Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît;
Je déclare la séance ouverte. Je rappelle aux membres de
cette commission que le mandat de celle-ci est d'étudier article par
article le projet de loi 17, Loi modifiant le Code du travail et diverses
dispositions législatives.
Les membres de cette commission sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie),
Cusano (Viau), Dean (Prévost), Johnson (Anjou), Mme Harel (Maisonneuve),
MM. Lafrenière (Ungava), Lavigne (Beauharnois), Mathieu (Beauce-Sud),
Leduc (Fabre), Paradis (Brome-Missisquoi), Rocheleau (Hull) et Bordeleau
(Abitibi-Est).
Les intervenants sont: MM. Bélanger (Mégantic-Compton),
Champagne (Mille-Îles), Fortier (Outremont), Pagé (Portneuf),
Payne (Vachon), Polak (Sainte-Anne), Proulx (Saint-Jean) et Vaugeois
(Trois-Rivières).
La première tâche qui nous incombe est celle de
désigner un rapporteur.
Motion proposant le député d'Ungava
comme rapporteur de la commission
M. Johnson (Anjou): M. Lafrenière (Ungava), M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): M. Lafrenière (Ungava)
est proposé.
M. Paradis: M. le Président, sauf erreur, il s'agit d'une
motion débattable. Il s'agit quand même, en fin de session, d'une
fonction très importante. Ce n'est pas que je veuille mettre en doute
les qualités de notre collègue, le député d'Ungava,
de faire rapport à l'Assemblée nationale. On a déjà
été témoin du travail qu'il a accompli pour d'autres
commissions parlementaires, mais il faut se replacer dans les circonstances qui
entourent la présentation de ce projet de loi, saisir l'importance que
revêt le projet de loi pour l'ensemble des travailleurs, pour l'ensemble
des employeurs et pour la relance de l'activité économique au
Québec.
Comme le projet de loi a été déposé par le
ministre du Travail, non pas le ministre par intérim, mais le ministre
du Travail de façon permanente, M. Fréchette, qui est
présentement en congé de maladie et à qui l'Opposition
réitère, comme elle l'a fait à toutes les occasions
qu'elle a eu de le faire, ses voeux de prompt rétablissement; comme le
ministre n'a déposé ce projet de loi que le 19 mai; comme il
s'agit d'un projet de loi capital, comme la deuxième lecture n'est
arrivée qu'en fin de session; comme le rapport sera déposé
présumément demain, après-demain ou la semaine prochaine,
en même temps que plusieurs autres rapports, comme Opposition, dans
l'intérêt des travailleurs, dans l'intérêt des
employeurs, dans l'intérêt de la relance économique, on
voudrait éviter que ce rapport soit noyé parmi tous les autres
rapports des autres commissions, commissions qui sont importantes, mais que
l'on juge de ce côté-ci moins susceptibles d'entraîner des
inconvénients aux travailleurs et aux employeurs du Québec.
Comme je le disais donc au début de mon intervention, ce n'est
pas parce que le Parti libéral ou parce que le député de
Brome-Missisquoi en veut au député d'Ungava, mais force nous est
de constater que le siège qu'il occupe à l'Assemblée
nationale du Québec est placé en arrière, dans un coin.
C'est le premier ministre, c'est le whip, c'est le parti ministériel qui
a décidé d'assigner une position aussi obscure, à
l'extrême droite du poulailler comme on l'appelle communément, au
député d'Ungava. Ce n'est pas parce que...
Le Président (M. Blouin): Je m'excuse, M. le
député, vous êtes presque en train d'insulter la
présidence, c'est presque mon voisin.
M. Paradis: M. le Président, il s'agit d'un excellent
point...
M. Johnson (Anjou): ...
M. Paradis: ... que vous soulevez. Je sais que vous êtes
situé dans cet entourage-là et que votre entourage est bon. C'est
ce que je disais. On n'en veut pas au député d'Ungava, on
reconnaît ses qualités, mais quelqu'un au Parti
québécois, au gouvernement a décidé,
peut-être pour le mieux-être de la société,
peut-être pour priver la société de grands talents, de vous
situer, vous et votre voisin, le député d'Ungava, dans ce coin de
la Chambre.
Peut-être que les travailleurs, les entrepreneurs, la relance
économique en souffrent au Québec. Cela ne pourrait pas
être pire, M. le Président, je vous l'accorde. Vous pourriez sans
doute effectuer une
meilleure tâche, mais la situation qu'il nous faut constater
malheureusement, c'est que, lorsque M. Lafrenière se lèvera en
Chambre pour déposer le rapport, parce qu'il est mal situé, il ne
pourra pas être vu, compris et entendu de l'ensemble de la
députation. J'ajouterais, maintenant que vous me soulignez que vous
êtes à ses côtés, que les lumières qui
rejaillissent tout autour de vous le placeront finalement dans une
espèce d'auréole qui nous empêchera de le voir
correctement.
Cela n'est pas la faute du député d'Ungava, ce n'est pas
la faute du Parti libéral du Québec, ce n'est pas la faute du
député qui vous parle mais il y a encore plus important, M. le
Président. Lorsqu'on confie la tâche à un membre de cette
Assemblée nationale, ce n'est pas obligatoirement - je vous le soumets,
M. le Président, et peut-être que je vous adresserai une question
de directive sur le sujet - un membre de la majorité servile
ministérielle qui doit être nommé rapporteur. On peut
profiter des talents d'un membre de l'Opposition qui serait plus en
évidence, mieux placé, qui pourrait faire rapport à
l'Assemblée nationale d'une banquette avant, ce qu'on appelle un
"front-bencher" comparé à un "back-bencher". Peut-être que
ce serait préférable pour que les travailleurs, les employeurs du
Québec comprennent vraiment ce que contient le projet de loi qu'on est
appelé à étudier en commission parlementaire.
Avant de dire non, parce que je n'ai pas encore dit non, il ne faut pas
penser, à la suite de ce que je viens de dire, que des qualités
personnelles exceptionnelles ne feraient pas en sorte de contrebalancer la
location du siège du député d'Ungava. Peut-être que,
dans son curriculum vitae, on retrouvera des aspects qui feront en sorte que,
finalement, sa personnalité, sa jovialité contrebalanceront le
rôle obscur qu'ont voulu lui donner jusqu'à présent le
premier ministre du Québec, le gouvernement et le parti
ministériel.
Si vous le permettez, M. le Président, nous regarderons ensemble
le curriculum vitae du député d'Ungava, qui nous est fourni par
l'Assemblée nationale du Québec. Peut-être à
l'analyse découvrirons-nous que, effectivement, l'honorable ministre du
Travail par intérim avait raison de faire une motion pour que le
député d'Ungava occupe cette importante fonction de
rapporteur.
Marcel Jim Lafrenière est né à Malartic le 19 juin
1939. Il est dans la force de l'âge. Il est marié, a une
occupation stable, est père d'un enfant - et ce n'est peut-être
pas fini - et habite à Chibougamau depuis 25 ans. On s'aperçoit
que, lorsqu'il occupe un endroit, qu'il se situe géographiquement, soit
dans un comté, soit à l'Assemblée nationale, on peut
présumer qu'il reste dans le même coin longtemps, et c'est
inquiétant. D'ici à ce qu'il soumette le rapport à
l'Assemblée nationale, cette stabilité pourrait faire en sorte
qu'il ne puisse pas profiter d'une banquette plus avancée. Cette
stabilité - 25 ans dans le même coin - ajoute à la crainte
que nous avions du côté de l'Opposition que, finalement, le
rapport soit rendu, malgré les grands talents qu'on lui reconnaît,
dans un coin obscur de la Chambre.
M. Lafrenière: La même rue aussi.
M. Paradis: M. le député ajoute que c'est la
même rue et c'est sans doute la même maison également. Cela
ajoute à l'élément de stabilité. Je vous en
félicite et j'aurais espéré que le Parti
québécois vous stabilise à un poste beaucoup plus en
évidence, connaissant vos qualités humaines.
Depuis 1972, M. Lafrenière occupe le poste de gérant de
l'aréna de Chibougamau. Ce n'est pas un simple poste de rapporteur,
c'est un poste de gérant et, lorsqu'on est gérant de quelque
chose, on a des gens qui font des rapports qui dressent des
procès-verbaux. Cela m'inquiète, parce que, finalement, M.
Lafrenière est peut-être trop qualifié pour occuper le
poste de rapporteur. Ses antécédents de gérant nous
l'indiquent. Il a d'abord été membre des forces armées
canadiennes de 1956 à 1959. C'est rassurant. On découvre qu'un
péquiste, supposément séparatiste, a quand même un
certain attachement au fédéralisme canadien, qu'il avait
suffisamment d'idéal pour aller s'enrôler volontairement dans les
forces armées canadiennes et qu'il est fier - le député
d'Ungava, Jim Lafrenière - d'avoir fait partie des forces armées
canadiennes de 1956 à 1959. Il était fier d'être prêt
à défendre son pays. Connaissant notre ami le
député d'Ungava, je présume que cette fierté
d'être Canadien, d'être prêt à défendre son
pays l'anime encore.
Si vous me le permettiez, je lui adresserais la question, parce que
c'est un élément dont il va falloir que nous tenions compte dans
notre décision: S'il avait perdu cette fierté de
représenter le Canada, si, au cours des années, son sentiment de
patriotisme "se serait"...
M. Johnson (Anjou): S'était.
M. Paradis: Merci, M. le ministre. ... s'était
effrité de quelque façon que ce soit, on pourrait penser que le
rapport qu'il aura à soumettre à l'Assemblée nationale du
Québec pourrait s'effriter en chemin et, comme nous voulons que le
rapport soit le plus complet possible, cette situation créerait le doute
chez le député de Brome-Missisquoi et - je n'en doute pas - chez
mes collègues de l'Opposition. Si on pouvait avoir une indication quant
à cette appartenance, à ce
sentiment d'appartenance et de fierté d'être Canadien,
d'être prêt à défendre son pays, peut-être que
cet élément très positif ferait en sorte que,
malgré la position obscure qu'il occupe dans le parti
ministériel, nous pourrions lui faire confiance, avoir confiance qu'il
ferait un rapport complet et détaillé, rédigé de
main de maître à l'Assemblée nationale du Québec,
qui saurait éclairer l'ensemble des travailleurs et des employeurs sur
ce que contient vraiment le projet de loi et sur les discussions qu'on aura en
cette Chambre. J'attends des indications et, sauf indication du contraire, je
tiens pour acquis que ce sentiment d'appartenance au Canada, cette
fierté d'être Canadien anime toujours le député
d'Ungava. Puis... Est-ce une question de règlement, M. le
Président? C'est mon droit de parole.
M. Lafrenière: Non. C'était plutôt pour
répondre.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Ungava, question de règlement?
M. Lafrenière: Ce n'est pas une question de
règlement. C'est...
Le Président (M. Blouin): Ah! S'il ne s'agit pas d'une
question de règlement...
M. Lafrenière: Non? D'accord. Plus tard.
Le Président (M. Blouin): ...M. le député
d'Ungava, vous devez d'abord permettre au député qui...
M. Lafrenière: Oui.
Le Président (M. Blouin): ...a la parole de terminer son
droit de parole, bien minuté, de 20 minutes et, par la suite, si vous
désirez - s'il ne s'agit pas d'une question de règlement, si vous
désirez ajouter des commentaires, vous aurez vous aussi un droit de
parole bien minuté de 20 minutes, jusqu'à ce que tous ceux et
celles qui le désirent se soient exprimés. C'est ainsi que nos
règlements balisent ce genre de débat fondamental. M. le
député.
M. Paradis: Question de directive. Est-ce que le temps
d'interruption est compilé sur mon temps?
Le Président (M. Blouin): Habituellement, lorsque le
président prend quelques secondes pour rétablir les choses, pour
rétablir la bonne marche des travaux, on ne se formalise pas
habituellement de ce genre d'interruption très brève. Vous avez
la parole.
M. Paradis: II me fait plaisir de me plier à votre
décision et, pour autant que ce ne soit pas de façon
répétée, je pense que vous avez rendu pas simplement une
décision qui est juste, mais une décision qui est sage et
éclairée. Notre ami le député d'Ungava, M. Jim
Lafrenière, suivant son curriculum vitae, a été par la
suite, en 1960, employé de la compagnie minière Campbell. On
aurait des questions à adresser au député d'Ungava sur ce
point. Est-ce qu'il était un travailleur syndiqué ou non
syndiqué? Est-ce qu'il était un cadre de la compagnie? Parce que
le poste qu'il a pu occuper pourrait faire en sorte qu'il ait des
préjugés face au projet de loi qui nous est
présenté, pourrait faire en sorte qu'à cause de ces
préjugés, le rapport qu'il serait appelé à
présenter devant l'Assemblée nationale du Québec soit
biaisé. Si le député a été un travailleur
syndiqué, il a été à même de constater que
les règles actuelles du Code du travail, sans modification, permettent
le libre accès à la syndicalisation. Il serait donc en mesure de
témoigner que les changements apportés ne sont pas de nature
à permettre l'exercice d'un droit fondamental qui est reconnu et
exercé depuis au moins l'entrée en vigueur de notre Code du
travail en 1964.
Le député d'Ungava, notre ami Marcel Jim
Lafrenière, est ensuite devenu agent d'affaires pour le Conseil des
métiers de la construction, région Côte-Nord et Abitibi, en
1961-1962. À la lecture de cette simple phrase, vous vous rendez
à l'évidence que M. Lafrenière a été agent
d'affaires pour un syndicat, que M. Lafrenière, à cause de cette
position fort honorable qu'il a occupée dans le passé, pourrait
être tenté de livrer à l'Assemblée nationale du
Québec un rapport qui ne refléterait qu'une partie du dossier. M.
Lafrenière et vous, M. le Président, vous avez
écouté les mémoires, vous avez vu qu'il y avait plus
qu'une partie dans le dossier et que si on pouvait regrouper le tout en une
seule partie, c'était strictement au niveau du mécontentement de
l'ensemble des parties sur l'absence de réformes en profondeur de notre
Code du travail, absence que l'on a blâmée, à juste titre,
à cause de l'inaction pendant plusieurs années du ministre du
Travail, ministre par intérim aujourd'hui, qui a occupé ce poste
jadis, qui avait pris des engagements péquistes dès l'automne
1979 de réformer en profondeur notre Code du travail.
Le proposeur de la motion s'est placé dans une drôle de
situation lorsqu'il a proposé que le député d'Ungava
occupe cette importante fonction de rapporteur. Par la suite, de 1962 à
1972, le député d'Ungava travaille pour divers entrepreneurs
miniers. Encore une fois, est-ce qu'il travaillait comme travailleur
syndiqué, comme travailleur non syndiqué? Est-ce qu'il occupait
une position de cadre? Son curriculum vitae ne l'indique pas, M. le
Président. À moins que, spontanément, le
député d'Ungava ajoute aux brèves notes historiques que
nous possédons sur sa vie, nous serons dans le doute, M. le
Président. Nous demeurerons dans le doute et, dans le doute, nous
préférons sûrement choisir quelqu'un qui puisse nous
apporter une certitude, parce qu'on sait ce que fait le doute. Le doute sur
l'avenir politique du Québec, cela fait fuir les investisseurs. Cela
fait perdre des jobs aux Québécois. Le doute sur l'orientation -
et, en le disant, je reprends à mon compte les propos de l'honorable
ministre des Finances - du gouvernement quant au régime de relations de
travail, cela fait aussi fuir les investisseurs. Cela fait perdre des jobs aux
Québécois et ce sont ces doutes que nous voulons, comme
Opposition libérale cette hypothèse - vous me prêterez
l'expression, M. le notaire - que nous voulons lever sur l'avenir
économique du Québec et sur l'avenir des travailleurs et des
entrepreneurs québécois.
Je continue la lecture du curriculum vitae de notre bon ami, le
député d'Ungava. M. Lafrenière est président du
conseil d'administration de l'hôpital de Chibougamau. Il a joué,
à ce niveau, un râle important d'employeur. Cela
rééquilibre un peu la situation précédente
où il était agent d'affaires pour un syndicat, mais,
fondamentalement, quel type d'employeur était M. Lafrenière? Le
type d'employeur qui vote pour la loi 111? Pour la suspension des chartes des
droits et libertés québécoise et canadienne? Cela nous
inquiète. Dans les circonstances...
Le Président (M. Blouin): En concluant, M. le
député de Brome-Missisquoi.
Motion d'amendement
M. Paradis: ...en concluant, M. le Président, je voudrais
apporter un amendement à la motion de l'honorable ministre du Travail
par intérim. Cet amendement est bien simple, il s'agit de substituer le
nom... Il y a beaucoup de jurisprudence à cet effet, elle est constante,
répétée et continue. Avant de rendre une décision,
M. le Président - je vous vois hocher la tête - je vous prierais
de vérifier auprès d'autres de vos collègues, parce que la
présidence ne forme qu'un, mais, dans les décisions importantes,
il faut toujours consulter et la jurisprudence est constante. Il s'agit
strictement dans la motion de changer le nom du comté d'Ungava par celui
de Beauce-Sud, et je m'expliquerai sur cette motion dès que vous l'aurez
déclarée recevable. Mais, avant de la déclarer recevable
comme telle, je vous réfère à des décisions
antérieures qui ont été rendues par plusieurs de vos
collègues. Je vous réfère à une jurisprudence
constante à l'Assemblée nationale du Québec et à
ses commissions. Je vous réfère plus particulièrement au
projet de loi 16, qui, dans cette même salle, a fait l'objet d'une
modification identique à celle que je vous propose, et au projet de loi
37 ou 39 où il y a eu des amendements répétés qui
ont été jugés recevables par tous vos
collègues.
Le Président (M. Blouin): M. le
député...
M. Paradis: Je vous souligne cette jurisprudence constante, non
pas dans le but d'influencer votre décision, mais afin de nous assurer
que la jurisprudence, qui est un des éléments les plus importants
dans l'interprétation de notre règlement, ne connaisse pas de
soubresauts soudains et, pour autant qu'on puisse vérifier rapidement et
facilement, s'inscrive dans la grande continuité de nos traditions
parlementaires.
Le Président (M. Blouin): D'abord, M. le
député de Brome-Missisquoi, je vous signale que ce n'est pas
parce qu'à certaines occasions on a pu accepter certains comportements
en commission parlementaire ou à l'Assemblée nationale que cela
constitue par le fait même des décisions.
Deuxièmement...
M. Paradis: M. le Président, sur votre question de
règlement, si vous me le permettez.
Le Président (M. Blouin): Deuxièmement...
M. Paradis: Vous avez parfaitement raison quant aux
comportements. Quant à la recevabilité, c'est quelque chose
d'intrinsèquement impliqué dans le règlement.
Le Président (M. Blouin): ...je vais suspendre les travaux
pour quelques minutes afin de vérifier l'application de l'article 70 de
notre règlement, qui m'apparaît très clair à
première vue, mais afin d'être sûr de rendre la
décision la plus juste, la plus équitable et la plus
honnête possible, je vais suspendre les travaux pour quelques
minutes.
M. Paradis: Très bien, M. le Président. (Suspension
de la séance à 15 h 45)
(Reprise de la séance à 15 h 59)
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'il vous
plaît;
La commission permanente du travail reprend ses travaux. Avant de rendre
une décision, je souhaiterais que les membres et les intervenants de la
commission qui
désirent le faire interviennent afin que nous puissions juger de
la recevabilité ou de l'irrecevabilité de l'amendement qui a
été proposé par le député de
Brome-Missisquoi. M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, au soutien de la
validité ou de la recevabilité de l'argument qu'on vous a fait,
de l'amendement qu'on a apporté, il s'agit de faire une lecture
très stricte et très attentive du libellé de l'article
comme tel: "Un amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter
des mots ou les remplacer par d'autres." Vous avez sans doute saisi, M. le
Président, qu'en remplaçant le mot "Ungava" par le mot
"Beauce-Sud", nous nous sommes conformés à cette partie de
l'article.
Le reste de cet article est très important: "II est irrecevable -
donc, vous devriez le déclarer tel - si son effet est d'écarter
la question principale sur laquelle il a été proposé et il
en est de même d'un sous-amendement par rapport à un
amendement."
M. le Président, quelle est la question principale à
laquelle nous sommes confrontés? Je vous le soumets bien humblement, la
question principale à laquelle cette commission est confrontée
est de nommer un rapporteur. C'est la question principale. C'est l'essence et
la substance de ce que nous avons à faire à cette commission
comme premier devoir. Je vous soumets, sans tomber dans le fond, M. le
Président, que la nomination de ce rapporteur peut amener des
interventions de tel genre ou de tel autre et apporter un amendement qui n'a
pas pour effet d'écarter la question principale. Nous n'avons jamais
suggéré de ne pas nommer de rapporteur. Au contraire, nous avons
suggéré de nommer un rapporteur et un rapporteur dont le nom est
différent de celui qu'avait suggéré le ministre par sa
motion principale et, par ce fait, nous nous sommes conformés au premier
alinéa de l'article; nous avons tout simplement remplacé des mots
par d'autres. C'est mon intervention, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, sur la question de
règlement, je ne reprendrai pas la lecture de l'article 70. Je pense
qu'il est clair. Je m'arrêterai à la deuxième partie de cet
article qui dit que l'irrecevabilité est basée sur le fait que,
si l'amendement a pour effet d'écarter la question principale sur
laquelle il a été proposé, l'amendement est irrecevable.
La question principale à mes yeux, M. le Président, c'est de
nommer ce remarquable député qu'est M. Lafrenière, le
député d'Ungava, rapporteur de cette commission. Le
député de Brome-Missisquoi nous en a d'ailleurs fait
l'éloge en lisant son curriculum vitae, c'est quelqu'un qui, à
cet égard, justement parce qu'il a occupé à la fois des
fonctions syndicales et patronales, est tout à fait apte à
remplir ces fonctions de rapporteur d'une commission qui touche le Code du
travail.
Nonobstant cela, M. le Président, je pense que je
procéderais par analogie. Quand l'Assemblée nationale du
Québec nomme le Vérificateur général, quand elle
est appelée à nommer l'ombudsman, quand elle est appelée
à nommer le président de la Caisse de dépôt et
placement ou d'autres personnes qui sont... Dans le cas du président de
la Caisse de dépôt, M. le Président, il s'agit d'une
nomination par arrêté en conseil, mais un désistement peut
être provoqué par les deux tiers de l'Assemblée nationale.
Quand l'Assemblée est appelée à nommer une personne, si
l'Opposition n'est pas d'accord, elle ne peut pas présenter
d'amendement. L'Opposition doit s'inscrire contre la nomination qui est
proposée. Or, M. le Président, si le Parti libéral
s'oppose à ce que notre estimé collègue d'Ungava soit
rapporteur, il aura l'occasion de l'exprimer par un vote.
M. Paradis: Si vous me permettez d'ajouter à l'exemple
donné par l'honorable ministre du Travail par intérim, il
suffirait de reprendre l'exemple qui nous est donné quant à la
nomination du président de l'Assemblée nationale et des articles
7 et suivants qui prévoient cette nomination pour constater que ce que
vient de dire l'honorable ministre du Travail par intérim est tout
à fait inexact.
M. le Président, les articles 7 et suivants, vous les avez
à votre règlement. Si vous voulez que je vous en fasse lecture,
je vais le faire très rapidement: "À sa première
séance après des élections générales,
l'Assemblée doit, avant d'expédier quelque affaire, élire
un président parmi les députés. "Le secrétaire
préside à l'élection du président qui se fait
à la suite d'une motion non annoncée, qui n'est pas susceptible
d'amendement et il doit être fait autant de motions qu'il est
proposé de députés."
Il n'appartient pas au parti ministériel d'avoir le monopole des
propositions, M. le Président. L'article 9 nous le dit clairement: "S'il
n'est proposé qu'un seul député, le secrétaire le
proclame élu. S'il est proposé plus d'un député,
toutes les motions sont débattues à la fois."
Il s'agissait dans ce cas-ci, M. le Président - je vous le fais
remarquer humblement - d'un cas où la motion n'était pas
susceptible d'amendement mais pouvait
provenir de quelque côté que ce soit de la Chambre. Vous
comprendrez que, pour des raisons d'efficacité la motion vient
généralement du premier ministre, qui a la majorité en
Chambre. Il est possible à l'Opposition officielle ou à quelque
autre formation politique de proposer un président, et rien ne
l'interdit.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pense que le
député a lui-même invoqué des articles qui, du fait
que l'on veuille bien s'y référer à partir de 70,
démontrent bien que si 70 avait voulu dire autre chose que
l'interprétation que j'en ai faite, il l'aurait fait comme il l'a fait
dans un autre cas, c'est-à-dire ce qu'on retrouve aux articles 6 et 7 ou
7 et 8 du règlement. Deuxièmement, on dit bien, et c'est quand
même remarquable, que, quand l'Assemblée nationale décide
de nommer un président, s'il y a plusieurs candidatures, on débat
de tout en même temps.
