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(Onze heures cinquante-deux minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare cette séance ouverte. La commission permanente
du travail est réunie pour étudier, article par article, le
projet de loi no 95, Loi sur le ministère du Travail et modifiant
d'autres dispositions législatives.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont
MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Cusano (Viau), Dean (Prévost),
Fréchette (Sherbrooke), Gauthier (Roberval), Mme Arel (Maisonneuve), MM.
Lafrenière (Ungava), Champagne (Mille-Îles), Sirros (Laurier),
Paradis (Brome-Missisquoi), Rivest (Jean-Talon), Lachapelle (Dorion).
Il y aurait maintenant lieu de désigner un rapporteur parmi les
membres de la commission. Est-ce que vous pouvez me proposer quelqu'un?
M. Gauthier: Le député d'Ungava ferait un excellent
rapporteur.
Le Président (M. Brouillet): Le député
d'Ungava. Je reviens un peu en arrière. J'ai oublié de mentionner
les intervenants. Nous retenons M. le député d'Ungava comme
rapporteur.
Les intervenants sont: MM. Bélanger (Mégantic-Compton),
Lavigne (Beauharnois), Fortier (Outremont), Leduc (Fabre), Léger
(Lafontaine), Pagé (Portneuf), Polak (Sainte-Anne), Proulx (Saint-Jean),
Vaugeois (Trois-Rivières).
M. le député d'Ungava agira comme rapporteur de la
commission. J'inviterais le ministre du Travail, s'il a quelques
considérations générales.
M. Fréchette: M. le Président, des
considérations d'ordre général ou alors des remarques
préliminaires, à ce stade-ci, ne seraient, dans mon
évaluation - ce n'est peut-être pas la même chose pour les
autres membres de la commission - que de la redondance ou de la
répétition par rapport aux interventions que j'ai faites hier
après-midi à l'occasion du débat de deuxième
lecture. Je préférerais céder la parole à mon
collègue de Brome-Missisquoi si lui ou d'autres membres de la commission
ont des interventions d'ordre général à faire.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Dans le même sens que les propos du ministre,
ce qu'il y avait à dire au niveau des remarques préliminaires a
été dit en Chambre.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui... Est-ce que tous partagent le même
avis?
M. Dean: Je crois bien que tous sont d'accord.
M. Gauthier: L'intervention prendra quelques minutes à
peine.
Le Président (M. Brouillet) Nous allons maintenant
procéder à l'étude du projet de loi, article par
article.
L'article 1. Est-ce que le ministre aurait quelques explications?
Loi sur le ministère du Travail Organisation du
ministère
M. Fréchette: Je voudrais tout simplement dire, M. le
Président que l'article 1 procède à créer ou
crée le ministère, prévoit la nomination du ministre
purement et simplement. Je signale également que des amendements
correspondants sont faits quant au ministre lui-même, ils sont
également faits quant à la Loi sur l'exécutif pour
prévoir qu'il y aura un ministère du Travail, quant au
ministère et quant à la Loi sur les ministères
eux-mêmes. Je ne vois pas ce que je peux ajouter par rapport au texte qui
est déjà là à l'article 1.
M. Paradis: Une première question au ministre. Est-ce
qu'il y a des amendements de prévus que vous vous proposez de
déposer?
M. Fréchette: Non.
M. Paradis: Une deuxième question qui est d'ordre
technique et financier. En créant le ministère, on parle d'un
élément très important, on parle de budget. Quelle est la
répartition du budget?
M. Fréchette: M. le Président, il y a un article de
la loi qui se réfère expressément à la question que
vient de me poser le député de Brome-Missiquoi, évidemment
pas en termes de chiffres, mais
en termes de départage. Quant aux chiffres eux-mêmes, si on
les a ici sous la main, étant donné qu'il y avait un budget
global pour le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, en vertu de la loi, il y a une partie de ce
budget qui est affectée au nouveau ministère qui sera
créé, budget qui va évidemment servir à assumer les
tâches qui sont en relation directe avec la direction
générale des relations de travail, le personnel qui est
là, les locaux, etc. En termes de chiffres précis, je ne sais
pas, on va regarder si c'est possible d'avoir cette information, mais, au
moment où je vous parle, je ne l'ai pas.
M. Paradis: Peut-être pour nous situer, le budget 1982-1983
mentionnait 1 766 417 900 $. Il y a 130 000 000 $ de crédits
additionnels, le ministère comptait 4670 employés qui se
répartissaient comme suit: 4220 permanents, 450 à temps partiel.
Si vous n'avez pas les chiffres exacts immédiatement, est-ce que vous
avez des proportions, des pourcentages à nous indiquer?
M. Fréchette: À partir du budget global dont vous
parlez, c'est-à-dire 1 milliard et quelques millions qui étaient
consacrés à l'ensemble du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, pour le nombre de fonctionnaires que vous
indiquez, je vous signalerai qu'il y aura quelque 250 fonctionnaires, je peux
me tromper en plus ou en moins de quelques chiffres, de sorte qu'à
partir de la proportion du personnel, on peut arriver à établir
aussi une proportion quant au budget qui sera nécessaire. Je signale
également au député de Brome-Missisquoi qu'il y aura en
moins au ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, l'inspection, qui sera maintenant
absorbée par l'Habitation et la Protection du consommateur. Il faudra
donc aussi réduire le montant prévu pour l'inspection. Mais, en
termes de chiffres, je signale au député de Brome-Missisquoi que
je ne les ai pas actuellement, mais on fera le calcul. Les détails
précis des chiffres que vous nous demandez, on les aura, il s'agit de
prendre le temps de faire...
M. Paradis: Maintenant, en ce qui concerne le cabinet du
ministère comme tel, quel est le budget de fonctionnement
prévu?
M. Fréchette: C'est le même budget que celui qui est
prévu pour tous les cabinets politiques. Pour une année fiscale
complète, je pense que c'est 420 000 $.
M. Paradis: Est-ce que ces 420 000 $, c'est une nouvelle
dépense, je tiendrais à le préciser, est-ce qu'il y a une
partie qui ira dans les autres cabinets ou si c'est de 420 000 $ de nouvelles
ressources qu'on a besoin au ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu? (12 heures)
M. Fréchette: Ce ne sont pas de nouvelles ressources,
parce que dès avant la scission, si elle se produit, il est sûr
que le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu avait une masse salariale pour les fins du
fonctionnement du cabinet politique dépassant les 420 000 $ dont on
vient de parler.
Les 420 000 $ sont détachés de la somme affectée au
ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Je ne sais pas si je m'explique comme il
faut.
M. Paradis: Si on se comprend bien, pour le fonctionnement d'un
cabinet, ce qui est alloué, ce qui est prévu est un montant de
420 000 $.
M. Fréchette: Oui.
M. Paradis: Votre prédécesseur jouissait,
d'après ce que vous me dites, d'une somme supérieure à
celle-là?
M. Fréchette: Oui, c'est cela. M. Paradis: Combien?
M. Fréchette: De 720 000 $. M. Paradis: De 720 000 $.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Paradis: Le ministère du Travail, d'après ce que
vous me dites, en récupère 420 000 $?
M. Fréchette: Voilà.
M. Paradis: II en reste 300 000 $ pour le ministère...
M. Fréchette: ... de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Paradis: ... de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Ils vont fonctionner avec un budget de
cabinet au montant de 300 000 $?
M. Fréchette: Oui. On me signale que le ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu aurait un peu
plus que les 300 000 $ dont on vient de parler. On va aussi avoir des
précisions là-dessus.
M. Paradis: D'accord, mais est-ce qu'il y a des transferts ou des
arrangements financiers également avec le ministère de
l'Habitation et de la Protection du
consommateur au plan des cabinets? Je comprends les transferts que vous
nous avez expliqués tantôt.
M. Fréchette: Non.
M. Paradis: II y a strictement répartition entre le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et le ministère du Travail. Cela devrait fonctionner sur des enveloppes
approximatives de 420 000 $ pour le ministère du Travail et de 420 000 $
au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, alors que l'enveloppe originelle était de 720 000 $.
M. Fréchette: Voilà. C'est cela, sous
réserve, évidemment, de vérifier avec plus d'exactitude le
montant de la masse qui reste pour le ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu. Nous allons vérifier cela d'une
façon plus précise, mais en principe, c'est cela.
M. Paradis: Est-ce qu'on peut avoir un aperçu de quand
nous pourrons avoir des réponses précises là-dessus?
M. Fréchette: Très certainement qu'on pourra,
à quinze heures, avoir des chiffres exacts en réponse aux
questions que nous pose le député de Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Brouillet): Article 1, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 1, adopté.
Article 2?
M. Fréchette: II va de soi qu'il faut nommer un
sous-ministre. Je pense bien que sur le principe, en tout cas, il ne devrait
pas y avoir de longues discussions. Je ne sais pas s'il y a d'autres questions
qui semblent utiles aux membres de la commission.
M. Paradis: C'est encore une question de coûts. On ajoute
finalement un sous-ministre ou on en déplace un.
M. Fréchette: On n'ajoute pas un sous-ministre: on nomme
un sous-ministre en titre. Mais il y avait déjà, à
l'intérieur de l'ensemble du ministère, un sous-ministre adjoint
à la Direction des relations de travail. Or, ce sous-ministre adjoint ou
un autre va devenir sous-ministre en titre du ministère du Travail.
M. Paradis: Et lui aura des sous-ministres adjoints?
M. Fréchette: Enfin cela reste à voir: ou des
directeurs généraux à certaines directions.
Évidemment, il n'est pas impensable qu'il y ait des sous-ministres
adjoints à telle ou telle direction ou, encore, qu'il y ait des
directeurs généraux affectés à une administration
ou à une autre du ministère. Ce n'est pas impossible.
M. Paradis: Lorsque ces promotions, pour utiliser le terme, sont
accordées, cela implique-t-il également des augmentations de
rémunération?
M. Fréchette: II est évident, par exemple, que si
le sous-ministre adjoint à la Direction des relations de travail
était celui qui devenait le sous-ministre en titre, il va de soi que
cela impliquerait une augmentation de son salaire. Maintenant, de quel ordre,
de quelle proportion? Il n'y a rien qui soit encore décidé.
M. Paradis: Mais ces choses doivent être normalisées
en vertu...
M. Fréchette: Par décret gouvernemental.
M. Paradis: ... d'un décret gouvernemental. Mais le
Conseil du trésor doit avoir des balises ...
M. Fréchette: Oui, il y a des balises, des
barèmes.
M. Paradis: Est-ce que vous pourriez également, dans les
réponses que vous nous apporterez, si vous ne la possédez pas
actuellement, nous évaluer le coût de...
M. Fréchette: ... du sous-ministre en titre?
M. Paradis: ... du sous-ministre en titre et de nous
préciser s'il est dans les intentions du ministre ou du sous-ministre en
titre d'avoir des sous-ministres adjoints? Qu'est-ce que cela entraîne
cette montée vers le haut?
M. Fréchette: Bien. Je pourrai très certainement
répondre à la première question du député de
Brome-Missisquoi. Mais je ne vois pas comment je pourrais répondre
à la deuxième question. Cet après-midi, oui, mais, tant et
aussi longtemps que le ministère n'est pas juridiquement formé,
tant et aussi longtemps qu'un sous-ministre en titre n'est pas nommé, je
ne suis pas en mesure de vous dire si nous allons devoir procéder
à la nomination des sous-ministres adjoints. Il faudra que le
sous-ministre en titre qui sera affecté à ce poste évalue
la situation et suggère au ministre de nommer ou non un sous-ministre ou
deux sous-ministres adjoints. Dans de semblables circonstances, vous
comprendrez qu'il m'est difficile, sinon impossible de répondre
au deuxième volet de votre question, pour le moment en tout cas.
M. Paradis: D'accord. Le ministre se donne combien de temps pour
réaliser ce qu'on pourrait appeller la structure administrative du
ministère?
M. Fréchette: Vous savez, la structure administrative du
ministère est déjà là, à toutes fins utiles.
Si, par exemple, on parle du service de la conciliation, du service des
commissaires au travail, du tribunal du travail, des agents
d'accréditation, tout cela est déjà là.
M. Paradis: Mais pour ce qui reste à aménager, ce
que vous avez mentionné: la nomination d'un sous-ministre, la
possibilité de créer des postes de sous-ministres adjoints etc.,
en fonction de la nouvelle loi.
M. Fréchette: M. le Président, en termes de temps,
je ne prendrai pas le risque de préciser au député de
Brome-Missisquoi...
M. Paradis: Ce n'est pas un risque que de parler franchement.
M. Fréchette: ... un terme pour réaliser ces
choses, mais il faudrait bien que...
M. Paradis: Quels sont vos objectifs?
M. Fréchette: Dès lors que la loi sera
adoptée et sanctionnée, qu'elle sera en vigueur, je
prétends, en tout cas, je souhaite que, la semaine suivante, le
sous-ministre en titre puisse être en poste.
M. Paradis: C'est la phase 1.
M. Fréchette: C'est la phase 1. Pour la phase 2, vous me
laisserez une période d'au moins une couple de semaines pour voir avec
lui quelle orientation il faudra prendre sur le plan administratif, sur le plan
de la philosophie et, par voie de conséquence, décider avec lui
aussi s'il y a lieu de procéder à la nomination de sous-ministres
adjoints ou de directeurs généraux. Disons que d'ici un mois, six
semaines au plus tard, nous devrions être fixés à ces
égards.
M. Paradis: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Paradis: Adopté, oui.
Le Président (M. Brouillet): L'article 2 est
adopté. L'article 3.
M. Fréchette: C'est de la juridiction du sous-ministre,
c'est une formule qui revient régulièrement dans presque toutes
les lois. Je ne sais pas s'il y a des questions là-dessus.
M. Paradis: Pas de questions.
Le Président (M. Brouillet): L'article 3 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 3 est
adopté. L'article 4.
M. Fréchette: C'est encore une formule classique qu'on
retrouve dans toutes les lois qui créent des ministères.
Le Président (M. Brouillet): L'article 4 est
adopté.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 5.
M. Paradis: C'est la même chose. Adopté.
M. Fréchette: C'est la même chose.
Le Président (M. Brouillet): L'article 5 est
adopté. Article 6.
M. Fortier: Excusez, j'ai une question sur le personnel.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, est-ce que c'est sur
l'article 5?
M. Fortier: Oui, j'ai juste une question. Le Président
(M. Brouillet): Très bien.
M. Fortier: Combien y a-t-il de personnes présentement au
ministère et combien va-t-il en rester une fois que la scission sera
faite?
M. Paradis: On a posé cette question.
M. Fortier: Ah! Vous l'avez déjà posée, je
m'excuse.
M. Fréchette: Je l'ai de façon plus
précise...
M. Paradis: D'accord, cela va.
M. Fréchette: ... par rapport au chiffre de 250 que
j'avais donné tout à l'heure, sous la réserve de
vérifier davantage. Alors, de façon très précise,
il y a 168 personnes qui sont des permanents et 47 qui sont des occasionnels,
pour un total de 215.
M. Fortier: Dans la nouvelle structure? M. Paradis: Non,
non. M. Fortier: Non.
M. Fréchette: C'est dans l'actuelle structure.
M. Fortier: Dans l'actuelle structure.
M. Fréchette: Entendons-nous bien. C'est dans la Direction
des relations de travail, dans l'actuel...
M. Fortier: Ah! D'accord.
M. Fréchette: ... ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Fortier: D'accord, oui. Ma question est celle-ci. Je m'excuse,
je suis en retard, si on en a déjà discuté, on passera
à autre chose. Compte tenu du fait que vous perdez des
responsabilités en ce qui concerne, entre autres, la
réglementation,... sous pression et tout cela...
Une voix: L'inspection.
M. Fortier: ... l'inspection. Tout cela passe à quelqu'un
d'autre: le ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur. Alors, vous dites que, présentement, il y a 168 personnes,
47 occasionnelles, est-ce que vous perdez ces personnes?
M. Fréchette: Lesquelles dites-vous?
M. Fortier: Toutes celles de l'inspection.
M. Fréchette: Oui, oui. Le côté inspection
s'en va avec le personnel qui était déjà affecté
à l'inspection.
M. Fortier: Oui, d'accord. Mais en gros, je voulais savoir quelle
était l'importance du personnel que vous perdez, si on peut dire cela
comme cela.
M. Fréchette: Écoutez, au service des inspections,
il y avait 600 personnes...
M. Fortier: Ah, mon Dieu!
M. Fréchette: ... qui étaient affectées
strictement à cette juridiction. Tout ce personnel sera muté sous
l'administration du ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur. Il reste au ministère du Travail et à la Direction
des relations de travail, au moment où on se parle, le personnel dont je
viens de parler, c'est-à-dire 215 personnes. Maintenant, il faut tenir
compte du fait qu'il peut y avoir des réajustement en termes de
juridiction quant à différents services qui sont
déjà en place et pour lesquels les décisions ne sont pas
encore définitives.
M. Fortier: Les services administratifs, en somme.
M. Fréchette: Oui, le centre de recherche, par exemple. Le
centre de recherche sera-t-il sous la juridiction du ministre du Travail ou du
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu?
Sera-t-il départagé en fonction des vocations respectives des
deux ministères? Cela peut contribuer à modifier le nombre de
personnes qui vont se retrouver au ministère du Travail, division des
relations de travail.
M. Fortier: Concernant le centre de recherche, juste pour prendre
cet exemple-là, qui oeuvre, comme vous venez de le dire, dans le domaine
du travail et dans le domaine de la main-d'oeuvre, comme les politiques ont une
interrelation entre les deux, je pense bien que le problème qui est
posé par le centre de la main-d'oeuvre cause toute la dialectique qui a
été discutée en deuxième lecture à cet
égard.
M. Fréchette: Bon.
M. Fortier: Ce problème n'est pas encore tranché,
j'imagine.
M. Fréchette: Non. Ce que je peux vous dire, cependant,
c'est que dans l'état actuel des choses, il y a 130 personnes qui sont
affectées au centre de recherche, et on ne se trompe pas en divisant la
juridiction de ces personnes de la façon suivante: 85 sont
affectées à des recherches qui sont en fonction directe des
relations de travail et 45 sont affectées à des recherches en
relation directe avec la main-d'oeuvre et la sécurité du
revenu.
M. Fortier: Est-ce que ce centre de recherche est
considéré comme une partie intégrante du ministère
ou s'il est considéré comme le CRIQ, dans le domaine
technologique, où les gens sont considérés comme
étant autonomes? Il ne s'agit pas d'une institution légale
séparée, il s'agit...
M. Fréchette: Non, non. C'est une direction
générale du ministère du Travail.
M. Fortier: D'accord. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Comme nous avions
déjà adopté l'article 5, l'article 6 est-il
adopté?
M. Paradis: Même chose.
Le Président (M. Brouillet): L'article 6 est
adopté. L'article 7 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 7 est
adopté. L'article 8?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 8 est
adopté. L'article 9.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 9 est
adopté. L'article 10.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 10 est
adopté. L'article Il est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet):L'article Il est
adopté. L'article 12 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 12 est
adopté. L'article 13 est-il adopté? Ça va, l'article 13?
J'attends la réponse.
Fonctions et pouvoirs du ministre
M. Fortier: A l'article 13, je trouve une redondance mais..
L'article 13 couvre également le secteur public et le secteur
privé.
M. Fréchette: Oui. D'ailleurs, c'est reproduit presque au
texte de la loi qui existait déjà.
M. Fortier: Oui.
M. Paradis: Quant à l'article 13, aux deux premiers
alinéas, il est dit:"Le ministre élabore et propose au
gouvernement des politiques et mesures visant à favoriser des relations
de travail harmonieuses entre employeurs et salariés. "Il voit à
la mise en oeuvre de ces politiques et mesures, en surveille l'application et
en coordonne l'exécution." Est-ce que le ministre peut nous indiquer ses
intentions en termes de genre d'interventions et d'échéanciers
concernant la réforme du Code du travail et des autres modifications qui
ont été promises l'automne passé? (12 h 15)
M. Fréchette: M. le Président, à cet
égard, je voudrais soumettre aux membres de la commission les
observations suivantes. Le
Code du travail est là maintenant depuis 1964. Il a donc 18
années d'exercice, 18 années pendant lesquelles les parties ont
utilisé les mécanismes qui y sont prévus. À
l'intérieur de ces dix-huit années sont arrivés
ponctuellement et occasionnellement des changements parfois mineurs, parfois
majeurs, comme la loi no 45 qui introduisait dans nos lois du travail, les
dispositions relatives à l'"antiscab" et également la
possibilité, pour un travailleur "lock-outé" ou en grève,
de pouvoir réintégrer ses fonctions dès que le conflit est
terminé. Il y avait un troisième amendement de fond qui
m'échappe. Ah oui! Évidemment, l'arbitrage de la première
convention collective qui a effectivement fonctionné de façon
tout à fait intéressante depuis que la formule est là.
Cette même loi no 45 avait également introduit dans le code la
formule Rand, la formule de déduction à la source d'ateliers
fermés comme possibilité. M. le Président, après
dix-huit années d'exercice des mécanismes qui sont dans cette
loi, il est effectivement de l'intention du gouvernement et, bien sûr, de
celui qui vous parle, de procéder à revoir plusieurs de ces
mécanismes et de les soumettre, à un moment ou l'autre, dans un
délai relativement rapproché, à l'appréciation,
dans un premier temps, du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre. Évidemment, c'est le lieu privilégié
où l'on doit d'abord faire part de ses intentions, que ce soit en termes
de législation ou en toute autre matière. Lequel Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre va donner son avis sur le
matériel que nous allons lui fournir. Après, il reviendra au
gouvernement de prendre la décision politique quant à la nature
des changements qui doivent intervenir au Code du travail. Ce processus, M. le
Président, est déjà engagé. Je répondais
à une question du député de Brome-Missisquoi hier,
à l'Assemblée nationale, dans laquelle je lui disais que, au plus
tard, au retour du congé des fêtes, nous allons être
fixés quant à la nature des amendements qui seront
proposés au Code du travail.
M. Paradis: J'ai seulement une autre question. Le premier
ministre a mentionné dans une déclaration publique
dernièrement que le gouvernement reverrait le régime de
négociations dans le secteur public, est-ce le ministre du Travail qui
sera chargé de cette révision?
M. Fréchette: Je suppose que je serai sans doute
invité à participer à une étude de cette
nature.
M. Paradis: La question porte sur la responsabilité. Que
vous soyez consulté...
M. Fréchette: II me semble, M. le
Président, que s'il y a des amendements au Code du travail, en
regard de ce que le premier ministre a annoncé, c'est-à-dire la
révision de tout le principe de la négociation dans la fonction
publique et parapublique. Si cela doit apporter des changements au Code du
travail, il m'apparaît évident que je serai de plain pied dans ce
processus si le but et l'objectif visés doivent être atteints par
des amendements au code.
M. Paradis: À l'heure actuelle, avez-vous fait part de vos
idées et de vos recommandations sur ces modifications au premier
ministre?
M. Fréchette: Non, M. le Président, je n'ai pas
encore fait part de l'état de quelque réflexion que ce soit
à cet égard, ni au premier ministre, ni au Conseil des ministres.
Ce qui ne veut cependant pas dire que je n'ai pas moi-même
procédé à une certaine réflexion.
