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Aménagement de la colline parlementaire
(Seize heures cinquante minutes)
Le Président (M. Marcoux): La commission parlementaire des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement est ouverte.
Aujourd'hui, nous discuterons de l'aménagement de la colline
parlementaire.
Les membres de la commission sont: M. Jean-François Bertrand, qui
remplace M. Jules Boucher; MM. Brassard (Lac-Saint-Jean), Dussault
(Châteauguay), Gratton (Gatineau), Grenier (Mégantic-Compton),
Guay (Taschereau), Denis de Belleval, qui remplace M. Charles Lefebvre; MM.
Lessard (Saguenay), Jacques Léonard, qui remplace M. Léonard
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); MM. Mailloux (Charlevoix),
Michaud (Laprairie), Guy Tardif, qui remplace M. Adrien Ouellette
(Beauce-Nord); MM. Perron (Duplessis), Rancourt (Saint-François),
Russell (Brome-Missisquoi), Samson (Rouyn-Noranda), Vaillancourt (Orford),
Verreault (Shefford).
M. Mailloux: M. le Président, s'il vous plaît, si
vous permettez, je voudrais suggérer que M. Garneau (Jean-Talon)
remplace M. Caron (Verdun), et que M. Jean-Noël Lavoie (Laval) remplace M.
Vaillancourt (Orford) pour la séance en cours.
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Est-ce que la
commission a un rapporteur à suggérer?
M. Lessard: M. le Président, je suggérerais le
député de...
M. Bertrand: De Vanier.
M. Lessard: ... de Vanier, M. le Président...
M. Bertrand: A côté du comté de
Taschereau.
Le Président (M. Marcoux): M. Bertrand, de Vanier, est-ce
que c'est adopté?
M. Garneau: Allez-vous rapporter également les
résultats de la convention libérale d'hier?
M. Lessard: Non, je n'ai pas eu de rapport. M. Bertrand:
Avez-vous gagné vos élections?
M. Garneau: Moi, je gagne toujours mes élections, parce
que cela a été fait dans l'unanimité. On avait la
présence du député de Vanier à la convention
libérale fédérale, imaginez-vous!
M. Bertrand: II y avait beaucoup de Péquistes dans la
salle.
M. Garneau: II y avait vous, au moins.
M. Bertrand: II y en avait plus que ça.
M. Garneau: On a même pensé qu'on vous avait
convaincu.
M. Bertrand: II y en avait plus que ça.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. Bertrand, de Vanier, est-ce que c'est adopté?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Aujourd'hui, nous entendrons
les mémoires des organismes suivants: la Communauté urbaine de
Québec, porte-parole, M. Armand Trottier; la Commission des transports
de la Communauté urbaine de Québec, M. Pierre Mathieu; M. Claude
Dubé, urbaniste-conseil, ainsi que Tremblay, Pinsonnault, Pothier et
Morisset.
Je vais d'abord céder la parole au ministre des Transports, M.
Lucien Lessard.
Exposé préliminaire du ministre, M.
Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, quelques mots comme
introduction à cette commission parlementaire qui siège pour
analyser l'aménagement de la colline parlementaire.
Je voudrais tout d'abord vous souhaiter la plus cordiale bienvenue et
remercier les quelque vingt personnes ou groupes qui ont accepté de
rédiger un mémoire et de venir le présenter devant cette
commission.
Il s'agit là d'une manifestation d'intérêt dont nous
nous réjouissons au plus haut point, d'autant plus que vous avez
dû agir à l'intérieur d'une très courte
période.
Avant de procéder aux travaux de la commission, je voudrais vous
rappeler, en quelques mots les raisons qui nous ont amenés à la
convoquer. Il y en a deux. Au fond, nous avons décidé de tenir
cette commission pour répondre à un engagement, à un
engagement pris par plusieurs d'entre nous et je pense, notamment, aux
nombreuses interventions du Parti québécois de la région
de Québec et plus particulièrement à celles du
député de Taschereau, M. Richard Guay, et du président du
caucus régional, M. Jean-François Bertrand, selon lesquelles il
était essentiel de revoir toute la question de l'aménagement de
la colline parlementaire.
Il faut aussi se rappeler que, lorsque nous étions dans
l'Opposition, nous sommes intervenus à maintes reprises pour poser des
questions à l'ancien gouvernement sur certains développements qui
nous apparaissaient, en fait, très mauvais dans l'aménagement de
la colline parlementaire.
Je ne vous apprendrai rien en vous rappelant que la colline
parlementaire constitue pour nous un site tout à fait exceptionnel.
Qu'il me suffise
d'insister sur le fait que c'est le siège du gouvernement des
Québécois et que nous nous devons de veiller à sa
conservation et à son aménagement, d'autant plus qu'il deviendra
peut-être un jour la capitale d'un pays qui sera le nôtre.
En fait, pour reprendre une expression exprimée dans le
mémoire présenté par la Commission des monuments et sites
du Québec et l'Ordre des architectes à cette commission, nous
nous trouvons aujourd'hui dans une impasse, soit arrêter les travaux
d'aménagement actuellement, ce qui nous laisserait dans un non-sens
total. La circulation des piétons n'est pas organisée.
L'agencement fonctionnel est incohérent. Il existe des barrières
et des séparations brutales, par exemple le boulevard Saint-Cyrille,
l'autoroute Dufferin. Le transport en commun n'est pas intégré.
L'échelle des constructions et des espaces nous incite à les fuir
plutôt que de nous y sentir à l'aise.
D'un autre côté, comme l'exprime toujours la Commission des
monuments et sites du Québec et l'Ordre des architectes, "poursuivre les
travaux tels qu'amorcés ne ferait que grossir les problèmes
presque jusqu'à leur caricature.
Le plan guide n'existe plus. Les principaux intervenants, gouvernement
provincial et ville de Québec, agissent indépendamment sur des
secteurs contigus.
Les développeurs privés agissent aussi de façon
individuelle et les pressions qu'ils exercent contraignent les
décisions.
Le prix des terrains monte et personne ne sait comment réaliser
l'intégration résidentielle tant souhaitée et pourtant
partie des plans originaux. La densité et la concentration augmenteront
encore et on accusera des tiers de ne pas régler les problèmes
connexes, mais essentiels, de la circulation, du stationnement et du transport
en commun." Une impasse difficile, mais avec un effort d'imagination, et de
concert avec le plus grand nombre d'intéressés possible, deux
choses que la commission devrait normalement nous apporter, il devrait y avoir
moyen d'en sortir.
Ceci m'amène à la deuxième raison qui nous a
amenés à convoquer cette commission parlementaire, soit souligner
que c'est la volonté bien arrêtée du nouveau gouvernement
de consulter la population avant de prendre des décisions qui engagent
l'avenir. Nous voulons nous mettre à l'écoute de la population.
Nous savons que la colline parlementaire est une chose importante pour les
Québécois. Nous savons qu'ils ont des choses à dire et
nous voulons les entendre avant d'adopter une politique et de mettre en place
les structures requises pour sa mise en oeuvre. C'est donc avec la plus grande
ouverture d'esprit que nous entreprenons les travaux de cette commission.
Je vous remercie, encore une fois, de la contribution que vous nous
apporterez dans ces travaux et je termine en formulant l'espoir que nous
arriverons tous ensemble à des résultats concrets et à la
hauteur des aspirations collectives qu'ensemble nous portons. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
Remarques de M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, parmi tous les secteurs de la
ville de Québec, ce qu'il est convenu d'appeler la colline parlementaire
est certainement celui qui a été le plus étudié et
réétudié. Le processus a commencé d'une
façon plus précise au début des années soixante
lorsque l'importance de la fonction publique québécoise a
commencé à s'accroître, nécessitant l'addition
d'espaces à bureaux pour fins administratives provinciales. Le rapport
Martin avait été, en quelque sorte, l'autre bougie d'allumage en
soulignant l'insalubrité d'un grand nombre des habitations de l'aire qui
entoure la colline parlementaire et en soulignant la nécessité de
doter ce secteur de la capitale provinciale d'édifices administratifs et
commerciaux. Les administrateurs publics du début des années
soixante ont senti la nécessité de constituer la Commission
d'aménagement de Québec par une loi provinciale du gouvernement
Lesage, sanctionnée le 10 juin 1961. Cette loi, modifiée en 1963
et de nouveau amendée en 1965, créa ainsi le comité
directeur chargé de préparer, pour le compte de la Commission
d'aménagement de Québec, un programme détaillé
ayant pour objet la rénovation progressive de la colline parlementaire.
C'est ainsi que fut institué un groupe de travail chargé de
préparer le document qui fut déposé en avril 1969 sous la
signature de M. Jean-Claude LaHaye, urbaniste et coordonnateur des
études commandées par le comité directeur.
Ayant été témoin d'un bon nombre des débats
qui ont entouré le développement de la colline parlementaire, une
chose me frappe: c'est la difficulté de maintenir une continuité
véritable entre, d'une part, les aspirations de la population,
exprimées à diverses étapes de l'élaboration des
plans et de leur réalisation, et, deuxièmement, la
difficulté d'établir un lien entre une programmation sur papier
et sa transposition dans les faits.
Ainsi, par exemple, à la fin de l'année 1965, début
de 1966, il y avait, de la part de la population de la ville de Québec,
une très forte pression pour trouver une solution à ce qui
était, ce qu'on appelait le trou de place Saint-Cyrille et d'Youville.
Trois gouvernements successifs ont travaillé à la recherche d'une
solution et c'est finalement à la fin des années soixante ou au
début de 1970 que place Québec a vu le jour avec,
évidemment, ses avantages et ses inconvénients. Je dois constater
également que certaines des données du rapport LaHaye, qui
semblaient faire l'unanimité à l'époque, paraissent
contestées aujourd'hui, une fois certaines de ces recommandations mises
en place.
Le rapport LaHaye soulignait, entre autres: "Les prévisions pour
les vingt prochaines années, 1969-1989, sont les suivantes:
Premièrement, l'automobile demeurera le mode principal de transport pour
aller ou revenir de la colline parlementaire. Il faudra construire une
autoroute à grande capacité à proximité de la
colline, ce qu'on appelait l'autoroute de la falaise. Une hiérarchie de
routes devra être établie sur la colline elle-même de
manière que les routes principales de transit
soient clairement distinguées des voies locales. Un
système de minibus devrait être créé pour satisfaire
les besoins du public et des banlieues. Un système de stationnement
devra être établi."
Quand je regarde l'évolution de la colline parlementaire depuis
le dépôt du rapport LaHaye, force m'est de constater que les
administrations publiques qui se sont succédé ont tenu compte,
sous un certain nombre d'aspects, de ces recommandations. Même si
l'autoroute de la falaise a été mise de côté, le
principe de l'accès motorisé à la colline parlementaire a
amené la construction des routes et du système de stationnement
suggéré, stationnement d'Youville, par exemple.
Quant au concept général, le rapport LaHaye souligne: "Un
certain degré de congestion est considéré comme quasi
nécessaire à la prospérité et à l'animation
du centre des villes. Ce concept est soutenu par un grand nombre d'urbanistes.
On ne peut vouloir éliminer la congestion sans éliminer, par le
fait même, les bases de la prospérité des villes;
l'activité commerciale ne dépend-t-elle pas des facteurs
proximité et haute densité?" Et le rapport LaHaye continue en
disant: "Mais il faut éviter la stagnation de la circulation automobile
et résoudre ce problème n'entraîne pas la stagnation du
commerce et de l'environnement, bien au contraire. Le principe d'une congestion
modérée, d'une circulation ralentie, d'un système de
voirie à capacité volontairement réduite, doit donc
être retenu dans le cas de la colline, si ce concept fait en sorte
qu'elle devienne un pôle d'attraction et une partie d'un centre-ville
commercialement viable."
La mise en place de certaines des infrastructures soulignées ne
semble pas avoir donné exactement ce qui était recherché.
Est-ce que la réalisation s'est éloignée du concept de
base ou si encore, transposées dans les faits, les infrastructures
étaient beaucoup plus énormes, en réalité, qu'elles
n'apparaissaient en premier lieu, dans le concept général
d'aménagement et sur papier?
Une chose est certaine, c'est à partir de la
réalité de 1977 qu'il nous faut préparer celle que nous
aimerions voir exister en 1985. Espérons que les plans qui seront
précisés et les réalisations qui seront
complétées n'apporteront pas à nos successeurs
l'ambiguïté qu'a créé la réalisation de
certains aspects des plans antérieurs.
En ce qui me concerne, je crois que le développement des secteurs
administratif et commercial de la colline parlementaire ne doit pas
dépasser la limite ouest du Grand Théâtre de Québec
et que nous devrions favoriser, au premier chef, la réalisation de
complexes d'habitation densifiés sur des terrains, comme celui qui est
actuellement occupé par les services administratifs de la
Sûreté du Québec, avec des stationnements souterrains
correspondant aux besoins du nombre de logements. C'est d'ailleurs dans ce but
que la Sûreté du Québec a été
déplacée en périphérie de la ville, près des
grands boulevards.
Afin d'assurer l'établissement de centres administratifs
secondaires, l'administration précédente avait accepté la
construction, sur la pointe de Sainte-Foy, de ce qui sera le nouveau centre
administratif du ministère du Revenu.
Avec la même idée de décentralisation, nous avions
accepté le principe de la centralisation des ministères de
l'Agriculture, des Richesses naturelles et des Terres et Forêts, dans le
secteur appelé Bourgneuf, près des grands boulevards
périphériques. Cette dernière décision, entre
autres, aurait permis de déterminer, après consultation, la
vocation à donner aux immenses terrains, propriété du
gouvernement du Québec, et situés sur le boulevard de l'Entente,
qui se rend presque jusqu'au boulevard Charest.
Revenant plus précisément au secteur de la colline
parlementaire, comme beaucoup de personnes, je déplore que l'on ait
brisé le caractère pittoresque de la Grande-Allée, face
à l'immeuble de l'Assemblée nationale. Le gouvernement
provincial, sous les administrations précédentes, n'aurait pas
dû, il me semble, permettre la construction des immeubles H et J.
D'ailleurs, on se souviendra d'un vif débat qui avait eu lieu à
l'Assemblée nationale, au cours des années 1967-1968, concernant
la réalisation de ces immeubles et aussi, à un degré
moindre, concernant la construction du complexe G.
Parmi les orientations importantes, celle de limiter à l'ouest le
développement administratif et commercial du secteur de la colline
parlementaire, m'apparaît la plus importante et, comme je viens de le
mentionner, une vocation résidentielle devrait être retenue pour
le secteur périphérique de cette colline parlementaire.
L'autre question à résoudre est, me semble-t-il, la
vocation à attribuer au terrain et à l'immeuble
communément appelé "le Bon Pasteur", et, deuxièmement,
l'utilisation plus élégante des terrains vacants face au Grand
Théâtre, du côté est, actuellement utilisés
comme terrain de stationnement.
Dans la recherche de solutions à ces problèmes, comme
à ceux qui pourront se présenter à l'avenir, je pense
qu'il faut éviter de tomber dans la "structurite". Il m'apparaît
toutefois que les consultations doivent être systématisées.
Les commissions parlementaires comme celle d'aujourd'hui constituent une
excellente tribune pour atteindre ces objectifs de consultation.
Quant à la prise de décision, elle doit être la
moins diffuse possible et, surtout, elle doit permettre aux citoyens
d'être en mesure de connaître exactement qui il faut blâmer
et qui il faut féliciter et l'appuyer lorsque des choses
concrètes sont réalisées.
Je crains des comités mixtes décisionnels, fussent-ils
formés de représentants du peuple. On peut battre des
députés, on peut battre des échevins comme on peut en
élire, mais il est difficile de se prononcer démocratiquement sur
des décisions prises par les comités qui, comme tels, ne tiennent
pas leur juridiction de l'ensemble de la population.
En abordant l'étude des mémoires qui seront
présentés, vous pouvez être assuré, M. le
Président, que l'Opposition officielle maintiendra une ouverture
d'esprit, sans oublier que ce qui paraissait bon hier peut être
décrié aujourd'hui et que ce qui pourrait être
considéré comme valable maintenant pourra être
décrié d'ici cinq ou dix ans. Ce qui importe, c'est que les
décisions soient prises
avec le plus grand éclairage possible, tant sur le plan de la
sauvegarde du patrimoine et de l'esthétique que sur le plan
économique. Faire l'unanimité complète ne sera jamais
possible et surtout dans un domaine comme celui-là.
Il faut cependant prendre tous les moyens nécessaires pour
atteindre le plus large consensus et c'est en vue de l'atteinte de cet objectif
que les membres de l'Opposition officielle apporteront leur contribution a
cette commission parlementaire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
Remarques de M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, je crois que tous sont
unanimes pour reconnaître le bien-fondé de cette commission
parlementaire. Il est non seulement normal, mais nécessaire, que
l'Assemblée nationale étudie avec calme et sérieux
l'aménagement rationnel du territoire qu'il est convenu d'appeler la
colline parlementaire. Grâce à la diligence du secrétariat
des commissions parlementaires, j'ai eu l'occasion de jeter un coup d'oeil
rapide sur plusieurs des mémoires qui ont été
déposés pour audition et étude par divers organismes de la
région immédiate de Québec.
A la lecture de ces documents fort intéressants, j'ai
noté, au passage, un bon nombre de recommandations qui vont du maintien
plus ou moins formel du statu quo jusqu'à un développement
commercial très poussé qui transformerait considérablement
la situation qui prévaut à l'heure actuelle.
Cependant, tous sans exception s'interrogent à leur façon
sur la vocation future de la colline parlementaire. Convient-il d'abord de
donner priorité au caractère historique et proprement national de
ces lieux qui regroupent non seulement l'Assemblée nationale, mais aussi
divers ministères et organismes gouvernementaux? Devons-nous
accélérer, comme cela a déjà été
prôné dans le passé, la concentration des édifices
gouvernementaux en vue de créer une véritable cité
parlementaire? Est-il opportun de développer davantage le secteur
commercial et touristique à proximité de la colline
parlementaire? Est-il nécessaire, pour favoriser un aménagement
rationnel du territoire concerné, de créer un organisme
indépendant et responsable directement à l'Assemblée
nationale, comme cela existe à Ottawa avec la Commission de la capitale
nationale?
Voilà en somme toute une série de questions qui
reviendront constamment à la barre de cette commission et sur lesquelles
nous serons appelés à nous pencher dans les jours qui viennent.
Je ne crois pas que le but ultime de cette commission soit de trancher
définitivement le débat. Nous sommes ici pour entendre les
opinions de la population concernée, pour analyser toutes les approches
possibles pour prendre conscience de l'ampleur du problème et nous faire
une idée sur les mesures les plus réalistes et les plus
appropriées qui permettront au gouvernement et aux autorités
locales et régionales d'élaborer un plan d'aménagement
à long terme de la colline parlementaire.
C'est un procédé qui est long, parfois agaçant, et
dont il ne faut pas abuser, mais qui a l'avantage d'être
démocratique, car il permet à tous ceux et celles qui ont quelque
chose à dire de se faire entendre. Chose certaine, la colline
parlementaire constitue un pôle d'attraction unique en Amérique du
Nord, riche de 300 ans d'histoire. Tous les Québécois, qu'ils
viennent de la Gaspésie, de la Côte-Nord ou de Montréal, y
sont attachés et veulent préserver ce caractère du
patrimoine national.
Pour reprendre une expression qui a maintenant fait le tour du
continent, sinon du monde, ce serait un crime contre l'histoire de
l'humanité si nous agissons trop brusquement dans ce domaine, sans tenir
compte de la valeur culturelle du site lui-même. En conséquence,
je crois que nous devons mettre à contribution toutes les ressources
disponibles dans un esprit de collaboration où chacun pourra jouer un
rôle positif et concret, que ce soient la ville de Québec, la
Communauté urbaine de Québec, le gouvernement
fédéral à cause des Plaines d'Abraham et de la citadelle,
et, bien sûr, le gouvernement du Québec, qui a la tâche
première de définir ses intentions quant à l'utilisation
de la colline parlementaire. En fait, ce serait là, à mon sens,
la première question. Ainsi, lorsque le temps viendra de décider
définitivement de l'avenir de la colline parlementaire, il sera plus
facile d'en arriver à un consensus parmi les principaux
intéressés.
Le Président (M. Marcoux): Avant de céder la parole
à nos invités, est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission
qui auraient de brefs commentaires ou des mots d'introduction à ajouter?
Le député de Rouyn-Noranda.
Remarques de M. Camil Samson
M. Samson: Très brièvement, M. le Président,
je pense que la question de l'aménagement de la colline parlementaire
est une question qui, normalement, doit intéresser, bien sûr, le
gouvernement, les membres de l'Assemblée nationale, mais la population
qui demeure dans l'entourage immédiat de la colline parlementaire,
également les gens de la ville de Québec, et aussi les citoyens
qui doivent s'y rendre. Comme cela intéresse beaucoup de monde, je
trouve absolument normal le processus de consultation qui est entamé
aujourd'hui pour permettre à tous ceux qui sont intéressés
de venir faire part de leur point de vue quant à ce sujet.
Bien entendu, par expérience, sachant que,
généralement, à l'occasion de commission parlementaire, on
manque surtout de temps pour écouter, je n'irai pas plus loin. Avec
vous, M. le Président, et avec les autres membres de la commission, je
suis disposé à écouter ceux qui ont des choses à
nous dire.
Le Président (M. Marcoux): J'inviterais les
représentants de la Communauté urbaine de Québec, entre
autres, M. Armand Trottier, à nous présenter leur mémoire.
Nous avons jusqu'à 6 heures, normalement. Je demanderais peut-être
de faire une présentation d'une vingtaine ou d'une trentaine de minutes
de votre mémoire pour permettre ensuite aux membres de la commission de
vous poser le plus de questions possible.
Est-ce que vous pouvez identifier les autres personnes qui vous
accompagnent également?
M. Lavoie: Etant donné que j'ai été retenu
un peu plus longuement à l'Assemblée nationale elle-même,
je voudrais réserver les commentaires d'ordre général que
j'aimerais faire sur cette question. Le ministre des Travaux publics est au
courant qu'il y avait eu un comité consultatif de formé en accord
avec le président de l'Assemblée nationale de l'époque et
le ministre des Travaux publics de l'époque. Je ne voudrais pas
restreindre, justement, l'étude que cette commission entend faire, si je
comprends bien, de tout... Cela déborde, je dirais que c'est un peu para
ou extra, la colline parlementaire. Cela concerne, au premier plan, tout le
coeur de la capitale provinciale. C'est plus même que la colline
parlementaire. Ce comité consultatif, qui avait été
formé l'année dernière, auquel participait, d'ailleurs, le
député de Saguenay, ministre des Travaux publics d'aujourd'hui...
J'aimerais réserver, justement, mes remarques que j'aimerais faire,
assez brèves d'ailleurs, sur cette question, après les propos que
pourrait tenir M. Trottier, de Québec, ici, étant donné
que j'arrive un peu à la dernière minute.
M. Lessard: M. le Président, il n'y a pas de
problème, je pense bien. D'autant plus que tous les
députés ont le droit d'intervenir à cette commission
parlementaire.
M. Lavoie: Du fait que le président avait
déjà invité les témoins ou les corps
représentatifs de la ville de Québec à se faire entendre,
je ne voudrais pas perdre mon droit de parole. C'est la seule raison pour
laquelle je suis intervenu à ce moment-ci.
Le Président (M. Marcoux): J'invite M. Trottier à
nous présenter ses collègues et à procéder.
Présentation de mémoires
Communauté urbaine de Québec et
Commission d'aménagement
M. Trottier (Armand): M. le Président, messieurs, vous
avez, à la table ici, à ma gauche, M. Jean Guyard, qui est
secrétaire de la Commission d'aménagement; M. Jean Cimon, qui en
est le président; à ma droite, M. Jean Rousseau, qui est
commissaire à la Commission d'aménagement, et, assis dans la
salle, M. Hector Verret, qui est également commissaire à la
Commission d'aménage- ment. Dans le cadre de la loi constituante de la
Communauté urbaine de Québec, le mandat précis de
préparer un schéma d'aménagement du territoire nous avait
été confié, ce que nous avons fait préparer par
l'intermédiaire de la Commission d'aménagement de la
Communauté urbaine de Québec.
Dans le cas précis de l'aménagement de la colline
parlementaire qui nous occupe aujourd'hui, la demande qui nous a
été faite de faire connaître le point de vue de la
Communauté urbaine a, évidemment, été
transférée, là aussi, à notre Commission
d'aménagement, de façon à pouvoir éclairer
davantage notre point de vue à la lumière des études qui
ont déjà été préparées dans le cadre
du projet de schéma d'aménagement lui-même et, plus
précisément, sur le cas de la colline parlementaire.
Avec votre permission, je demanderais à M. Jean Cimon, qui est le
président de la commission d'aménagement, de bien vouloir
procéder à la présentation de notre mémoire et, au
cours des minutes qui suivront, s'il y a lieu, nous interviendrons selon les
circonstances.
Alors, M. Cimon, s'il vous plaît.
M. Cimon (Jean): J'aimerais souligner immédiatement, parce
que je considère que...
M. Garneau: M. le Président, j'aurais une question
à poser parce qu'il y a une ambiguïté. M. Trottier,
dites-vous que ceci est le mémoire de la commission d'aménagement
ou est-ce le mémoire de la Communauté urbaine de Québec,
seulement pour...?
M. Trottier: C'est un mémoire conjoint, dans le sens
où la Communauté urbaine de Québec comme telle n'a
évidemment, dans sa structure, aucune possibilité... N'ayant pas
de service de planification de créé, elle a dû
procéder, pour la confection du projet de schéma
d'aménagement, en utilisant les services de la commission
d'aménagement qui, elle, a, à ce moment, constitué une
équipe de travail temporaire, à l'aide des spécialistes
que nous avons retenus. Comme la commission est quand même encore en
place et possède encore certaines ressources, nous avons cru que la
seule logique que nous pouvions utiliser... Parce que la communauté
urbaine ce n'est certainement pas à vous, M. Garneau, que je peux
en faire l'histoire ne possède quand même pas,
malgré toute la sagesse, je pense, qu'elle incarne, tous les outils.
Alors, dans cette optique, c'est la commission d'aménagement qui
agit.
M. Garneau: ... là-dessus, M. Trottier, je veux seulement
savoir si le mémoire en est un de la commission d'aménagement. En
d'autres mots, le conseil de la Communauté urbaine de Québec n'a
pas approuvé ou désapprouvé ce rapport?
M. Trottier: Sûrement pas, pas plus que la
communauté urbaine a pu, d'une façon ou d'une
autre, approuver ou même regarder le projet de schéma
d'aménagement qui a été soumis parce que nous n'avons pas
réussi à franchir cette barrière de période de
consultation nécessaire pour en arriver à un projet à
soumettre pour fins d'approbation.
Dans le cas de la colline parlementaire, il est évident que la
commission d'aménagement procède pour la communauté
urbaine parce qu'elle avait été mandatée pour trouver les
éléments nécessaires pour nous permettre d'émettre
notre opinion là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Avant que vous ne poursuiviez,
une question du ministre.
M. Lessard: M. Trottier, étant donné que vous
accompagnez M. Cimon, pouvez-vous nous dire si vous endossez le rapport qui
sera présenté par le président de la Commission
d'aménagement de la ville de Québec?
M. Trottier: M. le Président, M. Lessard, cela me fait
plaisir de vous dire que cette question a été
étudiée à l'exécutif de la Communauté
urbaine de Québec et il a même été question,
à un certain moment, de présenter conjointement avec la ville de
Québec le mémoire que nous présentons, mais, à
cause de certains aspects et de certains caractères, nous avons convenu
qu'il était peut-être plus décent que la ville
présente le sien et que la communauté, par le biais de la
commission d'aménagement, présente le sien également.
C'est pourquoi nous sommes comme ceci devant vous.
M. de Belleval: M. le Président, une dernière
question. Je veux bien comprendre. Il n'y aura pas de mémoire comme tel
de la communauté urbaine.
M. Trottier: De la communauté, non. C'est celui de la
communauté urbaine que nous vous présentons.
M. Cimon: Autrement dit, la communauté s'appuie sur la
compétence reconnue de la commission d'aménagement.
M. De Belleval: C'est une chose de s'appuyer sur la
compétence de la commission d'aménagement pour présenter
un mémoire en son nom propre, M. le Président, et ne pas
présenter de mémoire en son nom propre. Si je comprends bien le
sens des réponses que vous avez données au député
de Jean-Talon, il n'y a pas de mémoire de la communauté urbaine
comme telle qui sera présenté à la commission.