Je crois comprendre, par la technique qui est amorcée par
l'Opposition, qu'on voudrait faire une série de débats sur
chacune des nominations qu'on proposerait. À cet égard, M. le
Président, dans les circonstances, je pense que les dispositions de 7 et
8 ne s'appliquent pas à l'article 70.
M. Paradis: M. le Président, un dernier mot sur l'article
8. Lorsqu'on indique qu'une motion n'est pas susceptible d'amendement, on le
fait expressément. C'est le cas de l'article 8. On ne retrouve pas cet
élément dans l'article 70. Au contraire, l'article 70 vise
spécifiquement les amendements.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pense que je ne
peux pas apporter plus de lumière à la décision difficile
que vous avez à prendre.
Le Président (M. Blouin): Très bien. M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Si vous me permettez un commentaire, avant de rendre
votre décision, afin d'éclairer votre lanterne. J'ai toujours
prétendu qu'un amendement à une proposition n'avait pas
fondamentalement pour effet de changer le sens de la proposition. La
première proposition allait dans le sens de nommer comme rapporteur le
député d'Ungava. Le député de Brome-Missisquoi fait
une motion d'amendement à l'effet de nommer plutôt le
député de Beauce-Sud. Quant à moi, quand on connaît
les deux députés et, avec tout le respect que j'ai pour l'un et
pour l'autre, cela change complètement le sens et le fond de la
proposition. Dans ce sens, je dirais que l'amendement est irrecevable, car cela
change le sens et le fond de la proposition.
M. Paradis: M. le Président, je pourrais peut-être
apporter un dernier éclairage additionnel. La lecture de l'article 161
s'impose également dans le cas qui nous préoccupe: "Dès
qu'une commission élue a terminé l'examen de l'affaire qui lui a
été référée, elle doit, par l'entremise d'un
rapporteur qu'elle a désigné parmi ses membres..." Il ne s'agit
pas de donner une exclusivité, on dit "parmi ses membres", et je vous
souligne que le député de Beauce-Sud est membre de ladite
commission.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Je remercie
les membres de la commission de leurs précisions pour appuyer leur
position respective. Sur ce, nous allons suspendre les travaux pour quelques
minutes. Cela ne devrait pas être très long, je l'espère en
tout cas.
(Suspension de la séance à 16 h 09)
(Reprise de la séance à 16 h 40)
Le Président (M. Blouin): La commission élue
permanente du travail reprend ses travaux.
Tout d'abord, je remercie les membres de la commission qui ont
participé à ce débat de procédure. À la
suite des recherches que nous avons faites, je vous fais donc lecture de la
décision qui est rendue.
Motion d'amendement jugée irrecevable
L'article 70 de notre règlement indique qu'un amendement ne peut
avoir pour effet d'écarter la question principale. Par analogie,
l'article 566 de l'ancien règlement Geoffrion est au même effet,
particulièrement à l'annotation 8 qui se lit ainsi: "II est
irrégulier de proposer de remplacer tout un article par un autre. La
manière de procéder quand on veut remplacer un article par un
autre, c'est de voter contre l'adoption de l'article à l'étude
puis, s'il n'est pas adopté, d'en proposer un nouveau lorsque tous les
articles imprimés du bill ont été examinés."
L'auteur Beauchesne dans sa cinquième édition, stipule
qu'un amendement qui donnerait le même résultat que le refus pur
et simple de la proposition principale n'est pas conforme au
règlement.
Les précédents en cette matière, bien que rares,
confirment l'irrecevabilité de ce type d'amendement. Ainsi, le 23
février 1983, lors du débat sur le projet de loi 39, le
président, en rendant une décision, a dit et je cite les paroles
du président qui rendait une décision à cet effet: "Le
fait, donc, par un amendement de remplacer le nom d'un rapporteur par un autre
équivaut, comme le dit Geoffrion, à remplacer tout un
article par un autre puisque le nom d'un rapporteur, c'est la substance
même de la motion."
Ainsi, la question principale soumise à la commission est bien
celle de proposer le député d'Ungava à titre de rapporteur
de cette commission. Le député d'Ungava est bien le sujet central
au coeur de la motion. En conséquence, la motion du député
de Brome-Missisquoi est irrecevable.
Je permets donc maintenant au député de Brome-Missisquoi,
non pas de revenir sur ce sujet, mais bien de terminer son temps de parole. Il
lui restait quelques minutes et, ensuite, s'il n'y a pas d'autres intervenants,
nous procéderons et, s'il y en a d'autres, nous les entendrons. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, je me soumets à votre
décision comme je le fais habituellement avec tout le respect qu'on doit
à la présidence, au poste que vous occupez. Je tiendrais quand
même à vous poser une question de directive. Je remarque que mes
craintes s'étaient avérées justes et que le
député d'Ungava est un petit peu indiscipliné et qu'il
n'est pas présentement avec nous.
Est-ce que la personne qui est proposée par motion du ministre -
et c'est ma demande de directive avant d'utiliser mon droit de parole, M. le
Président - se doit d'accepter le poste dont elle est le sujet par la
motion présentée par le ministre? Si, dans l'affirmative, le
député en question doit acquiescer à l'importante fonction
qu'on lui demande de combler, à ce moment-là, il faudrait
vérifier auprès du député d'Ungava s'il est
prêt à accepter cette importante fonction.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous me permettez,
compte tenu du fait que mon collègue, le député d'Ungava,
qui a dû subir, je dois le dire, au cours du débat qui vous a
amené à prendre cette décision, des quolibets à
peine voilés de l'Opposition...
M. Paradis: J'ai dit des choses flatteuses.
M. Johnson (Anjou): Le député d'Ungava - j'aimerais
peut-être rétablir ici certaines choses - est, je pense, un
collègue absolument estimable, d'autant plus estimable que le
règlement dit qu'il constituait la substance de la proposition que j'ai
faite quand j'ai proposé qu'il soit rapporteur. Le député
d'Ungava était retenu par d'autres travaux, mais il est maintenant avec
nous et je pense, M. le Président, que nous pourrons passer à
l'adoption de cette motion.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Le député d'Ungava étant
maintenant revenu, la question de directive que je vous ai posée va sans
doute être sans objet puisqu'il pourra rendre lui-même sa
décision et accepter ce mandat fort important.
M. le Président, j'aimerais vous présenter la motion
suivante, qui se lirait comme suit: Que cette commission permette à tous
les députés qui ne sont ni membres, ni intervenants à la
commission élue permanente du travail de pouvoir prendre la parole et
ce...
Le Président (M. Blouin): Une question de
règlement, M. le député?
M. Bordeleau: Je ne veux pas interrompre inutilement le
député de Brome-Missisquoi, mais, comme nous en étions
à la proposition de nommer le rapporteur, avant de passer à une
nouvelle motion, vu qu'il s'agit de faire accepter le candidat proposé,
j'imagine que vous devriez lui demander s'il accepte, pour qu'on puisse
procéder à d'autres motions par la suite et continuer avec un
rapporteur.
Le Président (M. Blouin): Nous devrions d'abord...
oui.
M. Paradis: M. le Président, j'ai tenu pour acquis, des
signes de tête du député d'Ungava, qu'il acceptait cette
lourde tâche, mais on a oublié de procéder,
conformément à notre règlement, à l'adoption...
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Paradis: ...officielle du consentement, étant
donné votre décision.
Le Président (M. Blouin): Si j'ai bien compris, le
député d'Ungava sera le rapporteur de cette commission.
M. Lafrenière: C'est bien cela.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi, vous pouvez maintenant procéder en toute
liberté. Oui, M. le député.
M. Maciocia: M. le Président, il ne peut s'absenter, s'il
veut faire un bon rapport.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, puis-je me permettre
de souligner que je crois que vous n'avez pas à rendre une
décision qui ferait jurisprudence en cette matière et souligner
aussi au député de Viau, je crois?
M. Maciocia: Viger.
M. Johnson (Anjou): Pardon, de Viger -
je les confonds toujours - que le député d'Ungava a
été beaucoup plus assidu à cette commission que le
député de Viger.
M. Maciocia: M. le Président - je ne sais pas si c'est une
question de règlement -mais je viens juste de participer à cette
commission; je ne pouvais pas être ici avant à cause d'autres
engagements. Vous savez très bien que le ministre enfreint
complètement le règlement.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi.
Motion proposant d'accorder le droit de parole
à tous les députés
M. Paradis: M. le Président, sur ces sages paroles, d'une
part - je ne dirai rien d'autre - je voudrais faire la motion suivante: Que
cette commission permette à tous les députés qui ne sont
ni membres, ni intervenants à la commission élue permanente du
travail de prendre la parole, sans devoir obtenir au préalable la
permission et ce, pour toute la durée de l'étude article par
article du projet de loi 17.
J'aimerais pouvoir m'exprimer sur cette motion pour vous convaincre de
son bien-fondé.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre, sur la
recevabilité.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, sur la
recevabilité. Je crois que l'Assemblée nationale, au moment
où elle décide en début de session de la formation des
commissions, avec le statut d'intervenant et le statut de membre de la
commission, dispose de cette question. Il n'est pas du ressort de notre
commission de décider de ce qui est du ressort de l'Assemblée
elle-même. À cet égard, nous pouvons considérer que
la motion du député est irrecevable.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, sur la question de
règlement, la motion proposée ne va nullement à l'encontre
de la décision de l'Assemblée nationale de nommer une commission
élue permanente du travail et de nommer également de part et
d'autre de la Chambre les représentants comme membres et comme
intervenants.
Je vous réfère plus spécifiquement à
l'article 148 de notre règlement qui se lit comme suit: "Tous les
députés ont accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont
pas membres et les autres personnes doivent obtenir la permission de la
commission pour s'y faire entendre."
M. le Président, on peut par motion s'entendre, une motion
unanime de cette commission. C'est fantastique les choses que l'on peut faire
à la majorité, par consentement, par vote ou par décision
de la commission.
Le paragraphe 2 stipule que "les commissions doivent entendre les
députés qui ont proposé une loi qui y est discutée
et qui en font la demande."
L'alinéa 3 dit que lorsqu'une commission étudie les
crédits d'un ministère, mais cela ne s'applique pas à
notre cas, il s'agit d'une motion qui concerne l'organisation de nos travaux,
il est de jurisprudence constante qu'une commission délimite
l'organisation de ses travaux au tout début de ces derniers.
À ce moment, avant d'entreprendre l'article 1, si cette
commission devait décider d'entendre les députés qui ne
sont ni membres, ni intervenants, on permettrait, sans aller à
l'encontre de la décision de l'Assemblée nationale de nommer des
membres et des intervenants, à l'ensemble des députés du
côté ministériel, où ils sont plus nombreux, c'est
le jeu de la démocratie qui le veut ainsi, de même qu'aux
députés de l'Opposition, de se faire entendre. M. le
Président, je sais que vous, personnellement, vous êtes en faveur
du fond de la motion que je n'ai pas le droit de débattre à ce
moment-ci. Je sais également qu'il n'y a rien dans notre
règlement, aucun article d'ailleurs, le ministre n'en a cité
aucun - qui interdit la présentation d'une telle motion.
J'ajouterais même qu'il n'y a rien dans notre règlement qui
peut même sembler, avoir une apparence ou un début d'apparence
pour rendre irrecevable une telle motion. Je vous soumets donc que ladite
motion est recevable et qu'on se doit de la débattre. J'ajouterais, en
concluant, que je suis certain que cela ne prendra pas un long débat
pour convaincre les membres de la majorité ministérielle, les
membres de cette commission, de voter pour une telle motion et de permettre
à tous leurs collègues qui ont des travailleurs et des employeurs
dans leurs régions, beaucoup de PME, de se faire entendre et d'exprimer
leur point de vue sur un projet de loi qui les affectera tous.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, toujours sur la
question de règlement, je souhaite que ce soit la dernière
intervention que j'aie à faire, je dirai que l'article 148
m'apparaît tout à fait limpide. Il dit que tous les
députés ont accès aux commissions mais que ceux qui n'en
sont pas membres et les autres personnes doivent obtenir la permission de la
commission pour s'y faire entendre.
M. Paradis: C'est cela.
M. Johnson (Anjou): Or, la notion de
permission n'est pas l'équivalent d'une décision sous
forme de motion de cette commission qui s'approprierait ce qui est de la
juridiction du Parlement lui-même et de l'Assemblée nationale,
mais bel et bien une requête de consentement ad hoc dans chaque cas qui,
en tout temps, peut être refusée par un membre de la
commission.
M. Paradis: M. le Président, je pourrais vous
référer à une décision récente de la
commission qui a étudié l'affaire du saccage LG 2 où on a
entendu le premier ministre, qui n'était ni membre ni intervenant. Elle
l'a décidé ainsi. On me dit qu'une décision plus extensive
a été rendue dans le cas de l'adoption de la loi 101 par
l'ex-président de l'Assemblée nationale - c'était le
député de Jonquière qui présidait ladite commission
-et qu'il a qualifié une motion identique à celle que je vous
présente, dans une décision qu'il a rendue dans ce cadre, de
motion idéalement - c'est le terme qu'il a employé à ce
moment - recevable.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je n'ai rien à
ajouter. J'ai remarqué que la dernière fois, j'ai eu à
faire une intervention. Je vous ai donné mon interprétation et
c'était celle de la règle. Je ne pense pas que ce soit le temps
qu'on prenne pour exposer les motifs, mais peut-être la clarté
qu'on utilise; l'article 148 m'apparaît clair.
M. Bordeleau: M. le Président....
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Quelques mots, justement, sur la question de
règlement. Je pense qu'il ne faut pas s'éterniser
là-dessus. On parle de permission à l'article 148, effectivement,
et la permission équivaut à un consentement. S'il n'y a pas
consentement, cela veut dire que c'est fini. La présidence a simplement
à demander s'il y a consentement. Si vous n'obtenez pas consentement, M.
le Président, vous devez passer à autre chose.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Moi, M. le Président, je trouve qu'au
début on devrait établir clairement que si nos collègues
de l'Assemblée nationale qui ont d'autres préoccupations, ont des
points tout à fait particuliers à traiter... Entre autres, on
sait que le monde municipal est affecté d'une façon
particulière et que notre collègue est actuellement occupé
à d'autres endroits. Je pense qu'on devrait élargir cette
permission à tous nos collègues, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition. Je pense que ce
serait tout à fait logique de le faire. Je ne vois pas pourquoi, M. le
Président, le ministre pourrait s'y opposer, étant donné
qu'il...
Le Président (M. Blouin): M. le député, nous
ne discutons pas actuellement de l'à-propos de cette motion, mais nous
discutons de sa recevabilité.
M. Rocheleau: Je pense, M. le Président, que mon
collègue a mentionné tantôt certains articles de la loi qui
semblaient permettre cette recevabilité. Je fais simplement allusion au
fait que le ministre du Travail par intérim semblait s'opposer à
cette recevabilité.
M. Paradis: Pour répliquer à l'argument
invoqué par nos amis d'en face, on a mentionné le fait qu'obtenir
la permission équivalait au consentement, le signifiait ou était
synonyme de consentement. M. le Président, cette commission peut donner
la permission d'une façon unanime, par consentement, et elle
l'exprime... On pourrait demander un vote unanime, on pourrait demander un
consentement...
M. Johnson (Anjou): ...un consentement.
M. Paradis: Avant d'entendre les arguments, vous voyez la
réaction de ces gens-là. M. le Président, la permission
peut également être octroyée par un vote majoritaire. Si la
commission décidait par un vote majoritaire d'accorder cette permission,
elle serait accordée.
Maintenant, M. le Président, si la motion est recevable, et c'est
le point sur lequel vous devez trancher, elle sera pas la suite débattue
et soumise aux voix suivant les prescriptions de notre règlement. Je
vous rappellerai tout simplement en terminant la décision rendue par
l'ex-président de l'Assemblée nationale, le député
de Jonquière, dans le cas de la loi 101, où il avait
qualifié ce genre de motion, alors qu'il était dans la même
situation que vous l'êtes présentement, de motion
idéale.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, une dernière
intervention. Il m'apparaît que la notion de permission est assimilable
à celle de consentement. La notion de consentement, dans notre
régime de règles du Parlement, implique qu'un individu, un
parlementaire peut opposer son consentement et c'est justement la règle
du consentement qui est utilisée par opposition à la règle
du vote majoritaire. Dans les circonstances, M. le Président, ce serait
brimer les droits d'un
membre de la commission en vertu du règlement que de passer de la
règle de la majorité à la règle du consentement. Si
permission équivaut à consentement, consentement équivaut
à veto, si l'on veut, de chacun des membres et, à mon avis, un
vote majoritaire ne peut pas remplacer ce qui est un droit de veto des
membres.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le Président, toujours sur la question de
la recevabilité.
M. Johnson (Anjou): Question de règlement, M. le
Président.
M. Maciocia: Je ne suis pas sur la liste, c'est ce que vous
voulez dire?
M. Johnson (Anjou): Question de règlement, M. le
Président. Je pense que le député de Viger n'est pas
membre de la commission et qu'il n'est pas non plus intervenant.
Le Président (M. Blouin): Vous avez raison. M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, M. le Président. Je suggérerais
aux membres de la commission qu'on s'en tienne à l'application de
l'article 148 pour le moment... M. le Président!
Une voix: ...
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
de Beauharnois.
M. Lavigne: Je ferais la suggestion suivante, M. le
Président, pour la bonne marche de nos travaux: qu'on s'en tienne au
règlement à l'article 148 qui dit clairement qu'il y a les
membres et que, si en cours de route, tout au long de nos travaux, on
s'apercevait qu'une demande pouvait être faite de part et d'autre, on
posera la question à la commission et on verra à sanctionner
cette décision en temps et lieu. Je ne verrais pas pour quelle raison,
d'emblée, d'avance, avant même que le cas se présente, on
accepte des cas qui ne se présenteront peut-être même pas.
Si, toutefois, il venait à se présenter des cas où on
devait ajouter ou changer des personnes à la commission, on les
évaluera au mérite et on décidera en temps et lieu.
M. Rocheleau: M. le Président, on voit déjà
de quelle façon le ministre veut commencer cette commission
parlementaire. Déjà, nous avons avec nous le député
de Viger et on vient de se faire dire immédiatement qu'on n'acceptait
pas qu'il soit inscrit sur la liste des membres ou des intervenants. On voit
dans quelle attitude le ministre semble vouloir commencer cette commission. (17
heures)
C'est une des raisons, M. le Président, pour laquelle nous
souhaiterions que tous les parlementaires puissent se faire entendre, s'il y a
lieu, plutôt que de subir la menace constante du ministre, à
savoir s'il veut ou s'il ne veut pas, s'il y a consentement ou s'il n'y a pas
consentement. Si on donne l'accord...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull, je n'aurai pas à délibérer longuement sur cette
question puisque, après avoir entendu les arguments des membres qui se
sont exprimés jusqu'à maintenant - je n'étais pas
parlementaire à cette époque, mais on m'a précisé
qu'il y a eu dans le passé des décisions très
précises à cet égard et que les décisions ont eu
pour effet de confirmer la recevabilité de ce genre de motion - je ne
peux pas faire autrement que de me fonder sur cette jurisprudence et
déclarer cette motion recevable.
M. Paradis: M. le Président, en vous remerciant de votre
décision à laquelle on se conformera, comme à l'habitude,
j'ai une question de directive à vous poser. On vient de souligner le
fait, et vous venez de demander au député de Viger de ne pas
intervenir parce qu'il n'apparaît pas sur la liste des intervenants ou
des membres de la commission. Je souligne simplement qu'il y a des
consentements dans la vie qui sont tacites et qu'il y a des consentements dans
la vie qui sont explicites. Comme il ne s'agit pas de la première fois
que le député de Viger prend la parole au cours de la
présente séance, on peut facilement dégager un
consentement implicite des parties qui n'ont pas soulevé ce point lors
de ses premières interventions.
C'est une question de directive que je vous pose et sur laquelle je vous
demande de trancher.
Le Président (M. Blouin): Je n'en ferai pas une
décision formelle, à moins que vous me demandiez de le faire.
M. Paradis: Non, je ne vous demande pas d'en faire une
décision formelle, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Ce qui est très clair
à cet égard, c'est que les membres et les intervenants sont
nommément identifiés au début des séances. S'il
arrive -et cela arrive de temps à autre - qu'un député
vienne s'asseoir, prenne la parole et ensuite reparte, on voit cela à de
nombreuses occasions, cela ne fait pas de lui un intervenant ou un membre,
comme si on
décidait qu'il était membre, donc quelqu'un qui aurait le
droit de vote. Cela ne fait de lui ni un intervenant ni un membre. Le
président devrait toujours avoir la présence d'esprit de revenir
à la liste qu'il a identifiée au début. On était un
peu dans le feu de la discussion, je ne suis pas revenu à cette liste,
mais le ministre m'a fait remarquer qu'effectivement - il l'a d'ailleurs fait
remarquer à tous les membres de cette commission - le
député de Viger n'avait pas été identifié
comme étant un membre ou un intervenant de cette commission.
M. Pierre-C. Paradis
M. Paradis: Sur la motion que vous avez déclarée
recevable et qui se lit... Je la répète parce que je crois que
les indications que nous ont données nos amis d'en face provenaient
d'une mauvaise compréhension de la situation.
La motion a pour but de permettre à nos collègues - vous
en avez plus que nous qui ne sont pas membres de cette commission, ni
intervenants à cette commission - de prendre la parole en tout temps,
sans avoir à se plier à chaque occasion à une
décision de la commission, sans avoir à obtenir au
préalable la permission pour intervenir et ce, pour toute la
durée - cela ne peut pas être tellement long, la session prend fin
jeudi prochain, ce sera tout de même assez bref, c'est le
règlement qui nous dicte ce vocabulaire - de l'étude article par
article du présent projet de loi.
Je fais appel au député d'Abitibi-Est pour que, dans
l'intervention, sans doute fort éloquente, qu'il fera sur la
présente motion, il nous explique pourquoi le député
d'Abitibi-Ouest, son voisin, le ministre François Gendron, devrait
obtenir une permission avant de venir s'exprimer. Est-ce que le
député d'Abitibi-Ouest n'est pas intéressé aux
relations du travail dans la province de Québec? Est-ce que le
député d'Abitibi-Ouest n'est pas intéressé à
une réforme du Code du travail? Est-ce que le député
d'Abitibi-Ouest n'a pas d'employeurs, n'a pas de travailleurs dans sa
circonscription électorale? Est-ce que le député
d'Abitibi-Ouest n'a pas intérêt à s'assurer que les PME de
son comté pourront non seulement survivre, mais prendre de
l'expansion?
M. le Président, vous comprendrez aisément qu'il ne s'agit
pas là du seul député qui pourrait avoir
intérêt à venir représenter ses travailleurs et ses
employeurs devant cette commission. Le député d'Arthabaska
pourrait venir nous parler de l'application -cela touche les
coopératives également - de l'implication des modifications du
projet de loi 17 sur les coopératives agricoles. Je le souligne, parce
que le député d'Arthabaska a été le
président-fondateur de la "coopérative locale de consommation de
boeuf dans Arthabaska. Le député pourrait également venir
ajouter aux arguments de la Chambre de commerce de la province de
Québec, parce qu'il a été membre de la Chambre de commerce
de Princeville. Il pourrait, à ce titre, ajouter de par son
expérience très pratique des commentaires. Il pourrait convaincre
les autres membres et intervenants que la position de la Chambre de commerce de
la province de Québec était basée sur des
expériences vécues, sur une réalité bien sentie,
sur un désir de créer de l'emploi, de maintenir de l'emploi, sur
un désir de réussir au Québec la relance
économique.
Je ne comprends pas comment et surtout pourquoi nos amis d'en face
empêcheraient le ministre de l'Environnement, le député de
Beauce-Nord, de venir devant cette commission prendre la parole,
défendre lui aussi ses travailleurs, défendre lui aussi ses
employeurs, défendre lui aussi ses PME comme le député de
Beauce-Sud va le faire tout au cours de nos travaux. Est-ce qu'on veut
reconnaître du côté ministériel moins de droits au
ministre de l'Environnement, le député de Beauce-Nord, que l'on
en reconnaît au député de Beauce-Sud? Ou est-ce qu'on
soupçonne que le député de Beauce-Nord est moins
intéressé au développement économique, à la
création et au maintien de l'emploi que le député de
Beauce-Sud? Peut-être que, parce que vous le connaissez bien, vous savez
qu'il ne porte pas intérêt à cette matière?