M. Paradis: Dans quel sens cette réflexion pourrait-elle
se résumer?
M. Fréchette: M. le Président, il semble assez
évident que, lorsqu'on se réfère à une question de
cette nature de façon très précise à la
négociation dans les secteurs public et parapublic, on fasse
évidemment référence aux droits de grève et de
lock-out qui existent dans les secteurs public et parapublic. Je vous fais part
de l'état de ma réflexion. Je n'ai pas du tout d'objection
à le faire. Je vous signale que c'est ma réflexion et que, en
temps et lieu, je la soumettrai à qui de droit.
Ma réflexion, à cet égard, pourrait se
résumer de la façon suivante: On disait, il y a un instant, que
le Code du travail est là depuis 1964. C'est également à
cette époque très précisément en 1964 que le Code
du travail a été amendé et qu'il a permis l'exercice,
d'abord, de la négociation qui n'existait pas auparavant pour les
employeurs des secteurs public et parapublic; et, par voie de
conséquence aussi, à l'époque, en tout cas, le droit
d'exercer la grève et le droit pour l'employeur de
décréter le lockout.
M. le Président, dans cet exercice de réflexion dont on
vient de parler - j'ai pris le temps de relire aussi attentivement que possible
- j'invite aussi mes collègues de la commission qui auraient le
goût de le faire -les interventions des hommes politiques qui, en 1964,
se sont penchés sur la question -là, on parle strictement de la
question du droit de grève et du lock-out, par voie de
conséquence. Le premier exercice a été cela: relire la
pensée des hommes politiques de ce temps - ce n'est quand même pas
tellement loin derrière nous - leurs pensées, leur philosophie
à l'égard des amendements importants qu'ils se préparaient
à apporter au Code du travail. M. Lesage était premier ministre.
M. Johnson était le chef de l'Opposition. M. Fortin était
ministre du Travail. M. Lévesque était ministre dans le cabinet
de M. Lesage.
Cette lecture nous apprend que les hommes politiques de l'époque
ont d'abord unanimement - c'était une décision unanime de
l'Assemblée législative du temps - décidé
d'accorder ce droit de grève dans les secteurs public et parapublic.
Cependant, ce que l'on retient comme conclusion générale, et on
pourrait se référer à ces textes et je crois qu'on
retiendrait cela comme philosophie générale, c'est que les hommes
et les femmes politiques en autorité à l'époque disaient
essentiellement ceci: On est tout à fait conscients du fait que l'on
remet, entre les mains des parties, une arme excessivement dangereuse que l'on
ne devrait utiliser qu'en dernière instance, en dernière limite,
mais, à cet égard, on est tout à fait disposés
à faire confiance à ceux à qui nous remettons ce droit,
pour qu'on ne l'exerce qu'en dernière instance et après que tous
les autres moyens normaux de la négociation auront été
épuisés.
Il est important de retenir, M. le Président, que non seulement
les hommes politiques de l'époque, les deux formations politiques qui
composaient le gouvernement du temps ont préparé dans le sens que
je viens de le dire, mais il est aussi intéressant de relire les
déclarations faites par les chefs syndicaux de l'époque, les
leaders syndicaux de l'époque qui, eux aussi, affirmaient, à ce
moment-là, qu'ils étaient tout à fait conscients du geste
qui était posé par l'Assemblée législative, qu'ils
étaient également conscients que le droit qu'on leur remettait
constituait une espèce d'arme qu'on devait utiliser, seulement, quand
les autres moyens auraient été utilisées et que l'on
pouvait se fier à leur appréciation, à leurs
possibilités et facilités d'évaluer des situations pour
qu'on utilise ce droit.
C'était donc, autant du côté du gouvernement
à l'époque, que du côté des parties investies de ce
droit, plus particulièrement des parties syndicales quand on se
réfère au droit de grève, évidemment; le lock-out,
c'est moins pertinent à la discussion, cela arrive moins souvent. Tout
le monde était conscient de la prudence avec laquelle il fallait
exercer, le droit qu'on accordait.
Retenons ces observations des spécialistes de l'époque et
le recul de dix-huit années d'exercice, dix-huit années, par
exemple, à l'intérieur desquelles - on me corrigera,
peut-être que je fais erreur quant aux chiffres - aucune convention
collective, à mon souvenir, en tout cas, dans la fonction publique et
parabublique, n'a pu être négociée et signée sans
qu'un conflit
intervienne. Je vous signale que je fais une réserve;
peut-être bien que j'échappe une année à partir de
1964 où cela a pu se régler dans un secteur ou dans l'autre ou
dans l'ensemble des secteurs sans qu'il y ait conflit, mais je n'ai pas
souvenance que l'on ait globalement réglé partout, à
aucune des sept négociations par la voie normale de la
négociation, et d'une entente. Je ne vous dis pas que, dans certains
secteurs, par exemple, un syndicat affilié à la FTQ en 1979 n'en
est pas arrivé à une entente négociée, mais, dans
une autre centrale syndicale qui regroupait aussi un grand nombre de
salariés, il est arrivé qu'on ait pu s'entendre sur des
conditions de travail négociées et ratifiées par une
convention collective. Donc sept fois depuis 1964 dans le secteur public et
parapublic.
Dans le transport en commun, que ce soit à Montréal ou
à Québec, je ne pense pas faire erreur en affirmant qu'à
peu près le même phénomène a été
vécu. À Montréal, je pense que c'est aussi sept
conventions collectives qui sont arrivées à
échéance sans qu'on puisse en reconduire une nouvelle autrement
que par la voie ou bien d'un lockout ou bien d'une grève. Dans le
transport en commun à Québec, là aussi des
difficultés de toutes espèces ont été
rencontrées depuis que le droit existe.
Certes, des suggestions de toutes sortes ont été faites,
toujours au cours de ces années.
M. le Président, j'ai un message, en passant, si vous me le
permettez. Je veux seulement vous dire que, peut-être pour la
première fois, il y a une entente qui est survenue chez les chauffeurs
de la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. Il y avait des problèmes de protocole et, hier soir, la
formule qu'on a maintenant appelée la formule Désilets,
c'est-à-dire la suggestion faite par M. Raymond Désilets,
directeur général des relations de travail, a été
reçue par les parties.
M. Paradis: À l'entretien, ce n'est pas
réglé.
M. Fréchette: À l'entretien, ce n'est pas
réglé. Je vous signale que ce sont des nouvelles de corridor - ce
que j'en sais, mais, à l'entretien, on serait prêt à signer
une convention collective, sauf qu'il y aurait encore là des
problèmes de protocole.
M. le Président, je vous disais que, pendant l'exercice, depuis
que ce droit est là, donc depuis 1964, à l'exercice qu'on en a
fait, beaucoup de personnes, tant du milieu du travail que des milieux
socio-économiques ou de tout autre milieu intéressé au
problème, se sont penchées sur la situation et ont fait des
suggestions. Je me souviens fort bien que, à l'époque du
gouvernement précédent, une formule dont on parlait beaucoup
était celle de transférer à un conseil d'arbitrage, comme
cela existe dans le cas des policiers et des pompiers, l'autorité et la
juridiction d'entendre des litiges et, à la suite de ces auditions, de
déterminer les conventions collectives. Mais, pour une raison
fondamentale que tout le monde reconnaît, je pense, cette solution n'a
pas été retenue pour le simple motif qu'on accepterait alors le
principe de remettre à la juridiction d'hommes et de femmes sans doute
compétents, expérimentés et spécialisés,
mais pour remettre entre leurs mains l'administration d'au-delà de la
moitié du budget de l'ensemble du Québec, à des gens qui,
normalement, n'auraient pas de compte à rendre comme les élus en
ont. Je pense que c'est fondamentalement à cause de cela que cette
proposition n'est pas allée plus loin et n'a pas fait plus de chemin
qu'on ne le sait. (12 h 30)
Le gouvernement actuel, M. le Président, est arrivé au
printemps dernier, vers les mois d'avril ou mai et de façon
précise le 23 juin, à faire sanctionner, adopter la loi no 72 sur
les services essentiels, parce qu'il était d'opinion qu'il pouvait et
qu'il peut, il a encore cette opinion d'ailleurs, qu'il s'agit là d'un
mécanisme qui peut permettre de rationaliser en quelque sorte les us et
coutumes, les habitudes qui se sont développées depuis 1964.
Or, M. le Président, à la première occasion qui a
été donnée de faire le test du mécanisme
prévu par cette loi, on a malheureusement été
obligé de constater que, là encore, le mécanisme de la loi
n'était pas accepté par les parties en cause dans le cas bien
précis auquel on se réfère: le cas du transport en commun,
division de l'entretien, à Montréal. Un commissaire ad hoc a
été nommé, Bernard Bastien, pour exercer la juridiction
que la loi 72 prévoit et dans ce cas ad hoc, dans ce cas très
précis, avec les personnages qui sont en place de part et d'autre, tant
du côté syndical que patronal, on n'a pas accepté, d'abord,
d'essayer de négocier des services essentiels et non seulement n'a-t-on
pas accepté d'essayer de s'entendre sur ce que pourraient être des
services essentiels, mais le syndicat a également refusé, comme
le lui permet la loi, de procéder au dépôt d'une liste de
ce qu'il considérait comme devant être des services essentiels
dans le cas d'une grève du transport en commun.
J'insiste là-dessus, il est fort important d'y revenir et de le
signaler. Il s'agit d'un cas particulier. Il s'agit d'une situation à
l'intérieur de laquelle on retrouve des hommes et des femmes avec leur
caractère, leur façon de voir les choses, leur façon
d'analyser les choses. Dans ce cas
particulier, on en est venu à la conclusion, d'une part de ne pas
négocier et, deuxièmement à une autre conclusion, celle de
ne pas déposer de liste de services essentiels. Assez curieusement par
ailleurs, toujours dans le secteur du transport en commun, l'attitude a
été tout à fait différente chez les chauffeurs
d'autobus et de métro qui, eux, ont accepté de s'asseoir à
une table pour négocier ce que pourraient être les services
essentiels dans le cas d'un conflit de la nature d'une grève ou d'un
lock-out. Donc, on est en face de deux dossiers: l'un dans lequel on a
carrément refusé de jouer le mécanisme des services
essentiels tel qu'il est prévu par la loi, l'autre dans lequel on a
accepté de le faire.
Je suis d'opinion, quant à moi, que ces mécanismes que
l'on retrouve à l'intérieur de la loi no 72, s'ils étaient
utilisés dans l'esprit où ils ont été
créés par la loi, pourraient contribuer, me semble-t-il, à
régulariser, à rationaliser les situations que nous avons
vécues depuis 1964. S'il arrivait par ailleurs, retenez que je parle au
conditionnel, qu'à l'exercice, s'il arrivait qu'à la pratique des
situations précises, l'on doive en venir à la conclusion ou
à une présomption, à la conclusion certaine ou à
une présomption de la nature d'une présomption juris et de jure
que les parties elles-mêmes ne veulent pas s'impliquer dans le processus
des services essentiels, ne veulent pas les négocier et que la partie
syndicale ne veut pas déposer sa liste de services essentiels pour
ensuite permettre aux membres du conseil d'apprécier la justesse de
l'évaluation des services faite par la partie syndicale. Est-ce qu'il ne
faudra pas, à ce moment, nous poser carrément la question, si ce
ne sont pas les parties elles-mêmes qui auront fait la preuve qu'à
tous égards il faut pousser la réflexion plus loin?
C'est à ce stade que j'en suis au niveau de la réflexion
et il faudra voir effectivement à l'exercice ce que donnera ce projet de
loi 72 pour déterminer si l'on doit pousser la réflexion plus
loin.
M. Paradis: La réponse soulève au moins deux
questions additionnelles.
M. Fréchette: Je m'excuse d'avoir été long,
mais je pense qu'il fallait le faire.
M. Paradis: Quant au projet de loi 72, est-ce que le ministre
pourrait nous déposer le rapport du Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre? L'avis?
M. Fréchette: Oui, bien sûr.
M. Paradis: Maintenant, la réflexion que vous avez mise au
conditionnel en regard du projet de loi 72, les déclarations du premier
ministre quant aux négociations dans les secteurs public et
parapublic...
M. Fréchette: Les actuelles négociations?
M. Paradis: Les actuelles et celles à venir. Le premier
ministre a clairement indiqué que ce n'était plus au conditionnel
et qu'il faut changer. Dans quelle direction? Quelles sont les orientations que
le ministre délégué au Travail préconise? Ce n'est
plus au conditionnel maintenant, si on écoute le premier ministre.
M. Fréchette: Bon, d'accord. Si, M. le Président,
enfin, non seulement si, mais c'est très clairement comme cela que le
député de Brome-Missisquoi me soumet ses deux questions. D'abord,
quant aux négociations actuelles, le Conseil des services essentiels,
eût-il été sur place, eût-il été
formé, eût-il été investi de la juridiction qui lui
est dévolue par la loi qu'il ne pouvait en aucune espèce de
façon intervenir dans l'actuel conflit pour le seul et simple motif
qu'en vertu de la loi 70 les conventions collectives dans tous les secteurs
sont reconduites jusqu'à la fin du mois de mars 1983 et tout conflit de
la nature d'un lock-out ou d'une grève aurait donc un caractère
d'illégalité, de sorte qu'il est clair que le Conseil des
services essentiels ne va pas intervenir dans le cas où l'on est en face
d'un conflit qui revêt ce caractère d'illégalité,
comme je viens de le dire.
Quant aux conflits à venir, je vous signale, pour autant que je
suis concerné, que je viens de vous faire état de ma
réflexion. Elle n'est pas complétée, cette
réflexion. Ce sur quoi j'ai une opinion très nette au moment
où on se parle, c'est sur la nécessité de revoir un
certain nombre de choses. Lesquelles? Je ne suis pas en mesure de vous le dire
quant à moi pour le moment.
Quelle orientation nouvelle devrait-on donner à la
négociation dans les secteurs public et parapublic? Je ne suis pas, au
moment où on se parle, en mesure de vous le dire. Mais, sur le plan du
principe, quant à la nécessité de revoir un certain nombre
de choses, cela ne souffre pas de discussions, pour autant que je suis
concerné en tout cas.
M. le Président, le député de Prévost me
donne une information qui sera utile, je pense, à la commission. Vous
m'avez demandé l'avis du conseil consultatif sur le projet de loi 72. Il
n'y a pas eu d'avis pour le simple motif que le projet de loi 72 a
été précédé d'une commission parlementaire
au cours de laquelle on a entendu quelque 50 mémoires, à mon
souvenir. Il n'y a pas eu effectivement d'avis du conseil. Il est
évident que les intervenants qui se sont présentés
à la commission parlementaire pour formuler des représentations
regroupaient un nombre beaucoup plus grand de personnes que
celles que l'on retrouve autour de la table au conseil consultatif.
M. Paradis: Cela veut-il dire que dans le cas d'une commission
parlementaire sur des modifications au Code du travail, on procéderait
de la même façon, sans avis du conseil?
M. Fréchette: Pas nécessairement, M. le
Président, et cela n'est pas à écarter, non plus. Je veux
dire... Qui disait cela?...
M. Fortier: ... nécessaire, mais pas nécessairement
la guerre.
Une voix: Quelque chose comme cela.
Le Président (M. BrouiUet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je vais passer du secteur
public au secteur privé, un domaine qui m'intéresse dans la
question de révision du Code du travail. J'ai deux questions. Je
comprends que le ministre n'est pas en mesure de nous donner la conclusion de
ses réflexions, mais j'aimerais savoir quand même si, au
ministère du Travail, on songe à certains de ces
problèmes.
Le premier problème touche au fait que certaines personnes disent
que si on modifiait le Code du travail, on devrait peut-être penser avoir
des dispositions différentes pour ce qu'on peut appeler la grande
entreprise et la petite entreprise. De fait, lorsqu'on regarde les pays, et
dans le moment, étant donné que l'Amérique du Nord et
l'Europe sont en difficulté, on regarde certains pays où il y a
des succès, entre autres le Japon, on s'aperçoit qu'il y a des
règles du jeu différentes. Je sais que, dans le passé, les
syndicats ont toujours insisté sur le fait que même la petite
entreprise devait s'imposer les mêmes rigueurs et que si elle
n'était pas capable de se défendre, elle disparaissait et
c'était la fin de son histoire.
Je crois que, présentement, à peu près tout le
monde est disposé à réexaminer ses points de vue
là-dessus. Je me demandais si une analyse avait été faite
au ministère du Travail, à savoir s'il ne pourrait pas y avoir
des règles du jeu pour ce qu'on peut appeler la grande entreprise. Je
fais allusion à l'Alcan, à General Motors, à Canadien
Pacifique et à Hydro-Québec. La plus petite entreprise, elle, a
un besoin à ses débuts, n'a pas les ressources financières
et humaines nécessaires pour faire face à cette complexité
considérable du Code du travail. Si on veut assurer le
développement économique au Québec, mon
intérêt pour le ministère du Travail dans le moment venant
de la section développement économique du parti, c'est, bien
sûr, de s'assurer que dans l'avenir, on ne pensera pas seulement en
fonction de ce qui arrive lorsqu'il y a une grève, mais en fonction de
dire: Quels sont les gestes qu'on pourrait poser pour faciliter le
développement économique du Québec? La question que je
pose au ministre est celle-ci: Est-ce qu'on a eu des réflexions
là-dessus au ministère du Travail? Est-ce qu'on a fait des
études sur ce qui s'est fait dans d'autres pays et est-ce qu'on pourrait
penser que, pour favoriser le développement économique du
Québec, pour certaines petites et moyennes entreprises - bien sûr,
je me rends bien compte qu'il faudrait définir le terme -un
système différent pourrait s'appliquer pour permettre justement
à ces petites entreprises de passer le cap puisque,
éventuellement, beaucoup de petites entreprises deviennent de grandes
entreprises?
M. Fréchette: La question que me soumet le
député d'Outremont est large en termes de réflexion,
d'objectif et d'optique, mais je lui soulignerai, ne serait-ce que de
façon très préliminaire, que déjà, dans
l'état actuel des choses, cette espèce de départage dont
il parle, existe. Il existe d'une part, par les dispositions du Code du travail
comme tel, qui permettent l'accréditation à la syndicalisation et
il existe aussi pour la petite entreprise en vertu de la Loi sur les
décrets de convention collective.
La Loi sur les décrets de convention collective couvre à
peu près 150 000 travailleurs et travailleuses au Québec qui sont
tous et toutes des personnes qui oeuvrent à l'intérieur de
petites et parfois de très petites entreprises. Sur le plan de la
philosophie, en tout cas, ce à quoi se réfère le
député d'Outremont existe déjà dans nos lois. (12 h
45)
Est-ce que, dans le cadre d'une réévaluation de notre
processus d'accréditation, il n'y aurait pas lieu de porter une
attention particulière aux sujets que soulève le
député d'Outremont? Je ne dis pas non, M. le Président,
bien au contraire, mais il y a cette Loi sur les décrets de convention
collective qui est là maintenant depuis une cinquantaine
d'années, depuis 1934. J'ai fait part hier, dans mon intervention
principale en deuxième lecture, de l'intention que j'avais de revoir
tout le processus de la Loi sur les décrets de convention collective. A
cet égard, j'ai déjà demandé que l'on
procède à la formation d'une équipe de travail qui va tout
de suite commencer son travail, si ce n'est déjà fait au moment
où on se parle, et qui sera en mesure de me soumettre des suggestions
quant à l'éventualité d'amendements à la Loi sur
les décrets de convention collective. Si ces suggestions, ces
propositions qu'on nous fera devaient être retenues, je souhaiterais,
pour ma part, pouvoir arriver, au cours de l'automne 1983, avec des
propositions
d'amendements à l'actuelle Loi sur les décrets de
convention collective.
À un certain égard, sous un certain aspect, cela
couvrirait ce dont parle le député d'Outremont. Il est
évident qu'on pourrait faire la réflexion à laquelle il
nous invite pour voir comment tout cela peut s'ajuster. Je ne répugne
pas, bien au contraire, à la suggestion qui est faite et il me semble
que cela devrait faire partie de l'ensemble des travaux que nous allons mener
relativement aux changements possibles à la Loi sur les décrets
de convention collective.
M. Fortier: Oui, je vous y invite et, s'il y avait au centre de
recherche du travail des réflexions là-dessus, personnellement,
j'y serais intéressé. Ce serait intéressant de recevoir
les études qui auront été faites sur le sujet, s'il y en
a. Cela me semble quand même un sujet important pour le
développement économique du Québec.
M. Fréchette: M. le député d'Outremont, vous
me permettrez de vous dire que si jamais vous voulez des renseignements sur
cette loi, je vous invite à rencontrer M. Morissette qui est le
responsable de son application et qui est une ressource intarissable.
M. Fortier: Merci. Deuxièmement, dans le même ordre
d'idées, toujours à la recherche de nouvelles formules qui
pourraient assurer un développement économique plus aigu, je
lisais récemment un article de la "Harvard Business Review" sur le sujet
et, encore là, on s'inspire du Japon. On y dit: Comment se fait-il
qu'ils font des choses que nous ne faisons pas? Pour en arriver à
l'incorporation de nouvelles compagnies, je ne dis pas où les
employés seraient nécessairement actionnaires, mais où il
y aurait un certain consensus pour faire des choses ensemble - on peut dire que
le plan Biron était une formule dans ce sens -où, d'une part, il
y aurait un consensus pour agir ensemble pour le développement
économique de la compagnie, mais plus que cela, qui irait dans la
direction de faire confiance à cette entreprise et de lui permettre -
cela touche à la fiscalité - de déduire de ses
impôts tout l'argent qui serait investi, par exemple, dans la formation
du personnel en particulier. Cela pourrait aller dans le sens d'une certaine
déréglementation pour permettre justement que les choses se
fassent à l'intérieur d'un organisme comme celui-là
où les patrons et les employés pourraient avoir droit de parole.
Ce qui était recommandé dans cet article, c'était
justement de permettre à l'avenir des incorporations différentes
où, dès le début des activités de la compagnie, les
deux parties s'engageraient pour, disons, une période de cinq ans dans
cette direction.
Je ne propose pas cela comme une formule universelle, mais je
m'interroge justement, à savoir si votre ministère s'interroge
sur de nouvelles formules qui pourraient être essayées et qui
pourraient permettre justement, à un moment de notre vie au
Québec où les deux parties sont prêtes à
entreprendre un dialogue et à essayer de nouvelles formules qui leur
permettraient de faire des choses ensemble... Il faudrait prévoir une
incorporation et une fiscalité différentes et, finalement, des
règles du jeu en ce qui concerne le Code du travail qui permettraient
d'agir davantage en concertation.
Ma question est la suivante: Est-ce que dans cette réflexion que
votre ministère et vous-même faites, il y en a une qui se fait sur
ce genre de sujet?
M. Fréchette: C'est tout à fait intéressant,
M. le Président, le sujet qu'aborde actuellement le député
d'Outremont. C'est, par ailleurs, aussi du droit nouveau, tout à fait
nouveau. Dans certains milieux, on est disposé à pousser
l'exercice jusqu'à sa limite, alors que dans d'autres on a beaucoup de
réserves et de réticences. Mais ce n'est pas, évidemment,
un motif pour ne pas aller plus à fond dans l'étude de la
suggestion que fait le député d'Outremont.
