ministre
le disait.
Or, dès ce moment, je me suis posé la question à
savoir combien de ces sommes sont réellement utilisées en vue
d'exproprier des domiciles, des propriétés, des bâtisses,
des terrains qui sont sur la route elle-même, ou sur le tracé
lui-même. La question est intéressante tout simplement du point de
vue de savoir si tout ce montant est productif aux fins de création
d'emplois. Il est évident que les expropriations elles-mêmes ne
sont pas des sommes créatrices d'emplois ou qui doivent être
utilisées pour fins de création d'emplois.
Une autre question que je me pose, M. le Président, c'est, mise
à part la partie des $82,317,000 affectée à l'autoroute
Est-Ouest dans Montréal, mise à part le coût à
venir, combien l'autoroute a coûté jusqu'à maintenant dans
Montréal. Avec ces trois sommes, on sera en mesure, en faisant le total
à être utilisé en vertu des présents crédits,
la somme à venir et la somme déjà dépensée,
de savoir combien l'autoroute coûte à Montréal.
M. le Président, je sais que le ministre nous en a
déjà parlé au cours des crédits
supplémentaires; je pense qu'il y a beaucoup de discussions autour de ce
problème qui était le problème central, au fond dans
l'esprit du gouvernement quand il a annoncé ce projet mais je voudrais
savoir combien d'emplois directs seront créés? Quand je parle
d'emplois directs, je voudrais qu'on me dise combien de personnes travailleront
à l'autoroute. Je ne pense pas, comme le premier ministre l'a
laissé entendre il y a quelque temps, aux emplois indirects parce que
déjà on est dans le domaine de la pure hypothèse. Il est
évident qu'il faut du ciment pour faire une autoroute. Est-ce que cela
va créer plus d'emplois à la compagnie qui va fournir le ciment?
Cela ne m'intéresse pas, parce qu'on est dans le domaine de la pure
hypothèse. Ce que je veux savoir c'est, relativement au travail
même de l'autoroute, combien il y aura d'emplois créés et
pour combien de temps? Cela aussi est important, je pense. Il y a
également un problème qui, en tant que député du
sud-est de Montréal, m'a préoccupé depuis le début
puisqu'on est dans des comtés qui, d'une part, sont résidentiels
mais qui, d'autre part comportent un certain nombre d'usines.
Le long du tracé de la rue Rouen, il est possible qu'il y ait des
usines, qui, de ce fait, devront être expropriées. Il y en a
encore davantage le long du tracé de la rue Notre-Dame. Le tout
dépendant du zigzag, si vous me permettez l'expression, que l'autoroute
pourra faire ou ne pas faire, des usines devront peut-être être
déplacées, et j'aimerais savoir si le ministère a fait des
études là-dessus. S'il y a des usines, combien y en a-t-il,
lesquelles? En somme, les détails concernant les usines pouvant
être mises de côté et ainsi, en conséquence, pouvant
faire disparaître un certain nombre d'emplois. Si on parle du nombre
d'emplois créés, on devrait penser aussi au nombre d'emplois qui
risquent de disparaître avec cette autoroute-là. Je pense que les
travailleurs des comtés du sud-est de Montréal, qui, pour la
plupart, demeurent dans un arrondissement assez rapproché de leur lieu
de travail, sont inquiets de cette situation. Ce sont des questions qu'ils se
posent; ils voudraient savoir le plus tôt possible s'ils ne seront pas
affectés directement dans l'emploi qu'ils ont présentement.
Si une usine doit être déplacée, par exemple, du
comté de Maisonneuve et rebâtie, peut-être avec chance, au
Québec, et non pas en Ontario, on se demande si l'employé
déplacé sera réengagé si l'usine est reconstruite,
dans quelques années, près de Côte-de-Liesse, par exemple,
ou quelque endroit du genre. J'aimerais bien que le ministre nous donne le plus
de précisions possible là-dessus; pour moi, c'est une question
primordiale, ce phénomène des usines pouvant être
déplacées.
J'aimerais également que le ministre nous dise si son
ministère a examiné le nombre de commerces; je ne parle pas
d'usines comme telles, mais de petits commerces locaux, entreprises de vente
d'automobiles, stations-service, etc., qui devraient disparaître, en
admettant que ce projet d'autoroute Est-Ouest dans Montréal soit mis
à exécution par le ministère.
Une autre question, M. le Président. Comment a-t-on prévu
le relogement? Le député de Sainte-Marie en a parlé
amplement, le député de Saint-Jacques y a touché
également, le député de Bourget, dans son intervention,
s'est arrêté
longuement à ce problème. C'est un problème qui
crée de l'insécurité auprès des populations
visées ou, éventuellement, qui peuvent être
visées.
Seront-elles relogées dans des conditions semblables, ou
devront-elles se reloger ailleurs que dans les quartiers où elles
demeurent? Dans bien des cas, ce sont des gens qui, depuis deux ou trois
générations, demeurent dans des quartiers où ils se sont
attachés. C'est une question qu'on se pose concernant le relogement:
Qu'est-ce qui a été fait? Qu'est-ce qui a été
envisagé? Qu'est-ce qui a été pensé dans ce
domaine?
Enfin, M. le Président, je demanderais au ministre de prendre
patience, mes questions achèvent. Voici la dernière que j'ai
à lui poser: J'aimerais que le ministre nous parle de ses
réactions face aux oppositions qui ont été faites devant
la commission d'enquête populaire qui a tenu des séances tant dans
Montréal-Ouest que dans Montréal-Est et où,
personnellement, j'ai déposé un mémoire et où j'ai
noté, du moins à la séance à laquelle j'ai
assisté qu'il y avait très peu et même en ce qui
concerne la séance où j'étais présent on
aucune intervention favorable à l'autoroute. Le député de
Saint-Henri, tantôt, a mentionné que, dans son comté, quand
les séances se sont tenues, il y avait eu une vingtaine de personnes qui
étaient intervenues. Je ne sais pas si le député de
Saint-Henri a tenu compte du nombre de personnes que la possible vingtaine de
personnes représente devant cette commission-là. Par exemple,
strictement au niveau de la séance qui a eu lieu le 8 mai 1971...
M. HARVEY (Chauveau): Allez-y, on vous écoute. Vous allez
très bien d'ailleurs.
M. BURNS: J'achève, c'est ma dernière question d'ailleurs.
... Simplement à cette séance, à laquelle j'ai
assisté le 8 mai 1971, il y avait des organisations telles que
l'Association des locataires et petits propriétaires de Maisonneuve qui,
même si elles parlaient par la voix d'une personne, représentent
quand même un certain nombre de personnes.
J'aimerais avoir les réactions du ministre face à
l'analyse qu'il a pu faire des différents mémoires qui ont
été déposés devant cette commission, face à
cette opposition semble-t-il quasi unanime. On m'a informé
que, dans toutes les inteventions, je ne sais pas si c'est encore exact, si la
commission a eu d'autres séances depuis, il n'y en avait eu qu'une seule
favorable à ce projet d'autoroute Est-Ouest en milieu urbain à
Montréal.
Ce sont les questions, M. le Président, que j'avais à
poser au ministre et j'espère que lorsqu'il les relira, au journal des
Débats, il prendra la peine de répondre scrupuleusement à
toutes et chacune de celles que j'ai posées.
M. PINARD: M. le Président, je demande le vote. Nous sommes
prêts pour le vote, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Oui. M. Harvey (Chauveau).
M. HARVEY (Chauveau): Contre la motion.
M. LE PRESIDENT: M. Burns.
M. BURNS: Pour la motion.
M. LE PRESIDENT: M. Cornellier.
M. CORNELLIER: Contre la motion.
M. LE PRESIDENT: M. Faucher.
M. FAUCHER: Contre la motion.
M. LE PRESIDENT: M. Giasson.
M. GIASSON : Contre la motion.
M. LE PRESIDENT: M. Lafontaine... M. Larivière.
M. LARIVIERE: Contre la motion. M. LE PRESIDENT: M. Latulippe. M.
LATULIPPE : Contre la motion.
M. LE PRESIDENT: M. Lavoie (Wolfe)... M. Mailloux.
M. MAILLOUX: Contre la motion. M. LE PRESIDENT: M. Pinard. M. PINARD:
Contre la motion.
M. LE PRESIDENT: Huit contre la motion, un pour la motion et deux
absents.
M. LAURIN: Est-ce que nous pouvons revenir à la motion principale
sur laquelle j'aurais beaucoup de questions à poser?
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, avant de revenir à
la motion principale, je proposerais un ajournement sine die et qu'on en fasse
rapport à la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Il est exactement 1 heure et c'est le temps
d'ajourner.
(Fin de la séance: 13 heures)
Séance du mardi 25 mai 1971(Seize heures huit
minutes)
M. HARVEY (Chauveau) (président de la commission permanente de la
Voirie): A l'ordre, messieurs!
Nous avons ajourné les travaux de cette commission vendredi
à 1 heure et, à ce moment-là, nous avions terminé
par voie de vote la motion qui avait été présentée
alors par le député de Saguenay. Ceci dit, nous revenons donc
à la motion principale et la parole était, à ce
moment-là, si j'ai bonne mémoire, au Dr Laurin, le
député de Bourget.
M. LAURIN: J'avais l'intention de poser des questions plus
précises pour ajouter à celles que le député de
Maisonneuve avait posées. Je ne sais pas si c'était l'intention
du ministre de la Voirie de répondre d'abord à celles du
député de Maisonneuve, à celles qu'il vous avait
posées...
M. PINARD: J'aime autant les prendre globalement, si vous n'y voyez pas
d'objection parce que cela fera un tout dans mon intervention plutôt que
de la faire de façon morcelée.
M. LAURIN: Bon!
M. PINARD : Vu que vous faites une contestation d'ordre global, je
préférerais répondre de façon globale.
M. LEGER: Il faut quand même réaliser que, selon les
questions ou les réponses que vous donnerez, il y aura quand même
des informations, des éclaircissements à demander par la suite.
Cela peut prolonger le débat inutilement si vous ne répondez pas
immédiatement, si vous répondez en tout à la fin. Si on a
des questions à ce moment-là ou des éclaircissements, vous
ne pourrez pas...
M. PINARD: Je ne prendrai pas trois heures pour répondre à
vos interventions.
M. LE PRESIDENT: Je pense que là-dessus M. le ministre a le
loisir de choisir de quelle façon il répondra, si c'est
globalement ou individuellement. Evidemment, nous en sommes toujours à
tenter de trouver des mesures d'accélération pour ces
crédits-là. Je pense que, pour autant que la réponse
puisse vous venir, cela peut donner satisfaction. Nous en sommes donc au poste
budgétaire 6, article 7; Construction de la route transcanadienne.
M. LAURIN: Bien entendu, on sait que, quand on construit une autoroute
dans une grande métropole et surtout dans le centre-ville, surtout dans
des zones qui sont déjà occupées, soit par des maisons,
soit par des usines, on dégage de très larges bandes de terrain.
On sait à quel point le terrain, surtout dans le centre-ville, est rare.
On sait à quel point le terrain est coûteux. Je voulais demander
au ministre si une étude avait été faite sur la superficie
des acres de terrain qui correspondent à l'emprise de l'autoroute et aux
terrains que l'autoroute va occuper dans le centre-ville. C'est ma
première question. Deuxièmement, si une évaluation avait
été faite des taxes qui seront perçues en moins par la
ville de Montréal et par les autres municipalités... Non. Il n'y
en a pas d'autres... Oui, par les autres municipalités concernées
par le tracé de l'autoroute?
M. PINARD: M. Connelly va faire certains calculs et répondra par
la suite, Si vous avez d'autres questions auxquelles je peux répondre
moi-même.
M. LAURIN: Comme de raison, on ne sait pas définitivement le
tracé de l'autoroute dans le centre de Montréal. On sait qu'il a
été question de deux tracés. Est-ce que les études
dont je parle ont été faites pour les deux tracés, afin
qu'on puisse comparer le coût des taxes qui ne sont pas perçues,
en plus ou en moins, pour l'un ou pour l'autre tracé aussi bien en ce
qui concerne les commerces, les habitants et les industries?
Est-ce que les études ont été faites pour les deux
tracés?
M. PINARD: Oui, il y a eu des études comparatives sur le
tracé Rouen et sur le tracé Notre-Dame. Il faudrait que vous vous
souveniez qu'à l'époque le ministère de la Voirie avait
plutôt choisi le tracé de la rue Notre-Dame que le tracé de
la rue Rouen. C'est la ville de Montréal qui, en 1967, est revenue sur
sa décision et a proposé que le ministère construise le
prolongement de la route est-ouest selon le tracé de Rouen.
Evidemment, le ministère de la Voirie a fait des études
pour voir combien de millions de plus ça coûterait et nous avons
calculé à l'époque que ça coûterait entre $23
millions et $25 millions de plus que pour le tracé de la rue Notre-Dame.
Mais malgré tout, la ville de Montréal insistait pour choisir le
tracé de la rue Rouen et maintenant nous sommes revenus au tracé
de la rue Notre-Dame après de nombreuses rencontres, après des
discussions avec les membres du service d'urbanisme de la ville de
Montréal, avec le maire, avec M. Saulnier, d'une part, et avec M.
Niding, le nouveau président du comité exécutif.
Ces études-là sont-elles complètes au point de
pouvoir donner quelle serait la diminution du rendement de la taxe
foncière et des autres taxes selon un tracé ou un autre? Je
l'ignore. M. Connelly me dit qu'il est en mesure de répondre. Je lui
laisse le temps de corriger certains chiffres. Je ne voudrais pas les donner
moi-même, parce que je n'ai pas eu à les vérifier ces
chiffres-là.
M. LAURIN : Il reste que ces sommes-là sont défalquer des
coûts des avantages financiers, des avantages économiques dont on
peut faire état lorsqu'il s'agit d'un travail de cette envergure.
M. PINARD: Par contre, il faut garder en mémoire la
possibilité d'investissements dans un tracé ou en bordure d'un
tracé par rapport à la possibilité d'investissements en
bordure d'un autre tracé.
M. LAURIN: Malgré que ces investissements sont
hypothétiques.
M. PINARD: Oui, mais il y en a qui sont certains, annoncés, comme
Place Desjardins, comme Place Dupuis.
M. LAURIN: Est-ce qu'ils sont en rapport avec l'autoroute? Est-ce que
vous pouvez assurer que ces investissements ne se seraient pas faits si
l'autoroute n'avait pas emprunté le trajet dont il est question?
M. PINARD: En ce qui concerne Place Desjardins, je suis bien
placé pour vous dire que Place Desjardins n'aurait pas investi, n'aurait
pas pris de décisions favorables pour aller de l'avant, avec son projet,
si l'autoroute Est-Ouest n'avait pas été prolongée.
M. LAURIN: Est-ce que vous pouvez l'assurer uniquement pour Place
Desjardins?
M. PINARD: Dans le cas de Place Dupuis, cela a été un des
éléments qui a été fortement retenu parce qu'il y
avait un gros problème de rentabilité.
M. LAURIN: Nous avons quand même étudié les
tracés de l'autoroute Décarie et les tracés du boulevard
Métropolitain. Nous n'avons pas constaté, en tout cas
d'après nos études, que le nombre des investissements commerciaux
et industriels a tellement augmenté par suite de la construction de ces
prolongements d'autoroutes.
M. PINARD: Peut-être à cause des caractéristiques de
l'autoroute elle-même qui est en dépression, sur une assez longue
distance, et en voies élevées à d'autres endroits. Ce
n'est peut-être pas tout à fait le même problème que
vous retrouverez dans le prolongement de l'autoroute Est-Ouest, dans la partie
est surtout.
M. PICARD: M. le Président, j'aurais une question. Vous avez
référé aux investissements, de l'ordre industriel, le long
de l'autoroute Décarie et du boulevard Métropolitain. Vous
demeurez dans les environs. Il n'y a peut-être pas eu tellement
d'investissements d'ordre industriel le long de l'autoroute Décarie,
mais résidentiel, sous forme de maisons d'appartements. Vous
n'êtes tout de même pas aveugle.
Depuis que ce boulevard est construit, le nombre de maisons
d'appartements, ce qu'on appelle les "high rise", il y en a des deux
côtés du boulevard Décarie.
M. LAURIN: Une bonne partie de ceux-là...
M. PICARD: Sur le plan industriel, dans le cas du boulevard
Métropolitain, il passe dans mon comté. Je peux vous assurer que
sur les deux côtés, vous avez des industries qui n'existaient pas
là, avant la construction du boulevard Métropolitain. Elles ne
seraient certainement pas installées là si on n'avait pas
construit cette autoroute.
M. LAURIN: Est-ce que vous pouvez le vérifier, l'assurer?
M. PICARD: Ecoutez, je passe là tous les jours.
M. LAURIN: Parce que je connaissais la Côte-de-Liesse, avant que
le boulevard Métropolitain soit bâti. Quand même,
c'était de l'espace libre qui s'offrait tout naturellement à
l'expansion de la ville de Montréal.
M. PICARD: Sans doute, avec une voie, avec une route de 22 pieds de
large.
M. LAURIN: Oui, bien sûr, mais, bien entendu, au fur et à
mesure que l'assiette industrielle de Montréal se prolongeait, il
fallait bien qu'elle se prolonge quelque part. C'étaient des espaces qui
s'offraient tout naturellement à l'expansion industrielle. Depuis le
temps que j'y passe quand j'étais jeune, j'ai bien vu que...
M. PICARD: Avec les moyens de communication. Vous avez...
M. LAURIN: Evidemment.
M. PICARD: Vous avez vécu l'histoire du boulevard de la
Côte-de-Liesse avec la route de vingt pieds de largeur, à la file
indienne, tous les matins et tous les soirs. Vous avez vécu
ça?
M. LE PRESIDENT: MM. les députés, à l'ordre, s'il
vous plaît! Je serais bien d'accord que vous vous adressiez à la
présidence; je pense que c'est un peu dans cet esprit que nous allons
pouvoir en sortir. Si, à un moment donné, que ce soit d'un
côté ou de l'autre de la table, on entretient des monologues ou
des dialogues, enfin, ce qu'on voudra...
M. PICARD: M. le Président, la raison...
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'on n'en sortira pas.
M. PICARD: La raison de mon intervention...
M. LE PRESIDENT: Mais si votre intervention est dans le but d'expliciter
la pensée du représentant du comté de Bourget, j'en suis.
Mais si c'est pour entretenir une conversation, je dois vous dire que ce n'est
pas le temps.
M. PICARD: M. le Président, je m'adresse à vous, la raison
de mon intervention, c'est que le député de Bourget a dit tout
à l'heure qu'on a fait des études sur le développement
industriel dans l'emprise de chaque côté du boulevard
Décarie et du boulevard Métropolitain et qu'on n'a rien
trouvé d'extraordinaire.
M. LE PRESIDENT: Je considère ça comme une opinion moi
aussi, en ce qui me concerne. Mais il s'adresse quand même, via la
présidence, au ministre qui aura à répondre aux questions
ou aux avancés du député de Bourget.
M. LAURIN: J'ai tout simplement voulu souligner par ma réponse
qu'on ne peut pas assimiler le cas de l'ancien chemin de la
Côte-de-Liesse à un chemin qui passerait en plein centre de la
ville où tout est déjà développé et
où il faut détruire pour construire. Ce n'est pas du tout la
même chose. La zone qu'occupait le boulevard Métropolitain
s'offrait tout naturellement à l'expansion.
M. PICARD: Prenez dans ce cas le boulevard Décarie.
M. LAURIN: ... alors que, dans le centre-ville, ce n'est pas du tout la
même chose.
M. PICARD: Et Décarie, je suppose que c'est en plein champ !
M. LAURIN: Non, mais Décarie avait bien des choses qui
étaient sur place avant que l'autoroute soit construite. Il y avait
Hampstead, il y avait la ville de Saint-Laurent, qui étaient reconnues
comme étant des zones industrielles. De toute façon, je ne sais
pas si monsieur a déjà les réponses...
M. PINARD: Oui. La voie rapide, à partir de la côte Turcot
jusqu'au pont-tunnel Lafontaine, aura une, longueur de 199 arpents;
l'entrée y sera de 150 pieds pour la voie rapide elle-même et
l'emprise pour les voies de desserte sera de 66 pieds. Vous avez donc une
longueur de 9.4 milles. Quant à la perte de revenus, il nous faut dire
qu'en général elle est fortement compensée par la
plus-value qui sera donnée à cause de la construction de
l'autoroute elle-même.
M. LAURIN: Mais, encore une fois, c'est plutôt
hypothétique, la plus-value.
M. PINARD: C'est-à-dire que c'est maintenant un fait
vérifié. A d'autres endroits...
M. LAURIN: Je voulais savoir si les calculs avaient été
faits sur les diminutions de revenus en ce qui concerne la ville de
Montréal et les autres municipalités que traversera ce
tronçon d'autoroute, en ce qui concerne aussi bien les logements
habituels que les commerces, que les industries. Je voulais savoir simplement
si l'étude avait été faite et si vous aviez des
chiffres.
M. PINARD: Je sais que la ville de Montréal a
procédé à de telles études, mais malheureusement je
ne les ai pas en dossier. Mais nous sommes en négociations avec la ville
de Montréal et je ne pense pas que ce soit là un argument de
taille qui permet à la ville de Montréal de contester...
M. LAURIN: Mais, ce n'est pas tellement à titre...
M. PINARD: ... notre décision d'aller de l'avant. Au contraire,
nous nous sommes très bien entendus, sauf que nous sommes à
négocier le nombre d'entrées et de sorties au centre.
D'après les rapports que j'ai eus de ces discussions, il semblerait
qu'il n'existe plus de problème à ce niveau.
M. LAURIN: Oui, mais ce n'est pas tellement, encore une fois, à
titre d'argument pour le moment, que je voulais... C'était plutôt
du matériel que nous voulions avoir justement pour nous permettre,
à nous, d'évaluer le coût exact, en plus ou en moins, de
pareils investissements. C'est bien sûr que nous tenons compte des
investissements possibles qui peuvent arriver plus tard, mais on voulait les
comparer avec les pertes également parce que tout projet comporte son
avers et son revers, il ne peut comporter que des avantages.
M. PINARD: Par le coût des expropriations, nous pouvons voir
quelle est la perte possible en multipliant le coût des expropriations au
total par le montant de la taxe, soit scolaire ou municipale.
M. LAURIN: Pourriez-vous nous rappeler tout de suite le coût total
des...
M. PINARD: Les expropriations vont totaliser la somme de $60
millions.
M. LAURIN: Oui, il faudrait ensuite faire notre calcul pour les taxes
scolaires et les taxes municipales.
M. PINARD: Oui.
M. LAURIN: Et ça, vous l'avez pour les...
M. PINARD: Nous l'avons certainement en dossier, soit au service de
l'urbanisme ou au service de relogement de la ville de Montréal,
peut-être même au service des expropriations. Mais je n'ai pas cru
bon de faire venir M. Roger Trudeau pour la discussion de cet
après-midi.
D'ailleurs, c'est un calcul rapide à faire; vous n'avez
qu'à prendre le montant des expropriations pour tant de milles de route
multiplié par le taux de taxe.
M. LAURIN: Bon, en ce qui concerne maintenant la pollution, est-ce que
vous avez évalué le nombre d'automobiles? Est-ce que vos
études de circulation vous ont permis d'évaluer le nombre
d'automobiles qui pourraient circuler sur ce tronçon de l'autoroute,
selon la courbe des années, par exemple?
Ce sera terminé en quelle année, ce tronçon de
l'autoroute de la côte Turcot jusqu'à Hippolyte-Lafontaine? Est-ce
que vous avez fait une étude du nombre de véhicules...
M. PINARD: Oui, alors, je pense... M. LAURIN: ... d'année en
année...
M. PINARD: J'ai déclaré qu'il y aurait seulement 80,000
véhicules qui emprunteraient l'autoroute Est-Ouest.
M. LAURIN: Vous avez dit ça en vrac. Est-ce que c'est
détaillé sur tant de milles la première année
après la complétion...? Est-ce qu'il y a une projection qui a
été faite?
M. PINARD: C'est une projection qui a été faite jusqu'en
1981.
M. LAURIN: 1981. 80,000 par jour. Et vous comptez que l'autoroute va
être terminée en quelle année à peu près?
Nous sommes en 1971.
M. PINARD: Selon nos prévisions nous devrions terminer nos
travaux jusqu'à la rue Sanguinet en 1973. Selon les
disponibilités budgétaires, nous devrions prolonger nos travaux
en direction du tunnel Hippolyte-Lafontaine. Il resterait un montant de $91
millions de travaux à adjuger par voie de contrat à la suite de
demande de soumissions publiques.
M. LAURIN: Je vous pose cette question parce que les études de
circulation qui avaient été faites...
M. PINARD: A l'heure actuelle, il y a $86 millions de travaux qui sont
adjugés par voie de contrat à la suite de demande de soumissions
publiques. Pardon, $94 millions de travaux ont été adjugés
comme valeur globale mais il y a déjà $8 millions qui sont
actuellement dépensés.
M. LAURIN: Parce que les études de circulation...
M. PINARD: $6 millions en fait d'expropriation et $2 millions en fait de
génie.
M. LAURIN: ... qui avaient été faites sur l'autoroute
Décarie et sur le boulevard Métropolitain avait montré,
semble-t-il, que le point de saturation avait été atteint plus
tôt que les études l'avaient laissé croire. En somme,
l'augmentation du parc-automobiles est toujours plus rapide que les estimations
les plus conservatrices, semble-t-il, le laissent prévoir.
M. PINARD: Sur Décarie, il y a utilisation plus forte que
prévue. Mais l'autoroute elle-même n'a pas atteint le point de
saturation. Loin de là, il y a eu une utilisation plus forte, dès
le départ, que nous l'avions prévu.
M. CHARRON: Et l'autoroute Bonaventure par rapport à cela.
M. PINARD: Le Conseil des ports nationaux en a la responsabilité
avec la ville de Montréal.
M. CHARRON: Je sais que ce n'est pas le ministère de la Voirie du
Québec. Mais il reste quand même...
M. PINARD: Le Conseil des ports nationaux et la ville de Montréal
ont transigé ce tronçon.
M. CHARRON: Est-ce que le ministère est au courant, même si
cela ne relève pas du ministère de la Voirie, de l'utilisation,
présentement faite de l'autoroute Bonaventure? Est-ce que cette
utilisation est maximale ou en deçà des prévisions
faites?
M. PINARD: Il y a certainement des études de circulation qui ont
été faites, même sur une section d'autoroute qui n'est pas
la responsabilité directe du ministère de la Voirie, pour voir
les différences, par exemple, dans l'utilisation d'une autoroute par
rapport à une autre. Malheureusement, je n'ai pas ces chiffres de
mémoire et je n'ai pas les dossiers ici.
M. CHARRON: Dans l'article de la Presse que j'ai cité, lorsqu'on
a commencé à étudier les crédits, qu'on veut vouer
à l'autoroute, dans cet article de la Presse du 15 mars, ou à peu
près, on disait ce que vous venez de confirmer: "que l'autoroute
Décarie avait probablement une utilisation plus forte que prévue,
mais par contre l'autoroute Bonaventure avait une utilisation moins forte que
prévue." On disait cela dans l'article de la Presse.
M. PINARD: Il faut bien comprendre que l'autoroute Bonaventure a
été construite en fonction du prolongement de l'autoroute
Est-Ouest. C'est un tout, intégré.
M. LAURIN: De toute façon, cela semble confirmer ce que nous
avons dit, à quelques reprises. La construction d'autoroutes donne une
sorte de stimulus à la circulation automobile. On peut prévoir
une augmentation du coût en tonnes de circulation quand il y a une
autoroute.
