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(Quinze heures quinze minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
La commission élue permanente du travail se réunit aux
fins d'examiner l'administration et le fonctionnement de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail.
Sont membres de cette commission: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Cusano
(Viau), M. Dean (Prévost), M. Fréchette (Sherbrooke), Mme Harel
(Maisonneuve), M. Lafrenière (Ungava), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Pagé (Portneuf), M. Baril (Arthabaska), M. Maltais (Saguenay), M.
Champagne (Saint-Jacques), M. Champagne (Mille-Îles).
Les intervenants sont: M. Sirros (Laurier), M. Côté
(Charlesbourg), M. LeMay (Gaspé), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Mme
LeBlanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine).
Le rapporteur de la commission est le député d'Ungava.
Lorsque nous nous sommes laissés hier, nous en étions
à entendre le comité de direction de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Nous étions
rendus à la période des questions et, M. le ministre, vous aviez
la parole.
Comité de direction de la CSST
M. Fréchette: Merci, M. le Président. Si vous me le
permettiez, avec le consentement de mes collègues de l'Opposition, je
transférerais immédiatement mon droit de parole à Mme la
députée de Maisonneuve qui doit rapidement nous quitter. Elle a
manifesté le désir de poser quelques questions et je lui
cède mon droit de parole, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: II va de soi qu'avec toute la
déférence que nous avons pour la députée de
Maisonneuve, on ne peut que souscrire à une invitation si aimablement
formulée. Nous sommes d'accord.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci beaucoup, M. le Président. Merci aussi
à mes collègues de la commission. M. le président de la
CSST, on s'était quitté, à la séance de mercredi,
en se disant qu'on reviendrait sur la question du retrait préventif et
des traitements de physiothérapie. J'ai regretté de manquer votre
exposé hier, mais, malheureusement, j'avais pris des engagements et il
m'était absolument impossible de me libérer. On m'a dit que vous
avez fait valoir que la grille -dont plusieurs groupes ont parlé au
cours de cette commission - qui est en usage dans les départements de
santé communautaire, tout au moins à Montréal, et qui ne
devrait pas l'être, semble-t-il, selon l'exposé que vous avez
fait, n'est pas encore adoptée par la commission.
Mes questions seraient les suivantes. Compte tenu de la décision
récente de la Commission des affaires sociales dans un cas
d'interprétation de l'expression "conditions de travail" qu'on retrouve
à l'article 40, quelle sera maintenant la réaction de la CSST
quant à l'application de l'article 40? D'autre part, puisqu'il y a des
travailleuses... Je pense avoir signalé que je connais des personnes qui
travaillent actuellement dans une usine malgré que leur médecin
traitant leur ait signé un certificat de maintien à la maison
parce que le département de santé communautaire a appliqué
la grille. Alors, comment entendez-vous réagir pour que ce qui ne
devrait pas être ne se fasse pas?
M. Bernier (Lionel): Quant à la question de la
décision de la Commission des affaires sociales, il s'agit d'une
décision qui a été rendue dans un cas où il y avait
à la fois des conditions personnelles et des conditions reliées
au poste de travail de la travailleuse. Dans ce cas, c'était douteux. Le
bureau de révision n'avait pas reconnu qu'il s'agissait d'un retrait
préventif. La Commission des affaires sociales a donné le
bénéfice du doute et l'a reconnu. Il ne s'agit pas d'une
décision qui porte sur les conditions purement personnelles et qui
pourrait donner à la commission une orientation différente de
celle qui existe actuellement. Il ne s'agit donc pas d'un cas de jurisprudence
sur les conditions purement personnelles. Comme vous le savez, la commission
indemnise ou accorde le retrait préventif dans les cas où le
danger du poste de travail est relié soit au poste de travail
lui-même ou à des conditions personnelles associées aussi
au poste de travail. Dans le cas qui nous occupe, la travailleuse devait rester
debout
pendant plusieurs heures dans la journée. C'est sur cette
question que la Commission des affaires sociales a renversé la
décision de première instance.
Mme Harel: C'est donc dire qu'à la CSST cette travailleuse
s'était d'abord vu refuser son congé et avait dû porter en
révision son cas devant la Commission des affaires sociales.
M. Bernier: Oui.
Mme Harel: À ce moment-là, la Commission des
affaires sociales a décidé que devait être retenue
l'interprétation large d'une conjugaison entre l'état personnel,
la situation particulière et les conditions du milieu, le" conditions de
travail. Est-ce que je dois entendre que c'est maintenant cette
interprétation large que vous allez retenir?
M. Bernier: C'est l'interprétation qu'on a toujours
retenue, lorsque les conditions personnelles de la travailleuse sont
associées à des conditions liées à son poste de
travail, par exemple, lorsqu'il se présente des problèmes
ergonomiques, station debout, station assise, qui peuvent présenter des
dangers pour la travailleuse. Dans ces cas, on a toujours accordé le
retrait préventif. Il y a, bien sûr, des cas qui sont à la
limite comme celui-là.
Là où le retrait préventif n'est pas accordé
et où il n'y a pas de jurisprudence, c'est lorsque ce sont des
conditions personnelles uniquement. Je ne veux pas m'embarquer dans des
détails médicaux, mais, lorsqu'on parle de grossesse à
risques multiples, où la travailleuse doit cesser tout travail,
indépendamment du poste de travail, que cela n'a aucun rapport avec le
travail en soi et qu'elle doit arrêter de travailler, qu'elle doit
être immobilisée pour une période X, dans ces cas, le
retrait préventif n'est pas accordé.
Si vous me permettez, concernant le délai entre l'appel à
la Commission des affaires sociales, si on peut porter ce jugement, il y a un
problème sur le plan de la législation et il serait probablement
préférable qu'il y ait des dispositions qui prévoient que,
dans ces cas, l'appel à la Commission des affaires sociales puisse
être instruit et jugé d'urgence, puisqu'il s'agit d'une situation
d'urgence.
M. Sauvé (Robert): Quant aux DSC, madame, je pense que
c'est bien important, ce que j'ai dit hier soir. C'est pour vous situer dans
tout le débat, si vous me le permettez; ce ne sera pas long. Le 23 mars,
il y avait eu une réunion des représentants des DSC de la
région de Montréal avec des représentants des services
médicaux de la commission de la région de Montréal et de
là est sorti un procès-verbal. Par la suite, un document de
travail a été envoyé sur le terrain pour consultation. Il
n'a jamais été approuvé ni par le vice-président ni
par la commission, parce que c'est une politique qui doit aller dans le manuel
de la réparation. Par voie de conséquence, ce n'est pas un
document, selon nous, qui existe et on doit continuer, à notre point de
vue, la politique de l'appliquer cas par cas, selon le cas.
Qu'est-ce qu'on peut faire maintenant pour corriger la situation? Vous
savez qu'on n'a aucun pouvoir pour intervenir sur un acte médical. Je
pense que tout le monde doit comprendre que la commission ne peut pas
intervenir dans ce domaine, mais ce que nous pouvons faire, et c'est ce que
nous allons faire, c'est qu'il y a régulièrement dans les
régions ce qu'on appelle, dans notre jargon, des tables de concertation,
c'est-à-dire que les DSC, les gens du milieu de la santé, nos
gens, tous les intervenants sur les politiques de santé dans une
région se réunissent régulièrement pour essayer de
coordonner leurs efforts, d'avoir des interventions uniques et, autant que
possible, d'aller dans le même sens. Il y a une deuxième chose qui
se fait assez régulièrement également, ce sont des
rencontres d'un comité qu'on appelle le MAS-CSST qui discute des
problèmes de la santé au travail et de tous les problèmes
que nous pouvons avoir avec le réseau de la santé du
Québec.
À ces deux tables, madame, nous pouvons vous dire facilement que
nous allons soulever la question selon laquelle cette politique n'a jamais
été adoptée et, autant que possible, il faudrait attendre
qu'il y ait une politique adoptée avant de procéder à quoi
que ce soit. Je ne pense pas qu'on puisse intervenir dans l'acte médical
qu'un médecin d'un DSC va poser. Malheureusement, il peut y avoir des
cas, comme vous le dites, qui vont en subir les conséquences, mais je ne
vois pas, à moins que vous n'ayez des suggestions heureuses, comment on
peut aller plus rapidement.
Mme Harel: Vous savez, on pourrait se répéter que
le cheval blanc de Napoléon est noir et il ne le serait pas pour autant.
Là, on peut se dire que ce manuel appliqué n'est que pour
consultation, mais il est appliqué. Il est appliqué à un
point, en fait, très visible puisque, si on téléphone dans
les départements de santé communautaire, malgré que le
médecin traitant ait recommandé un congé, un retrait
préventif, on va vous dire non, parce que cela ne correspond pas aux 25
semaines. Il devrait n'être qu'un document pour consultation, mais c'est
un document qui reçoit actuellement une application et une application
très mécanique. J'ai copie de ce Manuel des politiques de la
réparation - c'est son titre - et c'est daté de juillet 1983.
Je
vois que c'est approuvé; c'est indiqué que c'est
approuvé par le vice-président à la réparation sans
qu'il y ait la signature de M. Bernier.
Il reste qu'il est appliqué. Par exemple, ici on dit: Dans tel
cas, un retrait peut être accordé au début de la 29e
semaine. Ici, on dit: La 20e semaine, la 29e, la 25e et on fait entrer les cas
particuliers dans cette grille, actuellement. Je pense que cela va être
important pour l'ensemble des intervenants médicaux de savoir qu'ils ne
sont pas du tout liés, que les analyses doivent se faire cas par cas
dans le cas du retrait préventif parce que je pense que vous avez
cité des chiffres qui démontraient qu'il y avait un très
fort pourcentage des demandes qui était accepté, mais cette
grille est en usage depuis tout récemment. On n'a pas les chiffres les
plus récents à la suite de l'application qu'on peut faire de
cette grille.
M. Sauvé: On m'informe que nous allons écrire
à tous les CH-DSC de la province, les 32, pour leur dire qu'il n'y a pas
de grille, quant à nous, et qu'on ne doit pas appliquer cette grille. Je
ne pense pas qu'on puisse faire plus que cela tant qu'il n'y aura pas une autre
réunion. Cela se peut, madame, malheureusement, même si on dit
cela, qu'il y ait encore des gens qui l'appliquent. Je vois que,
déjà, il y a des régions qui ne l'appliquent pas. Je pense
qu'on ne pourrait pas intervenir plus loin dans un acte médical.
Mme Harel: Je vous remercie d'agir immédiatement parce que
je pense que cela s'impose dans les circonstances.
Un dernier aspect, M. le Président, la question des traitements
en physiothérapie. Lors de la présentation du mémoire de
la Corporation professionnelle des physio-thérapeutes - et
peut-être, justement, en avez-vous fait mention hier - il a
été dit qu'il ne fallait pas confondre les journées de
traitement avec les journées d'indemnisation et que les montants qui ont
l'air astronomique au premier abord, tels ceux cités par Ghislain
Dufour, notamment, lors de l'audition du conseil d'administration,
c'est-à-dire 50 000 000 $... En fait, on a dit qu'il fallait ventiler
ces sommes de façon à y retrouver un montant beaucoup plus
modeste au niveau des traitements physiothérapeutiques eux-mêmes.
C'est le cas, j'imagine. Donc, c'est beaucoup plus modeste que ce qu'on a voulu
ou que ce que les médias d'information en ont dit. C'est un montant
d'environ 10 000 000 $, je pense, qui est affecté aux traitements
eux-mêmes. (15 h 30)
M. Sauvé: Madame, si vous me le permettez, les coûts
de la physiothérapie, en 1983... Évidemment, c'est une
prévision basée sur les neuf premiers mois étendue sur les
douze mois. Les coûts de 1982 - c'est une année complète -
sont de 71 642 556 $. Ce sont les coûts totaux de la médecine
physique. En 1983, c'est 79 248 000 $. Le coût des traitements
eux-mêmes, en 1982, 14 258 000 $; en 1983, 12 506 000 $. Le coût de
l'ITTM - de l'incapacité totale temporaire - en 1982, 44 353 000 $. Je
vous donne les chiffres ronds. En 1983, 54 575 000 $. Le coût de
l'attente, en 1982, 13 131 000 $; en 1983, 12 206 000 $. Je pourrais vous le
donner par région, mais je pense que ce serait fastidieux.
Vous voyez que, comme la politique a tardé à être
adoptée, les mesures d'économie sur ce plan sont moindres que
prévu, mais ce qui est important, je pense, c'est que ce n'était
pas uniquement une question d'économie. C'était une question de
traitements et de qualité de traitements pour s'assurer qu'il n'y avait
pas de problème. On voit qu'il y a encore des problèmes
d'attente, en particulier dans la région de Montréal. Je dirais
à Montréal, parce que, dans les autres régions...
Évidemment, quand vous avez des villes comme Laval, Longueuil et
Québec... Vous savez que Montréal, Laval, Longueuil et
Québec, pour nous, c'est 80% de notre clientèle. Quand vous
prenez des régions comme l'Abitibi, le Bas-Saint-Laurent, l'Estrie, la
Côte-Nord, l'Outaouais, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Mauricie, toutes
ces régions ensemble représentent 20%. Il faut toujours regarder
où sont les vrais problèmes. Sur le plan de l'attente, c'est
à Montréal.
Ce que nous essayons de faire, c'est de voir si nous ne pourrions pas
avoir ce qu'on appelle des liaisons électroniques directes avec
l'hôpital pour s'assurer qu'il n'y a pas de gens en attente qui
pourraient être soignés ailleurs ou de gens qui ne se
présentent pas et qui devraient se présenter, parce qu'il y a
aussi ce phénomène. J'imagine que, lors de la tempête de
mercredi, il ne devait pas y avoir beaucoup de gens qui se sont
présentés à l'hôpital. Ce sont toutes ces choses
qu'il faut regarder. J'espère que cela répond à votre
question, madame.
Mme Harel: Oui. Je pense que la commission a rendu publique
dernièrement une politique concernant la physiothérapie et cette
politique - je pense que vous en avez fait état - prévoit la
possibilité d'un traitement cas par cas. Vous nous avez dit: La
règle des 21 jours, ce n'est pas une règle mécanique,
implacable. Cela peut laisser place à un diagnostic et à un
traitement différents. Je voudrais, non pas mettre en doute votre
affirmation, mais en vérifier la faisabilité. Tenons pour acquis
que cela puisse être utile. J'imagine que, dans des cas de pathologie,
à certains moments, non seulement cela peut être utile, mais cela
peut être nécessaire. Je ne sais pas. On m'a
beaucoup parlé du traitement de la douleur. Il n'y a pas
simplement le traitement des pathologies, mais il y a aussi un traitement de la
douleur qui peut être essentiel. On m'a souligné notamment que les
sportifs sont toujours accompagnés plus ou moins de
physiothérapeutes qui peuvent intervenir au besoin, dans
l'immédiat. Admettons donc cette hypothèse et que cela soit
nécessaire pour un patient. Il reçoit de son médecin
traitant, j'imagine, un papier lui disant qu'il a besoin de soins. À ce
moment-là, il doit aller chercher l'autorisation à la CSST.
Va-t-il directement au centre hospitalier recevoir les soins?
M. Sauvé: Vingt traitements, madame. Si vous me le
permettez, je vais vous expliquer un peu la politique. Avant d'adopter la
politique, le conseil a été frappé par les points de vue
divergents de la Corporation des physiothérapeutes, de l'Association des
physiatres et de l'Association des orthopédistes. Entre eux, ces gens
n'avaient pas le même point de vue, sauf que tous les médecins qui
étaient présents, tant les experts de la partie patronale que les
nôtres et les médecins physiatres ou orthopédistes,
s'entendaient pour dire qu'il fallait attendre vingt jours avant de commencer.
Les physiothérapeutes prétendent qu'on devrait commencer avant.
Alors, on dit: sur ordonnance médicale, ils peuvent commencer avant.
Une fois que la personne a reçu vingt traitements, là, on
dit: Un instant, il faut revenir pour savoir si vous pouvez continuer.
Pourquoi? On n'a rien inventé. En Allemagne, l'équivalent de la
RAMQ ici paie six traitements, une deuxième fois six traitements et une
troisième fois, dix-huit traitements au maximum. L'équivalent de
la CSST en Allemagne, c'est trente traitements au maximum.
Nous en avons parlé à un certain nombre de personnes, des
physiothérapeutes, etc., et on nous dit qu'après dix traitements
il faut vraiment se demander si cela doit continuer ou non. Regardez la
politique à la page 6, madame: Tout dossier d'un
bénéficiaire référé en physiothérapie
ou en ergothérapie doit faire l'objet d'une justification des
traitements, diagnostics et références par son médecin
traitant. Le travailleur a le choix de son centre hospitalier ou de son centre
d'accueil à l'intérieur de sa région administrative;
toutefois, ce choix doit tenir compte des réalités
régionales. Cependant, la commission dirige le
bénéficiaire à l'établissement qu'elle
désigne lorsque celui-ci ne peut être traité dans un
délai normal et raisonnable maximum dix jours de calendrier - sous
réserve des ententes spécifiques prévoyant des
délails plus courts.
Toute nouvelle référence en physiothérapie ou en
ergothérapie pour un bénéficiaire récemment
traité ou évalué à la demande de la commission ne
peut être considérée à moins
d'éléments nouveaux au dossier. La commission retient l'opinion
du médecin évaluateur. Toute prolongation des traitements
au-delà de vingt jours d'incapacité totale temporaire ou de vingt
séances de traitement - l'un ou l'autre -selon la période la plus
courte, doit faire l'objet d'une autorisation par la commission.
Au départ, on dit... Je cherche l'endroit où on dit qu'on
peut commencer avant le 21e jour. Je pense que la politique a été
adoptée après l'audition de tout le monde. Je pourrais: En phase
d'inflammation et de réparation, la physiothérapie ou
l'ergothérapie n'a pas prouvé son utilité
thérapeutique; toutefois, la commission retient la possibilité de
situations particulières.
On a essayé de tenir compte du point de vue de tous les
spécialistes qui sont venus s'exprimer, mais vous savez que, sur ce
plan, les gens ne s'entendent pas nécessairement tous.
Mme Harel: C'est donc dire qu'il y a un traitement qui suit
l'ordonnance médicale du médecin traitant jusqu'à
concurrence d'un maximum d'une vingtaine d'interventions...
M. Sauvé: Vingt.
Mme Harel: ...à la suite de quoi il doit y avoir
autorisation du médecin de la CSST.
M. Sauvé: Cela prend une nouvelle évaluation.
Mme Harel: Une nouvelle évaluation du médecin
évaluateur qui est à ce moment-là le médecin
à la CSST, j'imagine, au bureau régional.
M. Sauvé: Non, le médecin traitant, madame.
Mme Harel: Le médecin évaluateur, c'est le
médecin traitant? C'est le médecin de la CSST.
M. Bernier: Dans ce cas, après vingt jours, on demande au
médecin qui a référé le patient en
physiothérapie de le voir et de justifier pourquoi les traitements de
physiothérapie devraient se poursuivre. C'est à partir de cette
justification qu'on va autoriser les traitements, mais c'est à la
demande du médecin qui l'a référé. On ne demande
pas de changer de médecin, c'est à la demande du médecin
qui l'a référé en physiothérapie. En somme, on
oblige le médecin à revoir son patient après vingt jours
de façon que le bénéficiaire ne traîne pas en
physiothérapie pendant six mois ou un an sans que son médecin le
voie aussi
régulièrement qu'il le faudrait.
Mme Harel: Je crois comprendre que le médecin qui l'a
référé revoit le patient. Il peut, oui ou non, lui donner
une nouvelle ordonnance pour poursuivre les traitements. S'il le fait, à
ce moment-là, le patient va chercher une autorisation au bureau
régional.
M. Bernier: Non, pas nécessairement. Dans ces cas, le
médecin du bureau régional va communiquer avec le médecin
traitant et, si le médecin traitant dit: Je prolonge, cela va se faire
automatiquement. D'ailleurs, c'est un des aspects qui nous amènent aussi
à vouloir établir des liens électroniques avec les
hôpitaux, de façon qu'il n'y ait pas de retard. Ce qu'on fait
actuellement, c'est qu'on essaie d'établir des procédures qui
feront, dans la mesure où le travailleur peut revoir son médecin
rapidement, qu'il n'y aura pas de retard entre le moment où il a vu son
médecin qui lui prescrit de retourner en physiothérapie et
l'autorisation. En somme, l'autorisation va devenir une question verbale
beaucoup plus que par des écrits. On n'a pas l'intention
d'établir des mécanismes écrits à ce niveau, mais
tout simplement une autorisation qui serait donnée par le
médecin.
Mme Harel: Vous nous dites que, s'il y a une nouvelle
prescription du médecin traitant, c'est quasi automatique pour
l'évaluation de la CSST que cela se poursuit? Là, vous
tentez...
M. Bernier: Dans la mesure où c'est justifié. Si le
médecin, par exemple, ne justifiait pas la poursuite des traitements...
On demande deux choses. On demande d'évaluer le résultat des 20
premiers traitements que le travailleur a reçus et de nous dire, dans un
premier temps, si, selon le plan de traitements qu'il avait prévu, cela
a donné des résultats ou non et, dans un deuxième temps,
on dit: Pourquoi pensez-vous qu'il doit continuer à en recevoir? Est-ce
qu'à cause de conditions personnelles, il guérit moins vite que
vous ne l'aviez prévu ou moins vite que l'ensemble de la population ou
des choses du genre et qu'il a besoin de 20 jours additionnels pour
compléter sa guérison? Mais ce qu'on va exiger dans le rapport -
c'est ce que spécifie la politique - c'est une qualité dans les
rapports médicaux qui seront produits et qui vont autoriser la
physiothérapie. On n'acceptera pas de dire: Références en
physiothérapie, lombalgie, références en
physiothérapie comme avant, où tout le monde s'en allait en
physiothérapie pour n'importe quoi. Là, on va exiger en somme que
les médecins aillent plus loin et que ce soit médicalement
justifié, tant l'arrêt que la poursuite.
Mme Harel: C'est inscrit dans un rapport médical. Vous
dites actuellement qu'il peut y avoir un problème de délais,
parce que le patient apporte lui-même son rapport médical au
bureau régional.
M. Bernier: Oui, on est en train d'établir effectivement
des procédures pour, d'abord, ne pas obliger le travailleur à se
promener d'un endroit à l'autre, pour établir des communications
directes entre le médecin traitant et le médecin de la commission
qui feront que le travailleur pourra aller directement en physiothérapie
sans avoir à venir faire estampiller un rapport à la
commission.
Mme Harel: Merci. On aura l'occasion de se revoir sans doute en
février. S'il y a lieu, on reviendra sur cette question.
Le Président (M. Gagnon): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'ai eu l'occasion
de l'indiquer hier soir, mes collègues et moi-même souhaitons
pouvoir aborder avec M. le juge Sauvé ou ses vice-présidents des
secteurs particuliers de l'intervention de la commission. Hier soir, j'avais
amorcé avec M. Bertrand des questions portant sur l'association qui a
été formée dans le secteur de l'automobile. Est-ce que
vous avez les réponses, M. Bertrand?
M. Bertrand (Jean-Louis): Effectivement, voici les informations
que j'ai obtenues. On m'indique que des informations complémentaires
vont nous parvenir pendant que nous siégeons, provenant de l'association
elle-même. Or, dans le cas de l'association sectorielle du service
automobile, la lettre d'entente au conseil d'administration a été
adoptée en décembre 1982. Les budgets, en 1983, pour six postes,
comme je vous l'avais indiqué hier, sont de 382 554 $ et les budgets
demandés pour 1984, sujets à l'approbation par le conseil
d'administration, comme je vous l'ai indiqué, c'est une demande de onze
postes pour un budget de 676 122 $. Quant à la date...
M. Pagé: La lettre d'entente est de décembre
1982?
M. Bertrand (Jean-Louis): Oui.
M. Pagé: C'est cela. Il y a six postes en 1983? (15 h
45)
M. Bertrand (Jean-Louis): Six postes en 1983 et onze postes
demandés en 1984.
M. Pagé: Six postes, cela coûte...
M. Bertrand (Jean-Louis): 382 554 $, ce qui comprend les
traitements, les avantages sociaux, les frais de déplacement et
l'équipement de base pour le local, etc.
M. Pagé: La partie des frais administratifs, local,
fourniture de bureau par rapport au reste, c'est quoi?
M. Bertrand (Jean-Louis): Je n'ai pas les détails de
l'ensemble du budget. Je devrais l'avoir avec les informations qui vont me
parvenir tantôt.
M. Pagé: D'accord.
M. Bertrand (Jean-Louis): II aurait fallu que j'aie en main, vous
comprenez, le dossier complet de la demande de subvention pour 1984 au niveau
de chacun de ces détails, mais je pourrai les fournir en déposant
la copie de la demande budgétaire déposée par
l'association. Elle va être d'ailleurs déposée au conseil
d'administration avec ces éléments.
M. Pagé: C'est combien pour 1984?
M. Bertrand (Jean-Louis): 676 122 $.
Quant au montant qui sera octroyé par le conseil
d'administration, c'est lui évidemment qui en décide.
M. Pagé: M. Sauvé en a peut-être une petite
idée.
M. Sauvé: Non, monsieur, parce que le budget va être
déposé jeudi prochain. C'est comme cela à tous les ans. Il
est toujours déposé en décembre pour le budget de
l'année suivante. Il est adopté, comme j'ai expliqué
l'autre jour, avec le conseil d'administration en janvier ou en février.
Je pense que c'est tout à fait selon la coutume.
M. Pagé: On reviendra sur le budget tout à l'heure,
d'ailleurs.
M. Sauvé: Certainement.
M. Bertrand (Jean-Louis): Au niveau du processus, la permanence
de la commission reçoit le budget demandé par l'association, en
fait une analyse et dépose auprès du conseil d'administration le
budget demandé avec l'analyse de la permanence indiquant si cela
répond aux principaux critères. C'est le conseil d'administration
qui décide du montant accordé et ensuite, évidemment, la
somme est transmise aux associations selon des versements périodiques.
Le nombre de rencontres du comité préincorporatif, on m'indique
que, dans le cas du service automobile, c'était de treize, et le nombre
de réunions du conseil d'administration, le comité
préincorporatif... Il y a eu un certain délai entre la
publication du secteur et la date de l'assemblée
générale.
M. Pagé: M. Bertrand, combien de réunions...
M. Bertrand (Jean-Louis): Du comité
préincorporatif, treize...
M. Pagé: C'est le groupe qui a formulé la
demande.
M. Bertrand (Jean-Louis): Je m'excuse.
M. Pagé: C'est le groupe qui a formulé la demande.
Ce sont les représentants du groupe qui ont formulé la
demande.
M. Bertrand (Jean-Louis): Oui. Je vais vous expliquer
tantôt, pour votre gouverne, de quoi il s'agit quand on parle du
comité préincorporatif.
M. Pagé: D'accord.
M. Bertrand (Jean-Louis): Au niveau du conseil d'administration,
six réunions et, au niveau du comité administratif, trois
réunions.
M. Pagé: D'accord.
M. Bertrand (Jean-Louis): J'ai les détails pour les autres
associations, si vous les désirez.
M. Pagé: Vous les avez?
M. Bertrand (Jean-Louis): Les détails pour affaires
sociales, par exemple.
M. Pagé: S'il est opportun en cours de discussion, vous
pourrez les déposer. Toujours sous le volet...
M. Bertrand (Jean-Louis): Pour le service automobile, au niveau
de la date de l'assemblée générale, cela a
été le 11 mars 1983. Tantôt, je vous indiquais qu'au mois
de décembre, la lettre d'entente avait été acceptée
par le conseil d'administration. La date de publication à la Gazette
officielle du secteur est en juillet 1981. Le délai entre les deux...
Comme je vous l'ai expliqué, au niveau de la formation d'une association
sectorielle, après avoir rencontré les principales parties
patronales et syndicales et que celles-ci se sont entendues sur un secteur, le
conseil d'administration de la commission doit accepter la délimitation
de ce secteur et une publication à la Gazette officielle et, durant les
60 jours de la publication, toute personne intéressée peut faire
des remarques au gouvernement, et elles sont transmises au conseil
d'administration, selon lesquelles le secteur
ainsi limité est correct ou pas. Ensuite, c'est ramené
devant le conseil d'administration qui décide et c'est transmis au
gouvernement qui a le mot final pour la transmission ou pas à la Gazette
officielle.