D'ailleurs, il a fait référence à ce qu'il a
appelé le plan Biron à cet égard. Effectivement, M. le
Président, je signale au député d'Outremont et aux membres
de la commission que j'ai déjà eu l'occasion, par deux fois
maintenant, de discuter de l'ensemble de cette situation avec le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme pour précisément arriver
à déterminer les modalités qui nous permettraient
d'accepter ce processus. La réflexion là-dessus est aussi
amorcée avec le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Je
vous signale qu'à deux reprises déjà nous avons
consacré des séances pour étudier cette situation.
Il me semble clair que, dans les cas où les deux parties seraient
disposées à accepter ce processus, je ne vois pas pourquoi cela
ne se réaliserait pas. D'ailleurs, il y a déjà, au moment
où l'on se parle, avant même qu'aucune loi n'ait été
amendée, avant même qu'aucun changement n'ait été
apporté à quelque loi que ce soit, il y a déjà des
exemples vécus de ce que suggère le député
d'Outremont. Effectivement, à cet égard, il y a
déjà un certain bout de chemin qui a été fait.
C'est mon intention, en collaboration avec mon collègue, M. Biron, de
pousser cet exercice jusqu'à la limite et de voir ce qui dans le concret
peut être réalisé pour faciliter des choses comme
celles-là.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de Maisonneuve et après, M. le député de Prévost.
Cela fait longtemps qu'il a demandé la parole.
Mme Harel: Ma question est la suivante. M. le ministre... Je
pense qu'il est occupé...
M. Fréchette: Je m'excuse, Mme la députée,
voulez-vous reprendre, s'il vous plaît?
Mme Harel: Très bien. Dans vos attributions, vous avez le
pouvoir de désigner des personnes qui interviennent dans des cas de
conflit pour rétablir des relations souhaitées harmonieuses entre
un employeur et son association de salariés ou ses salariés.
Donc, vos services...
M. Paradis: Question de règlement.
Le Président (M. Brouillet): Oui, question de
règlement.
M. Paradis: Est-ce qu'on est rendu au bon article? Si je saisis
bien le sujet, on le retrouve à l'article 15.
Mme Harel: Oui, mais l'article 13 tend à favoriser des
relations de travail harmonieuses. On est toujours à l'article 13, c'est
bien le cas.
M. Paradis: Oui, mais vous avez parlé de désigner
une personne pour favoriser l'établissement et le maintien de bonnes
relations entre un employeur et ses salariés. C'est exactement le
libellé de l'article 15.
Mme Harel: À l'article 15, oui, sauf qu'à l'article
13, c'est l'objectif. Pour atteindre cet objectif, ma question est la suivante,
M. le ministre: est-ce que vos services de conciliation et de médiation
n'interviennent qu'en cas de grève légale ou de lock - out
légal ou si vos services interviennent pour rétablir des
situations, la politique étant de favoriser ces relations harmonieuses,
quelle que soit la situation de légalité ou
d'illégalité dans l'entreprise? J'aurai une autre question par la
suite.
M. Fréchette: Oui, d'accord. Je me prépare presque
à vous dire que, dans certains cas, on va fonctionner dans la
clandestinité, mais ce n'est pas précisément ce que je
veux vous dire. Il est très clair que dans un conflit, que ce soit un
lock-out ou une grève, qui aurait un caractère
d'illégalité, mais où les parties impliquées
manifesteraient le désir d'obtenir l'aide d'une personne
habilitée à leur en fournir, d'une personne qui a l'expertise des
relations de travail, il est évident que nous n'allons pas refuser une
invitation qui nous serait faite, mais par les deux parties cependant, d'aller
leur fournir cette aide qu'elles réclameraient pour arriver à
régler un conflit.
Je vous donne un exemple de cela. Il n'est pas dans les attributions des
services de conciliation ni de médiation d'intervenir, par exemple,
lorsqu'on en arrive au stade du règlement d'un protocole de retour au
travail. Toutes les conditions de travail, tant aux plans normatif que
salarial, sont déjà réglées par la voie de la
négociation normale, il ne reste que le protocole de retour au travail
à être entériné par les deux parties et il y a
à cet égard des difficultés. Nous n'allons pas proprio
motu intervenir, mais il est évident, encore une fois, que si les
parties ensemble faisaient appel aux services d'un conciliateur ou d'un
médiateur, appelons-le comme on voudra, nous n'allons pas refuser,
d'autant plus qu'il y a plein d'exemples qu'on peut identifier très
clairement où effectivement cette intervention a donné des
résultats intéressants pour tout le monde, pour toutes les
parties et s'est terminée à l'avantage de tout le monde.
Mme Harel: Est-ce que vous nous dites que c'est une condition
sine qua non que les deux parties demandent cette intervention ou si, dans
l'usage qui en est fait, il s'avère plus important de susciter un
règlement que, finalement, de maintenir l'intervention simplement dans
un cadre de légalité? Je vous pose cette question et vous allez
voir pourquoi. Tantôt, quand vous êtes intervenu sur le Conseil sur
le maintien des services essentiels, vous invoquiez le fait que les
débrayages étaient faits dans un délai qui en assurait
l'illégalité. La question que je me pose et que je vous pose,
c'est la suivante: Est-ce que l'objectif de maintenir des services essentiels
prime, à ce moment, sur la légalité ou pas, le respect ou
pas, en fait, de la loi? Si tant est que ce Conseil sur le maintien des
services essentiels est un organisme qui a sa propre marge de manoeuvre pour
concilier les parties, les sorties étant les établissements, les
directions d'établissements et les associations de salariés dans
les établissements, est-ce qu'il ne serait pas opportun justement qu'il
puisse avoir la même marge de manoeuvre que les services de conciliation
du ministère pour qu'à l'occasion il puisse faire primer et
respecter ce qui nous apparaît comme un objectif supérieur
à l'ensemble, finalement, des autres considérations? Si les
services essentiels priment sur le tout, en fait, ils priment et sont un
objectif à rechercher en soi.
M. Fréchette: Je voudrais, dans la foulée de cette
deuxième question, peut-être préciser davantage la
réponse que je donnais
à votre première question qui était, si je suis
exact: Est-ce que les services de conciliation ou de médiation ne vont
intervenir que dans les cas où il y a la stricte légalité?
Je vous ai dit, dans un premier temps, qu'il était évident que,
même si un conflit revêt un caractère
d'illégalité et que les deux parties font appel à un
expert, nous allions répondre à cet appel. C'est également
vrai - l'exercice peut aller plus loin - que dans un conflit où, par
exemple, le patron dirait: Moi, je ne veux plus rien savoir. Les
négociations sont rompues. On ne se parle plus. Je ne veux plus parler
à personne, et où, d'un autre côté, la partie
syndicale manifesterait le désir de rencontrer un expert en relations de
travail du ministère des relations du travail, nous n'irions pas refuser
de rencontrer l'une ou l'autre des parties - l'inverse peut également
être vrai - toujours et uniquement dans l'espoir et dans l'esprit aussi
de pouvoir dénouer l'impasse.
Quant à votre question sur le conseil des services essentiels,
évidemment, c'est un petit peu embarrassant de pouvoir y répondre
de façon très précise puisqu'il n'a pas encore
fonctionné. Il m'apparaît aussi évident que le principe
dont je viens de parler pourrait aussi s'appliquer pour le conseil des services
essentiels. Vous savez, il y a la lettre de la loi, il y a aussi l'esprit de la
loi. Cela restera à l'appréciation du conseil des services
essentiels de décider dans quel cas il doit intervenir et quelle peut
être la nature de l'intervention également. C'est à
l'exercice qu'on va pouvoir être davantage fixé sur la vocation
très précise de ce conseil.
Le Président (M. BrouiUet): II est 13 heures. Si vous
êtes d'accord, nous allons suspendre les travaux jusqu'à 15 heures
et nous reprendrons là où nous laissons actuellement.
M. Fréchette: Juste avant de quitter, cela ferait une
chose de réglée. J'ai menti effrontément au
député de Brome-Missisquoi. J'ai dit au député de
Brome-Missisquoi, au début de la commission, qu'il n'y aurait pas
d'amendement, que je n'avais pas d'amendement. Il y en aurait effectivement,
mais ce ne serait que pour changer à l'article 13 "de" par "du" des
relations de travail, c'est écrit à deux endroits à
l'article 13 et à un endroit à l'article 14. Bon, alors, M. le
Président, pour que ce soit clair pour vous, le premier paragraphe de
l'article 13...
Le Président (M. Brouillet): J'aimerais que quelqu'un
écrive cela sur un papier et me le remette.
M. Fréchette: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Ce serait plus simple comme
cela.
M. Fréchette: Très bien. Je voulais m'assurer qu'il
n'y aurait pas d'objection de l'autre côté.
Le Président (M. BrouiUet): Alors, suspension
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 15 h 10)
Le Président (M. Brouillet): La commission du travail
reprend ses travaux. Nous en étions à l'article 13 et la parole
était au député de Prévost.
M. Dean: M. le Président, j'aimerais ajouter quelques
éléments de réflexion en marge de la discussion sur
l'article 13 du projet de loi, sur le thème des relations de travail
harmonieuses entre employeurs et salariés et faire le lien avec quelques
questions et éléments de discussion de ce matin. Je suis presque
d'accord avec ce qui semble être évoqué par le
député d'Outremont dans sa question et dans ses
préambules. Il y a sûrement un lien très important,
à mon avis, entre le secteur privé et le secteur public dans
toute espérance qu'on peut avoir d'améliorer le mode de
négociation dans le secteur public dans les prochains mois ou les
prochaines années. Il me semble qu'il y a une grosse partie de cela qui
va reposer sur une espèce d'heureux départ
économico-social qui implique aussi les partenaires patronaux et
syndicaux du secteur privé. Là-dessus, je crois beaucoup à
la possibilité de la concertation comme moyen non seulement d'assainir
le climat social, de favoriser des relations de travail harmonieuses entre
employeurs et salariés, mais aussi de développer
l'économie du Québec.
Je suis le premier à admettre, à être d'accord que
l'élément essentiel d'un développement économique
qui se veut un véritable développement économique est
l'implication massive du secteur privé. Dans mon esprit, il n'y a pas
d'erreur. Je vois comme point de départ de ce genre de consensus... Je
dois répéter des choses tellement élémentaires...
C'est qu'il me semble qu'un tel départ se baserait sur la reconnaissance
officielle de choses aussi élémentaires que le fait employeur et
le fait employé. Ils existent. Ils ont besoin les uns des autres. Ils
vont vivre ensemble ou mourir ensemble. La crise nous l'enseigne. D'abord, il y
a une situation de crise, mais, en tout temps, la santé de
l'économie est basée sur le fait qu'il y a des entrepreneurs qui
fournissent des produits ou des services utiles
et nécessaires, qu'il y a des employés qui les produisent
et que les relations soient positives et constructives entre les deux. Il y a
aussi une reconnaissance mutuelle du fait patronal et du fait syndical comme
élément important qui peut être autant positif que cela
peut, malheureusement, parfois être négatif dans la vie de la
société. Partant de là et me référant
surtout à une question du député d'Outremont, je pense
qu'il frôlait la discussion du multipatronal et de certaines craintes qui
existent. À mon avis, il est malheureux que le débat semble parti
seulement sur le multipatronal comme élément de discusssion.
C'est peut-être de nature même à fausser le débat qui
devrait avoir lieu au Québec dans les prochains mois en marge, toujours,
du thème des relations de travail harmonieuses entre les employeurs et
les salariés.
Je pense qu'il faut parler de l'accès à la syndicalisation
pour les travailleurs - un accès volontaire à la syndicalisation
- qui le veulent. Dans les faits, ce droit d'association est brimé,
bafoué, presque, selon la volonté des opposants à la
syndicalisation, selon nos lois actuelles, etc. Au lieu de parler d'abord trop
vite de multipatronal comme tel, je vois cela comme un genre de
continuité d'une question fondamentale qui s'appelle le concept de base
de l'unité de négociation tel qu'on le connaît et tel que
cela pourrait devenir dans un processus graduel ou évolutif de la
société. Ceci dit - et ce concept peut être balisé
dans la législation tel qu'on le veut - avant de... Je rejoins ici les
remarques du ministre tantôt. Il s'est référé
à la loi des décrets qui existe depuis 1934 au Québec. La
semaine dernière à l'Assemblée nationale on a
déploré la mort, il y a deux semaines, d'Alfred Charpentier, un
des fondateurs de la CSN, qui en 1934, comme président de la centrale,
tenait le discours typique des syndicats catholiques de l'époque qui ont
été fondés un peu en réaction contre le
syndicalisme nord-américain tel qu'il existait à ce
moment-là et aussi contre le système de négociations
nord-américain qui existait alors. Il disait que le système de
négociation unité par unité n'était peut-être
pas selon lui le meilleur mode. C'est ce discours qui a donné naissance
à la Loi sur les décrets de convention collective du
Québec, loi adoptée, c'est tellement révolutionnaire, en
1934 et presque pas retouchée. (15 h 15)
Donc, ceux qui craignent... Je suis loin de dire que le multipatronal
est la décision finale et ultime de toute possibilité
d'améliorer notre loi. Mais on peut dire qu'il existe
déjà, comme a dit le ministre, 150 000 travailleurs
québécois régis par des négociations entre
plusieurs unités dans un même secteur industriel et plusieurs
employeurs et qu'ensuite on étend à tous les travailleurs du
secteur.
Je vais vous conter un cas pratique qui est arrivé dans mon
comté, la semaine dernière. Moi, aussi, M. le
député de Brome-Missisquoi, je fais du bureau de comté
comme vous et c'est notre "job" fondamental comme député. Un
employeur m'arrive et me dit: Je suis couvert par un décret, je paie
5,80 $ l'heure à mes employés. J'ai des concurrents qui ne sont
pas couverts par le décret et qui paient 4 $ l'heure. À moins que
vous ne les incluiez dans le décret d'ici quelques mois, je coule. J'ai
125 employés dans votre comté, je suis un des plus gros
employeurs de votre comté. Parce que, dans mon comté, ce sont
exclusivement des PME. En face de lui, les salariés de l'employeur qui
ne paie que 4 $ l'heure ne sont pas syndiqués. Alors, il y a ce
problème de concurrence déloyale entre petites entreprises et
entre petites entreprises non syndiquées; c'est la réalité
qu'on vit. Il y a peut-être matière à réflexion et
à débat entre les partis à l'Assemblée nationale,
entre le monde patronal et les autres, dans les mois à venir, à
ces sujets pour essayer de résoudre ces problèmes qui sont
à la fois économiques et sociaux, qui sont intimement
reliés au développement économique et aussi au
bien-être des hommes et des femmes, qu'ils soient patrons ou travailleurs
et qui vivent ici.
Je peux aussi dire que, indépendamment de la loi, lors de mes
voyages des dernières années comme syndicaliste, j'ai
rencontré des groupes dans l'ouest des États-Unis, l'État
de l'Oregon, où il y a une grosse unité de négociation
multipatronale, plusieurs employeurs de grosses, moyennes et petites
entreprises qui négocient avec un consortium de 110 syndicats. J'ai
vécu l'expérience, une fois, d'essayer de sortir de cette
négociation multipatronale et multisyndicale un employeur qui avait sept
autres usines en Amérique du Nord: cinq aux États-Unis et deux au
Canada et qui a dit: Jamais de la vie, je ne vais en sortir, j'aime cela. C'est
une entente régionale qui regroupe des grosses, des moyennes et des
petites entreprises. Il y en de pareilles en Californie, il y en a de pareilles
en Colombie britannique.
C'est dire que le débat est ouvert et cela devrait être un
débat franc sur le plan politique et sur le plan des partenaires
sociaux. Il y a quelque chose à faire, c'est urgent de le faire, mais il
ne faut pas partir avec de faux débats ou des paniques, il faut
s'asseoir. C'est là où je parle du secteur privé: que ce
soit patronal ou syndical, on a l'habitude de finir par être
réaliste de part et d'autre et de trouver le moyen de travailler
ensemble. Dans une telle perspective, je verrais de tenter tous les moyens par
un dialogue public et adapter nos modes de négociations dans le secteur
privé
avant même de pouvoir imaginer la possibilité de trouver de
nouveaux modes dans le secteur public qui pourraient se greffer
là-dessus. En tout cas, ce sont mes idées personnelles. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. BrouiUet): Y a-t-il encore quelques
interventions sur l'article 13?
M. Paradis: Si j'essaie de rassembler un peu les remarques qui
ont été faites autour de la table, surtout les dernières
paroles du député de Prévost, je pense qu'on
s'aperçoit que lorsqu'on parle de travail au Québec, on parle de
deux chevaux: de deux chevaux qui tirent la voiture économique, qui
tirent la voiture sociale. On parle de l'employeur, on parle du travailleur; il
faut assurer un équilibre entre ces deux chevaux et s'assurer qu'ils
tirent dans la même direction plutôt que de se cogner et s'en aller
dans des directions opposées, ce qui fait traîner la charrette
économique et la charrette sociale loin en arrière lorsque cela
ne tire pas dans la même direction. Donc, on conçoit que ces deux
chevaux doivent aller dans la même direction.
Lorsque le député de Prévost nous parle du
multipatronal, lorsque le ministre - je fais référence à
la réponse à la question que vous avez donnée hier
à l'Assemblée nationale, qui disait que dans un certain temps, le
plus rapproché possible, il va falloir clarifier nos positions...
Lorsque je fais référence à l'intervention du ministre des
Finances, est-ce qu'on peut s'attendre de la part du ministre du Travail
à une commission parlementaire sur ce sujet? Comme le
député de Prévost l'a mentionné, cela fait couler
beaucoup d'encre. Comme le ministre des Finances l'a mentionné, cela est
perçu dans certains milieux patronaux comme un danger de mort pour
certaines entreprises. Le ministre peut-il nous assurer à cette
commission, dans le but d'apporter à la demande même du ministre
des Finances des réponses précises, mais des réponses qui
soient également dotées de tout l'éclairage voulu, qu'on
va avoir une commission parlementaire dans les meilleurs délais sur ce
sujet?
M. Fréchette: M. le Président, j'ai eu l'occasion
de dire à plusieurs reprises, depuis le 9 septembre maintenant, qu'au
ministère du Travail il était impossible de pouvoir
espérer fonctionner normalement, si vous me passez l'expression, sans
qu'effectivement l'on privilégie de façon très claire le
dialogue, la concertation à laquelle référait le
député de Prévost et la discussion de la nature de celle
qui se tient autour de la table d'une commission parlementaire. A cet
égard, ne serait-ce que pour arriver une fois pour toutes à aller
au fond du sujet, à le vider totalement, à permettre à
tous ceux et à toutes celles qui ont des choses à dire
là-dessus, il ne me répugne pas, bien au contraire, que l'on
puisse effectivement procéder par le moyen dont parle le
député de Brome-Missisquoi. Donc, sur le plan du principe, je
suis tout à fait d'accord et favorable à une suggestion de cette
nature. Il resterait évidemment à fixer tout cela dans le temps,
c'est autre chose, mais sur le plan du principe, je vous réitère
que je suis tout à fait disposé à ce que cette discussion
se fasse et totalement.
M. Paradis: Si vous réservez un accueil aussi bienveillant
à la suggestion du ministre des Finances que cela devrait être
clarifié dans les meilleurs délais que l'accueil que vous avez
réservé à ma demande de commission parlementaire, je suis
certain qu'on se retrouvera dans pas grand temps autour de cette table.
M. Fréchette: Oui, c'est ce que je souhaiterais aussi.
Comme le député de Prévost vient de le signaler, il est
clair qu'à un moment donné, parce que la population, en
particulier des milieux bien spécifiques ont lu des choses quelque part,
il y a eu ce genre de réactions dont on vient de parler, qui ont
été spontanées, qui ont été vives et qui
mériteraient qu'effectivement on prenne le temps d'en discuter plus
à fond et de faire le tour de tout le sujet.
M. Paradis: J'ai une deuxième question au niveau de
l'approche globale des relations de travail. C'est à la suite d'une
question du député d'Outremont. Il a parlé d'un article
qu'il avait lu et qui préconisait soit des participations aux profits,
soit des achats d'actions par les travailleurs dans les usines. Le ministre a
même dit là-dessus qu'il existait au Québec
présentement des expériences pratiques, des expériences
vécues. On se rend compte de deux types d'expérience en pratique.
On se rend compte d'un type d'expérience qui arrive comme une
bouée de sauvetage lorsqu'une compagnie "y a goûté"
économiquement et est sur le point de fermer. On tente cette formule
dans certains cas. Il existe également d'autres cas où cette
expérience, sous diverses formes, est tentée dans des usines qui
vont bien, qui s'implantent. Dans le parc industriel à Bromont, chez moi
il y a de nouvelles usines.
Lorsque vous parlez de réviser tout ce problème des
relations de travail, j'aimerais savoir où vous placez la notion de
productivité. Deuxièmement, est-ce que vos équipes de
recherche et d'analyse sont en mesure de comparer la productivité de ce
genre d'entreprise? Je ne parle pas nécessairement de celles où
c'est implanté
en tout dernier recours comme bouée de sauvetage, mais où
cela a été implanté dès le début. Avez-vous
des études à ce sujet pour les comparer au système
traditionnel de relations de travail qui, à la suite de
l'expérience vécue, que ce soit dans le public ou dans le
privé, s'est avéré plus un système conflictuel
qu'un système de concertation au cours des dernières
années?
M. Fréchette: Quant à la deuxième question,
M. le Président, celle qui consiste à savoir s'il y a
effectivement des recherches qui ont été à ce jour
réalisées en fonction de la productivité et aussi en
fonction de ce qu'on peut appeler la cogestion, je vous dirai que non, au
moment où on se parle. Cette étape-là n'a pas
été franchie et il est clair qu'avec le processus qui a
été engagé avec le ministre de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme, cela deviendra, il me semble, la base autour de laquelle la
discussion tournera.
Quant à la question de la productivité...
M. Paradis: Juste une petite précision, M. le ministre. Ce
n'était pas strictement... Il y a l'option cogestion et également
l'option gestion par l'entreprise privée, mais avec participation aux
profits. Cela varie, ce créneau de possibilités.
M. Fréchette: Cela varie de la gestion proprement dite au
partage dans les profits.
M. Paradis: C'est cela, oui.
M. Fréchette: Disons qu'on peut inclure les deux dans le
thème général de la discussion. Au niveau de la
productivité, si jamais on arrivait à réaliser ces
objectifs dont on parle, que ce soit au chapitre strict de la cogestion ou au
chapitre du partage dans les profits, il me semble que si, à
l'intérieur de balises que les parties elles-mêmes pourraient
déterminer dans un processus de grande liberté de
négociation, on arrivait à réaliser cela, cela ne pourrait
avoir d'autres effets - entre autres choses -que d'améliorer cette
productivité.