M. Trottier: Pas d'autre que celui-là et comme
communauté, si vous voulez être précis, non, parce que,
officiellement, le conseil n'a pas voté de résolution
d'approbation.
M. De Belleval: D'accord.
M. Trottier: L'exécutif est au courant, l'exécutif
en a discuté, mais on ne pouvait pas aller outre ces
barrières-là.
Le Président (M. Marcoux): Allez-y.
M. Cimon: Alors, une dernière clarification avant de nous
enfoncer dans le mémoire, qui est bref. La commission
d'aménagement que je préside n'est pas la commission
d'aménagement qui a patronné le schéma de la colline ou de
la cité parlementaire. Je crois qu'au départ c'est une mise au
point très importante. La nouvelle commission d'aménagement qui a
été reformée à l'occasion de l'établissement
de la communauté urbaine a reçu, comme M. Trottier vient de le
dire, le mandat de préparer un schéma d'aménagement global
du territoire de la communauté urbaine, mais si nous intervenons et si
la commission présente un mémoire, c'est qu'elle considère
et j'aimerais que ce soit l'objet essentiel de notre participation
à vos délibérations qu'il est essentiel de
considérer tout aménagement de la cité parlementaire comme
partie intégrante d'un aménagement global du territoire.
Autrement dit, on ne peut aménager avec cohérence la partie sans
s'assurer que le tout est harmonieux. Si cette mise au point est bien claire,
je crois que notre message sera d'autant plus clair.
La commission actuelle n'a pu que constater l'indifférence des
précédents gouvernements du Québec face au schéma
d'aménagement de la capitale. En effet, rien dans la Loi de la
Communauté urbaine de Québec n'oblige les municipalités
constituant cette communauté et encore bien moins les ministères
provinciaux, à se conformer audit schéma d'aménagement.
Rappelons que c'est le gouvernement du Québec qui a sanctionné,
en 1961, la loi créant l'ancienne Commission d'aménagement de
Québec qui, en 1965, s'est vu confier, par l'entremise du comité
directeur, le mandat d'élaborer un programme complet de
rénovation progressive de la colline parlementaire et de coordonner les
travaux nécessaires à la réalisation du programme
approuvé de rénovation. Le concept général de
réaménagement auquel M. Garneau a fait allusion il y a quelques
instants, ce concept de la colline parlementaire, il ne faut pas le confondre
avec le schéma d'aménagement dont je vais vous entretenir, qui
englobe ce territoire.
Ce concept de la colline parlementaire préparé à
l'époque s'articulait autour de concepts de base dont certains feraient
encore l'unanimité actuellement. Pensons, par exemple, à la
priorité devant être accordée aux piétons ou la
préservation d'un environnement attrayant. Rappelons également
que le premier projet d'aménagement de Québec et de sa
région insistait, en 1956, pour que les gouvernements, tant provincial
que fédéral, coordonnent leurs interventions sur le territoire en
matière de construction afin d'éviter ces erreurs, conflits
d'intérêts, ces encombrements et le chaos qui en
résulte."
Or, le réaménagement de la colline parlementaire,
jusqu'à maintenant, s'est effectué sans cadre
de référence, tant au niveau régional que
municipal. Autrement dit, il s'est fait sans plan directeur de la
région. Cette absence de planification d'ensemble explique dans une
certaine mesure les contradictions souvent flagrantes au point de vue des
composantes urbaines.
Mentionnons enfin que les plans du complexe G ont été, en
1968, désavoués par l'urbaniste-conseil et coordonnateur du
comité directeur de la commission d'aménagement à cette
époque.
Les gouvernements précédents, ayant ouvert toutes grandes
les portes de la capitale aux développeurs urbains, ce sont les
spéculateurs et les promoteurs qui ont façonné, au
gré de leurs intérêts particuliers, le visage de la
capitale que nous connaissons aujourd'hui. Le territoire de la
Communauté urbaine de Québec est actuellement organisé
autour d'un centre-ville fort, Québec, où l'on retrouve
l'essentiel des activités administratives, culturelles, touristiques que
l'on nomme centrales, car elles sont caractéristiques des centre-ville,
en opposition aux banlieues essentiellement consacrées à
l'habitation. Le projet de schéma d'aménagement
préparé par la commission d'aménagement actuelle
recommande que l'organisation urbaine de la région ne soit plus
fondée sur le seul centre-ville de Québec, mais que soient aussi
développés plusieurs centres secondaires, notamment Sainte-Foy,
Lévis, Beauport, Charlesbourg, le Bourgneuf.
Les recommandations essentielles du schéma d'aménagement
de la communauté urbaine et des différents travaux de notre
commission d'aménagement sur le centre-ville de Québec sont de
deux ordres: la nécessité, d'une part, de consolider le
centre-ville et sa zone d'influence et, d'autre part, de réduire la
congestion.
Premier élément, on doit consolider le centre-ville et sa
zone d'influence en facilitant l'accessibilité par l'aménagement
de corridors réservés aux piétons.
Jusqu'ici, une place de plus en plus grande a été faite
aux automobiles au détriment des piétons. Il s'avère donc
urgent de redonner la priorité aux piétons dans le centre-ville
de Québec, en particulier en repensant plusieurs places, par exemple, le
carré d'Youville, pour en faire non plus des stationnements, mais de
grands espaces piéton-niers. Certains axes piétonniers peuvent
aussi être aménagés à peu de frais, comme, par
exemple, le lien Grand Théâtre-parlement par la rue Saint-Amable,
en direction du Vieux-Québec. Une attention particulière devra
être apportée en matière de réaménagement
paysager pour restreindre les effets des barrières physiques que sont le
boulevard Saint-Cyrille et l'autoroute Dufferin.
Deuxième élément, en cherchant à promouvoir
le maintien des fonctions centrales actuelles, siège du gouvernement,
services, équipements de nature régionale et par l'implantation
sélective d'activités nouvelles.
Certains équipements très spécifiques ayant, par
leur nature, un impact régional, devraient être implantés
au centre-ville, et, dans certains cas, sur la colline parlementaire. Les
études et la consulta- tion préliminaire à la
préparation d'un plan directeur d'urbanisme pour le centre-ville de
Québec, en conformité avec les orientations adoptées dans
le schéma régional, permettraient de promouvoir des
activités importantes et nécessaires au bien-être de la
population métropolitaine.
Par exemple, compte tenu de l'importance de la fonction touristique dans
la région de Québec, il serait souhaitable qu'un centre d'accueil
touristique soit aménagé. Le site préférentiel
proposé est l'actuel manège militaire de la
Grande-Allée.
La proximité, tant de la cité parlementaire que du
Vieux-Québec, offrira l'avantage de faire bénéficier de
cette structure d'accueil aussi bien les visiteurs étrangers que les
touristes québécois intéressés à explorer le
centre administratif et décisionnel.
Le troisième élément.
En renforçant la fonction résidentielle,
c'est-à-dire en préservant du pic des démolisseurs et des
promoteurs les ensembles résidentiels homogènes et le patrimoine
architectural, culturel et panoramique;
En adoptant une approche qualitative orientée vers
l'intégration du nouveau à l'existant, en termes de
caractère, de gabarit, de design et de fonction.
La fonction résidentielle, jusqu'à maintenant... Oui.
Le Président (M. Marcoux): Je vous suggérerais soit
d'accélérer la lecture ou de résumer certaines parties,
d'autant plus que les membres de la commission, sauf erreur, ont reçu
ces documents auparavant, pour que la durée des échanges entre
les membres de la commission et vous en soit davantage prolongée.
M. Cimon: Je vais simplement lire les titres.
On doit, en deuxième lieu, réduire la congestion au
centre-ville, en prévoyant l'aménagement, d'une façon
globale, avec l'idée de limiter les déplacements; en planifiant
la cohérence entre les différents modes de transports; en
implantant une politique d'horaires flexibles pour étaler, dans le
temps, les arrivées et les départs; en donnant la priorité
au transport en commun; en aménageant le stationnement.
Les recommandations principales: Que la Loi de la Communauté
urbaine de Québec soit amendée pour rendre obligatoires la
révision et l'adoption, par le conseil de la communauté, du
schéma d'aménagement et permettre la mise en oeuvre et le
contrôle subséquent de ce schéma.
Pour ce faire, nous considérons que la Communauté urbaine
de Québec devrait posséder les structures nécessaires
à cette fonction de développement urbain. Un service permanent de
planification, au niveau du territoire, devrait être créé
au sein de la communauté. Ce service serait chargé de la mise en
oeuvre et du contrôle du schéma.
Avant d'entreprendre toute action sectorielle d'aménagement, tels
les problèmes de la cité parlementaire, il est essentiel que le
gouverne-
ment du Québec accepte, rejette, modifie, améliore, tout
ce que vous voudrez, mais fasse quelque chose concernant le projet du
schéma d'aménagement tel que proposé il y a
déjà deux ans et qui s'ennuie sur les tablettes depuis ce
temps-là.
Par ailleurs, la commission est d'avis que les décisions et les
actions d'aménagement de tous les ministères, dans la
région de Québec, devraient être conformes c'est le
bon sens aux orientations de ce schéma. La nouvelle loi de la
communauté devrait également prévoir des mesures d'aide
financière pour défrayer le coût de la mise en oeuvre de ce
schéma. Il serait illusoire de confier de nouvelles
responsabilités à la communauté urbaine sans lui fournir,
en même temps, les moyens financiers nécessaires à
l'accomplissement de ce mandat supplémentaire.
Deuxième recommandation. Il y en a seulement trois. Que la
commission d'aménagement actuelle de la Communauté urbaine de
Québec soit remplacée par une commission d'aménagement de
la capitale du Québec, qui relèverait du ministre d'Etat à
l'aménagement et qui aurait des pouvoirs précis de contrôle
et de coordination des actions majeures d'aménagement des
ministères provinciaux dans la région de la capitale, tout en
respectant l'autonomie de la communauté urbaine qui, elle, a juridiction
sur les plans locaux d'urbanisme.
Une des plus graves lacunes dans l'aménagement de la cité
parlementaire et des infrastructures de caractère provincial
érigées dans la région de la capitale, c'est l'absence
d'une philosophie globale d'aménagement et de développement,
ainsi que la présence de nombreux acteurs dont les actions, souvent
isolées, manquent de coordination et sont parfois contradictoires.
Nous croyons qu'un organisme indépendant des ministères et
du conseil de la communauté urbaine serait le plus apte à penser
la philosophie globale et à coordonner les actions sectorielles des
ministères, à la condition que ledit organisme jouisse d'une
grande liberté intellectuelle. Ce nouvel organisme coordonnerait les
décisions et les actions des ministères dans la région de
la capitale, de la même façon que le service de planification de
la communauté urbaine devra coordonner les plans directeurs d'urbanisme
des municipalités sur son territoire.
Troisième recommandation: Que les politiques des
ministères des Transports, des Travaux Publics et de l'Approvisionnement
face, entre autres, à l'aménagement de la cité
parlementaire, soient établies à la lumière du
schéma d'aménagement de la communauté qui est
déjà déposé depuis deux ans, et, en collaboration
permanente avec les structures nouvelles qui sont recommandées pour la
région de Québec, c'est-à-dire un service permanent de
planification à la communauté urbaine et une commission
d'aménagement de la capitale du Québec.
En terminant, rappelons que les ministères des Transports, des
Travaux Publics et de l'Approvisionnement sont des ministères
clés dans l'aménagement du territoire et que leurs
décisions ont et auront un impact considérable sur la
qualité de la vie dans la capitale du Québec.
Une Voix: Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, si je comprends bien, c'est
qu'en 1961, le gouvernement du Québec a créé la Commission
d'aménagement de Québec. En 1965, cette commission s'est vue
chargée de préparer, d'élaborer un programme complet de
rénovation progressive de la colline parlementaire, etc. Ce serait en
avril 1969 que cette commission aurait préparé un premier
schéma d'aménagement.
Je voudrais d'abord, puisque vous avez remplacé cette
première... Est-ce que la loi de 1961 a été abolie,
lorsque vous avez créé le comité actuel
d'aménagement? Cette loi a été abolie? Quand?
M. Trottier: A la création de la Loi de la
Communauté urbaine de Québec.
M. Lessard: J'aimerais savoir maintenant ce qu'on a fait du
premier rapport ou du premier schéma d'aménagement. Est-ce qu'on
retrouve dans le premier schéma d'aménagement de 1969, par
exemple, des préoccupations du deuxième schéma
d'aménagement, soit celui de 1975? Si oui, est-ce que vous pourriez me
dire, en fait, ce qui a résulté du premier schéma
d'aménagement? Est-ce que la ville de Québec, est-ce que les
différents ministères, est-ce que le gouvernement ont
respecté ce premier schéma d'aménagement?
M. Cimon: Je reviens à ma précision du
début. C'est que l'ancienne commission a fait un plan uniquement de la
cité parlementaire. Elle a fait un schéma sectoriel. Nous, nous
avons fait un schéma global, mais comme nous sommes arrivés
après le petit schéma, nous avons, comme tous les urbanistes,
été obligés d'accepter les contraintes. On ne pouvait pas
suggérer de faire sauter le complexe G.
M. Lessard: Est-ce que les recommandations qui étaient
faites dans le premier schéma d'aménagement, concernant la
colline parlementaire, ont été dans l'ensemble respectées
par les différents ministères du gouvernement, à votre
connaissance?
M. Cimon: A mon avis personnel, elles ont été
respectées à peine à 20%.
M. Lessard: Dans votre mémoire, vous dites que la
commission n'a pu que constater la Commission actuelle
d'aménagement l'indifférence des précédents
gouvernements du Québec face au schéma d'aménagement de la
capitale. Est-ce que vous pourriez expliciter ce fait, concernant par exemple
un certain nombre d'actions, parce qu'il faut, je pense bien, en fait, essayer
de concrétiser cette commission parlementaire si on veut en arriver
à des résultats vraiment concrets?
M. Cimon: Je vous remercie de poser cette question, parce que
c'est le coeur du problème. C'est que, quand un schéma
d'aménagement a coûté presque $500 000 aux contribuables et
que le gouvernement n'a aucune réaction devant ce schéma, on ne
peut que conclure à l'indifférence, parce que si ce schéma
est mauvais, qu'on le dise, s'il est bon, qu'on l'accepte, mais il n'est pas en
vigueur. Cela revient à dire que ce sont les promoteurs qui
aménagent le territoire tout simplement.
M. Lessard: Si je comprends bien, les recommandations qui ont
été faites dans le deuxième schéma
d'aménagement, soit celui de 1975, n'ont pas été
respectées dans leur ensemble par...
M. Cimon: Non seulement elles n'ont pas été
respectées c'est le résumé
M. Lessard: D'accord.
M. Cimon: ...elles ne sont même pas reconnues. Cela n'a
même pas été déposé. Le ministre des Affaires
municipales ne l'a jamais accepté officiellement.
Une Voix: Ni le conseil.
M. Cimon: Ni le conseil de la communauté urbaine.
M. Lessard: Comment expliquer que le conseil de la
Communauté urbaine de Québec n'ait pas accepté cela?
M. Trottier: C'est plus facile à vous expliquer, parce
que, pour en arriver à une approbation du schéma
d'aménagement, il y a dans la loi constituante une procédure qui
est prévue, soit celle de la période de consultation. Or, pour
réaliser cette période de consultation, le conseil doit
créer une commission du conseil chargée, elle, de recevoir,
évidemment, dans cette période de consultation, les
recommandations, les suggestions et les critiques sur le projet qui a
été déposé, de façon que cette commission
puisse, à la lumière des consultations, faire les suggestions
d'amendement ou de correction à apporter au projet de schéma pour
que le conseil puisse en faire une approbation officielle.
Or, cette étape n'a jamais été franchie, parce
qu'à la communauté urbaine, l'ensemble des membres du conseil s'y
sont refusés, je devrais plutôt dire, au stade de
l'exécutif, on s'y est refusé, prétextant qu'on n'avait
pas à attendre que la communauté vienne dire aux
municipalités quoi faire, mais que ce sont les municipalités qui
devraient dire à la communauté ce qu'elles voulaient, et que
chacune, à l'intérieur de ses limites, avait suffisamment
d'autorité et de connaissances pour réaliser ses besoins.
On n'a pas compris, à ce moment, je pense, le processus de
l'aménagement du territoire; alors que l'on doit partir d'un programme
d'ensemble pour sectoriser graduellement, pour laisser, après
l'approbation d'un concept d'ensemble d'aménagement de territoire,
à chacune des municipalités ses juridictions, son autonomie de
façon à pouvoir réaliser dans ses limites sa conception
d'utilisation du sol, mais toujours en fonction d'une acceptation globale d'un
plan général établi.
Or, cette discussion est encore sur la table. Comme la communauté
n'a quand même pas eu les pouvoirs nécessaires pour aller plus
loin que cette phase, c'est comme dans plusieurs autres domaines on
n'est pas ici pour faire le procès de la communauté mais
où la communauté est quand même astreinte à
certaines circonstances et à certaines obligations. C'est pour cette
raison que cela n'a pas été plus loin.
M. Lessard: Si je comprends bien, nous avons mis sur pied un
comité d'aménagement et la Communauté urbaine de
Québec n'a absolument aucun pouvoir pour faire respecter ce
schéma.
M. Trottier: Absolument pas.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. Cimon, j'ai été, pendant une couple
d'années, à la direction du ministère des Travaux publics
et j'ai souvenance qu'à ce moment, autant il y avait de centres
d'études ou de décisions, autant il y avait des groupements dont
les idées étaient disparates dans le problème de
l'aménagement de la colline parlementaire. Je ne voudrais pas revenir
sur les décisions qui ont prévalu pour la mise en place des
édifices H, J ou G, qui précédaient ma venue à ce
ministère, mais quand je regarde la recommandation 2, en faisant
référence à la confusion que j'ai constatée
à ce moment, où il était difficile d'obtenir un
consensus... vous dites "que la Commission d'aménagement de la
Communauté urbaine de Québec soit remplacée par une
Commission d'aménagement de la capitale du Québec qui
relèverait du ministre d'Etat à l'Aménagement et qui
aurait des pouvoirs précis de contrôle et de coordination des
actions majeures d'aménagement des ministères provinciaux dans la
région de la capitale, tout en respectant l'autonomie de la CUQ." Vous
ne faites pas mention, en aucune façon, de la ville de Québec.
Qu'est-ce qu'elle fait dans tout cela, si on veut respecter les pouvoirs des
municipalités?
M. Cimon: Avant de donner la parole à M. Trottier, je vais
essayer de répondre en tant que membre de la commission. Le moteur
principal de développement, dans la région de la capitale, c'est
évidemment le gouvernement du Québec, par l'action de ses
ministères, et, actuellement, il n'y a aucun moyen efficace connu de
coordonner l'action de ces ministères dans la région de
Québec, afin que ces actions sectorielles soient harmonisées dans
un plan d'ensemble. Je crois que c'est au gouvernement de se coordonner
lui-même. C'est pourquoi nous recommandons... Ce ne serait pas normal
qu'une créature du gouvernement du
Québec, la communauté urbaine, coordonne le gouvernement.
Les ministères seraient humiliés et ils auraient raison.
En fait, la commission d'aménagement, actuellement, elle a fini
son utilité. Elle a produit un schéma, avec l'aide de
consultants. Mais ce qui, à mon avis, est vital, c'est que de la
même façon que la communauté, elle,
représentée par les maires, représentée par la
base, doit coordonner les actions municipales dans la région, je crois
qu'il est très important, si on veut avoir une capitale qui a un peu de
prestige et d'allure, que le gouvernement, si je peux employer une expression
peut-être un peu simpliste, ait, lui aussi, une communauté urbaine
pour se coordonner.
Comme je sais, ayant déjà été fonctionnaire
dans ma vie, que les fonctionnaires je les comprends sont jaloux
de leurs prérogatives et que chaque ministère a de petits
empires, il faut qu'il y ait quelqu'un d'indépendant,
c'est-à-dire qu'il ne soit pas prévenu pour un ministère
plus qu'un autre, qui essaie... A ma connaissance il y a eu une
expérience je pense que M. Garneau s'en souvient qui
s'appelait le CPAR, le Comité permanent de l'aménagement des
ressources, mais là, c'étaient des fonctionnaires. Donc, ils
recevaient des ordres des différents ministères. Finalement, cela
a fait une espèce de cipaille. C'est tombé à rien. Est-ce
que ça répond à votre question, M. Mailloux?
M. Mailloux: Oui, disons que je ne ferai pas de réflexion
supplémentaire. Je voulais simplement connaître votre opinion
quant à l'organisme que vous pensez mettre en place pour qu'il ait un
pouvoir décisionnel sur les actions futures de l'aménagement de
la capitale du Québec.
Vous parlez, dans votre mémoire, abondamment de piétons
qui doivent approcher la colline parlementaire. Cela me laisse un peu perplexe,
parce que c'est probablement une des collines parlementaires les plus
spéciales qu'on ait dans le Canada. C'est vrai que c'est une colline
où les jeunes pourraient approcher facilement, étant donné
leur âge. Mais je reste perplexe dans le fait que vous parlez tellement
de piétons, alors que quelqu'un qui aurait à monter du
centre-ville de Québec vers les édifices du parlement et qui
dépasse la cinquantaine, ça devient assez compliqué ici,
à Québec.
M. Trottier: Je ne suis pas au courant du mémoire qui sera
soumis par la commission des transports, en soirée, mais si on se
réfère à l'étude sur le transport au centre-ville
qui a paru l'an dernier, il y avait des précisions apportées sur
cette mécanique ou cette technique, si vous voulez, qui pourrait
faciliter aux piétons, justement, l'accessibilité aux
différents points du territoire, surtout sur l'aspect de la colline et
du Vieux-Québec. Or, dans cette étude, vous retrouverez des
suggestions de techniques évoluées pour faciliter, soit le tapis
roulant...
Il y a plusieurs hypothèses d'apportées là-dedans.
Evidemment, c'est une conception, une philosophie de base sur l'utilisation et
la nature des infrastructures que l'on connaît dans la région.
Il est clair que ce que vous apportez comme argument est fort logique
parce que, dans les côtes que l'on trouve, les distances qu'on a à
parcourir, il doit donc y avoir une conjonction entre les aménagements
du transport en commun, les techniques de rapprochement physique et tous ces
éléments constituants dans une technique
évoluée.
Je pense que vous trouverez ceci comme réponse plus
élaborée à l'étude de ce document et probablement,
repensée dans l'étude ou dans le mémoire qui sera
vraisemblablement présenté par la Commission de transport.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: J'ai entendu M. Cimon tout à l'heure, dans sa
deuxième recommandation, répondant principalement au
député de Charlevoix, où il parle du contrôle en
spécifiant qu'il n'appartenait pas à une créature du
gouvernement de contrôler le gouvernement.
J'aurais aimé que vous précisiez davantage le rôle
de contrôle que vous entendez émettre à cette
commission.
M. Cimon: Contrôle est un mot plutôt négatif.
En fait, ce qu'on veut dire, c'est que cela peut être autre chose qu'une
commission d'aménagement de la capitale, mais ce que nous croyons
nécessaire la façon de le faire est secondaire mais
l'objectif à rechercher est de trouver un moyen harmonieux et efficace
de coordonner plutôt que de contrôler évidemment, il
y a une notion de contrôle là-dedans mais surtout de
coordonner l'action des ministères.
Je vais vous donner un exemple bien simple. Quand le ministère
des Transports a construit l'autoroute des Grèves entre le pont de
l'île d'Orléans et la Canardière, en même temps, le
ministère des Richesses naturelles a préparé un plan
d'aménagement pour mettre un peu de verdure là-dedans et on s'est
rendu compte tout à coup que les bicyclettes, les cyclistes ne pouvaient
plus se rendre à l'île d'Orléans.
Alors, si cela avait été coordonné, on aurait pu,
en construisant l'infrastructure routière, prévoir des tunnels
spéciaux pour les cyclistes. On a continuellement de tels exemples
où il se produit un aménagement bâtard. C'est du gaspillage
parce que, lorsqu'il s'agit de corriger, cela coûte beaucoup plus cher
que si on l'avait prévu.
Autrement dit, il n'y a aucun organisme, à ma connaissance, qui
réussisse efficacement à coordonner l'action des
ministères. C'est pourquoi nous avons eu une lueur d'espoir quand on a
su qu'il y avait un ministre d'Etat à l'aménagement dont le
ministère n'est pas un ministère traditionnel, donc avec ses
préjugés, etc, on a espéré qu'il y aurait moyen
d'avoir cela.
On ne suggère pas une autre structure. On trouve qu'on a trop de
structures. On suggère un moyen, qui ne coûterait rien, de
coordonner. Si vous avez de meilleures idées, nous...
Encore une fois ce qu'on suggère, c'est de coordonner les actions
des ministères. On trouve cela vital.
M. Grenier: Vous avez raison. On voit que vous avez vécu
dans le milieu des fonctionnaires assez longtemps pour savoir que la
coordination entre les ministères est une chose assez compliquée.
C'est ainsi qu'on félicitait le gouvernement, à la formation du
cabinet, quand il est arrivé avec des superministres, ce qui permettra
peut-être cette entente entre ministères et qui donnera
probablement des effets dans quelques mois.
Vous avez parlé aussi de la fonction résidentielle de la
colline parlementaire. Pensez-vous que cela va être possible, compte tenu
de l'augmentation constante de la taxe foncière ici de garder quand
même cette clientèle qui vit généralement autour de
la colline?
M. Cimon: Premièrement, j'aimerais le souligner, parce
qu'on n'a pas eu l'occasion de lire le mémoire, mais si vous le
permettez, je vais vous lire simplement quatre lignes qui vont répondre
à votre question et qui vont vous montrer la gravité du
désastre. "La fonction résidentielle, sur la colline
parlementaire et autour, s'est avérée la plus faiblement pourvue
face à l'agressivité des fonctions administratives, commerciales
et routières qui contribuent largement à la fuite progressive de
la population résidente." Ce n'est pas du roman et du drame que nous
faisons. "A ce sujet, qu'il suffise d'indiquer les baisses dramatiques de
population dans l'ensemble des quartiers Saint-Jean-Baptiste, Saint-Roch et
Champlain, qui entourent la colline. De 45 000 personnes en 1961, on passe
successivement à 38 000 en 1966, 33 000 en 1971 et 23 000 en 1976. Le
centre-ville de Québec a donc perdu, en l'espace de 15 ans, la
moitié de sa population." Cela veut dire que tous les équipements
scolaires, etc., sont sous-utilisés. C'est du gaspillage.
M. Russell: Est-ce que ce n'est pas ce qui se passe dans la
plupart des centres...
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Le
député de Jean-Talon, parce qu'il y a une dizaine d'intervenants
déjà.
M. Garneau: Je voudrais revenir sur certaines des questions qui
ont été posées et des réponses qui ont
été données, parce que je trouve réellement votre
mémoire très autoritaire si on peut dire; il traite d'une
façon très cavalière les autorités locales
autonomes. Vous parlez de la communauté urbaine comme si la
communauté urbaine était un corps sans membres. Quand M. Trottier
explique, par exemple, que les membres de la communauté urbaine, qui
sont les municipalités, n'ont pas voulu, pour des raisons qu'il a
mentionnées tout à l'heure, prendre en considération ou
accepter d'une façon définitive le schéma
d'aménagement proposé par la commission d'aménagement,
vous dites: Le gouvernement devrait décider en lieu et place et
approuver le schéma ou le modifier ou faire des choses qui pourraient en
faire définitivement un schéma d'aménagement
obligatoirement applicable dans la région métropolitaine de
Québec et en particulier en ce qui regarde la colline parlementaire. Je
trouve que c'est là un jugement très sévère
à l'endroit des autorités locales qui, à mon sens, doivent
garder une autonomie et, cette autonomie, elles l'exercent à
l'intérieur d'un conseil qui s'appelle la communauté urbaine. Si
le gouvernement doit prendre des décisions en lieu et place de la
communauté urbaine, il serait peut-être bon d'abolir la
communauté urbaine et peut-être aussi abolir les
municipalités en ce qui regarde leurs responsabilités face
à l'aménagement du territoire.
C'est ma première observation, parce que je la trouve
extrêmement sévère à l'endroit de ceux qui, depuis
un certain temps, siègent à la communauté. Ils peuvent
bien ne pas s'entendre ou s'entendre, je crois qu'il ne faut pas, on ne peut
pas distinguer l'organisme, qui flotte dans les airs et qui pourrait porter le
nom de CUQ, des membres qui composent cet organisme.