À partir du moment de la publication, la délimitation du
secteur devient officielle et on peut, à ce moment, procéder
à la création de l'association comme telle avec, dans le
processus, les négociations entre les parties quant aux lettres
d'entente ou aux mécanismes qu'elles prévoient au niveau de leur
fonctionnement. Le règlement concernant les associations sectorielles
prévoit un mode général de fonctionnement auquel les
parties peuvent faire référence pour faire leur entente et
certaines optent pour des choses particulières comme, par exemple, et
cela a été abordé, les façons de régler les
désaccords entre les parties puisque cela peut survenir quant à
la manière de régler les litiges. Chaque association peut se
doter de ses propres modes de règlement de désaccord et c'est
aussi propre à l'approche de chacun des secteurs. Cela peut varier d'un
secteur à l'autre. Vous avez, tant au niveau de l'encadrement de la loi
qu'au niveau de l'encadrement du règlement sur les associations
sectorielles, le cadre dans lequel elles doivent fonctionner. Je pense que cela
répond à vos principales questions. Certaines concernaient des
détails beaucoup plus précis. Comme je l'ai indiqué
tantôt, M. le Président, je devrais avoir les informations au
cours de notre séance.
M. Pagé: Est-ce que la commission, en vertu des
règlements ou encore de la loi, possède les moyens de
contrôler la justification des dépenses et la performance?
Finalement, avez-vous le pouvoir de juger si les sommes d'argent versées
à de telles associations sont utilisées dans le cadre de leur
mandat ou encore si elles fonctionnent bien avec les sommes d'argent qui leur
sont versées? Si je me réfère à l'association du
secteur de l'automobile, on constate que c'est plus de 63 000 $ par poste et,
pour l'année 1983, vous m'avez indiqué hier que le mandat avait
été tout d'abord de se doter de personnel, de revoir la
réglementation applicable dans le secteur de l'automobile et de
préparer certaines grilles. Vous avez dit que le service d'information
avait travaillé de façon assez active en raison de la promotion
qu'il avait à faire. J'aimerais vous demander quels sont les
mécanismes de contrôle que vous avez pour vous assurer que ces
sommes sont bien investies.
M. Bertrand (Jean-Louis): J'aimerais souligner, pour des fins
d'information, que, lorsque vous indiquez qu'il s'agit de tant de dollars par
poste, cela veut dire que vous avez divisé le montant par le nombre de
postes.
M. Pagé: C'est ce que cela coûte.
M. Bertrand (Jean-Louis): J'ai bien indiqué tantôt
qu'il s'agissait de l'ensemble des dépenses afférentes et que
cela comprend aussi l'aménagement des locaux où l'association
doit siéger.
M. Pagé: D'accord. Je ne le conteste pas, M. Bertrand.
M. Bertrand (Jean-Louis): Je voulais tout simplement le
souligner, peut-être pour la meilleure compréhension
possible...
M. Pagé: Oui, mais vous allez convenir avec...
M. Bertrand (Jean-Louis): ...entre nous pour que je
réponde le plus adéquatement possible à vos questions en
m'assurant qu'on est bien sur la même longueur d'onde.
M. Pagé: D'accord, mais vous allez convenir avec moi que
cela coûte quelque 61 000 $ par personne qui s'occupe de ce service, pour
la payer, la transporter, la nourrir à l'occasion, la loger et lui
donner les équipements qu'il faut. Je dis que c'est...
M. Bertrand (Jean-Louis): Là-dedans, il y a aussi la
documentation.
M. Pagé: Pardon?
M. Bertrand (Jean-Louis): II y a la documentation pertinente au
secteur. Il y a de l'information qui est transmise aux parties patronale et
syndicale, etc.
M. Pagé: D'accord.
M. Bertrand (Jean-Louis): Ce sont évidemment des frais
qu'on peut toujours ramener au niveau du poste, mais qui sont inhérents
au rôle de formation, d'information et de recherche.
M. Pagé: Ma question est la suivante: Quels sont les
moyens que vous avez pour vous assurer que les 61 000 $ dépensés
par personne sont bien investis et rentables, surtout en termes de
performance?
M. Bertrand (Jean-Louis): À l'article 100 de la loi, il
est indiqué que la commission accorde une subvention et que la
commission peut exiger en tout temps d'une association sectorielle les
informations nécessaires sur l'utilisation des montants accordés.
Donc, la loi donne un pouvoir à la commission de demander toutes les
informations nécessaires.
De plus, dans le règlement sur les
associations sectorielles, on indique dans les critères de
subvention que les signataires de l'association sectorielle doivent
s'être conformés aux termes de l'entente et avoir
exécuté leurs obligations, c'est-à-dire que ce soit dans
le domaine de la santé et de la sécurité du travail, aux
fins indiquées dans la loi. Les versements périodiques peuvent
même être arrêtés si jamais l'association, au lieu de
faire de la santé et de la sécurité -c'est une
hypothèse - faisait autre chose. On pourrait même cesser les
versements. Cependant, on doit donner un préavis à l'association
en défaut pour qu'elle puisse corriger le défaut, si les parties
signataires de l'entente ne se conforment pas à leurs obligations.
L'association doit s'engager, en vertu du règlement, à
poursuivre les objectifs fixés dans la mesure du possible pour son
programme d'activités, puisqu'il peut arriver en cours de route des
impondérables qui font que le programme prévu pour l'année
suivante ne soit pas réalisé. Évidemment, elle s'engage
aussi à n'utiliser les montants de la subvention qu'aux fins auxquelles
celle-ci a été accordée. L'association doit s'engager
à utiliser les montants conformément aux politiques salariales
établies par la commission pour les associations sectorielles - j'y
reviendrai tantôt - et indemniser pour les frais de voyage selon aussi
les politiques établies par la commission.
Au niveau du budget et des programmes, il ne peut y avoir de transfert
d'un programme à un autre, à moins d'avoir l'autorisation de la
commission. Au niveau du déficit budgétaire encouru sans la
permission de la commission, ce déficit demeure la responsabilité
de l'association sectorielle et en aucun temps tel déficit n'est
comblé par la commission. Donc, c'est là l'encadrement
général.
Si on en vient maintenant au niveau de l'encadrement administratif plus
particulier, je vous ai indiqué qu'un contrôle préalable
s'établit au niveau de l'examen par la permanence et au niveau du
conseil d'administration sur l'encadrement du programme par rapport au budget
demandé, y compris, évidemment, les effectifs. Donc, c'est une
espèce de contrôle a priori. En cours de route, nous demandons aux
associations sectorielles de nous transmettre des rapports concernant les
activités et aussi les budgets.
Il faut immédiatement ajouter qu'il s'agit d'une association
paritaire avec un conseil d'administration géré par les parties
patronales et syndicales qui se dotent aussi de leurs propres mécanismes
de vérification, y compris la vérification de leurs
dépenses par des vérificateurs comme on en retrouve dans
l'entreprise privée. C'est sûr que déjà cette
association doit se doter de contrôles internes. Le rôle de la
commission dans cette matière doit donc être de s'assurer que ce
type de contrôle interne s'exécute et nous devons nous assurer que
les sommes ont été dépensées correctement et
vérifiées selon les normes. Nous pouvons en tout temps, comme
cela a été indiqué, s'il y a lieu, faire des
enquêtes en vertu des pouvoirs que nous avons de demander toute
information pertinente sur l'utilisation des montants accordés par la
commission.
Chaque année, à l'assemblée générale
des membres de l'association, le conseil d'administration de l'association, son
trésorier en particulier, doit faire rapport à son
assemblée sur les sommes dépensées. C'est sûr qu'au
niveau d'une assemblée générale, les membres peuvent poser
toutes les questions qu'ils jugent appropriées sur les dépenses,
le pourquoi des dépenses et si l'Association a atteint les objectifs
qu'elle s'était fixée. Si vous voulez, les mécanismes de
contrôle - j'insiste là-dessus puisqu'on vise à ce que les
gens se prennent en charge -c'est d'abord un contrôle a priori; le
contrôle en cours de route est au niveau de l'association elle-même
et, au niveau des rapports budgétaires qui sont transmis, nous
exerçons un contrôle a posteriori.
M. Pagé: Strictement là-dessus, vous confirmez que
le contrôle s'exerce...
M. Bertrand (Jean-Louis): ...à l'interne... M.
Pagé: ...avant...
M. Bertrand (Jean-Louis): ...avant, a priori...
M. Pagé: ...a priori par la commission, vous faites
confiance aux parties et, par la suite, vous revenez.
M. Bertrand (Jean-Louis): Nous revenons pour vérifier de
nouveau.
M. Pagé: Pour revérifier. Mais, en cours
d'exercice, vous n'exercez pas de contrôle, à moins que vous ne
puissiez vous prévaloir des dispositions que vous avez citées
tout à l'heure.
M. Bertrand (Jean-Louis): Si une demande d'enquête est
faite, par exemple, pour aller vérifier.
M. Pagé: S'il n'y a pas de demande d'enquête en
cours d'exercice, vous ne vérifiez pas l'affectation des sommes.
M. Bertrand (Jean-Louis): Ce qu'on demande, ce sont les rapports,
qui nous sont transmis. Ce qu'on vérifie après coup, c'est
l'utilisation des sommes avec les rapports financiers vérifiés et
le dépôt à l'assemblée
générale. De plus, nous faisons maintenant des
réunions régulières avec les différentes
associations sectorielles. Nous avons développé un guide
budgétaire pour les associations sectorielles; ce guide se veut, un peu
comme celui que nous avons développé avec les centres
hospitaliers et les départements de santé communautaire, un
élément-cadre pour assurer que la gestion des ressources
financières mises à la disposition des associations sectorielles,
d'une association à une autre, soit relativement similaire de sorte
qu'on puisse, au niveau comptable, bien suivre tout le monde, avoir des
exigences similaires. Ce document est actuellement en discussion avec les six
associations existantes, avec les permanents de ces associations, pour vraiment
s'assurer, dans l'approche que vous suggérez, M. le
député, d'abord que l'encadrement budgétaire est clair,
que nos exigences sont claires et assurer, comme vous l'indiquez - je pense que
c'est notre rôle - que les sommes qui sont versées sont
utilisées pour les fins pour lesquelles elles sont versées, avec
aussi des paramètres budgétaires qui sont réalistes. (16
heures)
II s'est cependant posé un problème concernant la
politique salariale. La permanence de la commission avait
développé une politique salariale qu'elle a soumise, en vertu des
mécanismes que je vous ai indiqués tantôt, aux parties
patronale et syndicale du conseil d'administration pour fins d'approbation.
Du côté patronal, il s'est élevé une
objection à savoir que, chaque secteur étant particulier, il
apparaissait difficile d'imposer une politique salariale uniforme pour toutes
les associations sectorielles, et la base de ce raisonnement se situe
facilement, pour ceux qui ont eu l'occasion d'oeuvrer dans le monde des
négociations patronales-syndicales. C'est sûr que, si vous
regardez un secteur d'activité économique comme les mines et que
vous le comparez à un secteur d'activité économique comme
le vêtement, les salaires qui y sont payés, tant au niveau des
travailleurs qu'au niveau de l'encadrement, sont différents. Du
côté patronal, on souhaitait plutôt que chaque conseil
d'administration se dote d'une politique salariale.
Cependant, nous avions déjà indiqué à ce
moment qu'il était sûrement normal, d'ailleurs cela a
été fait dans le secteur des affaires sociales, que ces
travailleurs souhaitent se syndicaliser comme le droit leur en est reconnu par
le Code du travail. Et, à partir du moment où vous avez des
négociations au niveau salarial entre les permanents d'une association
et l'employeur qui est le conseil d'administration, il est sûr qu'il y a
une tendance, qu'on peut constater, à se regarder les uns les autres,
à comparer les salaires et donc à arriver à des
paramètres salariaux similaires. Ce qui fait que je pense qu'il est
important - et d'ailleurs nous allons à la fois en consultation avec les
directeurs de ces associations et en consultation avec les parties partronale
et syndicale reliées au conseil d'administration de la commission -de
revenir sur le sujet de la politique salariale parce qu'il est important - sans
jouer au Conseil du trésor - qu'on puisse donner à toutes et
à chacune un guide au niveau des paramètres salariaux pour
éviter des écarts d'une association à une autre qui, je
pense, seraient non souhaitables.
Tout cela est fait dans le cadre d'une philosophie où on doit
s'assurer d'une prise en charge et on doit le faire aussi avec les gens sans
leur imposer telle ou telle façon de fonctionner. Je pense que cela est
important et c'est ce que nous a rappelé avec raison, entre autres, la
partie patronale.
M. Pagé: Sur le sujet de l'association -parce que j'ai
d'autres points à soulever - je retiens que vous pourrez nous remettre,
d'ici à la fin de la séance de ce soir, les renseignements que
j'avais demandés hier...
M. Bertrand (Jean-Louis): Dès que j'ai des informations,
je vous les transmets.
M. Pagé: ...et, plus particulièrement, les noms des
requérants du comité préincorporatif ou ceux qui ont
présenté la requête à la commission pour être
accrédités. J'aimerais, de plus, si cela était possible,
avoir les noms des personnes qui sont membres du comité
préincorporatif et qui se sont réunies treize fois, les noms des
membres du conseil d'administration, les noms des membres du comité
administratif. Lorsque je me référais aux procès-verbaux,
il va de soi que je souhaiterais avoir les documents pouvant nous indiquer les
personnes présentes à ces différentes réunions.
Vous m'avez indiqué que, dans les 382 000 $ pour les six personnes qui
ont occupé des postes au cours de l'année 1983, on devait faire
procéder à la ventilation des sommes. Alors, on sera à
même de voir les sommes qui ont été affectées aux
postes budgétaires des salaires et traitements. J'apprécierais,
évidemment, avoir les données concernant les salaires
payés.
Une autre question. Vous avez insisté sur le fait que cette
association, évidemment, s'appuyait sur une volonté et aussi une
action de paritarisme avec les comités paritaires de l'automobile.
Avez-vous été informés officiellement ou officieusement de
l'intention de la partie patronale de se retirer de l'association et, si oui,
pour quel motif, non pas que vous avez été informé, mais
qu'elle voudrait se retirer?
M. Bertrand (Jean-Louis): Je m'excuse.
Tantôt, M. le député, j'avais omis de vous indiquer
que, pour l'entente, j'en ai une copie qui m'a été transmise par
bélinographe au niveau des employeurs et signataires syndicaux. Du
côté des associations d'employeurs, il s'agissait de la
Corporation des concessionnaires d'automobile du Québec.
M. Pagé: On pourrait en tirer copie. De toute
façon, ce sont des documents d'analyse et de référence sur
lesquels on va travailler.
M. Bertrand (Jean-Louis): D'accord. Je voulais seulement vous
indiquer qu'elle est disponible pour la commission.
M. Pagé: Cela vient d'arriver?
M. Bertrand (Jean-Louis): Celle-là, je l'avais
tantôt.
M. Pagé: Le secrétariat des commissions va pouvoir
tirer des copies de ces documents, il n'y a pas de problème.
M. Bertrand (Jean-Louis): Au niveau de votre indication
concernant l'intention de la partie patronale de se retirer, à ma
connaissance, je n'ai pas d'information concernant ce fait-là.
Évidemment, si jamais c'était le cas, nous aviserions en
conséquence pour voir les mécanismes à mettre en place
pour corriger la situation, s'il y a lieu.
M. Pagé: ...je vous invite, évidemment, à
vérifier, d'autant plus si le budget doit être adopté d'ici
à quelques jours. Et surtout, ce qui est important, c'est que, si cela
est fondé, il s'agit de connaître les motifs pour lesquels une
telle position a été adoptée par la partie patronale.
On a parlé à plusieurs reprises de l'intervention dans le
secteur forestier. Un groupe qui a témoigné en soirée, il
y a quelques jours, nous a fait valoir sa déception de constater que les
subventions versées par la Commission de la santé et de la
sécurité du travail à des associations forestières
avaient été... c'est-à-dire que le conseil
d'administration avait décidé d'abroger les articles 115 et 116
de l'ancienne loi, ou de faire en sorte que la nouvelle loi s'appliquerait. Je
voudrais ici me référer au cas plus spécifique de
l'Association des industries forestières du Québec, une
association qui a 50 ans d'existence, une association qui était
patronale, on en convient, qui avait des mandats bien précis d'agir, en
termes de prévention, de sécurité, dans les scieries. Les
intervenants qui ont témoigné ont été unanimes
à nous dire que le travail effectué par ces 21 personnes, qui
travaillent sur le terrain, était concluant et positif.
Je me suis référé à la conférence que
M. le juge Sauvé avait faite le jeudi 3 juin 1982 à
Trois-Rivières. Je dois convenir que je n'y étais pas, mais on
est toujours très près de ce que M. le juge peut déclarer
lorsqu'il rencontre des groupes, parce qu'on est intéressé par
ces questions-là, évidemment. À l'été 1982,
la Commission de la santé et de la sécurité du travail
demandait à l'Association des industries forestières du
Québec de présenter son programme de prévention pour le 3
juillet 1983. Et toujours en 1982, M. le juge - selon les informations que je
possède - vous auriez indiqué à Trois-Rivières que,
tant et aussi longtemps que le paritarisme ne se serait pas installé,
qu'il n'y aurait pas une association paritaire pour prendre la relève,
les subventions à cette association patronale continueraient à
être versées. Selon les informations que je possède, la
commission aurait décidé, par une décision prise au mois
d'octobre, de ne plus subventionner ces associations; c'est donc dire que cette
association spécifique et particulière, qui avait du boulot, un
mandat, se retrouve devant rien au 1er janvier 1984. J'aimerais donc
connaître votre position et j'aimerais que vous me disiez, M. le juge, en
quoi la position que vous avez adoptée - parce que j'ai cru comprendre
qu'il n'y avait pas l'unanimité au conseil d'administration sur cette
question de reconduire les subventions pour la prochaine année; donc la
décision, c'est très probablement vous qui l'avez tranchée
- est conciliable avec l'énoncé que vous avez formulé le 3
juin 1982 à Trois-Rivières, devant l'association.
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé.
M. Sauvé: Bon, je voudrais d'abord, M. le
Président, faire deux corrections. La première, ce n'est pas le
conseil d'administration qui a adopté le décret pour faire
abroger les articles 115 et 116 de la Loi sur les accidents du travail, qui
permettaient à la commission de subventionner. Cela, je pense que c'est
bien important. La deuxième, c'est que je n'ai pas fait de
conférence en juin 1982. J'ai vérifié toutes les
conférences que j'ai faites. J'ai participé à une
réunion des secteurs de la forêt de la région de la
Mauricie, où il y avait des représentants de toutes les centrales
syndicales et les employeurs de la région. C'est un colloque où
il y avait environ 200 personnes. À ma souvenance - et j'ai
vérifié avec les gens de la direction régionale qui
étaient présents à cette réunion - je n'ai pas
prononcé de discours non plus.
M. Pagé: Je m'excuse, je vous dis tout de suite que c'est
la rencontre à laquelle je me réfère.
M. Sauvé: Oui, c'est cela, mais je n'ai pas...
M. Pagé: Vous n'avez pas parlé.
M. Sauvé: Bien non, j'ai peut-être rencontré
des journalistes et là, je ne peux pas dire ce que... Si vous avez la
coupure de journal, je serais très heureux de la voir.
M. Pagé: M. le juge, je n'étais pas là.
Évidemment, le 3 juin 1982, on était en fin de session ici. Mais
il y a des gens qui étaient là qui sont directement
intéressés et concernés par la position que vous avez
adoptée.
M. Sauvé: Si vous me permettez, M. le Président,
j'étais en train d'expliquer que je n'ai pas fait de conférence
et que, si les journalistes m'ont cité, j'aimerais voir la coupure de
journal. Cela est important. Mais peu importe, ce n'est pas là que c'est
important. Je pense qu'il y a des associations qui existent depuis fort
longtemps. Il est important de savoir ceci, et les gens qui sont venus
témoigner ici l'autre soir le savent très bien, parce qu'on le
leur a expliqué: Depuis trois ans, M. le Président, les gens de
la forêt, des pâtes et papiers, des scieries, des bois et du meuble
essaient de s'entendre, parties patronale et syndicale, sur la
délimitation du secteur. Ce qui semble clair pour tout le monde, c'est
que, pour les pâtes et papiers, la forêt, les scieries, il n'y a
pas de problème. C'est le meuble et le bois ouvré qui sont un
problème. Les gens, lors de leur rencontre, se sont entendus sur les
deux premiers que je viens de vous mentionner et, à la suite de leurs
discussions, ils ont changé d'avis et ont dit: Ce n'est pas deux qu'on
veut, c'est trois. Si ce n'est pas trois, c'est rien.
La partie syndicale, en mai ou juin 1983, si mon souvenir est bon, pour
mettre de la pression, a demandé qu'on cesse de donner des subventions
aux associations patronales de prévention. J'ai dû voter et j'ai
voté pour le maintien des subventions jusqu'au 31 décembre 1983,
c'est-à-dire jusqu'à la fin de leurs budgets. Pourquoi la partie
syndicale fait-elle cela? Sa thèse, c'est de dire: Si nous continuons de
la subventionner, la partie patronale ne veut pas s'asseoir à la table
pour former une association sectorielle. C'est aussi simple que cela, le jeu
des deux parties.
Je dois vous dire, M. le Président, qu'avant la réunion du
conseil de jeudi prochain le 22, il y a une réunion de prévue
entre ces différentes personnes qui ont négocié la
délimitation du secteur pour faire rapport au conseil le 22. Nous
espérons qu'elles s'entendront. Si elles s'entendent, je pense qu'on a
toujours eu comme politique, au conseil d'administration, M. le
Président, de laisser faire tout le système d'incorporation,
etc., et, entre-temps, les associations en place continuent d'exister.
Quand l'association sectorielle vient en place, elle prend fait et
cause.
Alors, je ne voudrais pas que ce soit ici, M. le Président, que
nous décidions de ce qui va se décider jeudi et je pense qu'il
est important, avec ce que je viens de vous expliquer, que nous attendions la
rencontre qu'on aura avant le 22 pour discuter, le 22, des prises de position
que nous devrons prendre.
M. Pagé: Là-dessus, je dois vous dire, M.
Sauvé, que le terme "conférence" n'était peut-être
pas le terme exact. Je ne crois pas qu'il soit opportun de se
référer à la sémantique ou à la
définition des termes utilisés pour des sujets aussi importants.
Vous confirmez que vous étiez à Trois-Rivières vers cette
date, que, dans le cadre d'un colloque... Vous êtes le président
de la Commission de la santé et de la sécurité du travail.
Je présume que vous parlez, que vous échangez avec les gens que
vous rencontrez et c'est à la lumière de ces échanges que
les gens en ont sensibilisé, comme c'était tout à fait
légitime de le faire, je crois. Par surcroît, l'inquiétude
qui a été portée à la connaissance de la commission
l'autre soir nous place dans l'obligation de vous poser des questions.
C'est donc dire que tout cela sera décidé le 22. Le 23, on
ne se reverra pas évidemment, malheureusement. Avez-vous des motifs
raisonnables de croire qu'il y aura consensus?
M. Sauvé: Oui, M. le Président. M. Pagé:
D'accord.
M. Sauvé: Cela vous surprend peut-être...
M. Pagé: Non.
M. Sauvé: ...mais il y a eu beaucoup de
développements...
M. Pagé: Non, cela ne me surprend pas, mais je me demande,
au cas où il n'y aurait pas consensus, ce que vous allez
recommander.
M. Sauvé: Ah! nous verrons et c'est pour cela, je pense,
qu'il est essentiel qu'on laisse faire le jeu des parties avant de s'immiscer
dans ce qu'elles veulent faire. Nous avons un respect total, comme
comité de direction, et nous attendrons ce que les parties vont
décider... Nous ne déciderons pas à l'avance pour elles et
nous ne prendrons pas de position avant qu'elles n'aient définitivement
pris la leur. Je pense que c'est tout à fait normal. (16 h 15)
M. Pagé: Je comprends très bien et
c'est explicable. Une autre question, au chapitre de la
prévention, M. le juge. Lors de la commission parlementaire qui a
entendu des groupes quant au projet de loi 17, des groupes ont fait valoir des
aspects intéressants des risques et des sources d'accidents de travail
au Québec. On a abordé les accidents dans différents
milieux, les différentes causes, les produits toxiques, l'aspect
mécanique, l'aspect de la recherche, etc.
Il y a un autre aspect bien particulier qui avait été
soulevé à ce moment par un groupe de médecins de la
région de Québec qui avait mené des expériences. Le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre à l'époque, M. Marois,
s'était montré plus que vivement intéressé par les
énoncés du groupe en question; tous les membres autour de cette
table - c'était ici - avaient été unanimes à
constater l'importance non pas d'inscrire dans la loi des dispositions
particulières concernant le sujet traité, mais surtout
l'importance pour la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, une fois qu'elle allait être
formée, d'aborder, dans le cadre de ses programmes de prévention,
l'aspect qui avait été porté à notre attention.
À cet égard, j'aimerais savoir ce qui a été
fait. Je réfère au mémoire qui avait été
présenté par l'Union de recherche sur l'abus des drogues et de
l'alcool, groupe formé de médecins, qu'on appelait l'unité
RADA, et qui avait mené des études approfondies, en collaboration
avec l'hôpital Saint-François-d'Assise de Québec, les
départements de santé communautaire, etc. Ces études
indiquaient assez clairement que le problème de l'alcoolisme...
Oui, on a le temps, ils ne peuvent pas voter tant que le whip n'est pas
là, de toute façon. On va attendre quelques minutes. On va se le
permettre, on a un sujet intéressant.
Le problème de l'alcoolisme était une cause identifiable
d'accidents de travail au Québec. Je n'ai pas l'étude devant moi
ici. Je présume que vous en avez pris connaissance et que vous l'avez
analysée. Cette étude démontrait que l'alcoolisme amenait
un problème de production, d'intéressement, de concentration chez
le travailleur ou la travailleuse. J'aimerais donc savoir, parce que le
ministre s'est engagé en disant que cela ne resterait pas là, ce
qui s'est fait sous cet aspect. J'aimerais savoir les montants qui ont
été affectés, le personnel qui, à votre commission,
travaille sur ce volet de la prévention des accidents, les programmes
qui ont été préparés et ce qui a été
fait jusqu'à maintenant. On pourrait laisser la question en suspens et
peut-être aller voir ce qui arrive de l'autre côté.
M. Fréchette: C'est la décision du
président. Vous voulez connaître la décision?
M. Pagé: Ah non, sur quoi? Ce n'est pas un vote?
Une voix: Ce n'est pas un vote.
M. Pagé: Ah, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. Bertrand.
M. Fréchette: Bien enfin, écoutez, peut-être
qu'il serait utile d'envoyer quelqu'un vérifier.
M. Pagé: Lequel est le meilleur messager? Est-ce qu'on y
va par le paritarisme ou qu'est-ce qu'on fait?
Une voix: On va le demander au président.
Une voix: On va lui faire confiance.
Le Président (M. Gagnon): Alors, on va vérifier. En
attendant, M. Bertrand, je crois que, tantôt aussi, vous m'aviez
demandé la parole pour ajouter à une réponse qui avait
été donnée.
M. Bertrand (Jean-Louis): C'était entre les deux
interventions. C'était pour demander une précision à M. le
député Pagé concernant le retrait de la partie patronale.
C'est bien au niveau de l'association sectorielle des services automobiles ou
si ce n'était pas plutôt au niveau du Comité paritaire de
l'automobile du Québec?
M. Pagé: Le comité paritaire.
M. Bertrand (Jean-Louis): Si c'est le Comité paritaire de
l'automobile du Québec, cela relève des décrets de
convention collective. Je voudrais m'assurer de cela, parce qu'on m'a
donné l'information que, dans ce cas-là, les employeurs se sont
retirés. Je voudrais être sûr qu'on soit sur l'association
sectorielle.
M. Pagé: D'accord, oui, mais êtes-vous
informé que ce retrait aurait une incidence sur l'association
sectorielle?
M. Bertrand (Jean-Louis): D'accord, juste pour tenter d'avoir la
bonne information.
M. Pagé: Vous avez quand même indiqué - je
vous ai peut-être mal compris, vous me corrigerez au besoin - que la
fondation de l'association sectorielle s'appuyait sur la présence, dans
l'industrie, de comités paritaires.