Il me semble - et je vous donne l'état de ma propre
réflexion, je vous le dis comme je le pense - que dans le cas où
les salariés d'une entreprise, les syndiqués d'une usine sont
appelés à participer à la cogestion, il leur devient alors
beaucoup facile - je devrais plutôt dire qu'il leur devient possible - de
pouvoir apprécier de façon concrète l'état de la
compagnie sur le plan strictement économique. De sorte qu'avant de poser
certains gestes qui peuvent avoir comme conséquence de nuire à la
productivité de la corporation, de la compagnie ou de l'employeur, s'ils
sont en possession de tous les renseignements utiles leur permettant de se
faire une opinion juste quant à la situation économique de leur
employeur... Il me semble que, par voie de conséquence, les
décisions qu'ils seront appelés à prendre, les gestes
qu'ils poseront seront nécessairement balisés,
tempérés par le fait qu'ils connaissent cela de façon
précise. En d'autres mots, si les livres leur sont ouverts, il
m'apparaît clair que l'objectif qu'ils poursuivront à bien des
égards rejoindra celui de l'employeur et, d'un côté comme
de l'autre, on pourra en conséquence de cela ajuster des tirs pour que,
comme vous le disiez il y a un instant, les chevaux tirent tous les deux dans
la même direction.
M. Paradis: Je vous pose la question. Je n'ai pas la
réponse. Je me demande où en est rendu le ministre dans sa
réflexion là-dessus. Il me semble que les travaux
préparatoires au niveau du ministère du Travail, les
études, même les avant-projets de loi - et cela apparaît
à première vue -sont beaucoup plus avancés dans le domaine
de ce qu'on pourrait appeler le travail organisé pas au niveau d'une
unité de production d'une usine, d'un employeur, d'un travailleur mais
beaucoup plus en fonction des parties patronale et syndicale. C'est
l'état des travaux qu'on possède.
L'autre choix que je vous mentionnais, c'est au niveau des travailleurs
et des employeurs. Il semble qu'on soit à court d'études
présentement et cette optique, que ce soit une optique de cogestion, que
ce soit une optique de participation aux profits, il me semble qu'elle soit
vide. Par ce qu'on peut observer, ce qui coule volontairement ou
involontairement d'un ministère, à la suite de la réponse
que vous venez de nous donner, il semble qu'on n'ait absolument aucune
donnée et qu'il y aura certainement une orientation à prendre.
Comment le ministère peut-il prendre une orientation ou une autre ou une
combinaison d'orientations sans disposer de ces données de base
essentielles? (15 h 30)
Dans les cas de Forano que vous avez mentionnés, lorsqu'on est
à la recherche de solutions, j'imagine qu'on aurait dû observer de
très près les résultats que cela donne sur le
côté pratique au cas où ce serait la solution. Mais de ce
côté-là, au niveau de la boîte de production, la
boîte économique comme telle, il ne semble pas y avoir
grand-chose. On parle en haut des grands segments patronal ou syndical. On dit
qu'on a pas mal d'études, on a même des avant-projets de loi, on a
toutes sortes de choses. Lorsqu'on revient au niveau travailleurs-employeurs
comme tel, est-ce que cette option est abandonnée par le gouvernement?
Quel est l'état des travaux? Qu'est-ce que le gouvernement se propose de
faire?
M. Fréchette: Vous me parlez toujours en fonction de la
cogestion ou de la participation à l'entreprise. C'est cela?
M. Paradis: Lorsque le député de Prévost
parlait et on a eu des documents aussi là-dessus, lorsqu'on a
traité les entités comme étant l'entité patronale
au Québec et l'entité syndicale au niveau de la reconnaissance
des groupes, parce que ce sont des forces quand même, on a semblé
porter attention et faire des travaux, des études, des recherches,
même des avant-projets de loi. Lorsqu'on parle de systèmes de
production, les relations de travail sont importantes au niveau d'une
boîte - je peux prendre Forano comme exemple, je pourrais prendre IBM ou
Générale Électrique à Bromont - et ces
expériences ne semblent pas très suivies par le ministère
du Travail.
Avant d'aller dans une direction ou dans une autre, il me semble qu'il
faudrait, comme parlementaires, avoir sur la table les résultats en
termes de productivité et d'harmonisation des relations de travail des
deux concepts.
M. Fréchette: Si le député de
Brome-Missisquoi fait référence de façon précise
à des textes qui existeraient au moment où on se parle, à
des ouvrages ou à des résultats d'études à la suite
de la constatation de certaines expériences ou à la suite de
l'évaluation de certaines situations, je lui signalerai
qu'effectivement, quand on se réfère au volet
travailleurs-employeurs, nous n'avons pas en main actuellement les outils qui
nous seraient utiles pour arriver à faire l'évaluation
précise de la situation.
Par ailleurs, je reviendrai sur ce que je disais ce matin, ce n'est que
depuis tout récemment qu'on a pensé à apporter la
réflexion que méritent ce concept de la cogestion, ce concept de
la participation dans les profits et les autres concepts auxquels vous venez de
vous référer. C'est un peu à cause de cela qu'on n'a pas
en main la documentation que vous souhaiteriez qu'on ait et je suis tout
à fait d'accord avec vous.
M. Paradis: Si vous ne les avez pas, est-ce qu'il y a quand
même un suivi de la part du ministère concernant ces
expériences?
M. Fréchette: Oui. Si on me le permettait, je reviendrais
très brièvement sur un des aspects de mon intervention principale
de deuxième lecture d'hier. Lorsque j'ai parlé de la
médiation préventive, si un service qui existe depuis... Je
comprends que cela ne rejoint peut-être pas tout à fait...
M. Paradis: La question.
M. Fréchette: ... la préoccupation et la question
du député de Brome-Missisquoi, mais on peut rejoindre sa question
à certains égards. La médiation préventive qui est,
à titre expérimental, un service du ministère depuis 1979,
permet aux spécialistes des relations du travail affectés
à cette vocation ou cette juridiction de se rendre sur place pour
constater des situations pendant l'exercice d'une convention. Je pense que je
n'apprendrai rien à personne en disant et en répétant que
très souvent on arrive à l'expiration d'une convention, on
commence la négociation d'une nouvelle convention, et
déjà, avant que les parties autour de la table n'aient encore dit
un seul mot, l'atmosphère est sérieusement viciée à
cause de la méthode, de la façon dont on a vécu la
convention.
L'objectif principal de la médiation préventive est
évidemment d'essayer que la vie d'une convention collective se fasse
dans des conditions raisonnablement normales. Un exemple de cela: il n'est pas
rare de voir que dans une usine, par exemple, dans un département
donné, la simple relation humaine entre le contremaître de ce
département et les travailleurs qui sont sous sa juridiction n'existe
pas du tout parce qu'il y a des problèmes de comportement humain entre
deux individus.
La médiation préventive a justement comme objectif
d'essayer, dans la mesure où c'est possible, de régulariser ces
situations. En constatant le vécu d'une convention collective, on peut,
évidemment, par la même occasion - ce qui n'empêcherait pas
d'y aller de façon plus spécifique avec d'autres personnes -
faire les constatations ou les observations auxquelles vous vous
référez en termes de relations de travail,
travailleurs-employeurs. Mais qu'il soit nécessaire d'aller plus avant
dans l'expertise, j'en conviens sans aucune réserve. D'ailleurs, c'est
déjà commencé en termes patronal-syndical, de façon
plus générale, comme vous le disiez. Mais il est clair qu'il faut
aller jusqu'au bout de l'exercice et y aller dans le sens que vous le
suggérez.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Prévost.
M. Dean: M. le Président, je voudrais ajouter mes "deux
cennes" à cette discussion parce que cela m'intéresse
également au plus haut point. En ce qui regarde la première
question du député d'Outremont, au sujet des problèmes ou
des règles d'incorporation, de fiscalité, etc., je sais que
même si ce n'est peut-être pas nécessairement le rôle
du ministère du Travail, c'est un problème parce que les
expériences québécoises de cogestion ou de volonté
de cogestion, soit participation financière ou participation à la
gestion de l'entreprise, ont connu des problèmes et il
fallait imaginer bien des solutions pour détourner les
règles d'incorporation et de fiscalité qui touchent les
entreprises ordinaires. Donc, il y a sûrement quelque chose à
faire dans ce sens-là.
De plus, concernant l'autre question du député,
c'est-à-dire les éléments de la productivité, je ne
pense pas qu'il y ait encore de grandes études sur la
productivité comme telle, sauf que la question est intéressante
au point que l'une des meilleures sources possibles d'information,
là-dessus, ce serait General Motors. En Amérique du Nord, dans
160 usines, il y en a qui ont des formules assez avancées de
qualité de vie au travail, mais en reconnaissant l'existence patronale
et syndicale, où le choix est laissé à chaque usine -
donc, il y a des usines qui peuvent être comparées quant à
leur production, à leur engineering, etc. - d'avoir ou de ne pas avoir
des formules de qualité de vie au travail, de cogestion, de
participation aux décisions... Au moins, je m'engage à poser la
question à une personne-ressource. Et si jamais il y a des
données là-dessus, il me fera plaisir de les partager avec tout
le monde ici.
Mais ce n'est pas simplement la question de la productivité. 0e
souligne que, dans les usines où le travail du travailleur est
contrôlé par des machines, l'autre élément qu'on
peut juger, c'est la qualité du travail. En d'autres termes, à
machinerie égale, si le travailleur se sent partie prenante des
décisions, s'il sent qu'il participe aux discussions de tous les jours,
s'il se sent à sa place, reconnu, bien dans sa peau, dans son milieu de
travail, la qualité de son travail, même si la machinerie ne
diffère pas d'une usine à l'autre ou d'un bureau à
l'autre, peut varier de beaucoup.
Je pense que toute discussion devrait partir de là. Malgré
qu'il y ait des expériences très valables qui ont
été vécues dans plusieurs pays du monde, il ne faudrait
pas nécessairement tomber dans une espèce d'émerveillement
devant les Japonais, par exemple. On a des expériences au Québec
qui sont très intéressantes. Mais notre réalité
nord-américaine - c'est un peu à cause des attitudes patronales
traditionnelles - c'est qu'on ne voulait pas que les travailleurs participent.
Donc, au Québec comme en Amérique du Nord, l'expérience de
participation financière ou à la gestion est arrivée
justement dans des situations de faillite ou presque, de fermeture
d'entreprises. Au Québec, on a Tembec, Pylonex et un tas d'autres. On a
Chrysler et on en a bien d'autres. Aux États-Unis, il y a plus de 1000
expériences de participation des travailleurs, malgré que ce soit
un pays qui se dit très capitaliste et on ne peut plus
réfractaire à de telles idées.
Un autre écueil - je vais m'arrêter là-dessus -
d'après l'expérience du monde, là où il y a
concertation, ce n'est pas simplement sur les relations de travail, mais cela
touche l'élément de participation et de vie de travail de tous
les jours. Les pays qui ont peut-être le plus réussi ces
expériences sont ceux où les travailleurs sont hautement
syndiqués. Il n'y a pas un conflit entre le fait syndical et le fait des
formules de gestion, de cogestion, de participation, etc. Au fond, le
rôle du syndicaliste se transforme dans cette situation. Au lieu
d'être un rôle simplement défensif, de confrontation et de
revendication, de donner le moins pour le plus, cela peut devenir aussi un
rôle de participation positive dans l'évolution de l'entreprise et
de la société, par rebondissement.
M. Paradis: J'aurais peut-être une dernière remarque
très brève sur cet article. De façon à avoir un
éclairage plus complet de l'ensemble du problème, on a eu une
expérience en Amérique du Nord, au Québec, et c'est dans
mon comté, mais je n'ai pas les résultats. Même si je sens
qu'il y a un climat assez exceptionnel de qualité de vie au travail - le
député de Shefford, s'il était ici, pourrait en
témoigner car il y a des gens de son comté qui y travaillent
j'aimerais avoir une espèce de bilan, fait par le ministère du
Travail, sur le parc industriel de Bromont, juste un portrait, un focus de ce
que cela donne au niveau des conditions de vie des travailleurs, au niveau de
la productivité, au niveau du taux de satisfaction autant de l'employeur
que du travailleur. Il y a trois entreprises. C'est de la grande entreprise,
par exemple; cela ne pourrait pas s'appliquer sans discernement à la
PME. Vous avez IBM, Mitel et Générale Électrique, qui en
est à ses débuts. L'atmosphère de travail, dans ce parc
industriel, semble très agréable. Y aurait-il possibilité
d'avoir, à partir de ce nucléus -c'est exceptionnel, je pense que
cela n'existe pas ailleurs au Québec, ce nucléus - une
idée de ce que cela rapporte en termes de satisfaction du travailleur,
en termes de concertation entre employeur et travailleur et en termes de
productivité pour l'économie québécoise?
M. Fréchette: Je comprends que c'est une commande que vous
faites.
M. Paradis: C'est une suggestion, si une commission parlementaire
est tenue sur ce sujet et si on veut regarder l'ensemble de la
problématique, c'est une expérience qui implique quelques
milliers de travailleurs. Ce n'est pas importé d'ailleurs, c'est au
Québec que cela se passe.
M. Fréchette: C'est noté, M. le
Président.
M. Paradis: Merci.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Avant de
soumettre à l'adoption l'article 13, il y aurait un amendement que je
vous lis: Le premier et le troisième alinéa de l'article 13 de
cette loi sont modifiés par le remplacement des mots "relations de
travail" par les mots "relations du travail". L'amendement est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet):
L'amendement est adopté. L'article 13 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 13, adopté.
Article 14. J'ai un amendement à vous soumettre à l'article 14,
c'est l'équivalent de l'article 13: Remplacer les mots "relations de
travail" par les mots "relations du travail". Adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet):
L'amendement à l'article 14 est adopté.
M. Paradis: À l'article 14, j'ai une question.
Le Président (M. Brouillet):
L'amendement est adopté?
M. Paradis: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Brouillet): Discussion sur l'article.
M. Paradis: L'introduction à l'article 14 se lit comme
suit: Le ministre peut - je souligne le mot "peut" - notamment faire effectuer
des études et recherches qu'il juge nécessaires sur les relations
de travail entre employeurs et salariés ainsi que sur les conditions de
travail des salariés. En ce qui concerne les mêmes
phénomènes, au niveau du ministre de la Main-d'Oeuvre, ce dernier
doit le faire. Pourquoi a-t-on apporté cette distinction? On retrouve le
mot "doit" à l'article 47.
M. Fréchette: Je vous signale qu'à l'article 47,
lorsqu'on lit "le ministre doit notamment" et qu'on lit le reste, on
réalise que ce sont finalement les objectifs du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. En d'autres mots,
c'est la vocation de ce ministère qui doit être
réalisée par les moyens contenus à partir du
sous-paragraphe 1 jusqu'au sous-paragraphe 7. En d'autres mots, si ces choses
ne deviennent pas une réalité, à un moment donné,
le ministère de la Main-d'Oeuvre n'accomplit pas son mandat.
Dans le cas du ministère du Travail, si on lit les articles, les
sous-paragraphes 1 et 2 de l'article 14, on se rend compte que ce n'est pas
spécifiquement dans la vocation du ministère du Travail, mais
c'est un instrument dont il peut se servir pour arriver à
réaliser ses objectifs dans le sens de voir ses relations harmonieuses
de relations de travail. Les objectifs ne sont pas les mêmes. (15 h
45)
M. Paradis: Vous me permettrez cette remarque. Si vous comparez
les paragraphes 1 et 2 de l'article 14, aux paragraphes 6 et 7 de l'article 47,
cela semble étrangement parent. Dans les articles 46 et 47, le
paragraphe 6 dit: "Le ministre doit faire effectuer les études et
recherches qu'il juge nécessaires à la suite des activités
du ministère." Dans le cas de l'article 14, on dit: "Le ministre peut
faire effectuer les études et recherches qu'il juge nécessaires
sur les relations de travail entre employeurs et salariés ainsi que sur
les conditions de travail des salariés." Maintenant, si on compare 7
à 2: l'article 47.7 dit: "Le ministre doit compiler, analyser et publier
les renseignements disponibles relatifs à l'emploi, à la
sécurité du revenu aux conditions minimales de travail ainsi
qu'aux activités de son ministère et des organismes qui en
relèvent." Dans le cas de l'article 14.2: "Le ministre peut compiler,
analyser et publier les renseignements disponibles relatifs aux conditions de
travail, aux grèves, aux lock-out, aux conventions collectives et aux
décrets."
Je ne sais pas, mais il me semble que cela se compare étrangement
et que, lorsqu'on crée une obligation à un ministre, je sais que
peut-être avec le présent titulaire, le simple pouvoir suffirait,
mais on ne peut pas toujours se fier à d'aussi bonnes volontés.
Si, au niveau de la législation, on en faisait une obligation, on
s'assurerait, en tant que parlementaires des deux côtés de la
Chambre, que... Donc, il n'y aurait pas d'objection si l'Opposition proposait
un amendement.
M. Fréchette: M. le Président, si c'est pour
bonifier la loi, il n'y a pas là d'objection de fond à ce
qu'effectivement l'on puisse changer le terme "peut" par le terme "doit".
D'autant plus que, dans la pratique quotidienne, cela ne change effectivement
pas grand-chose. Le centre de recherche est déjà là. Il
fait déjà ce genre de chose et les études qui sortent du
centre de recherche sont à la disposition de toutes les parties qui
veulent en avoir. Or, effectivement, dans la pratique, cela ne changerait pas
grand-chose. Nous n'aurons pas d'objection, M. le Président, à
amender de façon à lire: "Le ministre doit", plutôt
que peut, à l'article 14.
Le Président (M. Brouillet):
L'amendement qui consiste à remplacer "peut" par "doit" dans la
première ligne de l'article 14 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Maintenant,
est-ce que l'article 14 tel qu'amendé est adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 14 est
adopté. Article 15.
M. Paradis: Peut-être un commentaire. Au niveau de la
médiation préventive depuis 1979, on s'aperçoit - cela
fait un peu suite à l'exposé que le ministre nous a livré,
il y a quelques minutes; il nous avait livré, hier, dans son
intervention en deuxième lecture -que le mécanisme de la
médiation devient de plus en plus un mécanisme qui retrouve une
application pratique dans le champ, etc. Cela se faisait sans base
légale. Cela se faisait de bonne foi, de la stricte prévention.
Est-ce que le ministre juge suffisant, à la suite de l'expérience
vécue, la base pseudo légale qu'il lui donne
présentement?
M. Fréchette: Écoutez, il est clair que la
médiation préventive depuis qu'elle est là, soit depuis
1979, a été un exercice qui a toujours été fait
avec l'accord des deux parties en cause. Depuis 1979, nous l'avons fait sur une
base strictement expérimentale avec, comme je vous le signale, l'accord
des parties. Des expériences ont été vécues dans au
moins 50 entreprises où l'on est allé, à la demande des
parties très souvent ou alors à la suite d'une offre que les
spécialistes du ministère pouvaient faire. On est allé
voir sur place ce qui pouvait créer des embêtements au niveau de
la vie de la convention collective. Ces 50 expériences ont
été révélatrices à bien des égards
dans le sens que, d'une part, elles ont réussi à faire
disparaître les difficultés d'exercice de la convention et
deuxièmement, objectif ultime, me semble-t-il, ces enquêtes de
médiation préventive ont également permis, comment
l'exprimer? de bien disposer les parties lorsqu'elles s'engagent à
négocier une nouvelle convention collective, à les disposer pour
qu'elles le fassent dans une atmosphère correcte.
À partir de l'expérience, M. le Président, sans
qu'il soit nécessaire de donner un fondement juridique à ce
service, sans qu'il soit nécessaire de l'encadrer, de le baliser, ce que
nous avons maintenant l'intention de faire, c'est, à partir des
expériences vécues bien sûr, de le faire connaître
davantage et d'informer les intervenants du monde du travail, la
clientèle spécifique du ministère, que le service est
maintenant là pour y rester, d'une part, et que toutes les parties qui
veulent faire appel aux services qui peuvent être dispensés par la
médiation préventive n'ont qu'à communiquer avec nous. Je
pense qu'en vertu des dispositions des articles 15 et 16 du projet de loi qui
est devant nous, le ministre n'a pas besoin d'un autre encadrement juridique
que celui-là pour déclencher le processus de la médiation
préventive, mais toujours, et c'est fort important, avec le consentement
des parties.
Le Président (M. Brouillet): L'article 15 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
16.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 16 est
adopté. Article 17.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 17 est
adopté. Article 18.
M. Paradis: Adopté.
Dispositions transitoires et finales
Le Président (M. Brouillet): L'article 18 est
adopté. Article 19.
M. Paradis: Adopté.
Loi sur les ministères
Le Président (M. Brouillet): L'article 19 est
adopté. Article 20.
M. Paradis: Article 20? Un instant!
M. Fréchette: Si vous le souhaitez, je peux vous en donner
brièvement l'explication.
M. Paradis: Je vais poser la question et l'explication va
peut-être être plus précise.
M. Fréchette: Oui, d'accord.
M. Paradis: Vous en donnerez d'autres également, si vous
le voulez.
M. Fréchette: Oui.
M. Paradis: Lorsqu'on a créé, en 1981, le
ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, on n'a pas
touché à cet article. Pourquoi?
M. Fréchette: J'ai l'impression que c'est par une simple
erreur, un oubli ou une omission.
M. Paradis: D'accord.
M. Fréchette: Effectivement, c'est à la suite d'une
demande qui nous a été faite qu'on l'a introduit dans cette loi.
C'est strictement cela.
Loi sur l'aide juridique
Le Président (M. Brouillet): L'article 20 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 20 est
adopté. Article 21.
Loi sur le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'uvre
M. Paradis: L'article 21 traite du Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre. Quel est le rôle que le ministre veut
réserver à l'avenir à ce conseil consultatif?
M. Fréchette: M. le Président, la première
préoccupation qui m'ait effleuré l'esprit après le 9
septembre a été, précisément, de me
préoccuper de la vocation de ce conseil consultatif du travail, en
termes plus précis de son fonctionnement: quel était son mandat,
quelle était sa juridiction et quelle était sa vocation. C'est
avec cette préoccupation que je suis allé rencontrer les membres
du conseil consultatif, M. le Président, à une réunion
qu'ils tenaient à Montréal au mois de septembre, plus
précisément, dans le but, d'une part, de nous connaître
davantage, ceux qui étaient là et celui qui vous parle, et dans
le but aussi d'écouter les membres du conseil consultatif quant à
leurs attentes vis-à-vis du nouveau ministre. Comme son appellation
l'indique, il s'agit d'un organisme consultatif à qui, par essence
même, on doit référer, me semble-t-il, toutes les
décisions soit en termes de lois ou en termes d'administration qui
peuvent avoir, pour autant que le ministère du Travail est
concerné, des répercussions sur l'ensemble des relations de
travail. Alors, de quelle façon voir le rôle du Conseil
consultatif du travail? C'est dans le sens que je viens de le dire, M. le
Président, lui soumettre, pour avis, toute éventuelle
décision dont les effets pourraient être de modifier ce qui existe
déjà en termes de relations de travail. Je donne un exemple de
ce...
M. Paradis: La loi 72.
M. Fréchette: Non, mais pour la loi 72, la consultation a
été beaucoup plus vaste que celle qui aurait pu se faire au
Conseil consultatif du travail. Je vous donne un exemple: il est évident
que nous n'allons pas soumettre des amendements au Code du travail, sans
demander à cette table-là de se pencher sur les politiques que
nous voulons voir changées et nous n'allons pas non plus procéder
à quoi que ce soit, avant que ces gens ne nous aient formulé leur
avis.
M. Paradis: Est-ce que, dans le cas de la négociation
sectorielle où il y a même un avant-projet de loi qui
traîne, le conseil a déjà formulé un avis?