Le député de Bellechasse, quant à lui, aimerait
sans doute venir, sans avoir à demander une permission spéciale,
spontanément prendre la défense de ses travailleurs, prendre la
défense de ses employeurs, participer à une réforme du
Code du travail qui, au lieu d'ajouter de l'huile sur le feu, au lieu de
bâtir du conflictuel sur du conflictuel, au lieu de judiciariser
davantage le système des relations de travail, au lieu de changer le
vocabulaire juridique qui va prolonger les délais, les délais
d'accréditation, les délais de décision sur des griefs...
Il va falloir tester au niveau du système de droit commun
l'interprétation qu'on donnera à ces nouveaux mots juridiques.
Cela va ajouter des délais. Est-ce qu'il ne serait pas
intéressé, le député de Bellechasse, à venir
manifester ici qu'il s'occupe vraiment des intérêts des
travailleurs et des employeurs de son comté? Vous le connaissez sans
doute mieux que moi, nos amis d'en face le connaissent sans doute mieux que
moi. S'ils concluent que le député de Bellechasse n'est
intéressé ni à ses travailleurs, ni à ses
employeurs, ni à la relance économique, que voulez-vous qu'on
ajoute? Vous voterez contre la motion. Mais, si vous pensez qu'il y est
intéressé, vous voterez avec le
proposeur, avec l'Opposition, avec les membres de cette commission pour
l'adoption d'une telle motion.
Le ministre délégué aux Relations avec les
citoyens, pour ne citer qu'un autre exemple, serait drôlement
intéressé par des modifications au Code du travail. Les relations
avec les citoyens, c'est vaste comme mandat, c'est vaste comme dossier, mais
connaissant le député de Bertrand, ministre
délégué aux Relations avec les citoyens, on sait qu'il se
ferait un plaisir, sauf si on l'interdit de l'autre côté, sauf si
on l'oblige à demander la permission, de venir nous parler devant cette
commission des relations du travail, des problèmes que lui soumettent
sans aucun doute chaque jour, parce qu'il a la charge du dossier des relations
avec les citoyens, les travailleurs et les employeurs. Je comprends qu'il
achemine ces problèmes au ministre du Travail, non pas au ministre du
Travail par intérim, mais au ministre du Travail régulier. Si le
ministre du Travail n'était pas affecté par la maladie, il
voterait sans aucun doute pour une telle motion, parce qu'il est conscient des
demandes et des préoccupations qui lui sont adressées par le
ministre délégué aux Relations avec les citoyens. Mais si
vous ne voulez pas que cette fonction de ministre délégué
aux Relations avec les citoyens joue pleinement et ait pleinement les effets
pour lesquels on a créé ce ministère, pour lesquels on a
créé cette fonction, vous voterez contre et cette commission sera
privée de cet éclairage. Ce ne sont pas les députés
péquistes d'en face qui vont souffrir, ce sont tout simplement les
travailleurs, les employeurs et la possibilité d'une relance
économique au Québec.
M. le Président, pour avoir siégé pendant neuf
semaines avec lui à la commission sur le saccage de la Baie-James et
ayant pu constater la pertinence de ses interventions, je vous soumets bien
humblement que je serais heureux de voir le député de Bourassa
venir à cette commission enrichir les débats de ses nombreuses
interventions. Le député de Bourassa, qui a été
proclamé l'homme de l'année dans la ville de Montréal-Nord
en 1977, à ce titre, avec toute la crédibilité qu'un tel
titre lui accorde, lui confère, pourrait venir nous faire part de ses
expériences vécues alors qu'il a travaillé dans le domaine
de la viande comme boucher.
Le député de Bourget, ministre de l'Éducation,
pourrait s'assurer que la réforme du travail ne soit pas - vous allez
excuser l'expression - stâlée, arrêtée,
bloquée par le manque de matière grise des gens d'en face. Je
vois le député de Bourget s'assurer à cette commission
parlementaire que nos travaux avanceront lentement mais sûrement. La
grande réforme du Code du travail ne serait pas bloquée, ne
serait pas arrêtée.
Avec le député de Bourget, ministre de l'Éducation,
on serait assuré de cette progression, de ces avancements des travaux
tellement souhaités et tellement voulus par l'ensemble des intervenants
qui se sont présentés devant cette commission la semaine
dernière. Comment refuser au Dr Laurin la permission de venir s'exprimer
à cette commission, comme il sait si bien le faire, sur les droits des
travailleurs, sur les droits des entrepreneurs, sur la relance
économique, domaine qu'il connaît très bien?
Également pour avoir eu l'occasion de siéger avec lui
pendant neuf semaines, je n'arrive pas à comprendre comment on pourrait
refuser d'intervenir à un homme comme le député de
Chambly, qui a été toute une révélation pour ses
électeurs, toute une révélation pour l'ensemble des
téléspectateurs qui ont suivi assidûment, de même que
la tribune de la presse, les travaux de cette commission. J'ajouterais
même que le député de Chambly a été une
révélation pour le chef de cabinet du premier ministre, M.
Jean-Roch Boivin, car il a réussi, par son désir de fouiller le
dossier, à garder devant nous pendant au moins 30 minutes de plus un
homme aussi occupé que le chef de cabinet du premier ministre. (17 h
15)
Je suis certain que le chef de cabinet du premier ministre ne vous
pardonnera pas d'interdire à son ami le député de Chambly,
M. Luc Tremblay, de venir faire des représentations, d'autant plus qu'un
aspect de notre projet de loi touche le monde municipal. L'expérience
acquise par le député de Chambly comme conseiller municipal, de
1975 à 1979, à Chambly nous donnerait cet aperçu pratique,
ce vécu pratique. On pourrait, à partir de cette information,
compiler un meilleur rapport de nos travaux et permettre à notre bon
ami, le député d'Ungava, de le compiler, de l'écrire et de
le présenter comme il saura si bien le faire à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, pourquoi voulez-vous de l'autre
côté interdire au député de Champlain, votre
collègue M. Marcel Gagnon, la possibilité de venir
éclairer cette commission, d'intervenir sans avoir à en demander
la permission? Pourquoi ne voulez-vous pas lui donner un statut égal au
vôtre? Vous parlez souvent d'égalité au Parti
québécois. Là, vous voulez qu'on ait deux classes de
députés: ceux qui auront le droit d'intervenir sur le Code du
travail et ceux qui n'auront pas le droit, à cette commission
parlementaire, d'intervenir sur le Code du travail. Je ne sais pas pourquoi
vous ferez cela au député de Champlain, votre collègue, un
député péquiste, et qui - je profite de l'occasion pour le
souligner - a été lauréat de la médaille d'or du
Mérite agricole juvénile en 1956. Si vous avez quelque chose
contre les agriculteurs, cela s'affirmera dans
votre vote dans quelques instants.
On pourrait également s'enrichir à cette commission
parlementaire des propos combien percutants, on pourrait s'enrichir d'un
vocabulaire combien amélioré si on avait la décence de
consentir à la motion pour donner la permission d'intervenir au
député de Châteauguay qui, lui aussi, s'est illustré
à la commission parlementaire sur le saccage de la Baie-James, le fameux
saccage où on a réglé pour 200 000 $ une cause de 32 000
000 $ à la suite de l'intervention du bureau du premier ministre.
Vous me faites signe, M. le Président, d'en demeurer à la
pertinence du débat. Mon respect pour la présidence et pour le
règlement vous assurent que je me conformerai non pas simplement
à vos décisions, mais même à vos signes de
tête.
Le Président (M. Blouin): M. le député,
c'est que les simples mots LG 2 me font tressaillir. Comme président de
commission, j'entends.
M. Paradis: M. le Président, je vous comprends. J'ai vu
ces mots faire tressaillir à combien de reprises le premier ministre et
je ne peux pas...
Le Président (M. Blouin): Je parle du président des
travaux.
M. Paradis: Ah! du président des travaux, M. Jolivet,
très bien. D'ailleurs, vous savez que le député de
Châteauguay aurait pu être le président de cette commission,
s'il avait été confirmé à la vice-présidence
de l'Assemblée nationale, mais le sort lui réservait sans doute
un rôle beaucoup plus important et il occupe aujourd'hui d'autres
fonctions. Je dis cela sans minimiser la fonction que vous occupez ni celle
occupée par les autres vice-présidents de la Chambre.
On pourrait également accueillir, sans qu'il ait besoin de nous
demander la permission, l'honorable ministre de la Justice. Ce serait important
à cette commission d'avoir le point de vue du ministre de la Justice. On
a eu l'occasion de se rendre compte au cours des échanges que - nous
avons eus au préalable avec le ministre du Travail par
intérim...
M. Johnson (Anjou): Ministre par intérim au Travail.
M. Paradis: Les deux sont très français. On a eu
l'occasion de se rendre compte à quel point ses notions de droit
constitutionnel, ses notions de droit administratif ont été
soigneusement rangées -je n'en doute pas, connaissant le ministre du
Travail par intérim - dans une bibliothèque et qu'il n'a pas eu
l'occasion, étant donné ses fonctions de ministre des Affaires
sociales, de les revoir dernièrement. (17 h 15)
L'éclairage que pourrait nous apporter le ministre de la Justice
serait très intéressant. Il serait sans doute en mesure
d'éclairer les membres de cette commission sur les droits des
travailleurs, sur les droits des employeurs. Ce serait intéressant
d'avoir la vision du ministre de la Justice du Québec sur la
déjudiciarisation de notre processus de relations de travail.
Peut-être que vous souhaitez de l'autre côté ne pas entendre
le ministre de la Justice sur ce sujet parce que vous souhaitez conserver cette
déjudiciarisation de nos relations de travail au Québec.
M. le Président, c'est un choix avec lequel vous devrez vivre et
vous devrez en supporter toutes les conséquences. Pourquoi interdire
à l'affable ministre responsable du scandale de la SHQ, le
député de Crémazie et ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur, le plaisir ou l'occasion de venir nous faire part
de ses connaissances dans les relations de travail? Sans doute, lorsqu'il a
confié à M. Luc Cyr des dossiers importants de réparations
majeures, il s'est inquiété des relations de travail de
l'équipe de M. Cyr. Il pourrait venir nous raconter quelles sont les
implications exactes de son bureau, de M. Cyr, du bureau du premier ministre
dans tout ce dossier; peut-être aurions-nous toute la lumière.
M. le Président, pour le connaître et pour
l'apprécier, je ne vois pas en vertu de quel principe nos amis d'en face
refuseraient la permission au député de Deux-Montagnes, cet homme
cultivé, la possibilité de venir nous faire part de ses
réflexions sur les relations de travail. C'est sans doute parce que vous
ignorez que le député de Deux-Montagnes détient un
baccalauréat en philosophie; si vous le savez, cela devrait être
suffisant pour vous inciter à voter pour la motion. Mais vous lui tenez
sans doute rigueur d'être né à Ottawa en 1923 et d'avoir
étudié en philosophie à l'Université d'Ottawa.
C'est sans doute ce qui vous incite à voter contre une telle motion.
M. le Président, en terminant, car on m'a indiqué que mon
temps est expiré, j'espère avoir réussi à vous
convaincre, parce que je n'ai pas eu le temps de faire le tour de tous vos
collègues qui ont des travailleurs et des employeurs qui sont
intéressés à la relance économique. J'espère
que les autres noms vont vous défiler dans la tête d'un autre et
que vous ne leur ferez pas l'injure ou l'insulte de leur refuser un droit de
parole plein et entier à cette commission. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. le député de Beauharnois.
M. Laurent Lavigne
M. Lavigne: M. le Président, je serai très bref,
contrairement au jeu auquel se livre l'Opposition actuellement. Je pense que
les gens qui auront l'occasion de suivre nos débats ou de lire le
journal des Débats pourront se rendre compte que nos travaux sont
commencés déjà depuis quinze heures. Nous sommes rendus
à 17 h 20 et nous n'avons pas encore commencé à
étudier un projet de loi que je considère important, le projet de
loi 17 sur la réforme du Code du travail.
M. Paradis: Question de règlement.
M. Lavigne: On vous a laissé parler, laissez donc
maintenant parler les autres!
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi, sur la question de règlement.
M. Paradis: J'ai présenté une motion devant cette
commission et vous l'avez jugée recevable, M. le Président. Le
député de Beauharnois, sauf erreur, car cela arrive, c'est
humain, vous a demandé la permission de parler sur la motion et de
traiter du sujet de la motion. Le sujet de la motion, je ne le lui rappellerai
pas, vous pouvez le lui rappeler, s'il n'a pas les capacités
intellectuelles pour s'en souvenir, mais cela ne fait pas tellement longtemps.
Je vous demanderais de le rappeler à la pertinence, parce que, si on ne
s'en tient pas à la pertinence, on va déborder dans le temps, M.
le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi, je vais relire la motion et tous les membres pourront ainsi
s'y conformer. "Que cette commission permette à tous les
députés qui ne sont ni membres, ni intervenants à la
commission élue permanente du travail de pouvoir prendre la parole sans
devoir obtenir au préalable la permission, et ce pour toute la
durée de l'étude, article par article, du projet de loi 17."
Voilà, la motion.
M. le député de Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, je continue, car je n'en
étais qu'à mon préambule. Quant à
l'évaluation que fait le député de Brome-Missisquoi de ma
capacité intellectuelle de comprendre ses propos, je pense qu'il ne faut
pas être un génie pour le suivre. Même les profanes de la
politique pourront s'apercevoir qu'il joue un jeu qui n'est pas correct.
Sur ce, je voudrais inviter aussi - et là, je crois que c'est
très pertinent au débat ou à la motion qui est
présentée et qui est devant nous - tous les gens qui veulent
connaître le curriculum vitae de nos députés à voir
l'Almanach du peuple. Ils y ont leur photo et leur curriculum vitae. Le
député de Brome-Missisquoi s'est évertué à
passer tous les députés de l'Assemblée nationale pour dire
aux gens qui ils sont et ce qu'ils font. Il a parlé du
député d'Arthabaska, qui serait frustré de ne pas venir
à cette commission parlementaire pour défendre les travailleurs
de son comté. Il a énuméré tous les
députés: le député d'Abitibi-Ouest, le
député de Beauce-Sud, le député de Bourget. Ce que
je voudrais vous dire, c'est qu'à une commission parlementaire - ce
n'est pas nouveau, cela a toujours été comme ça - on
inscrit d'abord nos travaux. C'est un travail d'équipe. À
l'Assemblée nationale, il y a différentes commissions
parlementaires qui peuvent fonctionner en même temps que la Chambre.
Chacun des députés et des ministres a différentes
occupations et choisit son champ d'activité. Ce n'est pas parce qu'on ne
vient pas à une commission qu'on est complètement
désintéressé des travaux qui se font à cette
commission. Chacun fait confiance à chacun dans une équipe et les
gens qui ne sont pas à une commission font confiance à ceux et
celles qui sont membres de cette commission.
Nous avons été ni plus ni moins les
délégués du parti au pouvoir, le parti ministériel,
pour venir défendre, discuter article par article le projet de loi 17.
Je pense que les gens de notre équipe qui ne sont pas à cette
commission nous font confiance et savent que les propos que nous allons tenir
sont, à toutes fins utiles, des propos qu'eux-mêmes auraient pu
tenir. Donc, je rappelle à la commission qu'il y a des membres inscrits
- vous les avez nommés à l'ouverture de nos travaux - et des
intervenants aussi. Je voudrais ajouter que, si à l'ajournement de nos
travaux, l'Opposition, ou même le parti ministériel, voulait
rajuster son tir sur les membres, il sera toujours temps, M. le
Président, d'ajouter ou de soustraire des membres à cette
commission, comme cela se fait couramment. Mais vouloir voter une proposition
qui aille dans le sens que puisse intervenir n'importe qui, n'importe quand,
que tous les ministres et députés ministériels et de
l'Opposition puissent venir ici discuter de nos travaux, je pense que cela est
impraticable. Le but visé, et je le répète, par
l'Opposition actuellement - pour les gens qui ne connaissent pas le terme -
c'est de faire un "filibuster", elle veut tuer le temps. Je le dis, depuis tout
près de trois heures que la commission parlementaire est ouverte, on n'a
pas encore commencé à discuter de la première virgule du
projet de loi 17.
Je suis sûr qu'après cette motion, M. le Président,
on arrivera avec d'autres motions et, pour les gens qui suivent nos travaux,
cela sera évident que l'Opposition ne veut pas améliorer le Code
du travail, discuter du projet de loi 17, qu'elle veut tuer le temps. Pour ma
part, je ne veux pas me prêter à ce petit jeu, M. le
Président, et c'est pour cela que je serai aussi bref. Je mets le cap
sur mes propos, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Question de règlement, M.
le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je n'ai pas voulu interrompre le savant
député qui m'a précédé. Il m'a cité,
il a cité mon nom. Est-ce que je pourrais savoir à quel propos il
m'implique dans son discours?
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Beauce-Sud, il ne s'agit pas là d'une question de règlement.
M. Mathieu: Mais j'ai été cité, M. le
Président, par le député de Beauharnois.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Moi, j'ai une question de règlement. Notre
collègue du parti ministériel a fait une affirmation gratuite -et
je le prierais de la retirer - en disant que nos intentions sont de faire un
"filibuster". De toute façon, M. le Président, je prierais le
ministre de reprendre son siège, s'il a l'intention de prendre la
parole. On a un travail sérieux à faire et nous tenons à
le faire du début à la fin. L'intervention du
député de Brome-Missisquoi était justement de permettre
à tous nos collègues de l'Assemblée nationale d'intervenir
pour traiter de sujets différents. Alors, M. le Président, vous
devriez rappeler à l'ordre le député...
Le Président (M. Blouin): M. le député, le
député s'est exprimé, il a émis son avis, ses
perceptions de la motion et je ne vois pas en quoi il y a là une
question de règlement. Je ne vois pas en quoi... D'ailleurs, il n'y a
pas de question de privilège en commission parlementaire. Vous deviez
prendre la parole, je crois, vous me l'aviez demandé. Le plus simple
serait que vous vous exprimiez sur cette motion. (17 h 30)
M. Paradis: M. le Président, sur la question de
règlement. Je me suis absenté quelques minutes et, en revenant
dans la salle, je me suis rendu compte que le député n'avait pas
suivi la directive que vous lui aviez émise immédiatement avant
mon départ. Je vous prierais, dans le but d'assurer une bonne marche
à nos travaux, pour utiliser une expression bien connue...
Le Président (M. Blouin): Non, monsieur le
député.
M. Paradis: ... de veiller à l'application stricte de
notre règlement et de rappeler les gens à la pertinence, lorsque
nécessaire.
Le Président (M. Blouin): Soyez sûr que j'y veille,
M. le député de Brome-Missisquoi, et j'ai bien pris note du texte
de votre motion. Je crois que le député s'est exprimé sur
le fait qu'un nombre plus considérable de députés puissent
prendre la parole sans obtenir une permission au préalable. Je crois
qu'on pouvait rattacher les propos du député de Beauharnois
à la pertinence de votre motion.
M. Paradis: Je suis sûr que le député de
Beauharnois vous sait gré de votre extension, M. le Président,
que je respecte.
Le Président (M. Blouin): Non, il n'y a pas d'extension,
M. le député de Brome-Missisquoi. Si nous devons
considérer que votre propre intervention était directement
reliée à cette motion, la sienne était un peu dans le
même esprit.
M. le député d'Anjou, vous avez la parole.
M. Johnson (Anjou): Sur la question de règlement, si vous
permettez. Tout simplement pour rassurer notre collègue, M. le
Président, je peux vous dire, au nom de mes collègues qui
siègent à cette commission, que nous n'avons plus l'intention
d'intervenir, de quelque façon que ce soit, sur aucune motion dilatoire
présentée par l'Opposition à moins, évidemment, que
les exposés qu'on nous fera, pour ne pas utiliser une expression du
dictionnaire, qu'on nous ânonnera sur certains sujets ne nous incitent
à intervenir au nom de la dignité des parlementaires, des
individus ou de l'institution.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre, je prends note
de ce que vous me dites, mais je vous rappelle que tous les membres de cette
commission auront droit de parole en tout temps. M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Je comprends, M. le Président, que ce que le
ministre vient de nous dire va complètement à l'encontre du
règlement. J'ose espérer que le ministre n'exerce pas un
contrôle absolu sur les membres du côté ministériel,
c'est-à-dire qu'il ne met pas le bâillon à ses propres
membres, à ses propres députés, et que les
députés du côté ministériel pourront
prendre la parole en toute aise, s'ils le jugent opportun, afin de
défendre non seulement les intérêts de leurs commettants,
mais aussi ceux de l'ensemble de la population du Québec.
Je comprends que le ministre ne peut pas bâillonner comme il le
veut l'Opposition. Je comprends aussi qu'il peut émettre certaines
directives auprès de ses collègues du côté
ministériel, mais je trouve que ses propos allaient totalement à
l'encontre du règlement et étaient aussi antiparlementaires, M.
le Président.
Si j'accepte sûrement, et nous en avons discuté il y a
quelques instants, la motion présentée par mon collègue,
le député de Brome-Missisquoi, c'est que, M. le Président,
si, lors de la commission parlementaire, tous les intervenants qui se sont fait
entendre avaient souhaité le projet de loi 17, s'ils avaient
vanté ses mérites, s'il y avait eu acceptation globale de la part
de tous ces intervenants, je pense que l'Opposition ne pourrait faire autrement
que de se féliciter et de féliciter le gouvernement d'avoir
adopté un projet de loi qu'il jugeait nécessaire.
Toutefois, dans les circonstances, M. le Président, on doit tenir
compte du fait que l'Association des manufacturiers canadiens a apporté
des points tout à fait particuliers au projet de loi 17 et qu'elle est
très réticente à son adoption. Entre autres, on dit que
ces gens s'opposent au projet de loi; c'est un autre pas dans la mauvaise
direction. Tous les intervenants du milieu ont été entendus, ce
projet de loi est créé pour eux, pour les travailleurs et pour
les petites ou moyennes entreprises, pour le monde industriel. En fait, ce
projet de loi a pour but de favoriser une correction fondamentale à une
refonte du Code du travail que tout le monde souhaitait et que même
l'Opposition souhaitait, mais ce n'est pas une demi-mesure que nous voulions.
Nous désirions un correctif qui permettrait, à toutes fins
utiles, cette relance économique tant souhaitée au Québec.
Sachant tous les problèmes que crée le Code du travail actuel,
tous les problèmes qui perturbent l'industrie, qui font en sorte que
nous avons tant de conflits, je pense qu'on ne peut pas se permettre, M. le
Président, de passer outre au fait que tous nos collègues de
l'Assemblée nationale doivent être entendus pour exprimer, selon
leurs connaissances et selon leur expérience, leur point de vue. J'ose
souhaiter que, d'ici les prochaines minutes, le ministre du Travail par
intérim accepte cette motion du député de Brome-Missisquoi
pour permettre à tous nos collègues de l'Assemblée
nationale d'être entendus.
Je citais tantôt l'Association des manufacturiers canadiens. On
pourrait citer la Chambre de commerce, qui a émis de sérieuses
réserves à l'adoption de ce projet de loi. Je pense qu'il est
important de considérer qu'au Québec la Chambre de commerce
occupe une place fort importante dans l'économie et dans les
recommandations susceptibles de permettre à ce gouvernement
d'améliorer les lois du travail.
Si nos députés avaient pu se faire entendre et
émettre leur point de vue... Déjà, il y a quelques
instants - on en a fait la preuve immédiate - notre collègue de
Viger, a osé prendre la parole, alors que son nom n'était pas
inscrit sur la liste des membres ou des intervenants, et le ministre du Travail
par intérim s'y est opposé. Ce n'est pas de bon augure pour le
début des travaux de cette commission, d'autant plus qu'il y a combien
de ministres qui sont réellement impliqués, qui ont un
portefeuille important par le biais des relations du travail et qui devraient
être entendus, qui devraient pouvoir émettre leur opinion?
Je ne sais pas l'attitude du ministre qui a à défendre ce
projet de loi en l'absence du ministre du Travail. Celui-ci est malheureusement
malade, nous dit-on... J'ose souhaiter que ce n'est pas ce projet de loi qui
l'a rendu malade. Pourtant, je suis convaincu, après avoir entendu les
intervenants à cette Chambre, c'est sûrement une des raisons qui
l'a rendu malade, parce que tous ceux qui sont venus ici ont manifesté
une certaine opposition, par exemple, le Conseil du patronat, qui est quand
même très important. Encore là, quand on parle de relance
économique, quand on regarde et qu'on examine en profondeur la situation
que nous traversons au Québec au point de vue de l'économie,
quand on se vante d'inviter des investisseurs chez nous et que tout ce que l'on
peut présenter à notre population et à l'ensemble du
Québec, c'est un projet aussi minable, je pense que ce n'est pas une
façon d'intéresser la venue des investisseurs chez nous, de
créer des emplois. Chacun des députés de
l'Assemblée nationale représentant un comté a
sûrement une intervention quelconque à faire qui pourrait
améliorer les choses - et peut-être ouvrir les yeux du ministre -
et permettre d'analyser beaucoup plus en profondeur tout ce qui concerne le
projet de loi dans sa forme actuelle.