M. Bertrand (Jean-Louis): Non, elle ne s'y appuie pas. Ce que
j'ai indiqué hier soir, c'est le fait que les parties ont durant un
certain temps oeuvré ensemble au niveau d'un comité paritaire, en
vertu d'un décret, etc. Il y a une habitude, si vous voulez, de
siéger ensemble, de régler ensemble des questions, qui fait qu'il
est plus facile pour elles d'embarquer dans la démarche du paritarisme
que dans un secteur - et je vais vous citer, par exemple, la chimie - où
jamais de telles formes de réunions ne se sont tenues. C'est ce que j'ai
indiqué. Évidemment, il n'y a pas de lien organique ni direct
entre le Comité paritaire de l'automobile qui s'assure du respect d'un
décret de convention collective et l'association sectorielle, sauf - et
je pense que M. le député le sait - au niveau d'une revue qui est
publiée par le comité paritaire; l'association sectorielle a
utilisé ce média plutôt que de passer par un autre qui
aurait coûté plus cher. Elle a demandé au comité
paritaire d'insérer dans son document d'information, qui est
publié régulièrement et qui s'appelle, je pense,
Parlons-nous, le document indiquant les pricipaux services de l'association.
À tout événement, je vais revérifier, mais mes
indications, actuellement, sont qu'il n'y a pas de demande de retrait de la
partie patronale, mais je continue la vérification.
M. Pagé: À l'association sectorielle, mais vous
confirmez qu'il y a une volonté de retrait exprimée par la partie
patronale au comité paritaire.
M. Bertrand (Jean-Louis): C'est ce qu'on m'indique pour le
comité paritaire, mais ce n'est pas du tout de mon ressort, ni de notre
juridiction...
M. Pagé: D'accord.
M. Bertrand (Jean-Louis): Je vous le donne sous toute
réserve. Je pense que vous pourrez obtenir l'information du
comité paritaire lui-même qui s'occupe du décret de
convention collective et dans lequel on n'a ni juridiction ni à se
mêler.
M. Pagé: Mais vous convenez avec moi que c'est par le
comité paritaire qu'ils se sont connus.
M. Bertrand (Jean-Louis): Non. M. Pagé: Bien
oui!
M. Bertrand (Jean-Louis): Ils se connaissaient de tout temps dans
le sens où les relations patronales et syndicales, dans ce secteur... Je
pense que c'est quand même un secteur qui est au Québec depuis
longtemps, depuis au moins l'avènement de l'automobile.
Auparavant, comme vous le savez, c'était les selliers, etc., qui
exerçaient des métiers similaires; maintenant, cela a
été modifié.
M. Pagé: On ne remontera pas jusque-là.
M. Bertrand (Jean-Louis): Non, j'espère que non, M. le
député. Mais vous m'amenez sur le terrain, très large, des
connaissances entre les parties, vous savez.
M. Pagé: Pour moi - je peux me tromper - la coexistence
heureuse, pacifique et sereine à l'intérieur d'un comité
paritaire doit se refléter sur la coexistence possible, heureuse,
sereine et productive à l'intérieur d'une association
sectorielle. Quand on est divorcé, on ne sort pas ensemble les fins de
semaine, d'habitude.
M. Bertrand (Jean-Louis): Là-dessus, je dois vous indiquer
- et c'est intéressant -qu'il y a eu une expérience qui s'est
vécue au niveau du secteur des affaires sociales. Vous savez que c'est
un secteur qui a connu un certain nombre de conflits récemment.
L'association sectorielle était existante durant cette période,
elle fonctionnait et, malgré que les parties étaient en relations
difficiles en termes de négociation sur le terrain, au niveau des
établissements et au niveau de l'ensemble du Québec dans ce cas
du secteur des affaires sociales, elles ont quand même, durant toute
cette période, tenu leurs rencontres, fait siéger leur
comité et elles ont appris, dans le fond, à distinguer entre les
types de revendication reliés aux conventions collectives et leurs
préoccupations en santé et sécurité du travail. Je
pense que c'est un fait intéressant à apporter comme
évolution, qui va dans le sens des remarques que vous avez
déjà faites, M. le député, et de l'esprit que le
livre blanc contenait de tenter d'amener les parties à s'asseoir et
à discuter de la santé et de la sécurité sans
nécessairement avoir un esprit de confrontation, mais plutôt de
collaboration et de pouvoir, peut-être, faire les distinctions qui
s'imposent entre les aspects de négociation et les aspects de
collaboration.
Si je reviens à votre demande, tantôt, concernant l'alcool
au travail et les drogues, il est exact - et vous l'avez mentionné
-qu'il s'agit d'un problème qu'on rencontre dans plusieurs industries.
Ce n'est pas un problème comme tel relié au travail. Je pense que
vous en conviendrez, ce n'est pas le travail comme tel qui amène
l'alcoolisme, bien que certaines...
M. Pagé: Études.
M. Bertrand (Jean-Louis): ...études semblent indiquer que
c'est lié au phénomène
de stress que peuvent vivre certaines professions. Vous en connaissez;
du côté des avocats, par exemple.
M. Pagé: Professionnels.
M. Bertrand (Jean-Louis): Comment!
M. Polak: CSST.
M. Bertrand (Jean-Louis): Peut-être qu'un certain niveau de
stress dans certaines professions peut amener...
M. Pagé: 2000 appels par jour.
M. Bertrand (Jean-Louis): ...un contre-balancement, mais il ne
s'agit pas, en soi, au départ, de relations directes entre un travail et
la personne même.
M. Pagé: Mais, dans plusieurs cas - je ne veux pas vous
interrompre - vous convenez que c'est quand même une source
d'accidents.
M. Bertrand (Jean-Louis): Oui. Si la personne se présente
au travail en état d'ébriété, son comportement
même, ses réflexes - on sait les effets de l'alcool sur la
personne - sont amoindris, donc, sa capacité de réaction face
à un danger qui peut se présenter étant affaiblie, c'est
sûr qu'il y a, à ce moment, un risque plus grand d'accident. Mais,
évidemment, vous savez que, dans toutes les industries, il y a des
mécanismes qui tentent d'éviter - par la contremaîtrise ou
par d'autres mécanismes de contrôle - que quelqu'un en état
d'ébriété, ne se présente au travail.
Le plus grand problème pour les entreprises au niveau de
l'alcoolisme, c'est l'absence au travail qui est entraînée.
C'est-à-dire que la personne, qui est en état
d'ébriété, qui s'adonne à l'alcool ou encore aux
drogues, va être plus souvent absente du travail, va avoir une
productivité amoindrie. Il y aura un déséquilibre, si vous
voulez, dans sa production et dans ce qu'on peut lui demander comme service. Il
y a un lien, comme vous l'indiquez, avec l'aspect santé au travail. Il y
a un lien aussi avec les aspects de sécurité. J'en suis
très heureux -peut-être que M. le ministre Fréchette pourra
compléter - tout récemment, en termes de développement,
nous avons offert notre entière collaboration au ministre pour la
création d'un groupe de travail qui va se pencher sur ce
problème. Nous avons indiqué que nous mettrions nos ressources
à sa disponibilité. Déjà, on avait, avec les
centres hospitaliers ayant un département de santé communautaire,
entrepris des démarches dans le cadre de la santé au travail
qu'on leur confie; ils ont aussi, comme vous le savez, le mandat de la
santé communautaire. Or, l'alcoolisme, globalement, c'est avant tout un
problème communautaire et un problème strictement de santé
et de sécurité.
Évidemment, notre mandat, on peut l'interpréter d'une
façon très large, mais aussi je pense que les
représentations patronales vous ont bien indiqué que, lorsqu'on
dépense des sommes d'argent, il faut que ce soit dépensé
en lien le plus direct possible avec les problèmes du milieu de travail
et générés par le milieu de travail. Or, dans ce cas-ci,
on est prêt à collaborer comme on l'a fait déjà avec
les CH-DSC au niveau de la santé communautaire, comme on est prêt
à le faire au niveau d'un groupe de travail pour voir qu'est-ce qu'on
pourrait apporter comme solution à ce problème de l'alcoolisme.
On n'a pas d'impact direct sur l'alcoolisme.
M. Pagé: Vous parlez autant que M. Dion, vous savez.
M. Bertrand (Jean-Louis): Vous comprenez bien qu'on ne sortira
pas de règlement sur ce sujet-là.
M. Pagé: M. Bertrand...
M. Bertrand (Jean-Louis): Oui.
M. Pagé: ...vous confirmez qu'il n'y a pas de programme
particulier qui a été adopté à cet
égard...
M. Bertrand (Jean-Louis): Non, non.
M. Pagé: ...qu'il n'y a pas de budget qui a
été voté jusqu'à maintenant, et qu'après
quatre ans de l'adoption de la loi un groupe de travail sera
éventuellement appelé à être formé. C'est
cela?
M. Bertrand (Jean-Louis): De la part de la commission, non. De la
part de nos partenaires, qui sont les CH-DSC...
M. Pagé: Oui.
M. Bertrand (Jean-Louis): ...au niveau des programmes
déjà existants, en relation avec le ministère des Affaires
sociales puisque c'est sa juridiction première - c'est une juridiction
du ministère des Affaires sociales que nous respectons - avec les CH-DSC
qui s'en occupent, pour les personnes qui sont dans le réseau des
affaires sociales, que ce soit au niveau de la santé communautaire des
CH-DSC ou que ce soit au niveau des CLSC qui s'en occupent aussi, ou encore des
centres spécialisés, nous avons facilité non seulement
l'accès aux établissements mais une meilleure connaissance des
clientèles visées. Je pense que cela va dans le sens non pas de
dédoubler les ressources déjà existantes dans
le milieu, parce que l'on sait que les ressources financières
sont limitées, mais d'une complémentarité entre nos
ressources et les ressources déjà existantes au niveau du
ministère des Affaires sociales. Je pense que c'est dans le même
sens que nous allons oeuvrer au niveau du groupe de travail. Je ne pense pas
que nous ayons à développer une politique comme telle; cependant,
nous suivons celle des Affaires sociales.
M. Pagé: Vous n'avez consacré aucune somme à
la recherche, ni absolument rien à cet égard-là. En fait,
vous avez passé le "puck" aux départements de santé
communautaire et tout le secteur du social qui est responsable de l'application
d'une certaine partie de la loi. C'est ce que vous avez fait.
M. Bertrand (Jean-Louis): C'est le ministère des Affaires
sociales qui est responsable de cette politique-là, qui en
développe, d'ailleurs, une et qui en a une en action.
M. Pagé: Mais vous n'avez pas passé de commande
à partir de recherches ou d'études qui auraient été
commandées par la commission, entre le moment de l'adoption de la loi et
aujourd'hui. C'est cela.
M. Bertrand (Jean-Louis): Non.
M. Pagé: D'accord, merci.
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé.
M. Sauvé: Le comité scientifique de l'institut, qui
est composé de quatre représentants de chacune des parties et de
six représentants du monde scientifique, à ma connaissance, n'a
pas décidé que c'était une priorité pour le moment.
Parce que chaque sujet de recherche doit être approuvé par le
comité scientifique quant à sa pertinence et, quant à la
qualité de la recherche, par un comité de pairs qui fait rapport
au comité scientifique et ce dernier fait rapport d'une recommandation
ou d'un rejet au conseil d'administration.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Prévost.
M. Pagé: M. le Président, je n'ai aucune objection
à ce que M. le député pose des questions, mais j'ai encore
quelques questions pour M. Bertrand.
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. Pagé: On pourra passer à d'autres aspects
après.
Le Président (M. Gagnon): Effective- ment.
M. Dean: Voulez-vous y aller?
M. Pagé: J'en ai concernant l'inspection maintenant.
D'accord, je peux y aller. Merci.
Le Président (M. Gagnon): Allez-y. M. Dean: Bon, M.
le Président...
M. Pagé: Ah, je le remerciais pour me laisser aller!
Le Président (M. Gagnon): Mais vu que cela fait 45
minutes, est-ce que vous aimeriez qu'on revienne après le
député de Prévost?
M. Pagé: Vous m'offrez un "break"!
Le Président (M. Gagnon): Oui, c'est cela.
M. Pagé: Pas de problème.
Le Président (M. Gagnon): Alors, M. le
député de Prévost. (16 h 30)
M. Dean: Merci, M. le Président et M. le
député de Portneuf. Je voudrais poser des questions à deux
volets, en faisant référence à deux mémoires. Dans
le cas du groupe Au bas de l'échelle, qui représente surtout des
travailleurs féminins et largement non syndiqués, celui-ci a
constaté, dans son rapport qui a surtout parlé du droit de
retrait préventif, un certain manque d'information ou un
épuisement de stock, du moins de dépliants disponibles aux
travailleuses non syndiquées. Également, dans certains secteurs,
où il y a des travailleuses qui parlent une autre langue que le
français ou l'anglais, il y a des problèmes d'information, de
connaissance de la loi et de services multilingues.
Voici ma question à ce sujet: Est-ce qu'il existe des
dépliants d'information, des efforts d'information de la commission
à l'égard des non-syndiqués, surtout dans le domaine de la
loi en général et particulièrement sur le retrait
préventif? Avez-vous, chez les fonctionnaires de la commission, des
personnes qui peuvent donner des services à des travailleurs ou
travailleuses qui ne parlent pas bien ou couramment le français ou
l'anglais?
L'autre question a trait au droit de refus, deux ans ou deux ans et demi
après l'entrée en vigueur de la loi. Je pense que le
mémoire de la CSN dit que la CSST - bien noter les mots -
"s'éloignait de l'esprit de la loi en ce qui regarde le retrait
préventif et le droit de refus". Certains députés ont
posé des questions sur le retrait préventif. Je voudrais poser
une série de questions sur le
droit de refus tel qu'il existe, tel qu'il s'exerce après deux
ans. Quel est l'état du droit de refus dans les faits? Est-ce qu'il
existe des possibilités de comparaison avec l'Ontario, d'autres
provinces ou d'autres pays, à savoir si l'exercice du droit de refus au
Québec peut être jugé normal, abusif ou exercé moins
fréquemment qu'ailleurs?
Est-ce que l'utilisation du droit de refus a réussi à
régler des problèmes au niveau des entreprises, des mines, des
usines, des ateliers dans le sens que les employeurs, après un, deux,
trois ou quatre exercices justifiés du droit de refus, auraient
remédié à leur méthode de correction de
problèmes sérieux ou urgents de santé et de
sécurité? Avez-vous des chiffres, selon les jugements de vos
instances à la commission, quant au pourcentage d'exercices de droit de
refus justifiés, injustifiés? Est-ce qu'il y a une
différence dans l'exercice du droit de refus, selon qu'une usine ou un
endroit de travail est syndiqué ou non? Quant aux instances
décisionnelles, décisions des inspecteurs, appels à
l'inspecteur-chef, appels à la commission, on a parlé de
délais dans le domaine de la ...
Le Président (M. Polak): M. le député, vous
devriez donner le temps à ceux qui veulent répondre de prendre
des notes, parce que vous avez plusieurs questions.
M. Dean: Sa réponse va en être une seulement. Je
voulais donner différents aspects.
Le Président (M. Polak): II y a plusieurs demandes de
l'Opposition aussi.
M. Pagé: M. le Président, sur le sujet, on concourt
avec le député de Prévost. Nous sommes d'accord. Il y a
consentement.
Le Président (M. Polak): Merci.
M. Dean: J'arrive à la fin, M. le Président. Quels
sont les délais dans les décisions des différentes
instances? Finalement, la dernière étape décisionnelle est
la commission. Alors, dans le cas de la loi, qui décide en
dernière instance sur le droit de refus? Est-ce le conseil
d'administration, le président ou son délégué? Je
pense que ça vous donne suffisamment de questions pour faire toute une
réponse.
M. Sauvé: Je vais commencer par la première. Il
s'agissait de l'information à la suite des questions du groupe Au bas de
l'échelle. Presque toutes nos publications sont disponibles en anglais.
Nous avons des dépliants en espagnol, en allemand et en italien sur le
droit de refus. Le Code de sécurité de la construction est
publié en italien. Nous participons, comme vous savez, au CIPACC, qui
est un comité rattaché au ministère de l'Immigration et
qui s'occupe des groupes ethniques. Nous avons un programme d'information qui a
été soumis au CIPACC pour les communautés culturelles et
à la direction régionale de Montréal parce que c'est
là que se pose le problème, par exemple, des Grecs, des
Portugais, des Italiens. Cela ne se pose pas beaucoup dans d'autres
régions.
Nous avons des gens qui peuvent parler dans ces différentes
langues. Et si, par hasard, quelqu'un arrivait au bureau en parlant une langue
que nous ne pourrions pas parler, nous appellerions un interprète que
nous payons, que ce soit au niveau de l'examen médical ou que ce soit au
niveau du bureau de révision. Cela est bien important que les gens
puissent faire valoir leurs droits dans leur langue, surtout quand il s'agit
d'un accident qui peut avoir des conséquences capitales, qu'on puisse
utiliser tous ces moyens personnels.
Quand il s'agit maintenant d'information, je vois ici qu'on a
publié, dans le passé, un dépliant sur la santé et
la sécurité du travail et le droit au retrait préventif de
la travailleuse enceinte ou qui allaite à 100 000 copies, et il est en
réimpression pour 50 000 copies. Cette documentation est
distribuée aux CLSC, aux DSC, aux centres de documentation de tous nos
bureaux régionaux, à Communication Québec, aux
hôpitaux de la province, aux organismes de femmes d'après la liste
du Conseil du statut de la femme, aux différents médias: radio,
télé, etc., aux associations patronales et syndicales, à
tous les omnipraticiens du Québec, aux centrales syndicales et,
évidemment, dans nos bureaux. On essaie de le faire pour tout le monde.
Dans certains cas, on fait des envois réservés, par exemple, aux
médecins pour être bien certain qu'ils sont au courant.
Pour le mois de janvier, il y aura une campagne d'information
spécifique pour rejoindre les travailleuses du secteur du
vêtement. La population visée, selon nos chiffres, c'est 50 000
travailleuses du secteur de la confection sur l'île de Montréal
qui, vous le savez, parlent plusieurs langues. Les langues - j'espère
qu'on n'en oublie pas, mais on a vérifié auprès des
différents groupes - dans lesquelles cette information sera
publiée sont l'italien, l'anglais, le portugais, le grec et l'espagnol.
Il y aura des affiches, des dépliants et des annonces à la radio,
distribution sur les lieux de travail et à domicile en utilisant,
évidemment, les regroupements ethniques et les différentes
associations. Il y aura une distribution de cette information,
également, dans les cliniques, les bureaux de médecins et les
pharmacies.
Les responsables de cette campagne seront, entre autres, le CH-DSC de
Sacré-
Coeur et de l'Hôpital général de Montréal,
les CLSC de Saint-Louis-du-Parc, de Centre-Ville, de Parc Extension et de
Centre-Sud. Je pense que cela couvre exactement les responsables qui entourent
le secteur du vêtement pour dames, pour rejoindre cette population qui
n'est pas toute syndiquée et qui a souvent des problèmes.
J'espère que j'ai répondu à la première
question sur l'information. Vous en avez posé une deuxième sur le
droit de refus. Jean-Louis.
M. Bertrand (Jean-Louis): Vous avez demandé, M. le
député, le nombre de dossiers de droit de refus. On vous a remis
un tableau, le no 3, qui vous indique, au niveau du service d'inspection,
depuis 1981, le nombre de dossiers ouverts et de dossiers réglés
pour le droit de refus. Dossiers ouverts en 1981: 311; en 1982: 253; en octobre
1983, les derniers chiffres disponibles: 190. Donc, on devrait, cette
année, avoir un peu moins de cas de droit de refus comme tels qui se
présentent au niveau des milieux de travail.
Vous m'avez demandé si l'on poursuit toujours le même
objectif dans les cas de droit de refus au niveau de l'objectif qui
était fixé dans la loi. Oui, c'est-à-dire que nous
intervenons lorsqu'un travailleur exerce son droit de refus, dans le cadre
prescrit par la loi, pour nous assurer s'il a des motifs raisonnables, dans le
fond, de refuser d'exécuter un travail qui va exposer à un danger
sa santé ou sa sécurité. Nous faisons notre intervention
dans le cadre du détail législatif qui nous est indiqué,
c'est-à-dire que cette section de la loi sur la santé et la
sécurité est très précise au niveau de celui qui
intervient, quand, etc.
Vous avez posé une question intéressante sur le
fonctionnement même du droit de refus. Il est indiqué dans la loi
qu'au premier palier, lorsque le travailleur refuse d'exécuter un
travail, il doit aussi en aviser son supérieur immédiat,
l'employeur ou un représentant de ce dernier. Le supérieur
immédiat, l'employeur, etc., doivent d'abord essayer de régler le
problème sur les lieux mêmes du travail. S'ils ne
réussissent pas à ce palier, avec le représentant de la
prévention, lorsque celui-ci existe - indépendamment du fait que
la loi et les règlements ne soient pas encore adoptés, il existe
beaucoup d'endroits où, en vertu d'une convention collective, nous avons
l'équivalent d'un représentant à la prévention - la
situation doit être examinée entre les parties, avec le
représentant à la prévention, pour voir si on ne pourrait
pas régler le problème, et ce n'est qu'ensuite que l'inspecteur
intervient.
Il faut évidemment lire ces dispositions avec celles concernant
le droit pour les travailleurs, à l'article 4, qui peut prévoir
des dispositions plus avantageuses pour la santé et la
sécurité, etc. Il peut y avoir dans les conventions collectives
des dispositions qui traitent aussi du droit de refus de travail; donc on doit
aussi en tenir compte dans l'exercice de notre juridiction.
Notre attitude première, qu'il s'agisse d'un droit de refus ou
d'une plainte, pour prendre ces deux aspects, puisque, dans le cas
d'enquête d'accident ou d'inspection de conformité, on n'est pas
dans la même nature d'intervention, dans le cas de plainte et de droit de
refus, on tente à moins qu'il ne s'agisse d'une plainte où le
plaignant ne veut pas s'identifier, c'est son droit le plus strict, d'ailleurs
on a certaines plaintes qui sont anonymes, mais lorsque le plaignant
s'identifie comme étant un travailleur ou un membre d'un syndicat dans
une industrie, notre premier réflexe, dis-je, est de demander s'ils ont
tenté de régler le problème à l'intérieur
même de l'industrie.
Je pense que c'est exact que la loi nous fait un devoir d'intervenir,
mais la loi nous indique aussi, d'abord, de vérifier si, dans le milieu,
on n'a pas tenté de régler le problème. C'est notre
premier réflexe et, particulièrement lorsque les parties se sont
donné, dans un établissement, des règles précises
au niveau de leur convention collective, je pense que nous devons
vérifier si les deux parties ont respecté ce sur quoi elles se
sont entendues pour régler le problème. Cela vous indique de
quelle façon nous intervenons, mais, évidemment, nous intervenons
dans tous les cas où l'on demande notre intervention, après
vérification de ce qui s'est passé dans le milieu du travail. (16
h 45)
Est-ce que l'utilisation du droit de refus peut se comparer entre le
Québec et l'Ontario? On m'a donné les chiffres de l'Ontario. En
1980-1981, on m'indique 162 cas; en 1981-1982: 181, et, en 1982-1983: 136 comme
total. Par comparaison, vous savez qu'en Ontario le droit existe sous une forme
légèrement différente au niveau du droit où les
prescriptions sont peut-être plus limitées quant à
l'exercice même du droit de refus par rapport à la
législation du Québec. Cela vous donne quand même, au
niveau du nombre de cas qui se présentent, des similitudes, même
si, cependant, en Ontario, il y a plus de travailleurs qu'au Québec. Je
pense qu'on n'assiste pas à un écart exagéré entre
les deux, d'autant plus qu'ici, il s'agit d'un droit nouveau au niveau des
mécanismes, au niveau de l'application. Et je me dois,
évidemment, de vous souligner qu'au niveau du nombre de cas qui se sont
présentés, il y en a eu un certain nombre assez substantiel qu'on
retrouve dans les mêmes endroits et qui est relié, parfois,
à la façon dont les parties gèrent leurs dossiers de
santé et de sécurité au niveau de
l'établissement.
Nous avons, par exemple, en 1981, dans trois endroits, 53 cas sur les
311 qui se sont présentés; donc, 17% provenaient de trois
entreprises. En 1982, cela concerne cinq entreprises, 68 cas pour 27% des cas
et, en 1983, nous en avons 57 dans trois entreprises pour 30% des cas. Donc, on
le voit, l'exercice du droit de refus peut être relié parfois
à la façon même de gérer le dossier de santé
et de sécurité au niveau d'un établissement.
Évidemment, si les travailleurs ou leurs représentants utilisent
le mécanisme du droit de refus au lieu d'utiliser le mécanisme de
plainte ou encore de règlement des désaccords au niveau de leur
convention collective ou les façons de faire au niveau de
l'établissement et qu'on demande constamment la présence de
l'inspecteur, je pense....
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Lac-Saint-Jean, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: C'est parce que je trouve que notre invité
parle beaucoup et les réponses sont très longues. À ce
rythme, la question de M. Payne était... Pardon?
M. Dean: La question était longue aussi.
M. Maltais: Elle était très longue, mais c'est
parce que M. Payne a l'habitude de poser des très longues questions.
Une voix: C'est M. Dean.
M. Maltais: M. Dean, excusez-moi.
Une voix: II y a une très grande différence!
...Lac-Saint-Jean et Saguenay.
Une voix: Ne l'insulte pas!
Le Président (M. Gagnon): Attention! Sur la question de
règlement, effectivement, je voulais intervenir, mais comme je
n'étais pas ici, je n'ai pas entendu la question qu'on a posée.
Je ne pouvais pas juger si la réponse était trop longue ou pas.
Mais, cela me permet de faire un rappel: Si on veut terminer le plus tôt
possible, je sais qu'il y en a plusieurs qui voudraient vous poser des
questions, il faudrait peut-être essayer de...
M. Dean: C'était une question à plusieurs volets,
mais, d'après moi, il y a répondu aux trois quarts, si ce n'est
pas plus.
M. Bertrand (Jean-Louis): C'était une question à
six volets et je pense que je peux terminer.
Le Président (M. Gagnon): D'accord.
M. Bertrand (Jean-Louis): Vous avez posé une question
concernant la révision. Le nombre de cas qui ont été en
révision au niveau du droit de refus: en 1981, 6; en 1982, 22 et, en
1983, actuellement, 22. Quant au délai, je pense que nous faisons tout
dans chacun des cas de droit de refus; évidemment, selon les
circonstances, parce que dans certains cas de droit de refus où la
condition personnelle du travailleur est impliquée ou, encore, où
il y a un problème de nature ergonomique, nous devons procéder
à des études et des enquêtes et, tant que nous n'avons pas
soit le rapport médical, soit le rapport en termes d'ergonomie, les
délais sont plus longs pour résoudre le problème.
Quant à votre dernière question concernant l'organisme qui
est en charge au niveau du bureau de révision, il s'agit du bureau de
révision - ce qui a été mentionné à quelques
reprises ici - en inspection qui a été formé par le
conseil d'administration et qui est chargé de réviser, en
dernière instance, à la commission, les droits de refus.
Après l'instance de l'inspecteur, de l'inspecteur-chef, la
dernière instance, c'est le comité de révision.
J'espère avoir couvert l'ensemble de vos questions.
M. Dean: Juste la question de... Je sais qu'il est très
tôt pour évaluer des expériences, mais, est-ce qu'on peut
attribuer à l'excercice du droit de refus, dans certaines situations
où le droit de refus a été jugé justifié...
Est-ce que cela a amené les entreprises et les travailleurs de ces
entreprises à adopter des mesures plus rapides et plus efficaces dans la
voie de prévention qui est la base de la loi de la santé et de la
sécurité du travail?
M. Bertrand (Jean-Louis): Je pense qu'il s'est produit des
situations où, effectivement, le droit de refus a permis de corriger
immédiatement une situation qui était dangereuse, ou dans un
très bref délai. Je pense que oui. Dans d'autres cas, cela a
cependant permis, même si le droit de refus aurait pu être
exercé sous forme de plainte puisqu'il n'y avait pas de danger, comme
l'indique la loi, des avis de corrections qui ont permis de corriger le milieu
de travail.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Prévost. Non?