M. Fréchette: Non, parce que, en réalité,
officiellement en tout cas, le dossier ne lui a pas été
soumis.
M. Paradis: On voit à cet article que le conseil,
malgré la scission des deux ministères qu'effectue le
présent projet de loi, lui, aura quand même à
répondre à deux ministres et à chapeauter ce
bicéphale, finalement; il va avoir à donner des avis à
deux ministres. Ne croyez-vous pas que, dans le cas du conseil, cela va causer
des complications de fonctionnement? Dans son rapport annuel de 1979-1980, le
conseil mentionnait - je cite à partir du rapport -"Pour que le conseil
soit vraiment en mesure de remplir efficacement son rôle, il faudra, dans
un proche avenir, réviser les moyens qui sont mis à sa
disposition, à savoir son budget et son autonomie de fonctionnement, le
personnel dont dispose sa permanence, les échéanciers qui lui
sont accordés pour effectuer ses études et soumettre des avis et
recommandations." L'article 2 nous dit: "Le conseil doit donner son avis au
ministre du Travail et au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu sur toute question que l'un ou l'autre lui
soumet relativement aux sujets qui relèvent de sa compétence."
Est-ce que cette situation juridique qu'on est en train de créer pour le
conseil ne risque pas de nuire à son bon fonctionnement?
M. Fréchette: Pour ce qui est du processus et du
fonctionnement du conseil, je vous signale que ce qui est écrit dans la
loi ne change absolument rien, en termes de fonctionnement, par rapport
à ce que le conseil faisait auparavant.
M. Paradis: Est-ce que c'est à la demande du conseil que
cela a été fait?
M. Fréchette: J'arrive à cela aussi. Auparavant, le
Conseil consultatif de la main-d'oeuvre pouvait donner des avis, tant
sur une politique de relations du travail que sur une politique de
main-d'oeuvre. Il va continuer de le faire, bien sûr, mais je vous dirai
que, dans ce cas-ci - on parlait de la consultation ou des avis du conseil
tantôt -le projet de loi qu'on a sous les yeux a été soumis
au Conseil consultatif du travail. Il a eu l'occasion d'en examiner le contenu,
il a eu aussi l'occasion de voir les modifications qui étaient
apportées au conseil. L'avis qu'on a eu à cet égard,
c'était que cela ne présentait pas de problème de
fonctionnement et qu'on pouvait y aller comme cela. Par ailleurs, en addenda
à l'avis qui se rapportait strictement à la loi, on a
réitéré ce que le député de Brome-Missisquoi
vient de lire, enfin, une plus grande autonomie, possiblement, un budget
additionnel, du personnel additionnel. On a réitéré cette
demande. Mais, en autant que les changements qu'on retrouve dans la loi sont
concernés, le conseil a pu en prendre connaissance et ne nous a pas
donné de contre-indication quant au texte actuel.
M. Paradis: Vous me permettrez quand même d'émettre
certaines inquiétudes. Lorsque vous avez un patron qui passe des
commandes, soit par le travail, soit par la main-d'oeuvre, soit pour la
sécurité du revenu, ce patron est à même de
décider des échéanciers, de la priorité, etc.
Lorsque vous vous retrouvez avec deux patrons, c'est urgent pour les deux
patrons, les délais peuvent être les mêmes, etc. Qui va
décider lequel des deux patrons a priorité dans le fonctionnement
pratique? (16 heures)
Maintenant, à la suite des demandes qui ont été
ajoutées en annexe par le conseil consultatif, quelle suite le ministre
entend-il leur donner?
M. Fréchette: M. le Président, quand le
ministère du Travail naîtra, il faudra voir
précisément quelle suite donner à cette requête. Je
vous signale que par rapport à la situation qui existait avant, il n'y a
absolument rien, encore une fois, de changé. Le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, sur le plan strict de l'administration, va
continuer de relever du ministère du Travail. Ce qui change
essentiellement, c'est la nomination des membres du conseil: ils seront
nommés à la suite d'une recommandation faite au Conseil
exécutif par les deux ministres. Finalement, ce qui change
également, c'est qu'au lieu de n'y retrouver qu'un seul sous-ministre
qui siège à titre de membre intervenant et non votant, il y en
aura deux: il y aura le sous-ministre du Travail et le sous-ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Ce sont les seuls
changements que la présente loi apporte au fonctionnement du conseil, et
encore, je le répète, le conseil lui-même n'a pas
manifesté de contre-indication ou fait de propositions autres que celles
qu'on retrouve dans la loi.
Le Président (M. Brouillet): L'article 21 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
22?
M. Paradis: Cela va.
Le Président (M. Brouillet): Adopté? Article 22
adopté. Article 23?
M. Paradis: C'est la nomination conjointe dont le ministre nous a
parlé tantôt.
Le Président (M. Brouillet): Article 23,
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 23 adopté.
Article 24?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 24 adopté.
Article 25?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 25 adopté.
Article 26?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 26 adopté.
Article 27?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 27 adopté.
Article 28?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 28 adopté.
Article 29?
M. Paradis: Adopté.
Loi sur le Conseil du statut de la femme
Le Président (M. Brouillet): Article 29 adopté.
Article 30?
Loi sur les décrets de convention
collective
M. Paradis: L'article 30 se lit comme suit: Le ministre peut
nommer, après consultation du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, la Commission des normes du travail pour agir
en qualité d'administrateur dans ce cas. On parlait de la Loi sur les
décrets de convention collective. De l'avis du ministre du Travail,
cette consultation ne risque-t-elle pas de ralentir ou d'alourdir tout le
processus? Avant cela, il n'y avait pas de consultation. Maintenant, on se
retrouve avec une consultation avant de nommer. Cela ne risque-t-il pas
d'alourdir ou de ralentir le processus? De quel type de consultation s'agit-il?
Appels téléphoniques? Mémos?
M. Fréchette: M. le Président, il n'est pas facile
d'évaluer, avant même qu'on ait procédé à
l'exercice de la procédure qui est prévue, s'il y a risque ou pas
que cela puisse allonger les délais. Je ne suis pas en mesure de vous
dire ni oui ni non, au moment où on se parle. Il me paraît clair,
par ailleurs, que le principe de la consultation auquel on se
réfère doit être ce qu'il y a de plus simple finalement en
termes de consultation. Je serais même disposé à souscrire
à ce que le député de Brome-Missisquoi vient de dire. Ce
peut être une simple consultation téléphonique, quitte
à la confirmer par la suite mais il est évident qu'on ne va pas
aller compliquer des choses pour le plaisir de les compliquer.
M. Paradis: Est-ce que, en pratique, il y a eu plusieurs cas
où la Commission des normes du travail a été nommée
administrateur au cours de la dernière année?
M. Fréchette: M. Morissette n'est pas là mais
l'information qu'on me donne est que cela ne serait pas arrivé. Il n'y
aurait pas eu de cas semblables.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Paradis: Oui. Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 30 est
adopté.
L'article 31.
Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées
M. Paradis: L'article 31 traite de l'article 7 de la Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées. Au deuxième
alinéa, on stipule: "... par le remplacement, dans les sixième et
septième lignes, des mots "le directeur général du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports" par les mots
"le sous-ministre des Communications". Je dois vous avouer que cela est un peu
nébuleux. Je m'en confesse.
M. Fréchette: Je vous avoue bien honnêtement, M. le
Président, qu'avant de prendre les informations, j'étais un petit
peu dans la même situation, le même état d'esprit que le
député de Brome-Missisquoi.
D'une part, le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et
aux sports n'existe plus. Ne serait-ce que cela, c'est déjà une
très bonne raison pour qu'on ne retrouve plus ces termes.
Deuxièmement, c'est à la demande de l'Office des
handicapés que cette responsabilité est confiée au
sous-ministre des Communications. Parce qu'effectivement, il s'agit de leur
rendre faciles les moyens de communication: téléphone et toutes
autres choses du genre. C'est à leur propre demande que cette
responsabilité ou juridiction, encore une fois, est
déférée au sous-ministre des Communications.
M. Paradis: De rendre plus accessibles ces communications...
M. Fréchette: Ces moyens de communication.
M. Paradis: ... c'était traditionnelement le rôle du
directeur général au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports?
M. Fréchette: II n'y a effectivement pas de lien entre les
deux, mais cela devient peut-être plus rationnel que ce soient des
spécialistes de la communication qui s'occupent de choses de ce
genre-là.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 31 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 31 adopté.
Article 32. M. le député de Laurier.
Loi sur la formation et la
qualification professionnelles
de la main-d'oeuvre
M. Sirros: Si on regarde le troisième paragraphe de
l'article 32 et qu'on revient regarder ce qu'étaient les paragraphes e,
k, 1, m, on constate qu'il y a une série de directions
générales de la main-d'oeuvre qui sautent, qui disparaissent.
C'est le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu qui est touché maintenant.
M. Fréchette: C'est essentiellement, il ne faudrait pas
croire que ce sont des services qui sont disparus, de la concordance pour ne
plus parler de directions qui n'existent plus, à la suite de la fusion
des bureaux régionaux d'aide sociale avec ceux de la main-d'oeuvre.
Effectivement, les choses qui n'existent plus sont... On ne parle plus d'un
centre de main-d'oeuvre au bureau de la Direction générale de la
main-d'oeuvre; le directeur général, le fonctionnaire du
ministère de Travail et de la Main-d'Oeuvre, cela n'existe plus non
plus. Directeur régional, fonctionnaire du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, cela n'existe
plus. Les fonctions comme telles - je veux dire rattachées à une
personne - n'existent plus. Les services qui étaient donnés par
ces personnes continuent de l'être dans la fusion qui a été
réalisée à l'intérieur du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Sirros: Je comprends cela et c'est cela, le but de la
question. Finalement, on fait disparaître la direction
générale, c'est-à-dire que les deux directions sont
fusionnées dans une direction directement rattachée au
ministère.
M. Fréchette: ... de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. C'est cela.
M. Sirros: L'aide sociale, finalement c'est le gros de l'affaire
et la main-d'oeuvre. Donc, elles sont jumelées et directement
liées au ministère.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Sirros: II me semble qu'il y a des fonctions ou des services
assez différents.
M. Férchette: Évidemment, si on pense à la
vocation qu'ils avaient l'un et l'autre avant la fusion - il y avait d'une
part, strictement de la main-d'oeuvre et d'autre part, strictement de l'aide
sociale ou de la sécurité du revenu - il est évident
qu'à la suite de la fusion lorsqu'on ramène les deux services
dans un seul, ces services ne pourront pas être de même nature en
termes d'exercice quotidien de la fonction ou de la vocation. Cela ne modifiera
pas et surtout, cela n'atténuera pas les services auxquels ces deux
clientèles avaient droit. Essentiellement, le même monde reste
là aussi. Ce n'est que de l'appellation, de l'identification de
personnel qui est changée. Les individus n'ont pas été
changés.
M. Paradis: Est-ce que cela a une répercussion salariale
chez ces gens qui étaient - pour prendre un cas - directeur
général?
M. Fréchette: Aucune répercussion salariale.
M. Paradis: Aucune répercussion. Strictement sur le
prestige du titre.
M. Fréchette: Enfin, vous pouvez bien interpréter
cela, comme cela mais en termes de répercussion salariale, il n'y en a
aucune.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 32 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 32,
adopté.
Article 33.
M. Fréchette: On me dit que c'est une stricte concordance
à la suite de la disparition du directeur général.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 33 est
adopté? Article 33, adopté. Article 34.
M. Sirros: La date de dépôt?
M. Fréchette: Ce sont strictement des objectifs de
fiscalité, le terme de l'année fiscale et de l'année
financière pour les ajuster avec...
En fait, c'est pour ajuster les années budgétaires et
fiscales de l'organisme à ce qui existe comme procédure ou comme
processus au gouvernement même.
M. Sirros: D'accord. Le fait que vous passiez d'un
ministère à l'autre, d'un régime à l'autre
nécessitera des dispositions transitoires. Est-ce que vous en avez
prévu?
M. Fréchette: Parlez-vous en termes strictement
budgétaires?
M. Sirros: Oui, par rapport aux dates et aux estimations
budgétaires. Cela rallongera ou raccourcira l'année. Cela
nécessitera certaines dispositions transitoires pour faire les
concordances nécessaires. Est-ce que vous en avez prévu?
M. Fréchette: Oui. Il faudrait que j'essaie d'être
le plus clair possible. Il n'y a pas effectivement, dans ces deux textes de
loi, les articles 34 et 35, de dispositions transitoires comme telles en termes
d'argent, de budget, de masse monétaire. Ce ne sont que des dispositions
dont l'objectif est de modifier, d'une part, l'année budgétaire
et, d'autre part, l'année fiscale de l'organisme pour les ajuster
à ce qui existe effectivement dans tous les autres organismes du
gouvernement. (16 h 15)
M. Paradis: Lorsqu'on change une année budgétaire
comme cela, cela prend quand même certaines dispositions transitoires. Si
vous reportez au 30 avril les estimations financières d'une compagnie
qui se terminent au 31 janvier, cela ne peut plus être les mêmes
chiffres.
M. Fréchette: Je pense que le député de
Brome-Missisquoi n'aurait pas d'objection à ce qu'un de mes conseillers
puisse clarifier la situation. Me Crevier. Au niveau de l'application, les
ajustements sont déjà faits et je crois savoir que pour la
dernière année financière, c'était de mars à
mars.
M. Paradis: D'accord.
M. Fréchette: Pour cette raison, on n'a pas besoin
strictement de prévoir des dispositions transitoires...
M. Paradis: Autrement dit...
M. Fréchette: ... pour prévoir une année
financière, par exemple, de quinze mois.
M. Paradis: En pratique, on l'a fait avant l'adoption de la loi
pour ce qui est de l'année financière.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Paradis: On l'a administrativement appliqué avant.
M. Fréchette: Oui, avant de l'inscrire dans la loi.
M. Polak: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Quand on crée un nouveau ministère et
que, par exemple, les opérations financières se terminent le 31
mars 1983, est-ce que le nouveau ministère a l'intention de faire une
demande pour des sommes additionnelles d'ici le 31 mars? Si oui, combien? Tout
de même, vous avez probablement quelques dépenses additionnelles
qui n'existaient pas auparavant. D'ailleurs, la loi l'a prévu parce que
vous parlez de faire une demande au fonds consolidé.
M. Fréchette: Si le député de Sainte-Anne
avait été ici ce matin, il aurait eu réponse à la
question qu'il vient de nous poser parce que c'est là-dessus que la
conversation s'est engagée ce matin. Le député de
Brome-Missisquoi a été fort vigilant et il a effectivement fait
le tour...
M. Polak: ... la réponse, lui?
M. Fréchette: Je ne le sais pas. Il faudrait le lui
demander.
M. Paradis: C'est que le ministre s'est engagé à
nous fournir des précisions cet après-midi.
M. Polak: Ah bon!
M. Fréchette: C'est cela. Dans la loi elle-même, le
député de Sainte-Anne va trouver la réponse à sa
question. D'une part, il est clairement indiqué dans la loi que les
sommes d'argent nécessaires au fonctionnement, à la bonne marche
du ministère du Travail, seront détachées du budget global
du ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Il y a une prévision dans la loi qui
dit que si cela n'était pas suffisant, le ministère pourra aller
puiser au fonds consolidé du revenu. Au moment où on se parle, il
n'y a aucune espèce d'indication ou de prévision, à
l'effet qu'il sera nécessaire d'aller puiser au fonds consolidé
du revenu à même les crédits qui nous sont
déjà consacrés par la loi, d'une part, et qui existaient
déjà au ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Polak: La raison pour laquelle je pose la question maintenant
- on sait que cela peut prendre un peu de temps pour avoir le renseignement -
c'est parce que, demain, mon bureau de comté va être occupé
par des assistés sociaux. Le saviez-vous?
Des voix: Ah!
M. Polak: Une cinquantaine d'entre eux vont venir
présenter leurs demandes et ils aimeraient bien le savoir. Est-ce que je
peux leur donner la réponse que cela ne coûtera pas un cent de
plus que si on avait un ministre sous deux chapeaux comme auparavant? Ou est-ce
que je ferais mieux d'être un peu plus prudent de dire: Peut-être
que j'aurai de mauvaises nouvelles, je ne le sais pas? Je veux leur donner une
réponse honnête.
M. Fréchette: Le député de Sainte-Anne voit
toujours beaucoup de gens, souvent, M. le Président, toutes les fins de
semaine.
M. Polak: Je suis un bon député. Même que,
cet après-midi, deux péquistes m'ont demandé
comment...
M. Fréchette: Encore?
M. Polak: ... transférer leur carte de membre au Parti
libéral. Ils ne savent pas comment le faire. Ils ne veulent pas perdre
le bénéfice de quelques mois de cotisation
chez vous.
M. Fréchette: II vous reste juste votre...
M. Polak: On va trouver une solution.
M. Lafrenière: Ils pourraient le demander à
Lavallée.
M. Polak: Non, ce n'est pas Lavallée. Des voix: Ah!
Ah! Ah!
Une voix: Qu'est-ce que tu fais ici, toi?
Une voix: C'est le Dr Lavallée qui...
M. Fréchette: Vous n'avez de mission spéciale pour
personne.
M. Polak: Ce sont de simples travailleurs.
M. Fréchette: Vous n'avez pas vu "Philippe Buster", non
plus, dernièrement?
M. Polak: Non, pas du tout. Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Fréchette: Je pense être assez réaliste en
disant au député de Sainte-Anne qu'il pourra rassurer les gens
qu'il verra, qu'ils soient péquistes ou d'autres allégeances
politiques, sur le fait que toutes choses étant normales, toute
prévision étant normale, il n'y a pas de coûts additionnels
à la scission qui se fait au ministère.
M. Paradis: Pendant qu'on discute de cette question, le
député de Sainte-Anne a demandé des précisions que
vous deviez nous apporter cet après-midi.
M. Fréchette: Bon. Oui, je veux bien apporter ces
précisions, je les ai devant moi. Je partirai d'une situation globale,
par rapport à ce qui existait avant le remaniement du 9 septembre,
globalement, pour en venir à la situation actuelle. Avant le 9
septembre, le Conseil exécutif était composé de 28
ministres y incluant le premier ministre. Après le 9 septembre, il y a
eu réduction de 28 à 27 ministres. Je signalerai également
que l'ensemble des masses salariales des cabinets a été
réduit de 750 000 $, toujours à partir des mêmes dates. Ces
seuls chiffres nous amènent, bien sûr, à la conclusion que
partout il y a eu une diminution. C'est la proportion de ce qui a
été fait un peu partout.
Une voix: On n'est pas d'accord.
M. Fréchette: Non? Vous n'êtes pas d'accord?
M. Paradis: On ne peut pas dire que partout il y a eu une
diminution. Si vos chiffres sont exacts, on peut dire que l'ensemble
dénote une diminution.
Maintenant, au niveau du ministère du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, si on prend ce qui
existait avant le 9 septembre - je pense que votre réponse, en ce qui
concerne le fonctionnement du ministère de la Fonction publique comme
tel, est qu'il n'y a pas d'augmentation causée par la division - ma
question plus précise porte au niveau du cabinet. On avait un ministre,
un sous-ministre, des sous-ministres associés, des adjoints politiques,
des attachés de presse, etc. Avant le 9 septembre, au niveau de ce
ministère, quelle était l'enveloppe couvrant le cabinet?
M. Fréchette: 700 000 $.
M. Paradis: Et quelle est maintenant l'enveloppe couvrant le
cabinet de chacun des deux nouveaux ministères?
M. Fréchette: 472 000 $ chacun.
M. Paradis: Chacun? C'est égal, c'est en proportion?
M. Fréchette: C'est cela.
M. Paradis: Cela va, ce qui fait à peu près 250 000
$ de différence.
M. Fréchette: À peu près. M. Polak:
Excusez-moi?
M. Paradis: Pour vos gens, M. le député de
Sainte-Anne, c'est 250 000 $.
M. Polak: D'accord. Si j'ai bien compris la réponse du
ministre, il avait commencé sa réponse sur le plan global,
comprenant tous les ministères. Si j'ai bien compris, il a dit: On a
épargné de l'argent. Mais si on prend les ministères de
manière individuelle, il y a plus de ministères qui continuent
d'exister. Avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, il y a une augmentation. En d'autres termes,
l'argent qu'on donne de plus à vous et à votre collègue,
cela vient d'un autre secteur où on a coupé.
M. Fréchette: C'est possible. Il y a deux autres choses
que je voudrais ajouter à la suite des remarques du député
de Sainte-Anne. Je le dis, mais il ne serait peut-être pas
nécessaire de le faire. On est très certainement fort conscient
de cette
situation. Quand je me réfère à un montant de 472
000 $, je voudrais bien que l'on retienne que je réfère à
une masse salariale. Personne d'entre nous, pas plus moi que d'autres, ne va
vous dire que ce sera totalement dépensé. C'est la masse
salariale qui est mise à la disposition du cabinet politique, mais on
peut bien arriver au 31 mars avec des crédits périmés, ce
qui arrive effectivement très souvent.
L'autre aspect de la question qu'il ne faut pas négliger non
plus, il est, me semble-t-il, important et pertinent, c'est de retenir qu'il y
a eu ces 750 000 $ sur la masse globale de tous les ministères, qui ont
été retirés, qui sont en moins par rapport à ce qui
existait déjà. Que cela ait augmenté au ministère
du Travail, c'est peut-être parce qu'on a besoin de cela pour bien
fonctionner et donner les services qu'on doit donner. Sous les deux aspects
dont je viens de vous parler, il faudrait peut-êre compléter la
réponse faite à vos interlocuteurs, à vos visiteurs,
à vos amis.
M. Paradis: M. le ministre, brièvement, pour
préciser quelque chose, dans votre réponse, vous avez
parlé strictement d'une masse salariale. Cela veut dire que les
locations de bureau et ces choses-là ne sont pas incluses dans ces
chiffres.
M. Fréchette: Les locations de bureaux relèvent
strictement du ministre des Travaux publics.
M. Paradis: Les autres services, comme la voiture, le chauffeur,
relèvent-ils du bureau du premier ministre ou du ministre de la
Justice?
M. Fréchette: C'est le service de sécurité,
cela relève du ministère de la Justice.
M. Paradis: Justice.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Roberval, vous avez 20 minutes.
M. Gauthier: M. le Président, je vous remercie de me
donner 20 minutes, mais c'est juste une très courte précision
pour m'assurer que j'ai bien compris et pour le bénéfice des gens
qui iront visiter le député de Sainte-Anne. Je pense que vous
nous avez donné deux informations importantes. La première avait
trait à la grande qualité de gestion du gouvernement qui nous a
permis de diminuer de 750 000 $ la masse monétaire disponible qui
était normalement exigée pour le fonctionnement des
ministères. Je pense que c'est louable et que c'est dans cet esprit que
nos amis d'en face ont toujours voulu qu'on administre. Je pense bien que c'est
là tout à votre honneur et tout à l'honneur du
gouvernement.
La deuxième chose que je voudrais expliquer - et c'est
là-dessus que je voudrais apporter une précision
particulière - au député de Sainte-Anne c'est que la
répartition des masses monétaires à l'intérieur
d'une masse globale fait foi des priorités. À cet égard,
je voudrais, M. le Président, préciser et expliquer,
compléter les arguments du ministre. Puisque notre gouvernement
s'était donné le souci de créer de très nombreux et
de très populaires programmes de création d'emplois, il
était devenu évident que la responsabilité du ministre...
