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Etude du projet de loi no 45
(Onze heures quarante minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration est réunie pour continuer l'étude, article par
article, du projet de loi no 45 intitulé: Loi modifiant le Code du
travail et la Loi du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Les membres de cette commission sont M. Bellemare (Johnson), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Couture (Saint-Henri) remplacé
par...
M. Chevrette: M. Godin de Mercier.
Le Président (M. Clair): ... M. Godin (Mercier). M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Johnson (Anjou), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Laplante (Bourassa)...
M. Chevrette: Remplacé par M. Mercier de Berthier.
Une Voix: II était dans le corridor tantôt.
Le Président (M. Clair): M. Laplante (Bourassa), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Marois
(Laporte) remplacé par M. Mercier (Berthier).
M. Chevrette: Par M. Mercier (Berthier).
Le Président (M. Clair): M. Pagé (Portneuf) et M.
Roy (Beauce-Sud).
Au moment où nous avons ajourné nos travaux hier, nous en
étions à l'étude de l'article 28 du projet de loi.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Oui, M. le député
de...
M. Chevrette: J'aimerais avoir une directive, M. le
Président. Est-ce qu'on a le droit de remplacer quelqu'un à la
reprise des travaux, dans l'après-midi?
M. Forget: Non, c'est au début de la séance
seulement.
M. Pagé: Voulez-vous remplacer M. Roy?
M. Chevrette: Dans ce cas-là, on va faire tout de suite
une substitution. Cela va être M. Gosselin qu'on va remplacer. M. Mercier
(Berthier) par M. Gosselin...
M. Johnson: M. Mercier de Berthier remplace M. Gosselin de
Sherbrooke.
Le Président (M. Clair): M. Marois (Laporte) n'est pas
remplacé pour les fins de cette séance. Cependant, M. Gosselin
(Sherbrooke) est remplacé par M. Mercier (Berthier). Vous aviez une
demande de directive?
M. Chevrette: C'était cela. C'était pour voir
si...
Le Président (M. Clair): Au moment où nous avons
ajourné nos travaux, nous en étions à l'étude de
l'article 28. Le député de Saint-Laurent nous avait
annoncé une motion d'amendement concernant le paragraphe 38 de l'article
28. M. le député de Saint-Laurent.
Retenue de cotisation syndicale
M. Forget: Exactement, M. le Président. Je vais commencer
par faire la lecture de l'amendement en même temps qu'on en fait la
distribution, si vous voulez.
Motion d'amendement à l'article 28. "Que le paragraphe 38 de
l'article 28 soit modifié en ajoutant l'alinéa suivant:
Lorsqu'une association de salariés déclare une grève sans
se conformer aux dispositions de l'article 46 ou lorsqu'une telle association
ne prend pas tous les moyens nécessaires, compte tenu des circonstances,
pour faire cesser un arrêt de travail ou un ralentissement de travail
déclenché par des membres de l'association et alors qu'une
grève n'a pas été autorisée en vertu de l'article
19b, l'employeur peut, par une requête motivée adressée au
tribunal, obtenir une ordonnance ayant pour effet de suspendre pour quatre mois
l'application du présent article. Cette requête doit être
faite par écrit et copie doit être adressée au ministre et
à l'association".
Le Président (M. Clair): Messieurs, je désire vous
donner une petite directive. Au fur et à mesure qu'il y aura des motions
d'amendements, si quelqu'un entend soulever une question sur la
recevabilité d'une motion d'amendement, il devra le faire
immédiatement après cette motion d'amendement, puisque je sais
que les questions de recevabilité dans ce cas-ci se posent surtout quant
à savoir si on remet en cause un principe du projet de loi.
Dans ce sens, le président a besoin d'être
éclairé et s'il n'y a personne qui soulève la question de
la recevabilité, même immédiatement après la lecture
ou dans les quelques minutes qui suivent, rapidement, si le président ne
l'a pas déclarée irrecevable proprio motu, il ne recevra pas
d'intervention sur la recevabilité des motions.
M. Pagé: D'accord. C'est très judicieux cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, sur la motion.
M. Johnson:... stratégie, M. le député de
Portneuf. Il accomplit son devoir.
M. Pagé: C'est cela, purement et simplement et il le fait
bien son devoir.
Le Président (M. Clair): Je vous en remercie, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: On est assuré que cela va continuer comme
cela.
Le Président (M. Clair): Passons maintenant à la
motion d'amendement du député de Saint-Laurent. Y a-t-il des
intervenants sur la motion d'amendement du député de
Saint-Laurent?
M. Forget: Je vais intervenir, M. le Président, dès
que les circonstances le permettront.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. Il y a dans l'article
38 un droit nouveau qui est instauré. Il apparaît que c'est un
emprunt qui est fait à une théorie du financement des
activités syndicales en vertu de laquelle, de par la loi, on rend tous
les salariés membres d'unités de négociations responsables
du paiement de la cotisation syndicale.
Une autre partie de la même théorie veut que ceux qui
veulent se prévaloir d'une loi en ce cas-ci c'est le Code du
travail satisfassent également aux autres obligations de cette
même loi, qui a une correspondance devant exister entre, d'une part, les
bénéfices, les avantages, les droits que l'on retire d'une loi,
que nous confirme une loi et, d'un autre côté, l'obligation de
respecter les autres dispositions de la même loi, de manière qu'il
y ait correspondance, que nul ne puisse se prévaloir d'une loi qu'il ne
respecte pas lui-même.
Historiquement, on connaît la formule Rand qui a souvent
été mentionnée dans le contexte des amendements
proposés par le ministre au Code du travail, à l'article 38; on
sait qu'il s'agit d'une décision d'un juge qui, en 1946, est intervenu
dans le règlement d'un conflit, en énonçant un certain
nombre de règles. Le précompte syndical n'est qu'une des
règles qu'il a énoncées à ce moment. Il y en avait
beaucoup d'autres qui étaient destinées à accompagner le
prélèvement obligatoire des cotisations syndicales.
Je pourrais le faire, mais je ne citerai pas tous les
éléments de cette décision; on sait qu'elle en contient
plusieurs. Elle en contient cinq ou six. Quelques-uns sont probablement
tombés en désuétude et reflètent une conception qui
est probablement dépassée des relations du travail. Il demeure
que, si on veut se détacher de la formule Rand pour un instant, il
n'apparaît pas pour autant justifié d'en retenir un seul
élément, le seul élément qui accorde des droits
nouveaux à l'organi- sation syndicale; il y a aussi un certain nombre de
responsabilités du même organisme qui doivent être
soulignées dans le même souffle.
D'ailleurs, l'expérience a démontré qu'à
moins d'avoir, à l'intérieur même des dispositions du Code
du travail, une espèce d'équilibre des droits et des obligations
des parties, il est assez douteux de faire reposer tout cet édifice sur
des interventions de caractère pénal. Nous avons eu l'occasion
déjà, au moment où nous étudiions la partie du
projet de loi qui traite des scrutins, lors des votes de grève, lors des
décisions pour accepter ou rejeter les conventions collectives, que
c'était un roseau bien fragile que de faire reposer l'application de la
loi sur des poursuites pénales et des amendes.
C'est une conception du droit du travail qui tend à criminaliser,
en quelque sorte, les infractions, alors que ce n'est pas du tout cela dont il
devrait être question. Il devrait être question, à
l'intérieur de chaque règle, d'un ensemble de mécanismes
qui s'appliquent, en quelque sorte, eux-mêmes, par leur mécanisme
propre, un mécanisme interne, une cohérence interne qui fait
qu'on ne peut pas bénéficier des avantages de la loi à
moins de la respecter également soi-même.
Dans l'amendement que nous soumettons, c'est essentiellement ce point de
vue que nous développons, alors que les trois permiers paragraphes font
une obligation de la retenue syndicale pour tous les membres de l'unité
de négociation, syndiqués ou non, que l'association de
salariés qui veut continuer de bénéficier de cet avantage
et ce doit être un avantage, puisque le législateur se
donne la peine de le décréter devrait respecter, par
ailleurs, les obligations que la loi lui impose quant à certaines
procédures clefs dans son fonctionnement.
Nous viendrons, un peu plus loin, lors de nos
délibérations sur les mécanismes d'acquisition du droit
à la grève. Dans ce mécanisme, on sait qu'il y a toute une
série de procédures simplifiées heureusement par la loi
45. Nous n'aurons rien à objecter à cela, mais il y a
malgré tout des règles minimales de savoir-vivre, si on veut,
pour que la négociation se déroule dans un cadre
civilisé.
Si une association de salariés décide, et c'est son choix
de le faire, je pense que cela ne vaut pas la peine d'avoir des interdictions
de ce côté. Ce serait même mieux de supprimer totalement le
caractère pénal d'infractions à ces dispositions. Si une
association de salariés décide de passer outre aux dispositions
de la loi, quant aux délais, aux procédures et aux étapes
qui doivent être normalement franchies, il serait normal, par ailleurs,
qu'elle cesse de bénéficier de dispositions qui présument,
qui sont basées sur l'hypothèse implicite au moins
que les procédures normales sont suivies et utilisées.
Les deux circonstances que l'on vise, c'est l'acquisition du droit de
grève, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, et
également des circonstances qui seraient susceptibles de se
développer. J'espère qu'on ne dérange personne.
Ce qui serait susceptible de se développer...
Une Voix: Est-ce qu'on pourrait suspendre? Est-ce qu'on devrait
suspendre?
Le Président (M. Clair): Non, monsieur. A l'ordre, s'il
vous plaît! Je suis convaincu...
M. Forget: On peut suspendre, M. le Président.
M. Pagé: Le leader du gouvernement est en train de faire
des arrangements sur les heures de travaux de cette commission. On pourrait
suspendre quelques minutes.
M. Burns: M. le député de Saint-Laurent, je sais
que c'est très désagréable quand on parle...
M. Forget: Je comprends qu'il y a des... M. Burns: Je lui
fais amende honorable.
M. Forget: II n'y a pas d'offense, M. le Président. C'est
tout simplement que c'est une question de commodités pour tout le
monde.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Forget: Le deuxième aspect, c'est qu'en dehors des
actions officielles du syndicat, il peut y avoir des actions dites
"spontanées", il peut y avoir ce que les Anglais appellent le "wild cat
strike", des grèves sur le tas, comme on dit en France, je pense, des
phénomènes spontanés de la base qui court-circuitent les
procédures normales, internes du syndicat.
Bien sûr, on peut dire: C'est un phénomène de la
nature, une espèce d'acte fortuit, de force majeure. La
responsabilité de personne n'est en jeu. Il ne faudrait pas enclencher
un mécanisme, certainement pas un mécanisme pénal,
vis-à-vis de l'association de salariés.
Néanmoins, si on doit avoir, comme le souhaitait le
député de Joliette-Montcalm, une certaine répression de
l'anarchie possible dans le domaine des relations du travail, on doit supposer
que l'exécutif syndical, le syndicat dans son ensemble, doit prendre les
moyens pour que sa crédibilité ne soit pas mise en doute. S'il y
a des actions intempestives qui sont prises spontanément par ses
membres, on doit au moins demander au syndicat de prendre les moyens
nécessaires pour vider cet abcès, pour régulariser les
choses. S'il y a une pression tellement intense au sein d'un syndicat qu'on
souhaite faire la grève, je pense qu'il y a des moyens, par des
convocations d'assemblées, d'essayer de faire comprendre qu'on ira
éventuellement en grève, mais qu'il faut le faire à
l'intérieur de certains délais et que ceci ne préjudicie
en rien aux droits de ceux qui veulent aller en grève.
Il y a une certaine obligation morale. Je n'irai pas jusqu'à dire
qu'il y a une obligation qui doit être sanctionnée par des
pénalités dans la loi, mais au moins une obligation morale d'agir
pour le syndicat de manière que sa volonté officielle ne soit pas
mise de côté et que sa crédibilité vis-à-vis
de l'employeur en particulier demeure intacte, parce que c'est un
élément essentiel dans la conclusion d'une convention
collective.
Dans ces deux circonstances, soit une grève officielle qui doit
se faire selon certaines étapes, soit une grève non officielle
qui doit, à ce moment-là, être "contrôlée" et
qui doit faire l'objet de certaines mesures pour la ramener dans le giron de la
légalité, de la régularité des procédures
internes du syndicat, il y a des obligations morales de la part du syndicat de
faire des gestes, de poser des actions ou de s'en abstenir, qui devraient
entraîner que, si cette obligation n'est pas honorée, si le
syndicat ne s'en préoccupe pas c'est une liberté que le
syndicat devrait avoir de ne pas s'en préoccuper on aille
au-delà des procédures normales, on les ignore, on choisisse
délibérément de les ignorer. Cela peut être une
bonne procédure, cela peut être une bonne stratégie. Il ne
faut pas exclure, M. le Président, que, dans certains cas, on puisse
vouloir se placer délibérément en marge de la stricte
légalité. Pourquoi pas?
Cela s'est fait dans le passé, dans tous les pays, sous tous les
régimes. Parfois, cela a été une bonne stratégie de
la part d'un syndicat. Je pense qu'il est odieux d'envisager des mesures
pénales. A ce sujet, je pense qu'il faudrait réviser les
dispositions pénales de la loi de manière à ne pas leur
faire porter un poids plus considérable qu'il ne le faut.
De la même façon qu'on pourrait réviser les
procédures pénales, d'un autre côté, il y a des
règles du jeu qui doivent exister. Si un syndicat décide de se
placer en dehors des règles du jeu, croit que c'est de bonne
stratégie de le faire, tant mieux, bonne chance pour lui. D'un autre
côté, il ne devrait pas continuer à
bénéficier d'autres dispositions de la loi qui sont
destinées à l'avantager. C'est tout simplement la règle
que, si on veut mettre, temporairement au moins, le Code du travail de
côté, on le fait, mais avec les implications qu'on ne pourrait pas
en bénéficier pendant ce moment. On retrouvera, après un
certain délai, d'ailleurs, qui n'est pas exagéré... Le
juge Rand, je crois, suggérait six mois de suspension de ces choses; on
dit quatre mois, mais enfin, on n'est pas à cheval sur les
délais. Si trois mois paraissaient suffisants pour le ministre et qu'il
voulait nous en convaincre, je n'aurais pas d'objection non plus. Ce n'est pas
tellement une question de durée, c'est une question de principe; je
pense que nul ne devrait pouvoir réclamer l'avantage d'une loi qu'il ne
respecte pas.
C'est dans cet esprit qu'on fait un amendement qui découle tout
naturellement de la première partie de l'article 38; un droit
entraîne des obligations. C'est assez normal, cela existe partout comme
principe général dans les lois, on ne fait de cadeau à
personne. Je pense que, même avec un préjugé favorable,
sans vouloir revenir là-dessus, il reste que le préjugé
favorable n'est pas nécessairement une bonne approche
législative. J'avais toujours entendu dire que le législateur
devait au moins donner l'apparence de l'impartialité
pour vraiment jouer son rôle de façon normale. Un
législateur n'est pas une faction. Ce n'est pas la prise de
contrôle du pouvoir par des intérêts particuliers,
normalement, et, même quand cela l'est malheureusement, la
démocratie produit de ces accidents, à
l'occasionordinairement, les gens ont la décence de ne pas
s'afficher publiquement comme étant partiaux et prévenus.
Les styles évoluent avec le temps. Probablement que nos valeurs,
notre crise des valeurs dont tout le monde parle prend des aspects
insoupçonnés, même dans notre vie publique, et nous fait
considérer comme acceptables des comportements et surtout des attitudes
qui auraient été jugés, à leur face même,
condamnables, il n'y a pas tellement longtemps, dans la plupart des pays
civilisés. Encore une fois, il faut faire la part du feu, probablement;
du moins, c'est probablement le raisonnement que tiennent certaines personnes
dans la vie publique de nos jours. Il faut faire la part du feu. Il faut savoir
sacrifier ce que, de toute façon, on ne pourra pas défendre et
avoir l'air d'être d'accord. Je ne veux pas faire de procès
d'intention. Je veux faire simplement des réflexions sur une certaine
façon de présenter les choses, une façon que nous ne
cherchons pas à contrer par une autre, une attitude correspondante et en
sens opposé. Nous voudrions simplement voir, dans nos lois du travail en
particulier, et c'est sérieux, une approche qui n'est pas,
évidemment, biaisée dans un seul sens, qui représente une
appréciation équitable des devoirs et des obligations que tout
sujet de droit doit avoir. Il ne peut pas y avoir des lois qui créent
seulement des avantages ou seulement des obligations. Il doit y avoir un
équilibre.
C'est dans une disposition comme celle-ci, dans un amendement comme
celui-ci, qu'on devrait voir, qu'on devrait sentir l'équilibre de
façon très visible et de façon très manifeste, et
surtout de façon très effective. Ce n'est pas suffisant de faire
appel à de bons sentiments, à la confiance, etc. Il s'agit que
l'équilibre en question soit un équilibre réel, un
équilibre qui ne dépend pas des bons sentiments, mais qui soit
concret. Il nous semble qu'une mesure comme celle-là est
concrète. Elle n'est pas punitive. Comme je le dis, elle pourrait se
substituer avec avantage à plusieurs mesures pénales qu'on
retrouve dans la loi, mesures pénales qui n'ont pas leur place, dans le
fond, dans les relations du travail, à strictement parler, et dont
l'inefficacité, d'ailleurs, a été abondamment
démontrée dans le passé.
Le Président (M. Clair): Le ministre du Travail.
M. Johnson: M. le Président, je n'ai pas à
argumenter sur la recevabilité de cette motion, bien que l'introduction
d'une référence à l'article 19b, à mon avis, rende
probablement cette motion discutable quant à sa recevabilité.
Evidemment, l'effet du respect ou du non-respect de l'article 19b...
On a bien dit, quand on a présenté ce 19b, qu'il
s'agissait d'une mesure qu'on considère, au chapitre de la
démocratie syndicale, comme devant s'appliquer partout, même si on
sait que, de façon générale, elle est respectée.
C'est pour cela qu'on a restreint les conséquences de sa
non-observation. Or, l'amendement du député de Saint-Laurent
introduit une extension des effets de la non-observation de 19b, y compris
d'ailleurs l'avis d'information envoyé au ministre quant à la
décision de prendre une grève, ce qui n'est, dans le fond,
véritablement qu'une formalité pour les fins de renseignements du
ministère, et qui entraînerait des conséquences assez
désastreuses pour le syndicat.
Quant au rattachement et je pense que c'est là l'essentiel
de l'amendement du député de Saint-Laurent de la
cotisation syndicale à l'article 46, c'est-à-dire au respect des
délais prévus pour la grève, en d'autres termes, on vise
toute grève qui ne respecterait pas entièrement les dispositions
du code, je pense qu'il s'agit d'une sanction qui, selon l'esprit du
député de Saint-Laurent, traduit peut-être une conception
des relations du travail qui est un peu loin de la réalité
concrète de ce que sont les relations du travail. On sait qu'à
l'occasion, même s'il ne s'agit pas de les inciter, la grève dite
illégale, qui ne respecte pas l'article 46, peut donner lieu à
des accommodements, à des arrangements, dans un contexte d'entente
mutuelle des parties quant à leur règlement, et que
l'introduction d'une telle disposition risquerait d'être abusive contre
le syndicat, risquerait finalement de mettre le syndicat et l'entreprise dans
une situation de fait où elle ne cherche pas le règlement concret
et l'harmonie suite à un débrayage illégal qui pourrait
avoir été causé, comme on le sait, dans certains cas, par
un abus du pouvoir de gérance ou comme cela peut être fait pas de
si bonne foi de la part du syndicat. Cela peut être aussi dans un climat
dit de provocation ou dans un climat d'insatisfaction
généralisée et fondée parfois qui donne lieu,
justement, à un arrangement entre les parties après cette forme
d'avertissement que lance le syndicat à l'employeur.
Or, l'effet de la motion du député de Saint-Laurent il
est, à mon avis, regrettable qu'il soit si sévère.
Finalement, on formalise au plus haut point les relations entre les parties.
Encore une fois, ce n'est pas cela, l'économie du Code du travail.
L'économie du Code du travail, ce n'est pas l'interventionnisme, la
multiplication des infractions, la multiplication des recours possibles. Le
Code du travail, ce sont des balises générales données
à des parties pour que, librement, elles consentent et évoluent
dans un contexte. Le contexte est plus ou moins bien défini selon
l'évolution de la société, et je pense qu'il n'y a pas
lieu, dans les circonstances, de formaliser l'article 46. Quand on en arrivera
au Québec, un jour, peut-être, à définir ce qu'est
véritablement une grève légale, puisqu'on n'a pas de
telles définitions dans le code et que ce qu'on a, c'est que la
légalité dépend finalement des délais prévus
à l'article 46, mais il ne se réfère pas à autre
chose, il y aura peut-être lieu, dans notre société, de se
poser la question de ce qu'est une grève légale, qu'un lock-out
légal, au-delà du simple respect mécanique de certaines
dispositions du code quant à des
délais. Quand on arrivera là, on pourra peut-être
penser à des mécanismes de sanction. Je pense que c'est...
M. Forget: Si vous me permettez, on ne pourra pas faire cela au
nom du non-interventionnisme.
M. Johnson: Absolument, effectivement, mais si notre
société décidait, en revoyant l'ensemble de ses lois du
travail, et si l'évolution dans notre société nous amenait
à considérer que l'Etat doit être interventionniste dans
les relations du travail plutôt qu'être un peu un support, à
ce moment-là, on pourrait considérer le type de sanction
qu'évoque le député de Saint-Laurent. Mais, justement, ce
que je dis, ce n'est pas cela l'économie du Code du travail, ce matin.
Ce n'est pas cela la réalité des relations du travail au
Québec. Pour ces raisons, M. le Président, je demanderai qu'on
rejette la motion d'amendement du député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Clair): Le député de
Joliette-Montcalm, le député de Johnson et le
député de Mont-Royal.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Bellemare: Je n'ai pas demandé la parole.
Le Président (M. Clair): Je vous l'offrais. Alors, le
député de Joliette-Montcalm et le député de
Mont-Royal.
M. Chevrette: Je voudrais attirer l'attention des membres de la
commission sur un fait. On laisse, au tribunal, le soin d'apprécier la
légalité ou l'illégalité de la prise du vote
secret, en disant au troisième paragraphe de l'article 19b: "compte tenu
des circonstances". Si on laisse apprécier les circonstances par un
tribunal, comment peut-on, dans un article subséquent, en arriver
à dire: Ceux qui ont une suspension de quatre mois pour la cotisation
syndicale, ceux qui ont été illégaux. Cela voudrait donc
dire que cette suspension pourrait venir, dans le concret, combien de mois
après que le tribunal aura jugé des circonstances? C'est
irréaliste.
Je vous donne un exemple pour me faire comprendre. Je suppose qu'un vote
se prend de façon assez rapide et que les 48 heures du préavis
n'ont pas été respectées, selon le troisième
paragraphe de l'article 19b. Il y a un plaignant et c'est le seul
salarié dans le cas où le procureur général peut se
plaindre. Il y en a un qui se plaint; ça s'en va devant le tribunal et
ça traîne pendant trois ou quatre mois. Est-ce que l'amendement du
député de Saint-Laurent aurait pour effet d'attendre le jugement
du tribunal avant de dire que la suspension des cotisations se produit?
Théoriquement, ça pourrait être ça. Je trouve que,
sur le plan concret, ça ne tient pas, ça ne résiste pas
à l'analyse.
Deuxièmement, je me demande pourquoi on profite du
précompte syndical pour essayer de régler la question d'une
grève inégale. Si on voulait, théoriquement je ne
suis pas intervenu au niveau de la recevabilité j'aurais dit
qu'elle est prématurée. Qu'il attende au chapitre des
grèves; il traitera de la légalité ou non des
grèves avec ses pénalités.
Ce sont deux raisons que je voulais ajouter pour montrer que c'est
irrecevable.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, l'article 38 permet ou impose
l'obligation, à un employeur, de retenir sur le salaire de tout
salarié le montant qui est spécifié par cette association.
C'est donc une protection pour une association de salariés; c'est un
certain droit qui est créé pour cette association. Tout droit
comporte une responsabilité. On ne peut pas seulement créer des
droits sans avoir une responsabilité correspondante.
L'amendement du député de Saint-Laurent veut
préciser que le droit qui est créé ici, que la protection
qui est créée pour l'association, doit comporter certaines
responsabilités de la part des salariés, de la part de cette
association, et cette responsabilité est de se conformer à la
loi. C'est une responsabilité très minime, ce ne sont pas des
responsabilités additionnelles, ce ne sont pas de responsabilités
onéreuses! On n'impose pas d'amende! On n'impose pas des choses qui sont
difficiles ou impossibles à mettre en vigueur! C'est le respect de la
loi. Je pense que c'est élémentaire. Si on ne fait pas ça,
on crée un déséquilibre, on donne certains avantages, on
crée certains droits et on dit: Vos droits vous les avez, qu'importent
les conséquences de vos actions, qu'importe si,
délibérément, vous refusez, même intentionnellement,
à vous conformer à la loi.
Pour cette raison, je pense qu'il est tout à fait normal de dire
à l'association que, si elle veut avoir ce droit, elle doit respecter la
loi. C'est ce que dit l'amendement du député de Saint-Laurent. Je
ne comprends pas les arguments du ministre du Travail en ce qui concerne la
déclaration ou le pouvoir de définir une grève
illégale. S'il y a une entrave à un des articles, et que les
parties ne s'entendent pas, c'est pour cela que nous avons des tribunaux, M. le
Président; et si l'employeur agit d'une façon où lui, a
abusé de son droit, il va être amené à se conformer
à l'article 38 et à l'amendement, même si c'est
rétroactivement.
Il n'y a aucun doute que certains cas de grèves illégales
peuvent être douteux, mais il y a d'autres cas où c'est absolument
clair que l'association ne s'est pas conformée aux dispositions de la
loi. Je ne pense pas que l'Etat doive favoriser une association, un secteur de
la population aux dépends de l'autre. J'appuie le principe qu'on devrait
être, autant que possible, impartial et donner le même avantage
à toutes les parties de notre société. S'il y a des abus,
c'est à ce moment-là que l'Etat peut promulguer certaines lois
pour corriger ces abus.
Quand le ministre dit que l'Etat n'est pas interventionniste, je pense
bien que je ne peux pas accepter qu'on soit interventionniste. Regardez
toutes les lois, regardez toutes les procédures, toutes les
interventions de l'Etat. L'article 38 même que le gouvernement propose,
c'est une intervention. Il est interventionniste. Ce n'est pas un argument, le
ministre dit: Je veux intervenir seulement dans certains cas. Il ne peut pas
dire que l'Etat ne doit pas être interventionniste, il l'est. Son
interventionnisme, dans l'article 38, est déséquilibré. Il
va créer des avantages, il va créer des cas d'abus, des
possibilités d'abus, il va créer des situations où il peut
y avoir du chantage, où une association peut dire: Ecoutez, je suis
protégée. J'ai tous les droits, d'après l'article 38,
d'après la loi que le gouvernement vient de promulguer. Je n'ai rien
à perdre à créer d'autres pressions, en ne respectant pas
la loi dans d'autres secteurs parce que mon droit, à l'article 38, est
protégé.
Ce n'est pas une question de favoriser le patronat ou de ne pas le
favoriser, c'est une question de justice et d'équité, et
même pour protéger le syndiqué lui-même. On ne
devrait pas créer des situations où une association peut
créer des abus, parce que si les dirigeants sont dans une position pour
créer des abus, cela ne veut pas nécessairement dire que cela va
favoriser le patronat, cela peut aller à l'encontre des
intérêts du syndiqué lui-même. Alors, une fois que
l'Etat a pris la décision d'intervenir, il a pris la décision,
d'après l'article 38, de créer cette protection pour
l'association. Je crois qu'elle ne peut pas aller à mi-chemin et elle
doit compléter cette intervention, elle doit compléter
l'intervention du premier paragraphe de l'article 38.
Et pour compléter cette intervention, le corollaire, c'est
l'amendement qui est proposé par le député de
Saint-Laurent. Si l'association se conforme à la loi, il n'y aura pas de
problème. Je pense que c'est l'intention du législateur que les
lois soient respectées. Est-ce que cela peut être l'intention du
ministre du Travail que la loi ne soit pas respectée? S'il veut que la
loi soit respectée, il ne doit pas faire une loi incomplète. Il
ne doit pas créer certains droits sans les responsabilités
correspondantes. Si on n'accepte pas l'amendement du député de
Saint-Laurent, on encourage le manque de respect de la loi. On encourage une
association à agir de telle façon que respecter la loi n'est pas
pour elle.
M. le Président, je crois que le gouvernement a un devoir. Non
seulement le gouvernement a un devoir d'essayer de remédier à
certaines situations, mais un devoir de donner l'exemple de ses intentions. Le
gouvernement ne peut pas créer des situations qui pourraient être
anarchiques. Le manque de respect de la loi, c'est un principe fondamental,
c'est la base de notre société même. Si le gouvernement ne
se conforme pas, par sa législation, à ce principe, quelle sorte
d'encouragement, quelle sorte d'exemple donne-t-il? Il ouvre la porte à
toutes sortes d'abus.
Alors je trouve, M. le Président, que l'amendement du
député de Saint-Laurent est tout à fait raisonnable. Il
protège le syndiqué; ça, c'est important aussi. On accorde
une protection à l'association, dans le premier paragraphe de l'article
38, on dit que l'employeur doit faire certaines choses pour la protection de
l'association; mais il faut empêcher l'abus possible de cette
association, vis-à-vis de ses membres, vis-à-vis les autres
membres de la société.
Cela peut être une petite entreprise, ça peut être
dans des secteurs qui sont assez importants pour la société, pour
le public en général et si on ouvre la porte à ce genre
d'abus, à quoi cela va-t-il mener? C'est le restant de la
société; je ne parle pas de l'employeur. Qui sont ceux qui vont
subir les conséquences de ces abus, ça va être le public;
ce n'est pas seulement l'employeur. Dans plusieurs cas, l'employeur, ce n'est
pas le premier qui est assujetti aux pressions de l'association. C'est faux de
dire: On va donner certains droits aux syndiqués pour qu'ils puissent
négocier, obtenir certains droits vis-à-vis de l'employeur.
Dans plusieurs cas, c'est le public qui en subit les
conséquences. L'employeur est là et il attend, lui. La plupart
des conséquences sont subies par le public. Là, le gouvernement
ouvre la porte et l'association ne respectera pas la loi; c'est le public qui
va en subir les conséquences, pas l'employeur nécessairement.
Dans certains cas, ça peut causer des pressions sur un employeur, mais
dans plusieurs cas et dans les cas les plus importants, c'est le public en
général qui va en souffrir.
Alors, c'est pour ça qu'on dit qu'on ne peut pas accepter ce
principe, M. le Président, à la commission, du respect de la loi.
Quelle sorte de législateurs sommes-nous, quelle sorte d'exemple est-ce
qu'on donne? Quelle sorte de loi est-ce qu'on va promulguer? On ne veut pas
enlever aucun droit à cette association accréditée, cette
association d'employés. On veut les protéger. On accepte le
principe de l'article 38, on est en faveur. On croit que c'est le temps de
donner cette protection: obliger l'employeur à retenir sur le salaire de
tous les salariés, ces sommes qui sont dues.
C'est une protection. Mais on dit: Ecoutez, vous allez dans une
direction, ça comporte des responsabilités. Et pour
compléter cette protection, non seulement pour l'employeur, même
dans mon esprit, c'est un peu secondaire. Je suis plus préoccupé
par les effets de l'abus... du premier paragraphe... d'une grève
illégale, que de la non-conformation aux dispositions de la loi. Je suis
plus préoccupé des effets sur la société.
De plus en plus, on est interdépendants. Une association, par ses
gestes, par ses actes, par ses décisions, va affecter toute la
société, non seulement l'employeur. Pour ces raisons, M. le
Président, je crois que l'amendement du député de
Saint-Laurent est tout à fait logique et il est juste. Il ne favorise
pas un plus que l'autre, mais protège plutôt. C'est dans ce sens
que le ministre devrait comprendre. On veut protéger aussi les
syndiqués par cet amendement. Parce que le respect de la loi va
protéger tout le monde. Et il va être bien content, un jour...
M. Johnson: Contre qui?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le ministre.
M. Johnson: Protéger les syndiqués contre qui?
M. Ciaccia: Contre eux-mêmes... M. Johnson: Ah,
voilà!
M. Ciaccia: ... contre les lois injustes, contre la
possibilité d'abus. Il ne faut pas créer de situations d'abus.
Vous allez... Ce sera peut-être toutes sortes de situations qui seront
illégales. Il va venir un jour où ce principe, vous allez
regretter de ne pas l'avoir appuyé, le principe du respect des lois. Ce
n'est pas assez de faire des lois électorales, essayer d'avoir l'appui
et de donner une certaine couleur. Il faut que vous alliez à la base de
la loi, il faut regarder les effets.
Peut-être que ce sera pour les protéger, même contre
le gouvernement; ça dépend des cas, ça dépend des
situations. Si vous ne croyez pas qu'une loi doit protéger, pourquoi
avoir présenté la loi 45? Il y a certaines protections, je
pourrais lui demander la même chose, pour qui, ces protections, dans tous
les articles de la loi 45?
Je pourrais lui retourner la question, et je pense qu'il ne pourra pas
donner une réponse seulement dans un paragraphe parce que le projet de
loi no 45, s'il est juste, si on le comprend et si on analyse l'économie
de notre loi, certains articles doivent protéger certaines situations et
d'autres articles doivent prendre en considération d'autres
situations.
M. le Président, je pense que le ministre, par sa question, a
répondu lui-même à la nécessité de
l'amendement du député de Saint-Laurent. Le gouvernement a le
devoir de faire...
Le Président (M. Clair): A l'ordre! Le
député de Mont-Royal a la parole. Messieurs, s'il vous
plaît, à l'ordre! La parole est au député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le gouvernement n'a
pas le droit de placer aucun secteur de la population hors de la loi ou lui
permettre de se placer hors de la loi. S'il refuse d'accepter l'amendement du
député de Saint-Laurent, il ouvre la porte à des abus qui,
un jour, se tourneront possiblement même contre ceux qui ont introduit le
projet de loi. Pour ces raisons, M. le Président, je crois que nous
devons accepter et appuyer l'amendement du député de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Clair): Le député de
Johnson.
M. Bellemare: Oui, oui.
Le Président (M. Clair): Vous avez demandé la
parole, M. le député.
M. Bellemare: Comme je voudrais être conséquent avec
ce qu'on a dit en Chambre, en deuxième lecture.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, voulez-vous approcher votre micro, s'il vous plaît?
M. Bellemare: Comme je voudrais...
M. Ciaccia: Excusez-moi de vous interrompre. M. le
Président, est-ce qu'il est permis, durant les travaux de la commission,
de signer des cartes de Noël?
M. Bisaillon: On appelle cela...
M. Ciaccia: Je voulais simplement savoir.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Bisaillon: Voyons donc, vous vouliez seulement savoir! voyons
donc!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Non, mais vous ne pouviez pas faire ça
à votre bureau?
M. Bisaillon: II est même permis de niaiser.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il n'est pas question
de règlement...
M. Bisaillon: Si le député de Mont-Royal avait
été ici depuis le début...
Le Président (M. Clair): ... ni de directive
là-dessus. Le député de Johnson a la parole. M. le
député de Johnson.
M. de Bellefeuille: M. le Président, vous me permettrez
une phrase, puisque j'ai été visé.
Le Président (M. Clair): Absolument pas...
M. Ciaccia: Je n'ai pas précisé que c'était
le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je veux simplement dire que, comme je sais
mon nom par coeur, j'ai suivi l'intervention du député de
Mont-Royal très attentivement.
M. Ciaccia: Je ne vous ai pas mentionné.
Le Président (M. Clair): S'il vous plaît,
messieurs!
M. Bellemare: M. le Président, avant
l'arrivée...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: ... de ce député, tout était
dans le calme et on pouvait faire des réflexions qui ne nous semblaient
pas déraisonnables. Mais on n'at-
taquait pas la vie personnelle de qui que ce soit, ni ses occupations.
Ce matin, il est ici pour la première fois; après avoir
siégé des heures et des heures, nous sommes rendus à une
vingtaine d'heures...
M. Johnson: 29 heures.
M. Bellemare: ... 29 heures, alors je ne pense pas qu'il vienne
nous troubler par ses...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, s'il vous plaît! Je vous en prie!
M. Bellemare: C'est choquant, M. le Président, de se faire
déranger par un député qui pense faire le fin-fin. Ecoutez
une minute, il y a une limite, on n'est pas des pee-wee ici.
M. le Président...
Une Voix: Pourrais-je soulever une question de règlement,
M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, je vous en supplie, sur la motion d'amendement du député
de Saint-Laurent, et je vous remercie d'avance. M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Quand on regarde l'article 46: "Si l'intervention
du conciliateur est infructueuse, le droit de la grève ou de lock-out
est acquis 60 jours, ou s'il s'agit de la conclusion d'une première
convention, 90 jours après la réception, par le ministre, de
l'avis prévu à l'article 43, à moins que les parties ne
soumettent le différend à un conseil d'arbitrage". La
reconnaissance d'un droit aussi important, M. le Président, à
notre avis, laisse l'imposition d'un certain nombre d'obligations
correspondantes. C'est indiscutable.
Dernièrement, dans le journal La Presse, le 6 août 1977, il
y avait à ce sujet, et particulièrement pour le précompte,
un article sur les conditions oubliées de la formule Rand. C'est vrai,
M. le Président, qu'on prend dans la formule Rand d'aujourd'hui,
après avoir appliqué, en maintes circonstances,
l'épouvantail... etc, et on a réussi dans 90% ou 91% des cas des
industries à l'imposer la formule Rand.
Dans les grandes centrales et surtout dans les grandes compagnies, il
n'y a pas de trouble possible. Mais il peut y en avoir dans les petites
unités de négociation. Maintenant, il reste une chose certaine,
c'est que la formule Rand date de 1946, et jamais on a appliqué une des
conditions sine qua non à la décision du juge Rand. On a repris
le précompte et on l'a appliqué, mais toutes les autres
conditions qui avaient été énumérées dans le
jugement... Vous allez sûrement me dire que c'est passé dû,
et qu'on aurait dû l'appliquer dans le temps, mais il y avait certaines
objections, d'accord. Mais une chose qui reste sûre, c'est que le juge
Rand recommandait que le syndicat devait répudier toute grève ou
cessation de travail concertée par un groupe ou par un certain nombre de
travailleurs qui n'ont pas été autorisés.
Donc, c'est une grève illégale, qu'il doit déclarer
illégale et n'engageant aucun membre du syndicat pour tout piquet de
grève établi à l'occasion de cette grève. C'est
encore bien vivant aujourd'hui dans notre jurisprudence et
particulièrement dans l'application qu'on en fait.
Le juge Rand, M. le Président, dans des grèves
illégales, disait surtout qu'il fallait appliquer de
sévères sanctions. Parce que ces arrêts de travail
concertés, qui sont illégaux, produisent l'effet que notre Code
du travail ne vaut plus rien. Combien y a-t-il de conventions collectives
aujourd'hui qui étaient signées pour deux ans, parfois trois ans?
Au bout de six mois, un syndicat, pour une peccadille, un manque d'entente avec
un contremaître, déclare tout de suite grève
illégale. Qu'est-ce que fait le gouvernement, qu'est-ce qu'on fait du
Code du travail qui applique des sanctions sévères? Rien. C'est
bien beau d'établir le précompte; c'est sûr et j'en suis
fortement convaincu, parce que je trouve qu'on est rendu à 90-95%
peut-être de ceux qui sont assujettis à cette formule Rand. Mais
qu'est-ce qu'on fait véritablement si on ne prend pas les moyens
nécessaires pour protéger l'employeur qui, à ce
moment-là, est pris dans une situation où il a signé de
bonne foi une convention collective avec ses employés et qui, à
cause d'une décision administrative, arrive et bloque
complètement toute la production? Combien y a-t-il eu de grèves
illégales, même dans mon temps? J'ai essayé par tous les
moyens de réprimer cet abus par des conventions collectives dans
lesquelles on pouvait presque prévoir tous les desiderata des
syndicalistes.
L'amendement d'aujourd'hui qui semble apporter beaucoup de sagesse, je
ne sais pas si le ministre est de mon avis, il le sera peut-être dans une
couple d'années, présente pour que, s'il y a des grèves
illégales, on puisse véritablement avoir au bout une
espèce de sanction qui va prolonger, pour certaines gens qui sont venus
pour briser cette entente, briser le contrat signé. Il y a certaines
précautions qu'on prend qui seront revues, c'est sûr, dans la
réforme générale du Code du travail. Parce qu'obtenir du
tribunal une ordonnance simplement pour n'importe quel sujet, non. Mais quand
il s'agit d'une grève illégale, que le patron obtienne une
ordonnance de suspendre pour quatre mois, soit 120 jours, l'application des
articles qui sont en cause.
Ecoutez, M. le Président, on n'est plus des enfants
d'école non plus. On vit dans un siècle où la
transformation des relations du travail s'est opérée à une
vitesse vertigineuse. Ce qu'on fait aujourd'hui, demain d'autres le
déferont. Le Code du travail a été établi en 1964.
Pendant vingt ans auparavant, on a vécu mollo, sur des relations du
travail, sur des commissions de relation du travail, sur toutes sortes de
choses.
Mais à un moment donné, en 1964, le Code du travail s'est
écrit. J'ai apporté 62 amendements dans ce code. Par la suite,
quand j'ai été ministre, je l'ai refait et six mois plus tard,
j'ai été obligé de revenir avec quasiment autant
d'amendements pour corriger à nouveau, à cause de la
situation.
II y a là, je pense, dans la motion que le député
de Saint-Laurent apporte, une certaine règle de sagesse. Si on
détruit la poule, si on la fait cuire, le lendemain, les oeufs vont
être rares. Il faut essayer de penser aussi à celui qui subit une
grève illégale. Que fait-on, en somme, pour empêcher ces
grèves illégales? Comment les punit-on? On a eu un exemple
épouvantable du gouvernement qu'on a devant nous. Je ne le dis pas pour
faire de la peine à qui que ce soit. Mais devant
l'illégalité de certains gestes qui ont été
posés, il y a eu des amendes jusqu'à $50 millions qui ont
été imposées et qui ont été levées,
d'un seul trait. Cela n'avait pas de bon sens. Les cours de justice se
prononcent. Cela n'appartient à aucun député de dire s'ils
ont raison ou non. Vous avez 24 heures pour critiquer votre sentence, c'est
tout.
Une chose qui reste sure, M. le Président, c'est qu'une
grève illégale, ce n'est pas pour le bien commun, ce n'est pas
pour l'intérêt général. Cela ne va pas avec notre
Code du travail. Mais c'est rendu aujourd'hui que ce sont des us et coutumes
qui sont entrés dans nos moeurs. On voit souvent des débrayages,
des grèves illégales. On se sacre de ce qu'on a signé, on
dit: II n'y a pas de danger, tel patron a été nommé, tel
gars... A la Presse, cela a commencé comme cela. Cela a commencé
par une grève illégale. Si on avait eu cet article, pensez-vous
que la Presse serait rendue où elle est? Pensez-vous franchement qu'on
serait dans un tel état?
Que le ministre trouve l'amendement... c'est qu'il n'y a pas
pensé, parce que c'est sûr et certain que c'est lui qui l'aurait
apporté. Suspendre pour quatre mois l'application du présent
article. Je vous garantis que lorsqu'on regarde l'article 46, M. le
Président...
On n'a aucun moyen devant l'évolution rapide qui se fait
aujourd'hui dans le monde du travail... Je ne suis pas un antisyndicaliste. Au
contraire, j'ai été pendant des années et je suis encore
un syndicaliste, avec ma carte dans ma poche...
M. Forget: Un bon cheminot.
M. Bellemare: Oui, un bon "brakesman". Je dis et je
répète qu'il y a des abus qui ne sont pas dus souvent à
des chefs de grandes centrales, mais à certaines personnes qui, sous la
poussée de la violence, ou de l'amertume, ou de la rancoeur, peuvent
apporter contre l'industrie, contre l'employeur, une entrave qui, au point de
vue économique, nous paralyse et puis les conventions collectives, cela
ne vaudra plus rien bientôt. Il va falloir changer de méthode. Il
va falloir trouver autre chose que les conventions collectives. Cela ne tient
plus.
Il y a dix ans, quand on a fait le Code du travail, en 1964, on avait
trouvé cette formule des conventions collectives extraordinaires.
C'était pour un an; ensuite, on l'a amendée pour deux ans; et
là, on est rendu à des conventions collectives de trois ans.
Mais combien y en a-t-il de conventions collectives qui sont
illégales, qui tombent dans l'illé- galité? Quelles
sanctions y a-t-il? Le juge, avant de finir, dit: Ecoutez, le protocole
d'entente pour le retour au travail. Vous allez faire disparaître les
sanctions que vous avez prises contre ceux qui ont causé
l'irrégularité, qui ont manqué à la loi.
A East Angus, un jour, on avait intenté des actions de $1000 pour
vingt gars. On avait demandé une sanction de $20 000 au syndicat pour
que ceux qui avaient tiré de la carabine sur les machines à
papier, puissent être véritablement condamnés, parce que
c'était un geste criminel de massacrer leurs outils de travail. On a
réglé cela. Quand on en est arrivé pour signer le
protocole d'entente et le retour au travail, ils ont dit: M. le ministre, vous
allez nous enlever cela. Jamais! ai-je dit; Jamais! mon cher monsieur. C'est
une chose criminelle, cela va suivre son cours. Entre ce que j'ai comme mandat
en tant qu'administrateur et la justice, il y a toute la différence.
C'est M. Beaupré, le président de la Domtar, qui m'arrive
un jour, après un mois et demi ou deux, en me disant: M. Bellemare, y
aurait-il moyen pour acheter notre paix de faire une concession et d'enlever
cela? J'ai dit: Non, M. le Président. Ne me demandez jamais des choses
comme cela. Vous allez détruire mon influence personnelle, vous allez
détruire la validité des articles du Code du travail.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, je vous invite à parler encore plus précisément
sur la motion d'amendement.
M. Bellemare: Je finis. C'est l'illégalité que je
veux vous prouver. Une chose qui est arrivée, c'est que la cour s'est
prononcée; ils ont tous été condamnés à
$1000 d'amende et le syndicat a été condamné à $20
000 d'amende. Cela a été un bon exemple qu'on a donné.
Toutes les fois où une autre grève illégale arrivait,
qu'ils me demandaient... Ils ne me demandaient plus d'enlever les sanctions ou
les jugements pour les actions au criminel! Dans cela, il y a une bonne
prudence. Le ministre devrait comprendre que c'est un article qui va aider.
Ceux qui savent que ce sera dans le Code du travail maintenant, que l'employeur
aura le droit à une requête motivée devant le Tribunal du
travail pour obtenir une ordonnance ayant pour effet de suspendre pendant
quatre mois... Vous allez en avoir moins de grèves illégales.
Vous allez commencer par faire respecter le contrat qui a été
signé entre les deux parties.
Sinon, vous allez devenir, comme moi, ridicules, comme je l'ai
été, promené partout et décoré de tous les
titres, comme de vendu et de tout ce que vous voudrez, parce que je n'ai pas
toujours fait plaisir aux centrales syndicales. J'ai essayé d'être
juste pour tout le monde. La motion présentée, je la trouve
pleine de bon sens, sage de l'expérience de tout ce qu'on a vécu.
Pour l'employeur, c'est son argent, c'est sa vie au point de vue
économique, c'est tout cela. Il se fie... Il fait une programmation de
tout son établissement. Comment ses vendeurs vont-ils vendre? Combien
est-ce que cela va produire?
A un moment donné, du jour au lendemain, clac, tout arrête:
grève illégale. Comment l'employeur est-il exposé à
cela? Quelle est sa garantie, peut-on dire, qu'il pourra faire appel à
quelque part pour pouvoir leur dire: Vous n'avez pas le droit! Vous avez
signé un contrat. Un contrat, mon cher monsieur, c'est sacré. Il
y en a bien qui ne respectent pas cela, aujourd'hui, les contrats. Nous de
l'Union Nationale, en tous les cas, sommes allés, en deuxième
lecture, dans ce sens. On n'a pas donné notre version au point de vue
des détails dans la motion d'amendement, mais je voterai pour
l'amendement. N'en déplaise au ministre, je suis obligé de lui
dire que cela a du bon sens, au point de vue du droit commun. Vous allez voir
si vous ne reviendrez pas dans la réforme générale avec
cela. Vous allez voir, vous allez voir cela! Eh oui! Je vais y être
à la réforme moi aussi pour demander que, si ce n'est pas dans
ces termes-là, cela visera à peu près l'objectif qu'on
recherche. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Merci, M. le Président. Je veux d'abord
souligner que l'amendement du gouvernement à l'article 38, je pense, est
très important. C'est peut-être l'amendement le plus important
depuis le début de nos travaux.
Je reviens quelques instants à l'amendement du
député de Saint-Laurent. Il est important, parce que le ministre
essaie de faire des amendements au Code du travail. Ce n'est pas une
réforme générale, ce n'est pas une nouvelle loi, ce n'est
pas un autre Code du travail, ce sont des amendements à un Code du
travail qui, à l'heure actuelle, existe. C'est une tâche
difficile. Je suis convaincu que si tous les membres de l'autre
côté de la table, qui se pensent favorables au concept des
syndicats et des ouvriers ne font pas attention, nous arriverons avec un Code
du travail amendé, mais moins efficace que si on n'avait pas
essayé au début de faire des changements à ce Code du
travail.
Pour revenir encore à quelque chose que j'avais dit en
deuxième lecture, au lieu d'essayer d'amender le Code du travail, il
eût mieux valu commencer, même si cela prenait un an ou deux ans,
à établir un Code du travail entièrement nouveau qui
refléterait la tendance de cette province à être plus
industrialisée qu'auparavant.
Je reviens à l'amendement. Je dois d'abord parler de l'article
38, je n'ai pas encore pris avantage de cela, peut-être que je vais le
faire. Je veux souligner encore une fois que si mon cher ami a
été un "brakesman", moi, j'ai été un apprenti au
CNR...
M. Bellemare: Cheminot et aussi ministre.
M. Mackasey: ... je suis encore membre de l'IBW. On parlait de la
Brotherhood l'autre soir, la Brotherhood a fait bien des choses pour les
Québécois autant que pour les autres Canadiens. Je suis encore
membre actif de cette organisation, si vous voulez; je suis donc pour les
syndicats et pour le syndicalisme. Quand nous sommes pour le syndicalisme et
les ouvriers, il faut protéger les ouvriers. Si le ministre avait, au
début, fait des amendements ou une section de la loi préconisant
exactement les responsabilités générales des syndicats,
les clauses, par exemple, qui devraient être dans la constitution pour
protéger les membres... On parle d'un vote secret, par exemple.
Qu'est-ce que c'est, un vote secret? Un vote secret, selon la constitution d'un
syndicat, peut changer d'un syndicat à l'autre. D'accord? Je sais que
les amendements ne peuvent pas toucher toutes les choses. Dans cet article
toutefois, un changement radical est nécessaire au Code du travail.
C'est l'application, M. Bellemare, peut-être pour la première
fois, d'une version abrégée de la formule Rand. Si cela avait
existé avant la United Aircraft, il n'y aurait pas eu cette maudite
grève qui a fait tort à tout le monde, à
l'économie, à l'industrie, aux gouvernements, aux ouvriers. Il y
a eu de la violence. Cela a dressé le public contre le syndicat, sans
raison, tout simplement parce que cette industrie multinationale ne voulait pas
de la formule Rand. Je me suis toujours demandé durant ce temps si
vraiment c'était leur cause, ou si on voulait fermer la United Aircraft
et retourner tout l'ouvrage aux Américains. J'ai appuyé le
concept, mais ce n'est pas la formule Rand. Ce n'est même pas la
philosophie de la formule Rand.
M. Bellemare: Oui.
M. Mackasey: Le juge Rand, dans la formule...
M. Bellemare: II y a eu des sanctions dans la formule Rand.
M. Mackasey: Oui, mais le juge Rand, comme vous l'avez
souligné tout à l'heure, a été bien plus
loin...
M. Bellemare: Oui.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, je vous ai
donné le droit de parole sur la motion du député de
Saint-Laurent.
M. Mackasey: Je demande...
Le Président (M. Clair): Je vous l'indique seulement. Vous
avez la parole.
M. Mackasey: D'accord, M. le Président. Je vous demande si
j'ai été plus loin que mon collègue à
côté de moi. Je ne pense pas; je pense avec raison que nous avons
un peu d'expérience et qu'il est nécessaire de l'exprimer. Il
faut d'abord avoir un petit peu de tolérance envers les vieillards, si
vous voulez. Nous avons dépassé la quarantaine.
M. Bellemare: L'âge d'or!
M. Mackasey: II faut que les jeunes aient un peu plus de
patience. Quand on arrive à l'article 38...