L'Union des municipalités, qui a fait aussi des revendications en
commission parlementaire, émet de nombreuses réserves. Mais
l'Union des municipalités, autant que les municipalités qui y
sont représentées, n'a pas les pouvoirs de ce gouvernement,
c'est-à-dire de mettre fin à une grève, par l'adoption
d'une loi matraque. De même pour l'entreprise privée. Combien de
cas particuliers ai-je eus dans ma région, dans mon comté, et je
sais que ces mêmes cas, on les retrouve dans tous les comtés du
Québec.
Tantôt, on parlait du ministre des Transports. On pourrait tenir
compte du député de Duplessis. Le député de
Duplessis aurait été une personne tout à fait
intéressante à entendre parce qu'on a eu l'occasion de visiter
son comté au cours de l'hiver - entre autres, nous avons visité
la ville de Schefferville - et on s'est rendu compte qu'il n'y a plus personne
qui travaille dans ce bout-là. Est-ce que le Code du travail vise
à améliorer, à créer des emplois? Est-ce que c'est
pour maintenir des emplois? Est-ce que c'est pour avoir de meilleures relations
entre l'employeur et l'employé? On s'aperçoit, M. le
Président, du nombre de grèves qu'il y a eu à
Schefferville, entre autres à l'Iron Ore, peut-être une
cinquantaine en dix ans. On parle aujourd'hui de nous présenter un
projet de loi qui est une demi-mesure qui n'apporte aucun correctif
sérieux aux relations de travail d'aujourd'hui. Le député
de Duplessis aurait pu faire valoir à cette Chambre que les lois que le
Québec présente actuellement ne sont pas des lois pour apporter
des correctifs pour créer des emplois. Ce sont des lois qui
éliminent les emplois, qui augmentent l'agressivité entre
employeurs et employés. Nous aurions sûrement pu entendre le
député de Duplessis qui, lors de notre visite à
Schefferville, il y a quelques mois, demandait au gouvernement, à son
gouvernement, d'intervenir dans le but d'activer, de favoriser une relance, de
mettre en pratique certains rapports qui avaient été
déposés il y a déjà plusieurs années.
Sûrement qu'on aurait pu, à l'intérieur d'un discours du
député de Duplessis à cette commission parlementaire,
détecter de nombreux problèmes auxquels le projet de loi 17
n'apporte aucun correctif.
Nous pourrions continuer. Je mentionnais tantôt l'Union des
municipalités. On ne voit pas le ministre des Affaires municipales, qui
se doit d'être l'interlocuteur, le défenseur du monde municipal,
sur la liste des intervenants, ni sur la liste des membres officiels de cette
commission. Il aurait dû être ici présent, il devrait y
être entendu, s'il y a raison de l'entendre, pour défendre la
position de l'Union des municipalités, qui s'oppose aussi à
l'adoption de ce projet de loi 17. Si on touche à la Chambre de
commerce, au patronat, à l'Union des municipalités, ce sont des
employeurs. On retrouve aussi les centrales syndicales; la CSD a fait des
représentations et a trouvé que le gouvernement n'apportait pas
les correctifs nécessaires avec le projet de loi 17. Si on prend
l'exemple d'une autre centrale importante, la CSN a rappelé à ce
gouvernement de procéder à une révision en profondeur du
Code du travail. Ce n'est pas cette réforme en profondeur que nous
vivons actuellement. Ce sont quelques petits points que le gouvernement,
à la suite des demandes antérieures, se sent obligé de
mettre sur la table afin d'apporter certains petits bonbons, mais sans pour
autant corriger le problème en profondeur.
Il est bien évident que la demande faite à cette Chambre
par mon collègue de Brome-Missisquoi a pour but de démocratiser
le débat, de permettre davantage à tous les membres de cette
Assemblée nationale d'être entendus. On ne demande pas au ministre
d'entendre Pierre, Jean, Jacques et de recommencer une commission parlementaire
dans l'immédiat. On ne demande pas cela. On demande uniquement la
possibilité que tous les membres de cette Assemblée nationale,
s'ils ont un point à faire entendre, se fassent entendre. On sait qu'il
y a plusieurs ministres qui sont impliqués directement dans leurs
fonctions respectives par le Code du travail, mais je ne veux pas m'attarder
à ce débat trop longtemps... (17 h 45)
Le député de Frontenac était adjoint parlementaire
au ministre de l'Énergie et des Ressources, on aurait pu l'entendre
aussi. C'est un bonhomme qui est encore député et qui a connu les
problèmes tout à fait particuliers de sa région, la
région des mines. Or, le problème des mineurs est sûrement
un des problèmes de l'heure. On aurait pu l'entendre. Malheureusement,
encore là, l'attitude de ce gouvernement vise à brimer le droit
de parole. Le ministre a passé le mot tantôt à la
majorité servile de cette Assemblée nationale, mais il ne pourra
certainement pas imposer à cette commission - en tout cas, du
côté de l'Opposition - de se priver de faire des demandes dans le
plus grand respect de cette démocratie.
M. le Président, le ministre devrait réviser sa position.
On comprend qu'à la suite de la demande du député de
Brome-Missisquoi, et on s'en aperçoit depuis à peu près
toujours, il y ait une réticence des ministériels à
élargir la possibilité pour tous les députés de
l'Assemblée nationale d'émettre leur point de vue. On sait que,
du côté ministériel, malheureusement, quand le glas sonne,
les mains se lèvent. C'est cette majorité servile qui,
malheureusement, permet d'adopter des projets de loi qui sont aussi ambigus,
des projets de loi qui ne retiennent pas les éléments les plus
importants. Ce projet de loi est un projet, à toutes fins utiles, qui
amène très peu de correctifs et qui pourrait perturber davantage
le monde du travail. Il pourrait, et j'en suis convaincu, empêcher des
investisseurs nouveaux de venir s'établir au Québec. J'irais
même plus loin. Il y a certaines entreprises qui sont actuellement au
Québec, qui ont vécu des problèmes tout à fait
particuliers, des problèmes de négociation, de convention
collective, des problèmes qui ont perturbé leur entreprise et qui
attendaient avec impatience une réforme du Code du travail.
La réforme ou le projet de loi que le ministre du Travail par
intérim nous propose ne permettra pas de rétablir le climat qui
existe actuellement au Québec et ne permettra pas de pouvoir
considérer l'impact qu'une refonte en profondeur aurait pu apporter. Je
vous dirai même, sans citer le nom de certaines compagnies, parce que je
me dois d'en protéger l'anonymat - certaines compagnies n'ont pas voulu
pour l'instant me permettre de citer publiquement leur nom -que, si le
véritable ministre du Travail avait été ici, j'aurais pu
lui dire qu'il y a à peine quelques mois je le rencontrais avec une
entreprise importante de ma région qui attendait une décision du
ministre du Travail, décision qu'elle n'a pas encore eue. Sûrement
que cette décision, on ne la retrouve pas à l'intérieur du
projet de loi 17. C'est une des raisons pour lesquelles j'aurais
souhaité que le ministre du Travail soit ici, pour répondre
à certaines questions que j'aurais souhaité lui poser à la
suite de la rencontre que nous avions eue avec cette entreprise fort importante
qui pensait prendre de l'expansion au Québec. Depuis qu'elle a connu une
crise assez grave, une grève assez importante, des pertes assez
considérables, cette entreprise qui n'avait ni le moyen, ni la
capacité, ni le pouvoir qu'a ce gouvernement d'adopter une loi pour ses
employés et de leur dire: Rentrez au travail demain matin... Elles n'ont
pas ce pouvoir, les entreprises au Québec. Seul le gouvernement l'a, et
il s'en sert assez souvent depuis quelques années. On s'en est rendu
compte avec la commission de transport de Montréal, on s'en est rendu
compte avec la loi 111, qui a même été aussi loin que de
brimer les droits et libertés de la personne.
Il est bien évident que l'ensemble des députés...
J'aurais souhaité, dans cette démocratie, que l'on permette au
député de Chapleau de venir faire valoir certains points, que
l'on permette au député de Pontiac qui a des problèmes
percutants dans son coin de venir les faire valoir sans prendre pour autant, M.
le Président, une, deux ou trois heures du temps de cette commission. On
sait que le temps, c'est précieux.
Chacun de ces députés a un ou des problèmes tout
à fait particuliers que l'on retrouve à l'intérieur de ce
projet de loi qui n'amène aucun des correctifs souhaités. Je
pense entre autres au député de Papineau, car le
député de Papineau traverse actuellement une période assez
difficile dans son coin.
Prenons le député de Chapleau. On sait que la CIP a
fermé son usine de contre-plaqué et cette même usine est
sur le point d'être achetée par des gens de la région.
Encore ici, M. le Président, on ne retrouve pas, à
l'intérieur du projet de loi 17, des mécanismes ou des articles
qui permettraient d'apporter les correctifs nécessaires. Si une
compagnie a décidé de se retirer, une nouvelle peut être
intéressée mais elle se pose de sérieuses questions.
Pour tout ceci, M. le Président, j'ose souhaiter que la
présidence va accorder la permission à toute la députation
de faire les représentations jugées nécessaires, que les
ministériels vont comprendre que, de leur côté, il est
possible que certains soient entendus ou veuillent être entendus. De
notre côté, du côté de l'Opposition, je suis
persuadé, M. le Président, que l'ensemble de la députation
libérale est consciente des problèmes économiques que le
Québec traverse. Cela dépend beaucoup du Code du travail, M. le
Président. Nous, les libéraux, qui sommes pour la liberté,
aimerions voir à l'intérieur d'une refonte en profondeur du Code
du travail des mécanismes pour protéger autant l'entreprise
privée qu'on semble vouloir protéger aussi le travailleur. Je
pense que ce serait important qu'on tienne compte de la demande que nous avons
faite.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Hull. Avant d'accorder la parole...
M. Fortier: M. le Président, j'étais intervenant
dans le passé, mais je ne sais pas si je le suis toujours.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le député
d'Outremont, vous avez la parole.
M. Fortier: Pour commencer, M. le Président, je dois
m'excuser, puisqu'il y a des travaux qui me retenaient à
l'Assemblée nationale. Je savais que mon collègue
débattait ce projet de loi à la commission parlementaire.
Le Président (M. Blouin): Si vous me permettiez de
répéter le texte de la motion.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Je vais vous le lire. Je l'ai justement ici. Il faut
vous dire jusqu'à quel point j'ai trouvé que, pendant mon
absence, le député de Brome-Missisquoi avait
préparé une motion qui m'inspire profondément.
Malheureusement, je n'aurai que six ou sept minutes pour en parler.
Cette motion dit: Que cette commission permette à tous les
députés qui ne sont ni membres, ni intervenants à la
commission élue permanente du travail de pouvoir prendre la parole et
ce, sans devoir obtenir au préalable la permission, et ce pour toute la
durée de l'étude, article par article, du projet de loi 17.
M. le Président, je ne sais pas si vous étiez ici,
j'étais de ceux qui ont assisté à la présentation
des mémoires, du moins la très
grande majorité, à l'exception peut-être de ceux qui
ont été présentés durant la dernière
journée puisque nous avons terminé très tard. Il en
restait deux ou trois, je crois, entre autres celui de l'Association des
manufacturiers et celui de la Chambre de commerce. J'ai assisté à
la présentation de tous les autres mémoires. Ce qui m'a
frappé, ce sont les divergences d'opinions très fortes qui se
sont manifestées dans la présentation de tous ces
mémoires, que l'on prenne quelque article que ce soit, que l'on prenne
les dispositions antibriseurs de grève, que l'on prenne
l'accréditation d'une association en particulier, c'est-à-dire
d'un syndicat, que l'on prenne le dépôt de première
requête en accréditation.
Pour chacun de ces sujets qui ont été soulevés
à peu près par tous les intervenants, il y avait une très
grande variation d'opinions, c'est le moins qu'on puisse dire. Certains
syndicats disaient: II n'y a rien là, mais on va le prendre pareil parce
que cela nous semble un peu plus que ce que nous avons. D'autres syndicats
disaient: C'est un changement substantiel et nous insistons pour que ces
articles de loi soient adoptés.
Du côté patronal, je dois admettre que c'était
plutôt unanime d'une façon générale, puisque tous et
chacun semblaient dire que cette loi, la loi 17, et les articles les plus
importants allaient à l'encontre du développement
économique et surtout d'une promesse qu'avait faite le gouvernement de
considérer l'ensemble des problèmes du monde du travail, non pas
seulement quelques aspects plus particuliers, quelques aspects importants, mais
qui fausseraient à l'avenir le débat plus considérable des
relations de travail d'une façon générale.
Pour quelle raison, M. le Président? Si vous me rappelez à
la pertinence, il faudra que je vous démontre que cette motion nous
aiderait à élucider ces variations d'opinions. C'est bien simple,
je crois que - et moi, cela m'a frappé - s'il y avait des variations
d'opinions considérables, cela viendrait de ce que les faits qui
étaient connus des différents intervenants étaient
variés. Si on permettait d'intervenir aux différents membres de
la commission de l'Assemblée nationale, chacun d'entre nous, chacun dans
son comté, a des expériences fort variées. Je suis certain
que l'expérience que j'ai en tant que député d'Outremont
est très différente de l'expérience que vous avez dans
votre comté. Elle est très différente de celle de mon ami
de Brome-Missisquoi, de celle de mon collègue de Hull ainsi que de
l'opinion de ceux qu'on vient de mentionner, certains de nos collègues
qui ont eux-mêmes des difficultés dans leur comté.
Alors, si on pouvait consulter tous ces gens, peut-être qu'il y
aurait moyen de décanter le problème et d'élucider la
question, de savoir pour quelle raison il y a tant de variations d'opinions sur
des articles de loi qui, quand on les regarde - enfin, le projet n'est pas
tellement épais, il a une centaine d'articles, c'est déjà
assez important - mais comment se fait-il qu'il y ait tant de variations sur un
projet de loi qui n'amène pas un changement radical des conditions de
travail, qui ne fait qu'accentuer certains pouvoirs et certains
privilèges qu'avaient les syndicats, qu'ont obtenus les syndicats dans
le passé?
Si on pouvait tabler sur l'expérience des gens de la
Côte-Nord, de la Gaspésie, de l'Abitibi... C'est
l'expérience régionale, mais le plus important, c'est
l'expérience humaine et l'expérience vécue des
problèmes des différentes régions du Québec. Si on
pouvait compter là-dessus, on pourrait décanter le
problème et voir dans quelle mesure les différences d'opinions
qui se sont manifestées n'étaient pas des différences
d'opinions comme le veut la tradition, c'est-à-dire que les patrons
pensent comme ceci, les syndicats pensent comme cela. Je crois qu'il serait
possible à ce moment-là d'élucider davantage les raisons
profondes qui ont semblé exister lors de la présentation des
différents mémoires. Ce faisant, M. le Président, on
pourrait savoir pour quelles raisons ces articles du projet de loi sont tant
contestés.
Si vous prenez les dispositions antibriseurs de grève, et je
crois que c'était patent parce que les questions que nous avons
posées nous ont permis de saisir que le Conseil du patronat et la
Chambre de commerce dénonçaient ces articles comme étant
tout à fait inacceptables, tandis que, du côté syndical, et
c'est cela qui m'a frappé plus particulièrement, la CSD disait:
Bon, on l'accepte, mais ce n'est pas exactement ce qu'il nous faut. Au
contraire, il faudrait repenser les relations du travail.
Ce que la CSD nous a dit, c'est que, dans le passé il y a deux ou
trois ans, le projet de loi 45 a donné certains pouvoirs antibriseurs de
grève, des pouvoirs importants aux syndicats - indirectement, je crois -
et que les avocats qui travaillaient pour une partie ou pour l'autre ont fait
en sorte que ces pouvoirs qui avaient été donnés aux
syndicats sont devenus moins importants. Autrement dit, les avocats de la
partie patronale ont trouvé des façons de passer à
côté de ces articles de la loi, et qu'il fallait maintenant
revenir à la charge pour redonner des dents à des articles qui en
avaient il y a deux ou trois ans pour permettre que les syndicats puissent
encore utiliser ces articles qui leur avaient été donnés
il y a trois ans déjà et qui, semble-t-il, n'étaient plus
aussi efficaces.
La CSD nous expliquait qu'on s'engageait dans un processus assez
curieux, un processus par lequel le gouvernement donnait certains droits aux
syndicats, les
avocats de la partie patronale cherche de toutes les façons des
moyens de passer à côté et en trouvant. Le gouvernement
revient à la charge et donne encore plus de pouvoirs aux syndicats, et
je suis certain que les avocats des patrons vont trouver encore une fois des
moyens de passer à côté.
Alors, on s'engage dans un processus qui, M. le Président, est
inéluctable, un processus irréversible et qui ne conduira pas
à la solution que nous recherchons. (18 heures)
Je crois que vous me demandez de conclure, M. le Président. Pour
toutes ces raisons, je crois que la motion de mon collègue de
Brome-Missisquoi est tout à fait pertinente et je l'appuie
totalement.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député d'Outremont. Sur ce, nous suspendons nos travaux
jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
(Reprise de la séance à 20 h 16)
Le Président (M. Blouin): La commission reprend ses
travaux. Cette commission a pour mandat, je le rappelle, d'étudier
article par article le projet de loi 17, Loi modifiant le Code du travail et
diverses dispositions législatives.
Au moment où nous avons suspendu nos travaux, à 18 heures,
le député d'Outremont avait terminé son intervention. Je
cède maintenant la parole à M. le député de
Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Nous étions
à débattre une motion présentée par le
député de Brome-Missisquoi. M. le Président, je vous
demande une directive. Pourriez-vous, pour nous remettre dans le contexte,
relire la motion ou faut-il que je le fasse moi-même?
Le Président (M. Blouin): Avec plaisir, M. le
député de Beauce-Sud, je peux vous relire la motion. Elle est
ainsi libellée: "Que cette commission permette à tous les
députés qui ne sont ni membres, ni intervenants à la
commission élue permanente du travail de pouvoir prendre la parole sans
devoir obtenir au préalable la permission et ce, pour toute la
durée de l'étude, article par article, du projet de loi 17."
Voilà le texte de la motion, M. le député.
M. Mathieu: Comme vous le voyez, M. le Président, c'est
une excellente motion présentée par mon collègue, le
député de Brome-Missisquoi. Je pense qu'il n'y a rien de plus
démocratique que de revendiquer le droit pour tous les
députés de prendre la parole sur le projet de loi 17, Loi
modifiant le Code du travail et diverses dispositions législatives. J'ai
cru comprendre que mes collègues ne vous avaient pas encore convaincu,
M. le Président, de la nécessité d'adopter cette
motion.
Le Président (M. Blouin): Ce n'est pas moi, M. le
député de Beauce-Sud, qui adopte les motions, ce sont les membres
de la commission. Tant que les membres désirent s'exprimer et ne l'ont
pas fait, ils ont le droit de le faire. C'est ce que vous faites
actuellement.
M. Mathieu: Merci, M. le Président, je vais tâcher
de continuer à le faire. C'est une motion importante, parce que le droit
de parole de tout citoyen est quelque chose de consacré dans nos chartes
des droits et libertés de la personne. Qui plus est, à titre de
parlementaires, tous les députés ont le droit de s'exprimer,
c'est fondamental. C'est pourquoi je trouverais déplorable qu'un
député qui n'est pas membre de la commission et qui veut
s'exprimer ne puisse le faire en temps opportun. Je m'associe donc à
cette motion de mon collègue, le député de
Brome-Missisquoi, qui, dans sa clairvoyance habituelle, vous a saisi de cette
motion que nous débattons présentement.
Il y a sûrement des députés, des membres de
l'Assemblée nationale, qui ne sont pas membres de cette commission
parlementaire, qui ne sont pas non plus intervenants à cette commission
parlementaire et qui auraient des choses à dire sur ce projet de loi 17.
C'est pourquoi je crois qu'il est important de revendiquer ce droit de parole,
et de m'associer à mon collègue de Brome-Missisquoi pour ce
faire, au nom de certains de mes collègues à qui, je suis
sûr, il vous fera toujours plaisir d'accorder le droit de parole. Je
pense, par exemple, à mon collègue le député
d'Arthabaska, qui aurait certainement des choses à dire sur ce projet de
loi 17.
Le Président (M. Blouin): M. le député,
c'est votre droit de parole. Vous avez toute liberté d'expression, mais
je dois vous souligner que le député d'Arthabaska a
déjà été encensé au cours de cette motion et
que tout le monde sait qu'il aimerait s'exprimer maintenant, selon les dires de
l'Opposition, sur cette même motion.
M. Paradis: M. le Président, sur la question de
règlement. Cela prouve à quel point nous partageons les
mêmes idées sur l'intérêt que porte le
député d'Arthabaska à ce projet de loi. Si mon
collègue veut continuer à procéder, comme vous l'avez
mentionné à juste titre, c'est son droit de
parole.
M. Mathieu: Est-ce que j'ai la parole, M. le
Président?
Le Président (M. Blouin): Très certainement, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci de votre sollicitude toujours aussi
empressée, M. le Président. Je reconnais là votre aptitude
tout à fait exemplaire à diriger les travaux de cette commission.
J'aurais même été tenté de dire que vous-même,
sans doute, auriez eu des choses à exprimer à l'occasion de
l'étude de ce projet de loi important. Je reviendrai tout à
l'heure à mon collègue d'Arthabaska. Vous me dites que d'autres
ont vanté ses mérites et son intérêt envers ce
projet de loi, c'est à juste titre parce que c'est un
député toujours présent, toujours intéressé
à ce qui peut concerner ses électeurs.
Ce projet de loi 17 est un projet important. C'est un projet qui modifie
plusieurs lois. Il modifie par exemple la Loi sur le barreau. Il modifie la Loi
sur l'instruction publique. Il modifie la Loi sur les normes de travail. Il
modifie la Loi sur le régime syndical applicable à la
Sûreté du Québec. Il modifie la Loi sur les relations de
travail dans l'industrie de la construction. Vous connaissez mon
intérêt pour cette dernière loi, la Loi sur les relations
de travail dans l'industrie de la construction. Je me suis permis d'aller voir
quelles étaient les modifications apportées par ce projet de loi
à la Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction. On en trouve une à l'article 107 qui nous dit que
l'article 62 de la Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction est modifié par le remplacement, dans la dernière
ligne du premier alinéa, du chiffre "78" par le chiffre "77". C'est une
modification insatisfaisante.
Je reviens à la motion, mais étant donné que le
projet de loi 17 modifie cette Loi sur les relations de travail dans
l'industrie de la construction, je ne peux passer sous silence cet article pour
revenir dans quelques instants...
Le Président (M. Blouin): Est-ce que je dois comprendre,
M. le député, que vous voulez que nous passions
immédiatement à l'étude article par article?
M. Mathieu: Non, M. le Président, parce que j'ai des
commentaires très importants à faire avant. Est-ce que je peux
continuer? Je retourne à la motion pour me conformer à votre
désir. Vous m'avez toujours su respectueux du règlement,
respectueux de l'autorité que vous représentez. C'est pourquoi je
retourne, selon votre voeu, avant même que vous ne me l'ayez
demandé, mais sur votre simple souhait, qui m'est signifié par
votre physionomie, par vos signes de la main, à la motion du
député de Brome-Missisquoi qui veut permettre à tous les
députés qui ne sont ni membres ni intervenants de cette
commission de s'exprimer sur le projet de loi 17.
Je me demande comment, M. le Président, nous pourrions refuser
à des confrères, à des collègues de
l'Assemblée nationale, le droit de s'exprimer sur un projet de loi aussi
important. Prenons, M. le Président, par pur hasard, le
député de Vimont, M. Rodrigue, ingénieur à
HydroQuébec. M. Rodrigue, qui est né à Granby, qui est
marié, père de famille, aurait sûrement
intérêt à se faire entendre, s'il avait la permission de
s'exprimer sur ce projet de loi, lui qui est entré au service
d'Hydro-Québec en 1960. Il connaît sûrement le régime
de relations de travail, étant donné qu'il a été
lui-même à l'emploi de la société d'État,
d'une société importante, vu qu'il fut, en 1966, ingénieur
de projet et qu'il a occupé le poste de responsable des études
d'aménagement des rivières de la Côte-Nord du
Saint-Laurent.