Les relations de travail étant un problème
particulièrement chaud au Québec, il était devenu
évident qu'il fallait que le gouvernement accepte de transférer
certaines sommes au ministère de la création d'emplois,
finalement, et au ministère qui régit les relations de travail.
Cela permettra, je l'espère, d'éclairer complètement la
lanterne du député de Sainte-Anne et il pourra donner une
information complète à ses assistés sociaux demain.
M. Polak: Question additionnelle. J'ai toujours vu aux
engagements financiers que, chaque fois qu'il y a un changement de ministre ou
que de temps en temps quelqu'un qui était ministre ne l'est plus, on
voit un aménagement de local complet. Cela me fait peur un peu. Vous
étiez déjà ministre et j'imagine que vous êtes
devenu un ministre plus important parce que là, vous êtes ministre
du Travail. Est-ce que cela veut dire que votre bureau va être
augmenté au point de vue des pieds carrés, des nouveaux tapis,
toute la patente? Est-ce qu'on va dire: Écoutez, vous êtes
ministre, tout ce qu'on fait, on change la plaque et c'est tout?
M. Fréchette: Même pas la plaque, si cela peut vous
intéresser parce que sur la plaque, c'est indiqué
député de Sherbrooke. Même la plaque n'est pas
changée. Dites cela à vos gens.
M. Polak: Je peux tenir pour acquis aussi que vous êtes
tout de même devenu un ministre qu'on peut qualifier de "senior". Cela ne
veut pas dire que dans trois mois, aux engagements financiers, on trouvera
encore ce fameux nouveau bail, ce renouvellement, avec un peu d'embellissement
des lieux, etc. D'ailleurs, M. Bérubé, c'était une
exception; lui, il n'avait aucune dépense additionnelle dans son bureau.
Je l'ai félicité et j'espère que vous allez suivre son
exemple.
M. Fréchette: M. le Président, j'invite le
député de Sainte-Anne, avec la minutie habituelle qu'il a,
à suivre de très près l'évolution du dossier des
engagements financiers. Il verra que dans mon bureau de
comté, il n'y a pas un iota de changé, ni même la
plaque. Je me fais voler souvent mon drapeau par exemple. Peut-être que
vous allez voir dans les engagements financiers qu'on est obligé
d'acheter un drapeau parce qu'on se l'est fait voler. À part cela, il
n'y a pas de changement.
M. Polak: Et le bureau à Québec, cela change?
Là, il y a une plaque, sans doute.
M. Fréchette: On change d'édifice.
M. Polak: On change d'édifice, mais le bureau, qu'est-ce
qui arrive là, parce qu'il est occupé par un ministre?
M. Fréchette: Est-ce qu'on est ici aux engagements
financiers?
M. Polak: On parle de dépenses additionnelles
causées par la création ou la scission d'un ministère. Je
me demande, par exemple, à Québec, ce qu'on va faire. Il y avait
un bureau pour un ministre. Maintenant, est-ce que vous allez chercher un local
à vous ou si vous prendrez le local d'un autre? Je ne sais pas.
M. Fréchette: M. le Président, je vais lancer une
invitation au député de Sainte-Anne pour venir visiter les
nouveaux bureaux.
M. Polak: Est-ce qu'il y a un cocktail d'ouverture,
peut-être?
M. Fréchette: Non.
M. Polak: C'est avant Noël. (16 h 30)
M. Fréchette: Je vous signale que les tapis rouges sont un
peu usés, mais on est capable de vous bien recevoir. M. le
Président, je suis même disposé à aller un peu plus
loin, si le député de Sainte-Anne le souhaite. Nous sommes
installés dans des locaux qui étaient déjà
disponibles, qui étaient déjà sous location au
gouvernement; nous n'avons fait aucun changement intérieur par rapport
à ce qui était déjà là, si vous voulez
parler de tapisserie, de tapis, de peinture, de dentelle, de rideaux, rien de
tout cela n'a été changé. Vous n'allez pas me faire le
reproche de l'avoir un petit peu rafraîchi par la voie d'un lavage,
voyez-vous, mais, à part cela, rien n'a été changé,
ni non plus loué puisque c'était déjà sous bail de
location par le ministère des Travaux publics.
M. Polak: Ah bon! Je vous remercie pour votre attitude.
M. Champagne: M. le Président, comme responsable et chef
de groupe des engagements financiers, je suis justement avec mon
collègue responsable de l'Opposition des engagements financiers, le
député de Sainte-Anne, qui a remplacé - je ne veux pas
dire avantageusement - le député de Brome-Missisquoi à
cette commission. Mais depuis qu'il y a du sang nouveau...
M. Polak: ... de petites promotions.
M. Champagne: ... je peux dire que cela se déroule dans
l'harmonie et très rapidement et que le cas du ministre du Travail
viendra sur le tapis, tapis rouge ou tapis bleu, je prendrai certainement
information des réponses aux questions et je vous ferai un rapport, M.
le ministre.
M. Fréchette: Parfait, merci.
Le Président (M. Brouillet): L'article 34,
adopté?
M. Paradis: Sur division
M. Polak: ... j'ai fait carrière très
longtemps.
Le Président (M. Brouillet): L'article 34, adopté.
L'article 35, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'article 36,
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 36,
adopté.
L'article 37, adopté.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 37 est
adopté. L'article 38, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 38,
adopté.
L'article 39, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 39,
adopté.
L'article 40, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 40,
adopté.
L'article 41, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 41,
adopté.
L'article 42, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Loi sur le ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur
Le Président (M. Brouillet): L'article 42,
adopté.
L'article 43, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 43,
adopté.
L'article 44, adopté?
M. Paradis: Adopté.
Loi sur le ministère du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
Le Président (M. Brouillet): L'article 44,
adopté.
L'article 45, adopté?
M. Paradis: La remarque, cela intéresserait sans doute
davantage le nouveau ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu que l'actuel ministre du Travail, étant
donné le libellé. J'ai eu l'occasion de siéger pendant
deux ans à la commission des engagements financiers. Lorsqu'on parle de
protection de l'emploi, j'ai été à même de constater
que les programmes du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, et spécifiquement les programmes de la la SDI
(Société de développement industriel du Québec) ne
retiennent pas, comme critères d'octrois de subventions de la part du
gouvernement, le maintien d'emploi ou la création d'emploi; ce qui nous
intéresse le plus particulièrement, dans ce cas-ci, c'est le
maintien d'emploi. Est-ce qu'il y a des échanges entre les divers
ministères lorsqu'on est responsable de la sécurité du
revenu et qu'on pense que c'est par le travail que c'est le mieux
sécurisé? Je pense que le député de
Mille-Îles pourrait confirmer, il était là
également. Les réponses qu'on a toujours eues étaient que
le critère ou de la création ou du maintien de l'emploi
n'était pas un des critères reconnus. On nous disait, dans
certains cas, que cela créait ou que cela devenait de l'emploi, mais
qu'on pouvait l'enlever, c'était strictement à titre indicatif.
Ce n'est pas cela qui faisait qu'une compagnie, une association ou un
groupement obtenait une subvention. Cela a toujours intéressé au
plus haut point le député de Sainte-Anne qui, à chaque
fois, revient sur cet élément.
M. Polak: ...
M. Paradis: Est-ce que, dans les nouvelles fonctions, on va
s'intéresser à avoir une certaine juxtaposition ou
complémentarité des tâches et des fonctions à ce
niveau?
M. Dean: Si vous me permettez, je vais essayer de suppléer
le mieux possible dans ce cas. Je sais que les normes et les critères de
subvention de la SDI ou du MIC sont normalement reliés à des
conditions de la nature de l'entreprise ou de la nature de la transaction qui
occasionne un besoin de soutien financier. Je dois dire, dans mon
expérience personnelle, dans quelques cas que j'ai vus, entre autres
critères, qu'une subvention du MIC ou de la SDI a été
accordée, et où une des conditions était, dans tel cas, le
maintien de X emplois ou la création de, mais c'était un
critère ou une condition, entre autres. Il ne faut pas oublier le
programme PECEC qui va rester à la Main-d'Oeuvre et à la
Sécurité du revenu. Là où le critère est la
création d'emploi, il y a seulement deux critères dans ce
programme, un minimum de deux emplois permanents et la rentabilité
après deux ans d'activité. Donc, le PECEC est srictement un
programme voué à la création d'emploi et là dans le
sens d'emploi permanent.
M. Paradis: Dans le contexte économique actuel au
Québec, je pense que cela fait au moins un an et demi qu'on l'a. On a eu
l'occasion de le porter à l'attention du président du Conseil du
trésor, on a eu l'occasion, à l'Assemblée nationale, de le
porter à l'attention du ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme. Je pense que tout ce que l'on fait présentement, c'est qu'on
profite de cette commission parlementaire pour le porter à l'attention
de ceux qui seront chargés de travailler dans le domaine du Travail, de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Il nous
apparaît que la coordination pourrait jouir de plus d'efficacité
à ce niveau.
M. Fréchette: M. le Président, l'intervention du
député de Brome-Missisquoi est tout a fait à point et tout
à fait pertinente. D'autant plus, comme il le dit, que, depuis un an et
demi sinon deux ans, le problème est fréquemment soulevé,
il est fréquemment soumis à l'attention des autorités
compétentes. Il est clair qu'il nous faut prendre acte de la nouvelle
demande qu'il nous formule. Il est également clair que nous allons faire
les représentations qui s'imposent vis-à-vis qui de droit.
Le Président (M. Brouillet): L'article 45
est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 45 est
adopté.
L'article 46 est-il adopté? M. le député de
Laurier.
M. Sirros: À l'article 46, je crois qu'on aurait
peut-être pu aborder toute la question des politiques de main-d'oeuvre.
Je pourrai le faire à un autre moment avec le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Fréchette: Oui.
M. le Président, j'étais bien conscient des
difficultés que cela pouvait présenter et je connais aussi
l'intérêt du député de Laurier pour ces questions.
Vous allez comprendre, par ailleurs, que je me sentirais un petit peu mal
à l'aise d'entreprendre la conversation et la discussion avec vous
à cet égard précisément. Je risquerais d'abord de
vous donner des informations qui pourraient ne pas être tout à
fait conformes à la réalité et à la
légalité des choses. Si le député de Laurier me dit
qu'il est disposé à profiter d'une autre occasion pour aborder ce
genre de questions je l'apprécierais. À moins que le
député de Prévost, qui a été à
l'intérieur du ministère pendant un bon moment, puisse
répondre à l'une ou l'autre de vos questions.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Prévost.
M. Dean: M. le Président, disons que la bonne
volonté est là. Si, en l'absence de techniciens du nouveau
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
il y a des questions où je pourrais aider à répondre, je
suis bien prêt. Ceci dit, je voudrais souligner une facette de cette
scission qui a été un peu sous-estimée par rapport
à la valorisation qu'on a donnée à vouloir favoriser des
relations de travail harmonieuses, c'est que dorénavant on a un
ministère qui se consacre exclusivement à toutes les questions de
main-d'oeuvre, de formation de recyclage, de formation professionnelle de
recyclage, ce qui n'était pas le cas autrefois. Comme j'ai dit hier,
d'une façon très non politique que je veux réitérer
le constat, après treize ans de fonctionnement d'un ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre où, à travers les années,
quel que soit le ministre, quel que soit le gouvernement, la fonction
main-d'oeuvre a été vraiment mise de côté par
rapport à la fonction relations de travail.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Sirros: ... je pense qu'effectivement, en tout et partout,
cela serait peut-être plus utile de faire le débat ailleurs.
J'aimerais profiter du temps de cette ouverture, en tout cas, pour remettre
quelque chose que j'avais amené sur le tapis, hier, en deuxième
lecture. Quand on parle de préciser et de proposer au gouvernement des
politiques et mesures en matière de main-d'oeuvre, d'emploi, de
sécurité de revenu et de conditions minimales de travail, il me
semble - et je le répète encore - qu'un élément qui
est absent dans la constitution du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, parce qu'il s'agit finalement d'une
constitution parce qu'on a scindé les deux, c'est
l'élément immigration. Sur cela, je pourrais émettre
quelques commentaires par rapport au choix qu'a fait le gouvernement si
c'était un choix et pas simplement un oubli, de laisser de
côté cet aspect quand on parle de préciser une politique de
main-d'oeuvre. Je ne sais pas si vous voulez vous avancer dans cela.
M. Fréchette: M. le Président, je vous
réitère qu'à partir de l'expression d'opinion du
député de Laurier qui nous dit très honnêtement: Je
peux profiter d'une autre tribune pour amorcer le débat plus en
profondeur, quant à moi je le souhaiterais pour les motifs que je viens
de mentionner il y a un instant.
C'est clair que la situation qui se présente actuellement n'est
pas l'idéal.
M. Sirros: En tout cas, à la suite des paroles du
député de Prévost, est-ce que, d'une part - posons la
question plus clairement - cela a été une décision
consciente de laisser de côté l'élément immigration
- je ne sais pas si le député de Prévost est en mesure de
répondre - ou si c'est une chose qui...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Prévost, si vous voulez répondre dans la mesure de ce que vous
pouvez dire.
M. Dean: À ma connaissance et sans nécessairement
pouvoir contrôler les dernières décisions qui
n'étaient pas les miennes, je sais que, parmi les hypothèses
évaluées, il y avait la possibilité de mettre
l'immigration avec la main-d'oeuvre; c'était parmi les combinaisons
étudiées, mais je crois que la réponse du
député de...
M. Fréchette: Taschereau.
M. Dean: ... Tachereau, hier, la représentait tout de
même une volonté sur laquelle n'importe qui est libre de ne pas
être d'accord. Cette volonté était, en
quelque sorte, de voir les problèmes de la situation des
immigrants et des immigrantes, non pas strictement en ce qui a trait aux
emplois, mais aussi d'avoir un ministère de l'Immigration qui voit les
problèmes des nouveaux Québécois et des nouvelles
Québécoises de même que les problèmes qui
dépassent de beaucoup les simples questions du travail et, par le fait
même, sans les nommer, de les intégrer à tout programme de
formation ou de politique de main-d'oeuvre comme des Québécois
à part entière. Cela était parmi les critères qui
ont été discutés à un moment donné et une
décision a été prise.
M. Sirros: M. le Président, je veux simplement faire part
de mon désaccord face à cette conception. Je pense qu'il y a
plusieurs aspects qui ont manqué. C'est réduire trop facilement
à vouloir faire en sorte que en mettant ici... L'argumentation qui a
été donnée, hier, disant que si on le met ici, là,
à ce moment, on les traite uniquement comme des gens qu'on fait venir
ici pour qu'ils travaillent etc., je pense que c'est trop simple. J'en
profiterai peut-être, à un autre moment donné, pour ramener
ce débat.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Deux points, on se rend compte - cela n'est pas
strictement pour les besoins de cette commission, c'est pour notre travail
législatif - que lorsqu'un projet de loi affecte substantiellement deux
ou trois ministères, il y aurait peut-être lieu, en ce qui
concerne notre structure parlementaire, de réfléchir aux
conséquences que cela nous apporte; là on s'en tire
peut-être assez facilement d'un côté comme de l'autre, mais
si l'on voulait aller plus en profondeur, cela serait un processus de
réflexion au niveau de la formation, au niveau parlementaire qu'il
faudrait entreprendre. C'est une expérience qui pourrait nous
éviter des accrocs à l'avenir, qu'on se retrouve d'un
côté ou de l'autre de la table; c'est le premier point. (16 h
45)
Le deuxième point, sans vouloir relancer le débat de
deuxième lecture, ce qui m'a frappé c'est que j'ai lu les
discours des parlementaires de votre formation politique, M. le ministre, au
moment de la fusion du ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu il y a peine quinze mois. Aujourd'hui,
quinze mois plus tard, c'est un tout autre son de cloche. Finalement c'est un
dialogue, c'est une conversation, c'est une argumentation totalement à
l'opposé. Le député de Prévost nous a
mentionné qu'à la fin de quatorze ans, etc., il y avait des
choses à revoir, que le travail prenait plus d'importance, qu'à
un moment donné on pourrait être porté à
négliger plus d'autres secteurs. Que s'est-il passé dans ces
quinze mois finalement? Est-ce qu'il y a eu beaucoup plus de grèves, de
lock-outs, de conflits qu'à l'accoutumée au Québec, dans
les quinze derniers mois qu'on n'en avait connu dans les treize ans qui avaient
précédé la fusion? Je ne veux pas tout relancer, je me
pose simplement la question, qu'est-ce qui fait que la même formation
politique - je me réfère surtout à celui qui l'avait
exprimé le plus clairement, l'ancien député de
Saint-Jacques, le leader du gouvernement à l'époque - avait une
argumentation où se tenait une philosophie politique en arrière
de tout cela. Mais qu'est-il arrivé pendant ces quinze mois?
M. Dean: M. le Président, je pense que la fusion ou le
fait d'avoir greffé il y a quinze mois la sécurité du
revenu et surtout l'aide sociale à la main-d'oeuvre, c'était pour
fusionner un ministère qui existait déjà et qui s'appelait
Travail et Main-d'Oeuvre. Le mariage s'est fait dans le sens de la relation que
je pense que le député de Brome-Missisquoi lui-même a
soulignée dans son débat en deuxième lecture et
peut-être d'une façon avec laquelle je ne suis pas
entièrement d'accord. Mais on va mettre de côté la relation
intime entre la sécurité du revenu et la main-d'oeuvre, dans le
sens du travail, dans le sens d'avoir un emploi, et le fait qu'on ait deux
réseaux, un réseau où une personne qui est assistée
sociale qui va chercher un chèque et, après cela, si elle est
intéressée au travail ou si l'on pense qu'elle devrait être
intéressée à travailler et qu'on pourrait l'aider à
intégrer le marché du travail, il y a un autre réseau qui
la réfère à un autre bureau qui s'appelle la main-d'oeuvre
et où on cherche à lui trouver un emploi. On a jugé bon de
greffer ces deux choses au même ministère dans le but
d'intégrer beaucoup plus intimement la fonction de soutien financier
à défaut d'emploi, et la possibilité d'aider activement
cette personne à trouver un emploi.
M. Paradis: On a cela au fédéral aussi...
M. Dean: Peut-être, je ne le sais pas. Effectivement, cela
donne lieu à une fusion même physique des deux réseaux, une
fusion, soit dit en passant, je ne voulais pas prolonger le débat
tantôt, qui doit sûrement apporter quelques économies
quelque part, parce qu'il y a un certain nombre de bureaux qui se fusionnent,
il y a des fonctions qui deviennent plus polyvalentes. Ainsi, au lieu que
l'agent d'aide sociale soit à telle rue ou à telle adresse et que
l'agent de placement soit à telle autre rue ou telle autre adresse, ils
vont être au moins dans la même boutique. Je crois
qu'éventuellement on
souhaiterait que même leurs fonctions professionnelles deviennent
polyvalentes et interchangeables. Le greffage d'il y a quinze mois était
dans ce sens. Cela n'avait pas nécessairement de rapport avec la
fonction ou l'ampleur de la fonction des relations de travail, des conditions
minimales de travail, ce qui était l'autre partie du
ministère.
Cette fusion a donc été faite. Je crois que
l'hypothèse de la possibilité que cette fusion ait
été faite en tenant compte de l'hypothèse de la
possibilité à cette époque d'une éventuelle
scission qui ferait un ministère de Travail qui favoriserait des
relations de travail harmonieuses avec un ministère de la Main-d'Oeuvre
qui s'occuperait surtout de programmes d'emplois et de tout ce qui vise
à créer et à maintenir les emplois et même à
mettre au travail, dans le sens de l'emploi, les bénéficiaires du
soutien du revenu.
M. Paradis: Je n'ai pas retrouvé ce que vous me dites.
S'il y avait des signaux ou s'il y avait même des intentions de scission
dans un avenir plus ou moins lointain, je ne l'ai pas retrouvé dans le
discours politique de l'époque. Au contraire, ce que j'ai
retrouvé dans le discours politique - et j'ai lu tout ce qui
s'était dit sur cela - c'est qu'on faisait cela dans le but de dire que
la meilleure sécurité du revenu c'était le travail, un peu
comme vous me l'avez expliqué, en fusionnant, la bivalence et tout cela.
Il n'y avait pas de signaux d'intentions politiques et de dire: Plus tard, on
défusionnera. Cela me semblait être un message, un "package deal"
en disant: Le gouvernement croit que la meilleure sécurité du
revenu c'est le travail.
M. Dean: M. le Président, tout le monde est d'accord que
la meilleure sécurité du revenu est le travail. D'autant plus
qu'on devrait regarder la sécurité du revenu dans le sens d'aide
ou de soutien financier aux non-travailleurs simplement comme une
dernière possibilité, un dernier recours après toute autre
tentative possible de mettre le monde dans un travail productif,
intéressant et utile. Quand même, l'expérience aussi, ce
n'étaient pas juste ceux qui étaient impliqués dans le
travail depuis quinze mois. Je pense que plusieurs observateurs ont
constaté que, tenant compte de la situation et du grand nombre de
personnes impliqués, des budgets énormes, des grands
problèmes dans les deux domaines, celui de mettre le monde au travail
dans un emploi et celui des relations de travail, c'était un travail
colossal en termes d'ampleur du travail, tant pour les fonctionnaires que pour
les hommes politiques impliqués.
M. Paradis: Comme observateur, comme député aussi,
de cette scène, s'il y a quelque chose qui a changé au cours des
quinze derniers mois et si l'on essaie de mettre le doigt sur cela, à un
moment donné on se dit: II y a quelque chose qui a changé et
c'est en ce qui trait à la perte d'emploi; les statistiques, de mois en
mois, sont devenues de plus en plus dramatiques. Ces personnes ayant perdu leur
emploi dans les quinze derniers mois se sont retrouvées pour une
période de douze mois, généralement parlant, sauf
exception, sur l'assurance-chômage finalement; ces gens ne se sont pas
retrouvés sur l'aide sociale, où les programmes de
sécurité du revenu s'appliquent généralement. Donc,
il y a quinze mois on était en mesure, à moins que l'on ne me
convainque du contraire, d'analyser et de faire tout cela à ce moment,
si c'était l'objectif du gouvernement. Je ne peux pas réussir
à mettre le doigt sur un changement dans le champ, qu'on appelle, qui
justifie cela. C'est peut-être ma dernière intervention avant la
troisième lecture.