M. Bellemare: ... des vieux radoteux!
M. Mackasey:... on impose à l'employeur une
responsabilité qui n'existait pas auparavant. C'est évident, je
pense à 38b, on mentionne, pour les membres ou les non-membres, que
c'est la formule Rand qui s'applique sans mentionner autrement toutes les
autres responsabilités que le juge a évoquées dans la
grève de General Motors, les responsabilités du syndicat. Nous
avons donc, dans cet amendement du gouvernement, cinq alinéas qui
traitent des responsabilités de l'employeur. Mais quand un syndicat agit
illégalement, il me semble illogique de dire à l'employeur, qui
est innocent dans cela quand c'est entendu que le syndicat agit
illégalement Dans le cas où vos salariés ou leur
syndicat agissent de mauvaise foi, contre la loi, illégalement, la
responsabilité qu'on vous avait donnée est suspendue pour une
certaine période de temps. Le député de Saint-Laurent a
parlé de quatre mois, je suggérerais à mon collègue
je ne sais pas s'il m'écoute, pour le moment, il travaille fort,
et je dis cela sérieusementqu'on puisse dire "up to",
jusqu'à quatre mois. Ce ne serait pas tellement arbitraire. On peut
dire: Pendant la grève illégale...
M. Bellemare: Ou le lock-out illégal.
M. Mackasey: Mr Minister, I may come back to my own language,
just to be precise. Do you want to end up with Bill 45 before Christmas? I
do.
M. Johnson: Good!
M. Mackasey: I did not say what year.
M. Johnson: O.K. Not so glad to hear that.
M. Mackasey: I hope it is this year. But, in order to do that, I
want a bill that will not cause labour unrest in this province at a time when
we must become more industrialized. This is not your fault, rightly or wrongly,
Quebec has the reputation for violence, for illegal strikes, for a lack of
appreciation of the law, from both sides.
Avec votre permission, because I just come off radio and television to
discuss the postal strike, we have an illegal strike right across Canada caused
by 384 maoists, 384 out of a unity of 36 000. O.K.? C'est inutile de dire que
everything the syndicat does is right! On brime les droits fondamentaux des
ouvriers des bureaux de postes qui ne travaillent pas à l'heure actuelle
à cause du geste de 384 membres d'un local de Toronto. Une
assemblée de 600 membres a voté une grève illégale,
invoquant des arguments qui devraient être réglés, selon la
loi, par l'arbitrage ou par a grievance procedure. Je ne sais pas comment on
dit cela en français.
M. Bellemare: Négociations. M. Bisaillon: Mesures
de grief.
M. Mackasey: Merci. Alors, because I am going to learn; the only
reason I came in Quebec is to learn French. On va l'avoir, avec Pierre, qui va
m'aider.
M. Bellemare: Vous allez voir.
M. Johnson: You seem to have learned it up to now, so, are you
going somewhere?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: C'est fort possible.
Le Président (M. Clair): Le débat porte sur la
motion d'amendement du député de Saint-Laurent. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez la parole.
M. Mackasey: Alors, I am coming back to the amendment. So, what I
am saying, because we are working under basic restrictions, these restrictions
are the best we can do here, they amend certain sections of the Code.
Une Voix: That is right.
M. Mackasey: Sans que nous ayons l'occasion de toucher d'autres
articles qui, à la suite de l'amendement, devraient être
amendés aussi. Quand on impose à l'employeur, au patron, des
obligations vis-à-vis de l'article 38, et si, en même temps, cela
crée plus d'injustice, si, dans une autre section du code, on donne plus
de protection à l'employeur quand une grève est illégale
parce qu'on vient de lui imposer des responsabilités qu'on veut qu'il
maintienne même quand la grève est illégale. Ce n'est pas
juste et si les employeurs n'acceptent pas vos changements, pas plus que les
syndicats, vous aurez toujours des problèmes jusqu'à ce que ce
soit amendé à nouveau.
M. le Président, en terminant, comme je l'ai dit en
deuxième lecture: If the amendments to Bill 45 are designed and I
think they are to improve the industrial climate in Quebec, the end
results of this Bill must be acceptable, not only to the Unions, not only to
their members, but also to the employers. This is not a Unions' Bill, it is not
an employers' Bill, it is the general rules under which employers and employees
must work for industrial peace and harmony. When you say to an employer:
Because we believe in the Rand formula we all do you have one,
two, three, four, five additionnai responsibilities on a check-off, in order to
turn over to the Union, not only Union dues of recognized members, but Union
dues of those who are not members of the Union; and if the Union ignores
section 46 and goes on strike illegally, c'est logique and normal that the
additionnai responsibilities that you have
imposed on the employer should be rescinded, amended, at least for the
period that the illegal strike exists. Anyway, you cannot collect the
turnover...
M. Johnson: There are no salaries, they are on strike.
M. Mackasey: All right, then, why is there objection to what the
Minister says? All the member from Saint-Laurent is doing, and doing
responsibly, is saying: Please! There are two parties in this thing. The
employers have some responsibilities and some rights. One of their rights is to
protect themselves in the case of an illegal strike, which I am sure you do not
want. So, for goodness sake, what is wrong with this thing? The only thing I
question is that this is not necessarily the right place to put it in. But,
since you are coming in with amendments and not a revision of the code, there
are very few places where we can "bootleg" in an amendment to protect the
employer. If you want to give us the permission to suggest other areas of the
code that we can open up for amendments, which would make a much better
dialogue and would let us finish faster and make some of these amendments
appear more logical, if they were in the right "chapitre ou division, si vous
voulez". Peut-être que ça ne devrait pas être ici, mais
ça devrait être quelque part dans le code. On ne peut pas
décider parce que ce n'est pas une révision entière du
code, ce sont seulement quelques amendements qui y sont apportés. Alors,
on impose, ici, une chose qui n'est peut-être pas nécessairement
à l'endroit où ça devrait être placé dans le
code, mais quand même, on n'a pas le choix. Comme le député
de Johnson a dit... Je ne peux pas comprendre pourquoi le ministre n'a pas, je
ne dirai pas le courage, mais au moins que ses fonctionnaires prennent en
considération la responsabilité qu'ils ont envers le ministre de
ne pas toujours trouver le "easy way out", et protéger le droit de
l'employeur qui fait face à une grève illégale. On parle
seulement du cas de la grève illégale mais, s'il y a une
grève illégale qui coûte très cher à
l'employeur, qu'il n'ait pas ces responsabilités durant
peut-être pas quatre mois mais au moins la période de la
grève illégale.
Je suggérerais à mon ami de Saint-Laurent de modifier un
peu son amendement pour qu'il dise: "up to", jusqu'à...
M. Bellemare: Je pense que ce serait très bien.
M. Mackasey: Un autre peut dire trois mois, selon la
nécessité. En terminant, M. le Président, je dirais au
député de Joliette-Montcalm, qui est très impartial, qui
n'est pas ici pour faire seulement le travail du syndicat on sait
ça par son travail sur la commission Cliche c'est un homme
impartial, au-dessus d'une vue partisane, que c'est à l'avantage du
ministre, à l'avantage des ouvriers, à l'avantage des syndicats,
à l'avantage des petits employeurs. Si le projet de loi 45, après
amendements, n'est pas accepté par les patrons, vous aurez plus de
trouble qu'avant d'avoir commencé. Je suggère fortement que
l'amendement du député de Saint-Laurent soit adopté.
M. Johnson: M. le Président, je demanderais, en vertu du
règlement, à l'article 153, la suspension de la
séance.
M. Forget: Une suspension de...
M. Johnson: II y a un caucus qui doit avoir lieu dans quelques
minutes.
Le Président (M. Clair): Etant donné qu'il y a un
caucus, ici même, dans cette salle; la commission du travail et de la
main-d'oeuvre suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration est réunie pour continuer l'examen, article par article,
du projet de loi no 45. Lorsque nous avons suspendu nos travaux, nous en
étions à l'étude d'une motion d'amendement à
l'article 28, présentée par le député de
Saint-Laurent. Le député de Notre-Dame-de-Grâce n'avait pas
terminé son intervention, cependant, il ne lui restait que trois
minutes.
M. Johnson: II avait terminé.
Le Président (M. Clair): II avait terminé,
mais...
M. Johnson: II avait terminé...
Le Président (M. Clair): II avait terminé, me
dit-on, mais de toute façon il ne lui restait que trois minutes de temps
disponible. J'avais en lice le député de Portneuf qui
malheureusement est retenu ailleurs.
M. Johnson: La motion du député de Saint-Laurent
est-elle adoptée?
Le Président (M. Clair): S'il n'y a pas d'autre
intervenant, j'appelle immédiatement...
M. Forget: M. le Président, je crois que le
député de Notre-Dame-de-Grâce avait suggéré
un sous-amendement, ou est-ce que c'est...
M. Johnson: ... M. le Président. Il avait laissé
entendre que peut-être il suggérerait un sous-amendement,
cependant il n'avait pas suggéré de sous-amendement.
M. Forget: Effectivement, si on voulait l'incorporer, je n'ai pas
d'objection personnellement à l'incorporer comme j'avais indiqué
dans mes remarques préliminaires une modification à la question
des délais.
M. Johnson: Le député de Saint-Laurent a bien dit
qu'il acceptait que le sous-amendement évoqué et non pas
présenté par le député de Notre-Dame-de-Grâce
soit incorporé à sa proposition?
M. Forget: Oui, je n'avais pas de difficulté
là-dessus.
M. Johnson: Excellent. Alors, j'accepte qu'il l'intègre et
je demanderai, M. le Président, si l'amendement du député
de Saint-Laurent est adopté?
M. Bellemare: II n'y a aucune réponse, de la part du
ministre?
M. Forget: II n'y a aucune réponse, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Saint-Laurent incorporant la suggestion du
député de Notre-Dame-de-Grâce se lit comme suit: "Que le
paragraphe 38 de l'article 28 soit modifié en ajoutant l'alinéa
suivant: Lorsqu'une association de salariés déclare une
grève sans se conformer aux dispositions de l'article 46 ou lorsqu'une
telle association ne prend pas tous les moyens nécessaires compte tenu
des circonstances pour faire cesser un arrêt de travail ou un
ralentissement de travail déclenché par des membres de
l'association, et alors qu'une grève n'a pas été
autorisée en vertu de l'article 19b, l'employeur peut, par une
requête motivée, adressée au tribunal, obtenir une
ordonnance ayant pour effet de suspendre jusqu'à quatre mois
l'application du présent article. Cette requête doit être
faite par écrit et copie doit être adressée au ministre et
à l'association. Cette motion d'amendement est-elle adoptée?
Des Voix: Rejeté.
M. Forget: Sur division.
M. Bellemare: Je constate avec beaucoup de chagrin que...
Le Président (M. Clair): Rejeté sur division.
M. Johnson: L'article 28 est-il adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): L'article 28 est-il
adopté?
M. Bellemare: Non, j'ai un amendement à faire. M. le
député de Saint-Laurent, d'abord. J'ai des cartes à
signer.
M. Forget: J'ai un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Ciaccia: Maintenant qu'on sait qu'on peut signer les
cartes...
M. Bellemare: On peut faire cela, oui.
M. Forget: Sur une question de procédure, M. le
Président, j'ai un amendement au paragraphe 38a. Je ne sais pas si le
député de Johnson a un amendement qui viendrait
antérieurement à celui-là dans l'ordre des
paragraphes...
M. Bellemare: Oui, c'est cela, j'en ai un là aussi.
M. Forget: A 38a?
M. Bellemare: A 38a, oui.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on peut
considérer que nous avons terminé l'étude du paragraphe 38
de l'article 28?
M. Forget: Oui, M. le Président, je crois que c'est
terminé.
M. Bellemare: Le 38 est terminé pour moi, les trois
paragraphes.
Le Président (M. Clair): Alors, je déclare
l'étude de l'article 38 close, nous passons à 38a. Je pense que
cela peut être utile pour ne pas...
M. Bellemare: On ne reviendra pas certain.
Le Président (M. Clair): Non, pour qu'on sache sur quoi
porte l'entente.
M. Johnson: M. le Président, afin de faciliter et
d'accélérer les travaux de cette commission je suis
sûr que le député de Saint-Laurent s'en voudrait de ne pas
accélérer les travaux de la commission est-ce qu'on
pourrait s'entendre pour savoir si le député de Saint-Laurent a
l'intention d'apporter des amendements à 38a, b), c), d), e), f), pour
qu'on sache ou qu'il nous dise qu'il a des amendements, par exemple, à
trois de ceux-là, ou à deux de ceux-là, ou à cinq
de ceux-là, pour qu'on puisse savoir comment aborder de façon
générale.
M. Forget: Je n'ai pas des amendements à tous, M. le
Président, mais j'ai des amendements à trois, je pense, trois ou
quatre de ces paragraphes, effectivement. Alors, je pense qu'une discussion est
plus ordonnée si on va par paragraphe, parce que les introduire tous en
bloc, ce serait une source de confusion considérable; d'autant plus que,
selon l'évolution de la discussion, le fait qu'ils sont acceptés
ou rejetés entraîne, très souvent, des modifications dans
la façon de les présenter ou même dans leur
libellé.
M. Chevrette: Avant que le député de Saint-Laurent
ne commence, étant donné qu'il y a, je ne sais pas combien de
paragraphes, cinq ou six, que cela fonctionne par paragraphe, je n'ai pas
d'objection, mais comment est-ce que cela va fonctionner en terme de temps?
M. Forget: Cela va fonctionner selon les règlements.
Le Président (M. Clair): Cela fonctionne selon les
règlements, l'article 160 que j'ai lu hier... A l'ordre, messieurs!
M. Chevrette: J'ai demandé une directive, pour ne pas se
ramasser avec cinq fois vingt minutes.
Le Président (M. Clair): Je relis l'article 160 de notre
règlement: "Lorsqu'une commission étudie un projet de loi ou des
crédits, un député peut prendre la parole sur le
même point aussi souvent qu'il lui plaît, à condition de ne
parler plus de vingt minutes en tout sur un même article, un même
paragraphe, une même motion ou une même ques- tion d'ordre ou de
règlement". Autant de motions d'amendements, autant de vingt minutes
pour chacun des membres de la commission. C'est le règlement qui...
M. Bellemare: Oui, mais là, M. le Président, en
tout, vingt minutes en tout...
Le Président (M. Clair): Oui, oui.
M. Bellemare: ... sur une motion, sur...
Le Président (M. Clair): Sur une même motion
d'amendement, un député n'a droit de parole que pendant vingt
minutes. Mais il n'y a rien qui limite le nombre de motions d'amendement qu'un
député peut présenter.
M. Bellemare: C'est bien.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
Etats financiers
M. Forget: M. le Président, dans ce premier paragraphe, on
retrouve le premier d'une série d'amendements, disons,
d'avant-dernière heure, mais modifiés à la dernière
heure par le ministre, puisque nous avons eu, dans presque tous ces
paragraphes, une rédaction nouvelle déposée par le
ministre à 22 h 30 hier soir et nous retrouvons dans ces modifications,
à la fois des améliorations et des détériorations.
D'ailleurs, ça ne va pas toujours dans le même sens, M. le
Président, et ça illustre très bien la difficulté,
pour les Oppositions, de procéder à l'étude de ce projet
de loi, étant donné que, dans les amendements
déposés hier soir en particulier, se sont incorporées des
modifications qui ne sont certainement pas des améliorations, à
notre point de vue.
En particulier relativement à l'article 38a, nous avons une
motion d'amendement qui vise, pour une part, à restaurer des mots qui
ont été biffés par le ministre hier soir et à
introduire des précisions qui sont de nature à clarifier
l'obligation qui est ainsi faite par ce paragraphe 38a.
Je fais tout de suite la lecture de la motion d'amendement au paragraphe
38a, qui est évidemment une motion d'amendement à l'article 28,
"que le paragraphe 38a de l'article 28 soit modifié en ajoutant, dans la
deuxième ligne du premier alinéa, après le mot
"financiers", les mots "dûment contrôlés", et en ajoutant,
dans la deuxième ligne du deuxième alinéa, après le
mot "financiers", les mots "ces états financiers doivent contenir une
répartition des dépenses encourues pour la négociation,
l'interprétation ou l'application de la convention collective, d'une
part, et les dépenses encourues pour toute autre fin, d'autre part".
Le paragraphe amendé se lirait comme suit: "38a, une association
accréditée doit divulguer chaque année à ses
membres ses états financiers dûment contrôlés. Elle
doit aussi remettre au
membre qui en fait la demande une copie de ses états financiers.
Ces états financiers doivent contenir une répartition des
dépenses encourues pour la négociation, l'interprétation
ou l'application de la convention collective, d'une part, et les
dépenses encourues pour toute autre fin, d'autre part".
M. le Président, il y a essentiellement deux points dans ce
projet d'amendement. Le premier ne figurait pas dans notre projet d'amendement
jusqu'à hier soir, 22 h 30, puisqu'il se retrouvait dans la version que
le ministre avait déposée devant la commission parlementaire, il
y a environ 10 ou 15 jours.
M. Chevrette: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Clair): Le député de
Joliette-Montcalm, sur la recevabilité de la motion.
M. Chevrette: M. le Président, je pense, très
honnêtement, que la première partie pourrait l'être, je ne
m'y opposerais pas, même si c'est vrai qu'elle introduit des mots qui y
ont déjà figuré, mais la deuxième partie de la
proposition introduit un amendement par un moyen détourné qui a
été battu à deux reprises, jusqu'à maintenant.
Une Voix: Lequel?
M. Chevrette: Les dépenses encourues lors de
l'interprétation ou de l'application des conventions collectives. Cela
fait deux fois que c'est battu. Par toutes sortes de moyens, on cherche
à réintroduire cette dimension...
M. Forget: Bien voyons!
M. Chevrette: ... du détail qui vise toujours le
précompte syndical et pour démontrer que l'argent ne doit pas
servir a autre chose qu'à l'application ou l'interprétation.
Qu'on regarde les propositions d'amendement d'hier soir, c'est du pareil au
même, par un moyen détourné, arriver encore ici. Je
demanderais, au moins, de rendre irrecevable la deuxième partie, si vous
voulez recevoir la première.
M. Forget: Sur la question de recevabilité, M. le
Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... hier soir, il y a eu des mots qui se sont
retrouvés dans d'autres résolutions, mais dont le sens
était complètement différent, étant donné le
contexte. Quant à ça, les mots "est", "et", "a", les verbes
"être, avoir", conjugués à différents temps, se
retrouvent dans plusieurs amendements et ce n'est pas simplement en essayant de
faire le décompte des mots qui sont déjà apparus dans des
amendements qu'on peut savoir si une motion est recevable ou non.
Un amendement a été rejeté hier dont le sens
était de limiter le pouvoir d'un syndicat de percevoir, à
certaines fins, une cotisation syndicale auprès de ses non-membres. Le
but de l'amendement rejeté hier était d'introduire une limitation
au pouvoir d'aller chercher, chez les non-membres, certaines sommes d'argent
à certaines fins. ici, il n'est plus du tout question de cela. On ne
parle plus de la cotisation du tout. Cela ne fait pas l'objet de l'amendement,
ni même de l'article dans sa rédaction antérieure ou
actuelle. Il s'agit d'états financiers. Il s'agit d'information. Les
informations, sur les états financiers, on ne fait qu'expliquer ce que
cela veut dire.
M. Chevrette: Pour abréger le débat, je vais le
retirer, parce qu'on va arriver avec une motion de fond, de toute façon,
et on va s'engager dans un débat sur le fond pendant dix minutes. Les
"fili-bustes" ne m'intéressent pas.
Le Président (M. Clair): De toute façon,
messieurs...
M. Bellemare: Hier, l'article 38 était un peu ce que dit
le député de Saint-Laurent, ce n'était pas tout à
fait pareil.
M. Chevrette: On va le retirer.
Le Président (M. Clair): De toute façon, je juge la
motion recevable.
M. Forget: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, sur la motion d'amendement.
M. Forget: Merci. Le premier point de cette motion d'amendement
vise à restaurer les mots "dûment contrôlés". Sur le
plan du libellé, M. le Président, nous avons utilisé les
mêmes mots qu'avait utilisés le ministre, soi-disant avec un avis
juridique approprié. Il est peut-être vrai et
là-dessus, je ne ferai pas querelle au ministre s'il veut
suggérer un libellé différent qu'on devrait
employer une référence à la vérification,
étant donné que le mot "vérifier" est d'usage plus courant
que "contrôler".
Ce que l'on veut dire, c'est qu'une opinion professionnelle,
indépendante devrait être apportée à des chiffres
qui sont donnés par les intéressés, à même
leur propre comptabilité. C'est "dûment vérifiés"
qui serait normal, mais pour ne pas chicaner sur les mots, j'ai employé
les mots que le ministre lui-même avait choisis.
Mais, de toute façon, c'est une question de libellé. Sur
le fond, je crois qu'il est élémentaire, dans le cas où on
exige le dépôt de rapports financiers, dans une optique de
contrôle des élus par les électeurs et c'est bien de
cela qu'il s'agit, puisque ce sont des états financiers donnés
aux membres par ceux qu'ils ont élus à des postes de direction au
bureau ou au conseil d'administration d'un syndicat de leur donner une
comptabilité de leur gestion durant l'année.
II est normal, dans ces cas-là, d'imposer que des
vérificateurs externes, des comptables publics, viennent dire que ces
chiffres représentent la vérité, qu'ils ont fait quelques
sondages, qu'ils ont vérifié l'existence des pièces et que
tout ceci leur paraît conforme.
On pourrait citer des dizaines de lois et de règlements qui font
des obligations analogues à toutes sortes d'organismes, à ou sans
but lucratif, des organismes très importants comme des
sociétés commerciales ou industrielles, ou alors des organismes
très modestes, tels que des clubs ou des organisations sans but lucratif
à des fins humanitaires ou charitables. Toujours, quand on demande
à des gens de rendre compte de leur gestion, on s'assure que les comptes
qu'ils rendent sont exacts et que quelqu'un peut vérifier ou attester de
leur exactitude. C'est une exigence de sérieux tout simplement. Il n'est
pas suffisant que les choses soient faites correctement. Il faut qu'il
apparaisse évident qu'elles ont été faites correctement.
Si on veut véritablement protéger les membres, je pense qu'on
peut leur donner cette garantie.
On nous objectera peut-être, comme on le fait d'habitude, que ces
exigences, dans les cas de syndicats de six ou de sept membres, seraient
anormales ou trop onéreuses. A ce moment-là, les gens se
connaissent tellement bien et les montants en jeu sont si faibles que cela n'a
pas d'importance.
M. le Président, si le ministre veut nous suggérer un
seuil inférieur en disant que tout syndicat qui a plus de 50 membres est
tenu à cette obligation et que les autres en sont exclus, ou que tout
syndicat qui a plus de 25 membres choisira lui-même la limite qu'il veut
imposer à cela, pour ne pas créer un fardeau excessif et une
charge financière déraisonnable aux petits syndicats, j'accepte
d'avance son amendement là-dessus.
Mais pour ce qui est des syndicats de 1000 membres, dont il nous parle
aussi à l'occasion quand il parle des difficultés de
vérifier un tas de choses, par exemple, le numéro d'assurance
sociale ou la date de naissance des membres, si des syndicats ont 100 membres
ou 500 membres, ils sont probablement capables de payer un honoraire
professionnel de $125 pour faire vérifier leurs chiffres, leurs
données annuelles, d'autant plus que les finances annuelles d'un
organisme comme celui-là ne sont pas difficiles en soi à
vérifier, et comportent peu d'éléments.
Là-dessus, je pense qu'il s'agit d'une règle de simple bon
sens qui est dans l'esprit de la recommandation principale qui fait l'objet du
paragraphe 38a).
Il y a un deuxième paragraphe qui spécifie un peu quels
peuvent être la forme et le contenu minimal de l'information que doivent
contenir les états financiers. En effet, dans des états
financiers, il y a des pratiques comptables établies pour les banques,
pour les coopératives, pour les sociétés à but
commercial. Il y a des patrons, il y a des usages bien établis, mais,
même dans ces cas-là, certaines lois désignent des
informations qui doi- vent, de toute nécessité, apparaître
de façon distincte dans les états financiers.
L'extrême raffinement de ces règles apparaît dans les
réglementations sur les institutions bancaires ou financières,
où tout ceci doit se faire avec un luxe de détails très
considérables. Mais, même dans les organisations plus simples, on
a quelques exigences et parfois des exigences très considérables;
tout dépend de la nature de l'entreprise, l'entreprise dans le sens
très large du mot, de l'organisme en question. Il serait normal que,
lorsqu'on parle de l'état financier d'un syndicat, il ne s'agisse pas
évidemment d'un bilan des profits et pertes, d'un état des
profits et pertes ou d'un bilan, puisqu'il s'agit d'un organisme qui,
essentiellement, a des revenus très simples; ce sont les cotisations. Il
n'y a pas beaucoup de raffinement à avoir de ce
côté-là. Mais d'autre part, sur le plan des
dépenses, il y a des informations qui doivent être rendues
disponibles aux membres, puisqu'il y a une distinction entre les
activités proprement syndicales et les activités ancillaires ou
connexes à l'activité syndicat, lesquelles sont beaucoup plus des
activités facultatives ou optionnelles pour un syndicat. Il me semble
que c'est une articulation, une ventilation minimale de ce en quoi consistent
les dépenses syndicales.
Il est clair que les dépenses encourues pour verser à une
centrale syndicale sa cotisation, la cotisation du syndicat local à la
centrale, toutes les dépenses qui peuvent résulter directement de
l'engagement d'experts, de conseillers techniques ou autres pour la
négociation d'une convention collective, l'arbitrage, le grief, et
différentes autres formalités qu'implique l'action devant les
tribunaux, d'une façon ou d'une autre, sont des activités et des
dépenses proprement syndicales. D'autres activités qui ne le sont
pas cependant, c'est la constitution de fonds sociaux pour des entreprises
coopératives au sein des employés, caisses d'économie,
activités récréatives ou sociales, etc.; elles
appartiennent à un autre ordre. Je crois qu'il est utile aux membres
qu'ils sachent comment se distribue, entre ces deux catégories,
l'ensemble des activités sur le plan financier de leur syndicat. C'est
un minimum. Ce n'est pas un minimum très exigeant, parce qu'on pourrait
imaginer des ventilations beaucoup plus complexes et je suis sûr que,
déjà, les syndicats sérieux font une comptabilité
qui leur permet d'évaluer où ils s'en vont, parce qu'il y a bien
peu d'organismes qui peuvent le faire sans un minimum de telles
informations.
Ce n'est pas une exigence nouvelle. Je suis sûr, comme dans bien
des cas, comme dans le cas des votes, etc., sur lesquels on a émis des
messages, parce qu'essentiellement on se disait que l'immense majorité,
déjà, avait ses procédures, qu'on va trouver que l'immense
majorité des syndicats gère déjà ses finances de
façon responsable et en respectant certaines règles
élémentaires d'information financière de leurs
membres.
En tenant compte de cela, c'est un article qui ne fait que consacrer une
réalité générale de tous les organismes qui sont
administrés de façon efficace et de façon responsable et
que, pour les
quelques exceptions où cela ne se ferait pas, on situera,
là aussi, un message, une incitation, une exortation à des
pratiques plus conformes à une saine information de leurs membres et
à une saine orientation des délibérations autour des
finances syndicales.
On a eu, de ce côté-là, un certain nombre de
difficultés et ceci, j e terminerai là-dessus, M. le
Président nous indique malgré tout que c'est une
disposition importante dans le but de protéger le mouvement syndical
lui-même.
On a tous eu connaissance, au cours des dernières années
de syndicats qui en venaient à des situations extrêmement
précaires sur le plan financier, qui vivaient littéralement de
crédits bancaires, de prêts de toutes sortes, ou qui allaient
puiser à même leur fonds de grève, donc à même
ce qui constitue une espèce d'assurance pour les membres, de protection
au cas où ils voudraient exercer jusqu'à ce point, voudraient
revendiquer jusqu'à ce point l'amélioration de leurs conditions
de travail; on a vu qu'ils grevaient leur fonds de grève si on
peut employer ce pléonasme, en quelque sorte pour financer leurs
opérations courantes.
Il me semble que, si l'on veut éviter que le mouvement syndical
se place lui-même dans une situation intenable où le fonds de
grève est entièrement épuisé ou largement
grevé de charges qui ne devraient pas exister contre un tel actif, on
est mieux de prendre des précautions et de s'assurer que dans
l'enthousiasme d'assemblées générales, on ne pousse pas
les membres à faire des dépenses qui, dans le fond,
dépassent la capacité financière de leur association,
qu'ils soient bien informés de ces conséquences, par une
information susceptible de faire ressortir les dangers d'une action qui, encore
une fois, dans le feu, dans l'enthousiasme d'une assemblée
générale, peut, face à la force de persuasion de
permanents ou d'officiers de syndicats, peut encourager des dépenses que
le syndicat n'est pas vraiment en mesure d'assumer, et aux dépens,
encore une fois, de garanties telles que le fonds de grève.
C'est toujours une tentation. Comme c'est une réserve, c'est un
fonds qui est là et en dehors des moments de conflits syndicaux, cela a
l'air de l'argent qu'on a accumulé pour rien, étant donné
que la mémoire est courte souvent, et c'est bien humain. On peut
être tenté de dire: On a quelques dizaines ou centaines de
milliers ou millions de dollars, dépendant de l'envergure des organismes
et il est bien tentant d'utiliser cela comme garantie ou même
d'épuiser très largement en se disant: On remboursera cela plus
tard quand cela ira mieux. On a été frappé par du
maraudage, etc. Nos cotisations ont baissé. On se retrouve devant la
situation où on ne veut pas réduire les dépenses courantes
de fonctionnement.
Ce sont des dangers que tout organisme public ou privé peut
courir. Le vrai remède à cela, ce n'est pas l'intervention de
l'Etat pour empêcher des situations comme celles-là, d'ailleurs
personne ne peut intervenir là-dedans, c'est l'information
adéquate des membres.
Cet article est extrêmement important, étant donné
surtout que, comme on l'a vu plus tôt, il n'y a pas de loi constituante,
il n'y a pas de loi cadre du syndicalisme. Il y en a une, mais elle n'est pas
utilisée. Comme son utilisation est facultative, les syndicats ne sont
pas tenus par autre chose que cette mesure, dans la très grande
majorité des cas, à produire les états financiers sur
lesquels les membres seuls peuvent se baser pour porter des jugements
informés.
J'inviterais le ministre à ne pas diluer sa proposition initiale
et à souscrire à l'amendement qui permettrait de donner un
instrument minimum aux membres pour se retrouver dans des situations
concrètes où leur intérêt même, à plus
long terme, est en jeu.
Le Président (M. Clair): M. le ministre du Travail.
M. Johnson: M. le Président...
M. Bellemare: Si vous me permettiez, j'aurais seulement deux mots
à ajouter...
M. Johnson: Oui, très bien. Allez-y!
M. Bellemare: ... et vous allez pouvoir... Ce n'est pas
grave.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je serais en faveur, parce qu'il y a eu des
précédents qui ont fait office de loi. Dans nos lois, il faut de
temps en temps vérifier les lois qui ont été
adoptées pour retrouver certaines phrases qui seraient corollaires
à cela. J'avais cherché dans l'Office de la construction, un
document que j'ai ici devant moi: "Tout syndicat ou groupement visé par
l'article 33b, doit déposer à l'office au cours du mois de mars
de chaque année une copie de ses états financiers de
l'année précédente, certifiés conformes par un
comptable agréé résidant au Québec". C'est la
première chose que je voudrais demander dans l'amendement qui est fait.
Pour qu'il y ait un corollaire, qu'il y ait une chose qui corresponde
exactement à cela, on pourrait peut-être dire: Une association
accréditée doit divulguer chaque année à ses
membres ses états financiers dûment certifiés, au lieu du
mot "contrôlés". Cela existe déjà dans la Loi de la
construction.
Mon deuxième, je serais prêt à accepter la
première phrase de l'amendement du député de
Saint-Laurent, comme il est dit ici dans le texte de la loi, et j'ajouterais le
mot: "Elle doit aussi remettre "gratuitement" au membre qui en fait la demande
la copie de ses états financiers parce que cela existe
déjà dans la Loi de la construction, cela avait été
recommandé par la commission d'enquête Cliche. Elle disait que
tout membre a le droit d'obtenir gratuitement de son syndicat... C'est
déjà dans la loi. Le reste, "ces états financiers doivent
contenir..."
M. Johnson: Si vous permettez, M. le Président, je fais
faire mienne l'introduction du mot "gratuitement" que nous propose le
député de Johnson. Donc "doit aussi remettre...
M. Bellemare: ... gratuitement...
M. Johnson: ... gratuitement, au membre qui en fait la demande,
une copie de ses états financiers.
M. Bellemare: Je pense que le reste n'est absolument pas
nécessaire. "... ces états financiers doivent contenir..." Si un
gars s'occupe de son syndicat, il va en prendre connaissance, c'est certain,
par l'offre de les lui remettre gratuitement. Mais, dans la première, je
ferais bien attention pour ne pas laisser échapper le "dûment
contrôlé" ou "dûment certifié" ou dûment
vérifié". Je comprends qu'on s'est adressé au
ministère de la Justice pour savoir s'il y avait des termes qui seraient
moins onéreux, mais on nous a dit: Ecoutez, à part
"contrôlé, certifié, vérifié", il n'y a pas
à en sortir; il y a un de ces mots qui peut être
employé.
L'argument qui a été employé par le
député de Saint-Laurent disant qu'il y a de petits syndicats,
c'est vrai. Mais, même dans les petits syndicats, on trouve parfois des
failles qui ont été relatées dans une certaine
enquête publique qui a montré que, si cela avait été
contrôlé, vérifié ou certifié, cela ne se
serait pas produit. A cause de la jurisprudence établie dans certaines
lois, je ne pense pas qu'on puisse faire autrement, dans le Code du travail,
que de suivre ce que le ministère du Travail a déjà fait
imprimer sur le projet de loi 47 que j'ai en main, sur la Loi de la
construction, dans l'industrie de la construction, c'est-à-dire autre
chose que les mêmes termes qui sont là pour les mettre dans le
Code du travail. C'est le Code du travail amendé qui va servir à
tout le monde. Je dis qu'à cause du précédent
établi à l'article 33c et 33d de la Loi de la construction qui
est une loi provinciale, qui est une loi que tout le monde peut consulter, je
serais porté à dire, dans le premier alinéa, après
"financier", "dûment certifié", "dûment
vérifié", "contrôlé", peut-être... Pourvu
qu'il y en ait un de ces trois-là. Dans l'autre cas je remercie
le ministre de l'avoir accepté, il me fait énormément
plaisir pour la deuxième fois "elle doit remettre gratuitement au
membre qui en fait la demande..." troisième fois, c'est vrai
"... une copie de ses états financiers".
Le Président (M. Clair): M. le député de
Joliette-Montcalm. Le ministre? M. le ministre.
M. Johnson: Rapidement, sur les différents
éléments de l'amendement du député de
Saint-Laurent. D'abord, en ce qui a trait à la dernière partie de
son amendement, pour que ces états fassent état des
dépenses encourues quant à la négociation et la mise en
application de la convention collective, je pense que je n'ai pas tellement
à revenir là-dessus. Si on prend une unité de 20
personnes, comment peut-on faire ce partage en pratique?
Deuxièmement, dans la logique interne même de l'amendement
du député de Saint-Laurent, dans le cas où on aurait une
copie contrôlée et cela m'amènera dans une seconde
à discuter de la raison du retrait de la notion de contrôler
on pourrait avoir affaire à un cadre bien spécifique qu'on
donne aux comptables, on force une tenue des livres en fonction des
critères de la négociation et des dépenses
afférentes à la négociation et à la convention
collective. Cela m'apparaît absolument superfétatoire.
M. Bellemare: Nécessaire. M. Johnson:
Nécessaire, oui.
M. Bellemare: Oh! Oh! Aujourd'hui, dans le mouvement ouvrier tel
qu'on le connaît, cela devient plus impératif que jamais.
M. Johnson: Bien oui... Les raisons pour lesquelles je rejetterai
l'amendement proposé par le député de Saint-Laurent sont
les suivantes. Quant au "dûment contrôlé" et c'est la
modification qu'on a apportée hier soir au texte qui était devant
la commission le "dûment contrôlé" semble poser des
problèmes dans certains esprits. La terminologie classique
utilisée pour se référer à la notion de comptable
agréé, c'est "vérifier". La notion de contrôler...
Si on regarde au dictionnaire, le dictionnaire laisse entendre que
"contrôler", c'est "vérifier", et on pourrait arriver dans des
situations où, finalement, on force une unité
d'accréditation de 5 ou 6 personnes à adopter des
procédures qui exigent la présence d'un comptable, et se mettent
à faire des exceptions pour dire: l'unité qui a moins de 50, plus
de 50 etc; ça m'apparaît un peu complexe, étant
donné que ça peut varier d'une année à l'autre,
qu'il y ait plus ou moins de membres dans l'unité ou dans le syndicat.
Pour ces raisons, on ne voulait pas non plus "désinci-ter", ce qui est
une pratique de plus en plus courante, particulièrement dans certains
syndicats, de former un comité de gestion ou un comité de
supervision ou un comité de révision financière, de
surveillance financière, qui est habituellement composé de
membres de l'assemblée générale des syndiqués qui
revoient.
M. Bellemare: Comme les caisses populaires.
M. Johnson: C'est ça, un peu comme les caisses populaires,
comme le Parti québécois, par exemple, dans chacune de ses...
M. Bellemare: Comme l'Union Nationale s'il vous plaît!
M. Johnson: ... du Parti de l'Union Nationale également
et, en fait...
M. Bellemare: Oui, monsieur.
M. Chevrette: Maintenant!
M. Bellemare: Maintenant et toujours.
M. Johnson: En fait, la notion de contrôler à
l'avenir, la notion de...
M. Chevrette: Vérification tout de suite!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: All the time, all the way!
M. Bellemare: Je n'ai jamais eu peur de dire comment
c'était administré.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre du Travail.
M. Johnson: Etant donné l'ambiguïté possible
qui subsistait avec le mot "contrôler", étant donné qu'on
considère que ça pourrait donner ouverture à une
interprétation qui dit que contrôler... D'autant plus que c'est le
mot qui a été utilisé par la Corporation des comptables
agréés du Québec, quand ils sont venus témoigner
sur la loi no 2 sur le financement des partis politiques. Ils ont parlé
du mot "contrôler" et en fait, dans leur esprit, contrôler,
c'était comptable agréé. Cela éliminait donc les
CGA, et donc, une procédure domestique interne.
Une autre raison, c'est peut-être une raison de connaissance de ce
qui se fait dans ces milieux, mais habituellement, ou plutôt souvent, on
considère qu'une assemblée syndicale, devant un rapport
certifié, contrôlé ou vérifié par un
comptable, aura tendance à tenir pour acquis le contenu, alors que, dans
le fond, on sait très bien que ce n'est pas le rôle d'un comptable
de vérifier le contenu. Le rôle du comptable est de
vérifier si les pièces justificatives correspondent bel et bien
aux postes des dépenses...
M. Bellemare: Connues des municipalitées...
M. Johnson: ... et c'est ce qui donne toujours lieu à ces
notes introductives aux différents bilans préparés par des
maisons de comptables ou des vérificateurs. Nous avons eu des
pièces justificatives qui nous ont été
démontrées, nous avons vu les livres en banque et nous
considérons que les pièces justificatives et les dépenses
et revenus correspondent. Cela a souvent comme effet de produire un
phénomène de confiance démesurée puisqu'on tient
pour acquis que, si un comptable agréé a signé cela en
termes de contenu, c'est exact, alors que, finalement, l'opération
comptable est formelle. En supprimant l'expression "dûment
contrôlé", on permet que, entre autres, cette pratique de
formation des comités de surveillance des finances soit là et
que, effectivement, ça donne lieu aux questions en assemblée
générale sur ça.
Pour l'ensemble de ces raisons, M. le Président, quant au
"dûment contrôlé", il n'est évidemment pas question
qu'on accepte ce qu'on avait décidé de supprimer hier... Quant au
reste, je pense avoir bien établi que nous considérons qu'il est
inutile et superfétatoire de prévoir que le type de bilan
présenté tiendra compte des dépenses affectées
à tel poste... Pour ces raisons, je demanderais de rejeter l'ensemble de
l'amendement du député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je n'ai jamais vu pareil
patinage de fantaisie de la part d'un ministre pour justifier son attachement
au laisser-faire le plus complet.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, il y a en liste le député de Joliette-Montcalm, le
député de Mont-Royal et ensuite vous-même, si vous
manifestez le désir d'intervenir.
Le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais surenchérir un peu ce que le
ministre a dit et montrer la pratique qui se vit dans les syndicats. Si vous
assoyez un comptable en avant d'une assemblée générale
pour donner un bilan, pas de question. Il lit ses séries de chiffres et
c'est l'absolution la plus totale. Ce sont des membres du syndicat qui
présentent le bilan du syndicat et ils le questionnent. A quoi cela
a-t-il servi? Comment se fait-il qu'il y a $4000 là? Comment se fait-il
qu'il y ait $5000 utilisés à tel endroit? C'est là qu'on
arrive avec des propositions de la salle pour rééquilibrer des
dépenses l'année suivante. Cela je l'ai...
M. Bellemare: Le 1er mai... Toutes ces questions...
M. Chevrette: ... vécu au sein d'un syndicat, à
plusieurs reprises et j'ai vécu au sein de d'autres conseils, des
rapports d'éminents comptables; il y a vraiment une nuance énorme
entre les deux... Même pas une nuance! Il y a vraiment deux attitudes
différentes...
M. Forget: Ils sont vraiment nuisibles; on va abolir les
comptables, ils sont nuisibles.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! Vous avez la parole,
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Deuxièmement, il y a des coutumes
d'établies et M. le député de Johnson vous dira que
ça se fait dans des centrales syndicales. Je donne l'exemple de tous les
syndicats d'enseignement de la Corporation des enseignants du Québec qui
peuvent faire contrôler...
M. Bellemare: ... qui peuvent dernièrement? Le
Président (M. Clair): A l'ordre.
M. Bellemare: Les enseignants, parmi eux, oui.
M. Chevrette: ... qui font vérifier leur
comptabilité par le comptable agréé ou les comptables de
la CEQ et ce ou ces derniers leur envoient une let-
tre disant: Nous avons vérifié; tout est parfait. Alors
que... si on marquait d'une façon très expresse ici, dans le
bilan contrôlé, on est aussi bien d'aller au bilan audité.
On peut pousser le terme au bout et faire faire des dépenses
épouvantables aux syndicats qui ont plus ou moins les moyens financiers.
Donc, à partir de là, je rejetterais cela.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'est incroyable, quelquefois, les arguments qu'on
entend pour justifier l'inaction ou le refus d'agir du gouvernement. Je pense
qu'il aurait été mieux de dire non, on ne veut pas que ces
dépenses soient certifiées. Si vous n'aimez pas le mot
"contrôlées"..., je suis d'accord que peut-être
"contrôlées" cela peut laisser la porte ouverte à certaines
interprétations. Contrôlées par qui? Tandis que soit
"certifiées", soit "vérifiées", ce sont des termes d'usage
parmi les comptables agréés ou les CGA, mais dire que, s'il y a
un comptable on va en savoir moins que s'il n'y en a pas, c'est un argument un
peu difficile à avaler.
Je voudrais signaler, M. le Président, que c'est le gouvernement
qui a introduit la notion, à 38a, à savoir qu'une association
accréditée doit divulguer, chaque année à ses
membres ses états financiers. Alors, une fois que le gouvernement impose
cette obligation, il y a une raison pour'qu'il l'impose. Je suis certain que
vous ne voulez pas donner l'impression que vous faites quelque chose sans le
faire. Ou cela veut dire quelque chose, de divulguer des états
financiers, ou cela ne veut rien dire. Vous l'avez réalisé
vous-mêmes, parce que quand vous avez introduit la notion "dûment
contrôlé", c'est vous qui l'avez introduite. Alors, je suppose
qu'il a dû y avoir certaines pressions ou certaines questions. Je ne veux
pas prêter des intentions, mais on peut s'imaginer que c'est par suite de
pressions ou c'est une question juridique.
Mais le fait demeure que l'introduction de la notion "d'état
financier" est totalement incomplète à moins qu'on dise que ces
états financiers doivent être ou vérifiés ou
certifiés utilisez les paroles ou l'expression que voulez
il faut que cela ait une signification. Vous pouvez prendre des exemples non
seulement dans certains syndicats, mais dans tous les genres d'entreprises.
Vous avez eu un document qui est préparé soit par un
propriétaire, soit par un dirigeant d'entreprise, ce n'est pas la
même chose que s'il faut certifier que ce document est exact. Autrement,
pourquoi le gouvernement exige-t-il certaines vérifications
auprès d'autres entreprises, auprès d'autres organismes? C'est
pour que cela ait une signification. Je soumets, M. le Président, que
les deux parties de l'amendement proposé par le député de
Saint-Laurent vont ensemble. On ne peut pas en prendre une et laisser l'autre.
Il faut absolument que, si ces états financiers doivent avoir une
signification, qu'ils comprennent les articles énumérés
dans le deuxième alinéa de l'article 38a tel que proposé
par le député de Saint-Laurent.
Encore une fois, c'est pour protéger les syndiqués, pour
prévenir certains abus et pour assurer que le membre de cette
association reçoive toutes les informations pour éviter le
camouflage, pour éviter certains abus. Je ne dis pas qu'il y a des abus
en général; je ne dis pas que tout le monde va faire des abus.
Mais une fois que vous introduisez une certaine notion, que cette notion est
incomplète, à vous ouvrez la porte à des abus. A ce
moment-là, vous causez des problèmes aux membres.
Si la notion de divulgation veut dire quelque chose, il faut
spécifier ce qu'on doit divulguer. Autrement divulgation... Vous pouvez
avoir un état financier qui dise: dépenses, x dollars; revenus, x
dollars; solde, tant. Est-ce que c'est ça que vous voulez faire? Vous ne
voulez pas accorder plus de protection que cela aux membres? Est-ce que vous
vous attendez que tous les membres soient comptables?
M. Johnson: Est-ce que le député de Mont-Royal me
permet une question? Qu'est-ce que c'est, pour lui, les états
financiers?
M. Ciaccia: Les états financiers peuvent être
produits de différentes façons...
M. Johnson: Un état financier certifié?
M. Ciaccia: ... à moins que vous insistiez sur ce qui doit
être contenu dans les états financiers. Je vous dis que le
paragraphe 38a est inutile. C'est inutile de dire qu'on doit divulguer ses
états financiers. C'est totalement... qu'est-ce que ça va donner?
Cela ne va pas assez loin. Ou vous voulez introduire cette notion de
divulgation, cette notion de protection pour les membres, ou vous ne le vouiez
pas. Je ne pense pas qu'on doive vous permettre, nous, les membres de
l'Opposition, de donner l'impression d'avoir fait quelque chose.
Vous avez introduit l'obligation de divulguer. Tout le monde va dire:
C'est un bon ministre, c'est un bon gouvernement, voyez ce qu'ils ont fait pour
les syndicats. Mais ça ne veut rien dire, cette divulgation, à
moins que vous ne spécifiiez, pour le membre qui n'est pas comptable,
qui n'a pas les connaissances de M. le député de
Joliette-Montcalm, le membre ordinaire qui a à voter, qui a à
prendre une décision et qui veut savoir ce que fait son syndicat...
Est-ce péché d'exiger ça? Je ne comprends pas vos
réticences, je ne sais pas ce que vous voulez cacher. Avez-vous peur de
dire que ces gens doivent savoir...
M. Chevrette: Voyons donc, procès d'intention.
M. Johnson: Voulez-vous rappeler le député de
Mont-Royal à l'ordre, s'il vous plaît?
M. Ciaccia: ... ce qui se passe. Est-ce que ça fait...
M. Chevrette: Procès d'intention.
M. Forget: Ah oui, ils doivent cacher quelque chose
sûrement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs! M. le député de Mont-Royal, vous avez la parole sur la
motion d'amendement du député de Saint-Laurent à l'article
28.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Je vous en prie.
M. Ciaccia: J'apprécie le fait que vous protégiez
mon droit de parole.
Le Président (M. Clair): A condition que vous parliez sur
la motion d'amendement.
M. Ciaccia: Je parle sur la motion, assurément. J'essaie
d'expliquer pourquoi il est absolument essentiel d'avoir certains
détails, premièrement, sur la façon dont ces états
financiers doivent être certifiés, contrôlés ou
vérifiés, c'est-à-dire l'obligation de donner un
état financier vérifié. Deuxièmement, il faut qu'il
y ait des contenus dans ces états financiers. Vous pouvez prendre
différents états financiers, actifs, passifs; si on ne donne pas
de détail, je vous défie de dire ce qui se passe dans cette
entreprise.
Si le bilan, si l'état financier n'est pas vérifié
et s'il ne contient pas certains détails absolument essentiels au
fonctionnement de cette association, ça va prendre plus qu'un comptable,
ça va prendre, comme on dit en anglais, un "Philadelphia lawyer" pour
être capable de savoir ce qui se passe. Si vous voulez ouvrir la porte
à ce genre de camouflage, ça, c'est votre responsabilité,
mais c'est notre devoir de s'y opposer et de vous demander...
M. Johnson: C'est bien connu, en six ans de pouvoir, le Parti
libéral y a vu.
M. Ciaccia: ... d'inclure dans le projet de loi un minimum
d'honnêteté. Ne faites pas semblant de faire quelque chose quand
vous ne le faites pas. Au moins, soyez assez honnêtes pour le dire.
M. le Président...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement...
M. Ciaccia: Question de règlement... M. Chevrette:
Question de règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Joliette-Montcalm soulève une question de règlement. M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: On fait des procès d'intention... on n'a
recommandé à aucun syndicat de détruire ses états
financiers après un certain événement.
M. Ciaccia: Quel article du règlement, quel
règlement?
M. Chevrette: Je commence à être tanné des
procès d'intention.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît...
M. Forget: Quel numéro?
M. Chevrette: Le numéro qui vous plaira, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Bellemare: On n'a le droit d'imputer de motifs à
personne.
M. Chevrette: C'est ça.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Joliette-Montcalm...
M. Ciaccia: Allez lui dire à lui s'il a quelque chose
à cacher...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: ... pas à moi.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: J'essaie, M...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, vous savez fort bien qu'on n'a pas le droit de prêter de
mauvaises intentions ou de ne pas prendre la parole d'un député,
en commission parlementaire comme en Chambre. Je vous demande simplement
d'être respectueux de ce règlement. Je compte sur votre
collaboration pour ce faire et je vous donne à nouveau la parole sur la
motion du député de Saint-Laurent. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Sur la question de
règlement, j'invoque l'article 96.
Une Voix: La décision est rendue.
M. Ciaccia: J'invoque l'article 96, pas sur la décision du
président. Je ne contredis pas sa décision, vous vous faites tous
des "instant presidents", cet après-midi. Je ne veux pas qu'on
détourne non plus les paroles que j'ai dites. Je ne veux pas imputer
personnellement à qui que ce soit, certaines intentions, mais j'ai le
droit, M. le Président, quand je vois des paragraphes incomplets, de
dire ce que cela peut susciter dans mon esprit de voir ces paroles
incomplètes, ces articles incomplets et les effets de ces articles. Je
crois que j'ai le droit de dire cela. Je vais continuer.
Le Président (M. Clair): Continuez, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, si vraiment on veut
introduire une loi pour protéger non seule-
ment une minorité dans un secteur ouvrier, non seulement une des
parties, mais si on veut être objectif, si on veut vraiment
protéger la population, si on veut protéger les syndiqués
qui ont le droit eux aussi d'être protégés, j'avais
l'impressionpeut-être que je me trompe que le projet de loi
no 45 était en partie pour cela, pour promouvoir les relations entre le
patronat et les ouvriers mais aussi protéger les individus, les membres
de ces associations.
Dans toute association, que ce soit une association patronale, une
association de syndiqués, il y a la possibilité d'abus, et quand
on dit cela, on n'est pas antisyndical, c'est la nature humaine. Il y a des
possibilités d'abus dans tout. Mais c'est le devoir du gouvernement, une
fois qu'il introduit une notion, de s'assurer qu'il n'y aura pas d'abus, de
s'assurer que tous ceux qui sont affectés par cette loi et tous ceux qui
seront régis par cette loi auront la protection. Sans imputer de motifs,
M. le Président, il ne faut pas donner l'impression non pluset
c'est l'impression que cela donne qu'on prétend faire quelque
chose et qu'on ne le fait pas.
Si, vraiment, le gouvernement est de bonne foi et dit: Oui, on veut
imposer une obligation à une association accréditée de
divulguer, chaque année, à ses membres ses états
financiers, si on arrête là, on n'a rien dit. Vous pouvez demander
à n'importe quel comptable, vous pouvez même demander aux
juristes, ils vont vous dire la même chose, cela ne veut rien dire. A
moins que ces états financiers soient certifiés. Je vous soumets,
M. le Président, que certifié ne veut pas nécessairement
dire par un comptable agréé. Cela veut dire que quelqu'un
certifie, sur affidavit; il est responsable du contenu. Si c'est
nécessaire d'avoir un comptable... Ecoutez, on impose cette obligation
à de petites entreprises. On essaie d'exagérer le coût de
la préparation de ces états financiers. On a certaines lois qui
régissent nos corps professionnels, incluant les comptables
agréés, les CGA, et je crois que le membre de cette association a
droit à sa protection. En plus, il a droit à la divulgation de ce
qui arrive avec son argent. Le député de Joliette-Montcalm parle
de certaines pratiques. Soyons aussi honnêtes, il y a parfois des
pressions. Une personne sent qu'elle ne peut pas poser la question, qu'il y a
certaines pressions faites autour d'elle, qu'elle ne devrait pas questionner
celui qui est en tête, à la table, ou à côté
d'elle. Ce que le député de Joliette-Montcalm veut dire, c'est:
oui, on veut continuer ces pressions. Si quelqu'un a peur de faire cela, il
continuera parce que les informations ne sont pas données.
