Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des amendements au décret de la
construction
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
est réunie pour poursuivre l'examen des amendements qu'entend apporter
le ministre du Travail au Décret de la construction. Les membres de la
commission sont: M. Bellemare (Johnson) remplacé par M. Russell
(Brome-Missisquoi); M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Brochu (Richmond)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Ciaccia (Mont-Royal), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Couture (Saint-Henri); M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) remplacé par M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata); M. Forget (Saint-Laurent), M. Godin (Mercier),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), M.
Laplante (Bourassa), M. Lavigne (Beauharnois), M. Lefebvre (Viau), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Pagé (Portneuf), M. Roy
(Beauce-Sud).
Nous en étions à l'examen du sujet suivant: Le
remboursement des frais de déplacement aux électriciens ainsi que
le paiement d'une prime aux électriciens pour des travaux sur des
structures d'acier ou de béton en cas d'intempérie. Avant de
donner la parole à M. L'Heureux, après avoir entendu la partie
syndicale sur ce sujet, M. le ministre aimerait faire quelques mises au point.
M. le ministre.
M. Couture: Merci, M. le Président. Je souhaite de nouveau
la bienvenue à nos participants. Tel que convenu d'avance pour savoir
dans quel cadre nous continuons ou finirons cette commission parlementaire, je
voudrais bien qu'au début de cette séance de travail nous
sachions qu'il a été convenu que ce serait pour nous la
dernière audition. Donc, si vous êtes encore d'accord, j'imagine
que c'est le cas, nos travaux finiraient au plus tard à 13 heures. Dans
ce sens, j'aimerais peut-être que dès maintenant on fixe les
points qu'on veut discuter par ordre d'importance de façon qu'à
12 h 45 je demanderai la parole pour une déclaration finale pour qu'on
sache sur quoi on veut parler, et sachant le temps qui nous est alloué,
qu'on puisse disposer des sujets en conséquence.
M. le Président, je vous demanderais peut-être, avec les
intervenants, de fixer les points qu'il nous reste à traiter, et sachant
le temps qui nous est alloué peut-être que, comme
président, vous pourriez avertir les membres que, s'ils veulent que tels
points soient traités, il faudrait accélérer en temps et
lieu.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a au moins le
point 1 supplémentaire de l'avis de convocation qui s'inscrirait comme
ceci: La question du sous-annexe A de l'annexe B, notamment la
définition du monteur d'acier de structures? C'est certainement un point
qu'il faut aborder avant de...
M. Dumoulin (Guy): Ce point a été discuté,
M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Vous aviez défini le
problème, mais, à ma connaissance, cela n'a pas été
discuté.
M. Dumoulin: Cela a été discuté à
l'article 17.01, les salaires. J'avais mentionné qu'on était pour
embarquer dans la sous-annexe B et c'est ce qu'on a fait, d'ailleurs, on n'a
pas passé trois heures là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la partie patronale
considère que ce point a été discuté?
M. Dion (Michel): Vous parlez des monteurs d'acier de
structures.
Le Président (M. Marcoux): La définition du monteur
d'acier de structures, considérez-vous aussi que cela a
été discuté?
M. L'Heureux (Réal): Non, là-dessus ils se sont
trompés, ils vont recommencer.
M. Dion: Cela arrive.
Le Président (M. Marcoux): Je parle de l'avis de
convocation que vous avez reçu, le télégramme qui
indiquait: En plus des points des différents paragraphes, de 1 à
46, certaines suggestions de modifications qui m'ont été
transmises dans les réponses aux modifications que j'ai proposées
seront également discutées à cette commission. Il y a deux
points supplémentaires à ajouter; le premier, c'est la question
du sous-annexe A de l'annexe B, notamment la définition du monteur
d'acier de structures. Le deuxième point, les frais de
déplacement des électriciens. Vous aviez terminé votre
présentation des problèmes des frais de déplacement aux
électriciens. C'est à la partie patronale de donner son point de
vue, maintenant, sur ce sujet. Quant à la question 1, de mémoire,
vous aviez, simplement, indiqué la nature du problème, mais,
à ma connaissance, elle n'avait pas été discutée.
Il y a ce premier point qui serait à discuter. Est-ce qu'il y a d'autres
points que vous voudriez aborder?
M. Dion: M. le Président, sur le point 1, on nous a bien
dit que c'était une question de temps supplémentaire pour les
monteurs d'acier de structures?
M. Dumoulin: Oui, pas autre chose. Tout simplement qu'il y a une
question de temps supplémentaire, le samedi payé, sur les
chantiers de la baie James.
Le Président (M. Marcoux): C'est cela. On abordera ce
point après celui des électriciens. Est-ce qu'il y a d'autres
points que vous voudriez voir aborder ce matin?
M. Dumoulin: Les opérateurs de machinerie lourde, M. le
Président. C'est une question d'apprentis.
Le Président (M. Marcoux): Pas besoin de le
définir. Opérateurs de machinerie lourde. Est-ce que vous
pourriez définir le problème rapidement?
NI. Dumoulin: C'est l'article 26.13 du décret.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pourriez
expliquer le problème?
M. Dumoulin: M. Michel Décary va vous le mentionner.
M. Décary (Michel): II s'agit d'une perte de droits acquis
survenue à la suite du retrait de certaines dispositions de l'article
26.13. Notre exposé, là-dessus, sera bref et sera fait par M.
Yves Paré, de l'Union des opérateurs.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
problèmes que vous voudriez aborder ce matin?
M. Dumoulin: II y a le problème de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la région de Sherbrooke, concernant une
clause de décès qui a existé à l'intérieur
des conventions collectives.
De plus, il y a les monteurs de lignes, concernant les écrits
dans les juridictions de métier. C'est simplement l'exclusion, ce qui a
été omis pour les monteurs d'acier de structure. On les excluait
de la juridiction des monteurs de ligne dans le décret. C'est simplement
une rectification là-dessus qu'il faut apporter.
M. Bisaillon: II ne faut pas les écouter trop longtemps,
ils vont recommencer la convention collective.
M. Dumoulin: Ce sont tous des points qui vont prendre à
peu près cinq minutes. Ce sont simplement des explications qu'il faut
donner.
Le Président (M. Marcoux): On a demandé
d'énumérer les points et, après cela, la commission jugera
ce qu'elle veut entendre.
Est-ce qu'il y a d'autres points que vous vouliez aborder ce matin?
M. Dumoulin: Non.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux, est-ce que vous
avez d'autres points que vous vouliez aborder?
M. L'Heureux: Non. Nous sommes venus ici sans aucun point et on
n'en a encore aucun, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Nous allons procéder
immédiatement avec le problème concernant les
électriciens.
M. L'Heureux.
Négociations avec les
électriciens
M. L'Heureux: Pour le bénéfice des membres de la
commission, je pense qu'il est utile, avant de parler des
événements du 15 au 19 octobre, peut-être de replacer dans
quel contexte la négociation s'est faite et pourquoi on est ici pour un
problème spécifique des électriciens. Parce que le vrai
but de la commission, c'est cela.
En 1976, le 10 mars, est intervenu un protocole d'entente entre le
Conseil provincial et l'AECQ j'en ai une copie ici un protocole
signé sur la forme de la table. C'est un protocole qui a cinq
paragraphes. Dans le premier paragraphe, on prévoyait une table centrale
où se ferait la négociation, à partir de laquelle les
décisions seraient prises. Dans le paragraphe no 2, une table
parallèle où se déblaieraient certaines clauses
particulières, afin d'accélérer les travaux de la table
centrale. Le paragraphe no 3 expliquait un peu le processus du paragraphe 2,
c'est-à-dire ce qui était une clause particulière et ce
qui était une clause générale. Le dernier paragraphe, le
no 5, permettait à chacune des parties de déléguer ses
pouvoirs à qui elle voulait le faire.
Le 10 mars, on a signé ce protocole. A ce moment, on a
reçu les demandes générales de la partie syndicale mais
aucune demande particulière, sauf une liste de demandes
particulières qui nous serait soumise un peu plus tard. A ce moment, je
dois vous dire que la FIPOE était absente de la table. Non seulement
elle ne faisait pas partie du comité de négociations, mais la
fraternité n'était pas présente à ces
négociations et avait informé tout le monde qu'elle ne
participait pas.
Effectivement, deux semaines plus tard, on a reçu un
télégramme de la fraternité qui a aussi envoyé un
télégramme à la partie syndicale. Je pense que c'est
important, ici, que je lise ces télégrammes et je pourrai les
déposer aussi. C'est daté du 26 mars. Il y en a un qui est
adressé à nous: "Messieurs, soyez avisés que la
Fraternité interprovinciale des ouvriers en électricité
n'autorise et ne mandate aucune association, organisme ou personne à
entamer pour et en son nom des démarches dans le but de conclure une
convention collective. Si vous désirez entamer des négociations
avec la fraternité, nous sommes à votre entière
disposition et nous pourrons être rejoints."
En même temps, la même journée, elle envoyait un
télégramme au conseil, c'est-à-dire à M. Roger
Lamontagne, M. Guy Dumoulin, M. Roméo Nadeau, M. Raymond Boucher, M.
Réjean Petit et M. Louis-Marie Cloutier qui faisaient partie du
comité de négociation dûment mandaté qui nous avait
été présenté. "Messieurs, soyez avisés que
la Fraternité interprovinciale ne sera pas présente mercredi
matin à l'hôtel Quality Inn de Québec. Soyez, de plus,
avisés que la fraternité ne vous autorise pas à
déposer, négocier ou entreprendre des négociations en son
nom en vue du renouvel-
lement du décret. Soyez, de plus, avisés que la
fraternité désire rencontrer seule la partie patronale afin
d'entamer des négociations en vue de la conclusion de sa convention
collective. Soyez, de plus, avisés que la fraternité ne confie
à aucun un mandat de conclure quoi que ce soit pour et en son nom.
Veuillez noter que par ce geste nous ne désirons aucunement vous
empêcher de procéder à la négociation."
Le point qu'il est important de souligner ici, c'est qu'il existe une
disposition dans la loi qui dit que seules les deux parties qu'eux ne
reconnaissaient pas, étaient habilitées, en vertu de la loi, pour
négocier une convention collective. Cela a établi le climat, au
début; pour autant qu'ils étaient concernés, les
électriciens voulaient avoir une convention collective
complètement séparée, si bien que le 7 avril les
négociations ont duré du 1er avril au 7 avril le conseil
provincial suspendait les négociations. A ce moment-là, on n'a
pas pu savoir la raison. Apparemment, il y avait certains conflits internes. Le
11 avril on a eu une idée de ce qu'était le
problème on nous a convoqués, on a convoqué la
partie patronale. A ce moment-là, le conseil provincial nous a soumis un
texte dans lequel la partie syndicale disait qu'elle avait le droit de le faire
et qu'elle déléguait à la fraternité tous ses
droits de négocier. On négociait sur la sécurité,
on négociait sur la juridiction, la fraternité avait le droit de
tout faire. Mais on nous demandait, à nous, pas à la corporation,
pas à n'importe qui, mais à certains employeurs, à la
partie qui était habilitée par la loi, les patrons, de
déléguer à certains employeurs... On nous avait même
dit, à ce moment-là, qu'on avait une liste de 100 employeurs que
la partie syndicale pourrait nous fournir et qui, eux, seraient peut-être
prêts à faire cela. Naturellement, on a refusé.
On a dit: Ce sont justement ces employeurs, ce sont justement les
corporations qui sont en arrière de l'AECQ qui veulent justement
être chapeautées par l'AECQ dans les négociations.
Effectivement, le lendemain, la partie syndicale demandait un conciliateur, le
12 avril. Le 13 avril, on s'opposait à la présence d'un
conciliateur à la table, parce qu'à toutes fins pratiques, il n'y
avait pas eu de négociation. Un conciliateur normalement entre dans un
dossier au moment où il y a eu une certaine négociation.
Le 22 avril, le conciliateur a été nommé,
c'était Me Pierre Dufresne, malgré l'opposition de la partie
patronale. Alors, effectivement, durant le mois de mai, le conciliateur, comme
on l'avait dit, nous, à ce moment-là, le conciliateur
n'était pas nommé pour concilier les deux parties,
c'est-à-dire la partie syndicale et la partie patronale, mais
plutôt pour concilier certains syndicats entre eux puis avec le conseil.
Effectivement, durant tout le mois de mai puis le mois de juin, on ne l'a pas
vu, le conciliateur, il a siégé avec les différents
métiers de la partie syndicale.
Effectivement, le conciliateur nous a rencontrés vers le 22 juin,
après nous avoir remis les différentes demandes des parties
syndicales, celles qu'on n'avait pas pu avoir entre le 1er et le 7 avril.
Cela a recommencé, c'est-à-dire qu'à ce
moment-là il y a eu une table sectorielle de mandatée pour
rencontrer la partie syndicale, la FIPOE en particulier, et ils sont
arrivés avec un décret au complet. Eux, ce qu'ils voulaient,
c'était une annexe complète au décret. Le décret
serait composé, pour autant qu'ils étaient concernés, de
23 annexes de métiers, dans leur texte du 11 avril. Ces choses-là
pouvaient être négociées au fur et à mesure de la
période de négociation, durant la période d'un
décret et ce serait réintégré. Tellement que le 25
juin, M. Pierre Dufresne, un vendredi après-midi, s'est aperçu
qu'à ce moment-là tout le système de négociations
était mis en cause et, dans une déclaration, il a informé
la FIPOE de cesser d'essayer de renégocier la loi et de s'en tenir aux
clauses qui étaient des clauses particulières.
Cela aussi, ce sont probablement des documents qui sont au
ministère et qui sont disponibles. Alors, encore là, il y a eu
une négociation, qui s'est faite au Quality Inn, au mois de juillet. A
cause des Olympiques à Montréal, on négociait à
Québec. Le gros de la négociation s'est fait à ce
moment-là. La FIPOE n'était pas présente dans le
comité restreint, mais assistait aux délibérations de la
table centrale, à ce moment-là. Le 5 août, alors qu'on
négociait encore, la FIPOE a déclenché sa grève. Il
faut vous dire que, depuis le mois de mai, la FIPOE demandait trois choses en
particulier: elle demandait, premièrement, une annexe
séparée, pour qu'elle soit exclue, pour qu'elle négocie
séparément. Elle demandait des heures plus courtes que les autres
métiers demandaient. On peut s'imaginer, dans un chantier où tous
les métiers sont là, si un corps de métier finit avant,
puis commence après ou ne travaille pas le vendredi ou certaines choses
comme cela! Ils demandaient des salaires supérieurs aux autres
métiers avec lesquels ils avaient la parité avant, en plus d'une
foule de choses.
Alors, naturellement, cela avait été refusé
à la table. A ce moment-là, ils avaient entrepris une
série de mesures durant la période du décret,
c'est-à-dire durant la période où ces
ralentissements-là étaient illégaux. Il y a eu, entre
autres, des ralentissements aux Jeux olympiques. Je pense bien que M. Claude
Rouleau qui était là pourrait vous donner des détails. Il
y a eu des ralentissements qui se sont faits à certains chantiers
industriels, comme à Coteau-du-Lac. Il y a même un administrateur
chez nous qui était un des patrons là et qui,
éventuellement, a démissionné parce qu'à ce
moment-là, il y avait certains conflits qui faisaient qu'il avait de la
difficulté à faire son travail.
Pendant tout ce temps, les électriciens refusaient de travailler
le vendredi pour essayer de justifier le fait qu'ils voulaient avoir moins
d'heures. Ils refusaient de faire du temps supplémentaire et faisaient
des ralentissements illégaux. Malgré tout cela, les
négociations se sont poursuivies. Eventuellement, le 5 août, au
moment où la table sectorielle des électriciens a
été fermée, on a fait la grève. Encore là,
je dois vous dire que le Conseil
provincial des métiers n'a déclaré une grève
générale que le 8 septembre, cinq semaines après que la
fraternité soit sortie en grève. A toutes fins pratiques, au
moment où ils ont commencé la grève, le 5 août, les
négociations se sont terminées. A ce moment-là il n'y a
plus eu de négociations. Nous avons remis une proposition globale le 19
août et c'en était fait... Parce qu'il faut savoir qu'une
négociation, au moment où il y a une grève, il y a
durcissement des positions et il n'y a plus de négociations.
Le 28 août, la partie syndicale nous a convoqués par
l'intermédiaire du conciliateur, pour nous faire savoir ses points en
litige sur notre offre globale. Dans notre offre globale, il y avait tout ce
qui concernait la FIPOE. Nous avons ici dans le rapport du conciliateur, M.
Pierre Dufresne, les points qui étaient en litige, retenus par la partie
syndicale; vous ne verrez aucun point de la FIPOE. Il n'y avait d'ailleurs
aucun point des manoeuvres non plus. On l'a ici dans le document du
conciliateur, daté du 3 septembre. Le 22 septembre, il y avait certains
problèmes, du moins des problèmes certains. A ce moment, la
partie syndicale a rencontré le premier ministre, M. Bourassa, pour lui
exposer le dossier. C'est à ce moment que le premier ministre a
déclaré que M. Laporte, le sous-ministre, interviendrait au
dossier. Cela ne faisait pas notre affaire. Je pense que c'est un secret de
polichinelle que, pour autant que nous étions concernés, M.
Laporte n'était pas un conciliateur impartial et que nous ne pouvions
pas accepter cela. M. Laporte ne s'en était d'ailleurs pas caché.