M. PINARD: Il ne faut pas discuter dans l'absolu comme cela. Là
se trouve la fausseté de votre postulat. Dès le départ de
la discussion. Si vous tenez pour acquis que la construction d'une autoroute
augmente, en soi, le nombre de véhicules automobiles...
M. LAURIN: Comme une invitation à laquelle l'automobiliste ne
peut pas résister.
M. PINARD: ... comme une invitation. C'est beaucoup plus rétif
que cela. Cela dégage le réseau routier urbain. Cela donne un
choix à l'automobiliste d'aller plus rapidement sur une autoroute que
d'avoir à circuler, comme par le passé, sur une trame de rues
à caractère urbain où la circulation est beaucoup plus
lente, où il y a de multiples feux de circulation.
S'il y a 1,000 véhicules sur une distance donnée, par
exemple sur la rue Notre-Dame, cela augmente de beaucoup la pollution, si ces
automobiles circulent sur la rue Notre-Dame plutôt que si elles
circulaient sur un boulevard rapide alors que la vitesse de pointe serait
supérieure et que les vents et le fait d'avoir une vitesse
accélérée chassent plus rapidement les gaz toxiques. C'est
prouvé, non seulement en laboratoire, mais c'est prouvé aux
Etats-Unis, là où il y a des autoroutes. J'ai ici un
article...
M. LAURIN: Oui, je me rappelle les chiffres que vous nous aviez
cités, 0.11.
M. PINARD: ... qui dit qu'il y a une diminution très
considérable du taux d'oxyde de carbone sur une autoroute où la
vitesse peut être de 45 ou 50 milles à l'heure, par rapport au
taux de pollution qui existe sur la trame urbaine.
M. LAURIN: Je me rappelle. Vous aviez cité cela, 0.11
comparé à 0.42.
M. PINARD: Cela, ça n'a été démenti par
personne.
M. LAURIN: Il reste justement que cela vaut seulement à deux
conditions. Cela vaut en dehors des heures de pointe, parce que dans les heures
de pointe la circulation est tellement ralentie qu'à ce moment-là
le taux d'oxyde de carbone, au contraire, est porté à augmenter
parce que cela va très lentement. Cela vaut dans le cas où il n'y
a pas d'avatars, d'incidents de parcours.Par exemple, on sait que sur le
boulevard Métropolitain, quand il y a un accident, la moindre petite
anicroche, la circulation est ralentie considérablement. Les automobiles
arrêtent et, là, l'oxyde de carbone se dégage en
quantité. Troisièmement, cela vaut dans la mesure où
justement les autoroutes ne sont pas congestionnées à demeure
comme le cas du boulevard Métropolitain.
M. PINARD: Sur 365 jours par année, l'in- cidence des accidents
est beaucoup moins forte sur le boulevard Métropolitain qu'à tout
autre endroit de la ville de Montréal sur la trame urbaine et le
degré de pollution, 365 jours par année, est inférieur sur
le boulevard Métropolitain qu'il ne l'est sur le réseau routier
urbain à ras le sol, où c'est déjà
congestionné.
M. LEGER: Combien de voies allez-vous avoir sur la...
M. PINARD: Huit voies.
M. LEGER: Cela veut dire quatre de chaque côté.
M. PINARD: Avec des voies de desserte, aussi.
M. LEGER:Vous calculez qu'avec quatre voies de chaque côté,
vous allez éviter les embouteillages?
M. PINARD: Il y aura un accotement pour éviter l'arrêt de
la circulation en cas d'accident...
M. LEGER: Parce que vous calculez qu'avec quatre voies...
M. PINARD: ... pour ne pas répéter l'erreur du boulevard
Métropolitain, par exemple.
M. LEGER: C'est cela. Vous calculez qu'avec quatre voies, en 1976, c'est
à ce moment que cela va fonctionner peut-être cette
chose-là ou en 1975, cela va être suffisant pour ne pas
répéter les mêmes erreurs qu'il y a eues avec le boulevard
Métropolitain où, à toutes les heures de pointe, au
moindre accident qu'il y a personne ne peut débarquer de l'autoroute.
Ils sont pris là pour...
M. PINARD: Je viens de dire qu'il y a une voie de dégagement, une
voie qui sert d'accotement. S'il y a une automobile en panne, à ce
moment-là...
M. LEGER: Personne ne prendrait cette voie de
dégagement-là, même dans la période de circulation
dense?
M. PINARD: Comme sur l'autoroute des Laurentides, la circulation des
automobiles serait défendue sur la voie d'accotement. Ce serait
seulement pour les automobilistes en panne, en cas de danger, en cas de...
M. CHARRON: Mais je reviens à l'argument que soulignait le
député de Bourget tout à l'heure, un argument que
nous-mêmes avions souligné jeudi dernier. En admettant que les
chiffres actuels prouvent que la pollution est moins élevé sur le
boulevard Métropolitain que sur les rues à côté, le
même cas peut se produire
dans le cas de cette autoroute. J'ajouterais, comme une des conditions
énumérées par le député de Bourget, que cela
dépend aussi du nombre d'automobiles que l'autoroute va permettre de
déverser sur les autres rues, c'est-à-dire des rues
déjà polluées, où le taux de pollution est
déjà énorme; peut-être que sur le tronçon
d'autoroute lui-même, à cause de la vitesse, à cause du
vent, à cause de tout ce que vous pouvez donner, la pollution sera la
même, mais ces automobiles, se retrouveront tôt ou tard sur les
rues simples, comme Peel, comme Stanley, le boulevard Maisonneuve, qui,
à ce moment-là, augmenteront le taux de pollution
déjà élevé.
La pollution comme telle ne sera pas nécessairement sur
l'autoroute j'admets les arguments en votre faveur sauf qu'elle
va aider considérablement à l'augmenter dans les rues qui
tôt ou tard par une voie de sortie ou une autre devront accepter les
autos qui quittent les autoroutes.
J'apportais comme argument, jeudi soir dernier, que le type va
peut-être prendre cinq minutes pour se rendre de la ville d'Anjou
à Peel et à Sainte-Catherine en admettant qu'il y ait une
sortie là mais de Peel et Sainte-Catherine pour se rendre
à Sherbrooke et Peel, ça va peut-être lui prendre quinze
minutes, parce que là ça va être complètement
congestionné.
L'autoroute va être un déversoir d'automobiles dans les
rues plus petites déjà congestionnées et
déjà polluées.
M. PINARD: Je ne pense pas que ce soit encore là absolu parce que
vous discutez dans l'absolu il faut quand même...
M. CHARRON: Où vont-elles aller ces autos-là? Elles vont
sortir dans les rues de Montréal...
M. PINARD: Elles s'en vont d'un point à un autre point qui est
assez éloigné. Par exemple, celui qui a à travailler au
centre-ville et dont la résidence est en périphérie de
Montréal ou aux extrémités de la ville de Montréal,
il va choisir l'autoroute pour s'en aller rapidement de son lieu de travail
à sa résidence. Il n'empruntera pas le réseau routier
urbain et ne voudra pas être pris dans les embouteillages aux heures de
pointe et ne voudra pas attendre aux multiples intersections où il y a
des feux de circulation. Alors, il ne polluera pas autant l'atmosphère
qu'il le faisait, parce qu'il va utiliser l'autoroute, maintenant que les
compagnies de fabrication d'automobiles ont décidé de combattre
elles aussi la pollution... Une récente conférence sur la
préservation de l'environnement à la General Motors fait dire au
président de cette compagnie que les voitures de 1970 émettent
déjà 80 p. c. d'oxyde carbone et 65 p. c. d'hydrocarbure en moins
qu'avant qu'on ne commençât à s'occuper de ces
problèmes.
Il a ajouté que d'ici 1975 de nouveaux et très importants
progrès seraient accomplis et qu'on pourrait compter sur une
réduction de 95 p. c. de l'émission des hydrocarbures. Pour
l'oxyde de carbone la réduction sera de 85 p. c. et elle
dépassera 80 p. c. pour l'oxyde d'azote. Dans ces conditions, le
président ajoutait: L'automobile ne devrait plus être
considérée comme un élément majeur de
pollution.
Je pense que c'est vrai qu'il y a un effort du côté des
compagnies qui fabriquent des automobiles pour en arriver à une lutte
efficace contre la pollution. Autrement les gouvernements vont agir et ils vont
être obligés comme ils le font aux Etats-Unis et comme ils
le font également au Canada de forcer les compagnies à
fabriquer des instruments qui vont être mis en place sur les voitures
pour diminuer la pollution.
M. LEGER: Combien prévoyez-vous d'entrées et de sorties
soit venant de l'est vers l'ouest, soit venant de l'ouest vers l'est à
partir d'Hippolyte-Lafontaine presqu'au commencement, à l'ouest,
jusqu'à l'échangeur Turcot? Combien d'entrées et de
sorties tout le long de ces 9.25 milles d'autoroute?
M. PINARD: Combien d'entrées et de sorties...
M. LEGER: Disons que je pars de la ville d'Anjou et que je vais à
l'échangeur Turcot. Combien y a-t-il d'entrées et de sorties de
l'est à l'ouest?
M. CHARRON: Combien d'occasions de sortir, de quitter l'autoroute
jusqu'à l'échangeur Turcot?
M. PINARD: Il y a une entrée à tous les milles de
route.
M. LEGER: Cela veut dire environ neuf entrées?
M. PINARD: Moins que ça, parce qu'il y a les deux points...
M. LEGER: Sept entrées. Et les sorties, à peu près
le même nombre.
M. PINARD: Six ou sept.
M. LEGER: Sept entrées et sept sorties, à peu
près.
M. PINARD: Par entrée et sortie on entend un rond-point complet,
comme sur l'autoroute des Laurentides. C'est l'exemple que je prends.
Vous prenez une entrée et une sortie. Vous entrez et vous sortez
dans toutes les directions.
M. CHARRON: Avec un pont en haut qui permet de revenir.
M. PINARD: Il y a différentes manières...
M. LAURIN: N'y a-t-il pas des goulots d'étranglement à la
sortie de ce rond-point lorsque la connexion se fait entre l'entrée et
la sortie et l'artère en question? On a vu ça sur
Christophe-Colomb, sur Saint-Hubert.
M. PINARD : Toutes les études de la circulation à chaque
intersection, ont été faites, ont été
dessinées en fonction de la capacité ou du nombre des automobiles
qui passeront. C'est pour cette raison, en fait, qu'on ne pouvait pas, sur la
rue Green, se permettre de bloquer une entrée.
M. LEGER: Vous aviez quatorze entrées et quatorze sorties en
réalité. Sept qui partent de l'est, pour embarquer sur
l'autoroute, vers l'ouest et sept qui descendent. De l'autre
côté...
M. PINARD: Cela fait 28, si vous aimez mieux, mais tout dépend.
Vous pouvez avoir une sortie, entre autres, si on part de l'est vers l'ouest
je ne sais pas quelle intersection je peux prendre . Par exemple,
la côte Turcot, si on veut sortir, au lieu de distribuer la circulation
sur une rue, on peut avoir une sortie de l'autoroute qu'on déversera
dans trois rues, pour partager le flot de circulation. Evidemment, je lis moi
aussi les journaux. Dans la Presse, une fois, on montrait seize, dix-sept ou
dix-huit entrées et sorties à Bonaventure. En fait, c'est une
entrée qui peut se partager en quatre rues afin de distribuer la
circulation et de ne pas tout centraliser dans la même rue.
M. LEGER: Le but premier de cette autoroute, était-il une voie de
transit rapide pour quelqu'un qui veut traverser la ville, pour permettre
à des gens d'entrer dans la ville?
M. PINARD : Ce sont les deux fonctions. C'est une autoroute de
dégagement qui fera le tour de l'île de Montréal, en somme.
Elle s'intégrera à tout le réseau routier rapide qui a
été mis en place pour l'Expo. C'est la continuation logique de ce
qui a été entrepris. A mon avis, il faut absolument parfaire
cette autoroute pour lui donner tous les bénéfices à
caractère économique prévus à l'époque, et
aussi pour rentabiliser les investissements industriels et commerciaux qui ont
été faits jusqu'ici, pour la création de nouveaux
complexes domiciliaires, complexes à bureaux, nouveaux complexes
industriels, également.
M. LEGER : Quand vous avez fait ces études, est-ce que vous avez
comparé la possibilité de la route 3 actuelle, qui rend le
même service, sauf les déversements dans la ville elle-même?
Est-ce que vous avez calculé la possibilité d'avoir plutôt
un pont et de laisser la route 3 être la voie de transit rapide de l'est
à l'ouest, avec les différents ponts qui permettent d'entrer dans
la ville et de ne pas inscrire cette autoroute à l'intérieur des
milieux urbains? Est-ce qu'il y a eu des études pour comparer quelle
serait la différence au niveau de la rentabilité, de la
circulation et du...?
M. PINARD: Actuellement, cela existe déjà.
M. LEGER: Le dernier pont est Jacques-Cartier et après, c'est
Hippolyte-Lafontaine. Toute la partie du territoire que la population conteste
est la partie de Delorimier jusqu'à Hippolyte-Lafontaine. Est-ce qu'il a
été question, à un moment donné, dans vos
études d'avoir plutôt un pont dans la région de Pie IX qui
serait à moitié chemin entre Delorimier pour que la voie de
transit soit en dehors de l'île de Montréal et que les gens aient
la possibilité d'y aller quand même?
M. PINARD: Je vais demander non pas à un politicien mais à
un technicien de vous répondre à ce sujet. Actuellement, la route
3 sur le bord de l'eau est aussi une voie périphérique. Si
quelqu'un entre dans l'île de Montréal et se dirige vers
Repentigny, il peut prendre le pont Mercier et aller prendre la route 3,
contourner l'île de Montréal, complètement, sans venir nous
encombrer.
Tandis que la voie Est-Ouest, on l'a calculée, pour que quelqu'un
qui a affaire au centre-ville n'ait pas à voyager plus d'un mille, un
mille et demi sur les rues locales; du moment que son voyage est plus d'un
mille, un mille et demi, il peut emprunter l'autoroute et dégager les
rues locales.
Cela améliore la circulation et ça donnera une
facilité au transport des marchandises.
M. CHARRON: Donc, parmi les deux fonctions que vous reconnaissiez
à vos projets d'autoroutes, la première c'est celle de permettre
à ceux qui veulent atteindre le centre-ville de le faire. Parce que,
comme vous le dites, la deuxième qui serait celle d'une voie de transit,
est déjà fournie par la route 3.
M. PINARD: C'est-à-dire un grand transit. Quelqu'un qui n'a
presque pas affaire dans la ville de Montréal peut emprunter la route 3.
Mais on peut prendre la route Est-Ouest pour dégager le centre-ville. Si
quelqu'un a affaire au coin de Peel et Sainte-Catherine, qu'il puisse y aller
à partir de Lachine ou à partir de la ville d'Anjou se rendre
dans ce coin sans perdre trois quarts d'heure dans les rues de la ville. Il
peut se rendre dans dix ou quinze minutes.
M. LEGER: Il prend Hippolyte-Lafontaine et aboutit par le boulevard
Champlain et aboutit par la route de Bonaventure.
M. PINARD: Oui, il peut le faire, mais ça va lui prendre trois
fois le temps.
M. PICARD: Il faudra passer par Ottawa, et revenir par Boston...
M. LEGER: C'est plus rapide que d'aller à l'intérieur de
la ville. Je le fais régulièrement.
M. LAURIN: M. le ministre, si vous avez prévu sept entrées
et sorties sur ce tronçon d'autoroute, ça veut dire que ça
va être utilisé surtout pour le centre de la ville. Et même
si je suis prêt à admettre avec vous que le taux de pollution qui
s'échappe des tuyaux de dégagement diminue, il reste que la
multiplication de ces entrées et de ces sorties va augmenter le nombre
de véhicules dans le centre-ville. Cette augmentation compense pour la
diminution de pollution que les techniciens sont en train d'obtenir avec
l'amélioration des procédés de fabrication d'automobiles.
Donc, la conclusion reste la même: la pollution venant des automobiles
va, au mieux, se maintenir au même niveau et même probablement
augmenter si on compte le nombre d'automobiles qui vont emprunter ces
entrées et ces sorties.
M. PINARD: Alors, votre argument se résume à peu
près à ceci. C'est que les autoroutes urbaines engendreront une
augmentation de circulation dans les zones qu'elles desservent.
M. LAURIN: C'est ça.
M. PINARD: Alors, à cet argument-là, voici la
réponse. Nous prétendons que cet avancé ne correspond tout
simplement pas aux faits. Nous citons trois exemples: après l'ouverture
du "Congress Street Express Way" à Chicago, on a mesuré les
réductions de circulation suivantes sur les artères
parallèles à cette voie rapide. Sur la rue A, située
à un quart de mille de l'autoroute, il y a eu 63 p. c. de
réduction. Sur la rue B située à un demi-mille de
l'autoroute, 45 p. c. de réduction. Sur la rue C située à
un demi-mille de l'autoroute, 48 p. c. de réduction. Sur la rue D
située à cinq huitièmes de mille de l'autoroute, 44 p. c.
de réduction. Sur la rue E située à un mille et demi de
l'autoroute, 14 p. c. de réduction. Sur la rue F située à
deux milles de l'autoroute, 22 p. c. de réduction.
A Los Angeles, dans les artères principales parallèles au
"Harbor Freeway", on a mesuré 70 p. c. de réduction. Au
"Hollywood Freeway," on a mesuré 40 p. c. de réduction. Au "San
Bernardino Freeway", on a mesuré 13 p. c. de réduction. Au "Santa
Anna Freeway", on a mesuré 49 p. c. de réduction. A San Francisco
où l'on construisit les autoroutes du centre-ville entre 1953 et 1959,
la circulation entrant et sortant du centre-ville a augmenté de 60 p. c.
de 1953 à 1970 alors que la circulation sur les rues du centre-ville n'a
augmenté, par rapport à 1953, que de 5 p. c. durant la même
période après une réduction initiale moyenne d'environ 20
p. c.
Pourquoi? Parce que les rues du centre-ville, étant donné
qu'elles ont un nombre suffisant d'accès et de sorties aux autoroutes,
ne servent plus au transit interzone qui est évidemment canalisé
par les voies rapides.
C'est l'expérience vécue ailleurs qui nous a permis de
faire des études et d'analyser les tableaux que je viens de vous donner
et de nous indiquer quelle était la voie à suivre à
Montréal qui n'est pas tout à fait une ville comme les autres
à ce point de vue-là.
Je voudrais tout de suite en profiter pour répondre à
votre argument majeur qui est la pierre d'assise de toute votre argumentation
depuis que nous sommes en discussion sur l'autoroute Est-Ouest. Vous prenez
comme postulat de base que Montréal, compte tenu de la superficie de son
territoire, compte tenu de sa population d'environ 3 millions d'habitants, est
la ville où il y a le plus de milles d'autoroute urbaine ou
périphérique, ce qui est absolument faux.
M. LAURIN: Je n'ai pas dit que c'était la ville où il y en
avait le plus. J'ai dit que ça allait dans le sens d'une
évolution qui était condamnée par les gens d'urbanisme.
C'est ce que j'ai dit.
M. PINARD : J'accepte votre mise au point, sauf que vous vous en faisiez
un argument tout comme si Montréal était à peu près
dans une situation identique à la ville de Los Angeles, à la
ville de Chicago, de Boston, de New York, de San Francisco, etc.
M. LAURIN: Je citais Los Angeles plutôt pour mettre en garde le
gouvernement contre une évolution qui nous semblait ne pas aller dans le
sens de l'avenir au point de vue...
M. PINARD: Si vous me le permettez, je vais répondre à
cela.
M. PICARD: M. le Président, est-ce que le ministre me permettrait
une question sur la...
M. PINARD: J'aimerais bien répondre directement à cette
question-là...
M. PICARD: ... sur ce que vient de donner le...
M. PINARD: ... et par la suite, si vous voulez, vous me poserez une
question de façon que je puisse préciser davantage si besoin
est.
M. PICARD: C'est parce que là vous vous en allez sur le nombre de
milles d'autoroutes. C'est ça que vous faites.
M. PINARD: Non, non. C'est tout le principe de la construction de
l'autoroute urbaine qui est remis en question comme si à Montréal
on n'avait pas besoin du prolongement de
l'autoroute Est-Ouest. Alors nous disons, nous, à la Voirie, que
Montréal n'est pas dans la situation des autres villes qu'on prend comme
points de repère. C'est peut-être parce qu'en plusieurs villes
américaines on a atteint un réseau suffisant d'autoroutes que le
maire Lindsay, par exemple, peut dire aujourd'hui qu'il pense à de
nouvelles formules de transport en commun, qu'il ne permettrait plus la
construction d'autoroutes en plein coeurs de sa ville, etc. Pourquoi? Parce que
New York, qui est à l'avant-garde par rapport à nous, a
commencé il y a plusieurs années à construire un
réseau autoroutier en son centre et en périphérie
également, a peut-être atteint ce point de saturation des
autoroutes.
UNE VOIX: Si je comprends, on retarde juste l'avènement d'un
maire Lindsay qui va dire la même chose en 1980.
M. PINARD: Un instant, je vais répondre à cela. A
Montréal, nous devons nous poser la question suivante: Avons-nous assez
d'autoroutes? Alors, nous allons examiner ensemble quelques chiffres.
En 1960, Chicago avait 113 milles d'autoroute urbaine par million de
population. Détroit avait 90 milles d'autoroute par million de
population. San Francisco qui, soit dit en passant, est avec Chicago selon le
préfet de. la ville de Paris, la ville la mieux aménagée
de l'Amérique, avait, en 1960, 220 milles d'autoroute par million de
population. A Seattle, 220 milles. Et nous pourrions continuer ainsi.
Où en est le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, pas en 1960, mais en 1971 au moment où nous faisons la
discussion de l'autoroute Est-Ouest? Nous en sommes à 27 milles
d'autoroute par million de population, soit trois fois moins qu'à
Détroit et huit fois moins qu'à San Francisco.
Si on reprend les mêmes longueurs d'autoroute en fonction du
nombre de voitures automobiles enregistrées, voici ce que l'on avait en
1960 aux Etats-Unis. A Chicago, 42 milles d'autoroute urbaine par 100,000
véhicules automobiles. A Détroit, 29 milles d'autoroute. A San
Francisco, 67 milles d'autoroute par 100,000 véhicules. A Seattle, 59
milles d'autoroute par 100,000 véhicules. A Montréal, en 1971
non pas en 1960 nous avons environ 10 milles d'autoroute, par
100,000 véhicules, soit encore trois fois moins qu'à
Détroit et sept fois moins qu'à San Francisco.
Comparons maintenant les longueurs d'autoroute par superficie de
territoire urbain. En partant toujours de 1960, nous avions à Chicago,
76 milles d'autoroute par cent milles carrés de territoire urbain. A
Détroit, 46 milles d'autoroute par 100 milles carrés de
territoire urbain. A San Francisco, 92 milles par 100 milles carrés de
territoire urbain. A Seattle, 56 milles d'autoroute par 100 milles
carrés de territoire urbain. A Montréal, en 1971, 28 milles
d'autoroute par 100 milles carrées de territoire urbain.
Ai-je besoin d'ajouter que nos collègues américains n'ont
pas chômé depuis dix ans, qu'une comparaison directe 1971-1971
serait encore plus éloquente.
Que s'est-il donc passé? Tout simplement que nos voisins du sud,
très conscients de l'importance du secteur du transport terrestre urbain
et interrurbain dans leur économie, ont agi en conséquence. Ils
sont peut-être allés trop loin mais n'oublions pas qu'au Canada
même, toutes les dépenses de transport terrestre équivalent
à environ 60 p. c. des budgets cumulés des gouvernements
provinciaux et fédéral. Il n'est pas question d'inciter
Montréal à suivre aveuglément l'exemple des villes
américaines que nous venons de citer et de proposer la multiplication
des autoroutes, mais tout simplement de démontrer que nous ne
péchons certainement pas par exagération dans ce domaine.
A ce moment-là, ça m'amène à vous parler du
système de transport en commun qui pourra rendre, à un certain
moment, les autoroutes urbaines désuètes ou indiquer aux
gouvernements soit celui du Québec ou d'autres gouvernements
de ne pas aller plus loin dans la construction des autoroutes mais
d'aller plutôt du côté du transport en commun. Par exemple,
nous songeons, à l'heure actuelle, au ministère de la Voirie,
à déborder le champ d'action et de construction de l'autoroute
proprement dite pour aller dans les formules nouvelles de transport en commun,
une fois que nous aurons réalisé, cependant, l'autoroute
périphérique Est-Ouest qui s'intégrera dans toute la
planification routière établie à partir des années
1955, qui a été hâtée pour les besoins et le
succès de l'Expo en 1967, et qui se poursuit à l'heure
actuelle.
Mais déjà en 1971, nous nous posons la question, au
ministère de la Voirie, et nous serons prêts à agir en
conséquence au moment indiqué, à choisir par exemple des
formules de transport en commun beaucoup plus nouvelles, comme le monorail. Ce
ne sera pas sous forme d'aérotrain avec un moteur à jet qui va
polluer l'atmoshpère tout comme l'avion le fait dans les airs et qui
cause un bruit infernal, si on l'entend et on le regarde fonctionner, par
exemple, sur la rampe expérimentale entre Lyon et Orléans, tout
près de Paris. Nous irons plutôt du côté du moteur
électrique, à induction linéaire, qui ne pollue pas
l'atmosphère, qui ne cause pas de bruit, qui a une structure assez
simple de fonctionnement qui peut être accroché en
porte-à-faux en plein milieu de l'emprise des autoroutes et qui
fonctionne, comme je viens de le dire, avec un moteur électrique,
à induction linéaire. Il fonctionne sans bruit, il est assez
rapide pour faire un transport à distance moyenne, d'un maximum de 40
à 50 milles, à ce qu'on me dit. Si l'on devait aller plus loin
dans l'exploration de cette formule, pour relier, par exemple, Ottawa à
Sainte-Scholastique, à ce moment-là, nous prendrions une autre
formule de transport à peu près semblable mais avec une
formule qui pourrait nous permettre d'atteindre une vitesse plus grande
pour franchir une plus longue distance dans un laps de temps acceptable aux
passagers qui auraient à choisir entre différentes formules de
transport: l'automobile, encore une fois, qui aurait à circuler sur une
autoroute Ottawa-Sainte-Scholastique, l'avion, l'hélicoptère ou
le train.
C'est dans ce genre de formules que nous sommes à faire des
expériences, que nous faisons de la recherche. Nous avons au
ministère de la Voirie un comité qui est déjà
formé et qui a visité plusieurs endroits où il se fait des
expériences de même nature. Nous sommes sur le point de prendre
une décision conjointement avec le gouvernement d'Ottawa relativement
à une formule de transport rapide entre un point donné dans une
ville pour aller dans une autre ville.
M. LEGER: M. le ministre, vous avez produit plusieurs chiffres. Mais,
est-ce que vous pouvez réellement comparer ces chiffres avec
Montréal, où le pourcentage de propriétaires de
véhicules automobiles, comparativement à la population, n'est pas
comparable, et, même à l'intérieur de Montréal,
où la partie ouest de Montréal a un pourcentage beaucoup plus
élevé de personnes ayant des automobiles que la partie que nous
contestons actuellement, la partie de l'est de Montréal, où les
propriétaires de véhicules automobiles sont beaucoup moins
nombreux que les chiffres que vous nous avez donnés l'indiquent
dans d'autres villes comme Chicago?
Je suis allé à Chicago et je voyais justement la fameuse
ceinture qui fait le tour, à l'intérieur de la ville même;
à l'intérieur de ça, il y a des commerces, mais il n'y a
pratiquement plus de gens qui résident là. Cela les a
envoyés de là, parce que ça les a étouffés,
ils sont tous partis de là.