M. le Président, pour vous convaincre davantage, puis-je vous
rappeler que, de 1964 à 1968, M. Rodrigue, votre collègue et
notre collègue de l'Assemblée nationale, député de
Vimont, fut président du syndicat des ingénieurs
d'Hydro-Québec et, de 1968 à 1976, président de la
Fédération des ingénieurs et cadres du Québec? Il a
également occupé le poste de représentant du public au
Conseil des universités du Québec, de 1969 à 1972. M. le
Président, en sa qualité de membre de la Ligue des droits et
libertés de la personne, certainement que ce serait intéressant
de l'entendre s'exprimer sur ce projet de loi. Ce serait fort dommage que,
d'autorité, la présente commission ne lui permette pas de
s'exprimer, surtout quand je pense que M. Rodrigue est membre de la Ligue des
droits et libertés de la personne depuis 1978. Un article du projet de
loi à l'étude suspend l'application de la Charte des droits et
libertés de la personne. Vous voyez que c'est important. Vous semblez
tout à fait convaincu de la pertinence de mes propos. Je vous en sais
gré, M. le Président.
Il y a sûrement d'autres collègues qui seraient
intéressés à se faire entendre et dont ce serait vraiment
dommage de brimer les droits. Notre collègue et confrère le
député de Verchères, un jeune député, aurait
sûrement quelque chose à dire sur ce projet de loi, lui qui est
diplômé en sciences sociales, qui a obtenu un baccalauréat
en criminologie de l'École de criminologie de l'Université de
Montréal. Lui, qui, de 1971 à 1976, fut journaliste au Devoir,
à la Presse, lui qui est l'auteur du livre La filière canadienne,
sûrement qu'il pourrait ici trouver la filière dans ce monde du
travail
que l'on promettait de réformer et qui n'est pas
réformé grandement, comme vous pouvez le voir. (20 h 30)
M. le Président, notre confrère de Verchères, qui
est très sensibilisé aux problèmes de l'heure, a
été délégué de l'aile parlementaire au
conseil national de son parti, coordonnateur du Comité des affaires
intergouvernementales et du caucus régional des députés
péquistes pour la rive sud de Montréal, choisi par le ministre de
l'Éducation pour être son adjoint aux relations avec les
associations étudiantes du Québec. Ce collègue aurait
certainement eu des choses intéressantes à dire sur ce projet de
loi, comme beaucoup d'autres.
Qu'on songe, par exemple, à notre collègue, le
député de Vachon. Vous me direz peut-être qu'il n'est pas
né au Québec, mais c'est une raison de plus pour nous apporter la
richesse de sa culture. Éducateur syndicaliste, il me semble qu'un
syndicaliste comme notre confrère M. Payne aurait certainement des
choses à dire sur ce projet de loi. Ce serait intéressant de
l'entendre, ce serait même important. S'il manifeste le désir de
se faire entendre, ce serait vraiment dommage de voir son droit de parole
retiré parce qu'il n'est pas membre de cette commission, parce qu'il
n'est pas intervenant non plus. Notre confrère de Vachon a une feuille
de route tout à fait impressionnante: conseiller politique auprès
du ministre de l'Éducation, détenteur d'une maîtrise en
sciences sociales et d'un diplôme en droit et en philosophie, il a fait
carrière d'enseignant et, de 1971 à 1973, a participé
activement à l'étude de plusieurs dossiers à
caractère socio-économique. Notre confrère de Vachon
aurait certes grand intérêt à s'exprimer sur ce projet de
loi important, comme d'autres de nos confrères et il y en a d'autres, M.
le Président.
Je vois, par exemple, notre collègue de Roberval qui, je crois,
n'est pas membre de cette commission, mais qui a également une feuille
de route impressionnante. On me dit que c'est peut-être heureux qu'il ne
soit pas membre de cette commission.
M. Johnson (Anjou): Je pense qu'il n'y tient pas.
M. Mathieu: Ah! Il ne tient pas à être membre de la
commission!
M. Johnson (Anjou): II se fie à moi pour écouter le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Dommage! Notre collègue de Roberval, M.
Gauthier, un tout jeune homme, né en 1950, qui a passé toute sa
vie dans la région de Roberval, aurait certainement des choses
intéressantes à nous raconter. Lui qui a obtenu un brevet
à l'Université du Québec à Chicoutimi, lui qui a
enseigné pendant cinq ans avant de devenir conseiller
pédagogique, qui a été directeur de services
éducatifs et directeur général adjoint à la
Commission scolaire de Roberval depuis 1978, il serait dommage que son droit de
parole soit brimé à cette commission. Je sais que le
député me saura gré de plaider sa cause.
Je le répète, étant donné que le
député de Roberval n'était pas ici à ce
moment-là, la motion du député de Brome-Missisquoi vise
à donner à tous les députés de l'Assemblée
nationale qui ne sont pas membres de cette commission et qui ne sont pas
intervenants à cette commission le droit de parole à cette
commission comme s'ils y étaient membres ou intervenants. N'est-ce pas
que nous travaillons pour protéger vos droits, M. le
député? M. le député de Roberval fut et reste
très impliqué dans son milieu, il a été
président de la Corporation touristique de Chambord, président de
la Chambre de commerce, président du festival Chambord-Soleil, membre du
Conseil de surveillance de la Caisse populaire de Chambord. Ce serait important
qu'il joue un rôle de conseiller de surveillance auprès de cette
honorable commission. Vous me dites qu'il me reste seulement deux minutes, M.
le Président?
Le Président (M. Blouin): Mais oui, M. le
député de Beauce-Sud. Comme les choses vont rapidement!
M. Mathieu: Comme les choses vont rapidement, en effet, M. le
Président! Je conclus donc en invitant tous les membres de cette
commission à accepter cette motion de mon collègue le
député de Brome-Missisquoi, critique officiel de l'Opposition en
matière de relations de travail. C'est lui qui a présenté
cette motion tellement pertinente, soucieux, M. le Président, de
préserver le droit de parole de tous les parlementaires de cette
Chambre. Je l'ai vu, à l'occasion de certains débats, par exemple
lors du débat constitutionnel, s'élever contre le fait que le
gouvernement du Québec suspende l'application de la Charte canadienne
des droits et libertés dans chacune de ses lois. Le député
de Brome-Missisquoi s'est élevé, à juste titre et avec
raison, contre cette décision inopportune et qui cause certainement ou
peut causer préjudice à d'honnêtes citoyens. Je me souviens
du discours enflammé du député de Brome-Missisquoi
à cette époque; il est sans doute voué à une
carrière brillante, je tiens à le mentionner. Comme vous pouvez
le constater, ce n'est pas le potentiel qui manque, dans notre parti.
M. le Président, je veux vous indiquer mon désir de voter
en faveur de la motion du député de Brome-Missisquoi et j'invite
tous les autres collègues autour de cette
table à faire de même. Si le droit de parole de chacun de
nos parlementaires est respecté, chacun aura l'occasion de s'exprimer
comme il l'entend, comme il se doit.
Mon temps est-il complété M. le Président?
Le Président (M. Blouin): Oui, votre temps est
écoulé, et je remercie le député de Beauce-Sud. Sur
ce, je demanderai au député de Viau, qui a réclamé
le droit de parole, de s'exprimer également sur le contenu de cette
motion présentée par le député de
Brome-Missisquoi.
M. le député de Viau.
M. William Cusano
M. Cusano: Je ne vois pas pour quelle raison on
s'entêterait, de l'autre côté, à ne pas permettre aux
députés qui le désirent de venir ici, en commission
parlementaire, au salon rouge, s'exprimer sur un projet de loi qui est
extrêmement important. C'est brimer les droits de nos collègues.
Je crois que nous n'avons aucun droit. On n'est pas dans une république
de bananes. L'adjoint parlementaire au ministre du Travail déclarait, le
27 avril dernier, que, pour lui, siéger en Chambre un vendredi sur une
question avec débat était une perte de temps. Je remarque qu'il
n'est pas présent ici ce soir. Je ne sais pas où il est
présentement. Peut-être trouve-t-il qu'une commission
parlementaire pour étudier un projet de loi aussi important est une
perte de temps pour lui. Peut-être que c'est sa vision d'un Québec
démocratique, mais, pour moi, M. le Président, telle n'est pas ma
vision, en tant que parlementaire et élu du peuple.
Je peux vous dire que, dans ma carrière de professeur et de
directeur d'école...
M. Johnson (Anjou): Les deux.
M. Cusano: Oui, les deux. Une carrière de dix-neuf
ans.
Le Président (M. Blouin): Je vous en félicite, M.
le député.
M. Cusano: Merci, M. le Président, vous n'êtes pas
les seuls à avoir des professeurs dans le parti, nous en avons
aussi.
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Cusano: Mais on a plus de problèmes avec les avocats,
par exemple, M. le Président, et j'ai toujours prêché que,
dans une démocratie, tout le monde avait le droit de s'exprimer. Je vais
simplement reprendre quelques mots, quelques phrases de la motion: "Que cette
commission permette..." Le mot "permette" veut dire qu'on laisse un choix. On
ne dit pas que cette commission oblige. On ne veut pas obliger tous les
députés à venir ici, parce qu'on sait que, du
côté ministériel, il y en a qui ne sont pas tellement
intéressés à cela. On veut tout simplement permettre
à des députés qui ne sont pas membres de s'exprimer. Vous
savez que les règlements ne permettent pas d'avoir 122 membres à
une commission, les règlements sont tels. J'aimerais bien entendre nos
collègues, j'aimerais bien les entendre. Je suis persuadé,
comprenant un peu la structure gouvernementale - et on me dit que vous n'avez
pas de caucus tous les jours - que la communication, parfois, n'est pas
tellement bonne. Je me trompe peut-être, vous pouvez me corriger. En
ayant ici les députés, on aurait l'occasion de savoir vraiment ce
qui fait bouger ce gouvernement. On dit: "que cette commission permette..."
Cela veut dire que c'est un choix de leur part, que, s'ils veulent s'exprimer,
ils peuvent venir ici. Chacun a son droit de parlementaire. Depuis que ce
projet de loi a été présenté, certainement qu'ils
ont reçu des représentations à leur bureau.
M. le Président, je verrais mal comment vous, en tant que
président, vous ne seriez pas d'accord. Je sais que vous n'avez pas le
droit de vote, mais je ne vois pas comment on peut ne pas être d'accord
avec une proposition permettant à des gens de venir s'exprimer. J'ai
à l'esprit deux députés. Le député de
Bourassa, que je connais depuis fort longtemps, c'est mon voisin de
comté, s'est plaint qu'il a été ici, au salon rouge,
pendant deux mois consécutifs à une commission parlementaire et
qu'il n'a guère eu de grande chance de s'exprimer. Le peu de fois qu'il
a pris la parole, on ne le faisait pas taire, c'est lui qui ne voulait pas
parler. Il ne voulait pas vraiment connaître la vérité. Le
député de Bourassa aurait certainement quelque chose à
dire sur ce projet de loi. J'espère que vous aurez au moins la
gentillesse de lui dire que son collègue, son voisin du comté de
Viau, a proposé qu'on lui donne la permission de venir ici se faire
entendre et que c'est vous, messieurs les députés
ministériels, qui avez refusé. Il y a un autre collègue,
M. le député de Châteauguay, qui était aussi en
commission parlementaire. Peut-être qu'il est trop fatigué, je ne
l'ai pas vu en Chambre.
M. Johnson (Anjou): II siège à une autre
commission.
M. Cusano: Ah! il est à une autre commission. Je suis
sûr qu'il pourrait trouver un peu de temps, je suis sûr qu'il a
quelque chose à dire ici. C'est mieux qu'il le fasse ici en commission
parlementaire que dans
une conférence de presse. On a déjà vu cela de
votre côté. Quand des députés n'étaient pas
tout à fait contents du discours sur le budget, ils ont formé un
petit comité et ils sont allés parler ailleurs au lieu de parler
à l'endroit où ils devaient parler. Vous n'avez pas fait cela?
Pourquoi ne pas donner la chance à un député comme M.
Dussault? Je vous promets une chose, M. le Président. Si le
député de Châteauguay vient ici en commission
parlementaire, je promets de ne pas parler en anglais. Je sais que cela
"l'achale" quand on parle en anglais. (20 h 45)
Si vous consentez à ce qu'il vienne ici s'exprimer, je ne le
taquinerai pas et je vais employer la langue de Molière, je le
promets.
En parlant de langue, je pourrais, dans les débats, parler en
italien. Cela ferait plaisir à quelque 300 000 personnes de la province
de Québec qui parlent l'italien. Per que no, Signor Presidente? (Il
s'exprime en italien, sa langue). Je peux vous assurer, M. le Président,
que tout ce que je dirai en italien est très traduisible. C'est
relié à la motion. Je continue en français, je reviendrai
à l'italien plus tard. Pour tous mes collègues qui voudraient
parler une autre langue, soit le grec, soit l'espagnol, le hollandais, je ne
pense pas qu'on exigerait des traducteurs. On ne demande pas d'encourir des
dépenses exagérées. Ce qu'on vous demande, c'est que tout
membre de cette Assemblée... On ne demande pas à Louis Laberge de
venir ici étudier le projet de loi article par article. Je pense qu'il
serait bien content d'y venir, je suis sûr et certain qu'il y aurait
beaucoup d'amendements. Ce n'est pas M. Laberge qu'on demande. Ce n'est pas
à M. Laberge qu'on voudrait permettre d'être ici en commission
parlementaire. C'est à nos collègues. Je suis déçu
qu'on veuille brimer leur droit de parole. C'est le droit fondamental d'une
démocratie.
On connaît très bien la vision de certaines de nos gens en
ce qui a trait à la démocratie. On a vu des projets de loi
être débattus, des règles de jeu imposées. Vous avez
adopté un projet de loi en commission plénière en l'espace
de cinq heures. Vous rappelez-vous, M. le Président, lequel
c'était? C'est le projet de loi 105. Pourtant, beaucoup de
parlementaires voulaient s'exprimer sur ce projet de loi. On est rendu à
la fin de la session. On a rencontré des gens dans le comté et
ces gens nous disent qu'il y a certaines choses à corriger à ce
projet de loi. Très humblement, je représente un comté du
nord-est de Montréal. Je crois que ma vision du projet de loi
reflète les voeux, les désirs de la population que je
représente.
Personnellement, en tant que député, j'aimerais bien
savoir l'opinion exprimée dans les amendements qui seraient
apportés par le député de Rivière-du-Loup. Dans son
rôle de leader adjoint, il aurait certainement beaucoup de choses
à nous dire sur ce projet de loi. Il est plus vieux que moi. Il a
tellement d'expérience, cela doit avoir ses conséquences. Lui qui
est né en 1933 - dix ans de plus que moi - vous savez, cela fait
longtemps. Mais je suis sûr que, dans son comté de
Rivière-du-Loup, il a reçu la visite de nombreux travailleurs,
des présidents de petites et moyennes entreprises et qui lui ont dit de
faire valoir certains points ici en commission parlementaire. Même s'il
représente Rivière-du-Loup, on voit que c'est un gars qui a
voyagé. Il a fait ses études collégiales au Collège
de Saint-Hyacinthe. Il sait certainement ce qui se passe. Il doit avoir des
amis dans le coin de Saint-Hyacinthe, des collègues de classe, qui
auraient certainement quelque chose à dire. À part cela, il a
suivi, M. le Président -c'est très important - des cours en
assistance sociale. Vous savez, lorsque nous avons au-delà de 600 000
personnes qui bénéficient de l'aide sociale, je pense que
quelqu'un qui détient un diplôme en assistance sociale du
cégep de Rivière-du-Loup devrait certainement avoir le droit de
parole ici, au salon rouge, concernant l'étude de ce projet de loi. Mais
cela ne se termine pas là. Le député de
Rivière-du-Loup a fait trois ans d'études en droit...
Une voix: Eh bateau!
M. Cusano: ...à l'Université Laval, à
Québec. Il a certainement une contribution à apporter.
De plus, ce projet de loi va impliquer certains calculs concernant les
coûts et je m'aperçois que le député de
Rivière-du-Loup a été aide-comptable. Cela pourrait
apporter des éclaircissements. On a beaucoup de questions. Je ne sais
pas si le ministre pourrait répondre à toutes ces questions, mais
le député de Rivière-du-Loup pourrait le faire. Il a
été fonctionnaire au ministère des Affaires sociales.
C'est chez vous, M. le ministre, et vous voulez empêcher un
ex-fonctionnaire de venir ici s'exprimer...
Une voix: Un ex et un futur...
M. Cusano: Ex et futur, oui. Je pense que ce n'est pas bien
encourageant pour les fonctionnaires qui sont là présentement,
parce qu'ils ont quelque chose à dire. Ils pourraient le dire par
l'entremise du député de Rivière-du-Loup.
Il connaît cela, les commissions, non seulement à titre
d'adjoint parlementaire, mais il a aussi été membre de la
Commission d'urbanisme de Rivière-du-Loup, en 1963. Plus tard, il en a
même été président durant deux ans. Vous ne le
saviez pas, M. le ministre? Il a été président de la
Commission d'urbanisme de Rivière-du-Loup durant deux ans. Nous
avons eu des mémoires qui ont été déposés
ici par des municipalités. Quelqu'un qui a de l'expérience en
urbanisme et l'expérience des problèmes de relations du travail
devrait avoir droit de parole. Il a aussi été membre de l'Office
municipal d'habitation. Quand on parle d'habitation, il me semble qu'on parle
de construction aussi, on parle de travailleurs. Pourquoi ne pourrait-il pas
venir ici pour éclairer ses collègues relativement aux
problèmes de ce projet de loi.
Il a aussi occupé un poste pour la promotion industrielle de la
région. C'est extrêmement important. Lorsqu'on a entendu les
différents représentants, la semaine dernière, concernant
ce projet de loi, mon collègue de Brome-Missisquoi a posé une
question systématique à tous les intervenants, à tous ceux
qui ont déposé un mémoire, pour savoir comment ce projet
de loi allait améliorer la situation économique. Je crois que la
présence du député de Rivière-du-Loup, qui a de
l'expérience en promotion industrielle, pourrait nous éclairer et
nous aider à voir comment ce projet de loi affecterait cette promotion
industrielle. À part cela, M. le Président, il faut avoir un peu
de respect pour un ancien membre du RIN. Si je ne me trompe c'est le Ralliement
de l'indépendance nationale. C'est cela?
M. Johnson (Anjou): Le Rassemblement pour l'indépendance
nationale.
M. Cusano: Le Rassemblement pour l'indépendance nationale.
C'est un ancien membre du RIN et un militant du Parti québécois
depuis 1970. Il sait certainement quelle est sa pensée, son
évolution. Y a-t-il eu une évolution dans le domaine du travail
chez le Parti québécois? Qui pourrait mieux nous éclairer
sur cette évolution que le député de
Rivière-du-Loup, le député Jules Boucher? M. le
Président, je disais tout à l'heure - excusez-moi, deux minutes?
- que je pourrais me permettre de parler en italien. Aurait-on objection
à ce que certains membres viennent ici et emploient la langue grecque,
une très belle langue? Oui, la langue italienne. En faisant cela, cela
coûterait plus cher à l'Assemblée nationale, parce qu'il
faudrait certainement avoir des traducteurs pour vous, M. le Président,
et pour le ministre. Il a besoin de quelqu'un qui traduise. Je sais que si je
parlais très lentement en italien, il me comprendrait, parce que
l'italien ressemble beaucoup au français, spécialement lorsque
que vous employez vos mains. Vous allez très bien comprendre que la
langue italienne est une très belle langue, aussi belle que le
français. C'est une langue très expressive et pleine
d'émotion. On pourrait certainement demander à ces gens de venir
ici, mais à condition - parce qu'on ne peut pas engager des
dépenses extraordinaires pour les traducteurs - qu'ils emploient la
langue qui nous coûterait le moins cher, que ce soit le français
ou l'anglais.
Comme je le disais, cette motion de mon cher collègue
Brome-Missisquoi n'impose rien à personne. Ce n'est pas une imposition.
On demande, dans la motion de permettre à un député
d'intervenir. C'est une permission ou un choix que le député
aurait. Je verrais mal cette commission parlementaire bloquer les droits qu'on
a tous. Il y a eu des précédents. Ce n'est pas la première
fois qu'on demande que les intervenants puissent venir, même s'ils ne
sont pas membres. Il y a des précédents qui existent. Je
comprends mal pourquoi on s'entêterait, de l'autre côté,
à ne pas permettre à tous les...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viau, il faut conclure rapidement.
M. Cusano: Oui, je vais conclure.
Le Président (M. Blouin): Vous avez déjà
excédé le temps qui vous était alloué.
M. Cusano: Ah! mais il est sûr, M. le Président,
qu'il y a des gens qui ambitionnent bien plus que moi.
Le Président (M. Blouin): Oui, mais je ne suis pas
sûr que vous ayez le consentement pour poursuivre au-delà de 20
minutes, M. le député de Viau.
M. Cusano: Je comprends mal, parce que, l'autre soir, en Chambre,
le ministre...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je pense qu'on peut
se permettre d'être généreux avec un député
qui s'exprime aussi rarement.
M. Cusano: M. le Président, pourrais-je terminer?
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous me le
permettez, étant donné que le député a
déjà excédé ses 20 minutes et étant
donné qu'il s'exprime aussi rarement, je pense qu'on peut lui donner
cinq minutes de grâce.
M. Paradis: Sur la question soulevée par le ministre,
j'aimerais remercier le ministre de ces cinq minutes de grâce en
soulignant que, s'il est d'opinion que le député s'exprime
rarement, c'est que le ministre est rarement en Chambre pour l'entendre.
M. Johnson (Anjou): Ce qui est inexact, M. le
Président.
M. Cusano: Oui. Je remercie mon
collègue.
Le Président (M. Blouin): Vous concluez, M. le
député de Viau, s'il vous plaît. (21 heures)
M. Cusano: Mais y a-t-il consentement? Il y a consentement, M. le
Président. Je disais que le ministre, lorsqu'on parle de... Je ne vois
pas pourquoi il est de mauvaise humeur ce soir, et ne veut pas me donner la
chance de parler. En Chambre, l'autre soir, dans le débat sur ce projet
de loi, lorsqu'il est venu nous demander de continuer, c'est-à-dire de
dépasser 20 heures, parce qu'il avait un engagement, on le lui a permis,
on a été très gentil. Vous vouliez dire quelque chose, ce
n'était pas grand-chose, mais le peu que vous avez dit, on vous l'a
laissé dire. On ne s'est pas servi du règlement pour dire que la
Chambre doit terminer ses travaux à une certaine heure. On a dit, par
consentement: Allez-y, M. le ministre, on veut rendre votre tâche
très facile. On arrive ici en commission parlementaire, M. le
Président, et il essaie de me dire que mon temps est
écoulé. J'espérais qu'il démontrerait au moins la
même gentillesse que j'ai eue pour lui. Merci de me le rappeler, M. le
Président.
Lorsqu'il dit que je me suis rarement exprimé, il parle de cette
commission parlementaire. On vient de commencer. Il faut que je parle à
mon tour. Ce n'est pas moi qui décide qui a le droit de parole, M. le
Président, mais vous. On ne fera pas une chicane à savoir qui va
parler avant. De notre côté, on s'entend très bien. On a
commencé par l'honorable collègue de Brome-Missisquoi. On
s'entend, et il n'y en a pas, entre nous, qui ont une préférence.
Il n'y a pas une partie de baseball qui nous attend. Il n'y a pas le Grand
Théâtre de Québec qui nous attend. On est ici pour
travailler. On est ici pour protéger le droit de tous nos
collègues de l'Assemblée nationale, qui ont beaucoup à
dire sur ce projet de loi.
En terminant, M. le Président, je ne vois pas pourquoi on
s'entête. À part cela, si on nous accorde cette motion, je pense
que cela irait même plus vite. Au lieu de débattre les raisons
pour lesquelles on veut avoir ces gens ici au salon rouge - on est prêt
à passer par-dessus cela - on pourrait passer immédiatement au
projet de loi. Je pense que c'est le désir du ministre. Par votre
entêtement, M. le Président, je suis convaincu que vous ne voulez
pas entendre vos collègues. Je comprends que vous ne vouliez pas nous
entendre, puisque vous ne nous écoutez jamais. Mais vos propres
collègues, je ne peux concevoir cela.
Que ce soit le député de Beauce-Sud, que ce soit le
député de Brome-Missisquoi, lorsqu'ils veulent dire quelque
chose, je les écoute toujours, en tant que collègues. On a un
esprit très collégial. De votre côté, M. le
Président, on s'aperçoit que l'esprit collégial n'existe
pas.
Avant que le ministre fasse une crise, M. le Président, je
termine en disant que ce serait malheureux que vous alliez établir un
précédent, M. le Président, pour empêcher un de nos
collègues de venir s'exprimer sur un projet de loi. C'est inacceptable.
Merci.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député de Viau. M. le ministre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, sur la motion du
député de Brome-Missisquoi, je veux simplement dire quelque chose
avant qu'il y ait une conclusion sur cette motion.
La première, c'est que vous avez rendu une décision quant
à la recevabilité, que je ne conteste pas, M. le
Président. Dans votre sagesse, vous avez décidé de
considérer que cette motion était recevable.