Le 2 septembre, nous avions une assemblée générale
à l'hôtel Reine Elizabeth. Il a déclaré au souper au
Beaver Club, à deux de nos administrateurs qui sont ici, M. Hervé
Nadeau et M. Antonio Roméo, que pour autant qu'il était
concerné, l'AECQ était trop forte. Il avait même
exprimé en des termes très précis que notre faiblesse
était notre trop grande force.
Quant à nous, c'était public aussi que M. Laporte
n'était pas bienvenu comme conciliateur; vous avez des articles du
Devoir, entre autres un article du début d'octobre. J'avais
dénoncé publiquement la présence de M. Laporte en disant
qu'on obtiendrait probablement un règlement confus, un règlement
du genre de celui que M. Cournoyer imposait. Tout le monde sortait de là
avec rien de précis et personne n'était satisfait. Si on regarde
ce qui est arrivé par la suite, je pense que nos prévisions
n'étaient pas si mauvaises.
L'étape suivante qui est importante on s'en vient dans le
jus du dossier c'est du 5 au 8 octobre. Il y a eu une séance de
conciliation en comité restreint à Montréal. Il y avait eu
une tentative de conciliation de la part de M. Laporte, à la
troisième semaine de septembre, qui avait échoué. A ce
moment, du 5 au 8 octobre, on avait été convoqué en
séance de conciliation.
Encore là, il y avait treize points en litige. Il n'y avait aucun
point de FIPOE. On avait établi au début que les personnes
présentes, à ce moment, pour le comité restreint,
étaient Me Dion et moi-même, de la partie patronale, MM. Robert et
Du- fresne pour la partie gouvernementale, MM. Dumoulin et Décary pour
la partie syndicale.
A ce moment, on a établi une liste de treize points en litige. Si
on réglait ces treize points, il y avait une entente. On a
siégé du mardi 5 au vendredi 8 pour finalement avoir une entente
c'est à ce moment d'ailleurs qu'on avait demandé au
gouvernement d'avoir le bénéfice de l'interprétation
légale de certaines clauses pour en arriver, le 8 octobre, avec
deux clauses en suspens. A toutes fins pratiques, il y avait la juridiction des
manoeuvres et le taux de salaire effectif. Il n'était pas encore
question, à ce moment, de la FIPOE, bien que la FIPOE était
présente puis qu'on l'avait rencontrée durant cette
période, mais pas au sein du comité.
J'ai des notes écrites que j'ai eu l'occasion de préparer
cet hiver. Je vais m'en tenir à cela. Ce sera peut-être plus
facile pour le journal des Débats.
Comme je vous dis, le 8 octobre, on s'était laissé avec
deux clauses sur lesquelles, à toutes fins pratiques, il n'y avait pas
d'entente. Le 14 octobre, M. Bourassa, le premier ministre, convoque M.
Réal L'Heureux à son bureau dans la soirée. Il l'informe
que M. Gilles Laporte reprendra la conciliation le lendemain, le 15 octobre,
à sa demande expresse et qu'il compte sur la bonne volonté de
l'AECQ pour aider au règlement du conflit car des élections sont
éminentes.
M. Bourassa téléphone alors à M. Laporte
c'était vers 11 heures le soir du 14 octobre M. Laporte
était à Montréal car sa femme était
hospitalisée ou il y avait quelque chose dans sa famille alors M.
Bourassa demande à M. Laporte quels sont les points en litige dans le
conflit. M. Laporte répond que les deux seuls points en litige demeurent
la juridiction des journaliers et le taux de salaire effectif.
M. L'Heureux confirme cette appréciation de l'état du
dossier. Le 15 octobre 1976, à 9 heures du matin, le conseil
d'administration de l'AECQ rencontre M. Gérald Harvey pour lui faire
part de l'état du dossier. Cette rencontre était prévue
depuis cinq à six jours.
A ce moment, M. Harvey informe l'AECQ que M. Gilles Laporte reprend la
conciliation la journée même et que les comités seront
convoqués à l'hôtel Hilton, à Québec.
Le vendredi 15 octobre, à 8 heures du soir, suite à une
convocation par téléphone, MM. Dion et Réal L'Heureux de
l'AECQ rencontrent MM. Gilles Laporte et Michel Robert, à l'hôtel
Hilton.
A ce moment, il est établi que les deux points en litige sont la
juridiction des manoeuvres et le taux de salaire, que nous appelons taux de
salaire effectif, et que, ces deux points réglés, il y aurait
entente. M. Laporte soumet alors une formule de compromis sur la juridiction
des manoeuvres, soit l'arbitrage, formule qu'on retrouve maintenant.
Le 15 octobre, le même soir, à 23 heures, l'AECQ informe M.
Gilles Laporte qu'elle est prête à considérer l'arbitrage
comme base d'un règlement au problème des manoeuvres. M. Laporte
nous informe qu'il tient, à ce moment, des rencon-
très avec la FTQ-Construction et nous demande de nous tenir
à sa disposition. A ce moment-là, les parties ne se rencontraient
pas face à face; on rencontrait M. Laporte et M. Robert; après
cela, on s'en allait et la partie syndicale le rencontrait.
Samedi matin, le 16 octobre, M. Laporte à ce
moment-là, on lui a téléphoné pour savoir le
programme de la journée nous informe qu'il rencontre la partie
syndicale depuis la veille et connaît de sérieuses
difficultés.
Le samedi, 16 octobre, à 14 heures, M. Laporte et M. Robert
soumettent à M. L'Heureux et M. Dion un texte sur l'arbitrage des
manoeuvres. Le même après-midi, à 15 heures, M. L'Heureux
et M. Dion soumettent à M. Robert et à M. Laporte un texte
modifié. De 15 heures à 18 heures, M. Laporte et M. Robert
rencontrent la FTQ-Construction dont le comité était formé
de M. Dumoulin, M. Nadeau, M. Petit, M. Lavoie, M. Cloutier et M. Michel
Décary, ce qui était le comité originel de la partie
syndicale. M. Décary agissait comme conseiller juridique. Le samedi, 16
octobre 1976, à 18 heures, M. Laporte nous informe, moi et M. L'Heureux
par téléphone d'aller dîner qu'il éprouve des
difficultés sérieuses et qu'il se prépare à
congédier le comité syndical de négociation. Le 16 octobre
1976, à 23 h 30, M. Gilles Laporte et M. Michel Robert convoquent M.
Réal L'Heureux et l'informent que le comité syndical est
changé, qu'il n'y avait rien à faire avec le comité de
menuisiers de la FTQ, et qu'il l'a personnellement fait changer après
une conversation téléphonique avec M. Roger Lamontagne,
président du Conseil des métiers de la construction. Le nouveau
comité se compose de M. Lavallée de la FIPOE, de M. Lacombe de la
FIPOE, de M. Whitton de la FIPOE, de M. Décary, conseiller juridique de
la FIPOE et du conseil, et de M. Dumoulin. M. L'Heureux et M. Dion sont
reconvoqués pour le 17 octobre 1976. A ce moment-là, on avait
changé d'un comité de menuisiers à un comité
d'électriciens.
Le dimanche, 17 octobre 1976, à 15 heures, M. Laporte et M.
Robert convoquent M. L'Heureux et M. Dion pour compléter le texte sur la
juridiction des manoeuvres et discuter du second point en litige, soit le taux
de salaire qui, d'après la partie syndicale, doit être un minimum,
et, d'après la partie patronale et conformément à la loi,
doit être un minimum et un maximum.
Ici, il faut vous dire c'est un peu aberrant et on a parfois eu
l'air d'être un peu impatients et peut-être un peu durs pour le
ministère que, tout le temps, on avait demandé au
gouvernement de nous donner ce qui était prévu dans la loi sur le
taux de salaire. D'après la loi, est-ce que le taux de salaire
était une disposition du décret, un minimum ou un maximum, ou
est-ce qu'on pouvait faire comme avant, avoir une entente qui permettait de
négocier au surplus?
Le soir du 5 octobre, on avait demandé même à M.
Dufresne de communiquer avec M. Laporte et M. Harvey qui étaient
à Toronto pour qu'on puisse avoir le bénéfice de l'opinion
juridique du contentieux. A ce moment-là, on nous avait refusé
cette opinion. Aujourd'hui, nous sommes ici et nous nous apercevons que la loi,
c'était cela. A ce moment-là, le même ministère et
le même sous-ministre nous ont fait négocier vous allez
voir plus tard que c'était échangé contre autre chose
une disposition alors qu'en réalité le contentieux avait
déjà déclaré qu'elle était là,
qu'elle était légale et qu'elle n'était pas
négociable. On est là-dessus aujourd'hui et c'est l'article
17.01.
Il y a certaines choses qui ont paru aberrantes, à ce moment,
qu'on pense devoir dénoncer ici aujourd'hui. Je continue. Le même
après-midi, à trois heures, le 17 octobre, M. Laporte nous
informe alors d'un léger changement à la conciliation dû
à la prépondérance de la FIPOE sur le comité
syndical. Nous sommes informés, par Gilles Laporte, qu'à moins de
concessions particulières à la FIPOE, cette dernière
s'opposerait à tout projet de convention collective au sein du conseil
et, d'après Gilles Laporte, elle réussira à bloquer tout
projet.
L'AECQ mentionne à Gilles Laporte qu'encore une fois les
règles du jeu sont faussées avec, semble-t-il, l'accord du
conciliateur qui devrait pourtant demeurer neutre. Mais, l'AECQ accepte tout de
même de recevoir les membres de la FIPOE afin de déterminer si
certaines de ses demandes peuvent être acceptées à
l'intérieur du mandat confié au comité patronal. Cela,
c'est le dimanche après-midi. Le dimanche soir, 17 octobre à huit
heures, les comités patronal et syndical, c'est la première fois
qu'on se rencontre, face à face, depuis le vendredi. Les comités
patronal et syndical se rencontrent en présence de MM. Laporte et Robert
et la FIPOE dépose et explique un document comprenant une trentaine de
demandes. On l'a en annexe, ici.
A peu près une heure et demie ou deux heures plus tard, à
dix heures p.m., MM. L'Heureux et Dion se retirent et invitent Gilles Laporte
à la suite de l'AECQ pour l'informer qu'elle est prête,
c'est-à-dire l'AECQ, à considérer les trois ou quatre
demandes suivantes: prime de chef de groupe et de chef d'équipe,
allocation de repas, compagnons juniors, liste d'outils en suspens et une heure
de transport sur le chantier industriel de Montréal-métro. Il
faut vous expliquer, ici, que les plombiers avaient une heure, et les
électriciens, dans l'ancienne clause, avaient une demi-heure plus les
billets d'autobus. A ce moment, cela créait un problème. Alors,
ce qu'on a fait ici, c'était de donner la même clause qu'aux
plombiers pour Montréal, c'est-à-dire, au lieu d'une demi-heure
plus un billet d'autobus, donner l'heure pour essayer de faire une certaine
concordance.
C'est cela qu'on a offert, à ce moment, à dix heures,
à M. Laporte, à condition que ces clauses règlent
l'ensemble des demandes de la FIPOE et, en même temps, le taux de salaire
effectif, le dernier point en litige. On nous disait, à ce moment: Pour
régler le taux de salaire effectif, qu'en réalité on
n'avait pas d'affaire à régler, il fallait donner cela. Le 17
octobre 1976, à onze heures du matin, le lundi matin, la même
journée que les élections
ont été déclarées, M. Gilles Laporte
retourne rencontrer, c'est-à-dire, le soir, je m'excuse, le 17 octobre,
le soir à onze heures, le dimanche soir, Gilles Laporte retourne
rencontrer le comité syndical. Dans la nuit du dimanche au lundi,
à trois heures du matin, le 18 octobre, M. Laporte informe, par
téléphone, MM. L'Heureux et Dion que la discussion se poursuit
avec la partie syndicale, qu'il est pessimiste et qu'il les reverra plus tard
dans la même journée.
Le lundi, à deux heures de l'après-midi, encore là
c'est la journée des fameuses élections, MM. L'Heureux et Dion
sont convoqués par MM. Gilles Laporte et Michel Robert pour apprendre
que, sans augmentation de salaire aux électriciens, la conciliation est
rompue. L'AECQ explique à Gilles Laporte qu'il n'est pas question de
donner aux électriciens des salaires supérieurs à ceux
acceptés par les autres métiers qui avaient parité avec
les électriciens, au 31 juillet 1976, refuse tout compromis et quitte
immédiatement l'hôtel Hilton. A ce moment, on nous dit: Ecoutez,
il n'y a pas de convention, donc il n'y a rien. Alors, on a plié bagage,
on a "checké out" et on s'est en allé.
A trois heures cela était à deux heures, mon bureau
était à côté en entrant à son bureau,
Réal L'Heureux est informé que M. Laporte le cherche partout. Par
téléphone, Gilles Laporte informe Réal L'Heureux que M.
Bourassa veut lui parler. M. Bourassa téléphone et demande
à Réal L'Heureux la raison de l'échec de la conciliation.
Réal L'Heureux informe M. Bourassa que les règles du jeu ont, une
fois de plus, été faussées par le gouvernement qui, comme
par le passé, dans le domaine de la construction en particulier, fait
des lois qu'il n'a pas l'intention de suivre lui-même. Robert Bourassa
informe alors Réal L'Heureux que Gilles Laporte se prépare
à communiquer avec l'Association patronale des électriciens, la
corporation, pour lui faire accepter les augmentations de salaire des
électriciens déjà refusées par l'AECQ.
Réal L'Heureux réplique qu'il ne cédera pas
à ce chantage, que le dossier de la construction est plus important que
les considérations actuelles, et que si M. Laporte court-circuite la
partie mandatée, c'est-à-dire, l'AECQ, en allant à la
corporation, M. L'Heureux démissionnera publiquement et informera les
journalistes des raisons qui motivent sa démission.
Il informe aussi M. Bourassa qu'il a déjà convoqué
une conférence de presse pour le lendemain, 19 octobre, à 11
heures a.m. a l'hôtel Hilton. A ce moment, nous avions convoqué
une conférence de presse, vers les 3 heures de l'après-midi, pour
annoncer, soit qu'il y ait un règlement ou encore annoncer les raisons
pour lesquelles il n'y avait pas de règlement.
Le lundi à 4 heures de l'après-midi, Gilles Laporte
informe Réal L'Heureux que la FIPOE a retiré sa demande
d'augmentation de salaire et M. Laporte ajoute de tenir Michel Dion à sa
disposition pour rédaction du texte du protocole d'entente. Encore
là, pendant les quatre jours, il y avait le comité des trois
Michel, Michel Décary, Michel
Robert et Michel Dion qui avaient commencé du 5 au 8 octobre
à rédiger le protocole d'entente. Il avait toujours
été convenu que, s'il y avait une entente, il y aurait un
protocole d'entente qui serait signé par les trois conseillers
juridiques. C'était une des raisons pour lesquelles ils étaient
là.
A ce moment, M. Laporte m'appelle à 4 heures dans
l'après-midi et me dit: Ecoute, ils ont retiré leur demande, que
Michel Dion soit à notre disposition pour qu'on puisse écrire le
protocole d'entente. Le même soir, le lundi à 8 heures, 18
octobre, M. Laporte demande à Réal L'Heureux, alors à son
domicile, que Michel Dion le rencontre pour rédiger le texte. A 10
heures du soir, Michel Dion téléphone à Réal
L'Heureux à son domicile pour lui demander de se rendre au Hilton, car
d'après lui il ne s'agit plus d'une rédaction de texte, mais de
négociation sur les clauses de la FIPOE. A 11 heures p.m., Réal
L'Heureux assiste Michel Dion dans la discussion des clauses de la FIPOE,
renouvelle l'offre faite la veille, c'est-à-dire les clauses qu'on avait
offertes la veille, et accepte aussi certaines autres clauses qui suivent:
préférence d'embauche du magasinier, prime d'équipe de 6%,
comité de révision des avantages sociaux et comité de
recyclage des électriciens, qui sont des clauses, pour autant qu'on
était concerné, mineures.
Le 19 octobre, à 3 heures dans la nuit cela était
à 11 heures le soir, après cela on s'est en allé dans
notre chambre, le 19 octobre à 11 heures; on a fait
référence à cette conversation chez la partie syndicale
Gilles Laporte convoque MM. L'Heureux et Dion à sa suite
où se trouve également le comité syndical. C'est la
deuxième fois qu'on les rencontre, on les a rencontrés le
dimanche soir puis là on les rencontre pour la deuxième fois. Le
comité syndical informe alors l'AECQ que, pour compléter la
convention, il nous faut accorder deux demandes additionnelles, soit
l'extension en dehors de Montréal, aux électriciens uniquement,
de l'heure pour frais de déplacements et le surtemps à tarif
double pour tous les électriciens sauf dans le secteur
résidentiel. L'AECQ refuse ces demandes qui excèdent son mandat
et demande un ajournement. C'est-à-dire qu'on les refuse sur le champ,
mais on dit: On va aller y penser et on vous reverra. A 3 h 30, la même
nuit c'était vers 3 heures, on s'est en allé dans notre
suite Réal L'Heureux et Michel Dion demandent à M. Laporte
de se rendre à la suite de l'AECQ. Une discussion s'engage sur les deux
demandes de la fraternité. Durant la discussion, M. Laporte mentionne la
prime d'intempéries. Il est alors informé en termes non
équivoques que cette prime n'a jamais été accordée.