Actuellement dans la section des comtés de Maisonneuve,
Sainte-Marie et Saint-Jacques, ces gens n'ont pas les moyens de s'en aller
immédiatement. Il y a un problème humain auquel il faut penser.
Cette barrière entre deux communautés, c'est justement une
barrière qui empêche la communication des personnes à
l'intérieur. Je prends comme exemple le boulevard Métropolitain
où vous avez séparé des communautés qui ne se
côtoient plus. Je prends un exemple dans le territoire du
député, de M. Picard, vous avez les paroisses Saint-Alphonse
d'Youville et Christ-Roi où les gens ne communiquent plus. La
barrière existe et les gens ne communiquent plus. C'est un obstacle
majeur aux communications des deux communautés. On arrive dans une
section où les gens ont beaucoup moins d'automobiles et ce ne sont pas
eux qui vont en bénéficier. Vous comparez vos chiffres avec des
villes où le pourcentage des personnes qui ont des véhicules
automobiles est de beaucoup supérieur à la nôtre. Et vous
dites que ç'a diminué le taux de participation. Le taux peut
être très gros parce que vous avez un pourcentage beaucoup plus
élevé de gens qui ont des automobiles dans ces régions que
dans la partie est de Montréal.
M. PINARD: ... dans le tracé de la ville Notre-Dame. Vous allez
admettre que nous allons beaucoup moins briser le tissu urbain, comme on l'a
prétendu, que si nous allions dans le tracé de la rue Rouen
où nous entrons vraiment dans une zone fortement urbanisée.
M. LEGER: C'est sûr que c'était pire!
M. PINARD: En allant du côté de Notre-Dame, nous longeons
le port de Montréal. Nous sommes presque en ligne avec des industries
installées en bordure du port. Nous causons beaucoup moins de dommages.
Nous détruisons moins de maisons, c'est-à-dire moins de
domiciles, si vous me le permettez.
M. LAURIN: Vous en détruisez encore beaucoup!
M. PINARD: Nous en détruisons, oui, c'est sûr. C'est une
conséquence et nous l'avons toujours admis. Sauf qu'après une
visite personnelle des lieux, après une expertise faite par des
personnes qui s'y connaissent en la matière, ce n'est pas la meilleure
qualité de maisons que nous avons dans ce territoire. Les gens que j'ai
moi-même interrogés, quand j'y suis allé, m'ont dit: Nous
sommes heureux de votre décision parce qu'enfin le gouvernement va
forcer quelqu'un à faire de la restauration domiciliaire ou à
activer la rénovation urbaine, ce que nous n'aurions pas eu si le
gouvernement n'avait pas pris la décision de prolonger l'autoroute dans
l'est.
Je pense que c'est une considération très importante dont
il faut tenir compte.
M. CHARRON: J'admets les...
M. PINARD: Nous allons forcer la ville de Montréal à agir.
Nous posons tout le problème du relogement. Cela a été un
des arguments de taille, je l'admets, du chef du Parti québécois,
mais je n'avais pas encore répondu. Je suis prêt à
répondre aujourd'hui.
M. CHARRON: Est-ce qu'avant d'aborder cette question, vous...
M. PINARD: J'aimerais bien que vous me laissiez terminer parce que je
vous ai laissé parler abondamment, mais si vous vouliez me reprendre
à la suite de mon explication...
M. CHARRON: Oui, mais avant d'aborder la question du relogement...
M. PINARD: C'est justement. J'aimerais discuter tout de suite de la
politique du logement.
M. CHARRON: J'avais des questions à vous poser...
M. PINARD: La ville de Montréal, en vertu de la loi, est
obligée de pourvoir au relogement des personnes expropriées par
les autorités publiques. Nous sommes en négociation
présentement avec le service de relogement de la ville de
Montréal, dirigé par M. Legault. Les négociations vont bon
train. J'ai parlé de nouveau, ce matin, avec le président de la
Société d'habitation du Québec, M. Jacques Bernier, le
nouveau président. Il m'a dit de continuer les négociations dans
le sens où elles ont été faites jusqu'ici; mais s'il
arrivait une difficulté qui nous empêchait de monter une structure
de relogement des personnes déplacées, à ce
moment-là, le gouvernement est prêt à agir
immédiatement puisqu'il y a déjà, devant le comité
de législation, un projet d'amendement à la Loi d'habitation du
Québec et principalement des amendements à l'article 78a) pour
pourvoir à une politique de relpgement des personnes
déplacées.
Si on tient pour acquis que les personnes ne seront pas
déplacées avant 1973, dans la partie est de l'autoroute, qu'elles
auront amplement le temps de s'informer et que nous, nous aurons amplement le
temps de les rencontrer, de leur dire à quoi elles doivent s'attendre,
quels sont leurs droits, quelles sont les autorités qui ont l'obligation
légale de pourvoir à leur relogement, quelles sont les structures
qui ont été mises en place, quelles sont les facilités,
à quels endroits exactement dans le territoire il y aura des complexes
domiciliaires prêts à les recevoir, à quel prix elles
pourront se loger si on tient compte que le coût du logement est
fixé en rapport direct avec le revenu annuel de ces personnes; s'il
arrivait que des personnes aient à payer un loyer supérieur
à celui qu'elles paient actuellement dans la zone est, telle qu'elle est
construite, alors qu'il y a à plusieurs endroits des taudis...
Je les ai visités et les personnes ont hâte d'en sortir.
N'ayant pas de moyens financiers plus considérables, elles se contentent
des maisons ou des domiciles qu'elles doivent habiter. Elles sont loin de
s'opposer à changer de milieu et à changer d'habitat. A la
condition qu'elles n'aient pas à payer plus cher qu'elles ne paient en
ce moment. C'est déjà prévu dans les règlements.
C'est déjà prévu dans la loi. Je pourrais vous citer le
texte de loi, mais ce serait trop long de le faire. J'ai vérifié
quand même ce matin avec le président de la Société
d'habitation du Québec, M. Bernier. Il m'a dit qu'il n'y a pas de
difficultés à ce niveau. Nous aurons tout le temps
nécessaire pour mettre en place la politique de relogement d'abord, et
les structures et les mécanismes. Nous aurons amplement le temps aussi
de faire monter les complexes à caractère domiciliaire qui
devront éventuellement recevoir...
M. LAURIN: Vous assurez aux gens qui seront déplacés un
logement qui ne leur coûtera pas plus cher que celui qu'ils paient
actuellement?
M. PINARD: Les règlements le prévoient. La loi
également l'indique. C'est basé sur le revenu annuel de la
personne, le revenu déclaré, mais revenu vérifié.
Dans bien des cas, nous nous sommes aperçus que certains étaient
bénéficiaires d'assistance mais avaient quelques petits
emplois...
M. CHARRON: ... "side-line"...
M. PINARD: ... du genre "side-line", qui leur procuraient des revenus
additionnels non déclarés. Cela leur permettait de s'acheter une
automobile. Cela ne leur permettait pas de se loger de façon plus
convenable pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Si, à ce
moment-là, les familles font un choix entre leur confort, au plan du
logement et leur confort, au plan du transport, le gouvernement n'a pas
à intervenir dans le choix personnel de la famille ou de la personne. Il
s'agit tout simplement de les éveiller à ce niveau, pour leur
donner plus de responsabilités au niveau du confort à donner
à leurs familles, pour accroître leur bien-être et les
conditions...
M. CHARRON: ... d'avoir une automobile.
M. LAURIN: Quel sera le taux de participation de l'Etat à la
location de logements et pour combien d'années?
M. PINARD: Il y a déjà une loi en vigueur en ce moment.
Elle a été rendue publique par la Gazette officielle, le 2
décembre 1967. C'est le volume 99, no 48. La loi habilite le service
d'habitation de la ville de Montréal à pourvoir une politique de
logement sur son territoire.
M. LEGER: Ces logements-là...
M. PINARD: Si, par hasard, la ville de Montréal s'opposait, comme
c'est son obligation en vertu de la loi, à donner suite aux demandes qui
sont faites, le gouvernement est prêt à intervenir. Il proposerait
un projet d'amendement en faveur de la Société d'habitation du
Québec pour amender, notamment, l'article 78 a)...
M. LAURIN: M. le ministre, ce n'est pas ce que les inspecteurs
chargés de l'expropriation ont dit aux personnes qui seraient
déplacées. Il n'avait pas été question de cette
différence d'allocation du gouvernement dans les démarches que
les inspecteurs du gouvernement ont faites auprès de ceux qui seraient
délogés. Il n'a pas été question aussi du nombre
d'années pendant lesquelles cette différence d'allocation serait
versée. Je trouve cela très important.
M. PINARD: Nous sommes en négociation
actuellement avec le Service d'habitation de la ville de
Montréal, dirigé par M. Legault. Il faut quand même
parfaire nos négociations pour en arriver éventuellement à
un accord. J'espère que nous en arriverons à un accord. M.
Legault est un homme éminemment responsable et conscient de ses
responsabilités sociales. Je n'ai que des félicitations à
lui offrir à ce titre. Mais, là encore, il se pose
peut-être un problème d'ordre financier, pour la ville de
Montréal. Nous allons le régler, tout comme nous avons
réglé les autres problèmes financiers qui se sont
présentés en pareilles circonstances lorsqu'il s'est agi de doter
la ville de Montréal d'infrastructures absolument nécessaires
à son développement économique et social.
Je pense que nous allons en arriver à un accord, mais au
pis-aller, si cet accord-là était impossible, pour des raisons
d'ordre budgétaire, d'ordre financier, le gouvernement sera prêt
à faire ce que j'ai dit tantôt.
M. CHARRON: Est-ce que vous pourriez profiter de l'occasion pour
préciser devant la commission et de là devant les citoyens
impliqués de quel ordre ont été les
représentations de la ville de Montréal lors des rencontres que
vous avez eues avec M. Niding et le maire Drapeau...
M. PINARD: Oui.
M. CHARRON: ...sur cette question précise? Est-ce qu'ils avaient
des objections? Est-ce qu'ils avaient des contre-propositions à faire
aux vôtres? De quel ordre ont été...
M. PINARD: Les contre-propositions s'il y en avait
concernaient d'abord le tracé. Finalement, les objections de la ville de
Montréal sont tombées, quand la ville de Montréal a
reçu l'assurance que le gouvernement...
M. CHARRON: Le tracé aussi.
M. PINARD: ...rendait le métro complémentaire à
l'autoroute mais ne l'excluait pas, tandis que M. Saulnier je ne sais
pas par quel hasard et par quel cheminement de sa pensée a tenu
pour acquis, pour sa part, que le gouvernement donnait le feu vert au
prolongement de l'autoroute Est-Ouest et laissait de côté le
prolongement du métro. Cependant, au même moment, nous
étions à préparer une formule de financement qui, à
ce moment-là, était la responsabilité du ministre des
Finances et dont je ne pouvais pas dévoiler le contenu ni les objectifs
détaillés, sauf que j'avais rassuré M. Saulnier à
l'époque pour lui dire: Ne vous inquiétez pas, votre
métro, vous allez l'avoir. Ne protestez pas contre la décision du
gouvernement de prolonger l'autoroute Est-Ouest, alors que nous nous
apprêtons à vous donner les facilités de construire le
prolongement du métro.
M. LEGER: Mais ce n'était pas la seule...
M. PINARD: Dans l'opinion publique, il s'est peut-être
prononcé trop vite et il a été obligé de rebrousser
chemin jusqu'à un certain point et de dire finalement une fois la
décision officielle du gouvernement connue qu'il était
favorable au prolongement de l'autoroute Est-Ouest, sauf que dans la
région du centre, il voulait négocier avec le gouvernement le
nombre d'entrées et de sorties, ce qui effectivement n'est plus un
problème entre nous.
M. CHARRON: Mais sur la question du logement lui-même de la
population, est-ce que la ville de Montréal a eu des
représentations aussi sévères que sur celle du
tracé?
M. PINARD: C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de
représentations à titre officiel, sous forme de mémoire ou
autrement; nous avons toutefois rencontré les autorités de la
ville de Montréal à de mulitples occasions; j'ai personnellement
rencontré le maire Drapeau, en présence de M. Niding et en
présence de M. Legault, au ministère des Affaires municipales.
Nous poursuivons ces négociations, mais je pense que la
négociation est très cordiale, très positive, à
l'heure qu'il est.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre me permettrait de signaler quand
même que j'ai l'impression que la ville de Montréal a dû se
sentir pour le moins bousculée, parce que, dans le programme qu'avait
présenté l'équipe actuellement au pouvoir à la
ville de Montréal, au moment de la campagne électorale en
septembre, il y avait un projet de rénovation urbaine, disait-elle
que j'espérais personnellement plus fructueux que le
précédent qui s'étendait sur une période de
dix ans et qui, pour les premières années, impliquait beaucoup
moins d'argent que ne le fera l'autre maintenant, vous mettez les gens un peu
devant un fait acquis. La ville de Montréal devra y aller plus
rapidement dans le domaine de la rénovation urbaine, parce que le
gouvernement québécois vient de décider de faire une
autoroute Est-Ouest à travers...
C'est pour ça que je vous posais la question. Vous veniez,
bousculer ses plans de rénovation urbaine d'une façon assez
catégorique...
M. PINARD: Au contraire, je pense que, si nous les bousculions,
c'était dans le sens que nous l'obligions à aller plus vite
qu'elle ne l'avait décidé.
M. CHARRON: C'est ça.
M. PINARD: Ce qui n'est pas nécessairement mauvais, vous allez
l'admettre?
M. CHARRON: Non.
M. PINARD: Parce qu'à ce moment-là tout le monde tire
toujours un peu à hue et à dia pour ne pas prendre plus vite
qu'un autre ses
reponsabilités dans tel domaine. Il y aurait au moins ça
de bon, que la décision de la prolongation est-ouest va agir comme
catalyseur pour la rénovation urbaine et la restauration des domiciles
qui sont restaurables. Mais encore faut-il établir une politique
d'ensemble en accord avec un autre niveau de gouvernement et mettre en
disponibilité les fonds qui sont nécessaires pour donner une
action positive à cette politique.
M. CHARRON: Une dernière question sur ce...
M. LEGER: Ce n'est pas la seule objection que M. Saulnier avait,
à savoir qu'il craignait que le métro soit retardé. J'ai
moi-même rencontré M. Saulnier quelques années après
que le boulevard Métropolitain eut été construit. Il
m'avait dit d'une façon catégorique qu'il s'opposait au principe
même d'une autre autoroute à l'intérieur de
Montréal. Il peut avoir évolué un peu depuis ce
temps-là, mais...
M. PINARD: Il faut faire attention. Il faut citer comme il faut M.
Saulnier quand vous le citez. M. Saulnier m'a dit clairement, il ne s'en est
jamais caché, il l'a dit publiquement aussi et en cela je lui donne
raison. Il ne voulait plus avoir de voies élevées comme celles du
boulevard Métropolitain dans le territoire de la ville de
Montréal. Nous lui avons dit que nous n'en construirions plus parce que
nous-mêmes, nous trouvons que cela n'a pas de bon sens. Ce n'est pas le
cas de l'autoroute Est-Ouest, ça. La voie élevée va donner
en pourcentage quelle longueur par rapport à 9.4 milles.
M. LAURIN: Trois ou quatre milles.
M. PINARD: Trois mille pieds de voie élevée sur 9.4 milles
de distance. Vous voyez que vous n'êtes pas du tout dans la situation de
la voie élevée du boulevard Métropolitain qui est en voie
élevée sur une très forte distance, sur la majeure partie
du parcours.
M. LEGER: La majeure partie.
M. CHARRON: Est-ce que je peux demander au ministre une assurance
là-dessus advenant les obligations qui incombent directement ou
indirectement à la ville de Montréal de hâter son plan de
rénovation urbaine? Puisqu'elle devra y participer selon les termes de
la Loi de la Société d'habitation du Québec, advenant un
refus parce que c'est un entêtement de la part des
autorités municipales, la rénovation urbaine n'a jamais
été leur fort tout le temps qu'elles ont été au
pouvoir là, le ministre le sait un entêtement de leur part,
est-ce que le ministre s'engage immédiatement devant les citoyens de ces
comtés-là à bousculer la ville de Montréal, s'il
faut le faire, par un procédé législatif, par un
procédé budgétaire supplémentaire je ne sais trop,
mais pour que le projet obligatoire main- tenant dans cette
région-là, advenant le passage de l'autoroute Est-Ouest, ne soit
pas bloqué à cause d'un manque de participation ou de
coordination des deux gouvernements?
M. PINARD: Il faudrait être juste les uns pour les autres parce
que, quand on négocie un accord, il ne faut pas semer l'adversaire avant
d'avoir commencé à négocier avec lui. Ces
négociations-là sont déjà en cours; je ne
présume pas pour le moment que la ville de Montréal va nous
offrir un refus catégorique à nos demandes, puisque c'est sa
responsabilité de pourvoir au relogement des personnes
déplacées par des autorités lorsqu'il s'agit, par exemple,
de créer de nouvelles utilités publiques. Seulement s'il
arrivait, et que la preuve en soit faite de façon indubitable, qu'il y a
vraiment un problème financier qui empêche la ville de
Montréal de créer un nombre suffisant d'unités de
logement...
M. LAURIN: Qui n'obérera pas davantage leurs revenus.
M. PINARD: ... pour prendre soin des personnes déplacées,
du fait de l'action du gouvernement du Québec qui désire
prolonger l'autoroute Est-Ouest et aller assez rapidement pour les
différentes raisons que j'ai exposées à l'époque et
que je continue à exposer. Je l'ai dit tantôt, nous nous
apprêtons à amender la Loi de la Société
d'habitation du Québec et en particulier l'article 78 a) pour nous
donner ces pouvoirs et habiliter, probablement aussi, l'autre gouvernement
à agir plus vite quitte à créer, par exemple, un fonds
budgétaire qui suppléera aux carences financières.
M. CHARRON: Il y a une question qui est peut-être...
M. PINARD: Cela, c'est de la négociation. J'ai eu l'habitude de
négocier avec la ville de Montréal à l'époque. Je
n'ai qu'à m'en féliciter puisque nous avons quand même
conclu un accord pour un maximum de $40 millions nous permettant de faire
l'autoroute transcanadienne. Tout le montant n'a pas été
payé à l'heure actuelle ou remboursé au gouvernement du
Québec, mais je pense qu'il le sera. Il peut arriver que parfois la
ville de Montréal nous demande de dépenser davantage et plus vite
que nous l'avions prévu nous, dans notre planification. Il peut arriver,
à l'inverse, que ce soit le gouvernement du Québec, par le
ministère de la Voirie par exemple, qui, dans sa planification, oblige
la ville de Montréal à aller plus vite dans un certain domaine et
à dépenser plus d'argent. Il faut comprendre les
difficultés au plan budgétaire que cela peut comporter et c'est
pour cela qu'il faut que la négociation soit assez souple de part et
d'autre pour arriver quand même à une politique d'ensemble qui
donne des bénéfices généreux et prenne soin aussi
de ceux
qui sont moins bien nantis par le sort, surtout au plan financier.
M. LEGER: Le ministre a sans doute pris connaissance des
déclarations qui ont été transmises par les journaux
concernant l'Association des locataires des loyers à prix modique qui
demandait justement que le coût d'un loyer ne soit pas basé sur le
revenu d'une personne uniquement mais sur le revenu net, c'est-à-dire
tenant compte de ses obligations et de l'argent qui lui reste
après...
Autrement dit, on voudrait qu'on en tienne compte de la
différence entre une personne qui a un revenu de $100 par semaine et qui
n'a aucun enfant, et une autre qui en a cinq ou six et qui a des obligations.
Est-ce que, dans votre politique, vous voulez suivre un peu cette
idée-là qui a été lancée par l'Association
des locataires des loyers à prix modique?
M. PINARD: L'Association n'est quand même pas une vieille
association, elle vient d'être fondée. J'ai lu ça dans le
journal tout comme vous. Je n'ai peut-être pas été le
responsable de la naissance de cet organisme nouveau. Je suis bien prêt
à l'accepter comme étant un phénomène des
années 1970 avec lequel je suis prêt à composer comme je
suis prêt à composer avec bien d'autres.
Nous aussi, à la Voirie, nous avons une conscience sociale, pas
aussi aiguisée que celle des membres d'un autre parti politique...
M. LAURIN: Je vous remercie beaucoup.
M. PINARD: ... qui parle supposément au nom de toute la
population de la ville de Montréal alors qu'hier vous avez eu à
peine cent automobiles...
M. LEGER: Il ne faut pas...
M. PINARD: ... qui ont paradé dans les rues de Montréal,
augmentant d'autant la pollution.
M. LAURIN: Il faudrait se dépolluer.
M. PINARD: Alors que j'aurais pensé que les antibourgeois que
vous êtes auraient préféré d'autres
façons...
M. LAURIN: Le débat allait bien, il est en train de se
gâter.
M. PINARD: ... de contester qu'en automobile, qu'ils viendraient
contester à pied...
M. CHARRON: Mille personnes sont venues à pied à
l'assemblée.
M. PINARD: Le leader parlementaire insiste tellement dans son
argumentation de toujours, sur le fait que nous serions dans un monde nouveau
et que le piéton aurait tous ses droits par rapport à
l'automobiliste et que dorénavant nous serions capables de nous rendre
d'un point à un autre point à pied, sans avoir recours à
l'automobile! Alors, j'ai dit bravo! Si lundi au moins ils peuvent contester
à pied plutôt qu'en automobile !
M. CHARRON: Mais non ils ont contesté en automobile.
M. LAURIN: Ils ont protesté contre la reine Victoria.
M. PINARD: Un peu plus, ils s'en allaient contester sur l'autoroute
Est-Ouest.
M. LEGER: M. le Président, il y a deux sortes de piétons.
Il y a ceux qui sont vifs et ceux qui sont morts!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que le ministre sait que la plupart
des gens touchés par l'autoroute n'ont pas d'automobile. Alors, le
nombre d'automobiles...
M. PINARD: C'est à vérifier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La majorité.
M. PINARD: Nous avons fait un bon inventaire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La majorité.
M. LE PRESIDENT: La parole va au député d'Olier, suivi du
député de Sainte-Marie.
M. PICARD: Merci, M. le Président. J'aurais une question à
poser au ministre de la Voirie en rapport avec les données dont il nous
faisait part tout à l'heure sur le dégagement des voies dans les
environs d'une autoroute. Mais au préalable, M. le Président,
j'aurais un point à relever sur ce que disait tantôt le
député de Lafontaine, lorsqu'il affirmait que les gens dans le
secteur qui serait traversé par l'autoroute n'étaient pas des
gens qui avaient des voitures.
Je vous avoue franchement, M. le Président, que les 900,000
véhicules automobiles enregistrés sur l'île de
Montréal, ce ne sont pas tous des gens de Westmount qui les
possèdent. Vous en avez que...
M. LEGER: Un point d'ordre. Il faudrait qu'on interprète bien mon
intervention. J'ai simplement dit que la section est qui va être
touchée par l'autoroute comprend une partie de la population dont le
pourcentage de personnes possédant une automobile est beaucoup plus bas
que dans la partie ouest de Montréal et conséquemment des autres
personnes qui sont incluses dans les chiffres provenant de Chicago, San
Francisco, Seattle, et Détroit.
M. PICARD: Peut-être plus bas, mais il reste
tout de même que c'est passablement élevé. Vous
n'avez qu'à vous promener dans ces rues-là, disons Desjardins,
Louis-Veuillot, Mont-sabré, après la fermeture des usines, la
fermeture des magasins et vous ne trouverez pas un endroit pour stationner dans
la rue. C'est bondé d'automobiles.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce sont les gens d'Olier qui viennent
stationner là.
M. PICARD: La raison que le député de Lafontaine invoquait
était probablement pour favoriser le transport en commun. Ma question au
ministre est celle-ci: Lorsqu'il nous donnait des chiffres tout à
l'heure tirés d'un rapport fourni par les Etats-Unis disant que dans
certaines voies comme la rue A par exemple qui avait eu une réduction de
63 p. c. de la circulation ou la rue B, 45 p. c. de la circulation, est-ce que
ça ne voudrait pas dire, M. le ministre, qu'après la construction
de l'autoroute Est-Ouest dans le secteur de Delorimier et Hippolyte-Lafontaine,
ça va décongestionner la circulation des rues utilisées
par le transport en commun, par exemple Notre-Dame, Hochelaga, Ontario, et
qu'à ce moment-là le transport en commun pourrait se
déplacer beaucoup plus rapidement?
Et ça répond je pense à ce que...
Oui, il n'a pas entendu ma question.
M. LEGER: M. le ministre, est-ce que vous allez dire oui à
ça? Il dit que vous allez dire oui à sa question.
M. LE PRESIDENT (Giasson): Question très hypothétique, M.
le ministre, posée par le député d'Olier.
M. PINARD: Voulez-vous synthétiser votre question parce que j'en
ai compris un bout et j'ai dû, malheureusement, demander un
renseignement...
M. PICARD: Vous avez mentionné tout à l'heure une
étude qui a été faite aux Etats-Unis à la suite de
la construction d'une autoroute et, que, sur les voies adjacentes à
cette autoroute-là, il y avait une diminution sensible de la
circulation.
M. PINARD: J'ai donné les statistiques tantôt.
M. PICARD: D'accord! Ma question était: Est-ce qu'à ce
moment-là le fait de diminuer la circulation sur ces routes n'aurait pas
pour effet d'accélérer la circulation des autobus, par exemple,
pour le transport en commun?
M. PINARD: C'est ça!
M. PICARD: Et que ça, ça répondrait à la
question que posait le député de Lafontaine?
M. PINARD: C'est ça! Je pense que la preuve est faite dans les
villes où le même phénomène qu'à
Montréal s'est produit, mais disons, en plus grand, si vous voulez.
Montréal va connaître exactement le même
phénomène qu'ailleurs. Il va y avoir un dégagement de la
trame des rues pour augmenter la circulation sur les autoroutes à
caractère urbain et périphérique.
M. PICARD: Et permettant une accélération du transport en
commun.
M. PINARD: Oui, une accélération, disons, des autres
formules de transport en commun. Au niveau du sol, par exemple, autobus. Comme
c'est le cas à Toronto, en ce moment.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, vous parliez tantôt
d'un projet d'amender l'article 78 a), ce serait pour aider, ça, au
relogement des familles déplacées?
M. PINARD: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour l'autoroute, actuellement, on est rendu
à creuser au coin de Saint-Denis, je crois, et il y a déjà
plusieurs familles qui ont été déplacées et qui ont
été obligées de se trouver des loyers ailleurs à un
coût beaucoup plus élevé que celui qu'elles payaient avant.
Alors, est-ce que vous avez l'intention de...
M. LAURIN: De les rembourser.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...les rembourser ou d'agir le plus
tôt possible afin que les prochaines familles qui seront
délogées puissent bénéficier de cet amendement? Il
y en a plusieurs actuellement.
UNE VOIX: Quel est le loyer moyen payé?
M. PINARD: Ces cas sont réglés par le service des
expropriations. Il y a eu une indemnité de déplacement et de
relogement qui leur a été payée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Voici, je ne sais pas si mes informations
sont justes, mais il y a des gens qui m'ont dit qu'ils ont été
obligés de se trouver un logement ailleurs à $20, $25, $30 plus
cher que ce qu'ils payaient avant. Ils n'ont reçu aucune aide, aucune
subvention. Rien. Je ne sais pas. C'est ce que me disent les gens, remarquez
bien !
M. PINARD: Oui, enfin, disons que je ne voudrais pas...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Et ça, ça se rapporte à
des gens à faible revenu.
UNE VOIX: Une fois que les gens ont déménagé...