C'est donc dire que prendre une décision dans le sens que vous
suggérez veut dire, à toutes fins utiles, faire porter par le
palier provincial, le gouvernement du Québec, l'autorité de
l'application d'un schéma d'aménagement et, si on le fait dans la
région métropolitaine de Québec, on pourrait voir des
raisons particulières pour la colline parlementaire, mais il faudrait
faire la même chose pour Trois-Rivières, Sherbrooke; en fait,
toutes les municipalités. Et il n'y a pas de raison d'agir
différemment si on le fait pour les municipalités de la ville de
Québec. C'est ma première observation qui n'est pas
nécessairement une forme de question.
Le deuxième point que je voudrais souligner dans le
mémoire, c'est que vous parlez des considérations que les
gouvernements, soit municipaux ou provincial, ont pu apporter aux
recommandations qui ont été faites subséquemment par les
études; je pourrais prendre le rapport Martin qui est très
important. Quand je vous entends citer des chiffres de la population de ce
secteur qui entoure la colline parlementaire, on pourrait voir, par exemple,
que le rapport Martin soulignait la désuétude de beaucoup
d'habitations, disait qu'elles devaient être remplacées en partie
par des édifices commerciaux, si ma mémoire est fidèle. Je
n'ai pas relu le rapport Martin en vue de cette commission, c'est un document
fort volumineux. On disait aussi qu'il fallait agir dans le sens de certaines
des décisions qui ont été prises par les gouvernements
successifs, pas plus celui dont je faisais partie que les gouvernements qui
nous ont précédés. Je pense qu'ils ont agi de bonne
foi.
Le rapport a été déposé en 1969 et, avant
que le rapport ne soit déposé, je vois à mes
côtés, M. Russell, qui était ministre des Travaux publics
sous l'administration de l'Union Nationale, sous les gouvernements Bertrand et
Johnson, il fallait bien qu'ils prennent des décisions, eux aussi.
Lors-
qu'ils ont décidé d'aller de l'avant dans certains
domaines, même si on était dans l'Opposition et qu'on
n'était pas d'accord avec certaines de ces décisions, ils ont
pris des décisions avant même que certains des rapports que l'on
connaît et que l'on cite aujourd'hui aient été
déposés.
Tout ça fait que des administrations publiques... Je comprends
que les spécialistes qui regardent ça, à
côté, peuvent avoir des réactions différentes. Mais
quand on a à prendre des décisions, à un moment
donné, il faut bien aller de l'avant parce qu'il y a des besoins qui
sont urgents.
Aussi, je trouve très sévères vos analyses, surtout
quand je vois, à vos côtés, celui qui est responsable de
l'urbanisme de la ville de Québec. Je me demande comment il se sent
lorsqu'il siège à la commission d'aménagement et lorsqu'il
siège comme fonctionnaire de la ville de Québec.
Sous l'administration que j'ai connue, d'une façon plus
précise, les complexes G, H et J étaient là, même si
on avait voulu les démolir, je pense que cela n'aurait même pas
été intelligent. En ce qui regarde l'autoroute
Dufferin-Montmorency, cela correspondait, me semble-t-il, au concept
général déposé par M. LaHaye. Ce qui a
été véritablement ajouté sur la colline
parlementaire, à l'exception des aménagements comme le parc qu'il
y a ici, à côté du complexe G, certaines démolitions
pour aérer un peu les environs qui m'apparaissaient correspondre au
concept général, le stationnement d'Youville également,
qui a été réalisé... On aurait pu modifier la
décision prise par l'ancien gouvernement, puisqu'il n'était pas
commencé, mais cela m'apparaissait coïncider avec le schéma
d'aménagement LaHaye.
Qu'y a-t-il eu de fait? La construction de Place Québec? Pour
autant que je suis concerné, le service d'urbanisme de la ville de
Québec avait donné son consentement quant à ce complexe.
Pour l'autre ajout qui a été fait, c'est l'agrandissement de la
Laurentienne qui est commencé depuis quelque temps. Là aussi,
à ma connaissance, je ne sais pas au juste comment se font les liens
entre la ville, la communauté urbaine, le service d'urbanisme de la
ville de Québec et les élus de la ville de Québec, mais
toujours est-il qu'il y a eu des accords de donnés. Je trouve assez
sévère votre analyse de la situation en faisant porter cela sur
les autorités gouvernementales qui ont été celles
dont je faisait partie également formées par d'autres
formations politiques et qui seront des décisions qui seront prises par
l'actuel gouvernement.
On va se réunir ici dans cinq ans et il y aura des gens qui vont
venir nous faire des rapports, en nous disant que les décisions qui ont
été prises par M. Lessard n'étaient pas conformes à
un autre schéma d'aménagement qui aurait pu exister quelque
part.
Tout cela me fait voir une très grande
sévérité et peut-être un certain manque de
réalisme dans l'administration quotidienne des choses, si je peux me
permettre, et peut-être aussi une méconnaissance des faits tels
qu'ils ont été vécus, en tout cas pour la partie que je
connais. Ce ne sont pas des questions, M. le Président, ce sont des
obser- vations. S'il y en a qui veulent faire d'autres observations,
peut-être que M. Russell en a pour le bout qu'il connaît.
M. Lessard: ... si ce n'est pas le ministre qui témoigne
ou si c'est la Communauté urbaine de Québec ou le comité
d'aménagement qui témoigne.
M. Garneau: C'est pour cela que j'ai souligné dans mon
mémoire d'introduction, dans mes remarques préliminaires
d'introduction, la complexité qu'il y a. L'actuel ministre verra que
chaque fois qu'il va avoir à prendre des décisions dans ce
domaine... Je croyais que notre administration en avait pris une bonne dans le
sens des recommandations d'aller vers le Bourgneuf plutôt que d'aller
ailleurs. Peut-être que vous l'avez retardé pour toutes sortes de
raisons, annulé complètement.
M. Lessard: Annulé.
M. Garneau: Si vous allez ailleurs, à un moment
donné, il y en a qui, dans deux ans, viendront dire: Ce n'était
pas conforme au plan d'aménagement, comme on vient nous le dire
présentement, et peu importe. En fait, je pense bien que ce n'est pas
uniquement une question de parti politique, mais de décisions qui se
prennent, à un moment donné, dans le cours des choses.
Dans mon introduction, je mentionnais la difficulté de garder la
continuité dans certaines des recommandations qui nous sont faites,
alors qu'on pense qu'on prend des décisions dans le sens d'un plan
d'aménagement quelconque et tout à coup, il y en a d'autres qui
viennent nous dire que ce n'était pas cela, que c'était une autre
affaire.
C'est pour cela que je trouve votre analyse très
sévère.
M. Cimon: M. le Président, j'aimerais justement la
justifier en trois mots, cette sévérité.
Premièrement, sauf erreur, M. Garneau souligne qu'on n'est
peut-être pas démocratique, parce qu'on ne s'occupe pas des
autorités municipales et qu'on dit qu'il faudrait que ce schéma
soit adopté par le gouvernement du Québec. J'aimerais rappeler
à M. Garneau deux choses qui, sauf erreur, sont exactes:
Premièrement, c'est le gouvernement du Québec qui a
créé la communauté urbaine par une loi, sans consulter les
municipalités. Les municipalités n'étaient pas d'accord,
parce qu'elles se chicanent depuis ce temps-là.
M. Garneau: Vous n'avez pas assisté aux commissions
parlementaires qui ont eu lieu dans cette salle-ci ou ailleurs, en 1969.
M. Cimon: D'accord. Disons que les municipalités
étaient d'accord, mais il reste une chose, c'est que le mandat de
produire un schéma d'aménagement était dans la Loi de la
Communauté urbaine, c'était une obligation qui était
créée par le gouvernement.
Quand le gouvernement dit: Vous allez faire un schéma qui
coûte $500 000, il me semble que le
même gouvernement doit avoir la décence, s'il s'occupe des
contribuables dont il utilise l'argent, de ne pas le laisser dormir sur une
tablette. Ou bien il est mauvais, n'est-ce pas?
A part cela, M. Garneau laisse entendre que si le gouvernement s'occupe
de Québec, il va falloir qu'il s'occupe de Trois-Rivières, de
Joliette, et de tout ce que vous voulez, mais je ferais remarquer qu'à
ma connaissance, il n'y a qu'une capitale dans le Québec et c'est
Québec. Je crois que c'est important que le gouvernement, qui en est le
principal moteur, s'en occupe.
Maintenant, une troisième chose que M. Garneau semble oublier
encore une fois, je retirerai ce que je dis si je me trompe; je ne crois
pas me tromper quand on a décidé de construire la tour de
la révolution tranquille, le complexe G, c'est le gouvernement du
Québec qui a créé, qui a adopté une loi
spéciale pour contourner les règlements municipaux de
Québec qui s'opposaient aux édifices en hauteur. Cela a
été les pressions des promoteurs, des spéculateurs, parce
qu'ils ont dit: Si le gouvernement fait une tour, nous autres, on va faire des
tours payantes à côté. Alors, c'est de l'entreprise qui est
facile et c'est le gouvernement qui... Si on me contredit là-dessus, je
suis prêt à retirer ce que j'avance, mais, jusqu'à nouvel
ordre, j'ai l'impression que ce que je dis, c'est vrai. C'est pour cela que je
dis et que je répète que ce sont les promoteurs qui
aménagent la ville de Québec avec la complicité du
gouvernement ou l'indifférence du gouvernement, que ce soit rouge ou
bleu; là, on parle d'urbanisme. On ne fait pas de politique ici.
Le Président (M. Marcoux): Très brièvement,
monsieur...
M. Garneau: Je ne veux pas engager de débat
prolongé avec M. Cimon là-dessus, mais, quand vous parlez de la
responsabilité du gouvernement, c'est évident que ce n'est pas le
gouvernement d'abord, c'est la Législature, c'est l'ensemble de
l'Assemblée nationale; il y a une distinction. Qu'est-ce qu'elle fait,
cette Législature? Elle adopte une loi et elle établit les
mécanismes administratifs à l'intérieur desquels les
municipalités doivent oeuvrer. Vous nous dites ceci. Vous, M. Cimon,
vous présentez un projet, vous y croyez, les autorités locales,
les municipalités, j'imagine qu'elles ont eu des raisons, elles ont
peut-être tort ou elles ont peut-être raison, je ne sais pas, mais
elles avaient des motifs, ces municipalités, de ne pas vouloir accepter
dans tous les détails, avec amendements ou sans amendement, votre
projet. Je veux bien croire que vous y croyez, mais il y a des gens qui sont
élus par la population et qui ont décidé de faire
autrement. Vous voudriez que le gouvernement, celui-là ou d'autres,
dise: Voici, il y a eu une loi de la communauté urbaine qui
prévoyait une commission d'aménagement, la fabrication d'un plan,
les méthodes de discuter ce plan parmi les autorités locales.
Parce que ces autorités locales n'ont pas voulu se pencher et
l'approuver, vous recommandez que le gouvernement passe par-dessus la
tête des municipalités et l'approuve obligatoirement, avec ou sans
amendement. C'est cela, votre recommandation?
M. Cimon: Absolument pas.
Le Président (M. Marcoux): Une réponse
brève, parce qu'il y a plusieurs questions.
M. Cimon: Justement, nous recommandons, puisque le gouvernement
ne s'intéresse pas au schéma d'aménagement, sous un
prétexte démocratique, parce que les villes n'en veulent pas, que
le gouvernement s'occupe au moins de ses propres ministères et qu'il
coordonne au moins ses propres ministères. Au moins, ce sera...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: M. Cimon, lorsque vous disiez tantôt que le
premier schéma d'aménagement, celui qui n'a porté que sur
la colline parlementaire, si j'ai bien compris ce que vous avez dit, n'a
été respecté qu'à 20%. N'est-ce pas le pourcentage
que vous avez donné?
M. Cimon: Je suis généreux, 20%.
M. Guay: Est-ce que je comprends bien, à ce
moment-là, en disant qu'en aménageant la colline parlementaire,
comme cela a été fait sous l'ancien gouvernement ou les anciens
gouvernements, et la critique qui se fait depuis lors à rencontre de cet
aménagement, ne se fait pas parce qu'on a suivi un schéma
d'aménagement, mais parce qu'à 80%, on n'a pas suivi un
schéma d'aménagement. C'est plutôt ça?
M. Cimon: Je dirais ceci: C'est comme l'Apprenti sorcier, cette
histoire.
Le Président (M. Marcoux): On me fait remarquer qu'il est
6 heures. Normalement, on doit suspendre les travaux. Est-ce que les membres de
la commission préfèrent que nous finissions d'entendre ce
mémoire peut-être jusqu'à 6 h 15, ou si vous
préférez qu'on... Il faut revenir?
Une Voix: ...demanderais la suspension...
M. Roy: ... nous permettre de poser des questions. Je pense qu'il
y a plusieurs questions à poser. Ce serait peut-être
préférable...
Le Président (M. Marcoux): Bon! Nous allons suspendre nos
travaux jusqu'à 20 h 15.
M. Lessard: Le droit de parole est à...
Le Président (M. Marcoux): Le droit de parole est au
député de Taschereau, ensuite les députés de
Vanier, Laprairie, Gatineau, Beauce-Sud et Brome-Missisquoi.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
J'aimerais d'abord indiquer un changement parmi les membres de la
commission: Le député de Jean-Talon sera remplacé par M.
le député Vaillancourt, d'Orford.
Je redonnerais la parole au député de Taschereau qui avait
commencé à poser une question.
M. Guay: Sauf que je poserais une question à une personne
qui n'est plus là!
Le Président (M. Marcoux): On peut attendre quelques
secondes si... Peut-être pour indiquer aux membres de la commission, la
parole sera donnée par la suite aux députés de Vanier, de
Laprairie, de Gatineau, de Beauce-Sud et de Brome-Missisquoi. Il y a des
absents mais... qu'ils reviennent.
M. Guay: M. Cimon, au moment où nous avons suspendu la
séance, vous me confirmiez que vous aviez bien dit que 20% seulement du
schéma d'aménagement le premier, celui qui portait sur la
colline parlementaire avaient été effectivement suivis par
le ou les gouvernements qui ont aménagé la colline parlementaire
comme on peut le voir sur la photographie. C'est bien cela? C'est à peu
près 20% qui ont été suivis?
M. Cimon: Parce que les éléments principaux,
c'est-à-dire la circulation pour les piétons, la qualité
des espaces verts, enfin la qualité générale de ce qu'on
appelle le design urbain, a été complètement raté
parce que justement, ce furent des constructions sectorielles par des
promoteurs et l'idée d'ensemble...
On a créé, comme vous le savez, un tunnel à ciel
ouvert, un courant d'air et, comme le disait M. Mailloux, tout à
l'heure, c'est un environnement qui est absolument hostile aux piétons
et qui n'est pas sécuritaire.
Ou bien on construit par-dessus cette tranchée béante des
passerelles, ou même des édifices, parce que c'est un
véritable courant d'air. La ville est coupée en deux. Il n'y a
pas possibilité pour les piétons de passer à moins de
descendre dans les catacombes, les espèces d'escalateurs et on se perd
là-dedans.
M. Guay: Si bien que, si je vous comprends bien, à ce
moment-là, 80% approximativement de l'aménagement de la colline
parlementaire, avec les conséquences que cela a, vous parliez
tantôt de la population qui a diminué de façon dramatique
dans ce secteur, se serait donc fait sans plan directeur ou sans schéma
d'aménagement, ou en tout cas en ne le suivant pas. C'est bien cela qui
s'est passé?
M. Cimon: Pour le schéma, nous recommandons justement
d'essayer de ramener de l'habitation dans ce quartier qui a déjà
tous les équipe- ments, afin que ce soit quelque chose de vivable et de
vivant.
M. Guay: Ce que je veux bien saisir, c'est que ce qui s'est fait,
cela s'est fait de façon improvisée, en fonction de
décisions, ou cela s'est fait par des décisions prises en
fonction d'impératifs qu'on ne peut pas identifier, ou cela s'est fait
en suivant un plan directeur ou un schéma d'aménagement. Cela
s'est fait comment, finalement?
M. Cimon: D'une façon simpliste, pour résumer
M. Trottier pourra ajouter ou rectifier au besoin c'est qu'on a
pris, dans ce schéma de la colline parlementaire, ce qui était le
plus payant, le plus rentable pour les constructeurs. C'est évident que
les tours à bureaux sont plus payantes que l'habitation et, justement,
l'habitation a été... Parce que, dans le schéma
d'aménagement de la cité parlementaire, il était bien
compris et recommandé de façon très claire qu'il devait y
avoir un équilibre entre les différentes fonctions, fonctions
culturelles, fonctions résidentielles, commerciales et fonctions de
bureaux. Ce qui est arrivé, c'est qu'on a eu, jusqu'à maintenant
il est encore temps de le corriger, ce n'est pas
irrémédiable complètement ce qu'on pourrait appeler
une surspécialisation d'hôtellerie, avec le résultat qu'il
semble y avoir une saturation, et de bureaux, avec une espèce de petite
imitation très maladroite de place Ville-Marie, des boutiques, et on se
demande ce qu'elles font là. C'est complètement artificiel. On a
vidé le quartier. On a vu tout à l'heure qu'il a perdu au moins
15 000 de population, la moitié de sa population, dans l'espace de
quinze ans.
M. Guay: C'est-à-dire que, lorsqu'on justifie aujourd'hui,
les décisions d'hier en fonction de schémas d'aménagement
d'hier qui seraient aujourd'hui critiqués; en réalité, ces
décisions ont été prises en ne respectant pas le
schéma d'aménagement. Il est fallacieux, en d'autres mots, de se
retrancher derrière un schéma d'aménagement aujourd'hui,
si on ne l'a pas suivi.
M. Trottier: Si vous me permettez, c'est qu'on ne s'est pas
tellement retranché en arrière d'un schéma
d'aménagement, mais on a été victime, je pense, de
l'absence d'une loi qui imposait le respect d'un schéma
d'aménagement, c'est ce qu'on déplore le plus aujourd'hui. Ce
n'est pas tant de revenir en arrière sur ce qui s'est fait ou qui aurait
dû être fait ou ne pas être fait, mais c'est que n'ayant pas
de pouvoir décisionnel, aucun organisme, c'est sûr qu'on y va
selon les circonstances du moment. Il n'y a pas de ligne directive qui soit
imposée à qui que ce soit. Actuellement, la recommandation
principale, c'est qu'un pouvoir soit dévolu à un organisme; en
l'occurrence, actuellement, l'organisme qui a été
créé et qui a reçu le mandat de préparer un
schéma d'aménagement, c'est la communauté urbaine. C'est
pourquoi on dit qu'il faut maintenant que des pouvoirs soient donnés
à un organisme, la communauté urbaine, pour qu'une fois
adopté, un schéma d'aménagement puisse être
respecté.
C'est l'aspect principal de la recommandation.
M. Guay: Justement sur cette recommandation et celle qui suit,
j'aimerais voir clair. Vous nous dites qu'avant d'entreprendre toute action
sectorielle d'aménagement dans la région de la capitale, il est
essentiel que le gouvernement accepte, modifie ou rejette le projet de
schéma d'aménagement, donc que l'on modifie la Loi de la CUQ.
Mais en même temps, la recommandation suivante a pour but... C'est donc
dire que la commission d'aménagement qui a fait ce schéma devrait
devenir un organisme gouvernemental, mi-municipal, mi-gouvernement du
Québec et relever du ministre d'Etat à l'aménagement.
Est-ce qu'il n'y a pas une contradiction? Vous dites, d'une part, ne
procédez pas sans avoir accepté le schéma et d'autre part,
l'organisme qui a fait le schéma, au fond, abolissez-le ou enfin,
faites-en autre chose.
M. Trottier: Je pense qu'il y a une clarification assez facile
à faire dans ce sens qu'une fois qu'est établi l'organisme qui a
juridiction sur le respect d'un schéma d'aménagement, il faut
être conscient, en même temps, à la lumière de tout
ce qui a été élaboré cet après-midi,
qu'à l'intérieur du gouvernement qui est le principal agent de
développement de la région, il y ait une coordination entre les
ministères pour établir une canalisation avec la
communauté urbaine qui aurait cette responsabilité de respect de
schéma, de façon que l'on puisse coordonner tout cela
ensemble.
Actuellement, chaque ministère y allant de ses besoins et de ses
objectifs, c'est sûr que, dans certaines circonstances, on a même
vu des exemples où le gouvernement a décidé de le faire,
nonobstant la présence de certains règlements de la ville de
Québec.
Cette proposition d'une commission de la capitale, si vous voulez, cela
pourrait être interprété autrement ou structuré
autrement. Mais ce que l'on cherche, c'est qu'un organisme à
l'intérieur du gouvernement soit, lui, mandaté pour coordonner
les besoins des différents ministères et pour opérer, de
concert avec l'organisme qui a les pouvoirs de respect du schéma. C'est
la façon la plus simple de l'exprimer.
M. Cimon: Pour ajouter à cette explication de M. Trottier,
cette suggestion d'une Commission d'aménagement de la capitale peut fort
bien réunir des représentants politiques. Le
vice-président, par exemple, peut être nommé par la
Communauté urbaine; un député de la région de
Québec pourrait y siéger, ainsi que des maires. Donc, ce serait
très démocratique et ce serait une espèce de
réunion de tous les paliers, dans la région de Québec, le
municipal, les communautés et le gouvernement. Il ne faut pas oublier
que les ministères, par leur action normale, sont et restent le plus
gros développeur de la région de Québec. C'est pourquoi il
est absolument essentiel que ce développeur soit coordonné avec
la communauté urbaine, tout en respectant les autorités
municipales.
M. Guay: Si l'on se réfère à la carte qui
accompagne votre mémoire, à la fin, s'agit-il d'abord d'une carte
qui accompagnait le schéma d'aménagement ou si c'est une carte
que vous avez faite en fonction du présent mémoire? Qu'est-ce que
c'est?
M. Trottier: Exactement.
M. Guay: En fonction du présent mémoire?
M. Trottier: Du présent mémoire, oui.
M. Guay: C'est simplement pour avoir une idée plus
précise. Vous nous proposez de respecter le schéma
d'aménagement, qui parle quand même en termes
généraux. Pour ce qui est des fonctions précises de la
colline parlementaire, si on prend chaque emplacement rapidement, vous nous
proposez quoi au fond? On sait qu'à l'heure actuelle, il y a un certain
nombre de projets dans l'air. Il y a place Québec, qui n'est pas
terminée, il est question d'Atlific à côté de
l'Auberge des Gouverneurs, il est question de la place de la Justice, à
la place du couvent du Bon Pasteur ou recyclé en autre chose. Il est
question d'un projet derrière le couvent des soeurs franciscaines
missionnaires de Marie, et il est également question du projet de la
Sûreté du Québec. Comment voyez-vous ces
projets-là?
M. Trottier: L'illustration que vous avez devant vous montre,
comme il est dit en titre, des éléments de base pour discussion.
L'identification de chacun des secteurs que vous retrouvez sur les cartes n'est
pas détaillée comme telle en fonction de son utilisation. Ce sont
les grandes lignes de l'utilisation du sol pour ces secteurs, mais à
l'intérieur, il faudra que cela soit...
M. Guay: C'est justement ce que je me demandais. Est-ce que la
carte est censée indiquer, aux yeux de la Commission
d'aménagement, des fonctions précises à l'intérieur
du schéma d'aménagement?
M. Rousseau: La carte apporte un ensemble de suggestions.
M. Guay: Ah bon!
M. Rousseau: Le schéma général n'allait pas
dans ce détail.
M. Guay: Non, je sais.
M. Rousseau: Le schéma disait qu'il fallait
reconnaître, au centre, son caractère de centralité. On le
reprend dans le mémoire pour préciser que si on doit implanter
des fonctions en plus de ce qui existe et, pour ce faire, les différents
sites que vous retrouvez sur la carte sont identifiés dans cette
optique, il serait important que ces fonctions soient dorénavant
sélectionnées.
De toute façon, il est impossible de croire que la fonction
gouvernementale puisse continuer au rythme où elle s'est
développée sans bousculer les territoires
périphériques à la colline ou à la cité
parlementaire. Pour les territoires où il reste des possibilités
d'implantation, il y a différents scénarios qui peuvent se
présenter.
Ce qu'on propose, en accord avec les recommandations
générales du schéma, qui disaient que dans une
région qui est celle de la capitale, en conjonction avec les
édifices gouvernementaux déjà implantés, il y a
d'autres fonctions qu'il serait intéressant de retrouver là, ce
qui peut inclure également de l'habitation, tout cela repose cependant
sur des choix politiques. C'est cela qu'on tente de faire voir, à savoir
que, depuis que les mutations ont commencé sur la colline parlementaire,
il n'y a jamais eu d'éclairage global qui a été
apporté, et chacun, le gouvernement autant que les promoteurs ont agi
chacun pour soi, en considérant uniquement son intervention et ses
besoins de façon égoïste.
Quand on dit, par exemple, que le rapport de 1969 n'a pas
été respecté à 80%, ce n'est pas en termes
volumétriques qu'on parle, c'est surtout en termes d'importance des
suggestions qui y étaient faites.
C'est qu'un équipement public de la taille du complexe G, il est
impossible, à notre avis, ou il n'est pas souhaitable qu'il repose
uniquement sur l'automobile comme alimentation. Il n'est pas normal qu'il se
ferme à son entourage. Il n'est pas normal qu'on n'y retrouve pas
d'autres fonctions qui créent une animation en périphérie
et que le "design" dans ce sens, quoiqu'on ait mis beaucoup de sous dans le
complexe G en termes de traitement paysager, ce soit tout à fait
introverti, ces actions. Il en va de même pour chacune des fonctions ou
des interventions qui sont passées sur la colline parlementaire. Au
point de vue routier, c'est très évident aussi. Je pense que le
gouvernement a voulu répondre rapidement aux besoins qu'il avait
créés lui-même en créant cette identification. La
façon de l'époque, c'était d'y répondre par les
routes. Le rapport de la colline parlementaire en 1969 disait cependant que ce
n'était pas la seule solution, qu'il fallait aussi donner un accent aux
transports en commun. Là-dessus, il n'y a jamais une directive qui est
venue. On peut dire que, récemment, il y a eu des efforts du
gouvernement en termes d'assistance à l'équipement roulant de la
communauté urbaine. En termes de politique claire, pour le centre-ville,
notamment, et à l'égard du transport en commun, nous, on dit: II
n'y a rien qui existe. Le ministère des Travaux publics s'est
implanté, comme il a implanté ses édifices. S'il vient
continuer d'implanter des édifices et qu'il ne s'assure pas en
même temps d'apporter les éléments de support, notamment
les ressources pour assurer le transport en commun, les liaisons physiques pour
traverser le boulevard Saint-Cyrille, pour traverser Dufferin, il vient sans se
coordonner avec les autres. C'est dans ce sens qu'on dit que le rapport,
notamment, est incomplet. Maintenant, il y a d'autres éléments
à suggérer, sur le plan culturel, sur le plan éducatif
également, qui n'ont pas été réalisés. Il y
a le Grand Théâtre, évidemment. Le rapport de 1969 faisait
des recommandations au-delà de cela.
Le Président (M. Marcoux): Avant de céder la parole
au député de Vanier, M. le député de Charlevoix a
quelques petites explications.
M. Mailloux: M. Cimon, je voudrais que vous me donniez un
éclairage assez direct. Quand on parle de la colline parlementaire, dans
mon esprit de personne qui ne demeure pas à Québec, c'est dans un
quadrilatère assez bien connu, borné par la rue Laurier,
près des Plaines d'Abraham. Est-ce que c'est par la rue Saint-Jean ou
par la rue Saint-Gabriel?
M. Cimon: II faut distinguer. Il y a deux choses...
M. Mailloux: Je parle de colline et d'environnement, par la
suite.
M. Cimon: La colline parlementaire est plus grande que la
cité parlementaire.
M. Mailloux: Dans la colline, vous allez frapper jusqu'à
la rue Saint-Jean ou la rue Saint-Gabriel par le nord?
M. Rousseau: C'est de cap à cap. La colline parlementaire,
de même que la cité parlementaire, ont été
définies dans une loi en 1965, loi, incidemment, qui amendait la loi de
la Commission de l'aménagement de l'époque et qui enlevait
à la ville de Québec des pouvoirs de contrôle sur la
colline parlementaire. C'est très important, cela. C'est à cette
époque que se sont établis d'autres éléments.
Alors, la colline parlementaire, c'était de cap à cap. et de la
rue Turnbull jusqu'aux fortifications. La cité parlementaire,
c'était la partie qui était située au sud de
Saint-Cyrille, entre Saint-Cyrille et Grande-Allée, dans le même
périmètre à peu près.