Encore là, ici il a été question de deux primes, il y a
une prime qui est une prime de "show-up time", l'article 20.03, qui existe pour
les plombiers et il y a aussi une autre prime qui est une clause
d'intempéries, mais lorsqu'un employé se présente au
travail et qu'il n'a pas été informé, à ce moment,
il a droit à une indemnité spéciale, d'après cette
clause. Il y a aussi une autre clause qui nous avait été
suggérée à 11 heures le soir quand j'étais
allé rejoindre Michel Dion avec Mi-
chel Robert et Gilles Laporte. Cette clause appelle la fameuse clause
d'intempéries où les électriciens nous demandaient de
donner $1 l'heure à des gens qui travailleraient sur un palier
supérieur, sur une dalle de béton ou d'acier. C'est cette clause
que M. Laporte avait dans l'esprit. On va le voir un peu plus tard,
d'après le comité de rédaction, la clause qui avait
été accordée était la clause 20.03, celle où
l'employé se présentait au travail; d'après M. Robert, ce
n'était pas celle-là qui avait été accordée,
c'était l'autre clause, celle d'en haut. On va revoir un peu plus tard,
d'après les gens de la partie syndicale, que c'est aussi confus que
cela. A ce moment, la prime d'intempéries dont on parle, c'est celle
pour les gens qui sont au-dessus. M. Laporte est alors informé en termes
non équivoques que cette prime n'a jamais été
accordée, n'a même pas été négociée et
qu'elle est d'ailleurs inapplicable en pratique. Les deux autres demandes sont
discutées et nous expliquons à M. Laporte que la demande du
surtemps nous amènerait à définir un secteur commercial,
puisque le temps double existe déjà pour le secteur industriel et
qu'il n'est pas demandé pour le secteur résidentiel.
C'est qu'une des deux demandes était pour avoir du temps double
partout, sauf dans le secteur résidentiel. Le secteur industriel l'a
déjà, alors il restait simplement la partie entre les deux
secteurs, le commercial. Nous ne voulions pas commencer à définir
un secteur commercial à 3 heures dans la nuit. C'est ce qu'on dit ici.
L'Heureux et Dion refusent de se lancer sans consultation dans une telle
discussion. Quant à la seconde demande, soit l'extension en province de
l'heure déjà accordée à Montréal pour les
électriciens du secteur industriel, après de longues discussions,
et malgré leur réticence, M. L'Heureux et Dion acceptent d'en
recommander le principe aux membres, si, comme l'avait déclaré la
fraternité, cette concession fait que les électriciens entrent au
travail satisfaits de leur convention.
M. Laporte quitte la suite de l'AECQ et va retrouver le comité
syndical vers 4 h 30. On n'a revu personne à partir de là. Il y a
eu des mentions, ici, qu'on s'était serré la main et que M. Dion
était allé, à 7 heures du matin, confirmer la clause, il
n'y a rien eu de cela. A partir de 3 h 30, la seule autre conversation qu'on a
eue a été à 8 heures du matin, le 19 octobre. M. Gilles
Laporte, par téléphone parce qu'on est restés dans
notre suite, nous autres informe MM. L'Heureux et Dion que l'offre de
l'AECQ est acceptée mais qu'aucune rédaction de l'entente n'est
possible, contrairement à ce qui avait été entendu, parce
que Michel Robert et Michel Décary, qui devaient, avec Michel Dion,
rédiger le protocole d'entente sont déjà, d'après
M. Laporte, partis pour Montréal afin de le rédiger
eux-mêmes. Cette déclaration nous rend d'autant plus perplexes que
M. Décary et M. Robert avaient tous les deux montré des signes
d'épuisement très évidents et qu'il était difficile
de penser qu'ils avaient la capacité physique de retourner à
Montréal à ce moment. M. Laporte, pour sa part, nous informe
qu'il quitte immédiatement le dossier pour celui de
l'Hydro-Québec.
Le 19 octobre 1976, à 11 heures du matin, l'AECQ tient sa
conférence de presse, telle que convoquée, et informe les media
d'information qu'il y a entente verbale mais qu'aucune entente écrite
n'est intervenue. M. Laporte avait déjà émis un
communiqué dans le même sens. Le 20 octobre, l'AECQ est
informée que la partie syndicale se prépare à faire voter
les gérants de locaux à partir d'un document erroné et
incomplet. Un télégramme est adressé immédiatement
à Guy Dumoulin; j'ai ici une copie du télégramme dans
lequel on dit qu'il y a des erreurs dans le texte. Je vais le lire. On va
localiser le télégramme et je vais vous le lire.
Le télégramme envoyé était adressé
à M. Guy Dumoulin et à M. Gilles Laporte. "Nous sommes
informés que les gérants d'affaires des locaux affiliés au
conseil sont à se prononcer sur un protocole d'entente
rédigé uniquement par la partie syndicale et non
vérifié au préalable par la partie patronale. Nous croyons
que ce texte de protocole comporte certaines erreurs et omissions. Nous vous
faisons livrer sans délai les corrections à ce texte de
manière qu'il reflète avec exactitude l'entente intervenue entre
les parties". Quand on mentionne ici qu'on a fait voter des gens sur des choses
qu'on avait données, on leur a dit: Ne faites pas voter vos gens
là-dessus, ce n'est pas cela.
M. Bisaillon: Quelle date? M. L'Heureux: Le 20
octobre.
M. Johnson: Le 19 ou le 20?
M. L'Heureux: Le 19, c'était le mardi. Nous autres on a
su, le lendemain, qu'on se préparait et c'est le 20 octobre que ce
télégramme a été envoyé. C'est à ce
moment-là qu'on a pu le faire. On était censé
écrire un protocole d'entente et, finalement, il n'y en a pas eu. M.
Décary a d'ailleurs avoué que c'était sa faute s'il n'y en
avait pas eu parce qu'à ce moment-là il y avait certains
problèmes.
Le 25 octobre 1976, réunion du comité du secteur
industriel. Dans notre loi, nous, les clauses qui s'appliquent simplement
à un secteur doivent être approuvées par ce secteur
industriel de l'AECQ pour l'acceptation des clauses se rapportant à ce
secteur. A ce moment-là, ce qu'on a fait accepter, c'est la prime qu'on
avait accordée, c'est-à-dire qu'on s'était entendu pour
recommander à nos membres la prime du "travelling time" dans la
province, mais pas comme dédoublement. Encore là, je pense qu'il
est important ici de mentionner que cette prime est accordée à
Montréal, surtout dans les raffineries. Il existe une clause
générale dans le décret pour les frais de
déplacement. Le terme "frais de déplacement", dans le
décret, comprend le temps du transport, les frais du transport et les
frais de séjour. Il existe une clause générale où
tous les métiers ont droit à certains frais de déplacement
qui sont mis là. Il existe aussi des clauses particulières pour
certains métiers.
Entre autres, les plombiers et les électriciens, à
Montréal, avaient une heure pour frais de dépla-
cement; non pas une heure qui s'additionne à des frais de
déplacement, ce n'est pas une heure de prime; ils avaient une heure pour
frais de déplacement. Pour les frais de déplacement, on ne paie
pas une heure de frais de déplacement et aussi les frais de
déplacement, c'est bien indiqué dans la définition de
"frais de déplacement". Nous autres, ce qu'on avait accepté ici,
c'est que cette heure pour frais de déplacement soit aussi
étendue en province. A ce moment-là, naturellement, dans le
texte, on a fait la concordance, c'est-à-dire qu'on a expliqué
que ces frais ne s'appliquaient pas si le gars était en chambre et
pension à côté de l'usine; naturellement, il n'avait pas
son heure de frais de déplacement, il n'en avait pas besoin, on le
pensionnait déjà et ses frais de déplacement
étaient déjà couverts. C'est ce qu'on a fait accepter
à notre assemblée du secteur industriel, les clauses qui se
rapportaient au secteur industriel et celle-là, le 25 octobre.
Le 8 novembre, on a mentionné qu'il y a eu une assemblée.
Lorsqu'on a fait notre assemblée du 25 octobre à Montréal,
il y avait surtout des entrepreneurs de Montréal. Il faut vous dire que
ce n'était pas correct dans le sens que ce qu'on avait accepté,
c'était pour les gens de la province. On nous en a fait le reproche. On
a dit que c'est la corporation qui avait convoqué l'assemblée,
c'est faux. On a d'ailleurs ici le texte de la convocation. C'est l'AECQ qui a
convoqué l'assemblée du 8 novembre.
La corporation a envoyé un mémo à ces gens pour
être bien certaine qu'ils y assistent, parce que c'étaient des
employeurs électriciens qui étaient là. A ce
moment-là, on a fait accepter, non sans difficulté, à nos
membres la fameuse clause de "travelling time". La grosse objection que les
gens avaient, c'était que parfois la clause s'appliquait toute une
journée pour un appel de services de deux heures. Malgré tout, on
a fait accepter par nos membres, à ce moment-là, la clause telle
qu'on l'avait rédigée, c'est-à-dire sans
dédoublement, mais avec le fait qu'il n'y avait pas d'exception pour les
appels de services.
On l'a fait accepter; nos membres l'ont acceptée ni plus ni moins
par solidarité, je pense, pour le comité, plus que pour d'autres
choses. Mais, encore là, il faut vous dire que, d'après notre
loi, c'était simplement une assemblée de consultation. Seule une
assemblée générale dûment convoquée peut
accepter un projet de convention collective dans la loi qui nous a
créés.
M. Chevrette: Le 5 novembre?
M. L'Heureux: Le 8 novembre. Cela a eu lieu ici, à
Québec, parce qu'on voulait donner une chance aux gens qui
étaient en dehors de Montréal. Alors, à ce
moment-là, il y avait à peu près 75 employeurs qui ont
levé la main, du moins, pour se prononcer sur la consultation. Alors,
cela, c'est le 8 novembre.
Il y a eu aussi un comité de rédaction dans le mois de
novembre, parce que là on s'est bien aperçu que les protocoles
d'entente ne concor- daient pas. Alors, il y a eu un comité de
rédaction qui a été formé dans le mois de novembre
et le comité de rédaction était composé de Me
Michel Dion et de son assistant, Jean-Pierre Langlois. J'aimerais aussi qu'ils
vous apportent certaines précisions sur ce qui s'est passé dans
le comité de rédaction.
M. Couture: Est-ce que vous pourriez me donner une
précision, s'il vous plaît? La prime de déplacement
effectivement avait été votée majoritairement par ce
groupe le 8 novembre.
M. L'Heureux: En fait, la prime de déplacement telle que
vous l'avez, je vais y revenir, si vous le permettez, M. le ministre. Le 24
novembre, on a mentionné qu'on a envoyé, nous, une
résolution du conseil d'administration à M. Dumoulin pour lui
dire ce qu'on accepterait dans notre protocole d'entente, puis ce qu'on
n'acceptait pas dans le sien. Alors, c'est cette clause-là, telle
qu'elle est rédigée le 24 novembre, qu'on a fait accepter par nos
membres. Encore là, je dois vous dire que c'était une
consultation qui se faisait au niveau des employeurs les plus directement
impliqués, mais ces employeurs étaient aussi à
l'assemblée du 1er décembre. Les mêmes employeurs qui
étaient là étaient aussi à l'assemblée du
1er décembre. Mais le 8 novembre, les gens qui se sont prononcés,
ce sont les gens les plus directement touchés, du moins je le suppose,
parce qu'on avait convoqué tout le monde. J'imagine que ce sont ces
gens-là qui sont venus.
Eux se sont prononcés, je pense, à 47 contre 25, quelque
chose comme cela, pour l'acceptation de la clause, mais telle qu'elle
était rédigée par la partie patronale. Il n'y avait pas de
clause d'intempéries; il y avait strictement la clause de "travelling
time", qui ne se dédoublait pas avec les véritables frais de
déplacement. Est-ce que cela répond à votre question.
M. Couture: Jusqu'à nouvel ordre, oui.
M. Dion: Alors, je reprends. Donc, ce sont deux étapes, 3,
4 et 5 novembre, 17, 18 et 19 novembre et je procède de la même
façon, je lis le texte pour être certain qu'on donne les
détails précis. Alors, suite à l'entente qu'il y avait eu
au Hilton, les parties avaient chacune écrit leur version de l'entente.
Vous avez appris tantôt que la partie syndicale avait écrit la
sienne et nous, constatant des erreurs et omissions, nous avions écrit
notre version de l'entente. Il fut convenu qu'un comité de
rédaction se réunissait, MM. Langlois et Dion
représentaient la partie patronale et MM. Décary et Dumoulin
représentaient la partie syndicale. Nous allions travailler devant
Pierre Du-fresne qui était le conciliateur et Michel Robert.
Ce comité se réunit d'abord les 3, 4, 5 novembre 1976 et,
dès le 4 novembre, il apparut très clairement qu'outre quelques
articles mineurs de concordance, ou à corriger, la publication des
nouvelles définitions de manoeuvres et certaines primes aux
électriciens représentaient les princi-
paux points d'accrochage. La question des manoeuvres fut
réglée sur la base de la lettre d'entente; le sujet, c'est
l'article 28 du protocole d'entente. Quant aux électriciens, la partie
syndicale prétendait les deux points suivants: que l'heure de transport,
le "travelling time" dans toute la province avait été
donnée sans restriction quant au dédoublement de cette
indemnité avec les autres indemnités de transport, ce que M.
L'Heureux vient de vous expliquer, soit la non-application de deux clauses en
même temps. Deuxièmement, les deux primes d'intempéries
suivantes avaient aussi été données. La première,
c'était la prime de $1 l'heure qui a été accordée
pour le travail sur le béton et les structures d'acier, une prime en cas
d'intempéries, et la deuxième, une indemnité de
présentation au travail pour les électriciens, la clause qui est
mentionnée à 20.03 du décret.
M. Décary déclare qu'il n'est pas certain quant à
l'indemnité 20.03 cela, c'est au moment où on travaille en
comité mais que Jean Lavallée de la FIPOE lui affirme que,
soit M. L'Heureux ou soit M. Dion a donné l'autre prime, celle de $1
l'heure, donc la prime sur les structures d'acier et de béton.
Quant à Michel Robert, il explique que, sur les notes qu'il a
prises au Hilton, il a inscrit "non" à côté de la prime
d'indemnité de $1, donc que la prime n'avait pas été
donnée. Mais dans les derniers moments, il a inscrit "oui"
là, il se réfère à un texte qu'il a pour les
électriciens donc, M. Robert prétend qu'il y a eu
correction et que la prime aurait subséquemment été
donnée.
Pour ce qui est de l'autre prime, celle de 20.03, M. Robert dit penser
qu'elle n'a jamais été donnée. Le 5 novembre, les parties
font à nouveau l'inventaire des points en litige, et pendant ce temps,
M. Robert communique avec Gilles Laporte qui l'informe que, selon lui, ce n'est
pas la prime de $1 qui a été donnée, mais bien la prime
20.03. On essaie évidemment de faire cela le plus clair possible. Il y a
trois primes: présentation au travail, c'est 20.03; prime de "travelling
time", c'est la prime qui existait pour les tuyauteurs, c'est
l'indemnité de frais de déplacement; et la troisième
prime, c'est la nouvelle prime de $1 sur les structures de béton. M.
Robert dit, dans ses notes: C'est celle sur les structures de béton, et
M. Laporte répond au téléphone: Non, ce n'est pas
celle-là, c'est la première, c'est l'heure "show up time", le
matin.
Après avoir constaté la même impasse, les parties
conviennent de faire rédiger un procès-verbal par M. Robert. Ce
document expliquerait en détail les points où il y a accord et
ceux où il y a désaccord et il serait signé par les
parties comme simple constat des faits. Encore une légère
parenthèse: il y a un point qu'il faut peut-être souligner ici.
C'est qu'une seule des clauses est acceptée par l'ensemble des parties,
c'est la prime de "travelling time". Il est question que la prime de
"travelling time" ait été donnée. Nous disons qu'elle a
été donnée avec dédoublement. La partie syndicale
dit: Elle a été donnée, d'accord. Pour les deux autres,
c'est la confusion complète. Un dit que c'est une qui a
été donnée, l'autre dit que c'est l'autre.
Nous constatons que le conseil rejette les articles 3 et 17 qui se
réfèrent à un protocole d'entente qui avait
été préparé par la partie patronale, soit ceux qui
sont relatifs au taux de salaire. Donc, il y avait une relation avec le taux
maximum-minimum, taux de salaire effectif.
M. Chevrette: A quelle date le protocole a-t-il été
préparé par la partie patronale?
M. Dion: La partie patronale a préparé le protocole
un peu avant le début de novembre. Ce serait à peu près
à la date où on a avisé la partie syndicale, entre le 20
octobre et le 3 novembre. C'est dans cette période qu'il a
été préparé.
M. Chevrette: Cela pourrait être le 28 octobre?
M. Dion: Cela pourrait être la fin... Je ne sais pas si la
date est mentionnée sur le document. C'est entre le 20 octobre et le 3
novembre que ce document a été préparé parce que
dans le document on annonçait que nous faisions notre protocole
nous-mêmes, que nous allions le rédiger. Donc, le protocole a
été rédigé dans les jours qui ont suivi le
télégramme. La première version parce qu'il y a eu
deux versions de ce protocole est datée, pour nous, du 21
octobre. C'était global. Tout était compris dans ce protocole.
Dans la deuxième version qu'on a faite, on a séparé le
protocole en quatre parties. Il y avait l'entente générale du
protocole et trois ententes de tables particulières: les ascenseurs, les
électriciens et les monteurs de lignes.
Le protocole était le même que celui du 21, mais
divisé en quatre parties. Alors, deuxième version, 4 novembre
1976. C'est-à-dire, celle qui était en quatre parties, c'est
celle du 4 novembre 1976.