M. PINARD: Je conçois bien qu'on règle les
problèmes jour par jour, année par année. Seulement, votre
question, si je l'accepte de bon gré, ne devrait pas avoir pour
conséquence automatique, là, d'agir rétroactivement. Il
faut quand même faire attention. Autrement, je connais une multitude de
personnes qui, en vertu du même principe, vont se mettre à
réclamer du gouvernement pour toutes sortes de problèmes.
M. LAURIN: Cela aurait été tellement bien si cela avait
été prévu et si les indemnités avaient
été ajustées à la souffrance ou aux
inconvénients causés.
M. PINARD: Ecoutez! Vous discutez toujours dans l'ordre absolu, dans
l'ordre idéal des choses. Il faut quand même se mettre à la
place des administrateurs de la chose publique, quels qu'ils soient.
M. LAURIN: Justement, on se met à la place de ces gens-là
qui sont déplacés et qui n'ont pas d'argent.
M. PINARD: Même si nous avons une conscience sociale aussi
aiguë que la vôtre...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il ne discute même pas ces...
M. PINARD: ...nous sommes quand même obligés de travailler
avec les moyens mis à notre disposition. Et c'est sûr que ce n'est
pas toujours facilement évaluable au plan financier, sur le plan
quantitatif et que ce n'est pas toujours possible d'évaluer en termes
d'argent le dommage créé ou la perte et la souffrance
endurées, pas plus qu'il n'est facile aux tribunaux, par exemple, de
fixer le montant qui devrait être adjugé à une personne qui
a eu à souffrir non seulement physiquement mais moralement à la
suite d'un accident, par exemple. Les tribunaux ont toujours eu beaucoup de
difficulté à apprécier de façon quantitative et de
façon financière ce dommage d'ordre moral.
M. LAURIN: Mais une autoroute, ce n'est pas un accident.
M. PINARD: C'est-à-dire que nous sommes prêts à
dédommager au plan physique. Nous sommes prêts à
dédommager au plan du relogement. Mais il y a peut-être une foule
d'inconvénients que jamais la personne ne pourra obtenir parce que c'est
presque impossible de le faire. Je suis bien prêt à aller le plus
loin possible mais il faut quand même...
M. LEGER: Vous dites au député de Sainte-Marie...
M. PINARD; ... on veut bien aller aussi loin que possible mais il ne
faut quand même pas...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il n'y a pas de
rétroactivité.
M. PINARD: ... embarrasser un gouvernement à ce point qu'il ne
sera capable de bouger ni dans un sens ni dans un autre. Ce n'est pas la
responsabilité d'un gouvernement. Que ce soit le vôtre ou le
nôtre, parce que je ne vois pas comment vous allez être capables
d'agir rapidement, avec votre fameuse formule du dialogue constant avec tous
les citoyens de la province de Québec. Vous allez faire seulement
dialoguer, vous n'agirez jamais.
Il faut quand même rester réalistes, même si nous
recherchons les formules idéales.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, vous dites qu'il n'y...
M. PINARD: Je suis bien d'accord là-dessus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... aura pas de rétroactivité.
Ceux qui ont été déplacés, qui sont obligés
de trouver un logement beaucoup plus cher que celui qu'ils payaient
antérieurement ne seront pas dédommagés. Si vous attendez
qu'il y en ait les trois quarts qui soient déplacés avant...
M. PINARD: Il faut quand même laisser la liberté aux gens
de se reloger de nouveau là où ils veulent et de faire appel
à leur imagination.
M. LAURIN: Comment pouvez-vous...
M. PINARD: Ce n'est pas tout le monde qui est dans la situation
catastrophique que vous...
M. LAURIN: Il y a pénurie de logements à Montréal,
à l'heure actuelle.
M. PINARD: Vous prenez l'argument dans son sens le plus absolu et dans
son sens le plus catastrophique. Je ne suis pas prêt à admettre
que vous avez raison sur toute la ligne, parce que l'inventaire des cas, nous
l'avons nous aussi, nous ne l'avons pas fait de façon politique à
l'heure actuelle.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Même s'il n'y en avait que 25 p. c. de
ces gens, pour eux, ce serait catastrophique...
M. PINARD: C'est peut-être la différence.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... il aurait valu la peine de
prévoir ça à l'avance. Parce que, pour ces 25 p. c. qui
sont déplacés, il y en a pour qui payer $20, $25 de plus par
mois, c'est catastrophique. Quelqu'un qui retire un salaire de $60, $65
par...
M. PINARD: J'admets que, pour quelqu'un qui dépend du
bien-être social et qui paie $45 de loyer par mois...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est peut-être un peu moins que
ça.
M. PINARD: ... et qui serait appelé à payer $90, soit le
double, mais qui ne recevrait pas une augmentation de son assistance sociale,
je veux bien croire qu'il est dans une situation financière beaucoup
plus serrée qu'il ne l'était. C'est mathématique. Je suis
assez intelligent pour comprendre ça et ma conscience est assez
délicate pour admettre que ça va créer un
problème...
M. LEGER: M. le Président...
M. PINARD:... et qu'il faudrait peut-être prévoir une
formule de dédommagement réaliste mais efficace aussi.
M. LEGER: Vous dites souvent qu'on parle des absolus, mais c'est un cas
concret. Tenons pour acquis qu'un logement de quatre pièces, dans
l'optique de tout le monde, vaut à peu près $80 par mois. C'est
normal, tout le monde l'accepte. Mais que celui qui avait l'habitude de payer
$40 par mois pour quatre pièces, il est heureux de payer $40 par mois et
de son logement de quatre pièces. Quand il s'en va dans un autre
logement, parce qu'il est déplacé, et qu'il doit payer le prix
que nous convenons comme un prix normal pour quatre pièces, soit $80,
dans son esprit, c'est doubler son loyer et il n'est pas
intéressé à le faire. Je pense que c'est à cause de
l'impact de doubler son loyer, même si la norme est acceptée par
la majorité de la population. Cette région est la région
de gens habitués à payer de bas loyers et ils n'ont pas une norme
qui équivaut à celle de la population générale.
C'est ce point de vue là que je veux exprimer. Pour lui, c'est doubler
son loyer, alors que ce serait normal pour nous, parce que nous calculons que
c'est le prix d'un loyer de quatre pièces.
M. PINARD: L'inventaire de la situation que nous allons faire va
l'indiquer et nous allons prendre des mesures en conséquence. Nous ne
serons pas seuls, comme je l'ai dit tantôt, à faire cette
évaluation. La ville de Montréal, qui en a la
responsabilité également, va la faire avec nous. Et nous allons
nous entendre. Il y aura probablement aussi des représentants du
ministère des Affaires sociales, par exemple, les gérants des
bureaux de Montréal auront aussi cette responsabilité. Je pense
également qu'il y a un service à la ville de Montréal pour
s'occuper de ces personnes qui ont un revenu modique ou qui sont même
dans l'indigence. Je pense que tous ensemble, avec un travail bien
coordonné, nous pourrons accomplir un travail beaucoup plus efficace,
beaucoup plus humain.
M. LAURIN: Est-ce que ça va régler les problèmes
des personnes qui ont déjà été
déplacées et qui ont énormément de
difficulté à se trouver un logement qui corresponde à leur
revenu actuellement? Et il y en a beaucoup.
M. PINARD: C'est personnes sont déjà
déplacées, soit que le gouvernement ou que la ville de
Montréal ait pourvu à leur relogement, soit que ces personnes
aient eu assez de débrouillardise pour le faire elles-mêmes. Je
sais qu'il y a eu des indemnités de déplacement...
M. LAURIN: Mais ces indemnités sont très faibles.
M. PINARD: ... et pour fins de relogement. C'est peut-être faible,
c'est à vérifier. Je n'ai pas en mémoire les montants qui
ont été offerts. Dans certains cas, ç'a été
suffisamment généreux, dans d'autres, peut-être pas
suffisamment généreux. C'est une matière qui reste
à l'appréciation des membres de la commission. Maintenant que
j'ai dit ce que nous ferions pour les cas que nous avons en face de nous, vous
revenez en arrière et vous me ramenez deux ans en arrière.
M. LAURIN: Non, je veux dire simplement que les
négociations...
M. PINARD: Alors, vous reprenez votre argumentation pour me ramener deux
ans en arrière. On n'en finira plus.
M. LAURIN: Je veux dire simplement que les négociations, dont
vous faisiez état tout à l'heure, avec les autorités de la
ville de Montréal, sont pour l'avenir. Ce n'est pas fait. C'est encore
hypothétique, même si je prends votre parole. Il reste, cependant,
le fait que les travaux sont déjà passablement avancés. Il
y a plusieurs familles qui ont été déplacées...
M. PINARD: Il n'y a pas de travaux dans l'est.
M. LAURIN: La rue Saint-Denis c'est quand même dans l'est.
M. PINARD: Oui, mais il n'y a pas eu beaucoup d'expropriations.
M. LAURIN: Il y a des familles qui, actuellement, avec les revenus dont
elles disposent n'ont pas réussi à se reloger.
M. PINARD: Elles ne sont quand même pas dans la rue, ces
personnes!
M. LAURIN: Non, mais quand même...
M. PINARD: Encore une fois, il faut faire la distinction entre ceux qui
recevaient des prestations d'assurance sociale. Le montant s'est ajusté
automatiquement à la charge du loyer qu'ils avaient à payer. Si
c'est une autre catégorie de personnes qui, tout en ayant un
revenu modeste, n'étaient pas illégibles à
l'assistance sociale, il y a peut-être eu une augmentation de salaire
survenue depuis. Il y a certainement eu une indemnité qui a
été offerte, suffisamment généreuse ou pas, comme
vous le prétendez c'est à vérifier je n'ai
pas le tableau des chiffres devant moi. Il ne faudrait quand même pas en
faire un argument d'ordre absolu pour dire que nous avons discriminé, de
façon injuste, ces personnes, il y a peut-être plusieurs
années. Ce n'est pas un phénomène nouveau,
l'expropriation.
M. LAURIN: Il reste, M. le ministre, que ces déplacements
surviennent dans une ville qui connaît une grave crise au point de vue de
la construction domiciliaire, où actuellement il n'y a même pas
suffisamment de logements pour la population. Donc, ceux qui sont
déplacés ont beaucoup plus de difficultés que dans une
situation normale, pour se trouver d'autres logements. Par ailleurs, l'addition
de 1,500 ou de 1,600 logements détruits à une situation
déjà grave, ajoute aux difficultés auxquelles fait face la
construction domiciliaire. Troisièmement, quant on connaît les
budgets aussi bien du gouvernement du Québec que la ville de
Montréal, on peut bien penser que la quantité d'argent qu'ils
peuvent mettre à la construction de logements est limitée par
rapport à leurs autres obligations.
Vous ne pouvez pas nier le fait que la disparition de ces 1,500 ou 1,600
logements ne peut qu'ajouter à la crise qui sévit actuellement
à Montréal en ce qui concerne la construction domiciliaire. C'est
la raison pour laquelle il nous semble que la construction du tronçon a
ajouté aux difficultés. Même si on dit qu'un effort sera
fait par le gouvernement du Québec, par la Société
d'habitation du Québec, par la ville de Montréal, on se demande,
étant donné leurs difficultés budgétaires, dont les
édiles municipaux se plaignent à tout bout de champ comment ils
feront pour mener à bien leurs projets de construction domiciliaire et
de rénovation urbaine.
M. PINARD: On me dit qu'actuellement le service d'habitation de la ville
de Montréal, conjointement avec le service des expropriations à
Montréal, le service des expropriations du ministère de la
Voirie, a déjà en vigueur une banque de logements de 300
unités. A ce moment-là, les personnes déplacées, ou
celles qui le seront, pourront faire appel à cette banque de
logements.
Le processus est déjà en marche. Evidemment, il faudra le
structurer davantage et le rendre plus efficace au fur et à mesure que
les expropriations deviendront plus massives. Mais, encore une fois, je le
répète, dans l'est, il n'est pas question de
déménager qui que ce soit avant 1973.
M. LAURIN: Vous voulez dire par là, M. le ministre, supposons un
chiffre hypothétique, que la ville de Montréal voulait construire
10,000 logements en 1971. Au lieu de 10,000 logements, ce sera 11,500
logements, hypothétiquement, qu'il faudrait construire, à cause
du projet de l'autoroute Est-Ouest. Quand on sait le prix qu'il faut mettre
dans ces investissements domiciliaires, il ne peut s'en suivre qu'une perte ou
qu'un retard.
M. PINARD: Votre calcul est automatique. Il est fait de façon
absolue parce que vous laissez de côté complètement la
faculté de choix de la personne. La personne peut très bien
décider de se loger elle-même aussi, de ne faire appel à
aucun service, ni gouvernemental, ni de la ville de Montréal et
s'organiser avec ses propres moyens. Elle peut faire appel, cependant, aux
services déjà existants. Il ne faut pas discuter dans l'absolu,
comme cela.
M. LEGER: Vous parlez souvent de l'absolu, mais vous dites que d'ici
1973 il n'est pas nécessaire qu'ils s'en aillent. Cela veut dire que,
d'ici ce temps, vous n'avez rien de prévu pour les reloger. C'est
à partir de 1973 que vous voulez prévoir de les reloger. Est-ce
que vous voulez dire que plus de personnes auront pu se loger d'ici 1973, la
partie est-ouest est terminée...?
M. PINARD: Les personnes sachant qu'elles n'ont pas à quitter
leur logement actuel ne se pressent pas de le faire. D'autres, se sentant plus
pressées, font appel tout de suite au service de relogement de la ville
de Montréal et prennent avantage de la banque de logements
déjà constituée.
M. LEGER: Vous dites qu'il n'y a aucuns travaux qui seront
commencés avant 1973, aucuns travaux de démolition avant 1973?
C'est ce que vous avez dit tantôt.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce sont des logements beaucoup plus chers
que ceux qu'ils paient actuellement. Le Service de relogement de la ville de
Montréal...
M. PINARD: Je n'en ai pas la preuve. Il faudrait voir
l'échelle...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je me suis informé. Je ne veux pas
que vous disiez tout le temps qu'on parle dans l'absolu. Ce sont des
renseignements que j'ai pris à la ville de Montréal. Presque tous
les logements dont parlait monsieur sont des logements de $25, $30, $35 plus
cher qu'ils paient actuellement. Le problème est là.
M. LAURIN: Les statistiques sur la carence de logements à
Montréal, ce n'est quand même pas de l'absolu, ça aussi.
Cela fait suite à des enquêtes qui ont été faites.
Les comparaisons qu'on fait entre Toronto et Montréal, au point de vue
du rythme de la construction domiciliai-
re, ce ne sont pas des absolus, ça non plus. Ce sont des
statistiques très précises. La nécessité d'investir
tant et tant de millions pour tant et tant de logements, cela non plus n'est
pas de l'absolu.
M. PINARD: Le problème est posé. Vous l'avez posé.
Nous l'avons également posé. Il s'agit d'arriver avec des
solutions suffisamment généreuses, efficaces, pour prendre soin
des besoins. C'est le rôle du gouvernement, aussi bien de Québec
et de Montréal. La loi y prévoit. Dans d'autres endroits aussi,
il s'en fera des travaux routiers. Nous aurons probablement les mêmes
conséquences, peut-être pas de façon aussi massive.
M. LAURIN: Non, parce que les centres-villes, c'est quand même
différent.
M. PINARD: A la ville de Laval, par exemple, il s'en fera des travaux.
Je ne sais pas ce que cela posera, au plan des expropriations et du
déplacement des personnes. Il faudra que les autorités en place
prennent leurs responsabilités, tout comme le gouvernement du
Québec.
M. LAURIN: Ceci nous apparaît comme de raison dans la perspective
où d'autres plans, d'autres tracés auraient pu être choisis
qui auraient déplacé moins de gens.
M. PINARD: A quel endroit, par exemple? M. LAURIN: Je ne sais pas.
M. PINARD: C'est cela. Au moins, si dans la discussion que vous faites
avec nous, si au lieu d'avoir une prise de position absolument à
l'encontre du prolongement de l'autoroute Est-Ouest, vous arriviez...
M. LAURIN: Je vous avoue que...
M. PINARD: ... avec des solutions constructives. Mais non! Vous avez
démoli complètement la décision du gouvernement, un point,
c'est tout. Vous avez fait valoir tous les arguments d'ordre négatif
dans votre discussion. A aucun moment vous n'avez donné un argument en
faveur de l'autoroute Est-Ouest. A ce moment-là, je me suis dit: Ils
excellent peut-être dans les débats. Ce sont peut-être des
gars qui recherchent la solution idéale. J'ai trouvé que la
discussion était par moments assez malhonnête à l'endroit
du gouvernement. Jamais vous n'avez fait une proposition constructive.
M. CHARRON: Oui. On vous a proposé...
M. PINARD: Jamais vous n'avez débouché vers une solution
qui aurait été meilleure que celle proposée par le
gouvernement.
M. CHARRON: On a proposé quand même...
M. PINARD : Vous vous êtes acharnés contre le gouvernement,
c'est tout.
M. CHARRON: M. le Président, c'est simple.
M. PINARD: Quand on visite le territoire de l'est de Montréal,
les gens nous disent: Que veulent-ils, ces gars-là? Ils parlent pour
nous. On ne leur a pas demandé de parler pour nous. On ne s'est pas
plaint de cela, nous autres.
M. LEGER: Cela dépend à qui vous avez parlé.
M. PINARD: On ne leur a pas demandé de dire ce qu'ils disent,
parce que ce n'est pas vrai. Ce n'est pas cela qu'on dit, nous autres, dans le
milieu. Je suis allé dans l'est, moi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce le président du CNR qui vous a
dit cela?
M. PINARD: Non. Les gens de l'est de Montréal, rue
Notre-Dame.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): L'archevêque de Montréal?
M. PINARD: Ils ont dit: Qu'ils cessent donc de parler pour nous! Ils se
font un ballon politique avec cela et c'est pas à cela qu'on
prétend, nous.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le type qui est exproprié...
M. PINARD: Il y en a peut-être qui prétendent la même
chose que vous, mais ce n'est pas la majorité. C'est cela que je veux
vous dire aujourd'hui.
M. LEGER: M. le Président, mon comté pourrait accepter
facilement, si on regarde juste le point de vue de l'autoroute, la venue
bénéfique de l'autoroute.
M. PINARD: ... de l'absolu.
M. LEGER: M. le Président, que l'autoroute débouche dans
mon comté. Personnellement, ça ne dérange absolument pas
les gens de mon comté. Si on prend juste l'aspect de l'utilité de
l'autoroute, elle arrive dans mon comté et on a dit: Tant mieux si elle
arrive chez nous. On pourra la prendre pour passer à travers la ville de
Montréal et on ira là-bas. On peut dire cela. Mais toute cette
autoroute n'est pas pensée en fonction de la dimension de l'homme dans
la ville, mais en fonction des automobilistes.
M. PINARD: Vous faites des concepts.
M. LEGER: C'est encore de l'absolu, ça? C'est quand même le
problème majeur et nous vous avons proposé de mettre cet argent
à d'autres endroits où il est plus utile.
M. PINARD: La place de l'homme dans la société, on peut
discuter longuement là-dessus.
M. LEGER: Il faut y penser de temps en temps.
M. PINARD: Nous y pensons. Nous lisons tout ce que vous lisez. J'ai
passé la fin de semaine à lire des travaux sur l'urbanisme...
M. LEGER: Votre façon de penser est la raison pour laquelle nous
avons fait ces propositions-là.
M. PINARD: ...sur la place de l'homme dans la société
nouvelle.
M. LEGER: Vous voyez quand même que les finances que vous voulez
mettre dans l'autoroute Est-Ouest...
M. PINARD: En France il y a une foule de concepteurs et ils ne sont pas
encore capables de régler quoi que ce soit. Ils sont plus
arriérés que la ville de Montréal et le gouvernement du
Québec peuvent l'être. Arrêtez de nous rabâcher les
oreilles avec ça.
M. LEGER: Le budget que vous mettez sur l'autoroute Est-Ouest aurait
été le bienvenu sur la Transquébécoise, où
elle était acceptée par la population.
M. PINARD: Arrêtez de faire de la planification à la
française, vous n'irez pas loin avec ça.
M. LEGER: Mais c'est là que cet argent-là aurait pu
être utile, mais vous avez décidé de le passer dans le
milieu où les gens n'en veulent pas. Que vous ayez consulté
quelques personnes...
M. PINARD: Il ne débouche sur rien.
M. LEGER: ...nous sommes d'accord qu'il y en a peut-être qui sont
d'accord là-dessus.
M. PICARD: Quels sont les gens qui n'en veulent pas? C'est ça
qu'on essaie de vous demander.
M. LAURIN: Nous ne rencontrons pas les mêmes.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, depuis un très long moment le
député de Robert-Baldwin m'avait demandé la parole.
M. PICARD: Des contestataires professionnels...
M. SEGUIN: Seulement pour changer l'ambiance, M. le Président,
à partir d'un bout de la table à l'autre, j'écoute depuis
un bon moment les discussions et je pense que, depuis plusieurs jours, on
discute autour de cette autoroute qui aurait dû être construite il
y a dix ans. Si on n'avait pas mis le Parti libéral au rancart en 1966,
ça ferait longtemps qu'on n'en parlerait plus et ça serait
bâti.
On parle beaucoup de logements et on entend des
généralités très souvent à propos de
construction de logements, mettre des gens dehors, expropriation,
déplacement de pauvres individus. N'empêche que le logement
même si les gouvernements veulent s'en mêler, tant qu'ils le
voudront doit demeurer, je pense, dans le contexte de notre pays, le
Canada, le Québec, le Nord-Américain, quand même une
entreprise de responsabilité libre.
Et depuis que le Canada existe, nous avons toujours eu une
période de délai entre la demande et l'effort. C'est dire
qu'aussitôt qu'il se crée dans un secteur une
nécessité ou une demande de logements nouveaux ou de
réurbanisation, c'est à ce moment-là que l'entreprise
libre s'en mêle immédiatement, je peux vous le garantir.
On a fait tout à l'heure mention aussi et depuis plusieurs
jours déjà on en parle de logements à prix modique
et je m'interroge toujours sur cette question. Qu'est-ce qu'aujourd'hui, en
1971, un logement à prix modique? Parle-t-on de $100 par mois, $125,
$150 ou rêve-t-on en couleurs en pensant qu'on a encore des logements
à $35 ou $40? Si tel est le cas, ces logements à $35 et à
$40 par mois ne devraient plus être habités par des êtres
humains, parce que, certainement, ils ne rendent pas justice à
l'humanité.
Cela, c'est à enlever. Si on parle de logements de $100 ou de
$125 ou de $150 par mois, il y en a en quantité, même si les gens
se plaignent qu'ils manquent de logements présentement. Et si par hasard
il en manquait, les investisseurs, les compagnies d'assurances, les banques,
l'entreprise libre en général verraient certainement à
combler le manque et le déficit et vous verriez bâtir tout ce
qu'il faudrait au point de vue de logements salubres, modernes et acceptables
pour la population du secteur. C'est entendu qu'il peut y avoir un
déplacement d'individus, nous le comprenons.
On ne peut pas rêver de toujours passer sa vie, et les
ancêtres et la génération présente et la
génération à venir, de demeurer dans le même
quartier. Cela prendrait peut-être un déplacement. Je ne dirais
pas que ce serait mal. Ce sont peut-être les gens qui ont habité
depuis nombre d'années dans un secteur qui devraient habiter dans un
autre, parce que, par nécessité, ce serait un nouveau logement ou
un nouveau secteur où ils devraient se rendre.
Mais il faut reconnaître l'avantage du transport plus rapide de
cette autoroute. Il faut absolument décongestionner le sud de
l'île de Montréal. Dans le nord la Transcanadienne et le
boulevard Métropolitain, on a aussi des travaux qui se
poursuivront pour autant que la communauté urbaine est concernée
pour continuer Henri-Bourassa et d'autres artères dans le secteur nord.
Il faut absolument qu'à Bonaventure qui, aujourd'hui, se termine en
réalité à la rue Université et au centre-ville il y
ait une sortie de là, au lieu de ramener tous ces véhicules au
centre-ville pour les distribuer ensuite par la rue Dorchester, par la rue
Sainte-Catheriene, par la rue Sherbrooke ou d'une autre façon. Il faut
absolument qu'il y ait une conduite, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille
pas. Il faut accepter le fait qu'il faut déplacer des gens. Je parle un
peu avec expérience parce que ça fait nombre d'années que
je travaille dans le développement municipal, dans le
développement industriel, dans le développement routier, dans le
déplacement des gens, dans les expropriations et dans les homologations.
J'en parle avec connaissance de cause pour m'être battu, pour avoir
discuté, pour avoir discuté avec des populations entières
au sujet de projets d'avancement.
M. LEGER: Est-ce que le député me permet une question?
M. SEGUIN: Oui, remarquez que ce n'est pas moi qui suis le
ministre...
M. LEGER: De la façon que vous discutez, est-ce que dans votre
comté vous avez beaucoup de logements de $30, de $40 par mois avec une
population...
M. SEGUIN: Je n'en garderais pas à $30 par mois parce qu'on ne
pourrait pas offrir à $30, dans le contexte d'aujourd'hui, un logement
salubre, un logement acceptable par un être humain peu importe ce qu'il
gagne. Même s'il était sur l'assistance sociale, il faudrait qu'il
considère que ce soit $75 ou $80, même s'il était sur
l'assistance sociale. Ce n'est pas acceptable que de loger des gens dans des
cambuses telles que nous en avons, dans le bas de la ville.
M. LEGER: On est d'accord.
M. CHARRON: Il faudrait en parler au ministre des Affaires sociales.
M. SEGUIN: Je parle au point de vue de la route ici, il faut que cette
route passe.
M. CHARRON: Vous dites que c'est rêver en couleurs que de chercher
des logements à $40 ou à $45. Ce n'est pas rêver en
couleurs de voir des salaires à $55 ou $65, par semaine.
M. SEGUIN : En couleurs et au pluriel aussi.
M. CHARRON: Ce n'est pas rêver en couleurs de savoir que les
chèques de l'assistance sociale sont de $45 à $50 par semaine. Ce
n'est pas rêver en couleurs. Allez demander aux gens de mon comté
s'ils rêvent en couleurs.
M. SEGUIN: Est-ce que l'ambition du Parlement est de perpétuer
cette assistance sociale ou s'il faut créer des emplois, s'il faut
activer ou réactiver le commerce et l'industrie, s'il faut
réactiver le travail nécessaire pour enlever ces gens-là
sur ces listes?
M. LEGER: Je pense que le député déplace le
problème.
M. SEGUIN: Non, je ne déplace pas le problème, vous
centralisez autour de l'émotion. Vous invoquez même la pollution
alors que, dans votre programme et tout ce que vous avez dit depuis que le
Parti québécois existe, il n'a jamais été question
de pollution.
M. CHARRON: Pardon, pardon!
M. SEGUIN: Vous en faites une question émotive et vous agissez
sur l'émotion des pauvres gens.
M. LEGER: Il y a deux affirmations que vient de faire le
député, quand il dit que des logements de $125, $150 par mois, il
y en a, on sait qu'il y en a. Il dit: Les gens sont prêts à
changer de secteur. Cela n'est pas si sûr. Ils sont peut-être
prêts à changer de logement, à avoir des logis plus
salubres, je suis d'accord avec le député quand il dit que les
gens veulent réellement avoir un meilleur logis, mais ce n'est pas
nécessairement qu'ils veulent changer de secteur. Des gens qui sont
nés dans le secteur qu'habitait leur père sont encore
intéressés à demeurer dans un milieu où ils se
sentent chez eux. On peut leur donner un centre domiciliaire avantageux
où ils pourront rester. Quand le ministre dit qu'on n'apporte pas de
solutions de rechange, la solution qu'on préconise c'est que l'autoroute
Est-Ouest ne devrait pas être bâtie là, mais qu'il devrait y
avoir des logements à prix modique, à des loyers acceptables pour
cette population-là, où ils pourront demeurer dans leur
milieu.