M. Mailloux: Quand vous avez parlé tantôt des
promoteurs qui, pour des intérêts privés ou autres, ont agi
anormalement, pour toutes sortes de raisons, vous faisiez principalement
référence à ceux qui ont oeuvré sur Saint-Cyrille,
j'imagine?
M. Cimon: Nous faisons référence aux...
M. Mailloux: Parce qu'il n'y a pas de promoteur privé, je
pense, à part du Concorde, qui est près de la colline et
où il y a eu l'action de promoteurs privés.
M. Rousseau: II y en a quelques-uns. Il y a place Québec,
l'auberge des Gouverneurs, place Haute-Ville...
M. Mailloux: Saint-Cyrille.
M. Rousseau: il y a place Haute-Ville aussi, au coin de Turnbull
et Saint-Cyrille.
M. Guay: C'est place de la Capitale, ça.
M. Mailloux: C'est sur Saint-Cyrille, ce à quoi vous
faites allusion.
M. Rousseau: En général, c'est au nord seulement,
parce qu'au sud, on retrouvait la cité parlementaire où le
gouvernement contrôlait ou se proposait de contrôler l'ensemble des
terrains.
Le Président (M. Marcoux): Mais le ministre... M.
Lessard: Suite à...
M. Cimon: II y a une chose très importante que j'aimerais
préciser, pour qu'on se comprenne. La commission d'aménagement et
le schéma d'aménagement n'ont pas pour but de se substituer aux
ministères. A mon avis, le ministère des Travaux publics, par
exemple, en concertation avec la Justice, c'est à lui de décider
où sera la place de la Justice, s'il y a besoin d'en avoir. Mais ce qui
nous intéresse, nous, ce pourquoi on trouve qu'il est important d'avoir
une espèce de commission pour coordonner, c'est que au gouvernement, en
l'occurrence le ministère des Travaux publics qui est un
ministère de services, quand un édifice est construit, cet
édifice, de par son importance, de par le nombre de fonctionnaires qui
vont y travailler, cette action d'aménagement sectoriel a un impact
considérable sur la circulation, sur un tas de problèmes. C'est
ça qui manque. La seule façon, c'est de trouver un moyen de
coordonner ces actions. N'attendez pas de nous qu'on vous dise: Vous devriez
construire à tel endroit. Ce n'est pas notre boulot. Je voudrais que ce
soit clair: on ne vient pas vous dire quoi faire.
M. Lessard: Suite aux questions qui sont posées par le
député de Taschereau, j'aurais une question qui demanderait une
réponse assez claire; et cette question fait suite à une remarque
qui m'apparaît très importante, à la page 31 de votre
rapport, où vous dites: Moins rentable que les fonctions bureaux et
commerces, tant pour les promoteurs que pour la fiscalité municipale,
cette fonction d'habitation ne progressera pas sans intervention volontaire de
la part des acteurs urbains .
La question que je vous pose est que, dans le fond, le problème
de l'aménagement de la colline parlementaire, en tenant compte de ce qui
était là et de ce qui existait, ne serait-ce pas un conflit de
fiscalité municipale? C'est plus rentable d'avoir des édifices
à bureaux. C'est plus rentable d'avoir de grand hôtels. C'est plus
rentable d'avoir des grandes tours que de garder les édifices qui
étaient là, les édifices historiques et autres.
Ne serait-ce pas là le véritable conflit, dans le fond,
qui fait que, du côté de la ville de Québec, ces gens sont
prêts à accepter de grands édifices, ils sont prêts
à détruire, comme on l'a fait, le quartier Saint-Roch pour
l'autoroute Dufferin, parce que, lorsque vous en parlez, par ailleurs, à
la page 11 de votre mémoire, vous dites à ce sujet: "Qu'il
suffise d'indiquer les baisses dramatiques de population dans l'ensemble des
quartiers Saint-Jean-Baptiste, Saint-Roch et Champlain: de 45 000 personnes en
1961, on passe successivement à 38 000 en 1966, 33 000 en 1971 et 23 000
en 1976. Le centre-ville de Québec a donc perdu en l'espace de quinze
ans la moitié de sa population".
Pourquoi l'a-t-il perdue? Est-ce parce qu'on a détruit? C'est la
question que je vous pose. N'est-ce pas une question de rentabilité
fiscale et parce que c'est plus payant d'avoir des édifices, des grands
édifices, que de conserver notre cachet historique ou de conserver, en
fait, les édifices qui étaient là, qui étaient
existants et qui étaient des résidences?
M. Cimon: Oui, mais il y a une chose à considérer,
si vous permettez. Ce qui est important, à mon avis, c'est d'abord la
rentabilité sociale qui est une rentabilité importante parce que,
pour les 2000 logements qui ont été démolis, ces gens ne
retrouvent plus de logements avec autant d'espace à cause de la hausse
formidable du coût de la construction.
Donc, on a appauvri des gens pour enrichir une minorité.
Maintenant, quant à la pseudorentabilité fiscale dont peut parler
le maire de Québec, je n'ai jamais eu de réponse. J'ai
demandé qu'on mette clairement dans deux colonnes ce que cela a
coûté d'infrastructure pour permettre la construction de ces tours
de béton, en aqueduc, égouts, élargissement de rues, etc.,
et de comparer avec ce que cela rapporte comme taxes municipales.
Cette étude a été faite à Toronto. Elle a
été faite à Montréal et on a
démontré, surtout à Halifax, que non seulement ce
n'était pas rentable, mais déficitaire. C'est-à-dire que
les coûts payés par tous les contribuables pour permettre ces
tours-là, ce n'était pas rentable. C'est-à-dire que la
taxe foncière ne couvrait pas les coûts d'investissement et
d'entretien de tous les services.
M. Lessard: Donc, M. Cimon, êtes-vous d'accord avec
l'affirmation que je fais, à savoir que la destruction de la colline
parlementaire a été une question d'abord de fiscalité pour
la municipalité, pour la ville?
M. Cimon: Je vais passer la parole à mon
vice-président, parce qu'il est urbaniste de la ville de
Québec.
M. Rousseau: Je pense qu'il faut vraiment se
référer au contexte du temps et analyser jusqu'à
aujourd'hui les motifs divers qui ont présidé à cela, qui
ont justifié cela. Ce n'est pas si simple que cela. Sans vouloir
atténuer cet aspect, de la même façon qu'aujourd'hui on
pense que le développement périphérique... en tout cas, un
certain nombre le croit encore, que le développement des
infrastructures, la fourniture d'infrastructures même pour du
développement unifamilial c'est
rentable, ce n'est pas rentable. Alors, on pourrait dire en gros que les
infrastructures ne sont pas rentables.
Dans le cas de la colline parlementaire, il y a eu un ensemble de
facteurs précis qui ont joué. Le gouvernement, entre autres,
quand il a commencé à implanter la cité parlementaire, il
a contribué aux infrastructures. Alors là, c'est difficile
d'établir si c'était rentable ou non. Un autre des motifs
importants qui a joué à l'époque, c'était la
recommandation d'une commission d'étude, la commission Martin, qui avait
balayé l'ensemble du territoire de la ville de Québec et dont les
conclusions démontraient qu'il y avait 40% du territoire qui
était taudi-fié dans la ville de Québec. Et, notamment,
dans l'aire no 3, qui est la région où on a vu ces mutations
importantes, on recommandait justement au gouvernement de procéder
à ce qu'on appelait, à l'époque, du
réaménagement urbain. Il y avait, en support à ces
recommandations, des programmes articulés par la Loi nationale de
l'habitation de l'époque et des programmes qui ont été
repris et continués par la province de Québec, par la Loi de
l'habitation, et toutes les villes faisaient de la rénovation urbaine.
Dans le cas de la ville de Québec, ce qui accentue peut-être cette
concentration violente sur la colline parlementaire, c'est que depuis un
certain temps, il y avait évidemment une recherche de site propice, au
centre-ville, et que le Vieux-Québec, entre autres, s'avérait un
endroit où il était impossible de continuer à implanter
des édifices importants. Alors, une fois que cela s'est fait à
place d'Youville, cela a ensuite débordé et les premières
interventions qui se sont faites, ce sont celles du gouvernement, celles de
place Québec, le complexe G et c'est dans ce sens-là qu'on dit
que cela a donné le ton à la hauteur, ensuite le complexe H, etc.
Il y a un ensemble de circonstances qui ont joué dans ce
sens-là.
La perte de population est sûrement attribua-ble, en partie,
à cela, mais ce n'est sûrement pas la seule cause, parce que la
chute de population qu'on constate, on la constate aussi dans le
Vieux-Québec où on peut dire que les démolitions de
logements n'ont certainement pas été massives. On constate
aujourd'hui c'est logique avec un certain retard, que Sillery se
vide et que Sainte-Foy se vide aussi. C'est le fait de tous les centre-ville.
Alors, il y a des causes à cela et il ne faut pas fermer les yeux sur
cela, mais je crois que c'est un peu simpliste que d'attribuer cela uniquement
à la construction. C'est sûr que la démolition engendre des
départs, c'est très sûr, mais il y a eu, au-delà de
cela, une perte de population dans le territoire, par exemple, de
Saint-Jean-Baptiste, au nord de la rue Saint-Jean, qui ne saurait pas
s'expliquer par des démolitions.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: J'avoue n'avoir pas été
particulièrement ému cet après-midi par les efforts de
disculpation du député de Jean-Talon concernant
l'aménagement qui a été fait de la colline parlementaire
au cours des dernières années. De toute façon, s'il n'y
avait pas eu d'erreurs commises, on ne serait sans doute pas là pour
essayer de les régler, aujourd'hui, ou les corriger. Je n'ai pas plus
été ému par l'appel à l'autonomie municipale,
d'autant plus que la constatation qu'on a faite ces derniers temps, lorsqu'on a
abordé le dossier de la Communauté urbaine de Québec,
c'est que, en ce qui concerne l'aménagement en tout cas, ça ne
semble pas figurer parmi les priorités des municipalités de la
région, et qu'à tout le moins, le schéma
d'aménagement déposé par la CACUQ ne les a pas
excitées outre mesure.
C'est tout à fait normal, je pense, qu'on se retourne vers le
gouvernement provincial pour essayer de voir s'il ne serait pas
intéressé par l'aménagement. C'est peut-être pour
ça que, dans vos recommandations concernant la Commission de la capitale
québécoise, vous invoquez surtout l'intervention des
ministères du gouvernement plutôt que des
municipalités.
Ce n'est pas plus, quant à moi, une garantie de savoir que des
urbanistes, des architectes ou des ingénieurs préparent des
rapports; pour moi, ce n'est pas une garantie. Cela ne l'était
certainement pas quand on considère le schéma qui a
été présenté en 1969 pour les vingt futures
années, non plus que ce ne l'est nécessairement par
l'intermédiaire du schéma d'aménagement de la CACUQ, tel
que déposé en 1975.
En d'autres mots, l'homme politique là-dedans m'apparaît ne
pas prendre conscience totalement de la place qu'il joue là-dedans,
c'est-à-dire dans les choix politiques que suppose l'aménagement
du territoire. Quant à moi, je ne suis pas prêt à le
laisser ni aux urbanistes, ni aux architectes, ni aux ingénieurs,
surtout pas quand j'ai le sentiment que, dans ces schémas qu'on nous
présente, il y a éventuellement place pour un Hilton, pour une
place Québec, ou pour un Concorde, qui ne sont pas, à ce que je
puisse savoir, de grands symboles de la reconnaissance que les citoyens
porteraient dans la ville de Québec à leur histoire. Je dirais
plutôt que ce sont des monuments à la bêtise humaine,
à tout le moins.
Je me dis qu'on a une responsabilité, nous les élus, dans
ce contexte de l'aménagement. Vous nous faites des recommandations
précises dont la plus importante m'apparaît être votre
proposition d'une Commission que vous appelez la Commission
d'aménagement de la capitale du Québec. Il y a deux questions
auxquelles je voudrais que vous nous donniez des réponses. En premier
lieu, est-ce qu'il n'est pas effectivement évident que si on veut que
cette Commission de la capitale québécoise joue son rôle,
c'est-à-dire remplir la responsabilité de l'aménagement du
territoire, pour la colline mais aussi pour l'ensemble du territoire de la
région urbaine de Québec, est-ce qu'il n'est pas normal et
ça va peut-être un peu à l'encontre de ce que vous dites
là-dedans que cela associe de façon très
étroite et les représentants des municipalités et les
représentants du gouvernement provincial? En d'autres mots, est-ce que
ce n'est pas
absolument nécessaire, de telle sorte qu'au bout de la ligne, on
ne sente pas que c'est uniquement une volonté du gouvernement provincial
d'imposer aux municipalités des schémas d'aménagement pour
lesquels elles n'auraient pas pu discuter ou faire valoir leur point de vue, et
dans un sens inverse, non plus, que ce ne soit que la seule
responsabilité des municipalités, alors qu'on sait fort bien que
la capitale du Québec, par définition, le gouvernement y joue un
rôle fort important?
C'est ma première question. Deuxième question, vous parlez
de créer un service de la planification au niveau de la
Communauté urbaine de Québec.
N'y a-t-il pas un danger j'avoue que je ne suis pas sûr de
ce que je pourrais affirmer qu'en ayant une commission de la capitale
québécoise formée à la fois de représentants
des municipalités et du gouvernement provincial, d'une part, et, d'autre
part, un service de planification relevant de la CUQ; n'y a-t-il pas un danger
qu'en fin de compte, le service de la planification de la Communauté
urbaine de Québec ne respecte pas, comme il se devrait de le faire, les
impératifs qui seraient ceux contenus dans un rapport de cette
commission de la capitale québécoise, par exemple? En d'autres
mots, est-ce qu'il est pensable que le service de la planification
relève de la commission de la capitale québécoise
plutôt que de la Communauté urbaine de Québec, ou si,
à votre avis, du seul fait qu'une commission de la capitale
québécoise où seraient représentés les deux
niveaux de gouvernement et qui fait des propositions impératives quant
à l'aménagement, cela présuppose que, dès lors, le
service de la planification de la Communauté urbaine de Québec,
tout ce qu'il fait, c'est de la mise en oeuvre, de la mise à
exécution et que le seul rôle qui reste à la commission de
la capitale québécoise, c'est de bien contrôler que cela se
fait selon les plans qui avaient été prévus à ce
moment-là? Sur ces deux questions, M. Cimon ou M. Trottier.
M. Trottier: Je pense que les deux hypothèses peuvent
s'envisager, dans ce sens que, lorsqu'on a précédemment
élaboré cette structure de commission de la capitale provinciale
à l'intérieur de laquelle on retrouve l'élaboration ou
l'expression des différents besoins de l'ensemble des ministères
et cette coordination nécessaire entre cet organisme et la
communauté urbaine par son service de la planification, c'était
justement pour assurer cette présence à laquelle vous faites
allusion, pour éviter cette situation.
D'autre part, le service de la planification, dans notre esprit, c'est
un outil de travail. C'est un outil de travail qui nous permet, non seulement
d'élaborer la planification selon les directives générales
qui sont énoncées par la voie de la sélection des
priorités qui sont établies au niveau supérieur, mais qui
permet également d'assurer le respect de l'ensemble des
municipalités composantes dans l'élaboration de leur propre
schéma interne d'aménagement.
Si l'organisme auquel vous pensez à ce moment-là comporte,
dans sa structure, les élé- ments nécessaires à
l'outillage d'un service de planification qui, en même temps, assurerait
le respect du schéma qui serait accepté, il est certain que cela
implique, à ce moment-là, pour l'ensemble des
municipalités du territoire, l'obligation de soumettre à cette
commission, pour approbation, leur propre schéma ou leur propre
programme de zonage.
C'est une question de conception idéologique, je pense, et, dans
mon esprit, il n'y a pas d'objection, à prime abord, parce qu'il y a
quand même l'élément de coût de cette mise en place.
Il est évident que, même avec un service interne de planification,
les programmes qui y seront développés devront faire l'objet, au
préalable, de plans bien définis, de structures
financières et d'apports financiers qui devront être
discutés. Que cela se fasse d'une façon ou d'une autre, je pense
que les deux sont envisageables. Je pense qu'en fait, on cherche la même
fin.
M. Bertrand: Une dernière question, très
brève. La constatation toute bête et toute simple de ce qui s'est
fait depuis quelques années sur la colline parlementaire nous
amène, à tout le moins, à constater un état de
déséquilibre dans l'aménagement de la colline.
M. Trottier: Oui.
M. Bertrand: Je pense que, dans ce contexte, notre
stratégie doit en être une de rééquilibre de
l'aménagement sur la colline parlementaire.
J'aimerais savoir, très brièvement, dans la mesure
où on peut être bref pour dire ces choses, si, à votre
avis, cela signifie que cela doit être fini, les bureaux sur la colline
parlementaire, j'entends les bureaux, les commerces, les hôtels, et que,
très prioritairement, s'il y avait des choses qu'il faudrait faire au
cours des deux ou trois prochaines années, c'est sur le
côté prioritairement résidentiel qu'il faudrait axer nos
efforts.
Par exemple, s'il y avait de la construction, si on disait: On a $5
millions, $6 millions, $7 millions à investir dans la colline
parlementaire, est-ce que c'est prioritairement du côté
résidentiel qu'il faut le faire ou si on peut quand même envisager
que, par exemple, entre le projet Atlific d'édifices à bureaux,
le projet Charlesbec d'édifices à bureaux derrière le
couvent des franciscaines ou le projet Trizec, entre l'Auberge des Gouverneurs
et le Hilton, à votre avis, vous autres, les urbanistes, il y aurait un
choix à faire? On le fera ensuite comme hommes politiques, mais on peut
quand même vous consulter. Est-ce que ce serait plutôt de dire: On
va du côté résidentiel et c'est là qu'on met les
cinq ou six premiers millions de dollars ou s'il y a quand même encore
place, de façon égale au côté résidentiel,
pour quelques édifices à bureaux de plus?
Le Président (M. Marcoux): II faudrait que vos
réponses soient les plus brèves possibles, parce que, dans cinq
ou dix minutes il y a encore trois autres députés qui
voudraient vous poser des questions il faudrait passer à un autre
mémoire.
M. Cimon: M. le Président, acceptez que la réponse
soit au moins aussi longue que la question.
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Cimon: M. Rousseau.
M. Rousseau: Je pense, M. Bertrand, que...
Une Voix: La question, s'il vous plaît.
M. Rousseau: ... tout est en fonction des objectifs et des
politiques que le gouvernement établira.
M. Lessard: Vous recommandez quoi?
M. Rousseau: Je vais m'expliquer. Le gouvernement doit prendre
une décision majeure, à savoir ce qu'il compte exprimer dans la
colline parlementaire, en tant que présence, ou alors l'exprimer
ailleurs, à partir de ce choix fondamental qui sera fait, qui a
été fait partiellement, puisqu'on a eu le complexe G, le complexe
H, etc. Il pourra y avoir différentes modalités à cet
égard. Il est évident que si le gouvernement choisit de
décentraliser, par exemple, en totalité pour ses besoins, soit
qu'il construise lui-même, soit qu'il aille en location dans des projets
de bureaux qui sont réalisés par le secteur privé, cela
peut donner l'indication qu'il y a un besoin de bureaux additionnels.
Je pense personnellement qu'un des éléments qui devraient
sous-tendre une décision comme celle-là, c'est d'analyser s'il
est opportun d'avoir sur la colline parlementaire, non pas
nécessairement des bureaux pour des bureaux, mais un regroupement des
centres décisionnels. Plusieurs ministères pourraient figurer sur
la colline, peut-être en plus de ce qui existe présentement, mais
ce qui n'a pas affaire sur la colline pourrait facilement aller ailleurs. Cela
donnerait une indication valable.
Si je dispose encore d'une minute, je voudrais, pour illustrer cela,
aborder le problème très éloquent de la localisation de la
Place de la Justice. Il semble qu'à un certain moment il y eu un
accroissement des besoins administratifs de la justice. On ne nous a jamais
donné les éléments de base du programme, ni les
orientations du gouvernement quant à l'administration de la justice.
Est-ce essentiel de tout regrouper pour faire une bonne administration de la
justice? Je pense que cette partie a été réglée
à Montréal. Est-ce que, inversement, il est souhaitable de
décentraliser la justice?
Là on peut voir peut-être que le palais de justice qui
existe dans le Vieux-Québec remplit un rôle intéressant et
peut subsister.
M. Guay: Vous faites un savant exposé des choix qui sont
possibles. Ces choix, nous les ferons. Dans la question qui vous était
posée, on vous demande, à vous, en tant qu'urbaniste ou en tant
que citoyen, mais surtout en tant qu'urbaniste qui a étudié
l'équilibre à maintenir dans les villes, dans un centre-ville,
dans un espace comme la colline parlementaire, si vous aviez à choisir,
l'aménagement de la colline parlementaire, dorénavant pour les
trois prochaines années ou les cinq prochaines années, ce que
vous feriez, des bureaux, des résidences, des commerces, des
hôtels?
M. Rousseau: A titre personnel, je pense qu'on devrait s'assurer
de reconstruire les sites qui ont été démolis. On devrait
y trouver, de façon sélective, des activités qui sont en
relation avec les 20 000 fonctionnaires du gouvernement qui tournent dans le
vide. Je pense que la région a été
désarticulée. Il y a eu beaucoup de décentralisation
sauvage, autant qu'il y a eu de la centralisation sauvage. Cela ne me
paraît pas normal, dans une région urbaine, que les gens ne
viennent que travailler au centre et doivent s'expatrier pour faire leurs
achats. Cela ne me paraît pas normal. Il y a des réponses à
cela. Cela ne me paraît normal non plus qu'on ait un vacuum autour de la
fonction bureaux. Il devrait y avoir une meilleure intégration de la
fonction résidentielle. Il y a eu des démolitions à
l'excès. On peut trouver de tout.
Le Président (M. Marcoux): Très brièvement,
monsieur, s'il vous plaît.
M. Rousseau: II y a une question de dosage. Je pense que la
variété est importante. Je n'opterais pas pour... Je pense que
les bureaux figurent relativement bien jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Marcoux): Les trois députés
suivants, de Laprairie, Gatineau, Brome-Missisquoi et ce sera tout.
M. Michaud: M. le Président, j'aimerais poser mes
questions à M. Cimon. Dans le mémoire, vous mentionnez que les
plans du complexe G actuel ont été, en 1968,
désavoués par l'urbaniste-conseil. J'aimerais savoir si d'autres
édifices, je pense au Concorde qui ne cadrent pas du tout
dans le contexte du Vieux-Québec ou de la colline parlementaire, ont
été désavoués aussi par l'urbaniste-conseil.
J'aimerais savoir de vous si ces édifices sont des "erreurs"
causées par des conflits d'intérêts.
M. Cimon: Premièrement, on n'est pas venu ici pour faire
le procès de ce qui est déjà fait. On essaie d'être
constructif. Maintenant, le complexe G, vous pouvez consulter... On peut vous
la fournir, mais on n'est pas intéressé à laver du linge
sale ici. Il y a une résolution dans laquelle l'urbaniste de
l'époque expose pourquoi il n'est pas d'accord sur le complexe G.
Maintenant, votre deuxième question; pour ce qui est du Concorde, le
Concorde a eu un permis de la ville de Québec, sauf erreur. Je ne sais
pas si Jean Brousseau veut répondre. Le Concorde relevait de la ville de
Québec.
M. Michaud: Une question très courte. Les encombrements et
le chaos qui ont résulté de tout
ce qui s'est fait depuis à peu près dix ans, est-ce que
cela peut être corrigé ou camouflé à courte ou
à longue échéance pour améliorer la qualité
de la vie dans la capitale?
M. Cimon: Cela peut certainement... M. Rousseau, si on l'avait
laissé parler, parce que c'était très important, ce qu'il
disait... On peut certainement remédier au problème, parce que la
cité parlementaire, c'est un vacuum, comme a dit Jean Brousseau, c'est
désarticulé. Alors, il s'agit de remettre la qualité de la
vie là-dedans. On ne peut pas donner de réponse simple. On ne
peut pas choisir comme on voudrait qu'on choisisse. Il faut redonner de que
j'appellerais un humus spirituel à cela. Vous savez que l'humus non
spirituel est censé prendre 10 000 ans avant... Quand on a scalpé
un territoire, on ne peut pas s'attendre de le corriger en fin de semaine, mais
ce n'est pas irrémédiable. Il n'y a pas de réponse simple.
On ne peut pas nous demander: Si vous avez le choix, est-ce que vous allez
mettre de l'habitation ou des restaurants? Il faut réfléchir,
parce que, justement, on reproche au gouvernement ou aux autres de ne pas avoir
réfléchi. Vous voudriez qu'on improvise. Nous autres aussi, on
veut réfléchir. Notre rôle, les urbanistes, c'est de poser
de bonnes questions. C'est à vous autres de trouver de bonnes
réponses, parce que si on avait les réponses, vous n'auriez pas
de raison d'être.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais demander à
M. Trottier, vis-à-vis des recommandations... Dans la première,
par exemple, vous recommandez que la Loi de la CUQ soit modifiée pour
faire en sorte que d'abord votre schéma d'aménagement soit mis
à jour si je comprends bien, il date de 1975 et
qu'ensuite, vous ayez les possibilités de le faire adopter par le
conseil de la CUQ. Est-ce que vous avez des précisions quant aux
amendements qui seraient nécessaires et de quelle façon
entrevoyez-vous le processus selon lequel vous en viendriez à adopter ce
schéma d'aménagement?
M. Trottier: Je pense que le seul amendement que cela
impliquerait et qui serait le véritable cheminement pour tout cela, ce
sont les pouvoirs qui n'existent pas actuellement et qui devraient être
donnés à la communauté urbaine pour assurer le respect du
schéma, et dans les mêmes termes qu'on a donné des pouvoirs
à la communauté, de le...
Actuellement, on l'a fait dans l'Outaouais, mais dans la Loi de la
Communauté urbaine de Québec actuellement, on lui a donné
non seulement le pouvoir, mais l'obligation de réaliser le schéma
d'aménagement. Mais on ne lui a pas donné le pouvoir d'en assurer
le respect. A compter du moment où ce pouvoir sera existant, la
réaction, évidemment, des municipalités sera
différente, parce qu'elles auront l'obligation de soumettre leurs
projets à la communauté urbaine pour approbation. Cela va
nécessiter nécessairement un projet d'ensemble.
M. Gratton: Si je comprends bien, je présume que vous
devez connaître le cheminement qu'on a suivi pour la Communauté
régionale de l'Outaouais, par exemple.
M. Trottier: De Hull, oui, la loi 54.
M. Gratton: Essentiellement, c'est à peu près
à ça que vous...
M. Trottier: C'est sensiblement ça, peut-être
amélioré aussi, si possible, mais c'est ça d'abord.
M. Gratton: Bon! Quant à la deuxième
recommandation, on se demande quant à moi, je me le demande, en
tout cas si une fois que la CUQ avait adopté son schéma
d'aménagement et de par les amendements à sa loi, elle aurait
créé cette... vous l'appelez le Service permanent de
planification, qui assurerait le contrôle vis-à-vis des
municipalités membres de la CUQ et tout ça, et ensuite, que vous
créez cette Commission d'aménagement de la capitale du
Québec. A ce moment-là, quel organisme voyez-vous exercer le
contrôle et même faire l'action prédominante? Vous avez
parlé, par exemple, de réunir... M. Cimon disait tantôt que
cette Commission d'aménagement de la capitale du Québec pourrait
peut-être réunir les divers paliers du gouvernement. On sait et
vous savez sans doute que c'est l'objet de longues discussions
présentement au gouvernement fédéral devant la commission
mixte du Sénat et des Communes vis-à-vis de l'avenir de la
capitale canadienne. On sait que les communautés régionales, tant
du côté de l'Ontario que du côté du Québec,
mises à part les querelles constitutionnelles et les querelles de
juridiction fédérale et provinciale, la principale chose qu'on
reproche à la Commission de la capitale nationale, c'est justement
d'être trop présente dans l'aménagement du territoire et de
priver les municipalités et les communautés régionales
comme telles des moyens d'action pour répondre aux aspirations des
populations concernées.
J'aimerais que vous nous précisiez comment cette... Parce qu'en
fin de compte, c'est une commission de la capitale nationale, comme disait le
ministre tantôt, s'il fallait qu'on en vienne là et, Dieu nous en
garde! mais vous préconisez, en fait, la création d'une
commission de la capitale nationale pour Québec, avec quels
pouvoirs?