Après avoir constaté l'impasse, les parties conviennent de
faire rédiger donc, nous avions l'intention de faire un constat
de la situation devant l'impasse le procès-verbal qu'on voulait
faire rédiger en présence de M. Robert. Nous constatons que le
conseil rejette les articles 3 et 17, soit ceux relatifs au salaire. Devant ce
fait, nous décidons de retenir le rapport final de la table
particulière des électriciens. D'ailleurs, vous allez comprendre
pourquoi il y a eu deux protocoles du côté patronal. Le premier
était un protocole global. Le deuxième était le
même, mais divisé en quatre parties qui comprenaient les trois
tables particulières. Or, comme le règlement de la table
particulière des électriciens si on peut l'appeler de
cette façon était fait en considération du
règlement des taux de salaire effectif, minimum-maximum, comme
maintenant ils refusaient ce règlement, on a retiré le rapport
des électriciens en disant: Cela a été donné en
contrepartie de cela. Si vous n'acceptez pas la contrepartie, on retire le
rapport de la table des électriciens. C'est pour cela que le protocole
avait été divisé en quatre, pour être capable de
compenser l'échange qui était fait au moment des
négociations.
Notons que M. Michel Décary déclare, pendant cette
révision du protocole, qu'il ne parafera pas l'article 27 "arbitrage et
manoeuvre", texte qu'il avait lui-même inclus dans sa version du
protocole.
A ce moment, le texte disait exactement ce que je lis actuellement au
texte du décret. C'est que le sous-annexe B de l'annexe B devait
être reproduit au décret jusqu'à ce qu'il y ait des
changements qui pourraient découler d'un arbitrage.
Eux autres prétendaient à ce moment qu'on ne devait pas
écrire au décret les définitions, mais attendre que
l'arbitrage s'effectue.
MM. Dion et Langlois ont eu en leur possession deux protocoles pendant
quelques minutes. C'est peut-être un point important qui ressort des
déclarations qui ont été faites par les gens de la partie
syndicale. C'est qu'il y a eu deux protocoles du côté syndical ou
du moins on doit présumer qu'il y a eu deux protocoles. Il y a eu un
protocole partiel sur les ententes qui auraient été faites avec
les gens des métiers généraux, tous les autres, sauf ceux
de la FIPOE. Ce protocole, c'est celui-là sur lequel, le 20, on a
envoyé un télégramme disant qu'il y avait des erreurs et
des omissions.
Il semble qu'il y avait un deuxième protocole qui ne regardait
que les points des électriciens. Ce document, nous disions, Dion et
Langlois: On a eu en notre possession un document pendant quelques minutes, un
document préparé, semble-t-il par M. Décary, qui devait
contenir les clauses obtenues par la FIPOE au Hilton.
Notons que ce document n'accompagnait pas celui présenté
au gérant des locaux de la FTQ. C'était un deuxième
protocole séparé du premier que nous avons reproduit en annexe
2B, alors à ce moment, nous avons eu seulement le premier protocole, on
n'a jamais eu en réalité le deuxième plus de quelques
minutes. Sur ce protocole...
M. Couture: Qu'est-ce que vous entendez par quelques minutes?
M. Dion: C'est qu'on nous a distribué ce document, M. le
ministre, et on nous l'a retiré, séance tenante. Vous allez
comprendre dans quelques secondes pourquoi. C'est que, séance tenante,
on nous a retiré le document en disant que c'était une erreur ou
autre chose. Sur ce document, le premier article qui apparaissait en
tête, c'était écrit: Trois lettres de modifications
à la loi. C'est le document qui avait été
préparé par la partie syndicale à l'intention des gens de
la FIPOE. On apprenait, en lisant ce document et autres choses qu'il y avait
là-dessus, qu'il y avait trois lettres de modifications à la loi.
C'était cela qui était écrit au premier article. Je ne
sais pas la raison pour laquelle, séance tenante, ils ont retiré
le document. C'est peut-être parce que cela nous apprenait des choses qui
ne nous étaient pas officiellement connues à ce moment.
Nous ignorons le contenu de ces trois lettres. On ne sait pas qui a
promis à la FIPOE trois lettres, mais on sait qu'il y avait de
mentionné, sur le document, trois lettres de modifications à la
loi.
Constatant l'impasse et l'effet de ce que les articles ne seront pas
parafés, M. Michel Robert refuse de remettre le procès-verbal de
la rencontre à l'AECQ et présumément au conseil. Comme on
le disait au début, on préparait, à ce moment, un
procès-verbal de la situation. Mais, comme la situation n'arrivait pas
à la limite qu'on voulait, c'est-à-dire un règlement, il y
a eu refus de M. Michel Robert de nous remettre le document de
procès-verbal.
Le 17 novembre, MM. Gilles Laporte et Michel Robert rencontrent
séparément les mêmes représentants patronaux et
syndicaux. Nous passons en revue, avec eux, tous les articles du protocole
d'entente et M. Gilles Laporte nous déclare alors qu'il y a impasse et
qu'il devra probablement recommander au ministre Couture d'imposer un
décret. M. Laporte était présent à ce moment le 17
novembre.
M. Chevrette: On a été élu le 15 novembre.
Le ministre a été nommé le 26 et moi le 26 comme adjoint.
Cela ne marche pas votre affaire.
M. Couture: Cela n'arrive pas. Le 17 novembre je n'étais
pas ministre.
M. Chevrette: C'est plutôt décembre?
M. L'Heureux: Le 18 novembre, j'ai parlé à M.
Laporte au téléphone.
M. Dion: II faudrait peut-être l'exclure du texte, nous
autres on ne savait pas que c'était le ministre Couture qui serait
nommé. Peut-être qu'on a voulu identifier dans le texte que le
ministre était M. Couture, qui n'était pas connu à ce
moment...
M. Chevrette: II était présumé.
M. Dion: ...mais qu'il recommanderait au ministre...
M. L'Heureux: On l'a mis entre parenthèses.
M. Dion: Ce qu'on voulait dire c'est qu'il recommanderait au
ministre du Travail qui sera effectivement nommé.
M. Couture: Quand les notes ont-elles été
écrites?
M. L'Heureux: Le 17 novembre.
M. Dion: Quand on a écrit ces notes qu'on lit
actuellement, vous étiez élu et vous étiez
déjà ministre à ce moment. Donc on a pu identifier le mot
ministre par le mot Couture.
M. Couture: Cela me rassure.
M. L'Heureux: Cela a été écrit en
janvier.
M. Dion: On doit dire qu'on n'avait pas d'information
spéciale.
M. Laporte soulève les trois points suivants: les trois
clauses d'électriciens, les corrections à l'entente des
ascenseurs et la correction à l'entente des monteurs de lignes. Donc, il
y avait trois points qui étaient en suspens lorsqu'on siégeait
à ce moment. Nous demandons une suspension des discussions vers midi
après l'avoir informé que les clauses additionnelles ne pouvaient
être acceptées, autrement dit on essayait d'ajouter encore
à la négociation.
Nous étudions la situation et venons à la conclusion qu'il
y aurait avantage à concrétiser la situation dans un document. A
ce moment-là, nous sommes au ministère, en présence du
sous-ministre, M. Laporte. Les échanges de points de vue laissent croire
à l'impossibilité de procéder de cette façon,
c'est-à-dire avoir un texte concret de la situation, et nous attendons
dans l'antichambre du ministre. Pendant que nous attendons, nous avons
connaissance qu'il se fait des communications entre le représentant du
ministère et la Corporation des maîtres électriciens.
Devant cette situation de communications qui passaient à
côté de l'AECQ, on s'apprête, M. Langlois et M. Dion,
à quitter les lieux. Cependant, M. Laporte s'était probablement
rendu compte qu'on avait eu connaissance de ce qui se passait dans son bureau
et il nous a demandé d'être disponibles. Nous avons quitté
en lui laissant l'information qu'on s'en allait au restaurant, et pendant qu'on
était au restaurant, il y a eu au moins trois à quatre appels de
M. Laporte qui tentait de régler les trois clauses. Il faisait mention
de l'abandon de la clause de présentation, c'est-à-dire la clause
de "show up time", le 2003, et cherchait une solution à la prime
d'intempérie en modifiant le texte ce sont des conversations
téléphoniques et ce sur quoi nous enregistrons notre
refus. A plusieurs reprises, il fait allusion au précompte des
cotisations syndicales que nous affirmons dépendre totalement de la
signature de la convention. A ce moment-là, les syndicats ne recevaient
pas le précompte syndical, et il semble que cela commençait
à faire des pressions sur la partie syndicale. M. Laporte voulait
s'assurer qu'advenant un règlement le précompte syndical pourrait
se faire et que les syndicats recevraient de nouveau leurs cotisations.
Le 18 novembre, vers 17 heures, nouvelle convocation de M. Laporte. Il
dit que la FTQ a un document qu'ils sont prêts à signer. M. Dion
et M. Langlois étudient le document et constatent qu'il contient
certaines nouvelles erreurs mineures, et la position syndicale sur les
principaux points en litige, prime et indemnité d'électricien.
Des discussions informelles s'engagent, entre autres, au sujet de la date
d'entrée en vigueur de la convention, de la rédaction du
comité de recyclage des électriciens et de la liste d'outils des
électriciens. Sur les points en litige, M. Laporte dit qu'il n'est pas
certain qu'une prime d'intempéries a été donnée
mais que la concession sur l'heure de transport consistait simplement à
accorder aux électriciens la même clause que celle des plombiers
avec, en plus, une portée provinciale. Donc, il disait que la clause
avait été accordée avec dédoublement.
Devant le refus de M. Dion et de M. Langlois, M. Gilles Laporte dit que
cela risque de tourner mal sur les chantiers. Il note au conseil provincial
on avait eu l'information qu'il y avait une réunion le 19,
et que les gens de la ligne dure, les partisans, risquaient de reprendre le
pouvoir si M. Dumoulin et M. Décary n'arrivaient pas à un
document quelconque démontrant qu'il y avait une entente. Il y avait
donc pression de l'autre côté, et avant de faire rapport au
sous-ministre, M. Laporte, il voulait être sûr que la position de
l'AECQ était celle que M. Dion et M. Langlois mentionnaient à ce
moment-là. Il nous a demandé de rejoindre M. L'Heureux qui
était à Miami, en Floride, ce que nous avons fait à 22
heures, et la conversation a été entre M. Laporte et M.
L'Heureux. Elle a duré plus d'une demi-heure, et après cette
conversation d'après la déclaration de M. Laporte à
la suite de l'appel téléphonique M. Laporte nous a dit que
c'était la même position et qu'il ne restait plus rien à
faire. Donc, c'était la même position que nous, que les clauses ne
pouvaient pas être données et ajoutées au document et que
la clause de "travelling time" devait avoir le non-dédoublement.
M. Laporte est revenu en disant qu'il pouvait tenter de rejoindre la
corporation des électriciens. C'était encore le même
système, on tentait de rejoindre une partie qui n'était pas
l'AECQ, autrement dit pour passer à côté de l'AECQ, pour
voir s'ils accepteraient les clauses. Nous lui avons dit que les entrepreneurs
électriciens et même la CMEQ, la Corporation des maîtres
électriciens, trouvaient que l'AECQ avait déjà trop
concédé aux électriciens. C'était d'ailleurs une
réaction qu'on avait eue aux assemblées consultatives, entre
autres, celle de Québec. Nous lui disons que cela ne changerait rien
même s'il y avait l'approbation de la corporation des électriciens
parce que c'est l'AECQ qui avait le pouvoir de négocier, et vers 5
heures du matin, le 19 novembre, M. Laporte nous dit que M. Dumoulin propose le
règlement suivant: Signer lui-même un document reproduisant, en
plus des clauses où il y a accord, l'heure de transport dans toute la
province sans la restriction du dédoublement; sur une feuille
séparée, la prime d'intempéries d'un dollar en indiquant
que cette dernière ne pourrait entrer en vigueur avant d'avoir
été acceptée par l'assemblée générale
de l'AECQ. Il proposait donc de rédiger un document, d'y mettre la prime
de "travelling time" sans notre restriction de dédoublement, et de
mettre sur une feuille séparée la prime qu'il prétendait
avoir eue jusqu'à ce que l'assemblée générale de
l'AECQ puisse se prononcer.
Ils étaient prêts à signer un tel document, si Dion
et Langlois s'engageaient par écrit à soumettre le tout à
leurs mandants. Dion et Langlois répètent qu'une réunion
du conseil d'administration de l'AECQ est prévue pour le 24 novembre.
Ils déclarent qu'il serait bon que la partie syndicale arrête sa
position par écrit et qu'ils n'ont pas d'objection à
écrire qu'ils vont soumettre la position syndicale
aux administrateurs de l'AECQ. Cela a été une chose
très claire entre les gens de la partie syndicale, le ministère
et nous, que nous, on s'engageait à amener cela devant nos
administrateurs, parce qu'à ce moment ce n'est pas nous qui avions
d'autre mandat.
MM. Langlois et Dion insistent auprès de MM. Laporte,
Décary et Dumoulin sur le fait qu'ils ont été
mandatés par le conseil d'administration de l'AECQ et que ce conseil va
assurément rejeter le document syndical, puisqu'il contient les clauses
d'électriciens refusées par l'AECQ. A ce moment, on tentait de
faire valoir qu'en faisant un document dans lequel seraient incluses les
clauses, il est évident qu'on s'en allait vers un rejet de la
proposition syndicale. La note c'est la prime de $1, c'est-à-dire
la prime sur les structures de béton et d'acier n'avait pas
été séparée du texte, même si on nous avait
souligné au départ que la prime serait dans un texte
séparé. Le texte qui nous a été
présenté par le sous-ministre, venant de la partie syndicale, ne
faisait pas un texte à part avec la prime de $1.
Toutefois, MM. Dion et Langlois expliquent à la partie syndicale
et au représentant du ministre que, si c'est là la position de la
partie syndicale, elle est libre de l'exprimer comme elle l'entend. Vers six
heures du matin, le 19 novembre, la partie syndicale a signé le
document, M. Dumoulin a signé le document, et la partie patronale s'est
engagée dans un document, par écrit, à soumettre à
ses mandants la proposition syndicale. Le rejet du document syndical par le
conseil d'administration, l'injonction par la FTQ, le rejet du document
syndical, etc., la signature de l'entente, le 3 décembre. Je vous rends
la parole.
M. L'Heureux: Pour faire suite à cela, le 24 novembre, le
conseil d'administration a tenu son conseil. On a eu le rapport du
comité de rédaction. Le comité de rédaction nous a
soumis le rapport de la partie syndicale. Il faut vous dire que, d'après
notre loi, pour convoquer une assemblée générale, cela
prend trois semaines d'après nos délais. On avait convoqué
une assemblée générale le 1er novembre pour être
tenue le 2 décembre. A ce moment, c'était le 24 novembre, il
était encore temps pour nous de l'annuler. On a envoyé, le 24
novembre j'ai une copie ici à M. Guy Dumoulin une copie de
résolution. Sur-le-champ, on lui a fait livrer une résolution.
Dans la résolution, on lui dit que, si on n'enlève pas certaines
clauses qui sont dans son projet, on ne soumettra pas le projet à nos
membres, à notre assemblée générale. Et puis, on
récrit à l'article des frais de "travelling time", les fameux
frais de transport, comme il avait été accepté par nos
membres, Ie 8 novembre, comme il avait été soumis à notre
comité du secteur industriel, le 25 octobre.
La partie syndicale, en réponse, émet une injonction,
c'est-à-dire qu'elle s'adresse aux tribunaux pour forcer la partie
patronale à soumettre son projet à nos membres. En fait, cela a
été remis et cela est passé devant le juge Bisson le 30
novembre. Cela faisait jurisprudence, à ce moment. Il n'y avait pas de
cas où une partie avait forcé par injonction une autre partie
à soumettre le projet de la deuxième partie à ses membres.
De toute façon, il y a un jugement qui a été rendu le 30
novembre. J'en ai une copie ici et ce n'est pas tellement long: "Ordonne aux
intimés c'est-à-dire aux représentants de l'AECQ
leurs représentants préposés et agents de ne pas
annuler l'assemblée générale des membres de l'AECQ
convoquée pour le 30 novembre et le 1er décembre parce
qu'on en avait une à Montréal, une journée, et à
Québec, une autre journée ordonne à ces mêmes
personnes, de soumettre alors pour acceptation ou refus, avec les
recommandations qu'ils jugent appropriées, le projet R-3 auquel
réfère le protocole R-2". On nous demandait, ni plus ni moins, de
soumettre à nos membres en assemblée générale le
projet tel quel de la partie syndicale.
Effectivement, c'est ce qu'on a fait. On a tenu une assemblée
générale à Québec le 30 et à
Montréal, le 1er. Même si le juge ne l'avait pas ordonné,
on a engagé un huissier. On voulait être bien certain que tout se
déroule normalement; alors, on a engagé un huissier qui a
assisté aux délibérations. Tout a été
enregistré. Le huissier a aussi assisté au décompte qui se
faisait sur une base secrète, scellé les boîtes, à
Québec, le 30 novembre, apporté tout cela à
Montréal le 1er et il a assisté au dépouillement.
D'ailleurs, on a son rapport ici. On a le rapport de l'huissier pour
décrire cela.
A l'assemblée du 30 novembe, comme M. Décary l'a
mentionné, il y a eu deux votes. Il y a eu le vote qui était
prévu par la loi sur la convention collective, qui s'est fait sous forme
secrète.
Il y a aussi un autre vote, une résolution qui a
émané de la salle, qui a émané d'entrepreneurs
électriciens à Québec et aussi à Montréal
qui disait que si le vote secret était pour le rejet de la convention
collective soumise par la partie syndicale, on nous donnait un nouveau mandat
pour poursuivre les négociations.