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. le
vice-président, vous êtes vice-président à la
prévention à la suite de l'intégration des services
d'inspection et de prévention. Vous avez une responsabilité
importante au chapitre de l'inspection. On sait comme l'inspection est un point
d'appui majeur pour l'atteinte des objectifs fixés par la loi et les
intervenants. On a eu des commentaires
nombreux, éloquents, sur la qualité et la quantité
des services d'inspection de la commission. Je voudrais me
référer à un cas particulier qu'on a connu dans la
région de Québec le 5 août dernier. Vous aurez compris que
je me réfère à l'accident d'Habitat Sainte-Foy. Si je fais
une brève revue des articles de presse parus à ce
moment-là, M. Florian Ferland, qui est dirigeant syndical de la FTQ,
disait ceci dans le Soleil du mardi 9 août: "La situation
économique a entraîné une grosse relâche du
côté de la sécurité sur les chantiers. Le gros
handicap - et c'est M. Ferland, représentant syndical de la FTQ qui le
dit - est le non-respect de la loi 17 qui aurait dû être mise en
application depuis deux ans. Cette loi prévoit notamment la
présence d'agents de prévention et de comités de
chantier." On se rappelle qu'on avait passé plusieurs heures en
commission à discuter de ces fameux comités de chantiers et de
leur rôle. "Malgré toutes les pressions, les mémoires
déposés par la FTQ, rien n'a jamais été fait."
M. Christian Dagenais, de l'Ordre des ingénieurs, dans le Journal
de Québec du 10 septembre 1983, souligne que, dès le printemps
1983, les enquêteurs sous sa juridiction avaient constaté que les
plans et devis qui étaient ou devaient être utilisés
étaient illégaux à leur face puisqu'ils ne portaient pas
les sceaux et signatures d'ingénieurs, comme le requiert l'article 24 de
la Loi sur les ingénieurs.
M. Laberge a formulé des commentaires que je vais tenter de
résumer le mieux possible. M. Laberge juge insuffisant le rapport
d'enquête de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Il trouve que celle-ci laissait plusieurs
questions sans réponses. Il s'interroge sur la présence, sur le
chantier, de travailleurs sans cartes de classification émises par l'OCQ
et dénonce le silence de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail sur le fait que l'inspecteur n'a pas
vérifié si les travailleurs présents avaient suivi les
cours sur la sécurité.
On a eu l'enquête du coroner. Si je me réfère au
journal Le Soleil, publié ici à Québec le mardi 25 octobre
1983, je cite, et c'est sous la signature de M. Michel Truchon, journaliste qui
a suivi l'affaire: "Deux ingénieurs à l'emploi de la Commission
de la santé et de la sécurité du travail en sont venus
à la conclusion que la structure de l'édifice d'Habitat
Sainte-Foy n'était pas conçue pour porter les charges qu'on lui
destinait. "M. Jean Massé, ingénieur responsable des inspecteurs
de la Commission de la santé et de la sécurité du travail,
a signé le rapport concluant que c'est l'absence d'un simple bout de
bois, long d'une dizaine de pouces, qui a provoqué la chute de
l'édifice. Selon lui, la cloison du sous-sol était cependant
insuffisante pour porter les charges qu'on lui imposait et les montants
auraient dû être placés à distance de huit pouces et
non de seize pouces, comme ce fut le cas."
Essentiellement, ce que le rapport d'enquête semble indiquer,
c'est qu'un bout, un morceau servant d'appui à une ferme de toit, un
"thrust", aurait été enlevé pour faire certains travaux et
c'est ce qui aurait pu, selon M. Massé, expliquer ce malencontreux
accident.
Par contre, un autre ingénieur et inspecteur de la Commission de
la santé et de la sécurité du travail, M. Emmanuel
Cazakopoulos, de Montréal, a dit que la structure était
surchargée et pouvait casser n'importe où.
Si on se réfère aux événements qui ont
précédé cet accident, on retient qu'il n'y avait pas de
comité de chantier. Le promoteur, M. Malenfant, indique que le
comité de chantier allait être formé le lundi suivant et on
constate que M. Robert Fillion, inspecteur à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, est passé sur
le chantier dans la matinée de l'accident. On se rappellera que
l'accident est arrivé entre 15 et 16 heures.
Première question: Comment expliquer que, de prime abord, les
deux rapports produits par les spécialistes de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail semblent
contradictoires? M. Massé indique, comme cause de l'accident, le fait
qu'une ferme de toit a été modifiée, alors que M.
Cazakopoulos indique que c'est l'ensemble de la structure portante qui
était trop faible.
Deuxième question: M. Fillion, votre inspecteur, est passé
sur le chantier le matin même de l'accident. Il y a un inspecteur qui
passe sur un chantier comme celui-là; est-ce que son rôle, c'est
de voir si le comité de chantier s'est réuni, les conclusions
auxquelles il en est venu, ou s'il a lui-même une prestation d'inspection
et un acte d'inspection à faire? Dans ce cas-là, il faudrait
savoir s'il y a eu un acte d'inspection comme tel qui a été
fait.
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Fréchette: ...à ce stade-ci, est-ce que je
pourrais soulever une question de règlement, beaucoup plus de nature
préventive que pour tout autre motif? À la suite de l'accident
dont parle le député de Portneuf, il y a eu, effectivement, des
enquêtes de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Si mes informations sont exactes, il y a
également eu une enquête du coroner qui a duré
plusieurs
semaines, deux, trois, même quatre, je pense, et, toujours sous
réserve de la véracité de mes informations, le coroner
n'aurait pas encore rendu de verdict; il aurait pris la cause en
délibéré et il n'aurait pas encore rendu de verdict. Or,
M. le Président, je me pose simplement la question, je la pose aux
membres de la commission: Est-ce que le terrain sur lequel nous sommes en train
de nous acheminer ne fera pas en sorte qu'on va entreprendre de discuter d'un
dossier qui a le caractère du sub judice? C'est strictement et
uniquement en fonction de cette préoccupation que je soumets ces
observations. Il me semble qu'on s'aventure sur un terrain dangereux, pas que
le sujet ne soit pas intéressant en soi, mais il y a un organisme quasi
judiciaire qui va, dans les jours ou les semaines qui viennent, rendre un
verdict important, de conséquence. Je me le demande, je la mets sur la
table comme cela.
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ...je suis d'accord avec le ministre sur
l'écueil possible. Avant de poser les questions, j'y ai
réfléchi et, si vous remarquez, je n'ai pas posé de
question portant sur l'appréciation de la commission sur
l'événement. J'ai posé deux questions bien
spécifiques sur des faits qui sont devenus publics par la comparution
des inspecteurs ou des représentants de la commission, lesquels ont
formulé des déclarations dans le cadre de cette enquête,
déclarations qui sont devenues publiques. Et mes questions ne visent pas
du tout, mais pas du tout, il ne faudrait pas que cela débouche sur une
appréciation des représentants de la commission sur la
responsabilité. D'accord? Sur cela, on s'entend. J'ai touché deux
aspects et ce sont des aspects qui sont connus, qui sont publics et qui
touchent spécifiquement la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
M. Sauvé: II est exact que le coroner n'a pas encore rendu
sa décision.
M. Bertrand (Jean-Louis): C'est pour cela, M. le
Président, que je me permets de vous demander une interprétation
des points de vue qui ont été indiqués. C'est que le
coroner a aussi à juger, au niveau de la responsabilité, à
l'aide des témoignages qu'il a entendus. Si j'ai bien compris, à
moins que je n'aie mal compris la question de M. le député, vous
me demandez de porter dans le fond un jugement sur chacun des
témoignages des deux inspecteurs, ce qui va évidemment être
le rôle du coroner. Si vous me demandez d'expliquer le témoignage
de l'un et de l'autre des inspecteurs, je vais devoir indiquer ce qui a pu se
produire et, de toute façon, il me faudrait, pour rendre justice et aux
personnes qui ont rendu ces témoignages-là et à
l'enquête qui s'est tenue, avoir devant moi les documents
concernés. Et c'est pour cela que je demanderais à M. le
président de m'indiquer comment je dois me comporter, comme j'ai cru
comprendre, comme invité de la commission, face à ce point. Je
suis un peu dans un dilemme, je dois dire. C'est peut-être une trop
grande prudence de ma part. J'aimerais bien avoir les témoignages
mêmes qui ont été rendus; je ne voudrais pas les fausser.
Je comprends que vous faites appel à une coupure de journal et que le
journaliste a dû bien faire son métier, mais, cependant, le
témoignage rendu, je ne l'ai pas devant moi et je ne voudrais pas
m'aventurer à dire qu'il a dit telle chose ou pas, alors que je ne l'ai
pas. Je suis un peu embêté. (17 heures)
M. Pagé: Le ministre fait référence à
l'aspect délicat du sujet, j'y souscris. Je n'ai pas voulu - cela, je
l'ai clairement indiqué et je me permets de le répéter -
et je ne veux pas, par mes questions, faire en sorte que vous
interprétiez ou que vous portiez une appréciation sur le verdict
qui aura à être rendu. On pourrait discourir longuement sur le
règlement. Je vous laisse entière discrétion de
répondre ou non. Et sachez que, si vous croyez - je veux que vous soyez
bien à l'aise, M. Bertrand - qu'il n'est judicieux...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Portneuf, si vous me permettez...
M. Pagé: Non, mais je vais terminer.
Le Président (M. Gagnon): Oui?
M. Pagé: Cela va se régler assez vite.
Le Président (M. Gagnon): Oui?
M. Pagé: Si vous croyez qu'il n'est pas judicieux pour la
commission de répondre à ce moment-ci, on ne vous en tiendra pas
grief, soyez-en certain.
M. Bertrand (Jean-Louis): Je vous remercie infiniment. Je suis de
nature très prudente dans ce domaine-là.
M. Pagé: D'accord. Une petite question, cependant,
celle-là, je crois que vous pouvez y répondre. M. Robert Fillion,
sa formation, est-ce qu'il était un inspecteur qui est arrivé
à la commission avant l'intégration? Est-ce qu'il était
à l'OCQ?
M. Sauvé: II était à l'OCQ, M. le
député.
M. Pagé: II était à l'OCQ.
M. Bertrand (Jean-Louis): Oui, parce que cela a été
soulevé...
M. Sauvé: Cela a été soulevé hier par
les représentants de l'AECQ, je pense. M. Fillion est un des inspecteurs
des quelque 40 inspecteurs qui ont été transférés
de l'OCQ à la commission.
Le Président (M. Gagnon): Alors, nous allons devoir
suspendre nos travaux pour quelques minutes parce qu'il y a un vote à
l'Assemblée nationale.
(Suspension de la séance à 17 h 1)
(Reprise de la séance à 17 h 8)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! Lors de la
suspension, la parole était au député de Portneuf, les
questions étaient posées à M. Bertrand, je crois.
M. Pagé: D'accord. J'ai posé quelques questions.
Evidemment, je pourrais revenir et probablement passer toute la soirée
jusqu'à minuit sur les programmes de prévention, la
priorité qui serait donnée à la prévention par
rapport à l'inspection, ce qui a été dénoncé
par plusieurs intervenants. Mais j'ai d'autres collègues qui ont des
questions très importantes, entre autres mon collègue de Viau,
sur l'administration de la commission. On sait qu'on a posé plusieurs
questions sur le sujet, lors de l'étude des crédits.
Avant de céder la parole à mon collègue, j'aimerais
m'assurer auprès de M. Bertrand que les documents concernant
l'Association du secteur automobile, c'est très bien, les signataires
employeurs et les signataires syndicaux...
M. Bertrand (Jean-Louis): Oui, c'est difficilement lisible.
C'est...
M. Pagé: Difficilement lisible.
M. Bertrand (Jean-Louis): ...exactement... J'ai eu le même
réflexe, M. le député...
M. Pagé: Oui.
M. Bertrand (Jean-Louis): ...en ayant la copie devant moi; il y a
certains noms que je connais comme M. Demers je pense, et ainsi de suite. Et je
vais vous les faire reprendre pour que ce soit bien clair, chacun des noms.
M. Pagé: Oui, je présume qu'il y a du
personnel-cadre de l'association qui est en ville. Alors, vous pourrez
très probablement...
M. Bertrand (Jean-Louis): Oui, c'est cela.
M. Pagé: ...avoir ces noms.
M. Bertrand (Jean-Louis): Je vais m'assurer de cela.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président. D'après les
invités qui sont venus témoigner, je pense qu'on peut conclure
que personne n'est content de la CSST, d'une façon ou de l'autre. Il y a
des contestations du côté des accidentés et des
contestations du côté patronal.
On a essayé de nous faire croire, par l'entremise - comme je l'ai
déjà dit, à l'occasion de nos questions avec débat
et lors de l'étude des crédits, que tout allait bien, que tout
était sous contrôle. En parlant de contrôle, j'aimerais
poser une première question au président. Je ne parle pas de
contrôle du Vérificateur général. Je parle du
contrôle au jour le jour et de ce qui se passe à
l'intérieur de la CSST, en termes de fonctionnement quotidien dans
chacun des bureaux régionaux. Voici ma question précise: Bien
sûr, il y a des directeurs dans les bureaux régionaux et ces gens
ont un pouvoir de surveillance sur ce qui se passe dans leur bureau, dans leur
boîte, mais j'aimerais savoir de quelle façon, M. Sauvé,
vous vous assurez que le fonctionnement de chacune de ces boîtes est
adéquat.
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé.
M. Sauvé: M. le Président, chaque année,
pour chaque bureau régional et chaque direction au siège social
ou, pour ce qui est de la prévention, une inspection au centre
administratif à Montréal, les budgets doivent être
approuvés par le comité de direction et soumis pour approbation
au conseil d'administration. Une fois ces budgets accordés, un service
de contrôle budgétaire à l'intérieur de la
commission envoie, à chaque fin de mois, c'est-à-dire, par
exemple, à la fin du mois de janvier, donc dans les dix ou douze
premiers jours du mois de février, les résultats de toutes les
opérations et de toutes les dépenses de janvier, pour chaque
direction.
Nous faisons, deux fois par année, une réévaluation
de tous les budgets. Je suppose qu'il y aurait eu, comme cela nous est
déjà arrivé à Chicoutimi, un feu dans le bureau
et qu'il aurait fallu déménager très rapidement. Il
est bien évident qu'il n'y a pas, dans le budget, de prévisions
pour cet incident. Après quatre mois, le service du contrôle
budgétaire nous dit qu'il n'y a pas de problème nulle part ou
nous signale que, dans un des postes, quelque part, il peut y avoir quelque
chose. Habituellement, nous attendons huit mois pour faire les
réajustements parce que, justement, en cours de route, il pourrait y
avoir des améliorations à certains postes. Je pense que,
mensuellement, la direction peut exercer le contrôle s'il y a des
dangers.
Jusqu'à maintenant, M. le Président, pour toutes les
années depuis que je suis à la commission, les frais
d'administration ont toujours été inférieurs aux
prévisions budgétaires adoptées. Je pense que cela
dénote que nous suivons constamment les contrôles
budgétaires. Il faut vous dire également que les dépenses
doivent être autorisées soit par le directeur régional,
soit par les vice-présidents ou les directeurs généraux.
Je pense que le règlement de régie interne prévoit, par
exemple, que toute dépense inférieure à 10 000 $ doit
être approuvée par le vice-président ou le directeur
régional. J'espère que j'ai répondu à la question
du député de Viau. (17 h 15)
M. Cusano: Merci.
Vous parlez strictement de budget. La question que je voudrais vous
préciser, ce n'est pas celle du contrôle, c'est-à-dire
qu'elle serait reliée au budget, mais j'ai bien mentionné dans ma
question les activités de chaque journée dans les bureaux
régionaux. Est-ce que vous avez un contrôle sur ce qui se passe,
à part que de se fier au directeur d'un bureau?
M. Sauvé: M. le Président, comme vous le savez,
nous avons douze bureaux régionaux. Il est bien évident que
personne, au comité de direction, ne peut contrôler de
façon directe les douze bureaux régionaux. Dans chaque bureau
régional, il y a un directeur régional qui est l'autorité
suprême, le plus haut niveau, et qui a sous sa surveillance un directeur,
si vous voulez, pour ne pas s'enfarger dans les termes, un responsable
d'inspection-prévention, un responsable de réparation et un
responsable d'administration.
Ces gens ont un comité de gestion tous les lundis matin, dans
toutes les régions, vérifient ce qui se passe et,
évidemment, quotidiennement, sont dans leur service pour toutes les
activités dans tous les secteurs. Mensuellement, nous avons une
réunion des directeurs régionaux pour vérifier un certain
nombre de choses et vérifier si nous devons changer un certain nombre de
politiques. Quant à nous, le comité de direction, nous nous
réunissons, comme tout le monde le sait à l'intérieur de
la boîte, tous les mercredis pour la journée complète.
Notre service de vérification interne a un système de
contrôle établi sur une période de quatre ans pour tous les
services. Nous avons des rapports d'activité hebdomadaires et mensuels
et nous recevons les statistiques des différents services pour
connaître la progression. Nous savons, par exemple, qu'en 1982 il y a eu
12% d'accidents de moins qu'en 1981 et, cette année, c'est 2% de moins
qu'en 1982, ce qui fait 14% de moins qu'en 1981.
Nous essayons d'avoir, en plus, une politique du personnel qui fait
qu'un président est assimilé au sous-chef, et avant d'autoriser
l'embauche d'une personne, la vice-présidence impliquée doit me
dire s'ils sont d'accord, si cela est prévu dans le budget. Cela je suis
capable de le vérifier mais, je veux, à tout coup, et c'est une
politique que nous avons développée au comité de
direction, demander l'approbation de la vice-présidence impliquée
avant l'autorisation, qui doit être, évidemment, signée par
moi, qu'il s'agisse de transfert, de mutation, de dotation ou de poste de
cadre. Et les frais de déplacement sont surveillés par chaque
bureau régional ou par chaque direction, suivant les budgets qu'ils
ont.
Comme je vous l'ai dit, le contrôle financier me paraît
assez serré. Pour le contrôle des achats, nous avons des
politiques qui ont été déterminées par le conseil.
Pour le contrôle des offres, des contractuels, des consultants, nous
avons également une politique. Nous avons notre propre politique d'achat
qui est aussi un manuel bien important chez-nous. Sur le plan des
activités, parce que cela est important, qu'il s'agisse de
réparation, de prévention, d'inspection ou d'administration, le
directeur régional, avec son équipe, vérifie tous les
jours et toutes les semaines et mettent en commun, comme je l'ai dit
tantôt, au comité de gestion du lundi matin, la programmation pour
la semaine et une vérification de la semaine passée.
M. Cusano: Alors, M. Sauvé, si je comprends très
bien, il se fait une réunion, à chaque mois, des chefs de ces
régions et à ce moment, on jase et on dit ce qui va et ce qui ne
va pas dans le milieu. Si je me réfère à un
procès-verbal, en date du 19 avril 1982, ici à Québec, je
ne vous le lirai pas tout mais, entre autres, on y trouve -c'était M.
Bernier qui était le président de la réunion - au
troisième paragraphe: "II est impensable qu'il n'existe pas une
corrélation entre les coûts de la réparation et de la
prévision qui doit servir à la fixation des cotisations". C'est
une constatation. On continue un peu plus loin, à l'autre page et on
arrive à la question des applications des procédures politiques
et programmes. Selon le procès-verbal - vous me corrigerez si je me
trompe, peut-être que c'est un faux procès-verbal que j'ai
en main - il est dit: "Qu'il faudrait mettre fin à toutes les
procédures expérimentales ou d'exception qui ne sont pas
conformes à ce qui est décrit dans les manuels
d'opération". Voulez-vous me dire comment on est arrivé ou que le
président est arrivé à donner ou faire une
déclaration, qu'il faudra mettre fin à toutes les
procédures expérimentales ou d'exception?
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé.
M. Sauvé: M. Bernier, parce que, évidemment, je
n'étais pas à la réunion. J'ai lu le procès-verbal
mais je pense qu'il vaudrait mieux, d'abord, que M. Bernier explique puisqu'il
présidait la réunion.
Le Président (M. Gagnon): M. Bernier.
M. Bernier: D'abord, je dois dire qu'il ne s'agit pas d'un
procès-verbal mais d'un projet de procès-verbal qui n'a pas
été approuvé tel quel, parce que le procès-verbal
de cette réunion ne contient pas de remarque comme celle-là.
M. Cusano: Vous semblez avoir beaucoup de difficultés avec
vos procès-verbaux.
Le Président (M. Gagnon): Attention!
M. Bernier: Je n'ai aucune difficulté avec mes
procès-verbaux mais il faut comprendre une chose, c'est que lorsque nous
réunissons nos chefs de service et que nous prenons les décisions
de poser des gestes de gestion plus rigoureux, nous utilisons, entre nous,
entre gestionnaires, un langage qui correspond à ce que nous voulons
passer comme message. Je dois dire que lors de cette réunion, nous
avions convenu que certaines procédures et je dis ici,
procédures, cela ne touche pas les politiques et les programmes et c'est
le danger de tirer d'un projet de procès-verbal, une phrase comme
celle-là. D'autant plus que, à ces réunions-là,
nous utilisons un secrétaire qui est désigné pour les fins
de cette réunion. Lorsqu'on parle, dans un procès-verbal, de
procédure, on ne parle pas de programme et de politique. C'est toute la
différence du monde.
Par exemple, la différence entre une procédure et une
politique, c'est que généralement, une procédure n'affecte
pas, le droit des parties. Une procédure, cela peut être la forme
d'une lettre standard qui n'est pas la même d'une région à
l'autre. La décision ne change pas, mais le contenu, la forme de la
lettre peut être différente d'une région à l'autre.
Et cela faisait référence, dans ce cas, spécifiquement
à certaines lettres qui étaient envoyées à des
bénéficiaires et qui n'étaient pas uniformes dans toutes
les régions, qui n'avaient pas le même format dans toutes les
régions. Cela faisait référence également, dans les
cas des bureaux de révision, au format qui était utilisé
pour rendre les décisions. Est-ce qu'on utilise du 8 1/2 x 14 ou est-ce
qu'on utilise du 8 1/2 x 11 pour rendre des décisions? Est-ce que, dans
la première page, on indique un résumé des motifs et dans
les pages suivantes les considérants?
Dans certains bureaux de révision, on avait des
résumés dans la première page; dans d'autres bureaux de
révision, on avait une décision in extenso, complète; il
n'y avait pas de résumé. Alors, il y avait une série de
procédures comme celles-là dont on avait discuté, à
ce moment, qui m'avaient été apportées au cours de
réunions précédentes; et on avait eu des commentaires de
l'extérieur également, qui nous disaient: Pourquoi n'avez-vous
pas tous le même format, par exemple, pour les décisions des
bureaux de révision? On avait décidé que cela se ferait.
Tout le monde n'était pas unanime là-dessus; il y a des bureaux
de révision qui disaient: Notre format est plus pratique; d'autres
bureaux de révision disaient: Tel autre format est plus pratique. Nous
avions décidé, à ce moment-là, qu'on utiliserait le
même format partout. Et nous avions décidé également
que nous aurions un recueil des lettres standards qui auraient
été approuvées, dont le contenu aurait été
approuvé justement pour éviter qu'il y ait des choses qui se
disent dans des lettres qui ne seraient pas acceptables, qu'il y ait des
commentaires qui soient faits dans ces lettres qui ne soient pas acceptables.
Nous avions décidé d'utiliser des lettres standards, qui
comprendraient un certain nombre de variables où la présentation
serait la même partout, où les formules qui pourraient ne pas
être polies seraient éliminées, où on essaierait
d'humaniser plus nos lettres et de les rendre plus informatives. Alors, ce sont
des formules ou des procédures que nous avions voulu uniformiser. Et
à cette réunion-là particulièrement, je pense que
j'avais été assez directif avec les chefs de la
réparation. Je leur avais dit: Ce sont deux domaines où je ne
tolérerai plus d'avoir des formats différents.
M. Cusano: Si je comprends bien, à cette réunion,
vous avez passé votre temps à discuter si on devrait employer une
feuille de cette grandeur-ci ou une feuille de format juridique, une feuille de
8 1/2 x 11; c'est bien cela?
M. Bernier: Je pense que là...
M. Cusano: Bien, c'est cela que vous avez dit.
M. Dernier: Bien, je m'excuse; on parle d'un point du
procès-verbal, un élément du procès-verbal. Et
chacune de nos réunions commence à 8 h 30 le matin et, parfois,
se termine à 20 heures, 20 h 30 ou 21 heures. Nous abordons tous les
problèmes, pas juste des questions de procédure. Vous m'avez
parlé du contrôle des procédures. Je vous réponds
sur le contrôle des procédures. Si vous me parlez de
préparation de politiques ou de préparation de programmes, de
consultation de politiques ou de programmes, qui vont faire l'objet de
discussions par la suite au comité de direction et qui vont être
envoyés au conseil d'administration, ce sont des tables où tous
les sujets qui touchent la réparation sont discutés. Nous
discutons des jugements des tribunaux pour faire des recommandations au
comité de direction, à savoir quelles sont maintenant, si c'est
un élément de jurisprudence, les orientations que nous allons
prendre. Nous discutons les différentes politiques ou les programmes,
nous discutons des plaintes que nous avons pu recevoir, nous évaluons
les statistiques de fonctionnement du mois, le nombre de réclamations
reçues, le nombre de réclamations refusées, les cas de
réadaptation sociale. C'est une table où tous les sujets de la
réparation que vous avez entendus cette semaine se discutent, se
reprennent à ce niveau-là. Nous discutons également des
problèmes d'uniformisation, lorsque nous en avons. Nous discutons les
rapports du vérificateur interne qui va dans les régions
vérifier si, dans des dossiers, nos politiques ou nos programmes ont
été appliqués selon les politiques adoptées; s'ils
ne le sont pas, nous faisons les redressements. Une réunion comme
celle-là reprend toutes les questions de la réparation qu'on a
entendues cette semaine.
M. Cusano: Bon.
M. Bernier: Et bien d'autres. Et on travaille aussi sur
l'avenir.
M. Cusano: Le directeur de la vérification interne, ce
serait bien M. Talbot?
M. Sauvé: Oui.
M. Cusano: Bon. Est-ce que M. Talbot a effectué des
études de vérification dans des bureaux régionaux? (17 h
30)
M. Bernier: II en effectue à longueur d'année,
c'est son mandat. C'est notre rôle de considérer les
problèmes qu'il soulève parce qu'ils se sont posés dans
une région; nous les étudions et nous apportons les correctifs;
nous étudions le rapport du Vérificateur général et
nous apportons les correctifs également qui sont proposés par
le
Vérificateur général.
M. Sauvé: Le rapport du vérificateur interne chez
nous est soumis... Je vous explique comment cela fonctionne: les
vérificateurs vont dans les bureaux et font leur vérification.
Une fois la vérification terminée, ils envoient le projet de
rapport au directeur du bureau pour commentaires et ils ont trente jours pour
le faire. Le vérificateur interne prend le rapport, les commentaires et
il nous envoie le tout avec son rapport final, pour approbation au
comité de direction. Si nous l'approuvons, nous avons une politique de
suivi de ces rapports; à tous les trois mois, c'est-à-dire dans
les trois mois suivants, si les gens n'ont pas donné suite par
écrit à certaines recommandations, nous recommuniquons avec le
bureau ou le service concerné pour lui demander: qu'est-ce que vous
faites sur cela?
M. Cusano: C'est cela. Est-ce que vous présentez ces
rapports du directeur de vérification interne au conseil
d'administration?
M. Sauvé: Non. C'est un rapport qui va au comité de
direction puisque, si vous regardez l'article 154, une vérification,
chez nous, relève directement du P.-D.G. Il y a certains
ministères, certaines régies où cela relève du
directeur général ou d'un sous-ministre adjoint; chez nous, il
est au plus haut niveau possible pour qu'il n'y ait pas d'intermédiaire
et d'interférence dans le travail de la vérification interne.
M. Cusano: Je suis sûr, M. Sauvé, que vous avez pris
connaissance d'un rapport qui vous a été soumis par M. Talbot
lorsqu'il a fait la vérification du bureau de Longueuil.