M. le Président, pour éviter ces pressions et pour
éviter les abus, qu'on oblige que les informations soient
données, pour éviter qu'un individu soit dans l'obligation de se
lever et de dire: Qu'avez-vous fait avec les $4 000 ou $5 000? Cela sera
écrit dans l'état financier, ce qu'il aura fait avec. Je pense
que ce sera une pratique beaucoup plus honnête. C'est ce qui est
suggéré par l'article tel que rédigé par le
côté ministériel. Je crois que si le gouvernement veut
montrer sa bonne foi, sans être pour ou contre aucun groupe ou aucun
secteur, aucune association, qu'il accepte de bonne foi la motion d'amendement
du député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Clair): Le député de
Johnson.
M. Bellemare: Comme le député de Mont-Royal a
demandé l'article, c'est l'article 99, neuvièmement. Un
député n'a pas le droit, il est interdit à un
député qui a la parole d'imputer des motifs indignes à un
député ou de refuser d'accepter sa parole. C'est simplement pour
vous dire que c'est le règlement, tel qu'il est fait.
Mon intervention...
Le Président (M. Clair): II n'y a pas de question de
règlement...
M. Bellemare: Non, il a posé une question... M.
Ciaccia: Je n'ai imputé aucun...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: ... pour votre information.
M. Bellemare: C'est sûr.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Johnson sur la motion d'amendement du
député de Saint-Laurent.
M. Bellemare: Dans une réforme générale qui
aura lieu très prochainement, on devrait prévoir un comité
de gestion. On ne l'a pas défini, et il faudrait le définir. Cela
serait très long. On pourrait peut-être retenir cette suggestion,
qui serait dans une révision générale, qu'il y ait un
comité spécifique de gestion, qui pourrait s'ajouter... doit
divulguer chaque année à ses membres, ses états
financiers, dûment acceptés par un comité de gestion. Et on
définirait au commencement de la loi ce qu'est un comité de
gestion. Cela protégerait, comme disent certains députés,
l'intérêt public.
Mais je reviens simplement avec un mot. Cela ne sera pas plus long que
cela. On oblige les compagnies, en vertu de la loi des consommateurs et des
institutions financières, à faire des rapports qui doivent
être certifiés; c'est sûr. Vous allez me dire: Oui, mais,
d'un autre côté, ce sont des gens qui font des profits. D'accord.
Mais qui vous dit que les unions n'en font pas? Quand on voit, dans certaines
places, des rangées de maisons qui appartiennent à des unions,
des hôtelleries qui appartiennent à des unions... Je n'ai pas
besoin de vous citer des cas que je connais et que vous connaissez, et qui ont
fait la manchette de plusieurs journaux.
Les centrales syndicales, un certain temps, ont acheté, ont
bâti et ont entretenu des grands hôtels.
M. Jolivet: Les soeurs Grises aussi.
M. Bellemare: Les pères Oblats...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, je veux rappeler à l'ensemble des membres de cette commission
que, si on s'amuse à s'interrompre à qui mieux mieux, il devient
très difficile pour le président de tenir la durée du
temps de parole de chacun de ses membres.
M. le député de Johnson, vous avez la parole.
M. Bellemare: La seule remarque que je voulais faire, c'est que
les officiers de l'honorable ministre retiennent que cela serait
peut-être une très heureuse suggestion qui serait admise, qu'un
comité de gestion soit celui qui pourra divulguer à ses membres
ses états financiers dûment contrôlés ou
certifiés par le comité de gestion...
L'autre remarque est très simple. Je ne vois pas la
persistance... Quand on a dit que l'amendement n'était pas
accepté de la part du gouvernement, vouloir persister, quand même
trouver des arguments qui ne pourraient pas changer... On perd un temps
considérable à répéter et à
répéter les mêmes choses.
D'ailleurs, notre règlement est assez clair quand il traite d'une
question qui a déjà été décidée.
C'est dans notre règlement. S'il faut argumenter sur des choses, on perd
un temps considérable. Cela fait au moins 30 minutes que nous sommes sur
les mots "certifié", "contrôlé" ou "vérifié".
J'ai dit que je l'abandonnais parce qu'on dit qu'un comité de gestion
pourrait peut-être être pensé dans une réforme
générale.
C'est tout ce que j'ai dit.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mercier avait demandé la parole.
M. Bellemare: Oui, notre amendement est
présenté.
M. Godin: Je voudrais dire, M. le Président, les raisons
pour lesquelles je suis contre la proposition ou l'amendement proposé
par le député de... Est-ce que c'est de Mont-Royal,
Saint-Laurent?
M. Bellemare: Saint-Laurent.
M. Godin: L'intervention du député de Mont-Royal
là-dessus montre qu'il ne connaît probablement à peu
près rien de la conduite des affaires d'un syndicat et de la
façon dont annuellement un syndicat se réunit et prépare
son budget de l'année qui vient et analyse les états financiers
de l'année écoulée.
La différence fondamentale entre une entreprise qui fait un
rapport certifié au gouvernement et un syndicat, c'est qu'un syndicat a
des membres qui sont là justement pour vérifier que les
règles les plus élémentaires de transmission ou
d'information soient respectées.
Pour avoir assisté ou participé à un grand nombre
d'assemblées syndicales, je peux vous dire que la rigueur... que les
questions qui sont posées par les membres sur $0.25 ou même $0.10
dépensés par un syndicat, cela va beaucoup plus loin que ce qu'on
peut voir dans une assemblée d'actionnaires de la Compagnie Asbestos
Corporation où j'ai l'honneur, comme vous le savez d'avoir
également des actions.
Cela me frappe que même si ce ne sont pas des états
financiers vérifiés ou certifiés dans un syndicat alors
que cela l'est à Power Corporation ou à Asbestos Corporation, les
renseignements sont aussi complets et il y a beaucoup plus de questions qui
sont posées sur la portée de chacune des dépenses qui sont
faites. Le député de Johnson peut en témoigner, lui qui
est membre d'un syndicat depuis de nombreuses décades.
M. Bellemare: Brotherhood.
M. Godin: C'est pour cela que je ne vois pas
l'intérêt qu'il y aurait à préciser, dans les
détails, tout ce que ce document devrait contenir, puisque la coutume
veut que ce soit connu généralement.
D'autre part, si vous vous mettez à imposer des états
financiers vérifiés ou certifiés à chaque syndicat,
vous avez souvent de très petites unités syndicales...
M. Bellemare: Aux unités d'accréditation. M.
Godin: ... qui n'ont pas les moyens...
M. Ciaccia: Me permettez-vous une question, M. le
député?
M. Godin: Certainement, M. le député.
M. Ciaccia: Si ce que vous dites est vrai, pourquoi introduire
l'article 38a, pourquoi ne pas parler du tout de l'obligation?
M. Godin: Parce que... Puis-je vous répondre? Puis-je vous
répondre tout de suite?
M. Ciaccia: S'ils le font... Oui.
M. Godin: C'est parce qu'il y a eu certains abus dans certains
syndicats que je ne nommerai pas, mais qui sont connus, où la direction
syndicale ne déposait pas les états financiers et où il
fallait un effort particulier et spécial de la part des membres pour
mettre la main sur ces états financiers. Cet article règle ce
problème. Mais, ce n'est pas la peine, d'après notre
expérience, d'aller dans les détails et de préciser qu'il
faut que ce soit certifié, qu'il faut qu'il y ait tel détail, tel
renseignement très précis.
Je peux vous dire, pour avoir été dans une entreprise qui
était subventionnée en partie par le Conseil des arts du
Canadac'est une politique générale pour l'ensemble du
Canada que les éditeurs qui reçoivent des subventions
n'ont pas à remettre de rapport certifié ou "audité". Le
Conseil des arts fait confiance...
M. Bellemare: Est-ce que le député me permet...
M. Godin: ... aux entreprises qui font de tels rapports, que
c'est dans les règles. Si...
M. Bellemare: Seulement une petite question.
M. Godin: Un instant! M. le député,
j'achève. Si...
M. Bellemare: Ce n'est pas parce que vous achevez, c'est parce
que je veux compléter.
M. Godin: ... tel n'était pas le cas, il existe d'autres
recours, il y a un tas d'autres recours pour parvenir à mettre la main
sur un syndicat qui fournirait des états financiers incomplets, ou faux,
ou truqués, ou frauduleux. La loi générale s'applique dans
un tel cas. Mais l'expérience nous apprend que c'est exceptionnel.
M. Bellemare: Une petite question.
M. Godin: C'est aussi exceptionnel que les gens qui brûlent
les feux rouges.
M. Bellemare: II y a une grande différence entre un
syndicat et une unité d'accréditation, une association
accréditée. On parle d'une association accréditée.
C'est une grande différence, contrairement aux syndicats qui sont
obligés.
M. Godin: De toute façon, ce que je dis s'applique
également...
M. Bellemare: A l'association accréditée.
M. Godin: ... à ce que vous venez de dire,
effectivement.
M. Bellemare: C'est toute la différence.
M. Godin: C'est mon intervention, M. le Président.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Saint-Laurent est-elle adoptée?
M. Bellemare: Non, il y a un amendement, il y a le mien,
gratuitement.
M. Johnson: Gratuitement, oui, mais je l'ai fait mien, M. le
Président.
M. Bellemare: Vous le faites vôtre, je vais perdre mon
amendement. Cela ne fait rien, je vous concède de l'avoir
trouvé.
Le Président (M. Clair): Effectivement, le texte
proposé par le ministre est modifié en ajoutant au
deuxième alinéa du paragraphe 38a de l'article 28, le mot
"gratuitement", après le mot "remettre", de sorte que le deuxième
alinéa se dit comme suit: "Elle doit aussi remettre gratuitement au
membre qui en fait la demande une copie de ses états financiers".
La motion d'amendement du député de Saint-Laurent est-elle
adoptée?
M. Forget: M. le Président, je vais demander un droit de
parole pour quelques minutes, je ne vais pas y revenir longtemps, mais on a
entendu un genre de raisonnement qui me fait sourire, parce qu'il me rappelle
un genre de raisonnement qui a été tenu dans bien des
domaines.
Effectivement, ce que le ministre et l'adjoint au ministre ont soutenu,
c'est essentiellement le genre de raisonnement qu'on entendait dans bien des
secteurs, probablement, il y a 30 ou 40 ans vis-à-vis de l'entreprise.
C'est un raisonnement essentiellement basé sur la confiance, en disant:
Ecoutez, ces gens sont, en général, corrects et honnêtes;
faites-leur donc confiance; si on ne leur impose pas trop de
réglementation, tout va être plus simple, cela va mieux aller et
cela va entretenir un climat de bonne entente. Evidemment, on est sorti de ce
Moyen Age, il y a pas mal longtemps vis-à-vis de l'ensemble de la
société, mais encore dans un passé récent
vis-à-vis des organismes parapublics, par exemple, les
hôpitaux.
Je me souviens d'une époque où les gens n'osaient pas
soulever la question d'une réglementation pour les états
financiers des hôpitaux, et même la production de rapports
financiers vérifiés. On disait: Ecoutez, ces gens, malgré
tout, sont des bénévoles. Ils ne font pas de profit. Ce sont des
gens qui sont bien intentionnés. Normalement, ils se posent les
questions qu'on doit poser vis-à-vis les états financiers. Il y a
eu des années pendant lesquelles, même si la loi le
prévoyait théoriquement, la réglementation n'a jamais
été adoptée, parce qu'on ne voulait pas choquer les gens,
on ne voulait pas les insulter ou démontrer une absence de confiance
à leur égard. C'est un raisonnement qui est un raisonnement
médiéval vis-à-vis des organismes publics qui se financent
à même des contributions des citoyens ou des membres.
Ce n'est pas faire injure à qui que ce soit que de dire: Vous
êtes comptable de votre administration. Il faut que cette
comptabilité soit faite selon des normes rigoureuses et objectives.
C'est un soulagement considérable pour les membres que de mettre ces
dispositions dans la loi, parce qu'ils n'ont pas eux-mêmes à
soulever des questions de conscience vis-à-vis les gens qu'ils
élisent à des postes de responsabilité, à soulever
des questions qui sont toujours embarrassantes quand elles s'adressent à
des individus. Quand c'est dans les lois et règlements, c'est
acceptable. Ce sont les règles du jeu. C'est connu de tout le monde et
cela ne fait pas de tort à tous ceux qui sont honnêtes, qu'il y
ait 99,9% des gens. Et vouloir réécrire la Loi professionnelle
des comptables en disant: Ils vont gêner l'opération de tout le
monde... ce genre d'argumentation basé sur une espèce de peur
d'offenser, une espèce de sentiment de dames pa-tronnesses
vis-à-vis de l'ensemble du mouvement syndical, à mon avis, est
quelque chose d'absolument médiéval. C'est un patinage qu'on n'a
pas le droit de faire de nos jours, à moins qu'on ne veuille se moquer
du monde.
M. Johnson: Je pense que le temps du député de
Saint-Laurent est écoulé.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Saint-Laurent, il vous reste à peine une
minute, puisque vous avez pris la parole au départ sur votre motion
d'amendement, de 15 h 12 à 15 h 30. J'ai déduit de cela une
minute parce qu'il y avait eu une question de règlement très
brève. Votre droit de parole est, à toutes fins pratiques,
expiré. Vous avez une dernière phrase pour conclure.
M. Forget: M. le Président, j'avais conclu, effectivement,
par les derniers mots que j'ai prononcés. C'est se moquer du monde que
d'employer un raisonnement comme celui-là, de vouloir
réécrire les lois professionnelles en nous expliquant, par
exemple, que la présence d'un comptable agréé à une
réunion syndicale va geler le monde. Les vérificateurs qui
vérifient les états financiers ne sont généralement
pas présents aux réunions. Ils attestent par écrit qu'ils
ont fait les vérifications requises. C'est un genre de cinéma
qu'on nous a fait, qui est absolument antique, mais pas
vénérable, contrairement à bien des traditions qu'on veut
changer.
Le Président (M. Clair): Votre droit de parole est
expiré. M. le ministre.
M. Johnson: Le mien n'est pas expiré, je pense?
Le Président (M. Clair): Non, le vôtre n'est pas
expiré.
M. Johnson: M. le Président, pour conclure au moment
où je vais demander de rejeter l'amendement du député de
Saint-Laurent, indépendamment de ses ironies et des sarcasmes et de ce
qui ressemble parfois à des procès d'intention, je n'ai jamais
prétendu que la présence de ÇA gelait le monde dans une
salle. J'ai seulement prétendu qu'un état financier
vérifié par un comptable agréé, à sa face
même, dans une assemblée syndicale, habituellement, suscitait peu
de questions, parce qu'on tenait pour acquis que quelqu'un avait posé
des questions, alors que de fait, l'intervention d'un comptable
agréé n'est que formelle. C'est une constatation formelle de
vérification des pièces en fonction des encaisses et des
dépenses, d'une part.
Deuxièmement, je ferai remarquer au député de
Saint-Laurent que ce projet de loi et ces articles ne s'appliquent pas aux
syndicats, au sens de la CSN, la FTQ ou la Brotherhood ou quelque chose. Ils
s'appliquent à l'association accréditée pour une
unité spécifique. Or, on sait que la majorité des
unités sont de petites unités au Québec et
qu'effectivement, ce serait les taxer lourdement...
M. Forget: Exemptez-les!
M. Johnson:... que de leur imposer une vérifi- cation
comptable à $150 au minimum, alors qu'on sait que certaines
unités comprennent quatre membres. En fonction de cela, il me
paraît évident que ce qui semble résulter d'un peu de
confiance peut-être par un peu de connaissance des traditions syndicales,
particulièrement dans les petites unités, venant du
député de Saint-Laurent, éclaire peut-être le
contexte dans lequel le député de Saint-Laurent a
présenté cet amendement que je vous demanderai, M. le
Président, d'appeler immédiatement quant à son
adoption.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement à
l'article 28, soit plus précisément au paragraphe 38a) de
l'article 28 présenté par le député de
Saint-Laurent est-elle adoptée?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Clair): Rejeté sur division.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Bellemare: Je mets, moi, mon consentement. Je ne suis pas
dissident à ça, parce que je ne voudrais pas que dans le journal
des Débats, on dise que j'ai été dissident à ce
qu'on remette gratuitement au membre qui en fait la demande copie des
états financiers...
M. Forget: Non...
M. Johnson: "Gratuitement" est intégré au
texte.
Le Président (M. Clair): "Gratuitement" est
intégré au texte, tel que vous le souhaitez, M. le
député de Johnson.
M. Laplante: On va le dire dans votre comté, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Ah, sainte bénite! Vous n'aurez pas besoin
de voyager pour essayer de... Non...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Bellemare: ... ça.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais soulever une
question de règlement et vous faire une demande de directive relative
à l'article 38b.
On se trouve en face d'une proposition...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, dois-je comprendre qu'il y a consentement unanime pour que nous
considérions que l'étude du paragraphe 38a) est
terminée?
M. Johnson: Oui.
M. Forget: Quant à moi, oui.
Le Président (M. Clair): ... auparavant?
M. Johnson: Pour les fins de la discussion.
Le Président (M. Clair): Pour les fins de la discussion de
38a...
Recours d'un salarié M. Johnson: 38b.
Le Président (M. Clair):... nous passons à
l'article 38b.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: On retrouve dans ce paragraphe, M. le
Président, l'équivalent français de ce que le ministre a
qualifié de "duty of fair representation". Je ne sais pas... On peut me
corriger si je n'en-ploie pas la bonne expression.
M. Johnson: ... de l'Ontario.
M. Forget: C'est un principe qu'il a apporté au moment des
amendements apportés fin novembre, je pense, ou début
décembre, au projet de loi no 45, et qu'il a défendus en
alléguant qu'il s'agissait là d'un principe qui faisait la
contrepartie de l'obligation universelle au précompte syndical.
C'est un sujet sur lequel je ne veux pas me prononcer pour le moment sur
le fond, sauf pour dire qu'il n'y a rien, à notre avis, auquel on trouve
objection, au contraire. Mais il demeure, M. le Président, pour ce qui
est de la correction de nos procédures, qu'il s'agit là d'un
nouveau principe inscrit dans la loi à un stade ultérieur
à la deuxième lecture.
Il est, je pense, de commune renommée aujourd'hui, que les
règles parlementaires relatives à l'insertion, dans un projet de
loi, au niveau de la deuxième lecture, d'un principe qui n'y figurait
pas au moment de la deuxième lecture, constituent une raison suffisante
pour écarter l'amendement et le référer, selon les
règles sur lesquelles je ne veux pas me prononcer, à la
considération de l'Assemblée nationale. En effet, un
principe c'est la base de notre règlement à
l'Assemblée nationaleou ce qui peut être
considéré comme un principe, est suffisamment important, par
opposition à des modalités ou à des détails
d'application, pour que tous les membres de l'Assemblée nationale
puissent se prononcer sur ce principe. Or, nos travaux en commission
parlementaire privent du droit de parole, sur une question comme
celle-là, l'immense majorité des membres de l'Assemblée
nationale.
Si nous laissions passer une chose comme celle-là, nous
prêterions le flanc à une critique de la part de personnes qui
appartiennent à quelque formation politique que ce soit et qui n'ont pas
eu l'occasion de débattre cette question. Même sur le plan de
l'opinion publique, M. le Président, tout le monde sait que les travaux
de l'Assemblée nationale sont rapportés de façon plus
complète et avec plus de préavis avant l'adoption que ne le sont
les travaux de l'étude article par article en commission
parlementaire.
Cela fait beaucoup de sens que cette règle selon laquelle les
principes s'insèrent dans une loi au niveau de la deuxième
lecture, et ne s'insèrent pas dans une loi au niveau de l'étude
en commission parlementaire après la deuxième lecture.
D'ailleurs, sans vouloir faire référence à d'autres
décisions de façon extensive, il reste que, comme je le disais
tout à l'heure, il est de commune renommée qu'une autre
commission parlementaire qui fonctionne en parallèle avec celle-ci, a
jugé... un de vos collègues d'ailleurs, président de
commission, a jugé qu'effectivement il y avait des principes que l'on ne
pouvait pas insérer à ce moment-là.
Encore une fois, M. le Président, je le fais dans un souci de
rectitude, du point de vue de nos méthodes et de nos règles de
procédure. Il est évident que, sur le fond, nous n'avons aucune
espèce de désaccord avec cette mesure, mais nous ne pourrions
pas, malgré tout, nous montrer d'accord étant donné que
les privilèges des membres de cette assemblée sont en jeu. Il se
trouve que, parfois, certaines dispositions qui sont introduites en
deuxième lecture ne font pas l'affaire de l'Opposition. Il se trouve,
à d'autres occasions ou aux mêmes occasions, que ces principes qui
pourraient être introduite lors de l'étude, article par article,
ne font pas l'affaire de membres du public. Dans cette situation en
particulier, il se peut très bien qu'il y ait même des membres de
la majorité ministérielle qui ne soient pas d'accord avec
certains principes nouveaux inscrits à ce stade-ci de nos travaux
plutôt en deuxième lecture. Ce seraient des membres de la
majorité qui, à ce moment, seraient brimés dans leur
droit, mais peu importe l'intention du gouvernement, qu'il veuille berner
l'Opposition, le public ou ses propres membres, peu importe ses intentions, il
reste que c'est une procédure que nos règlements excluent et je
vous demanderais, M. le Président, de prendre en considération de
façon très sérieuse l'objection que je formule
relativement à l'insertion, à ce stade-ci, de l'article 38b.
Que peut-il arriver si vous jugez cet article non recevable? J'imagine
que le ministre voudra s'en informer, mais il semble que la règle veut
que le reste du projet de loi soit étudié, à l'exception
de cet article qui est réservé. Je présume que, lors de
l'étude du rapport, de la prise en considération du rapport,
selon une procédure qui reste à déterminer cela n'a
pas eu lieu très souvent à l'Assemblée nationale
l'Assemblée nationale, dans son entier, délibérera sur ce
sujet et en viendra à des conclusions qui permettront ou non l'insertion
du paragraphe en question dans le projet de loi dans sa forme finale.
A tout événement, M. le Président, quelle que soit
la procédure ultérieure, il reste que, même s'il ne devait
pas y avoir de procédure ultérieure permise, c'est une
disposition totalement nouvelle et
importante. Il ne me semble pas que ce soit une modalité
d'application. En effet, le premier paragraphe dit: La cotisation syndicale
obligatoire et universelle peut s'appliquer sans la moindre difficulté,
sur le plan technique, sans qu'on fasse une obligation au syndicat de
représenter sans discrimination tous les salariés d'une
unité d'accréditation ou tous les salariés d'un même
employeur. Cela n'a rien de commun. C'est, bien sûr, sur le plan
philosophique et dans l'esprit du ministre, un quiproquo ou une contrepartie,
sur le plan des principes, mais c'est un principe qui en balance un autre. Ce
n'est pas une modalité d'application du premier ministre, l'autre
étant une modalité fiscale ou parafiscale, qui se tient sur ses
propres pieds, indépendamment de ces dispositions.
Peut-être devrais-je aborder, incidemment, quoique je ne veuille
pas bouleverser l'ordre de nos travaux, les autres éléments qui,
évidemment, ne font que tirer les conséquences de 38c, 38d, 38e
et 38f. Cependant, M. le Président, je vous laisse le soin de
déterminer de quelle manière tout ceci doit se faire. Je pense
que le premier alinéa où le problème se pose est 38b. Pour
ce qui est du reste, nous sommes disposés à suivre vos directives
quant au sort qui pourrait être réservé aux autres
paragraphes. Il pourrait être suffisant que votre décision ne
s'applique qu'à 38b et que, malgré tout, la commission
parlementaire poursuive ses travaux sur les autres alinéas, en quelque
sorte, sous réserve. Je vous laisse le soin de préciser comment
interpréter la chose, à moins que mes collègues, d'un
côté ou de l'autre de la table, n'aient là-dessus des
opinions précises. Toutefois il me semble clair que nous sommes en face
d'un principe nouveau qui est inadmissible et irrecevable à ce stade-ci
de nos procédures.
M. Johnson: M. le Président, sur la question de principe,
si vous le permettez?
M. Bellemare: Non, sur le règlement.
M. Johnson: Moi, aussi. Je peux bien laisser aller le
député de Johnson.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement...
M. Bellemare: J'avais demandé la parole au
président.
Le Président (M. Clair): ... M. le député de
Johnson avait manifesté son désir d'intervenir auparavant. M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Si on veut faire de la procédu-rite, on n'a
pas fini, M. le Président, et on n'en sortira pas vivant. Ce n'est pas
parce qu'une commission a obtenu hier une décision différente
de...
M. Forget: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le député de Johnson s'est
élevé contre de prétendues allégations
d'intentions, tout à l'heure. Je pense qu'il vient de faire exactement
la même chose.
M. Bellemare: Non, je n'interprète personne. Je respecte
cela, je n'interprète rien et je ne vous prête pas d'intentions
parce que j'en n'aurai jamais le retour, mais je dis par exemple que quand il
lit le règlement et qu'on veut le comprendre un tant soit peu, le
législateur qui a formulé de nouveaux règlements avait
certainement à l'idée les mots "qui ne s'oppose pas au principe
affirmé". Si ce que vous dites est vrai, M. le député de
Saint-Laurent, pourquoi avoir adopté 38a? C'est exactement pareil.
Pourquoi ne pourrait-on pas discuter 97c? On va être pris, parce que
c'est relié, indirectement, et cela ne s'oppose pas, comme dit notre
règlement, à l'amendement, quand ce n'est pas étranger
à l'objet du projet, premièrement, c'est cela, et,
deuxièmement, qui ne s'oppose pas au principe.
Cela ne peut pas s'opposer aux principes déjà
établis parce qu'on est ici justement pour essayer d'obtenir du
gouvernement et de tous ceux qui composent la commission parlementaire un
agrément et quelque chose qui va bonifier la loi, sinon, vous allez nous
donner des critères impossibles et ce n'est pas ce que le
législateur a voulu dans la loi de la procédure. La commission
peut amender un projet de loi, nous pouvons amender un projet de loi pourvu que
l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du projet. Est-ce
étranger à l'objet du projet, quand cela le bonifie? Est-ce que
ce serait étranger à l'objet du projet de loi, quand on arrivera
à 97c? M. le Président, c'est inconcevable et cela ne peut pas
être un argument valable quand on sait qu'on bonifie
énormément par les articles b), c), d) et e) le projet de loi qui
nous a été soumis. En vertu de l'article 154, M. le
Président, c'est formel, la commission peut amender un projet de loi
pourvu que l'amendement ne soit pas étranger, c'est-à-dire
complètement en dehors du projet de loi dont on parle,
complètement en dehors des conventions collectives, complètement
en dehors des propos qu'on a tenus sur les associations
accréditées, que ce soit dûment contrôlé ou
vérifié. On vient d'en faire un, c'est un exemple.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson. Je comprends bien votre argumentation concernant les articles 154 et
70. Je vous indique seulement que je devrai également tenir compte de
l'article 158 dans la décision que j'aurai à rendre et j'aimerais
vous entendre là-dessus.
M. Bellemare: M. le Président, si vous prenez une
proposition qui a déjà été acceptée par
l'Assemblée et que vous dites que ce n'est pas étranger à
l'objet pour lequel on est réuni, aujourd'hui, on est réuni
justement pour bonifier, pour essayer d'amender la loi. C'est permis en vertu
de l'article 154 de notre règlement, la commission peut modifier dans
son principe une proposition qui a déjà été
acceptée par l'Assemblée, mais c'est l'ensemble du projet, sinon,
on n'a qu'à prendre nos livres
et s'en aller. M. le Président, on est ici pour apporter notre
collaboration, on est ici pour donner notre point de vue. Déjà,
on a amélioré, dans bien des détails, peut-être
même en profondeur certains articles, mais, parce que les amendements
pleuvent comme des clous sur la tête du gouvernement, on va prendre cela
comme un argument. Hier il y a eu un précédent de
créé. Je ne peux pas concevoir qu'on soit ici simplement pour
écouter le gouvernement, qu'on n'ait pas le droit de proposer des
amendements. Rien ne nous empêche, si c'est possible, si cela ne s'oppose
pas au projet de loi, d'amender certains règlements.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, je ne veux évidemment
pas prêter d'intentions au député de Saint-Laurent. Je
constate qu'après 3 h 30 de débats nous sommes toujours à
l'article 28. Quant à la question de règlement qu'il
soulève, tout d'abord, l'article 154 nous dit effectivement qu'on peut
présenter des amendements à condition qu'ils ne soient pas
étrangers à l'objet du débat, deuxièmement, qu'ils
ne s'opposent pas au principe établi en deuxième lecture. Premier
argument.
Deuxième argument, quant à l'article 158, on nous dit
qu'un amendement ne peut modifier dans son principe... Or, M. le
Président et cela me semble être fondamental je vous
soulignerai que le projet de loi 45 prévoit le précompte syndical
obligatoire à son article 28 modifiant l'article 38 du Code du travail.
Je considère que, dans ses modalités, il y a des obligations qui
sont imparties aux syndicats et que les dispositions de 38a découlent
directement de 38.
De plus, cela m'apparaît fondamental, M. le Président,
quant à l'objet, effectivement, du projet de loi 45; je vous rappelle
que l'article 46 du projet de loi 45, prévoit une modification à
l'article 88 du Code du travail et affirme clairement la
propriété collective du grief. Or, affirmant la
propriété collective du grief, on peut constater que l'article
38b devient une modalité d'application et des conséquences de la
propriété collective du grief, c'est-à-dire qu'advient-il
quand on est dans le contexte de la propriété collective du
grief? Les articles 38b et suivants sont les modalités qui
prévoient les exceptions, les tempéraments, les
conséquences, finalement, de l'article 88 du Code du travail, tel que
modifié par l'article 46 du projet de loi 45.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, je veux simplement souligner
que nous ne sommes pas contre la formule Rand, ni la section, du tout. Je pense
que ce que le député de Saint-Laurent veut souligner ou demander
par son amendement, c'est la décision que, si vraiment ou non nous
acceptons le principe de cette section, nous établissions le fait que
c'est un nouveau principe qui n'existait pas auparavant dans le Code du travail
et dont on n'a pas parlé, au fur et à mesure, en deuxième
lecture. Nous sommes complètement d'accord avec les amendements que le
ministre propose. C'est le gouvernement qui propose des amendements, nous ne
sommes pas contre les amendements. On veut tout simplement, peut-être
pour les amendements à venir, demander si vraiment ça tombe ou
non dans le domaine de jurisprudence que l'autre commission a établi
hier soir.
M. Bellemare: Ce n'est pas pareil. Hier soir, c'était en
vertu d'une autre loi qui était adoptée, la loi 49. Elle a fait
un amendement pour cette loi.
M. Mackasey: Je comprends.
M. Bellemare: Ce n'est pas pareil du tout. Ce n'est pas ça
qu'on dit. L'amendement était rejeté parce que ça
attaquait une autre loi. Ce n'est pas pareil.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
M. le député de Johnson. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous avez la parole sur la question de
règlement.
M. Mackasey: Simplement pour souligner, encore une fois, que nous
ne sommes pas contre les amendements. Nous ne sommes pas contre le principe,
nous ne sommes pas contre la protection pour ceux qui ne sont pas membres d'un
syndicat, mais qui payent quand même le syndicat. Nous ne sommes pas du
tout contre le principe. On veut tout simplement, par cet amendement,
établir vraiment de votre part une directive si à votre
connaissance, après avoir écouté les arguments du
député de Johnson, le ministre et d'autres, si vraiment ce
principe que nous voulons nous-mêmes est acceptable ou non.
Parce qu'on ne peut pas arriver en Chambre et qu'un député
de votre parti ou un autre parti prétend que cette section n'est pas
acceptable parce qu'elle était introduite à la commission en
deuxième lecture. Ce n'est pas plus compliqué que cela. On ne
discute pas de la substance, on discute seulement de la procédure
adoptée par le gouvernement pour introduire ces amendements.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, sur la question de règlement?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Clair): Et M. le ministre entendait-il
parler sur la même question de règlement?
M. Johnson: C'est ça.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal sur la question de règlement.
M. Ciaccia: M. le Président, l'article 38b crée une
nouvelle obligation. Sur les associations ac-
créditées qui n'étaient pas inclues dans le projet
de loi en deuxième lecture, quand le ministre dit que ça
découle de l'obligation qu'un grief devient la propriété
collective de l'association, je vous soumets très respectueusement, M.
le Président, premièrement, que cet article 38b ne se trouve pas
après l'article qui parle des griefs, soit l'article 46, et
deuxièmement, l'article 38b est beaucoup plus large dans son
étendue que sur la seule question de griefs. Il parle sur la question
d'agir de mauvaise foi ou de manière arbitrale ou discriminatoire; ce
n'est pas limité seulement à la question de griefs. Cela peut
être dans toutes sortes de situations.
J'irai même plus loin, peut-être à moins que
j'aie mal compris le député de Saint-Laurent en parlant
des articles 38c, d et suivants, pour dire que ces articles aussi se
réfèrent nécessairement à des obligations à
l'article 38b. Nous soumettons que l'article 38d n'est pas recevable à
cause du principe qui est inclus dans 38b, les obligations n'étaient pas
contenues dans le projet de loi en deuxième lecture. L'Assemblée
ne s'est jamais prononcée sur autre chose que le précompte
syndical obligatoire et seulement dans son aspect financier. Elle ne s'est pas
prononcée sur cet aspect de 38b qui est étendu, qui peut couvrir
tous les aspects, toutes les opérations de l'association
accréditée. Ce n'est pas limité à un grief, ce
n'est pas limité à un précompte. La portée de 38b,
d'après ce que je lis, est globale. Une telle obligation n'a jamais
été affirmée, car l'Assemblée ne s'est pas
prononcée sur une telle obligation.
Je vous soumets que 38b n'est pas recevable à ce stade-ci. C'est
important, même si nous sommes d'accord avec le principe de 38b, il faut
conserver les principes de notre procédure. On ne peut pas laisser
passer et créer un mauvais précédent en acceptant en
commission un amendement à un article sur un principe créant des
obligations sur lesquelles l'Assemblée ne s'est pas prononcée en
deuxième lecture. Je pense que c'est un principe que nous devons garder,
nous devons y porter une attention particulière, parce que cela peut
créer des précédents dangereux dans d'autres domaines, non
seulement dans ce projet de loi.
En terminant, je crois que cet article va au-delà des principes
qui ont été acceptés en deuxième lecture et,
conséquemment, il n'est pas recevable. J'irais plus loin, je dirais que
les articles qui suivent 38b et qui se réfèrent
spécifiquement aux obligations de 38b devraient eux aussi à mon
humble avis être déclarés irrecevables.
Le Président (M. Clair): En vertu de l'article 43 de notre
règlement, le président se prononce sur les questions de
règlement au moment où il le juge à propos, j'ai donc
l'intention d'exercer ce droit...
M. Johnson: Si vous permettez, M. le Président, comme vous
m'aviez accordé le droit de parole au moment où vous avez
effectivement reconnu le député de Mont-Royal, j'aimerais quand
même pouvoir...
Le Président (M. Clair): Je vous accorde ce droit, mais
vous serez le dernier intervenant.
M. Johnson: Je soumets que votre décision doit tenir
compte de l'article 158. La question que la présidence se posera sera
sans doute la suivante: Est-ce que cette commission modifie dans son principe
la proposition qui a été acceptée par l'Assemblée
en deuxième lecture?
M. Bellemare: C'est là la formule Rand.
M. Johnson: Je soumets que le principe adopté en
deuxième lecture est double. D'une part, celui qui découle de
l'article 28 du projet de loi, actuellement, modifiant l'article 38 du code,
c'est-à-dire l'introduction du précompte syndical obligatoire,
et, deuxièmement, l'article 46 du projet de loi, ce qui m'apparaît
fondamental dans les circonstances, qui lui, affirme la propriété
collective du grief. Or, M. le Président, dans un deuxième temps,
vous aurez à considérer l'article 154 et vous devrez vous poser
la question de savoir si la commission amende ainsi le projet de loi par
quelque chose qui est étranger à l'objet du projet de loi ou qui
s'oppose au principe affirmé en deuxième lecture. Je soumets que
c'est très clair dans le cas de 154, que nous respectons les
dispositions de 154, paragraphe 2.
Finalement, dans le contexte de l'analyse de l'article 46 du projet de
loi modifiant l'article 88 du Code et affirmant le principe de la
propriété collective du droit de grief, je soumets que l'article
38b est effectivement un énoncé de principe
général, mais est suivi d'une procédure précise
à partir de 38c, qui se réfère effectivement au
non-respect du droit au grief d'un individu en matière de sanction
disciplinaire ou de renvoi et qu'il s'agit effectivement du problème, de
la situation que peut créer la propriété collective du
droit de grief prévu à l'article 47.
On pourra peut-être invoquer que l'article 38b est mal
placé; je ne le pense pas. Je pense qu'il est aussi connexe à 38
qu'il ne l'est à 88. En ce sens, M. le Président, j'espère
que vous accepterez la modification que j'ai proposée à cette
commission.
Le Président (M. Clair): Messieurs, l'article le plus
restrictif, en ce qui concerne les possibilités d'amendement à un
projet de loi lors de l'étude en commission parlementaire,
m'apparaît être l'article 158 qui se lit comme suit: "Une
commission ne peut modifier dans son principe une proposition qui a
déjà été acceptée par l'assemblée."
Dans son principe. La première notion qu'il faut dégager de cet
article 158, c'est celle de principe. Qu'est-ce qui constitue un principe dans
ce projet de loi et qu'est-ce qui ne le constitue pas? Je pense que, si on
interprétait très restrictivement l'article 158, à la
limite, on paralyserait complètement le travail en commission
parlementaire, puisqu'un mot peut, à toutes fins pratiques, constituer
un principe. Je me réfère à la comparaison entre le mot
"peut" et le mot "doit"; il y a eu déjà plusieurs amendements qui
ont été acceptés et
qui, pourtant, changeaient pas mal le sens d'une disposition
législative. Il faut donc exercer, au niveau de la présidence, un
certain jugement de valeur quant à ce qui constitue ou ne constitue pas
un principe du projet de loi et, pour ce faire, il faut, à mon sens,
dans le cadre de l'article 158, faire appel aux articles 154 et 70, dans le but
de mieux cerner ce que peut faire la commission parlementaire à propos
d'un principe.
Mais j'ai bien dit que la première chose à faire,
c'était de dégager d'abord le principe sur lequel l'amendement
est proposé. Exerçant mon jugement, qui est certes limité,
il m'apparaît qu'à l'article 28 du projet de loi 45, le principe
en cause est le principe du précompte syndical obligatoire.
Interprétant l'article 158 à la lumière des articles 70 et
154, on lit, à l'article 70: "un amendement est irrecevable si son effet
est d'écarter la question principale sur laquelle il a été
proposé". Il m'apparaît que le paragraphe 38b, dont l'adoption est
proposée par le ministre, n'écarte pas la question principale qui
est celle du précompte syndical obligatoire.
D'autre part, en ce qui concerne l'article 154, au deuxième
alinéa, on y lit: "La commission peut amender un projet de loi pourvu
que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du projet de
loi". Il ne m'apparaît pas...
M. Bellemare: Mais qu'il ne s'oppose au projet de loi.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Excusez-moi, c'est vrai.
Le Président (M. Clair): II m'apparaît que
l'amendement proposé par le ministre du Travail, en incluant un
paragraphe 39b, n'est pas étranger à l'objet du projet de loi.
D'autre part, on mentionne, à l'article 154: "que l'amendement ne doit
pas s'opposer au principe affirmé en deuxième lecture". Encore
une fois, il m'apparaît que le principe affirmé en deuxième
lecture, dans le jugement que j'exerce comme président, était
celui du précompte obligatoire et que l'article 38b, tel que
proposé par le ministre, ne s'oppose pas au principe affirmé en
deuxième lecture qui, encore une fois, était celui du
précompte syndical obligatoire. Il m'apparaît que l'article 38b ne
constitue qu'une précision, qu'il modifie peut-être l'article 38a
ou qu'il le précise je retire le mot "modifie" qu'il
précise l'article 38a, mais qu'il ne s'oppose pas à ce principe,
qu'il n'y est pas étranger et qu'il n'a pas pour objet, non plus, en
vertu de l'article 70, de l'écarter.
Pour ces raisons, je juge recevable la motion d'amendement du ministre
du Travail touchant le paragraphe 38b, ainsi que les suivants d'ailleurs,
quoique la question de règlement, messieurs, porte sur l'article 38b. Je
ne peux rendre de décision sur l'article 38c, 38d et 38e.
S'il y avait des questions de règlement que d'autres
députés pensaient soulever, je suis convaincu qu'ils tiendront
compte de la décision que je viens de rendre, mais je pense que, au
point de vue de notre règlement, la question de règlement
concernait le paragraphe 38b et je déclare recevable la motion
d'amendement du ministre du Travail, en ce qui concerne le paragraphe 38b,
à l'article 28, du projet de loi 45.
M. Forget: Vous avez parlé d'un amendement. On n'est pas
en face d'un amendement; on est en face du projet de loi.
M. Bellemare: Je soulève un point de règlement.
L'article 43 est clair, deuxièmement, et lorsque le Président
rend sa décision, il indique ce qu'il a vu et ce qu'il dit. Il l'a
rendue, il l'a justifiée. Il n'est pas permis ni de critiquer...
M. Forget: M. le Président, on n'a pas besoin de
commentaires du député de Johnson ici.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Bellemare: ... ni de revenir sur la question. Il n'est pas
question de revenir sur la question décidée.
M. Forget: ...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît;
à l'ordre, s'il vous plaît.
M. Bellemare: Non, M. le Président, c'est notre
règlement et vous allez le suivre et c'est certain. Vous essayez de nous
passer des bois, cela ne passera pas de même.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît.
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Pas le droit de revenir sur la question
décidée.
Une Voix: Qui préside?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, vous avez tout à fait raison.
M. Forget: On a deux présidents, je crois, M. le
Président. Est-ce que c'est une promotion de l'autre
côté?
M. Bellemare: Une promotion, moi, je cherche une promotion? Ah!
non, moi je ne suis pas de ces gens-là.
Le Président (M. Clair): ... j'espère que les
propos que vous avez tenus à l'effet que la décision du
Président était partiale et enregistrée.
M. Bellemare: Je ne me présenterai pas à la
chefferie libérale, c'est certain.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît.
M. Bellemare: C'est correct.
M. Mackasey: ... où il faut rester ensemble.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît.
Nous en sommes donc à l'étude du paragraphe 38b de l'article 28
du projet de loi 45. Y a-t-il des intervenants sur ce paragraphe?
M. Bellemare: Oui.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: M. le Président, en vertu de l'amendement
qui est apporté par le ministre, je trouve assez extraordinaire qu'il
ait fait sauter un bout de phrase: celui qui disait: "pour tout ce qui concerne
la négociation, l'interprétation et l'application de conventions
collectives". Quant à l'interprétation, quant à
l'application de la convention collective, je n'y vois pas d'objection. Mais
quant à la négociation, là, par exemple, j'y vois un
danger. Si on regarde ici dans notre description de la Loi du Code du travail:
"griefs: toute mésentente relative à l'interprétation,
à l'application d'une convention collective". Si je
réfère, par la suite, au paragraphe e) qui dit: "Et si le
tribunal estime que l'association a violé l'article 38b, il peut
autoriser le salarié à soumettre sa réclamation à
un arbitre nommé par le ministre en position, selon la convention
collective...", quand il s'agissait d'un grief.
Vous faites disparaître un mot qu'il serait très important
de garder, en ce qui concerne toute la négociation.
L'interprétation et l'application, je peux m'en passer. Mais en ce qui
concerne la négociation, c'est important vis-à-vis de la loi,
quand il s'agira de relever, comme on dit si bien dans l'article 38e, la notion
du grief. Parce que la négociation, vous savez, on ne peut pas la faire
sauter n'importe quand, n'importe comment. L'interprétation et l'autre
terme qui dit l'application, on peut l'enlever; cela ne me dérange pas.
Mais quand il s'agit de la négociation, peu importe qu'il soit membre ou
non, en tout ce qui concerne la négociation. Point. Cela me satisfait
énormément parce qu'on ferait justement dans le 38... Correct,
allez-y.
M. Johnson: M. le Président...
M. Bellemare: Est-ce que j'ai été trop long?
M. Johnson: ... voici, si le député de Johnson me
le permet. J'aimerais clarifier les raisons qui nous ont amenés à
cela. On a eu des discussions longues et compliquées avec nos juristes
là-dessus. Je suis d'accord avec le député de Johnson
quand il affirme que 38f évoquant la notion de grief, en disant que: "Si
une réclamation est déférée à un arbitre en
vertu du 38e, l'employeur ne peut opposer une observation par l'association de
la procédure des délais prévus à la convention
collective par le règlement des griefs". Donc, on se
réfère à la notion de grief et on dit: C'est toute
mésentente relative à au début du code
l'appli- cation ou l'interprétation de la convention collective. Donc,
la notion d'interprétation et d'application de la convention collective
est considérée comme comprise, puisqu'à 38f on
réfère à l'arbitrage et puisque cet arbitrage
découle... et que la notion de grief est comprise.
M. Bellemare: C'est pas une raison pourquoi vous ne voulez pas
laisser la négociation dans le paragraphe.
M. Johnson: Maintenant, il reste la notion de négociation.
La raison pour laquelle nous avons supprimé la notion de
négociation, c'est que, d'une part, la notion de négociation ne
fait pas partie de la définition de grief. Deuxièmement, et je
vais donner un exemple je sais que le député de Johnson a
une longue expérience du syndicalisme...
M. Bellemare: Non, non, ce n'est pas nécessaire.
M. Johnson: ... le député de Johnson sait
très bien, comme moi, que lors d'une négociation, certaines
catégories d'employés, à cause du poste qu'ils occupent,
à cause de leurs fonctions dans l'entreprise, à cause de
l'importance...
M. Bellemare: Parce qu'ils sont nos membres.
M. Johnson: ... c'est cela.
M. Bellemare: Oui, on vient de le dire.
M. Jonhson: Non, enfin, le problème ne se pose pas
à ce niveau-là, au niveau de la négociation, certaines
catégories d'employés peuvent faire l'objet, et le
député de Johnson sait très bien, comme moi, que, dans
toute convention collective, puisqu'il s'agit d'un donnant donnant entre
employeur et l'association accréditée, il y a quelque part
quelqu'un, des personnes, des catégories ou des actes qui font l'objet
de demandes qui sont inférieures à celles d'autres personnes,
actes ou catégories d'objets. Par exemple, prenons les employés
de commerce. L'exemple le plus récent que j'ai à l'esprit, c'est
Dominion. Les syndiqués ont donné un vote quasi unanime en faveur
de leur dernière convention collective il y a environ un mois et demi.
On sait que, chez Dominion, sur les quelque deux mille employés
représentés par l'unité en question, par l'association
accréditée en question, il y avait un groupe d'une centaine ou de
200 employés occasionnels ou à temps partiel, qui étaient
quand même couverts par l'unité d'accréditation, qui
faisaient partie de l'association accréditée et qui
considèrent, au bout de la ligne, que la négociation a
amené pour eux des conditions qui ne sont pas suffisantes
comparativement à l'ensemble des autres travailleurs de l'unité
de négociation.
Par définition, cela fait partie de ce que c'est qu'une
négociation. Le syndicat en cours de route, va décider qu'il
demande $1.85 d'augmentation
pour tel groupe, mais $1.25 pour tel autre groupe, compte tenu de leurs
fonctions, de leur importance, etc. Si on ouvrait cette notion à
négociation, on pourrait donner ouverture littéralement à
un sabordage de ce que représente le mandat d'un syndicat en
négociation, puisqu'une personne ayant eu des conditions
inférieures à ses collègues, pourrait invoquer que cette
négociation a été discriminatoire à son
égard. Ce n'est évidemment pas l'objet de l'amendement que nous
avons apporté au projet de loi 45. L'objet est d'imposer une obligation
au syndicat de traiter de façon égale, non discriminatoire, non
arbitraire et sans mauvaise foi, l'ensemble des salariés, qu'ils soient
compris ou non dans l'unité. Il faut le lire avec 38c et les suivants
puisque, finalement, 38c parle d'un recours; ce recours se réfère
lui-même à la non-observation de 38b par l'association
accréditée, et permet ce recours aux salariés qui se
considèrent lésés. L'exemple de cela, c'est le renvoi ou
la sanction disciplinaire comme, par exemple, la suspension.
Si un individu considère que le syndicat a agi de façon
discriminatoire, arbitraire ou de mauvaise foi en choisissant de ne pas le
défendre, il peut, à ce moment-là, avoir recours aux
procédures qu'on retrouve aux articles 38c et suivants.
Pour ces raisons, M. le Président, nous avons supprimé la
notion de négociation et nous maintenons le reste.
M. Bellemare: Ils m'ont dit que les formalités...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Quans vous finissez l'article 38b, vous dites:
"qu'elle représente, peu importe qu'il soit membre ou non", c'est de
là que vient le problème. C'est là que pour tout ce qui
concerne la négociation, membre ou non, on aurait le droit de se servir
de 38b. C'est pour cela. Quant à l'interprétation et à
l'application, les non-membres n'ont pas affaire à cela, mais, par
exemple, en négociation, ils auraient certainement un droit acquis de le
faire et vous l'enlevez. Cela a été mis là par des
juristes qui connaissaient probablement le Code du travail et qui l'avaient
étudié et vérifié avec le tribunal. A un moment
donné, des pressions se sont peut-être faites; chez nous, il y en
a eu. Dans mon cas, des gens sont venus me dire: Ecoutez, la
négociation, on ne devrait pas l'enlever, sauf l'interprétation
et l'application, à cause des griefs, je pense qu'on devrait laisser la
négociation.
Je ne veux pas forcer la main au ministre mais, dans ses premiers
amendements, il était bien écrit: "La négociation,
l'interprétation et l'application de la convention collective"...
Pourquoi est-ce qu'il arrive, à un moment donné, et biffe tout
cela? Je ne dis pas qu'il a été vu et qu'il a été
pressuré. Non, mais les légistes qui l'ont mis là avaient
dit au ministre du temps: C'est bien important que cela y soit. A un moment
donné, on reçoit un nouvel amendement et cela n'y figure pas.
C'est complètement enlevé. Pourquoi? Il y a une raison. Il
faudrait se montrer prudent, je le pense.
M. Mackasey: Je pense, M. le ministre, que vous savez autant que
moi la raison. Vous l'avez mentionné en parlant de la Commonwealth,
c'est occasionnel. Les syndicats n'aiment pas cela un occasionnel. C'est
normal, parce que, pour eux, cela représente une menace du nombre
d'employés permanents. En temps normal, avec la formule Rand surtout,
ils sont obligés de payer une cotisation au syndicat. Mais, souvent, les
syndicats à la table de négociation ne sont pas tellement
intéressés d'améliorer le sort des "occasionnels". Au
contraire.
Je n'aime pas parler de mon expérience. Dans votre domaine, au
provincial, je n'ai pas d'expérience, mais je sais que, souvent, dans un
bureau de poste, par exemple, même si les occasionnels sont membres du
syndicat, le syndicat ne peut pas protéger les occasionnels, ne veut pas
donner le droit...
M. Bellemare: ... à la négociation.
M. Mackasey: ... au même salaire. On ne veut pas"
encourager l'engagement d'occasionnels, même si c'est souvent
nécessaire dans une entreprise où c'est impossible d'organiser
une productivité sans eux. Vous êtes obligés de travailler
pendant 24 heures pour sortir le courrier de la poste.
Vous avez ici le changement fondamental par lequel vous permettez aux
syndicats, encore une fois, de ne pas agir de bonne foi, envers les
occasionnels, de ne pas protéger les droits des occasionnels. On veut
par exemple que, chaque mois, les occasionnels payent une cotisation au
syndicat, mais qu'ils ne viennent pas à la table de négociation
trop souvent.
J'ai eu l'occasion de m'en rendre compte quand moi-même
j'étais obligé de défendre les occasionnels, mais pas les
syndicats. Vous savez cela, M. Chevrette.
Notre rôle ici est de protéger tous les employés,
pas seulement ceux que le syndicat veut voir protégés. La
première recommandation du ministre était juste, logique et
honnête, soit de protéger les occasionnels qui ont le droit de
vivre aussi, qui sont membres d'un syndicat et qui ont le droit, à la
table de négociation, d'être défendus, d'être
protégés par le syndicat, au même niveau et avec la
même intensité que tous les membres permanents.
Là, vous avez changé 38b, je crois, dans le sens que, si
un occasionnel se plaint qu'il n'est pas protégé par le syndicat
de la même façon que les employés permanents, il peut faire
une plainte au commissaire ou à vous.
Mais là, qui va protéger l'occasionnel, si, à la
prochaine négociation, même à la Commonwealth, le syndicat
ne veut pas aider les occasionnels?
M. Johnson: Dominion. Pas Commonwealth. It sounds like
Commonwealth.
M. Mackasey: Anybody attended it. What I want to say, I may come
back to my own language, let us talk about unions in general, quite often there
are three classes of workers in a company, let us talk about les
"débardeurs", if you like. There are full time workers, there are part
time workers and there are occasionals. They are covered by the same collective
agreement. They do not all have the same protection. They are not on the same
"liste d'ancienneté, seniority list?
M. Bellemare: C'est cela.
M. Mackasey: A brakesman in a train may be used to be? OK.
So, il y a une nuance, the occasionals from unions are tolerated. Unions
want their dues. They do not want the obligations. I protected them with a
degree of integrity, that they should, because these casuals are paying into
the union for protection. And you have admitted, M. le ministre, the obligation
of the union, very narrowly, you have eliminated from your amendment the
obligation of the union to protect the casual workers at the bargaining table,
in fighting for their rights. Oh yes! Yes, you are; I am sorry. Exactement.