M. Dean: Je reviens encore à la question que ce n'est pas
la philosophie, c'est l'expérience vécue. Dans d'autres pays ou
dans d'autres unités politiques à travers le monde -
peut-être qu'on peut parler moins des États-Unis, moins du Canada
et du Québec - il y a esprit d'abord de laisser faire, dans le sens
qu'en ce qui concerne le développement économique ou la
création d'emploi on fait des efforts, mais on laisse cela un peu au
hasard aussi. Tandis qu'il y a d'autres pays de l'Ouest occidental qui se sont
donné comme priorité nationale, si vous voulez, la
création et le soutien d'emploi qui entraînent le
développement industriel quasiment par le fait même. Je parle
simplement comme intervenant dans le milieu qui, depuis treize ans, attendait
beaucoup de développement en termes de formation professionnelle. Comme
j'ai dit hier, je me rappelle la loi no 69. Après que la Loi sur la
formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre eut
été adoptée, on a sorti deux ou trois schémas
d'apprentissage pour les métiers de la construction. Cela était
fait, c'était facile parce que déjà avant la loi il y
avait la formation dans la construction. Après cela, j'ai vu un projet
de règlement sur la formation de mécanicien d'automobile; j'ai
été impliqué parce que je représentais des
mécaniciens de camion. On suggérait des changements à
cette époque, et là je parle de 1969-1970. Le règlement
sur ce seul métier est retourné pour reconsidération et on
ne l'a jamais eu jusqu'à ce jour, à travers trois partis
politiques et trois gouvernements différents. Très peu a
été fait dans ce contexte. Je ne suis même pas en mesure de
dire pourquoi mais cela ne s'est pas fait, dans le domaine de la formation, du
recyclage, de vraiment consacrer des énergies à une politique
cohérente, ou qui se veut cohérente, de
création et de soutien d'emploi; pour une politique d'emploi dans
le vrai sens du mot, il s'est fait très peu à travers les
années. Je ne veux pas dire le blâme qu'on peut attribuer à
tous ces ministres qui s'occupaient de ces deux fonctions, mais c'est un fait.
Il y avait beaucoup plus d'actions, beaucoup plus d'initiatives, beaucoup plus
d'innovation et d'efforts soutenus pour assurer les relations de travail dans
ce sens pour les fonctions de main-d'oeuvre dans le sens global du mot avec
toutes ses implications. Sans partisanerie, je crois que l'expérience de
treize ans comme représentant des gens, comme engagé dans le
milieu, je vois avec beaucoup... Si, dans trois ans ou quatre ans, cette
création du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, avec les sept fonctions
énumérées, ne donne pas des résultats substantiels
en ce qui regarde les lacunes que je déplore depuis treize ans, je
dirai: On a peut-être manqué notre coup. Mais il me semble que
cela me promet beaucoup plus que me promettait la loi no 69, en 1968 ou 1969,
en termes de consécration d'énergies et de priorités sur
les questions de création d'emploi et de formation, de recyclage de
main-d'oeuvre, etc.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: J'ai d'abord une petite question et j'aimerais faire
un autre commentaire après. En parlant, tout à l'heure, de la
fusion des bureaux d'aide sociale et des bureaux de la main-d'oeuvre, est-ce
que cette fusion est complétée sur le champ partout?
M. Fréchette: Pas tout à fait, physiquement
parlant. Il y a encore certains endroits où les activités ne sont
pas complètement réalisées. Mais, je pense que, dans la
majorité des cas, c'est...
M. Dean: ... les baux, les questions d'expiration de baux et tout
cela. Mais la fusion en ce qui concerne l'administration sur le plan local et
les directions générales locales sont faites. Je pense qu'en ce
qui a trait au personnel, cela se fait, mais il y a toujours des questions de
baux, de terminaison de baux à compléter. Cela va continuer dans
les prochains mois.
M. Sirros: D'accord. Pour revenir à un autre genre de
choses... Tout à l'heure, en parlant des politiques de formation, de
main-d'oeuvre, du plein emploi, qu'on voit ici, etc., un des choses qui m'a
frappé, hier, je soulève cela et peut-être que cela rejoint
un peu ce que le député de Brome-Missisquoi disait tout à
l'heure, que lorsqu'on étudie un projet de loi qui touche effectivement
deux ministères d'une façon assez substantielle, j'aurais
souhaité, de toute façon, entendre, hier, le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, il n'est
malheureusement pas intervenu dans le débat alors, je ne sais pas quand
on pourra avoir certains éclaircissements quant aux intentions de ce
ministère en termes de ces politiques et d'échancier global.
Encore une fois, je ne sais si c'est le bon endroit pour soulever cette
question, parce que je comprends le partage des responsabilités qui est
différent, mais je n'ai pas pu m'empêcher de soulever cette
question. Je pense que cela aurait été logique et utile pour
éclaircir la situation.
M. Fréchette: C'est effectivement le bon endroit pour la
soulever. Dans cette même veine, à partir de la première
intervention du député de Brome-Missisquoi, je pense qu'il y a un
précédent qui va se créer à l'occasion de
l'étude de la loi du ministre de la Justice qu'on est convenu d'appeler
la loi omnibus. Je crois qu'il y a eu une entente entre les deux formations
politiques selon laquelle, lorsqu'en commission parlementaire, on
procédera à l'étude d'un article du projet du loi qui
concerne, disons, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, il
devra être là pour défendre cette question si c'est
contentieux, bien sûr. À cet égard, je suis tout à
fait d'accord avec la proposition et les remarques faites par nos
collègues de l'Opposition.
Le Président (M. BrouiUet): L'article 46 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. BrouiUet): L'article 46 est
adopté.
L'article 47.
M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, à l'article 47, paragraphe 2: "Le ministre
doit notamment promouvoir l'emploi de toute la main-d'oeuvre disponible au
Québec." Là, je peux voir un conflit parce que, vous, nouveau
ministre du Travail, aurez, par exemple, l'OCQ, qui relève de vous.
L'autre ici: doit promouvoir l'emploi de toute la main-d'oeuvre disponible au
Québec. Je peux facilement prévoir - j'en ai parlé hier -
par exemple le cas des jeunes qui ne trouvent pas d'emploi dans la construction
simplement parce que, en vertu des règlements de l'OCQ - je ne veux pas
qu'il y ait un débat pour savoir si c'est justifié ou non, mais
la règle est établie d'une telle manière que c'est presque
impossible d'y entrer. Là, l'ancien ministre va faire tout son possible
pour promouvoir l'emploi de toute la main-d'oeuvre. Il va dire au ministre du
Travail: Voici, ce jeune, je crois qu'il va mettre de
la pression sur l'OCQ pour changer les règlements. Moi, pour
remplir ma tâche, c'est mon devoir de vous le dire, je ne suis pas
d'accord avec la politique qui existe dans les autres services dont
relève l'OCQ. On a déjà un conflit possible entre les deux
ministères. Auparavant, on n'avait pas ce problème-là,
parce que c'est le même ministre qui avait l'OCQ. Donc, il n'était
pas pour se chicaner avec lui-même. Est-ce que cette possibilité
de conflit, chacun remplissant son mandat, est réelle? J'ai pris cela
comme exemple. (17 heures)
M. Fréchette: M. le Président, j'ai vu le
député de Brome-Missisquoi sourire du coin de la bouche parce que
le sujet qu'est en train d'aborder le député de Sainte-Anne a
fait l'objet d'un long débat vendredi dernier.
M. Polak: Je n'étais pas ici.
M. Fréchette: Bien, voyez-vous! Vous êtes trop
souvent avec vos électeurs. Il va vous arriver des choses.
M. Polak: Mais je ne suis pas invité aux bonnes
commissions, savez-vous. C'est difficile.
M. Fréchette: Alors, on a consacré deux heures et
demie à débattre, effectivement, de la pertinence, d'un
côté de la Chambre, et de la non-pertinence, de l'autre
côté, du règlement de placement qui existe actuellement.
Évidemment, si le député le souhaite, nous pourrions
recommencer la discussion de vendredi dernier, sauf qu'avant de convenir d'un
semblable processus, si le député s'imposait la tâche de
lire les interventions de vendredi dernier, il pourrait voir pourquoi il est
là et pourquoi il ne devrait pas être là. Vous avez tout
cela dans le journal des Débats de vendredi dernier. Vous me signalez
que vous ne souhaitez pas...
M. Polak: Oui, mais c'est seulement vous qui étiez
là pour répondre.
M. Fréchette: Non.
M. Polak: Ce n'est pas le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui était là.
M. Fréchette: Pas vendredi matin, bien sûr que
non.
M. Polak: C'est ça. Moi, je parle de lui. En vertu du
paragraphe 2, il a le devoir de promouvoir l'emploi de toute la main-d'oeuvre
disponible. Et, il y en a de la main-d'oeuvre disponible au Québec,
parmi les jeunes surtout! Donc, il prend sa tâche, selon le texte de la
loi, et il va vous voir. Il va dire: Vous êtes maintenant ministre du
Travail. J'exige, pour remplir mon mandat, que vous mettiez de la pression sur
l'OCQ pour qu'il ouvre la porte plus largement, parce que ça me
plaît en vertu de mon mandat. Qu'est-ce que vous allez
répondre?
M. Fréchette: Je serais fort étonné, M. le
Président, que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu choisisse le moyen dont vient de parler le
député de Sainte-Anne pour...
M. Polak: C'est d'une manière polie.
M. Fréchette: ... promouvoir l'emploi. J'ai peur qu'on ne
s'enlise dans un terrain qui n'est pas le nôtre, me semble-t-il, mais je
suis obligé de dire au député de Sainte-Anne que le
règlement de placement dans l'industrie de la construction, il est
là précisément pour promouvoir l'emploi chez ceux qu'on
qualifie de vrais travailleurs de la construction. Ce n'est donc pas une
inquiétude qui me crée des embêtements pour le moment parce
que je suis sûr que ce n'est pas un des moyens qu'utilisera le ministre
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pour
réaliser le devoir -parce que c'est un devoir qui lui est fait par la
loi - de promouvoir l'emploi de toute la main-d'oeuvre disponible au
Québec.
M. Polak: C'est d'accord.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 47 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 47 est
adopté. Article 48.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 48 est
adopté. Est-ce que l'article 49 est adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 49 est
adopté. Article 50.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 50 est
adopté. Article 51.
M. Fréchette: L'article 51 était déjà
là. C'est de la simple concordance pour enlever le terme "ministre du
Travail"; c'est le pouvoir d'enquête.
M. Paradis: Est-ce qu'il y a des différences dans les
pouvoirs d'enquête?
L'article 51 dit que la section III de cette loi est remplacée
par la suivante: Section III, Des enquêtes. À la section III de la
loi actuelle - je les ai en parallèle - il y a certainement quelque
chose de changé.
M. Fréchette: C'est une reformulation du texte
lui-même, M. le Président. Je ne pense pas, à moins que le
député de Brome-Missisquoi me le signale, mais je ne pense pas
que dans les objectifs visés il y ait des changements de fond entre le
texte qui existait déjà - on peut voir le texte qui existait
déjà par rapport à celui qui est là. On va voir que
ce sont les mêmes objectifs qui sont visés, mais c'est seulement
la formulation...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: On peut aborder cette question d'une façon
concrète. J'en vois une qui, je pense, est un changement de fond qui
n'est mentionnée nulle part dans les trois articles des trois
paragraphes dans la nouvelle formulation concernant surtout la
confidentialité. Si on lit le paragraphe concernant la
confidentialité qui existe à l'heure actuelle: Aucune
réponse à une demande de renseignements faite en vertu de la
présente loi ne doit être publiée sans le consentement
préalable par écrit de l'intéressé, sauf pour les
fins d'une poursuite pour une infraction à la présente loi ou
à une autre loi que le ministère... On ne retrouve rien dans la
nouvelle formulation qui assure la condidentialité des informations
ramassées suite à une enquête...
M. Fréchette: M. le Président, il me semble que la
loi sur l'accessibilité à l'information couvre très
précisément le sujet que soulève le député
de Laurier et c'est aussi pour cela qu'on l'a extirpé du nouveau texte.
Parce que c'est couvert par une autre législation.
M. Sirros: Je ne me rappelle pas. Y a-t-il une date
d'entrée en vigueur spécifique pour le projet de loi no 65?
M. Fréchette: Oui. Il est déjà en vigueur
quant à plusieurs de ses articles, dont celui...
M. Sirros: Dont celui-là?
M. Fréchette: II me semble que oui. Je ne vous jurerai pas
cela avec la dernière des énergies, mais il y a certainement des
articles du projet de loi no 65 qui sont maintenant en vigueur et celui relatif
à la confidentialité des renseignements l'est, me semble-t-il, au
meilleur de mon information.
M. Polak: Je n'ai qu'une question là-dessus, M. le
Président. Je note que vous êtes devenu pas mal plus dur au point
de vue des amendes parce qu'auparavant, il y avait un maximum de 100 $ pour une
première infraction et pour un récidiviste...
M. Fréchette: Un minimum.
M. Polak: Non. Il était marqué: pour une amende
d'au plus 100 $. C'était l'ancien texte. Pour une première
infraction, c'était dans un maximum de 100 $. Là, vous commencez
avec un minimum de 200 $ aller jusqu'à 1000 $. Votre expérience
a-t-elle démontré que ce système qui existait était
trop doux vis-à-vis du contrevenant? Quand on lit le texte de l'article,
c'est assez large, quelqu'un qui vient sur place. Vous savez comment cela
marche. Avec tout le respect pour vos fonctionnaires, ils entrent quelque part
et disent: Je n'ai pas eu la coopération voulue, donc je mets une
accusation. Cela coûte déjà maintenant 200 $ minimum tandis
qu'auparavant on pouvait aller devant le tribunal et dire au juge: Cela ne
tient pas debout ce que ce gars a fait ce matin quand il est venu dans mon
établissement. Le juge dit: II y a une amende d'un maximum de 100 $, je
vous condamne à 25 $.
M. Fréchette: M. le Président, cela n'est
certainement pas avec ces dispositions que le fonds consolidé de la
province va s'enrichir. Il n'y a jamais eu de poursuite basée sur ces
articles. Il me semble donc que les effets dont parle le député
de Sainte-Anne ne se concrétiseront pas, ne se réaliseront pas.
Davantage, si la pénalité prévue par la loi est
augmentée, c'est encore une garantie additionnelle pour s'assurer que
les poursuites seront, ou bien tout à fait inexistantes, ou très
rares. Ensuite, là comme ailleurs, cela a été fait dans un
nombre considérable de lois depuis une couple d'années, les
amendes existaient depuis à peu près l'existence de la loi
elle-même et les rajustements ont été faits dans la plupart
des lois à cet égard, c'est-à-dire d'augmenter les minima
et les maxima prévus pour des infractions à la loi.
M. Polak: Oui, mais vous avez ici un minimum, une amende d'au
moins 200 $; donc, le juge n'a pas le choix. Peut-être qu'on peut obtenir
un amendement facilement, on peut l'appeler l'amendement de Sainte-Anne, je
préférerais dire, si vous voulez fixer un minimum, de 100 $.
C'est déjà beaucoup parce que même si vous n'avez pas eu
l'expérience, vous commencez à 200 $ et le juge n'a aucun choix.
Il doit aller de 200 $ à 1000 $.
M. Fréchette: Votre souhait est de remplacer...
M. Polak: C'est de...
M. Fréchette: ... 200 $ par 100 $.
M. Polak: Je n'aime pas l'idée d'un minimum, en principe,
parce que dans le texte auparavant, on avait une amende d'au plus de 100 $. Je
suis prêt à dire d'au plus 200 $ à cause de l'inflation, je
comprends ça. Mais je suis contre l'idée d'imposer une amende
minimale, et que le juge n'ait aucun choix, parce qu'il y a des cas où
celui qui a commis l'infraction s'explique et a de très bonnes raisons,
le juge dit: Excusez-moi, je n'ai pas le choix, je dois vous condammer à
200 $ plus les frais. Cela coûte cher au simple travailleur qui peut
être victime de ça. Je pense que ce n'est peut-être pas
voulu, mais que voulez-vous que le juge fasse?
M. Fréchette: M. le Président, je suis bien
disposé à entreprendre la discussion sur le quantum des amendes.
Je suis même disposé à convenir avec le
député de Sainte-Anne qu'en fixant un minimum, ça fait un
peu spécial. Je suis parfaitement d'accord avec lui. J'aimerais bien
qu'on lise cependant l'article 12. On y constatera que la personne
trouvée coupable de l'infraction qui lui est reprochée a commis
une infraction qui est sérieuse...
M. Polak: D'accord.
M. Fréchette: ... quand elle refuse "sans raison valable".
Je me retrouve devant une cour de justice, supposons-le, et c'est très
certainement un excellent moyen de défense que d'invoquer une raison
pour laquelle on refuserait de répondre à toutes les questions
qui peuvent légalement être posées. Dans ces conditions, le
contribuable qui invoquerait cette défense devant la cour va laisser
à la cour la discrétion de décider si sa raison
était valable ou non. En d'autres mots, l'infraction qui est là
en est une qui requiert la mens rea. Il faut que le contribuable ait presque
intentionnellement enfreint les dispositions de la loi quand on dit "sans
raison valable". L'autre aspect qui est fort important, M. le Président,
dans l'évaluation de l'amende, c'est le fait que, lorsque celui qui est
impliqué dans un processus comme celui-là refuse de
répondre sans raison valable aux questions qui lui sont posées,
il arrive que les autres contribuables ont payé pour lui des allocations
auxquelles il n'avait pas droit et qui ne pourront pas être
récupérées si ce n'est pas possible d'arriver à
faire la preuve que, sans raison valable, il a refusé de répondre
à des questions pertinentes. Alors, M. le Président, il me semble
que l'infraction, de part sa nature même, a un degré de
gravité très sérieux.
M. Paradis: M. le Président, pour revenir aux propos
utilisés par le ministre "laisser à la cour la
discrétion", ce qu'on indique, comme législateur, ce sont des
intentions. Lorsqu'on parlait autrefois d'au plus 100 $ pour une
première infraction, si, en vertu du degré d'appréciation
laissé au tribunal, le juge trouvait que c'était commis avec
toute la mens rea, qu'il n'y avait aucune justification, ce que le
législateur lui indiquait, c'était de le condamner à 100 $
plus les frais, etc. On tient compte d'un facteur d'inflation. Aujourd'hui on
dit: Ça fait longtemps que ces lois sont là. On est d'accord
là-dessus. Mais si, dans le degré d'excuse invoqué, le
juge ne trouve pas matière suffisante à l'acquitter mais a quand
même discrétion pour apprécier l'état, la condition
de la personne poursuivie, sa capacité de compréhension de
l'infraction commise, etc., je pense que c'est un élément
essentiel de notre système. Moi, le quantum, je n'aurais aucun
problème à l'augmenter, même si c'est une augmentation de
100% dans un cas, aucun problème, étant confiant dans
l'appréciation que le système judiciaire, que le juge en fera
dans son prononcé. Lorsqu'on fixe des minimums - vous avez eu l'occasion
de pratiquer le droit - à des juges, on voit malheureusement trop
souvent des juges dire: Je comprends votre condition mais je n'ai pas le choix,
le législateur m'oblige à vous condammer à 200 $. Sur
l'inflation, aucun problème, mais sur le principe du minimum, ça
cause des problèmes. (17 h 15)
M. Fréchette: M. le Président, c'est
peut-être par déformation, et à cause de ma pratique devant
les tribunaux que je suis sensibilisé à l'argumentation de mes
collègues de l'Opposition. Quant à moi, je serais disposé
à accepter la première solution dont a parlé le
député de Sainte-Anne, c'est-à-dire de remplacer le
minimum de 200 $ par 100 $. Je pense que cela serait le moyen terme entre ce
que suggère le député de Brome-Missisquoi et le
député de Sainte-Anne qui dit: Changez au moins ce minimum. On va
le diminuer de moitié; 100 $ au lieu de 200 $.
M. Paradis: Qu'on inclue le principe et cela sera tentant, la
prochaine fois, dans une...
M. Fréchette: Oui, mais, M. le Président,...
M. Paradis: ... révision de l'inflation de...
M. Fréchette: Moi, je veux bien qu'on soit le plus
libéral possible en termes d'amendes, sauf que je ne veux pas non plus
être "libéral". Par ailleurs, étant donné la
nature de l'offense reprochée au contribuable et la nature de
l'offense dont il pourra être reconnu coupable ou à laquelle il
plaidera coupable, il me semble qu'on peut y aller avec un minimum, quitte
à le ramener à 100 $, comme le suggérait le
député de Sainte-Anne. On a assez l'habitude des tribunaux, pour
ceux qui y sont allés régulièrement, pour savoir que
dès lors qu'un juge en viendrait à la conclusion qu'il y a un
doute sur la validité de la raison, je pense qu'on ne discutera pas
longtemps pour en arriver à la conclusion que ce sera un acquittement
pur et simple.
Quand un juge en arrivera à la conclusion que la raison n'est pas
valable, il va falloir que cela en soit une vraie. Je veux dire...
M. Polak: Disons que, quant à moi, je
préfère le principe...
M. Fréchette: Oui. Cela, je le sais bien.
M. Polak: Je n'aime pas l'idée, mais, dans mon pays, en
Hollande, on dit toujours: C'est mieux d'avoir un oiseau dans la main que dix
dans l'air. Donc, j'accepte les 100 $, quant à moi. Mais, je
préférerais avoir...
M. Fréchette: Je pense que tout le monde a fait preuve de
bonne volonté. Je serais disposé à changer le chiffre 200
par le chiffre 100.
Le Président (M. Brouillet): En faites-vous une
proposition d'amendement?
M. Fréchette: Oui, si cela peut régler le
problème au niveau de la procédure. Je peux le...
M. Paradis: Cela peut le régler en souhaitant de ne jamais
être témoin de quelqu'un qui n'a pas les moyens de payer les 100 $
et qu'il a à faire face à la situation et est obligé de
choisir une autre façon de purger sa peine.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce sur l'amendement? On
va d'abord régler le problème de l'amendement.
M. Sirros: Non.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'amendement consiste
à remplacer, à l'article 51...
M. Fréchette: Alinéa 3.
Le Président (M. Brouillet): ... On doit appeler cela un
paragraphe, oui 13, à la dernière ligne, on change 200 $ par 100
$.
M. Paradis: On vient de faire économiser 100 $.
Le Président (M. Brouillet): Cet amendement est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet):
L'amendement est adopté.
Nous revenons à l'article 51. Y a-t-il encore des interventions
à propos de l'article 51?
M. Sirros: Oui. Je voudrais vous avouer que je cherche dans le
mémoire quelque chose qui me semble touché par ce changement-ci.
Je pense qu'on a adopté, à la dernière session, une loi,
quand on a ajouté l'indexation, effectivement, pour les assistés
sociaux; cette loi nommait des enquêteurs concernant l'aide sociale; en
tout cas, cela agrandissait cela, n'est-ce pas?
L'article 51, au paragraphe Il - et j'imagine qu'on parle du ministre du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu - dit:
"Dans l'exercice de ses fonctions, le ministre peut par lui-même ou une
personne qu'il désigne, enquêter sur toute matière de sa
compétence." D'une part, suis-je sur la bonne voie quand je conclus que
cela veut dire que le ministre peut, comme cela, nommer des enquêteurs
par rapport à l'aide sociale? Clarifiez-moi cela.
M. Fréchette: Le député de Laurier pose la
question à savoir s'il est sur la bonne voie; je pense qu'il n'est
effectivement pas sur la bonne voie, M. le Président. Les enquêtes
auxquelles on se réfère ici, dans la loi qu'on a devant nous,
sont strictement en relation avec l'utilisation des fonds pour des programmes
de création d'emploi, aux fins de savoir...
M. Paradis: Chantier-Québec.
M. Fréchette: C'est cela. Chantier-Québec, PECEL,
afin de savoir, de façon précise, à quoi ont servi les
sommes d'argent consenties pour des programmes de création d'emploi. La
sécurité du revenu ou, mieux encore peut-être, l'aide
sociale a son propre système d'enquête qui n'a aucune
espèce de relation avec ce qu'on retrouve ici.