Ces logements permettront de répondre à cette fameuse
phrase qui dit: Quand le bâtiment va, tout va.
M. PINARD: Oui.
M. LEGER: Mais c'est ça qu'il faut admettre au départ.
M. SEGUIN: Mais vous frappez à la mauvaise porte, parce que ce
n'est pas à la Voirie de fournir ou de garantir le logement.
M. LEGER: Si ces gens s'installent là...
M. SEGUIN: Dans le moment, c'est une question de communications, de
transport de
véhicules, de transport de gens. Pour accommoder les gens ou pour
faciliter que les gens se déplacent d'un secteur à l'autre.
M. CHARRON: Avec le léger détail que cela déplace
7,500 personnes.
M. SEGUIN: Oh! 7,000, 8,000, 10,000, s'il le faut. L'impossible prend un
peu plus de temps, mais vous ne frappez pas à la bonne porte.
M. PINARD: Si on fait d'une pierre deux coups, comme je l'ai dit
tantôt, si, à cause du prolongement de l'autoroute Est-Ouest, qui
va agir comme catalyseur d'une politique de rénovation urbaine et de
restauration domiciliaire, vous en arrivez au résultat que vous
espérez et que nous espérons, pourquoi vous opposer globalement
à l'autoroute Est-Ouest? Moi, bien honnêtement, ce que je peux
connaître du dossier, puisque j'ai eu à négocier à
partir de 1960 jusqu'en 1966 et je négocie de nouveau avec la
ville de Montréal je pense que ça va être le point
de départ d'une véritable politique d'habitation dans ce
territoire de la ville de Montréal. Autrement, si nous n'avions pas
prolongé l'autoroute Est-Ouest, si nous n'avions pas
précipité même notre décision, cette politique
serait à attendre pendant encore plusieurs années.
M. LEGER: Oui, mais dans votre plan actuel...
M. PINARD: Je pense que je ne peux pas poursuivre deux objectifs
parallèlement.
M. LEGER: Vous n'avez pas de plan précis pour déterminer
exactement où ils vont aller. Vous avez dit: En 1973...
M. PINARD: Place Frontenac va quand même être conçue
dans le territoire de l'est!
M. CHARRON: Oui, regardez les salaires de Place Frontenac, les loyers de
Place Frontenac.
M. PINARD: Il n'y a rien qui indique cependant qu'il n'y aura pas de
complexe domiciliaire ou que des logements à prix plus modiques ne
pourraient être construits. Ce n'est pas indiqué non plus, vous
n'en avez pas la preuve. Pourquoi donc dire tout de suite au départ que
ce ne sera pas possible?
M. CHARRON: C'est la question qu'on vous pose?
M. PINARD: Oui, mais je ne vous ai pas dit que c'était
impossible, je vous ai dit que c'était possible.
M. LEGER: Mais vous arrivez avec un plan d'ensemble dans lequel il n'y a
pas...
M. CHARRON: Un exemple... Il n'y a pas eu un exemple, dans l'histoire de
la rénovation urbaine à Montréal, à partir du plan
Dozois, les habitations Jeanne-Mance, en passant par la Petite Bourgogne, en
passant par toutes les autres projets ils ne sont pas tellement
nombreux, on pourrait presque les nommer tous, parce que ce n'est pas la force
de Drapeau la rénovation urbaine, on pourrait tous les prendre il
n'y a pas un endroit, dis-je où les citoyens ont finalement
été les gagnants.
Tout d'un coup, un ministre vient nous dire, au moment où il y a
un projet à maintenir, à faire traverser la ville par une
autoroute: Il va y avoir une rénovation urbaine. Pour les gens,
ça veut dire automatiquement, dans leur tête: Place Frontenac,
où une pièce et demie va coûter $90 par mois.
L'échelle des loyers est déjà produite. Il n'y a pas
d'autres exemples du contraire. Cela veut dire ça automatiquement.
Vous venez de nous dire: Qui vous dit que nous ne serons pas capables
d'en faire qui seront véritablement à loyer modique,
c'est-à-dire adaptés aux salaires des gens, pas au revenu brut,
mais au revenu net que les gens ont actuellement? Il y a eu une esquisse de
ça dans la politique de la Petite Bourgogne; ça duré un
an, et cette année tout le monde a vu augmenter son loyer. Vous
connaissez la contestation qu'il y a eue dans la Petite Bourgogne. Ne vous
surprenez pas que les citoyens ne vous croient pas, il n'y en a pas eu
d'expérience. Pour croire que vous allez produire une politique de
rénovation urbaine où vraiment les loyers seront modiques, on
vous demande au moins des preuves tout de suite.
Les citoyens vous demandent des preuves tout de suite parce qu'en 1973
vous irez les voir au moment des délogements. Vous allez leur dire: On
vous a construit des logements juste quatre rues plus haut, dans un parc, ou je
ne sais pas quoi. Ce sera encore un enclos du style de je vais me faire
"sacrer" dans les habitations Jeanne-Mance. Ils vont encore se croire
là-dedans. Vous allez leur produire une échelle de loyers qui
sera encore vraisemblablement à moins que vous nous le prouviez,
que vous soyez capables, et la Société d'habitations du
Québec, et la ville de Montréal et le gouvernement, de faire
vraiment ces logements...
Le mot "rénovation urbaine", pour eux, veut dire deux choses: Se
faire "sacrer" dans des clapiers à lapins, de quatre à cinq
étages avec des murs étanches, comme du papier, où on
entend tout ce qui se passe chez le voisin et payer des prix de fou pour un
logement qui est finalement moins convenable que celui qu'ils habitaient
auparavant. C'est cela que ça veut dire. Ce n'est pas parler dans
l'absolu, c'est parler de ce qui s'est passé dans la ville de
Montréal. Je n'ai aucune objection et je n'aurais aucun ressentiment
à appuyer une politique venant du gouvernement actuel qui dirait: Etant
donné que nous y tenons à passer notre autoroute, il y aura un
relogement et nous
garantissons aux gens que telle échelle de loyers sera comprise.
A ce moment-là d'accord. Je n'aurais aucune objection qu'un
gouvernement, un jour, se mette à réaliser ces
affaires-là. Sauf que le vôtre, de 1960 à 1966, celui qui
vous a succédé pour une période intérimaire,
l'administration de la ville de Montréal, pendant dix ans,
l'expérience est là pour le prouver, à chaque fois qu'on a
parlé de rénovation urbaine, ce sont les citoyens qui en ont
payé le prix. Que voulez-vous que l'on fasse? Ce n'est pas parler dans
l'absolu.
M. PICARD: Le député de Saint-Jacques est hors de la
question. Comme l'a dit le député de Robert-Baldwin, cette
question du logement salubre ne relève pas des crédits de la
Voirie.
M. CHARRON: C'est la conséquence de la Voirie. Il y a 7,500
personnes qui attendent. On leur dit tout simplement: Ce n'était pas le
bon ministère, on n'a pas pu en parler! C'est comme si tu acceptais,
à un moment donné, qu'un ministère coupe le bois et que tu
attendes après un autre pour le vendre!
M. PICARD: Vous commencez à réaliser que vous êtes
trop embarqués dans cette affaire. Là, vous commencez à le
réaliser!
M. CHARRON: Bien, voyons donc! Ce n'est pas cela du tout.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ne nous prêtez pas d'intentions.
M. PICARD: Vous êtres trop embarqués dans votre affaire
anti-autoroute!
M. CHARRON: Je ne sais pas si vous étiez ici, mentalement.
M. PICARD: Vous commencez à le réaliser. M. CHARRON: Pas
du tout.
M. MAILLOUX: J'ai écouté discuter le député
de Lafontaine et son voisin de Maisonneuve qui demeure dans le secteur
où sera construite l'autoroute Est-Ouest, un peu plus tard. Je suis
quand même renversé d'entendre mentionner les chiffres que des
assistés sociaux ou des gens à revenu modeste paieraient, comme
loyer dans ce secteur. On parle de $35, $40 et $45. Vivant dans un milieu
rural, que l'on dit marginal de la société
québécoise, il n'existe pas de tels prix, nulle part chez nous,
dans les secteurs les plus marginaux des comtés. Il y a un
deuxième phénomène, je suis bien d'accord que les gens qui
ont un revenu modeste, qui travaillent, que le gouvernement fasse un effort
pour leur donner des conditions de relogement.
Mais, quand vous parlez des assistés sociaux, il ne faudrait
quand même pas faire un drame. Ils sont nombreux, ces gens. Regardez la
Loi de l'assistance sociale. A un certain moment, il est dit en toutes lettres,
dans la loi, que pour toutes les dépenses afférentes au loyer,
pour la personne qui sera relogée, la pension qui lui sera versée
tiendra compte du loyer qu'elle devra payer. Et je vois des assistés
sociaux qui partent de Charlevoix, payant un loyer de $70 par mois, et qui,
rendus dans la ville de Québec, dans un milieu urbain, tombent à
$120 ou $125 par mois, et automatiquement, ils sont rajustés. Je pense
que le ministère des Affaires sociales prévoit dans la mesure
où la personne a dû trouver un logement, elle ne paie pas un loyer
de $300 par mois.
M. CHARRON: Je peux inviter le député de Charlevoix
à n'importe...
M. MAILLOUX: Il peut regarder n'importe quel cas du comté de
Mégantic et, forcément, la personne qui sera
délogée de Mégantic vers un centre urbain,
immédiatement...
M. DUMONT: A Sacré-Coeur-de-Marie à Thetford-Mines, ce
n'est pas vrai et c'est une grande ville. Il faut rester logique aussi. Le
ministre n'est pas généreux comme vous semblez vouloir le
dire.
M. MAILLOUX: C'est déjà vrai parce que j'ai quand
même, dans neuf ans de politique, eu à m'occuper de quelques
centaines de dossiers d'assistance sociale. Très rares sont les cas,
à moins qu'un assisté social ait désiré obtenir un
logement d'à peu près l'équivalent de celui qui gagne
$25,000 par année.
M. DUMONT: Vous donnez des cas d'exception.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Charlevoix...
M. MAILLOUX: Je ne donne pas des cas d'exception.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez. On ne parle pas seulement des
asistés sociaux. On parle de gens qui travaillent à
l'année et qui retirent encore $60 et $65 par semaine. Le
député de Robert-Baldwin disait tantôt: On doit être
en faveur de démolir des logements de $35 et $40. J'en suis et je suis
contre le fait que ces logements existent. Mais avant, que la
société s'organise ou le gouvernement pour que ces
gens gagnent plus cher. Actuellement, c'est un fait accompli, ils ne gagnent
pas plus que ça et ils ne sont pas capables de payer plus cher que
ça.
M. MAILLOUX: La nuance dont parle le député...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ça le problème.
M. MAILLOUX: ... je l'ai faite dans ma discussion, j'ai dit que
c'était...
M. CHARRON: Ils n'ont rien contre les logements à $100...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On n'a rien contre le fait que ces gens se
relogent à $100, mais ils n'en sont pas capables. Qu'allez-vous faire
pour qu'ils puissent payer $100?
M. MAILLOUX: Est-ce que le député de Maisonneuve...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pensez-vous qu'on est d'accord qu'ils
gagnent $60 et qu'ils vivent dans des masures?
M. MAILLOUX: Est-ce que le député de Sainte-Marie accepte
que pour ceux qui sont actuellement dans les masures dont on nous parle,
d'après ce qu'on nous dit, à $40 ou $45 j'en ai d'ailleurs
visité quelques unes sur la rue Notre-Dame et il me semble qu'à
quelques endroits on ne mentionnera pas évidemment ce qui se
passe dans les maisons ce sont des gens qui demeurent dans des
conditions complètement insalubres il va y avoir un fait acquis,
si on est capable de les reloger dans des conditions meilleures?
M. LAURIN: C'est mieux d'habiter là que de ne pas se loger du
tout, parce que vous savez...
M. MAILLOUX: Ce n'est pas tellement mieux.
M. LAURIN: ... qu'il manque actuellement de logements à
Montréal.
M. PICARD: Ils vont être sur le canevas. M. LAURIN: Je me demande
si...
M. PINARD: Le député peut croire que nous avons quand
même assez d'intelligence et de jugement pour ne pas déplacer ces
personnes-là, sans être assurés à l'avance qu'elles
vont avoir de la difficulté à se reloger.
M. LAURIN: S'il n'y en a pas?
M. PINARD: On n'est quand même pas pour les envoyer dans la rue et
coucher dans le métro.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il y a des gens qui ont été
déplacés et avant qu'ils soient déplacés, vous ne
vous êtes pas assurés qu'ils soient relogés au même
prix. Je vous le disais tantôt. Voulez-vous avoir des noms?
M. CHARRON: La rénovation urbaine dans Montréal, c'est
ça !
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Venez dans mon comté et je vais vous
faire visiter des gens qui ont été déplacés et sont
obligés de payer plus cher. Ils n'ont pas le moyen de le faire.
Voulez-vous avoir une liste de noms, leur adresse, leur numéro de
téléphone? Je vais vous en donner.
M. PICARD: La farce a assez duré.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Laissez faire la farce. Ce n'est pas une
farce.
M. LAURIN: Vous devriez vous mettre dans la peau de ces gens-là
pour voir si c'est une farce.
M. PICARD: Je connais le secteur. Je ne demeure pas à Hamstead ou
à Côte-des-Neiges.
M. LAURIN: Laissez faire la farce. Je suis sûr qu'il y a une
différence entre votre logement et le logement des citoyens dont parle
le député de Sainte-Marie.
M. PICARD: On sait exactement de quelle façon ils vivent.
M. PINARD : M. le Président, pour terminer...
M. PICARD: C'est un service à leur rendre que de démolir
cela.
M. PINARD: ... cette discussion, je suis d'accord que le gouvernement se
montre peut-être plus ouvert sur les problèmes humains que
certaines décisions peuvent causer. D'accord. Je suis allé voir
le territoire, j'ai fait un inventaire personnel, dans la limite de mes moyens.
Evidemment, je n'ai pas pu passer là trois semaines ou un mois!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous n'avez pas pris un logement
là?
M. PINARD: Non. Je n'y suis pas obligé non plus. Mais cela ne
m'empêchera pas, par exemple, comme ministre de la Voirie de prendre mes
responsabilités et d'essayer de rendre justice aux citoyens.
J'ai connu l'opposition et j'ai connu le pouvoir. C'est assez facile de
parler dans l'Opposition. C'est plus difficile de régler les
problèmes une fois au pouvoir. Un jour, vous en ferez
l'expérience...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Nous le souhaitons. Nous
l'espérons.
M. PINARD: ... un jour lointain. A tout événement, il est
facile de faire des discours. Je ne le reproche pas à mes amis d'en
face, mais il ne faut quand même pas dramatiser des situations de
façon à paralyser l'action gouvernementale. Que vous alertiez le
gouvernement et les ministres, qui ont des responsabilités
spécifiques dans certains domaines, très bien. D'ac-
cord. Que vous mettiez l'accent sur le problème social, encore
là, je suis d'accord avec vous. Mais il faut quand même agir. Et
la plus grande erreur serait de ne pas agir à mon point de vue, quand il
y a une foule d'éléments accrochés à cette
décision qui reliés les uns aux autres vont faire que nous allons
déboucher vers une politique qui sera quand même avantageuse
à de multiples points de vue.
Je ne prétends pas pour cela, dans l'ordre absolu de la
discussion, que nous allons régler tous les problèmes à
l'avantage égal de toutes les personnes. Il y a toujours, finalement,
des laissés pour compte. Malheureusement! Ce n'est pas le but que je
poursuis même si ça devait être le cas accidentel. S'il y a
possibilité d'éviter ce cas, celui des laissés pour
compte, dans nos politiques, dans la façon de régler les
problèmes, je voudrais que cela soit un cas d'espèce,
c'est-à-dire le cas du minimum. Nous allons prendre les moyens quand
même parce que c'est clair qu enous sommes aussi conscients que les
choses ont changé au Québec. Que les gens sont plus ouverts, sont
mieux informés, prennent davantage conscience de leur propre situation
par rapport à celle des autres, sont capables de faire une
échelle de comparaisons, par exemple, c'est bien sûr que le
territoire des gens de l'est est moins bien développé que celui
de l'ouest.
On est en mesure de faire des comparaisons. Nous en tenons compte aussi.
C'est pour cela qu'en dernière analyse, je prétends que notre
décision est une bonne décision, malgré que nous ayons des
conséquences non pas néfastes, mais des conséquences
pénibles parfois au plan humain et pour lesquelles il faudra
prévoir des mécanismes de solution efficace et humaine et
suffisamment généreuse pour replacer ces personnes-là dans
un meilleur cadre de vie, sans les pénaliser financièrement et en
leur donnant la chance également, si la chose est possible, tout en
changeant leur cadre de vie, de déboucher vers d'autre chose qui
pourrait leur permettre, par exemple, de gagner plus facilement leur vie.
Etant toujours dans le même secteur, dans un milieu
délabré, dans un milieu où la psychologie est une
psychologie de défaitisme, où tout le monde se dit, dans un
territoire donné: La majorité des gens ici sont sur l'assistance
sociale, nous n'en sortirions jamais, cela devient une psychologie collective
qui fait que personne ne débouche nulle part. Il y a peut-être
quelque chose à analyser de ce côté-là. Il me semble
que des spécialistes, des sociologues, des personnes qui sont au service
du ministère des Affaires sociales, en place à Montréal,
sont capables d'analyser ce phénomène et de nous faire des
suggestions constructives qui nous permettront éventuellement de
déboucher vers des solutions positives, mais sans pour cela dramatiser
les situations et surtout, sans les politiser. A mon avis, si nous les
politisons, nous n'irons nulle part. Nous allons tout simplement augmenter leur
frustration. Nous allons les sensibiliser davantage à leur état,
sans leur avoir donné la promesse, tous ensemble, qu'il y a
possibilité de faire mieux pour eux. C'est cela le danger.
M. LEGER: Cela vient avec un programme d'ensemble.
M. PINARD: Vous voyez que je suis quand même assez souple, mais il
ne faut pas discuter dans l'absolu et ne jamais donner les avantages d'une
décision gouvernementale par rapport aux désavantages. Il faut
faire le tableau comparatif et essayer d'être objectif dans la
discussion. Malheureusement pour ces gens, il auront peut-être
été tentés de retenir seulement les désavantages
dans les décisions du gouvernement. Peut-être que nous avons
manqué, au niveau de l'information. Nous allons ouvrir un bureau
bientôt, dans une semaine, peut-être dans deux. Je suis allé
le visiter l'autre jour, c'était lundi il y a une semaine exactement.
C'est l'ancien garage Hamelin; il est vaste.
Nous avons une salle de démonstration où la maquette
reproduit, à l'échelle, tout le territoire qui sera
jalonné par l'autoroute Est-Ouest à partir de la côte
Turcot jusqu'au pont-tunnel Lafontaine. Elle montre bien le territoire tel
qu'il existe, en ce moment, sans autoroute, et le territoire tel qu'il sera
constitué, une fois l'autoroute mise en place.
M. LEGER: Où sera ce bureau?
M. PINARD: Sur la rue Notre-Dame, au 3500. Il y aura les plans, en
détail. Il y aura des personnes qualifiées pour donner toutes les
informations. Il y aura un service téléphonique. Il y aura du
personnel technique également pour indiquer les endroits où les
travaux se feront. Pendant que j'y étais je répète
ma propre expérience personnelle de la semaine dernière
les gens ont été attirés, combien, je ne le sais pas,
mais, pendant que j'y étais, il est entré quatre ou cinq
personnes. M. Connolly était avec moi et c'étaient des gens du
territoire...
M. LAURIN: Je les comprends.
M. PINARD: ... ils sont venus s'informer, voir la maquette. Ils
n'avaient jamais vu ça, une maquette.
M. LAURIN: Bien sûr.
M. PINARD: Ils l'ont regardée avec beaucoup
d'intérêt. Ils voyaient à quel endroit leur domicile
était localisé. Ils sont allés voir sur le plan, plus en
détail, la ligne pour savoir si, éventuellement, ils seraient
expropriés ou non, s'il n'y en avait seulement qu'une partie. Je me
souviens d'un cas en particulier. Il n'était pas certain, en regardant
la maquette, s'il était exproprié. Alors, il est allé voir
sur le plan en
détail. Il a vu que la ligne prenait une partie de sa
propriété.
A ce moment, il est venu voir M. Connolly et il a dit: Qu'est-ce que
ça signifie? Est-ce que je suis exproprié de façon
partielle? M. Connolly lui a répondu: Nous ne sommes quand même
pas pour ne prendre qu'une partie de votre maison. C'est une expropriation
totale. Vous aurez un avis en conséquence. Nous avons commencé
à discuter avec lui. Il semblait bien content, lui, de l'être.
C'est une constante que j'ai...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'était pas un locataire?
M. PINARD: C'était peut-être un propriétaire. Je ne
sais pas s'il y en avait quand même qui étaient locataires dans le
groupe.
Il y avait un propriétaire et un locataire.
M. LAURIN: Le propriétaire était-il plus content.
M. PINARD: Le locataire, nous ne le touchions pas, lui. Il était
venu s'informer pour savoir si le logement qu'il habitait était pour
être exproprié. Il ne le sera pas. Il est parti content, il est
fixé. Ce que j'ai remarqué c'est...
M. DUMONT: M. le Président, si vous permettez, sur un point
d'ordre. Vous semblez très en voix. C'est très intéressant
ce que vous dites. Si vous vouliez reprendre cette question à 8 h
15...
M. PINARD: Je termine...
M. DUMONT: Parce que les travaux sont suspendus en Chambre.
M. PINARD: ... en disant que depuis que nous avons choisi le
tracé de la rue Notre-Dame et que nous avons enlevé le plan de
dépôt dans l'axe de la rue Rouen, autant les gens étaient
déçus et choqués d'avoir reçu un avis
d'expropriation dans l'axe de la rue Rouen, maintenant ils sont
fâchés parce que nous avons enlevé le plan de
dépôt et qu'ils ne seront plus expropriés.
Vous voyez comment c'est difficile de travailler dans l'humain. Comment
équilibrer ça maintenant? C'est une expérience que j'ai
vécue et que j'ai eue à ce moment. Je voudrais que les membres de
la commission la partagent avec moi pour conclure que ce n'est pas aussi facile
à régler que certains discours ne nous l'indiquent, à
certaines occasions.
M. LAURIN: M. le Président, je vous ferais remarquer qu'il est
six heures huit. Nous allons aller souper, réfléchir.
M. LE PRESIDENT: J'attendais qu'un membre de la commission me signale
son désir d'ajournement.
M. PINARD: Séance suspendue à 8 h 15. M. LE PRESIDENT: A 8
h 15 ce soir.
Reprise de la séance à 20 h 22
M. GIASSON (président de la commission de la Voirie): A l'ordre,
messieurs! Je préférerais, comme président, qu'on ait
quorum pour commencer la soirée. La commission reprend ses travaux,
messieurs.
M. PINARD: J'avais fini mon intervention à 6 heures et quelques
minutes. Je sais que le leader parlementaire a des questions à me
poser.
M. LAURIN: Je voudrais faire précéder mes questions de la
lecture d'un paragraphe de la revue "Le nouvel observateur". On a entendu des
bonnes choses à la lecture ce soir, je me permets d'en ajouter
quelques-unes. C'est le numéro du 30 mai 1971. C'est un reportage sur
New York. Il y a une partie du reportage relative à la circulation. Je
me permets de citer cet article intéressant: "Premier problème
insolubre à New York, la circulation. Au minimum deux fois par jour le
matin, de bonne heure et le soir à la fermeture des bureaux, la
circulation dans les rues de New York est pratiquement paralysée. Deux
millions de personnes se rendent chaque jour dans le "Central Business
District" de Manhattan dont 850,000 arrivent entre huit heures et neuf heures
du matin. 10 p. c. seulement de ces personnes utilisent leur voiture
personnelle pour se rendre à leur travail et en revenir mais c'est
encore beaucoup trop. Les experts sont unanimes, New York ne peut survivre que
si on réussit à interdire l'usage des automobiles et à
imposer à tout le monde, aux habitants de l'extérieur comme
à ceux qui habitent en ville, l'utilisation des transports publics".
J'ai entendu avec beaucoup d'intérêt tout à l'heure
les statistiques que vous citiez à l'effet que, dans plusieurs des
grandes métropoles américaines, la construction des autoroutes
dont plusieurs dans le centre-ville avait diminué la circulation sur les
voies afférentes dans des pourcentages qui varient d'ailleurs entre 49
p. c. et 13 p. c. Le seul fait que ces chiffres varient montre que le visage de
chacune des métropoles varie ou diffère l'une de l'autre. Je me
posais des questions sur Montréal où la circulation a des
caractéristiques spécifiques, où on sent que la
circulation dans le centre-ville est surtout limitée entre la rue Guy et
la rue Papineau, d'un côté et la rue Sherbrooke et la rue
Dorchester, de l'autre.
En somme, c'est une sorte de quadrilatère, de rectangle qui
absorbe une grande partie de la circulation du centre-ville. C'est
précisément le milieu où sera logé ce
tronçon d'autoroute Est-Ouest. On a parlé de sept entrées
et sorties. Déjà, on sait que le centre de la ville est
congestionné. Même, avec la diminution que vous escomptez, il en
restera quand même beaucoup puisque l'on sait que la congestion du
centre-ville est notée par tous ceux qui connaissent bien ce
centre-ville, qui ont l'occasion d'y circuler. Avec ce nombre d'entrées
et de sorties, il est fatal que le nombre d'automobiles en circulation augmente
forcément avec tous les problèmes que cela entraîne au
point de vue de la pollution on en a parlé au point de vue
de la congestion il peut être important d'y revenir et
aussi au point de vue des aires de stationnement qui sont en nombre insuffisant
déjà dans le centre-ville et dont les taux sont souvent
exorbitants.
Etant donné que cette solution-là, avec le tracé
actuel, va augmenter ces problèmes, congestion, pollution,
problème du stationnement, avec aussi les autres inconvénients,
par exemple les bruits, la trépidation, et étant donné
aussi un des facteurs que vous avez mentionnés qu'il est
bien possible que le centre-ville se dote de plus en plus au cours des
années qui viennent d'immenses édifices à bureaux,
j'ai entendu parler du projet de Eaton, du projet de la Place Desjardins, du
projet de la Place Dupuis et d'autres probablement, IKO il est entendu
que la multiplication de ces édifices commerciaux, à bureaux et
des hôtels va déjà entraîner une congestion plus
grande.
Si on ajoute à ça les problèmes que peut causer
l'autoroute du fait qu'elle se conjugue avec ça, qu'elle va amener plus
de monde dans un centre-ville déjà congestionné, je me
demandais vraiment s'il n'y aurait pas eu moyen d'envisager d'autres
hypothèses, un peu comme celles dont je parlais tout à l'heure en
lisant l'Observateur, l'accent sur les transports publics. Vous nous avez dit
tout à l'heure que vous avez déjà, à l'occasion des
études de ce projet d'autoroute, mis en branle au ministère de la
Voirie un bureau qui commence déjà à étudier les
transporteurs publics, que ce soient le minirail dont vous avez parlé ou
d'autres formules.
Dans mon intervention, j'ai parlé d'une autre solution
alternative qui aurait pu être étudiée, c'est-à-dire
la multiplication dans le centre-ville de stations de métro qui auraient
permis de faire le joint entre les deux lignes longitudinales par des points de
raccord, et qui auraient permis, comme ça existe déjà
à Paris, de limiter pour les usagers, les piétons, l'usage de
l'automobile, du fait que la distance entre les transporteurs publics, entre
les métros, pourrait être considérablement
diminuée.