M. Bellemare: Yes.
M. Mackasey: I can understand the Unions for making
representations to the minister and saying: We do not really want casuals,
because that cuts down on the number of full-time employees. If a company
abuses of the use of casuals, if you hire too many casuals, if you hire too
many part-time workers, you are cutting down on the number of permanent
workers.
Je comprends que les permanents n'aiment pas les occasionnels. Cela
représente, pour eux parfois, par exemple, une diminution de temps
supplémentaire, "overtime in weekend work" mais, "we cannot have it both
ways".
Avec la formule Rand, on demande à quelqu'un qui n'est même
pas membre du syndicat de payer. Je suis complètement d'accord avec
cette philosophie, mais il faut quand même que le syndicat rende à
cette personne qui ne veut pas être membre du syndicat, peut-être
à cause de ses convictions religieuses, si vous voulez, tous les
services qui sont rendus à des membres permanents ou à des
membres qui sont membres du syndicat et non pas seulement des salariés
dans l'accréditation.
Comme vous avez changé les responsabilités des syndicats,
dans votre première suggestion ou recommandation, par l'amendement que
vous venez d'apporter, c'est sans doute parce que les syndicats ont dit au
ministre du Travail ou peut-être à vos fonctionnaires:
The best you can expect us to do is to tolerate the casuals. Do not ask
us to go up to the bargaining table and fight for their rights, because they
are a necessary evil, "malheureusement".
I am saying that we have an obligation in this place, not to the Unions
but to the workers, including the casual workers, including the part-time
workers, including the non unionized workers who, through the Rand formula or
personal convictions, are paying their dues. And you are limiting the legal
responsibility of the Union by this amendment. I am disappointed in you, Mr
minister, very disappointed in you.
M. Johnson: M. le Président, si le député de
Notre-Dame-de-Grâce me permet, je voudrais référer au fait
qu'il s'agit de droit qu'on peut considérer comme du droit nouveau
c'est une expression que je trouve galvaudée.
M. Forget: Le Président l'a dit tantôt.
M. Johnson: La plupart des dispositions du projet, plusieurs
dispositions du projet de loi 45 sont considérées comme du droit
nouveau. Cependant, l'article 60 de la loi ontarienne prévoit exactement
les mêmes dispositions.
Deuxièmement, le fait d'avoir supprimé...
M. Mackasey: Ce sont des arguments qu'on a là.
M. Johnson: Oublions... Si j'avais présenté ce
texte à l'origine, sans présenter un premier texte où on
référait à la notion de négociation,
interprétation et implication de la convention collective, je suis
à peu près sûr que le député de
Notre-Dame-de-Grâce n'aurait pas fait l'exposé qu'il vient de
faire, parce qu'étant donné qu'à l'article 38b, on ne
spécifie pas qu'il s'agit de l'application, de l'interprétation
ou de la négociation, dans le cas de la convention collective, cela
couvre en principe l'ensemble.
Quelle est la conséquence de l'existence de l'article 38b? C'est
du droit nouveau au sens où on impose une obligation qui n'existait pas
pour les syndicats. En ce sens, c'est un progrès
considérable.
Deuxièmement, on prévoit une obligation précise,
à l'article 38b, ce qui, en principe, peut donner un recours en
dommages-intérêts pour celui qui se sentirait
lésé.
Troisièmement, à l'article 38c et suivants, on
prévoit un recours spécifique qui peut conduire à
l'arbitrage du grief de façon expéditive par un arbitre unique,
dans les cas précis où il s'agit effectivement de ce qui aurait
pu faire l'objet d'un grief.
Or, la négociation d'une convention collective et l'attitude
présumément discriminatoire qu'un syndicat pourrait avoir
à l'égard d'un syndiqué ou d'un groupe à
l'intérieur de l'unité, ne peut jamais faire l'objet d'un grief
en soi. Au moment où on se parle, au Québec, l'occasionnel
peut-il se plaindre du fait qu'il a été moins bien traité
que ceux qui sont les employés à temps plein ou les
employés à temps partiel dans un syndicat? Il n'a aucun recours.
On lui donne au moins ici un recours en
dommages-intérêts, s'il peut en faire la
démonstration.
Finalement, le seul fait d'imposer cette nouvelle obligation au sens de
notre droit du travail et non pas au sens du projet de loi 45, puisqu'elle
découle de l'article 46, quoique puisse en penser le
député de Saint-Laurent, c'est, à mon avis, un
progrès considérable.
Je pense que cet article ne donnera sans doute pas lieu a beaucoup de
réclamations pour les mêmes raisons qu'en Ontario, en cinq ou six
ans d'application, le "duty of fair representations", n'a donné lieu
qu'à moins de dix, je pense que c'est sept poursuites dont deux ont
été maintenues devant le Labour Relations Board de l'Ontario.
En ce sens, c'est l'affirmation d'un principe clair d'où peuvent
découler des dommages et intérêts dans le cas de la
négociation et qui protège les droits en matière de griefs
de celui qui n'est pas membre de l'unité, ou qui est membre de
l'unité sans être membre du syndicat ou même un membre du
syndicat, mais qui voit son syndicat de façon discriminatoire ne pas
exercer les recours en matière de griefs qui appartiennent maintenant au
syndicat.
M. Mackasey: Une petite réplique, M. le ministre. Votre
premier amendement suggérait et je ne suis pas pour le lire, vous
le connaissez mieux que moi, peu importe qu'il soit membre ou non...,
pour tout ce qui concerne la négociation, l'interprétation ou
l'application de la convention collective. Maintenant, vous avez
éliminé pour tout ce qui concerne les négociations ou
l'interprétation ou l'application de la convention collective.
Peut-être que cela n'est pas apparu dans votre premier amendement, nous
n'avions pas tellement de soupçons sur votre deuxième amendement
qui ne touche plus ou ne mentionne plus maintenant les négociations,
l'interprétation, l'application de la convention collective.
Il faut revenir aux négociations. J'ai assisté à
tellement de négociations, pas comme ministre du Travail, mais comme
employeur dans les postes; un autre rôle, je n'étais pas ministre
du Travail, j'étais employeur. J'étais obligé, comme
employeur, de protéger les employés, parce que le syndicat
n'avait pas le courage... Il ne voulait pas protéger leurs
employés occasionnels, parce qu'il ne voulait pas d'occasionnels au
bureau de poste. Il était prêt à prendre leur argent, par
exemple. Ils étaient membres du syndicat, ils étaient membres de
l'unité. C'était moi qui étais obligé de
défendre les employés, parce que le syndicat n'en voulait
pas.
C'est cela le changement dans l'amendement. Cela enlève au
syndicat l'obligation morale de protéger tous les membres
salariés dans cette unité, pas seulement dans la question de
négligence grave à l'endroit des salariés, mais aussi
à la table de négociations. Au sujet de l'interprétation
ou de l'application de la convention collective, qui va faire cette application
ou cette interprétation si ce n'est pas un "shop steward" ou quelqu'un
dans le local, qui va faire l'interprétation de la convention collective
dans le même sens pour un occasionnel que pour un permanent? Nous sommes
ici pour rendre justice aux travailleurs, pas seulement aux syndicats. Si le
ministre est content publiquement... Je vais vous faire, je vous le jure, un
discours en troisième lecture sur ce point. Tous les employés
dans la province de Québec vont le comprendre, parce que par ce
changement le ministre est prêt à appuyer quelques syndicats
il n'y en a pas tellement qui sont prêts à
discriminer, à faire de la discrimination aux membres de leur syndicat,
quand ces membres sont des employés à temps partiel, quand ce
sont des occasionnels, parce que finalement, un syndicat, logiquement,
préférerait aucun occasionnel, aucun travailleur à temps
partiel, c'est seulement les employeurs qui sont forcés à cause
des caractéristiques d'une telle industrie comme dans le cas des
débardeurs, des postes ou dans le domaine professionnel... bien d'autres
entreprises.
Vous permettez encore la discrimination par le syndicat contre quelques
salariés dans les unités de négociations. Maintenant,
c'est encore plus dangereux, parce qu'avec la formule Rand, à part des
occasionnels, à part des travailleurs à temps partiel, vous avez
des membres de cette unité qui ne sont pas membres du syndicat, mais qui
prennent l'avantage de la formule Rand.
M. le ministre, je vous demande, au nom de ceux que je viens de
décrire, les occasionnels, les "casuals", les "partiels", de ceux qui
prennent avantage de la formule Rand, de les protéger dans les
négociations qui se tiennent tous les ans ou tous les deux ans, dans
l'interprétation et même dans l'application des conventions
collectives. Sérieusement, je ne peux pas comprendre pourquoi vous avez
perdu, peut-être est-ce vos fonctionnaires, le courage d'appliquer
l'article 38b comme vous l'avez soulevé au début de
l'amendement.
Ce n'est certainement pas un argument de la part des patrons qui vous
fait suggérer le changement à ce deuxième amendement.
C'est pour faire plaisir à qui? Pour accommoder qui? Ceux qui veulent
faire de la discrimination? S'ils n'en veulent pas, il n'y a rien dans le
premier amendement qui est regrettable ou ne fait pas l'affaire d un syndicat
qui veut vraiment protéger tous les membres, que ce soit des "casuals",
des "partiels", ou des permanents.
Le Président (M. Chevrette): Qui était le
suivant?
M. Mackasey: Je ne sais pas si je parle...
Le Président (M. Chevrette): Je m'excuse, mais mon
président est parti et il ne m'a pas donné la liste des
intervenants. Est-ce qu'il y en a un...
M. Johnson: Est-ce que le député de
Joliette-Montcalm veut prendre la parole?
Le Président (M. Chevrette): II passera son tour.
Le ministre du Travail.
M. Johnson: M. le Président, je pense avoir exposé
les raisons qui m'ont amené à présenter cet article tel
qu'il est. Deuxièmement, tout en retenant les propos du
député de Notre-Dame-de-Grâce, je considère que
c'est un pas considérable. Il ne faut pas oublier une chose, et ce qui
nous a inspirés dans la rédaction de ces articles, c'est que ce
n'est pas parce qu'un individu est syndiqué qu'il perd ses droits comme
citoyen. Il y a peut-être une tendance, parfois, dans
l'interprétation qu'on veut donner à la législation du
travail et venant parfois de ce qu'on appelle les "establishments "
syndicaux, mais les gens qui vivent à longueur de journée dans
ces préoccupations et qui ont raison d'être
particulièrement obsédés par le droit du travail il
y a peut-être une tendance, à un moment donné, à
considérer qu'un syndiqué vit dans un régime
complètement à part du reste de la société et, en
ce sens-là, les articles 38a et suivants sont l'affirmation qu'un
syndiqué, c'est aussi un citoyen et qu'il doit être
respecté comme n'importe quel citoyen. Et quand on se
réfère à des attitudes arbitraires de mauvaise foi ou
discriminatoires en s'inspirant, entre autres, de la loi ontarienne, je pense
que c'est un pas considérable dans la législation du travail au
Québec. Dans le contexte du précompte syndical, ça
s'impose. Dans le contexte de la propriété collective, de
l'arbitrage de griefs, ça s'impose également. Pour ces raisons,
M. le Président, je demanderai si l'article 38b est adopté, ou
enfin, pas l'article 38b, puisque... Est-ce que la discussion est
terminée sur l'article 38b?
M. Forget: Non, M. le Président. M. Mackasey:
Terminée...
M. Johnson: Puisqu'il ne s'agit pas d'adopter l'article 38b, il
s'agit d'adopter l'article 28 du projet de loi...
M. Mackasey: M. le Président, il faut...
M. Johnson: ... est-ce qu'on pourrait passer à l'article
38c?
M. Mackasey: ... insister auprès du ministre, avec
gentillesse et politesse que je suis membre d'un syndicat depuis 41 ans,
d'accord? Alors, ce n'est pas nécessaire de me dire encore les choses
fondamentales, élémentaires, à savoir que quelqu'un qui
est membre d'un syndicat est encore citoyen. Moi, ça fait 41 ans que
j'ai une telle compréhension, je parle du syndicalisme. Vous dites
encore, par exemple, que ce ne sont pas tous les syndicats, pas plus,
d'ailleurs, que toutes les entreprises, que tous les députés, que
tous les médecins...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Laviolette sur une question de règlement.
M. Jolivet: Je ne voudrais pas être irrespec- tueux envers
le député de... De telle sorte que je me pose la question: Est-ce
que c'est un dialogue que l'on a actuellement ou s'il a épuisé
ses 20 minutes sur l'ensemble de la question? Sans cela, ça n'a pas de
bon sens...
M. Laplante: 24 minutes. M. Jolivet: Parce que
là...
Le Président (M. Clair): Malgré les
difficultés du président de tenir le temps de parole de chacun
des députés, si je fais le total des bouts d'intervention du
député de Notre-Dame-de-Grâce, parce qu'il a posé
des questions et qu'il a eu des réponses et qu'il a été
interrompu, j'en arrive à un total de treize minutes jusqu'à
maintenant, de sorte qu'il a encore sept minutes...
M. Mackasey: ... M. le Président... M. de Bellefeuille:
... bénédiction.
M. Jolivet: Ce que je voudrais éviter, M. le
Président, c'est que ça devienne un dialogue.
M. Mackasey: M. le Président, je suis prêt à
faire un dialogue avec le député...
M. Jolivet: Non, je ne veux justement pas avec vous.
M. Mackasey: Alors, qu'il reste tranquille et apprenne quelque
chose. Cela va vous faire du bien.
M. Jolivet: Moi aussi, je suis syndiqué, M. Mackasey,
mais...
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Jolivet: ... M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: J'ai seulement demandé des observations au
ministre. Ce n'est pas un débat avec le ministre. On discute...
M. Jolivet: On est syndiqué du moment, pas depuis 41
ans.
Le Président (M. Clair): Rien n'interdit...
M. Johnson: On devrait peut-être aller souper ensemble, M.
Mackasey.
M. Jolivet: Oui, ce ne serait pas pire.
M. Johnson: Ce serait peut-être plus simple, je pense, pour
les membres de cette commission.
M. Mackasey: M. le Président, on peut avancer très
facilement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: On peut adopter cette loi demain. Moi, je suis
prêt à suggérer au caucus libéral...
M. Jolivet: Faites-le!
M. Johnson: Bravo! We will see if you have class.
M. Mackasey: Oui, mais... Wait a minute, I am prepared to go on
television, radio and in the Assembly and say: We are wasting our time because
with any amendment we bring here, we are talking to the deaf.
M. Johnson: Non!
M. Mackasey: Non, écoutez...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de- Grâce...
M. Mackasey: J'ai droit à mes 20 minutes, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Clair): Vous avez droit à vos 20
minutes, mais, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Sans les interventions des
députés.
Le Président (M. Clair): Exactement, c'est en plein
ça, M. le député, je vous demande de ne pas tenir compte
de l'intervention du député de Laviolette.
M. Mackasey: Je vous félicite, M. le Président,
mais est-ce possible de dire aux députés que j'ai, à ma
disposition, 20 minutes, que c'est rare que je prenne mes 20 minutes, mais
s'ils m'interrompent, je prendrai mes 20 minutes à chaque article,
à chaque amendement et ce, d'ici à Noël l'an prochain, si
vous voulez.
Le Président (M. Clair): Ce serait votre droit, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Vous avez encore six
minutes.
M. Mackasey: C'est un point fondamental pour moi que le
changement, dans cet amendement; c'est de la discrimination contre quelques
membres d'un syndicat, que ce soit, dans un syndicat, les membres qui
travaillent à temps partiel, dans un autre syndicat, ceux qui
travaillent comme occasionnels. Les syndicats ont toujours une tendance,
à la table des négociations, de ne pas protéger ces
occasionnels et ceux qui travaillent à temps partiel, avec la même
vigueur qu'ils défendent les droits des permanents. Le premier
amendement était un amendement progressif parce que c'était une
déclaration du ministre ou de son ministère que tous les membres
d'un syndicat, que ce soit un homme qui est obligé de travailler
à temps partiel les samedi et dimanche parce que, avec notre niveau de
chômage, il a besoin d'argent, ou un occasionnel, pour la même
raison, pendant les fêtes ou quelque chose de la sorte, ce sont des
personnes, ce sont des citoyens. Le ministre, dans son premier amendement, a
souligné aux syndicats et je pense que la plupart des syndicats
n'ont pas besoin de cette suggestion; ce n'est pas un reproche, mais une
observation qu'ils ont une obligation morale et maintenant légale
de prendre en considération les besoins de tous les membres, soit ceux
qui sont importants comme les permanents et ceux qui sont moins importants
comme les occasionnels. C'était le but du premier amendement.
Maintenant, quelqu'un a suggéré au ministre: Ce n'est pas
l'affaire des syndicats si un occasionnel ou un travailleur à temps
partiel va se plaindre que, à la table des négociations, il n'est
pas bien représenté. Peut-être qu'on n'a pas insisté
pour le temps double, pour un occasionnel qui travaille le dimanche ou temps et
demi s'il travaille le samedi. On l'a fait seulement pour les permanents, les
occasionnels et les autres, pourquoi aller combattre pour le temps double s'ils
travaillent le dimanche? C'est ce que le premier amendement voulait dire. Si le
ministre ce n'est pas pour retarder les travaux de l'Assemblée
est content d'abord c'est sa réputation qui est mise en
jeu du fait qu'il vient maintenant de dénier, à quelques membres
des syndicats ou quelques membres salariés dans une unité
accréditée, les mêmes droits ou les mêmes obligations
que les autres ont dans le syndicat. Légalement, pas seulement
moralement. Si le ministre n'a pas la même considération pour
quelques syndicalistes ou pour ceux qui prennent avantage de la formule Rand,
je ne peux pas le faire changer d'idée; son idée est
fixée, on le voit, mais qu'il pense aux conséquences d'avoir fait
le débat publiquement.
Le Président (M. Clair): Peut-on considérer que
l'étude de l'article 38b est terminée?
M. Jolivet: Terminé.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je dois souligner,
après avoir entendu patiemment les explications ou ce qui se
présentait comme telles pour le morceau de législation qui
est devant nous, qu'il est à peu près inconcevable de se
retrouver dans un débat où, à l'intérieur de la
même heure, des affirmations si nombreuses et contradictoires nous sont
fournies. Le ministre, fidèle en ça à lui-même, M.
le Président parce que là on commence à
reconnaître un style commun dans l'ensemble des dispositions et, à
ce point de vue, tous les articles sont des modalités, des variations
sur un thème connu se borne à lancer des messages, faire
des symboles et nous servir la face du symbole qui est la plus propice à
son argumentation du moment. Il nous a dit: On a enlevé les mots
"négociation", "application " et
"interprétation" des conventions collectives parce que cela
pourrait causer des difficultés. Il ne faut pas que cela s'applique
à la négociation. Cela va être difficile si cela s'applique
à la négociation. On va trouver toutes sortes d'enfarges, dans le
processus des négociations, basées sur des prétentions
à la discrimination. Quand on lui a dit qu'il fallait qu'il s'occupe de
tout le monde, que le syndicat devait s'occuper de tout le monde dans la
négociation, il a dit: Ah! Oui. Cela va s'appliquer même dans la
négociation. Le même projet de loi, le même article va
s'appliquer et ne s'appliquera pas au même sujet.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, sur une
question de règlement.
M. Forget: Non, M. le Président. J'ai la parole, j'ai
écouté le ministre patiemment...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le
député de Saint-Laurent. Le ministre du Travail soulève
une question de règlement.
M. Johnson: Je pense que je suis à même d'apporter
une clarification des faits puisque le député de Saint-Laurent
affirme des choses qui sont inexactes.
M. Forget: Ah non. C'est dans la transcription. Vous
vérifierez.
M. Johnson: Si j'ai effectivement affirmé que le fait de
ne pas spécifier qu'il s'agit de négociation, application ou
interprétation de la convention collective, j'ai bien dit qu'il fallait
le lire avec l'article 38c qui lui, prévoit un recours
spécifique.
M. Forget: C'est la modalité d'application, le recours,
mais le champ d'application est déterminé à l'article
38d.
M. Johnson: Effectivement, oui.
M. Forget: Et on nous a dit, à un moment donné: on
a enlevé ces mots-là pour ne pas que cela s'applique à la
négociation, et quand on vous a fait l'objection que cela ne
s'appliquait pas à la négociation vis-à-vis de certains
employés, vous avez dit: Oui, cela va s'appliquer là aussi. Vous
ne pouvez pas le nier, c'est dans la transcription.
M. Johnson: Quant à l'article 38c, quant au recours qui
est impliqué.
M. Forget: Le recours va s'appliquer si l'article s'applique.
Mais s'il ne s'applique pas le recours sera inutile. On nous a donc dit, d'une
part, que cela s'appliquait et d'autre part que cela ne s'appliquait pas. Et
tout le byzantinisme qu'on veut faire autour de cela démontre clairement
que c'est un exercice de relations publiques auquel on assiste. De la
même façon qu'on a eu droit, de la part du ministre, à
l'argumentation que ce n'était rien de nouveau...
M. Johnson: Comme l'obstruction.
M. Forget: ... et que c'était, d'autre part, l'affirmation
d'un principe nouveau et du droit nouveau.
M. Johnson: Comme l'obstruction du député de
Saint-Laurent au bon fonctionnement de cette commission.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget: Laissez faire l'obstruction! On va faire de
l'obstruction à un projet de loi qui est aussi mal conçu et qui
est défendu de façon irresponsable.
M. Johnson: Quatre heures sur le même article.
M. Forget: Pourquoi pas huit heures aussi?
M. Mackasey: Votre article est mal fait et vous ne voulez
même pas discuter d'amendements pour l'améliorer! On peut prendre
quatorze heures si vous voulez.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît
!
Si j'essaie d'interpréter, à la lumière de notre
règlement, ce qui était en train de se dérouler, c'est que
le ministre tentait d'exercer son droit de parole, prévu à
l'article 96, qui mentionne: "Le député qui prend la parole pour
donner des explications sur le discours qu'il a déjà
prononcé ne peut le faire que lorsque le discours qui les provoque est
terminé" et à ce que je sache le député de
Saint-Laurent n'avait pas terminé "à moins que celui qui
le prononce ne consente à être interrompu".
M. Forget: Ce n'est pas encore fait. M. Johnson: Mes
excuses.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Forget: Je crois qu'au-delà du fond, et je l'ai
indiqué tout à l'heure, le principe qu'on semblerait vouloir
incorporer dans l'article 28b n'est pas un principe mauvais, pourvu que la
réaction soit telle qu'effectivement on s'assure qu'il s'applique
à quelqu'un et ce, avec efficacité, et que les recours qu'on va
ouvrir plus tard ne sont pas des recours futiles, applicables à un si
petit nombre de cas qu'on aurait été mieux de ne rien faire. A
mon avis, au-delà de ce principe qu'on pourrait peut-être vouloir
lire dans l'article 38b, il reste que la façon dont on le circonscrit,
à la fois dans les recours, parce qu'on y viendra tantôt, et
à la fois dans l'interprétation que le ministre en donne,
démontre clairement qu'on est en face, comme dans le cas des votes,
comme dans le cas de plu-
sieurs autres dispositions, de messages de relations publiques ou de
messages politiques, mais pas du tout d'une modification importante et efficace
du projet de loi. On se sert d'arguments, à l'intérieur du
même discours du ministre, complètement contradictoires pour dire
que tantôt c'est nouveau, tantôt ce n'est pas nouveau, selon ce qui
convient pour les besoins de la cause. C'est un peu désolant de voir le
ministre se livrer à des exercices comme ceux-là. Il nous a dit
tantôt que cela découlait de principes déjà
adoptés, qu'il n'y avait rien de nouveau là et dans le même
souffle il va nous dire que c'est là du droit nouveau, que c'est
là un principe fondamental qu'on établit dans nos lois... Alors,
le jupon dépasse un peu trop et on veut nous faire croire qu'on fait
là quelque chose de considérable...
M. Johnson: ... mettre en question...
Le Président (M. Clair): M. le ministre du Travail, je
vous en prie. Si...
M. Forget: On veut nous faire...
M. Johnson: Le député de Saint-Laurent est en train
de remettre votre décision en question.
M. Forget: J'ai la parole. Je ne mets aucune décision en
question.
Le Président (M. Clair): A l'ordre. Si vous soulevez une
question de règlement, M. le ministre, je vous accorderai la parole.
M. Johnson: Oui, M. le Président, je vais soulever une
question de règlement, puisque le député de Saint-Laurent
veut s'adonner à ce genre d'attitudes. M. le Président, le
député de Saint-Laurent est en train de remettre en question,
puisqu'il a même, de son siège, affirmé que vous
étiez partial au moment où vous avez rendu votre décision
sur la recevabilité de l'article 38b, de façon
détournée, votre décision. En ce sens, il ne respecte ni
l'esprit ni la lettre du règlement. Je vous demanderais de rappeler le
député de Saint-Laurent à l'ordre.
M. Forget: Pas du tout. Sur cette question de règlement,
M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, sur la question de règlement.
M. Forget: Tout en respectant votre décision, et je vais
vous donner une preuve de mon respect de votre décision, c'est que nous
discutons de l'article 38b. Si nous n'acceptions pas votre décision, la
seule façon de vous le démontrer serait de nous abstenir
complètement d'en discuter. Comme nous acceptons d'en discuter, c'est
que nous acceptons que la motion soit effectivement receva-ble et que cela
fasse partie du projet de loi. Ceci ne veut cependant pas dire qu'une fois
cette décision acceptée, on doive accepter toutes les ratio-
nalisations et la rhétorique que le ministre nous sert pour justifier le
contenu de cet amendement. Il nous a servi une rhétorique contradictoire
vis-à-vis de l'exclusion des mots que l'amendement comportait à
l'origine, et il nous a servi une rhétorique contradictoire relativement
au caractère nouveau ou non du projet de loi. Vous avez tranché
cette question, mais il reste que le ministre s'est contredit après que
vous ayez prononcé votre jugement.
Le Président (M. Clair): Fort du respect que vous me
garantissez de la décision que j'ai rendue, je vous redonne la parole
sur le paragraphe 38b de l'article 28.
M. Forget: Je serai bref sur ce... Effectivement, il ne doit pas
y avoir plus de trois ou quatre autres minutes que j'ai pris la parole sur
cette question. Comme vous voyez, je ne veux pas abuser, mais il
m'apparaît absolument essentiel de soulever ce genre de raisonnement qui
ne repose en rien sur une analyse des textes qui sont devant nous, mais qu'un
appel à l'opinion publique, mais qu'un appel à l'image, à
une rhétorique, à des messages. On nous a dit et le
ministre l'a avoué lui-même qu'il lançait des
messages dans cette loi. Il ne lance que des messages. L'étude qu'on va
faire des autres dispositions va nous démontrer que ce ne sont que des
messages.
Nous sommes d'ailleurs avertis d'avance. On invoque un grand principe
dont on va faire état sur bien des tribunes, à travers le
Québec, au cours des prochains mois en disant: On a inscrit un principe
de non-discrimination alors qu'on nous dit que dans une province voisine
et je serais curieux de voir si la rédaction est exactement la
même dans l'autre province on nous dit et on admet que dans une
province où c'est dans les lois depuis des années, où il y
a des millions de travailleurs, cela n'a pas été invoqué
plus d'une demi-douzaine ou peut-être une douzaine de fois.
C'est une démonstration éloquente qu'une mesure qui est
rédigée de cette façon n'est pas vraiment destinée
à être appliquée de façon efficace. On ne nous fera
pas croire que des exemples de discrimination n'existent pas en nombre plus
grand et j'en ai eu comme député, dans des plaintes qui m'ont
été adressées comme député dans mon
comté. Seulement cet automne, j'ai eu trois plaintes de discrimination
vis-à-vis des associations de salariés à l'occasion de
griefs où on alléguait la discrimination basée sur
l'origine raciale. Il ne s'agissait pas de questions de francophones ou
d'anglophones, c'était autre chose. C'était des francophones,
mais non natifs du Québec. Et les trois se sont plaints et ils ont
dû recourir à toutes sortes de procédures en dehors du Code
du travail puisque, bien sûr, ils ne les avaient pas. Je suis convaincu
qu'ils n'auraient pas pu s'en prévaloir, mais de toute façon on
va revenir à l'article 18c et aux autres articles subséquents.
Les recours qu'ils ont utilisés étaient fort différents et
ont engagé de leur part des dépenses importantes.
Mais qu'on ne nous dise pas, si dans un comté il y a trois
syndiqués, dans une même saison, qui se plaignent de
discrimination, qu'on a affaire à une législation qui est
efficace, quand on nous dit que sur un certain nombre d'années il y eu
seulement douze plaintes et là-dessus il y en a seulement eu deux qui
ont eu gain de cause. Véritablement, ces dispositions et les
modalités qui les entourent sont insuffisantes parce qu'on ne me fera
pas croire qu'on a réglé le problème aussi facilement et
aussi rapidement.
De toute façon, s'il était possible, en
améliorant et c'est ce que nous tentons de faire les
modalités, de donner sens véritable au principe de
non-discrimination de 38p, nous serions heureux de le faire.
Je voulais simplement souligner que le ministre, selon les apparences et
selon les arguments qu'il utilise, ne me semble pas c'est une opinion
personnelle, bien sûr ne me semble pas y croire vraiment
lui-même.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais demander au ministre si d'après
lui l'article 38b tel que rédigé, le nouveau 38b, qui interdit
à une association d'agir de mauvaise foi, de manière arbitraire,
etc., tous les cas spécifiés dans 38b, est-ce que, d'après
lui, cela s'applique pour tout ce qui concerne la négociation,
l'interprétation ou l'application de la convention collective? Est-ce
que cela s'applique dans ces cas?
M. Johnson: Pour les fins des recours prévus aux articles
suivant 38b, non. Et c'est très clair puisque 38c nous dit que, si un
salarié a subi un renvoi ou une sanction disciplinaire, croit que
l'association a violé 38b... On établit donc le cadre dans lequel
l'association doit agir à l'égard de tous les syndiqués.
Deuxièmement, on dit que, si elle n'agit pas dans ce cadre de
non-discrimination, dans le cas d'une suspension ou d'un renvoi ou d'une
sanction disciplinaire, il y a une procédure spécifique
prévue au niveau du Tribunal du travail. La cause peut être
déférée en arbitrage. Cependant, au niveau de
l'affirmation générale de 38b, puisque nous vivons dans un
contexte constitutionnel qui ne permet pas toujours, malgré toutes les
précautions verbales qu'on peut prendre, de soustraire à un texte
de loi de cette nature les recours civils habituels, il est bien clair qu'il y
a là une obligation générale. Comme la notion de
négociation n'est pas explicitée et comme elle n'est pas non plus
exclue par le fait que nous y inclurions l'interprétation et
l'application de la convention collective, je présume qu'un syndicat qui
agit de façon discriminatoire à l'égard d'un
salarié, quel qu'il soit, ou de façon arbitraire ou de mauvaise
foi, indépendamment de l'objet, sera évidemment soumis au recours
de droit commun qui veut qu'il puisse y avoir une poursuite en dommages et
intérêts. C'est aussi simple que cela et je ne vois pas comment le
dé- puté de Saint-Laurent y voit une attitude contradictoire. Je
pense, d'autre part, que cette attitude relève vraiment d'une conception
éthérée, bureaucratique et complètement flottante
de ce qu'est, de fait, la réalité syndicale.
M. Forget: Est-ce que ce sont des termes parlementaires, M. le
Président?
M. Johnson: Oui. Ethérée, flottante et
bureaucratique, sûrement, d'autant plus qu'ils s'appliquent fort bien au
député de Saint-Laurent.
M. Forget: II devient personnel, M. le Président.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Je suis convaincu que nous n'avancerons pas plus vite dans nos travaux...
M. Forget: Le ministre s'emporte.
Le Président (M. Clair): ... si on s'emporte de part et
d'autre. Plutôt que de soulever des questions de règlement...
Une Voix: Soyons calmes.
Le Président (M. Clair): ... sur ces sujets, j'invite le
député de Mont-Royal à continuer son intervention. C'est
lui qui avait demandé la parole.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. J'avoue que c'est
peut-être tard dans la journée et nous sommes peut-être tous
un peu fatigués, mais je n'ai pas compris votre réponse. Non,
non. Cela s'applique...
M. Johnson: Que voulez-vous que j'y fasse, mon vieux!
M. Ciaccia: C'est bien simple...
Le Président (M. Clair): ... toujours au président,
messieurs.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est bien simple. M.
Pagé: Veuillez réitérer votre invitation.
Le Président (M. Clair): Et le président n'est pas
vieux.
M. Ciaccia: ... ou l'article 38b interdit ces actions de mauvaise
foi, arbitraires, la discrimination, en ce qui concerne la négociation,
l'interprétation de la convention collective. Si oui, pourquoi ne pas
l'écrire? Si ce n'est pas votre intention d'interdire cette
discrimination par l'association dans ce domaine de la négociation, ou
de l'application de..., c'est de le dire aussi. La façon dont 38b est
rédigée et spécialement si on prend le processus des
amendements, quand quelqu'un viendra pour interpréter un article
si je comprends bien, le ministre a une formation juridique, il est avocat;
alors, il doit comprendre la méthode d'interprétation de
nos textes législatifs pour présenter un argument, quant
à l'interprétation de 38b... Supposons que je sois un membre
prenons l'exemple du député de Notre-Dame-de-Grâce,
je suis un occasionnel et je veux me prévaloir de 38b pour dire que
l'association a agi de mauvaise foi.
M. Johnson: En quelle circonstance?
M. Ciaccia: Dans n'importe quelle circonstance. Quant à
l'interprétation de la convention collective, quant à la
négociation, parce qu'elle me représente, d'après 38a, je
paie ma cotisation, vous avez imposé une nouvelle formule que nous avons
acceptée, alors, même si je ne suis pas membre de cette
association, pour une raison ou pour une autre, elle me représente, elle
doit négocier, dans les négociations de la convention collective,
elle doit me représenter. Je prends l'article 38b et je dis: Cette
association agit de mauvaise foi, en fait, elle est coupable de discrimination
quant à la négociation de mes droits. Evidemment, il va y avoir
un avocat de l'autre côté de la table et son argument, M. le
Président, va être que 38b n'impose pas cette obligation, parce
que, dans un texte antérieur, elle était incluse mais on l'a
enlevée. Alors, cela démontre une intention du
législateur...
M. Johnson: Le texte antérieur n'a jamais existé
pour les fins de la loi.
M. Ciaccia: Un instant! Le texte antérieur, les
discussions peuvent être rapportées pour démontrer
l'évolution, la pensée, oui.
M. Johnson: Non, ce sont des histoires.
M. Ciaccia: M. le Président, je soumets respectueusement
que cela s'est fait dans d'autres cas et que cela peut se faire ici.
Le Président (M. Clair): Vous pouvez faire allusion
à des documents qui vous ont déjà été
distribués. A titre de documents qui ont été
distribués, seulement.
M. Ciaccia: Exactement, ils ont été
distribués. C'est un document public. Alors, l'avocat de la partie
adverse, qui a sans doute une copie de ce document, va dire: Non ce n'est pas
l'intention, parce que si cela avait été l'intention du
législateur d'interdire la discrimination dans tel cas, il n'aurait pas
enlevé ce mot-là dans cette version. Alors, pourquoi ouvrir la
porte à cette ambiguïté, à ce genre de litige? Est-ce
que ce ne serait pas plus facile, plus clair d'inclure dans 38b une obligation
très claire, réinsérer les mots que vous aviez dans
votre...
M. Johnson: Elle est là.
M. Ciaccia: Non, elle n'y est pas, pas dans celui que je lis.
Peut-être que je n'ai pas la bonne version.
M. Johnson: Est-ce que le député de Mont-Royal me
permet, M. le Président, est-ce qu'il consent à ce que je lui
pose une question là-dessus? Ce n'est pas pour lui tendre un traquenard.
C'est seulement pour qu'on se comprenne, pour qu'on parle de la même
chose.
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Clair): Consentez-vous, M. le
député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Oui.
M. Johnson: D'abord, ie fait qu'il a été
retranché d'un bout de texte qui, à un moment donné, a
été donné, n'a aucune pertinence dans la mesure où
ce n'était pas un texte de loi, c'était un projet de loi. Donc,
si 38b était adopté comme il l'est là, étant
donné qu'il n'est pas restrictif, il signifie que toute activité,
y compris le syndicat, par exemple, qui déciderait, parce qu'un individu
est de race noire, de ne pas l'admettre dans le club de pêche du
syndicat, aurait une attitude discriminatoire.
Une Voix: II n'y en aura plus.
M. Ciaccia: Pas d'après l'article 38b. Il va se
prévaloir des droits...
M. Johnson: Voyons donc! Il n'y aura plus de clubs de
pêche. D'accord. Club de ski.
M. Ciaccia: ... de la Charte des droits de la personne. On parle
de cet article-ci.
M. Johnson: Bon.
M. Ciaccia: Oui, mais ce n'est pas ce que vous faites. Je ne
parle pas de se fier à d'autres lois contre la discrimination, parce que
ce sont des cas très spécifiques de discrimination de race, de
religion, orientation sexuelle, d'après le nouveau... Ce n'est pas une
discrimination aussi claire que dans le cas de différentes classes
d'ouvriers ou catégories d'ouvriers. Je ne crois pas, que, dans la
Charte des droits et libertés de la personne, une personne pourrait
contester les négociations d'un syndicat par ces motifs et même
s'il le pouvait, pourquoi? C'est ce que j'essaie de comprendre. Pourquoi
voulez-vous écarter le recours, l'obligation les droits? Pourquoi ne pas
les inclure d'une façon nette et claire dans ce projet de loi?
Evidemment quelqu'un l'avait à l'idée quand on a
rédigé l'article 38b originellement. La négociation et
l'application de la convention collective sont des situations de base
très importantes dans le processus du syndicalisme. Alors, il me semble,
M. le Président, qu'en retranchant ces paroles et en
référant à des sections très spécifiques,
soit les paragraphes c), d) et e), on limite, parce qu'on peut donner une autre
interprétation, on peut dire que l'article 38b réfère
à certains actes discriminatoires, mais pour spécifier quel acte
discriminatoire et dans quel sens cet article s'applique, on va regarder les
paragraphes c), d) et e). Dans aucun
de ces paragraphes, nous ne voyons la question de la négociation,
de l'interprétation ou de l'application de la convention collective.
Nous voyons seulement des situations spécifiques.
Il me semble, M. le Président, que si c'est vraiment l'intention
du gouvernement que cela s'applique, s'il pense que ces mots inclus auparavant
sont restrictifs, il pourrait les ajouter sans restreindre la
généralité de la portée de cet article, plus
spécifiquement en ce qui concerne la négociation,
l'interprétation. Vous pourriez dire cela. Il n'y aurait aucun doute, ce
serait clair. Personne ne pourrait soulever l'argument que l'article 38b va
s'appliquer seulement dans les cas des paragraphes c), d) et e). Actuellement
la situation est assez confuse.
Je ne pense pas que personne ne puisse comprendre et personne ne va
pouvoir se prévaloir de l'article 38b dans les circonstances que vous
avez décrites.
Le Président (M. Clair): Oui, M. le député
de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, seulement quelques mots
pour ajouter ma voix à celle de mes collègues. Je vous dirai
d'abord que j'ai été quelques jours absent des travaux de cette
commission, étant retenu en haut à l'Assemblée pour
étudier différents projets de loi relatifs aux taxations
multiples mises de l'avant par le nouveau gouvernement.
J'ai été surpris, M. le Président, de constater et
l'attitude du ministre et l'attitude de la majorité ministérielle
dans les remarques qu'ils ont eu à formuler depuis ce matin relativement
aux amendements présentés par l'Opposition officielle ou
encore...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, je vous invite à parler sur le paragraphe 38b.
M. Pagé: Bien oui, j'y arrive, j'y arrive, M. le
Président. J'ai été...
Le Président (M. Clair): Je comprends qu'on puisse y faire
une brève introduction, mais je vous incite à y arriver le plus
directement possible.
M. Pagé: Bien oui, mais M. le Président, j'ai
été absent de deux ou trois séances. Je suis quand
même en droit d'exprimer la surprise que j'ai. On était convaincu
que des commentaires comme ceux qu'on a formulés ce matin, au
début de l'après-midi, recevraient non seulement l'approbation,
mais l'approbation enthousiaste du ministre et de ses collègues.
Pour en arriver, M. le Président, à l'article 38, lequel
prévoit un principe auquel nous avons souscrit, auquel nous souscrivons,
le précompte syndical, et différentes mesures, obligations ou
devoirs de part et d'autre, par la suite, à l'intérieur des
amendements qui sont présentés pour l'adoption par le
gouvernement.
M. le Président, mon collègue de Saint-
Laurent a dit tout à l'heure, ça n'a assurément pas
plu au ministre, que c'était tout simplement mettre quelque chose de
l'avant sans l'étoffer, sans permettre ou faire en sorte qu'on puisse
assister à une application éventuelle de cet article. C'est le
cas, c'est ça qui est le problème. C'est beau de formuler des
voeux, d'écrire de belles choses, de faire naître des droits, mais
toujours faut-il qu'ils soient applicables et qu'il y ait des moyens de
sanction.
A l'article 38b, on prévoit plusieurs cas où une
association accréditée ne doit pas agir de mauvaise foi, de
manière arbitraire ou discriminatoire et ce, relativement aux
négociations, à l'application ou à l'interprétation
de la convention. Ce qui me surprend... et je ne m'explique pas que le ministre
du Travail qui, par surcroît, est avocat, en arrive à l'article
38c, qu'on ne peut pas discuter immédiatement, mais, quand même,
mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce, qui semble être en
caucus actuellement, en a fait état tout à l'heure, en a
discuté, en parlant du droit de recours qui est conféré
à un salarié en vertu de l'article 38c.
L'article 38c, M. le Président, dans sa rédaction,
même si cet article se limite à une sanction disciplinaire
seulement, le ministre, le gouvernement, par son amendement, va jusqu'au bout,
en prévoyant une sanction qui est déterminée, qui est
précisée dans les articles 38c et suivants.
Je ne m'explique pas, M. le Président, et je fais miens les
commentaires que mon collègue de Mont-Royal a formulés tout
à l'heure. Pourquoi le gouvernement ne profite-t-il pas des
échanges qu'il a eus avec l'Opposition depuis une heure? Nos
représentations ne s'inscrivent pas dans le cadre d'un "filibuster" ou
d'une démarche qui viserait ou qui pourrait essentiellement viser...
M. de Bellefeuille: On n'aurait jamais pensé cela.
M. Pagé: Je suis heureux de vous l'entendre dire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, vous avez la parole. Si quelqu'un veut vous poser des questions, il
doit vous le demander et je ne pense pas que vous ayez l'intention de poser des
questions à d'autres qu'au ministre.
M. Pagé: Non, M. le Président, je suis rendu
à un stade...
Le Président (M. Clair): Je vous redonne la parole sur le
paragraphe 38b.
M. Pagé: ... où moi, je m'en pose. Peut-être
que tantôt j'en poserai.
M. Laplante: Qu'est-ce que c'est qu'un "filibuster ", on n'a pas
vécu cela encore?
M. Pagé: C'est possible, c'est possible...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
Une Voix: Demandez à ceux qui étaient là
avant...
M. Pagé: M. le Président, je suis prêt
à céder mon droit de parole au député de
Bourassa...
M. Laplante: Non, non, vous autres. On va voir jusqu'où
votre intelligence peut porter le "filibuster".
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs. A l'ordre.
M. Pagé: Pardon?
M. Laplante: On va voir jusqu'où votre intelligence peut
porter le "filibuster". Continuez comme cela.
M. Pagé: Ils vont vous dire ce qu'est un "filibuster".
M. Laplante: Montrez-nous le, on veut le voir.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Mackasey: ... ce soir, on va faire un "filibuster"...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Laplante: D'accord.
M. Mackasey: D'accord, c'est fait; je vous jure que je vais
parler 20 minutes sur chaque article.
M. Laplante: D'accord, ça marche. M. Mackasey:
D'accord.
M. Pagé: Ils veulent te provoquer, ne le fais pas.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît.
Je comprends que tout le monde veut manifester son désir de voir ses
droits respectés en vertu du règlement; c'est ce que je tenterai
de faire. M. le député de Portneuf.
M. de Bellefeuille: La messe de minuit sera au Salon rouge.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, vous avez la parole sur le paragraphe 38b du projet de loi. M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Oui, monsieur.
M. Pagé: M. le Président, vous avez vu la position
sage. Je suis toujours soucieux du règlement, vous savez; je suis le
seul, M. le Président, qui n'ait pas parlé pendant que tout le
monde parlait. Vous devriez...
M. Pagé: Et c'est moi qui avais le droit de parole.
Une Voix: M. le député de Mont-Royal,
touchez-le.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, je vous félicite d'avance de revenir à la pertinence du
débat.
M. Pagé: M. le Président, je respecte le
règlement, du premier au dernier mot, d'un couvert à l'autre,
intégralement. Demandez-en autant au député de Bourassa et
même...
Le Président (M. CSair): A l'ordre, s'il vous plaît,
M. le député.
M. Pagé: D'accord, M. le Président, je reviens et,
entre parenthèses, je serais prêt à lui céder mon
droit de parole pour quelques minutes s'il veut participer au débat.
Le Président (M. Clair): De toute façon, le
règlement lui permet de l'exercer.
M. Pagé: J'espère qu'il l'exercera d'ailleurs. J'y
arrive, M. le Président, merci. Je disais que les commentaires qu'on
formule visent essentiellement à bonifier le projet de loi, purement et
simplement. On a discuté, ce matin, le ministre nous a dit qu'on aurait
éventuellement un autre projet de loi qui viendrait définir toute
une foule de choses: qu'est-ce qu'une grève légale? Ce n'est pas
opportun, je pense, pour un gouvernement de se rabattre derrière une
étude qui est présentement commandée par le
ministère du Travail, de se rabattre derrière un éventuel
projet de loi pour, somme toute, présenter des amendements qui ne
constitueront, dans la pratique, que de l'ambiguïté
additionnelle.
M. le Président, j'aimerais entendre le ministre une
dernière fois nous dire pourquoi il est impossible de prévoir une
sanction particulière à l'application de l'article 38b, comme il
le fera tout à l'heure dans l'application de l'article 38c. Vous
énoncez...
M. Johnson: Vous avez posé une question, vous voulez une
réponse.
M. Pagé: Oui, vous énoncez un principe qui est
très bien en soi, de prime abord, à sa lecture. Mais dans son
application, qu'est-ce que ce sera quand la loi 45 sera adoptée, dans
quelques mois? Ce sera quoi dans son application? Concrètement et
spécifiquement. Quel sera le droit de recours qui sera laissé aux
salariés? D'accord, on peut dire: II y a une action en dommages et
intérêts. Mais cela va régler quoi?
M. Johnson: M. le Président, le député de
Portneuf me pose-t-il une question ou si c'est une formule
rhétorique?
M. Pagé: Non, non; c'est une question.
M. Johnson: Ah! bon.
M. Pagé: Je me la pose et je vous la posé.
M. Johnson: Parce qu'on est habitué aux formules
rhétoriques du député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je considère comme
non avenus les commentaires...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre, s'il vous plaît.
M. Johnson: Oui, c'est un compliment évidemment.
M. Pagé: M. le Président, on ne discutera pas des
défauts ou des qualités.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Pagé: Tout ce que je veux essentiellement; j'ai des
travailleurs dans Portneuf qui auront à vivre avec cette loi.
Une Voix: Dis-moi pas.
M. Johnson: Répétez votre question.
M. Pagé: Je suis pas mal plus sensible aux
préoccupations des travailleurs de mon comté que plusieurs
d'entre vous peuvent l'être. Avez-vous défendu les gars de la
Wayagamack? Comment les avez-vous défendus, les gars de la Wayagamack au
Cap-de-la-Madeleine? M. le Président, j'arrête parce que mon
règlement...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Mackasey: Quelle sorte de syndicat appuyez-vous? On
verra...
Une Voix: C'est pour cela que vous avez changé depuis
novembre.
Une Voix: Les gars de Lapalme.
Le Président (M. Clair): A l'ordre. M. le
député de Joliette-Montcalm. Je suis convaincu que votre ministre
est en train d'oublier la question qu'on lui a posée.
Une Voix: Je reprends mon calme. Le Président (M.
Clair): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, la question du
député de Portneuf est simple bien qu'elle résulte d'un
raisonnement tortueux, avec des considérations qui n'ont rien à
voir avec ce débat, et qu'elle se situe dans un contexte qu'on
connaît fort bien, puisque nous serons maintenant dans la sixième
heure du débat sur l'article 28.
M. Pagé: ... règlement parce que le ministre veut
nous imputer des motifs. Je préfère qu'en commission ici, on
prenne six heures pour le régler le problème plutôt que
d'avoir des travailleurs qui prendront des mois et des mois à se
chercher dans tout cela. Vous ne pensez pas que c'est un peu plus opportun
qu'on en prenne six ou qu'on prenne sept, ce n'est pas grave, on est
payé pour cela. Et on peut être ici jusqu'au 24 décembre,
probablement qu'on va l'être...
M. Johnson: Entre Noël et le Jour de l'An.
M. Pagé: ... on va être ici le 27, le 28 et vous
n'êtes pas sortis du bois.
Des Voix: Vous autres, non plus.
M. Pagé: On est prêt.
Une Voix: C'est là qu'on va avoir du "fun".
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Mackasey: Oui, mais il n'a pas dit le chemin.
M. Pagé: On est prêt et on va sacrifier des
congés de la période des Fêtes...
Une Voix: II n'y a pas de congé là.
M. Pagé:... et on ne se limitera pas à six heures
dans l'étude d'articles comme celui-là. Ce n'est pas le cas. On
est mieux de prendre 20 heures, s'il le faut, mais le régler de
façon spécifique avec des éléments de solution qui
ne créeront pas d'ambiguïté comme vous vous apprêtez
à en créer si on adopte votre article tel quel.
M. Johnson: M. le Président, le député de
Portneuf m'avais posé une question...
M. Pagé: Continuez.
M. Johnson: Est-ce que je dois y répondre?
Le Président (M. Clair): Effectivement, vous avez le
droit...
M. Pagé: Vous pouvez y répondre.
M. Johnson: Est-ce que je dois attendre qu'il dépose son
bulletin de présentation à la chefferie libérale?
M. Pagé: ... parce que le règlement ne vous oblige
pas à y répondre.
Le Président (M. Clair): Vous avez le droit d'y
répondre, M. le ministre. A l'ordre, messieurs, s'il
vous plait. Messieurs, je vous rappelle tous à l'ordre pour la
première fois. Merci. M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, la question que j'ai cru
saisir à travers les méandres de la pensée du
député de Portneuf est la suivante: Pourquoi n'inclut-on pas
à 38b la notion de négociation de conventions collectives,
d'application de conventions collectives et d'interprétation de
conventions collectives? La règle est fort simple, M. le
Président. L'objet de cette section découlant de l'article 46 qui
confie un droit collectif au grief, est de prévoir les modalités
d'application de celles-ci. Or, il faut voir 38c. C'est cela, l'article
clé de cette série. 38c dit que: "si un salarié qui a subi
un renvoi ou une sanction disciplinaire, croit que l'association
accréditée viole à cette occasion 38b, il doit, s'il veut
se prévaloir de cet article, porter plainte au ministre, etc." Il y en a
un recours spécifique pour l'individu...
M. Pagé: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Johnson: ... non, pas tout de suite. ... pour l'individu qui
considère qu'il a fait l'objet de discrimination d'une attitude
arbitraire ou de mauvaise foi, qu'il soit membre ou non de l'unité; un
membre qui considère qu'il a fait l'objet effectivement d'une telle
attitude. Il y a là un recours précis. De quoi se plaint-il? Il
se plaint de quelque chose et ce quelque chose-là, c'est la
non-application de 38b. Est-ce que c'est clair? Le recours du salarié
devant le Tribunal du travail est limité dans les cas qui sont
assimilables à ce que serait un grief, en vertu de 46,
c'est-à-dire renvoi ou sanction disciplinaire, donc incluant suspension.
Ce qu'on veut créer, c'est cela. A quoi réfère-t-on?
Quelle est l'infraction qui serait commise par son syndicat pour qu'il exerce
ce recours? C'est l'infraction qu'on voit à 38b.
D'autre part, comme on le disait tout à l'heure, dans tous les
autres cas, étant donné que 38b n'est pas restrictif, il permet
ce qui est un recours de droit commun de dommages-intérêts. Est-ce
que c'est si chinois que cela à comprendre? Voyons donc...
M. Pagé: Vous l'aviez dit et on le comprend cela, mais
la...
M. Johnson: II ne faut quand même pas faire semblant de ne
rien comprendre quand on veut faire de l'obstruction; il faut avoir l'air un
peu plus fin que cela.
M. Pagé: M. le Président, le ministre
démontre un calme qui ne caractérisait pas, soit dit en passant,
son père. Soyez calme, soyez sage, soyez serein. Il faut être
calme; vous savez, la période des Fêtes s'en vient. Une chose qui
est certaine, c'est que la non application de 38b ne se limite pas
nécessairement aux sanctions disciplinaires; c'est cela le
problème.
M. Johnson: C'est vrai, mais le recours prévu, c'est dans
le cas des sanctions disciplinaires et du renvoi.
M. Pagé: Mais dans les cas autres qu'une sanction
disciplinaire, dommages et intérêts...