Je vais vous lire la résolution. Cela a été
proposé par M. Jean-Louis Auger, appuyé par M. Lionel
Saint-Amour: "Advenant que l'assemblée générale des
membres rejette la proposition syndicale, lors du vote tenu le 30 novembre et
le 1er décembre, que toute offre ou proposition ultérieure de
l'AECQ à la partie syndicale soit soumise aux restrictions suivantes
quant au métier d'électricien ce sont des
électriciens qui étaient dans la salle qui ont proposé
cela à Québec et à Montréal
premièrement, que le texte ne puisse mentionner les initiales FIPOE
comme signifiant les travailleurs du métier d'électricien
c'est une chose mineure que la prime d'intempéries ne puisse
être incluse, et troisièmement, quant à l'article 25.16
relatif à une indemnité d'une heure pour frais de
déplacement sur les chantiers industriels, que la position de l'AECQ
soit de conserver le statu quo de l'ancien décret ou encore d'accorder
aux électriciens une heure d'indemnité dans les mêmes
conditions que celles présentement offertes aux tuyauteurs. Ce que cela
veut dire c'est qu'on a informé notre assemblée que le
comité restreint avait accordé la prime de "travelling
time" mais sans dédoublement. On l'avait informée le 25 octobre,
on l'avait aussi informée le 8 novembre. Ces gens l'avaient
acceptée parce qu'apparemment c'était une des conditions
pour qu'il n'y ait plus de trouble avec les électriciens et que cela
aille bien sur les chantiers.
Face au fait que la partie syndicale s'est adressée aux tribunaux
pour essayer de mettre en minorité, parce que le jeu de la partie
syndicale était bien claire, c'est qu'à ce moment, on avait une
convention collective soumise à notre assemblée
générale qui était acceptable pour tout le monde, sauf
pour les employeurs électriciens du secteur industriel. Chez nous, ils
sont une minorité. Ce qu'on voulait, c'était de mettre ces gens
en minorité dans une assemblée générale pour que le
reste dise: Ecoutez, on a un conflit qui dure depuis assez longtemps, si ce
n'est que pour cela, le reste fait notre aff ai re, alors on va le voter. Mais
ce n'est pas cela que les gens ont fait. Les gens ont voté en vote
secret, surveillé par un huissier, à 833 contre 17 pu is
je vous dis qu'il y avait beaucoup plus que 17 électriciens dans la
salle, 12 contre à Montréal, 5 contre à Québec
en faveur du rejet complet de la convention collective. Ont aussi
voté, à main levée, avec deux personnes seulement contre,
dans les deux assemblées tout ceci est enregistré
que le mandat maintenant du comité de négociation était de
ne pas inclure la prime d'intempéries, ce qu'on leur avait dit qu'on
n'avait pas fait, non seulement cela, de ne pas donner la prime de "travelling
time" qu'on avait accordée, nous, en comité restreint, sous une
forme. Ceci c'est le voeu de l'assemblée générale.
Je dois vous dire que le juge avait été bien
spécifique MM. Décary et Dumoulin pourront vous le dire
lorsqu'il avait blâmé les administrateurs de
présumer de l'assemblée générale. Le juge Bisson
nous avait dit: C'est l'assemblée générale qui est
souveraine, c'est elle qui, par la loi, est souveraine, c'est elle qui va
décider ce que vous acceptez et ce que vous refusez. La partie syndicale
qui demande par injonction qu'on soumette cela à notre assemblée
a eu sa réponse de l'assemblée.
Maintenant, on demande au ministre de remplacer notre
assemblée.
M. Couture: Est-ce que vous aviez fait une recommandation
à votre assemblée?
M. L'Heureux: Oui, comme le juge nous l'avait dit. Le juge avait
été bien clair là-dessus. Il a dit: Naturellement, on ne
peut pas demander au comité de recommander ce sur quoi il n'est pas
d'accord. Mais, a-t-il dit, vous allez le soumettre, puis c'est eux autres qui
vont décider. Nous avons recommandé, d'une façon non
équivoque, à notre assemblée d'être solidaire des
employeurs électriciens à qui on imposait des primes, puis de
refuser la convention collective telle qu'elle était proposée par
la partie syndicale.
M. Couture: Maintenant, ce que vous aviez accepté
auparavant, cette prime de déplacement, sans le "travelling time", sans
dédoublement, est-ce que vous avez recommandé son acceptation par
l'assemblée?
M. L'Heureux: Non, à ce moment, on ne pouvait pas. Notre
intention, M. Couture, était de soumettre notre convention collective
à l'assemblée. C'est la raison pour laquelle on l'avait
convoquée.
Dans la convention collective, il y avait la prime. D'ailleurs, le 24
novembre, quand on l'a envoyée à la partie syndicale, de la
façon qu'on l'avait proposée, de la façon qu'on l'avait
soumise aux deux assemblées de consultation, sans dédoublement,
c'était notre intention de la soumettre à l'assemblée et
de recommander son acceptation. On pense que, par solidarité, ils
l'auraient acceptée, à ce moment, même si cela ne faisait
pas l'affaire de ceux qui étaient directement visés.
Mais, au moment où on a tout court-circuité cela, on nous
a dit: Ce n'est pas votre proposition que vous allez soumettre à la
partie syndicale, le juge a déclaré que c'est ta proposition
syndicale telle quelle que vous allez soumettre. C'est celle-là qu'on a
soumise. Nous avons fait les commentaires qui s'imposaient et la partie
patronale a refusé à 833 contre 17. Comme le veut la loi, le
quorum est de 500. Un vote secret organisé sous une forme simple, aussi
le vote pondéré pour qu'on sache si c'étaient les gros ou
les petits entrepreneurs qui votaient pour ou contre. On a tout fait cela et on
a un rapport de l'huissier qu'on peut vous remettre.
C'est ce que l'assemblée générale a dit.
M. Couture: Votre analyse je ne porte pas de jugement
là-dessus ni du côté syndical ou du vôtre
serait-elle que l'injonction vous a un peu bloqués pour recommander des
choses qui auraient peut-être été plus loin que ce qui a
été rejeté?
M. L'Heureux: Je ne sais pas, je vais continuer de
répondre à la question. Notre intention, M. Couture, quand on
avait accepté, il faut vous dire que quand on a rencontré les
gens de la FIPOE à 3 heures dans la nuit, le fameux soir du 18 au 19, on
nous avait dit: Ecoutez, tes gars, vous n'avez jamais signé avec nous
autres. C'est vrai qu'on est dur en négociation, mais, quand on a fini,
on respecte notre parole et cela va bien aller. Il n'y a pas de
problème, donnez-nous ce qu'on veut et, au moins, on va avoir quelque
chose à donner à nos gars qui sont en grève depuis le 5
novembre. A ce moment-là, il n'y aura pas de problème. C'est ce
qu'on nous avait dit. Il n'était pas question de retourner au travail,
on savait, à ce moment-là, qu'il n'y avait pas d'autre choix que
de retourner au travail, la grève n'existait nulle part, sauf à
Montréal, et on avait déjà déclaré, une
semaine avant, qu'à Montréal on ferait le nécessaire pour
ouvrir le chantier les 18 et 19 novembre. A ce moment-là, il n'y avait
plus de grève et la pression n'était certainement pas sur nous
autres mais on pensait qu'en accordant quelque chose les électriciens
rentre-
raient au travail avec la satisfaction, au moins, d'avoir fait une
grève pour quelque chose. Du côté des employeurs,
c'était peut-être une pénalité à payer pour
avoir la paix sur leur chantier.
Ce qui est arrivé, ce n'est pas cela. Nous, de l'AECQ, avions dit
à nos membres: II ne faut pas payer les nouveaux taux de salaire tant
qu'ils ne seront pas acceptés par la loi anti-inflation. Ce que les
électriciens ont fait cela nous a été
rapporté le 8 novembre l'urgence ne retournait pas au travail
à moins qu'ils n'aient les nouveaux salaires, ceux qui n'étaient
pas acceptés par la loi anti-inflation et que l'association chez nous...
D'ailleurs, on a certains entrepreneurs qui ont paradé au comité
de discipline à cause de cela. On s'est aperçu, en
réalité, qu'on avait fait une concession pour obtenir une
certaine paix qui n'existait pas. De toute façon, la clause qu'on
était prêt à recommander à nos membres, c'est la
clause qu'on avait signée. Le 8 novembre, on l'avait fait accepter sans
la restriction pour les "service calls" même si c'était une
objection majeure. On a dit: C'est celle-là qu'on a donnée; si
vous voulez renvoyer le comité de négociation, refusez-la. Celle
qu'on a recommandée, celle qu'on a accepté de recommander, c'est
celle-là, sans "service call". A ce moment-là, pour les appels de
service, le texte a été modifié simplement dix jours
après, le 17 ou le 18 novembre. C'est certain que l'injonction a tout
faussé le système. A ce moment-là, on nous a forcés
à présenter le projet de l'autre partie. Remarquez bien que
depuis le mois d'août on demandait que ce soit fait de l'autre bord. On
demandait que le vote de l'autre côté soit fait sur notre
proposition. On nous disait, de l'autre côté: Nos membres, c'est
nous autres qui les consultons, ce n'est pas vos affaires. A ce
moment-là, le juge nous force à faire exactement le contraire
vis-à-vis de nos membres. Est-ce que je peux continuer?
Le 1er décembre on a eu nos assemblées. Le 2
décembre, on a fait une conférence de presse. On a
déclaré à la presse que la partie patronale, maintenant,
avait un nouveau mandat et qu'on était prêt à s'asseoir
avec la partie syndicale. La partie syndicale nous accusait de retarder les
augmentations de salaire, de retarder les précomptes syndicaux. A ce
moment-là, on a fait savoir publiquement que, si c'étaient les
augmentations de salaire, on était prêt à s'asseoir et les
négocier et que, si c'était le précompte syndical, on
était prêt à remettre cela en vigueur. Mais, si on voulait
simplement privilégier une minorité d'électriciens aux
dépens du reste, c'était à la partie syndicale de prendre
ses responsabilités.
Effectivement, le lendemain, le 3 décembre, on a eu une
convocation de M. Laporte et on s'est présenté au
ministère du Travail. A ce moment-là, la partie syndicale a
retiré les demandes de la FIPOE. M. Roger Lamontagne était
là et il a retiré les demandes de la FIPOE; il y a eu un
protocole d'entente de signé et la FIPOE a dit: On enregistre une
dissidence, on va demander une commission parlementaire et on est en commission
parlementaire, ici. Le projet de convention collective, qui a été
signé le 3 décembre, a été fait à la demande
de la partie syndicale et du ministère. Cela a été soumis
à nos membres, le 22 décembre, parce qu'il fallait encore trois
semaines pour reconvoquer nos membres. On l'a soumis le 22 décembre et
le 23 décembre on l'a accepté.
Toutes sortes de choses ont été dites, j'aimerais
résumer les points essentiels. C'est une analyse que je fais
moi-même. Le comité restreint a accepté l'une des trois
primes, pas dans la forme qui a été écrite, mais dans la
forme de notre texte du 24 novembre. Il est certain que le comité
restreint a accepté d'en recommander l'application à ses membres
sans dédoublement. On a relu les déclarations de la partie
syndicale de vendredi et on a de la difficulté je vais souligner
certaines choses à suivre la logique de certaines
déclarations. Dans le cas des deux représentants du gouvernement,
il y avait la confusion la plus totale: L'un disait que c'était une
prime et l'autre disait que c'était une autre prime. D'après moi,
toute l'ambiguïté, tout cela résulte du fait qu'aucun
protocole d'entente n'a été signé.
D'après moi, ce que je retiens de tout cela, c'est que le 19
octobre au matin on s'est quitté sans protocole d'entente. Il avait
été tout au long entendu qu'il y aurait un protocole d'entente de
signé. Moi, j'ai beaucoup de difficultés à comprendre
comment un sous-ministre qui est conciliateur accepte que les parties se
séparent sans protocole d'entente, dans une situation aussi
ambiguë. Maintenant, la partie syndicale a avoué qu'il n'y avait
pas eu de protocole d'entente. C'était sa responsabilité parce
qu'à ce moment-là il y avait des problèmes, cela
satisfaisait mieux ses problèmes immédiats de ne pas avoir de
protocole d'entente.
On a fait voter les gens, malgré le télégramme qui
disait: Ecoutez, il n'y a pas de protocole d'entente et puis il y a des erreurs
dans ce que vous avez, alors ne faites pas voter. Naturellement, on avait
adressé cela au conseil, pas à la FIPOE. Ne faites pas voter vos
gens, à moins qu'on rectifie ces erreurs.
Dans le témoignage de M. Décary, vendredi, M.
Décary mentionne à un certain moment qu'il y avait une
grève qui existait à ce moment-là et il mentionne
même certaines paroles de M. L'Heureux disant que la grève
était inefficace, que ce qui ne se faisait pas ce mois-là pouvait
être fait le mois suivant. A ce moment-là, la pression
n'était certainement pas sur nous. Même l'Office de la
construction depuis ce temps a sorti des statistiques qui démontrent
qu'à toutes fins pratiques il n'y avait quasiment pas de ralentissement
de travail durant cette grève.
Alors, si les écrits ne sont pas clairs, si on va aux intentions,
la pression n'était certainement pas sur nous au moment où la
grève était quasiment inefficace ou, le gouvernement était
dissous et la partie syndicale se voyait probablement devant un gouvernement
qui ne serait pas là avant six semaines. Sans aucune intervention
possible de la part du gouvernement, la pression, le 19 octobre, n'était
certainement sur la partie patronale.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, M. Décary
dans son témoignage, vendredi, mentionne qu'à sept heures du
matin, M. Dion a confirmé la prime de "travelling time". M. Dion n'a
jamais confirmé cela. La seule place où on a parlé de la
prime du "travelling time", c'est avec M. Laporte à 4 h 30 du matin, et
à huit heures M. Laporte nous a dit, par téléphone, qu'il
était d'accord. Encore là, M. Décary dit que le "show up
time" a été donné par M. Laporte, l'intempérie a
été donnée par M. Laporte, puis il y a un document qui n'a
pas été signé. Là ce qui est intéressant,
c'est que M. Décary déclare: On va aller devant
l'assemblée des membres, les informer et voir leurs réactions
avant d'avoir quant à nous un engagement. C'est qu'eux, le 19 octobre
s'en allaient les mains libres, sans engagement vis-à-vis de leurs
membres. D'un autre côté, pour nous, d'après eux il y a un
engagement tellement ferme qu'on nous force par injonction à le
soumettre à nos membres puis le gouvernement à nous
écouter ici.
Je vais répéter encore ce qu'a dit dans son
témoignage, M. Décary. Il a déclaré à ses
membres: On va aller devant l'assemblée des membres les informer et voir
leurs réactions avant d'avoir quant à nous un engagement. On n'a
pas signé de document, parce qu'on voulait arriver devant notre
assemblée les mains libres. Il y avait des pressions
particulières. Ecoutez, puis après cela on nous dit: II n'y a pas
de protocole d'entente mais il y en a un qui nous a dit dans la chambre, puis
il y a l'autre qui nous a répété cela, puis l'autre dans
la conversation en arrière nous a dit que peut-être il l'avait
donnée, peut-être que ce n'était pas la même
prime...
C'est ici qu'on veut nous faire donner des primes. M. Dumoulin dit:
C'est Dion qui me l'a donnée quand je lui ai demandé: Laquelle
des primes vous voulez avoir? Quand Dion a demandé à M. Dumoulin
laquelle des primes il voulait avoir, M. Dumoulin lui a dit: Si on a à
choisir on va prendre le "travelling time", alors Dion a dit, d'après
son témoignage, à Dumoulin: D'accord, je m'en vais avec cela,
alors lui rajoute: Donc, cette clause m'a été
accordée.
Dion s'informe: En particulier, quelle clause voudriez-vous avoir? Lui,
il dit: On voudrait les deux. Mais si vous n'êtes pas capable d'avoir les
deux, laquelle aimeriez-vous le plus, le "travelling time"? L'autre lui dit:
Très bien, je m'en vais avec cela. Alors, M. Dumoulin conclut: Donc,
elle m'a été accordée, elle m'a été
véritablement accordée, et c'est dans son témoignage. A
toutes les fois qu'on voulait parler à M. L'Heureux cela prenait des
mandats spéciaux puis on a dit qu'on téléphonait à
M. L'Heureux à deux, trois heures dans la nuit, en Floride. Mais c'est
faux, je n'ai eu qu'une conversation, c'est avec M. Laporte, elle a eu lieu
à 10 h 30 le soir du 18 novembre. Il n'y a pas eu d'autre conversation,
elle a duré une demi-heure et c'est la seule fois que j'ai eu des
conversations en Floride.
M. Lavallée mentionne dans son témoignage que tout le
monde était heureux le matin, qu'on s'est serré la main. Encore
là, il a peut-être serré la main du gouvernement, mais il
ne nous a certainement pas serré la main, à nous. A huit heures
du matin M. Laporte nous a dit par téléphone: II y a une entente.
C'est la seule fois, on n'a pas revu M. Laporte et on n'a revu personne ce
matin-là, parce qu'eux avaient une conférence apparemment
à Montréal et nous on en avait une à Québec.
M. Couture: Quand on vous a dit qu'il y avait eu une entente,
quand on vous a dit à huit heures du matin qu'il y avait eu une entente,
qu'est-ce que vous avez compris vous autres?