Je voulais savoir votre idée aussi sur cette
éventualité, sur cette solution, sur cette hypothèse qui
est présentée de plus en plus souvent, à l'effet de fermer
les centres-villes à la circulation automobile, sauf à la
circulation automobile indispensable, celle dont les commerces ont besoin, que
ce soient les taxis, que ce soient les voitures de livraison, mais pour tout le
reste, d'éliminer le plus possible la circulation automobile en essayant
de la concentrer sur une sorte de pourtour périphérique, je ne
l'appellerai pas la zone bleue, mais qui pourrait être
l'équivalent du pourtour de la zone bleue parisienne. J'aimerais avoir
vos opinions sur ces
diverses hypothèses, aussi bien réalisables actuellement
que dans un proche avenir, que je viens de mentionner.
M. PINARD: Si le député n'y voit pas d'objection, je
demanderai à mon sous-ministre, M. Rouleau, de répondre à
vos interrogations et peut-être aussi à M. John Connolly qui
pourrait ajouter certains détails puisqu'il est plus près de
l'administration de la ville de Montréal avec qui il négocie
constamment.
Je vais commencer par la fin, par ce qui touche le pourtour.
Actuellement nous avons trois carrés ce ne sont pas des
circonférences qui ont été envisagés depuis
plusieurs années pour l'île de Montréal. Un des premiers
carrés que nous sommes, en fait, à compléter, c'est le
carré boulevard Métropolitain, montée
Saint-Léonard, l'Est-Ouest à Montréal et
Décarie.
Si on regarde l'autre carré, vous allez prendre la route 3 sur la
rive sud, vous allez prendre une autre route qui est à venir, du nord au
sud qui joindrait l'île Jésus à la rive sud. Vous avez
l'autoroute Est-Ouest-Laval dont nous avons annoncé le projet et que
nous sommes supposés commencer l'an prochain. Et, éventuellement,
une route nord-sud à l'ouest de Décarie actuellement. Si vous
voulez vous reporter plus loin, nous avons la route 30 sur la rive sud, la
route 640 sur la rive nord; d'ailleurs les entrepreneurs ont commencé
dernièrement à travailler de Repentigny à Oka. Nous avons
éventuellement, dans le coin de Sorel, Berthier et tous ces endroits,
envisagé un pont et plus à l'ouest nous allons avoir un autre
axe. Alors, d'ici peut-être une dizaine ou quinzaine d'années nous
allons avoir tous ces pourtours semblables à ceux de Paris
actuellement.
M. LAURIN: Mais justement, si vous voulez revenir au...
M. PINARD: Maintenant, en ce qui touche... tantôt vous avez
mentionné Sherbrooke à Dorchester où c'était
congestionné. Actuellement, on sait que c'est encore plus vaste que
ça. On peut partir de Mont-Royal au fleuve ou du boulevard Saint-Joseph
au fleuve, si on veut. Et dans cet axe est-ouest, en fait, la seule
artère valable va être l'autoroute Est-Ouest. Parce que la rue
Sherbrooke tout le monde sait que c'est inabordable. La rue Mont-Royal, c'est
exactement la même chose. Rachel ce n'est pas touchable. L'avenue des
Pins, c'est la même chose. Alors le seul axe, en fait, on peut partir du
boulevard Métropolitain, si l'on veut, nord-sud là,
évidemment il y a le boulevard Rosemont que la ville de Montréal
continue avec... dans l'Ouest cela change de nom. En tout cas c'est la
même continuité.
M. LEGER: On est en train d'élargir la rue Sherbrooke à
partir de Pie IX jusqu'à...
M. PINARD: Oui, mais tout à l'heure on me parlait du
centre-ville. On me parlait de Sherbrooke à Dorchester. Je ramène
les dimensions du boulevard Saint-Joseph au fleuve. On me parlait de Guy
à Papineau, actuellement, je pense qu'il faut partir plus loin que
ça; il faut partir de Atwater et se rendre peut-être je ne
dirais pas jusqu'à la montée Saint-Léonard encore
mais si on regarde ce qui va se passer d'ici cinq ans c'est montée
Saint-Léonard.
Alors déjà dans l'axe nord-sud ce n'est pas si...
M. LAURIN: ... en somme la zone la plus dense, la plus
achalandée.
M. PINARD: Je pense bien que la rue Mont-Royal est presque aussi
achalandée que la rue Sherbrooke. C'est inabordable. C'est
évident qu'avec l'autoroute, comme on me dit, plus on va avoir de
circulation sur l'Est-Ouest, plus on va libérer les rues de
Montréal.
En fait il y a eu des politiques d'ensemble qui ont été
établies depuis plus longtemps que ça. J'en discutais justement,
je pense, avec M. Saulnier, lorsqu'on a décidé de mettre des sens
uniques à différents endroits, on a décongestionné
la circulation. Lorsqu'on a enlevé le stationnement, on a
décongestionné la circulation. Lorsqu'on a apporté le
métro, on a décongestionné. Mais, à cause de
l'augmentation du nombre de véhicules par personne, et aussi à
cause de l'augmentation de la population, ça s'accroît quand
même et on ne vient pas à bout de prendre le dessus.
C'est pour cela qu'on calcule qu'avec l'Est-Ouest et le métro en
même temps, il y a moyen de décongestionner.
M. LAURIN: Est-ce qu'ils envisagent un moment où le centre-ville,
où le centre du centre sera complètement fermé, la zone
des gratte-ciel, en somme, la zone des commerces, la zone des loisirs et la
zone des cinémas?
M. PINARD: Il y a une possibilité, je pense bien, si on veut
regarder quinze ou vingt ans à l'avance...
Quand le métro sera en place, à ce moment-là,
ça me paraîtrait plus possible.
Mais actuellement, nous sommes convaincus qu'on ne pourrait pas
intéresser les gens à la Place Desjardins par exemple si on n'a
pas des autoroutes. Nous avons participé aux négociations, nous
sommes convaincus... A la gare Windsor, actuellement, on projette une extension
importante. On n'est pas rendu à ce stade-là. Ce sera
peut-être vrai dans quinze ou vingt ans.
Par contre, à la vitesse où tout se développe, si
on veut faire une comparaison peut-être avec l'aviation, c'est facile. On
sort un avion; dès qu'il est sorti, il est déjà
dépassé par un nouvel avion qui sort. C'est possible que lorsque
l'autoroute sera finie en je ne sais pas quelle année, que
déjà il faudra commencer à construire pour 1985, 1990. Ce
sera complémentaire et
c'est tout à fait normal, de nos jours, à la vitesse, au
rythme de vie que l'on a.
M. Jean-Claude Lahaye, le sous-ministre-adjoint, qui a travaillé
et pour nous et pour Place Desjardins, et peut-être pour d'autres
sociétés aussi, a fait une étude très exhaustive de
la situation et il a fait des projections. C'est ce qui l'a amené
à appuyer la décision du gouvernement de prolonger l'autoroute
Est-Ouest. Etant au courant de différents projets qui étaient
envisagés, compte tenu aussi des problèmes de congestion de la
circulation dans le réseau urbain, il recommandait qu'il y ait une
grande voie de dégagement en périphérie de
Montréal, qui serait une espèce de point de convergence de
la...
M. LAURIN: C'est justement ce qui m'étonne. Jusqu'à quel
point conciliez-vous...
M. PINARD: ... circulation très dense et qui ramasserait tout
ça, qui dégagerait le centre.
M. LAURIN: ... cette appellation de voie de dégagement avec le
nombre des entrées-sorties? Surtout quand on sait ce que sont les
entrées-sorties, particulièrement aux heures de pointe, à
Montréal. Cela me parait assez paradoxal d'appeler ça voie de
dégagement quand on regarde les entrées et sorties.
M. PINARD: Je vais demander à M. Connolly, qui est en
négociation constante avec la ville de Montréal, de parler en mon
nom.
Si on avait seulement une ou deux entrées, une ou deux sorties
sur l'autoroute, les entrées et sorties seraient bouchées aux
heures de pointe. On ne pourrait pas les utiliser. C'est pour cette raison que,
d'après les calculs de la ville de Montréal et nos calculs, on a
trouvé qu'il nous fallait une entrée et une sortie à la
rue de la Montagne, puis une autre sortie à la rue Mansfield. Cela est
comme les tuyaux d'eau. On sort de la circulation quand on sait qu'on peut
prendre une autre rue, afin qu'il n'y ait pas trop de circulation sur notre
route. Si on met 80,000 véhicules sur la voie rapide entre Sherbrooke et
le port de Montréal, les rues parallèles, à l'est et
à l'ouest, seront dégagées de 80,000 véhicules.
Bien entendu, ils iront plus vite. Ils débarqueront de l'autoroute
à une sortie, pour aller faire leurs affaires. Aussitôt que cela
sera fait, ils auront une place pour reprendre l'autoroute au lieu de faire
quelques milles dans les rues de la ville. Là, ces véhicules
encombreraient les rues de la ville. Il est sûr que le nombre de
véhicules ira toujours en augmentant. Mais si on en prend une partie,
pour les mettre sur l'autoroute, c'est une partie de moins qui circulera dans
les rues de la ville.
C'est vrai pour les automobilistes et c'est surtout vrai, si on parle au
point de vue économique, du point de vue du camionnage. Si vous envoyez
un camion faire une livraison, et si cela prend deux heures, c'est le client
qui paie. C'est certain! Tandis qu'avec une autoroute, il peut débarquer
peut-être à un demi-mille de son point de livraison. Il sauvera du
temps pour sa livraison et il reprendra l'autoroute. De cette manière,
il n'encombrera pas les rues de la ville.
M. LEGER: Vous prenez comme hypothèse que les 80,000 autos, qui
seront sur l'autoroute, proviennent de rues adjacentes sur lesquelles ils
passeraient s'ils n'avaient pas eu d'autoroute.
Il y a aussi l'autre aspect des gens de l'extérieur qui viendront
par l'autoroute pour entrer dans la ville de Montréal.
M. PINARD: Aux Etats-Unis, la circulation induit. On ne connaît
pas le rapport où la circulation induit mais, par une nouvelle
facilité, elle a dépassé 15 p. c. Si vous donnez une
facilité à quelqu'un de descendre à la basse-ville sur une
autoroute, il y en aura plus qui descendront qu'avant. Cela se tient autour de
15 p. c. L'avantage est que sur 80,000, même s'il y avait 15 p. c. de la
circulation qui seraient induits, il en restera toujours 65,000 dans la
circulation, qui étaient dans les rues locales et qui n'y sont plus. Ce
n'est pas une solution qui durera cent ans. Comme on le disait, après
cette solution, si cela nous donne 10 ou 15 ans de répit, les autres
genres de transport en commun pourront prendre aussi la relève. Dans
l'axe de 60 Lamontagne et le bord de l'eau, il est certain que nous ne sommes
pas capables d'en passer deux, même si on le voulait. Il faut en passer
une. Une fois que celle-là sera là, il faudra étudier
d'autres modes de transport.
M. LEGER: Etant donné que le ministre disait, cet
après-midi, que la voie ne sera pas surélevée, mais
à la hauteur de la chaussée ou plus bas, cela présuppose
que les terrains de stationnement ne seront pas, comme le boulevard
Métropolitain, en dessous de l'autoroute, mais autour de
l'autoroute.
Est-ce que vous prévoyez des terrains de stationnement autour?
Est-ce que vous avez une bonne proportion de terrains de stationnement qui est
prévue dans ce projet-là?
M. PINARD: Non. Les problèmes de stationnement sont plutôt
du domaine municipal et la municipalité va s'occuper de cela. On parlait
de stationnement tout à l'heure. Quelqu'un a dit que les prix
étaient exagérés. C'est la seule manière
d'empêcher les automobilistes d'aller en bas de la ville s'ils n'ont pas
d'affaire à y aller, c'est d'augmenter les taux de stationnement. Cela,
c'est l'offre et la demande. On a vu à Montréal que voilà
dix ans, on allait au cinéma le soir et ça coûtait $1 pour
stationner notre automobile. Aujourd'hui, ça nous coûte $2, $2.25
pour stationner notre automobile le temps qu'on va au cinéma. Souvent,
on va prendre le métro. C'est la méthode...
M. LAURIN: Cela frappe tout le monde. Cela frappe ceux qui en ont besoin
pour gagner leur vie...
M. PINARD: Cela frappe tout le monde. M. LAURIN: ... et ceux qui
demeurent là. M. PINARD: Il faut que ça soit
général.
M. LEGER: Vous voulez compenser le fait que vous allez sortir des
automobiles des routes de Montréal sur l'autoroute et empêcher les
automobiles de venir, par le fait que les parcs de stationnement vont
être augmentés.
M. PINARD: Empêcher par les parcs de stationnement...
M. LEGER: ... ou diminués?
M. PINARD: ... cela sera l'offre et la demande. A Place Ville-Marie,
c'est rendu aujourd'hui à $45 par mois pour stationner notre voiture. Il
y a des terrains de stationnement ouverts où c'est $15, mais s'il y a
une trop grosse demande, cela va monter aussi. Cela va forcer les gens à
prendre le métro. Ceux qui ne sont pas obligés d'y aller, mais
ceux qui, par affaires, vont être obligés d'aller en ville, vont
être obligés de payer.
M. LEGER: Dans vos négociations avec la ville de Montréal,
y a-t-il un plan prévu qui va aboutir à peu près à
une quantité suffisante de terrains de stationnement en même temps
que l'autoroute va être bâtie?
M. PINARD: Je pense qu'après la discussion que nous avons eue
avec la ville de Montréal, on obligeait avant on oblige encore,
mais on est peut-être un peu moins sévère tant de
places de stationnement par tant de pieds carrés et ces
choses-là.
UNE VOIX: Une place par mille pieds carrés.
M. PINARD: On a réalisé que cette politique-là
coûtait pas mal cher. Maintenant, on laisse plutôt à
l'entreprise privée le soin de... Je ne sais si cette
comparaison-là est valable. Il y a des choses, la cigarette entre
autres, qui sont supposées tuer graduellement. Vous avez beau taxer cela
"au coton", les gens continuent quand même à fumer la cigarette.
La même chose avec le scotch en fait. L'automobile, quand même on
prendrait tous les moyens possibles pour éviter que les gens se rendent
dans le bas de la ville en automobile, ils vont congestionner la ville
complètement et ils vont continuer. Quand même vous monteriez la
taxe sur l'essence de $0.10, $0.20, cela est pour une période encore de
10, 15 ou 20 ans. Evidemment, si on vient à bout de trouver des
transports en commun extrêmement rapides et très bien
distribués à travers le territoire, il est possible qu'on
aboutisse à avoir des villes sans automobiles, mais ce n'est pas pour
aujourd'hui, chose certaine, ni à moyen terme. C'est plutôt
à long terme.
M. LEGER: Le ministre avait parlé tout à l'heure que la
perte à gagner de taxes pour la ville de Montréal serait
compensée par la plus-value des terrains en bordure de l'autoroute ou
autour.
Cela veut dire que la ville aura à augmenter des taxes et les
propriétaires de cette région, eux-mêmes, ceux qui ne sont
pas expropriés, auront probablement l'augmentation de taxe ou si vous
pensez que ça sera réparti dans toute la ville cette
augmentation? Cette plus-value est en réalité autour de la
région de l'autoroute.
M. PINARD: Pour les nouvelles constructions.
Comme on a fait pour le métro. Les terrains le long du
métro ont augmenté de valeur, ce qui est tout à fait
logique.
M. LEGER : Avez-vous une idée des je pense que c'est
à peu près 2000 familles qui sont possiblement à
déloger? C'est ce qui avait été déjà
annoncé. Mille six cents?
M. PINARD: De 1400 à 1500.
M. LEGER: Dans ces 1500 familles, avez-vous le pourcentage de
propriétaires résidants? Je ne parle pas de propriétaires
qui ne demeurent pas là, mais de propriétaires résidants,
ceux à qui cela profite de se faire exproprier.
M. PINARD: Si vous me permettez, depuis le début de la
discussion, justement on nous a posé la question et nous avons
répondu que nous n'avions pas déposé de plans comme
on dit en jargon signifiant que nous devenions propriétaires.
Nous en sommes quand même au stade de montrer à la population
où nous voulons aller, d'ouvrir un dialogue pour savoir exactement si
nous sommes réellement au bon endroit.
Il est possible qu'en cours de route parce que nous n'avons pas
l'intention de déloger les gens avant 1973 que nous
écoutions les représentations de tous et chacun. Il est possible
qu'au lieu de 1400 familles ce sera 1800, ou que ce sera 1000. Nous essayerons
de minimiser le plus possible l'effet de la démolition. Nous avons
l'intention, pendant un certain temps, de dialoguer avec la population.
Ceci implique, évidemment, que nos plans ne sont pas
précis à 100 p. c. Nous sommes au stade des négociations
autant avec le service d'urbanisme de la ville de Montréal qu'avec le
service d'habitation de la ville de Montréal et le service d'habitation
de Québec. Aussi, il y a des zones possiblement dans ce
coin-là de
rénovation urbaine, très différente d'habitations
à loyer modique, avec une participation fédérale, etc.
Aussi il y a un problème de relocalisation d'industries. Le peu
d'industries que nous déplaceront, nous voulons absolument qu'elles se
réinstallent dans l'est. Ce serait absolument ridicule à notre
point de vue de déplacer...
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez nous dire le nombre d'industries qui
sont déplacées? Le nombre d'employés qui se trouvent ainsi
à perdre, ne serait-ce que temporairement, leur emploi?
M. PINARD: Le nombre d'emplois affectés est de 1500. Ceci
implique la Régie des alcools. Le ministre a déjà
annoncé et moi aussi qu'elle sera
réinstallée dans l'est de la ville. Je n'ai pas les
détails des 1500 il y en a peut-être 600 à la
Régie des alcools.
Les derniers "night clubs" qu'on touche sont déjà
déménagés à Granby, je pense, il y a l'affaire de
Plourde, United Auto Parts, qui, dès qu'on va négocier, parle de
reconstruire pour rester dans l'est de Montréal.
M. LAURIN: De tout cela, quel pourcentage va-t-on relocaliser dans l'est
de Montréal?
M. PINARD: A ce jour, au premier coup d'oeil, au moins 90 p. c.
M. LAURIN: On ne perdra donc pas tellement d'usines.
M. PINARD: Si on était passé sur la rue Drouin, cela
aurait pu être plus grave.
M. LEGER: D'après ce que le sous-ministre vient de dire, vous
êtes encore en train de dialoguer pour déterminer les endroits
où vous devez passer. Cela veut dire que le tracé n'est pas
définitif, jusqu'à Hippolyte-Lafontaine.
M. PINARD: "Définitif" est un grand mot. On sait où on va
passer mais est-ce qu'on passe à 10 pieds sur un côté ou 20
pieds sur l'autre? Le tracé est toujours susceptible de certaines
modifications mineures, si vous voulez. A un moment donné, si on
s'aperçoit qu'une expropriation va nous coûter $500,000 et qu'il y
a moyen, au plan géométrique, d'avoir un aussi bon alignement en
évitant cette expropriation, c'est économique pour nous de le
faire. C'est pour ça qu'on dit que ce n'est jamais précis
à ce point qu'on s'en va dans une ligne bien déterminée et
qu'il n'y a rien pour nous arrêter.
M. LAURIN: Mais la partie de $60 millions, est-ce ce que vous avez
déjà dépensé ou si cela couvre le coût total
des expropriations? Cela équivaut à $60 millions sur $300
millions, le coût total de l'autoroute?
M. PINARD: C'est ça.
M. LAURIN: Cela veut dire que c'est 20 p. c. du coût total de
l'autoroute qui passera à des expropriations.
M. PINARD: Cela me parait assez normal quand vous avez à
construire une autoroute dans un territoire urbain comme celui de
Montréal.
M. LAURIN: Est-ce que c'est plus ou moins cher que le boulevard
Décarie?
M. PINARD: C'est moins cher que le boulevard Décarie, parce que
vous n'aviez pas la même structure urbaine au boulevard Décarie
qu'à l'endroit où nous allons faire passer l'autoroute
Est-Ouest.
M. LAURIN: On peut donc dire que c'est le cinquième des
dépenses qui vont aller à des fins non productrices d'emplois, si
on veut...
M. PINARD: C'est-à-dire que les gens le construisent. Si on prend
une industrie, sur $60 millions et qu'on la relocalise dans le district, il
faut reconstruire. Il s'établit toujours des formules de compensation,
de façon directe ou indirecte. A la fin du compte, on est probablement
gagnant, à moyen terme, si vous voulez. C'est pour ça que c'est
difficile de discuter dans l'absolu. On peut toujours faire des projections
comme M. Jean-Claude Lahaye l'a fait, mais cela reste dans un ordre de
probabilités et de possibilités, cela ne prend pas un
caractère absolu.
M. LEGER: Le tracé va longer le fleuve. A partir de quelle rue
devait-il commencer à remonter pour rejoindre le tunnel
Hippolyte-Lafontaine près de Sherbrooke ou d'Hochelaga?
M. PINARD: Actuellement ou dans le premier tracé?
M. LEGER: Dans le dernier.
M. PINARD: Dans l'arche Notre-Dame?
M. LEGER: Deux rues à l'ouest de Dickson près de Viau, un
peu plus loin que Viau.
UNE VOIX: Dans le comté de Bourget.
M. PINARD: D'ici une dizaine de jours, la maquette va être
dévoilée et cela me fait plaisir d'inviter tout le monde, surtout
les députés du coin, à nous rendre visite. On va pouvoir
discuter autour de la maquette, ça discute beaucoup mieux. En fait, j'ai
toujours dit que, quand on a un plan sur la table, cela vaut un rapport
ça d'épais. C'est pour ça qu'on a fait faire une maquette,
pour que tout le monde puisse voir, critiquer ou dialoguer à loisir.
M. LAURIN: Vous avez discuté avec le service d'urbanisme de la
ville de Montréal de cette planification dont vous parliez tout
à l'heure du centre-ville en ce qui concerne la multiplication
des stations de métro, des stations de métro qui joindraient des
stations de métro existantes, d'un réseau nouveau de stations
centrales de métro dans le centre-ville.
M. PINARD: Le métro, on n'y touche pas.
M. LAURIN: Non, mais sans y toucher, est-ce que vous êtes au
courant qu'il y a des plans en préparation dans la ville de
Montréal pour le réaménagement du centre-ville au sujet
des transports collectifs?
M. PINARD: Enfin, disons que ce n'est pas notre responsabilité
directe mais ce serait peut-être valable d'avoir une discussion à
ce sujet avec les autorités de la ville de Montréal parce que
nous aurions peut-être des formules complémentaires à
offrir face aux besoins qui nous sont indiqués et face aux nouvelles
formules de transport en commun dont j'ai parlé cet
après-midi.
M. LAURIN: Surtout quand on connaît l'évolution des autres
agglomérations américaines d'une part, et d'autre part, surtout
quand on connaît le boum qui va arriver dans le centre de Montréal
dans la construction d'édifices à bureaux et d'édifices
consacrés aux loisirs. On peut penser qu'il va y avoir une mer de monde
dans le centre de Montréal. Déjà quand on considère
les couloirs souterrains qui relient la Place Bonaventure à la Place
Ville-Marie, quand tout ce monde-là monte en surface, quand les termites
vont respirer l'air, on peut penser qu'ils amènent une circulation
extraordinaire. Justement je me demande s'il n'y aurait pas une concertation
à faire entre le ministère de la Voirie qui planifie à
l'échelle du Québec et les grandes agglomérations comme
celle de Montréal qui, constituant le quart du Québec,
constituent une partie extrêmement importante au fond du réseau
québécois.
M. PINARD: Evidemment, le problème concerne de façon plus
directe le Conseil de développement régional de la ville de
Montréal. Je pense qu'on devrait avoir voix au chapitre en ce sens,
qu'au moins on devrait être présent pour savoir ce qui se passe,
pas tellement pour nous fourrer le nez dans leurs affaires, mais pour qu'on
soit capable d'avoir quand même une politique d'ensemble qui va se tenir,
qui ne sera pas infirmée par exemple par une décision prise par
un autre niveau du gouvernement, comme ça pourrait être possible
avec la création des communautés urbaines qui sont responsables
d'un schéma d'aménagement. Le schéma d'aménagement,
sa définition, ce serait quoi?
M. LAURIN: Cela me parait impossible de séparer
l'évolution, par exemple, de la rive sud dont on parle assez souvent
comme la nouvelle Ruhr du Québec, avec toutes les usines
pétrochimiques ou autres qui vont s'implanter dans cette
région-là, avec toute la masse d'ouvriers que ça va
nécessiter, le transport de ces ouvriers d'une rive à l'autre,
d'une part, et de l'autre, tout ce qu'on attend de la ville nouvelle de Laval
qui, elle aussi, avec le réseau d'autoroutes que vous êtes en
train de construire et avec tous les développements auxquels on peut
s'attendre... J'imagine qu'on ne peut pas planifier le réseau routier et
la circulation dans Montréal sans tenir compte de ces deux autres
pôles qui sont en train de revêtir une importance quasiment aussi
grande que celle de l'agglomération montréalaise.
De la même façon qu'ici on est habitué d'avoir des
projets de loi de Montréal au point de vue de l'évaluation
municipale, au point de vue de l'assiette fiscale, de la même
façon, j'ai l'impression qu'au réseau routier c'est une des
tâches primordiales du ministère de voir à ce que ce
développement se fasse dans l'avenir en tenant compte de ces
polarisations-là. Je voulais simplement vous demander si c'était
en voie, si c'était en marche, ou si c'est à l'occasion de ce
projet-là que le ministère recevra l'impulsion pour mettre en
place ces nouvelles structures.
M. PINARD: Oui, M. Connolly m'informe que c'est la CDRM qui a la
responsabilité de la planification au niveau dont parle le chef
parlementaire du Parti québécois, mais que le ministère de
la Voirie a un représentant en permanence au sein de cette commission en
la personne de M. Lussier. Alors, je pense que la négociation se fait
très bien, que la Voirie est bien informée et que parfois aussi
la Voirie est en mesure de bien indiquer les éléments dont il
doit être tenu compte pour en arriver à une planification efficace
et bien coordonnée.
M. LAURIN: C'est parce que vous avez employé souvent le mot
"catalyseur" tout à l'heure. J'aimerais bien que ce projet de
l'autoroute Est-Ouest puisse servir de catalyseur pour autre chose que la
rénovation urbaine...
M. PINARD: Oui.
M. LAURIN: ... qu'elle puisse servir aussi de catalyseur pour une
planification plus rationnelle, plus à long terme du
développement routier de toute cette section tellement populeuse et
tellement importante au Québec.
M. PINARD: Evidemment, il faut faire attention parce que la
multiplication des structures, parfois, nous conduit dans des impasses ou dans
des directions opposées. Il faut quand même qu'il y ait quelqu'un
qui soit en mesure de faire la synthèse et pas nécessairement
d'avoir la haute main, mais d'être en mesure de faire une espèce
d'arbitrage. A mon point de
vue, c'est le rôle du ministère de la Voirie ou du futur
ministère de l'Equipement s'il prend, à ce moment-là, tout
son sens et toute sa réalité. Ce sera peut-être fatigant
pour certains niveaux d'autorité, mais je pense que notre
présence à ces endroits stratégiques devrait être
bienvenue plutôt que malvenue... Je ne veux pas faire de guerre de
prestige ou d'esprit de clocher, mais je pense qu'il faut occuper la place que
nous devons occuper et qui nous revient, parce qu'il faut quand même
admettre que c'est le gouvernement qui subventionne d'une façon ou d'une
autre.