M. Johnson: II n'y a pas de recours spécifique devant le
Tribunal du travail, il y a les recours habituels...
M. Pagé: C'est cela ma question. Pourquoi ne pas avoir un
recours spécifique?
M. Johnson: D'accord. Là je vais demander au
député de Portneuf qui semble être un homme très
versé dans !a vie syndicale et dans ce qui se passe concrètement,
ce que cela signifie avoir un syndicat dans notre société. Quand
il y a un syndicat qui est formé en vertu du Code du travail, on
confère à ce syndicat non pas une personnalité juridique,
mais on lui confère des attributs juridiques, on lui confère des
pouvoirs, on lui confère des responsabilités et on lui
confère également des obligations.
Prétendre systématiquement à autre chose que ce
qu'on vise précisément et qui peut faire l'objet de
discrimination, c'est-à-dire des choses aussi fondamentales que le
renvoi et la suspension comme mesure disciplinaire, à n'importe quoi
d'autre du syndicat, c'est en fait nier l'existence même de ce que
signifie se regrouper collectivement et décider d'avoir une vie
syndicale.
La convention collective fait l'objet d'un vote par l'ensemble des
membres et je pense que le député de Portneuf nous
démontre qu'il a fort peu de connaissances de ce qu'est
l'économie du Code du travail au Québec.
M. Pagé: Le ministre du Travail tentera de mettre en cause
l'expérience de quiconque ou de qui que ce soit, ce n'est pas là
le débat.
M. Johnson: Etes-vous satisfait de la réponse?
M. Pagé: Des arguments comme ceux-là, amenez-en
tant que vous voudrez, ce n'est pas cela qui va m'énerver et ce n'est
pas grave. J'ai probablement plus de pratique en droit que vous en avez eu dans
votre vie et que vous n'en aurez jamais.
Le Président (M. Clair): Messieurs, nous nous
éloignons du sujet. A l'ordre!
M. Pagé: Une chose qui est certaine, c'est que vous avez
répondu vous avez encore noyé le poisson purement et
simplement et vous ne répondez pas à la question. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce tantôt nous a
apporté des cas précis; si je les avais repris, vous m'auriez
taxé de faire du "filibuster" et de vouloir strictement passer le
temps.
Vous n'y avez pas répondu, on vous a fait nos commentaires, on
vous a fait nos recommandations, on espérait et on souhaitait que vous
pourriez bonifier le projet de loi. Vous ne voulez pas et
vous aurez à vivre avec. Vous allez probablement venir avant
longtemps avec des amendements spécifiques suite à l'application
concrète de cet article.
Le Président (M. Clair): Peut-on considérer que
l'étude de l'article 38b est terminée?
M. Johnson: Oui. Une Voix: Non.
M. Johnson: Vous avez tous pris vos vingt minutes.
Une Voix: II n'a pas pris ses vingt minutes.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal a pris douze minutes.
M. Pagé: II lui reste huit minutes. M. Forget: Et
moi sept minutes.
Une Voix: Est-ce vous qui tenez le chronomètre?
M. Johnson: Cela paraît tellement long! Une Voix:
Qui préside?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît... Messieurs, j'ai posé une question.
M. Ciaccia: C'est parce que vous n'écoutez pas...
Le Président (M. Clair): Soit celle de savoir si on
considérait que l'étude de l'article 38b était
terminée.
M. Johnson: Oui.
M. Ciaccia: Non. Pas pour nous.
Le Président (M. Clair): Du côté de
l'Opposition officielle, qui entend exercer son droit de parole?
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... prendre les mots du ministre et essayer de
comprendre que l'intention du ministre ou du gouvernement et
l'interprétation que le ministre donne à l'article 38b se
traduisent dans les paroles du 38b. Corrigez-moi si je me trompe dans mon
interprétation. Vous dites que l'article 38b inclut... s'il y a une
discrimination en ce qui concerne la négociation; cela fait partie du
droit commun. Alors, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté
parce que je vous assure, malgré que plusieurs du côté
ministériel croient qu'on essaie de faire un "filibuster"...
M. Jolivet: On le sait.
M. Ciaccia: Ce n'est pas seulement nous. L'Union Nationale a eu
le même problème à cet article. On ne peut pas créer
des problèmes qui n'existent pas. Il existe le problème. Si ce
que vous dites est exact, seriez-vous prêt je n'en fais pas un
amendement immédiatement, peut-être, dépendant de votre
réaction à ajouter, après 38b...
Une Voix: D?
M. Ciaccia: B, comme dans Boubou.
Et sans restreindre la généralité de ce qui
précède, pour tout ce qui concerne la négociation,
l'interprétation, l'application de la convention collective.
Une Voix: Qu'est-ce qu'il y a de drôle?
M. Ciaccia: Le but de mon intervention et de cet amendement
proposé, suggéré peut-être que je ferai un
amendement formel c'est pour traduire la pensée,
l'interprétation que vous avez donnée en terme clairs, sans
ambiguïté. L'article 38b fait partie du droit commun. Nous allons
dire: Très bien.
Nous n'allons pas interpréter l'ancien 38b, votre premier
amendement, d'une façon restrictive, parce que vous pouvez dire que la
discrimination, c'est seulement pour la négociation,
l'interprétation, etc. Mais cela doit s'appliquer à tout. Alors,
on dit que, sans restreindre la généralité de ce qui
précède, cela fait partie du droit commun, cela souligne, et je
crois que c'est important de créer cette obligation dans cette loi-ci,
pas seulement de la laisser dans la Charte des droits de l'homme ou faisant
partie du droit commun, de dire aux travailleurs...
M. Johnson: Est-ce que le député de Mont-Royal me
permet une question?
M. Ciaccia: Oui.
M. Johnson: J'aimerais seulement lui poser une question sur 38b?
Je sais qu'il est à la Législature depuis beaucoup plus longtemps
que moi, il a donc une expérience des textes administratifs que je n'ai
pas. Est-ce que l'article 38b, tel que rédigé et proposé
par celui qui vous parle, est restrictif?
M. Ciaccia: II peut être interprété comme
restrictif parce qu'il y a les paragraphes c) d) et e). Quelqu'un peut vous
dire: Oui, c) d) et e) qualifient 38b.
M. Johnson: 38c est restrictif. Cela il n'y a aucun doute
là-dessus.
M. Ciaccia: c) d) et e) qualifient... Il peut y avoir une
interprétation que cela qualifie 38b. Pour enlever cette
possibilité d'interprétation, parce que s'il peut être
interprété comme cela, quelqu'un va le faire, si c'est vraiment
votre intention, je présenterais...
M. Johnson: il est dix-huit heures. Une Voix: On va
revenir... Une Voix: Le président se lève.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est dix-huit
heures. Il y a au menu de la salade et des poissons. Je vous conseille d'en
prendre de tout côté, cela diminue l'agressivité, je
pense.
Une Voix: L'adrénaline.
Le Président (M. Clair): La commission ajourne ses travaux
sine die. Non, je m'excuse, suspend ses travaux...
Une Voix: Sine die! C'est fait! Merci!
Le Président (M. Clair): ... à vingt heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration est réunie pour continuer l'examen article par article du
projet de loi no 45.
Au moment où nous avons suspendu nos travaux à 18 heures
ce soir, le député de Mont-Royal avait la parole.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. Forget: II faudrait qu'on se réunisse pour la
prière au début de nos travaux, M. le Président.
M. Johnson: M. le Président, si je me souviens bien, c'est
au moment où nous avons suspendu nos travaux à 23 heures hier,
que nous étions à l'article 28, si je ne m'abuse.
M. Forget: C'est exact. Le ministre a une bonne mémoire,
parfois.
M. Ciaccia: Je n'étais pas là.
M. le Président, je voudrais proposer un amendement à
l'article 28. Je vais immédiatement proposer ma motion, et j'expliquerai
mes raisons en faveur de cet amendement après la
présentation.
Je propose que le paragraphe 38b de l'article 28 soit modifié, en
ajoutant dans la 5e ligne, après le mot "nom " les mots "et sans
restreindre la portée générale de ce qui
précède, pour tout ce qui concerne la négociation,
l'interprétation ou l'application de la convention collective ". Le
paragraphe amendé se lirait comme suit: "38b. Une association
accréditée ne doit pas agir de mauvaise foi ou de manière
arbitraire ou discriminatoire, ni faire preuve de négligence grave
à l'endroit des salariés compris dans une unité de
négociation qu'elle représente, peu importe qu'ils soient des
membres ou non, et sans restreindre la portée générale de
ce qui précède, pour tout ce qui concerne la négociation,
l'interprétation ou l'application de la convention collective".
Le Président (M. Clair): Y a-t-il des interventions sur la
recevabilité de la motion?
M. Brochu: Je veux tout simplement souligner que, compte tenu des
interventions faites précédemment par le député de
Johnson avant la suspension de nos travaux ce soir, nous allons appuyer la
motion présentée par le député de Mont-Royal.
Le Président (M. Clair): Cela ne porte pas sur la
recevabilité de la motion.
M. Brochu: Je m'excuse.
Le Président (M. Clair): II n'y a pas de quoi. La motion
est recevable. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, la raison pour laquelle on
devrait appuyer le vote en faveur de cette motion est précisément
pour donner effet à l'interprétation que le ministre nous a
expliquée de l'article 38b. Il a dit, premièrement, que
c'était un article d'application générale du droit commun
et que, s'il y avait une restriction ou une discrimination concernant la
négociation, l'interprétation ou l'application de la convention
collective, un syndiqué, membre ou non d'une association, un
travailleur, aurait le droit de se prévaloir du droit commun.
Aussi, on enlève l'ambiguïté et la possibilité
d'interpréter l'article 38b, avec les restrictions des paragraphes 38c),
d), et e). En plus de cela, ce que nous faisons, c'est que nous donnons, pour
ces matières, juridiction au Tribunal du travail pour un sujet qui
pourra faire l'objet de l'article 38b par un travailleur. D'après
l'explication du ministre, même si on interprétait l'article 38b
comme faisant partie du droit commun, ou si un travailleur devait se
prévaloir de la Charte des droits de l'homme pour se plaindre ou prendre
les mesures nécessaires pour faire respecter ses droits, je crois qu'il
devrait le faire dans ce cas, si cela fait partie du droit commun, devant les
tribunaux civils.
En l'incluant spécifiquement dans l'article 38b, on enlève
premièrement l'ambiguïté, on précise et on assure que
ce sera le Tribunal du travail qui aura juridiction dans ces matières.
Je pense que c'est dans l'intérêt de l'économie de cette
loi que ce soit le Tribunal du travail qui puisse déterminer les
plaintes, les griefs que quelqu'un pourrait avoir contre une association, pour
que ce soit déterminé, décidé sans les
délais normaux qu'on pourrait avoir devant les tribunaux civils.
Pour le moment, M. le Président, ce sont les raisons que
j'apporte à l'appui de cet amendement.
Le Président (M. Clair): M. le ministre du Travail.
M. Johnson: Nous avons longuement discuté, pendant deux
heures cet après-midi, et un peu plus, sur cette question. Je pense
qu'au niveau du fond, j'ai dit ce que j'avais à dire; je ne le
répéterai pas et ce sera, je pense, la seule intervention, du
moins de ma part je présume aussi la seule intervention du
côté des députés gouvernementaux étant
donné qu'on a déjà fait le tour de cette question.
Le Président (M. Clair): D'autres intervenants sur la
motion d'amendement du député de Mont-Royal? La motion
d'amendement... Le député de Notre-Dame-de-Grâce sur la
motion d'amendement du député de Mont-Royal.
M. Mackasey: L'amendement du député de Mont-Royal a
pour but d'assister le ministre afin d'arriver à la philosophie du Code
du travail surtout sur les amendements qui ont été
apportés jusqu'à date. Je crois vraiment que c'est mieux, autant
que possible, de laisser les syndicats et les salariés régler
leurs affaires selon le Code du travail et pas nécessairement par les
Cours civiles.
Le ministre a mentionné avec raison, cet après-midi, la
relation entre les articles 38b et 38c vous me permettrez un peu de
parler des deux parce que cet après-midi lorsqu'on discutait du
dernier amendement ou du deuxième amendement apporté à
l'article 28 par le gouvernement je pense que je l'ai avec moi quelque
part ici on a au moins limité un peu l'amendement original. Le
député de Johnson a attiré notre attention, avec son
expérience dans le domaine provincial, sur le fait que la
différence entre l'amendement original et le deuxième amendement
était de limiter le premier, si vous voulez, en éliminant la
phrase "pour tout ce qui concerne la négociation,
l'interprétation ou l'application de la convention collective". Cela
revient à la motion de mon collègue de Mont-Royal. Si nous avons
accepté, cet après-midi, l'amendement apporté par le
ministre, cela laisserait l'article 38b, à un moment donné, pour
le gouvernement, très vague parce que cela laisserait à un autre
organisme, soit la Cour civile, le Code civil, de décider qu'est-ce que
c'est vraiment que la discrimination. Qu'est-ce que le ministre pense
être une manière arbitraire. Quel est le critère de
mauvaise foi? Qui va décider de la définition de la mauvaise foi?
Comment va-t-on décider ce qui est vraiment une manière
arbitraire et discriminatoire?
Je ne pense pas peut-être que je me trompe qu'il y
ait une section dans le code qui est devant nous... Peut-être que par les
règlements, si vous voulez, quelqu'un du ministère ou le ministre
lui-même va décrire ce qu'est vraiment la discrimination, ce
qu'est vraiment une manière arbitraire. Si on avait accepté
l'amendement de cet après-midi que le député de Johnson,
l'ancien ministre du Travail du Québec, a suggéré, cela
laisserait l'article 38b très vague et il faudrait, à ce
moment-là, s'il y avait un membre d'un syndicat ou un non membre, mais
qui quand même, à cause de la formule Rand, prétend qu'il a
droit aux services de l'association accréditée, leurs
responsabilités, l'initiaitve, si vous voulez, d'aller en Cour civile ou
à la Cour du travail, pour avoir une définition de la
discrimination, pour qu'un juge, qui n'a pas d'affaires normalement dans les
relations industrielles, si possible, décide ce qu'est la
discrimination. Qu'est-ce que c'est une manière arbitraire?
Le député de Johnson a souligné que si l'article
38b était un petit peu plus à point, si vous voulez; on peut dire
au moins que la discrimination et la manière arbitraire relèvent
de la manière dont l'association accréditée
représente ses salariés dans le domaine des négociations,
dans l'interprétation d'une convention collective, dans l'application de
la convention collective. Dans ce sens, c'est à l'avantage du syndicat.
Sans cette section qui est maintenant éliminée, et que le
ministre veut faire accepter par nous, cela laisse aux cours, aux juges et a
d'autres de décider par jurisprudence, qui peut prendre finalement
trois, quatre et cinq ans à établir, ce qu'est vraiment la
discrimination, ce qu'est la manière arbitraire et dans quel sens.
Souvent les juges n'ont pas tellement d'expérience dans les
relations industrielles; ils ne comprennent pas, ce que plusieurs
députés ont souligné aujourd'hui, l'expérience dans
le domaine syndical. Qu'est-ce que c'est que la discrimination selon l'article
38b? Il ne peut pas nous le dire, et c'est pour cette raison que l'amendement
est défectueux. Je pense que s'il y avait une autre section, si
c'était une révision complète du code, nous aurions une
section qui préciserait exactement ce qu'est la discrimination. Au CCRO
vous connaissez le député sait fort bien comme avocat qui
se spécialise dans ce domaine ce qu'est la discrimination, les
droits pas seulement de l'individu, mais du salarié. La
définition de la discrimination, c'est clair; cela ne prend pas un
avocat, ça prend quelqu'un qui a dans sa poche sa convention collective.
Normalement, il connaît la page, l'alinéa et tout; vous savez cela
autant que moi, M. le député.
Mais si un pauvre salarié, un individu prétend qu'il y a
de la discrimination contre lui, à qui va-t-il s'adresser pour savoir
s'il y a vraiment de la discrimination? Est-ce qu'il va aller à
l'officier, est-ce qu'il va au "shop steward ", est-ce qu'il va aller au
président du local, est-ce qu'il va aller au ministère? Non, il
est obligé d'aller en Cour et cela peut coûter $500, $5000 et cela
peut prendre trois ans. Cela peut aller en appel. Il faut que quelqu'un
décide si c'est un geste discriminatoire contre ce salarié dans
cette unité de négociation. C'est pour cela que j'insiste pour
qu'au moins on restructure, on précise pour ce salarié. Quand on
parle de discrimination, quand on parle d'une manière arbitraire, quand
on parle d'une association qui agit de mauvaise foi, on parle du domaine
syndical des choses qui touchent les négociations,
l'interprétation d'une convention, l'application, si vous voulez, les
griefs, les choses normales. Mais sans la définition d'un geste
arbitraire ou discriminatoire, le pauvre salarié est obligé, s'il
en a vraiment le courage, s'il a les moyens à sa disposition, d'engager
un avocat, aller en Cour, passer six mois, un an, deux ans pour avoir gain de
cause contre un geste qu'il pensait être discriminatoire.
Ce serait plus simple, M. le ministre, si on avait accepté
aujourd'hui la suggestion du député de Johnson qui, au moins,
établissait une relation valable, réaliste entre un geste
discriminatoire, une manière arbitraire et un domaine des relations
industrielles, le domaine de la négociation, de l'interprétation
d'une convention collective, de l'application d'une convention collective. En
l'absence de cette précision, de la façon que le désire le
ministre, à 38b actuellement, il n'y a aucune précision.
Qu'est-ce que la discrimination? Je répète la question. Je dis
cela en toute sincérité pour aider le député; c'est
une question sérieuse. Comme le dit le ministre, c'est possible; je sais
qu'il veut faire adopter la loi; moi aussi, je veux qu'elle soit
adoptée.
Mais demandez au député de Joliette ce qu'est un geste
discriminatoire à l'endroit d'un salarié qui est peut-être
là parce qu'il prend avantage de la section progressive de la formule
Rand.
Pouvez-vous me dire ce qu'est un geste discriminatoire?
M. Chevrette: Vous me posez la question? M. Mackasey:
Oui.
M. Chevrette: En rapport avec l'imposition de la formule
Rand?
M. Mackasey: Non, non. Les salariés qui sont maintenant
membres d'une association accréditée, membres dans le sens qu'au
moins ils paient tous les mois un montant à l'association
accréditée. Même s'ils ne sont pas membres, ils ont droit
aux services de ce syndicat; vous savez cela autant que moi. Ils
prétendent, selon 38b, que c'est défendu d'agir contre cet
homme-là d'une manière discriminatoire. Admettons que je sois la
victime d'un geste discriminatoire, à qui dois-je m'adresser pour savoir
si vraiment il y a eu de la discrimination? Est-ce que je vais m'adresser au
syndicat?
M. Chevrette: Si un salarié paie sa cotisation
conformément au précompte obligatoire, tel que prévu aux
trois premiers paragraphes de l'article 38, je pense qu'il a le droit
d'être traité tout comme un membre qui paie le précompte
syndical mais qui est en règle avec son syndicat. S'il est traité
d'une manière différente d'un autre membre, il y a là un
acte discriminatoire. C'est purement cela.
M. Mackasey: Dans quel domaine?
M. Chevrette: J'aime mieux la formule large parce que le global
comprend la partie. Si on dit que tu as droit d'être traité comme
un salarié même si tu n'es pas membre en règle du syndicat,
mais que tu paies ton précompte syndical; si tu dis que tu dois le
traiter d'une façon non discriminatoire, je pense qu'à ce
moment-là cela veut dire que le gars est en mesure, le salarié
est en mesure, dis-je, d'exiger le même traitement que tout autre
salarié.
M. Mackasey: Oui, d'accord, mais pourquoi alors éliminer
la question de la négociation, de l'interprétation ou de
l'application de la convention collective? Pourquoi ne pas préciser,
pour les raisons que je ne veux pas répéter... J'ai donné
comme exemple cet après-midi... et les occasionnels, ce n'est pas le
meilleur exemple, vous le savez autant que moi.
M. Chevrette: Oui.
M. Mackasey: Ceux qui travaillent à temps partiel, si vous
voulez, 20 heures par semaine... Par exemple...
M. Chevrette: Me permettrez-vous de répondre à
cela? Vous avez affirmé cet après-midi avec beaucoup de force et
de vigueur que les syndicats n'étaient pas portés à
défendre les occasionnels.
M. Mackasey: Quelques syndicats.
M. Chevrette: Quelques syndicats. Mais vous avez quand même
affirmé cela avez assez de vigueur.
M. Mackasey: J'en ai précisé un, oui.
M. Chevrette: Je vous dirai que la presque totalité des
syndicats que je connais ne sont pas enthousiastes devant les emplois
occasionnels, précisément parce que les gens cherchent à
obtenir des postes permanents.
M. Mackasey: D'accord.
M. Chevrette: Ils essaient d'avoir des programmes de travail pour
des personnes permanentes. C'est dans ce contexte que les gens disent: Eliminez
les postes temporaires; par exemple, plutôt d'engager 20 personnes
à titre occasionnel, engagez donc 10 permanents.
M. Mackasey: Je suis d'accord.
M. Chevrette: C'est la raison fondamentale. Cet
après-midi, vous n'avez pas sorti cet argument. Je ne l'ai pas
relevé, mais je pense que c'est l'argument fondamental.
M. Mackasey: C'est évident, mais quand même, il y a
quelques entreprises qui ont besoin d'occasionnels, d'emplois à temps
partiel, à cause du rythme de la productivité. Votre
réponse est très valable, mais pour continuer, même si ces
personnes travaillent à temps partiel, elles sont quand même
membres de l'association accréditée; elles paient normalement le
même montant; elles ne paient pas moins qu'une autre. Selon l'esprit de
l'article 38b, même si les syndicats acceptent ces montants, les membres,
surtout, ne sont pas nécessairement contents. Prenons par exemple ceux
qui travaillent à temps partiel car c'est un niveau un peu plus
permanent que celui des occasionnelsl'association prend quand même
l'argent et en l'acceptant, elle prend aussi la responsabilité de rendre
les mêmes services à ces travailleurs partiels qu'aux travailleurs
permanents, n'est-ce pas?
M. Chevrette: Je vais à nouveau tenter une réponse.
Le travailleur suppléant ou occasionnel la définition
même du mot occasionnel dit que c'est un type...
M. Mackasey: Prenez donc l'exemple, cela va aller mieux, de celui
qui travaille 20 heures par semaine, au lieu de 40.
M. Chevrette: Je pense qu'on ne s'entend pas, justement, sur les
termes. Si on dit: "permanent", c'est un gars qui travaille à une
tâche complète, prévue dans une convention collective. Vous
avez "partiel" ou "occasionnel", dans certains cas mais "occasionnel", au
vrai sens étymologique du mot, ne devrait pas être le terme qu'on
uti- lise dans nos conventions collectives; ça devrait être
"partiel". La personne accomplit une partie d'une tâche. Si on planifiait
le vocabulaire des emplois, on aurait moins de problèmes
"Occasionnel", réfère à la personne qui, à
l'occasion, vient remplir une tâche parce qu'il y a quelqu'un de malade,
ou vient dans un temps où l'industrie a un surplus d'ouvrage. A ce
moment, je vous dirai que, si on avait planifié notre vocabulaire, les
conventions collectives et l'ensemble des syndicats, je pense,
négocieraient des conditions spécifiques pour le travailleur
partiel, et le travailleur occasionnel. Je pense, par exemple, à tout le
secteur de l'enseignement que je connais un peu plus. L'employé à
temps partiel a des conditions de travail prévues dans un contrat; il a
des participations à des bénéfices marginaux...
M. Mackasey: II travaille parfois le samedi et le dimanche, et
c'est à temps régulier, pas nécessairement à temps
double, je le sais.
M. Chevrette: C'est exact. Mais, il y a aussi des salaires
horaires de prévus pour l'occasionnel.
M. Mackasey: D'accord, mais quand même, et selon la formule
Rand, parce qu'il travaille dans une association accréditée, il
lui faut verser un montant au syndicat.
M. Chevrette: Oui. Me permettez-vous seulement une petite
parenthèse sur cela?
M. Mackasey: Oui.
M. Chevrette: Le type qui est cotisant dans un syndicat a le
droit de vote tout comme un membre permanent.
M. Mackasey: Je comprends cela.
M. Chevrette: Donc, il se présente à son
assemblée générale, et il peut faire introduire... en tout
cas, je l'ai déjà vu, de mes yeux vu! J'ai vu des gens faire
introduire la procédure de grief dans une convention collective, faire
introduire des salaires horaires, et même une participation
mitigée de l'employeur aux bénéfices marginaux,
proportionnellement à la partie du travail qu'il fait, comparativement
à une tâche permanente.
M. Mackasey: D'accord, j'accepte cela parce que c'est
évident. Quand même, je prétends que le syndicat a
l'obligation de protéger cet ouvrier sans discrimination, n'est-ce pas?
Prenons un autre cas. Celui d'une personne qui travaille de façon
permanente, qui travaille 40 heures par semaine à $7 l'heure, mais
contre qui, peut-être pour des raisons religieuses il y en a au
moins en Ontario une secte qui paie il peut y avoir une discrimination;
il est permanent! Je félicite le ministre de ne pas vouloir cette
discrimination. Le but de l'article 38b, c'est de dire qu'il n'y aura pas de
discrimination.
Moi, je dis que c'est nécessaire de cotiser dans les secteurs
surtout de la négociation, de
l'interprétation et l'application de la convention collective.
Parce que c'est là que nous avons de la discrimination normalement.
C'est cela qui est important. Le ministre, cela va lui faire du bien, va en
apprendre aussi, pas seulement dans les livres, mais par expérience.
Alors, comme le ministre a parlé de 38c cet après-midi,
cela m'a fort surpris parce que 38c est encore restrictif, dans le sens qu'on
parle des sanctions disciplinaires. M. le ministre a attiré à
notre attention les sanctions disciplinaires aux paragraphes b) et c) qui ont
une relation. On prend seulement les sanctions disciplinaires. Par exemple, on
impute une amende à quelqu'un qui décide de retourner au travail,
malgré une grève légale, ou qui travaille sur les lignes
de piquetage; c'est une sanction!
M. Johnson: ... l'employeur... Simplement pour fins de
précision. Si la sanction disciplinaire qui serait imposée par un
employeur ou...
M. Forget: Je pense oui.
M. Johnson: C'est cela, si j'ai bien compris ce que disait le
député de Notre-Dame-de-Grâce, il parlait d'une sanction
disciplinaire que le syndicat imposerait à un salarié; il n'est
pas question de cela. Remarquez que, à la rigueur, cela pourrait
être interprété comme cela.
M. Forget: Oui.
M. Johnson: Mais si un salarié a subi un renvoi ou une
sanction disciplinaire, quand on parle de la notion de renvoi, c'est le renvoi
"par l'employeur". Ne me dites pas qu'on est là-dedans depuis deux
heures et que le problème était à ce niveau!
M. Mackasey: Non, non.
M. Johnson: Ce que 38c évoque, ce n'est pas la sanction
disciplinaire prise par le syndicat contre un de ses salariés! c'est la
sanction disciplinaire, c'est ce qui pourrait faire l'objet d'un grief en vertu
de la convention collective.
M. Forget: C'est à 38c, 38b c'est l'autre.
M. Mackasey: Je le crois, mais cela peut être
interprété des deux façons. Pourquoi, comme avocat, ne
précisez-vous pas davantage que, lorsqu'un salarié a une sanction
disciplinaire, celle-ci a été imposée par l'employeur "ou"
par le syndicat? Si c'est évident que c'est l'employeur, pourquoi ne
l'écrivez-vous pas que c'est l'employeur?
Pour revenir au point principal, je pense que le but de l'amendement du
député de Mont-Royal est de laisser la charge de la
discrimination, et de régler ceci par le Code du travail, par les
fonctionnaires à la disposition du ministère, par les
commissaires, au lieu d'aller en cour civile pour avoir une décision si
un tel geste est de la discrimination ou non. Pour revenir à 38c,
malgré que je ne sois pas très intelligent, il serait mieux aussi
d'y préciser: le salarié à qui une sanction disciplinaire
est imposée par le syndicat et aussi par l'employeur. Parce qu'un
syndicat peut imposer une sanction disciplinaire à un membre, qui par
exemple, dresse des lignes de piquetage ou décide de retourner au
travail avant que la grève soit terminée. Cela arrive souvent
après qu'une grève soit terminée de déterminer une
amende de $100, $200, $500 contre un membre du syndicat parce qu'il a
décidé de retourner au travail même si le syndicat
était encore en grève. Ça, c'est une sanction
disciplinaire. Est-ce qu'il y a, en fait, une autre protection? Certainement
que c'est quelque chose d'important. Supposons que le syndicat décide
d'imposer une amende de $500, c'est une sanction disciplinaire, contre
quelqu'un qui a décidé de retourner au travail, ce peut
être seulement $300 pour un autre. Je parle encore par expérience.
Dans un autre cas, il est décidé d'établir à $200
une amende, alors que dans un autre cas, il n'y aura aucune sanction.
M. Chevrette: Voulez-vous me permettre une question?
M. Mackasey: Oui.
M. Chevrette: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je vais vous poser la question, et je vais vous
faire une petite hypothèse. Vous avez quatre techniciens à
l'intérieur d'une unité accréditée qui se
présentent en assemblée générale et disent: Nous,
les techniciens, sommes des travailleurs à part, qualifiés. Ils
présentent une motion pour que le syndicat aille négocier un taux
horaire du double de la masse des salariés. La négociation
s'entreprend.
De toute façon, pour ce qui est des demandes, ce n'est pas un
problème, ils en mettent. Ils mettent $8 l'heure alors que c'est $4 pour
la masse. En négociation, ils négocient à quatre ou six.
Les quatre se retournent et disent: Discrimination? Avec votre clause?
M. Mackasey: Non. Les différents niveaux de salaire sont
basés sur la classification. Si c'est un technicien et que les
techniciens n'ont presque rien en commun avec la masse des salariés, ils
ne devraient même pas être dans l'unité. Moi, je
parle...
M. Chevrette: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous savez qu'un syndicat peut se présenter
au Québec et loger une demande d'accréditation pour tous les
salariés, au sens du Code du travail. Ce qui veut dire qu'à la
minute où on a 50% plus 1, on peut couvrir des postes qui viendront
s'ajouter plus tard, indépendamment des professions.
M. Mackasey: Je saisis autant que vous, mais il y a quand
même ceux qui sont, d'après la définition de votre
consoeur, des professionnels, comme gérants, si vous voulez. Ils ne sont
pas dans la même unité d'accréditation que l'ouvrier, je le
sais autant que vous. Mais j'ai vu des cas où
un syndicat, après une grève, décide d'appliquer
des sanctions disciplinaires contre les membres d'un syndicat, après une
grève, décide d'appliquer des sanctions disciplinaires contre les
membres d'un syndicat pour des raisons que le syndicat pense valables. Je vois
là de la discrimination. C'est pour cela que c'est vague un peu.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce me permet?
M. Mackasey: Oui.
M. Johnson: II me dit qu'il connaît des cas comme
ceux-là. J'en connais spécifiquement un à cause d'une
plainte qu'on a reçue au ministère il y a quelques mois, d'un
salarié qui se plaignait que son syndicat lui avait imposé une
amende de $300 parce qu'il avait choisi de retourner au travail sous le coup
d'une injonction et que la majorité des salariés, dans cette
entreprise, n'y était pas retournée.
M. Mackasey: D'accord.
M. Johnson: Ils ont donc choisi, allègue-t-il. Je ne peux
pas tenir pour acquis que tout ce qu'il dit est exact, mais
l'allégation, c'est cela. Ce que le ministère peut faire dans ces
circonstances oublions le projet de loi no 45 et regardons le Code du
travail, regardons ce qui existe en Ontario au niveau du code canadien, ou
ailleurs ce que le salarié peut faire...
M. Mackasey: Parlons du Québec.
M. Johnson: ... c'est une plainte au ministre. Le ministre a, en
vertu de la loi du ministère, les pouvoirs d'envoyer un enquêteur
mais, si c'est de nature assez vague, c'est ce qu'on appelle le service des
enquêtes spéciales au ministère du Travail qui est, en
fait, du "fact finding" bien plus qu'autre chose, ils n'ont pas de pouvoirs
coerci-tifs, ils n'ont même pas de pouvoirs d'assignation des personnes,
etc. Ce qu'on fait, c'est qu'on le constate. On peut constater
qu'effectivement, il semble que monsieur ait été traité
injustement. Il n'y a pas de sanction, c'est vrai. Cependant, le
député de Notre-Dame-de-Grâce comprendra que, à mon
avis, le Code du travail n'est pas la loi qui doit faire l'objet de
l'application de sanctions quand quelqu'un ne respecte pas les règles de
sa propre association.
On n'a qu'à regarder le droit des compagnies. Il peut arriver
qu'à l'intérieur d'une corporation, un actionnaire se sente
lésé dans ses droits. Ce n'est pas la Loi des compagnies qui
prévoit que le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières va venir faire une enquête qui va prendre
une ordonnance précise à ce sujet. La Loi des compagnies
prévoit des recours pour un actionnaire, ce sont les recours de droit
commun, ce sont ceux de la "Common Law" dans le cas des provinces
canadiennes.
Dans le cas précis qui nous occupe, au projet de loi no 45, avec
l'article 38d, ie pense que c'est le principe général de la
non-discrimination qui s'applique. Il est là, fondamentalement
comme je l'ai dit, ce n'est pas un article restrictif pour initier le
mécanisme prévu à l'article 38c. D'accord? Or, le
mécanisme prévu à l'article 38c, j'en conviens, est
restrictif cependant...
M. Mackasey: M. le ministre...
M. Johnson:... dans le cas du renvoi ou d'une sanction
disciplinaire imposée par l'employeur et non le syndicat.
M. Mackasey: Oui et la plainte du salarié, selon lui,
c'est que le syndicat ne prend pas soin de...
M. Johnson: Lui-même?
M. Mackasey: ... l'intérêt des salariés
vis-à-vis de l'employeur qui a imposé...
M. Johnson: C'est cela.
M. Mackasey: ... une sanction disciplinaire.
M. Johnson: C'est cela.
M. Mackasey: Je comprends. Je dis encore que ce qui manque ici,
c'est that is a word I cannot get my tongue around la
définition de mauvaise foi, manière arbitraire et
discriminatoire, mais surtout, c'est ce que le député de
Mont-Royal veut et je pense que c'est dans l'intérêt de
tout le monde c'est, autant que possible, régler ces conflits
selon le Code et selon les commissaires et les tribunaux du travail et non aux
cours civiles. C'est la différence.
Si vous ne précisez pas plus, à l'article 38b, dans quel
secteur, quand nous sommes craintifs d'une manière arbitraire ou
discriminatoire, le salarié n'a d'autre choix que d'aller en cour
civile. Il engage un avocat, passe six mois, un an, deux ans, trois ans,
dépense $1000, $2000 ou $5000 pour établir si, vraiment, il y a
de la discrimination ou non. C'est cela le point, c'est le but de l'amendement.
C'est clair, c'est simple. Tout ce qu'on veut faire c'est, autant que possible,
arriver avec un code où les conflits qui arrivent à tous les
jours soient réglés au fur et à mesure entre le patron,
l'employé et le syndicat, sans qu'on soit obligé d'aller en
dehors des tribunaux du travail.
C'est le but de l'amendement du député de Mont-Royal. Ce
n'est pas plus compliqué que cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je vous indique que, de toute façon, votre
temps est expiré, soit les 20 minutes. Alors, je suis bien heureux que
la coïncidence arrive ainsi.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
revenir sur tous les arguments qui ont été exposés par mes
collègues. Mais essayons de se placer du point de vue dans lequel le
ministre ou
le rédacteur d'une loi doit se placer au moment où il
décide d'introduire, dans une loi comme celle-ci, le principe nouveau de
la non-discrimination. Essentiellement, il y a trois possibilités entre
lesquelles il doit d'abord choisir pour éliminer la discrimination dont
peuvent être victimes des salariés face à une action d'une
association de salariés dont, peut-être, ils ne sont pas
membres.
Une première possibilité qu'on pourrait envisager, c'est
de modifier la Charte des droits et libertés de la personne pour ajouter
un motif nouveau de discrimination, c'est-à-dire une source nouvelle de
discrimination, comme on le fait par un autre projet de loi qui est
actuellement devant l'Assemblée nationale, dans le cas de l'orientation
sexuelle. On pourrait ajouter au sexe, à la religion, à la
langue, etc. l'appartenance ou la non-appartenance à une association de
salariés. C'est le premier chemin qui pourrait, théoriquement,
être suivi. A ce moment-là, on a comme recours, un recours
relativement facile d'accès, peu coûteux, informel, qui est
constitué par la Commission des droits de la personne. D'ailleurs, il
faut noter que, si on avait choisi cette voie, on aurait créé une
possibilité intéressante de faire intervenir la commission
lorsque la discrimination est le fait non pas d'un syndicat mais d'un
employeur. C'est une possibilité. Je la mentionne pour montrer que c'est
un choix qui aurait pu être fait, mais qui n'a pas été
fait. Cela nous permet d'évaluer, évidemment, le choix auquel le
ministre s'est éventuellement arrêté.
Une autre possibilité qui aurait pu être adoptée,
eût été de situer, à l'intérieur même
du Code du travail, et en totalité, le problème de la
discrimination. C'est-à-dire qu'on aurait pu dire: Voici, s'il y a de la
discrimination dans les relations du travail, attribuable à la
non-appartenance ou à l'appartenance au syndicat, déjà,
dans le cas de discrimination qui est le fait d'un employeur,
congédiement pour appartenance syndicale ou activité syndicale,
on sait qu'il y a une procédure dans le Code du travail, avec une
possibilité d'appel au Tribunal du travail. C'est une voie qui est
déjà utilisée, qui est bien rodée. D'ailleurs, dans
d'autres dispositions, on a ajusté les pénalités et on
s'est assuré que, dans la question où il y a une
réintégration forcée d'un travailleur qui est
congédié pour raison d'activité syndicale, les
compensations, les indemnités soient mieux appropriées, et que la
période pendant laquelle elles s'appliquent soit mieux
définie.
Donc, on est en face d'un terrain connu, d'une procédure
accessible aux travailleurs, de possibilités d'enquête qu'un
tribunal ordinaire n'a pas; c'est là une chose qui paraîtrait
normale, mais qui n'a pas été retenue, sauf dans un cas bien
précis dont traite l'article 38c. Nous y reviendrons
éventuellement.
Ou enfin, et c'est plutôt l'approche qui a été
retenue par le ministre, quant au problème général de la
discrimination, c'est de dire: On va faire une précision, dans le fond,
à l'article 1053 du Code civil. On va dire que la responsabilité
civile d'une association de salariés est engagée par un acte de
discrimination, une espèce de quasi-délitcela n'est
peut-être pas strictement 1053, mais c'est dans les quelques articles
suivants qui, de toute façon, engage la responsabilité
civile et ce sont les tribunaux de droit commun qui devront en être
saisis. A ce moment-là, on renonce à l'accessibilité
facile de la Commission des droits de la personne ou des mécanismes du
Tribunal du travail, et on renonce très certainement aux
possibilités d'enquête facile; l'enquête est à la
charge, à ce moment-là, financièrement parlant, de la
partie en cause, c'est-à-dire de la demanderesse, qui doit s'arranger
pour avoir les témoins, faire son enquête, engager un avocat,
payer les frais de cour, etc. C'est donc la moins accessible des
procédures qui aient été choisies, sauf, bien entendu,
dans le cas prévu par 38c.
Finalement, quand on fait le tour de ces trois possibilités,
évidemment, on peut toujours inventer plusieurs combinaisons possibles
qui résulteraient d'une méthode mixte où on aurait un peu
du Code civil, un peu du Tribunal du travail et un peu de la Commission des
droits de la personne. C'est un peu une méthode mixte, bien sûr,
qui a été retenue par le ministre, mais une méthode mixte
qui, quant à l'ensemble du problème, encore une fois, est la
moins accessible quant au tribunal et quant aux procédures
d'enquête, qui est la plus différente des autres occasions
où la législation la plus récente amène les
citoyens à pouvoir faire vider une question de discrimination,
c'est-à-dire soit la Charte des droits et des libertés de la
personne, soit le Code du travail. C'est donc une espèce de recul que de
se référer au Code civil dans un domaine de discrimination; c'est
une approche qui n'est plus retenue, qui est abandonnée partout.
Même dans des domaines nouveaux autres que le Code du travail, on
n'aurait pas l'idée de référer des gens, qui se plaignent
de discrimination, surtout des travailleurs, à une procédure de
droit commun simple. Les autres structures ont été
inventées et mises sur pied justement pour surmonter les obstacles que
cela place dans le chemin d'une personne qui a à se plaindre de
discrimination.
Bien sûr, les cas ne sont peut-être pas nombreux, mais,
à force d'en discuter, on se rend compte que tout le monde a eu
connaissance, et souvent dans un passé relativement récent, d'un,
deux, trois ou quatre cas. C'est comme n'importe quoi, M. le Président;
s'il y avait des recours plus faciles, on se rendrait compte que c'est le
sommet de l'iceberg; il y a 10% des cas dont on a connaissance dans le moment;
dans la plupart des cas, les gens se résignent à leur sort parce
qu'ils savent très bien que c'est un peu trop compliqué.
Dans l'ensemble, c'est ce qui fait que l'amendement qu'on propose
que notre collègue de Mont-Royal propose vise à situer un
peu plus les questions de discrimination dans le ton commun des
considérations du travail. Encore une fois, c'est dans ce contexte qu'on
règle les problèmes de discrimination quand ils sont
causés par le fait de l'employeur; il semblerait normal de les situer
dans ce cadre-là quand ils sont causés par le fait du syndicat.
C'est, en soi, une discrimination que de ne pas traiter les deux types de
dis-
crimination, les deux sources de discrimination de la même
façon.
Peut-être que, par cet amendement, on obtiendrait une
précision un peu plus grande et une possibilité
d'intéresser le Tribunal du travail et c'est ce qui en fait la
justification.
En terminant, M. le Président, le ministre, tout à
l'heure, a fait un parallèle avec la Loi des compagnies. Il dit: La Loi
des compagnies renvoie au droit commun. Strictement, cela n'est pas vrai.
Bien sûr, elle renvoie aux tribunaux de droit commun. Mais elle ne
renvoie pas au droit commun parce que tout un développement du droit des
compagnies, au cours du dernier demi-siècle, a été de
protéger les actionnaires minoritaires. Le droit à la dissidence
de gens qui sont en minorité a été jugé comme
quelque chose de très important parce que, justement, il y a eu des
abus. Des gens ont usé de leur situation majoritaire pour écarter
et spolier des intérêts minoritaires.
M. Johnson: Ce sont des recours, vraiment, de droit commun devant
les tribunaux de droit commun.
M. Forget: Devant les tribunaux, non, ce ne sont pas les recours
de droit commun.
M. Johnson: Ce sont des recours de type injonction.
M. Forget: Ce sont les recours statutaires en vertu de la Loi des
compagnies...
M. Johnson: D'infractions précises.
M. Forget: ... ce ne sont pas les recours de "Common Law". Ce
sont les recours de droit statutaire qui s'exercent devant les tribunaux de
droit commun. Mais il y a une grande différence. Pouvoir alléguer
du droit statutaire plutôt que, par exemple, du Code civil ou du "Common
Law", c'est toute une différence. C'est là, dans une certaine
mesure, mais avec des difficultés d'interprétation, à mon
avis, puisqu'on ne va pas tellement loin dans les détails.
Enfin, M. le Président, je ne veux pas céder à la
tentation à laquelle le ministre nous invitait, soit de ne pas
céder. C'est lier un long débat sur cette question puisqu'il
invitait ses collègues à beaucoup de retenue de ce
côté. Je vais terminer là-dessus en espérant que
notre motion sera adoptée. Est-ce trop espérer?
Le Président (M. Clair): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je veux juste apporter un argument au
député de Notre-Dame-de-Grâce. J'ai l'impression que toute
l'approche qu'on a tenté de développer, par des échanges
de questions, pourrait être reprise dans le cadre de
l'établissement d'un chapitre spécial, dans le cadre d'une
démocratie syndicale avec toute la dimension "discrimination". Je pense
qu'apporter des amendements à court terme pour classifier des choses qui
sont des situations de fait, ce serait s'engager dans un débat beaucoup
trop long qui risquerait d'être déclaré contraire au
règlement. On ne peut pas apporter de principes nouveaux.
M. Mackasey: M. le Président, le député de
Joliette-Montcalm a parfaitement raison. Je suis absolument d'accord que ce que
je cherche depuis le début de mes interventions, c'est exactement ce
qu'il vient de comprendre. Il faut, quelque part dans le Code du travail, ou
ailleurs, une définition d'une bonne constitution de ce que devraient
être les droits des membres. Vous ne l'avez pas, par exemple. Nous sommes
obligés de travailler dans ces quelques amendements au Code du travail.
Selon moi, si vous faites un amendement à l'article 15, ou à
l'article 20, souvent il devient nécessaire de changer les articles 25,
35, 40 ou 45. Mais comme le ministre ne pouvait pas changer cet article, nous
sommes mal pris parce qu'on ne peut pas aller chercher... Alors, pourquoi des
changements partout? Je veux dire, en ami, que, si on continue dans cet esprit,
amendements ici et là, nous arriverons avec un Code du travail
amendé qui n'aura pas la compétence, la force, la vigueur,
l'intégrité du code tel qu'il existe avant les amendements.
Personne ne sera content, ni les syndicats, ni les patrons, ni les
ministères, ni les fonctionnaires. On essaie encore d'améliorer
ce qu'on a obtenu quand ce qu'on a besoin, c'est autre chose
complètement nouveau, différent.
Ce serait plus avantageux pour le ministre, et il n'est pas trop tard,
de décider d'annuler tout ce qu'on est en train de faire. Attendez le
rapport qui va arriver dans un, deux ou trois mois, le rapport Martin. Je pense
que ce serait un geste logique de la part du ministre d'attendre le rapport
Martin et de recommencer, de renouveler complètement le Code du travail.
Essayer le député de Joliette-Montcalm l'a souligné
mieux que moi de faire ceci et cela donnera comme résultat que le
Code du travail ne rendra justice à personne.
Les syndicats sont déjà craintifs, le patronat est
déjà mécontent, le ministre a de la difficulté
à s'expliquer; il est obligé de venir avec des changements,
à chaque séance. Cela n'est pas croyable. Je pense que le
député de Joliette, dans son intervention brève, mais
brillante, a touché exactement le problème fondamental.
J'aimerais parler des amendements, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, tantôt, je vous ai indiqué que votre
droit de parole était expiré sur l'amendement.
M. Mackasey: Je m'excuse.
Le Président (M. Clair): Je vous ai quand même
permis quelques minutes...
M. Mackasey: Non, non, M. le Président, je veux collaborer
entièrement avec vous...
Le Président (M. Clair): ... puisque le
député de Joliette-Montcalm...
M. Mackasey:... je dis cela en toute sincérité.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie.
M. Mackasey: Non, c'est un homme compétent. Tassez-vous et
travaillez avec le Président. Et vous aussi. Apprenez quelque chose
comme votre ami ici.
Le Président (M. Clair): Messieurs, la motion d'amendement
du député de Mont-Royal, pour que le paragraphe 38b de l'article
28 soit modifié, en ajoutant dans la cinquième ligne,
après le mot "nom", les mots "et sans restreindre la portée
générale de ce qui précède pour tout ce qui
concerne la négociation, l'interprétation ou l'application de la
convention collective", est-elle adoptée?
M. Brochu: Adopté.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Rejeté?
M. Forget: Oui, M. le Président, rejeté sur
division, mais...
Le Président (M. Clair): Rejeté sur division.
Considérons-nous la discussion close sur le paragraphe 38b?
Des Voix: Oui.
M. Forget: Vous avez demandé si c'était
terminé?
Le Président (M. Clair): Oui, étant donné
l'entente que nous avons conclue. Nous convenons que l'étude de
l'article 38b est terminée. Sur l'article 38c, y a-t-il des
intervenants?
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Un instant, que je me retrouve. Cet article contient
les clauses restrictives relativement aux possibilités de plainte ou de
correction, de redressement d'une discrimination, puisque 38c spécifie
très bien qu'il s'agit simplement de discrimination à l'occasion
d'un renvoi ou d'une sanction disciplinaire.
Je propose donc que cette restriction soit éliminée en
vertu de l'amendement suivant: "Que le paragraphe 38c de l'article 28 soit
modifié en retranchant dans la première ligne les mots "qui a
subi un renvoi ou une sanction disciplinaire" et en retranchant dans la
deuxième ligne les mots "à cette occasion". Le paragraphe
amendé se lirait comme suit: "38c: Si le salarié croit que
l'association accréditée viole l'article 38b, il doit, s'il veut
se prévaloir de cet article, porter plainte par écrit au ministre
dans les six mois. Le ministre nomme un enquêteur qui tente de
régler la plainte à la sa- tisfaction de
l'intéressé et de l'association accréditée".
M. le Président, nous souhaitons, par cet article, rendre
accessible le mécanisme prévu par 38c indépendamment de la
restriction qui y apparaît. C'est un mécanisme qui n'est pas
parfait et nous aurons, bien sûr, des remarques à faire à
ce sujet, notamment à l'article 38d et à l'article 38e. Mais il
reste que c'est un mécanisme qui s'inscrit dans le contexte du Code du
travail qui est accessible, qui est familier aux travailleurs et qui devrait
permettre de redresser des torts qui sont constatés par des
salariés non membres d'une association de salariés.
L'article...
M. Chevrette: M. le Président, le député de
Saint-Laurent va sans doute me permettre une petite question?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Etant donné que c'est lui qui
présente l'amendement, je voudrais lui demander, avant de vous poser une
petite question sur la recevabilité, si le fait d'adopter cet amendement
n'a pas le même effet que d'avoir adopté l'amendement à
l'article 38b.
M. Forget: Est-ce que je pourrais expliquer?
M. Chevrette: Brièvement, je ne veux pas un discours non
plus.
M. Forget: Mais est-ce que vous pourriez expliquer en quoi cela
aurait le même effet?
M. Chevrette: La question est assez précise: Le fait
d'accepter votre amendement à l'article 38c n'aurait-il pas le
même effet que celui d'avoir adopté au préalable votre
amendement à 38b?
M. Forget: Non, je ne crois pas, M. le Président,
puisqu'on nous a dit et il faut prendre la parole du ministre que
l'article 38b est un article formulé de façon
générale mais qui, essentiellement, a pour but d'ouvrir un
recours de droit commun devant les tribunaux, pour toutes sortes de causes non
spécifiées et qui ne relèvent pas nécessairement du
Code du travail ou qui ne s'inspirent pas nécessairement d'une
disposition précise du Code du travail.
Par ailleurs, 38c traite d'un recours dans le contexte du Code du
travail. Etant donné qu'on a présumément, en terminant la
discussion de 38b, en quelque sorte, comme virtuellement adopté 38b, il
faut donc comprendre que, maintenant, on se situe dans le contexte où il
existe un recours de droit commun sur toute matière présentant
les apparences d'une discrimination, quelle qu'elle soit et de façon
très large, indépendamment du fait qu'il s'agisse de
prescriptions ou d'interdictions contenues dans le Code du travail, et cela
dans un sens très large.
Ici, c'est quelque chose de plus spécifique. On dit:
Indépendamment de l'existence ou de l'inexis-
tence d'un recours de droit communet on sait qu'il existe
déjà en vertu de 38bil y a aussi un recours en vertu du
Code du travail, en vertu d'un appel au ministre et d'une enquête,
etc.
Donc, cet article 38c, s'il était amendé tel qu'on le
suggère, dit essentiellement qu'une fois le recours de 38b
accordé, un recours général, un recours complet aux
tribunaux ordinaires, il y a aussi, indépendamment de cela, et dans le
contexte des règlements, des critères et des dispositions du Code
du travail, un recours, dans le contexte du Code du travail, au ministre du
Travail et au Tribunal du travail.
Donc, les modalités de ce recours, son extension, l'ouverture
plus ou moins grande qu'il peut avoir, ce sont des modalités qui ne
pouvaient évidemment pas figurer dans un article antérieur ou
avoir le même effet, puisque c'est prévu à partir de 38c
seulement. C'est seulement à partir de 38c qu'on peut faire appel au
ministre. Qu'on ait dit quoi que ce soit à 38b, cela ne pouvait pas
avoir le même effet, puisque cela n'impliquait pas, de la même
façon, un appel au ministre pour nommer un enquêteur, la
possibilité, à 38d, que si aucun règlement n'intervient
entre les parties, que l'association soit alors forcée, par le tribunal,
etc., de déférer au tribunal d'arbitrage, etc. Toute cette
procédure, qu'on ait apporté quelque amendement qu'on ait voulu
à 38b, on n'avait pas moyen de l'enclencher. Tout ce qu'on aurait pu
faire, c'est de s'adresser directement au tribunal du travail. Mais là,
il y a toute une procédure; il y a toute une procédure à
plusieurs étapes. On dit: Cette procédure, même s'il y a
des recours de droit commun, elle devrait aussi exister. Peut-être en
parallèle, peut-être pour les mêmes sujets. A ce
moment-là, il y aurait un choix. Il n'y a rien de mal
là-dedans.
Mais cela ne limite certainement pas la recevabilité. C'est
nettement un autre objet. C'est un autre type de recours, un autre type de
procédure.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, sous réserve de
votre permission, je voudrais interpréter ce que le député
de Saint-Laurent m'a dit, pour voir si j'ai bien compris. Après cela, je
déciderai ou non de... Est-ce que vous me permettez d'abord de faire
l'interprétation? Cela sera très bref, une phrase seulement.