M. Cimon: Oui, si vous permettez. Justement, pour éviter
les erreurs antidémocratiques de la Commission de la capitale nationale
la CCN nous proposons, justement, que le pouvoir
décisionnel de cette commission soit pris conjointement par les
autorités municipales, par le biais de maires qui siégeraient
à la commission, par un député de la région de
Québec, qui pourrait être le président du caucus ou choisi,
enfin... de sorte
que ce serait démocratique au sens où les décisions
qui seraient prises par cette commission seraient représentatives et des
maires des municipalités, et de la communauté urbaine, et du
gouvernement du Québec lui-même, parce qu'actuellement, à
la CCN à Ottawa, les députés de la région, vous le
savez, se plaignent. Ils ne participent pas aux décisions. On fait venir
des gens de toutes les provinces canadiennes. On leur paie un bon repas,
à peu près quatre fois par année. On les met devant des
faits accomplis. Cela a été décidé par des
technocrates. C'est absolument antidémocratique.
M. Gratton: Si on voulait faire le débat là-dessus,
on pourrait être ici longtemps. Il faudrait qu'on admette quand
même que, dans le cas de la capitale canadienne, on a un plan
d'aménagement qui date de 25 ou de 30 ans, soit le plan réber, et
que le tout a été fait en fonction de ça. J'admets, bien
entendu, qu'il y a eu des lacunes, que cela a créé des
problèmes et que cela en crée encore. Mais le fait demeure
qu'indépendamment du schéma d'aménagement qu'on pourrait
adopter pour la capitale du Québec, il y aura toujours des
problèmes qui vont survenir et il faudra un plan. En fait, il faut le
modifier en cours de route. Je pense que je n'ai pas besoin de faire de
leçon à ces gens-là à ce sujet-là.
M. Cimon: Si vous permettez un dernier mot là-dessus. Ici,
dans la région de la capitale du Québec, nous avons l'avantage de
n'avoir qu'un seul schéma, tandis qu'à Ottawa, ils en ont
trois.
M. Gratton: Oui.
M. Cimon: II y a le schéma de la municipalité
d'Ottawa-Carleton, la CCN et le schéma de la Communauté
régionale de l'Outaouais.
M. Gratton: C'est ce qui m'inquiète d'ailleurs dans le
cheminement de votre pensée. Nulle part, on mentionne le plan directeur
de la ville de Québec...
M. Cimon: La ville de Québec n'a pas de plan
directeur.
M. Gratton: Non, mais, si on parle d'un cheminement semblable
à ce qui s'est fait dans la Communauté régionale de
l'Outaouais par rapport à l'adoption du schéma
d'aménagement de la CUQ, cela présuppose que la ville de
Québec devra se donner un plan directeur qui sera conforme au
schéma d'aménagement régional.
M. Cimon: Absolument.
M. Gratton: A partir du moment où la ville de
Québec a son plan directeur, est-ce cette superstructure, avec des
représentants de chaque palier... Et je vous dis tout de suite qu'on
rêve en couleur si on pense que cela sera plus démocratique parce
que c'est plus haut parce qu'en définitive, qui doit répondre
à la population si ce n'est pas le niveau le plus près de la
population, c'est-à-dire la ville de Québec elle-même?
Et cela m'inquiète parce qu'on ne parle pas du tout de la ville
de Québec dans tout cela et il me semble que c'est à elle, en
premier lieu, qu'on devrait donner la responsabilité, l'autorité
d'avoir un plan directeur conforme au schéma d'aménagement de la
CUQ.
M. Trottier: La présence de la ville de Québec est
nécessaire. C'est évident. Dans notre esprit, on a toujours
compris que la ville de Québec, étant le pôle principal de
la Communauté urbaine, était présente non seulement
à la Communauté urbaine, mais était présente
également à l'intérieur des pôles de décision
ou des centres de décision. Si on ne l'a pas exprimé aussi
clairement, c'est que déjà on conçoit que la ville de
Québec est présente.
Le Président (M. Marcoux): Le député
de...
M. Gratton: Un instant, M. le Président. Je n'en n'ai pas
pour longtemps. J'ai quand même attendu assez longtemps pour poser des
questions! Je vais faire ça très brièvement. Je vous le
promets.
Le Président (M. Marcoux): Une ou deux brèves
questions, parce qu'on a peut-être déjà
dépassé d'une demi-heure le temps de...
M. Gratton: Pourrait-on me préciser de quelle façon
on entend faire évoluer et agir cette Commission d'aménagement de
la capitale du Québec? Serait-ce elle qui aurait le pouvoir
définitif de décision ou serait-ce la CUQ ou serait-ce la ville
de Québec?
M. Trottier: Nous avons présenté une structure qui
peut prendre, comme l'a exprimé M. Bertrand, deux aspects: Un aspect
décisionnel où cette commission serait responsable de
l'aménagement de l'ensemble du territoire en incluant l'outillage
nécessaire ou le service de la planification dans sa structure et, par
conséquent, où l'ensemble des coûts serait là, et
une structure qui serait représentative des éléments
gouvernementaux et régionaux pour l'expression des besoins, l'analyse
des priorités et, en fait, l'approbation de l'ensemble du schéma
d'aménagement, et le service de planification de la communauté
urbaine qui serait chargé de la réalisation des différents
programmes ou du respect du schéma d'aménagement tel
qu'énoncé et accepté.
M. Gratton: N'est-ce pas la CUQ de par son schéma
d'aménagement qui imposerait certaines contraintes au gouvernement du
Québec ou est-ce le contraire?
M. Trottier: C'est la communauté urbaine qui assurerait le
respect du schéma qui serait approuvé conjointement et par les
concepteurs du schéma et ceux qui ont le pouvoir de décision
et
qui expriment également les besoins des différents
ministères du gouvernement.
M. Gratton: Alors, vous voulez subordonner l'adoption du
schéma d'aménagement de la CUQ à une approbation
gouvernementale, de la part du gouvernement du Québec.
M. Trottier: A cause des besoins et de l'impératif des
besoins qui sont exprimés par la présence du gouvernement comme
capitale.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je ne veux pas brusquer les
choses, mais, si je n'ai que deux minutes, cela ne me donne rien de poser des
questions. Je préférerais laisser terminer... Je ne veux rien
enlever. Je ne veux pas bousculer les questions non plus.
M. Bertrand: Non. Disons que, si cela prend trois, quatre ou cinq
minutes...
M. Russell: J'ai écouté depuis quelques minutes et
je me rends compte qu'on est à peu près quinze ans en retard pour
former cette commission. Actuellement, j'ai l'occasion ou la malchance de
participer à d'autres réunions de commissions un peu semblables,
parce que, si ma mémoire m'est fidèle et les documents vrais, il
y avait quand même une commission d'aménagement du Québec
qui avait été formée légalement.
Il y avait la Commission d'urbanisme de la ville de Québec, il y
a eu des décisions qui ont été prises à la
connaissance, à la vue et avec le consentement du conseil de la ville de
Québec. Si je comprends bien, malgré tous ces gens-là qui
y ont été impliqués, tant urbanistes, ingénieurs,
architectes, administrateurs locaux, on a fait une erreur monumentale et on a
fait un désastre de l'aménagement de la colline parlementaire
jusqu'à maintenant. Donc, actuellement, si je comprends bien, avec tout
ce désastre, vous voulez former une autre commission qui va tâcher
d'apporter des correctifs qui vont faire en sorte que cela va devenir la place
idéale dans la ville de Québec, ceci à coups de plusieurs
millions. Je suis très sensible à la responsabilité
locale. En autant que je puisse imaginer la conception de la colline
parlementaire, elle demeure encore dans la ville de Québec et les
erreurs qui vont être faites localement vont certainement retomber sur
les édiles locaux qui sont les échevins et le maire de la ville
de Québec et, entre autres, être sujettes à la critique du
gouvernement en place qui aura permis que ces aménagements se fassent et
soient probablement payés par lui. C'est une chose qui est une
vérité de La Palice qui se répète constamment.
Actuellement, la commission qu'on veut former va être sous la
responsabilité... C'est la Commission de la communauté urbaine
qui aura la responsabilité, vous aurez une autre commission qui va faire
la planification de cela et le gouvernement aura un droit de veto
là-dessus parce que c'est lui qui paie et que ses services seront
distribués un peu dans toute la ville, de la façon que cette
commission le concevra.
Donc, si dans dix ans on se réveille avec une autre commission
qui viendra nous dire que des erreurs ont été faites par celle-ci
qui a été formée, parce que cela ne répond pas
à ses aspirations, c'est là que je me mêle un peu.
J'aimerais que ce soit clarifié parce que tout à l'heure on a
tâché d'obtenir une réponse très précise
à une question qui a été posée, je pense, par un
député, à savoir: Quel est le prochain pas, actuellement?
Qu'est-ce que cela va coûter? Qu'est-ce que vous voulez avoir pour
corriger ces erreurs monumentales? Pour les arrêter, qu'est-ce qu'on veut
avoir? C'est cela qui n'a pas encore été
précisé.
M. Cimon: Je vais essayer de préciser et M. Trottier va
repréciser.
M. Russell: ...nécessaire.
M. Cimon: Oui. J'admets que c'est complexe et qu'on n'a pas le
génie universel. Je n'ai pas le monopole de la vérité,
mais je fais un effort...
M. Russell: Je suis content de vous entendre dire cela.
M. Cimon: ...sincère. Ce qu'on propose, c'est tout
simplement... Etant donné qu'il y a maintenant un ministre d'Etat
à l'aménagement, c'est déjà la moitié de la
commission qu'on propose. Je trouve qu'il est normal et vous êtes
d'accord avec moi que les actions des ministères soient
coordonnées par le gouvernement et non pas coordonnées par une
structure inférieure à laquelle les pouvoirs sont
délégués par ce gouvernement. Ce n'est pas normal que ce
soit la communauté urbaine qui dise au ministre quoi faire. Vous
admettez cela? Alors, cette commission...
M. Russell: En ce qui concerne l'aménagement des
bâtisses gouvernementales, oui.
M. Cimon: Oui. La commission que nous proposons ne contrôle
que les actions d'aménagement du gouvernement du Québec, tandis
que la communauté urbaine contrôle les actions des
municipalités et c'est démocratique parce que le conseil de la
communauté est formé de maires des municipalités, mais il
faut un interlocuteur. Le problème, c'est que la communauté
urbaine, actuellement, est forcée de négocier avec une quinzaine
de ministères. C'est là que cela ne marche plus, parce que
l'impact de chaque ministère, il n'y a personne pour le voir et c'est
justement le rôle... Ce qui nous manque, ce n'est pas de l'argent, c'est
de la réflexion. Je ne veux pas dire que les ministres ne
réfléchissent pas, mais ils réfléchissent de
façon sectorielle. C'est cela, le problème. C'est un
problème de coordination. Vous allez peut-être dire que c'est une
obsession de ma part, mais c'est cela mon témoignage. Je n'ai pas de
réponse, mais je crois que je pose bien le problème.
Enfin, c'est mon opinion.
Le Président (M. Marcoux: Sur un point précis,
avant de vous céder la parole, le député de Gatineau.
M. Gratton: Justement sur ce point-là, est-ce que le
député me permettrait...
Ne craignez-vous pas, si vous confiez à cette nouvelle commission
du gouvernement du Québec, un droit de regard et presque un droit de
veto, comme a dit le député tantôt... Etant donné
que le gouvernement du Québec est celui qui, financièrement, est
le plus apte à pouvoir se permettre de faire certaines choses, à
partir du moment où le gouvernement décide que c'est à tel
endroit qu'il construit le complexe G, par exemple, comment allez-vous
subordonner cette décision du gouvernement à un contrôle de
la population, de la CUQ ou de la ville de Québec?
M. Cimon: Je vous remercie de cette question, je vais y
répondre brièvement, parce que M. Trot-tier va y répondre.
On veut que, démocratiquement, la communauté urbaine et les
maires qui en font partie, acceptent un schéma, pas
nécessairement celui qu'on a soumis, et que le comité qui
coordonne les ministères accepte également ce schéma et
les deux organismes vont baser leur action sectorielle en fonction de ce
schéma. Autrement dit, je n'aime pas le mot veto, parce que le seul
pouvoir de cette commission serait de voir que les actions sectorielles des
ministères soient conformes au schéma, de la même
façon que la communauté va voir à ce que les actions des
villes de Québec, de Sillery, de Sainte-Foy, etc., soient conformes au
schéma.
M. Gratton: Est-ce que le gouvernement du Québec ne doit
pas, avant même que le schéma soit adopté, préciser
ses intentions?
M. Cimon: C'est justement ce qu'on lui demande.
M. Gratton: Alors, vous demandez à cette commission
provinciale de se pencher, de réfléchir, de dire à la CUQ
ce qu'elle entend faire, quelles sont ses intentions, pour l'incorporer
à votre schéma, et vous, la CUQ, en contrôler
l'application.
M. Trottier: C'est ça. M. Cimon: Exactement.
M. Gratton: Bon, je pense que vous devriez le préciser,
parce que les gens de l'autre côté, ce n'est pas ce qu'ils ont
compris.
M. Trottier: Là, ce sont eux qui vont répondre.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Voici, je tente de comprendre ce qu'on veut obtenir,
en principe...
M. Cimon: Est-ce que vous me permettez que je vous interrompe une
seconde? Quand Jacques-Cartier est parti avec ses bateaux, il n'était
pas sûr d'arriver au Saint-Laurent. M. Mail-loux en sait quelque chose,
il connaît ça, la navigation. Nous ne sommes pas certains qu'on va
arriver. On n'est pas certain que c'est bien, mais on croit qu'il faut essayer
quelque chose dans l'espoir d'améliorer. Si on dit: les autres
commissions ont failli, ce n'est pas une raison pour se croiser les bras. Mais
je crois que c'est une aventure qui vaut la peine d'être tentée,
si vous êtes d'accord.
M. Russell: Vous m'avez donné une réponse qui me
satisfait, vous n'avez pas le monopole de la vérité. Cela me
satisfait parce que ça redore le blason des autres groupes qui se sont
fait entendre avant nous, qui étaient formés d'architectes,
d'urbanistes et d'ingénieurs et les conseils municipaux qui
étaient en place dans le temps.
M. Trottier: Si vous me permettez, il n'en reste pas moins que ce
schéma, dans le temps, n'a jamais eu un processus d'approbation comme
celui qui est proposé par la communauté urbaine où on va
directement consulter les intéressés là où ils
sont. On insiste sur les pouvoirs de mise en oeuvre et de respect de ce
schéma, ce qui n'a jamais existé antérieurement non
plus.
M. Russell: C'est-à-dire qu'on a tenté, avec les
moyens qu'ils avaient à leur disposition, dans le temps, de consulter au
maximum, chose qui n'est pas toujours facile.
M. Trottier: Non, non.
M. Russell: Si je comprends bien, les pouvoirs que vous obtenez
là... trois paliers, le gouvernement au-dessus de tout ça, qui
semble être une demande raisonnable. Maintenant, l'autre effort qui va
être fait, parce qu'il y a déjà eu des plans
d'aménagement pour la ville de Québec. On les a vus, ils ont
été déposés.
M. Cimon: La ville de Québec, je le répète,
n'a pas de plan directeur. Son seul plan directeur...
M. Russell: Vous avez eu des plans routiers, des plans
d'aménagement, des esquisses qui ont été soumis, qui ont
été discutés... jamais?
M. Cimon: Je regrette de vous contredire, il n'y a jamais eu de
plan directeur depuis Samuel de Champlain. Le seul, c'était le plan
directeur de l'habitation à Place Royale. Depuis ce temps-là, il
n'y en a jamais eu. Si vous voulez savoir, le plan directeur de la ville de
Québec, ce sont les promoteurs qui le font, à leur
façon.
M. Russell: De toute façon, je n'ai pas les dossiers ici,
mais il y a des plans qui ont été dépo-
ses, je ne sais pas si ce sont des esquisses qui ont été
soumises et qui n'ont jamais été adoptées ou
acceptées par la ville de Québec, qui ont été
proposées de toute façon. Est-ce qu'elles ont été
acceptées, je n'en sais rien. Mais l'aménagement qui a
été fait l'a été à la connaissance de la
ville de Québec, avec son approbation et sur la recommandation du
conseil d'aménagement du temps.
M. Trottier: Dans des approbations sectorielles.
M. Russell: Sectorielles, oui, je suis d'accord là-dessus.
Actuellement, vous voulez corriger tout ceci.
M. Trottier: On l'a rationalisé.
M. Russell: Rationalisé ceci. On est arrivé avec
des questions très précises qui demeurent sans réponse
actuellement.
Pour essayer de clarifier ou comprendre un peu, ce qu'on verrait pour
compléter cette colline parlementaire, c'est quoi? Vous nous avez
demandé: Est-ce que ce sont des magasins, si vous voulez employer un mot
plus cruel, ou des commerces, ou de l'habitation? Si on peut répondre
à cette question, j'en aurai une couple d'autres après.
M. Cimon: C'est l'élaboration de schémas.
M. Russell: C'est le palais de justice qu'on veut
déménager ici. Cela fait vingt ans que je suis ici et cela fait
vingt ans que j'entends dire qu'on veut déménager le palais de
justice.
M. Cimon: Si vous me permettez un dernier mot, M. Rousseau avait
commencé à très bien expliquer que si vous voulez
absolument une réponse, étant moi-même urbaniste, ce qu'il
faut sur la colline parlementaire, c'est un ensemble de fonctions. Il y a
peut-être encore de la place pour des bureaux, des magasins, des
équipements sportifs pour les fonctionnaires, des bistros, pour que ce
soit humain, cette histoire-là, et des habitations. Mais le dosage
demande de la réflexion. On ne peut pas vous répondre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, au tout début de
cette commission, le député de Jean-Talon avait exprimé
l'opinion que la colline parlementaire était peut-être l'endroit
au Québec qui avait été le plus étudié et
sur lequel on avait formulé le plus de plans de toutes sortes.
Effectivement, la responsabilité du gouvernement du
Québec, dans tous ces plans et dans toutes ces études, n'a jamais
vraiment été mise en cause. S'il y a eu de l'improvisation dans
le développement de la colline parlementaire il y en a eu, de
l'improvisation le seul plan qui n'a jamais été mis en
application a été celui de l'improvisation, c'est-à-dire
de l'inspiration au jour le jour. Il n'y a jamais eu un seul plan qui a
été édicté comme tel, qui a été
discuté, et sur lequel un seul gouvernement, quel qu'il soit je
ne veux pas blâmer nos prédécesseurs à ce point de
vue, je veux simplement exprimer un fait ait jamais indiqué quels
étaient ses véritables plans en ce qui concernait le
développement des activités gouvernementales sur la colline
parlementaire, ait jamais voulu rendre de plans publics ni s'engager à
les respecter.
De ce point de vue, je trouve très intéressant le
début de réponse qu'a fourni M. Rousseau et je pense qu'on pose
mal la question aux experts. On l'a toujours mal posée. On pense que ce
sont des experts, des urbanistes, etc., qui vont nous fournir des
réponses magiques. C'est d'abord au gouvernement de dire ce qu'il
veut.
Par exemple, pourquoi le ministère des Transports est-il sur la
colline parlementaire et pourquoi le ministère des Richesses naturelles
n'y est-il pas? J'ai une réponse, toute personnelle. Je vais simplement
vous conter une anecdote, et cela ne met pas en cause l'ancien ministre des
Transports qui est ici, puisqu'il n'est pas responsable du fait que le
ministère des Transports soit sur la colline ou n'y soit pas, puisque ce
sont ses prédécesseurs qui ont fait le choix. Le sous-ministre
des Transports était un homme très puissant, qui avait des
relations très particulières...
M. Mailloux: L'actuel?
M. de Belleval: L'ancien sous-ministre; l'actuel, bien sûr,
l'actuel, toujours.
Une Voix: II l'est encore.
M. de Belleval: Et je le dis sans méchanceté. Cela
a été mon patron et j'ai été très heureux
avec lui, je le dis sans méchanceté. Il avait donc des relations
très étroites avec l'ancien premier ministre et l'ancien
conseiller principal de l'ancien premier ministre et il désirait avoir
son bureau le plus près possible du bureau de l'ancien premier ministre
et de l'ancien conseiller du premier ministre. Dans ce sens-là, cela
explique largement pourquoi, finalement, le ministère des Transports est
allé dans l'édifice J et n'est pas allé au boulevard
Pierre-Bertrand, par exemple.
Autrement dit, les préférences personnelles de certains
ministres d'avoir leur bureau proche ou, dans le cas qui nous concerne, d'un
sous-ministre, d'avoir son bureau proche du centre de décision, tenait
lieu de critère de décision. Je pourrais raconter pas mal
d'anecdotes de ce genre pour expliquer d'autres choix.
M. Gratton: Cela ne se fera plus, ce genre de choses?
M. Grenier: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. de Belleval: Non, je ne vous permets pas. Laissez-moi finir.
De ce point de vue, il va falloir, une fois pour toutes, et je pense que c'est
ce que
nous voulons faire, que le gouvernement dise ce qu'il conçoit
comme son siège social, quelles sont les fonctions qu'il désire
véritablement voir se situer sur la colline parlementaire. A la limite,
il peut décider que tous les ministères doivent être sur la
colline parlementaire et on se retrouvera avec 30 000 ou 40 000 fonctionnaires.
S'il dit qu'il ne faut pas nécessairement que 40 000 fonctionnaires
soient sur la colline parlementaire, il va falloir qu'il dise quels sont ceux
qui y seront et pourquoi ceux-là y seront et les autres n'y seront
pas.
Quand il aura, de ce point de vue, exprimé ses choix, les aura
justifiés publiquement et les aura discutés avec les
autorités municipales responsables, bien sûr, la ville de
Québec, mais aussi la Communauté urbaine de Québec, parce
que ces choix auront des conséquences sur le développement de la
ville, mais aussi de la communauté... Je dirais aussi qu'il doit le
faire publiquement pour l'ensemble de la province, parce qu'il y aura des choix
importants qui pourront être faits et qui auront des conséquences
sur d'autres villes du Québec, entre autres le concept de
déconcentration de certains édifices administratifs ou de
certains services administratifs à l'extérieur même de la
ville de Québec, dans le cadre d'une politique d'ensemble de
développement régional où on pourrait très bien
retrouver des administrations complètes à Trois-Rivières,
à Sherbrooke, etc.
Donc, de ce point de vue, il devra expliquer vraiment ses concepts et il
devra dire au nom de quelle même politique, non seulement de
développement urbain et régional à Québec, mais de
développement régional dans l'ensemble du Québec, il fait
ses choix. C'est cela, un processus démocratique. C'est cela, le
processus qui n'a jamais été fait. Je le dis sans vouloir
nécessairement minimiser et discréditer ce qui s'est fait avant.
Cela s'est fait dans un certain contexte. Les gouvernements jusqu'à
présent, au Québec, n'ont pas été habitués
à fonctionner dans un contexte de planification. Ils ont eu peur de la
planification, en général, dans tous les domaines, et, au premier
chef, dans le domaine du développement urbain, parce que toute
planification implique des critères et des contraintes qu'on se donne
à soi-même.
Je ne peux pas dire que la tradition démocratique de nos hommes
politiques au Québec a été dans ce sens. Elle a
plutôt été dans le sens contraire et, en particulier
à Québec même où, on le sait, la plupart des choix
ont été faits pour des raisons folkloriques, comme celle que je
mentionnais tantôt, pour d'autres raisons aussi qui ne sont pas
nécessairement inavouables ou criminelles, mais qui répondaient
quand même à un style de fonctionnement que je n'ai pas besoin de
mentionner, le style de fonctionnement de l'ancien ministre des Finances et du
maire de Québec, encore le maire actuel, où, au fond, sur des
appels téléphoniques et dans les fonds de bureaux, on
décidait de choses qui, au fond, auraient dû être
décidées sur la place publique.
Je ne veux pas le dire de façon méprisante ni de
façon méchante, mais c'est le cas. Il faut l'admettre, je pense.
C'est le style de fonctionnement qu'on a observé durant les
dernières années et c'est de ce style de fonctionnement qu'il
faut sortir. Il faut cesser de demander aux urbanistes de nous fournir les
solutions. Ce ne sont pas les urbanistes qui vont nous fournir les solutions,
ce sont les hommes politiques quand ils auront fait leurs choix et qu'ils les
auront défendus.
Bien sûr, les urbanistes, les experts peuvent nous aider à
défendre nos choix. Ils peuvent nous fournir des éléments
de décision. Ils peuvent nous indiquer quels sont les traquenards dans
lesquels on s'en va si on privilégie tel choix ou tel autre, mais il
reste qu'il faut mettre, nous, les hommes politiques, nos choix sur la table.
C'est ce qui m'amenait à dire au tout début de mon intervention
que, finalement, la colline parlementaire, elle est ce qu'elle est aujourd'hui,
d'abord et avant tout, à cause du caractère d'improvisation et,
au fond, de ce refus de s'engager dans lequel les gouvernements provinciaux,
les gouvernements du Québec jusqu'à maintenant ont
fonctionné.
D'autres corps ont peut-être leur responsabilité, dans le
passé ou dans un passé plus lointain ou récent, bien
sûr, la ville de Québec, mais, fondamentalement, quand même,
le gouvernement provincial.
Là-dessus, je veux reprendre, en terminant, M. le
Président, un seul point; le schéma de la Communauté
urbaine de Québec n'est pas, comme vous le savez, obligatoire. La
communauté peut faire un schéma, mais il est purement
consultatif, ce schéma, dans l'état actuel de la loi,
contrairement d'ailleurs au schéma de la CRO, que connaît bien le
député de Gatineau, qui est obligatoire, contrairement à
la pratique généralement observée dans toutes les grandes
villes du monde où il existe un schéma régional, qui est
obligatoire pour les municipalités locales.
De ce point de vue, l'ancien gouvernement je ne peux pas faire le
procès de l'ancien gouvernement, ni des anciens ministres, mais il faut
quand même dire les choses telles qu'elles sont; c'est le
député de Jean-Talon qui, lui-même, a mis le sujet sur la
table tout à l'heure s'est refusé, depuis plusieurs
années, depuis six ans, à faire en sorte qu'autour du
schéma de la Communauté urbaine de Québec, s'agitent
d'autres personnes que de simples urbanistes, avec toute la
déférence que j'ai pour eux, et de simples experts, mais d'abord
et avant tout des hommes politiques.
Comment des hommes politiques pourraient-ils porter intérêt
à un schéma d'aménagement s'ils savent que ce sera tout
simplement un document consultatif?
Mais s'ils avaient su que le document était obligatoire, leur
réaction aurait été tout autre, parce que l'enjeu aurait
été important. C'est le cas de la CRO, en particulier, où
les hommes politiques locaux, dans la région de l'Outaouais, se sont
intéressés de très près aux aménagements,
parce qu'ils savaient qu'un jour, ce schéma serait obligatoire et aurait
des conséquences importantes sur chacune de leurs villes. Il y a de
nombreuses recommandations qui ont été faites à l'ancien
gouvernement à ce sujet, mais il s'est toujours refusé, pour des
raisons qui lui sont propres et qui sont propres au style de fonctionnement de
l'an-
cien gouvernement, et, en particulier, de l'ancien ministre des
Finances, à faire en sorte que la situation de la communauté
urbaine soit régularisée à ce point de vue.
M. Mailloux: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Marcoux): La parole avait
été demandée dans l'ordre suivant: le député
de Brome-Missisquoi, après, M. Mailloux...
M. Russell: ...je ne veux pas prolonger le débat du tout.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention les remarques du ministre
de la Fonction publique. Je pourrais ajouter beaucoup à ce qu'il a dit.
Il y a une seule chose, et je termine là-dessus en disant:
Espérons que cela va fonctionner. Je souhaite bonne chance au ministre
qui est responsable actuellement.
Le Président (M. Marcoux): M. Mailloux.