M. LEGER: Mais dans le relogement des personnes qui vont être
déplacées, est-ce que vous avez, dans votre plan,
déterminé que les gens qui demeurent dans le comté de
Maisonneuve, dans votre plan de relogement, devraient être relogés
dans Maisonneuve ou si ça peut être n'importe où en ville?
Est-ce que vous allez planifier avec les autres lotissements qu'il va y avoir,
domiciliaires etc.
M. PINARD: En principe, je pense qu'il est logique de croire que le
service du relogement de la ville de Montréal va penser qu'il est
préférable de reloger dans le territoire pour ne pas
déraciner les familles qui y vivent peut-être depuis plusieurs
années. Il faut quand même garder dans le territoire les personnes
qui y sont familières à moins qu'il y ait des
éléments ou des impératifs...
M. LEGER: Vous savez qu'il y a des gens qui...
M. PINARD: ... qui indiquent qu'il faille les reloger ailleurs, mais
enfin, je pense que c'est dans le territoire qu'il faudrait les reloger.
M. LEGER: C'est parce que vous savez qu'il y a des personnes qui
résident dans ces milieux-là et qui n'ont jamais quitté
l'île de Montréal de leur vie, qui n'ont jamais traversé le
pont.
M. PINARD: Oui, c'est possible.
M. LEGER: Alors, pour eux, c'est leur petit milieu. Maintenant,
étant donné qu'il y a une partie de cette route, selon le
tracé, qui va être en bordure du fleuve et l'autre partie qui ne
sera pas en bordure du fleuve, quand vous allez remonter, est-ce qu'il est
prévu des "over-pass" là...
M. PINARD: Des étagements.
M. LEGER : Comment dites-vous ça?
M. PINARD: Des structures étagées ou...
M. LEGER: C'est ça! Est-ce qu'il va y en avoir plusieurs qui
pourraient permettre aux gens du nord de cette autoroute de passer au sud pour
aller jusqu'au fleuve? Dans la partie qui ne touche pas...
M. PINARD: La montée, c'est encore vers l'est. Si on part
à l'est de la montée Saint-Léonard, en fait on passe
par-dessus le chemin de fer, on est en voie élevée, on passe
par-dessus Dickson, évidemment, parce qu'on est au-dessus du chemin de
fer. Après ça, on passe par-dessus toutes les cours de triage du
chemin de fer et là on pourrait rester en voie élevée pour
passer par-dessus Viau, je pense, en tout cas une rue ou deux.
Il semble que, pour les gens qui vont travailler au port de
Montréal, il va y avoir probablement Pie IX, je pense, qui va pouvoir
déboucher. Il y a deux ou trois rues entre le pont Jacques-Cartier,
où on va pouvoir traverser.
M. LEGER: Entre Pie IX et Jacques-Cartier, il va y avoir à peu
près deux ou trois viaducs?
M. PINARD: Oui, il y a Delorimier je pense. Quelque chose comme
ça.
Les rues qui sont actuellement ouvertes par le port de Montréal.
La rue Désiré était ouverte avant et on l'a fermée
avec un garage temporaire. On s'informe si on doit garder cette ancienne
entrée, si on doit la garder fermée ou non. Si on la garde
fermée, on ne leur donnera pas de passage.
Il y a un avantage à ne pas en avoir trop aussi. C'est que les
camions vont rester en bordure de Notre-Dame tandis que les gens pourraient se
promener en voiture ailleurs.
M. LEGER: Est-ce que vous avez calculé aussi l'impact concernant
le port de Montréal, du fait de l'autoroute, de la partie qui sera juste
sur le bord du fleuve? Est-ce que vous avez calculé l'impact que
ça peut avoir sur le port de Montréal comme tel? Est-ce qu'il y a
des négociations qui se font avec les Ports nationaux?
M. PINARD: M. Ouellette nous avait mis en garde quant à
l'empiètement possible que nous aurions fait du territoire occupé
par le port de Montréal. Evidemment, il s'est opposé et, à
mon avis, avec raison. Je pense qu'il n'a pas d'objection à ce que nous
collions l'autoroute Est-Ouest le plus possible dans la ligne de
démarcation du territoire du port de Montréal, mais pas beaucoup
plus loin que ça, parce que ça mettrait probablement en danger la
circulation. Et, à l'intérieur du port de Montréal
lui-même, mais aussi la possibilité de son expansion. Comme c'est
un port très important qui est déjà fortement
menacé au plan économique, au plan de la rentabilité comme
l'ont indiqué les journaux, hier, je crois que nous n'avons pas à
aggraver la situation du port de Montréal, mais nous avons surtout
à la bonifier dans une politique d'ensemble de façon que
Montréal ne perde pas son titre de port le plus important du
Canada par rapport aux autres ports de Toronto et des provinces maritimes.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a eu beaucoup de rencontres avec les
autorités du port de Montréal quant à l'impact de
l'autoroute sur le port, premièrement? Et, deuxièmement, quant
à l'utilisation possible du terrain du port comme solution
alternative?
M. PINARD: Au bord de l'eau?
M. LAURIN: Oui.
M. PINARD: Entre Université et ce coin-là?
M. LAURIN: Oui.
M. PINARD: Dans le temps, il n'en était pas question, on n'en
voulait pas.
Disons que, quand le ministère de la Voirie a envisagé de
passer son autoroute dans un axe qui aurait empiété quelque peu
sur le territoire du port de Montréal, nous avons été
forcément obligés de négocier avec M. Beaudet, c'est
là qu'il nous a fait valoir tous les arguments qui allaient à
l'encontre du tracé proposé par le ministère. Il y a eu
une dizaine de rencontres à peu près avec lui. C'est là
que nous avons été convaincus du bien-fondé de ses
arguments et que nous avons choisi un tracé qui était plus
susceptible de dégager le territoire requis pour l'expansion du port de
Montréal.
M. LAURIN: Et ces arguments, principalement...
M. PINARD: D'ailleurs, il y avait une foule d'éléments
techniques adverses qui faisaient que nous n'aurions pas pu aller à cet
endroit parce que la nappe d'eau était très haute et il aurait
fallu bâtir sur pilotis à de multiples endroits. Ce qui aurait
augmenté sensiblement le coût de construction. Alors, il y avait
des ruisseaux aussi à plusieurs endroits.
Il y avait les entrées et les sorties aussi, peut-être dans
le vieux Montréal...
Cela n'aurait pas été facile justement de donner les
facilités d'accès à l'autoroute si nous avions
collé un peu trop le port de Montréal.
M. LAURIN: Et l'utilisation des chemins de fer n'était pas
possible non plus? C'est-à-dire une partie de l'emplacement
occupé actuellement par les chemins de fer dans le port de
Montréal s'avérait impossible aussi?
M. PINARD: Je vais demander à M. Connolly de vous
répondre.
C'est-à-dire que les chemins de fer sont administrés par
le Canadien National et ceux qui appartiennent au port de Montréal ont
seulement une emprise d'entre 50 et 66 pieds. En plus, il y a un tas de voies
d'évitement.
Nous, en prenant 150 pieds d'emprise, nous débordions les voies
de chemin de fer et nous affections les entrepôts. Comme le ministre le
disait tout à l'heure, s'il avait voulu faire des sorties, il aurait
fallu aller empiéter sur le terrain des Ports nationaux pour sortir nos
voitures, pour les ramener dans le système routier de la ville de
Montréal. De plus, le port de Montréal nous a fait voir qu'il
manque de terrain. Actuellement, contre le pont-tunnel, on est en train de
remplir le fleuve pour se faire des quais. Cela va coûter à peu
près $2,000 le pied carré de terrain.
On ne pouvait pas prendre une lisière de terrain de 150 pieds,
quand eux sont prêts à payer $2,000 le pied carré pour
remplir, et mettre des palplanches pour faire des quais. C'était presque
une impossibilité, si on voulait que le port de Montréal garde
une activité raisonnable.
M. LAURIN: Donc, selon le ministère, il n'y avait pas d'autres
tracés possibles que celui que vous serez obligés finalement de
choisir.
M. PINARD: On avait étudié quatre ou cinq tracés.
Deux tracés avaient retenu l'attention, soit Rouen et Notre-Dame. Dans
l'ouest de la ville, on avait le tracé actuel. On a essayé un
tracé sur la rue des Commissaires. Avec celui-là, on était
obligé de monter sur les chemins de fer, près de l'ancienne gare
Viger, l'hôtel de ville. Là, on faisait un dommage énorme
aux chemins de fer. En plus, en passant contre Molson, nous n'avions pas de
place. Il fallait prendre huit pieds sur la bâtisse de Molson. C'est une
industrie absolument montréalaise, qui emploie un grand nombre
d'employés. On a essayé de lui faire le moins de dommages
possibles. Il y a eu toutes sortes de raisons qui nous ont forcé
à revenir au nord de la rue Craig.
M. LAURIN: Pour en finir avec cette question de planification, est-ce
que je vous comprends bien, M. le ministre, en disant qu'à l'occasion de
l'étude de ce projet vous avez créé une nouvelle division
ou un nouveau service au sein du ministère qui s'occuperait d'une
façon plus exclusive de la planification, en ce qui concerne les
transports collectifs dans les agglomérations?
M. PINARD: Oui.
M. LAURIN: Est-ce que vous pourriez nous donner un peu plus de
détails? Comment il fonctionnera? Avec quel personnel?
M. PINARD: C'est un nouveau service qui a été
créé et qui est sous la direction de M. Jacques Charland, un
spécialiste en planification et aussi en circulation. Il a une
maîtrise en circulation. C'est un problème qu'il connaît. Il
a aussi un talent assez marqué pour la recherche et pour la prospective
aussi. C'est un homme
très valable dont il faut se servir pendant qu'il est en mesure
de donner la pleine capacité de ses talents et de faire école, de
faire produire tout ce que ses disciples sont en mesure de donner en ce
moment.
M. LAURIN: Est-ce que c'est un service composé exclusivement de
lui ou s'il y a d'autres personnes qui travailleront avec lui?
M. PINARD: Il y a des urbanistes qui travailleront en étroite
collaboration avec lui, des économistes, des écologistes, des
géographes, des sociologues. Il faut faire appel aux nouvelles
disciplines.
M. LAURIN: Ce personnel, dont vous parlez, sera mis en place dans le
courant de l'année?
M. PINARD: Il y en a déjà en fonction. Mais il faut
grossir le personnel à l'intérieur de nos structure de
façon à ne pas les surcharger et de façon aussi à
ce qu'ils puissent étudier plus rapidement les problèmes qui
quotidiennement nous sont posés.
M. LAURIN: Est-ce qu'une des directives qui leur a été
donnée était d'étudier principalement les problèmes
de circulation qui se posent dans les grandes agglomérations?
M. PINARD: C'est bien sûr! Ce sont les problèmes les plus
urgents et c'est là qu'il faut aller.
M. LAURIN: Dont Montréal, en particulier?
M. PINARD: Montréal, en particulier. Et Québec, en ce
moment, pose certains problèmes, aussi.
M. LEGER: Concernant la Place Radio-Canada, Place Desjardins, Place de
la justice, est-ce que vous avez tenu compte du fait qu'une autoroute passant
près de ces places inviterait les gens qui travaillent à ces
places à prendre plutôt leur voiture que de prendre le
métro? Que pensez-vous de cette affirmation? S'il n'y avait pas
d'autoroute, ils prendraient probablement le métro. Le fait qu'il y ait
une autoroute et que les gens peuvent avoir à sortir de toutes ces
grandes places qu'on est à bâtir actuellement est une invitation,
avec l'autoroute, de prendre leur automobile et de déverser beaucoup
plus d'autos qu'on pourrait prévoir?
M. PINARD: En quelle année Radio-Canada a pris sa
décision?
M. LAURIN: Cela fait dix ans maintenant.
M. PINARD: Oui, je comprends, mais la décision a
été laissée en suspens pendant plusieurs années.
Lorsque la décision finale a été prise de localiser la
construction dans l'est de Montréal, pour différentes raisons,
mais entre autres, je pense...
M. LEGER: Qu'il y aurait une autoroute.
M. PINARD: ... on savait que, dans la planification du gouvernement de
Québec, l'autoroute ne serait pas tellement loin de
l'édifice.
M. LAURIN: J'ai une question maintenant qui porte sur les emplois.
Est-ce que c'est encore trop tôt pour nous dire le nombre
d'emplois directs directs j'entends bien qui seront
créés par la construction complète du tronçon
depuis Turcot jusqu'à Louis-Hippolyte-Lafontaine?
M. PINARD: J'ai donné l'autre jour le coefficient qui nous permet
de calculer le nombre d'emplois que la construction d'une autoroute comme cette
de l'Est-Ouest peut procurer directement ou indirectement. Je peux demander
à M. Connolly de nous dire quel est le nombre d'employés qui
actuellement sont au travail.
Actuellement, il y a entre 1,800 et 1,900 personnes au travail sur les
chantiers de l'autoroute. Ce sont des emplois directs. Avec la venue du beau
temps, qui va accélérer les travaux, on peut compter qu'on va
faire travailler au milieu de l'été environ 4,000 personnes.
M. LAURIN: Au début de l'été? Jusqu'à quelle
époque à peu près?
M. PINARD: Cela ira jusqu'à la fin de décembre. Ensuite,
au mois de décembre, cela va retomber peut-être autour de 2,500
pour remonter l'été prochain autour de 4,000.
M. LAURIN : Et cela va se maintenir comme ça deux ans?
M. PINARD: Jusqu'à la fin de 1972. M. LAURIN: Jusqu'à la
fin de 1972?
M. LEGER: Vers quelle période, vers quelle date l'autoroute
sera-t-elle ouverte de Hippolyte-Lafontaine à Turcot?
M. PINARD : Cela dépend des prévisions budgétaires.
On est sûr que ça n'ira pas...
M. LAURIN: Vous venez de mentionner que c'est sur le tronçon
actuellement en construction depuis Turcot jusqu'à Sanguinet et, pour la
deuxième partie, on verra, comme de raison.
M. LEGER: Mais ce sera à peu près les mêmes,
étant donné que cette partie-là sera terminée, on
pourra continuer sur l'autre. Cela dépend des employeurs et des
entrepreneurs...
M. PINARD: Prochains crédits.
M. LEGER: ... mais le maximum possible dans un même période
donnée, c'est $4,000?
M. PINARD: Oui, c'est 4,000
M. LAURIN : Sur les $82 millions prévus aux crédits
actuels, quelle est la proportion consacrée au tronçon est-ouest?
Est-ce que c'est affecté...
M. PINARD; Il y a $30 millions pour la Gaspésie.
Pour est-ouest, il y aurait $51.5 millions et pour le reste des travaux
à accomplir pour aller rejoindre la frontière du
Nouveau-Brunswick ça donnerait $30,700,000 environ. C'est pour cela que
l'autre jour je vous demandais si votre motion était divisible ou pas,
parce qu'à ce moment-là, je voulais vous signaler qu'en votant
pour la réduction globale de $82 millions à $1, vous vous
trouviez à voter contre le prolongement ou le parachèvement des
travaux de la Transcanadienne entre Montmagny et la frontière du
Nouveau-Brunswick. Si vous vouliez vous limiter à voter contre
l'autoroute Est-Ouest, c'était sûrement honnête de ma part
de faire cette mise en garde, mais je pense qu'elle n'a pas été
comprise.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est pour ça qu'on laissait $1.
C'était pour la partie est-ouest.
M. PINARD: Je suis allé dans le Bas-Saint-Laurent en fin de
semaine. Quand ils ont lu dans les journaux que le Parti
québécois inscrivait une motion pour réduire les
crédits du ministère de la Voirie pour la route transcanadienne
de $82 millions à $1, ils étaient assez fâchés. Ils
ont mal compris votre intervention.
M. LAURIN: Notre motion aurait été de réduire de
$82 millions à $30 millions.
M. LEGER: Est-ce que vous avez aussi un chiffre, selon votre
coefficient, pour déterminer les emplois indirects causés par
l'autoroute? Vous êtes arrivé à 4,000 au maximum dans une
saison et les emplois indirects vous amènent à quoi?
M. PINARD: Dans le cas des structures, on peut dire que c'est trois pour
un. Dans le cas des travaux routiers proprement dits, on peut dire deux pour
un.
M. LEGER: Cela veut dire quoi?
M. PINARD: On peut faire un inventaire en demandant les statistiques
précises aux entrepreneurs qui actuellement sont sur les chantiers.
M. LEGER: Mais selon l'expérience passée, vous avez encore
trois pour un...
M. PINARD : On peut en faire la vérification aussi par le Centre
de la main-d'oeuvre, mais ce serait peut-être préférable de
voir les listes de paye des entrepreneurs. Seulement, les emplois indirects
sont très nombreux aussi. Si vous pensez aux fabricants d'acier,
à ceux qui font des charpentes en bois, à ceux qui fournissent
des tuyaux de béton, des tuyaux de tôle galvanisée, le
béton en vrac ou préparé, par exemple, des pièces
de structures en béton avec des tiges d'acier, en béton
précontraint ou postcontraint mais fabriqué en usine.
Cela aussi peut créer de l'emploi. Vous avez une foule d'emplois
indirects...
M. LEGER: Trois pour un, c'est assez conservateur.
M. PINARD: ... qui sont assez difficiles à déceler, mais
il faudrait encore là faire un inventaire très serré pour
avoir le nombre exact de personnes mises à l'emploi du fait de la
décision de construire l'autoroute Est-Ouest. C'est quand même
très considérable.
Je me souviens que, dans le temps de l'Expo, alors que les chantiers
étaient très actifs, j'avais demandé des statistiques
à l'Association des constructeurs de routes du Québec; on m'avait
dit que, de façon directe et indirecte, tous nos travaux en cours
à ce moment-là avaient procuré 50,000 emplois.
M. LEGER: Dans le total? M. PINARD: Oui, c'est ça.
M. LEGER: On a beaucoup parlé de pollution de l'air, on ne
parlera pas de la pollution de la vue on sait que ce n'est quand
même pas tellement beau dans une région mais au niveau de
la pollution du bruit, est-ce que je sais que sur le boulevard
Métropolitain, le bruit causé par les autos qui passent
régulièrement, ainsi que les camions vous avez
calculé l'impact provenant de la pollution par le bruit, dans un milieu
résidentiel?
M. PINARD: C'est bien difficile à éviter pour une
période donnée. Les citoyens s'attendent à avoir des
inconvénients temporaires. Je pense qu'ils sont prêts quand
même...
M. LEGER: Temporaires.
M. PINARD: ... pendant la période de construction.
M. LEGER: Non, je parle du passage régulier, continuel des 80,000
autos, le bruit que ça fait.
M. PINARD: Oui, mais ce ne sont pas 80,000 autos qui passent à la
queue leu leu, en même temps. Il y a aujourd'hui des possibilités
techniques pour réduire le bruit. Cela dépend de la façon
dont l'autoroute est construite, de
la qualité de certains matériaux, de l'agencement des
matériaux. Il y a moyen de réduire assez sensiblement le bruit.
Cela se compte en décibels comme vous le savez il y a
maintenant toutes sortes d'appareils scientifiques qui mesurent
l'intensité du bruit.
Je me souviens que, sur le boulevard Métropolitain, au
début, on avait mis des joints qui faisaient énormément de
bruit au passage d'une automobile ou d'un camion. C'était
intolérable pour les personnes résidant en bordure de l'autoroute
ou sous l'autoroute à voie élevée. Finalement, un
fabricant a pensé que ce serait peut-être rentable de fabriquer un
autre joint qui claquerait moins et qui ferait moins de bruit. Il nous a
été soumis et le ministère de la Voirie a remplacé
tous les joints sur le boulevard Métropolitain pour réduire de
façon très sensible le bruit énorme causé à
ce moment-là.
M. LEGER: Je sais que ça ne relève peut-être pas de
votre ministère, mais est-ce qu'il est question de déterminer des
heures de passage pour les camions durant la nuit dans ces milieux
résidentiels?
M. PINARD: C'est une bonne question, qui peut être mise à
l'étude. Il y a possibilité de réglementer les heures de
circulation, fort probablement.
M. LEGER: Cela ne relèverait pas de votre ministère?
M. PINARD: C'est en vigueur dans certains pays. Je sais que, dans la
région de Paris, tout le transport des marchandises se fait la nuit.
J'étais déménagé à Rungis, mais
j'étais allé aux Halles; le transport des poissons, des
légumes, des fruits, se faisait la nuit à l'intérieur de
Paris pour ne pas congestionner davantage la circulation pendant le jour.
J'imagine que c'est possible à Montréal dans certaines
conditions.
M. LEGER: Quand il arrive un accident sur la route, vous m'avez dit cet
après-midi que...
M. PINARD: Il y a des refuges.
M. LEGER: ... vous avez des voies, non pas d'évitement...
M. PINARD: Une voie qui sert d'accotement...
M. LEGER: D'accotement.
M. PINARD: ... qui permettent aux automobilistes en panne de pouvoir
aller à cet endroit, de ne pas obstruer la circulation et de ne pas
causer plus de danger.
M. LEGER: Un des problèmes qu'il y avait et qu'il y a encore sur
le boulevard Métropolitain, ce sont les camions-remorqueurs qui vont
chercher ces automobiles en panne. Est-ce que le tracé permet
l'entrée sur l'autoroute de ces remorqueurs qui peuvent sortir les autos
en panne durant les périodes de circulation ou s'il faut qu'ils
attendent la fin de la circulation pour ça?
M. PINARD: Je pense qu'ils peuvent y entrer de la façon qu'on
vous a indiquée tantôt, c'est pour ça qu'il faut avoir des
entrées et des sorties pour pouvoir porter secours à ceux qui
seraient accidentés. Il faut pouvoir aussi les amener à
l'hôpital s'ils sont blessés, ou remorquer les voitures en panne
ou endommagées. C'est pour ça que ce n'est pas facile de
construire une autoroute en forme de corridor à "bob-sleigh", comme je
l'ai dit souvent. Autrement, ça n'aurait aucune fin en soi.
M. LAURIN: J'aurais une question sur la contribution
fédérale. Est-ce que vous avez perdu tout espoir de transformer
en participation fédérale moitié-moitié le
prêt que le gouvernement fédéral vous consent pour terminer
cette autoroute qui, en fait, devrait quand même faire partie de la route
transcanadienne.
M. PINARD: J'ai dit que le gouvernement fédéral a
respecté l'entente signée en participant à raison de $176
millions pour le coût de la route transcanadienne. Il est vrai que le
gouvernement fédéral n'a pas renouvelé l'entente le 31
décembre 1970. C'était déjà une chose prévue
sous l'ancien gouvernement, sous le gouvernement de l'Union Nationale.
Dès 1968, j'avais fait des mises en garde. D'ailleurs le ministre de la
Voirie du temps le savait aussi, mais je lui avais demandé d'ouvrir les
négociations tout de suite, pour en arriver à la reconduction de
l'entente. Les choses se sont précipitées à ce point que
le gouvernement fédéral a été obligé de dire
non au Québec mais à toutes les autres provinces aussi qui
voulaient avoir le renouvellement de l'entente.
Nous avons quand même une entente qui prévaut dans le
budget Benson. Elle nous permet d'aller retirer j'ai mentionné le
chiffre lors du premier débat sur la route transcanadienne, je ne
voudrais pas citer un chiffre qui ne serait pas exact $68 millions.
Cependant, c'est un prêt remboursable à certaines conditions
pendant un délai de... J'avais expliqué la formule de financement
et le ministre des Finances qui n'était pas en Chambre à ce
moment-là avait complété mes informations. On pourrait
peut-être avoir ces détails. Je vous les donnerai...
M. LAURIN: Le Québec est quand même la seule province dont
le coût de l'autoroute de la Transcanadienne ne sera pas financé
à moitié, par le fédéral.
M. PINARD: Non, ce ne serait pas absolument vrai ce que vous dites.
D'autres provinces
n'ont pas terminé les travaux de la route transcanadienne.
M. LAURIN: Mais juste quelques milles, c'est minime comparativement
au...
M. PINARD: Oui, mais le gouvernement fédéral, s'il a
atteint le maximum sur sa participation financière, n'ira pas plus loin,
pas plus dans le cas des autres provinces que dans le cas du Québec. Si,
par hasard, le gouvernement fédéral n'a pas atteint le paiement
de sa participation financière maximum prévue dans l'entente
signée avec les autres, à ce moment-là, il va
compléter sa participation financière mais il n'ira pas plus
loin.
M. LAURIN: Il reste cependant que la participation du
fédéral à la construction en Ontario a été
beaucoup plus...
M. PINARD: Il faut dire que l'Ontario a commencé dès 1939
à construire la route transcanadienne sur son territoire. Elle
était une route à deux voies, à l'époque, et elle
était peut-être suffisante. Cela ne l'était pas en 1960
quand j'ai signé l'entente le 27 octobre. Il fallait déjà
penser à quatre voies, six voies, huit voies, dix voies et douze voies
à l'intérieur de la ville de Montréal, par exemple. Cela a
augmenté sensiblement le coût. Cela serait peut-être bon
parce que la prétention du député de Bourget était
peut-être un peu trop absolue. Nous avons eu au Québec $176
millions, en Ontario $150 millions, au Manitoba $22 millions environ, en
Colombie-Britanique $122 millions, tout près de $123 millions. Vous
voyez que le Québec n'a pas été pénalisé
comme tel et a reçu un traitement qui était prévu dans
l'entente.
M. LEGER: Vous dites que l'Ontario a eu $150 millions.
M. PINARD: Oui, mais l'autoroute est beaucoup plus longue que chez nous.
Elle a 1,500 milles d'autoroute à deux voies sur la majeure partie du
parcours sauf que dans la ville de Toronto... Cela ne passait pas dans la ville
de Toronto. On a évité la ville de Toronto. On n'a pas eu
à faire ce que le Québec a fait à travers la ville de
Montréal. Cela a été moins coûteux. Il y avait quand
même 1,500 milles. Toute proportion gardée, le Québec a
peut-être été un peu mieux traité que les autres
provinces.
Il ne faudrait pas le dire trop haut, parce que là où nous
avons négocié assez habilement avec le gouvernement
fédéral, c'est lorsque nous avons pris avantage des 10 p. c. du
parcours total pour placer la participation financière du gouvernement
fédéral à 90 p. c. du coût de l'autoroute à
deux voies, en plein territoire de la ville de Montréal,
précisément à l'endroit où les travaux
étaient les plus chers, y compris le coût du pont-tunnel
Lafontaine. Alors, là ils ont bien vu qu'ils étaient pris
à leur jeu. Ils ont cherché à s'en défaire mais
l'entente le prévoyait et ils ont été obligés
d'accepter le choix fait par le Québec. Je pense qu'à ce
moment-là nous avons gagné une partie assez
considérable.
M. LAURIN: Et quel avait été le montant total que le
fédéral avait fixé à sa contribution, à la
construction de la Transcanadienne?
M. PINARD: C'était $176 millions. $172 millions peut-être
à l'époque, mais il est rendu à $176 millions.
M. LAURIN: Est-ce que c'était un total canadien?
M. PINARD: Pour le Québec, $176 millions pour le Québec.
On a dépensé $175.2 ou $175.3 millions.
Le total canadien, c'était, je pense, $825 millions.
M. LAURIN: Et il avait été prévu dès
l'origine que la part du Québec ne dépasserait pas...
M. PINARD: Non, en 1963, le Parlement canadien a autorisé que la
période de construction soit prolongée jsuqu'au 31
décembre 1967, et que la contribution fédérale soit
portée à $625 millions. Il prévoyait également dans
le cadre de cette autorisation que le Canada assumerait 90 p. c. des frais de
construction de la route pour les provinces de l'Atlantique à compter du
1 avril 1963. En 1966, une nouvelle prolongation, portant la date
d'achèvement au 31 décembre 1970, était autorisée
et la contribution maximale de l'administration fédérale
était portée à $825 millions.