M. L'Heureux: M. Laporte nous a téléphoné le
matin, pour nous dire: Très bien, il y a une entente.
A ce moment-là, j'ai demandé si on se rencontrait pour le
protocole d'entente. Cela a d'ailleurs été rapporté tout
à l'heure. M. Laporte a dit non parce que Michel Décary et Michel
Robert sont retournés à Montréal et ils vont
l'écrire eux-mêmes, le protocole d'entente. J'ai mentionné
tout à l'heure que cela nous surprenait tous, surtout que Michel
Décary et Michel Robert qui écrivaient les textes étaient
extrêmement fatigués. Ils avaient de la difficulté car cela
durait depuis le 15 octobre.
M. Couture: Quand ils ont dit qu'il y avait eu une entente,
avez-vous demandé sur quoi et qu'avez-vous compris du contenu de
l'entente?
M. L'Heureux: A 4 h 30 de la nuit, M. Couture, il restait,
d'après nous, deux clauses. On nous demandait deux clauses pour fermer
la convention. On nous demandait la clause de double temps et on nous demandait
la clause de "travelling time" dans la province. A ce moment-là,
à 4 h 30, on a dit à M. Laporte: On accepte de recommander la
clause de "travelling time" dans la province à nos membres. Si cela
accroche, le temps effectif et tout cela... En réalité, il n'y
avait même rien là. Ce qu'on a conclu, à 8 heures du matin,
quand M. Laporte nous a appelés, c'est qu'il avait offert la clause de
"travelling time" à la partie syndicale, qu'elle l'avait acceptée
et qu'à ce moment le règlement était basé
là-dessus, plus les autres clauses que j'ai mentionnées
auparavant, les antécédents judiciaires, le magasinier, les
comités. Ce que nous avons conclu, c'était cela, mais nous
voulions l'écrire. Il a toujours été entendu, durant cette
fin de semaine, que les textes s'écrivaient et se corrigeaient au fur et
à mesure.
M. Couture: Vous avez conclu cela à la suite de cette
expression "il y a eu entente", mais est-ce que cela ne signifie pas qu'il y
avait consentement aussi de votre part, à ce moment?
M. L'Heureux: Consentement de notre part? Certain!
M. Couture: Bon.
M. L'Heureux: D'ailleurs, on a fait une déclaration
publique à 11 heures pour dire qu'il y avait
une entente verbale, qui n'avait malheureusement pas été
signée. Maintenant, on a pas fait de détails, mais on a
commencé à l'écrire. Aussitôt qu'on a eu le
protocole d'entente, le jour même ou le lendemain, on a envoyé un
télégramme pour dire: Ecoutez, il y a des erreurs, ce n'est pas
cela. Mais, ce matin-là, M. Laporte, à 10 heures, avait fait la
même déclaration que j'ai faite à 11 heures, disant qu'il y
avait eu une entente verbale et qu'à ce moment-là il s'en allait
s'occuper du dossier de l'Hydro-Québec.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: C'est assez complexe, c'est quasiment un
roman-feuilleton, votre histoire.
M. Dumoulin: M. le Président...
M. Chevrette: J'aurais juste une petite question avant de donner
la parole à la partie syndicale. Quand vous dites que vous avez
accepté la clause de "travelling time", vous dites carrément que
c'est sans dédoublement. C'est cela que vous affirmez?
M. L'Heureux: Ce qu'on a accepté, à 3 h 30 dans la
nuit, c'est la clause qui existait à Montréal pour les plombiers.
C'est une clause qui dit que les tuyauteurs je ne la connais pas par
coeur, mais elle est dans le texte que vous avez dans la région
de Montréal, qui travaillent dans des raffineries et sur certains autres
projets, reçoivent une heure en guise de frais de
déplacement.
M. Chevrette: Puis, dans un deuxième temps, les autres
clauses, au niveau des protocoles préparés par la partie
patronale, vous vous étiez engagés à les présenter
à vos membres. Ai-je bien compris?
M. L'Heureux: Quelles autres clauses?
M. Chevrette: La prime d'intempérie par exemple.
M. L'Heureux: Nous ne nous étions pas engagés
à présenter cela à nos membres. La seule chose à
laquelle le comité de rédaction s'était engagé,
c'était à présenter cela à ses mandants. Il y a
trois lignes dans la loi, prévoyant ce que le directeur
général peut faire, prévoyant ce que le conseil
d'administration peut faire, prévoyant ce que l'assemblée
générale peut faire. Les mandants du directeur
général, c'est le conseil d'administration.
M. Chevrette: Ma question est précise, M. L'Heureux. Votre
comité ou mini-comité ou comité de négociation
s'était-il engagé à le présenter aux mandants?
M. L'Heureux: A présenter quoi? Les primes
d'intempérie?
M. Chevrette: La prime d'intempérie.
M. L'Heureux: Le comité de rédaction s'était
engagé à présenter à ses mandants le protocole
d'entente tel que signé par M. Dumoulin, qui comprenait les primes
d'intempéries. Vous l'avez, d'ailleurs.
M. Chevrette: Je suis. Et vous n'avez pas pu la présenter
en assemblée générale, sous forme de recommandation, si
j'ai bien compris, à cause de l'injonction?
M. L'Heureux: Non. Je me suis peut-être mal
expliqué. Ce que l'association voulait recommander à son
assemblée générale, c'est ce qu'on avait fait accepter par
le secteur industriel, ce qu'on avait aussi soumis au comité de
consultation, c'est-à-dire les autres primes des électriciens,
l'affaire de l'arbitrage des manoeuvres qui n'était pas dans le document
qu'on leur avait soumis à l'assemblée précédente,
et aussi la prime de "travelling time" sans dédoublement, telle qu'on
l'avait conclue durant l'entente verbale. C'est cela. Il n'était pas
question de soumettre la prime du "show up time" et la prime
d'intempérie, on ne l'avait pas donnée. Pour nous, il
n'était pas question de soumettre cela aux mandants du conseil, qui est
l'assemblée générale.
M. Chevrette: Avez-vous le document du 4 novembre dont vous avez
parlé tantôt?
M. L'Heureux: Notre protocole d'entente du 4 novembre?
M. Chevrette: Soumis le 4 novembre. Vous avez mentionné
que vous aviez deux versions, une entre le ou le et l'autre entre le ou le...
Pourriez-vous le déposer?
M. Dion: M. Chevrette, il y a peut-être un détail.
Ce que l'injonction a fait, c'est qu'elle nous a obligés à
présenter à l'assemblée un texte global qui était
le texte de la partie syndicale qui incluait la clause de "travelling time",
comme la partie syndicale le voulait, et qui incluait dans le même texte
l'autre clause qu'eux prétendaient avoir eue et que nous on
dénonçait ne jamais avoir eue. Si on avait pu présenter
à l'assemblée c'est ce sur quoi on visait à
l'assemblée notre version, on aurait eu notre clause de
"travelling time" avec le non-dédoublement. On n'aurait pas eu la
deuxième clause. Mais comme c'est un projet global, on ne pouvait pas,
d'après la loi et d'après le jugement de l'injonction, morceler
ce qu'on présentait à notre assemblée. Il a fallu
présenter un texte global dans lequel d'ailleurs on l'avait dit,
c'est le détail que j'ai voulu vous souligner tantôt la
partie syndicale, au départ, devait nous donner un document en deux
morceaux: le document avec le "travelling time" dedans et une feuille
séparée pour l'autre. Ce qui aurait peut-être permis de
présenter les deux morceaux séparément à
l'assemblée. Ils nous ont forcés à présenter
à l'assemblée un texte unifié, et automatiquement
c'était un vote pour ou contre.
M. Chevrette: Je ne voudrais pas vous arrêter, mais on
parle de deux choses différentes. Je vous
pose la question à vous, Me Dion. Vous-même vous
étiez un des rédacteurs du protocole de la première
version et de la deuxième version puisqu'on a mentionné votre nom
et celui de M. Langlois. A partir de là, avez-vous soumisma
question est assez précise aviez-vous soumis, le ou vers le 28
octobre une clause en ce qui regarde la prime d'intempérie à la
partie syndicale?
M. Dion: Oui, dans notre protocole, elle était
écrite.
M. Chevrette: Votre deuxième version comprenait-elle aussi
cette clause?
M. Dion: Oui.
M. Chevrette: On va essayer de se suivre. A partir de ces deux
dates, du fait que vous ayez soumis à la partie syndicale, cette prime
vous admettez l'avoir soumise dans un texte cette clause
aurait-elle été soumise à l'assemblée
générale de vos membres s'il y avait eu protocole et non
injonction? C'est là le fondement de ma question.
M. Dion: Si le protocole, soit première version ou
deuxième version entière, si l'un ou l'autre avait
été signé, c'est ce qui aurait été soumis
à l'assemblée.
M. Chevrette: Y compris la clause d'intempérie?
M. Dion: Non, non faites attention, il faut essayer de se
comprendre. La clause "travelling time". Ce n'est pas la clause
d'intempérie.
M. L'Heureux: La clause d'intempérie n'était dans
ni l'un ni l'autre des protocoles.
M. Dion: Alors, si vous parlez depuis tantôt
d'intempéries, il y a confusion. Tout le temps que je vous ai
répondu, je parlais de "travelling time".
M. Chevrette: On va se comprendre. Vous n'avez jamais soumis une
clause à la partie syndicale prétextant que vous vous engagiez
à soumettre à vos mandants, la prime d'intempérie? A votre
manière à vous, je ne parle pas du sens de la clause.
M. Dion: ...à une autre réunion. C'est la
réunion dans le bureau...
M. Chevrette: Non, je parle du protocole, version 1 et 2.
M. Dion: Notre version du protocole contenait la clause de
"travelling time" sans dédoublement. Elle était dans notre
première version et dans notre deuxième version.
M. Chevrette: M. Dion, je reprends ma question car c'est
très important. Vous n'avez jamais dit à la partie syndicale, par
lettre ou dans un do- cument quelconque: la clause d'intempéries entrera
en vigueur uniquement si l'assemblée générale des
entrepreneurs l'accepte.
M. Dion: La proposition syndicale, c'est ce qu'on disait dans
notre rapport tantôt. On ne pouvait pas empêcher la partie
syndicale de nous soumettre sa propre proposition.
M. Chevrette: Mais comme porte-parole...
M. Dion: Et dans sa proposition, elle disait ce que vous dites.
Eux, ils l'ont signée cette proposition.
M. Chevrette: Comme porte-parole, vous...
M. Dion: On n'était pas, à ce moment, comme
porte-parole. On était comme comité de rédaction
chargé d'écrire le protocole. On n'avait pas à
négocier. Ce qu'ils nous ont demandé, avec tous les
avertissements qu'on leur avait donnés, était de prendre cela et
de remettre cela à nos mandants afin que ces derniers décident.
Or, nos mandants, ce qui a d'ailleurs été un conflit devant la
cour de justice, cela a été répété, tout le
monde était en mesure de comprendre ce qu'on disait, à ce moment,
c'est que le 24 novembre, on avait une assemblée du conseil
d'administration. Nous, on prenait le document syndical. Ils
l'écrivaient comme ils le voulaient. C'était leur affaire. Mais
en prenant cela, ça devenait la concrétisation de la position
syndicale. On prenait cela et on allait devant le conseil d'administration.
Cela a été dit à maintes reprises à MM. Laporte,
Décary et aux autres. Eux ont étudié le mot "mandant" et,
après cela, ont fait l'interprétation du mot "mandant" en disant
que "mandant", pour Langlois et Dion, cela voulait dire les membres de l'AECQ.
Ce n'était pas du tout ce que les discours contenaient le soir où
on a signé ce document.
M. L'Heureux: Une précision, M. Chevrette. On a ici le
document. Vous allez remarquer que chaque page est initialée GD, pour
Guy Dumoulin.
M. Dumoulin: C'est vrai.
M. L'Heureux: Le seul document qui est signé par M. Michel
Dion, c'est le document comme quoi il s'engage à soumettre cela à
ses mandants.
M. Chevrette: La clause d'intempéries était-elle
dans cela?
M. L'Heureux: La question que vous avez posée: Qui a
écrit la prime d'intempéries? Qui a écrit un protocole
d'entente? Pourquoi soumettre cela à ses membres? C'est cela, votre
question. M. Michel Dion n'a pas écrit cela, cela a été
écrit et même initiale par la partie syndicale. La seule chose, il
y a eu une lettre qui a été ajoutée à cela, d'un
paragraphe que j'ai quelque part, et qui vous a été lue et qui a
été déposée en vertu de laquelle M. Michel Dion et
M. Jean-Pierre Langlois s'enga-
geaient à soumettre cela à leur mandant. Leur mandant,
c'était le conseil d'administration qui avait déjà
été convoqué à mon retour de la Floride pour le 24
novembre. Je l'ai, la seule chose que M. Michel Dion a signée avec M.
Jean-Pierre Langlois, c'est cette lettre qui a été signée
la date n'est pas dessus, mais j'imagine le 19 novembre 1976. La
seule chose, les représentants dûment mandatés de l'AECQ
s'engagent à soumettre à leurs mandants, pour acceptation ou
rejet, le projet de la convention collective signé par le Conseil
provincial du Québec des métiers de la construction, pas par
l'AECQ. Il est entendu que toute modification au projet de convention
collective ou à l'une de ses parties rendra nul et ce, de nullité
absolue je pense que cela est important aussi l'accord
donné par le Conseil provincial des métiers de la construction et
toutes et chacune de ses clauses.
Ce qu'il voulait dire, si on le refusait, tout était remis en
question. C'est pour cela que, le 1er décembre, on nous a donné
un nouveau mandat. On a dit: M. L'Heureux, c'est vrai que vous avez
accepté la prime de "travelling time" pour cette convention, mais dans
la prochaine on ne veut pas l'avoir. C'est la seule chose que le comité
de rédaction a acceptée. D'ailleurs, on a fait beaucoup
d'éclat sur la ligne dure que l'AECQ a adoptée et le fait que
c'était le président qui prenait les décisions et qui
négociait quasiment à toutes les tables et que tout revenait
à lui. Pourquoi, au moment où j'aurais fait tout cela, on aurait
délégué notre pouvoir d'ailleurs, la loi ne nous le
permet pas; c'est bien marqué dans la loi que le comité de
négociation doit être choisi parmi les administrateurs qui sont
nommés le 19 novembre? Leur mandat était le conseil
d'administration.
M. Couture: Le fait de soumettre cela à vos mandants
n'était pas une façon, pour vous, d'assurer l'entente?
M. L'Heureux: Bien non!
M. Couture: Le fait que vous preniez ce document, que vous le
soumettiez à vos mandants en disant que, s'ils acceptent, cela fait
partie de la convention...
M. Dion: Dans une négociation, plusieurs ont
l'expérience de cela, il y a plusieurs façons d'accepter de
soumettre un texte. On peut accepter tout simplement de soumettre un texte et
de laisser l'assemblée décider. On peut accepter de recommander
un texte... Pardon?
M. Couture: Vous étiez un comité de
négociation?
M. Dion: Non, on était un comité de
rédaction, M. le ministre, et cela a été bien clair.
M. L'Heureux: M. le ministre, dans la loi qui nous a
créés qui a été faite par le ministère du
Travail, le comité de négociation doit être composé
de quatre administrateurs choisis par les douze administrateurs élus.
C'est une loi publique. C'est bien clair que le comité de
négociation, quand j'étais là, c'était moi qui le
représentais; quand je n'étais pas là, il n'y avait pas de
comité de négociation, c'était un comité de
rédaction.
M. Couture: Mais le comité de rédaction exprime ce
qui est sorti des négociations.
M. L'Heureux: Non. Encore là, pourquoi... M. Couture:
II me semble que c'est...
M. L'Heureux: ...M. le ministre, si cela avait été
leur voeu, n'auraient-ils si vous dites qu'ils avaient mandat de le
faire fait comme la partie syndicale, parapher chacune des feuilles,
ajouter des choses à la main et signer, finalement, la dernière
page, s'il y avait le mandat? Si, réellement, vous interprétez
cela comme un mandat, le fait qu'ils s'engagent ici. Tout ce à quoi ils
se sont engagés, c'est de le remettre au conseil d'administration, qui
est leur mandant en fonction de la loi. C'est cela. Nous, ce que l'injonction a
fait, le juge a interprété mandant comme étant
l'assemblée générale. Ils nous a forcés à
passer par-dessus le conseil d'administration et à soumettre ce projet
à notre assemblée générale. Notre assemblée
générale l'a refusé complètement par un vote secret
de 833 à 17, surveillé par un huissier. Après cela, elle a
dit: Si ce projet est accepté, il n'y a pas de problèmes; s'il
est refusé par le vote secret, et ils ne connaissaient pas le
résultat, on vous donne comme mandat, pour la prochaine ronde de
négociation, de ne pas inclure ces choses. Je ne sais pas si c'est
clair.
M. Dion: M. le ministre, la lettre, telle qu'elle est
rédigée à l'heure actuelle, ne dit pas que les gens qui
signent cela, qui vont faire la commission, on va recommander cela. Absolument
pas. D'ailleurs, je pense que les gens présents savaient, à ce
moment-là, que la seule chose à laquelle on s'engageait
était de transporter le document et c'était bien clair. Je pense
que M. Laporte, dans l'appel téléphonique avec M. L'Heureux, a
bien appris, à ce moment-là, que, si le document contenait telle
et telle chose, ce n'était pas un document valable pour nous. Le seul
engagement que nous avons pris, et il y a peut-être des gens qui ont
voulu jouer de finesse, c'était de transporter le document à nos
mandants.