M. Mailloux: M. le Président, si vous le permettez, suite
à ce que vient de dire mon collègue de Charlesbourg, et en raison
de l'absence du député de Jean-Talon, comme il semblerait que
tous les gestes qu'a posés le précédent gouvernement ont
été sous l'effet de l'improvisation, je voudrais quand même
apporter quelques corrections, si vous me le permettez. Je conviens que nous
n'avions pas devant nous un schéma d'aménagement qui nous
permette de poser tous les gestes que nous aurions espérés, mais
je me rappelle quand même que, lors des discussions auxquelles la ville
de Québec a été partie de même que devant les
urbanistes de la ville de Québec, il y avait une volonté bien
arrêtée depuis quelques années qu'aucune autre construction
ne pourrait être permise sur la colline parlementaire ou dans son bassin
immédiat. C'est la raison pour laquelle j'avais demandé, au
moment ou j'étais ministre des Travaux publics, suite à
l'étude qu'avaient faite les fonctionnaires de ce ministère
je vois que M. Careau est ici et devant les demandes syndicales
et l'expansion possible de services gouvernementaux, que, pour les espaces dont
on parlait à ce moment qui rejoignaient autant que 3,5 millions de pieds
de plancher, et qui ont été ramenés, et par le
précédent gouvernement et par l'actuel gouvernement, à des
proportions plus raisonnables, en dehors de l'agrandissement de La
Lauren-tienne, ce soit vers la pointe ouest de Sainte-Foy que soit
dirigée la construction d'un édifice important. Il y avait une
raison quand même primordiale à cela, sur laquelle tout le monde
était d'accord: chaque édifice à construire ne devrait pas
apporter de construction routière supplémentaire. Je pense que le
bassin du Québec métropolitain était parfaitement pourvu.
Il n'y avait aucun investissement à faire dans la pointe ouest de
Sainte-Foy. Nous avions également, en raison de difficultés
financières de la basse-ville de Québec, émis l'opinion,
qui était d'ailleurs partagée par la ville de Québec et
par la communauté urbaine, que c'était le temps de donner un coup
de barre pour que des édifices soient construits soit dans le quartier
Saint-Roch, soit près du boulevard Dufferin-Montmorency, de même
que sur le boulevard Pierre-Bertrand, dans le comté du
député qui vient de par là.
M. de Belleval: C'est le comté de Vanier. Cela ne fait
rien, c'est voisin.
M. Mailloux: Le comté de Vanier. Il est indiscutable que
le gouvernement avait fait son lit et qu'aucune construction ne pouvait se
faire sur la colline parlementaire tant et aussi longtemps qu'une étude
ne serait pas complétée. Quant à l'affirmation qu'a faite
le député de Charlesbourg, au sujet de celui qui agissait comme
sous-ministre principal durant le temps où j'ai été et que
lui-même était au service, je dois dire qu'il y avait
peut-être des sous-ministres influents dans les ministères, mais
il y a d'autres critères qui faisaient que certains ministères
devaient être sur la colline parlementaire. Il ne faut pas avoir
été très longtemps dans la vie parlementaire je
pense que c'est un phénomène que connaîtront les
députés du Parti québécois pour savoir qu'il
y a certains ministères vers qui les gens vont tous les jours, toutes
les semaines, tous les mois. Je ne sache pas qu'un ministère comme celui
du Revenu, même s'il n'est pas près de la colline parlementaire,
amène des difficultés profondes à tous les citoyens de la
province de Québec et des déplacements profonds. Je ne suis
jamais allé, dans quatorze ans, au ministère du Revenu et je
pense que vous n'irez pas souvent non plus. Alors, qu'il soit en banlieue de la
ville, il n'y a pas de problème particulier. Mais il y a des
ministères, comme les Affaires sociales ou d'autres, qui sont
près des préoccupations des gens et c'est un peu dans cet esprit
qu'on avait décidé que certains ministères devaient
être plus près des préoccupations des citoyens du
Québec.
M. Gratton: M. le Président, question de règlement.
Je suis très intéressé par les propos tenus par le
ministre de la Fonction publique, aussi bien que par mon collègue de
Charlevoix, sauf que je me demande si le mandat de la commission n'est pas
d'entendre les invités. Je les vois là qui s'endorment presque,
parce que, eux, ils ne sont peut-être pas aussi intéressés.
Je me demande si on ne pourrait pas conclure vis-à-vis d'eux.
Le Président (M. Marcoux): Une minute! Puisque vous voulez
qu'on mette fin plus rapidement ou qu'on revienne à nos invités,
une minute au député de Mégantic-Compton, ensuite le
ministre et ce sera tout.
M. Grenier: Les propos du ministre de la Fonction publique nous
intéressent. Je suis heureux de constater... Je le savais un homme
intelligent, mais je viens de me rendre compte que c'est un homme de grand
jugement, parce qu'il a pris à son compte les paroles que j'avais
prononcées, cet après-midi, quand je suis intervenu en disant que
le rôle du gouvernement, c'était d'avoir une
définition d'abord de ses intentions et de l'utilisation de la
colline parlementaire. Je pense que le ministre des Transports avait dit qu'on
venait ici pour entendre des gens, c'est bien sûr, mais vu que cela a
été, avec pas mal de vérité, du
va-comme-je-te-pousse pour les dernières années qu'on a
passées dans l'aménagement de la colline parlementaire, il serait
peut-être bon qu'à partir de maintenant, ces gens, qui sont devant
nous, sentent que ce nouveau gouvernement, avec un nouveau style, a l'intention
de se faire un nid et de décider que l'utilisation se fera de telle
façon, pour donner une certaine orientation, afin que ces gens disent: A
partir de maintenant, il y a quelque chose qui se fera.
M. de Belleval: Question de privilège, M. le
Président. Je regrette, cependant, mais je ne veux pas, non plus, me
laisser charrier. Tout à l'heure, nous avons posé une question,
entre autres, à l'urbaniste de la ville de Québec. Je veux bien
croire qu'on est ici pour écouter les gens. Mais justement, on a
coupé l'exposé qu'il allait nous faire. A mon avis, une chose
tout à fait cruciale, à nos questions: il a commencé
à nous répondre qu'il ne pouvait pas nous donner les
réponses. C'était d'abord à nous, au fond... C'est
là-dessus que j'ai voulu expliciter. Je m'en excuse si je vous ai
ennuyé et si j'ai pris le temps de la commission.
M. Gratton: Au contraire, le député de
Mégantic-Compton a trouvé que vous aviez raison.
M. Grenier: Je m'excuse. ...dérangé par quelqu'un.
J'ai dit que vous étiez un homme très brillant et un homme de
jugement.
M. Lessard: M. le Président, en commentaire et en
conclusion du témoignage qui nous a été donné par
le Comité d'aménagement de la ville de Québec et en
relation avec la Communauté urbaine de Québec, je voudrais quand
même revenir aux objectifs que j'avais fixés au début de
cette commission parlementaire.
Je voudrais dire que notre objectif n'était pas de se retrancher
derrière cette commission parlementaire pour éviter de prendre
des décisions. Nous aurons des décisions à prendre et nous
les prendrons. Mais j'ai souligné que c'était la volonté
du nouveau gouvernement de consulter la population avant de prendre ces
décisions qui devront être prises. J'ai même dit
qu'après la commission parlementaire, il importera d'avoir en tête
que le gouvernement du Québec devra, au terme de cette commission et
dans un délai le plus court possible, se donner une politique
d'aménagement de la colline parlementaire.
Nous avons l'intention de nous donner une telle politique, mais nous
avons eu l'intention aussi de consulter les organismes qui sont
impliqués dans ce secteur. Comme ministre des Travaux publics, à
la suite de cette commission parlementaire, j'aurai à prendre des
décisions non pas dans les nuages, mais concrètement. Le
député de Vanier, je pense, a posé un certain nombre de
questions concrètes.
Il me semble qu'il n'appartient pas aux urbanistes de prendre des
décisions à notre place, mais il appartient aux urbanistes, qui
ont quand même un schéma d'aménagement c'est
même le deuxième de nous préciser si, oui ou non, le
dosage ou l'équilibre actuel de la colline parlementaire doit rester
stable ou doit être modifié.
C'est dans ce sens-là que nous aurons, nous, comme... En fait,
j'aurai, comme ministre des Travaux publics, à prendre des
décisions, par exemple, concernant la Sûreté du
Québec, concernant le projet Atlific, concernant le projet
Québec, concernant le couvent des soeurs du Bon-Pasteur,
vis-à-vis, par exemple, de Place de la Justice. Ce sont des
problèmes qui sont concrets, qui sont là. Ils ne sont pas dans
les nuages. C'est dans ce sens que j'ai convoqué cette commission
parlementaire. En temps et lieu, je prendrai des décisions. Mais il me
semble que, quoique votre mémoire ait été très bien
préparé, je vous dis que j'aurais pu avoir beaucoup de questions
à poser, j'ai l'impression qu'on joue, à un certain moment, qu'on
ménage la chèvre et le chou.
Il me semble que l'objectif de cette commission est de vous consulter.
Peut-être ne serons-nous pas d'accord avec vous. Peut-être
dirons-nous que vos recommandations, par exemple, ne sont pas valables, mais
nous aurons à dire quelque chose; par ailleurs, on vous pose des
questions bien précises et je suis habitué de travailler
concrètement.
Je comprends que des schémas d'aménagement, c'est
important et qu'il y a des choses concrètes là-dedans, mais vous
en avez un. On a le résumé ici du schéma
d'aménagement et les questions que je pourrais vous poser et
j'arrête ici en relation avec votre schéma
d'aménagement, schéma 1975 par rapport à l'autre
schéma 1969...
Si vous aviez à prendre une décision concernant Atlific,
à prendre une décision concernant Trizec, à prendre une
décision concernant le couvent Bon-Pasteur, vous feriez quoi? Ou
à prendre une décision, par exemple, concernant les
édifices à bureaux? Est-ce assez ou non? Continue-t-on dans le
sens où cela a été fait depuis quelques années ou
bien dit-on: Stop? On dit: On arrête?
C'est ce que j'ai besoin de savoir de vous. Si je ne le sais pas,
à ce moment, je prendrai mes décisions avec mes collègues
et après cela, ne venez pas nous dire qu'on n'a pas pris nos
responsabilités. On les prendra, mais il me semble qu'il y a moyen de se
consulter et de se dire ouvertement: Voici, c'est cela qu'on pense et il me
semble que cela aurait pu être plus clair que ce ne l'a été
ce soir.
M. Cimon: Est-ce possible, en trente secondes, M. le
Président, de remercier d'abord...
Le Président (M. Marcoux): Plus qu'en trente secondes.
Vous pouvez évidemment réagir à...
M. Cimon: Vous devenez généreux avec... Le
Président (M. Marcoux): C'est la première
fois que je préside. Je me réajuste. Je constate que les
députés ont été très
intéressés par votre mémoire et qu'ils
préfèrent peut-être aller plus au fond de votre
mémoire, quitte à reporter d'autres mémoires à
demain, mais... On essaie de se rajuster.
M. Cimon: La seule parole que je désire prononcer est de
remercier d'abord le ministre des Transports, des Travaux publics et de
l'Approvisionnement de nous avoir invités. Nous regrettons; apparemment,
notre témoignage ne l'a pas complètement satisfait et je crois
que peu d'urbanistes peuvent satisfaire à des questions précises
parce que l'urbanisme est quelque chose de continuel. Mais, ce qui me
réconforte comme président de la commission d'aménagement,
est l'éclairage assez formidable de certains députés qui
ont parlé avec une grande limpidité, soit dans l'Opposition ou
dans le parti au pouvoir. Et, j'aimerais simplement ajouter à
l'exposé tellement clair et limpide du ministre de la Fonction publique
que toutes les décisions que le ministre des Transports, des Travaux
publics et de l'Approvisionnement aura à prendre et qu'il nous a
énumérées, sont des décisions sectorielles et qu'il
doit d'abord, à mon humble avis, prendre une décision globale et
une fois que la décision globale qui a été fort bien
expliquée par M. de Belleval sera prise, les décisions
sectorielles seront faciles parce qu'elles auront une référence
à une philosophie globale.
Alors, si notre message n'est pas assez clair, je regrette, mais je
crois que dans les choses complexes... Je laisse la parole à M. de
Belleval. J'ai peut-être mal interprété.
M. Lessard: Si nous avions pris cette décision globale,
nous n'aurions pas de commission parlementaire.
M. Cimon: Oui, parce que la commission parlementaire est pour
éclairer la décision globale que vous aurez à prendre.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! Je pense que le
débat pourrait... Sur une question de contenu?
M. Gratton: Oui, en fait...
Le Président (M. Marcoux): Une remarque finale?
M. Gratton: Au nom de l'Opposition officielle, je voudrais
remercier ces gens de la CUQ et leur dire que personnellement, j'ai très
bien compris et je partage entièrement leur avis. Ce n'est pas aux
urbanistes à répondre à des questions précises
avant de connaître les intentions du gouvernement et je note
également que du côté du gouvernement, on ne semble pas
être d'accord entre le ministre de la Fonction publique et le ministre
des Transports, des Travaux publics et de l'Approvisionnement.
Avec plaisir je dis au ministre de la Fonction publique que son
exposé, je le partage quant au contenu de ce que devront être les
décisions du gouvernement et j'inviterais le ministre de la Fonction
publique à renseigner son collègue des Travaux publics à
ce sujet.
Le Président (M. Marcoux): Alors, je crois que la
commission va atteindre son objectif de susciter...
M. de Belleval: M. le Président, je m'excuse, mais juste
une chose, quand même...
Le Président (M. Marcoux): Non. Je m'excuse. A moins que
vous n'invoquiez, soit une question de règlement ou... On ne peut
accepter les questions de privilège en commission. Alors, je vais
remercier, au nom de tous les membres de la commission...
M. Cimon: M. le Président, je souhaite, pour mettre une
touche d'humour là-dedans, parce que cela a été assez
ardu, au nouveau gouvernement de ne pas prendre la décision de ne pas
prendre de décision.
Le Président (M. Marcoux): En commission parlementaire, je
pense que ce sont les invités qui ont le dernier mot, je pense que vous
avez conclu. Je vous remercie beaucoup, au nom de tous les membres de la
commission, d'être venus témoigner et je crois que par les
questions que vous avez eues, les membres ont manifesté leur
intérêt pour votre mémoire. J'inviterais maintenant M.
Pierre Mathieu ainsi que les personnes qui l'accompagnent, au nom de la
Commission de transport de la communauté urbaine de Québec,
à s'approcher et à nous présenter leur mémoire.
M. de Belleval: M. le Président, pendant que ces gens
s'approchent, j'aimerais tout simplement souligner au député de
Gatineau que je comprends l'impatience du ministre des Transports et des
Travaux publics. Il a devant lui une dizaine de dossiers bien particuliers sur
lesquels il aimerait, le plus tôt possible, avoir des réponses
très particulières. Je pense qu'il faut comprendre aussi son
impatience et son souci d'avoir une réponse à des
problèmes très immédiats qui se posent.
Le Président (M. Marcoux): Avant que... Je m'excuse...
M. Gratton: Tout en comprenant, moi aussi, son désir de
régler des problèmes au jour le jour et qu'on ne peut pas les
régler de la façon que regrettait le ministre de la Fonction
publique tantôt, parce qu'on retomberait dans les mêmes
défauts des anciens gouvernements dont il a tellement parlé. Il
va comprendre.
Le Président (M. Marcoux): Alors, j'invite...
M. de Belleval: ... des Travaux publics, un
éclairage...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs! J'invite
M. Pierre Mathieu à présenter le mémoire de la Commission
des transports de la Communauté urbaine de Québec et à
nous présenter la personne qui l'accompagne.
Commission de transport
de la Communauté urbaine
de Québec
M. Mathieu (Pierre): M. le Président, si vous me le
permettez, je vais vous présenter M. Hinse, qui est directeur du
transport à la Commission du transport.
Le Président (M. Marcoux): II faudrait être certain
qu'on ait le temps d'entendre votre mémoire au complet et que les
membres aient le temps de poser des questions. Donc, il faudrait que vous
présentiez votre mémoire le plus rapidement possible, dans une
vingtaine ou une trentaine de minutes, pour que la période des questions
soit la plus complète possible.
M. Mathieu: Je vais me plier à votre demande. Alors, M. le
Président, messieurs les membres de la commission, je veux remercier la
commission parlementaire des travaux publics d'avoir invité l'organisme
que je représente à donner son point de vue relativement à
l'aménagement de la colline parlementaire. Nous nous en
réjouissons d'autant plus que c'est une première pour nous de
pouvoir nous exprimer publiquement, voire de nous impliquer avant qu'une
décision définitive ne soit prise eu égard aux
responsabilités que nous devrons assumer a posteriori.
Trop souvent, messieurs les membres de la commission, les organismes
responsables du transport en commun ont été les derniers à
être saisis des intentions de changements dans l'aménagement
urbain, alors que nous aurions dû être parmi les premiers à
nous y impliquer dans les modifications pouvant, à la limite, perturber
le système de transport des citoyens et leur environnement. Qu'il nous
suffise de mentionner l'exemple de la ville de Charlesbourg ici j'ai
pris une municipalité, j'aurais pu en prendre d'autres qui, il y
a quelques années, avait aménagé tout un secteur dans
l'optique de dissuader la circulation automobile par une configuration toute
particulière des rues. Aujourd'hui, c'est au prix de combien d'efforts
que nous pouvons, tant bien que mal, desservir ce secteur. Ce jugement de
valeur ne s'inscrit aucunement dans une volonté de se substituer
à qui que ce soit dans le processus de la prise de décision.
Cependant, nous manquerions un tant soit peu aux responsabilités de
notre rôle en nous en abstenant.
Point n'est besoin de rappeler, M. le Président, l'importance
sans cesse croissante de notre rôle dans le cadre des solutions de
rechange, principalement la crise actuelle de l'énergie. De ce fait,
nous observons depuis quelques années une reprise de
l'intérêt à l'égard du transport en commun, tant au
niveau gouvernemental qu'à celui de la collectivité en
général et nous nous en félicitons. L'essor de
l'automobile, particulièrement depuis le début des années
soixante, a relégué le transport en commun à un rôle
secondaire ou, au demeurant, de ceux qui n'avaient pas d'autre choix.
Dès lors, l'utilisation du sol par l'envahissement du flot
automobile, la diminution du nombre d'usagers dans le transport en commun et
l'augmentation des coûts d'exploitation ne permettaient plus d'offrir un
transport collectif adéquat sur une base financièrement rentable,
d'où la création d'organismes publics de transport.
En outre, cette augmentation du nombre de véhicules automobiles a
accéléré l'aménagement d'infrastructures en plein
centre des milieux urbains, ce qui a eu pour effet de dégrader
l'environnement et de faire disparaître les espaces verts et tout
ça, à quel prix?
La pollution de l'air, le bruit, la poussière et le
dérèglement psychologique des individus engendré par la
congestion automobile, les risques d'accidents, etc., semblent de plus en plus
difficiles à supporter. Qu'il nous suffise de mentionner les pressions
sans cesse croissantes et constantes et combien de fois, justifiées, de
groupes de citoyens et d'un grand nombre d'organismes impliqués à
l'égard de la protection de l'environnement pour nous en convaincre. Il
ne s'agit pas, estimons-nous, de remplacer intégralement l'automobile
qui continuera à assumer une bonne part des déplacements urbains.
Il faut, néanmoins, concevoir un système de transport en commun
qui permettra d'éviter de continuer de développer des
infrastructures routières et minimiser les inconvénients qui en
découlent comme la dégradation du milieu.
Il faudra, comme conséquence d'une telle orientation, assurer aux
organismes de transport public les fonds nécessaires à leur
développement et trouver le moyen de leur transférer des
investissements d'autres secteurs pour éviter que nous ne soyons les
seuls à supporter les dépenses du développement des
services de transport.
Ainsi, la volonté des ministères concernés par
l'aménagement de la colline parlementaire, telle qu'exprimée dans
le communiqué d'accompagnement, nous invitant aux présentes
audiences, coïncide avec les objectifs socio-économiques de la
commission de transport. Bien que sensibilisés aux problèmes
très particuliers du projet de démolition du couvent des
religieuses du Bon-Pasteur et des incidences socio-économiques, nous ne
saurions nous satisfaire de traiter cet aménagement sans regarder
l'ensemble du problème de l'aménagement, non seulement de la
colline parlementaire, mais aussi celui de tout secteur dans leur interrelation
directe avec le transport en commun.
Cette façon d'envisager le problème s'explique,
croyons-nous, par le type de services que la commission de transport doit
maintenir et devra
développer, pour permettre à tous ceux qui,
quotidiennement, auront à se rendre principalement, pour leur travail,
au centre-ville de Québec.
Il y a quelque temps déjà, on inaugurait l'ouverture de
l'autoroute Dufferin-Montmorency afin de faciliter l'accès de
l'automobile au centre-ville de Québec. Bien que cet objectif demeure
valable en soi, il n'en demeure pas moins que cet élément d'une
politique de développement urbain devrait, pour nous, être le
dernier.
Dorénavant, nous estimons que toute augmentation du nombre des
déplacements doit être assumée par le système de
transport collectif, sinon on devra encore continuer à faire couler le
béton en plein centre-ville. A l'heure actuelle, la répartition
modale par transport en commun est de 37%. Ce pourcentage exprime la proportion
des déplacements au centre-ville de Québec au moyen du transport
collectif. Si on veut éviter des investissements considérables
pour les années qui viennent, le transport collectif devra assurer 47%
des déplacements en 1987 et 50% des déplacements en 1995, ce que
nous pouvons considérer comme conservateur.
A la lumière de ce qui précède, nous allons tenter
de voir dans quelle mesure la construction éventuelle de nouveaux
édifices sur la colline parlementaire influerait sur le service que
notre organisme est appelé à donner aux usagers potentiels de ce
territoire spécifique et cela, dans une optique de minimisation des
coûts.
L'addition de plusieurs milliers de nouveaux emplois sur la colline
parlementaire se traduirait en appliquant le principe de la répartition
modale par une augmentation des usagers assumée par le transport en
commun.
Or, les ressources que nous possédons actuellement ne pourraient
nous permettre de satisfaire à la demande. Par contre, nous prenons
présentement des décisions importantes et ce problème va
être réglé. A moins qu'il y ait une volonté
collective de la part de tous les niveaux de décision de donner
priorité aux investissements dans le transport collectif, de permettre
le développement de certaines techniques et de prendre certaines
décisions qui sont souvent simples et qui permettent d'améliorer
la qualité du service et, par le fait même, favoriser son
utilisation.
Parmi les listes des moyens techniques et des décisions que nous
souhaiterions voir s'appliquer, nous mentionnons les principales: suppression
du stationnement sur les voies empruntées par le transport collectif,
surtout aux heures de pointe, tenant pour acquis qu'une rue est faite pour y
circuler.
Programme de voies réservées qui a été fort
concluant jusqu'à ce jour, voire réserver des rues ou sections de
rues uniquement au transport collectif.
Aménagement privilégié des zones d'arrêt et
de correspondance.
Priorité aux autobus aux carrefours.
Enfin, c'est un ensemble de suggestions ou de décisions qui
peuvent être prises. Quelles que soient les techniques et les
décisions qui pour- raient être arrêtées, s'il y a
augmentation de la clientèle à cause d'une augmentation des
emplois, ceci se traduirait directement par une augmentation du nombre de
véhicules et des frais d'exploitation.
Afin de minimiser les coûts, la collaboration des grands
employeurs sur la colline parlementaire, au niveau de l'utilisation à
une plus grande échelle des horaires variables d'emploi, pourrait
favoriser, tant le matin que le soir, un plus grand étalement des
déplacements.
L'expérience de l'instauration d'une telle politique à
Ottawa, où le principal employeur est le gouvernement, comme ici,
à Québec, a permis d'étaler près de 15% des
déplacements sur une période plus longue qu'auparavant. Un tel
décalage a eu comme effet de réduire le nombre de
véhicules en service et, par voie de conséquence, réduire
les dépenses au niveau du fonctionnement et au niveau des
équipements.
Par ailleurs, si l'intention des autorités gouvernementales est
de trouver des solutions de rechange pour localiser ses besoins futurs, nous
serions enclins, en tant qu'organisme responsable, à proposer ces
localisations à des endroits situés sur les axes forts de
circulation empruntés par les parcours du transport en commun. Ce
faisant, nous favoriserons un échange des déplacements permettant
à chaque autobus, tant à l'aller qu'au retour, sur un parcours
donné, de cueillir une plus grande proportion d'usagers.
A l'heure actuelle, les déplacements sur le plateau haute-ville,
entre Québec et Sainte-Foy, nous permettent d'en voir les effets
bénéfiques. L'attirance créée par
l'Université Laval et le centre-ville de Sainte-Foy et celle
créée par la colline parlementaire nous permettent de visualiser
ce que nous expliquons.
Incidemment, en localisant ces nouveaux édifices dans la
basse-ville de Québec ou à Charlesbourg, on favoriserait un
phénomène analogue à celui de la haute-ville.
Actuellement, nous remplissons à pleine capacité nos autobus se
dirigeant vers un seul lieu principal générateur d'emplois comme
la colline parlementaire et ceux-ci reviennent presque vides. En
privilégiant des points de localisation, on diviserait la
clientèle en permettant une meilleure utilisation des ressources.
M. le Président, que l'on cesse, une fois pour toutes, de nous
situer des centres d'emplois dans les champs, ce qui nous oblige, comme c'est
le cas pour le complexe scientifique de Sainte-Foy, à conduire les
usagers le matin et à aller les chercher le soir, sur des bases
contractuelles dispendieuses, étant dans l'impossibilité d'y
donner un service régulier de transport en commun, vu la
sous-utilisation des ressources en dehors de ces heures.
Il va de soi que de telles approches aux problèmes ne diminuent
en rien la mise en application des autres moyens que nous préconisions
pour favoriser le transport en commun. De plus, si toutes les autorités
concernées collaborent à la mise en oeuvre des approches
citées, elles contri-
bueront non seulement au mieux-être des usagers du transport en
commun, mais à celui de tous les citoyens.
Nous sommes conscients, M. le Président, que la présente
réflexion ne vous apportera qu'un éclairage à
l'intérieur du cadre général de vos préoccupations.
Toutefois, aurions-nous réussi à l'orienter dans une direction
favorable que nous aurions joué notre rôle en tant qu'organisme
responsable et nous vous remercions de nous avoir donné cette
occasion.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, disons que je vais changer de
chapeau et que je vais parler un peu en tant que ministre des Transports.
L'approche qui nous est faite par la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec entre exactement dans les
priorités de ce gouvernement.
En effet, je pense bien que nous sommes rendus à un point
où nous devons envisager le développement du transport en commun.
Que ce soit dans les villes américaines ou que ce soit ici, au
Québec, chaque fois que nous avons tenté de développer des
axes routiers qui se dirigeaient vers les centre-ville, nous avons tout
simplement eu comme résultat d'engorger de plus en plus les
centre-ville.
Que ce soit à Montréal...
En fait, un rapport devra être présenté d'ici le
mois de juillet, soit le rapport du comité de transport de la
région métropolitaine, qui a d'ailleurs été mis en
branle par l'ancien ministre des Transports, nous aurons des décisions
très importantes à ce sujet, mais ceci met aussi en cause des
ressources considérables.
Par ailleurs, il faut toujours envisager, lorsque nous investissons des
ressources considérables dans le transport en commun, que nous devons
couper d'autres investissements, que ce soient les autoroutes ou d'autres
constructions. Dans la région de Québec aussi, nous devrons
essayer d'avoir une politique d'intégration de l'ensemble des Transports
en commun. Il est certain que, d'ici deux ou trois ans, la véritable
préoccupation du ministère des Transports, si on excepte la
continuation d'un réseau routier dans les régions
périphériques où le réseau nécessite quand
même d'être complété, ce sera de nous pencher
sérieusement sur une politique de transport en commun. Nous aurons
d'ailleurs, au cours de cette session, à présenter une loi, la
loi constituant les corporations intermunicipales, qui devait être
présentée sous l'ancien gouvernement, afin justement d'associer
les communautés urbaines au gouvernement pour le développement du
transport en commun.
C'est donc vous dire que les objectifs que vous poursuivez
s'identifient, je pense bien, aux objectifs du ministère des
Transports.
Par ailleurs, suite à votre mémoire, je m'interroge un peu
et je voudrais que vous explicitiez un peu un certain nombre d'affirmations. Je
souscris entièrement aux recommandations de la page 6 et de la page 7,
les cinq recommandations que vous faites, et qui ne nécessiteraient pas
des investissements considérables. Mais lorsque vous dites, à la
page 6: "L'addition de plusieurs milliers de nouveaux emplois sur la colline
parlementaire se traduirait, en appliquant le principe de la répartition
modale, par une augmentation des usagers assumée par le transport en
commun", la question que je me pose je pense que vous y répondez
un peu plus tard dans votre mémoire c'est s'il n'y a pas conflit
entre, d'une part, la rentabilisation du transport en commun par la
construction d'édifices au niveau de la colline parlementaire et la
décentralisation, comme vous le dites un peu, vers les champs.