M. LAURIN: Cela va pour moi.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Chauveau avait
des questions à poser à la commission? Vous n'aviez pas une
question à poser?
M. HARVEY (Chauveau): Non, ça va très bien, je trouve que
les explications sont même excellentes.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le président peut conclure que le
poste 6, article 7, est adopté par les membres de la commission.
M. HARVEY (Chauveau): Je voulais demander l'adoption, oui.
Adopté.
M. PINARD: Adopté. M. LAURIN: Sur division.
M. PINARD: Alors, l'article 8 a déjà été
adopté, ça terminerait...
M. DUMONT: On ne pensait pas que l'article
8 avait été adopté, on avait justement deux
interventions à faire. A moins que vous permettiez,...
M. PINARD: C'était adopté, mais je n'ai pas d'objection
à répondre aux questions assez courtes que vous voudriez bien
poser.
M. DUMONT: Je pensais qu'on procédait par ordre numérique.
Justement, on était pris à d'autres commissions, baie James et
Constitution, ce qui nous a empêchés d'être présents
aux travaux de la Voirie. C'était surtout, M. le Président, pour
souligner que nous avons, et je considère à ce moment-là
bien spéciale une route entre Plessisville et Thetford Mines. Nous avons
là des camions qui transportent de l'amiante et l'amiante permet au
Canada d'avoir une balance commerciale très favorable, de telle sorte
que le gouvernement central serait invité à collaborer pour
améliorer une route qui est devenue un danger public. Il n'y a pas que
moi, il y a aussi des corps intermédiaires et beaucoup d'autres
organisations qui l'ont appelée la route de la mort. Vendredi j'avais
préparé mon intervention, et je mentionnais que 27 accidents
mortels avaient eu lieu sur cette route 49. Maintenant, je suis obligé
de dire 30, parce que, depuis la fin de semaine, trois autres se sont
additionnés.
Considérant que nous avons là une route extrêmement
dangereuse, et que l'exportation de l'amiante n'est pas la moindre des choses;
considérant que dans la région de Black-Lake-Thetford Mines, 70
p. c. du marché vient de ces régions-là,
considérant que les camions que nous sommes obligés d'endurer,
l'hôpital qu'il y a à Saint-Ferdinand d'Halifax où il y a
600 employés, 400 pensionnaires à l'heure actuelle, apportent des
dangers très considérables, je me demande si actuellement on
attend une catastrophe terrible pour être capables d'agir. Quand je vois
que, dans les crédits, il n'y a rien de prévu, quand je vois
qu'on ne décrète pas que ce soit une zone spéciale
pourquoi ne pas inviter le gouvernement central à collaborer comme on
l'a fait pour l'autoroute dans Montréal, en fournissant $105 millions?
Je voyais une déclaration: La route 6 à Cap-Chat pour laquelle on
a demandé l'intervention du fédéral, il y a une entente
qui a été signée. Pourquoi, dans une route où il y
a des dangers aussi évidents puisque 30 morts, dans un an, sont
arrivées sur cette route-là est-ce qu'on n'apporte pas une
considération spéciale pour ces 25 milles de route qui, à
mon sens, devraient être refaits complètement?
Il faut voir la circulation intense. Là, je ne parle que des
décès accidentels. Il faudrait aussi évaluer les dommages,
faire le calcul de circulation qui existe sur cette route pour voir l'urgence
d'avoir une autoroute dans cette région pour, d'abord, le
développement d'une ville importante comme Thetford-Mines, Black-Lake et
des environs. Tous les gens de la
Beauce, pour aller à Montréal, circulent sur cette route,
je pense qu'il devient évident d'attacher une importance à la
route 49 qui, évidemment, n'est pas appelée route de la mort pour
rien. Tous les corps intermédiaires s'en rendent compte.
Je voudrais avoir du ministre quelques précisions afin de savoir,
par les études qui ont été demandées, si on a
actuellement étudié le projet de réfection ou même
d'exempter au moins le village de Saint-Ferdinand et de redresser un peu ces
côtes devenues trop dangereuses. Enfin, c'est l'économie
canadienne qui en bénéficie, comme je le disais, car l'amiante
est à 70 p. c. transportée sur cette route. Elle vient nuire
considérablement aux touristes et à tous ceux qui veulent voyager
et qui provoquent les accidents mortels que nous connaissons à l'heure
actuelle.
Le ministre n'a peut-être pas été saisi du
problème. Il y a beaucoup de résolutions qui lui sont parvenues.
Ne pourrait-on pas avoir un projet d'entente fédérale-provinciale
pour remédier à cette situation qui est réellement
désastreuse dans cette région de la province de
Québec?
M. PINARD: Le problème des côtes, ça? M. DUMONT: Des
côtes et de la route.
M. PINARD: Cette semaine ou la semaine dernière j'ai reçu
une délégation justement à ce sujet.
M. DUMONT: Le plus urgent est pour les côtes et le village de
Saint-Ferdinand. Maintenant, la route est à refaire. Une route de 24
pieds pour faire transporter 70 p. c. de l'exportation de l'amiante canadienne.
Moi, je dis que le gouvernement central aurait son mot à dire. Il
pourrait y avoir là une source de subvention intéressante. Vous
auriez toutes les mines d'amiante pour appuyer le projet qui serait mis de
l'avant.
M. PINARD: Mais les zones spéciales. Malheureusement le
territoire dans lequel vous vivez n'a pas été
décrété zone spéciale. Pas plus que Sherbrooke
d'ailleurs. Et nous avons beaucoup de difficulté. Si nous avions
réussi à faire décréter cette région des
Cantons de l'Est, zone spéciale, nous aurions été en
mesure d'obtenir une participation financière du gouvernement
fédéral, pour la construction de routes ou d'autoroutes.
M. DUMONT: Mais le fédéralisme rentable ne pourrait-il pas
permettre une rencontre avec l'honorable Jean Marchand?
M. PINARD: Le gouvernement de Québec n'a pas lâché
prise. Il revient à la charge assez souvent. Je l'ai fait à
plusieurs reprises dans mes rencontres avec l'honorable Jean Marchand.
Bien, il y a certains critères qui prévalent et qui
peuvent être discutables à notre point de vue. Nous aimerions que
ces critères changent ou soient plus souples dans certains cas. Cela
reste dans le domaine du possible. Il ne faut jamais se fatiguer de demander et
de négocier. Il y a peut-être quelque chose à faire. J'en
ai discuté avec le maire de Sherbrooke, avec les présidents des
chambres de commerce, avec les corps intermédiaires de Sherbrooke. Ils
sont bien surpris de voir qu'il n'y a pas possibilité de faire inclure
Sherbrooke dans une zone spéciale, comme c'est votre surprise à
vous puisque vous l'affirmez ce soir. Je comprends votre point de vue. Mais, en
faisant des pressions avec les entreprises, les propriétaires d'usines,
les crops intermédiaires et comme député, peut-être
que votre député fédéral peut vous donner un coup
de main, aussi.
M. DUMONT: Est-ce qu'en tant que ministre vous êtes prêt
à admettre que ça devient réellement une zone primordiale,
considérant d'abord l'exportation de l'amiante? On vient d'ouvrir
à Bécancour, par exemple, une zone industrielle avec un port de
mer. J'ai fait dire qu'il y aurait une possibilité d'agrandir le port
pour un coût de $8 millions. Qu'on le construise à l'heure
actuelle. On exporterait l'amiante au lieu d'aller à
Montréal ou à Trois-Rivières par ce port de mer qui
sera à Bécancour. Alors, cela se tient, tout ça. Et c'est
là que je me demande, si même au ministère de la Voirie, on
n'est pas prêt à considérer cette route 49, devenue un
danger public, comme une zone spéciale, décrétant
l'urgence de réparer, tout au moins au départ, et de
considérer aussi qu'il faudrait la reconstruire au plus tôt. Il
faut voyager sur la route pour voir que ça n'a aucun sens. Je voudrais
faire dire au ministre qu'il considère que c'est une urgence aussi dans
cette région de bien considérer ce projet.
M. PINARD: Le ministre aimerait bien vous dire qu'il pourrait vous faire
plaisir ce soir. Mais ce n'est pas toujours facile. Et, comme je n'aime pas
à faire des promesses que je ne suis pas capable de tenir, je vais
m'abstenir de déclarations qui seraient assez faciles à
faire.
Mais nous allons étudier le problème. S'il est vrai qu'une
fois le port de mer construit dans le parc industriel de Bécancour, une
fois l'infrastructure de la Transquébécoise mise en place, du
moins sur une partie du tronçon, il y aurait peut-être
possibilité de faire un raccordement de votre territoire à la
Transquébécoise pour avoir un nouveau débouché, en
prenant en ligne de compte le changement de la situation au plan
industriel.
M. DUMONT: C'est parce que je me demande, dans la pensée de
planification qui existe, vous avez annoncé lors d'une question
posée, que $40,000 sont dépensés pour cela
d'ailleurs, les soumissions viennent pour le 1er juin dans la
municipalité de Notre-Dame-de-Lourdes, travaux de revêtement
bitumineux. Il y a déjà de l'asphalte, on met de l'asphalte
par-dessus de l'asphalte. Quand des besoins urgents de redressement je
comprends qu'on veut ménager l'asphalte qui use rapidement mais
quand, déjà, il y a des accidents mortels qui surviennent
à cause d'une route dangereuse, est-ce qu'on ne devrait pas d'abord, au
lieu de recommencer à mettre de l'asphalte par-dessus de l'asphalte
à Notre-Dame-de-Lourdes, dépenser ces $40,000 à redresser
les courbes dangereuses et voir surtout à permettre, à des
endroits comme Saint-Ferdinand-d'Halifax, de passer en dehors de ce
village-là?
C'est un non-sens, en 1971, d'aller presque passer sur les galeries, des
résidants du village Saint-Ferdinand. J'invite les gens à s'y
rendre et à constater comment il est ridicule d'accepter encore une
situation comme telle. D'ailleurs, la paroisse et le village ont
protesté énergiquement et des accidents, qui ne sont pas toujours
mortels, surviennent tous les jours dans cette région.
Je considère que dépenser $40,000 pour mettre de
l'asphalte par-dessus de l'asphalte dans Notre-Dame-de-Lourdes, c'est une
dépense inutile. C'est de l'argent mal utilisé. Je ne sais pas de
qui vient la recommandation, peut-être un entrepreneur qui trouve que
c'est plus facile de remettre le l'asphalte par-dessus de l'asphalte que de
redresser les courbes. Mais il me semble que ce serait plus urgent de redresser
les côtes et les courbes pour éviter ces décès
accidentels qui sont trop nombreux.
M. PINARD: C'est de la route 49 dont vous parlez tout le temps?
M. DUMONT: Toujours. A Notre-Dame-de-Lourdes, il y a de l'asphalte pour
aller jusqu'à Villeroy. Elle est usée un peu, mais enfin.
M. PINARD: La route 49, il y a deux problèmes. Evidemment, c'est
un peu ça que je montrais au ministre. Si vous voulez qu'on coupe les
bosses, un peu, pour qu'on puisse...
M. DUMONT: Qu'on place trois voies dans les côtes...
M. PINARD: Cela coûterait, grosso modo, à peu près
$1 million. L'autre problème, c'est de couper peut-être un peu
moins les bosses et de faire une voie pour les camions, c'est ce qu'on est en
train d'étudier actuellement. J'ai même dit que, si on pouvait
terminer les plans... est-ce que c'est dans le roc cette affaire-là?
M. DUMONT: A plusieurs endroits.
M. PINARD: Alors, si on pouvait terminer les plans à l'automne ou
au mois d'août, on pourrait aller en soumissions cette année.
C'est déjà prévu pour l'an prochain.
M. DUMONT: En janvier, on disait que tout était
étudié, qu'on devait rendre le rapport venant de Sherbrooke, le
rapport devait être produit rapidement.
M. PINARD: Les rapports de nos ingénieurs nous suggèrent
de faire seulement des voies pour monter et redescendre les côtes. Puis,
actuellement, ça c'est un rapport, ce qu'on appelle un choix entre deux
ou trois possibilités. Dans ce temps-là, lorsqu'on arrive
à deux ou trois possibilités, les plans complets ne sont jamais
faits. On part toujours sur des plans préliminaires. Si on faisait les
plans partout, au bureau, des possibilités, on dépenserait tout
l'argent du ministère de la Voirie à faire des plans. Alors, ce
sont des plans préliminaires. A partir de là, il s'agit de
choisir laquelle des possibilités on prend, de demander à nos
ingénieurs de terminer les plans et après, on va en soumissions.
Et c'était prévu pour l'an prochain.
M. DUMONT: Mais, $40,000 pour ajouter de l'asphalte sur de l'asphalte.
Est-ce que déjà ça ne pourrait pas être placé
pour aplanir certaines côtes au lieu de placer ça là? Les
demandes d'offres pour poser l'asphalte vont être le 1er juin. Il serait
encore temps, par arrêté ministériel, de déplacer
ces $40,000 à des choses beaucoup plus essentielles. Ils y a de
l'asphalte déjà. C'est là que je ne comprends pas
pourquoi.
M. PINARD: De l'asphalte trouée ou craquelée et que,
déjà, la population se plaint que le revêtement...
M. DUMONT: Non, ce sont les gens en Cadillac. Les camionneurs ne se
plaignent pas. Ce sont les gros qui se plaignent...
M. PINARD: Quand bien même on voudrait aller en soumissions pour
couper la côte, est-ce qu'on va la couper de deux pieds et demi ou trois
pieds et quart? C'est important. Il faut le savoir avant. Alors, même si
on disait qu'on va aller en soumissions, demain matin, là-dessus, c'est
extrêmement difficile parce qu'il faut quand même faire un
relevé du terrain et faire les plans pour être prêt à
aller en soumissions. Et ça prend une couple de mois, deux mois et demi.
On est très sympathique puisqu'on a même dit qu'on est prêt
à y aller le plus tôt possible. Si, au lieu de le faire l'an
prochain, il y a moyen cette année...
M. DUMONT: C'est parce que j'ai peur qu'on dise qu'il manque de
crédits. Je trouve que $40,000 qui, déjà, pourraient
servir à des choses avantageuses en d'autres endroits, afin
d'éviter d'autres accidents mortels...
Enfin, notre point de vue et celui de la majorité de la
population serait qu'il est beaucoup plus urgent de redresser les courbes
plutôt que de poser de nouveau de l'asphalte, sur une couche où il
y en a déjà.
M. PINARD: Même si on arrivait avec $40,000, on ne pourrait pas
les mettre là-dessus.
M. DUMONT: Une bonne côte, c'est déjà beaucoup.
M. PINARD: Laquelle est la plus dangereuse?
M. DUMONT: J'irais vous les montrer, ça ne prendrait pas de
temps. Vous pourriez commencer demain matin si vous le vouliez.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais une question à
poser pour mon information personnelle. Quand vous parlez de zones
spéciales, est-ce que vous référez aux zones
spéciales pour fins industrielles décrétées par le
gouvernement fédéral ou si ce sont des zones spéciales
pour fins de voirie? Est-ce que les deux coincident?
M. PINARD: Il y a les zones désignées et les zones
spéciales.
M. LATULIPPE: Les zones spéciales, ce sont les zones
spéciales...
M. PINARD: Les zones spéciales... Je vais vous donner un exemple.
C'est Trois-Rivières, Québec et Sept-Iles. Cela amène une
participation financière du gouvernement fédéral dans la
rénovation urbaine, dans la création de nouvelles infrastructures
routières, par exemple, tandis que les zones désignées
servent à une politique d'implantation industrielle ou de
décentralisation industrielle.
M. LATULIPPE: J'aurais une question supplémentaire à
poser. Ce n'est pas sur le même sujet, par exemple. C'est au nom du
député de Beauce qui est retenu en haut actuellement. Il voulait
que je pose la question suivante: Quelles sont les intentions du gouvernement
en ce qui a trait à la voie directe entre Sainte-Marie de Beauce et
Québec en vue de commencer une première étape pour une
voie rapide entre la Nouvelle-Angleterre et la capitale de la province de
Québec?
M. PINARD: L'autoroute de la Beauce?
M. LATULIPPE: L'autoroute de la Beauce. Je pense que nous sommes au
stade des plans préliminaires là-dedans. C'est au stade de la
planification.
M. DUMONT: Cela veut dire une étude de combien de temps, de
combien de jours?
M. PINARD: Le ministère de la Voirie est constamment dans
l'étude et dans l'action.
M. DUMONT: L'esprit de créativité ne manque pas !
M. LAURIN: J'aurais une question seulement sur 33: Imputations. Est-ce
qu'il y a des chances de voir porter à $50 millions l'imputation du
fédéral?
M. PINARD: Vous percevez déjà une considérable
augmentation puisque les crédits de l'année dernière
à "imputations" étaient de $11 millions.
M. LAURIN: Mais c'était en rapport avec...
M. PINARD: ... et qu'ils passent à $40 millions cette
année.
M. LAURIN: ... toutes les négociations qui ont cours...
M. PINARD: C'est une ascension vers les sommets.
M. LAURIN: ... actuellement entre deux paliers de gouvernement.
M. PINARD: C'est l'Office de planification, L'ODPQ, qui va chercher
l'argent par voie de négociation au gouvernement d'Ottawa.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a...
M. PINARD: Je pense que c'est de nature à augmenter parce que la
négociation devient de plus en plus large pour couvrir de plus en plus
de secteurs.
M. LAURIN: Il n'y aurait pas d'objection à ce que vous
transformiez a postiori vos crédits si jamais $10 millions additionnels
étaient consentis au tire des imputations par le gouvernement
fédéral.
M. PINARD: Je n'aurais aucune objection parce que j'ai
déjà des problèmes budgétaires et l'année
est à peine commencée. A écouter les
députés, c'est vraiment dramatique. Comme je suis très
sensible de nature, j'ai un peu de difficulté à dormir depuis
quelque temps...
M. LATULIPPE: Je voudrais faire remarquer, M. le Président, que
nous avons une attraction particulière...
M. PINARD: Je vais être très honnête envers vous.
Plus vous décrivez vos besoins, plus cela m'aide.
M. PINARD: Faites votre travail, je vais faire le mien.
M. GUAY: J'ai quelques questions en rapport avec les travaux qui doivent
être faits dans mon comté prochainement. C'est du moins ce que
l'on m'a annoncé. Dans mon comté, j'ai la chance d'avoir la
chaîne de montagnes des Apalaches. Evidemment, les routes doivent
également traverser cette chafne de montagnes. Il y a deux
énormes côtes où il y eu, assez souvent, de gros accidents.
Il y a été question, après des études au
ministère de la Voirie, que soient ajoutées deux voies,
c'est-à-dire deux voies du même côté, une
troisième voie. Evidemment, ce n'est pas plaisant quand on a à
suivre un gros camion, très chargé, un camion de transport. Cette
côte monte sur une distance de près d'un demi-mille. Evidemment,
il est impossible de dépasser. On est obligé d'attendre au pied
de cette côte. Je pense qu'il y a des études préliminaires
comme vous les appelez de faites. Est-ce qu'il y a une
possibilité que cela avance assez rapidement de toute façon, que
cela soit concrétisé un jour ou l'autre?
Vous êtes sans doute conscient du problème du mont Orignal
qu'on doit traverser et c'est réellement dangereux. On m'a dit que des
études préliminaires étaient commencées. J'aimerais
savoir si on va...
M. PINARD: Il faudrait... M. GUAY: C'est la route 53.
M. PINARD: ...construire une voie de dépassement...
M. GUAY: C'est cela.
M. PINARD: ...pour permettre au camionnage lourd de prendre cette voie
et pour laisser plus de place aux automobilistes.
M. GUAY: Dans le moment, c'est impossible, parce qu'il y a
énormément de roc à couper et c'est déjà
profondément descendu dans le roc. On traverse la chafne de montagnes et
de gros accidents y sont arrivés. J'en ai même eu un, moi. Cela
devient, je pense bien, une priorité sur la route 53. Il y aurait
d'énormes redressements à faire sur cette route parce que cela
s'en vient comme ça. J'espère que ça va se faire dans un
avenir assez rapproché. Il y a autre chose qui est également
prioritaire, une route qui traverserait le comté de Dorchester d'un bout
à l'autre, de la frontière du Maine à la Transcanadienne.
Chaque année, normalement, on fait 300 ou 400 pieds de terrassement.
Cette année, apparemment, il n'y aura absolument rien là, sauf
quelques milles de pavage d'asphalte. C'était déjà une
priorité énoncée par l'ancien chef divisionnaire. Il
semble ne rien y avoir cette année dans les crédits. Ce sont
également des priorités, ça.
M. PINARD: Nous allons prendre votre demande en note. Est-ce que vous
nous avez écrit à ce sujet-là?
M. GUAY: Vous avez déjà énormément de
documentation.
M. PINARD: Oui?
M. GUAY: Je pourrai vous le rappeler.
M. PINARD: Nous allons en prendre note, mais il s'agit de s'y
référer.
M. GUAY: Justement.
M. PINARD: Les besoins locaux sont très nombreux.
M. LE PRESIDENT: Dernière question. Le député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aurais une toute dernière
question, pour revenir sur le sujet de la Beauce, pour faire plaisir au
député de Beauce, naturellement. Entre les études
préliminaires et la réalisation, combien de temps faut-il pour un
projet comme celui-là?
M. PINARD: Lequel?
M. LATULIPPE: Je me demande comment vous l'appelez et quelle importance
il peut avoir. C'est le projet de relier Québec et la frontière
du Maine avec une voie qui serait acceptable.
M. PINARD: Qui serait la route Kennedy, l'autoroute Kennedy?
M. LATULIPPE: La route Kennedy.
M. PINARD: C'est un projet considérable. Peut-être
faudrait-il choisir un tracé complètement nouveau pour avoir une
meilleure géométrie, pour avoir un accès plus direct
à la frontière, pour autant qu'on n'aurait pas d'expropriations
trop coûteuses à faire. C'est en fait dans nos projets, c'est
à l'étude en ce moment.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On va la finir, M. le ministre.
M. LATULIPPE: Vous n'êtes pas en mesure, par contre, de rendre
publiques les estimations de la route, de dire que cette autoroute-là
coûtera à peu près combien? Sans tenir compte du budget,
seulement de l'étude?
M. PINARD: J'ai déjà donné des chiffres. Je ne
voudrais pas les citer de mémoire. C'est un projet qui reste dans notre
planification. C'est impensable de croire que le Québec pourrait aller
de l'avant avec ce projet et avec toutes les urgences qui nous sont
signalées et dans lesquelles nous sommes déjà
engagés.
M. LATULIPPE: Merci, M. le ministre.
M. PINARD: On peut dire qu'en multipliant la distance par le coût
de $1 million le mille, vous avez une idée assez exacte du coût
global de cette réalisation.
UNE VOIX: Un million de dollars le mille?
M. PINARD: Oui, si vous voulez lui donner les caractéristiques
d'une autoroute avec une belle géométrie et avec un bon
terrassement sous forme de remblai, de façon qu'elle ne soit pas
affectée par la gelée comme c'est le cas de la route
transcanadienne, par exemple. Cela coûte beaucoup moins cher d'entretien
à la longue.
M. LE PRESIDENT: Comme c'est la dernière question, je remercie
chaleureusement tous les membres de la commission, surtout ceux qui pensent
avoir mené le bon combat.
Ils nous ont donné la preuve qu'ils défendraient ce qu'ils
croyaient être les intérêts de leur comté. Par contre
cela a également permis au ministre de nous prouver qu'il pouvait
exceller en beaucoup de choses.
M. LAURIN: Au nom de l'Union Nationale, je voudrais d'abord remercier le
ministre de la Voirie...
M. HARVEY (Chauveau): Je dirai au Dr Laurin qu'en ce qui nous concerne,
nous sommes 72 pour assurer votre confort.
M. LAURIN: En mon nom personnel, je veux remercier le ministre de
l'amabilité et de la patience dont il a fait preuve devant toutes les
questions que nous lui avons posées.
M. DUMONT: Aux promesses que le ministre de la Voirie vient de faire, si
on veut que les crédits au ministère de l'Education soient
conformes aux demandes, il va falloir qu'il y ait à Victoria des
prêts sans intérêt de consentis.
M. LATULIPPE: Au nom de notre groupe, je voudrais souligner que nous
avons une affection spéciale pour le ministère de la Voirie,
parce que nous sommes tous des députés des comtés ruraux
et nous remercions le ministre de sa bonne collaboration. Cela a
été agréable de travailler avec lui durant l'étude
de ses crédits.
M. LE PRESIDENT: Votre affection va jusqu'au ministre?
M. LATULIPPE: Elle va jusqu'au point que nous aimerions doubler le
budget de la Voirie pour l'an prochain, même au détriment des
autres.
M. PINARD: Je voudrais remercier à mon tour tous les membres de
la commission et je ne veux faire exception pour personne en disant que parfois
on m'a fait travailler très fort, je pense que c'était de bonne
guerre. Les problèmes sont là pour être
réglés. C'est notre principale responsabilité. Et les
députés sont là pour nous indiquer les problèmes
à régler. C'est leur responsabilité.
J'admets cette forme de discussion, pour autant qu'elle reste objective,
généreuse et
qu'aux critiques soient mêlées le plus souvent possible des
suggestions constructives et positives. Je veux retenir le caractère
positif des interventions qui ont été faites et oublier tout le
reste, certains moments où le débat était acrimonieux,
surtout au moment où tout le monde devenait fatigué à
cause de la chaleur...
M. CHARRON: Appelons ça comme ça. M. PINARD: ... de
l'argumentation... M. CHARRON: C'est ça, probablement.
M. PINARD: ... et de la chaleur causée par la température,
comme cela a été le cas la semaine dernière, quand
c'était également très humide. Nous avons pourtant
travaillé à réaliser et nous n'oublierons pas les bonnes
suggestions qui ont été faites au passage par les membres de la
commission, aussi bien du côté de l'Opposition que du
côté ministériel, parce que je pense que des deux
côtés il en est venu d'excellentes.
Merci à tous.
Je voudrais profiter aussi de l'occasion pour remercier tous les
fonctionnaires qui m'ont rendu la tâche beaucoup plus facile. Nous avons
adopté cette année comme vous l'avez constaté
une formule nouvelle de discussion à la commission des
crédits.
Je pense que, dans les problèmes techniques, il n'y a pas
personne mieux placée qu'un technicien pour répondre aux
questions: cela évite de politiser bien souvent le débat et
ça permet aussi d'avoir des réponses plus objectives, plus
détaillées, plus précises aux questions qui sont
posées. A tous les fonctionnaires, je dis un cordial et un
sincère merci.
Est-ce que je peux faire une suggestion aux représentants des
partis de l'Opposition? Vu que nous avons des problèmes
budgétaires, est-ce que le président de la commission des
crédits du ministère des Travaux publics et le président
de la commission des crédits du ministère de la Voirie pourraient
faire rapport à la Chambre de façon qu'il y ait une adoption par
l'Assemblée nationale des crédits de ces deux ministères?
Je veux vous dire bien honnêtement que la discussion a duré assez
longtemps et que nous avons des problèmes d'ordre budgétaire en
ce sens que les fournisseurs de matériaux, les entrepreneurs et
différentes autres personnes se plaignent d'être...
M. DUMONT: Immédiatement, en Chambre ce soir?
M. PINARD: ... payées en retard. Cela cause un préjudice
assez considérable dans certains cas. J'aimerais faire cette suggestion,
si vous voulez l'agréer.
M. LAURIN: Demain.
M. LATULIPPE: Nous voulions également remercier le ministre des
Travaux publics, qui a pensé à doter ces salles d'une
aération.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous êtes un grand sensible, on ne le
savait pas, vous avez vu ça à la fin.
(Fin de la séance 21 h 49)