M. L'Heureux: D'ailleurs, le 18 novembre M. Laporte est
ici, il pourra le corroborer dans la conversation qu'on a eue entre
Miami et ici, M. Laporte voulait savoir si oui ou non M. Dion avait raison
quand il disait que la partie patronale, le conseil d'administration...
Pourquoi m'aurait-il téléphoné si eux avaient tout le
mandat, comme on l'a supposé ici? M. Laporte m'a demandé,
à ce moment, si c'était exact que la prime d'intempéries
ne pouvait pas être accordée, ni la prime de "travelling time"
sans dédoublement, et je leur ai
dit: Ecoutez, c'est cela qui est notre position, c'est cela qui a
été accordé et c'est cela qui est la position du
comité de négociation.
A ce moment, il m'a mentionné que probablement il dirait au
premier ministre que je suis un menteur, que j'avais accepté ces choses.
Je lui ai dit: Ecoute, à ce moment, on ira s'expliquer devant le premier
ministre tous les deux. Cela a été sa conversation au
téléphone.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Sainte-Marie et ensuite M. Dumoulin.
M. Bisaillon: Ce qu'on connaît clairement, à ce
moment, c'est que dans une période de quatre ou cinq jours, il y a eu
des discussions entre les parties en présence d'un ou deux
médiateurs. Qu'à un moment donné, on a
déclaré qu'il y avait entente, mais sans texte écrit. A la
suite de cela, ou bien les parties, chacune de leur côté, ou un
comité devaient rédiger les textes de ces ententes. Ce que je
veux savoir, c'est si, du côté de la partie patronale, il y a eu
des textes de rédigés pour les ententes qui avaient
été conclues, les discussions qui avaient eu lieu, durant la
période entre le 14 et le 19 octobre ou à peu près. On a
mentionné deux textes. Une première version qui était
autour du 21 octobre et une deuxième version qui était celle du 4
novembre.
Est-ce que vous pourriez déposer ces deux versions?
Deuxièmement, est-ce qu'il y a des différences entre la
deuxième et la première version? Troisièmement, quel
était l'objectif que la partie patronale avait en rédigeant ces
deux versions?
M. L'Heureux: Je vais répondre à une partie et je
vais laisser Michel répondre à l'autre. En fait, notre intention,
quand on siégeait du 15 au 19 octobre, comme quand on a
siégé du 5 au 8 octobre et comme on a siégé avant,
était de rédiger, au fur et à mesure, les ententes qui
intervenaient. D'ailleurs, c'est pour cela que même du 5 au 8, les trois
Michel, Michel Décary, Michel Dion et Michel Robert rédigeaient,
au fur et à mesure, essayaient de s'entendre sur des textes qui
étaient légaux et toutes les ententes qu'on essayait de faire au
fur et à mesure.
La même chose est intervenue du 15 au 19, malgré
qu'à ce moment, Michel Décary, Michel Dion ne se voyaient pas,
c'était simplement Michel Robert qui parlait aux deux autres et qui
écrivait les textes qu'il changeait au fur et à mesure. C'est
là que la fameuse lettre d'arbitrage sur les manoeuvres a
été écrite. En fait, on avait simplement deux points
à régler. Quand on est entré là, M. Bisaillon, et
cela m'étonne que personne ne pose ces questions, on avait deux points
à régler et il y avait une convention. Il y avait,
premièrement et M. Laporte est encore la pour vérifier
la juridiction des manoeuvres et le taux de salaire. Si on
réglait cela, il y avait une entente. Les textes n'étaient pas
longs. Le premier qui était le plus long était celui des
manoeuvres et il était écrit. Il a été écrit
là, on a soumis un autre texte, je vous l'ai tout détaillé
tout à l'heure et, finalement, on s'est entendu sur un texte. C'est le
texte qu'on retrouve maintenant.
Sur le taux de salaire effectif, il n'y a pas eu de texte parce que
celui-ci est devenu conditionnel aux électriciens durant la
négociation. On avait deux points, mais on en est venu avec trois
finalement. Là, il n'y a pas eu de texte d'écrit parce
qu'à huit heures du matin, quand on a voulu l'écrire, M. Laporte
nous a informés que les deux autres Michel étaient disparus et il
n'y avait pas de texte. A partir de là, on a reçu un premier
texte de la partie syndicale, on a eu connaissance d'un premier texte, on a
envoyé un télégramme, on a dit: Votre texte n'est pas
exact, il contient des erreurs. On constate que vous faites voter vos gens
là-dessus, mais on désire vous informer qu'il n'est pas exact.
Donc, ne les faites pas voter tout de suite. C'est cela qu'on
déduisait.
Là, on a préparé un premier texte, qui est le
premier auquel vous vous référez, et on en a
préparé un deuxième, comme Michel l'a expliqué tout
à l'heure, et il pourra le préciser, parce qu'on s'est
aperçu que dans un premier texte, si on n'acceptait pas une partie, on
n'acceptait pas le texte. Tandis que si on le séparait en quatre, on
pouvait, à ce moment, disséquer les points, c'est-à-dire
que si c'est le taux de salaire effectif qui n'était pas accepté
et qu'on avait accepté nous, les électriciens, à cause de
cela, on refusait ces deux-là, mais le reste pourrait être
accepté et on pourrait, comme cela, réduire le nombre de choses
qui étaient en suspens.
M. Dion: II n'y a aucune différence entre les deux textes.
Simplement, c'est que le premier texte est un texte global et le
deuxième est le texte scindé. On a retiré du premier texte
ce qui regardait les monteurs de lignes, on l'a mis dans un document. On a
retiré ce qui regardait les électriciens qui étaient en
échange de la clause du taux minimum maximum, on l'a mis dans un
document. On a retiré ce qui regardait les mécaniciens
d'ascenseur et on l'a mis dans un document. Mais l'ensemble de ces quatre
documents, le document général et ses trois parties, c'est
l'équivalent du document global.
M. Bisaillon: De votre première version?
M. Dion: C'est cela, c'est exactement l'équivalent.
M. Bisaillon: Dans la partie disséquée qui
concernait les électriciens dans votre deuxième texte, qu'est-ce
qu'il y avait?
Quand vous avez séparé cela en quatre documents, qu'est-ce
qu'il y avait dans le document qui concernait les électriciens?
M. Dion: Vous aurez l'occasion de le voir parce qu'on va
déposer les textes; il n'y a aucune cachette là-dedans. Mais je
vais vous donner la liste. Il y avait d'abord la liste d'outils, qui
était le premier article qui était aussi dans la première
version; deuxièmement, la clause des antécédents
judiciaires pour les électriciens.
M. L'Heureux: L'article 15.01.
M. Dion: Troisièmement, il y avait la clause qui
était la jonction de celle des tuyauteurs, les $5 pour le repas.
M. L'Heureux: Clause 22.05.
M. Dion: Qui était aussi dans le document. La prime de
chef de groupe et de chef d'équipe qui était aussi dans notre
premier document.
M. L'Heureux: Article 24.032.
M. Dion: $0.70 et $0.35. Le monteur d'acier de structure et
chaudronnier, on ajoutait à ce moment, l'électricien,
c'était la prime pour le gars qui travaille sur la deuxième et
troisième équipes à 6%. C'était dans notre premier
document.
M. L'Heureux: Article 24.04.
M. Dion: II y avait la clause 25.16, c'est-à-dire la prime
de "travelling time", l'indemnité pour le "travelling time" qui
était également dans notre premier document. Le texte
était celui qui était dans notre premier document, sans aucun
changement.
Préférence d'embauche pour les gardiens et les magasiniers
pour les électriciens, c'était dans notre premier document.
L'exclusion du compagnon junior, la révision du régime des
avantages sociaux, la clause d'entente là-dessus, c'était le
document des électriciens.
M. Bisaillon: Vous me dites que tout ce qu'il y avait dans le
document des électriciens deuxième version, c'est-à-dire
disséqué, était dans la première version, le
premier document global?
M. Dion: M. Bisaillon, le fait de le séparer, ce
n'était pas pour enlever des choses. C'est clair.
M. Bisaillon: D'accord. Je comprends que c'était
exactement la même chose, sauf que vous l'avez
disséqué.
M. Dion: C'est cela.
M. Bisaillon: Donc, tout ce que vous venez de me nommer
était dans votre document, première version?
M. Dion: Oui, monsieur.
M. Bisaillon: La date précise de ce document,
première version?
M. Dion: Le 21 octobre.
M. Bisaillon: Est-ce que vous l'avez expédié, ce
document, à quelqu'un?
M. Dion: A la partie syndicale. Je pense que lors de la
rencontre... Quand on a commencé le comité de rédaction,
on a voulu, nous autres, commencer à travailler d'ailleurs, on a
commencé à le faire avec ce document lorsqu'on
était en train de rédiger le procès-verbal, le constat des
faits. On a commencé à travailler avec cela. On s'est
aperçu, dès le départ, que la partie syndicale ne voudrait
pas accepter la clause des taux de salaire minimum et maximum. On a alors
retiré le document, puis on est revenu, je crois que c'est le lendemain,
en disant: On a refait notre protocole d'entente, c'est le même contenu,
mais il est en quatre volumes. Là, on n'a pas donné la partie
électriciens, parce que, comme ils ne nous donnaient pas la contrepartie
de la négociation, on ne donnait plus le document
désiré.
M. Bisaillon: M. le Président, je vais laisser la parole
à M. Dumoulin, mais je me réserve un droit d'intervention sur
cette question, par la suite.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin.
M. Dumoulin: M. le Président, d'abord, je voudrais
clarifier un point concernant le comité de négociation du conseil
provincial, qui a été mentionné ici par M. L'Heureux
tantôt. Le 16 octobre, le comité de négociation s'est
réuni de fait à Québec. Je ne crois pas que le
ministère ou qui que ce soit ait affaire aux changements ou aux
positions prises par le comité de négociation. Ce qui s'est
produit, c'est suite à une rencontre avec la partie patronale. Il n'y a
eu aucun moyen de s'entendre. Le comité de négociation s'est
retiré de Québec et on s'est rassemblé dans notre chambre
qu'on avait avan' qu'il se retire. Ils m'ont donné le mandat, à
moi et à Me Décary, qui a commencé cette journée,
le 16, d'essayer de continuer, puis si on trouvait quelque chose, une entente,
d'aller les rencontrer après. Il n'y a personne d'autre qui s'est
occupé du comité de négociation à part nous, le
conseil provincial. C'est ce qui s'est produit lorsque le comité s'est
retiré. Ils ont dit: II n'y a plus rien à faire ici, on ne veut
plus rien savoir, il n'y a pas de discussion. On m'a donné un mandat de
rester, puis d'essayer de trouver une solution.
Je tenais à mettre cela au clair, parce que c'est assez
important.
De plus, M. le Président, je ne commencerai pas à
détailler ce qui s'est fait chaque jour parce que cela a
été assez long. Il y a un point assez important ici. J'ai un
document ici, provenant de l'AECQ, qui m'a été remis le 28
octobre 1976, adressé à Guy Dumoulin. Cela se lit comme suit:
"Nous vous transmettons sous pli un texte qui traduit les discussions et
ententes intervenues entre le Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction et l'Association des entrepreneurs
en construction en vue de la signature d'une convention collective. Nous
vous saurions gré de bien vouloir vérifier le contenu de ce
document et entrer en communication avec le soussigné dans les meilleurs
délais, afin que leur partie procède à la signature.
Signé, Michel Dion."
A la première page, on dit: Les annexes E-1, E-2 et E-3 de la
proposition globale patronale sont remplacées par les suivantes. Ce sont
les annexes des monteurs de lignes. Il y a eu des modifications à
l'intérieur.
Là, vous continuez, et cela reflète un peu le document que
M. Dion vient de mentionner: Lettre d'entente relative aux mécaniciens
d'ascenseur; discrimination pour les électriciens; entente sur les $5
pour les repas. Article 22.05.3, tuyauteurs électriciens, encore
là, c'est l'entente. Prime de chef de groupe: une exception, $0.70
l'heure.
Vous avez ici: La prime prévue à l'article 24.02 ne
s'applique plus aux électriciens, ils ont droit à celle
prévue à l'article 24.04.2, c'est les 6% qu'il vous a
mentionnés tantôt. Vous avez, à la page 35, les
règles particulières pour certains métiers, certaines
régions, article 25.16. On vous en fait parvenir une copie. "Entente.
Les électriciens affectés aux travaux décrits dans cet
article recevront, à l'avenir, une heure dans tout le territoire du
décret à titre de frais de déplacement". Le texte à
être inclus, article 25.16: "Le salarié affecté à
des travaux de construction en électricité dans une raffinerie
d'huile et dans les usines de produits chimiques et métallurgiques,
sidérurgiques, papeteries et cimenteries reçoit un montant fixe
équivalent à une heure de salaire par jour de travail de son taux
de salaire en remboursement de frais de déplacement". Point. Sans
restriction, sans aucune autre mention. C'est exactement le même texte
qu'on retrouve pour les tuyauteurs de la région de Montréal. On
est d'accord quand M. L'Heureux dit que c'est le même texte, c'est la
même chose qui est écrit, il n'y a pas de restriction.
Préférence d'embauchage, cela a été
mentionné tantôt. Compagnon junior, cela doit disparaître
concernant les électriciens. Les avantages sociaux, une lettre d'entente
pour les électriciens. Le recyclage lettre d'entente pour les
électriciens. Prime d'intempéries, à la page 40, je tiens
à en lire le texte parce que c'est assez important. "En cas
d'intempéries, seulement les électriciens et leurs apprentis qui
effectuent des travaux sur une structure d'acier ou de béton...
Voilà où il y a déjà eu de la discussion.
Tantôt, on a dit qu'on n'avait jamais discuté les primes
...ce qui exclut tous travaux effectués sur des maisons unifamiliales et
dans le secteur de la voirie à ciel ouvert, ont droit à une prime
de $1 l'heure en plus de leur taux de salaire". L'entente: "Cette clause fait
partie de la présente convention collective; toutefois, elle n'entrera
pas en vigueur à la date de la signature de la présente
convention collective, mais seulement à la date de son acceptation par
l'Association des entrepreneurs en construction. Cette clause devra donc
être soumise pour acceptation ou rejet à la prochaine
assemblée générale de l'Association des entrepreneurs en
construction. Toutefois, si cette clause était rejetée par
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec, la convention
collective serait annulable sur simple avis donné à cet effet par
le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction".
Là, on continue en page 41: "Sauf quand la section 40 de la
présente convention collective entre en vigueur à la date de la
signature de la partie". C'est le document que nous avons ici et que nous
venons de vous transmettre.
Il y a un autre point que j'aimerais clarifier. Après, je
passerai la parole à M. Lavallée qui va vous expliquer ce qui est
survenu. Ce que je n'aime pas, ce matin, c'est de me faire dire qu'on ne s'est
pas rencontré le matin et qu'on ne s'est pas donné la main. Je
m'excuse si j'ai mis la main je vais le dire dans la "marde". Il
faut que je le dise. Les gens à qui ont a donné la main sont en
arrière de nous. C'était directement dans le "lobby" de
l'hôtel Hilton. Ils sont là. C'est le conseil d'administration qui
nous a dit: Messieurs, on est fier de vous autres, pour une fois, on s'est
entendu. Et ils nous ont donné la main ce matin-là. Mais une
chose est certaine, on ne leur donnera plus la main, soyez-en convaincus. Je
trouve cela effrayant qu'on vienne nous traiter de menteurs comme cela! Ma foi
du bon Dieu! Les gens qui étaient présents sont ici, ce sont eux
qui nous ont donné la main ce matin et on dit que ce n'est pas vrai. Je
ne m'avancerai pas plus là-dedans, j'ai soumis le document que j'ai
reçu. On attendait le moment opportun pour le déposer et on le
dépose.
M. Lavallée va vous expliquer ces assemblées qu'il a
tenues. Ce document a été déposé le 28 octobre. On
a eu une entente de principe, on a eu une entente, c'est-à-dire avec le
médiateur spécial qui était le sous-ministre, le 19
octobre. On a reçu un appel téléphonique, lors de nos
assemblées, nous avisant qu'il y avait eu une ambiguïté
concernant des clauses et on a eu un document, ici, qui reflète le
reste.
Je passe la parole à Jean Lavallée qui a quelque chose
à vous expliquer pour continuer.
M. L'Heureux: M. le Président, est-ce qu'on pourrait en
avoir une copie? Je remarque qu'il n'est pas signé, le document.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Sainte-Marie. Je comprends que tout
de suite après on passera à...
M. Bisaillon: Juste une petite question, si vous permettez. La
semaine dernière, j'avais posé une question sur la ou les dates
de vos assemblées. J'aimerais, si vous avez les réponses, que
vous nous donniez cela.
M. Dumoulin: Je vais passer la parole à M.
Lavallée.
Le Président (M. Marcoux): M. Lavallée.
M. Lavallée (Jean): M. le Président, M. le
ministre, messieurs les membres de la commission, comme vous pouvez le voir
à la lueur des discussions de ce matin, je vais me
répéter: On ne vient pas ici pour négocier, on vient tout
simplement demander ce qui nous a été accordé lors de la
médiation spéciale.
Selon les discussions en cours par la partie patronale, tout le monde
est menteur; Me Décary est un menteur, le sous-ministre est un menteur,
son conseiller est un menteur, Dumoulin est un menteur, tout le monde est
menteur. Le seul porteur de la vérité c'est l'association
patronale. Tout à l'heure on dit qu'il n'y a jamais eu de protocole
d'entente.