Comme responsable de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec, quelle serait pour vous, en tenant compte de cette
politique de transport, la meilleure politique de localisation des
édifices administratifs?
Vous dites: D'une part, il ne faut pas que cela aille vers les champs.
Je suis d'accord, il faut rentabiliser les infrastructures existantes, mais,
par ailleurs, vous dites: Si on localise les édifices administratifs sur
la colline parlementaire, on rentabilise encore notre système de
transport en commun. J'aimerais que vous me précisiez un peu quelle
serait votre politique à ce sujet.
M. Mathieu: Je pense que s'il y avait concentration des emplois
au niveau de la colline parlementaire, c'est-à-dire de l'addition de
nouveaux emplois, si, à ce moment, cette décision était
prise et qu'on veuille minimiser les coûts d'exploitation du transport en
commun, il faudrait, à ce moment, agir au niveau des heures de travail.
Sinon, ce qu'on appelle nous autres, l'heure de pointe, celle qui devient la
plus onéreuse, va grimper dramatiquement et, à ce moment, il
reste qu'il y a un équipement ou des ressources qui seront moins
utilisés en dehors de ces heures. S'il y avait possibilité, par
des décisions, d'étaler les heures de travail, il est
définitif qu'à ce moment, on peut au moins minimiser les
coûts de fonctionnement. Je fais une restriction là-dedans et je
me dis que cet étalement des heures de travail, c'est ni plus ni moins
adopter un nouveau mode de vie. Si les gens sont prêts à se payer
ce nouveau mode de vie, à étaler leurs heures d'entrée au
bureau comme leurs heures de sortie, on va sauver au niveau du transport en
commun ou au niveau des investissements, mais, par contre, si on ne veut pas
accepter ce nouveau mode de vie, d'un autre côté, il faudra
accepter les investissements qu'on devra faire au niveau du transport en
commun.
Par contre, si, au lieu de prendre cette formule de centralisation dans
un lieu donné qui serait la colline parlementaire élargie
pas seulement l'édifice du gouvernement on veut, à ce
moment, décentraliser les édifices du gouvernement ou d'autres ou
les édifices publics, je pense qu'il y a une décision à
prendre. C'est d'aller les placer vers les axes forts de transport, de
façon à pouvoir, avec l'équipement que nous avons ou que
nous aurons, si vous voulez, maximiser l'utilisation
de tout cela, de nos ressources, pour être capable, par un
mouvement pendulaire, de toujours avoir nos véhicules avec une
utilisation maximale, tandis que, comme j'expliquais tantôt, dans le cas
de Charlesbourg, le plateau de la haute-ville correspond un peu à cette
formule. On a tout de même des pôles d'attraction à l'est
comme à l'ouest. A ce moment, cela nous permet d'utiliser nos parcours
de la haute-ville de façon assez intéressante.
Par contre, à la basse-ville, on sait que c'est un mouvement vers
le centre-ville. Quand on retourne vers le nord, vos véhicules sont
presque vides.
M. Lessard: Autrement dit, si je vous comprends bien, pour la
Commission de transport de la région urbaine de Québec, nous
sommes, au niveau de la colline parlementaire, rendus à un maximum.
Même là, il faudrait probablement envisager la possibilité
d'étaler les heures de travail.
M. Mathieu: Assurément.
M. Lessard: Si on décide de construire, là, le
problème peut devenir considérable pour votre commission de
transport.
M. Mathieu: A moins qu'on prenne des décisions importantes
au niveau du décalage des heures.
M. Lessard: D'accord. Maintenant, vous dites, à la page 8
de votre mémoire, qu'en tant qu'organisme responsable, vous seriez
enclin à proposer ces localisations à des endroits situés
sur les axes forts de circulation empruntés par les parcours du
transport en commun. J'aimerais que vous me précisiez un peu quels sont,
selon vous, selon la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec, ces axes forts.
M. Mathieu: Je pense que si on regarde actuellement les axes
forts du transport en commun, il y a d'abord deux axes extrêmement
importants, c'est celui du plateau de la haute-ville, qui est l'axe est-ouest,
les trois principaux parcours, le 7, le 8 et le 11 y donnent le service; au
niveau de l'axe nord-sud, c'est la première année, en partant
dans Charlesbourg et en montant. Cela se comprend, c'est peut-être le
seul axe routier intéressant et qui va pénétrer jusqu'au
nord. Or, on sait qu'actuellement, toute la concentration du transport se fait
sur cet axe. D'ailleurs, il suit aussi le développement. Il y a deux
axes secondaires. Il y en a un qui va vers l'agglomération de Beauport,
et un autre qui va poursuivre vers l'Ancienne-Lorette et Loret-teville. Alors,
ce sont d'abord deux axes extrêmement importants et deux axes
secondaires. Le reste, c'est là que les problèmes sont, au niveau
du transport en commun à Québec. Ce sont des axes où la
population est décimée et où, bien des fois, on retrouve
un centre d'emplois, à un moment donné, qui est ni plus ni moins
dans un champ et qui nous occasionne de drôles de problèmes.
M. Lessard: J'aurai une dernière question concernant les
champs, à la page 9. "Que l'on cesse, une fois pour toutes, de nous
situer des centres d'emplois dans les champs". J'aimerais que vous nous donniez
des explications à ce sujet. Par exemple, dans le cas de l'Industrielle
ou dans le cas de Bourgneuf, pour vous, en relation avec la politique de
rentabilisation du transport en commun, est-ce qu'il s'agissait là de
décisions qui ne seraient pas conformes à ce que vous affirmez
à la page 9?
M. Mathieu: Enfin, ce qui a été
préconisé dans le Bourgneuf, le plus que je peux vous dire, c'est
que la commission de transport a été peu consultée. On a
prévu une forme de développement. Lorsque mes gens ont
regardé peut-être le rapport du Bourgneuf, on s'est posé
des questions. Ce qui est intéressant pour nous ici, ou ce dont on peut
faire part, c'est que lorsque l'on projette des plans d'aménagement de
nouveaux secteurs ou ces choses, je crois qu'on devrait être une partie
extrêmement intéressée, parce qu'on peut, d'une part, nous
mettre de côté dans ces choses. Par après, on nous demande
d'aller donner un service.
Cela ne correspond pas nécessairement aux techniques, si vous
voulez, ou aux moyens de transport qu'on peut y placer. Tantôt, je
parlais du cas de Charlesbourg, ce n'est pas pour... On a fait un paquet de
rues, si vous voulez, pour réduire la vitesse de l'automobile. Mais, par
contre, après, on veut y avoir du transport en commun. Là, on est
excusez le mot dans des culs-de-sac, dans des petits bouts de
rues et ces choses-là. C'est impossible de donner satisfaction à
toute la clientèle.
Je pense qu'on est toujours pris, et à venir jusqu'à
présent, c'est malheureux. On est un peu à la remorque du
développement. On n'était pas présent au moment où
le développement était planifié. Je ne veux pas regarder
les raisons pour lesquelles cela s'est fait. Je pense qu'il y a une raison
historique. Le transport en commun comme tel, cela a toujours été
le dernier. C'est lui... Promène-toi dans ce qu'on te donne et ça
finit là. Je pense que ça, c'est tout de même
intéressant, parce qu'on voit qu'aujourd'hui, on est
consulté.
M. Lessard: Autrement dit, vous êtes obliqés de
payer les pots cassés ou payer les déficits quand on
décide d'un développement dans des régions ou dans des
coins, en fait, qui, ne sont pas véritablement couverts ou rentables
pour vous autres, alors que, par ailleurs, on pourrait rentabiliser d'autres
axes.
M. Mathieu: Oui, et il n'y a pas seulement une question de
coût d'exploitation aussi là-dedans. Il y a une question de bons
services, parce que si ce n'est pas propice au transport en commun, c'est
définitivement la qualité du service aussi qui en mange et en
prend pour son rhume. C'est là qu'on nous accuse, si vous voulez, de ne
pouvoir donner un bon service, de ne pas aller vite ou de transporter nos gens
quasiment dans des cercles et des
circuits infernaux. Cela se comprend. On est obligé de suivre la
trame urbaine qui nous est dessinée.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je m'efforcerai d'apporter des questions qui
concernent directement le transport par rapport à la colline
parlementaire. Avant de poser ces questions, je voudrais faire deux
observations. La première concerne directement le président de la
Commission de transport, M. Mathieu. Ce n'est pas par flatterie que je voudrais
dire toute l'appréciation que j'ai du travail qu'a fait M. Mathieu
depuis qu'il est à la présidence de la commission. Je pense que
depuis sept ans je n'ai malheureusement pas connu ses
prédécesseurs il ressort que la préoccupation de
tous les instants de M. Mathieu a été de faire en sorte que le
transport en commun dans la région de Québec soit le meilleur
possible, en tenant compte des difficultés auxquelles on a à
faire face avec la concurrence de l'automobile. De toute façon, je pense
que les améliorations qui ont été apportées, les
tentatives qui ont été faites de couloirs réservés
ou d'abris pour les usagers et autres tentatives semblables ont quand
même donné un essor nouveau au transport en commun dans le
difficile bassin que la Commission de transport de Québec a à
desservir.
Avant de venir à la colline parlementaire, je voudrais faire une
remarque, parce que c'est la deuxième fois qu'on revient avec la
structure du boulevard Dufferin-Montmorency. Quand on vient de Charlevoix, avec
une nature aussi verdoyante et aussi plaisante à regarder, je dois
avouer que, sans être urbaniste moi-même, ni architecte, ce n'est
pas la meilleure. Mais je pense quand même que cette construction
reflétait un besoin pour tout le bassin des gens de Limoilou, de
Beauport, de Giffard, de Charlevoix ou de la Côte-Nord, et tous ceux qui,
principalement, en venant de la colline parlementaire, avaient à
circuler à deux reprises, soir et matin sur les artères, et qui
ont, comme moi et bien d'autres, constaté que cela prenait une heure,
avec les artères qu'on avait auparavant dans ce circuit, avant
d'atteindre les limites mêmes de Giffard. Je pense que si ce n'est pas
une structure plaisante à voir, elle correspondait quand même
à des besoins.
M. le Président, il est indiscutable, que ce soit la Commission
de Transport de Québec, celle de Montréal ou d'ailleurs, que
vendre la marchandise des transports en commun, ce n'est pas facile avec les
habitudes des Nord-Américains. On n'est pas à Paris, ici. On est
dans un contexte tout à fait spécial, et probablement que les
moyens dont disposent les Nord-Américains sont tels qu'on veut le
meilleur transport possible, toujours à sa disposition, sans temps
d'attente. C'est encré dans les moeurs des gens.
Tantôt, vous avez fait référence à la colline
parlementaire, aux heures de pointe, où il y a surcharge, et à
une volonté que vous exprimez de voir le gouvernement aller vers des
horaires différents. En traitant de ce sujet devant le ministre de la
Fonction publique, je pense que c'est un bon témoin.
Je pense que, dans les toutes dernières années, il y a eu
une tentative de faite dans ce sens. Dans la plupart des ministères, il
y a eu un décalage d'heures qui est assez difficile à faire, je
l'avoue, parce que faire commencer les fonctionnaires avant huit heures du
matin, cela devient extrêmement pénible. L'on sait qu'avec les
syndicats, cela a été très difficile d'aller plus loin que
huit heures. Les faire entrer après neuf heures, cela devient
très difficile également, parce que cela les fait sortir beaucoup
plus tard, et il y a un autre phénomène que j'ai constaté
durant la discussion qui prévalait à ce moment avec les
syndicats. Depuis les dix ou quinze dernières années,
souventefois, l'homme et la femme travaillent au parlement. Ils ne travaillent
pas toujours dans le même ministère mais ils empruntent le
même véhicule et n'aiment pas toujours demeurer sur la colline
parlementaire pour prendre leurs repas. Je pense que c'est normal. Ils veulent
aussi retourner chez eux par le moyen le plus rapide. Vous n'avez qu'à
regarder devant chacun des édifices, tous les jours on voit des hommes
qui ramènent leur femme ou vice versa.
Il est indiscutable que le ministre de la Fonction publique aura
énormément de difficulté à convaincre les syndicats
que l'étalage des heures de pointe puisse être plus large que
celui que je viens de décrire. S'il est en mesure de convaincre les
syndicats, forcément, que les heures de pointe, on peut les
élargir davantage, je pense que cela serait souhaitable pour les
transports en commun et que cela serait souhaitable pour éviter la
congestion que l'on retrouve à ces heures. Sans qu'on n'en ait fait un
comité spécial d'étude, dans les derniers mois, je vous
avouerai franchement que j'ai fait faire une analyse de certains coûts
par rapport aux déficits énormes que l'on rencontre dans toutes
les commissions de transport, dans tous les services de transport en commun,
déficits qui vont s'accumulant d'année en année et qui ne
sont pas près de se résorber, je pense.
Je me suis toujours demandé si, pour éviter la congestion
des artères qu'on a mises en place vers les centre-ville, pour
éviter la pollution, pour éviter les nombreux accidents, pour
tâcher de rentabiliser davantage les commissions de transport, le
ministre de la Fonction publique ne devrait pas continuer une étude
personnelle que j'avais fait entreprendre par certains fonctionnaires à
savoir qu'on devrait primer tout fonctionnaire qui ferait la preuve qu'il ne se
sert pas de son propre véhicule pour se rendre à son lieu de
travail. Je pense que cela mériterait une étude approfondie. Les
quelques millions qu'on investirait seraient assez vite sauvegardés si
l'on pense à la congestion, à la pollution, à
l'encombrement, aux victimes d'une trop nombreuse fréquentation des
routes, je pense que cela mériterait d'être poussé plus
loin.
Vous m'excuserez si je fais des observations. Vous pourrez apporter les
vôtres par la suite. On a
parlé également, dans le mémoire qui a
précédé, d'une clientèle à conduire sur la
colline parlementaire et d'un retour à vide des véhicules. Comme
vos prédécesseurs, vous aimeriez que la clientèle qu'on
retrouve sur la colline soit diversifiée de manière que, dans les
deux sens, vous puissiez avoir des gens à reconduire. Mais, à
écouter tantôt les urbanistes et ceux qui vous ont
précédé de même qu'à vous écouter, je
demeure perplexe à l'idée de trouver des clientèles qu'on
pourrait amener sur la colline parlementaire et qui seraient suffisantes aux
fins que vous recherchez. Quand on me parle d'habitations à
proximité de la colline parlementaire, j'ai beau regarder les quelques
capitales où je suis allé, je ne vois pas tellement de types de
foyers d'habitation, de quelle nature qu'ils soient, à proximité
des édifices gouvernementaux. Si on amène des commerces dans le
complexe G ou dans des édifices semblables, il y a un fort risque que
ces commerces périclitent dans l'immédiat et que la
clientèle n'aille pas vers ces lieux parce qu'ils ne sont pas propres au
commerce, ce sont plutôt des lieux administratifs ou des lieux à
bureaux.
De toute façon, il ne sera jamais facile de rentabiliser les
transports en commun et j'émets également l'opinion que, pour
favoriser l'utilisation plus grande, et non pas maximale, des transports en
commun, autant dans la périphérie de Montréal que dans la
région de Québec, je pense qu'il serait nécessaire qu'aux
abords des villes, d'immenses terrains de stationnement permettent, à
tous ceux qui ont à entrer au centre-ville, d'avoir des stationnements
gratuits. Je pense qu'on en est rendu là. Je pense que vous avez une
recommandation dans ce sens. C'est un impératif qu'a le gouvernement
actuellement, je pense, d'aller dans ce sens, d'arrêter la construction
de routes qui vont vers le centre des villes. C'étaient les quelques
observations que je voulais faire sur un mode de transport qui ne sera jamais
facile à rentabiliser, à l'endroit duquel les gens ont des
réserves parce qu'on sait que l'automobile de chaque individu peut
rendre, peut-être plus facilement, plus vite à destination. De
toute façon, c'étaient les quelques observations que je voulais
apporter sur le sujet et, ayant vécu non pas tous les jours dans
Québec... Mais je pense que les gens de la Commission de transport de
Québec auraient peut-être aujourd'hui la nostalgie des couloirs
réservés qu'avaient les anciens tramways qu'on a connus il y a 30
ans. Ce serait un moyen de transport, je pense, très sécuritaire,
qui ne polluerait pas les villes, des couloirs réservés, et qui
aurait peut-être un attrait touristique incomparable. Cela veut dire que,
quelles que soient les opinions qu'on peut avancer, à tous les cinq ou
dix ans, les moeurs des gens changent et ce n'est pas facile d'avoir des
décisions, quel que soit le gouvernement en place, qui soient sages pour
les cinq ou dix prochaines années. C'étaient les quelques
observations que je voulais faire.
M. Mathieu: Je peux peut-être apporter quelques
commentaires. J'ai pris quelques notes. Il est sur que, d'abord, la
rentabilité du transport en commun, si on regarde l'entreprise comme
telle, on n'y verra plus de rentabilité, ce sera déficitaire et
ce sera en croissant. Je ne voudrais pas m'embarquer dans ce qu'on appelle la
rentabilité économique au niveau d'une région, parce
qu'à ce moment-là, on pourrait faire de grandes études et
en arriver, peut-être, à une rentabilité économique,
peut-être pas, mais, à ce moment-là, on se retrouverait
toujours avec le même problème, c'est-à-dire le
déficit réel opérationnel des commissions de
transport.
Vous avez mentionné les cas des infrastructures et en particulier
celui de l'autoroute Dufferin-Montmorency. Même si, aujourd'hui, on
trouve que c'est une offense à l'environnement ou à ces
choses-là, on est tout de même heureux de toutes ces voies
d'accès qui ont été créées depuis quelques
années dans l'agglomération de Québec, qui vont nous
permettre, demain, de donner aussi un service rapide au niveau des autobus.
Justement, l'autoroute Dufferin-Montmorency va nous permettre d'aller chercher
les gens dans l'agglomération de Beauport et de les amener rapidement au
niveau de la colline parlementaire. Il est sûr que si cet accès
n'était pas là, on en prendrait d'autres; actuellement, on peut
s'en plaindre, mais, tout de même, on va s'en servir.
J'ai parlé aussi de la colline parlementaire. Je vois qu'il y a
une chose qui est extrêmement importante et que je voudrais souligner. La
colline parlementaire, au niveau du transport en commun, pour nous, on la voit
comme une plaque tournante extrêmement importante et cela se comprend.
D'abord, si vous voulez, ce serait le pivot de notre axe est-ouest et nord-sud.
A ce moment-là, c'est sûr que, face à une concentration des
emplois, il y a une possibilité que les usagers en profitent
énormément. Cela va devenir, avec les années, le
déplacement qui, à cause de l'historique des entreprises
antérieures qui se situaient à la basse-ville ou à
certains points comme cela, va se déplacer vers la haute-ville, vers la
colline parlementaire, parce que c'est tout de même un lieu d'emploi
intéressant et cela va devenir la plaque tournante de nos services
est-ouest et nord-sud. Cela va aussi nous permettre, j'espère, de
prendre des décisions à court terme sur le tramway si on
pouvait avoir la nostalgie de sa disparition, sur une décision qui
pourrait être prise à court terme si on veut l'avoir demain, sur
un mode ou un équipement de transport à capacité beaucoup
plus importante que celle de l'autobus, qui va aussi nous permettre de
régler les problèmes de capacité que nous éprouvons
à cause de la centralisation de l'emploi au niveau de la colline
parlementaire.
Ensuite, il y a la question des heures flexibles. Je pense bien que
c'est clair que c'est peut-être quelque chose qui est extrêmement
souhaitable, qu'on pourrait le souhaiter, mais il reste que là, comme
vous le disiez si bien, c'est une question de mode de vie.
L'homme qui va au travail, qui entre à 8 heures, la femme qui va
au travail, qui entre à 9 heu-
res, le petit bonhomme qui va à l'école et qui devrait
rentrer à 7 heures, je pense que ça pourrait peut-être
finir par faire un drôle de mode de vie et je ne sais pas si les
Québécois sont prêts à l'accepter. Si on l'accepte,
tant mieux, mais si on ne l'accepte pas, il faudra aussi accepter les
coûts que ça engendre.
Je pense que ce sont un peu des réflexions comme ça, mais
il reste qu'à la commission de transport, présentement, on fait
tout de même des études extrêmement importantes qui vont
aboutir cette année. On n'a qu'à regarder ce qui se fait avec le
concours du ministère des Transports et je profite de l'occasion pour le
remercier. On a fait une étude sur les normes de service cette
année. Le résultat sera disponible pour tous les maires de la
région et tous ceux qui voudront en prendre connaissance afin justement
de voir ce que peut être le transport en commun à
Québec.
Présentement, on est en train de préparer non pas un
schéma d'aménagement, mais un plan d'aménagement du
réseau qui tient compte de ce qui existe actuellement. Avec
l'enquête "Origine-destination" qu'on va entreprendre le 4 avril
prochain, peut-être l'enquête majeure qui sera faite sur le
territoire de la commission de transport depuis le moment où elle
existe, on va pouvoir connaître les déplacements des gens, les
raisons de leurs déplacements pour cristalliser ça dans un plan
directeur qui va être la ligne guide de l'avenir au niveau du transport
en commun.
Pour le transport en commun, il faut faire une planification au maximum
pour cinq ans à dix ans, parce qu'on ne connaît pas les grands
déplacements. Même si on décidait aujourd'hui qu'on va
avoir un édifice là demain et un autre édifice là
demain, tant et aussi longtemps que ces édifices ne sont pas construits,
on ne peut tout de même pas aller y mettre du transport en commun. Il
faut qu'il y ait entre les décisions d'aménagement ou les
décisions de construction soit de lieux domiciliaires ou de ces choses,
une espèce de concertation avec les décisions et avec ce que nous
pouvons donner. Quelquefois, on peut aller trop vite et on ne peut pas le
donner; parfois, on pourrait le donner et on n'y va pas. Je pense que c'est une
question de se parler, c'est une question de s'entendre et de collaborer
ensemble, et là-dessus, au niveau de la commission de transport, on est
prêt à discuter avec tous ceux qui s'occupent de
l'aménagement pour en arriver à pouvoir donner du transport en
commun, étant donné que c'est tout de même une des bonnes
solutions de l'avenir, je crois. Peut-être que, dans vingt ans, on dira
qu'on a fait erreur, mais je ne crois pas.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: Je voudrais m'associer aux remarques du
député de Charlevoix concernant le travail tout simplement
formidable qu'accomplit M. Mathieu, le directeur général de la
CTCUQ.
M. Mathieu: On pourrait transmettre les félicitations
à toute l'équipe qui travaille chez nous.
M. Bertrand: A tout le monde? Vous travaillez fort en
équipe chez vous.
M. Mathieu: Oui.
M. de Belleval: On ne veut pas vous encenser.
M. Bertrand: Ce sont des choses qui valent la peine d'être
dites à l'occasion, surtout que vous avez le mérite de ne pas
avoir trop d'hommes politiques qui fouillent dans votre bergerie. C'est
peut-être pour ça que ça fonctionne.
M. de Belleval: Pas de démagogie, s'il vous
plaît!
Une Voix: Pas de mouche dans la soupe.
M. Bertrand: II me semble que si on regarde ça, votre
problème du transport en commun, je m'excuse, je vais terminer par une
question qui peut paraître très candide et très naïve,
mais j'ai le goût de la poser et je ne vois pas pourquoi je n'en
profiterais pas ici, il me semble qu'il y a trois moyens de se promener d'un
endroit à l'autre sur la colline parlementaire à l'heure actuelle
ou de se rendre à la colline. Ou bien on est piéton et, à
ce moment-là, ça nous prend des résidences autour de la
colline, Dieu sait que c'est ce qui manque à l'heure actuelle. Quand on
parle de priorité à accorder aux piétons, le moins qu'on
puisse dire, c'est quel piéton. Pour devenir un piéton sur la
colline parlementaire, il faut partir de Charlesbourg ou de partout ailleurs
pour se rendre à la colline.
Le transport en commun, c'est un autre moyen, c'est le deuxième,
sauf qu'il faudrait, pour s'en servir, que les gens laissent d'abord leur
voiture chez eux, et que, laissant leur voiture chez eux, ils puissent avoir un
bon transport en commun qui leur permettrait de se rendre à la colline
parlementaire et d'en revenir.
Troisièmement, l'automobile, Dieu sait, et c'est là que je
vous pose ma question, qu'on a tout fait à l'heure actuelle pour elle.
L'autoroute Dufferin-Montmorency donne la possibilité à la
voiture de se rendre à la colline parlementaire; le boulevard
Saint-Cyrille maintenant élargi permet de s'y rendre assez facilement;
il est même question d'un tunnel qui traverserait le cap Diamant. Il y a
même une chose dont on ne nous a jamais parlé, j'ai
été le premier surpris d'apprendre qu'il y avait deux voies qui
piquaient dans le cap Diamant, qui étaient prêtes à
s'enfoncer là-dedans...
M. Lessard: Modérez vos transports.
M. Bertrand: Oui, j'ai l'impression que c'est le genre de projet
stoppé d'avance.
M. Mailloux: II l'était.
M. Bertrand: Oui. La question que je me pose, M. Mathieu, c'est
la suivante: Est-ce que c'est possible de penser à rentabiliser le
transport en commun, pas simplement pour la colline parle-
mentaire, mais pour toute la région de Québec, quand dans
une ville comme Québec ou dans une région comme celle de
Québec, on a nettement le sentiment qu'il est possible, pour n'importe
quel individu avec sa voiture, de se promener d'un bout à l'autre dans
l'espace de 20 minutes, dans l'espace de 15 minutes, je dirais même de
plus en plus dans les points qualifiés de congestionnés,
même cinq heures et même huit heures le matin?
En d'autres mots, d'après vous, le seul moyen d'arriver à
rentabiliser le transport en commun, dès lors qu'on constate qu'avec nos
voitures, on peut se rendre à peu près partout dans la
région de Québec assez vite, parce qu'on a mis l'accent sur
l'utilisation de la voiture, est-ce que ce n'est pas carrément de
s'embarquer, comme le disait tantôt le député de
Charlevoix, dans une politique de dissuasion de l'utilisation de l'automobile?
Dieu sait qu'un gouvernement qui s'embarquerait là-dedans va devenir
drôlement contraignant sur l'individu et que la Ligue des droits de
l'homme va sans doute nous embarquer sur le dos, contestant ce droit d'un
gouvernement d'abolir presque la pratique libre de l'automobile.
Est-ce que c'est un peu comme cela que vous le voyez? En d'autres mots,
si on ne dissuade pas les gens de prendre l'automobile, ils vont continuer
à le faire. Est-ce que c'est un peu comme cela que vous le voyez? Si on
ne dissuade pas les gens de prendre l'automobile, ils vont continuer à
le faire.
M. Mathieu: Actuellement, à Québec
particulièrement, on a 250 véhicules à l'heure de pointe,
malgré peut-être quelques rares cas, ces autobus sont remplis. En
dehors de l'heure de pointe, il y a sous-utilisation. Je me dis que si, avec un
système comme cela, on est déficitaire et si on veut encore
transporter plus de gens demain, il faut dire que cela va être encore
à l'heure de pointe, parce que c'est là que les mouvements de
masse se font, ce sera encore avec plus d'équipement. Logiquement, cela
devrait être encore aussi déficitaire.
Si on veut parler de faire ses coûts et de faire ses frais, on va
parler d'augmentation des tarifs. Il y a seulement une façon et c'est
clair. On se pose la question: Est-ce que c'est la rentabilité de
l'entreprise qu'on veut ou si c'est la rentabilité économique ou
socio-économique au niveau d'une région et qu'on se fait des
transferts d'investissements d'un secteur à l'autre ou toutes ces
choses-là?
Je pense que c'est clair que si l'entreprise comme telle est
déficitaire, elle va continuer à être déficitaire et
que ses déficits vont continuer à augmenter. Par contre, si on
veut regarder plutôt la rentabilité économique au niveau de
la région, on est tout de même une entreprise qui transporte des
gens vers des milieux d'emploi, vers des milieux de loisir, vers des centres
d'affaires, ces choses-là, on participe à une vie
économique, on aide cette vie économique et ce sont des
coûts qui sont engendrés.
Les compagnies privées, je suis bien d'accord, faisaient de
l'argent. Mais elles donnaient quand même des services restreints, et
plus cela allait, plus elles donnaient des services restreints, et moins
c'était payant, plus elles réduisaient les services. Je pourrais
sortir ici toutes les coupures de services, la réduction de la
clientèle aussi au niveau de ces compagnies. C'était quelque
chose qui était vrai. C'est pour cela, d'ailleurs, qu'on a pensé
aux commissions de transport, parce qu'à un moment donné on s'en
allait dans un cul-de-sac.