M. Sauvé: ...
M. Cusano: Certainement. On constate dans le rapport qui contient
plusieurs pages, et encore là... Si vous voulez, je peux faire la
lecture de tout le rapport, mais on regarde à la page 3 du rapport qui
dit: "Nous avons examiné, par échantillonnage statistique, 112
dossiers d'indemnisation temporaire dont la date d'ouverture se situait
après le 1er avril 1982, ainsi que 25 dossiers d'incapacité
partielle permanente choisis au hasard parmi ceux dont la rente a
été calculée et établie après le 1er avril
1982." Bon. Il dit aussi: "Nous avons examiné trente dossiers de retrait
préventif, choisis au hasard", encore à la même date, "De
plus, nous avons examiné trente dossiers de réadaptation sociale,
choisis au hasard, après le 1er avril 1982, et nous avons examiné
le contrôle de la qualité exercé sur les dossiers
d'indemnisation ainsi que les procédures relatives à la saisie
des données des
documents de paiement. Finalement, nous avons brièvement
examiné les procédures en usage à la section
comptabilité, quant au contrôle du compte de banque en
fidéicommis et de la petite caisse. Nous avons effectué la
vérification de la conciliation bancaire du compte en fidéicommis
au 31 août 1982". C'est cela? "Constatations. Parmi les 112 dossiers
d'indemnisation totale temporaire dont la date d'ouverture se situait
après le 1er avril 1982, nous avons décelé certaines
faiblesses de traitements ci-après énumérées: nous
avons constaté que la décision D-147-82, orientations
générales en matière de médecine physique,
datée du 17 juin 1982, n'était pas appliquée. Selon les
informations verbales reçues, cette décision n'est pas
respectée en raison de la difficulté encourue dans la mise en
place de moyens concrets d'application". Il continue: "Nous avons, sur la
question de la journée d'abandon, constaté l'absence de
directives précises à savoir si la journée complète
ou une partie de la journée d'abandon est compensable lorsque celle-ci
est différente de la journée de l'accident. Ceci entraîne
un traitement non uniforme de la journée d'abandon". Et il se
réfère à des dossiers particuliers. J'en compte un, deux,
trois, quatre et cinq. Je continue: "Date du retour au travail non
confirmée médicalement. Nous avons constaté, dans certains
dossiers, que la date de retour au travail utilisée pour établir
la compensation n'était pas confirmée par un rapport de
médecin mais obtenue, soit en téléphonant à
l'employeur, soit qu'elle était inscrite par ce dernier sur l'avis
d'accident, comme le mentionnent les dossiers." Combien de dossiers? Un, deux,
trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze dossiers...
Une voix: Toujours sur?
M. Cusano: Toujours sur les 112-137 dossiers. Je vais en arriver
à une conclusion. On s'en va bien. "Indemnisation temporaire
payée en trop: notre examen nous a démontré que les
périodes compensées, dans certains dossiers, ne correspondent pas
aux périodes confirmées par les rapports médicaux." Vous
avez les dossiers un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix sur
les 112, plus les autres que j'ai mentionnés, pour un total de 137. Cela
va plus haut que ça, mon collègue de Portneuf. On ne fait
qu'accumuler.
On continue: "Autres faiblesses du traitement. Nous avons
constaté quelques autres faiblesses ayant trait, de façon
générale, à la qualité du traitement des dossiers.
Nous les énumérons brièvement ci-après afin
qu'elles puissent faire l'objet d'une attention particulière."
Dossiers. Le premier en question: on a payé huit jours à
l'employeur même si celui- ci indique qu'il ne continue pas à
verser le plein salaire. Deuxième dossier: on inscrit sur le feuillet de
paiement, trois jours d'absence au travail au lieu de trois heures.
Troisième dossier: on a considéré un enfant à
charge au lieu de deux lors de l'ajustement manuel. Quatrième dossier:
on a inscrit 262,80 $ au lieu de 562,80 $ sur le formulaire Compactra comme
salaire hebdomadaire. L'accidenté est âgé de 60 ans et a
deux enfants à charge selon l'avis de l'accident. Il y a
possibilité que les enfants soient âgés de plus de 18 ans.
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est votre individu. Cela se peut qu'il ait 60
ans et qu'il ait des enfants de moins de 18 ans. Cinquième dossier: on a
utilisé le revenu brut des douze mois précédant l'accident
au lieu des revenus bruts des quatre semaines précédant
l'accident alors que ces derniers étaient plus avantageux pour
l'accidenté. Sixième dossier: on a payé le 82-07-14,
journée travaillée par l'accidenté. Il a travaillé
mais on l'a quand même payé.
Septième dossier: l'employeur a mentionné un changement
dans les bases de salaire et aucune action n'a été prise. On va
continuer: selon les données sur l'avis d'accident, il aurait
été plus équitable d'utiliser le revenu brut annuel d'une
personne exécutant le même travail que d'utiliser le revenu brut
des quatre semaines précédant l'accident. On continue: on inscrit
cinq jours par semaine sur le feuillet d'autorisation alors que
l'accidenté ne travaille que quatre jours par semaine. Un autre dossier:
selon les documents au dossier, on aurait dû payer le 82-11-01,
journée non travaillée. Si vous remarquez, il y a un grand nombre
d'erreurs.
On continue, M. le Président, et on pourrait faire le tour de
chacun de ces dossiers...
M. Sauvé: M. le Président, puisque je n'ai pas le
rapport en main...
Le Président (M. Gagnon): Si vous me permettez, M.
Sauvé, nous allons attendre qu'il termine sa question.
M. Cusano: M. le Président, le juge pourra certainement
nous faire parvenir... Il a ces dossiers. Il a le rapport en main, rapport qui
a été envoyé le 13 mai 1983...
M. Sauvé: 1982? 1982?
M. Cusano: 1983. Je vais sauter tous ces dossiers et j'arrive
à un point qui me semble extrêmement important. Ce sont les
comptes d'assistance médicale en attente du paiement avec un ordre de
paiement. Vous parlez toujours de mécanismes de contrôle; le
programme informatique comporte des critères d'admissibilité,
comme le montant maximum admissible, et ainsi de suite, par
catégorie de comptes d'assistance médicale. La raison
d'être de ce contrôle, explique M. Talbot, est de faire ressortir
les comptes dont le montant soumis est anormalement élevé, afin
qu'ils soient vérifiés et réapprouvés avec
paiement, tel que décrit dans le manuel d'opération et
d'instruction de l'assistance médicale, section 2,2.
Selon notre examen, ces comptes rejetés sont simplement
dirigés chez un agent de bureau qui coche la fiche A, ce qui veut dire
accepté, sur l'ordre de paiement, et retourne la formule à la
banque des données, pour que le paiement soit effectué
automatiquement. Beau contrôle, M. le Président! Vous avez
certainement le document; si vous ne l'avez pas lu - vous ne l'avez pas? vous
l'aurez, je pourrai vous en donner une copie, si vous ne l'avez pas -mais, si
on fait l'analyse de ce dossier, M. le juge, on peut conclure que, dans un
bureau régional, celui de Longueuil, il y a eu examen de 137 dossiers
pour incapacité temporaire et permanente; sur cela, on se retrouve avec
des anomalies, à un pourcentage d'erreurs de 19,7%. Je ne parlerai pas
des autres cas que j'ai mentionnés tout à l'heure, comme ceux sur
le retrait préventif et de certaines erreurs catastrophiques, mais on
peut faire tout cela et, selon mes calculs, on arrive, pour les dossiers qui
ont été examinés, à ce pourcentage de 19,7%. Bon!
Maintenant, qu'est-ce que cela veut dire? Vous savez, votre rapport annuel est
bien préparé. On a beaucoup de difficulté à le
suivre, parce qu'il faut chercher d'un bout à l'autre, avec des chiffres
qui ne correspondent pas. Mais, si je me sers, comme base de
référence, de cette analyse, de ces dossiers-là, qu'on
trouve à la page 79 du rapport annuel, lorsqu'on parle
d'incapacité temporaire permanente, le nombre de dossiers traités
dans l'ensemble de la province, dans tous les bureaux régionaux, est de
165 316. Et si on fait toute l'extrapolation des chiffres, cela voudrait dire -
et j'espère que je me trompe et que c'est seulement au bureau de
Longueuil, mais si cela a été pigé au hasard
là-bas, et qu'on fait cette extrapolation, je dois conclure, selon le
rapport, que, sur 165 316 dossiers qui sont traités par les
employés de la CSST, il y aurait 32 567 dossiers où il y a des
erreurs. Vous pouvez nous parler de l'informatique, nous parler de
système de vérification et tout cela; mais là, ce n'est
pas le député de Viau qui parle, c'est un de vos employés,
et il serait très intéressant que vous puissiez nous
déposer tous ces rapports, parce qu'il a dû certainement s'en
aller dans les autres régions. J'espère que je me trompe. C'est
une extrapolation que je fais et, lorsqu'on parle de 32 000 dossiers où
il peut y avoir des erreurs de contestation, soit du côté des
accidentés ou du côté des patrons, je pense que ce que l'on
a vécu dans les deux ou trois derniers jours, cela s'explique. Parce
que, s'il y a des erreurs de ce côté-là, c'est sûr et
certain que le patron va réclamer; et s'il y a des erreurs qui sont
favorables aux patrons, bien, c'est l'accidenté qui va réclamer.
C'est cela qu'on veut savoir, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé. (17 h 45)
M. Sauvé: M. le Président, puisque le
député de Viau a le rapport de la vérification interne
touchant le bureau de Longueuil, pourrait-il nous dire quels sont les
commentaires rattachés à ce rapport?
M. Cusano: C'est de prendre les mesures pour s'assurer que ces
problèmes ne se répètent pas.
M. Sauvé: M. le Président, je pense qu'il est bien
important de nous le dire. Le rapport de vérification interne, comme
j'ai expliqué tout à l'heure, est toujours suivi des commentaires
de la région sur les constatations de la vérification interne.
Est-ce que vous pourriez nous dire, sur les sujets que vous avez
soulevés, puisque vous avez le rapport, quelles sont ces constatations,
quels sont les commentaires de la direction régionale?
M. Cusano: De la direction régionale? M. Sauvé:
De la direction régionale.
M. Cusano: D'après les documents que j'ai, les
commentaires ne sont pas faits sur tous les points qui ont été
soulevés dans le rapport.
M. Sauvé: M. le Président, je m'excuse. Ou bien
vous n'avez pas un document complet mais la politique que le
Vérificateur général demande c'est qu'il y ait des
commentaires sur chacun des points mentionnés. C'est la première
chose. Alors il faudrait certains documents que je n'ai pas ici. C'est
sûr que nous les avons au bureau. Mais le rapport de vérification
interne que vous soulevez, doit contenir, annexés au rapport, les
commentaires de la région. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que la
région a dit sur les constatations du vérificateur interne?
M. Cusano: Je vous dis, M. le Président, puisque...
M. Sauvé: II faut qu'il y ait les commentaires, je vous le
dis, sur chacun des points.
M. Pagé: M. le Président, demande de
directives.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre avait
demandé la parole. M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président... M. Pagé:
C'est sur le fond.
M. Fréchette: C'est par rapport à la
préoccupation que vient de soulever le juge Sauvé. M. le
Président, il me semble qu'il serait tout à fait
équitable, dans les circonstances, que le député
procède à la lecture, au texte, si c'est là
évidemment, si la documentation est là, qu'il procède
à la lecture du texte des commentaires dont parle le juge Sauvé.
Le député de Viau a fait référence au texte
très précis quand est arrivé le temps d'évaluer une
situation, d'apprécier des faits qu'il a constatés dans les
dossiers du bureau régional qu'il a visité. Il me semble qu'en
toute justice, il devrait maintenant, si encore une fois les documents
existent, les documents dont parle le juge Sauvé, il devrait, me
semble-t-il, procéder à la lecture de ce qu'ils contiennent.
M. Pagé: Sur cette question, le député de
Viau s'appuie sur un dossier interne de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail qui comporte une enquête ou une
vérification d'un seul bureau régional où, au hasard, sur
un nombre de cas donnés, il apparaît, dans les conclusions du
rapport, qu'un nombre très appréciable de dossiers de ce bureau
ont fait l'objet d'erreurs. Le député s'en inquiète et
c'est normal et explicable parce que cela a trait à l'administration de
la Commission de la santé et de la sécurité du travail et
c'est notre mandat d'étudier l'administration.
Mais là, c'est le monde à l'envers. C'est le
président de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail qui pose des questions à l'Opposition,
sur son organisme. C'est la situation de fait. Je comprends qu'on doit voter
dans quelques minutes et à 20 heures, on peut vous faire la lecture des
rapports de vérification interne à l'intérieur de votre
boîte. Vous allez comprendre que l'on s'attendait que vous en ayez pris
connaissance et qu'une telle situation de fait dans laquelle vous posez des
questions, à nous, sur votre boîte, nous amène à
conclure, comme on l'a déjà fait, que votre boîte est plus
ou moins bien administrée, M. le juge.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, je veux bien qu'on y
aille d'une façon un peu échevelée dans les commentaires
que l'on fait.
M. Pagé: Ce sont des faits. C'est le monde à
l'envers.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Fréchette: Le député de Viau, à
partir d'un document qu'il a en main, met sur la table, des constatations que
contiendrait ce document. On lui demande de donner des précisions. Pour
des motifs que j'ignore, que je n'ai pas à apprécier, le
député de Viau - peut-être pour les motifs que le
député de Portneuf vient de dire - ne répond pas aux voeux
exprimés par celui qui lui demande ces renseignements. M. le
Président, il s'agit d'un document...
M. Pagé: M. le Président, cela est
réglé. On va lire les rapports au juge et on va l'informer de ce
qui se passe dans sa boîte. Aucun problème.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez
toujours la parole.
M. Fréchette: ...auquel le député de Viau
vient de référer. En toute justice, je demande formellement le
dépôt du document auquel réfère le
député de Viau de façon que tous les membres de la
commission puissent en prendre connaissance et ceux à qui on demande de
faire des commentaires, à partir d'un document qu'ils n'ont pas en main.
Je demande, formellement, le dépôt de même que des
photocopies en nombre suffisant pour que tous, nous en ayons une copie en
main.
M. Pagé: M. le Président, c'est encore une fois
assez équivoque. D'une part, on a le juge qui demande la lecture et
d'autre part, le ministre demande le dépôt. On ne demande pas
mieux que de vous informer, nous. Et ce qu'on pourra faire pour vous informer,
on va le faire. M. le juge a demandé la lecture; alors, j'invite le
député à lire.
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Fréchette: ...je pense que le règlement est fort
clair. Dès lors que l'on se réfère à un document,
peu importe sa nature et peu importe son contenu et dès lors, qu'on
l'utilise aux fins de poser des questions à des gens à qui on
demande de répondre et qui ne l'ont pas en main, il me semble que le
règlement est fort clair et ne souffre pas de discussion...
M. Pagé: Pas de problème!
M. Fréchette: ...et que lorsque le dépôt
est demandé, dépôt du document intégral, ce
doit être fait, M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, le ministre vient de
faire une motion pour dépôt de document. On est prêt, vous
en faites la motion, on est prêt à voter, vote enregistré,
M. le Président. Appelez les députés ici autour de la
table.
Le Président (M. Gagnon): Je dois vous dire...
M. Pagé: Vote enregistré.
Le Président (M. Gagnon): ... Un instant!
M. Pagé: Vous êtes deux. On a demandé un vote
enregistré...
Le Président (M. Gagnon): Je dois vous dire que le
dépôt de document en commission...
M. Pagé: C'est une motion pour dépôt de
document. Je demande un vote enregistré.
Le Président (M. Gagnon): ...parlementaire, le
dépôt de document...
M. Pagé: Arrêtez de vous sauver, ils sont deux, on
est quatre...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, en commission parlementaire...
Une voix: C'est une motion.
Le Président (M. Gagnon): ...il n'y a pas de
dépôt de document. Le dépôt de document, c'est
à l'Assemblée nationale. Maintenant, si j'ai bien compris votre
demande c'est pour être équitable. Je pense que dans ce sens, les
membres de la commission devraient avoir le document qui a été
cité, mais pour information, la commission... M. Sauvé.
M. Sauvé: M. le Président, cela m'est difficile de
parler de ce document parce que la politique, comme je vous l'ai dit, c'est que
sur chaque sujet qui est relevé par le vérificateur, le
responsable du bureau doit faire un commentaire; attachés à ce
rapport du Vérificateur général, il y a des commentaires
de la région sur chacun des points. Alors, s'il y a eu des commentaires
et que le vérificateur trouve que ces commentaires répondent
à ses constatations, il est arrivé et il arrive
fréquemment, qu'il change certaines de ses recommandations. Et une fois
que le rapport nous est parvenu et, soit dit en passant, je pense que cela
prouve que nos mécanismes de contrôle sont
sévères...
M. Cusano: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Viau.
M. Cusano: Je voudrais bien que le juge nous réponde mais,
si vous permettez, j'ai une série de questions à poser.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse là-dessus,
vous avez posé des questions pendant - j'ai vérifié le
temps - au moins vingt minutes. D'ailleurs, vous avez arrêté et
j'ai donné la parole à M. Sauvé pour répondre
à vos questions et il est en train de le faire. M. Sauvé, vous
avez la parole.
M. Pagé: On va le laisser aller, cela va être
intéressant, on va constater qu'il va répondre à un
rapport qu'il n'a pas lu, très intéressant.
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé, vous avez la
parole.
M. Sauvé: M. le Président, je pense c'est bien
important, et je répète ce que l'on dit depuis le début
sur la vérification. Le vérificateur interne chez nous, qui a une
équipe de quinze personnes, fait un premier projet de rapport. Ce
premier projet de rapport est envoyé au directeur régional ou
à la direction impliquée. La direction impliquée et le
directeur doivent répondre à chacun des points soulevés
par le vérificateur interne. Une fois que la direction a répondu
à ces points et que c'est envoyé au vérificateur qui,
à l'occasion, modifie son rapport, parce qu'il y a des explications qui
lui sont très justifiées, là, on fait parvenir au
comité de direction le rapport avec les commentaires et son rapport
définitif sur la vérification impliquée...
M. Maltais: Voyons donc, c'est une farce ce qu'il dit là.
C'est un juge après tout.
M. Sauvé: Je pense que c'est bien important. Nous lisons,
au comité de direction, tous les rapports de vérification interne
que nous recevons. Nous avons - et je l'ai dit tantôt - un
mécanisme de suivi qui fait que, une fois que nous avons adopté
le rapport du vérificateur interne pour une région ou un service
impliqué, nous nous assurons que trois mois après, cela a
été fait, que les corrections ont été
apportées, s'il y avait des corrections nécessaires. Et je dois
vous dire que, de façon générale, lorsque des corrections
doivent être faites, elles le sont dans chacune des régions ou des
services impliqués.
M. Cusano: Lorsqu'on parle de vérification, je constate
aussi qu'une autre vérification a été faite, celle-ci sur
des cas de personnes décédées dont la rente était
active. Ce rapport m'inquiète, parce que sur la note de service
signée par M. Chouinard, il nous dit que, sur 221 dossiers, nous en
avons découvert 21, dont 10% de la clientèle, où les
rentes actives variaient de deux mois à deux ans.
Une voix: Après le décès.
M. Cusano: Après le décès, oui, personnes
décédées qui ont continué à recevoir des
prestations...
Une voix: Qui ont été encaissées
apparemment.
M. Cusano: ...elles ont été encaissées,
parce qu'elles ont été payées. Je peux vous dire que,
encore selon le rapport, dans la région de Chicoutimi il n'y en a pas;
dans la région de Hull, 8; Laval, 1; Longueuil, 3; Montréal, 7;
Québec, 1, Rimouski, 1, Rouyn, 1... Excusez, pour Québec, il n'y
en a pas; c'est bon. Rimouski, il n'y en a pas, Rouyn, 1, Sherbrooke, 1 et
Trois-Rivières, il n'y en a pas.
M. le Président, lorsqu'on parle de systèmes de
contrôle de vérification interne, qu'on nous dit que cela
fonctionne très bien à l'intérieur de la boîte,
qu'on se donne tous les moyens et que l'on constate que sur 221 dossiers, 10%
de la clientèle, des personnes qui n'ont plus le droit de recevoir des
prestations; elles sont décédées - la loi leur donne le
droit de recevoir des prestations un mois après le décès -
mais que sur 221 dossiers, on trouve cette liste: 10% des cas, 10% de marge
d'erreur... Sur les autres cas que j'ai soulignés tout à l'heure,
encore selon les données que j'ai, on arrive à une marge d'erreur
entre 19% et 20%; c'est inquiétant, M. le Président. Lorsqu'on
parle de saine gestion, des contrôles financiers et tout cela, il n'y a
aucun doute que des chèques ont été émis; cela
paraît très bien dans le livre, mais ce n'est pas cela qui
était notre question. La motion qu'on avait présentée
visait à examiner les activités de la CSST, c'est-à-dire
l'administration, et le déroulement de ce qui se passe à la CSST.
Corrigez-moi. Vous êtes ici, M. le président, pour me
corriger...
M. Sauvé: Ce que le député de Viau vient de
dire, parce que c'est à la demande du comité de direction que
cette vérification interne a été faite, vous allez
comprendre que nous ne pouvons pas vérifier les décès de
chaque personne. On ne peut pas savoir cela automatiquement et le moyen qui
nous est donné est le suivant: c'est de la fraude d'encaisser le
chèque d'une personne décédée.
Alors, ce que nous faisons, M. le député de Viau, pour
votre information, dès que nous le savons, nous informons la banque et
la banque nous rembourse et c'est elle qui s'occupe de récupérer
les sommes d'argent. Je pense que, sur ce sujet, M. le Président, vous
voyez que le contrôle est parfait et que nous ne perdons pas
d'argent.
Le Président (M. Gagnon): Comme il est...
M. Sauvé: Je vous rappelle que c'est à la demande
du comité de direction, parce qu'on se demandait comment contrôler
un décès. C'est important de savoir cela. Est-ce qu'on peut
savoir que tel accidenté qui est indemnisé, qui reçoit une
rente permanente est décédé? Ce n'est pas facile de savoir
qu'il est décédé. Comme je vous le dis, c'est facile pour
nous, parce que je pense qu'au Québec, les gens sont honnêtes; on
ne signe pas un chèque adressé à l'accidenté. Celui
qui a l'audace de le faire commet un acte frauduleux, et nous demandons
à la banque de nous rembourser; c'est elle qui va chercher l'argent.
Alors, M. le Président, je pense que c'est, là encore, une chose
fort intéressante et j'aimerais qu'on puisse recevoir le document
mentionné tantôt.
Le Président (M. Gagnon): Merci. Sur ce, je suspends nos
travaux jusqu'à 20 heures, puisque nous devons laisser la salle
immédiatement à une autre commission parlementaire.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise de la séance à 20 h 20)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente du travail poursuit ses
travaux afin d'examiner l'administration et le fonctionnement de la Commission
de la santé et de la sécurité du travail.
Je ne ferai pas la nomenclature des membres et des intervenants. Si la
commission est d'accord, j'ai une proposition pour remplacer M. Lavigne
(Beauharnois) par M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Lorsque nous avons suspendu nos travaux, nous en étions à
interroger le conseil d'administration et la parole était au
député de Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président. On parlait des cas de
décès. Il y a une autre question que je voudrais aborder, dans la
foulée... M. le juge aura tout le temps voulu pour nous répondre.
Si je comprends bien, lorsqu'un immigrant accidenté retourne dans son
pays natal, on continue à lui payer ses indemnités. J'aimerais
savoir de M. Sauvé de
quelle façon se font ces paiements et quels sont les moyens de
contrôle sur ces montants qui sont déboursés. Dans combien
se pays cela se fait-il? Quels sont les montants? Par l'entremise de qui est-ce
payé? J'aimerais bien qu'il nous explique cela.
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé, juste avant de
vous laisser la parole... J'ai fait une erreur; au moment de l'ajournement,
vous étiez en train de répondre à des questions du
député de Viau. Vous pouvez donc en profiter pour le faire en
même temps.
M. Sauvé: D'accord, M. le Président. Je vous
remercie. Pendant la période d'interruption, je suis allé
à mon bureau, au siège social de Québec, chercher le
rapport de vérification de Longueuil, de même que les
commentaires, la résolution du comité de direction. Je ne veux
pas en faire une lecture fastidieuse, mais, pour les fins du journal des
Débats, je vais vous lire quelques-unes des recommandations.
M. Fréchette: Juste un instant, M. Sauvé. Je
comprends que vous disposez d'une copie; vous vous apprêtez à vous
en servir. Auriez-vous objection à ce que, par la suite, des photocopies
du document soient prises pour les remettre aux membres de la commission?
M. Sauvé: Je vais donner le document aux membres de la
commission dès que j'en aurai terminé l'utilisation. M. le
député de Viau a lu un certain nombre de recommandations. Comme
je n'ai pas retenu toutes ces recommandations, je prends certains commentaires.
À 4.2. "Journée d'abandon. Un problème se pose - ce sont
les commentaires du directeur régional, M. Jean-Robert Ouellet, au
directeur de la vérification interne, M. Robert Talbot, en date du 5 mai
1983 - dans l'identification de la journée d'abandon, dans le cas de
travailleurs opérant sur une cédule irrégulière, la
journée régulière d'un travailleur ne correspond pas
nécessairement aux jours de calendrier."
Un autre commentaire, à 4.3: "Date de retour au travail non
confirmée médicalement. Cette recommandation est incompatible
avec l'objectif d'efficacité et de réduction des délais de
paiement. Voilà pourquoi sa répétition dans les rapports
de vérification des diverses unités de réparation
d'année en année, nous ne l'avons pas considérée,
sauf dans certains cas spéciaux où il y a vraiment
nécessité d'obtenir l'affirmation médicale précise
avant de décider."
Article 4.4: "Indemnisations temporaires payées en trop.
L'observation formulée à 4.3 s'applique également à
cette recom- mandation." Article 6.1: "Établissement de la
période d'incapacité totale temporaire. Sept des quinze erreurs
décelées sont dues au fait que nous remboursons à
l'employeur le montant exact qu'il a payé pour éviter les
délais, les tiraillements et les coûts qu'entraînent les
ajustements entre les résultats de notre mode particulier de calcul et
celui de l'employeur. Ce sont des erreurs techniques volontaires et qui vont se
perpétuer jusqu'à nouvel ordre. Les mesures sont d'ailleurs
prises pour corriger les autres erreurs décelées."
Sans cela, M. le Président, nous devrions faire des
vérifications onéreuses pour des comptes de quelques cents, et
ceci irrite les employeurs. Je saute le reste des commentaires pour vous donner
la décision du comité de direction - c'est intéressant
parce que j'avais expliqué le processus - à sa réunion du
1er juin 1983. Le rapport de vérification. Vérification du
service de la réparation, direction régionale de Longueuil.
"Considérant que le vérificateur interne a déposé
auprès du comité de direction, le 24 mai 1983, un rapport portant
sur la vérification du service de la réparation à la
direction régionale de Longueuil; "Considérant que le
comité de direction a pris connaissance de ce rapport, le comité
de direction reçoit le rapport du vérificateur interne relatif
à la vérification du service de la réparation à la
direction régionale de Longueuil, en prend acte et entérine les
recommandations du vérificateur interne, de même que les
commentaires du directeur de la direction régionale de Longueuil;
demande au directeur de la direction régionale de Longueuil de produire
d'ici le 30 septembre 1983 un rapport d'étapes portant sur le suivi des
recommandations 4.6, 4.7, 4.8, 5.1, 6.1, 6.2, 6.3, 7.1, 7.2, 8.1, 8.2, 8.3 du
présent rapport."
La recommandation 4.1 fait l'objet d'une politique soumise au conseil
d'administration. Le 12 octobre 1983, le nouveau directeur régional, M.
Roireau, qui a remplacé M. Ouellet, nous écrit,
c'est-à-dire écrit à M. Dupuis, du service de
vérification à la demande: "Je vous fais parvenir copie du
formulaire du suivi des recommandations des rapports de vérification
interne, service de la réparation, tel que demandé dans notre
note de service de septembre dernier." "Recommandation 6.2: retrait
préventif. Dès la visite du vérificateur, nous avons pris
les mesures appropriées pour considérer la réaffectation
de la travailleuse chez son employeur avant d'établir la
recevabilité de la réclamation. Appliquée actuellement.
"Recommandation 8.1: formulaire 451. Actuellement, la signature complète
de l'agent sur la formule est exigée. Lors de la vérification,
certaines formules n'étaient pas signées de façon
complète et il s'agissait d'oublis ou de formation à donner
aux
intervenants concernés. Nous avons toujours exigé la
signature complète sur les formules engendrant un paiement requis depuis
au moins deux ans. "Recommandation 8.3: vérification des comptes
rejetés en assistance médicale. Après étude sur
plusieurs centaines de comptes à la direction régionale de
Montréal et à la direction régionale de Longueuil, nous
avons constaté que les comptes rejetés étaient payables
à 99%."