M. Sirros: C'était ma crainte que cela venait changer
ceci.
Le Président (M. Brouillet): L'article 51 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Fréchette: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 51
est adopté tel qu'amendé. L'article 52.
M. Paradis: L'article 52 se lit comme suit: "L'article 14 de
cette loi est remplacé par le suivant: "14. Aucun acte, document ou
écrit n'engage le ministère, ni ne peut être
attribué au ministre, s'il n'est signé par lui, par le
sous-ministre ou par un membre du personnel du ministère, mais
uniquement, dans ce dernier cas, dans la mesure déterminée par
règlement du gouvernement". Est-ce que ces règlements sont
publiés? Je pense aux gens qui auront à contracter dans le cadre
de ces programmes et qui se contentent d'une signature d'un fonctionnaire
pensant que tout est engagé, tout est correct...
M. Fréchette: C'est l'article 54 du projet qu'on a devant
nous; c'est publié dans la Gazette officielle.
M. Paradis: Oh! que c'est une garantie de connaissance.
M. Fréchette: Vous m'avez demandé si c'est
publié. Je vous signale également...
M. Paradis: II y a beaucoup d'assistés sociaux chez nous
qui ont lâché leur abonnement à la Gazette officielle.
M. Fréchette: Avez-vous l'impression qu'il y en a plus qui
sont abonnés à la publication des décrets du
gouvernement?
M. Paradis: Non, c'est juste dans le cas de ces groupements qui
signent avec le gouvernement. C'est souvent par l'entremise de fonctionnaires
que cela se fait. On fait confiance, je pense, en ce qui a trait à ces
groupes et on s'imagine que toutes les autorités sont là. Je me
demande dans quel but le gouvernement cherche autant de protection
finalement?
M. Fréchette: Je vous signale que c'est un texte qu'on
retrouve dans toutes les lois constituantes de tous les ministères; on
retrouve cela partout. Il y a la publication qui est prévue à
l'article 54. Je ne vois pas par quel autre moyen pratique on pourrait arriver
à atteindre l'objectif que le député de Brome-Missisquoi
souhaite.
M. Paradis: L'objectif que je souhaite finalement c'est que
lorsque le gouvernement, par l'entremise d'un de ses ministres, d'un de ses
sous-ministres, d'un des directeurs de programme ou d'un de ses fonctionnaires,
signe quelque chose au nom du ministère, c'est que le ministère
en porte la responsabilité finalement. L'objectif c'est de ne pas
embarquer les gens de bonne foi dans un processus dont ils peuvent être
victimes parce qu'ils ont été strictement de bonne foi et qu'ils
ne sont pas abonnés à la Gazette officielle du Québec.
M. Fréchette: M. le Président, en tout cas, je suis
bien disposé à retenir la remarque du député de
Brome-Missisquoi et regarder de plus près la situation pour voir s'il y
a moyen de faire des choses.
Le Président (M. Brouillet): L'article 52 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 52 est
adopté.
L'article 53.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 53 est
adopté.
L'article 54.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 54 est
adopté.
L'article 55.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 55 est
adopté.
L'article 56.
M. Paradis: Ma question portera -même si cela est un peu en
dehors du cadre du règlement, mais avec le consentement -sur les
articles 56, 57 et 58. Comment s'est fait le partage? Comment a-t-on
décidé d'envoyer au ministre de l'Habitation et de la Protection
du consommateur les articles 69 et 70 de la Loi assurant l'exercice des droits
des personnes handicapées et la Loi sur les appareils sous pression? Qui
a pondu tout cela, qui a mis cela sur pied finalement? De quelle façon
cela s'est-il fait? Cela m'inquiète.
M. Fréchette: M. le Président, la question du
député de Brome-Missisquoi est évidemment fort large. Au
premier chef, je vous dirai qu'il s'agit strictement de décisions
administratives qui ont été prises après analyse de la
vocation de chacune des trois administrations concernées,
c'est-à-dire le nouveau ministère du Travail, le nouveau
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et, dans le cas de l'inspection, la vocation générale du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur.
C'est donc sur le plan administratif qu'une décision a
été prise. Il pourrait bien
arriver que dans six mois, dans un an ou dans deux ans, à
l'exercice, la constatation se fasse qu'il y a lieu de ramener sous
l'administration d'un autre ministère l'un ou l'autre des droits qui
sont confiés à l'administration de chacun. Mais c'est strictement
à cet égard que cette décision a été prise,
en tenant compte de la vocation particulière de chacune des trois
administrations générales, encore une fois Travail, Main-d'Oeuvre
et Sécurité du revenu, et Habitation et Protection du
consommateur.
M. Paradis: À quelle époque la décision
administrative a-t-elle été prise?
M. Fréchette: Le 9 septembre.
M. Paradis: Non, non, le 9 septembre, sauf erreur, c'est une
décision politique.
M. Fréchette: Je m'excuse, le député de
Brome-Missisquoi a raison, le 9 septembre, c'est une date qui me revient
souvent à l'esprit. J'en parle souvent parce qu'il y avait un
décret aussi le 9 septembre. C'est au mois de novembre, me dit-on, que
la décision administrative a été prise, qu'elle a
été consignée dans un décret qui entrait en vigueur
le 1er décembre. C'est cela? Pour l'habitation.
M. Paradis: Pour l'habitation, c'est au mois de novembre.
M. Fréchette: Décret adopté en novembre avec
entrée en vigueur le 1er décembre.
M. Paradis: D'accord. Dans les autres cas?
M. Fréchette: Dans les autres cas, il faudrait que je
fasse une vérification plus spécifique, M. le Président.
Cela revient un peu à ce que je pensais au début. Cela fait suite
au remaniement ministériel du 9 septembre et, au moment du remaniement,
il y a eu aussi des décrets qui ont été adoptés par
le Conseil des ministres et qui faisaient ce partage administratif dont je
viens de vous parler. Le 9 septembre dans un cas et le 1er novembre dans le cas
de l'habitation, de l'inspection.
M. Paradis: Vous, comme ministre, est-ce que vous avez
participé a ce partage?
M. Fréchette: Bien oui!
M. Paradis: Vous avez participé avec...
M. Fréchette: J'ai vu le décret avant qu'il ne soit
adopté, mais je n'entrerai pas dans plus de détails que cela.
M. Paradis: Non, non.
M. Fréchette: Le député de Brome-Missisquoi
veut m'entraîner dans un champ qui est couvert par la plus stricte
confidentialité, mais j'ai vu ce qu'il y avait à
l'intérieur du décret, bien sûr.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Sainte-Anne, oui.
M. Polak: M. le Président, juste une question pendant que
le député fait sa recherche. Vous dites qu'on a publié un
décret sur cela. Disons qu'on est capable de vous convaincre aujourd'hui
que telle et telle loi, ou tel et tel article, doit relever d'un autre ministre
que celui suggéré ici. Même avant que la loi ne soit
adoptée, vous avez déjà pris des mesures par le moyen de
décrets pour dire: Bien voici, cela marche comme cela, c'est tout. Par
le fait même, est-ce qu'on ne réduit pas un peu le pouvoir du
système parlementaire qui peut vous faire des suggestions positives? Il
peut vous dire: Écoutez, il faut changer cela parce que...
C'est un peu drôle de tenir pour acquis que ce projet de loi sera
adopté. On sait très bien que, sur le plan pratique, sans doute,
s'il y a un vote, il sera adopté, mais, tout de même, le processus
démocratique existe. On devrait avoir la chance de discuter et de dire:
Bon, voici, peut-être qu'on va vous convaincre d'enlever des morceaux, ou
l'inverse. Mais là vous n'avez plus l'oreille ouverte à nos
suggestions. (17 h 30)
M. Fréchette: Est-ce que le député de
Sainte-Anne est en train de plaider que, chaque fois qu'une décision de
cette nature est prise ou doit être prise, ce devrait être par le
biais d'une loi? Est-ce que c'est cela que vous êtes en train de
plaider?
M. Polak: Non. Vous présentez une loi qui crée un
ministère à part de ce qui existait. Entre temps, vous avez
déjà, par décret, pris des mesures disant que telle loi et
telle loi relèvent de votre ministère. En fait, vous avez fait
circuler un document avec le nom de tous vos attachés politiques,
même avant que le projet de loi ne soit adopté. Cela, je trouve
que c'est un peu difficile à comprendre, la manière dont...
M. Fréchette: C'est le décret qui a
déterminé la juridiction.
M. Polak: Oui, mais est-ce que...
M. Fréchette: Je comprends mal le député de
Sainte-Anne. Il me dit qu'il faudrait...
M. Polak: Parce qu'il voudrait que le décret
détermine... On est justement ici pour
voir quelle juridiction appartient à quel ministre.
M. Fréchette: Oui, oui. M. Polak: C'est quoi?
M. Fréchette: C'est la Loi de l'exécutif qui permet
à l'exécutif, précisément, d'adopter un
décret.
M. Polak: Je comprends, mais...
M. Fréchette: J'essaie de comprendre le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: ... en faisant cela, vous ne nous laissez pas
d'ouverture aux suggestions de changer cela.
M. Fréchette: Bon! Écoutez...
M. Polak: Parce que vous allez dire, sur le plan pratique: Voici,
cela est décidé. Telle juridiction m'appartient, tel secteur
reste à l'autre ministre. Donc, qu'est-ce qui arrive du système
de consultation sur le plan démocratique? On est ici pour discuter et il
n'y a rien à discuter.
M. Fréchette: Si le député de Sainte-Anne
veut essayer de me convaincre aujourd'hui que la décision administrative
ou que les décisions administratives qui ont été prises ne
sont pas ou n'étaient pas les bonnes, aujourd'hui, il ne me convaincra
pas de cela. Je l'ai signalé il y a un instant, je m'excuse de me
répéter, mais c'est important de le dire, si, à
l'exercice, si, à la pratique quotidienne des choses et à
l'application de chacune des lois auxquelles on se réfère, on
devait constater que, effectivement, telle loi devait être, dans un souci
d'efficacité, sous l'administration d'un autre ministère que de
celui sous lequel elle se trouve actuellement, je ne vous dis pas qu'à
ce moment-là il ne pourrait pas y avoir des décisions de
même nature, c'est-à-dire de nature administrative, pour
procéder à de tels changements. Je ne peux pas aujourd'hui, au
moment où on se parle, sans avoir fait le test de l'exercice, être
convaincu que la décision n'est pas bonne. Au même chapitre et au
même titre, je ne peux pas non plus avoir la conviction ferme et non
équivoque que c'est peut-être correct partout. Je vous dis que
c'est seulement à l'exercice et à la pratique - il en est de
même pour toutes les autres lois, d'ailleurs - qu'on sera en mesure
d'obtenir la conviction que cela était correct ou que cela ne
l'était pas.
M. Polak: Je comprends ce que vous dites. Mais, vraiment, on vit
en système, on est gouverné par décret. Vos fonctionnaires
vous disent: Voici, on va faire la division de telle et telle manière.
Telle matière reste avec vous, telle matière reste avec M.
Marois. Là, on vient en commission parlementaire. On peut avoir des
débats sur quelques points, mais vraiment, c'est comme donner de la
tête contre un mur. Cela ne sert à rien. Vous l'avez
déjà dit: C'est l'expérience qui le démontrera.
Qu'est-ce qui arrive si vos fonctionnaires ont fait une erreur. Cela se peut
qu'en faisant le partage des juridictions, une partie aurait dû
être donnée à un autre ministre, non pas à vous, ni
à M. Marois, mais à un autre entre les deux. On n'a plus la
chance de vous convaincre, parce que vous aurez déjà les oreilles
et les yeux fermés.
M. Fréchette: Vous parlez de l'éventualité
d'une erreur. À supposer que la décision administrative qui est
devant nous, qui a donné lieu au partage des différentes
juridictions ait été une erreur, je vous réitère,
au moment où on se parle en tout cas, que cela ne m'apparatt pas
possible. Peut-être que vous, vous pouvez m'identifier à vue, sans
que l'exercice n'ait été fait, ce que vous considérez une
décision administrative incorrecte, qu'une loi aurait dû
être chapeautée par un autre ministère plutôt que
celui où on la retrouve aujourd'hui. Moi, je vous dis que je ne suis pas
en mesure de faire cette constatation. Par présomption, aujourd'hui, je
me dis: Les décisions prises étaient les bonnes dans les
circonstances.
M. Paradis: Mais vous y avez participé?
M. Fréchette: Si, à l'exercice, comme le dit le
député de Sainte-Anne, on constate que l'appréciation
faite n'était pas correcte, qu'il y a eu ce à quoi vous vous
référez, des erreurs d'évaluation, mon Dieul ce n'est pas
coulé dans le ciment et rien n'empêcherait et rien
n'empêchera non plus que le processus soit engagé pour
remédier à des choses qui n'auraient pas été faites
correctement.
M. Polak: Cela, c'est une belle théorie. Mais la pratique,
c'est le décret.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Paradis: Sur cet article, dans le Code du travail, on retrouve
la Loi sur l'organisation des parties patronale et syndicale aux fins des
négociations collectives dans les secteurs de l'éducation, des
affaires sociales et des organismes gouvernementaux. La loi est-elle encore en
vigueur?
M. Fréchette: Elle est encore en vigueur, mais elle n'est
pas sous
l'administration du ministre du Travail et elle n'est pas dans le Code
du travail, non plus. Cela n'est pas une disposition du Code du travail.
M. Paradis: Cela n'est pas indiqué à la loi qui est
le ministre responsable. Qui est le ministre responsable? Loi sur
l'organisation des parties patronale et syndicale, cela n'est quand même
pas le ministre de l'Agriculture.
M. Fréchette: Non. Sans doute pas de celui des Affaires
culturelles, non plus. C'est le Conseil du trésor, qui a parrainé
la loi, qui l'a fait adopter.
M. Paradis: Pour en revenir au processus de division comme tel,
vous y avez participé comme ministre du Travail.
M. Fréchette: Oui.
M. Paradis: Ce que j'essaie de savoir, c'est seulement pour mon
information. Que vous ayez vu le décret, j'en conviens. Vous avez
probablement participé à l'approbation du décret. Mais,
dans la préparation, dans le mécanisme, vous, le ministre du
Travail, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu et le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur, vous
qui étiez les trois "personnages" concernés, avez-vous
travaillé à la préparation du décret?
M. Fréchette: M. le Président, il est certain que,
tous les trois, nous nous sommes consultés quant à
l'évaluation qu'il fallait faire pour la distribution des
différentes juridictions.
M. Paradis: Vous y avez participé?
M. Fréchette: Oui. La réponse est carrément
oui, avec mes deux collègues, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
M. Paradis: Avez-vous décidé, dès le
début, d'inviter le ministre de l'Habitation et de la Protection du
consommateur dans le partage pour lui confier certaines
responsabilités?
M. Fréchette: Si vous me demandez: Quand, dans le temps,
cela a été fait? je ne suis pas en mesure de vous le dire.
M. Paradis: Je n'ai pas demandé quand; j'ai demandé
comment. L'avez vous invité ou si c'est lui qui est allé
là et qui vous a dit: Moi, je...
M. Fréchette: Je vous dis: On a tous les trois, à
un moment que je ne pourrais préciser dans le temps, discuté des
éventualités, des partages possibles. Est-ce qu'on l'a
invité? Est-ce qu'il s'est invité? Bon, je ne le sais pas, je ne
peux pas me souvenir.
M. Paradis: Mais il était là.
M. Fréchette: Je me souviens fort bien que tous les trois
en avons discuté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 56 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 56 est
adopté.
L'article 57.
M. Paradis: L'article 57, adopté.
M. Sirros: J'ai une question d'information. J'aimerais profiter
de cette occasion. Cela m'intéressait de savoir si, à la
Commission des normes du travail, on est en mesure de donner une réponse
quant au nombre d'inspecteurs qui sont affectés à l'application
du salaire minimum.
M. Fréchette: Un instant, si vous permettez. Le
député serait-il satisfait si je lui disais que nous allons
prendre l'information et lui communiquer dès demain matin? Je ne sais
pas, plutôt que de risquer des chiffres dont nous ne sommes pas
sûrs encore.
M. Sirros: Oui, oui.
M. Fréchette: On peut faire la vérification tout de
suite et communiquer l'information avant 18 heures.
M. Sirros: Allez-y, mais demain matin, ce serait correct
aussi.
M. Paradis: M. le ministre, à l'article 57, alinéa
5 , on voit que c'est le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui sera chargé de la Loi sur les
bureaux de placement. Dans les discussions de partage que vous avez eues,
est-ce lui qui a insisté pour être...?
M. Fréchette: M. le Président, je m'excuse, mais je
ne crois pas que ce soit de l'intérêt de la commission que de
répondre à des questions de cette nature-là. Vous me
demandez, à toutes fins utiles, de vous dévoiler la nature des
discussions qui ont eu lieu au conseil. Je veux bien être bon mais pas
naïf.
M. Paradis: Pourquoi en a-t-il la
juridiction aujourd'hui? Qu'est-ce qui explique que c'est lui qui en ait
la juridiction?
M. Fréchette: En vertu d'une décision
administrative, M. le Président.
M. Paradis: Comment expliquez-vous à ce moment-là
que dans un autre projet de loi - le projet de loi 101 qui est devant
l'Assemblée nationale présentement - à l'article 16, on
prévoie l'abrogation de la loi?
M. Fréchette: Je m'excuse, j'ai mal saisi.
M. Paradis: Dans un autre projet de loi, celui du
ministère de la Justice, le bill omnibus auquel vous avez fait
référence, l'article 16 se lit comme suit: "La Loi sur les
bureaux de placement est abrogée." Là, on en confie
l'administration...
M. Fréchette: Pour le seul motif, M. le Président,
que, dans l'état actuel des choses et au moment où l'on se parle,
on ne peut présumer que la disposition que l'on retrouve dans la loi
101, le bill omnibus, sera adoptée. On ne peut présumer de cela.
Bien sûr que toute chose étant normale, peut-être que le 21
décembre, cela sera adopté. Mais, au moment où on a
déposé notre loi, à part une présomption, rien ne
nous assurait juridiquement que la loi 101 allait être adoptée
suivant sa forme et sa teneur.
M. Paradis: Est-ce que, légalement parlant, on va
être tenu de revenir modifier la loi 95, une fois la loi 101...
M. Fréchette: Non, parce que la loi 101 va tout simplement
faire disparaître le cinquième paragraphe de l'article 57.
M. Polak: Je voudrais seulement poser une question additionnelle,
M. le Président. À l'article 57, paragraphe 8, je note que le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
administrera la Loi sur la fête nationale. Je sais que dans le
passé cela a procuré une sécurité de revenu
à quelques-uns qui cherchaient de la main-d'oeuvre, mais je n'ai pas
compris exactement pourquoi cela revenait là. Est-ce que ce ne serait
pas plus naturel de donner cela aux Affaires culturelles, par exemple? Quelle
est la raison? Historiquement... Maintenant, cela relève du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
M. Fréchette: Ça relève des normes minimales
du travail. C'est la journée du 24 juin qui est payée.
M. Polak: Je sais que c'est un jour de fête payé. Je
sais que les artistes ont eu bien des sécurités de revenu il y a
deux ans, mais je ne savais pas que ça revenait à ce
ministère-là.
M. Fréchette: Ce sont les dispositions relatives au
paiement d'une fête fériée.
M. Polak: Ah bon!
M. Fréchette: C'est donc en relation avec des normes
minimales de travail.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 57 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 57 est
adopté. Est-ce que l'article 58 est adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 58 est
adopté. Est-ce que l'article 59 est adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 59 est
adopté. Est-ce que l'article 60 est adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 60 est
adopté. Est-ce que l'article 61 est adopté?
M. Paradis: Une simple question. Le deuxième alinéa
dit que les autres sommes requises pour l'application de la présente loi
au cours de l'exercise financier 1982-1983 sont prises, selon que le
détermine le gouvernement, à même le fonds consolidé
du revenu. Est-ce que le ministre prévoit y avoir recours?
M. Fréchette: Non, ce n'est qu'une soupape. Selon toutes
les analyses qui sont faites, il ne sera pas nécessaire de recourir au
fonds consolidé.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 61 est
adopté. Est-ce que l'article 62 est adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 62 est
adopté. Est-ce que l'article 63 est adopté?
M. Paradis: L'article 63, M. le
Président: "La présente loi a effet indépendamment
des dispositions des articles 2 et 7 à 15 de la Loi constitutionnelle de
1982..." À quels droits et libertés, contenus dans la charte
canadienne se réfère-t-on? (17 h 45)
M. Fréchette: M. le Président, il faut d'abord
mentionner le fait que depuis le 17 avril 1982 cette disposition revient dans
toutes les lois qui ont été adoptées depuis cette date.
Par l'effet d'une loi dont je ne me souviens pas du numéro, cette
même disposition se retrouve maintenant dans toutes les lois de
l'Assemblée nationale. Quels sont précisément les droits
qui pourraient être affectés par rapport à la charte de
1982? Je vous signale, M. le Président, que cela couvre effectivement
l'ensemble des choses qui pourraient être affectées...
M. Paradis: Vous ne visez pas, par le projet de loi qui est
devant nous aujourd'hui, à vous attaquer, en tant que ministre du
Travail, vous ou vos collègues de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ou de l'Habitation et de la Protection du
consommateur, à des droits et libertés qui sont reconnus dans
cette charte? Vous n'avez aucun objectif dans ce sens?
Le Président (M. Brouillet): L'article 63 est-il
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 63 est
adopté. L'article 64 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 64 est
adopté.
M. Fréchette: J'ai l'information que demandait le
député de Laurier, M. le Président. Il y a, à la
Commission des normes du travail, 424 personnes qui travaillent, dont 178
inspecteurs. Il y a eu, au cours de la dernière année, 29 784
infractions, dont 7481 reliées au salaire, strictement au paiement du
salaire minimum.
M. Paradis: Vous parlez d'infractions...
M. Sirros: Je m'excuse. Vous parlez d'infractions. Est-ce que ce
sont des cas auxquels on a donné suite?
M. Fréchette: Quand je parle d'infractions...
M. Sirros: Des signalements, donc.
M. Fréchette: ... ce ne sont pas nécessairement des
gens traduits devant les tribunaux.
M. Sirros: Donc, ce sont des signalements?
M. Fréchette: Voilà.
M. Sirros: Est-ce que vous avez le pourcentage des cas...
M. Fréchette: Non, mais on pourrait l'avoir. Je reviens
à mon offre de tout à l'heure, de vous donner des détails
plus précis demain.
Le Président (M. Brouillet): Le titre de la loi ainsi que
les...
M. Fréchette: C'est le rapport annuel.
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi. Est-ce que c'est
terminé?
M. Fréchette: Cela va. Cela va.
Le Président (M. Brouillet): Alors, le titre de la loi
ainsi que les titres de chapitre sont-ils adoptés?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'ensemble du
projet de loi 95 est-il adopté tel qu'amendé? Est-il
adopté? Je prie le rapporteur désigné, M. le
député d'Ungava, de faire rapport à l'Assemblée
nationale des travaux de cette commission dans les plus brefs
délais.
Les travaux de la présente commission sont ajournés sine
die et la commission a accompli le mandat qui lui avait été
confié. Merci à tous.
(Fin de la séance à 17 h 48)