La deuxième chose, c'est de dire que l'objectif manifeste de
l'Opposition en présentant cette motion c'était de lui permettre
d'amener ici l'ensemble de nos collègues d'en face, de telle sorte
qu'ils puissent disposer d'une longue période de temps pour nous
entretenir de choses qui, dans bien des cas, ne sont pas nécessairement
pertinentes au projet de loi, mais on comprend que c'est de bonne guerre.
Cependant, ce qui m'a frappé, M. le Président, c'est le
fait qu'on a invoqué, pour cette motion, que ce sont les gens du
gouvernement, les députés ministériels. Contrairement
à ce qu'affirmait le député de Viau, le caucus
ministériel se réunit régulièrement, surtout en fin
de session. Aucun des collègues mentionnés par le
député de Viau, le député de Beauce-Sud ou les
autres députés, le député d'Outremont ou le
député de Brome-Missisquoi, ne m'a fait valoir qu'il entendait
intervenir sur ce projet. Si jamais un député changeait
d'idée, M. le Président, je suis sûr que, parmi mes
collègues, certains seraient prêts, lors d'une séance,
à laisser leur place, tel que le prévoit notre
règlement.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, loin de vouloir brimer
la liberté de parole de qui que ce soit, mais strictement aux fins de
nous permettre d'aborder enfin ce projet de loi, au fond, et de
l'étudier article par article, comme c'est notre responsabilité
de le faire, étant conscients également que nos collègues
qui, de part et d'autre, voulaient s'exprimer sur ce projet ont eu l'occasion
de le faire en deuxième lecture ou auront l'occasion de le faire, lors
de la prise en considération du rapport ou lors de la troisième
lecture, pour ces raisons, je m'oppose évidemment à la
motion présentée par le député de
Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. Je vous
signale cependant que j'ai émis l'avis que cette motion était
recevable, mais qu'il ne s'agit pas d'une décision formelle de la
présidence. Donc, est-ce que je dois relire la motion du
député de Brome-Missisquoi?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Blouin): La motion dit ceci: "Que cette
commission permette à tous les députés qui ne sont ni
membres, ni intervenants à la commission élue permanente du
travail de pouvoir prendre la parole et ce sans devoir obtenir au
préalable la permission, et ce pour toute la durée de
l'étude, article par article, du projet de loi 17." Cette motion
est-elle adoptée?
M. Johnson (Anjou): Rejeté, M. le Président.
M. Paradis: Vote, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Nous allons donc procéder
au vote nominal.
M. le député de Sainte-Marie n'est pas là.
M. le député de Viau.
M. Cusano: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Prévost n'est pas là. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Contre, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Contre. Mme la
députée de Maisonneuve n'est pas là.
M. le député d'Ungava n'est pas là. M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Contre, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull n'est pas là.
M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): La motion est
rejetée.
M. Paradis: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi.
Motion proposant d'inviter à la
commission la Conférence des
arbitres du Québec
M. Paradis: J'avais une motion à soumettre à
l'attention de cette commission, et la motion se lit comme suit: "Que cette
commission invite la Conférence des arbitres du Québec à
se présenter devant la commission permanente du travail, le vendredi 17
juin 1983, à 11 h 30, afin de renseigner les membres et intervenants de
ladite commission relativement aux modalités du projet de loi 17."
Le Président (M. Blouin): M. le député, je
pourrai vérifier, mais je crois avoir reçu une lettre de la
Conférence des arbitres m'indiquant qu'ils avaient déposé
leur rapport et qu'ils ne désiraient pas être entendus à la
commission. Je ne sais pas si...
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Blouin): C'est une lettre assez
récente, que j'ai eue ce matin. Je ne l'ai pas avec moi.
M. Paradis: M. le Président... Le Président (M.
Blouin): Oui.
M. Paradis: Si vous me le permettez, sur la question que vous
soulevez, pour vous apporter un peu d'éclairage, on vient de terminer,
dans cette même salle, une longue commission, qui a duré neuf
semaines, sur le saccage de la Baie-James. Il y a beaucoup de personnes qui ont
envoyé des lettres ou des télégrammes et qui ne voulaient
pas être invitées. Il y en a d'autres qui ont envoyé des
lettres et des télégrammes indiquant qu'elles voulaient
être invitées. La décision de la présidence, soit le
vice-président de l'Assemblée nationale, dans chacun des cas, a
été la suivante: La commission est maîtresse de ses
invitations.
Le Président (M. Blouin): ... serait à l'effet de
les contraindre.
M. Paradis: Les contraindre. De les
inviter, M. le Président...
Le Président (M. Blouin): D'accord, mais dans le sens
de...
M. Paradis: ... avec toute la force...
Le Président (M. Blouin): Même s'ils
expriment...
M. Paradis: ... que prévoit notre règlement, la Loi
sur l'Assemblée nationale. Je suis certain qu'étant gardien de
cette loi et de ce règlement, vous vous ferez un devoir, si vous
déclarez la motion recevable, d'écouter les explications des
partis. Si vous avez des doutes sur la recevabilité, je pourrais vous
citer des précédents.
Le Président (M. Blouin): Non, non, je n'ai pas de doute
formel.
M. Mathieu: M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Avant que vous rendiez votre décision...
Le Président (M. Blouin): Je ne crois pas que je rendrai
de décision, M. le député de Beauce-Sud. À sa face
même, cette motion m'apparaît très recevable. Cependant, je
voulais exprimer l'avis que ce même organisme a signifié qu'il ne
désirait pas être entendu.
M. Mathieu: Justement, sur cette question, M. le
Président. Même si l'organisme vous a mentionné qu'il ne
désirait pas être entendu, il est par exemple du désir de
certains membres de la commission de l'entendre pour lui poser certaines
questions, pour avoir des éclaircissements plus approfondis. Je crois,
M. le Président, que c'est le sens de la motion de mon collègue,
le député de Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi, sur cette question.
M. Paradis: M. le Président, si la motion...
M. Bordeleau: S'il vous plaît!
M. Paradis: Est-ce que c'est sur la recevabilité?
M. Bordeleau: C'est une question de règlement.
Le Président (M. Blouin): Oui, M. le
député.
M. Bordeleau: Non, ce n'est pas sur la recevabilité. M. le
Président, vous avez indiqué que vous la receviez. À
partir de ce moment-là, c'est sur la motion qu'il faut parler. Je vous
invite simplement à demander aux collègues qui ont quelque chose
à dire sur la motion de le dire.
M. Paradis: Cela va.
Le Président (M. Blouin): Très bien. Alors, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Je tiens à rassurer mon confrère: c'est
ce qu'on s'apprêtait à faire. M. le Président, la lecture
du mémoire qui a été déposé par la
Conférence des arbitres du Québec soulève chez les
parlementaires de ce côté-ci de la Chambre, en tout cas...
J'espère que, de l'autre côté, on en a fait la lecture et
que cela a également soulevé des questions importantes. Vous vous
souviendrez des interventions du ministre au Travail par intérim...
M. Johnson (Anjou): Du Travail.
M. Paradis ...ministre au Travail par intérim...
M. Johnson (Anjou): Du Travail.
M. Paradis M. le Président, on vérifiera la
réplique...
M. Johnson (Anjou): Du Travail.
M. Paradis M. le Président, c'est mon droit de parole.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! La
parole est au député de Brome-Missisquoi. Vous aurez votre tour
à l'occasion. M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Cusano: Excusez-moi, M. le Président, je veux bien
savoir...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Viau. J'ai donné la parole au
député de Brome-Missisquoi.
M. Cusano: Je voulais seulement savoir, M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): Non, vous n'avez pas la
parole. M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Cusano: Le ministre est bien au travail?
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
M. Cusano: II est bien au travail?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Brome-Missisquoi. Sur la motion.
M. Paradis M. le Président, je me souviens avoir entendu
à l'occasion de l'audition des mémoires ainsi qu'au moment de la
deuxième lecture, le ministre lui-même ainsi que plusieurs autres
membres de la flopée péquiste intervenir et nous dire qu'un des
objets essentiels du projet de loi 17 était de raccourcir les
délais au niveau des requêtes en accréditation et au niveau
de l'arbitrage des griefs. L'un des principes du projet de loi voulait
déjudiciariser le processus des relations du travail, faire en sorte que
cela soit plus simple, qu'il y ait moins de conflits, etc.
À la page 3 de leur mémoire, les arbitres nous disent ce
qui suit et cela soulève beaucoup de questions dans mon esprit. Cela
soulève sans doute également beaucoup de questions dans l'esprit
de tous ceux qui ont pris connaissance dudit mémoire. Et on jugera, par
les questions posées, combien d'entre nous ont pris connaissance dudit
mémoire. Je vous cite donc le troisième paragraphe de la page 3.
Ce sont les arbitres qui parlent: "Nous devons souligner que nous croyons
qu'une convention collective imposée par un arbitre unique aura un
caractère beaucoup plus judiciaire que si celle-ci est le fruit d'une
démarche tripartite." M. le Président, à la lecture,
à sa face même, on comprend ce que cela veut dire. Le projet de
loi 17 ne déjudiciarise pas les relations du travail au Québec.
Au contraire, les arbitres, qui sont drôlement situés au centre
des discussions, nous disent que le système d'arbitre unique que propose
le ministre au Travail par intérim aura un caractère beaucoup
plus judiciaire que si la convention est le fruit d'une démarche
tripartite, ce qu'on connaissait ou qu'on connaît présentement.
Mais le ministre au Travail par intérim a peut-être très
peu de respect pour les arbitres. Il ne considère sans doute pas qu'il
faut prendre en sérieuse considération les remarques de cet
organisme. Il les prend sans doute, sans barrière de langue, avec un
grain de sel, M. le Président. (21 h 15)
Mais il sait - ou s'il ne le sait pas, on va le lui apprendre - que son
vrai patron, le chef de cabinet du premier ministre René
Lévesque, M. Jean-Roch Boivin, a déjà été un
arbitre. On a appris cela à l'occasion de la commission parlementaire
sur le saccage de la Baie-James. Le chef de cabinet du premier ministre a
déjà été un arbitre. Donc, ce que les arbitres
disent, cela doit être important. Si j'étais ministre des Affaires
sociales, je me soucierais de ne pas chatouiller à l'envers du poil -
comme on dit - celui-là même qui conseille le premier ministre
dans les affectations. C'est peut-être un risque qu'entend courir le
ministre des Affaires sociales. On verra s'il conserve le ministère du
Travail longtemps. Je lui prédis que, dans très peu de temps, il
va perdre ce ministère parce qu'il n'aura pas compris l'importance des
arbitres, qu'il n'aura pas compris que le chef de cabinet du premier ministre a
déjà été un arbitre.
Il y a plus, il n'y a pas simplement le chef de cabinet du premier
ministre qui a déjà été arbitre, M. le
Président. On a appris au cours de la commission parlementaire sur le
saccage de la Baie-James que Me Rosaire Beaulé, l'ancien associé
d'affaires du chef de cabinet du premier ministre et qui, dans le conflit LG 2,
était l'avocat des syndicats américains, il était un
spécialiste en relations du travail et que lui, à ce titre, se
présentait souvent devant les arbitres. Peut-être que le ministre
au Travail par intérim aurait intérêt à
vérifier les relations étroites entre M. Jean-Roch Boivin, chef
de cabinet du premier ministre, et Me Rosaire Beaulé, procureur des
syndicats américains dans l'affaire LG 2.
Ce n'est pas tout, M. le Président. Il y a des gens qu'on
rencontre et qui auraient été intéressés à
dévoiler des choses au moment de la commission parlementaire sur LG 2,
qui viennent du monde syndical. L'évocation du nom de Maurice Pouliot va
sans doute faire sursauter le ministre, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je comprends que
notre mode démocratique de fonctionnement doit permettre à
l'Opposition de s'exprimer même, dirais-je, de façon presque
futile sur certaines choses. C'est le prix à payer pour la
démocratie. Cependant, je pense qu'il est de votre devoir - si je me
permets, M. le Président - de rappeler quand même au
député de Brome-Missisquoi, qu'il semble s'être
trompé de commission parlementaire, de date ou de semaine - je ne suis
pas sûr - et qu'il est à la mauvaise commission parlementaire. Il
nous parle de l'énergie et des ressources alors qu'on est en train
d'étudier le Code du travail. Je pense, M. le Président, que vous
devriez le rappeler à l'ordre et à la pertinence du débat
simplement. Ceci dit, je l'écouterai et je subirai son discours pendant
les 20 minutes auxquelles il a droit.
M. Paradis: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Non, pas
nécessairement sur la question de règlement. C'est tout
simplement une interrogation que le ministre se pose. Je vous demande
simplement de reprendre votre droit de parole tout en revenant à la
pertinence de votre motion.
M. Paradis: M. le Président, je sais exactement à
quelle commission on se situe. Les noms que j'évoque rappelleront sans
doute des rencontres au ministre des Affaires sociales, rencontres qu'il a eues
au cours de l'été 1978, l'été qui a
précédé le règlement hors cours du saccage de la
Baie-James. Tous ces noms évoquent sans doute chez lui un paquet de
souvenirs qu'il aurait pu venir nous raconter spontanément au cours des
neuf semaines qu'on a siégé, mais je ne veux pas faire un plat de
cette affaire-là.
J'en étais donc au syndicaliste Maurice Pouliot, du Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction, que le
gouvernement a refusé d'entendre dans le cas de la commission sur LG 2.
Je fais le parallèle. Peut-être que cette personne qui a eu
à se présenter souvent dans sa vie devant des arbitres pourrait
devant cette commission venir nous raconter comment cela se passe et si c'est
vraiment déjudiciariser le système que de prévoir que la
première convention collective va être arbitrée par un seul
arbitre. Que voulez-vous. Paraît-il que le citoyen Maurice Pouliot n'est
pas un ami personnel du premier ministre, ni de son dauphin et donc qu'il n'a
pas voix au chapitre dans la collectivité québécoise.
M. le Président, il y a également tout un aspect du monde
syndical, du monde de l'arbitrage, qu'on pourrait entendre. On en a entendu par
bribes du notaire "Ti-Lou" Gauthier, conseiller spécial au bureau du
premier ministre. Oui, j'en viens à l'arbitrage, M. le ministre. Vous me
dites arbitrage, vous allez comprendre pourquoi. "Ti-Lou" Gauthier, conseiller
spécial au bureau du premier ministre, avait été le tuteur
du local 791. Je pense que c'était la fonction qu'il occupait au moment
où je l'avais rencontré à l'été 1978. Il a
recommandé Rosaire Beaulé, l'ex-associé du chef de cabinet
du premier ministre, le spécialiste en relations du travail...
M. Johnson (Anjou): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): En tout respect pour les personnes qui ont
déjà eu à subir les invectives, à mon avis, dans
certains cas, un peu indécentes du député de
Brome-Missisquoi dans une autre commission parlementaire, il m'apparaît
inapproprié... Pour sa part, il peut dire tout ce qu'il veut, tout ce
qu'il a de fin à dire, y compris ce qu'il a de pas fin à dire, ce
à quoi il est assez habitué, sur le Code du travail, sur celui
qui vous parle, mais je pense qu'il ne doit pas revenir sur ce qui a fait
l'objet d'une autre commission parlementaire dans laquelle il s'est joyeusement
cassé le nez.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Brome-Missisquoi, en vous rappelant qu'on
apprécierait que vous reveniez à l'objet de la motion que vous
avez vous-même faite à la commission.
M. Paradis: Je veux quand même répliquer aux propos
du ministre, M. le Président. Celui qui avait l'air pas fin à la
télévision, et la population a pu le constater, a
été le dernier témoin ou invité qu'on a entendu en
commission parlementaire. Je comprends que le dauphin s'énerve quand on
parle de son patron. C'est très compréhensible.
Le Président (M. Bordeleau): ... parler sur la motion, M.
le député.
M. Paradis: Maintenant, ceux qui se sont cassé le nez
n'étaient certainement pas les députés du Parti
libéral du Québec qui, dans le but de restaurer
l'intégrité de notre Parlement, de notre institution, ont mis
leurs sièges en jeu, ce qui a été refusé par une
décision de la présidence, mais ils auraient pu être mis en
jeu de consentement, si le premier ministre ne se limitait pas strictement aux
bravades et aux menaces.
Sur ce, on va donc dans l'entourage du premier ministre. Il y a des gens
qui ont déjà été des arbitres, Jean-Roch Boivin,
son chef de cabinet, des gens qui ont déjà été des
tuteurs syndicaux, "Ti-Lou" Gauthier, le tuteur du 791 aujourd'hui, conseiller
spécial au bureau du premier ministre, une personne comme Rosaire
Beaulé, ex-associé d'affaires de Jean-Roch Boivin,
spécialiste en relations du travail. Je sais que ces gens pourraient
apporter une solution qu'on pourrait prendre à partir du mémoire
soumis par la Conférence des arbitres du Québec et une solution
qui pourrait aboutir au niveau de la loi 17 à un règlement hors
cour. On sait comment ces gens sont habiles dans l'obtention d'un
règlement hors cour. Si on pouvait en arriver, entre les parties
patronales et les parties syndicales, à un règlement hors cour et
si le premier ministre faisait ce qu'il a fait dans le dossier LG2, qu'il y
mettait tout le poids de son bureau,
qu'il s'en occupait à tous les niveaux comme il s'en est
occupé au niveau du dossier du saccage, on pourrait possiblement aboutir
à un règlement hors cour, cette fois-ci non pas au
détriment de l'ensemble de la collectivité
québécoise, mais au bénéfice de l'ensemble de la
collectivité québécoise.
Cela ne serait pas strictement, dans le cas qui nous concerne, à
l'avantage de Louis Laberge, qui avait déclenché tout le
mécanisme du règlement de LG 2 en appelant Jean-Roch Boivin, mais
à l'avantage de l'ensemble du monde syndicaliste et du monde patronal au
Québec. M. le Président, le mémoire soumis par la
Conférence des arbitres du Québec a strictement été
déposé devant cette commission sur l'aspect de la
déjudiciarisation du système tant souhaitée par la CSD, et
son président nous a rendu un élogieux témoignage devant
cette commission. On pourrait interroger ces arbitres. On aurait la CSD qui
souhaite la déjudiciarisation du système. On aurait la CSN qui
souhaite la déjudiciarisation du système. On aurait la Centrale
de l'enseignement du Québec qui souhaite la déjudiciarisation du
système. On aurait le Conseil du patronat du Québec qui souhaite
la déjudiciarisation du système. On aurait l'Association des
manufacturiers du Canada, section Québec, qui souhaite la
déjudiciarisation du système. On aurait la Chambre de commerce de
la province de Québec qui souhaite la déjudiciarisation du
système. Tous ces gens pourraient obtenir satisfaction. On ne sait pas,
et c'est là que c'est ambigu, si la FTQ, elle, souhaite la
déjudiciarisation du système, parce que plus c'est judiciaire
pour la FTQ, plus il y a des possibilités de régler hors cour par
l'entremise du bureau du premier ministre. Mais on aurait quand même
créé un consensus assez large, consensus qui profiterait à
qui? Qui profiterait à l'ensemble du monde syndical, à l'ensemble
du monde patronal, aux travailleurs, aux employeurs et qui créerait
également un climat de confiance au Québec, seul capable
d'assurer la reprise de l'économie, seul capable d'assurer la
création et le maintien des emplois au Québec.
Est-ce que le Parti québécois va voter contre cette
motion? C'est un éclairage additionnel que ces gens nous apporteraient
et c'est peut-être ce qui manque aux députés d'en face pour
les convaincre que le projet de loi 17 judiciarise davantage le système.
C'est peut-être ce qui manque pour convaincre nos bons amis d'en face,
dont le ministre du Travail par intérim, que cela ne raccourcit pas les
délais, les modifications qu'ils apportent au Code du travail par le
projet de loi 17. Au contraire, en changeant le vocabulaire juridique, ils sont
certains que les délais vont être prolongés, parce qu'ils
auront judiciarisé le système davantage et qu'ils auront fait en
sorte que les parties iront tester devant les tribunaux le sens profond, la
substance de la nouvelle terminologie juridique.
Ces tests prendront combien de temps à être résolus?
Combien cela prendra-t-il de temps avant d'avoir une réponse positive,
une réponse affirmative de la Cour d'appel du Québec ou de la
Cour suprême du Canada -que le mot plaise au ministre ou pas - avant
d'avoir une décision judiciaire finale qui pourra peut-être par la
suite, à plus long terme, permettre de raccourcir les délais,
comme c'est l'intention du gouvernement? Mais, pour au moins trois ans, c'est
certain que cela va prolonger les débats. Ce n'est pas compliqué,
c'est certain que cette judiciarisation à outrance du système va
prolonger les délais. Qui va payer pour ces prolongations? Le ministre
du Travail par intérim? Les députés d'arrière-ban
péquistes? Non, M. le Président, mais les travailleurs du
Québec, les employeurs du Québec et l'ensemble de
l'économie au Québec. On va leur faire payer une autre facture,
alors qu'on est en pleine crise économique. Ce gouvernement nous dira
par la suite: On n'est pas responsable, c'est la faute des autres, c'est la
faute d'Ottawa, c'est la faute des libéraux, c'est la faute de Reagan,
c'est la faute de la Communauté économique européenne,
mais, après combien d'années de gouvernement péquiste, ce
n'est jamais la faute de ces pseudo-administrateurs. Ils nous ont tellement
répété que ce n'est pas leur faute qu'on commence à
les croire et qu'on va être obligé - j'hésite, M. le
Président, parce que je ne sais pas si le mot est antiparlementaire;
s'il l'est, je vais le retirer, mais je vais vous demander une directive - de
penser que ces gens sont irresponsables, carrément irresponsables, ce
n'est jamais leur faute.
Quelqu'un de responsable, c'est sa faute. Que ça aille bien ou
que ça aille mal, il en prend la responsabilité, il est
responsable; c'est ce qu'on appelle un gouvernement responsable. Avec le
gouvernement péquiste, c'est toujours la faute des autres. Quand c'est
toujours la faute des autres, c'est un gouvernement irresponsable, M. le
Président - je vois que vous ne m'avez pas interdit l'utilisation du
terme, il doit donc s'agir d'un terme parlementaire. C'est dur d'utiliser un
mot comme ça dans un tel forum, mais cette irresponsabilité, elle
se fait sur le dos de qui? Elle se fait sur le dos des travailleurs, des
employeurs et de l'ensemble de l'économie au Québec. Ceux qui
paient la plus grosse partie de cette facture, ce sont les jeunes au
Québec, ceux qui poussent et qui n'ont pas accès au monde du
travail, qui n'ont pas accès aux activités économiques du
Québec, qui ne peuvent pas mettre leur talent, leur génie, leur
instruction - qui a
coûté cher à la population du Québec - qui ne
peuvent mettre tous ces talents dans la création d'une richesse qu'on
pourrait par la suite redistribuer. (21 h 30)
Avec le PQ, ce n'est pas compliqué, tout le monde égal,
tout le monde pauvre; on redistribue la pauvreté. C'est sa philosophie
socio-économique. M. le Président, nous n'en sommes pas, nous du
Parti libéral, de cette philosophie socio-économique.
Le mémoire soumis par la Conférence des arbitres du
Québec mérite, à cause de sa qualité
intrinsèque... Je comprends qu'il y a peut-être des arbitres qui,
à la dernière minute, ont craint de contester ouvertement le
gouvernement parce que le gouvernement a un mot à dire dans la
nomination des arbitres et qu'ils ont préféré,
après avoir rédigé un document de qualité, un
document d'idéologie, un document qui aurait pu faire avancer le
débat, le porter à la connaissance des parlementaires et ne pas
contester ouvertement et publiquement le projet de loi 17 dans cette enceinte
de l'Assemblée nationale, dans cette commission parlementaire.
Pour leur rendre la tâche plus facile, ces gens, s'ils
étaient invités unanimement par les membres de cette commission,
n'auraient pas de représailles à craindre. C'est avec
empressement, j'en suis convaincu, que ces gens viendraient à
Québec demain matin et qu'ils répondraient aux questions que
soulève un mémoire fouillé, réfléchi,
basé sur de l'expertise. C'est peut-être cela qui effraie les gens
d'en face, c'est peut-être cela qui fera que le ministre se prononcera
contre et que la flopée d'en arrière fera écho à
son vote. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Brome-Missisquoi. M. le député de Viau,
vous avez la parole.
M. William Cusano
M. Cusano: Merci, M. le Président. Je dois
répéter que les gestes que l'autre côté... Je ne
vous visais pas, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): De la violence. Vous avez des propos
fracassants.
M. Cusano: Fracassants, oui, M. le ministre. Je ne comprends pas
pourquoi on n'accepterait pas la motion de mon collègue. Moi, en tout
cas, je ne comprends pas. Du côté ministériel vous
êtes habitués à convoquer les gens que vous voulez et
à ne pas convoquer ceux qui devraient l'être. Nous avons
vécu l'expérience en ce qui regarde les personnes qui
désiraient témoigner à la commission parlementaire qui
était censée faire toute la lumière sur l'implication du
bureau du premier ministre dans le règlement hors cour...