Et, M. le Président, je n'ajouterais qu'un autre commentaire. Le
député de Viau a fait des erreurs de pourcentage. Je pense qu'il
faudrait qu'il sache et que tout le monde sache que, dans un dossier
d'indemnisation, il n'y a pas qu'une seule opération. Il peut y avoir
une centaine de gestes de gestion dans un dossier d'indemnisation. Alors, il
faut faire attention, quand on fait des extrapolations.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à expliquer
sur notre politique et je pense que vous avez la réponse à toutes
les remarques qui avaient été faites par le vérificateur
interne de la commission.
M. Vaugeois: En avez-vous une copie?
M. Sauvé: Ah! les copies sont rendues! Bravo!
M. Vaugeois: Le Parlement est efficace.
M. Sauvé: Efficace.
Sur l'autre partie de la question, sur les immigrants, M. Bernier, qui a
participé aux négociations, va vous expliquer la situation.
M. Bernier: Dans le cas de travailleurs qui cessent de
résider au Québec, l'article 15 de la loi prévoit ce qui
suit, et je lis: "Le travailleur qui reçoit, en vertu de la
présente loi, une rente hebdomaire ou d'autres paiements
périodiques est déchu de son droit à cette rente ou
à ces paiements s'il cesse de résider au Québec, à
moins que l'expert ne certifie que l'incapacité de travail
résultant de l'accident est probablement d'une nature permanente". Cela
veut dire que, si un travailleur qui ne souffre que d'incapacité
temporaire cesse de résider au Québec, on doit, en vertu de cette
disposition qui existe dans la loi depuis de nombreuses années, depuis
même le tout début, je pense, cesser le paiement de sa rente. Nous
avons une politique qui prévoit que c'est la chose qu'on doit faire.
Cependant, lorsque c'est de l'IP, de l'incapacité permanente, nous
pouvons faire deux choses, soit continuer à payer la rente
d'incapacité permanente ou verser la valeur capitalisée de la
rente aux travailleurs. (20 h 30)
Dans les cas où nous avons des ententes avec les pays, nous ne
cessons pas les versements de l'IT, de l'incapacité temporaire, parce
que les ententes prévoient que l'organisme du pays où le
travailleur retourne doit assumer la continuation des obligations de la
commission. On a deux ententes dans ce sens avec l'Italie et avec la France.
Nous avons également une entente avec la Grèce dont les
arrangements administratifs devraient nous permettre de faire la même
chose prochainement. Le gouvernement du Québec négocie
actuellement des ententes avec le Portugual, l'Espagne, la Belgique,
l'Allemagne et l'Angleterre. Les négociations sont passablement
avancées. Elles se poursuivent avec les organismes concernés; des
projets sont à l'étude actuellement et, dans la mesure ou au fur
et à mesure où les ententes seront en vigueur, il y aura des
arrangements pour que les accidentés qui changent de pays n'aient pas
à subir de coupures de leurs indemnités.
M. Sauvé: M. le Président, avant l'ajournement, si
mon souvenir est bon, le député de Portneuf a demandé que
l'on dépose des documents que M. Bertrand a maintenant en main et qu'il
voudrait déposer.
Le Président (M. Gagnon): II n'y a pas de
dépôt de documents, mais si vous voulez les mettre à la
disposition des membres de la commission, cela va. De toute façon...
M. Sauvé: Est-ce qu'on pourrait donner quelques mots
d'explication?
Le Président (M. Gagnon): On va attendre que le
député soit arrivé, il sera ici dans quelques minutes.
M. Cusano: On va attendre que le député de Portneuf
soit arrivé.
Le Président (M. Gagnon): Cela va-t-il?
M. Cusano: Sur la question de ces montants qui sont
envoyés aux autres pays, les ententes impliquent quoi? On parle de quoi
en termes de chiffres, cela coûte combien?
M. Bernier: En dollars?
M. Cusano: Le montant en dollars, oui.
M. Bernier: Les ententes avec l'Italie, par exemple?
M. Cusano: Si vous voulez, je préfère cela.
M. Bernier: On en a deux. On a la France et l'Italie. Avec
l'Italie, nous avons généralement... Vous voulez dire le
nombre
de cas ou les montants qui sont échangés? M. Cusano:
Les montants.
M. Bernier: II y a des échanges, c'est-à-dire que
cela peut toucher un résident de l'Italie qui vient au Québec et
qui continue à être traité au Québec ou vice versa,
un résident du Québec qui retourne en Italie. Cela
représente, si mon souvenir est bon... Je voudrais pouvoir vous fournir
les chiffres officiels. Je le ferai. Je pense que c'est une vingtaine de cas
par année et cela varie selon les cas. Si vous avez un taux
d'incapacité, par exemple, de 10%, selon l'âge de la personne, si
la personne a 50 ans, cela peut représenter un capital de 10 000 $, 12
000 $ ou 15 000 $. Si c'est un cas de 75%, cela peut être un montant de
100 000 $.
M. Cusano: Une dernière question. Si j'ai bien compris M.
Sauvé, parce qu'il a parlé et il a donné sa
réaction au document auquel je me référais avant notre
ajournement, vous avez dit que M. Ouellet n'est plus directeur à
Longueuil.
M. Sauvé: C'est exact, M. le Président. M. Ouellet
a 64 ans et il a demandé d'être relevé de ses fonctions
parce qu'il trouvait qu'il avait fait sa part de choses dans la vie. C'est un
homme assez remarquable et il est toujours à notre service. Mais il a
demandé de ne plus être le directeur régional parce que
vous savez que la direction régionale de Longueuil est la seconde en
importance dans notre réseau. Il avait préparé une
relève remarquable. Cela fonctionne très bien depuis qu'il est
parti. Cela fonctionnait très bien quand il était là
également.
M. Cusano: Une dernière question, M. le ministre.
M. Sauvé: II a été remplacé par
concours, je tiens à le dire.
M. Cusano: Je n'ai pas parlé de cela, monsieur.
M. Sauvé: Un concours...
M. Cusano: Je n'ai pas parlé de cela.
M. Maltais: Ils ne m'en voudront pas...
M. Sauvé: Non, je veux juste vous signaler qu'il a
été remplacé par concours.
M. Cusano: Non, non, je ne posais pas la question, je voulais
savoir où M. Ouellet était rendu.
M. Maltais: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: Est-ce que, habituellement, quelqu'un n'est pas
remplacé par concours?
M. Sauvé: Tous les postes réguliers, M. le
Président, sont remplis par concours ou pourvus, si ce sont des postes
d'occasionnels, par la voie prévue par les arrêtés en
conseil ou les décrets, c'est-à-dire par appel à la
CMQ.
M. Cusano: Voici ma dernière question pour le moment,
avant de céder la parole. Cela sera vraiment la dernière.
M. Fréchette: Je vous laisse aller, cela va très
bien.
M. Cusano: Parmi ces vérifications, on sait qu'il y en a
une qui a été faite à Longueuil. Est-ce que vous pouvez
nous dire s'il y en a eu d'autres - je vais poser une question à
plusieurs volets pour que le ministre ne revienne pas - qui ont
été effectuées? Si oui, quels sont les résultats?
Est-ce qu'il y en a d'autres qui sont en cours? C'est aussi simple que
cela.
M. Sauvé: M. le Président, je pense que le
député de Viau me fait douter, je pense avoir dit que toutes les
directions régionales et toutes les directions à
l'intérieur de la commission sont vérifiées d'après
un cycle. Oui, il y en a eu. Évidemment, nous recevons tous les mois des
rapports de vérification interne; après celle de Longueuil, je me
souviens de celle de l'Outaouais, de mémoire, et de directions à
l'intérieur de la réparation au siège social. Nous en
recevons tous les mois, pour répondre à la question. Alors, les
régions se font tous les ans et les autres services, tous les deux ans.
Nous venons de commencer une nouvelle chose, nous avons demandé à
la vérification interne, si c'était possible, sans toucher
à leurs principes, de faire l'ensemble des services d'une direction
plutôt que des parties de services de la direction. Ce que je veux dire
par là, c'est que, comme vous avez pu voir dans ce rapport que vous
aviez, vous n'avez qu'un rapport sur la réparation. À l'avenir,
quand ils iront dans une direction régionale, ils feront tous les
services de la direction régionale dans un seul rapport.
M. Cusano: Et vous avez dit auparavant que ces rapports-là
ne vont pas au conseil d'administration?
M. Sauvé: Non.
M. Cusano: En terminant, avez-vous l'intention de faire parvenir
ces rapports au conseil d'administration?
M. Sauvé: Je n'y vois aucun problème, M. le
Président.
M. Cusano: Merci.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Fréchette: Oui, M. le Président, je vous
remercie. Je me suis tenu un peu en retrait au moment de l'interrogatoire et je
réalise que j'ai probablement été prudent de le faire,
parce que bon nombre de questions que j'avais notées à
l'intention des membres de la permanence ont déjà
été posées et ma tâche s'en trouve d'autant
simplifiée. Je n'aurai que deux ou trois questions d'ordre très
général.
M. Sauvé, l'un des organismes qui s'est présenté
devant nous, l'Association des entrepreneurs en construction, a semblé
émettre des inquiétudes quant au mode de financement qui a
été adopté pour l'année 1984. Les
appréhensions de l'Association des entrepreneurs en construction, si je
les ai bien comprises, en tout cas, risqueraient d'augmenter le déficit
à long terme de la commission et, toujours d'après cette
évaluation-là, il pourrait devenir pratiquement impossible de
conserver un taux de cotisation qui garde un certain degré de
stabilité.
Alors, pour le bénéfice des membres de la commission,
pourriez-vous expliciter les raisons à l'appui de la politique de
financement qui a été adoptée par le conseil
d'administration?
M. Sauvé: M. le Président, ce nouveau mode de
financement de la commission a été adopté à la
réunion de juin du conseil d'administration, après avoir
siégé en comité plénier. Ce qui veut dire que la
partie patronale, entre autres, qui avait eu les documents longtemps d'avance,
a pu donner les documents à trois actuaires experts externes. Je ne me
rappelle malheureusement pas les noms de ces trois experts, mais je me souviens
qu'un venait de la firme Mercer, un autre de TPFC, de Tower, Périn,
Forster et Crosby, et un autre de l'Alcan. Ils ont étudié ce
document que vous avez dans les dossiers qui ont été remis avant
la commission parlementaire à chacun des membres de la commission. Ils
ont étudié ce dossier, ils ont interrogé les actuaires de
la commission et l'actuaire-conseil de la commission; ils sont sortis
satisfaits de toutes les explications reçues. Il y a des critères
très importants qui déterminent une politique de financement. Il
y a eu, si vous voulez, cinq principes. Un qui est la stabilité des taux
de cotisation; le deuxième qui est l'aspect incitatif de la cotisation
en regard de la prévention; l'autre qui est important, c'est
l'équité pour les payeurs; le quatrième qui est la
sécurité des bénéficiaires, c'est-à-dire les
accidentés et le cinquième, qu'il y ait quand même une
certaine souplesse, la flexibilité.
À la page 39, M. le Président, de ce document, vous avez
les prévisions de taux de 1984 à l'an 2032. Je vais, si vous
voulez, arrêter autour de l'an 2000, cela me paraît suffisant. En
l'an 1984, le taux sera de 1,89 $ et, en l'an 2000, il sera de 1,78 $. Ce qui
est prévu dans ce document, c'est que, jusqu'en l'an 2032, le taux se
maintiendra entre 1,89 $ et 1,70 $ et que, jusqu'en l'an 2008, nous serons
toujours capitalisés à 70% de nos obligations, ce qui est
très bon, surtout quand je pense que l'Ontario a un déficit
actuariel excessivement important; au 31 décembre 1983, il sera de 1 600
000 000 $. Les chiffres réels, selon les informations que nous avons,
seraient de l'ordre de 3 600 000 000 $. Il y a donc une stabilité du
taux. Nous n'avons pas choisi un mode de financement par ce qu'on appelle le
"pay as you go", c'est-à-dire par répartition, nous avons choisi
un système mixte pour dix ans, qui a permis, en fait... Cela est
important, il y a des gens qui l'ont interprété. Ce taux ne
touchera en rien la sécurité des travailleurs. Cela veut dire que
les travailleurs ne peuvent pas être menacés de quoi que ce soit,
c'est une réduction de 450 000 000 $, sur la base de dix ans, de la part
de cotisations d'employeurs. Si nous avions continué à prendre
les 450 000 000 $, nous aurions un taux de capitalisation très
élevé.
Pourquoi avons-nous fait ce changement? C'est que, depuis un certain
nombre d'années, les gens nous disent: Ah! Les taux sont plus
élevés au Québec qu'en Ontario, il faudrait que vous
regardiez cela. Alors, nous avons regardé ce qui se passait au Canada.
Nous nous sommes aperçus qu'en Ontario, ils étaient
capitalisés autour de 50%, nous l'étions autour de 72%. Pourquoi
être si capitalisé? Nous avons demandé aux experts du BIT,
Bureau international du travail, s'il fallait être capitalisé pour
d'aussi longues périodes que celles que nous avions dans notre
système. On nous a dit: Maintenant, on suggère cinq ans. Lorsque
les gens de l'Allemagne sont venus ici, ils nous ont dit que leur loi
prévoyait une capitalisation pour trois ans, mais, en pratique, ils
capitalisent pour un an. (20 h 45)
Devant tous ces faits, M. le Président, nous avons demandé
à nos actuaires s'il était si essentiel d'être
capitalisé ou d'avoir comme objectif d'être capitalisé
à 100%. C'est ce qui a fait que, après une étude
très poussée, nous sommes arrivés avec ce nouveau mode de
financement qui garantit tous les fonds pour toutes les obligations de la
commission; on prévoit même tous les coûts de la Loi sur la
santé et la sécurité
du travail. Cela est expliqué à la page 16. On
prévoit que toute la loi devrait être en application en 1990,
c'est-à-dire que tous les secteurs seraient couverts. Dix cents sont
prévus dans la cotisation de 1984, soit pour la nouvelle Loi sur les
accidents du travail, soit les obligations en vertu de l'article 38.4. On peut
voir que le but de l'exercice était de s'assurer que toutes les
obligations seraient capitalisées, que personne ne perdrait d'avantages
et que nous pourrions peut-être, dans une situation économique
plus difficile, alléger notre fardeau fiscal.
M. Fréchette: Petite question additionnelle, M.
Sauvé. Quel est, aujourd'hui, le quantum du fonds actuariel
capitalisé? Combien y a-t-il d'argent accumulé, au moment
où on se parle?
M. Sauvé: Je pense qu'on vous a distribué un
tableau. De mémoire; au 30 septembre 1983 - c'est le tableau 4 - nous
avions 1 805 000 000 $ à la Caisse de dépôt et placement
pour garantir nos obligations.
M. Fréchette: Maintenant, M. Sauvé, quand vous avez
répondu à ma première question, vous avez expliqué
que le fonds actuariel était capitalisé dans une proportion de
72% aux fins de garantir toutes les obligations de la commission. De là,
je pense pouvoir me permettre d'arriver à la conclusion que, parmi les
obligations dont vous parlez, on retrouve les obligations de revalorisation ou
d'indexation de toutes les indemnités que la CSST paie.
M. Sauvé: C'est exact. Je vous remercie, M. le ministre,
de me souligner cette importante question. Dans notre loi, l'indexation est
prévue. En Ontario, quand on indexe, ce n'est pas prévu dans la
loi, ce qui fait que, tous les deux ans, le ministre du travail de l'Ontario
arrive en Chambre avec un projet d'indexation, par la revalorisation des
rentes. Par exemple, au mois de décembre 1982, il a haussé les
rentes de 9% rétroactivement au 1er juillet. Il a haussé le
plafond, c'est-à-dire le salaire maximal assurable à 25 500 $
à l'époque. Cette mesure n'était pas prévue dans le
taux de capitalisation au début de l'année et cela a
coûté à la commission ontarienne 335 000 000 $ qui
n'avaient pas été cotisés. Il faut savoir qu'au
Québec 4 000 000 $ équivalent à un cent; cela veut donc
dire que, si vous prenez 335 000 000 $, il y a près de 0,80 $ que nous
aurions été obligés de cotiser et qu'en Ontario, on n'a
pas cotisés.
M. Fréchette: Au fait, quel est le taux de capitalisation
en Ontario? Est-ce que vous l'avez dit? Vous l'avez peut-être dit et je
ne l'ai pas.
M. Sauvé: II est de 52% au 31 décembre 1982; il
sera inférieur à 50% au 31 décembre 1983, à cause
de toutes ces indexations qui ne sont pas prévues et qui vont se faire,
forcément, M. le Président. En Ontario comme ailleurs, le
coût de la vie augmente et il y faut indexer. Les calculs actuariels -
j'arrive d'une réunion avec les présidents des commissions -
démontrent qu'au moment où on se parle, il y aurait en Ontario un
déficit de 3 600 000 000 $, ce qui veut dire que le fonds serait
capitalisé à moins d'un tiers.
M. Fréchette: Maintenant, dans un autre ordre
d'idées, M. Sauvé, je pose la question parce qu'elle est revenue
souvent, tout au cours de la semaine, plusieurs personnes se sont
préoccupées des coûts engendrés au seul chapitre de
l'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Il y a, encore, par exemple, l'Association
des entrepreneurs en construction qui est revenue sur ce sujet et qui a aussi
manifesté certaines inquiétudes en signalant qu'en 1978, les
coûts d'administration en dollars absolus étaient de 37 630 000 $
et qu'en 1983 ces mêmes frais ou coûts d'administration se
chiffreraient à 106 427 000 $.
Vous voyez très certainement venir le genre de questions. Quel
est, d'abord, par rapport au budget global, le taux moyen des coûts
d'administration? Première question. Deuxièmement, comment
expliquer la proportion de l'augmentation du coût des frais
d'administration depuis 1978?
M. Sauvé: M. le Président, le tableau 12 vous donne
le pourcentage des frais d'administration de la commission du Québec,
ceux de l'Ontario et ceux de la Colombie britannique. En 1978 il était
au Québec de 7,6% du coût total, des 100%; en 1979, de 7,7%; en
1980, de 7,9%; en 1981; de 10,1%; en 1982, de 10,7%. Vous voyez qu'en Ontario,
je prends juste 1982, pour ne pas être fastidieux, en 1982, c'est 11% et,
en Colombie britannique, 10,9%. Donc, c'est plus élevé.
Maintenant, quand vous me parlez, en chiffres absolus, de 1978, c'est
passé de 37 000 000 $ à 97 000 000 $, et les chiffres que nous
avons, nous, pour 1983, vous les trouvez au tableau 3. Vous allez comprendre
que, par exemple, en 1978, la masse, les traitements et les avantages sociaux
étaient de 31 000 000 $ et ils sont de 80 000 000 $ en 1983, ce qui
s'explique par le fait que les salaires ont augmenté à eux seuls
de 50% pendant cette même période et qu'il y a eu une augmentation
de personnel.
Vous remarquerez aussi que certaines choses augmentent. Par exemple, les
frais de
déplacement qui, en 1979, étaient de 1 348 000 $ sont de 3
500 000 $ en 1983.
II faut constater qu'en 1979, il y avait 1841 employés; en 1982,
2568 employés; en 1983, 2556, et que le taux de croissance est en
diminution de 8,2% en 1982, par rapport à 1981, et de 12,2% en 1983, par
rapport à 1982. Ce qui veut dire, M. le Président, qu'il ne faut
pas oublier qu'en 1980, il y a eu une hausse des tarifs de 16%; en 1981, une
hausse des tarifs de 15%; en 1983, une hausse des tarifs de 12,5%. M. le
Président, il faut tenir compte des réalités de la vie, de
l'inflation, d'augmentations sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle
comme pour les frais de téléphonie, les frais de poste, les taxes
de nos loyers. Ce sont des choses difficilement compressibles, mais notre taux
se maintient toujours en bas de 11% des frais d'administration, et je pense
que, comme je le disais hier, les compagnies privées d'assurances ont
des taux de frais d'administration qui varient entre 25% et 30%.
M. Fréchette: Toujours en relation avec le rapport de
l'Association des entrepreneurs en construction, ce mémoire,
plutôt que ce rapport, à la page 25, a reproduit un tableau qui
représente le taux de cotisation moyen basé sur trois secteurs de
la construction et cela, à travers tout le Canada, pour en arriver
ensuite à faire une moyenne canadienne. Si vous regardez ce tableau de
près, vous arrivez à la conclusion - en tout cas d'après
ce qui ressort du document qu'on a devant nous - que le taux moyen, pour le
secteur du bâtiment, des routes et de l'électricité, serait
de 3,33 $ - coût moyen au Canada - alors qu'au Québec, nous
serions à 7,32 $, ce qui apparaît être le taux le plus
élevé de ce qu'on retrouve dans le tableau. Est-ce qu'il y a une
explication à cette situation? Et, si oui, quelle est-elle?
M. Sauvé: M. le Président, j'ai expliqué, je
pense, hier, que l'Ontario avait 12 unités dans la construction et que
nous en avions 62 au Québec et, par voie de conséquence, quand on
parle d'un taux pour les routes, le bâtiment ou
l'électricité, on n'a pas pris exactement les mêmes taux
pour faire ce tableau. Par exemple, dans le tableau de
l'électricité, on nous met à 5,81 $, alors que no.us avons
des taux de 4,27 $. Celui de 7,59 $ est de 6,67 $. Alors, on a de la
difficulté à suivre la façon dont on a pu faire ces
comparaisons, car il faut prendre les mêmes unités pour se
comparer. Cela, je pense que c'est beaucoup plus compliqué que ne
l'indique ce système. Ce qu'on peut dire, c'est qu'en 1984, le taux
moyen chez nous baissera de 8% alors qu'en Ontario, il augmentera de 13,6%.
Vous savez, il n'y a pas de mystère là-dedans, c'est basé
sur les coûts d'accidents. Hier, j'ai donné le plus bas taux et le
plus haut chez nous. Et, si mon souvenir est bon, le plus bas taux est plus
élevé en Ontario; le plus haut taux est plus bas en Ontario. Cela
dépend des risques dans chaque métier et il se peut que, par
exemple, on ait plus de travaux de foreurs de travers-bancs au Québec
qu'il n'y en a en Ontario. Il n'y a pas, à ma connaissance, beaucoup de
Baie James qui ont été bâties en Ontario. Ce sont des
travaux extrêmement dangereux quand on fait les couloirs, les tunnels.
Pour ceux qui sont allés à LG 2, vous savez que, quand vous avez
fait le tunnel de la rivière en haut pour descendre à la centrale
sous terre, ce sont des travaux extrêmement dangereux et qui causent
malheureusement un certain nombre de mortalités, ce sont les foreurs de
travers-bancs. Il faut comparer les mêmes choses. Quand on compare les
mêmes choses, et ce sont les études que nous avons faites pour
l'ensemble des taux, à la fin de 1982, l'Ontario avait, en moyenne, une
supériorité, c'est-à-dire des taux inférieurs de
l'ordre de 20%. Avec notre diminution de 8% et son augmentation de 13,6%, vous
voyez que, dans l'ensemble, en 1984, nous allons nous équivaloir et
qu'en 1985, notre taux baissera encore à 1,84 $ alors que le sien
continuera à augmenter, puisqu'il faut capitaliser davantage en Ontario
pour pouvoir remplir les obligations de l'avenir. (21 heures)
M. Fréchette: Oui, cela va. Maintenant, j'aurais une
question pour M. Bernier et une dernière, par la suite, à M.
Sauvé. M. Bernier, le premier groupe que nous avons entendu, l'ATTAQ, a
produit un mémoire dont la première partie est consacrée
à l'identification de certains problèmes qu'ils vivent, nous
disent-ils, en tout cas. Ce mémoire se termine par une longue annexe qui
se réfère à ce qui m'apparaît être des
dossiers ou des cas qu'on pourrait convenir d'appeler particuliers. Le document
nous a été remis lundi dernier, je pense. Je me demandais si vous
aviez eu le temps de jeter un coup d'oeil sur le document de l'Assemblée
des travailleurs et travailleuses accidentés du Québec et, si
oui, quelle est l'appréciation que vous faites particulièrement
de cette annexe dont je viens de vous parler par rapport à
l'appréciation qu'ils en ont faite.
Le Président (M. Gagnon): Juste avant de vous laisser la
parole, je voudrais vous faire remarquer que j'aimerais qu'on tente de
raccourcir un peu les réponses. Jusqu'à maintenant, trois
députés ont demandé à prendre la parole pour vous
poser des questions. Il nous reste 60 minutes. On m'a demandé... Est-ce
que je peux terminer?
M. Pagé: C'est sur la question des 60 minutes. On nous a
rapporté - parce que
nous n'étions pas à l'Assemblée, évidemment,
avec tout le "bulldozage" dont nous avons été témoins
aujourd'hui - que le leader du gouvernement, dans les avis qu'il avait
donnés lorsqu'il a décidé d'ajourner
unilatéralement l'Assemblée, au beau milieu d'un caucus du Parti
québécois parce qu'ils étaient seuls en Chambre, à
lundi matin 10 heures, a clairement indiqué que les commissions se
réuniraient ce soir jusqu'à 22 heures, sauf dans le cas de notre
commission.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, on pourra faire
relever l'ordre de l'Assemblée nationale.
M. Fréchette: M. le Président, je ne voudrais pas
intervenir sur...
M. Pagé: Remarquez que cela ne me surprendrait pas, vous
étiez seuls et vous décidez à peu près n'importe
quoi tout seuls.
M. Fréchette: Je ne voudrais pas intervenir sur la
question.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Pagé: Toi et ta réforme parlementaire.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Pagé: La frustration de la décennie.
M. Fréchette: Question de règlement, pour
répondre à la question soulevée par le
député de Portneuf. Il ne m'appartient évidemment pas
d'évaluer les motifs pour lesquels la décision a
été prise par eux d'être ou de ne pas être là.
J'y étais et je me souviens très bien que le leader du
gouvernement a déclaré, à la toute fin de la
séance, que, sur consentement des deux partis, toutes les commissions
parlementaires, ce soir, allaient devoir se terminer à 22 heures. C'est
l'ordre de la Chambre, M. le Président.
M. Pagé: Cela a été clairement
exprimé ce matin, après la période des questions, mais
c'est possible et c'est même probable que l'ordre de la Chambre de ce
matin ait été modifié unilatéralement,
malgré un engagement formulé par le leader. Que voulez-vous?
C'est devenu une commune renommée que votre leader est un
incompétent qui n'a pas de parole...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre! À l'ordre!
M. Pagé: II est à l'image de son gouvernement.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! Je vais tout
de même faire vérifier l'ordre de l'Assemblée nationale et
nous nous en tiendrons à cela. Ce que j'ai compris, moi aussi - on
vérifiera...
M. Pagé: Vous avez dit que vous alliez vérifier,
alors vérifiez.
Le Président (M. Gagnon): ...c'est 22 heures.
M. Fréchette: Et de consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): C'est 22 heures, effectivement,
et de consentement. C'est tout simplement pour rappeler que, par rapport au
nombre de questions qu'il restait à poser... Je sais que les deux partis
veulent se garder au moins dix minutes pour faire les commentaires de la fin.
Je redonne la parole à M. Bernier, à qui vous aviez posé
la question, n'est-ce pas?
M. Fréchette: M. Bernier.
M. Bernier: M. le Président, j'ai effectivement, comme je
l'avais dit hier, fait relever chacun des dossiers qui ont été
identifiés par l'Assemblée des travailleurs accidentés du
Québec, ainsi que les autres qui nous ont été
signalés, dans la mesure où j'avais suffisamment d'information
pour pouvoir les faire relever. J'ai analysé tous et chacun de ces
dossiers. J'ai constaté que, dans tous les cas, il s'agissait de
problèmes médicaux très complexes, où les
expertises médicales étaient contradictoires. Il y avait dans
certains cas jusqu'à quinze médecins qui avaient vu, l'un
après l'autre, sans pouvoir s'entendre les uns les autres, les
travailleurs et les travailleuses en question. Les gens qui ont pris les
décisions de première instance ont finalement, après de
longues études, payé des compensations. Un bon nombre de ces cas
sont actuellement payés à 100%, à 90% du revenu net par
des programmes; parfois, ils ne sont pas payés pour une
incapacité permanente à 100% parce qu'on a constaté, dans
certains de ces dossiers, qu'il est impossible d'établir
médicalement si l'incapacité résulte de la lésion
ou résulte de pathologies étrangères à la
lésion. Les médecins, dans bon nombre de cas, ne s'entendent pas
sur la distinction des pathologies.