Le Président (M. Clair): Oui, allez-y.
M. Chevrette: Est-ce que j'interprète bien en disant que
toute plainte de discrimination ou de représailles, de quelque nature
que ce soit, en vertu de l'amendement que vous apportez, sera
nécessairement acheminée à l'enquêteur nommé
par le ministre?
M. Forget: Non.
M. Chevrette: Si vous enlevez les mesures disciplinaires...
M. Forget: Oui.
M. Chevrette: ... cela déborde donc le cadre, cela
crée un cadre beaucoup plus large, aussi large que celui prescrit
à 38b. Oui ou non?
M. Forget: Ah oui! mais c'est un autre recours, ce n'est pas le
même recours. Ce n'est pas un recours de droit commun; ce n'est pas un
recours devant les tribunaux civils, c'est un recours devant le ministre...
M. Chevrette: D'accord, mais...
M. Forget: ... par l'arbitrage et au Tribunal du travail. C'est
un autre "ball game" comme on dit.
M. Chevrette: Je comprends, mais...
M. Johnson: Non, c'est le ministre, le tribunal d'arbitrage.
M. Forget: Oui, d'accord, c'est dans cet ordre,
excusez-moi...
M. Chevrette: Non, mais, à ce moment...
M. Forget: Mais c'est un autre "ball game", c'est l'enclenchement
d'une autre procédure qui n'était pas du tout envisagée
à l'article 38b. L'article 38b va exister de toute façon.
L'article 38b prévoit déjà le recours de droit commun. Ce
que l'article 38c et les suivants disent, c'est un autre type de recours.
M. Chevrette: Pourquoi l'article 38b existerait-il, à ce
moment-là, si, automatiquement, toute discrimination est
acheminée selon le mécanisme de l'article 38c?
M. Forget: Ce n'est pas à nous à répondre
à cette question.
M. Chevrette: Non, mais je veux le savoir.
M. Forget: Nous, on visait à ne pas avoir un recours de
droit commun.
M. Chevrette: Vous l'éliminez avec cela. M. Forget:
Pas du tout, il y a le choix. M. Johnson: Ah! le choix entre les
deux. M. Forget: Le choix entre les deux.
M. Johnson: Sur le plan de la rédaction, probablement
qu'il y a le choix.
M. Chevrette: Je ne m'opposerai pas à la
recevabilité, pour permettre au moins le débat sur cela.
Le Président (M. Clair): Je déclare, de toute
façon, l'amendement recevable.
M. Forget: Merci, M. le Président. Je pense bien qu'en
discutant de la recevabilité, on a quand même un peu
préparé le terrain, M. le Président.
Le Président (M. Clair): J'aurais presque envie d'inclure
votre temps.
M. Forget: Mais, strictement parlant, ce n'est pas possible. De
toute façon, je n'abuserai pas, M. le Président. Il s'agit
simplement d'attirer l'attention de la commission sur le fait qu'il y a un
recours aux articles 38c, 38d et 38e, mais cela commence à l'article
38c. Il y a un recours de caractère familier et accessible. Pour celui
qui se plaint, il y a la possibilité d'avoir seulement à se
plaindre, c'est-à-dire de formuler par écrit, dans les six mois,
au ministre, l'objet de sa plainte et de laisser à d'autres le soin de
faire les enquêtes, de découvrir les faits, de rassembler les
témoignages, etc.
C'est un très grand avantage que de pouvoir
bénéficier d'un canal comme celui-là pour acheminer une
plainte et l'acheminer jusqu'à sa conclusion ultime qui est une
ordonnance et un arbitrage et une décision. C'est très
précieux. C'est si précieux que, dans le fond, une grande partie,
presque la moitié des dispositions du Code du travail permettent
d'enclencher un tel mécanisme d'enquête, d'adjudication par une
voie de tribunaux ou d'officiers à fonction quasi judiciaire, avec un
minimum d'exigences de la part de celui qui enclenche le mécanisme et,
ordinairement, c'est dire qu'il veut que cela s'enclenche, parfois par
écrit, parfois même pas par écrit, et d'avoir un minimum de
coûts, effectivement aucun coût. Il n'a pas besoin de s'engager un
procureur; il n'a pas besoin de faire une enquête coûteuse en
engageant des gens pour dresser un dossier. Tout ceci se fait, au moins
jusqu'à un certain point, parce qu'on y reviendra après, à
l'article 38d... On se rend compte qu'après l'article 38d, il peut y
avoir quelques frais, mais on y reviendra plus loin.
Mais, au moins, au départ, tant qu'il n'y a pas un coût
initial qui est donné, il y a un recours facile. Nous nous disons:
Pourquoi le restreindre de cette façon au renvoi ou à une
sanction disciplinaire? Il n'y a vraiment pas de raisons qui nous apparaissent
déterminantes. Il y a bien des choses qui peuvent se produire, dans des
cas comme ceux que les articles 38c et 38b, antérieurement, soulevaient,
les cas de discrimination. Il peut y avoir, à ancienneté
égale l'ancienneté est un peu technique et peut-être
s'applique-t-elle seulement à des membres de l'association
d'employés pour une période égale de
présence au sein d'une entreprise, il peut y avoir, au niveau d'une
promotion, par exemple, une préférence discriminatoire qui est
accordée.
M. Johnson: Le mot "discriminatoire", il faut s'entendre sur la
notion.
M. Forget: Oui.
M. Johnson: Je suis sûr que le député de
Saint-Laurent va me permettre...
M. Forget: Elle est toujours discriminatoire, bien sûr,
parce que, quand on choisit quelqu'un, on fait une discrimination. Mais, ce qui
est important dans un choix comme celui-là...
M. Johnson: Reconnaissez-vous que... Oui.
M. Forget: ... par exemple, parce que l'analogie se pose dans les
cas de préjugés raciaux, religieux, il faut pouvoir prouver que
le choix qu'on a fait ne repose pas sur le sexe...
M. Johnson: Sur l'élément de discrimination.
M. Forget: ... sur la race, sur la langue, etc. Si l'employeur
est capable de démontrer qu'il a pris un soin raisonnable, qu'il a
interviewé tout le monde et qu'il avait, dans des dossiers
préparés sur les différents candidats, suffisamment de
données pour au moins créer une prépondérance de
preuves en sa faveur, on écarte la présomption, enfin, c'est
presque une présomption de discrimination.
Dans le cas de promotion, si on peut prouver que la non-appartenance
à une association de salariés n'est pas le facteur
déterminant parce qu'il y en avait d'autres, il n'y aura pas de
discrimination. C'est bien clair que cela se pose. C'est d'ailleurs pour cela
que longtemps on a résisté, du côté des employeurs
même et de la société en général, à ce
qu'il y ait des chartes des droits de l'homme et des commissions des droits de
l'homme, parce qu'on se disait: II faut quand même qu'il y ait des choix
qui se posent dans la vie. Ces choix, forcément, sont discriminatoires.
Comment présumer que la discrimination est illégale plutôt
que légitime?
Je pense que le fonctionnement des commissions des droits de l'homme a
démontré que ce n'était pas impossible de le faire
à l'aide de quelques présomptions et de quelques règles de
preuve.
Donc, le renvoi et la sanction disciplinaire sont des mesures
extrêmes. Il y en a d'autres qu'on peut facilement imaginer à
partir d'expériences vécues, les promotions en sont une, le choix
des périodes de vacances, etc., et presque toutes les décisions.
Il y en a des centaines qui se prennent dans une entreprise. Elles peuvent
être l'occasion de dire: II y a de la discrimination. Pourquoi ne
serait-ce pas accessible de façon simple par la procédure?
Envisager, comme le fait l'article 38b, de prendre des poursuites en dommages
et intérêts devant la Cour supérieure, oui. C'est un
déni de justice dans le fond, parce que qui va faire cela? Personne ne
va le faire. On va dire: Je vais prendre mon trou. Je suis né pour un
petit pain ou quelque chose de ce genre. Ce n'est pas une réponse. La
seule réponse peut se trouver dans une procédure
simplifiée, telle que l'envisage l'article 38c.
Il faut, en conséquence, au moins sérieusement, de notre
côté, poser la question au gouvernement: Pourquoi cette
restriction? Je ne suis pas convaincu qu'elle soit valable. La seule
argumentation qu'on a entendue était au niveau de la négociation
de la convention collective, la question
des catégories d'emplois, etc. De la même façon que,
lorsqu'on fait un engagement ou on donne une promotion, on peut faire la preuve
de critères objectifs, il est évident qu'un syndicat qui va
recommander un taux double pour les techniciens par rapport aux
syndiqués ordinaires, va pouvoir dire: Ecoutez, le taux double auquel M.
Untel n'est pas admissible parce qu'il n'est pas technicien, ce n'est pas parce
qu'on ne l'aime pas, ce n'est pas parce qu'il n'est pas un de nos membres,
c'est tout simplement parce qu'entre les techniciens et les non-techniciens, il
y a des différences objectives. C'est une classe accessible à
tous ceux qui ont des préqualifications, qui ont subi un
entraînement donné, qui ont un niveau d'éducation ou une
expérience donnée, une ancienneté donnée dans
l'entreprise. Si M. Untel se qualifie à cela et qu'il n'est pas
syndiqué, il va quand même se qualifier à ces taux de
salaire.
Donc, ce n'est pas plus une objection radicale que l'objection que
pourraient faire des employeurs d'être forcés, par exemple, quand
ils engagent des hôtesses de l'air, à employer des femmes. C'est
quelque chose d'impossible, etc. C'est le même genre de raisonnement. Si
on veut le justifier dans un cas, on va pouvoir justifier des décisions
syndicales également dans l'autre cas, et peut-être plus
facilement d'ailleurs. C'est une question de preuve, bien sûr. Cela peut
engendrer des difficultés techniques. S'il y a des plaintes, il va
falloir que les gens se défendent. Ou on reconnaît des droits ou
on ne les reconnaît pas. On ne peut pas trancher cette poire en deux
indéfiniment. Si des droits existent, il va falloir que les syndicats,
qui sont l'objet de plaintes, se défendent devant le Tribunal du
travail, devant le ministre, etc. Il n'y a rien de mal là-dedans. Ou on
proclame ce droit ou on ne le proclame pas. Ce n'est pas faire des
difficultés de preuve qui soient insurmontables. Ce n'est pas en faisant
allusion à ces difficultés de preuve qu'on démontre que
l'élargissement de ce recours n'est pas utile il est très
certainement utile ni même qu'il n'est pas possible. Il peut
engendrer des difficultés et des coûts, certes, mais il n'y a pas
de droit sans obligation correspondante de la part des autres personnes, des
tiers qui doivent respecter les droits. C'est clair que ceux qui doivent
respecter les droits je vois cela comme un asservissement, un
coût, un fardeau, etc. qui ne correspondent à aucune
obligation d'autrui, ce ne sont pas des droits réels, ce sont des droits
sur papier. Ce sont des voeux pieux. Il me semble, pour ces raisons, qu'il n'y
a aucune espèce de justification aux restrictions que l'article 38c
instaure.
Un dernier point qui est le plus technique, c'est la signification du
mot enquêteur. Il y a dans le Code du travail, un usage curieux des mots,
il me semble. On ne retrouve pas ça dans les autres législations.
Cela laisse supposer qu'il y a toutes sortes d'enquêteurs
identifiés avec des étiquettes sur le front, enquêteurs en
vertu de l'article 38c, enquêteurs en vertu de tel autre article.
Normalement, on ne nomme personne enquêteur. On nomme des personnes pour
faire enquête. On ne nomme pas des enquêteurs. La distinction n'est
pas simplement une distinction de mots, c'est qu'elle laisse soupçonner,
quand on lit le Code du travail, une multiplicité de corps d'emplois,
des gens qui font des enquêtes en vertu de tel ou tel article, avec des
restrictions et des dispositions particulières.
Il me semblerait, moi, que, comme dans toutes les autres lois, on dit:
Le ministre fait faire enquête, nomme un enquêteur. On voit tout de
suite le bonhomme avec son képi, "enquêteur", en vertu de
l'article 38c. Ce n'est pas vraiment ça. C'est quelqu'un du
ministère qu'on envoie s'informer des faits. C'est une rédaction
très vieillotte. C'est un autre exemple de la rédaction
très antique, de style de rédaction antique de toutes les lois du
travail où on nommait des officiers de la reine ou quelque chose dans ce
genre. C'est un peu dans ce style, avec le képi approprié et la
couleur d'uniforme qu'il faut. Je pense que ça devrait être
éliminé pour un style un peu plus moderne.
M. Johnson: M. le Président...
M. Bellemare: M. le Président...
M. Johnson: Le député de Johnson...
M. Bellemare: Je m'excuse de ne pas avoir été ici.
J'avais un devoir bien consciencieux à remplir en Chambre, et j'ai
été obligé de remplir l'heure à laquelle mon parti
avait droit.
M. Mackasey: J'espère que vous avez réglé la
Chambre à mesure.
M. Bellemare: Non, mais j'ai fait un très bon discours,
parce que la réaction...
M. Mackasey: ... le gouvernement...
M. Bellemare: ... que cela a produit contre moi a
été unanime.
M. Chevrette: Si vous le dites, on le croit.
M. Bellemare: Oui, mais...
M. Mackasey: Par qui? Par le gouvernement?
M. Bellemare: Contre moi, les gens qui m'écoutaient...
Une Voix: Pas l'Opposition.
M. Bellemare: Non, non. Ils ont trouvé ça bien
long.
Alors, M. le Président, sur l'amendement, écoutez bien! Il
y a seulement une chose que je voudrais que vous me disiez: Est-ce qu'un
salarié dont le renvoi ou lors d'une sanction disciplinaire va
être obligé d'aller devant les tribunaux de droit commun ou devant
le Tribunal lui-même?
M. Johnson: Dans le cas d'un renvoi ou d'une sanction
disciplinaire? On parle de ça, là?
M. Bellemare: Dites-moi oui ou non, et je vais continuer.
M. Johnson: Non, ça ne va pas devant les tribunaux de
droit commun. Il demande au ministre de nommer un enquêteur. Le ministre
nomme un enquêteur. Ils essaient de concilier. Si ça ne concilie
pas, ça s'en va devant le Tribunal du travail.
M. Bellemare: Oui, correct. Mais quand on parle strictement de
renvoi ou de sanction disciplinaire, moi, M. le ministre, je ne partage pas
votre opinion. Je pense qu'on est obligé d'aller devant les tribunaux de
droit commun, parce que là, ce n'est plus une question de litige, ni de
grief.
Je continue. L'amendement qu'a apporté le député de
Saint-Laurent, comme le vôtre, d'ailleurs, pèche par des termes
qui ne sont plus employés. Quand vous dites: Le ministre nomme un
enquêteur qui tente de régler la plainte, c'est faux, ça.
Parce que dans l'article 1 qu'on a adopté, on a dit que ça
n'existait plus, des enquêteurs. On a dit, par les expressions
"commissaire général du travail", "commissaire du travail" et
"agent d'accréditation" respectivement, que le mot "enquêteur"
disparaissait complètement. Alors, pour vous et pour le
député de Saint-Laurent, en vertu de l'article 1 qu'on a
adopté, le mot "enquêteur" doit disparaître.
M. Johnson: M. le Président, dans la loi du
ministère, ce genre de procédure peut être prévu. Ce
n'est pas en vertu du Code du travail. On a changé les appellations,
etc., mais l'enquêteur, il existe en vertu de la loi du ministère,
si je ne m'abuse. C'est ça?
M. Bellemare: Pourquoi, d'abord, à l'article 1, avoir fait
changer complètement ces termes d'enquêteurs, de
commissaires-enquêteurs...
M. Johnson: Pardon?
M. Bellemare: ... et tout ça, pour que ça s'appelle
des "agents d'accréditation", respectivement? Là, on dit: Le
ministre nomme un enquêteur. Si ce n'est pas selon...
M. Johnson: Cela devrait être: "Le ministre nomme une
personne pour enquêter".
M. Bellemare: La concordance...
M. Johnson: On se comprend? C'est ça...
M. Bellemare: On se comprend, mais celui qui va avoir à le
lire va dire: Voici, à l'article 1, on dit le contraire d'agent...
M. Johnson: C'est ça. On va dire: M. le ministre, nommez
un enquêteur. Le ministre va aller au service des enquêtes
spéciales du ministère, où il y a des personnages qui font
des espèces de "fact finding", qui essaient d'aider les gens et de les
dépanner. Ils n'ont pas de véritables pouvoirs...
M. Bellemare: Pourquoi ne commence-t-on pas à l'article 1,
qu'on ne recommence pas tout ça?
M. Johnson: C'est parce que ça nous a pris 29 heures pour
arriver à l'article 28.
M. Bellemare: Là, on n'a plus de concordance, c'est
sûr et certain. Et quand on dit: Le ministre nomme un enquêteur qui
tente de régler la plainte, c'est ça? Mais si vous me dites, M.
le ministre, que le salarié qui a subi un renvoi, une sanction
disciplinaire peut comprendre tous les autres facteurs d'incrimination sur les
griefs, je dis que cela ne couvre pas assez... Laissez-moi donc finir. Vous
aimez interrompre, mais je ne me choque pas.
M. Johnson: D'accord. Je pensais que vous me posiez une question.
Je m'excuse.
M. Bellemare: Non. Je n'en pose pas, je récite mon
mémoire.
M. Johnson: D'accord.
M. Bellemare: J'essaie de me comprendre moi-même parfois.
Je ne veux pas vous embêter. Mais je dis que l'amendement qu'apporte le
député de Saint-Laurent est plus clair parce qu'il couvre tous
les sujets. Il couvre tous les sujets, pas seulement le renvoi, pas seulement
la sanction disciplinaire, il couvre tout. Il dit: Si le salarié croit
que l'association accréditée viole l'article 38b, l'article 38b
dit exactement qu'il y a un recours, alors, il a le droit, s'il veut se
prévaloir de cet article, de porter plainte par écrit au
ministre, mais dans les six mois. L'enquêteur qui est nommé,
puisqu'on tient au mot "enquêteur", je trouve que ce n'est pas tout
à fait le bon terme, le ministre nomme l'enquêteur qui tente de
régler à la satisfaction des parties, de
l'intéressé et de l'association accréditée. Je
trouve que la limitation que vous faites en spécifiant les mots "renvoi"
et "sanction disciplinaire" est trop poussée. Si on prend l'amendement
du député de Saint-Laurent, si le salarié croit que
l'association accréditée viole l'article 38, on couvre tous les
cas possibles, et il n'y a pas de discrimination. S'il veut se prévaloir
de cet article... Je n'ai pas à dire au ministre quoi faire. Il a une
équipe de peut-être quinze hommes derrière lui qui
peuvent...
M. Johnson: Et une femme. M. Bellemare: Madame... Oui.
M. Johnson: Quatre hommes et une femme, pour être
précis.
M. Bellemare: Dans votre ministère, je pense que...
M. Mackasey: Ils disent qu'une femme est plus intelligente que
tous les hommes ensemble.
M. Bellemare: Si le ministre me dit qu'il n'y a pas de danger que
le salarié qui se croirait attaqué, vilipendé dans ses
droits, à part d'être renvoyé et à part de subir une
sanction disciplinaire, est couvert dans tous les autres cas, je voudrais bien
entendre la réflexion du ministre. Je ne suis jamais long, moi, M. le
Président. J'espère que je ne serai pas accusé de
longueur!
M. Mackasey: C'est un bon amendement.
M. Bellemare: C'est clair. Je vais l'écouter et ensuite je
vous le dirai.
M. Mackasey: Ecoute cela, je ne veux pas faire perdre toute cette
journée.
M. Johnson: Prenons d'abord 38b et 38c pour ce qu'ils disent et
je vais laisser mon adjoint parlementaire, après que j'aurai dit
quelques mots, élaborer une notion qui m'apparaît fondamentale,
qui est tout ce qui se rattache au droit au travail; il pourra expliquer des
choses assez intéressantes dans cette perspective. Je m'occuperai de
parler d'autre chose. L'article 38b prévoit de façon non
restrictive qu'un syndicat ne doit pas agir de façon discriminatoire
envers ses membres ou des membres de l'unité qu'il représente,
discriminatoire, arbitraire, etc. L'article 38c prévoit, tel qu'il est
rédigé en ce moment, que si un salarié, qu'il soit membre
de l'unité seulement ou qu'il soit membre du syndicat en plus
d'être membre de l'unité, considère que son syndicat a eu
une attitude de mauvaise foi, discriminatoire ou arbitraire à son
égard, il peut à ce moment demander au ministre de nommer une
personne qui vient voir ce qui se passe. On ne s'enfargera pas dans les mots
pour le moment. C'est de nommer une personne qui vient voir ce qui se passe,
qui a quinze jours pour essayer de régler le problème entre le
salarié et son association, faute de quoi, s'il n'y a pas de
règlement...
M. Bellemare: II fait rapport au ministre.
M. Johnson: Non, il ne fait pas rapport au ministre, le
salarié à ce moment-là...
M. Bellemare: II s'en va au tribunal.
M. Johnson: II peut décider d'aller au tribunal. Que fait
le tribunal? Il ne statue pas sur le fond du grief, parce qu'on parle vraiment
d'un grief, en pratique, un renvoi ou une mesure disciplinaire, ce qui ferait
normalement l'objet d'un grief en vertu de la convention collective. Le
tribunal ne décide pas que la suppression de deux semaines de vacances
du chèque de paie de M. Untel est injustifiée. Le tribunal dit:
Le syndicat n'a pas défendu M. Untel au sujet de sa paie.
Or, je considère que le syndicat, en faisant cela, a agi ou n'a
pas agi de façon discriminatoire. S'il dit: Le syndicat a agi de
façon discriminatoire parce que M. Untel était originaire de
Laponie et qu'on n'aime pas les Laponais, il peut considérer que
c'était discriminatoire. Il décide à ce moment de
référer le fond du problème, c'est-à-dire la
question des 15 jours de suspension, à l'arbitre qui, lui, en vertu des
autres amendements qu'on a apportés et qu'on verra à 88
doit rendre une décision dans...
M. Bellemare: Je comprends ça, mais je ne comprends pas
pourquoi il limite ça à deux choses: au renvoi et à la
peine disciplinaire. C'est seulement cela qui me trouble parce qu'il y a
énormément d'autres choses qui peuvent arriver et on n'aura pas
le droit...
M. Johnson: D'accord, si on ne le limite pas je suis
très sensible à ce que vous dites et je dois dire
honnêtement que c'est probablement l'amendement qui m'a le plus
ébranlé parmi les amendements présentés par le
député de Saint-Laurent jusqu'à maintenant en plus de
celui... mais pas encore suffisamment et je vais vous expliquer pourquoi. Je
comprends que l'intention du député de Saint-Laurent,
derrière ça, est de permettre à tout salarié qui se
sent lésé, que ce soit par son syndicat, par le fait d'une action
contre lui, par exemple, lui imposer une amende parce qu'il a fait telle chose,
que ce soit par l'employeur, mais aussi par le fait du syndicat puisque
le syndicat ne l'aurait pas défendu bref, toutes ces
circonstances où un individu se sent lésé. C'est là
l'intention du député de Saint-Laurent en présentant cet
amendement.
Je pense qu'il est important qu'on réfléchisse à ce
problème chez nous. Cependant, les conséquences pratiques de tout
ça... d'abord qui cela devrait-il concerner: le
commissaire-enquêteur? la Commission des droits de la personne? un
tribunal? un fonctionnaire? L'ensemble de ces choses, pour moi, je vous le dis
honnêtement, n'a pas fait l'objet d'une évaluation que je
considérerais sérieuse.
Le deuxième problème qui se pose est l'évaluation
très concrète de ce que ça peut signifier. Si on regarde
la loi de l'Ontario à cet effet, le premier article de notre loi, 38b,
est rédigé exactement comme la loi de l'Ontario, sauf que,
après ça, dans la loi de l'Ontario, il y a quatre pages qui
définissent la procédure en question. Cela devient très
spécifique et d'application générale. Ce que nous avons,
nous, c'est un article, mais qui le limite finalement, concrètement,
à ce qui, normalement, devrait faire l'objet d'un grief et le syndicat
ne défend pas la personne sur ce grief. Ce grief, est bien particulier,
c'est celui qui relève de ce qu'on pourrait appeler: le droit au
travail; ce qui est fondamentalement différent, au niveau des principes,
de ce que représente, par exemple, l'absence de trois heures de temps
supplémentaire sur le chèque de paie; même un
problème de promotion, d'une certaine façon, mais,
fondamentalement, le renvoi ou la sanction disciplinaire est rattachée
au droit au travail. Ça, c'est fondamental.
Je pense que le Québec, pour la première fois,
légifère dans ce domaine et que c'est un premier pas. En ce sens,
je pense qu'il est valable. Ouvrir la porte toute grande à toute forme
d'action, étant
donné que je me sens totalement, en l'espace de quelques heures,
incapable d'en mesurer toutes les conséquences, de choisir et je
pense qu'il faudrait analyser, entre autres, la loi ontarienne, la loi de la
Colombie-Britannique qui ont des dispositions à cet effet d'en
analyser concrètement l'application. Quel est, finalement, le
mécanisme à la fois le plus expéditif et le plus
juste?
D'autre part, il faut évaluer dans quelle mesure ce type
d'article n'ouvre pas la porte à la remise en cause constante de ce
qu'est le mandat d'un exécutif syndical dans certaines circonstances. On
veut qu'il n'agisse pas de façon discriminatoire. Cependant, le syndicat
qui a, en réserve, après une grève qui a été
difficile, $2000 dans son fonds, mais qui est pris avec 200 griefs... Quand on
sait que la procédure de grief, avec l'arbitrage, coûte des cents,
à un moment donné, on est obligé de faire un choix sur les
arbitrages.
De façon générale, comme l'expliquait en
tout cas dans les syndicats de l'enseignement le député de
Joliette-Montcalm, c'est en assemblée générale qu'on va
décider d'aller se battre sur tel grief plutôt que tel autre. On
va laisser, par exemple, le temps supplémentaire, disons les $23 qui
manquent sur un chèque de paie, alors que l'arbitrage va coûter
$50, $60, $70 et peut-être $200, et on va choisir le cas d'un renvoi,
d'une suspension injuste ou qu'on considère comme... etc.
M. Bellemare: Cas de maternité.
M. Johnson: Le cas, par exemple, du non-respect d'un congé
de maternité etc.
Est-ce que dans sa rédaction actuelle, tel qu'il le
présente, l'amendement du député de Saint-Laurent
n'ouvrirait pas toute grande la porte, dans tous ces cas finalement qui sont
réglés de par l'existence d'un syndicat, d'une assemblée
générale qui tranche sur les choix, etc. En ce sens, M. le
Président, je terminerai, tout en voulant être sympathique et
comprendre l'idée, l'objectif qu'il y a derrière l'amendement du
député de Saint-Laurent, je conclurai en disant que je demanderai
qu'il soit rejeté, en ajoutant ceci, cependant: Cela m'apparaît
une des choses fondamentales qu'il faut regarder au Québec, quand on
sait le progrès qu'ont connu des lois comme la Charte des droits et
libertés de la personne, et quand on sait que, dans l'administration
publique, par exemple avec le protecteur du citoyen, on donne également
d'autres types de recours contre les gens qui subissent des conséquences
fâcheuses de la mécanique bureaucratique. Je me dis que ce n'est
pas parce qu'on est membre d'un syndicat qu'on n'est plus un citoyen. Et cela,
c'est important. Sauf que je considère que ce n'est pas opportun, en ce
moment, d'aller plus loin que ce qu'on veut viser par ceci, ce qu'on veut viser
étant rattaché fondamentalement au droit au travail.
M. Forget: ... une brève intervention.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'apprécie d'abord la bonne perception qu'a eue
le ministre de mes intentions en présentant cet amendement. Je crois
qu'il a vu juste. J'apprécie également la difficulté des
problèmes qu'il soulève quant à une vision d'ensemble,
d'avoir développé une vision d'ensemble de tout le
problème de la discrimination et des plaintes fondées ou non, en
tout cas des plaintes que les gens devraient avoir le droit de faire et de
faire entendre dans ce domaine. Il reste que le problème se pose ici et
maintenant, et c'est un peu embêtant cela, mais aussi vis-à-vis de
l'exercice par le syndicat d'un certain pouvoir de décider ce qui est
important et ce qui ne l'est pas, peut prendre dangereusement l'aspect d'une
défense très générale, très englobante du
pouvoir de gérance du syndicat. Dans le fond, c'est en changeant ce qui
doit être changé c'est à peu près le même
genre de raisonnement; c'est le pouvoir de gérance. Evidemment, on sait
que c'est une notion qui est élastique, extensible, compressible et,
qu'en soi, ce n'est pas un argument final, puisque le pouvoir de gérance
se définit dans un contexte donné et que ce qu'il faut
définir, c'est le contexte.
En plus de cela, si le pouvoir de gérance relatif à des
griefs, comme l'indique le ministre, est un geste d'une majorité
quelconque. Le propre des majorités, c'est qu'elles sont juge et partie.
Je pense que c'est le seul endroit où on légitime le conflit
d'intérêt. On dit: Une majorité a toujours le droit de
choisir pour elle-même ce qui l'avantage et ce qui fait son affaire, et
s'il y a un grief parmi tous les griefs qui sont soumis, il y a des fonds
limités, il y a des chances que le grief qui implique le plus grand
nombre d'individus dans une majorité qui vote va être celui qui,
comme par hasard, sera prioritaire. Supposons qu'on a, de façon
prédominante, un syndicat masculin, et qu'on a quelques employées
non syndiquées fiminines, et que le problème est de respecter un
congé de maternité, on se rend un peu compte, à moins
d'avoir affaire à des hommes qui sont singulièrement larges
d'esprit là-dessus, altruistes, et tout ce qu'on veut, avec de beaux
principes modernes, qu'on risque fort de pouvoir prédire d'avance
comment le vote va se terminer. Je pense que c'est là, qu'on ne peut pas
se défendre sur le pouvoir de gérance ni le pouvoir sacré
ou légitimant d'une majorité. Il reste que le problème de
discrimination apparaîtrait à tout le monde de façon
flagrante et malgré que toutes les règles auraient
été respectées. C'est cela, dans le fond, qu'un article
comme celui-ci veut prévenir et veut donner à une minorité
"minoritaire" et "minorisée" le pouvoir d'être entendue
malgré tout. C'est clair qu'il y a des limites financières aux
syndicats. Ils ne peuvent pas défendre tout le monde tout le temps et
pour toutes les causes, mais ce sont là des règles de bon sens.
Si les recours sont suffisamment simples et n'entraînent pas de frais
excessifs eux-mêmes, je pense que ce serait important que ce soit le cas.
Mon Dieu, ils pourront alléguer qu'ils ne peuvent pas tout faire et
qu'il y a des priorités qui sont des priorités véritables
et qui ne sont pas le fruit d'une discrimination. Je termine
là-dessus.
Le Président (M. Clair): Dans l'ordre, le
député de Joliette-Montcalm, le député de
Mont-Royal et le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Ciaccia: Sur le même sujet, je voudrais seulement poser
une question...
M. Mackasey: ... cela va aller avec votre réponse.
M. Ciaccia: Sur le même sujet, très
brièvement. Quand le ministre a dit que vous craigniez, avec
l'amendement suggéré par le député de
Saint-Laurent, que ça crée une ingérence dans les
décisions qui pourraient être prises par l'exécutif ou par
l'association, est-ce que vous n'avez pas ouvert la porte à ce principe,
par l'article 38b? Parce que c'est l'article 38b qui donne vraiment le droit
à un salarié de se plaindre d'une décision de
l'association. Une fois que vous avez ouvert cette porte, ce n'est pas une
question à ce moment-ci de dire: le salarié n'aura pas le droit
ou ne devrait pas avoir le droit où vous craignez qu'il peut aller
à l'encontre d'une décision de l'exécutif.
Tout ce que l'amendement du député de Saint-Laurent fait,
c'est en faciliter l'application. Parce qu'une fois que vous avez ouvert la
porte, vous rendez plus difficile l'exercice de ce droit. Vous créez le
droit à l'article 38b, mais vous dites: Non, je veux créer le
droit, mais je ne veux pas que le salarié puisse vraiment utiliser ce
droit, à moins qu'il aille aux tribunaux civils et là ça
peut prendre du temps, etc.
M. Johnson: Je peux répondre? M. Ciaccia: Oui.
M. Johnson: Cela rejoint ce que je disais tout à l'heure,
que l'article 38b, effectivement, est ce qui est le substrat, si on veut, de ce
qui serait la base de la récrimination ou de la plainte de celui qui
prétend être atteint de discrimination, d'attitude arbitraire ou
de mauvaise foi. L'article 38c, cependant, limite la possibilité d'un
recours particulièrement expéditif et exceptionnel, d'utiliser
l'article 38b pour les seules fins de quelque chose qui a trait au droit au
travail. C'est-à-dire le renvoi ou la sanction disciplinaire.
C'est vrai qu'il ne l'ouvre pas pour les autres, ce recours
expéditif. Comme je dis, peut-être devrait-il l'ouvrir. Sauf que
je pense que cela a besoin d'être pas mal plus mûrement
réfléchi que ce qu'on peut faire en commission parlementaire
actuellement. Quand on regarde la loi ontarienne à ce sujet, on se rend
compte que ce sont des procédures assez longues, assez complexes, on
définit des situations, parce qu'il faut tenir compte de contraintes que
j'évoquais tout à l'heure. Ce n'est pas au niveau du principe de
l'ingérence proprement dite. Encore une fois, je réitère
que ce n'est pas parce qu'on est syndiqué, qu'on appartient à un
syndicat qui nous représente, qu'on n'est plus un citoyen. De temps en
temps, le syndicalisme, dans un contexte parfaitement explicable, a tendance,
puisqu'il a été l'objet de tant de batailles, et qu'il a
été obligé de gagner constamment, par des batailles, des
droits, a tendance à considérer que ce qu'il a acquis, est une
chose qui doit être inviolable.
L'évolution du syndicalisme dans notre société,
quand on sait ce qui s'est passé jusqu'à il y a à peu
près vingt ans, nous permet de comprendre que le syndicalisme a une
tendance à conserver jalousement ses prérogatives et que toute
modification, tout changement à ce niveau implique des questions qui
relèvent des attitudes, des mentalités et de la reconnaissance de
ce qu'est le pouvoir d'une assemblée générale de syndicat,
par opposition à un geste qui est posé par l'exécutif
syndical, etc.
Finalement, et c'est un argument que donne une des centrales, à
l'encontre même du paragraphe tel que nous l'avons formulé, aussi
restrictif soit-il, je pense qu'à ce niveau, c'est plus une
demi-vérité qu'autre chose. C'est une atteinte au pouvoir
suprême du syndicat. Je ne pense pas qu'un syndicat ait un pouvoir
suprême. Il a un pouvoir conféré en vertu de la loi,
l'assemblée générale est souveraine, mais aux fins des
instances syndicales, comme l'est l'assemblée générale ou
le congrès général du Parti libéral ou son conseil
nationale ou régional. Mais c'est aux fins, finalement, de l'application
de ses propres statuts. Ce n'est pas face au reste de la société
qu'il est souverain.
Le syndicalisme, dans ses efforts de lutte devant ce qu'il qualifie
d'intrusion du gouvernement ou de l'Etat dans ses affaires internes, a
peut-être tendance, à un moment donné, à affirmer
une souveraineté qui va au-delà de ce qu'elle est
réellement.
C'est pour ces raisons, encore une fois, bien que je sois parfaitement
sensible à l'argumentation du député de Saint-Laurent, que
je considère qu'il y a déjà un pas considérable qui
est fait dans la législation québécoise, avec cette notion
de l'utilisation d'un recours expéditif dans le cas d'un renvoi ou d'une
sanction disciplinaire et que, quant au reste, je pense que cela mérite
fondamentalement une réflexion importante et profonde. Ce n'est pas
parce que je veux tout renvoyer là, mais peut-être que la
Commission de révision du droit du travail, qu'on va créer d'ici
quelques mois, va avoir à y réfléchir. Et je suis
sûr qu'elle aura à y réfléchir.
Le Président (M. Clair): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le ministre, je vais prendre 5 minutes.
Peut-être que je répète un peu les arguments du
député de Mont-Royal, mais je reviens encore à l'article
38b, sans discuter de l'article 38b. Je l'accepte tel que vous l'avez
proposé. D'accord?
M. Johnson: D'accord.
M. Mackasey: Mais quand nous arrivons à l'article 38c, on
parle de deux cas spécifiques: L'action d'un employeur qui renvoie un
salarié ou
qui prend des sanctions disciplinaires contre un salarié. Le
salarié prétend, avec raison ou non, que le syndicat n'a pas agi
en conséquence. Je vois que le paragraphe c le complète; cela
décrit les cas de renvois, de sanctions disciplinaires et ça dit
exactement ce que le salarié doit faire. C'est simple, il doit
écrire au ministre. Dans une période de six mois, le ministre
peut nommer un enquêteur et c'est lui qui va décider si vraiment
le salarié a raison ou non. D'accord?
M. Johnson: ... c'est le Tribunal qui décide.
M. Mackasey: Alors, le salarié va essayer de régler
le conflit, un peu comme une conciliateur, si vous voulez. Sinon...
M. Johnson: ... au Tribunal.
M. Mackasey: ... cela va aller au Tribunal. D'accord.
M. Johnson: Qui lui, va l'envoyer à l'arbitrage, s'il y a
lieu.
M. Mackasey: D'accord. Finalement, cela va être
réglé, la procédure est claire, les cas sont
précis. Au moins, le salarié a tous les moyens à sa
disposition pour avoir justice. Peut-être qu'il ne sera pas content
lorsqu'il aura la conclusion, mais quand même.
Quand on revient à l'article 38b, on parle aussi d'autre chose
qui ne sert pas le salarié. Je parle encore de la mauvaise foi, de la
manière arbitraire, de la discrimination. Cela revient à
cela.
Mais ce n'est pas complet comme l'article 38c. Cela laisse en suspens
l'action que le salarié devra entreprendre. Je pense que vous avez
l'obligation de compléter l'article 38b. L'amendement fait justement
cela.
M. Johnson: M. le Président, je pense que ce que le
député fait, alors que c'était normalement au
député de Joliette à prendre la parole, c'est qu'il
reprend toute son argumentation depuis le début. Je pense que j'y ai
répondu tout à l'heure.
M. Mackasey: Cela n'a pas été répondu
à ma satisfaction.
M. Johnson: II me le pose sous forme de question, mais c'est une
question un peu rhétorique.
M. Mackasey: Je pense que l'article 38b est défectueux
dans le sens...
M. Johnson: Et il est dix heures.
M. Mackasey: Je sais que vous regardez l'heure, mais cela ne
presse pas. Vous êtes jeune, vous êtes capable de rester debout
jusqu'à dix heures le matin, et je serai debout à cinq heures,
mais pour moi c'est difficile. Quant à moi, je suis prêt à
travailler pour l'amour de ma province.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! M.
Chevrette: Mon pays...
M. Mackasey: Je suis un grand ami de Gilles Vigneault, parce
qu'il a choisi sa chanson parmi les Irlandais de Gaspé.
Alors, l'article 38b est défectueux dans le sens que, si comme le
député de Johnson l'a souligné, nous avons le courage ou
l'esprit d'expérimentation pour dire que les problèmes qui se
posent dans l'article 38b peuvent être traités exactement dans le
même sens qu'à l'article 38c... Selon la suggestion de
l'amendement, pourquoi non?
Prenez donc un enquêteur qui a peu d'intelligence, non pas qui est
quelqu'un pour les patrons, quelqu'un d'expérience, compétent,
avec une formation, qui aura assez d'expérience pour régler les
problèmes de tous les jours, non pas seulement les questions de renvoi
ou les sanctions disciplinaires, mais qui fera aussi des recommandations ou
essaiera peut-être de régler un conflit entre le salarié et
le syndicat, quand il pense qu'il y a vraiment de la discrimination pour le
salarié.
Pourquoi ne demandez-vous pas au même enquêteur, qui est
à la disposition du salarié, de prendre les mêmes
responsabilités concernant les problèmes qui se posent à
l'article 38b?
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais un peu
reprendre, au départ, une argumentation utilisée par le ministre,
que je considère... Je vais comparer plutôt, au départ, la
mise à pied pour activités syndicales. La mise à pied pour
activités syndicales, dans le cadre du Code du travail, c'est le
commissaire-enquêteur qui y pourvoit, précisément parce
qu'on joue avec le droit au travail de l'individu.
Quand on a amendé l'article 38c et qu'on a placé "renvoi
et sanction disciplinaire", c'est aussi parce que c'était relié
directement au droit au travail. Quand vous embarquez plus largement et que
vous dites que l'ensemble des discriminations possibles devrait être
traité par le commissaire-enquêteur, vous pourriez apporter
l'argument selon lequel, en Ontario, la loi du "duty of fair representation"
dit précisément que c'est un... Je ne sais pas quel terme on
emploie, si c'est enquêteur; je ne me souviens plus du terme. Elle traite
de toutes les discriminations.
Il faut faire une nette distinction... Je vais utiliser un terme que
plusieurs n'aimeront peut-être pas. Mais je pense que le contexte
idéologique du mouvement syndical ontarien est très
différent du contexte idéologique du syndicalisme
québécois.
Je voudrais vous expliquer une situation qui pourrait se produire. On
est en pleine négociation. Il y a un groupe minoritaire qui voudrait
défendre que la priorité soit mise sur l'échelle
salariale, dans un cadre de syndicalisme d'affaires dont on parle dans les
syndicats, alors que d'autres individus et ce, majoritairement, disent: Nous,
ce ne sont pas les questions salariales, c'est une question d'heures de
travail.
M. Bellemare: D'heures de travail.
M. Chevrette: Le comité de négociation prend le
mandat majoritaire et va défendre les heures de travail. Il en
résulte qu'il y a une faible augmentation de traitement, mais une bonne
amélioration des conditions de travail. Ces gens se retournent de bord
et disent: Nous sommes minoritaires, nous sommes discriminés.
A ce moment-là, vous placez, chaque fois, un enquêteur du
ministère du Travail dans l'obligation d'aller vérifier sur
place, de faire un arbitrage pour dire: Vous n'êtes pas
discriminés ou vous êtes discriminés. Si vous forcez ce
groupe minoritaire à aller devant les tribunaux de droit commun, il va
réfléchir avant d'y aller parce que ça lui coûtera
quelques sous, quelques dollars, alors que la structure de l'Etat ne lui
coûte rien. C'est très différent.
M. Bellemare: Est-ce qu'on me permet? Seulement une chose.
N'oublions jamais qu'on est dans le précompte.
M. Chevrette: Oui, je n'ai jamais oublié qu'on est dans le
précompte.
M. Bellemare: C'est-à-dire, parce qu'on est dans le
précompte, qu'il faut assurer aux salariés qui paient le plus de
services possibles.
M. Chevrette: Exactement. C'est là que je veux en venir,
M. le député de Johnson. C'est exactement ce que je veux
démontrer, en relation avec le pouvoir d'une structure syndicale.
Jouer avec le droit au travail, je n'accepte pas cela, c'est pour cela
que j'ai adhéré très facilement à l'article 38c. On
ne peut pas jouer avec le droit au travail d'un individu, je pense qu'on
s'entend tous sur cela autour de la table, mais, quand on arrive dans des choix
de priorités, c'est une structure démocratique qui prend la
décision. Le ministre a donné l'exemple tantôt d'un groupe
de techniciens qui pouvaient se sentir pénalisés parce qu'ils
sont minoritaires, mais il reste que, dans n'importe quelle structure, c'est
une majorité qui décide. Que tu paies ou que tu ne paies pas ta
cotisation, le groupe qui paie se réunit, à un moment
donné, et il y a une décision qui se prend. S'il y avait une
décision formelle selon laquelle ce sont les non-membres en règle
qui sont discriminés, c'est différent, mais, quand une
association syndicale décide de défendre prioritairement les
griefs de renvoi au détriment des griefs concernant quelques cents
supplémentaires manquant aux chèques, c'est une priorité
qui a été prise en assemblée générale.
Je pense que qui trop embrasse mal étreint. A partir de
là, on est peut-être mieux d'essayer de mettre à
l'épreuve le droit au travail, ce qui rn'ap-paraît indispensable,
quitte à le raffiner avec les ans, mais à mieux encadrer, et je
reviens à ce que je vous ai dit, tout comme le ministre, je suis
très ébranlé. J'ai même hésité
tantôt. A un moment donné, je me demandais si je n'allais pas
l'accepter ou suggérer l'acceptation. Mais, dans un contexte où
rien n'est défini, je pense, ce serait un peu suicidaire et on
risquerait de se retrouver avec une avalanche de plaintes de discrimination
parce que rien de précis, rien de défini...
M. Mackasey: Je m'excuse, pour un moment. Vous avez
complètement raison. Vous parlez aussi de l'absence d'une
définition de discrimination; il n'y en a pas dans notre code.
M. Chevrette: Non, mais je veux...
M. Mackasey: C'est le défaut du code. Nous sommes en train
de...
M. Chevrette: Ce n'est pas seulement l'absence, c'est le type de
discrimination.
M. Mackasey: Nous sommes en train d'améliorer le code.
M. Chevrette: Prenons un exemple, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Si on parlait de discrimination individuelle, par
exemple, de race, de religion. Même si vous définissiez le mot
"discrimination", on peut avoir une définition commune du mot
"discrimination", mais ce que je veux dire, c'est qu'un groupe peut se sentir
victime de discrimination à cause d'une décision majoritaire.
C'est une différence fondamentale qui existe par rapport à la
discrimination individuelle en raison de choses qui se produisent.
M. Bellemare: M. le député, est-ce que vous ne
trouvez pas que la formulation de l'amendement va plus loin en couvrant tout ce
que vous dites?
M. Chevrette: Non.
M. Bellemare: Quand le député de Saint-Laurent dit
"si le salarié croit que l'association accréditée viole
l'article 38", au lieu de dire simplement dans tel ou tel cas qu'il viole
l'article 38, là, par exemple, il peut s'en prévaloir et porter
sa plainte dans les six mois. Le ministre envoie l'enquêteur et,
après cela, il y a une décision qui sort, puis il présente
sa requête, si c'est refusé.
M. Chevrette: Le député de Saint-Laurent...
M. Bellemare: Cela couvre plus que les deux choses, le renvoi et
la discrimination.
M. Mackasey: Est-ce que l'enquêteur va être
obligé d'y aller pour sa...
M. Chevrette: Non, je pense qu'on se comprend mal.
M. Bellemare: On se comprend bien.
M. Chevrette: Non, on se comprend mal. Je vais l'expliquer, parce
que le député de Saint-Laurent avait compris dans le premier cas,
et il a compris aussi dans le deuxième, mais, dans le premier amendement
qu'il a présenté, le député de Saint-Laurent
était limitatif par rapport à
l'amendement qu'il vient de déposer. Dans son premier amendement,
à l'article 38b, le député de Mont-Royal avait circonscrit
la discrimination à trois thèmes, à la
négociation...
M. Ciaccia: Le problème de la
généralité, la portée générale de
l'article...
M. Chevrette: Au lieu de dire "notamment". Ce n'est pas comme
cela que je l'avais interprété, excusez-moi.
M. Mackasey: La raison pour laquelle nous sommes...
M. Chevrette: Ce que vous n'avez pas clairement
démontré à mes yeux, et je suis vraiment mal pris et je ne
peux pas y adhérer à cause de cela...
M. Bellemare: Non... Vous, mal pris?
M. Chevrette: Oui, je suis mal pris, parce que je comprends le
sens...
M. Mackasey:... vous n'avez rien fait.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît! Le député de Joliette-Montcalm a la parole.
M. Ciaccia: II est mal pris.
M. Bellemare: J'avais raison, encore une fois.
M. Chevrette: Ce que je veux faire comprendre, c'est que si on
l'interprète dans un sens aussi large que celui proposé dans
l'amendement, on ne rend pas service. On prête flanc à des abus,
parce qu'on ne fait même plus la distinction entre une discrimination qui
serait relative à un individu à cause d'une situation bien
précise, et une discrimination je dirais artificielle, uniquement
à cause d'un petit groupe minoritaire qui se sent victime de
discrimination, mais suite à la décision d'une majorité
dans un contexte démocratique.
M. Bellemare: Tant mieux, si on peut faire valoir nos droits.
M. Chevrette: On ne peut pas accepter, sinon on nie toute
démocratie à l'intérieur d'une structure.
Là-dessus, je ne marche pas.
M. Ciaccia: Vous encouragez la discrimination, d'après
votre...
M. Chevrette: Est-ce que c'est discriminatoire qu'un gouvernement
soit élu majoritairement?
M. Ciaccia: Si ce n'est pas discriminatoire...
M. Chevrette: Ce n'est pas plus discriminatoire que quand un
groupe de syndiqués décide de prendre telle orientation
plutôt que telle autre.
M. Ciaccia: Ce n'est pas discriminatoire.
M. Mackasey: II y a de la discrimination si ce gouvernement
majoritaire impose des lois discriminatoires. Je pose seulement une question
ici. A l'article 38b, un salarié, pas une minorité des
salariés, un homme seul ou une femme seule, est obligé d'aller en
Cour supérieure pour savoir si vraiment il y a eu de la
discrimination.
Sur quoi le juge basera-t-il sa décision? Sur les
définitions dans le Code du travail? Sur quoi? Sur quelle jurisprudence?
Le problème que nous avons ce soir, que vous avez, c'est qu'on essaie
d'améliorer le Code du travail par de petits amendements, ici et
là, sans toucher les problèmes fondamentaux. Il y a un manque de
définition. Vous le savez autant que moi. Vous avez parlé de la
loi on-tarienne qui, vous le savez, a probablement six pages de
définitions... En l'absence de définition ici, on dit au pauvre
salarié: Allez devant la Cour supérieure. Vous n'aurez pas de
définition de la discrimination dans notre code. Mais allez devant un
juge de la Cour supérieure. La première question qu'il va poser,
lui: Où vais-je trouver la définition de discrimination dans le
domaine des relations industrielles? Il va être obligé de regarder
dans votre Code du travail, il va être obligé de regarder dans la
jurisprudence, il va être obligé de téléphoner au
ministère, il va être obligé d'en discuter avec un
enquêteur. Cela, c'est vrai. Vous savez ça autant que moi.
Comment voulez-vous rendre justice à un salarié dans ce
cas? Ce n'est pas possible. Vous feriez mieux de "scraper" l'article 38
complètement.
M. Chevrette: Non, je vais dire que c'est un choix politique, et
le choix politique, il s'est arrêté au droit au travail. Comme l'a
dit le ministre tantôt, dans le cadre d'une réforme plus globale,
on définira tout ça, on tâchera de délimiter des
principes plus précis...
M. Mackasey: Pourquoi...
M. Chevrette: ... que de s'embarquer... Je m'excuse...
immédiatement dans quelque chose qui peut nous conduire dans un
cul-de-sac duquel on ne peut pas sortir à court terme.
M. Pagé: Simplement une question au député
de Joliette-Montcalm, s'il me le permet.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Portneuf, vous avez la parole non seulement pour une question, mais vous avez
la parole en général sur l'amendement, puisque vous aviez
demandé le droit de parole il y a longtemps déjà.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Oui, j'ai 20 minutes, M. le Président. Je
me limiterai à poser une question, parce que je veux être bien
convaincu qu'on se comprend bien, qu'on parle de la même chose.
M. Bellemare: Si vous parliez devant le micro, moi, le vieux, je
pourrais entendre mieux.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le député de...
M. Bellemare: Je commence à avoir l'oreille dure.
M. Pagé: C'est une question, M. le Président, au
député de Joliette-Montcalm.
M. Mackasey: ...
M. Pagé: Je me limiterai à une question au
départ.
A l'article 38c, dans l'amendement qu'on a déposé, quand
il est dit: Le salarié croit que l'association accréditée
viole l'article 38b; il doit, s'il veut se prévaloir de cet article.
Est-ce que vous l'interprétez comme mettant de côté
le recours prévu à l'article 38b devant les tribunaux de droit
commun?
M. Chevrette: Absolument pas! Mais je peux vous dire une chose,
c'est qu'entre les deux, il est bien évident que le salarié
portera toujours plainte au ministre du Travail, parce qu'il y va de ses
sous.
M. Pagé: Oui, mais, en affirmant ça, M. le
Président, le député vient confirmer qu'il est difficile
pour le salarié de se prévaloir des mécanismes
prévus à l'article 38b.
M. Chevrette: C'est-à-dire que ça évitera,
à mon sens, les plaintes farfelues ou des rancunes passagères qui
seraient logées, à ce moment-là, à un coût
nil, par rapport à un déboursé. J'y crois à cela,
fondamentalement, dans l'économie de nos lois, qu'on ait quelque chose,
à un moment donné, qui fasse penser à un type qu'il ne
loge pas des plaintes pour le plaisir de les loger.
M. Pagé: Oui, mais le député, M. le
Président...
M. Mackasey: ... ce n'est pas seulement pour les riches.
M. Pagé: ... ne croit-il pas que si la plainte, pour
utiliser son expression, n'est pas recevable ou est farfelue, ou peu importe,
immédiatement l'enquêteur qui sera nommé par le ministre,
va statuer? Cela va quand même coûter moins qu'il n'en
coûtera au salarié pour aller devant les tribunaux.