M. Johnson (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Blouin): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Question de règlement. Je pense que
notre collègue de
Viau est dans la mauvaise commission lui aussi.
M. Cusano: Non, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): Je ne sais pas ce que ces gens ont bu ce soir
ou mangé, mais...
M. Cusano: Non, M. le Président. On parle de la motion de
mon collègue, le député de Brome-Missisquoi. C'est
d'inviter quelqu'un à venir ici. Je ne suis pas dans la mauvaise
commission parlementaire et, en ce qui nous concerne, c'est très
pertinent parce qu'on veut ici, du côté du ministre,
empêcher quelqu'un, un groupe d'individus qui connaissent très
bien les problèmes dans le domaine du travail, de venir nous donner des
explications. Ceci joint le même problème qui a été
vécu en commission parlementaire sur le saccage de la Baie-James. M.
Pouliot y était directement impliqué, il a été un
des signataires du règlement hors cour comme les arbitres signent les
documents lorsqu'il s'agit de convention collective ou de tout autre document.
Pour moi, M. le Président, c'est parce qu'on n'est vraiment pas
intéressé de l'autre côté à faire toute la
lumière.
Vous savez, ce ne sont pas seulement les ministériels qui ont la
vérité sur tout. Ils ne l'ont pas, la vérité, sur
tout.
Une voix: En veilleuse.
M. Cusano: Oui, on parle de la fameuse veilleuse de 1981, de
mettre cette option en veilleuse. C'est camoufler un peu les choses. Cela va
bien. C'est bien dans l'esprit du député de Prévost,
adjoint parlementaire, lorsqu'il faisait allusion à une
république de bananes.
Pourquoi s'entête-t-on - et j'emploie le mot "entêtement" -
de l'autre côté à ne pas vouloir convoquer ces gens qui
sont directement impliqués, qui ont une expérience entre eux? Je
veux bien croire que le ministre du Travail par intérim -parce qu'il est
au travail présentement, cette clarification est nécessaire - en
tant qu'ancien ministre du Travail connaît les problèmes, mais les
connaît-il aussi bien que les arbitres qui sont impliqués au jour
le jour dans les problèmes de relations du travail?
Pourquoi ne veut-il pas les entendre? Pourquoi ne veut-il pas nous
permettre de leur poser des questions? Il me semble que, de la même
façon que vous l'avez fait à la commission parlementaire sur le
saccage de la Baie-James, vous empêchez les membres de cette commission
de prendre des décisions bien fondées.
De plus, M. le Président, je dois vous dire qu'il n'y a pas
très longtemps ici au Québec, il y a eu un congrès des
arbitres d'Amérique du Nord. Lorsqu'on parle de l'ouverture, lorsqu'on
parle du contexte nord-américain, de l'économie
nord-américaine, des relations de travail nord-américaines, je
suis sûr, je suis convaincu que ces arbitres pourraient nous
éclairer beaucoup plus que mes collègues de l'autre
côté de cette table.
C'est sûr qu'on pourrait me donner le nombre d'heures pendant
lesquelles ces arbitres ont travaillé. Ils sont même
déçus lorsqu'ils disent dans leur mémoire:
L'expérience passée nous a révélé qu'on
avait prêté une oreille très attentive à nos
remarques. Est-ce que c'est dans le passé? Ils ont certainement
dialogué avec le ministre du Travail, qui est en congé de
maladie. On n'a pas le ministre du Travail pour nous dire quel a
été ce dialogue et on ne veut pas permettre à ces arbitres
de venir ici pour expliquer, en termes très concrets et très
précis, quels sont les problèmes dans ce domaine.
Les arbitres ont un rôle très important à jouer,
parce que, par ce projet de loi on est en train de changer un processus et,
eux, comme ils le disent dans leur mémoire, représentent une
réalité, la réalité de ce qui se passe au jour le
jour lorsqu'ils sont au travail. Je me demande quelle a été la
dernière fois que des ministériels ici présents ont
participé activement à un travail d'arbitres. On parle de faire
toute la lumière, mais on ne veut pas la faire. Pourquoi? Est-ce pour
montrer que les ministériels sont supérieurs intellectuellement?
Ah non! On sait qu'il y en a qui ne sont pas supérieurs
intellectuellement et qu'il y aurait des arbitres qui pourraient nous dire
très carrément les problèmes qu'ils envisagent. Si je veux
acheter une automobile usagée, je ne vais pas voir un ministre.
Une voix: S'il en a une!
M. Cusano: Eh bien, je ne l'achèterais pas dans ce
cas-là. Mais si on veut acheter une voiture usagée et qu'on veut
avoir une expertise, on va consulter un mécanicien. Ici, avec un projet
de loi, on ne veut pas consulter les personnes qui vivent au jour le jour le
problème.
Une voix: C'est une très bonne comparaison.
M. Cusano: Oui, vous voyez que c'est une très bonne
comparaison, M. le Président.
Je voudrais vous rappeler, M. le Président, que le rôle des
arbitres est très important. J'aimerais souligner ce qu'on nous dit,
parce qu'on aimerait avoir des explications encore plus concrètes,
à la page 6. Permettez-moi de vous lire le paragraphe tel quel: "Un
arbitre unique appelé à façonner et rédiger une
première convention collective devant régir toutes les
règles et les conditions - c'est toute une tâche - entre les
parties qui n'ont pu s'entendre aurait, à notre sens, une très
lourde responsabilité à accomplir ses fonctions. De plus, il
serait démuni de plusieurs moyens auxquels il peut faire appel pour
remplir cette tâche."
Ce paragraphe dit beaucoup de choses. Il nous dit la lourdeur de la
responsabilité. Que veut dire la lourdeur de la responsabilité?
Est-ce que cela veut dire que ces gens ne veulent pas de cette
responsabilité, ou sont-ils préoccupés de rendre de bonnes
décisions? On aimerait le savoir. Et: "...il serait démuni de
plusieurs moyens auxquels il peut faire appel...". Alors, lorsqu'on trouve dans
un mémoire de telles phrases, de tels paragraphes, je pense qu'il est
légitime qu'on les invite ici pour qu'ils nous fournissent, comme tous
les autres qui ont eu la possibilité de le faire, des explications. Je
sais que, pour les ministériels, lorsqu'on a entendu des gens de la CEQ,
de la CSN, de la FTQ, il n'y avait pas beaucoup de questions. C'est leur
privilège. Je ne veux imposer personne. Le projet de loi était
très clair. C'était très clair qu'on nous avait promis un
consensus, une consultation et le seul consensus qui s'est
développé dans tous les mémoires, c'est que personne n'est
d'accord avec le projet de loi. On n'est pas satisfait du projet de loi. Il y
en a qui sont satisfaits de quelques articles et une grande majorité
trouve que ce projet de loi ne ferait que retarder les changements majeurs au
Code du travail. Cela fait combien de temps qu'on nous a promis des changements
majeurs au Code du travail?
On voudrait que ces gens-là viennent ici parce qu'on ne veut pas
que l'ex-ministre du Travail, qui est en congé de maladie, ait induit la
Chambre en erreur. On ne voudrait pas qu'il tombe dans ce
piège-là. Alors, les arbitres, eux, disent à la
première page qu'ils ont eu des dialogues avec le ministre -vous me
permettrez que je l'appelle le ministre Fréchette pour faire la
distinction -mais le ministre Fréchette n'est pas ici. Les arbitres ne
seront pas ici. (21 h 45)
Peut-être que le ministre a écouté toutes les
discussions, mais nous voudrions bien, si le ministre du Travail, M.
Fréchette, revenait de son congé de maladie, savoir exactement
quelles ont été ces discussions qu'ils ont eues. Est-ce qu'ils
ont proposé des
solutions différentes de celles qui sont incluses dans le projet
de loi? Ils ont certainement dû le faire, leur expérience est
énorme. Ils sont directement impliqués. Ils l'ont vécu
certainement plus que moi, M. le Président, car je n'ai jamais fait
d'arbitrage tel quel. Le ministre n'en a pas fait beaucoup non plus, il en a
fait peut-être un peu.
Je verrais mal, M. le Président, qu'on essaie de camoufler encore
une fois... On fait de beaux discours ici en Chambre, mais, lorsque je regarde
le projet de loi, ça me fait rire un peu. Les notes explicatives sont
presque aussi longues que le projet de loi lui-même. Les arbitres
pourraient certainement nous dire s'il devrait y avoir des changements autres
que ceux qui sont proposés afin que ça fonctionne mieux, M. le
Président... Pardon? Vous voulez corriger mon français? Je m'en
excuse, M. le Président. Je n'ai pas eu la chance que vous avez eue.
M. Johnson (Anjou): Non, c'est pour collaborer, c'est tout. Il ne
faut pas prendre ça personnellement.
Une voix: II ne faut pas s'alarmer...
M. Cusano: Non, on ne s'alarmera pas avec ça, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viau, vous avez la parole.
M. Cusano: Merci. Il pourra toujours m'envoyer une petite note
chaque fois que je ferai une erreur. Cela me fera bien plaisir, M. le
Président. C'est ce qu'on appelle de la tolérance. La
tolérance, c'est d'accepter les gens pour ce qu'ils sont et non pour ce
qu'on voudrait qu'ils soient. Je peux vous dire, M. le Président, que je
suis satisfait d'avoir fait ce que j'ai fait. J'ai peut-être fait plus
que ce que vous avez fait, M. le ministre.
M. Bordeleau: Là, vous présumez.
M. Cusano: Je présume. M. le Président...
M. Johnson (Anjou): II faudrait être tolérant.
M. Cusano: Je ne voudrais pas faire choquer le ministre, mais je
ne vois pas pourquoi, lui qui n'était pas présent lors des
discussions ou des recommandations qui ont été faites par les
arbitres... On dit ici très clairement qu'il y a eu des dialogues avec
le ministre Fréchette, qu'il y a aussi eu des recommandations. Est-ce
que vous connaissez ces recommandations-là? Moi, je ne les connais pas
et j'aimerais bien que ces gens puissent venir ici nous dire clairement ce qui
s'est passé parce que là - pour employer une expression entendue
à la commission parlementaire sur LG 2 - on ne veut pas se retrouver
dans la situation où on parle à la personne qui a vu l'ours qui a
vu l'ours. On veut s'adresser aux personnes qui sont directement
impliquées.
Je vois mal, M. le Président, pourquoi l'on n'accepterait pas
cette motion du député de Brome-Missisquoi. Si c'est notre
objectif ici en commission parlementaire de légiférer en toute
connaissance de cause, M. le Président... En parlant de connaissance de
cause, cela me rappelle le vote sur la loi 110, où tous les
ministériels ont voté en connaissance de cause.
Puisque je suis membre... Oui, oui, le salaire des
députés, vous vous souvenez de cela, M. le ministre?
M. Johnson (Anjou): Le gel.
M. Cusano: Oui, le gel des salaires, l'augmentation, tous les
adjoints parlementaires qui ont été nommés par cette
loi...
M. Johnson (Anjou): La réduction des pensions.
M. Cusano: Oui, la réduction des pensions, je vous en
parlerai. Je vous parlerai aussi du fonds... du bien-être social pour les
députés qui seront défaits à la prochaine
élection, qui recevront...
M. Johnson (Anjou): Vous allez en avoir besoin.
M. Cusano: Non, je ne suis pas inquiet, M. le Président,
j'ai une majorité plus forte que la vôtre dans le comté et
je serais même prêt à aller dans Anjou à n'importe
quel moment.
M. Johnson (Anjou): Oui, ça, j'aimerais cela par exemple.
On gagnerait Viau et puis on gagnerait Anjou.
M. Cusano: Oui, on ferait certainement une belle joute.
En toute connaissance de cause, M. le Président, les
ministériels se sont levés, ils ont prononcé de beaux
discours et, au moment du vote, les machines à voter se sont toutes
levées. Elles étaient toutes en faveur de ça, M. le
Président. Comme je le disais, en tant que membre du Bureau de
l'Assemblée nationale, je m'aperçois présentement qu'il y
a beaucoup de ministériels qui se posent des questions. Il y en a
même qui ont dit: C'est cela qu'on a voté? En toute connaissance
de cause, est-ce que c'est cela qu'on a voté? On a entendu des discours
en Chambre. On va procéder à l'étude article par article
de ce projet de loi
et les gens, de l'autre côté, vont nous dire qu'en toute
connaissance de cause, c'est ce qu'il y a de mieux pour améliorer les
relations du travail et pourtant...
Le Président (M. Blouin): Si vous voulez conclure, M. le
député de Viau, s'il vous plaît:
M. Cusano: Je vais conclure, M. le Président. Et pourtant,
on refuse de nous éclairer. On ne demande pas à M. X, du
comté de Viau, de venir ici. On ne demande pas à M. Untel, du
comté d'Anjou, de venir ici. On le demande aux gens qui sont directement
impliqués dans ce projet de loi, qui vont être là, qui vont
vivre les problèmes au jour le jour. Pourquoi? Est-ce que c'est encore
un autre camouflage? On l'a vécu en commission parlementaire sur le
saccage à LG 2. Je trouve que mes collègues ont fait un excellent
travail - je ne faisais pas partie de cette commission -et j'aimerais avoir
l'occasion de pouvoir étudier ce projet de loi article par article en
toute connaissance de cause. J'aimerais que ces gens-là... D'abord, je
vais être obligé de contacter les arbitres...
Le Président (M. Blouin): Pour le moment, M. le
député de Viau, vous êtes obligé de conclure dans
les secondes qui suivent.
M. Cusano: Oui, je conclus, M. le Président. Je vais
être obligé de contacter ces gens-là pour leur demander si
ce qu'ils ont présenté au ministre du Travail, le ministre
Fréchette, c'est vraiment ce qui est reflété dans ce
projet de loi.
Le Président (M. Blouin): Très bien.
M. Cusano: Et je crois que vous allez me mettre dans
l'obligation... Si je suis obligé d'être au
téléphone, je ne peux pas être ici, M. le Président.
Ce serait plus facile - je sais que cela contenterait les gens de l'autre
côté - mais...
Le Président CM. Blouin): Je m'excuse, M. le
député de Viau. Votre temps de parole est
complété.
M. Cusano: Alors, je termine, M. le Président, en disant
tout simplement que je ne vois pas pourquoi il y a un tel entêtement de
la part du ministre. Je sais qu'il a apporté des amendements. Une fois
qu'on aura été...
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Viau, je vais maintenant devoir donner la parole à un autre
député. M. le député de Beauce-Sud, vous avez la
parole.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Concernant la motion
de mon collègue, le député de Brome-Missisquoi, qui
demande que cette commission puisse entendre la Conférence des arbitres
du Québec, je trouve que c'est une demande fort légitime. Je
voudrais féliciter mon collègue, le député de
Brome-Missisquoi, d'avoir eu la clairvoyance de présenter cette motion.
Nous savons que la Conférence des arbitres du Québec est un
organisme important, un organisme expérimenté. Tout à
l'heure, l'on a dit, de l'autre côté, qu'il n'était pas
nécessaire de convoquer la Conférence des arbitres du
Québec, parce que cette dernière aurait mentionné qu'elle
ne désirait pas être entendue. Or, même si la
Conférence des arbitres du Québec ne désire pas s'imposer
-je la comprends - je crois que nous aurions avantage à recevoir ces
gens, à les inviter, à les entendre, à dialoguer avec eux,
afin de pouvoir nous faire une idée.
Étant conscient de la somme d'expérience qu'elle a
accumulée depuis sa constitution, la Conférence des arbitres du
Québec a présenté un mémoire daté du 3 juin
1983, un mémoire bien préparé, mais qui laisse place
à certaines questions après la lecture de ce mémoire. La
conférence nous dit dans son mémoire, à la page 2: "Le
projet de loi, ainsi qu'il apparaît dans les notes explicatives, vise
à accélérer l'arbitrage des différends en
remplaçant le conseil ou le tribunal d'arbitrage par un arbitre unique.
Il est prévu que l'arbitre pourra, à la discrétion des
parties, être assisté d'assesseurs syndical et patronal." Elle
désire adresser des remarques sur ces deux thèmes qui sont
importants, à son point de vue, à savoir, en premier lieu,
l'opportunité qu'un différend soit dévolu à un
arbitre unique et en deuxième lieu qu'il soit assisté
d'assesseurs syndical et patronal.
À la lecture des notes explicatives du projet de loi 17, nous
voyons très bien que ce projet vise à accélérer
l'arbitrage de différends et de griefs en remplaçant le conseil
ou le tribunal d'arbitrage, lesquels peuvent être tripartites, par un
arbitre unique. Cet arbitre pourra, si les parties le désirent,
être assisté d'assesseurs syndical et patronal. Ce projet de loi
précise aussi les pouvoirs de cet arbitre et les règles relatives
aux griefs et au déroulement de l'arbitrage. Je continue les notes
explicatives: II prévoit - c'est-à-dire le projet de loi - qu'il
pourra y avoir arbitrage d'une première convention collective dès
que, selon l'arbitre, il apparaîtra improbable que les parties pourront
en venir à la conclusion d'une convention dans un délai
raisonnable.
Ce qui étonne et ce qui inquiète dans ce projet de loi,
c'est qu'il introduit du droit nouveau dans le domaine de»; relations
du
travail et nous savons que, lorsqu'il y a droit nouveau, il arrive que
chaque mot et même la ponctuation peuvent être testés devant
les tribunaux. Si on veut que le test soit complet, il faut épuiser
toute la gamme des recours prévus dans les instances de notre droit ici
au Canada, c'est-à-dire la Cour supérieure; si une des parties
n'est pas satisfaite, la Cour d'appel, et, si une des parties n'est pas encore
satisfaite ou les deux parties, la Cour suprême du Canada. Une fois que
le grief a été entendu par la Cour suprême du Canada, cette
dernière institution rend jugement en dernière instance et nous
savons l'interprétation exacte qu'il faut donner à chacun des
termes. Nous voyons qu'il y aura certainement des délais
considérables parce que dans une cause, avant que le jugement soit rendu
par la Cour suprême, si on doit passer par toutes les étapes
prévues, on peut bien compter trois ans, et même plus, quatre,
cinq ou six ans. Que se passe-t-il dans l'intervalle?
Si le projet de loi apportait une réforme globale au Code du
travail, aux relations du travail que nous connaissons, cela serait plus
compréhensible. Cela vaudrait la peine de faire les tests devant les
tribunaux, mais ce n'est qu'une réformette en réalité qui
apportera certainement des inconvénients, qui causera sûrement des
préjudices. On sait qu'un salarié pourra avoir une bonne cause
mais ne se rendra pas nécessairement en Cour suprême pour faire
valoir ses droits. Même s'il se rend en Cour suprême avec tous les
délais que cela peut requérir, dans sept, huit, neuf ou dix ans,
les préjudices seront irréparables dans bien des cas. Il arrive
que la personne puisse être décédée dans
l'intervalle, puisse avoir pris sa retraite. Quand on est mort, on a beau avoir
les meilleurs droits, dans bien des cas, cela ne donne pas grand-chose. (22
heures)
C'est très dangereux de modifier les lois et surtout de le faire
avec une certaine improvisation comme on le fait présentement dans les
derniers jours d'une session, un peu sous la pression que nous vivons.
Je reprends le mémoire des arbitres, M. le Président. Ils
nous disent, à la page 2: "Nous vous soumettons qu'une convention
collective réglemente en très grande partie les relations entre
deux parties et ce, pour une durée d'au moins un an et jusqu'à
deux ans. On peut dire que la convention collective constitue la loi des
parties. Quoique normalement, un différend existe dans des secteurs,
bien particularisés, il n'en demeure pas moins que des clauses
très importantes d'une convention soient alors décidées
par un conseil ou un tribunal d'arbitrage. D'ailleurs, les clauses salariales
constituent une préoccupation importante d'un tribunal d'arbitrage"
La conférence des artibres en parle certainement en connaissance
de cause, elle, dont c'est le boulot quotidien de régler ce genre de
différend.
Les arbitres nous disent: "Surtout, il faut insister sur le fait qu'une
décision à laquelle les parties ont collaboré de
très près - et ceci est important - a beaucoup plus de chance de
représenter la réalité vécue dans une entreprise
quelconque. Aussi, il en ressort normalement une bien plus grande
facilité d'application que si, au contraire, elle est revêtue d'un
caractère juridique. En effet, un conseil ou tribunal d'arbitrage
comprend certes un président, mais aussi deux arbitres que chacune des
parties a désignés. Ces arbitres désignés par les
parties jouent un rôle important dans le façonnement et
l'élaboration d'une décision qui tiendra lieu d'une convention
collective." Les arbitres nous disent également: "Nous devons souligner
que nous croyons qu'une convention collective imposée par un arbitre
unique aura un caractère beaucoup plus judiciaire que si celle-ci est le
fruit d'une démarche tripartite."
M. le Président, nous avons un exemple très
éloquent de la véracité de cet énoncé.
Pensons, par exemple, à la convention imposée par la loi 105 aux
secteurs public et parapublic. Si l'État a cru, en imposant cette
convention collective, éviter le système judiciaire, nous voyons
qu'il y a déjà des jugements rendus et qui se dirigent vers la
Cour suprême, alléguant que cette loi 105 était
anticonstitutionnelle. Je pense que nous aurions grand intérêt ou
grand avantage à écouter les arbitres, à les inviter et
à les interroger, compte tenu de l'expérience considérable
qu'ils ont accumulée au cours des années. Le gouvernement, dans
le règlement de ses griefs avec les employés des secteurs public
et parapublic, avec la CEQ, dans l'imposition d'une convention collective,
aurait certainement eu grand intérêt et grand avantage au nom,
d'abord, des droits de ces personnes, au nom de la paix sociale, au nom de
l'efficacité de l'administration publique, au nom de la dignité
que l'on doit donner aux employés de l'Etat et à leur travail,
à suivre le conseil de ces arbitres, puisqu'un arbitre unique ne sera
certainement pas quelque chose de souhaitable. Ce n'est pas quelque chose de
souhaité non plus par la majorité des employés et
même par la partie patronale.
La conférence des arbitres nous dit également: "Avant de
terminer nos propos quant à ce premier aspect de l'arbitrage de
différends, nous osons soulever des doutes que l'utilisation du
procédé d'un arbitre unique puisse réellement
accélérer l'arbitrage des différends." On vous le dit ici,
à vous qui désirez faciliter l'arbitrage, qui désirez
amenuiser les délais. Je pense que vous
faites fausse route quand on reprend la déclaration de la
conférence des arbitres. Ceux-ci nous disent encore: "De plus, nous nous
permettons de soulever que, même s'il y avait un certain gain à
procéder ainsi, il ne faut pas mettre de côté l'objet
principal d'une convention collective qui est de régir et d'assurer les
conditions de travail qui s'appliquent réellement à un ensemble
de personnes qui correspondent à la réalité d'un
établissement ou d'une entreprise."
Ce n'est pas tout, M. le Président, de vouloir bâcler une
convention collective en un temps record. C'est facile de bâcler les
choses comme le gouvernement l'a fait, avec la loi 105, par des décrets.
Ce serait facile pour un arbitre. Ce serait rapide et expéditif, bien
sûr. Mais est-ce que cela serait souhaitable pour l'efficacité?
Est-ce que cela serait souhaitable pour le respect des personnes? "À ce
sujet - nous disent les arbitres - nous nous permettons de croire que le
conseil ou le tribunal d'arbitrage peut remplir beaucoup plus
adéquatement cette tâche que l'arbitre unique."
C'est facile à comprendre, M. le Président, parce que si
un différend est réglé par l'entremise d'un tribunal
d'arbitrage, il n'est pas décrété par l'autorité
d'une seule personne. La partie syndicale nomme un arbitre, la partie patronale
nomme un arbitre et les deux arbitres nomment un troisième arbitre.
Donc, la partie patronale comme la partie syndicale ont la certitude, la
garantie que le travail sera fait d'une manière complète,
impartiale, consciencieuse.
Même si l'on nous dit que le système d'arbitre unique sera
plus rapide, s'il y a accumulation par la suite, lors de l'application de la
convention, de griefs, si la partie syndicale ne se sent pas à l'aise,
n'accepte pas dans les faits, n'accepte pas dans son coeur cette convention
collective, cette décision imposée par un seul arbitre, elle
n'aura certainement pas l'impression que l'arbitre a travaillé en sa
faveur et a compris ses revendications. C'est pourquoi c'est très
important non seulement pour la rapidité... Le facteur rapidité,
c'est-à-dire bâcler une convention collective dans des
délais très rapides, ne m'impressionne pas au premier abord, M.
le Président. Ce qui m'impressionne, c'est d'une convention collective
qui a été acceptée par les parties ou
négociée par les arbitres selon le processus du conseil
d'arbitrage, de manière que les deux parties, syndicale et patronale,
aient la certitude que leurs revendications ont été entendues,
que l'on a réellement mesuré les avantages et les
inconvénients.