Je dois dire également que, dans un des cas qui est actuellement
devant la Commission des affaires sociales, nous avons accordé 25%
à l'accidenté. Le bureau de révision a entendu la cause, a
fait examiner le travailleur par un comité d'experts; il en est venu
à la conclusion qu'il ne pouvait pas accorder plus de 25% et l'ATTAQ a
dit devant la Commission des affaires sociales qu'elle veut avoir 100%. C'est
possible, mais la décision n'est pas rendue.
M. Pagé: Ce que vous soutenez -c'était d'ailleurs
un des points, si vous me le permettez, M. le Président...
M. Fréchette: Je n'avais pas fini, M. le Président,
l'interrogatoire de M. Bernier.
M. Bernier: Je pourrais prendre chacun des dossiers, M. le
Président...
M. Pagé: Ce que je disais et je tiens à le porter
à son attention...
M. Fréchette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Portneuf, c'est M. le ministre qui avait la parole.
M. Pagé: Vous soutenez qu'ils se sont trompés sur
toute la ligne et que vous avez raison?
M. Fréchette: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bernier: Je n'ai pas dit...
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le ministre.
M. Pagé: La maison mère a raison.
M. Fréchette: Vous avez dû remarquer que,
volontairement, j'ai fait attention de ne pas intervenir chaque fois que le
député de Portneuf a procédé à des
interrogatoires. Dieu sait s'ils ont été longs! Chaque fois que
le député de Viau a procédé à des
interrogatoires, en aucune circonstance je ne suis intervenu. Je pense que le
même sort pourrait m'être réservé. Je voudrais poser
une autre question à M. Bernier, toujours relativement au mémoire
de l'ATTAQ.
Est-ce que j'ai bien compris, M. Bernier, que vous aviez examiné
chacun des cas particuliers reproduits en annexe du mémoire?
M. Bernier: C'est cela, M. le Président. M.
Fréchette: Chacun des cas?
M. Bernier: Chacun des cas. Il peut peut-être m'en manquer
ce soir deux ou trois pour lesquels j'attends des commentaires additionnels,
mais tous les cas...
M. Pagé: II a tous les cas et il lui en manque.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! Vous avez la
parole, M. Bernier.
M. Bernier: Tous les cas ont été examinés,
évalués.
M. Pagé: Personnellement?
M. Bernier: Personnellement, j'ai les dossiers ici.
M. Cusano: Mais il vous en manque. M. Bernier: Jene dis pas...
M. Fréchette: Je ne voudrais être
désagréable pour personne, M. le Président, à la
suite de la vérification faite, il nous resterait un peu plus de 50
minutes. Je vous rappelle à nouveau que je n'ai pas abusé depuis
cinq jours de mon privilège d'interroger. J'ai aussi dit il y a deux
minutes que je ne voulais pas prolonger mes questions, mais je pense que j'ai
droit qu'on me laisse la paix pendant que je procède à mes
questions.
M. Maltais: M. le Président, question de règlement.
Je suis d'accord avec le ministre et ce n'est pas moi qui l'interromprai, mais
je vous supplie de faire respecter votre directive. Tout à l'heure,
monsieur a donné une réponse de six minutes; ce ne sont pas les
préliminaires, ce n'est pas un préambule ni un discours
électoral, qu'il s'en tienne à des réponses courtes. C'est
la deuxième fois que je vous le demande; si nous n'avons pas de
collaboration de nos invités, n'en demandez pas du côté de
l'Opposition.
Le Président (M. Gagnon): Effectivement, je juge de la
longueur des réponses par la question qui a été
posée. Si vous remarquez, la dernière question donnait l'occasion
- et c'est dans ce sens-là que le ministre a posé sa question -
d'avoir des informations sur des questions posées au cours des cinq
derniers jours. M. Bernier a commencé à répondre, il a
été interrompu, je pense, à quatre reprises jusqu'à
maintenant. Alors, si on prend le temps de sa réponse et si on
enlève le temps des interruptions, finalement, la réponse n'a pas
été trop longue jusqu'à présent. S'il vous
plaît, M. Bernier.
M. Bernier: Je voudrais seulement apporter une précision.
J'ai dit que j'avais vu
tous les cas et j'ai vu tous les cas. J'ai dit que je n'ai pas ici, ce
soir, tous les cas. J'ai contacté les bureaux régionaux
concernés. J'ai eu des rapports verbaux dans les cas où les
rapports ne me sont pas parvenus. Il me manque trois dossiers, dont celui de la
Commission des affaires sociales. L'organisme pourra peut-être gagner
devant la Commission des affaires sociales, je ne le sais pas, je ne peux
présumer de la décision de la Commission des affaires sociales.
Qui se trompe? La Commission des affaires sociales est là pour
établir s'il y a eu injustice ou s'il y a eu inéquité. La
Commission des affaires sociales est là pour rétablir cette
justice ou cette équité.
M. Fréchette: Dans l'état actuel du dossier, M.
Bernier, deux instances se sont prononcées et toutes les deux arrivent
à la même conclusion.
M. Bernier: Oui, à 25%, parce que, comme je vous l'ai dit,
il y a un problème de partage entre la pathologie personnelle... Il faut
dire aussi que, dans ces dossiers-là -et c'est important - nous ne
sommes pas seuls. Lorsque nous prenons des décisions, il y a l'employeur
aussi qui regarde le dossier et les contestations peuvent se faire de l'autre
côté. Devant la Commission des affaires sociales, ce n'est pas
nous, comme commission, qui allons aller défendre le dossier; nous
n'allons jamais défendre le dossier devant la Commission des affaires
sociales. Le dossier va être discuté entre l'employeur et le
travailleur. L'employeur va faire sa preuve, il va sûrement essayer de
démontrer - en tout cas, dans ce cas-là -que la pathologie n'est
pas attribuable à l'accident de travail et le travailleur va faire sa
preuve. La Commission des affaires sociales tranchera, après avoir
entendu les parties. C'est un des cas.
Dans d'autres cas, je vous ai expliqué qu'il y avait de multiples
problèmes d'ordre médical. Ce sont tous des cas où ce
n'est pas clair. Sur le plan médical, nous avons toute une série
de rapports médicaux et, dans un cas, le médecin traitant du
travailleur... Je ne trouve pas cela drôle de dire cela, mais comme on a
déposé le dossier et que je dois sortir les
éléments qui sont dans ce dossier-là, le médecin
traitant dit: Le travailleur peut - c'est son médecin traitant, on n'a
rien à voir là-dedans -retourner au travail; son problème,
c'est qu'il est aux prises avec la méthode métrique. C'est un
travailleur autonome, un artisan qui possède son propre commerce. Le
médecin traitant dit: Son problème, c'est qu'il est aux prises
avec la méthode métrique et il n'est pas capable d'assumer cela.
Et il l'a référé à des psychologues et à des
spécialistes pour faire le partage entre ce qui était attribuable
à la lésion personnelle et ce qui était attribuable
à des problèmes d'ordre psychologique.
M. Fréchette: C'était le médecin
traitant.
M. Bernier: C'est le médecin traitant et c'est le rapport
qu'on a dans le dossier. C'est à partir de cela que le dossier a
été traité, malgré que nous ayons...
M. Fréchette: Alors, je reviens à M. Sauvé
et je termine. M. Sauvé, pourriez-vous informer les membres de la
commission, à savoir depuis combien de temps vous êtes
président de cette commission?
M. Sauvé: Depuis le 13 mars 1980, la date de la formation
de la Commission de la santé et de la sécurité du travail.
J'étais, auparavant, président de la Commission des accidents du
travail depuis le mois de février 1977.
M. Fréchette: Avant d'être président de la
Commission des accidents du travail, que faisiez-vous, M. Sauvé?
M. Sauvé: J'étais président de la Commission
des services juridiques et, avant cela, j'étais juge au Tribunal du
travail. Avant cela, j'ai été secrétaire
général et conseiller technique, etc., à la
Confédération des syndicats nationaux.
M. Fréchette: Vous avez été sous-ministre au
ministère du Travail également?
M. Sauvé: J'ai été sous-ministre au
ministère du Travail pendant quatre ans.
M. Fréchette: En quelle année avez-vous
été sous-ministre au ministère du Travail?
M. Sauvé: Du début de 1968 au milieu de 1971.
M. Fréchette: Quand avez-vous été
nommé juge au Tribunal du travail?
M. Sauvé: Au mois de mai ou juin 1971.
M. Fréchette: Et quand avez-vous été
nommé président de la Commission de l'aide juridique?
M. Sauvé: Au début de septembre 1972. M.
Fréchette: Merci.
M. Pagé: M. le Président, il n'y a pas de
question.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
de Portneuf. Le député de Saint-Jacques m'avait
demandé la parole. (21 h 15)
M. Pagé: Alors que nous sommes ici pour étudier
l'administration de la commission, je dois vous exprimer ma surprise
vis-à-vis de deux choses. La première, je dois conclure des
questions posées par le ministre que le ministre du Travail du
Québec, qui a la responsabilité au cabinet des politiques, des
programmes, de l'administration et de l'activité de la commission, a
témoigné ce soir d'une méconnaissance profonde à
l'égard de la personne qui occupe le poste de président-directeur
général. Vous devriez vous parler plus souvent. Tout le monde
sait, M. Sauvé, que vous êtes juge; tous ceux qui
s'intéressent à la commission le savent. Je suis surpris de
constater que le ministre ne savait pas trop ce qui en était. Il aurait
peut-être eu avantage à vous connaître auparavant.
Je suis surpris de constater deux questions que vous avez posées
et, par surcroît, venant d'un avocat, tout au moins d'un membre du
barreau. Je trouve insidieuses les questions que vous avez posées,
lorsque vous avez demandé: Qui vous a nommé...
M. Fréchette: Je n'ai jamais demandé cela.
M. Pagé: C'est ce que cela voulait dire. C'est gros comme
la lune.
M. Fréchette: Je n'ai jamais demandé cela, M. le
Président.
M. Pagé: ...qui vous a nommé à la
présidence de la commission.
M. Fréchette: II commence à être égal
à lui-même.
M. Pagé: À quel moment...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
M. Pagé: Pourquoi ces questions puériles et
naïves comme celles que vous avez formulées tantôt?
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! Vous
n'êtes pas ici pour insulter. Posez vos questions.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, ce n'est pas
une insulte que de dire que les questions sont puériles et naïves,
parce qu'elles l'étaient. Je pose la question au ministre: Dans quel
cadre avez-vous demandé à notre témoin à quel
moment il avait été nommé juge et par qui, et à
quel moment il avait été nommé président? C'est ce
que cela voulait dire. Voyons donc!
M. Fréchette: Je suis content de la question et je vais
prendre le temps nécessaire pour y répondre. Depuis le 9
septembre 1982, j'étais ministre délégué au Travail
et, depuis le 17 décembre - un an demain - je suis ministre du Travail
du Québec. En vertu de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, je suis responsable de l'application de la
loi 17, Loi sur la santé et la sécurité du travail.
Depuis le 9 septembre 1982, depuis maintenant plus d'un an, à
plusieurs occasions, à l'intérieur de plusieurs procédures
parlementaires, que ce soit à l'occasion de la période des
questions à l'Assemblée nationale, que ce soit à
l'occasion de la discussion des crédits du ministère du Travail,
que ce soit à l'occasion de ce qu'on est convenu d'appeler dans le
jargon parlementaire une question avec débat, je ne sais pas à
combien de reprises des questions m'ont été posées quant
à l'administration générale de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Je réponds
à la question purement et simplement.
M. Champagne (Saint-Jacques): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Saint-Jacques.
M. Champagne (Saint-Jacques): Cela n'est absolument pas
pertinent. J'ai des questions à poser et il reste environ 45 minutes. Il
me semble qu'on fait perdre le temps de la commission.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Portneuf a posé une question au ministre du Travail et celui-ci est en
train d'y répondre. De toute façon...
M. Pagé: ...à la suite des questions du ministre du
Travail...
Le Président (M. Gagnon): ...lorsque le
député de Portneuf a pris...
M. Champagne (Saint-Jacques): ...
M. Fréchette: Je réponds à la question.
Le Président (M. Gagnon): Lorsque le député
de Portneuf a pris la parole, je lui ai fait remarquer que c'était vous
qui aviez le droit de parole et c'est votre collègue qui l'a prise. Il a
posé une question au ministre du Travail et je dois reconnaître le
ministre du Travail pour qu'il réponde à la question.
M. Champagne (Saint-Jacques): II y a des accidentés qui
m'ont mandaté pour poser
certaines questions. Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu beaucoup
de questions posées au nom des accidentés et si cela continue ces
gens-là auront été négligés durant toute
cette commission. Il leur reste 45 minutes. La dame de l'ATTAQ, lorsqu'elle a
témoigné, a dit qu'il y avait 50 ans qu'elle se faisait
écoeurer - excusez l'expression - et il lui reste 45 minutes pour poser
trois ou quatre questions.
Le Président (M. Gagnon): Je vous reconnaîtrai
immédiatement après que le ministre aura terminé sa
réponse.
M. Fréchette: M. le Président, j'étais
à vous dire que depuis un an et quelques mois maintenant, j'ai eu
très souvent à répondre de l'administration...
M. Maltais: M. le ministre, la date, c'est tout ce qu'on veut
savoir.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Maltais: Vous charriez.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Fréchette: J'ai eu à plusieurs occasions
à répondre à des questions qui m'étaient
posées par l'Opposition sur l'administration de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Ils se sont d'ailleurs
attribué, de la façon que vous le savez, le fait que cette
commission a été convoquée. Le député de
Portneuf, qui est un avocat d'expérience - sans doute membre du barreau
aussi - sait très bien que, lorsqu'on discute de l'administration d'un
organisme, quelle qu'en soit la nature, il faut savoir qui dirige l'organisme
en question et quelles sont les qualités qu'il possède pour
administrer l'organisme concerné. Alors, il m'est apparu, M. le
Président, que ses questions étaient tout à fait
pertinentes et je n'ai jamais demandé au juge Sauvé par qui il
avait été nommé.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Champagne (Saint-Jacques): J'aimerais demander à M.
Bernier, relativement à l'annexe numéro 3 du rapport de l'ATTAQ,
ce qu'il pense de la réflexion suivante qui est faite par un
médecin. Parlant d'un médecin traitant qui avait fait un rapport
à propos d'un accidenté, le médecin de la CSST fait une
remarque qui dit: "Ce bon docteur n'a jamais digéré que la
commission cesse de payer les traitements à sa clinique privée.
C'est dans ce contexte-là qu'il faut comprendre sa lettre". Il parlait,
à ce moment-là, du Dr Brière et c'est le cas de Mme
Fargnoli. Que pensez-vous de ce genre de remarque pour apprécier le
rapport médical qui a été fait par un médecin
compétent qui est le Dr Brière?
M. Fréchette: M. le Président, j'ai une question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, question de
règlement.
M. Fréchette: II y a une disposition de la loi qui
prévoit que les dossiers médicaux ont un caractère
confidentiel. Je veux simplement être sûr...
M. Pagé: Cela va être le bingo jusqu'à 10
heures, Raynald.
M. Fréchette: Je veux simplement être sûr
qu'il y a une présomption que l'accidenté qui est
identifié consent à ce qu'on discute publiquement de son cas,
parce qu'on y retrouve, en annexe, son dossier médical. C'était
la seule réserve que je voulais faire, M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, je comprends la
réserve du ministre. Mais, comment concilier la réserve qu'il
exprime avec le fait que M. Bernier arrive ce soir, après que la
commission et son président, plus particulièrement, aient
refusé hier de commenter chacun des mémoires et qu'on nous
indique candidement qu'on a vu tous les dossiers? Sur un nombre
appréciable de dossiers, on a les textes ici; les autres, on ne les a
pas, parce qu'ils sont à la Commission des affaires sociales. Il n'y a
pas de problème. C'est nous qui, dans notre véracité et
notre infaillibilité habituelles, avons raison. Il y a ces dossiers qui
sont là; un député veut en soulever un. Le ministre dit
qu'on n'a pas le droit d'y toucher.
M. Fréchette: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Pas du
tout.
M. Pagé: Voyons!
M. Fréchette: J'ai demandé, M. le Président,
si on était tous convaincus autour de la table...
M. Pagé: C'est une "game" qui se joue à deux,
cela.
M. Fréchette: ...qu'à partir du fait que le dossier
médical se retrouve dans le mémoire, on peut conclure qu'il y a
une présomption que l'accidenté qui est identifié a
consenti que son cas soit discuté publiquement. C'est la seule
réserve et il me semble que c'est normal de la faire.
M. Champagne (Saint-Jacques): Si vous me permettez, M. le
ministre, nous pourrions éviter de nommer la personne impliquée.
Il n'y a qu'un nom qui est donné; il n'y a pas de prénom. Je
comprends que le dossier est dans le rapport de l'ATTAQ. Cependant, il me
semble que c'est très important, ce point-là, surtout que la
personne qui signe une remarque comme celle-là, c'est le
médecin-chef à Montréal, M. P.-E. Saint-Pierre - lui, on
va le nommer, si vous n'avez pas d'objection...
M. Fréchette: Je n'ai pas d'objection, pas du tout. Vous
l'avez nommée vous-même, la patiente.
M. Champagne (Saint-Jacques): Avez-vous objection à ce
qu'il réponde?
M. Fréchette: Pas du tout.
M. Bernier: Oui, je vais répondre. Je n'accepte pas de
remarques comme cela.
M. Champagne (Saint-Jacques): Quelles sanctions avez-vous
prises?
M. Bernier: J'ai appris cette remarque lors de la commission
parlementaire et j'ai dit hier que, dans le cas où... On a bien
avisé nos employés depuis de nombreuses années que nous ne
tolérions pas et que nous n'acceptions pas de remarques
désobligeantes, ni des médecins, ni de n'importe quel autre
employé, que ce soit un enquêteur ou un autre. Et dans ces
cas-là, nous prendrions les mesures disciplinaires que les conventions
collectives prévoient.
M. Champagne (Saint-Jacques): Est-ce que je dois comprendre
qu'auparavant, cela n'avait jamais été porté à
votre connaissance, ni à celle de la commission?
M. Bernier: Je crois pouvoir dire que, sur 300 000
réclamations par année... Je ne vois pas tous les dossiers, mais
lorsque les dossiers me sont rapportés, lorsque des anomalies me sont
rapportées, j'interviens et je fais ce que je dois faire. Ce n'est pas
moi qui traite les 300 000 réclamations. Mais si des anomalies me sont
rapportées, encore une fois, mon devoir, c'est d'intervenir et je ne
tolère pas et je n'accepte pas que nos employés aient verbalement
ou par écrit des attitudes ou des remarques face aux accidentés
qui ne sont pas acceptables.
M. Champagne (Saint-Jacques): Je comprends, M. Bernier, que vous
avez vu Dette réflexion lundi.
M. Bernier: C'est cela.
M. Champagne (Saint-Jacques): Est-ce que jusqu'à
maintenant des dispositions ont été prises?
M. Bernier: Je vais revenir à la commission la semaine
prochaine.
M. Champagne (Saint-Jacques): La semaine prochaine. Vous allez
nous tenir au courant des dispositions que vous avez prises à ce
sujet.
M. Bernier: Je vais regarder, avec le personnel, le
président au comité de direction et les ressources humaines, les
dispositions dans les conventions collectives qui s'appliquent dans de telles
situations.
M. Champagne (Saint-Jacques): Que pensez-vous de la
réflexion du Dr Phaneuf, de la CSST de Montréal, dans le
même dossier, lorsqu'il dit: "Le Dr Brière, qui est le
médecin traitant spécialiste, dit qu'elle ne retournera pas
à la couture d'ici un an. Je n'ai pas l'intention de la payer durant un
an"?
M. Bernier: C'est une remarque qui n'est pas plus drôle que
l'autre.
M. Champagne (Saint-Jacques): Allez-vous prendre des sanctions
dans ce cas-là aussi?
M. Bernier: Le dossier sera examiné.
M. Champagne (Saint-Jacques): Allez-vous faire des recherches
dans vos dossiers pour voir s'il y a d'autres remarques de ce genre de la part
de vos médecins?
M. Sauvé: M. le Président, je voudrais juste faire
remarquer...
Le Président (M. Gagnon): Un instant!
Un instant! Un instant!
M. Cusano: Vous n'avez pas la parole.
Le Président (M. Gagnon): Un instant: M. Sauvé,
vous demandez la parole, je vous donne la parole.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, c'est une
question qui était adressée à M. Bernier.
M. Cusano: C'est une question adressée au
vice-président; que le vice-président réponde.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, le responsable de
la commission, c'est le président...
M. Cusano: Ah bon! D'accord.
Des voix: C'est parfait.
M. Pagé: Merci, c'est ce qu'on voulait savoir. Le juge est
encore sur le banc.
M. Cusano: On voulait savoir cela depuis longtemps, M. le
Président. Vous l'avez confirmé. Vous avez vu tout ce qui s'est
passé.
Le Président (M. Gagnon): Un instant! À l'ordre!
À l'ordre!
M. Cusano: Vous l'avez confirmé.
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît!
M. Pagé: Le boss, c'est...
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît!
M. Pagé: Le boss, c'est le juge. Une voix: ...
M. Cusano: Tu n'as pas été ici durant toute cette
commission.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Cusano: Oui, oui, c'est cela, mais tu n'étais pas ici
pour écouter les gens.
Le Président (M. Gagnon): Je voulais dire qu'on a trois
invités pour répondre aux questions. Si M. Sauvé demande
de répondre à la question, j'accorde la parole à M.
Sauvé. Si c'est M. Bernier ou si c'est l'autre monsieur, je lui accorde
aussi la parole.
Oui, M. le député de Saint-Jacques.
M. Champagne (Saint-Jacques): Je voyais mon homologue, le
député Champagne de Mille-Îles, qui faisait la remarque
qu'on était bien nerveux. Ce n'est pas nous qui sommes nerveux quand on
voit des cas comme cela. Ce sont les accidentés qui sont "en maudit".
Tous les accidentés qui sont venus témoigner ici...
Une voix: C'est cela.
M. Champagne (Saint-Jacques): ...étaient tous
insatisfaits. Je me suis dit: Cela ne se peut pas que le bureau médical
aille si bien que cela. Quand je vois une liste d'environ 100 médecins
qui ont signé pour dire qu'ils ne sont pas contents de la façon
dont cela se passe à la CSST, je me dis qu'il y a sûrement
quelqu'un qui ne fonctionne pas bien quelque part. C'est cela l'affaire, on
voudrait fouiller cela. Il nous reste quinze minutes.
M. Sauvé: II y en a aussi parmi ces médecins qui
ont écrit au groupe pour dire qu'ils n'avaient jamais apposé leur
signature sur ce document.
Des voix: Ah! Ah!
M. Pagé: Avez-vous des affidavits de cela?
M. Sauvé: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Sauvé: ...je voudrais simplement vous dire...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. Sauvé.
M. Sauvé: M. le Président, je voudrais simplement
dire ceci. Il n'y a pas une compagnie, il n'y a pas une entreprise qui va
demander à un responsable d'un service de voir chacun des 300 000
dossiers de réclamations qui arrivent dans une année. Je pense
qu'il faut être bien conscient de ses remarques. M. Bernier et ses gens
qui travaillent dans toute la province n'ont pas à regarder chacun des
300 000 dossiers. Je pense que M. Bernier a bien signalé tantôt
que, quand nous sommes mis au courant, nous appliquons les conventions
collectives; nous sommes tenus de les appliquer.
Si on me permet une chose, il n'y a pas que des cas comme cela; il ne
faut pas généraliser ces cas à savoir que l'ensemble des
gens, à la CSST, sont maltraités. Il faut faire des distinctions.
Nous avons quand même trop de respect pour les accidentés pour
dire qu'ils sont tous maltraités. Il y a un...
M. Champagne (Saint-Jacques): Question de règlement.
Le Président (M. Gagnon): Question...
M. Champagne (Saint-Jacques): Vous avez demandé qu'on
réponde brièvement. Il a terminé, il vous a dit sa
réponse. Est-ce qu'on pourrait maintenant continuer?
Le Président (M. Gagnon): Celui qui peut juger s'il a
terminé sa réponse... Cela fait exactement deux minutes - j'ai
remarqué le temps - qu'il a commencé à
répondre...
M. Champagne (Saint-Jacques): M. le Président, sa
réponse est simple: il nous dit qu'il y a des médecins qui n'ont
pas signé. Je vais vous montrer la liste - vous l'avez au mémoire
de l'ATTAQ - vous êtes juge, vous connaissez la loi, s'il y a des fausses
signatures là-dedans, c'est grave; sortez les
noms.
M. Sauvé: Tout de suite, M. le Président. Une que
j'ai en main, de Valleyfield, adressée au journal La Presse, du Dr
Sylvio Labossière: "J'ai été sidéré de
trouver mon nom parmi les signataires d'une lettre parue dans votre journal,
édition du 6 avril 1983, à la page voisine de la page
éditoriale." (21 h 30)
La lettre dénonce à tour de bras la Commission de la
santé et de la sécurité du travail: retard de
l'étude des dossiers, insuffisance des traitements, compensations
inadéquates. "Je n'endosse absolument pas le contenu de cette missive
vitriolique et agressive. Je crois que la CSST est une commission qui fait son
travail et qu'elle juge les cas au mérite. Encore, faut-il que les
rapports lui parviennent. "Quant à moi, je n'ai pas omis de remplir mes
dossiers à la CSST pour faciliter le règlement des compensations
aux accidentés. Je suis aussi intervenu auprès de la CSST pour
faire réétudier les dossiers et dans de nombreux cas
l'accidenté a eu gain de cause. "Je réserve mes derniers
commentaires au journal La Presse pour avoir accordé tant de
publicité à ces contestataires. Vous n'êtes vraiment pas
sérieux si vous ne vérifiez pas mieux vos sources; je crains que
vous ne glissiez dans le jaunisme juste pour rentabiliser votre journal. J'ai
bel et bien été contacté par des personnes proches du PSAT
- projet de soutien aux accidentés du travail - ou du CATA -
comité d'aide aux travailleurs accidentés - pour signer cette
pétition, mais j'ai catégoriquement refusé. Ces deux
organismes à Valleyfield sont subventionnés par des budgets
fédéraux; la CSST est un service gouvernemental provincial. Que
doit-on penser de tout cela? Signé: Sylvio Labossière, m.d., 77
Wilfrid, Valleyfield. J'aimerais bien que cette rectification paraisse à
la même page où l'article du 6 avril a paru."
Est-ce que cela répond à votre question, M. le
Président?
M. Champagne (Saint-Jacques) M. le juge, où trouvez-vous
le nom de Sylvio Labossière dans la liste de l'ATTAQ?
M. Sauvé: M. le Président, la liste du 6 avril, si
vous regardez...
M. Champagne (Saint-Jacques): Je parle du rapport que nous avons
produit, ici, devant cette commission. Je ne parle pas d'une liste du 6 avril,
moi.
M. Sauvé: Ils l'ont enlevé, c'est ça
l'affaire. Mais dans la page...
M. Champagne (Saint-Jacques): On ne parle plus de la même
chose. Moi, je parle du rapport qui a été produit ici. Je pense
bien que vous avez lu ce rapport.
M. Sauvé: Bien sûr.
M. Champagne (Saint-Jacques): Vous avez dû le lire ce
rapport. Vous avez dû regarder si le nom de M. Labossière
était dedans.
M. Sauvé: M. le Président, c'est exactement ce
qu'on dit. C'est qu'ils ont soumis... Voici l'article qui a parti le bal.
Une voix: II est menteur en plus, un juge...
M. Champagne (Saint-Jacques): On ne parle pas de cet
article-là. Une question de règlement, M. le Président. On
ne parle pas de cet article-là. Cet article n'est pas devant nous. Ce
qui est devant nous, c'est le rapport de l'ATTAQ et le nom de M.
Labossière n'est pas dedans. Quand vous venez dire que ces gens ont fait
de fausses signatures devant la commission, vous vous -je ne peux pas dire le
mot, je ne peux pas dire cela à l'Assemblée.
M. Sauvé: M. le Président, je pense qu'il faut
juste prendre...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Sauvé: ...le dossier dans son entier. Le tout a
commencé dans une lettre adressée à la Presse du 6 avril,
et le dossier que nous avons reçu devant la commission, lundi, est un
dossier qui a changé la liste des noms qui avaient été
publiés originalement à la demande de CATA et PSAT dans le
journal La Presse. C'est tout, point final à la ligne. Je n'ai pas
d'autres commentaires, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières. Avez-vous terminé? M. le député de
Saint-Jacques.