M. le Président, c'étaient quelques questions que je
voulais poser pour ajouter ma voix à ceux qui m'ont
précédé, mon collègue de Saint-Laurent, de
Notre-Dame-de-Grâce et de Mont-Royal, et il est encore temps de dire oui,
vous savez. M. le ministre nous disait tantôt qu'il était
ébranlé et, d'ailleurs...
Le Président (M. Clair): On va le savoir
immédiatement, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Si le ministre juge opportun qu'on sursoie
à l'étude de l'article, on peut le faire.
M. Johnson: Seulement pour vous rassurer, est-ce que l'amendement
du député de Saint-Laurent est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
La motion d'amendement du député de Saint-Laurent, à
l'article 28, selon laquelle le paragraphe 38c de l'article 28 soit
modifié en retranchant, dans la première ligne, les mots "qui a
subi un renvoi ou une sanction disciplinaire" et en retranchant, dans la
deuxième ligne, les mots "à cette occasion", est-elle
adoptée?
M. Johnson: Rejeté. M. Pagé:
Adopté.
M. Forget: M. le Président, une minute! Est-ce qu'on me
permettrait une très brève intervention, de manière
à voir...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... s'il n'est pas possible de trouver une
formulation. Je n'en fais pas une motion formelle. Etant donné
particulièrement les exemples ou les contre-exemples que nous ont
donnés le député de Joliette-Montcalm et le ministre,
exemples qui étaient basés sur des problèmes de
priorité au moment des négociations, et sous réserve que
l'article 38b demeurerait intact, donc conserverait, si c'est utile, des
possibilités de recours aux tribunaux de droit commun, si on disait
quelque chose dans ce genre, ce qui pourrait devenir un alinéa
additionnel à 38c, "toutefois, la priorité accordée
à l'amélioration de certaines conditions de travail lors de la
négociation d'une convention collective, n'est pas un motif de
discrimination, au sens du présent article." Il me semble que cela
éliminerait le problème qui a été soulevé
à plusieurs reprises par le député de Joliette-Montcalm,
et que, si c'est l'attitude du ministre, je n'en fais pas d'autres cas
il me semble que c'était la réponse aux objections qui ont
été soulevées.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Saint-Laurent dont je viens de donner lecture il y a
quelques minutes, est-elle adoptée?
M. Bellemare: Vote. Une minute. Je veux un vote
enregistré.
Le Président (M. Clair): Le vote enregistré est
demandé.
M. Bellemare: Oui, certainement je le demande, car je vote
pour.
Le Président (M. Clair): Je relis la motion...
M. Mackasey: On peut noter ceux qui sont contre les
syndicats...
M. Pagé: Le vote est appelé.
Le Président (M. Clair): Messieurs, si vous voulez
être informés de ce sur quoi vous allez voter, la motion
d'amendement à l'article 28 du dé-
puté de Saint-Laurent se lit comme suit: "Que le paragraphe 38c
de l'article 28 soit modifié en retranchant dans la première
ligne les mots "qui a subi un renvoi, une sanction disciplinaire" et aussi en
retranchant dans la deuxième ligne les mots "à cette occasion".
M. Bellemare (Johnson).
M. Bellemare: Pour l'amendement.
Le Président (M. Clair): M. Bisaillon (Sainte-Marie).
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Clair): Contre. M. Brochu (Richmond).
Une Voix: II n'y est pas.
Le Président (M. Clair): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm).
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Godin (Mercier).
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Clair): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes).
Une Voix: II n'y est pas.
Le Président (M. Clair): M. Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Mercier (Berthier)... M.
Johnson (Anjou).
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Jolivet (Laviolette).
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lacoste (Sainte-Anne). M.
Laplante (Bourassa).
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavigne (Beauharnois).
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce).
M. Mackasey: Pour. Je suis pour le syndicalisme, pas contre.
Pour.
Le Président (M. Clair): M. Pagé (Portneuf). M.
Pagé: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud). Pour la
motion, cinq, contre; sept. La motion est rejetée.
M. Bellemare: C'est un avertissement.
Le Président (M. Clair): Messieurs, pouvons-nous
considérer que l'étude de l'article 38c est terminée?
M. Forget: Oui.
M. Bellemare: ... était un homme extraordinaire.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe 38d de l'article
28.
M. Forget: D'accord. Nous tombons maintenant dans la
mécanique de cette procédure, puisque nous avons là la
description de l'étape du règlement de faire intervenir
l'enquêteur, et, dans le cas d'échec, dans les quinze jours il y a
possibilité, pour le salarié, d'un nouveau recours, et cette
fois-ci, devant le tribunal. Comme l'article en question ne fait aucune
allusion au problème des frais, il nous paraît approprié
d'inclure une mention à cet effet, de manière que, lorsque le
salarié se trouve en face d'une fin de non-recevoir à la suite de
l'intervention de l'enquêteur, il y ait, à ce moment-là,
une présomption qui devrait être utilisée et jugée
favorable au plaignant, de manière à minimiser, dans toute la
mesure du possible, le coût additionnel qu'on lui impose pour faire
valoir ses droits.
C'est la raison pour laquelle je présente cette motion
d'amendement, à l'article 28, qui se lit comme suit: "Que le paragraphe
38d, de l'article 28, soit modifié en ajoutant, dans la sixième
ligne, après le mot "arbitrage", les mots "les frais de cette
requête doivent être assumés par l'association." Le
paragraphe amendé se lirait comme suit: "38d Si aucun règlement
n'intervient dans les 15 jours de la nomination de l'enquêteur ou si
l'association ne donne pas suite à l'entente, le salarié doit,
s'il veut se prévaloir de l'article 38b, faire une requête au
tribunal, dans les 15 jours suivants et demander, à ce dernier,
d'ordonner que sa réclamation soit déférée à
l'arbitrage. Les frais de cette requête doivent être assumés
par l'association."
M. le Président, il semble qu'on ait là une règle
qui est retenue, par le ministre, à l'alinéa suivant, mais
seulement lorsqu'on arrive à l'étape de l'arbitrage. Cependant,
comme le ministre du Travail est déjà impliqué dans la
procédure, par l'intervention de l'enquêteur, on peut
présumer que, dans sa sagesse, l'enquêteur, qui n'est pas
seulement là pour faire un constat des faits, mais qui est, un peu comme
l'a décrit tout à l'heure mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, qui intervient un peu comme un médiateur ou
un conciliateur entre l'individu qui se plaint et son association, va
utiliser ses pouvoirs de persuasion et le rôle dont il dispose de
par le fait qu'il est un personnage neutre pour décourager un plaignant
qui ferait une plainte futile et évidemment sans fondement.
D'ailleurs, puisque l'intervention du tribunal se fondera
éventuellement sur le rapport de l'enquêteur, le plaignant qui
insisterait pour aller au-delà, malgré tout, serait, dans le
fond, dans une situation extrêmement délicate.
Donc, on peut prévoir que, lorsqu'il n'y a pas entente ou lorsque
l'association, après avoir donné son accord, refuse d'y donner
suite dans les faits, il y a une bonne présomption déjà et
qu'on n'est pas en face d'une plainte futile; et s'il doit y avoir une
requête au tribunal, ce sera une requête qui commence
déjà bien pour le plaignant, dans un certain sens.
Mais, cependant, lorsqu'on se présente devant un tribunal, et
même si on se présente devant le tribunal du travail, surtout dans
le cas où l'association n'a pas donné suite, volontairement, au
rapport de l'enquêteur, aux conclusions de l'enquêteur, à
l'entente dans laquelle il est intervenu ou a refusé d'y faire partie,
on peut présumer que l'association va intervenir en s'engageant un
procureur ou en demandant à son procureur d'intervenir pour elle, ou un
agent d'affaires ou un conseiller technique qui a une longue expérience
de ce genre de travail, qui est familier avec le tribunal, ses
procédures, qui n'est pas intimidé par tout l'appareil quasi
judiciaire...
M. Johnson: M. le Président, si vous me le permettez. Sur
la recevabilité de la motion du député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Oui, monsieur, je vous écoute.
M. Johnson: Je pense que ce que recherche le député
de Saint-Laurent est compris dans le texte de 38e, en ce sens que le
député de Saint-Laurent est en train de nous dire, par sa motion
d'amendement, qu'à partir du moment où l'enquêteur a fait
une suggestion de règlement, et que l'association de salariés ne
respecte pas cette suggestion de règlement, on dit que le salarié
a droit à une requête devant le Tribunal du travail.
Or, si on va un peu plus loin, que fait le Tribunal du travail? Si le
tribunal estime que l'association a violé 38b, il peut autoriser le
salarié à soumettre sa réclamation à un arbitre
nommé par le ministre pour décision sur la convention collective
comme s'il s'agissait d'un grief. Les articles 88 à 89j s'appliquent
mutatis mutandis. L'association paie les frais encourus par le salarié;
ce sont donc les frais encourus par le salarié dès le
début et ça nous permet de faire en sorte qu'on ne
pénalisera pas un syndicat devant une requête qui pourrait
être futile, venant d'un individu. On attend qu'un tribunal ait
jugé que, effectivement, 39b s'appliquait, qu'il y a eu violation de 39b
et, à ce moment, le tribunal, dans son ordonnance, non seulement
défère à l'arbitrage pour qu'un arbitre se prononce, mais,
également, il dit que l'association paie les frais encourus par le
salarié, donc, les frais de la requête et les frais de
l'arbitrage.
En ce sens, M. le Président, je pense que l'amendement, je ne
sais pas en vertu de quel article, ne peut pas avoir pour effet de
répéter quelque chose qui est dit d'ailleurs, d'une certaine
façon.
M. Bellemare: J'avais un droit de parole, vous me l'aviez
donné, je respecte le ministre qui vient de nous aider à
faciliter notre réponse. Nous disions ceci...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, seulement pour préciser, parce que j'ai été
distrait une seconde, sur la recevabilité de la motion, ni plus ni
moins, ce que le ministre nous dit, ce que le député de
Saint-Laurent propose, c'est au prochain paragraphe.
M. Bellemare: C'est sur ce que vient de dire le ministre.
Le Président (M. Clair): Oui.
M. Bellemare: Mais j'aurais le droit de donner mon opinion sur la
recevabilité, si vous me l'accordez.
Le Président (M. Clair): Sur la recevabilité, oui,
je vous l'accorde.
M. Bellemare: Je suis bien "écoutant", vous savez. C'est
parce que, sur la recevabilité, le ministre m'a enlevé de la
bouche, en vertu de 38e, c'est bien spécifié que les frais
encourus ne seront pas payés par les salariés. C'est
l'association qui paie les frais. Sur la recevabilité, M. le
Président, il peut y avoir des requêtes folichonnes, qui sont
simplement pour faire de la distraction, et il peut y avoir une pression
inutile aussi qui est faite pour essayer de faire payer quelqu'un et,
troisièmement, il peut y avoir un désaccord qui serait voulu
sciemment et d'après l'amendement qui a fait les frais de cette
requête, ce serait assumé par l'association dans ces trois
cas-là. Quant à 38e, on le trouve depuis le commencement et cela
résume. L'amendement, pour moi, ne serait pas nécessaire, s'il
n'y avait pas 38e. J'avais lu 38e et je me disais que c'était bien, mais
quand j'ai vu arriver l'amendement, c'était pareil, jusqu'aux frais de
cette requête qui doivent être assumés par cette
association. On retrouve cela, pas seulement à partir du moment
où le tribunal va se prononcer, mais depuis le commencement de
l'enquête. Alors, M. le Président, je suis contre.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, avez-vous quelque chose à dire sur la recevabilité
de la motion ou si vous la retirez?
M. Forget: Oui et non, M. le Président. Il y a deux
choses. Evidemment, le ministre a raison pour une partie de son affirmation, de
même que le député de Johnson. C'est vrai que si le
tribunal estime que l'association a violé l'article 38b, l'association
va être condamnée à payer les frais. Même si ce
n'était pas dit, cela irait de soi, parce
qu'il est normal qu'un tribunal adjuge les frais au perdant dans
n'importe quelle cause. Alors, cela va de soi. Il reste que l'amendement que je
propose à 38d se situe à une étape antérieure. Il y
a des frais de présentation d'une requête, quand la requête
est présentée, seulement si le tribunal juge que la requête
est fondée. Il y a donc là...
M. Johnson: S'il juge qu'elle n'est pas fondée, la
requête n'était pas fondée...
M. Forget: Attention! Sur la recevabilité et non pas sur
le fond, il y a malgré tout une différence que le ministre
constate en même temps qu'il me répond ou m'interrompt. S'il y a
paiement des frais par l'association, même avant d'avoir l'assurance
qu'on a gagné la cause, on n'est pas en face du même amendement et
de la même disposition. On pourrait argumenter au mérite à
savoir si, dans tous les cas, l'association devrait payer les frais de la
requête, mais c'est très différent de dire qu'elle doit le
payer dans tous les cas, ce que l'on ferait à 38d, ou de dire qu'on la
paiera seulement dans certains cas, ce que l'on fait à 38e. Donc,
à mon avis, sur le plan de la recevabilité, il s'agit de deux
propositions différentes, et si l'on paie dans tous les cas, à
plus forte raison, on va payer quand on gagne. Mais ce ne sont pas deux choses
pareilles.
Le Président (M. Clair): Me permettez-vous une question,
M. le député de Saint-Laurent? Dans l'amendement que vous
proposez, les frais de cette requête doivent être assumés
par l'association. Ce n'est pas sur décision de qui que ce soit, mais
c'est dans tous les cas.
M. Johnson: Ce n'est jamais sur décision. Le
Président (M. Clair): Tandis que... M. Forget: C'est cela,
c'est ce que je dis.
M. Johnson: Car le Tribunal du travail n'a aucun pouvoir
d'adjudication de frais parce que, finalement, ce qu'il entend de façon
générale, ce sont des appels sur une décision du
commissaire-enquêteur, etc.
M. Forget: Non, ce n'est pas ce que le président a
dit.
Le Président (M. Clair): Ce n'est pas ce que je veux dire.
Ce que je veux dire, c'est que... Jusqu'à maintenant, la façon
dont je comprends l'amendement du député de Saint-Laurent, c'est
que dès qu'il y a présentation d'une requête, les frais de
cette requête sont automatiquement assumés par l'association,
tandis que l'article 38e, ce qu'il semble déterminer selon moi, c'est
plus de dire que si le tribunal estime que l'association a violé
l'article 38b, donc après avoir fait son enquête, l'association
paie les frais encourus par le salarié. Est-ce qu'il n'y a pas...
M. Johnson: Sur la recevabilité... Je pense qu'on se
comprend fort bien finalement. A ceci près que j'argumenterai à
ce moment-là sur la recevabilité que l'amendement du
député de Saint-Laurent, à moins qu'il ne soit de nature
purement dilatoire, n'est pas recevable pour la raison suivante: C'est que
ça va à l'encontre des principes généraux qui font
qu'on ne peut pas présumer que quelqu'un est coupable, a priori, et que
dans son amendement, il présume que l'association a été
négligente, alors que justement la raison pour laquelle on va devant le
tribunal, c'est pour permettre au tribunal de décider, si oui ou non,
l'association est contrevenue à l'article 38b. L'effet de cela est qu'on
pourrait avoir des requêtes parfaitement futiles après un rapport
d'enquêteurs.
Il n'y a pas d'entente entre les parties, l'enquêteur vient et ne
parvient pas à concilier...
M. Forget: M. le ministre, vous argumentez sur le fond, vous
argumentez sur le fond.
M. Johnson: ... il y a une requête futile et l'association
paie.
Le Président (M. Clair): En supposant que je prenne ce que
vous dites au pied de la lettre, je ne vois pas en quoi ça peut
restreindre la recevabilité de la motion.
M. Ciaccia: Vous allez au fond.
M. Johnson: C'est parce que, M. le Président, ce serait
considérer que... Oui, mais c'est parce que cet amendement, M. le
Président, je ne veux pas faire de procès d'intention au
député de Saint-Laurent, mais s'il n'est pas dilatoire, c'est
pour le moins ce que le code Morin appelle les motions futiles, ou je ne sais
plus, il y a quelques autres mots qu'on assigne à cela.
M. Forget: Non, mais vous argumentez sur le fond, parce qu'encore
là, on va revenir tantôt sur l'aspect des demandes futiles.
M. Johnson: D'accord.
M. Forget: Je comprends que c'est l'objection que vous allez
soulever.
M. Johnson: Oui, et vous pourrez avoir quatre fois vingt minutes
pour défendre ce type d'amendement.
M. Forget: On n'en abusera pas, M. le Président, mais
c'est un point de procédure assez important malgré tout, que ce
point de vue de l'accessibilité à la justice.
Le Président (M. Clair): Messieurs, tenant compte, d'une
part, que l'article 38e n'a pas encore été adopté et
d'autre part, que, même s'il n'a pas encore été
adopté, il me semble, au meilleur de mon jugement, que la motion
d'amendement du député de Saint-Laurent vise un but
légèrement différent de celui visé par l'article
38e. Je considère la motion recevable.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Alors
voilà. On nous fait, bien sûr, l'objection et je pense que
c'est peut-être l'essentiel sur quoi devraient porter mes remarques
des demandes ou des plaintes, futiles.
Retenons quand même une chose. C'est que, dans le domaine
général de l'accès à la justice, il y a une loi,
adoptée par l'Assemblée nationale, qui s'appelle l'aide
juridique. En adoptant la Loi de l'aide juridique, personne n'a
présumé que ceux qui s'en prévaudraient étaient
nécessairement dans leur droit, au contraire, et donc que ceux contre
qui il logeait des plaintes étaient nécessairement dans leur
tort. Si on avait pu faire cette présomption, il n'y aurait pas eu
besoin d'aide juridique, parce que toujours ceux qui gagnent vont pouvoir
récupérer leurs frais de ceux qui perdent.
C'est donc qu'on a présumé dans l'aide juridique qu'il y
avait des gens qui n'avaient pas les moyens d'aller devant les tribunaux, mais
que ces mêmes gens, dans un certain nombre de cas, perdraient leur cause,
et que c'était pour couvrir, pour assurer les gens qui perdraient leur
cause, tout en n'ayant pas les moyens de les intenter, qu'on a prévu
l'aide juridique.
Car dans le cas des gens qui gagneraient leur cause, le problème
pourrait être résolu par des règles peut-être
légèrement modifiées quant à la taxation des frais
devant les tribunaux de justice. Donc, le problème
d'accessibilité aux tribunaux, ou d'accessibilité à un
processus de redressement des torts ou des griefs, est un problème
complètement différent des problèmes de
présomption, de faute, de culpabilité ou de bon droit.
Ceci étant dit, il reste qu'il y a une objection qui peut
être sérieuse puisque là, contrairement à l'aide
juridique, ce sont les finances d'une association qui sont mises à
contribution plutôt que le trésor public. Je peux comprendre que
cela pourrait donner lieu à une procédure de harassement,
à moins que déjà la procédure qui est
envisagée par l'article 38d ne comporte pas des barrières
suffisamment sérieuses pour empêcher des actions purement
futiles.
Comment s'engage effectivement la procédure aux articles 38c, 38d
et 38e? Ce n'est pas simplement une plainte que l'on dépose aux greffes
du tribunal et qu'on a fait accompagner d'une déclaration, d'un
exposé des motifs. Il y a une intervention du ministère où
on fait intervenir un enquêteur qui essaie de produire, par sa seule
intervention, une entente et le règlement de l'affaire. Ce n'est pas une
simple procédure de dépôt de plaintes.
Quand il y a une simple procédure de dépôt de
plainte, il peut, bien sûr, y avoir toutes sortes de plaintes et toutes
sortes de motifs pour présenter des plaintes. A ce moment, on peut
redouter le harcèlement, on peut redouter la mauvaise foi, mais quand on
fait intervenir le ministère, ce doit être parce qu'on
prévoit que cette intervention va permettre d'éliminer les
plaintes factices, les plaintes de mauvaise foi, les plaintes futiles. Comme il
y aura un rapport de l'enquêteur du ministère dans tous les cas,
rapport qui constituera il ne faut pas se le cacher
l'élément principal sur lequel le tribunal va se baser, il y a
là tout un phénomène d'incitation ou de
désincitation à des plaidoiries purement futiles, purement de
mauvaise foi.
A cause de l'existence de cette étape intermédiaire entre
le tribunal et le plaignant, de cette espèce de filtrage, où la
majorité des plaintes va se régler, présumément,
parce que, autrement, on ne prévoirait pas cela, c'est une espèce
d'entrave, d'enfarge qu'on mettrait dans le processus de recours au tribunal,
on prévoit que la majorité des choses va se régler
là. Celles qui ne se régleront pas là, seront, au moins
pour une part et le texte de l'article 38d est clair des cas
où l'association est entrée dans une entente ceci peut se
faire dans des contextes divers et décide, tout à coup, de
ne pas donner suite à l'entente, peut-être parce qu'elle se
réfugie dans un certain juridisme, à ce moment, parce qu'il y a
des problèmes d'équité, de bonne foi et
d'interprétation juridique rigoureuse.
M. Johnson: Elle a peut-être raison.
M. Forget: Elle a peut-être raison, sur un plan strictement
juridique.
M. Johnson: Même sur un plan...
M. Forget: Mais il y a quand même eu une entente, M. le
ministre.
M. Johnson: S'il y a eu une entente.
M. Forget: C'est le cas dont je discute dans le moment; nous
discuterons l'autre cas tantôt, si vous voulez. Mais si l'association a
participé à une entente et qu'elle ne lui donne pas suite,
malgré tout, pour le plaignant qui doit aller devant le tribunal, il y a
des frais, et il y a dans son esprit au moins, si ce n'est ailleurs, une
incertitude, un doute, donc une "désincitation", un découragement
de se prévaloir d'un droit que, pourtant, il a presque acquis parce
qu'il y a eu une entente avec l'intervention du ministère du Travail et,
tout à coup, cela lui échappe des mains comme le sable à
travers les doigts. Il se dit: Je l'avais et je ne l'ai plus! Une espèce
de phénomène de disparition, tout à coup; il avait sa
solution et il ne l'a plus, parce que, peut-être, quelqu'un a
trouvé que, sur un plan juridique, ou à cause de circonstances
extérieures, de l'effet de précédent, etc., toutes sortes
de raisons qui peuvent être très valables sur un plan de principe
et de stratégie, au niveau d'une association, mais qui peuvent
résulter, effectivement, dans le fait que la plainte n'aura pas de suite
positive. On se dit tout simplement, comme dans les cas d'aide juridique: II me
semble au moins dans ce cas qu'on peut s'entendre que s'il n'y a pas eu respect
de l'entente, l'association devrait payer la requête. C'est combien? Ce
n'est pas une fortune, de toute façon. Ils ne se poseront pas de
question pour payer leur partie des frais et envoyer quelqu'un les
représenter. Dans le fond, c'est une question du petit vis-à-vis
du gros, ou du minoritaire vis-à-vis du majoritaire. Il n'y aura pas de
question de demander une cotisation spéciale
pour payer les frais de représentation de l'association pour
contester la plainte de l'individu qui est seul et qui n'est aidé
d'aucune façon.
Il me semble qu'au moins dans ce cas, cela me semble assez clair. Dans
les cas où il n'y a pas eu de possibilité d'entente,
malgré l'intervention de l'enquêteur, on peut se poser des
questions, bien sûr. Pourquoi n'y a-t-il pas eu entente? Encore une fois,
dans les cas où il n'y a pas eu entente, et où le plaignant sait
qu'il n'y a pas eu entente et que le rapport de l'enquêteur lui est
défavorable, peut-on vraiment supposer que dans ces cas il y aura une
situation telle, qu'on voudra poursuivre? Poursuivre pourquoi? Pour faire du
harcèlement, etc. Cela ne bloque rien tout cela. Ce sont des
procédures, dans le fond..., contrairement aux autres procédures
du Code du travail, il n'y a rien qui est subordonné au règlement
de cette affaire. Il n'y a pas un droit de grève qui est suspendu, il
n'y a rien de suspendu. D'accord, il faut éviter les procédures
et il ne faut pas encourager l'esprit des plaideurs, mais, dans un cas comme
celui-là, qu'est-ce que cela donnerait de vouloir multiplier les
poursuites? Affamer le syndicat, etc. Il va falloir beaucoup de ces plaintes
pour produire un effet sensible et les gens seront épuisés avant
d'avoir épuisé le syndicat, parce que, par définition, il
s'agit d'un individu contre un groupe. La disproportion des forces est telle
qu'on va courir longtemps avant de trouver un exemple où un individu
seul, à force de procédure, devant le tribunal du travail, avec
des rapports de l'enquêteur du ministère qui lui sont toujours
défavorables, va réussir à remporter le gâteau.
C'est vraiment un déséquilibre tel, qu'il me semble que
dans ce cas-là, un peu en s'inspirant des principes
d'accessibilité à la justice, on ne ferait de tort à
personne en acceptant l'amendement.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Johnson: Je réitère les arguments que j'avais
commencé à évoquer. Je vais essayer de le faire
brièvement et j'espère qu'on pourra disposer de cet amendement
rapidement.
A sa face même, l'amendement du député de
Saint-Laurent pose un problème. On va prendre quelques scénarios
possibles. 38c dit que le salarié qui considère que l'association
l'a lésé, d'une certaine façon, dans ses droits, en ne
respectant pas 38b quant à ses droits de non-discrimination, etc., porte
plainte au ministre qui envoie un enquêteur. L'enquêteur est un
fonctionnaire. Il n'est pas une personne qui est investie de pouvoirs
judiciaires ou quasi-judiciaires. C'est un enquêteur comme les
enquêteurs du service spécial qu'on a au ministère.
De deux choses l'une, ou il parvient à réconcilier les
parties, ou il ne parvient pas à réconcilier les parties. S'il
les réconcilie, il n'y a plus de problème. S'il ne parvient pas
à les réconcilier, il y a peut-être un problème pour
le salarié, parce que, effectivement, il subit de la discrimination.
C'est le premier morceau d'alternative.
Le deuxième bloc de l'alternative, c'est le suivant:
L'enquêteur peut également constater que la revendication du
salarié est parfaitement futile, dérisoire et issue d'un esprit
troublé. Or, ce même esprit troublé pourrait décider
quand même de procéder par une requête devant le Tribunal du
travail, pour demander au Tribunal de prendre sa décision sur l'absence
d'entente intervenue, par définition, si l'enquêteur constate
cela.
L'effet de l'amendement du député de Saint-Laurent serait
quand même de pénaliser l'association à cause d'un recours
parfaitement futile d'un individu troublé, ce que l'enquêteur
aurait pu constater.
Dans la deuxième hypothèse, il y a une entente qui n'est
cependant pas respectée par l'association. Disons que l'association ne
respecte pas l'entente, mais de bonne foi, parce qu'elle considère
qu'elle a des faits nouveaux, etc. D'autre part, elle peut considérer
que l'enquêteur était particulièrement mal luné ce
jour-là. C'est un fonctionnaire qui a également droit à
ses sautes d'humeur, tout comme les juges, sauf qu'il n'en a pas
l'immunité présumée.
L'association décide de ne pas procéder à
l'apparence d'entente qu'il y avait, ou considère que le rapport de
l'enquêteur ne vaut rien. Cela peut être bien fondé. Encore
une fois, on la pénalise parce que l'individu s'en va devant le tribunal
et qu'au bout de la ligne, il sera considéré comme n'y ayant
jamais eu droit, ne donnant pas droit à sa requête en vertu de
38c, en se référant à 38b. On a encore une fois
pénalisé l'association pour rien.
Mais en admettant qu'effectivement, on a affaire à une
association qui est de mauvaise foi et qui décide de ne pas respecter
l'entente dans laquelle elle est entrée avec le salarié,
grâce à l'espèce de conciliateur-enquêteur qu'on
envoie, il reste toujours le recours aux services d'un avocat de l'aide
juridique pour celui qui veut faire sa requête au Tribunal du travail. Il
fera sa requête, et l'adjudication des frais, de toute façon, en
faveur de l'aide juridique et ce n'est même pas une adjudication
des frais, c'est l'effet de la loi sera, si sa requête n'est pas
futile, de faire en sorte qu'il n'ait rien à débourser. S'il
décide d'aller à un avocat en pratique privée, sans avoir
recours à l'aide juridique d'une façon ou d'une autre, quant
à son financement, il pourra être remboursé. Ce que cela
aura impliqué, c'est qu'il aura déboursé $200 de sa poche.
S'il n'a pas les moyens de le faire, il va aller à l'aide juridique.
Donc, il n'aura pas de problème.
M. le Président, je considère que cet amendement n'apporte
en aucun des cas, quelque amélioration que ce soit au texte.
Le Président (M. Clair): Le député de
Richmond.
M. Brochu: Une remarque, M. le Président. Si je reprends
un peu, à partir de l'exemple que le
ministre vient de donner... Supposons qu'un type porte plainte et
écrit au ministre, selon les dispositions de la loi; le ministre,
à ce moment-là, nomme son enquêteur auquel il fait
allusion, l'enquêteur a son délai de quinze jours pour arriver
à une entente. S'il n'y a pas d'entente, d'un côté, ou
supposons que l'association ne respecte pas l'entente, à ce
moment-là le salarié demande de référer son litige
au tribunal, qu'il juge digne ou non d'arbitrage. Si oui, il n'y a pas de
problème, mais sinon, dans le cas où on accepterait l'amendement
du député de Saint-Laurent, il faudrait que la requête soit
payée par l'association.
Je serais tenté de demander au député de
Saint-Laurent ceci: Est-ce que ce serait juste, à ce moment-là,
que l'association paie pour toutes les requêtes non fondées?
Deuxièmement, est-ce qu'il n'y aurait pas, en même temps, le
risque de multiplier les requêtes en ce sens? J'aimerais que le
député de Saint-Laurent m'indique de quelle façon il voit
cela, parce qu'il me semble qu'il y a un danger évident de ce
côté-là. Je vais reprendre, pour le
bénéfice...
M. Forget: ... pour la discussion, je m'excuse, mon attention
était partagée.
M. Brochu:... du député de Saint-Laurent. A la
suite de la situation à laquelle donnerait lieu votre motion
d'amendement, si elle devait être acceptée et devenir force de
loi, je me pose la question suivante et j'aimerais que vous m'apportiez
certaines précisions sur votre façon de voir la chose:
Considérez-vous qu'il serait juste que l'association, à ce
moment-là, paie pour des requêtes non fondées?
Deuxièmement, n'y aurait-il pas le risque, si on devait accepter votre
amendement tel que vous le proposez, qu'on assiste parfois à des
multiplications de requêtes jugées non fondées, de sorte
que l'association se trouverait contrainte de faire les frais de cette
espèce de jeu?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre a un peu donné la réponse en
mon nom tantôt, parce qu'il a dit cela est vrai d'ailleurs, c'est
peut-être une précision intéressante que, de toute
manière, le plaignant va toujours pouvoir utiliser l'aide juridique.
Quelle que soit la futilité des plaintes, au minimum, l'association va
être obligée de se défendre. Dans cette mesure, ce n'est
pas par des artifices de procédure internes au Code du travail qu'on va
réprimer des abus possibles de l'esprit de plaidoirie chez les
salariés. Il va toujours y avoir cette obligation.
Mais, d'un autre côté c'est là que ce genre
de raisonnement n'est pas vraiment persuasif il est vrai que, dès
qu'on crée un droit et qu'on ouvre un tribunal, on peut toujours dire
qu'on encourage l'esprit de plaider inutilement. Il est toujours vrai que, si
tout le monde était de bonne foi, parfaitement renseigné et
parfaitement raisonnable, il n'y aurait aucun procès parce qu'il y a
toujours une des parties qui perd; donc elle a tort. Dans cette mesure, tous
les procès sont inutiles. Mais ce n'est pas la façon de raisonner
habituelle. Il y a des procès; il y a des poursuites; il y a des
plaintes. Après coup, on peut juger qu'elle était futile. Mais
concernant la proportion de ces poursuites et de ces plaintes qui sont
effectivement futiles, est-ce que, vraiment, on peut citer des chiffres qui
nous démontrent que les gens se livrent à ce genre
d'activité pour le simple plaisir de le faire et parce qu'ils sont
déficients mentaux ou pas fins, etc.? C'est très rare.
M. Brochu: Par contre, devant les tribunaux, si vous me le
permettez, la personne qui a tort paie les frais.
M. Forget: Pas toujours, parce qu'avec l'aide juridique on a
supprimé, pour un certain nombre, à peu près 20% ou 25% de
la population, ce frein. Il n'y a même pas de ticket modérateur
dans l'utilisation des tribunaux. On n'a pas vu une croissance
démesurée et déraisonnable des poursuites dans tous les
domaines. Les gens sont plus raisonnables que cela.
Là où il y a des abus de procédure et de
procès, sauf les querelles de clôtures traditionnelles dans les
villages pour le bornage, etc., parce que, finalement, quand on ne s'aimait
pas, on finissait par utiliser ce moyen pour se le dire... C'est une forme de
communication sociale peut-être, mais ce n'est vraiment pas un
problème juridique, dans le fond. Jamais on a voulu amender le Code
civil pour empêcher les voisins de se poursuivre en bornage. Mais c'est
un fait qu'il y a des abus de procédure. La plupart du temps, les abus
de procédure sont motivés par d'autres exigences.
Par exemple, le patron qui multiplie les procédures pour
s'opposer à une demande d'accréditation en alléguant X, Y,
Z raisons, ce n'est pas, dans le fond, parce qu'il a seulement le goût de
plaider, c'est parce qu'en plaidant il empêche un certain nombre de
choses de se réaliser. Mais dans ce cas-ci, on peut faire 20 000
plaintes de discrimination et on n'empêchera pas le monde de tourner. La
terre continuera de tourner. La nuit suivra le jour de façon aussi
régulière qu'autrement. Il n'y aura rien de changé, sauf
que les plaintes devront être entendues.
Dans un contexte comme celui-là, comme il n'y a rien d'externe
à la plainte elle-même qui pourrait la motiver, parce que cela ne
favorise rien et cela ne gêne rien, je me dis que cette objection n'est
pas plus sérieuse qu'elle ne pourrait être sérieuse dans
l'aide juridique ou ailleurs. Ce n'est pas vrai que les gens ont le goût
de se plaindre tout le temps et d'aller devant les cours pour le dire.
M. Johnson: II y en a qui le font.
M. Forget: II peut y en avoir une infime fraction, comme il y a
une infime fraction qui abuse des médicaments. On ne ferme pas les
pharmacies pour autant...
M. Johnson: C'est pour cela qu'il y a l'aide juridique.
M. Forget: Avec des abus de 0,2%...
M. Johnson: Cela prend apparence de droit.
M. Forget: ... on peut, évidemment, abolir toutes les lois
et dire: Les gens ne sont pas assez intelligents pour s'en servir.
M. Johnson: Une question au député de
Saint-Laurent.
M. Forget: A mon avis, c'est une question de fait. Combien y
a-t-il d'abus? Est-ce qu'il y en a beaucoup? Ma prétention, c'est que
c'est une crainte injustifiée. Il n'y en aurait pas tant que cela.
M. Johnson: Sauf que vous voulez vous assurer que dans tous les
cas où il y aura abus, on pénalisera l'association de
salariés. C'est ce que je trouve absurde dans cet amendement.
M. Forget: Quel est l'abus le plus grave? Est-ce que c'est l'abus
qui résulte en décourageant une plainte qui peut être
justifiée à cause de la crainte que les gens ont d'encourir des
frais?
M. Johnson: Qu'ils aillent à l'aide juridique!
M. Forget: Cela peut être beaucoup plus
général. Ils ne sont pas tous admissibles. Ils ne sont pas tous
à l'intérieur des critères d'admissibilité de
l'aide juridique. Il y en a qui dépassent cela.
M. Johnson: Ceux qui le dépassent ont les moyens de payer
la première requête de prendre le risque...
M. Forget: Oui, un père de famille qui a $12 000 ou $14
000, qui a quatre enfants, il a vraiment les moyens de s'engager des avocats et
de s'en aller devant les cours.
M. Johnson: $150 ou $200, c'est seulement cela.
M. Forget: C'est cela.
Le Président (M. Clair): Messieurs, la motion d'amendement
du député de Saint-Laurent, à savoir que le paragraphe 38d
de l'article 28 soit modifié en ajoutant à la sixième
ligne, après le mot "arbitrage", les mots "les frais de cette
requête doivent être assumés par l'association", est-elle
adoptée?
M. Johnson: Rejeté.
Le Président (M. Clair): Rejeté sur division.
M. Johnson: L'article 28 est-il adopté?
M. Forget: Non, je crois qu'on a encore quelques observations
sur...
Le Président (M. Clair): Le paragraphe 38d,
considère-t-on qu'on en a terminé l'étude?
Une Voix: Oui, c'est réglé. M. Forget: Sur
38e...
Le Président (M. Clair): Nous avons donc terminé
l'étude de 38d, nous passons à 38e. Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: C'est vraiment une question de formulation. Il serait
peut-être suffisant de le signaler au ministre pour qu'il en vienne
à faire une correction. C'est à la deuxième ligne. Je vais
le lire depuis le début pour que le sens soit continu. "Si le tribunal
estime que l'association a violé l'article 38b, il peut autoriser le
salarié à soumettre sa réclamation". Il nous semble que
plutôt que de laisser soupçonner un pouvoir discrétionnaire
du tribunal, qui n'est pas nécessairement voulu comme tel, on pourrait
dire: "II autorise le salarié". Parce que dans le fond, l'action du
tribunal là-dessus, c'est de constater si l'association a violé
ou non l'article 38b. S'il le constate, il l'autorise.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez c'est parce
que le mot "peut" est attributif de juridiction dans le cas d'un tribunal.
M. Forget: Oui.
M. Johnson: II implique donc "doit" au sens du texte.
M. Forget: Si les conseillers juridiques du ministre affirment
cela catégoriquement, je suis bien prêt à accepter la
parole du ministre.
M. Johnson: C'est ce qu'on affirme catégoriquement. Il y
a, par exemple, le commissaire-enquêteur, même chose à
l'article 14.
M. Forget: Oui, mais...
M. Johnson: C'est attributif de juridiction.
M. Forget: C'est vrai. Quand on dit cela, est-ce qu'on veut dire
tout simplement la même chose qu'il autorise, ou si on suggère une
nuance distincte? C'est attributif d'un pouvoir discrétionnaire, le mot
"peut".
Or, le pouvoir discrétionnaire dans le cas du tribunal
visé à 38e, c'est de juger si oui ou non, il y a violation de
l'article 38b. Si le tribunal juge qu'il y a eu violation de l'article 38b,
est-ce qu'il y a un pouvoir discrétionnaire même dans ce cas, pour
des raisons circonstancielles de ne pas autoriser le salarié à
soumettre sa réclamation à un arbitre? C'est un processus
à deux paliers. Il y a une constatation d'une violation ou d'une
non-violation. S'il y a non-violation, évidemment, le reste de l'article
n'a pas d'importance ou presque, enfin, il y a les frais et tout. Mais s'il y a
constata-
tion, le mot "peut" est attributif d'une compétence, mais
à ce niveau, est-ce que c'est un pouvoir discrétionnaire
même de refuser de présider?
M. Johnson: M. le Président, je citerai au
député de Saint-Laurent, par Me Louis-Philippe Pigeon, CR, qu'il
a sûrement très bien connu à l'époque... Non?
M. Forget: Non, je ne l'ai pas connu du tout, mais j'en ai
entendu parler.
M. Johnson: Dans les notes extraites de sa "Rédaction et
interprétation des lois", cours donné en 1965 aux conseillers
juridiques du gouvernement du Québec, à la page 23, au
deuxième paragraphe de la deuxième section, on remarque, en
effet... Je m'excuse, "On serait porté à croire que cet article"
on parle d'un article où l'expression "peut" est utilisée
dans un cadre judiciaire "dont on trouve d'ailleurs l'équivalent
dans la plupart de nos lois canadiennes d'interprétation, règle
la question et que "doit" est toujours impératif et "peut" toujours
permissif. Malheureusement, cela n'est pas exact. "Peut" est souvent
impératif, d'une certaine manière. En effet, "peut" est
impératif quand il est attributif de juridiction judiciaire ou quasi
judiciaire." Il faut bien noter "attributif de juridiction judiciaire ou quasi
judiciaire" et non pas "administrative". "L'expression "judiciaire ou quasi
judiciaire" s'oppose, en quelque sorte, à "administratif", quand donc
"peut", est attributif de juridiction judiciaire ou quasi judiciaire, il est
impératif."
Je présume que l'honorable juge de la Cour suprême,
Louis-Philippe Pigeon, fait sans doute autorité en cette matière
et, pour cette raison, M. le Président, je demanderai au
député de Saint-Laurent s'il tient absolument à continuer
ce débat qui ressemble un peu à de la casuistique juridique.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais poser seulement
une question au ministre.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Qu'est-ce qu'il y a dans l'article 38e pour indiquer
que le mot "peut" est attributif de juridiction?
M. Johnson: Parce qu'il s'agit du Tribunal du travail.
M. Ciaccia: Mais oui, mais on peut interpréter l'article
38e à savoir que le "peut" ne traite pas de questions de juridiction. On
ne dit pas "quant à la juridiction, etc.", on dit: Si le Tribunal
estime... On présume qu'il a juridiction. Alors, le "peut" peut
être interprété d'une façon discrétionnaire
de ses pouvoirs. Evidemment, il a juridiction, parce que, s'il n'avait pas
juridiction, il ne pourrait estimer que l'association a violé l'article
38b. Je pense que l'argument du député de Saint-Laurent est bien
fondé.
M. Johnson: M. le Président, je comprends que le
député de Mont-Royal se sent, ce soir, en verve pour discuter
avec le juge Pigeon de la Cour suprême sur la notion du "peut" en droit
administratif canadien. Cependant, je pense que le député de
Mont-Royal comprendra qu'il s'agit clairement, à l'article 38e, d'un
organisme judiciaire...
M. Forget: Judiciaire, le Tribunal du travail?
M. Johnson: Quasi judiciaire, pardon! Je m'excuse...
M. Forget: Quasi judiciaire et administratif...
M. Johnson: Judiciaire et quasi judiciaire, il s'agit d'un
tribunal. Et des extraits que j'ai cités, il s'agit du droit
administratif québécois.
Deuxièmement, le Tribunal du travail se voit attribuer ici la
juridiction de déférer à l'arbitrage le grief dont il est
question.
M. le Président, ça me semble clair, limpide, clair, M. le
Président, Michel Clair, et ça m'apparaît limpide, et je
pense que toute discussion au sujet du "peut" ou du "doit" a quelque chose qui
me fait penser à une discussion qui a un but dilatoire, et vous me
permettrez, M. le Président...
M. Forget: ... discuter de cela.
M. Johnson: ... de ne même pas faire de procès
d'intentions là-dessus.
M. Forget: Peu importe.
Le Président (M. Clair): Messieurs, consi-dère-t-on
que...
M. Ciaccia: On a posé seulement une question. On n'a pas
fait de grand discours là-dessus. On pose seulement une question.
M. Forget: On avait même une motion qu'on ne
présente pas.
Une Voix: Ah oui?
M. Forget: Mais on se borne...
Le Président (M. Clair): Messieurs, considère-t-on
que l'étude de l'article 38e est terminée?
M. Forget: Non, j'ai une autre question.
M. Ciaccia: Maintenant qu'il nous a refusé les doutes dans
nos esprits, on va lui poser des questions davantage.
M. Forget: Puisque le ministre est en verve de citations
juridiques, M. le Président, on va lui demander un autre cours de droit
pour savoir justement quelle est la distinction entre les tribunaux
administratifs et les tribunaux judiciaires... non, plus
sérieusement, pour connaître les motifs, sûrement d'un ordre
juridique élevé, qui se trouvent en arrière de
l'élimination de l'ex-deuxième alinéa de l'article 38e,
qui semblait contenir une disposition intéressante et qui est disparue
de l'amendement déposé hier soir.
M. Johnson: M. le Président, c'est qu'à l'article
38e, tel que modifié dans le dernier texte qu'on a fourni, on ne fait
plus référence à la notion d'arbitrage prévue
à la convention collective. Mais on dit que le tribunal
défère à un arbitre qui est nommé, lui, par le
ministre et pour la raison suivante: C'est que si vous avez affaire au tribunal
d'arbitrage prévu dans la convention collective, vous aurez donc trois
arbitres. Il y a là-dessus, entre autres l'arbitre de l'association qui
ici fait l'objet de la requête devant le tribunal.
On a donc décidé qu'il n'était pas question de
déférer ce grief devant ce tribunal d'arbitrage puisqu'il risque
d'avoir une forme de conflit d'intérêts et bel et bien d'aller
prendre un des arbitres choisis à même la liste des arbitres qui
peuvent être nommés par le ministre dans le cas des
différends ou des griefs qui est soumise par la CCTMO. Donc, le
deuxième paragraphe de 38e devenait donc inutile puisque c'était
une précaution dans le cas de ce qui était prévu à
38e originalement et qu'on a supprimé.
M. Forget: Cette explication-là a du sens.
Le Président (M. Clair): Nous considérons que
l'étude de l'article 38e est terminée?
M. Johnson: 38f, M. le Président? Le Président
(M. Clair): 38f. M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Clair): L'article 28 du projet de loi 45
est-il adopté?
M. Johnson: Adopté. Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté tel
qu'amendé.
M. Johnson: II s'agit, à l'article 29 que j'appelle
immédiatement, de l'abrogation de l'article 39 du Code et on se
souviendra que cette question a déjà fait l'objet, dans le cadre
d'un amendement qu'on voulait apporter à un autre article au sujet de la
possibilité pour un commissaire-enquêteur d'obtenir les statuts,
et je pense que cette question, quant au fond, a été vidée
à ce moment-là. Est-ce que l'article 29 est adopté, M. le
Président?
M. Forget: M. le Président... Non.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, sur l'article 29.
M. Forget: Au risque de décevoir le ministre, il semble
que, comme vient de le dire le ministre, je crois quoique je consultais
mes notes au moment où il a parlé mais il a
déjà fait allusion à cet article 39 du Code du travail
dans le passé. Si ma mémoire est bonne, il nous a dit que la
raison pour l'abrogation de cet article était qu'il n'avait jamais
été appliqué. C'est une raison comme une autre et ce
serait assez amusant de réviser nos lois avec ce
critère-là à l'esprit. On produirait sans aucun doute des
lois fort originales si on éliminait tous les articles non
appliqués, mais c'est peut-être une bonne méthodologie de
départ. Mais ce n'est pas suffisant en soi pour justifier l'abrogation
d'un article.
En effet, avant de se demander s'il doit être abrogé, il y
a une autre question qui se pose: Est-ce qu'il est d'ordre public qu'un article
qui n'a pas été appliqué soit abandonné ou s'il est
plutôt d'ordre public que, finalement, il soit administré
conformément à sa rédaction et à son intention
originale? Cette deuxième façon d'aborder le problème nous
amène à constater qu'il y a une raison qui est
alléguée par le ministère pour ne pas avoir
appliqué l'article. C'est essentiellement que la connaissance des faits,
qui normalement est prévue comme devant découler de l'application
de l'article, est déjà accessible au ministère par un
autre moyen.
On nous a dit, en particulier, qu'un très grand nombre de
syndicats sont affiliés à des centrales et qu'il n'est pas
nécessaire d'avoir 1500 copies des statuts et règlements de la
CSN pour chacun des syndicats affiliés à la CSN et ainsi de
suite. C'est un raisonnement qui est valable mais, évidemment, ceci
supposerait que toutes les associations de salariés sont
affiliées à une centrale connue et cela supposerait aussi que
l'information qui est entre les mains du ministère du Travail, au sujet
même des statuts et des règlements des centrales syndicales, soit
une information dont il dispose de façon officielle.
Il est assez rare qu'on puisse justifier, au niveau d'un
ministère, de la connaissance des faits, simplement en disant: Les gens
lisent les journaux. Il n'y a rien qui assure que la lecture des journaux ou
les communications informelles entre un milieu donné, que ce soit un
milieu syndical ou autre, et le gouvernement, sont suffisamment
régulières, fidèles, complètes, pour que,
effectivement, on puisse présumer qu'à tout moment le
gouvernement a la connaissance complète des faits qui lui est
nécessaire pour l'application des lois; c'est présumé
nécessaire pour l'application des lois puisque la loi prévoit
qu'ils doivent disposer de cette connaissance.
Alors, il serait possible d'envisager que, sans laisser tomber
l'obligation de communiquer au ministère les renseignements pertinents,
on articule cette obligation de manière à tenir compte de la
réalité, pas seulement de la réalité de la
non-application, mais de la réalité à laquelle s'applique
la demande d'information et l'obligation d'informer le gouvernement. Ceci
pourrait se faire très facilement, M. le Président, en
prévoyant que, au lieu de produire les documents qui sont
prévus
par l'article 39, un syndicat qui est affilié n'a qu'à
déposer une déclaration d'affiliation. Ce serait relativement
facile et simple à faire, ce serait sur une seule page et ce serait tout
simplement une référence à des statuts et
règlements qui, par ailleurs, et dans une deuxième partie du
même article, devraient prévoirce serait la première
fois dans le Code du travail, mais pourquoi pas, puisque ça
existequ'on reconnaîtrait les centrales syndicales, leur existence,
en disant: Les centrales syndicales peuvent déposer leurs statuts et
règlements et ce dépôt vaut pour tous leurs syndicats
affiliés, dans la mesure où ils ont eux-mêmes
déposé une déclaration d'affiliation. Ceci permettrait de
répondre entièrement à l'objection basée sur le
fait que de petits syndicats ne devraient pas être astreints à des
obligations comme celle-là...
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez, avant
que le député de Saint-Laurent ne continue, je vais avoir une
objection sur la recevabilité de l'amendement qu'il nous annonce.
M. Forget: Mais, je n'ai pas encore annoncé d'amendement,
je parle sur le fond de l'article qui dit que tel article est
abrogé.
Le Président (M. Clair): Effectivement, M. le ministre, M.
le député de Saint-Laurent dispose d'un droit de parole de 20
minutes sur l'article 29.
M. Forget: M. le Président, pour revenir à
ça, on reviendrait donc à une situation où un article
relativement simple, en deux parties, pourrait prévoir à la fois
le fait que des syndicats sont affiliés, des syndicats qui peuvent
être modestes en nombre et en ressources financières... Mais qui
est trop pauvre pour coucher sur une seule feuille de papier la
déclaration selon laquelle le syndicat Un-tel, accrédité
à telle date, en vertu de... il y a peut-être un
numéro de certificat, mais c'est le maximum des informations qui
seraient requisesdéclare être affilié à la
Confédération des syndicats nationaux du Québec et
signée par le président et le secrétaire du syndicat, ceci
constituant la preuve et satisfaisant, en tout point à la loi? Il
informe ainsi officiellement le ministre qu'il y a une telle affiliation, ce
dont on ne peut être au courant autrement que par des rumeurs, des
informations verbales, la lecture des journaux, etc., ce qui est une
façon assez curieuse, pour un ministère, de compléter ses
dossiers.
Par ailleurs, la centrale syndicale qui, elle, ordinairement, ne manque
pas de ressources pourrait, sans aucun doute, envoyer en deux ou trois copies
ces... Ou même en une seule copie, laissant au ministère le soin
de faire des photocopies de ces statuts et règlements. On aurait ainsi
une disposition, dans la loi, d'information officielle du ministre; c'est la
seule qu'il a il ne faut peut-être pas le priver de cette
ressource; ça peut être utile un jour, sait-on jamais? de
pouvoir vérifier et de pouvoir faire état, de façon
officielle, qu'on connaît quelque chose.
Par ailleurs, dans tous les cas de syndicats indépendants
il y en a quand même quelques-uns et on me dit que c'est une tendance qui
est en croissance l'article 39 demeurerait tel qu'il est. Je pense que
là, il est nécessaire, parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de
connaître cette information.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que vous permettez?
Peut-être que ça évitera au député de
Saint-Laurent de même penser à apporter une motion d'amendement ou
de continuer à discuter sur l'article 29, en vue d'abroger l'article 39
du Code du travail, étant donné que la première annexe au
Code du travail prévoit des règlements édictés en
vertu de 155, c'est-à-dire que la requête doit indiquer le nom
exact de l'association, en précisant, s'il y a lieu, la section locale
ou l'organisme auquel elle est affiliée.
Donc, en pratique le problème ne se pose pas à ce niveau.
Le ministère possède, à son greffe du
commissaire-enquêteur, les statuts et règlements des grandes
associations auxquelles peuvent être affiliés les syndicats
locaux...
M. Forget: En vertu de quel article?
M. Johnson: II les possède de fait.
M. Forget: Ce n'est peut-être pas suffisant.
M. Johnson: Les statuts des United Steel Workers sont là
au ministère; celui-ci peut les demander en vertu d'un article que nous
avons adopté, il y a quelques jours, dans lequel on disait que le
commissaire général du travail pouvait, en tout temps, demander
à une association de déposer ses statuts et règlements.
Donc, si c'est l'information que recherche le député de
Saint-Laurent, cette information est là. Deuxièmement, nous avons
le pouvoir de l'obtenir.
M. Forget: II reste que, dans le cas d'une centrale syndicale, on
n'a aucun pouvoir d'obtenir quelque document que ce soit. Même si la
requête doit contenir une mention d'affiliation j'en prends acte
il reste que, si le ministère doit faire la preuve un jour, dans
une procédure quelconque, dans une intervention quelconque, d'une
connaissance officielle des statuts et règlements, et cela peut se
trouver, il serait plus simple de prévoir un mécanisme qui l'en
informe officiellement plutôt, à ce moment-là, que
d'être obligé de mettre en marche un mécanisme de preuves
spécifiques. On devra peut-être, aussi, plaider ignorance puisque,
si aucune centrale syndicale n'est astreinte à un devoir de
déclaration, il pourra y avoir des moments où on ne se sera pas
renseigné de facto, où l'information n'aura pas été
transmise de facto et où, par conséquent, on sera dans une
espèce de vide sur le plan juridique, sur le plan des obligations des
gens de communiquer de l'information.