Je trouve déplorable que l'on rejette du revers de la main des
conseils qui sont aussi sages et aussi empreints d'expérience. C'est
pourquoi nous aurions beaucoup de questions à poser aux
représentants de la conférence des arbitres. J'ose espérer
- je ne crois pas être présomptueux - que tous les membres de
cette honorable commission voteront pour la motion de mon collègue, le
député de Brome-Missisquoi, M. le Président.
La Conférence des arbitres du Québec nous dit
également des choses importantes en matière d'arbitrage de
première convention collective. Elle nous dit: "Les remarques que nous
avons faites précédemment s'appliquent, selon nous, encore avec
plus d'acquité lors de l'arbitrage d'une première convention
collective. Comme nous soulevons qu'il est très important d'avoir
recours à un conseil d'arbitrage lors de l'arbitrage de
différends, cette remarque vaut encore plus dans le cas d'une
première convention collective. "Il y a plusieurs motifs - nous
disent-ils - que nous pouvons invoquer au soutien de cette allégation.
Tout d'abord, les parties n'ont jamais établi de règles fixes
entre elles et, nécessairement, elles n'ont jamais convenu entre elles
d'une convention collective qui contient l'ensemble des dispositions devant les
régir." C'est facile à comprendre, c'est le cas d'une
première convention; alors, la partie syndicale, dans ce cas, n'a pas
d'expérience et la partie patronale non plus. Et elle continue: 'il est
donc plus difficile de faire adopter par les parties tout cet ensemble de
dispositions. Aussi, il est à noter que, dans de très nombreux
cas, lors d'un différend, nous assistons à des cas où le
tribunal n'a à décider que d'amendements quant à certaines
dispositions déjà existantes ainsi qu'à déterminer
les clauses salariales."
Le Président (M. Blouin): Veuillez conclure, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je conclus, M. le Président, en vous disant
que le différend n'intéresse en grande partie que certains
secteurs de la vie économique. Une première convention collective
s'adresse à des industries tout à fait disparates et
diverses.
Or, en concluant, M. le Président, je sollicite l'accord de tous
les collègues de cette commission pour appuyer cette motion du
député de Brome-Missisquoi qui me semble très importante,
c'est-à-dire de recevoir devant cette commission la Conférence
des arbitres du Québec, afin que nous puissions nous faire
éclairer comme il se doit par son expérience. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Merci beaucoup, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Il est vrai que nous
sommes obligés de multiplier les efforts entre l'Assemblée
nationale où on discute actuellement du projet de loi 19 et la
commission parlementaire où on étudie le projet de loi 17, Loi
modifiant le Code du travail et diverses dispositions législatives.
M. le Président, la motion qu'a proposée le
député de Brome-Missisquoi est très appropriée,
surtout dans le contexte dans lequel nous examinons ce projet de loi. Ce que je
trouve très surprenant, c'est que, du même coup, et sans
expliciter le fond, nous rencontrions cet après-midi le président
de l'Assemblée nationale qui traite actuellement d'une réforme
parlementaire en profondeur et qui, à toutes fins utiles, constate que
l'Assemblée nationale, le Parlement, les parlementaires, tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
n'ont pas suffisamment de temps pour faire l'examen approfondi de chacune des
lois qui sont déposées à cette Assemblée
nationale... Encore moins quand on nous dépose un projet de loi à
la fin du mois de mai et qu'on nous donne à peine quelques semaines
pour, d'une part, entendre les intervenants et, d'autre part, commencer la
deuxième lecture suivie de la commission parlementaire. Si le ministre
responsable du Travail par intérim ne comprend pas les besoins...
Des voix: Au Travail.
M. Rocheleau: Au Travail, si vous voulez. Je m'excuse. Alors, si
on a répété la même erreur, on s'excuse, pour autant
que vous ayez compris, M. le député.
M. le Président, nous avions demandé dans une motion qui a
précédé de permettre d'entendre tous les parlementaires du
côté ministériel et de l'Opposition; on a refusé.
(22 h 15)
Maintenant, on demande d'entendre la conférence des arbitres. La
commission parlementaire a reçu un mémoire qui traitait de points
très pertinents par rapport au projet de loi que nous étudions.
Je suis surpris que le gouvernement - et plus particulièrement le
ministre - n'ait pas accédé à cette demande, n'ait pas
accepté de permettre à la conférence des arbitres de venir
faire entendre des points qui touchent de très près à son
domaine. C'est elle, en somme, qui est sur le terrain. C'est elle qui a
vécu les problèmes à l'intérieur des conflits de
travail qui ont perturbé le Québec au cours des dernières
années. C'est elle qui est en mesure de nous renseigner sur les points
les plus importants. À moins que le ministre considère la demande
de l'Opposition, et plus particulièrement cette motion
présentée par le député de Brome-Missisquoi et qui
a été reprise par le député de Beauce-Sud et le
député de Viau, nous insistons pour que ces gens soient
entendus.
Je ne voudrais pas mêler le sport aux relations du travail, mais
j'ai l'impression que les relations du travail sont beaucoup plus importantes
que le sport. Pourtant, M. le Président, dans le sport, on retrouve
trois arbitres. Au hockey, il y a les arbitres de lignes et l'arbitre
principal. C'est la même chose au baseball. C'est la même chose au
football. On retrouve justement des arbitres. Ces arbitres peuvent se consulter
et arriver à des éléments plus importants, à une
décision plus rationnelle, plus éclairée tenant compte de
tous les aspects.
Dans le contexte actuel, justement, la conférence des arbitres
soulève ces points qui sont très importants pour
améliorer, M. le Président, les relations du travail au
Québec. Vous savez combien les relations du travail ont
été perturbées par un climat qui s'est
détérioré au cours des dernières années et
qui, de fait, a tenu à l'écart la possibilité de voir des
investisseurs venir profiter d'un ensemble d'avantages que le Québec
pouvait offrir. On est à l'écoute actuellement. On suit le
débat et on se pose de sérieuses questions. J'oserais tout
simplement souhaiter, M. le Président, que le gouvernement, dans un
projet de loi aussi important, tienne au moins compte des principaux
intervenants.
Avant le souper, on a discuté des nombreux mémoires qui
ont été entendus à cette commission de la part de tous les
intervenants, de la part du patronat, de la part de la CSN, de la CSD, de la
Chambre de commerce et d'autres qui sont, à toutes fins utiles, contre
ce projet de loi pour toutes sortes de raisons valables, toutes sortes de
raisons qui nous ont permis de constater que le dépôt à la
hâte de ce projet de loi, une refonte déguisée, une refonte
pour apaiser certains éléments du monde du travail, ce n'est
absolument pas ce que cela prend.
D'autre part, tel que mon collègue de Brome-Missisquoi l'a
souhaité, entendre les arbitres ou la conférence des arbitres, ne
venez pas dire, M. le Président, que cela ne pourrait pas
éclairer davantage cette commission parlementaire, à moins que le
ministre responsable, qui remplace le ministre du Travail, M. Fréchette,
qui a pris un congé de maladie... On peut réellement commencer
à comprendre la raison qui a motivé son collègue à
prendre ce congé de maladie. On lui souhaite un prompt
rétablissement et on l'invite à revenir le plus rapidement
possible, M. le Président, à sa responsabilité, celle du
travail.
J'ose souhaiter que, dans sa hâte, le ministre responsable,
sachant qu'il a aussi une responsabilité importante au niveau des
affaires sociales - ne vise pas uniquement, M. le Président, à se
débarrasser le plus rapidement possible de ce projet de loi en le votant
à la sauvette et en évitant des intervenants aussi importants que
la Conférence des arbitres du Québec. Je pense
que, de toute façon, une fois que le projet de loi 17 sera
adopté, les arbitres auront un rôle très important à
jouer et continueront à le jouer. Ce rôle est très
important, parce que ce sont eux qui, à toutes fins utiles, ont la
décision finale. Quand on parle d'arbitrage, on tient compte du fait
qu'on devrait éliminer le droit de grève dans certains secteurs,
dans le secteur des hôpitaux, des foyers d'hébergement et d'autres
secteurs qui pertubent considérablement non seulement les relations du
travail mais aussi les citoyens qui bénéficient de certains
services. Ces gens-là - cette Conférence des arbitres du
Québec - ont tous les éléments en main, car ils ont
vécu sur le terrain. Je suis bien convaincu que le ministre des Affaires
sociales, qui prend la relève pour son collègue, n'est pas sur le
terrain, qu'il ne comprend pas la portée du problème, qu'il ne
comprend pas non plus ou qu'il ne veut pas comprendre, en n'acceptant pas que
la Conférence des arbitres du Québec fasse entendre certains
points de vue.
Cela est absolument aberrant. C'est sérieux, M. le
Président, le fait que le ministre soit borné au point de dire:
J'ai tant de temps pour faire adopter mon projet de loi, il faut qu'il soit
adopté de toute façon. Parlez ou ne parlez pas,
écoutez-nous ou ne nous écoutez pas, il va arriver à un
moment donné. J'espère qu'on n'ira pas jusqu'à
bâillonner l'Opposition qui tente de faire un travail sérieux. Si
on doit prendre quelques minutes, quelques heures, pour permettre une certaine
réflexion du côté ministériel pour comprendre et
accepter le fait - on l'a dit à plusieurs reprises - que ce gouvernement
était complètement déconnecté de la
réalité, je pense que vous avez encore cette occasion, qu'on vous
fasse des recommandations. Parce que cela vient de l'Opposition, ce n'est pas
acceptable. Je suis bien prêt à ce qu'on ne le dise à
personne, que cette suggestion, que cette recommandation provient du
député de Brome-Missisquoi. À ce moment-là, si ce
n'est pas nous qui l'avons faite et si c'est le ministre responsable qui l'a
trouvée, on ne le dira pas. On ne le dira pas aux journaux et on
demandera que cela soit fait complètement à l'écart, mais
qu'on tente au moins de faire l'impossible pour apporter les correctifs
nécessaires.
Je reviens à un élément important. Les
ministériels ont été consultés par le
président de l'Assemblée nationale sur la réforme
parlementaire. Les ministres ont sûrement dû être
consultés, parce que la réforme parlementaire prendra
probablement en considération l'ensemble des parlementaires. Certains se
posent des questions sur ce qu'ils font à l'Assemblée nationale.
Cela nous permettra peut-être de jouer un rôle plus important. Le
président, qui est nouvellement élu dans sa fonction, vient de
comprendre que cela n'avait absolument pas de sens de se faire brusquer, de
hâter les choses, de nous passer des projets de loi à la sauvette
et d'arriver encore avec des erreurs de fond qui vont continuer à
perturber le climat des relations du travail. J'essaie de comprendre la raison
pour laquelle on a empêché tous les parlementaires, tous les
députés de cette Assemblée nationale, de venir se faire
entendre. La décision a été prise. On arrive avec la
Conférence des arbitres du Québec et on se dit qu'on a au moins
un point important. Ce sont ces gens qui auront toute la responsabilité
de l'odieux de ce gouvernement qui a imposé à l'intérieur
du projet de loi 17 une réforme chambranlante, un peu, sur le
côté, sur le cant. Ce sont eux qui auront à imposer cela et
on ne veut même pas les entendre. Je me pose de sérieuses
questions, à savoir si on devient un régime presque totalitaire
où seulement le gouvernement, où seulement certains de ses
ministres ont la science infuse, ont la vérité absolue et que
tout ce qu'on écrit dans un projet de loi, indépendamment des
erreurs qu'on peut y faire, indépendamment des coquilles qu'on peut y
retrouver, c'est bon, qu'il ne faut absolument pas y toucher. M. le
Président, j'écoutais très attentivement ce matin le
président de l'Assemblée nationale qui est venu rendre visite au
caucus de l'Opposition officielle, je pense que, dans l'histoire c'est la
première fois que le président de l'Assemblée nationale
vient expliquer la réforme parlementaire au caucus, et je pense qu'il
vient de rendre visite aussi au caucus du parti ministériel pour traiter
de cette réforme. En même temps les ministres qui se sont
impliqués dans cette réforme parlementaire nous bousculent, ils
tentent de hâter... Je ne sais pas si on peut aller aussi loin que de
dire qu'on va passer tous les projets de loi à la sauvette, qu'on va
bousculer tout le monde et, après cela, qu'on va se conformer à
une réforme parlementaire qui va permettre une revalorisation du
rôle du député, qui va permettre d'avoir des commissions,
des sous-commissions et qui va permettre à chacun de nous de jouer
réellement le rôle pour lequel il a été élu,
c'est-à-dire défendre les intérêts et les
libertés de ses concitoyens.
J'ose croire, M. le Président, que, dans cette réforme
parlementaire on n'aura plus à voir cette majorité servile
à la merci du gouvernement, à la merci de certains de ses
ministres. J'ai même pu constater avant le souper que le ministre des
Affaires sociales et responsable par intérim du dossier du travail avait
sommé ses collègues du parti ministériel de ne plus
intervenir. C'est le ministre qui a décidé qu'il était le
seul à intervenir, s'il y avait des points litigieux ou des
répliques sérieuses à faire aux propos tenus par
l'Opposition.
M. le Président, c'est absolument impossible. J'espère que
la transcription des galées va être gardée confidentielle
pour les prochaines heures pour permettre au ministre de pouvoir
reconsidérer... Est-ce que c'est possible ou est-ce qu'on s'engage dans
une commission parlementaire qui va étudier très prochainement le
projet de loi article par article? Est-ce que cela veut dire qu'il y a un
blocage systématique de la part du ministre et qu'il y n'y a absolument
personne dans cette province qui va pouvoir faire comprendre au ministre qu'il
commet une erreur? Tout le monde le lui a dit. Que ce soit l'Opposition, c'est
compréhensible, cela pourrait paraître un peu partisan. Mais que
ses propres employés qui voudraient être entendus, qui ont soumis
un mémoire...
M. Johnson (Anjou): Ce ne sont pas des employés.
M. Rocheleau: Les employés de l'État, qui sont
mandatés par l'État pour arbitrer... Bien oui, vos arbitres! On
vous permet de rêver un peu. Mais il n'en demeure pas moins que tous ces
éléments devraient sensibiliser le ministre, surtout qu'il est
ministre des Affaires sociales. C'est important, cela. Bien oui, il est au
Travail par intérim, parce que ce projet de loi a rendu malade le
ministre actuel. Il l'a rendu malade, il est parti pour permettre à
quelqu'un d'autre d'aller au bâton. M. le Président, ce n'est
absolument pas acceptable.
En terminant... Je ne sais pas si on peut continuer?
Le Président (M. Blouin): Je ne vous demande pas de
conclure, je vous demande simplement d'être un peu délicat
à l'égard du ministre du Travail.
M. Rocheleau: Je suis très délicat. Je suis
très peiné, M. le Président, d'avoir appris il y a
quelques jours que le ministre du Travail était malade. Je n'ai pas dit
à quelle place il était malade, j'ai dit qu'il était
malade. Il est bien évident que...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous me permettez
une question de règlement, vous allez peut-être m'aider en me
disant quel article... Je veux bien qu'on agrémente les discours
à l'occasion de quelque humour, mais pas de cynisme et du genre d'humour
noir qui fait que je pense que le député de Hull a juste
dépassé les bornes du respect à l'égard de son
collègue. (22 h 30)
M. Rocheleau: M. le Président.
M. Paradis: Question de règlement, M. le Président.
Il est interdit par notre règlement de prêter des intentions
malicieuses à un député. C'est notre règlement qui
l'interdit formellement.
M. Johnson (Anjou): ...concernant le saccage de la
Baie-James.
M. Paradis Ah oui! Cela a été soulevé
à plusieurs reprises lorsque les députés péquistes
sont intervenus. M. le Président, les paroles du député de
Hull, je les cite sans avoir les galées. Elles ont été les
suivantes: "Je ne sais pas à quelle place il est malade". C'était
à peu près cela. M. le Président, il y a une façon
malicieuse de l'interpréter.
M. Johnson (Anjou): Venant du député de Hull, je
pense qu'on le sait, M. le Président. Si vous voulez prendre cela sur ce
ton-là.
M. Paradis: M. le Président, j'invoque le
règlement. On n'a pas le droit de prêter de telles intentions au
député de Hull. Je ne le sais pas, moi non plus. Je vais vous le
dire sérieusement.
Une voix: Vous pourriez peut-être parler d'autre chose,
à ce moment.
M. Paradis: J'ai offert, au nom de l'Opposition et de tous nos
collègues, M. le Président - je tiens à le souligner - et
à plusieurs reprises nos voeux de prompt rétablissement à
notre collègue, M. Fréchette.
M. Johnson (Anjou): C'est grossier.
Le Président (M. Blouin): M. le député, M.
le député...
M. Paradis Je pense que vous étiez en Chambre lorsque cela
a été fait. De la part du ministre, c'est mesquin de prêter
de telles intentions au député de Hull.
Le Président (M. Blouin): À l'ordre, s'ilvous plaît; M. le député de Brome-Missisquoi, ces
choses étant dites de part et d'autre, je crois qu'il serait convenable
qu'on poursuive le débat sur la motion que vous avez
présentée. M. le député de Hull.
M. Rocheleau: D'accord, M. le Président. Je dois quand
même rappeler au ministre responsable du dossier que je n'ai pas
été grossier, absolument pas. Au contraire, tout au long de ce
débat qui a été amorcé cet après-midi, nous
avons quand même tenu un langage assez sobre. Nous nous sommes permis de
faire des constatations. Je peux comprendre que le ministre ne soit
peut-être pas heureux de piloter ce dossier à la dernière
minute. Je peux le comprendre.
II ne reste pas moins une chose, nos interventions ont été
faites d'une façon très sérieuse. Les intervenants que
nous avons invités sont sérieux, impliqués. Ils sont ceux
qui auront à appliquer cette loi. Si on veut une amélioration du
climat social dans les relations du travail au Québec, je pense qu'on
doit se donner une loi qui va tenir compte de tous les éléments
et du côté patronal et du côté syndical et faire en
sorte que ces deux parties se rencontrent à une table pour
négocier. S'il y a un bris de négociation, les arbitres devront
trouver la solution.
M. le Président, si nous avions accepté, si le ministre
avait accepté - je souhaite encore qu'il accepte - de permettre à
la Conférence des arbitres du Québec de venir se faire entendre
et d'expliquer chacun des points de son mémoire sur lesquels il semble y
avoir un certain blocage, celle-ci en même temps, pourrait
éclairer le ministre et celui-ci pourrait modifier son projet de loi
pour tenir compte de tous ces éléments.
Là-dessus, je conclus en réitérant ma demande et,
insistant, je dis au ministre que, si on veut adopter actuellement des lois, si
on est bousculé dans le temps, ce n'est quand même pas la faute de
l'Opposition. Ce n'est pas nous qui déposons à l'Assemblée
nationale les projets de loi. On est ici depuis le mois de février. On a
attendu uniquement à la fin de la période permissible,
c'est-à-dire le 31 mai, pour déposer plusieurs projets de loi qui
exigent d'être étudiés avec tout le sérieux possible
afin de donner aux citoyens du Québec la meilleure réglementation
possible.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le
député de Hull. M. le ministre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, la motion est en ce
sens de permettre à la Conférence des arbitres du Québec
de venir témoigner devant cette commission. Je dirai trois choses: D'une
part, elle a eu l'occasion de le faire; deuxièmement, la
conférence, en plus de participer, d'être consultée assez
régulièrement au CCTM a produit un mémoire,
troisièmement, la conférence a choisi de ne pas témoigner,
ce dont elle m'a fait part le jour même où elle devait
comparaître devant cette commission, ce dont elle vous a fait part aussi,
M. le Président.
Pour reprendre un peu les comparaisons sportives de l'athlétique
député de Hull, M. le Président, je dirais que
l'Opposition s'est élancée au bâton, qu'elle a
demandé que les arbitres puissent être entendus. La
conférence ayant choisi de ne pas être entendue, c'est une autre
fausse balle du député de Hull.
Sur le contenu, je dirai que nous avons lu, avec respect et avec tous
les égards qui lui sont dus le mémoire de la Conférence
des arbitres du Québec. De façon générale celle-ci
accomplit des fonctions délicates, complexes et qui exigent une
très grande expertise. Nous avons étudié ce mémoire
ainsi que les addenda qu'elle y a faits, mais nous avons choisi un point de vue
qui est celui de remettre en cause la notion de l'arbitrage à trois pour
les fins de l'arbitrage unique. Cependant, nous pourrons répondre, et je
l'ai annoncé lors de la deuxième lecture, à une partie des
préoccupations qu'ont la conférence et certaines des parties au
niveau de l'arbitrage des différends qui touchent justement les
premières conventions collectives - le cas des policiers et pompiers -
où la notion de la présence d'assesseurs sera une notion
obligatoire à moins que les parties ne conviennent qu'il n'y a pas
d'assesseur.
Dans ce sens, je pense que nous aurons réussi ce progrès
qui, d'une part, vise à raccourcir les délais et,
deuxièmement, à faciliter la tâche à tout le monde.
C'est pour ces raisons que nous nous opposerons à la motion de
l'Opposition, à savoir de faire comparaître la Conférence
des arbitres du Québec, qui a déjà choisi de ne pas
comparaître tout en nous soumettant son mémoire.
Le Président (M. Blouin): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant relire cette motion et, ensuite, nous allons passer à son
adoption ou à son rejet. Je la relis: Que cette commission invite la
Conférence des arbitres du Québec à se présenter
devant la commission permanente du travail le vendredi 17 juin 1983, à
11 h 30, afin de renseigner les membres et intervenants de ladite commission
relativement aux modalités du projet de loi 17.
M. Paradis Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Très bien, nous allons
procéder au vote. M. Bisaillon n'est pas là; le
député de Sainte-Marie n'est pas là, M. le
député de Viau.
M. Cusano: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Prévost n'est pas là. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Contre.
Le Président (M. Blouin): Mme la députée de
Maisonneuve n'est pas là. M. le député d'Ungava non plus.
M. le député de Beauharnois.
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu; Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Pour.
Le Président (M. Blouin): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Contre.
Une voix: Le député de Hull joue au baseball.
M. Paradis: C'est un match nul. Une voix: Quatre à
quatre.
M. Johnson (Anjou): Vous devez jouer un rôle d'arbitre
unique, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): MM. les membres de la
commission, je me serais bien passé de cet arbitrage. Cependant, les
règlements...
M. Paradis: On peut suspendre la séance et revenir demain
matin pour votre décision sur le vote, M. le Président.
Le Président (M. Blouin): Ce n'est pas la première
fois que je le vois, même si cela ne fait pas tellement de temps que je
siège en ce Parlement. Quand de pareilles circonstances se
présentent, je crois qu'il est de tradition que la présidence
accorde son appui à la majorité ministérielle. En
conséquence, je voterai contre cette motion. Elle est donc
rejetée. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, pour la suite de nos
travaux, nous avons convenu avec notre collègue, le député
de Brome-Missisquoi, qu'il aurait - ce qui a été fait, je pense,
depuis 20 h 15 - l'essentiel du plancher avec ses collègues. Vous avez
remarqué avec quelle parcimonie nous sommes intervenus de ce
côté, volontairement, pour permettre à l'Opposition
d'exprimer tous ses points de vue dans ses différentes motions, que je
ne qualifierai pas. Certains diraient qu'elles sont inqualifiables.
Nous avons convenu qu'à la suite de l'ordre de la Chambre demain,
nous pourrions entreprendre l'étude article par article du projet de loi
après des exposés que nous acceptons, en ce qui nous concerne, y
compris l'exposé préliminaire, de limiter à dix minutes.
Nous présumons que l'Opposition fera de même et entreprendra
réellement les travaux de cette commission sur le projet de loi 17
demain matin.
Le Président (M. Blouin): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, les paroles du ministre sont
conformes à l'entente, sauf ses commentaires sur les motions. On
remarquera que le ministre n'a pas voulu entendre les arbitres. Il refuse
d'entendre... Cela me fait penser un peu à la commission de LG 2. On
semble avoir des choses à cacher. Cela sent le "cover-up" un petit peu.
Les motions avaient pour but de faire toute la lumière, d'inviter
à nous rencontrer des gens concernés qui avaient des choses
à dire. Le gouvernement s'y refuse. Si ces motions ont été
qualifiées par le ministre d'inqualifiables, c'est parce qu'il n'avait
pas trouvé le mot qu'il cherchait pour les qualifier. C'était le
mot "transparence".
Le Président (M. Blouin): Sur ce, nous allons donc
probablement ajourner nos travaux jusqu'à demain, après la
période des questions, selon l'ordre de la Chambre.
La commission élue permanante du travail ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 22 h 40)