M. Champagne (Saint-Jacques): Vous avez produit un document qui
dit que l'opinion du médecin traitant concernant l'incapacité
totale temporaire médicale de son patient prévaut et ne doit pas
être mise en doute si elle est justifiée par un rapport
médical valide. Voulez-vous dire par là que, lorsque le
médecin traitant produit un rapport d'incapacité totale
temporaire, c'est réglé? Il n'y a pas d'autres
problèmes?
Une voix: Est-ce que la question est à moi? Demandez
à M. Sauvé.
Le Président (M. Gagnon): Oui. À l'ordre. M.
Bernier.
M. Bernier: Pardon.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole M.
Bernier.
M. Bernier: Effectivement, c'est la politique qui a
été publiée et qui a été rendue publique
dans le manuel de la réparation.
M. Champagne (Saint-Jacques): M. le Président, une
seconde.
M. Bernier: Lorsque...
Le Président (M. Gagnon): On va le laisser répondre
et après vous aurez la parole.
M. Champagne (Saint-Jacques): C'est parce qu'il nous a dit oui;
il a répondu. Mais ma question serait pour l'aider à
préciser sa réponse. Quel geste concret a-t-il posé pour
mettre cela en application? Parce que, en réalité, tous les
accidentés sont venus nous dire que ça ne marchait pas comme
cela. Je voudrais savoir simplement ce qu'il a fait pour mettre cela en
application. Je veux qu'il nous dise ce qu'il a fait. A-t-il
vérifié si cela se mettait en application?
Le Président (M. Gagnon): M. Bernier.
M. Bernier: Alors nous avons rendu public le manuel de la
réparation justement pour que les accidentés prennent
connaissance de leurs droits et qu'ils puissent, lorsque des situations qu'ils
contestent se présentent, invoquer l'existence de la politique de la
commission. Lorsque le manuel a été publié, des
équipes de gens sont allées dans chacune des régions
expliquer le contenu du manuel, politique par politique. Nous avons fait de
l'information dans les régions pour que les gens sachent à quoi
s'en tenir. Le directeur des services médicaux de la commission a
également rencontré les médecins de la commission qui
examinent la validité des rapports. Ce qui arrive, c'est que si le
rapport n'est pas suffisamment complet, s'il contient des exagérations,
s'il ne décrit pas la lésion de façon suffisamment claire
ou s'il y a des prolongations du délai qui nous paraissent anormales, et
si le médecin traitant ne peut pas les justifier, c'est à ce
moment-là que nous allons demander une expertise médicale d'un
autre médecin-expert. Et c'est à ce moment-là que nous
allons, à la suite de cette expertise, rendre une décision.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
de...
M. Champagne (Saint-Jacques): Je voudrais savoir quand vous avez
publié cela. Quand avez-vous mis cela en vigueur?
M. Bernier: Le manuel a été...
M. Champagne (Saint-Jacques): Pas la publication du manuel. Quand
la politique comme telle a-t-elle été mise en vigueur?
M. Bernier: C'est cela que j'essaie de vous expliquer. Le manuel
a été diffusé. La politique existait avant que le manuel
soit diffusé, mais le manuel a été adopté tel quel
et diffusé le 20 octobre 1982.
M. Champagne (Saint-Jacques): Le 20 octobre 1982?
M. Bernier: C'est cela.
M. Champagne (Saint-Jacques): Maintenant, je vois dans ce que
vous avez publié que, dans ce cas - quand il y a un désaccord -
votre médecin doit communiquer lui-même avec le médecin
traitant et compléter l'information médicale pour prendre une
décision éclairée et documentée. Avez-vous des
médecins chez vous qui communiquent avec les médecins traitants?
Avez-vous vérifié cela et sur quelle base cela se fait-il? Moi,
je n'ai jamais vu un médecin traitant venir nous dire: Le médecin
de la CSST m'a appelé et on pourrait peut-être corriger... Je n'ai
jamais vu cela. Et je vous demande si vous en avez vu, vous?
M. Bernier: Oui, monsieur. M. le Président, je peux dire
que, dans les régions, lorsque ces situations se
présentent...
M. Champagne (Saint-Jacques): Mais cela doit se présenter
constamment?
Le Président (M. Gagnon): M. Bernier est en train de
répondre.
M. Champagne (Saint-Jacques): Je m'excuse, M. le
Président, mais...
Le Président (M. Gagnon): Laissez répondre M.
Bernier.
M. Champagne (Saint-Jacques): ...on sait tous que cela ne se fait
pas, M. le Président. Et, monsieur, qui est avocat, le sait encore mieux
que moi.
Le Président (M. Gagnon): M. Bernier est en train de
répondre à votre question.
M. Bernier: Nos médecins, lorsque le rapport qu'ils
reçoivent ne paraît pas respecter les critères de
validité d'un rapport
médical complet, qui ne contient pas les informations
complètes, contacte le médecin traitant pour les obtenir. Nous
venons d'ailleurs de négocier avec la Fédération des
médecins spécialistes et nous allons entreprendre prochainement
une négociation avec la Fédération des médecins
omnipraticiens. Nous avons négocié toute une série de
tarifs et nous nous sommes entendus avec eux sur une série de formules
pour obtenir des renseignements médicaux additionnels lorsque les
rapports n'étaient pas complets. Et, actuellement, je puis dire que nous
avons quand même dans nos régions des médecins qui sont des
spécialistes. Nous avons une vingtaine d'orthopédistes qui sont
capables d'apprécier la validité d'un rapport médical,
d'apprécier si ce rapport est complet et de vérifier avec le
médecin traitant, s'il manque des choses.
M. Champagne (Saint-Jacques): Dans les cas qu'ont produits
l'ATTAQ ou la FATA, il n'y a pas une seule note dans tous ces cas du
médecin de chez vous indiquant qu'il appelle le médecin traitant.
Comprenez-vous cela, vous?
M. Bernier: Je puis dire que, dans un certain nombre de cas qui
ont été déposés par l'ATTAQ, il y a eu des
communications avec les médecins traitants. Si je prends le cas
où il y a eu 15 médecins qui se sont succédé, c'est
bien sûr que le problème médical était tellement
complexe que ce n'était pas facile de trancher. Je ne dis pas, par
ailleurs, que les communications sont toujours systématiques et qu'elles
se font facilement. Mais, règle générale, les
médecins qui ont à traiter ces dossiers font ces
communications.
M. Champagne (Saint-Jacques): Mes confrères ont...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Champagne (Saint-Jacques): Je n'ai pas terminé...
Le Président (M. Gagnon): Vous permettez... Oui, mais, de
toute façon, le temps est limité...
M. Champagne (Saint-Jacques): J'ai droit à mes 20
minutes.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez ce droit et vous
l'avez pris aussi.
M. Champagne (Saint-Jacques): Permettez-moi une dernière
question...
Le Président (M. Gagnon): Une dernière question.
Après, ce sera le député de Trois-
Rivières.
M. Champagne (Saint-Jacques): ...sur un cas très
très important. Une question à deux volets.
Je voudrais vous parler, M. Bernier et M. Sauvé, de l'annexe 6 -
on ne nommera pas la personne impliquée - l'annexe 6, le cas 6. On nous
dit là-dedans que l'accidentée se présente à
l'examen devant votre médecin accompagnée de son amie. Apprenant
qu'elle a subi récemment une intervention chirurgicale et qu'elle est
encore sous traitement, le médecin-expert décide de ne pas
l'examiner ce jour-là et elle s'en retourne donc chez elle sans examen.
Quelaues jours plus tard, elle apprend que sa période d'arrêt de
travail médical est terminée, le 25 mai 1982, et qu'elle doit
s'inscrire au programme de recherche d'emploi de réadaptation sociale si
elle veut continuer à toucher ses prestations. En fouillant dans le
dossier, l'ATTAQ trouve un rapport de deux pages du médecin alors que la
dame nous dit bien qu'elle n'a jamais été examinée. Vous
faites enquête là-dedans - on a le dossier - et vous dites, c'est
encore le Dr Saint-Pierre, il semble être votre spécialiste:
"L'allégation de l'UTAM, à l'effet que notre expert n'a pas
examiné la requérante, est fausse. Nous avons
vérifié auprès du Dr Tremblay. Il examine toujours les
accidentés." Quand on sait qu'on a quelquefois quinze examens dans une
journée, voulez-vous me dire comment ce gars-là peut se rappeler
avoir examiné cette dame? Vous prenez cela comme sérieux. Quand
on regarde le rapport, le Dr Saint-Pierre dit: "II n'est pas nécessaire
d'enlever une robe pour faire un examen, pour vérifier un point de
douleur. Après cela, le médecin nous dit que la cicatrice est
belle et elle était dans le dos. Il voit clair.
Le Président (M. Gagnon): M. Bernier. M. Bernier:
Oui. Je dois dire que...
M. Champagne (Saint-Jacques): C'est encore l'ATTAQ qui se trompe,
est-ce que c'est cela?
Le Président (M. Gagnon): M. Bernier a la parole. S'il
vous plaît!
M. Champagne (Saint-Jacques): Je lui aide dans sa
réponse.
Le Président (M. Gagnon): Vous êtes chanceux qu'on
termine dans pas grand-temps parce que je me servirais du règlement,
vous pouvez en être certain.
M. Bernier: Je voulais ajouter une chose...
M. Champagne (Saint-Jacques): Je m'excuse, M. le
Président.
M. Pagé: Qu'est-ce que c'est que ces menaces?
Le Président (M. Gagnon): M. Bernier a la parole.
M. Pagé: Qu'est-ce que c'est que ces menaces?
Le Président (M. Gagnon): M. Bernier a la parole. Il n'y a
pas de menaces. Je dis que si c'était comme vous l'avez mentionné
et qu'on siégeait jusqu'à minuit, vous pouvez être certain
que j'appliquerais le règlement. M. Bernier a la parole.
M. Pagé: Donc on n'applique pas le règlement.
M. Bernier: M. le Président, il s'agissait d'un
médecin de pratique privée, un médecin qui a fait une
expertise. Nous exigeons des médecins qui font une expertise, qu'ils la
fassent complètement. Bien sûr, là encore, les
médecins de pratique privée qui sont en orthopédie ou en
d'autres spécialités, nous ne les choisissons pas; ce sont ceux
qui veulent faire des expertises. Nous les payons pour un acte qu'ils posent.
Nous attendons de ces médecins, pour le prix qu'on paie, qu'ils posent
des actes professionnels qui répondent à l'éthique
professionnelle. Nous ne voulons pas intervenir dans l'acte médical. On
nous reproche, d'une part, d'intervenir dans l'acte médical. Nous
demandons à des médecins de trancher des questions d'ordre
médical. Nous sommes bien obligés de prendre les rapports que les
médecins nous font. Nous attendons de ces médecins qu'ils fassent
des rapports complets, valides et conformes à l'éthique. Dans le
cas qui nous est soumis, si le rapport n'est pas conforme à
l'éthique...
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole,
allez-y.
M. Bernier: ...c'est un des éléments que je vais
examiner - nous avons différentes solutions. Nous pouvons demander
à ce médecin, soit de ne plus faire d'expertises pour la
commission et demander à l'association ou au Collège des
médecins d'étudier ces cas. Le Collège des médecins
décidera si le médecin en question a manqué à
l'éthique. Mais ce n'est pas un employé de la commission, il faut
bien le dire, mais un médecin externe de la commission.
M. Sauvé: Deux remarques très rapides, M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé.
M. Champagne (Saint-Jacques): J'ai posé un volet de ma
question, il m'en manque un.
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé a la parole.
Après cela, c'est le député de Trois-Rivières qui
aura la parole.
M. Sauvé: Deux remarques très rapides...
M. Champagne (Saint-Jacques): Pourquoi est-ce qu'on ne veut pas
que la vérité sorte?
Le Président (M. Gagnon): M. Sauvé a la parole.
M. Sauvé: Deux remarques très rapides, M. le
Président. Sur 170 000 cas compensables par année, on demande 30
000 expertises par année à des médecins
spécialistes de pratique privée.
La deuxième chose: le Dr Augustin Roy,
président-secrétaire général de la Corporation des
médecins du Québec, a dit la semaine dernière à la
radio qu'il n'avait reçu aucune plainte des associations
d'accidentés sur des médecins de la commission. (21 h 45)
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Merci, M. le Président. J'ai
été aussi impressionné par certains mémoires mais
je voudrais poser des questions à partir d'une expérience de
député, pas une expérience qui m'est propre parce que j'ai
souvent échangé avec mes collègues députés
à cet égard. Je crois que nous vivons un peu les mêmes
situations dans nos bureaux de comté.
D'abord, on constate du très grand nombre de cas que la CSST a
à traiter, la complexité des cas. Il nous apparaît
très évident que le travail est extrêmement difficile quand
on est dans les 15% et 20% et ainsi de suite. On comprend et on connaît
le genre de réclamations que les gens font. Donc, on se rend compte un
peu de la difficulté de traiter toutes ces questions. Tout de
même, je voudrais demander à M. Sauvé, dans quelle mesure
il est sensible à cette remarque que je formulerai, en mon nom personnel
sinon au nom de plusieurs collègues, sur une attitude qu'on nous signale
parfois, quant aux gens qui le représentent en région ou dans le
bureau central. Je n'aurais pas de qualificatif particulier mais disons que les
gens nous rapportent des choses parfois très étonnantes.
Tout à l'heure, j'ai été faire mon bureau de
comté par téléphone, entre 19 heures et 20 heures, et j'ai
trouvé cela curieux que, par coïncidence peut-être - ce n'est
pas par coïncidence parce qu'à chaque fois qu'on commence à
traiter des cas de
comté, on a toujours un nombre de cas assez important qui
concernent la CSST, ce qui prouve que vous êtes très actifs,
très présents, que vous répondez à un besoin
très important. Mais aussi, si les gens viennent nous voir, c'est parce
qu'il y a un malaise, et c'est souvent dans le ton, dans le style. J'aurais un
exemple concret à donner ensuite mais j'aimerais d'abord que vous
réagissiez à ce commentaire, M. Sauvé, s'il vous
plaît.
M. Sauvé: Dans les objectifs généraux de la
commission, M. le Président, nous avons, comme un des dix objectifs, que
le service à la clientèle doit être impeccable et qu'il
doit toujours être à la fine pointe de la satisfaction, tant de la
clientèle patronale que syndicale. Alors, c'est dans nos politiques et
je pense que nos gens font le plus d'efforts possible pour s'y conformer.
M. Vaugeois: Écoutez, M. le Président me prie
d'être court, vous l'êtes également. Je n'insisterai pas
là-dessus, mais je vais vous dire qu'étant solidaire des
objectifs et de la démarche de la CSST, si vous pouviez améliorer
- parce que je pense sincèrement qu'il y a place pour
amélioration - cette attitude que certains de vos gens ont à
certains moments - et je comprends l'impatience de vos collaborateurs dans
certains cas, nous sommes tout près de vivre les mêmes
expériences... Mais pour autant, il y a des réponses qui ne se
justifient pas et je vous dirais d'ailleurs que, comme député,
j'ai déjà eu, moi-même, des réponses qui m'ont
absolument laissé pantois de la part d'administrateurs de la CSST. Je
n'en revenais pas d'être traité d'une telle façon. Je me
disais: Comme il connaît ma condition, j'imagine qu'il y a des gens qui
doivent se faire revirer et joliment. Souvent, ce sont de petits
problèmes. Ce soir, le problème dramatique de mes gens,
c'était un remboursement de 164 $ pour être venus se faire
examiner à Québec. Mais comme ce sont des gens qui sont à
la limite financière, pour eux, un remboursement qui ne vient pas, c'est
un peu traumatisant et se faire raccrocher le téléphone au nez,
après s'être fait dire: Écoutez, on s'en occupe et vous
serez remboursés en temps et lieu, cela les amène à notre
bureau. C'est souvent des choses aussi minimes que cela, qui font que, pour une
grande quantité de cas que vous traitez bien, honnêtement et
correctement, une infime proportion de cas peuvent vous valoir une
réputation qui n'est peut-être pas justifiée.
Si nous avions eu le temps, M. le Président, j'aurais eu la
question suivante -et je ne sais pas si M. Sauvé est capable d'y
répondre...
Une voix: Il ne l'a pas, le temps, là.
M. Vaugeois: ...très, très rapidement. La question
n'a pas été soulevée, je pense, depuis le début des
travaux, mais on l'entend souvent chez les gens. En lisant le journal, hier ou
ce matin - je ne me souviens plus parce que nous avons perdu un peu la notion
du temps - je voyais un juge, que vous connaissez, dire que vous ne deviez pas
jouer avec l'argent des autres. Je sais que pendant la commission, on a
parlé d'une mutuelle patronale pour la CSST. Alors la question on
l'entend souvent chez les gens et chez les nouveaux employeurs, par exemple,
qui remplissent les formules de prélèvements à la source,
qui constatent tout à coup que, pour la CSST, l'employé ne
contribuera pas. Alors, j'aurais aimé vous entendre expliquer -parce que
je sais que vous connaissez bien cette question et il y a du pour et du contre
sans doute - j'aurais été bien intéressé à
entendre un peu le pour et le contre. Mais si nous n'avons pas le temps
aujourd'hui d'entendre le pour et le contre, je crois que ce serait
intéressant d'avoir une explication publique là-dessus, à
un moment donné, parce que les gens se posent naturellement cette
question. Quand on en est rendu à entendre des remarques du genre "une
mutuelle patronale", je suis assuré que, compte tenu de ce que nous
savons sur les antécédents du président, ce doit le faire
"frémir" un peu d'être le président d'une mutuelle
patronale.
M. Sauvé: M. le Président, c'est une énorme
question.
Le Président (M. Gagnon): Dix secondes.
M. Sauvé: Je veux juste cinq secondes. Cela a
été le premier régime "no fault" au Québec, en
1931, et il y a 137 pays au monde qui ont adopté ce principe. Je connais
présentement l'Allemagne de l'Est qui fait contribuer ses travailleurs.
Je n'en connais pas d'autres pour le moment. Je continue à fouiller la
question mais j'aurai l'occasion de parler sur cette question le plus tôt
possible, j'espère. Il en sera particulièrement question lors du
projet de loi.
Je vous rappelle, M. le Président, qu'à la demande du
député de Viau, nous avons attendu l'entrée du
député de Portneuf pour répondre à une question.
Mais on peut les donner.
M. Pagé: M. le Président, on prend acte que vous me
les remettez et j'anticipe que vous me les remettrez d'ici à la fin de
la séance. On va les étudier avec beaucoup d'attention.
Le Président (M. Gagnon): Pour la conclusion, M. le
député de Viau.
M. Cusano: M. le Président, avant que je commence ma
conclusion, j'aimerais bien
qu'on s'entende sur une question de règlement. Vous dites que
vous donnez à l'Opposition, ici, dix minutes qui seraient
divisées entre les porte-parole.
Le Président (M. Gagnon): Dix minutes et les dix minutes
sont déjà passées. On ne soulèvera pas une question
de règlement de cinq minutes. Prenez vos dix minutes, c'est
déjà parti, parce qu'à dix heures, je mets fin à la
discussion.
Conclusions
M. Cusano: Je serai très bref, M. le Président. Je
crois que le ministre devrait se sentir un peu à l'aise aujourd'hui
à la fin de cette commission parce qu'il a appris beaucoup de
choses.
À un certain moment, il disait, et il peut se
référer au journal des Débats, page 3916, que, à sa
connaissance, la CSST s'était donné un conseil d'administration
et que c'est ce conseil qui gère toutes les affaires de la CSST. Je
pense que les témoignages démontrent le contraire.
En ce qui a trait aux affirmations gratuites de l'honorable juge
Sauvé, que l'on a entendues depuis qu'il a commencé son
témoignage, je vais lui en citer une autre. Lorsqu'il est venu aux
crédits, en ce qui regarde le budget, à la suite d'une question
sur le déficit, avec son arrogance habituelle, il a dit: voilà
l'explication du déficit, ce n'est pas plus compliqué que cela,
M. le député de Viau, prétendant que je ne comprenais rien
dans son affaire. Jusqu'à un certain point, il a raison. Je ne comprends
pas. Ce n'est pas compréhensible. Il continue: II ne faut pas chercher
midi à quatorze heures. C'est tout simplement cela - c'est au journal
des Débats - tout le monde au conseil d'administration sait cela. Et il
continue en disant que le conseil d'administration a adopté le budget en
toute connaissance de cause, M. le Président. Est-ce que c'est cela
qu'on a entendu ici? Il semble y avoir beaucoup de difficultés avec vos
procès-verbaux. Vous avez des problèmes au conseil
d'administration avec vos procès-verbaux. Le vice-président a des
problèmes avec les procès-verbaux. Organisez-vous,
organisez-vous, organisez-vous. Si vous n'êtes pas capables de mettre de
l'ordre dans la cuisine, ne tentez pas d'aller chercher ailleurs, par vos
voyages, un peu partout. Vous venez de dire que vous allez chercher ailleurs.
Allez en Allemagne pour une secousse, peut-être si vous restez là,
le monde du Québec sera mieux servi. Merci.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Brièvement, M. le Président, je pense
que ce soir et depuis quatre jours, le ministre est responsable de la CSST
devant la majorité des intervenants, et je qualifierais cette commission
parlementaire de parodie.
M. le Président, l'Opposition n'a pu interroger les
invités et derrière le statut de président-directeur
général et de juge, le peuple vous regarde et vous jugera.
Merci.
Une voix: À qui voulez-vous parler? Au président de
la commission ici?
Le Président (M. Gagnon): II vous reste encore du temps.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Champagne (Saint-Jacques): Je vais être bien court, M.
le Président. Nous avions compris que la commission finissait à
minuit ce soir. Unilatéralement, on nous a coupé deux heures, de
sorte que nous sommes à la moitié de nos questions.
Je suis venu à bout de poser quelques questions sur le
mémoire de l'ATTAQ. Il me reste encore tout le mémoire de la FATA
et il reste encore à éplucher la question du mode
d'évaluation du préjudice, à 38.4. M. Bernier a
essayé de passer un règlement, les syndicats et les
accidentés se sont plaints, le gouvernement a refusé le
règlement et il continue à l'appliquer comme une directive
interne. M. le ministre, vous allez devoir éclaircir cela. Il arrive que
l'évaluation est plus modeste que celle qui est faite par la CAS et cela
force toutes les victimes de l'évaluation de la CSST à aller en
appel devant la CAS et elles perdent deux ans à ce moment-là.
Vous allez être obligé d'éclaircir cela, et vite.
Le Président (M. Gagnon): Sur la question de
règlement que vous avez soulevée - un instant - lorsque vous avez
dit que vous vous êtes fait enlever du temps, je ne sais pas quelle a
été l'entente, mais je suis obligé d'appliquer le
règlement. L'ordre de l'Assemblée nationale - je vais le
lire...
Une voix: Fermez-vous.
Le Président (M. Gagnon): M. le Président - c'est
M. Bertrand qui parle - je voudrais...
M. Champagne (Saint-Jacques): ...cela devait finir à
minuit, M. le ministre.
Le Président (M. Gagnon): ...indiquer qu'à la suite
d'une entente, les commissions parlementaires qui doivent siéger ce soir
siégeront de 20 heures à 22 heures et non pas de 20 heures
à 24 heures, sauf la commission de la fonction publique qui, à la
suite d'une entente, devra siéger de 18 heures à 20 heures et de
19 h 10 à 20 heures. Voilà l'ordre de l'Assemblée
nationale.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Nous terminons
cinq jours d'auditions. Les dernières minutes auront été
animées, évidemment, d'un empressement de part et d'autre, d'une
nervosité facilement perceptible de votre côté et d'un
mécontentement assez clairement indiqué du nôtre. Cela
s'explique, car nous avons perdu deux heures. On entendait avec beaucoup
d'intérêt le témoignage des honorables président et
vice-président de la CSST. J'ai questionné longuement au chapitre
de la prévention et de l'inspection. Je remercie M. Bertrand de
l'échange utile que nous avons eu ensemble. J'apprécie que vous
me remettiez tous les documents que je vous ai demandés, on en assurera
le suivi. À défaut de pouvoir vous contre-interroger sur le
sujet, on le fera par d'autres moyens, évidemment.
Nous avons passé ensuite à la gestion de la commission,
avec mon collègue, le député de Viau. Ce qui a
été évoqué était assez éloquent. On
doit retenir, malheureusement, des propos que vous avez tenus aujourd'hui deux
choses. Votre commission ne s'est pas trompée; dans bien des cas qui ont
été soulevés par les associations de
bénéficiaires, c'était non fondé et si, par
mégarde ou autrement, ces gens-là avaient raison, vous avez le
ferme propos de ne plus recommencer. Je dois vous dire tout de suite que cela
ne nous convainc pas, mais pas du tout.
Nous aurions apprécié pouvoir aborder tout l'aspect du
budget. On sait que le budget a été adopté d'une
façon qu'on peut qualifier de douteuse, en termes de méthode. On
aurait longuement apprécié, dans l'heure qui aurait suivi, de
pouvoir discuter avec M. Sauvé de cette question; on n'a pas eu
l'occasion de le faire. Nous prendrons d'autres moyens pour le faire. On doit
conclure - nous aurions aimé prendre au moins une demi-heure pour
conclure sommairement que les travaux se terminent ici. Nous avons perdu deux
heures. C'est attribuable uniquement à l'improvisation et,
évidemment, à la bassesse qui caractérise les actions
menées par le leader du gouvernement, M. Bertrand.
Cela ne passera pas comme une lettre à la poste. Lundi matin, je
peux déjà vous donner un préavis que vous allez vous faire
brasser le pommier. C'est la première fois depuis bien longtemps qu'on
avait la chance de questionner et, finalement, de le vider, ce fameux dossier.
On a dit que les libéraux et Pagé "voulaient la tête
à Sauvé". On a dit que M. Sauvé était arrogant. On
a dit que la commission était prête, qu'on allait siéger.
Quand on entre dans l'entonnoir du débat et que vient le temps de
toucher aux questions essentielles, on se fait enlever le tapis. Je
présume que vous êtes assez fort pour en être
déçu, comme nous sommes déçus. Ces deux
heures-là, je crois qu'on les aurait appréciées de part et
d'autre; cela aurait été un échange très utile,
tant pour vous que pour nous.
Alors, on devra tirer privément nos conclusions sur cette
commission. J'y ai référé brièvement hier en
relatant chacun des mémoires. Il apparaît une chose: un
mécontentement généralement exprimé de la part des
intervenants tant sur vos objectifs, que vous n'avez pas atteints, tant sur
votre gestion, qui présente des faiblesses sûres et
évidentes, tant sur des questions aussi importantes que tout le capital
humain qui est joint à cette structure et plus particulièrement
à l'égard du paritarisme où les témoignages ont
semblé démontrer que le paritarisme, finalement, contribue
à donner au président-directeur général et à
ses adjoints plus de pouvoir, un pouvoir qui semble, quant à nous,
exorbitant et à l'égard duquel on sera en mesure de juger et en
même temps de conclure sur nos travaux dans les délais qu'on
espère les plus brefs. Soyez assuré, M. le
président-directeur général, que les conclusions que nous
prendrons, on les prendra à l'appui de documents, d'analyse de
mémoires, de chiffres et elles seront assez clairement exprimées
pour que vous puissiez savoir enfin ce que notre groupe politique pense de la
gestion que vous assumez et de ce qu'on entrevoit pour l'avenir.
À cet égard, je vous souhaite les meilleures chances de
succès dans les objectifs que vous poursuivez.
Le Président (M. Gagnon): Monsieur...
M. Pagé: M. le Président, je termine en disant
qu'on doit vous souhaiter bonne chance, bien qu'on ait des doutes à
l'égard de votre capacité d'administrer selon le mandat que vous
avez, parce que ce sont les prestataires qui sont directement touchés
par vos actions quotidiennes.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Portneuf. M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Cinq secondes pour dire
merci.
M. Fréchette: ...par respect pour l'ordre de
l'Assemblée nationale, je veux simplement dire merci à tout le
monde.
Le Président (M. Gagnon): Alors, la commission élue
permanente du travail, qui avait pour mandat d'examiner l'administration et le
fonctionnement de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, a rempli son
mandat en siégeant 27 heures et 58 minutes. Je demanderais au rapporteur
de la commission de faire rapport à l'Assemblée nationale.
J'ajourne donc cette commission sine die.
(Fin de la séance à 22 h 2)