M. Johnson: Si le député de Saint-Laurent me le
permet, M. le Président, les centrales syndicales, de deux choses l'une:
ou elles sont des associations qu'on pourrait qualifier de bona fide, exis-
tantes, ou elles sont incorporées en vertu de la Loi des
syndicats professionnels. Si elles sont incorporées en vertu de la Loi
des syndicats professionnels, elles suivent donc les dispositions de la loi; si
elles sont des associations de type bona fide, on obtient leurs statuts quand
on demande à une association accréditée affiliée le
dépôt de ses statuts et règlements, les statuts du syndicat
affilié étant les statuts qu'on retrouve au niveau de la
centrale.
M. Forget: M. le Président, je n'insisterai pas davantage.
Je ne suis pas parfaitement satisfait des réponses que fait le ministre
parce que ce sont des réponses de convenance. Je ne pense pas qu'elles
soient aussi rigoureuses que l'argumentation qu'il nous présentait tout
à l'heure en provenance de celui qui est maintenant le juge Pigeon.
Mais, de toute manière, comme c'est une question essentiellement
administrative et qu'il s'en déclare satisfait, je n'ai certainement pas
l'intention de prendre plus de temps qu'il n'en faut sur cette question.
Le Président (M. Clair): Sur l'article 29, le
député de Richmond.
M. Brochu: Brièvement, M. le Président, simplement
une remarque. Cet article pourrait faire en sorte de ne plus obliger les
associations de salariés à informer le commissaire des
changements à leur constitution. En ce qui nous concerne, on s'interroge
toutefois sur l'opportunité d'enlever cet article 39. Nous croyons
plutôt qu'il aurait été normal d'exiger le
dépôt de leurs statuts et règlements annuellement et ce en
vue de s'assurer que les statuts et règlements des associations de
salariés répondent à ces normes d'ordre public. Je pense
d'ailleurs que le député de Johnson, qui m'a
précédé à cette tribune, a clairement fait valoir
son point de vue à ce sujet lors de l'étude de l'article 23. Je
pense qu'il a fait valoir largement son opinion éclairée sur
cette question. D'ailleurs le ministre connaît aussi notre opinion et il
ne sera donc pas surpris si, en ce qui nous concerne, on lui demande même
de retirer cet article.
Le Président (M. Clair): Messieurs, l'article 29 du projet
de loi 45 est-il adopté?
M. Johnson: Adopté. M. Forget: Adopté sur
division. Le Président (M. Clair): Adopté sur division.
M. Johnson: L'article 30, M. le Président... Révision
ou révocation d'une décision
Le Président (M. Clair): Le ministre du Travail, sur
l'article 30.
M. Johnson: ... que j'appelle donc immédiatement, modifie
l'article 39a du code en le remplaçant. Le nouvel article
énumère en fait les motifs de révision et ae
révocation. La loi actuelle, on le sait, dit simplement que le
commissaire peut réviser ou révoquer pour cause.
L'énumération qui est nouvelle ici s'inspire de celle du Code de
procédure civile qu'on rencontre dans le cas des jugements, des
révocations. Elle correspond également à la jurisprudence
des commissaires du travail. Quant au dernier alinéa M. le
Président, il s'agit d'une précision qui est là pour
éviter les discussions oiseuses, par exemple mon Dieu, nous
devrions nous en inspirer si un commissaire écrit 100. au lieu de
1,00, 100 versus 1000 ou l'année 1973 au lieu de l'année 1974, en
d'autres termes les fautes de copiste qui peuvent se glisser dans une
décision.
Le Président (M. Clair): L'article 30 est-il
adopté?
M. Forget: Une question de détail. On me signale,
quoiqu'on me fera probablement l'objection qu'il ne s'agit pas d'un texte
officiel, mais malgré tout, pour la concordance, on me dit que dans le
texte anglais, je ne l'ai pas vérifié, il y a une traduction qui
semble incorrecte, parce que dans le premier alinéa de l'article 39a,
à la sixième ligne, on parle de "décision ou de l'ordre et
que le tribunal n'ait pas encore disposé de l'appel", ce serait "or " en
anglais.
M. Johnson: Vous avez parfaitement raison. Effectivement, c'est
une erreur de copiste qui avait été soulignée par le
Barreau dans son mémoire. Il s'agirait de dire, "brought to the court
from the decision or order and the court has not yet disposed of the appeal".
Il s'agirait M. le Président, pour les fins du journal des
Débats, à l'article 30 du projet de loi 45, modifiant l'article
39a du Code du travail... En fait, au premier paragraphe, au sixième
alinéa, que les mots "decision or order or the court" soient
remplacés par "the decision or order and the court..."
M. Forget: Je pense que c'est un point de règlement...
Evidemment, on n'adopte plus que le texte français, mais je pense qu'une
commission parlementaire serait mal avisée, si elle détecte une
erreur, de ne pas la signaler au secrétariat des commissions.
M. Johnson: L'article 30 est-il adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): L'article 30 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Johnson: L'article 31, M. le Président, qui modifie
l'article 39b du code est en fait un amendement de concordance, avec le nouvel
article 39a qui énumère les causes de révocation et de
révision. On enlève donc les mots "pour cause".
Le Président (M. Clair): L'article 31 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté. M. Brochu: Adopté. Le
Président (M. Clair): Adopté. Article 32.
M. Forget: Le ministre est en train de monter son "batting
average", M. le Président.
Le Président (M. Clair): Article 32. Le ministre du
Travail.
M. Johnson: L'article 32 du projet de loi, M. le
Président, modifie l'article 39c du Code. Ce nouvel article a pour objet
d'ajouter une précision que tout le monde a oubliée parce qu'elle
était naturelle, à savoir que l'agent d'accréditation doit
déposer également les décisions qu'il rend en
matière d'accréditation. Cela a pour effet de modifier
légèrement la rédaction de la phrase, ce que nous avons
fait. On précise également que le greffier est celui qui transmet
une copie de la décision d'un commissaire du travail ou d'un agent
d'accréditation par opposition au commissaire-enquêteur.
L'article 32 est-il adopté, M. le Président?
Le Président (M. Clair): L'article 32 est-il
adopté?
M. Forget: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Adopté, tel
qu'amendé. Article 33.
M. Johnson: M. le Président, pour l'article 33, nous
sommes en train de distribuer un nouveau texte, ce sont strictement des
modifications de forme. Il s'agit, en fait, de combler une omission faite dans
le code, au moment de l'abolition de la CRT, en 1969, de façon à
prévoir un moyen quelconque de faire des copies conformes des
décisions rendues par les commissaires du travail et les
enquêteurs. Il est arrivé ainsi qu'un juge de la Cour provinciale
a demandé qu'un commissaire se présente devant le tribunal pour
établir que le document produit était bel et bien une copie
conforme à l'original.
On veut éviter ce genre de chinoiseries à l'avenir; c'est
la raison pour laquelle nous avons modifié l'article 39d.
M. Forget: M. le Président, je ne resterai pas longtemps
là-dessus, le ministre cite justement la raison pour laquelle des
organismes officiels doivent être officiellement informés de tous
les documents. C'est pour éviter, dans des procédures,
d'être obligé d'en faire la preuve. Ce n'est pas plus
compliqué que ça. C'est pourquoi quand on parlait de l'article
39, on disait que quelque part, le ministre soit officiellement saisi des
documents sans être obligé de convoquer tout le monde pour dire:
Est-ce que ce sont bien vos documents et est-ce que ce sont bien vos statuts?
C'est tout.
M. Johnson: L'article 33 est-il adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): L'article 33 est-il
adopté?
M. Forget: Adopté. M. Brochu: Adopté. M.
Forget: Oui, adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté, tel
qu'amendé. Article 34. Le ministre du Travail.
Avis pour la conclusion d'une convention
collective
M. Johnson: Concernant l'article 34, M. le Président, il
faut se référer, en fait, aux modifications que nous avons
déposées. L'article 34 du projet de loi no 45 modifie donc
l'article 40 du Code du travail, en remplaçant les deuxième et
troisième alinéas par ceux que nous avons ici. On biffe donc le
premier alinéa de l'article 40, qui est introduit par l'article 34 du
projet de loi, pour revenir au texte actuel de l'article 40 du Code du travail.
Cela veut dire que l'avis de négociation devrait être de huit
jours et qu'il devrait indiquer la date, l'heure et le lieu de la rencontre qui
est projetée. Ce changement, suggéré par des juristes, a
pour effet de rendre possible une plainte pénale au cas d'un refus de
négocier de bonne foi de la part de l'employeur.
Au deuxième alinéa, à des fins
d'homogénéité, on remplace "une partie de la convention
collective" par "l'association accréditée ou l'employeur". A
l'article 40b, à la suggestion du Barreau également, on biffe la
dernière phrase. En effet, si les parties ont prévu, par exemple,
une convention de deux ans, sans préciser la date de l'entrée en
vigueur...
M. Forget: Est-ce que le ministre me permet? M. Johnson:
Oui.
M. Forget: M. le Président, est-ce qu'on adopte l'article
34a? Est-ce que tout cela fait partie de l'article 34 ou est-ce qu'on
adopte...
M. Johnson: Oui, tout fait partie... M. Forget: Bien
non.
M. Johnson: ... de l'article 34 mais cet article disait...
M. Forget: L'article 34 du projet de loi no 45 prend place
d'abord et puis...
M. Johnson: C'était dans l'article 34a du projet de
loi.
M. Forget: C'est cela.
M. Johnson: A l'article 34, j'ai terminé mes
énumérations.
Le Président (M. Clair): L'article 34 se divise en
paragraphes 40, 40a et 40b. Est-ce qu'on les discute...
M. Forget: Non, non. Non, non. C'est cela le problème, M.
le Président.
Le Président (M. Clair): Ah! bon, d'accord.
M. Johnson: L'article 34 du projet de loi modifie simplement
l'article 40 du Code du travail, en modifiant les deuxième et
troisième alinéas de l'article 40 du Code du travail, par les
deux que je viens de citer.
Le Président (M. Clair): Bon, ça va.
M. Forget: Bon, alors...
Le Président (M. Clair): Sur l'article 34.
M. Johnson: Adopté, M. le Président?
M. Forget: Adopté, oui.
Le Président (M. Clair): Article 34, adopté.
M. Mackasey: Je pense que vous passez de 60 jours à 90
jours, n'est-ce pas? C'est le but du changement. Le commencement de la
négociation: "L'association accréditée avise par
écrit l'employeur, etc." et "Une partie à une convention
collective peut donner cet avis dans les quatre-vingt-dix jours
précédant..." au lieu de 60.
M. Johnson: C'est cela.
M. Mackasey: C'est normal. La seule raison pour laquelle je
souligne ce changement, c'est que, plus tard, je vais discuter d'autres
procédures qui se rattachent à cela.
M. Johnson: Tout cela réfère à...
M. Mackasey: Le but des 90 jours, c'est d'arriver à une
entente aussi rapidement que possible et même, en espérant, avant
la fin de la convention collective déjà existante. Mais j'y
reviendrai plus tard. Je voulais simplement souligner à la commission la
raison des 90 jours: c'est d'arriver à une convention collective avant
la fin de la convention existante. Alors, si c'est là la philosophie,
toutes les autres sections devraient être abonnées à
l'idée d'une convention collective avant la fin, si possible. Cela veut
dire pas trop de retard légalement après le commencement.
D'accord? L'introduction d'un conciliateur, etc. On parlera de cela tout
à l'heure.
Le Président (M. Clair): Messieurs, sur la technique
législative, est-ce qu'il y a bien consentement unanime pour qu'on
ajoute un nouvel article au projet de loi no 45, qui s'appelle l'article 34a,
parce que c'est différent de parler de l'article 34 qui se divise en
plusieurs paragraphes, au point de vue de l'article 40a, b et c. Ce sont deux
choses différentes. Si je regarde l'article 70, je préfère
demander le consentement unanime pour qu'on ajoute un article 34a.
M. Forget: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, c'est
plus clair.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Clair): Merci.
M. Johnson: Alors, l'article 34 est-il adopté, M. le
Président?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Clair): L'article 34 est
adopté.
M. Brochu: Adopté.
Entrée en vigueur et expiration d'une
convention collective
M. Johnson: On introduit donc l'article 34a. Comme j'ai
commencé à le dire tout à l'heure, il s'agit d'introduire,
dans le Code du travail, l'article 40a et l'article 40b. A la suggestion du
Barreau, M. le Président, on biffe la dernière phrase, à
l'article 40b.
En effet, si les parties ont prévu, par exemple, une convention
de deux ans sans préciser la date de l'entrée en vigueur ou sa
date d'expiration, le tribunal devrait conclure que sa convention est de deux
ans à compter du dépôt, même si le dépôt
était fait plusieurs mois après la signature. D'accord?
Il est donc préférable de laisser plus de latitude au
Tribunal du travail. D'ailleurs, par une modification apportée à
60, c'est-à-dire l'article 40 du projet de loi qu'on va voir demain ou
après demain, on précise que le dépôt aurait un
effet rétroactif au jour prévu dans la convention ou à la
date de la signature de la convention, s'il n'y en a pas de prévu. Il
s'agit là, d'ailleurs, d'un changement avec lequel plusieurs juristes
sont d'accord. Voilà, c'est l'objet de l'article 34a du projet de loi
45.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, relativement à cette
nouvelle règle de présomption... et mes remarques, pour
l'instant du moins, s'adressent surtout à 40b, puisque j'imagine qu'on
va discuter l'ensemble de l'article de façon globale. Dans les
mémoires qui ont été préparés à ce
sujet, il semble y avoir un certain nombre de divergences ou certaines
divergences, relativement à l'opportunité d'introduire une telle
présomption.
Je commencerai par la fin parce que c'est peut-être là
qu'est la question la plus simple et sur
laquelle il serait le plus facile de s'entendre. Je m'inspire
carrément de deux mémoires qui ont été
présentés: celui des comités du Barreau canadien et du
Québec et celui de Me Barré. On dit essentiellement que le
quatrième alinéa de 40b n'est pas nécessaire, parce que,
semble-t-il c'est ce qu'on peut faire en le lisant ensemble les
articles 53 et 54 du Code du travail actuel règlent le problème
qui est envisagé dans le quatrième alinéa. Le
quatrième alinéa dit: En tout temps, le commissaire du travail
peut, sur simple demande de tout intéressé, déterminer la
date d'expiration de la convention collective, lorsque cette date n'y est pas
clairement indiquée. Or, l'article 53 dit: La durée d'une
convention collective est d'au moins un an et d'au plus trois ans. L'article 54
dit: Est présumée en vigueur pour la durée d'une
année la convention collective ne comportant pas de terme fixe et
certain. Par ailleurs, il y a une autre disposition qui dit que si on ne sait
pas à quel moment cela a commencé, il y a une date qui peut
être déterminée par une autre procédure.
Donc, il semble qu'on répète ici des règles qui se
retrouvent ailleurs au Code du travail en leur donnant un sens différent
et des modalités différentes. Le Barreau ce sont les
objections que Me Barré fait qui semblent valables, du moins pour un
non-expert par ailleurs, souhaite que le Tribunal du travail puisse
avoir plus de flexibilité dans la détermination de ces moments,
parce qu'on fixe des limites assez rigides dans le quatrième
alinéa je m'excuse, c'était dans la version originale.
Dans la version amendée, le ministre a donné suite aux
représentations du Barreau, effectivement. Mais il reste que
l'objection que je mentionnais tout à l'heure sur les articles 53 et 54
semble demeurer, et j'aimerais entendre les commentaires du ministre à
ce sujet.
M. Johnson: M. le Président, au dernier alinéa de
40b, on prévoit qu'en tout temps le commissaire du travail peut, sur
simple demande de tout intéressé, déterminer la date
d'expiration de la convention collective, lorsque cette date n'y est pas
clairement indiquée. C'est une date extrêmement importante, la
date d'expiration de la convention collective, si on pense au délai,
quant à la période de maraudage ou de requête en de
certification, etc. Donc, il faut avoir une date précise d'expiration.
Or, il peut arriver et on me dit qu'au Conseil consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre, cela a fait l'objet de longues discussions lors du projet
de loi 24 soumis par le ministre Cournoyer des circonstances où
la date d'entrée en vigueur de la convention collective n'est pas
très claire.
Or, à ce moment-là, l'application des présomptions
des articles 54 et 55, quant à la durée, ne règle pas le
problème dans la mesure où il faut savoir quand elle commence
pour savoir qu'elle se termine un an ou deux ans plus tard. Donc, on peut
présumer de l'expiration plutôt que de la date d'entrée en
vigueur puisqu'on peut être dans une situation où on est plus
près de l'expiration que du début.
M. Forget: Oui mais l'article 60 dit qu'une convention collective
ne prend effet qu'à compter du dépôt. Si elle prend effet
à compter du dépôt et qu'elle peut durer pour un an ou
trois ans, alors on a déjà suffisamment de règles pour
déterminer quand elle se termine.
M. Johnson: M. le Président, dans les amendements que j'ai
déposés, on modifie l'article 60 tel qu'il figure. Me
Barré et le Barreau ont fait leur mémoire à partir du
premier texte du projet de loi no 45 et non pas à partir des
amendements. On modifie et on dit que l'entrée en vigueur d'une
convention collective peut être rétroactive si les parties le
décident...
M. Forget: Oui mais...
M. Johnson: ... à l'article 60. M. Forget: Oui mais
c'est cela.
M. Johnson: Elle n'est pas en vigueur à partir du
dépôt. Elle peut être considérée
rétroactivement en vigueur. Or, il peut arriver que la clause de
rétroactivité ne soit pas très claire; à ce
moment-là, il faut donc fixer une date précise pour savoir quand
survient l'expiration de la convention collective.
M. Forget: Oui, mais si la date n'est pas claire, elle va devoir
être fixée indépendamment puisque cela sera assez important
de savoir jusqu'à quelle date elle est rétroactive. Une fois
qu'on a fixé la date de rétroactivité, de l'entrée
en vigueur, les articles 53 et 54 vont nous permettre de déterminer la
date d'expiration.
M. Johnson: Non, c'est que la rétroactivité...
Evidemment, c'est très simple, si la rétroactivité est
sous forme... Par exemple, on signe la convention collective le 1er avril; on
la dépose quinze jours plus tard mais on fixe la
rétroactivité à six mois et non pas à une date
précise. On ne dit pas qu'elle est rétroactive au 1er janvier; on
dit qu'elle est rétroactive de cinq mois et demi ou de six mois, sans
fixer une date précise. Il peut y avoir un problème
d'interprétation quant à l'expiration de cette convention
collective présumée de deux ans, disons, si on ne sait pas si
c'est le 1er janvier ou, encore, le 15 janvier qu'elle commence. Donc, on
permet au commissaire-enquêteur, au moment où il a devant lui des
parties qui demandent une accréditation, dans ce qu'on présume
être les délais légaux pour faire ce maraudage, de
décider que, effectivement, la date d'entrée en vigueur
était le 1er ou le 15 janvier, selon le cas, et donc que l'expiration,
deux ans après, a lieu le 1er ou le 15 janvier, et de compter les
délais de 90 et 60 jours en fonction de l'expiration qu'il
détermine en appliquant les articles 54 et 55.
M. Forget: Oui, bien.
M. Mackasey: ... la première convention collective?
M. Johnson: Pardon?
M. Forget: Non, non...
M. Mackasey: Comment se fait-il qu'on ne connaisse pas le
commencement et la fin d'une convention collective qui est déjà
en vigueur? Il y a une ambiguïté: le 1er janvier ou le 15 janvier.
La prochaine convention commence toujours à l'expiration de l'ancienne
convention collective.
M. Forget: Pas nécessairement.
M. Mackasey: II n'y a jamais un hiatus de deux semaines. Quel
serait le salaire des employés pendant ces deux semaines? L'ancienne
convention s'applique, voyons!
M. Forget: II me semble que l'ancienne convention s'applique et
elle peut s'appliquer après son expiration formelle.
M. Mackasey: C'est... Il y a toujours le salaire
rétroactif; il y a toujours une différence. Si cela prend trois
mois de négociations à cause, peut-être, que le patron
traîne les affaires, ce n'est pas juste vis-à-vis des
salariés. Si cela prend six ou sept mois de négociations,
l'augmentation de salaire s'applique à la fin de l'ancienne convention.
Sinon, le patron va traîner cela pendant un an et demi, si vous
voulez.
M. Jolivet: D'une façon ou de l'autre, on signe toujours
une clause en conséquence, pour la rétroactivité.
M. Johnson: Ce n'est pas en fait, au début de
l'application de la convention collective que le problème se pose. En
pratique, il ne se pose pas comme cela. Mais il se pose deux ans après
sa mise en vigueur, quand le commissaire-enquêteur est obligé
d'apprécier si oui ou non une association requérante est dans les
délais, pour savoir si la convention collective contient une clause qui
dit, par exemple: La présente convention collective sera en vigueur pour
deux ans. Elle est signée le 1er avril, déposée le 15
avril. L'expiration, est-ce que c'est le 1er avril, deux ans plus tard, ou le
15 avril, deux ans plus tard?
M. Mackasey: ... à l'expiration de la convention que nous
sommes en train de discuter à nouveau.
M. Johnson: C'est cela que je dis, c'est que...
M. Mackasey: Si cela se termine le 31 mars, c'est le 1er avril
que commence la nouvelle convention.
M. Johnson: Ce que je dis, c'est qu'il n'y a pas de date
fixée pour l'expiration, dans cette convention. On dit: La
présente convention collective est en vigueur pour deux ans. Les parties
ne fixent pas un terme précis. Elles ne disent pas c'est le x avril 1979
ou 1980. Elles disent: Elle est en vigueur pour deux ans.
Or, on a deux dates. On a la date de la signa- ture, puisque les parties
signent à un moment donné et qu'il y a une date, et on a une date
de dépôt, puisqu'on peut présumer que les parties ne le
déposent pas habituellement le même jour qu'elles la signent.
M. Forget: Oui, mais l'objection du député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est que normalement, ce sera deux ans à
partir de l'expiration de la précédente convention
collective.
M. Johnson: Pas nécessairement. Absolument pas. Pas
nécessairement.
M. Forget: Voyons donc.
M. Johnson: Pas nécessairement. Il peut très bien y
avoir eu, dans cette convention collective antérieure, aucune
disposition de reconduction. La période de négociation, dans le
contexte de la conciliation volontaire, entre autres, peut avoir duré,
pour un tas de raisons, six mois ou un an. On peut décider d'une
rétroactivité des conditions au niveau de la nouvelle convention
collective. Ce n'est plus en fonction de l'échéance de la
première convention collective qu'on fixe l'entrée en vigueur,
mais en fonction aussi de sa signature ou du dépôt. C'est
là que la chose n'est pas claire.
Si, en plus de cela, dans cette deuxième convention collective,
on détermine une période plutôt qu'une date
d'échéance, c'est là qu'on a le problème.
M. Mackasey: Je vous ai demandé si on discutait la
première convention entre le patron et le syndicat. Je vois la
conclusion. Mais pour la deuxième, la troisième ou la
quatrième convention, si une convention se termine le 31 décembre
et si on ne commence pas les négociations réelles avant le mois
de mars, et si on ne termine pas une autre convention collective avant le mois
de septembre...
M. Johnson: Oui.
M. Mackasey:... les conditions s'appliquent le 1er janvier.
M. Johnson: Je veux bien que les conditions s'appliquent le 1er
janvier, mais cela ne nous dit rien sur la date d'expiration de cette
convention collective.
M. Mackasey: La date d'expiration est fixée dans la
convention dont on discute. Voulez-vous me dire qui est le syndicat?
M. Johnson: On peut signer, le 1er septembre, une convention
collective, avec des dispositions de rétroactivité de conditions
de six mois et fixer la période de la convention collective à
deux ans. Est-ce deux ans à partir de la période de
rétroactivité? Deux ans à partir de la signature? Ou deux
ans à partir du dépôt? On ne le sait pas. Ce n'est pas
clair. Ce qu'on dit, c'est que le commissaire-enquêteur,
là-dedans...
M. Mackasey: ... selon la loi, cela devrait être le
lendemain de l'expiration de la convention collective dont on discute. C'est
impossible, M. le ministre, d'avoir une convention collective, ou une relation
entre le patron et le syndicat, où, pendant deux ou trois mois, aucune
convention n'existe. L'ancienne existe jusqu'à la fin de la
négociation d'une nouvelle.
M. Johnson: Voyons donc.
M. Mackasey: Cela s'applique toujours à la date de
l'expiration.
M. Forget: Si vous avez des procédures de griefs au moment
où l'ancienne convention expire et qu'il n'y a plus de convention
collective, cela pourrait risquer de faire tomber tous les griefs en cours. Il
n'y aurait pas moyen de les ressusciter après.
M. Chevrette:... dans la convention collective, qui sont
prévus en conséquence.
M. Forget: Oui, s'ils sont prévus. Mais s'ils ne sont pas
prévus, il faudrait que la loi prévoie qu'il y a une
continuité.
M. Johnson: Si une grève dure quelques mois, après
la grève, les parties peuvent très bien décider d'une
nouvelle convention collective. Et il s'agira, dans cette nouvelle
convention...
M. Mackasey: Permettez-moi de parler en anglais pour le
moment.
M. Johnson: O.K. Go ahead.
M. Mackasey: If a strike is legal and you can have a legal
strike, we're talking about a legal strike or a legal lock-out there is
still a relationship although people are not working. You are still employees
of company A.
M. Johnson: Yes.
M. Mackasey: ... because of a collective agreement. You are not
earning any money, you are not earning any salary, you are not doing any work,
but you retain your seniority, you retain your rights, because all you are
doing is applying your legal right to strike. Finally, when you come to a
conclusion, there may be no retroactivity, depending on the wages, depending on
your ability to negotiate. You may, if you have a very difficult employer, be
told that the increase in wages, which may be of $0.20 an hour, is not
retroactive from the date of the last convention. But the new convention still
starts from that date even though one of the provisions may not be
retroactivity.
Then, you have a period from the old convention to the new one, where
your legal relationship... Then all your seniority is gone, Mr. Minister...
M. Johnson: Not necessarily. Maybe it is so under the federal
law, but it is not so under the Code du travail.
M. Mackasey: No, let us forget about the federal law, let us talk
about the Québec law. You cannot have a hiatus. You cannot eliminate for
two or three months a relationship. Otherwise, you lose your seniority, you
lose your pension rights, you lose everything because the relationship
disappears. I do not care what the law says, the law may be an ass, it is not
my fault. Improve it. Damn it, there is a continuation, all the time between
the employer and the worker, voyons donc.
M. Johnson: M. le Président, effectivement, à
l'article 47, on prévoit qu'il y a le maintien des conditions.
M. Mackasey: Sûrement, la convention existe.
M. Johnson: Cela ne veut pas dire qu'il y a le maintien de la
convention.
M. Mackasey: Non.
M. Johnson: C'est fort différent.
M. Mackasey: Si ce n'est pas cela le règlement, M. le
ministre do not be too impatient si ce n'est pas selon les
conditions de la convention "there would be no seniority and there would be no
relationship." You would have nothing, you would have no rights to be even an
employee of that company, no rights other than what is in the collective
agreement. Voyons donc.
M. Johnson: Non. Cela existe, un vide juridique, au niveau d'une
convention collective.
M. Mackasey: Sûrement.
M. Johnson: Peut-être que le député de
Sainte-Marie pourrait m'éclairer sur ce qui est arrivé à
la United Aircraft. Cela a duré 22 mois. Les 22 mois de la situation
juridique... C'était une grève légale, si je ne
m'abuse.
M. Mackasey: Vous parlez d'une grève légale.
M. Johnson: Oui, c'est cela. A la United Aircraft cela a
duré 22 mois. Pendant ces 22 mois, il n'y avait pas de convention
collective entre les parties. Quand elles ont signé une convention
collective, la rétroactivité était de quel ordre?
M. Bisaillon: Pour ce qui est de la rétroactivité,
M. le Président, je ne pourrais pas répondre dans ce cas
précis, mais pour ce qui est de l'ancienneté, par exemple, les
clauses de la nouvelle convention collective prévoyaient que ceux qui
étaient là... Autrement dit, les clauses d'ancienneté
repartaient depuis le début...
M. Mackasey: Laissez-moi vous poser une question.
M. Bisaillon: ... peu importe la durée de la
grève.
Par ailleurs, M. le Président, je pense qu'il faudrait se pencher
sur une partie de l'argumentation du député de
Notre-Dame-de-Grâce, parce qu'effectivement, il pourrait y avoir, dans
certaines clauses de conventions collectives, un vide. Mais dans les clauses
généralement reconnues, comme l'ancienneté et ces
choses-là, cela rétroagit toujours, puisque, quand on parle
d'ancienneté...
M. Mackasey: Je poserais une question au député de
Sainte-Marie. Je pense que nous sommes sur la même "wave length".
Une Voix: II ne faudrait pas aller jusque là.
M. Mackasey: Maybe we are not. Si une grève dure 22 mois
et que vous signez une entente qui dure 24 mois, "when did your new
negotiations begin"? Deux mois après, non pas 24 mois après la
signature. Deux mois après.
M. Johnson: Ce n'est pas automatique. M. le Président, si
vous permettez...
M. Mackasey: Voyons donc. Then, you have a termination of 46
months, not 22 months.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, je vais
citer un article de Me Rivest, qui commente, dans le McGill Law Journal,
septembre 1974, no 3, volume 20, page 488, une décision du juge Victor
Mélançon du Tribunal du travail où il conclut "qu'un
employeur ne peut pas modifier les conditions de travail prévues
à une convention collective qui est expirée." La convention
collective connaît une extinction, ce qui n'empêche
aucunement...
M. Mackasey: Quand elle est remplacée par une autre.
M. Johnson: Non, la convention collective est expirée. Ce
sont les conditions de travail qui sont maintenues, ce qui est fort
différent, sur le plan juridique.
M. Mackasey: Maintenues, selon quel règlement? Selon la
convention collective en vigueur.
M. Johnson: Quant au contenu, je suis entièrement d'accord
avec lui. Quant à la date, cependant, cela change, puisque la convention
collective expire. La preuve qu'elle expire c'est qu'on a des articles, dans le
Code du travail, qui prévoient qu'une convention collective a une
durée de trois ans, maximum. Au bout de trois ans, qu'est-ce qui arrive?
Il y a une expiration de la convention collective, sans cela il n'y aurait
jamais de période de maraudage, il n'y aurait jamais de changement
d'allégeance syndicale.
M. Mackasey: M. le Président, s'il y a une
possibilité qu'il n'y ait aucune convention collective existant entre le
patron et les employés, pen- dant 22 mois, le patron peut faire ce qu'il
veut durant cette période. Il peut baisser les salaires, il peut
éliminer le...
M. Johnson: Non.
M. Mackasey: Pourquoi pas?
M. Johnson: Non, parce que...
M. Mackasey: Je sais qu'il n'en sera pas capable.
M. Johnson: Pourquoi?
M. Mackasey: Parce que les conditions dont je parle ne
relèvent pas du Code du travail, mais de la convention collective
signée.
M. Johnson: Non, c'est en vertu du Code du travail qu'on dit que
les conditions de la convention collective demeurent en vigueur, mais on ne dit
pas que la convention collective continue.
M. Mackasey: D'accord.
M. Johnson: On dit que les conditions prévues à la
convention...
M. Mackasey: The Labour Code said...
M. Johnson: That is what the Labour Code is about.
M. Mackasey: ... that the conditions of any existing collective
agreement shall continue to remain in force until there is a new collective
agreement. It is the continuity, which is what I am saying. There will never be
appeal when it is broken. The conditions will always remain in force until
there is a new collective agreement. C'est simple. Alors, la date
s'applique.
Le Président (M. Clair): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je pense qu'on
mélange peut-être deux choses, c'est-à-dire des conventions
collectives qui expirent, mais qui contiennent une clause de reconduction ou de
prolongation dans leur contenu, et des conventions collectives qui ne
contiennent pas de telles clauses. Je pense que le député de
Notre-Dame-de-Grâce parle plutôt du deuxième type de
convention collective, c'est-à-dire celles qui ne contiennent pas de
clauses de prolongation.
Dans ces cas, il est clair que lorsque le droit de grève est
acquis ou le droit au lock-out est acquis, normalement, l'employeur est
dégagé de son obligation d'appliquer les mêmes conditions
de travail, s'il n'y a pas de clause de prolongation. Par ailleurs, le syndicat
est en négociation, à ce moment. S'il est en grève et que
la grève dure, par exemple, vingt mois et qu'au bout de la grève,
on règle une convention collective de deux ans, on peut fort bien
décider que la convention collective
va prendre effet à la date où la grève se termine
pour une période de deux ans, comme on pourrait tout aussi bien
décider que la convention collective de deux ans prendra effet un an
avant la fin de la grève et pour l'année qui suit.
Dans le deuxième cas, il y a la question de
rétroactivité à régler, évidemment, comme le
député de Notre-Dame-de-Grâce l'a souligné...
M. Mackasey: C'est ce que je dis.
M. Bisaillon: II y a aussi l'autre facteur, c'est qu'il y a,
effectivement, dans ces cas, un trou, un vide, mais qui ne couvre, dans le
fond, et à toutes fins pratiques, que les obligations de faire qui ont
été dépassées. Pour ce qui est des clauses
d'ancienneté...
M. Mackasey: La convention déjà en existence, pour
six mois ou huit mois. C'est une extension de la convention en existence. Cela
peut protéger le syndicat.
M. Bisaillon: II y a un trou qu'on pourrait appeler une
extinction de convention collective, sauf une chose, c'est que les clauses de
convention auxquelles référait le député de
Notre-Dame-de-Grâce sont réglées par la nouvelle. S'il y a
dans la nouvelle convention, une clause d'ancienneté, il est clair que
par définition, quand on parle d'ancienneté, on va remonter
à la date d'embauche de l'employé, et que dans la clause
d'ancienneté, comme dans toutes les clauses d'ancienneté, on a
des clauses qui disent: On peut conserver son ancienneté, on ne perd pas
son ancienneté à telle ou telle condition. Dans la majeure partie
des clauses de convention collective, le temps de grève ne fait pas
perdre l'ancienneté. Ce sont des choses qui sont déjà
prévues dans le contenu même de la convention collective.
M. Forget: M. le Président, je pense que cela
éclaircit un peu les choses, mais il reste que même s'il y a des
réponses, et le député de Sainte-Marie vient de donner des
réponses. Ce ne sont pas des réponses qui sont inacceptables,
à mon avis. Il peut y avoir un vide juridique, mais le vide va
être récupéré, en quelque sorte, par la
deuxième convention collective.
La question se pose malgré tout à savoir si ce vide
devrait exister ou si, dans le fond, on ne devrait pas prévoir que
l'ancienneté, enfin tout ce qui n'est pas couvert pas l'article 47 qui
prévoit que les conditions de travail sont les mêmes, que dans le
fond, on prévoit une continuité plus large. C'est une question,
mais ce n'est pas la question que je veux soulever.
Le problème est bien posé. Il y a un problème
d'absence de continuité juridique. On dit: Cela peut se régler
par la convention collective. Cela pourrait aussi ne pas se régler. Il
se pourrait que le Code du travail veuille régler ce problème en
étant beaucoup plus explicite qu'il ne l'est dans le moment. Ce n'est
pas la proposition que nous fait le ministre. Il va dire: C'est pour la
Commission de refonte des droits du travail. Je ne m'oppose pas à cela.
Je pense que pourvu qu'on a fait réaliser qu'il y a véritablement
un problème, un vide juridique, on aurait peut-être
intérêt à s'y pencher.
Il y a un autre problème qui me paraît être de nature
beaucoup plus mécanique. C'est un problème simplement logique.
Vous avez une convention collective. Elle a trois éléments au
point de vue de son étalement dans le temps. Elle a un point de
départ. Elle a un point de terminaison. Elle a une durée. Or, on
peut trouver dans le Code du travail une règle qui va déterminer
dans les cas où il y a des doutes sur son point de départ, une
règle qui va déterminer dans le cas où il y a des doutes
sur sa durée, et une troisième règle qui va
déterminer son point d'arrivée ou sa terminaison. On se rend
compte tout de suite qu'on n'a pas besoin de plus de deux de ces règles.
On peut choisir n'importe quelle des deux. On n'a pas besoin des trois.
Si on a un processus légèrement différent pour
déterminer le départ, la durée et l'arrivée, on
peut très bien prendre des décisions qui ne soient pas
conséquentes ou cohérentes les unes avec les autres. On se rend
compte tout de suite qu'on voudrait avoir une paire de règles pour
déterminer ces trois choses et ça serait bien suffisant.
Il s'agit de déterminer le départ et la durée pour
avoir automatiquement la fin, ou de déterminer la fin et la durée
pour avoir le point de départ, ou alors de déterminer le point de
départ et le point d'arrivée et, automatiquement, on va avoir la
durée. Mais, d'avoir trois règles pour déterminer une
chose où il y a deux degrés de liberté, pour parler en
termes tout simplement logiques, on court le risque de s'enfarger dans les
règles et d'arriver à des décisions qui, prises dans des
instances différentes et pour des raisons différentes, vont
aboutir à des choses qui ne tiennent pas debout, où il y aura une
durée qui ne sera pas consistante avec le point de départ et le
point d'arrivée.
Il y a une durée limite, par exemple, qui se trouve à
l'article 54, qui ne peut être plus de trois ans. Il se peut, si on prend
les règles de départ et qu'on détermine la date de
début, qu'on prenne les règles séparées et une
procédure séparée pour déterminer la fin et qu'on
en arrive à plus de trois ans. Qu'est-ce qui arrive, là? Il y a
quelque chose de pas cohérent. Il me semble qu'on a une règle de
trop, et la règle de trop, elle se trouve ce n'est pas par hasard
qu'on soulève ça à l'article 40b.
On a déjà une règle pour dire le début, une
règle pour la durée et là on veut nous donner une
règle pour la fin. Bien, mon Dieu! Il me semble qu'on en met un peu
trop, pas parce qu'on n'est pas d'accord avec la façon de
déterminer, mais c'est simplement une de trop qui peut, à
l'occasion, aboutir à des contradictions.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez. Je
comprends le raisonnement du député de Saint-Laurent. Mais quand
on dit que le commissaire peut décider, il doit nécessairement se
conformer aux règles, sauf qu'il peut arriver... M. Auclair me
soulignait qu'à un moment donné cela
peut être un problème d'écriture. Est-ce que c'est,
par exemple, le 11 ou le 17? Le 1 et le 7 peuvent, à un moment
donné, paraître les mêmes, parce que c'est écrit
à la main. Il devra déterminer, parce qu'à un moment
donné il peut y avoir une association qui demande une requête en
accréditation et qui dise: Moi, je veux savoir et je veux être
sûr qu'il n'y aura pas un refus de ma requête, parce que je ne suis
pas dans les délais. On demandera au commissaire-enquêteur, pour
fins d'informations: Cette convention, qui expire dans deux ans, elle expire
dans deux ans à partir du quoi, du 11 ou du 17? Ce n'est pas clair.
Il faut, à un moment donné, qu'il tranche quelque
part.
M. Forget: Oui, mais c'est ça qu'il faut
déterminer. Si le départ n'est pas clair, qu'on le clarifie, mais
qu'on ne prenne pas une autre règle pour déterminer la fin, parce
que ça pourrait ne plus marcher avec ce qui avait été
déterminé par ailleurs.
M. Johnson: Oui, mais il va être obligé...
M. Forget: Le problème peut être réel, mais
la solution, ce n'est pas d'avoir une troisième règle pour
déterminer une troisième date...
M. Johnson: Non, je pense...
M. Forget: ... c'est de clarifier la date qui n'est pas
claire.
M. Johnson: ... C'est bien évident que le
commissaire-enquêteur ne peut aller au-delà de ce que dit le code.
Il faut qu'il se réfère à l'article 60, à l'article
54, à l'article 57, etc., il est obligé de faire ça.
M. Forget: C'est ce qu'on dit.
M. Johnson: Sauf qu'à un moment donné, sur une
question d'erreur d'écriture, il faut lui donner la possibilité
de se prononcer. Il faut, à un moment donné... Cela peut
être le chiffre impliquant la date d'expiration de la convention
collective qui ne soit pas clair comme ça peut être la date de la
signature qui ne soit pas claire, s'il est question d'une durée
plutôt que d'une date fixe.
M. Forget: Oui, mais, à ce moment-là, ce que fait
le commissaire, ce n'est pas déterminer la date de la fin, c'est
interpréter la fin qui est inscrite dans la convention collective. Ce
n'est pas la même procédure. Quand on dit à un tribunal: On
a une date qui est ici écrite, les parties se sont entendues et on n'est
plus capable de la lire. Ce n'est pas la question d'avoir le pouvoir
discrétionnaire de fixer la fin, c'est simplement d'essayer, par toutes
les preuves possibles, de déterminer quelle est la fin qui a
été fixée par d'autres.
M. Johnson: Voilà!
M. Forget: Ce n'est pas tout à fait la même
chose.
M. Johnson: C'est ce que dit le texte, justement. Il peut, en
tout temps...
M. Forget: Non, il détermine la date d'expiration. Il
n'interprète pas la convention collective, il détermine la
date.
M. Chevrette: Cela, c'est...
M. Johnson: Lorsque cette date n'est pas clairement
indiquée.
M. Chevrette: Mais, de toute façon, dans une convention
collective, il y a toujours une clause finale qui dit que la convention vaut de
telle date à telle date. C'est fait et signé à... tel
jour. Cela peut être moins clair...
M. Johnson: Quand elles sont bien faites.
M. Chevrette: Quand elles sont bien faites, mais la grande
majorité des conventions collectives...
M. Johnson: Cette règle vaut dans le cas où elles
ne le sont pas, justement. C'est pour les cas d'imprécision.
M. Forget: Bien sûr que, quand tout est clair, on n'a
besoin d'aucune règle.
M. Chevrette: Bien oui, mais si c'est pour déterminer si
c'est le 10 ou le 12, cela ne doit pas être bien grave.
M. Forget: M. le Président...
M. Chevrette: De toute façon, les prescriptions du
code...
M. Forget: ... enfin, je pense qu'on s'est fait comprendre et
qu'il y a, sur le plan logique, quelque chose de trop dans le Code du travail
qui peut, à l'occasion, et très rarement, causer des
problèmes. Ce n'est pas un débat de fond sur de grands principes.
C'est simplement une question de problème de rédaction. Il me
semble qu'il y a un illogisme à la rédaction qu'on nous propose.
Si on veut absorber l'illogisme et en prendre la responsabilité, je n'ai
pas l'intention de parler toute la nuit sur cela.
Sur le sujet cependant, et là on vient à quelque chose de
peut-être un peu plus substantiel, il y a la présomption que
l'avis a été donné. Je pense que c'est plus sérieux
parce que c'est vraiment du droit nouveau. Cela introduit une règle
nouvelle et ce n'est pas une question de structure et de logique du Code, c'est
vraiment une règle de jeu nouvelle. On dit, d'autres que nous l'ont dit
et on prend simplement le témoignage qui a été
rendu dans certains mémoires que si on adopte une telle
présomption, quand il n'y a pas eu d'avis, on présume, à
cause de l'écoulement des délais, que l'avis a été
donné. On produit une situation où la preuve de bonne foi va
être beaucoup plus difficile à établir en ce sens qu'une
partie qui aurait dû
donner un avis et qui ne l'a pas fait, ou une partie qui, ayant
donné un avis qui n'a pas été suivi d'une action par
l'autre, si on veut donner avis et je sais que le ministre a fait des
interventions publiques, à ce sujet, en disant qu'il ne fallait pas se
moquer de la bonne foi C'est une notion qu'on aurait mérite
à creuser et à explorer, parce qu'il y a un problème de
bonne foi dans certaines négociations collectives. Dans les cas de
présomption, la preuve de bonne foi va être difficile à
faire. Il n'y aura pas eu d'avis. Comment démontrer que l'autre partie
n'est pas venue négocier au moment où elle était
convoquée, qu'elle n'a pas eu d'avis? C'est simplement
l'écoulement des délais. N'est-ce pas une objection qui
mériterait d'être examinée un peu?
M. Johnson: Je comprends la préoccupation du
député de Saint-Laurent. Cependant, c'est strictement pour les
fins de la computation du délai du droit d'acquisition de grève,
parce qu'on est en conciliation volontaire. Il faut donc présumer que,
quelque part, à un moment donné, comme on est en conciliation
volontaire, le droit de grève, comme on sait, va être acquis
automatiquement en fonction de différents délais qui n'ont rien
à voir cependant avec un avis demandant un conciliateur. Il faudra
savoir, à un moment donné devant une grève, par exemple
quant à l'application des dispositions antibriseurs de grève,
s'il s'agit bel et bien d'une mesure qui s'applique quand les délais
prévus à 46 ont été respectés. Or, il s'agit
de savoir si oui ou non les délais de 46 ont été
respectés. Il s'agit de savoir si c'est une grève légale
ou pas. On présume donc qu'il y a eu avis de négociation à
telle date pour déclencher automatiquement le chronométrage, le
compte à rebours du droit de grève. C'est la seule fin de
cela.
M. Forget: Dans ce cas-là, je suis d'accord avec le
ministre. Il s'agit de faire une constatation. C'est blanc ou noir. Il y a eu
un avis et les délais ont couru ou pas. C'est clair. Mais par exemple,
quand on revient aux autres dispositions, qu'on verra un peu plus loin, sur la
négociation d'une première convention collective et où,
spécifiquement, le texte dit: En fonction du comportement des parties et
de leur bonne foi, ou quelque chose à cet effet, où la bonne foi
est un élément qui va servir à l'évaluation et
à l'appréciation des circonstances, si on s'enlève les
moyens objectifs d'essayer de voir par exemple: Là il n'y a pas eu bonne
foi, voyez! Il y a eu un avis et l'autre partie ne s'est pas rendue! C'est une
des indications parmi d'autres. Mais dans la jurisprudence américaine,
où on a été beaucoup plus loin qu'au Québec pour
essayer de circonscrire des signes extérieurs de bonne foi parce
qu'il faut quand même se rabattre là-dessus, on ne peut pas
demander aux gens s'ils pensent qu'ils étaient de bonne foi il
faut avoir des signes extérieurs qui révèlent tous les
gestes qu'une personne de bonne foi fait normalement.
Or, la non-réponse à un avis a été
interprété par les tribunaux américains comme une preuve
extérieure, une des preuves, pas la seule bien sûr, mais une des
preuves que la bonne foi n'était pas là. Et comme la bonne foi
joue un rôle, selon le ministre, et je suis un peu d'accord avec lui, on
devrait peut-être essayer de lui donner un peu de contenu, à cette
notion, un contenu opérationnel, en faisant cette présomption:
c'est vrai qu'on va avoir la décision blanc-noir; les délais sont
courus; mais on le saurait de toute façon que les délais sont
courus. Mais là, on s'enlève peut-être un instrument. Cela
a été souligné par Me Barré dans son
mémoire. Quant à moi, quand je l'ai lu, j'ai trouvé cela
persuasif. Ce n'est peut-être pas un gros instrument, mais il n'y en a
pas beaucoup d'instruments pour vérifier la bonne foi. Qu'est-ce que
cela va être? Il n'y a pas de témoins à toutes les
négociations préliminaires pour savoir comment les parties se
sont comportées. On perd alors cet instrument.
M. Johnson: Cela nous prive effectivement d'un des
éléments qui pourraient, comme le disait le député
de Saint-Laurent, être un signe extérieur de bonne foi. Cependant,
c'est fondamental que le délai de grève puisse commencer à
courir à partir d'un certain moment donné.
M. Forget: Pourtant personne ne se donne la peine de donner un
avis; ce n'est pourtant pas compliqué.
M. Johnson: Non, mais d'autre part, disons que... D'accord, il
pourrait arriver un cas où personne ne se donne la peine de donner un
avis. Cependant, il pourrait aussi arriver la situation puisqu'on parle
d'une association de salariés nouvellement accréditée
où l'avis, pour une raison ou pour une autre, ne peut se rendre
ou ne s'est pas rendu et on est rendu à plus de 90 jours de la date de
l'accréditation. Si, par exemple, notre collègue, ancien ministre
des Postes et du Travail, était au prise avec une grève dans le
secteur des postes et des télégraphistes, on pourrait arriver
à une situation où il y a impossibilité d'envoyer l'avis.
Alors, on les pénaliserait, en ce sens qu'on les empêcherait de
pouvoir faire courir leur droit de grève.
M. Forget: Non, écoutez, M. le ministre, vous avez aussi
40a et, dans 40a, l'avis n'est pas envoyé. On ne peut pas imaginer des
situations où il est physiquement impossible de communiquer entre patron
et employés, c'est quand même assez difficile à imaginer,
mais là, la copie est envoyée au ministère et on peut
imaginer que l'avis envoyé au patron se perd, ou vice versa, par hasard,
mais, au moins, l'avis envoyé au ministre ne sera pas subtilisé,
j'imagine, et là, il y a un accusé de réception.
M. Johnson: Honnêtement, je pense qu'il y a plus de risques
de se perdre au ministère que chez l'employeur!
M. Forget: Peut-être, mais, apparemment, vous êtes en
train de vous organiser, avec un greffier, etc. Le ministère, de toute
façon, va donner le
signal qu'il ne l'a pas reçu parce qu'il est obligé
d'avertir les parties de la date où il l'a reçu, et la partie qui
l'a donné, si elle ne reçoit pas l'avis, va se douter qu'il y a
quelque chose de pas correct qui s'est passé; elle va en envoyer un
deuxième ou elle va faire quelque chose. C'est que le danger,
semble-t-il, n'est pas seulement de perdre un signe extérieur de bonne
foi, c'est de se retrouver, dans le fond, dans une situation où les deux
parties peuvent engager des hostilités assez grandes: la grève ou
le lock-out, alors que, dans le fond, ni l'une ni l'autre n'a fait, n'a
posé le moindre geste pour engager le dialogue. C'est paradoxal.
M. Johnson: M. le Président, encore une fois, je comprends
la préoccupation du député de Saint-Laurent, mais on me
souligne une autre raison qui m'apparaît fondamentale. Le délai de
maraudage, comme on le sait, peut être constaté dans la mesure
où on a un délai d'expiration de convention collective ou encore
un délai en vertu de la conjonction de 60, 41, 46 et 21, une conjonction
du délai de l'acquisition du droit de grève. Or, il pourrait
arriver la situation suivante: Un syndicat est accrédité et, 15
ou 20 jours plus tard, il meurt de sa belle mort, il n'envoie jamais d'avis,
mais il demeure un syndicat qui, étant donné qu'il n'y a pas
d'acquisition du droit de grève qui commence à courir à
partir du 90e jour de son accréditation, il est un syndicat qui
empêche le maraudage parce qu'on sait que le maraudage pour qu'un
autre syndicat vienne prendre sa place dépend de l'acquisition du
droit de grève et de cette date. Donc, on pourrait, en d'autres termes,
accréditer une association de salariés qui traîne dans le
décor pendant trois mois, six mois, un an, n'envoie jamais d'avis et, en
fin de compte, une autre association essaie de se former pour
représenter ces salariés; elle ne le peut pas parce qu'on n'a
jamais obtenu le droit en question.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Sainte-Marie fulmine à l'autre bout!
M. Forget: Mon intervention ne sera pas tellement longue,
ça va être de 30 secondes. C'est que, quand le ministre dit cela,
il a raison, dans le contexte de la fenêtre étroite dont on
parlait hier et, à cause de l'étroitesse de la fenêtre
que j'au- rais voulu élargir dans le cas où on n'a
qu'à constater l'inexistence d'un syndicat, pour les raisons qu'il vient
de mentionner, on crée une situation beaucoup plus
générale où la déclaration des hostilités
précède même une tentative d'avoir une conférence de
paix. Il me semble que l'effet dépasse de loin les causes voulues.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Ce sera plus rapide que ça n'aurait dû
l'être, M. le Président, mais on ne réglera
évidemment pas ça ce soir.
Ce que je veux souligner, c'est que, dans le premier cas soulevé
par le député de Saint-Laurent, je ne pense pas que ça
devrait être retenu. Dans le deuxième cas, cependant, il me semble
qu'on pourrait peut-être, effectivement, se poser la question, quand bien
même ce serait uniquement en termes de manifestation par les parties.
Par ailleurs, dans le dernier exemple que vient de donner le ministre et
qui pourrait se justifier en pratique, il me semble qu'on a là un
exemple parfait de collusion entre un employeur et un syndicat fantôme et
que le syndicat qui voudrait, par exemple, regrouper les travailleurs aurait la
plus belle preuve de collusion entre un employeur et une organisation
syndicale, ce qui pourrait...
M. Johnson: Cela pourrait encore être carrément de
la négligence ou l'absence des personnes, etc., mais cela pourrait
être aussi de la collusion. Pardon?
M. Bisaillon: A ce moment-là, l'employeur pourrait
lui-même dénoncer.
M. Johnson: D'accord. Alors, M. le Président, je demande
l'ajournement de nos travaux sine die.
Le Président (M. Clair): Est-ce que vous savez si, demain
matin...
M. Johnson: La Chambre siège. On ajourne.
Le Président (M. Clair): La commission permanente du
travail ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)