A partir de là, on nous accuse d'être déficitaires
quand celles-là étaient rentables. Mais je pense bien que c'est
mal situer le problème, très mal situer le problème, parce
qu'on ne sait pas où elles seraient rendues aujourd'hui, et à
quel prix pour l'usager.
Il reste qu'hier, on transportait quelqu'un de Boischatel à la
pointe de Sainte-Foy et cela pouvait peut-être lui coûter $1.50 ou
$2 pour s'y rendre; aujourd'hui, cela lui coûte $0.35. Il reste tout de
même des choses qui sont vraies. Dans un territoire de 160 milles
carrés, on transporte nos gens pour $0.35, avec les droits de
correspondance et tout cela. Cela implique tout de même des choses qu'on
a oubliées depuis le temps. Je pense que les gens commencent tout de
même à s'apercevoir de ces affaires-là et que cela apporte
tout de même des éléments positifs au niveau de la
collectivité, le transport en commun. Là, il faut oublier la
rentabilité de l'entreprise comme telle. Elle n'existe plus, elle
n'existera jamais et je pense que c'est très clair. Il faut penser cela
plus globalement.
M. Bertrand: C'est alors qu'on sait que ce n'est plus rentable.
C'est vrai que de penser rentabiliser le transport en commun, c'est, quant
à moi, tout à fait utopique. Mais dès lors qu'on sait
cela, il y a quand même des choix politiques qu'il faut arrêter. Je
ne vous demande pas de les faire. Tantôt, on a presque demandé aux
urbanistes de le faire, ce n'était pas du tout la question, d'ailleurs,
mais, sans être obligé, pour autant, de faire des choix
politiques, vous administrez un service de transport en commun.
De deux choses l'une: ou bien on dit: II faut améliorer le
service de transport en commun et le rentabiliser davantage. A ce moment, on
essaie de convertir la mentalité du citoyen qui est porté vers
l'utilisation de l'automobile pour l'axer vers l'utilisation du transport
collectif. A ce moment, c'est un peu comme si on disait: La
société, mettez-vous au service du transport en commun, parce que
le transport en commun remplirait une fonction sociale qui nous permettrait
peut-être, je ne le sais pas, de respecter un certain nombre de
principes, entre autres, quant à l'écologie, quoique je n'en suis
pas toujours certain. J'ai l'impression, quand je suis un autobus de la
Commission de transport, j en sens davantage que quand je suis dix voitures qui
me précèdent. En tout cas, c'est une autre paire de manches.
Ou bien c'est l'inverse. On dit: Dans la ville de Québec et dans
la région de Québec, c'est bien simple, la voiture permet de se
rendre partout. Faisons notre deuil de la non-rentabilité du trans-
port en commun et ne nous imaginons pas que Québec est
Montréal et qu'à cause de cela, on va pouvoir mettre dans la
région de Québec des services de transport en commun
équivalant à ce qu'on a à Montréal où il y a
vraiment des problèmes de congestion tels que l'individu, tu n'as
même pas besoin de le motiver de ne pas prendre sa voiture, il ne la
prend pas.
En conséquence, on a installé des services de transport en
commun qui lui permettent d'avoir un service suffisant, en tout cas, qui lui
plaît, qui lui plaît assez pour qu'il laisse sa voiture à la
maison. Ici, il n'y a rien à l'heure actuelle qui motive qui que ce
soit, selon moi en tout cas, à laisser sa voiture à la
maison.
M. Mathieu: II est sûr que l'automobile aura toujours sa
place, que ce soit à Montréal, à Québec ou
ailleurs. On a une clientèle qui est tout de même, actuellement,
ce qu'on pourrait appeler une clientèle captive. Il y a tout de
même 45 000 personnes qui, régulièrement, chaque jour,
prennent le transport en commun. On peut accroître cette proportion de
façon assurée, d'abord en offrant de bons services, des services
de qualité, attrayants, rapides. On va en parler avec toutes les
techniques qu'on veut mettre sur pied. Il y a aussi le problème qu'avec
le temps... Je pense que je peux vous référer au rapport sur les
transports au centre-ville de Québec qui prévoit qu'avec les
années, il va y avoir tout de même un accroissement des
déplacements. Même avec le réseau actuel, je me
réfère tout de même à eux, les spécialistes
là-dedans, qui prédisent que le réseau, la structure ou
l'infrastructure routière ne suffira pas à la demande. Je me dis;
C'est alors que le transport en commun connaîtra une congestion, à
un moment donné. Que ce soit aujourd'hui ou que ce soit dans dix ou dans
quinze ans d'ici, il y aura congestion à un moment donné à
Québec, parce que si on prend la décision d'arrêter ou de
laisser comme il est le réseau routier, c'est le transport en commun qui
devra suppléer au déplacement ou au surcroît de
déplacement. Mais si on attend dans quinze ans pour prendre cette
décision, on va être en retard. C'est pour cela que c'est
aujourd'hui dans le fond qu'il faut prendre des décisions au niveau du
transport en commun, de décider des investissements qu'on aura à
y faire pour que demain justement, on n'ait pas à investir dans des
infrastructures qui, au niveau de l'environnement ou au niveau de la
dégradation du milieu ou de tout cela, ont peut-être
contribué à rendre le milieu moins vivable. C'est là qu'on
aura peut-être trouvé la réelle rentabilité du
transport en commun.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau, s'il vous plaît.
M. Guay: Je voudrais à mon tour dire combien je trouve
votre mémoire excellent, notamment les principes qui s'y
dégagent, et combien je regrette au fond que cette perception des choses
qui est, depuis le 15 novembre, partagée désormais par le
gouvernement national du Québec ne soit pas encore malheureusement
partagée par le niveau d'administration qui est le premier responsable
jusqu'à un certain point de l'aménagement du territoire
urbain.
Je veux parler, bien sûr, du niveau municipal, ainsi qu'on a eu
l'occasion de le constater à maintes reprises, notamment lors de la
conférence des priorités régionales de caucus des
députés de la région de Québec où deux
maires de deux importantes municipalités de la région de
Québec ont trouvé le moyen d'affirmer en 1977 que le transport en
commun constituait un service social.
Je voudrais aussi m'inscrire en faux, sans vouloir partir de
débat là-dessus, contre l'affirmation du député de
Charlevoix, suivant laquelle l'autoroute Dufferin correspondait à un
besoin et constituait une chose utile et nécessaire. Je conçois
fort bien que l'autoroute étant là, la commission de transport
l'utilise au maximum; c'est bien normal. Pour ce qui est des citoyens, des
résidents, du comté de Montmorency et du très beau
comté de Charlevoix, lorsqu'ils viennent à Québec, de la
même façon que lorsque je vais dans le beau comté de
Charlevoix, il existe toujours le boulevard de la Capitale et le boulevard
Laurentien. Il n'était pas nécessaire de construire une autoroute
qui impliquait le délogement massif d'une population de tout un
quartier, l'enlaidissement de ce qui était, à mon avis, la plus
belle ville d'Amérique, et qui continue encore à l'être,
mais elle en a mangé un sacré coup, et qui peut le devenir de
nouveau pourvu que le gouvernement et les municipalités agissent en
conséquence. C'est un peu, d'ailleurs, le but de cette commission
parlementaire sur l'avenir de la colline parlementaire.
Sur le mémoire même, il y a une couple de questions qui me
viennent à l'esprit, une qui a été évoquée
par le ministre des Transports. J'aimerais avoir une réponse un peu plus
précise là-dessus. Je parle du projet de déplacement du
ministère du Revenu à la pointe Sainte-Foy. Vous avez
évoqué l'axe privilégié que constituent en
haute-ville la colline parlementaire, l'université, le centre-ville de
Sainte-Foy. Est-ce que cet axe, pour l'instant, s'étend jusqu'à
la pointe Sainte-Foy, ou est-ce que la pointe Sainte-Foy, pour vous, compte
tenu du fait que sous réserve d'inventaire, si on peut dire, le
personnel du ministère du Revenu est un personnel qui habite, en grande
partie, le centre-ville, sous cette réserve... Compte tenu que vous
iriez donc à déplacer beaucoup de gens vers cet endroit, est-ce
que cela constitue un aboutissement de ce parcours privilégié, ou
si, au contraire, on s'en va encore s'établir dans les champs?
M. Mathieu: Là-dessus, je pense qu'il y a tout de
même quelque chose d'extrêmement important qu'on peut souligner.
Nous avons rencontré des gens du gouvernement qui sont venus nous parler
justement du problème de la pointe de Sainte-Foy. A ce moment, nous
avons discuté avec eux. Ils nous ont parlé des restrictions de
stationnement qu'ils voulaient y apporter. Ils voulaient s'assurer que nous
autres, du transport en commun, on
pouvait au moment venu donner les services. Alors, dans ce cas
particulier, c'est tout simplement une extension de notre axe fort est-ouest
à ce moment, et avec les moyens que nous allons y développer
durant les prochaines années, je pense qu'il n'y aura pas de
problème comme tel, parce qu'il est déjà, si vous voulez,
dans l'axe est-ouest. C'est tout simplement au niveau de son prolongement, et
tout probablement aussi avec le développement qui s'y fera à
cause du centre d'emplois, il y a tout de même des gens qui vont vouloir
peut-être aller résider près de leur centre d'emploi. Cela
va tout simplement continuer à nourrir de façon plus
intéressante notre réseau. Cela a été tout de
même quelque chose de bon. Ils sont venus nous voir, nous en parler. A ce
moment, on leur a dit les contraintes qu'on pouvait avoir. Actuellement, ce
sont des contraintes d'équipement, mais là, on règle ces
problèmes. A ce moment, quand l'édifice va être là,
on va être capable de le faire. Ce qui est intéressant aussi,
c'est qu'au niveau du développement ou de l'aménagement de notre
réseau, on a pu identifier d'avance ce développement et dire que
lorsqu'il se fera, ce sera cela, et cela qui s'y rendra. Alors, il n'y aura pas
de difficulté.
Pourquoi? Parce qu'il y a eu concertation ou, au moins, il y a eu
dialogue. Ce n'était pas à nous de prendre la décision,
mais il y a eu un dialogue et, à ce moment-là, je pense qu'on va
pouvoir répondre aux besoins.
Le Président (M. Marcoux): Le député de...
M. Guay: Une seconde...
Le Président (M. Marcoux): Pardon, excusez-moi!
M. Guay: ... j'en ai encore une, si vous permettez, M. le
Président. Dans la rentabilisation et l'utilisation maximale des
véhicules de la commission de transport, vous dites que vous amenez
à la colline parlementaire, le matin en tout cas, des autobus pleins et
que vous repartez les autobus vides; le soir, j'imagine que c'est le processus
inverse. En vue d'équilibrer cela si le gouvernement accordait à
la colline parlementaire une priorité résidentielle
dorénavant, compte tenu de tout ce qui est construit,
c'est-à-dire maintenait et évitait de toucher davantage au
quartier Saint-Jean-Baptiste déjà malheureusement très
lourdement hypothéqué et accordait ailleurs la priorité
aux résidences, tout en établissant des centres administratifs le
long des axes routiers et non pas dans les champs, est-ce que cela serait, pour
vous, une solution qui contribuerait à rentabiliser davantage
l'équipement de la commission de transport?
M. Mathieu: Certainement. Parce que, si on regarde le secteur de
Charlesbourg et qu'on va plus loin, Notre-Dame-des-Laurentides et ces
choses-là, si on développait, par exemple, des résidences
au centre-ville et si on y mettait des centres d'emploi sur l'axe majeur de
transport ou de circulation, il y aurait de fortes chances, à un mo-
ment donné, que les pôles pourraient en venir, avec le temps,
à équilibrer l'utilisation du transport.
M. Guay: Une toute dernière question qui n'est pas dans le
mémoire, mais qui concerne quand même les abords de la colline
parlementaire, jusqu'à un certain point. Il a souvent été
question de faire de Place d'Youville une espèce de terminus, compte
tenu du mode de transport en commun qu'on pourrait être appelé
à développer dans le Vieux-Québec, étant
donné les caractéristiques propres au Vieux-Québec.
Où en sont les choses à l'heure actuelle de ce
côté-là? Quelles sont les perspectives de ce
côté?
M. Mathieu: Bon! Je pense bien que ça va peut-être
éclaircir le point de vue de la commission de transport sur le transport
dans le Vieux-Québec. Il est définitif qu'y mettre une autre
forme ou une autre sorte de véhicule actuellement, dans le
Vieux-Québec, c'est tout simplement une question de protection de
l'environnement où le caractère visuel, un moment donné,
est d'y voir circuler plutôt un véhicule plus petit qu'un gros.
Mais, au niveau de la qualité des services pour l'usager, ce n'est
nettement pas une amélioration, parce que cela va nécessiter un
point de correspondance, peut-être des points d'attente et
peut-être aussi une marche qu'il y aura à faire pour joindre les
services.
Ce qui nous a empêchés de le faire, ce n'est pas ça,
parce qu'on était tout de même prêt à accepter, par
étapes, à habituer l'usager à faire ce point de
correspondance près de Place d'Youville, mais il y a une chose qui est
importante. C'est qu'actuellement, on discute avec certaines
municipalités pour l'aménagement de Place d'Youville pour nous
permettre justement d'établir cette plaque tournante et faire le joint
avec le service des véhicules intermédiaires qui pourraient
circuler dans le Vieux-Québec. Là, c'est une question de temps et
d'investissements. Nous, on est prêt, mais elles n'ont pas les budgets
pour faire l'aménagement. Là, on s'attend l'un et l'autre.
Il y a un autre facteur qui est important. Avec l'autoroute
Dufferin-Montmorency et sa suite vers la colline parlementaire, on a
oublié le piéton là-dedans. On l'oblige à traverser
des axes de transport automobile. Ce n'est pas seulement là. C'est
ailleurs aussi et de façon assez dramatique. On n'a qu'à parler
du boulevard Laurier, face aux centres commerciaux. Les gens sont
obligés de faire des pirouettes monumentales pour essayer d'aller
prendre l'autobus de l'autre bord. Parfois, ils arrivent et l'autobus est
parti. On a oublié le piéton dans tout ça.
On fait de beaux échangeurs pour les automobiles. On fait des
carrefours. Appelez cela comme vous voudrez, mais le piéton
là-dedans, toi, débrouille-toi. Que cela soit le piéton
pour aller d'un point à l'autre ou que cela soit le piéton qui
prendra le transport en commun, cela demeure une personne et, pour elle, on ne
fait pas grand-chose.
On s'est dit: C'est bien de valeur, mais on ne
demandera pas à nos usagers, pour des raisons de faire le joint
entre deux circuits, d'aller faire des pirouettes au carrefour ou autour de
l'autoroute Dufferin-Montmorency. Qu'on fasse un tunnel, qu'on fasse une
passerelle, qu'on fasse ce qu'on voudra, mais si on dépense des millions
pour l'automobile, on est sûrement capable d'en dépenser au moins
un pour le piéton ou l'usager.
C'est cela qui est tout le fond du problème.
M. Guay: Que la ville de Québec vous entende, M. le
Président.
M. Mathieu: Je ne sais pas à qui appartient la
juridiction.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: Ayant travaillé pendant les trois
dernières années au niveau des transports en commun, en
particulier bien sûr dans les liaisons de banlieue, je suis à
même d'apprécier à sa juste valeur votre mémoire sur
le plan technique comme sur les aspects un peu plus généreux que
vous avez soulevés. Je dois dire que j'y concours
entièrement.
J'ai bien aimé en particulier les éléments que vous
avez développés en ce qui concerne la relation entre le
développement urbain et le développement des axes de transport
à savoir que jusqu'à présent, les axes de transport, bien
sûr, ou les moyens de transports sont toujours venus en réaction
à des décisions en matière de développement urbain
qui étaient loin d'être rationnelles en elles-mêmes et
souvent encore moins rationnelles en rapport avec les moyens de transport
possibles et l'efficacité des moyens de transport.
En ce qui concerne quand même la colline parlementaire comme
telle, il n'y a pas simplement une question d'augmentation de la
clientèle, mais il y a aussi l'amélioration du service comme tel.
Je pense qu'on ne pourra pas y arriver à long terme à moins de
remettre dans nos rues les bons vieux tramways.
De ce point de vue, sur les axes importants, le transport en sites
propres, en particulier le tramway moderne nous offrira, je pense, beaucoup
plus de possibilités que ce que nous offre actuellement l'autobus, du
moins sur les axes principaux. Je vois que vous avez commencé à
étudier l'implantation d'un pareil système. Je suppose qu'entre
autres, sur les deux ou trois axes forts en question, il sera possible
bientôt d'avoir vos suggestions à ce sujet.
Vous avez souligné aussi qu'à ce moment, ces moyens
étant plus puissants, pour les rentabiliser, il faudra avoir une
clientèle pour aller avec ces moyens-là et il sera important,
à ce moment-là, de bien calibrer le développement de la
colline parlementaire en termes d'emplois et la capacité des moyens de
transport que nous allons pouvoir envisager dans les cinq, dix ou quinze
prochaines années. La question des horaires flexibles que soulevait le
député de Charlevoix à ce sujet-là est importante,
parce que selon qu'on prend un système d'horaires flexibles ou non, le
calibrage du nombre d'emplois et la capacité du système de
transport est différent. De ce point de vue, je pense que malgré
les remarques très justes, très réalistes qu'a
soulevées le député de Charlevoix, il reste qu'il y a des
expériences assez heureuses qui ont été faites ailleurs et
je ne sais pas pourquoi, finalement, au Québec, on ferait moins bien
que, entre autres, ce qui a été fait dans la région
d'Ottawa-Carleton, de ce côté-là ou dans d'autres grandes
villes, je pense à Washington, etc. Je me fais fort, de ce point de
vue-là, de faire en sorte qu'on finisse, en faisant toutes les
consultations qu'il faut, par établir un système d'horaires
flexibles qui rentabilise au maximum le système de transport en commun.
Je pense qu'on n'aura pas le choix, de toute façon. Les investissements
vont être trop importants, les coûts vont être trop forts et
il va falloir que les gens finissent par modifier tranquillement leur mode de
vie, malgré les difficultés que cela implique. Je pense qu'on va
y arriver. Après tout, comme je le disais, il y a d'autres villes
où l'on y est arrivé durant les dernières
années.
Il y a aussi la question, bien sûr, des fameux parkings. Dans la
région de Hull-Ottawa, le gouvernement fédéral a pris une
politique, une position très stricte de ce côté-là
et très radicale. Tous les ans, il augmente le prix des parkings qu'il
fournit à ses fonctionnaires et je dois dire que de ce
côté-là on a un peu de chemin à faire du
côté du gouvernement québécois. Les prix des
parkings sont dérisoires. Quand on parle de la subvention au transport
en commun, à Québec, on subventionne grassement le transport
privé quand on voit que le prix du parking pour les fonctionnaires n'a
pas évolué depuis plusieurs années et de ce point de
vue-là, il va falloir faire des gestes importants. Non seulement il va
falloir augmenter le coût des parkings et cesser de subventionner
indirectement le transport privé, mais je pense aussi qu'il va falloir
adopter la politique fédérale qui a été de
réduire graduellement le nombre même des parkings disponibles: On
a fermé des parkings. On a augmenté le prix d'un
côté et on a diminué graduellement, 2%, 3%, 4%, 5% chaque
année, on diminue le nombre de parkings disponibles. Alors, tous ces
éléments doivent être pris en compte dans
l'aménagement de la colline parlementaire pour que, d'une façon
la plus précise possible, on calibre très bien notre futur
système de transport en sites propres, parce qu'il va falloir y venir.
Cela va augmenter la capacité, cela va augmenter le confort, donc
l'attrait du système et le développement de la colline
parlementaire.
De ce point de vue-là, je ne suis pas certain, et vous l'avez
mentionné dans votre mémoire, c'était la première
question du ministre des Transports, s'il ne faut pas, d'une certaine
façon, augmenter un peu, encore dans des limites acceptables, bien
sûr, le nombre d'emplois, de bureaux sur la colline parlementaire. Mais
on le verra quand on sera en mesure de voir quelles sont les capacités
que vous pouvez nous donner, quel est le niveau optimal de
rentabilité et quel est le niveau optimal, donc, des espaces de
bureaux ou résidences qui vont nourrir tout ça.
On voit qu'il faut des actions précises, concrètes, pas
simplement des voeux pieux pour que la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec et le gouvernement du Québec
et les autres intervenants privés, mais c'est surtout le gouvernement du
Québec et, bien sûr, la ville de Québec, calibrent
très bien leur volume d'emplois dans le centre-ville, tout en respectant
entre autres les axes forts dont vous avez parlé pour essayer
d'établir un système de balancier qui rentabilise l'ensemble,
quoique, là-dessus, j'aie mes réserves, comme le
député de Charlevoix, il y a peu de villes qui ont réussi,
malgré tout, à réaliser ça, mais sur l'axe du
boulevard Saint-Cyrille, il y a moyen de le faire. Je suis moins optimiste en
ce qui concerne l'axe de Charlesbourg, parce que, de toute évidence, ce
serait incroyable de penser à implanter un centre d'emplois important
dans la région nord de la capitale actuellement.
Tout cela, ce me semble des choses intéressantes. Je voudrais
terminer simplement sur les éléments qu'a apportés mon
collègue de Vanier, tout ça implique un changement de
mentalité. Ce n'est pas simplement technocratique ou technique, ces
choses-là. Il y a peut-être eu des erreurs qui ont
été faites, où on a répondu à des besoins
dans un cadre mental aussi qui était différent et qui a
évolué dramatiquement peu après ces décisions. Je
pense que l'ancien ministre des Transports est d'accord là-dessus, si
l'autoroute Dufferin-Montmorency n'avait pas été commencée
il y a trois, quatre ou cinq ans, je pense qu'il n'y a personne aujourd'hui qui
proposerait de construire une pareille autoroute. C'est vrai que l'autoroute
répondait à des besoins, mais répondait mal, d'une
mauvaise façon, à ces besoins. On aurait pu y répondre
d'une autre façon.
Là encore, je ne veux pas critiquer inutilement ce qui s'est fait
dans le passé; dans le temps, il y avait une mentalité et on
pensait que seulement le transport urbain, au fond, motorisé,
privé, serait la solution. Aujourd'hui, je pense qu'on se rend compte
qu'on a fait une erreur de bonne foi, dans un sens, et je ne veux pas
blâmer mes prédécesseurs de ce côté. Mais on a
mal répondu, on s'en rend compte aujourd'hui, à un besoin
réel. On aurait pu y répondre d'une autre façon, à
un coût beaucoup moins élevé, en favorisant un
système de transport en commun plus efficace, où le réseau
urbain de rues actuelles aurait pu voir sa capacité effective augmenter
et donc répondre aux besoins réels.
Il reste qu'il va falloir changer puisque, de toute façon, si on
ne change pas, les mêmes problèmes auxquels on a répondu
temporairement par ce nouveau réseau d'autoroutes vont se retrouver,
quand la capitale va avoir doublé, à toutes fins pratiques, de
population, d'ici une vingtaine d'années. Il faut donc, dès
maintenant, prévoir le nouveau système dont vous avez
parlé.
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Mathieu: Si on veut me permettre, en terminant. Pour la
colline parlementaire, il reste que l'an prochain, nous allons adopter des
mesures intéressantes. Nous allons déplacer des circuits qui
avaient leur point d'arrêt à la basse-ville. Nous allons
maintenant les diriger vers la colline parlementaire, pour permettre à
tous les gens qui y travaillent de pouvoir s'en aller chez eux plus
facilement.
Par exemple, il y a des parcours qui arrêtent à Place
Jacques-Cartier, que nous allons amener jusqu'à la colline
parlementaire. On va y faire une plaque tournante intéressante. Cela va
faire la jonction entre le plateau de la haute-ville et l'axe nord-sud de la
basse-ville.
Je pense que nous avons essayé, dans tout cela, de créer
une nouvelle image du transport, d'enlever un peu la poussière qu'il y
avait sur la formule du transport en commun, qui était plutôt
vieillotte; on veut aussi travailler énormément à
sécuriser l'usager par nos kiosques d'information et ces
choses-là. Je sais bien qu'un réseau de transport en commun,
c'est toujours complexe. L'usager comme tel veut se sentir sécuritaire,
même celui qui ne prend l'autobus qu'occasionnellement. Je pense bien
qu'avec tout cela et surtout avec les solutions que le gouvernement
préconise, additionnées avec le dialogue et la
compréhension de tout le monde, on va finir par réussir.
M. Mailloux: M. Mathieu, une question d'information. Sur
l'ensemble des voyageurs qui circulent sur les routes que vous desservez, quel
a été le nombre de personnes qui ont été
blessées?
M. Mathieu: Qui ont été blessées? M.
Mailloux: Oui, dans le transport. M. Mathieu: Dans le transport?
M. Mailloux: C'est insignifiant.
M. Mathieu: Disons qu'à part les accidents qui peuvent
arriver avec des automobiles, malheureusement, il y a des incidents. Il y a des
gens qui, à l'occasion, peuvent trébucher, peuvent se blesser,
mais dans l'ensemble, des choses majeures, je pense qu'il y en a...
M. Mailloux: Ce que je veux vous faire dire, c'est que par
rapport au volume de personnes que vous transportez, c'est un des transports
les plus sécuritaires qu'il y a.
M. Mathieu: C'est quasiment...
M. Bertrand: C'est un élément à ajouter
à votre excellent discours de l'autre jour, M. le député
de Charlevoix.
M. Mailloux: Exact.
M. Lessard: M. le Président, très
brièvement,
je voudrais féliciter, au nom de tous mes collègues, le
président de la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Québec pour son excellente intervention.
Je n'ai pas le plaisir de le connaître personnellement, puisque
nous devions nous rencontrer et que nous avions dû annuler en fait notre
rencontre, mais j'espère être capable, d'ici quelque temps, avec
le ministre des Affaires sociales d'ailleurs, qui avait sollicité cette
rencontre, de vous rencontrer et d'échanger beaucoup plus longuement sur
le transport en commun. Merci beaucoup!
M. Mathieu: On vous remercie infiniment.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie au nom de tous
les membres de la commission. Maintenant, si la commission est d'accord pour
prolonger ses travaux, nous allons entendre M. Claude Dubé et Mme
Andrée Gendreau. Ce sont deux courts mémoires, si vous êtes
d'accord. Est-ce qu'il y a accord de la commission? On pourrait accorder une
demi-heure, jusqu'à 11 h 30.
La commission est maître de ses travaux. Elle peut les prolonger
jusqu'à 11 h 30, minuit, comme elle le veut. Est-ce qu'il y a accord
pour prolonger la commission jusqu'à 11 h 30?
M. Lessard: Cela dépend. J'aimerais bien avoir une
réponse de M. Dubé. C'est que son mémoire est quand
même un mémoire assez étoffé, qui a quatorze pages.
Mme Gendreau a aussi un mémoire qui est un extrait de sa thèse
intitulée: Anthropologie culturelle de l'espace, étude
comparative des deux lieux touristiques. Si on fait la lecture intégrale
de ces deux mémoires, cela peut être très long. En fait,
s'il n'y avait pas de problème de votre côté, étant
donné le déplacement qu'on vous impose et surtout étant
donné le fait que le mémoire de la Commission de transport de la
Communauté urbaine a été un sujet assez long, et je pense
que c'était assez important que la commission parlementaire puisse
interroger cet organisme qui est un organisme clef dans l'élaboration
d'une politique de la colline parlementaire, si vous n'aviez pas d'objection,
étant donné qu'il est quand même 11 h 5 et que la plupart
des députés sont en réunion ou à différents
comités depuis 8 heures ou 9 heures ce matin, on pourrait, je pense, M.
le Président, retarder à demain...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que, M.
Dubé...
M. Lessard: ... à moins qu'on puisse dans l'espace de 25
minutes passer à travers les mémoires.
Le Président (M. Marcoux): M. Dubé, pourriez-vous
revenir à un autre moment, soit cette semaine ou la semaine prochaine,
à un moment que le secrétariat des commissions
déterminerait?
M. Dubé: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): C'est possible?
M. Dubé: Oui.
Le Président (M. Marcoux): C'est bien d'accord. Est-ce que
Mme Gendreau est ici?
M. Dubé: Je ne crois pas. De toute façon, je ne
crois pas qu'il y ait de problème de sa part, non plus.
Le Président (M. Marcoux): De sa part, non plus. Alors, la
commission ajourne ses travaux à demain après-midi, après
les affaires courantes.
(Fin de la séance à 23 h 8)