M. Couture: M. le Président, je voudrais simplement
demander aux intervenants, d'ailleurs on aurait peut-être dû le
dire auparavant, de ne pas porter ce genre d'accusation, simplement d'exprimer
les faits, de les établir selon votre connaissance, et nous-mêmes
nous aurons à juger. Je pense qu'il ne faut pas rentrer dans ce
processus de dire l'un est menteur, nous on ne l'est pas, etc. Ce sera aux
membres de la commission de juger les faits, et c'est simplement cela que nous
cherchons aujourd'hui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
corrobore l'opinion de M. le ministre et je demande à tous les
intervenants, s'il vous plaît, de s'en tenir aux faits. M.
Lavallée, je vous cède la parole.
M. Lavallée: Donc, je retire le mot "menteur", M. le
ministre.
M. Dumoulin: Si cela me touchait, M. le Président, moi
aussi, je retire ce que je peux avoir dit, mais malgré que c'est
écrit.
M. Lavallée: Donc, au cours de la discussion qui vient
d'avoir lieu, à plusieurs reprises on a demandé s'il y avait eu
des protocoles d'entente de préparés par la partie patronale. La
partie patronale nous dit que oui, elle en a préparé un qui a
été divisé en quatre parties. Donc, on va oulier une fois
pour toutes les protocoles d'entente préparés par la partie
syndicale. Nous ce qu'on demande, c'est tout simplement le protocole d'entente
préparé par la partie patronale, dont on vient de vous remettre
copie; j'espère que la partie patronale n'ira pas dire que c'est un
document qu'on a falsifié. C'est un document qui a été
envoyé à la partie syndicale.
On veut tout simplement avoir les conditions qui apparaissent dans ce
document. Cela c'est la partie qui a été sectionnée pour
les électriciens et à...
M. Couture: M. le Président, est-ce que vous avez
l'original de ce document?
M. Dumoulin: II faudrait que je vérifie ici, soit qu'il
soit ici ou au bureau.
M. Lavallée: Donc, à la question de M. Bisaillon,
M. Bisaillon demande tout à l'heure à M. Dion: Dans le protocole
d'entente présenté, énumérez-nous les clauses. Je
pense que cela apparaît au journal des Débats, toutes les clauses
sont énumérées, mais par contre la 40 n'est pas
énumérée, je pense. Donc il y a sûrement quelque
chose qui se passe.
Deuxièmement, tout à l'heure, à la question de M.
Chevrette, M. Chevrette demande à M. L'Heureux: Est-ce que vous avez bel
et bien donné la clause, provincialement, concernant l'heure de
"travelling time"? M. L'Heureux répond: Oui, la même que celle des
plombiers au décret. Vous remarquerez que dans l'ancien décret,
à l'article 25.17, la clause d'une heure apparaît sans restriction
aucune. C'est exactement ce qui nous avait été donné.
M. L'Heureux nous dit qu'au cours de la discussion il y a eu confusion,
que la prime d'intempérie c'est effrayant comme il y a eu confusion.
Mais on retrouve au document qu'on vient de vous passer que la prime
d'intempérie apparaît. Donc à mon sens il n'y a pas
confusion, ils l'ont mise très claire. Lors de la dernière
séance qu'on a eue ici, j'ai même relaté les faits sur la
prime d'intempérie et j'ai même relaté que lors de
l'entente du 19 novembre, le protocole d'entente, à ce moment-là,
la prime d'intempérie avait été discutée, puis
qu'on avait amené le fait qu'on ne voulait pas couvrir les bungalows,
puis ce type de travail.
Donc, dans le document, qui a été présenté
par la partie patronale ce n'est pas la partie syndicale qui l'a
écrit, ce sont eux qui l'ont préparé vous voyez
à ce moment-là que la prime d'intempérie est bien
spécifiée puis, en plus de cela, on y exclut la voirie et
l'habitation unifamiliale, tel que je l'avais relaté dans mes
discussions qui apparaissent au journal des Débats. Vous pourrez
vérifier.
Je pense que la partie patronale, à un moment donné, a
accusé le gouvernement de faire de la gymnastique, cela a
été son terme exact. Je trouve qu'elle vient d'en faire de la
gymnastique. On a mis cela tellement confus, protocole d'entente, partie
syndicale, protocole d'entente du 19 novembre; le protocole d'entente du 19
novembre on a soumis cela à nos mandants, on n'a jamais mis en
évidence par exemple ce protocole d'entente rédigé par la
partie patronale. Donc, moi en tant que responsable des électriciens, je
demande tout simplement à cette commission, on est venu ici pour faire
la vérité, qu'on nous donne ce que la partie patronale a
rédigé, rien de plus, rien de moins.
C'est ce qu'on a soumis à nos assemblées syndicales qui
ont été tenues. J'ai ici les procès-verbaux de
l'assemblée qui a été tenue le 21 octobre 1976. J'ai aussi
le résultat des votes. C'était un vote secret. Il y a des
scrutateurs qui ont été nommés. J'ai bel et bien fait les
assemblées et pris le vote sur toutes les conditions qui
apparaissent
au protocole d'entente préparé par la partie patronale,
même si à ce moment-là je ne l'avais pas, puisque je savais
quelles étaient les discussions qui avaient eu lieu. Et même M.
L'Heureux, au début de son allocution, lorsque la commission
parlementaire a commencé, a mentionné que nous étions un
local en tutelle qui prenait probablement plaisir à cela. Le tuteur
responsable de notre local a assisté à cette assemblée et
il pourra vous corroborer tantôt si c'est la vérité que je
dis et si c'est ce qui a été discuté à cette
assemblée.
Il y a donc eu des assemblées qui ont été tenues
provincialement. J'ai ici aussi le résultat des assemblées dont
je vous passerai copie, ainsi que le bulletin de vote. M y avait aussi,
à notre assemblée, pas un huissier, mais une dizaine de
journalistes. Les boîtes étaient scellées et il y avait un
président d'élection. Le tout a été fait
conformément à la loi. Je pourrais vous dire qu'à
Montréal, l'assemblée a eu lieu le 21 octobre pour la
question de M. Bisaillon et que 1152 membres ont voté pour le
contrat, 384 contre, 7 bulletins étant nuls, pour un total de 1536
votes. Il y a eu des assemblées dans plusieurs autres régions,
qui apparaissent toutes. Pour un grand total de 3113 qui ont voté, 2419
ont voté pour, 694 contre et il y a eu 31 bulletins nuls. Donc, je pense
que pour un local comme le nôtre, qui a environ 7000 membres en
règle, c'est 50% des membres actifs qui ont participé au vote. Je
pense que c'est supérieur à l'assemblée patronale qui a de
la misère à faire le quorum.
M. Bisaillon: De quelle date à quelle date.
M. Lavallée: Du 21 octobre jusqu'à... La
dernière assemblée a eu lieu le 25 octobre.
M. Johnson: M. le Président... J'aurais une
question...
M. Lavallée: Donc pourrais-je finir? tout
simplement, ce qu'on demande c'est que le document du 28 octobre soit mis en
évidence, le protocole d'entente patronal et non syndical. On demande
tout simplement qu'on ne nous donne rien de moins et rien de plus que ce qu'il
y a dans ce document. C'est pour cela que, tout a l'heure, je disais que nous
étions de bonne foi. M. L'Heureux cela a paru au journal des
Débats a dit que lui, il donnait sa parole. Il m'a aussi
donné sa parole là-dessus. Maintenant, le matin j'ai aussi
donné ma parole que j'étais pour recommander l'acceptation de ce
même document et que j'étais pour recommander aux membres que
c'était normal, logique. Vous allez le voir d'ailleurs au
procès-verbal où cela paraît. Je demande tout simplement
que l'AECQ, l'association patronale, tienne sa parole, comme nous l'avons
tenue. Cela prouve encore une fois que dans un tel contexte de
négociations, il est impossible d'en arriver à une paix sociale
dans la construction, parce qu'il n'y a presque pas de possibilité de
s'entendre si à un certain moment on vient avec une entente qui est
claire, à mon sens, qu'on la présente à nos membres, et
lorsque les membres sont retournés au travail, après on dit: Cela
n'est pas cela qu'on leur avait donné. Imaginez-vous qu'après
trois mois de grève, vous retournez voir les gars et vous dites:
Ecoutez, les gars, là, à nouveau, ils ont changé cela et
il faut encore sortir en grève. C'est cela qui crée le climat qui
existe dans la construction. C'est que nous n'avons pas réellement la
chance de négocier. Vous voyez M. L'Heureux qui dit que la FIPOE n'a pas
voulu négocier. La FIPOE n'a pas voulu négocier! Ils n'ont jamais
voulu négocier! Chaque fois qu'on s'est assis, on disait: II n'y aura
pas d'annexes. Il n'y aura pas d'annexes et il n'y avait pas d'autres
discussions.
Si je vous disais que jusqu'au soir du 19 octobre, la fraternité
n'avait même pas négocié une condition avec la partie
patronale. Mais dans un tel contexte de négociations, c'est impossible
d'assainir le climat dans la construction et en arriver à ce que ce soit
une industrie vivable. C'est pour cela qu'on s'est toujours opposé
et vous allez le voir au ministère qu'on a demandé
s'il y aurait possibilité d'amender la loi pour qu'on puisse
négocier une convention collective provincialement, et ce par
métier. Je pense que tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas
atteint ce but, cela sera assez difficile d'avoir la paix dans la
construction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lavallée... Je vous remercie, M. Lavallée, avant...
M. Lavallée: On est satisfait du règlement qui a
été présenté le 28, et on demande que cela soit
tout simplement cela qui soit mis en application.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'aimerais quand même informer les membres de la commission qu'à
12 h 45, le ministre va prendre la parole, que d'autre part l'ancien
président, ou celui qui m'a précédé m'a
informé que vous aviez encore quatre sujets de discussion.
Je dis aux intervenants et aux membres de la commission que vous
êtes entièrement libre de prendre tout le temps que vous avez
à votre disposition pour discuter de la clause en question, mais je
tiens à vous informer qu'il reste 30 minutes, ceci sans vous brusquer.
Là-dessus, je cède la parole au député d'Anjou.
M. Johnson: J'aurais une question rapide à poser au tuteur
qui a assisté au vote. Pourriez-vous identifier, s'il vous
plaît?
M. Labelle (Richard): Richard Labelle. Je suis administrateur
délégué au conseil de la tutelle à la
FIPOE.
M. Johnson: Très bien. Alors, M. Labelle, on nous a dit
que, du 21 au 26, il y avait eu des assemblées. Or, le texte auquel a
référé tout à l'heure M. Lavallée est
daté du 28 octobre. Cependant, on peut présumer qu'il aurait
soumis à environ 50% des membres faisant partie de la FIPOE un texte qui
doit s'inspirer largement de ce qu'il
qualifie de l'entente version patronale du 28 octobre. Est-ce qu'au
moment du vote les gens se sont prononcés sur la prime
d'intempéries telle qu'elle est rédigée au 28, à
savoir "en cas d'intempérie, seulement les électriciens et leurs
apprentis qui effectuent des travaux sur une structure d'acier ou de
béton, ce qui exclut tous les travaux effectués sur les maisons
unifamiliales ou dans le secteur de la voirie, à ciel ouvert, ont droit
à une prime de $1 l'heure en plus du taux de salaire". Lors de la
présentation de cette partie, a-t-on invoqué que "toutefois, si
cette clause était rejetée par l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec, la convention collective serait annulable sur
simple avis donné à cet effet par le Conseil provincial des
métiers de la construction"?
M. Labelle: Oui. C'est cela. Cela porte sur la révocation.
Si la clause était rejetée, cela n'a pas été
mentionné. Les deux clauses en litige présentement,
l'intempérie et le "travelling time", ont été
données aux membres dans un protocole d'entente qui avait
été pris lors des négociations du 15 au 19 octobre.
M. Johnson: On n'a pas évoqué, cependant, la
révocation qui serait de nature à peu près automatique, si
les entrepreneurs refusaient.
M. Labelle: Non, cela n'a pas été mentionné.
M. Johnson: M. Lavallée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
Lavallée.
M. Lavallée: M. Johnson, pour donner l'explication de ce
paragraphe, c'était le texte patronal; eux voulaient le soumettre
à leurs membres de cette façon. J'ai soumis, par exemple, la
clause d'intempérie telle que dans les autres paragraphes plus hauts,
à savoir que c'était une clause qui s'appliquait seulement dans
des cas d'intempérie à ciel ouvert, au dernier étage d'une
bâtisse. Autrement dit, s'il travaille à Place Desjardins, sur le
ciment au dernier étage, à ce moment il aurait droit à la
prime d'intempéries. Je ne pouvais pas présumer de la
dernière clause; je ne savais pas qu'ils étaient pour la
soumettre.
M. Johnson: Vous avez présenté cela comme
étant une entente ferme...
M. Lavallée: Oui.
M. Johnson: ... dans la négociation qui avait
précédé le 19?
M. Lavallée: D'ailleurs, cela apparaît dans le
procès-verbal qu'on va vous passer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
L'Heureux, c'est parce qu'il y a des gens qui veulent poser des questions sur
l'intervention du député...
M. L'Heureux: Mais on fait des affirmations.
Le Président (M. Marcoux): D'accord, vous allez avoir
l'occasion, après que les questions seront terminées,
d'intervenir.
Le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'imagine, lorsqu'on fait une assemblée comme
cela où il y a peut-être 1000 personnes, vous avez dû
soumettre un texte aux gens qui étaient appelés à se
prononcer sur ce document. Lavez-vous ce texte?
M. Lavallée: Vu l'urgence on nous avait
demandé de hâter le retour au travail on est parti d'ici le
mardi et, si je ne me trompe pas, l'assemblée a eu lieu tout de suite,
le mercredi soir ou le jeudi soir.
Je n'avais pas de texte à présenter. Par contre, les
procès-verbaux sont là. J'ai expliqué clairement ce
qu'était le texte de l'entente. Je n'ai pas présenté un
texte écrit à cause du court laps de temps que j'avais eu pour le
préparer.
Cela a été bel et bien présenté lors de
chaque assemblée qui a été tenue, dont vous avez copie
aussi. A ce moment, vous pouvez voir toutes les personnes présentes et
même ceux qui ont signé le procès-verbal.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: On vient de nous distribuer le texte du 28 octobre. Ce
qui m'étonne, c'est qu'on nous distribue un texte qui est la photocopie
d'une copie.
Si le texte a été adressé à M. Guy Dumoulin,
j'imagine qu'il a reçu l'original mais un original signé.
M. Dumoulin: Non, il n'est pas signé.
M. Forget: Et on vous a envoyé une copie, on ne vous a
même pas envoyé un original.
M. Dumoulin: C'est exactement ce que j'ai reçu et ce que
j'ai soumis. On l'a au bureau, c'est exactement tel quel, ce sont des
photocopies comme celles-là. Comment voulez-vous que je fasse une
photocopie avec une signature qui ne paraît pas?
M. Forget: Comment expliquer qu'un texte qui est reçu par
son destinataire prévu est reçu sous la forme d'une copie? Est-ce
que vous avez une hypothèse, au moins, pour nous aider à
comprendre ce qui a pu se passer?
M. Dumoulin: M. le Président, vous le voyez, il est
adressé chez nous; on a reçu cela tel quel, on vous le soumet tel
qu'on l'a reçu. Ne me demandez pas comment il se fait qu'il n'est pas
signé, comment il se fait qu'il est marqué "copie" dessus,
comment il se fait qu'il y a certains documents qu'on ne retrouve pas, et que
certains do-
cuments devraient être d'autres documents? C'est le document que
j'avais, c'est le document que je vous présente et je l'ai reçu
à mon bureau; ce n'est pas moi qui ouvre le courrier, c'est la
secrétaire et elle m'a donné cela. Ce document, on l'a
photocopié et on vous l'a remis. Je ne peux pas expliquer pourquoi il
n'y a pas de signature dessus, je m'excuse, je ne suis pas capable.
M. Forget: Avez-vous déjà eu d'autres documents de
l'AECQ qui n'étaient pas signés?
M. Dumoulin: Là, il faudrait que je vérifie.
M. Dion: M. le Président, est-ce que je peux me
permettre...
M. Dumoulin: On n'a pas fini. Je pense qu'ils ont eu passablement
de temps. On a quelque chose à dire qui va durer deux secondes, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que M. Dion veut justement parler du document du 28 octobre 1976.
Là-dessus, simplement une minute.
M. Dion: Est-ce que la partie syndicale a dit que c'est le
document qu'elle a reçu tel qu'il est là? Je voudrais avoir
l'affirmation, si c'est le cas, et si c'est le document entier, tel quel, dont
ils ont tout simplement fait des photocopies et broché exactement le
document comme ils l'ont reçu. Est-ce que c'est cela?
M. Dumoulin: On l'a reçu comme cela, pas broché,
toutes des feuilles séparées.
M. Dion: Je ferai remarquer à la commission que,
là-dedans, il y a des pages qu'on ne peut évidemment pas
reconnaître, mais il y en a certaines qu'on reconnaît où il
y a des corrections qui ont été effectuées par Me
Décary, et ces corrections ont été effectuées lors
de la signature du protocole, le 19 novembre. Si cela a été
transmis le 28 octobre, comment peut-il y avoir des feuilles, là-dedans,
qui ont été corrigées le 19 novembre?
M. L'Heureux: Je voudrais parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre! M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce que M. L'Heureux ou M. Dion pourrait nous
déposer leurs textes à eux? Cela a été
demandé à deux reprises par deux membres du côté
ministériel et on a répondu à d'autres parties de leur
question mais on n'a jamais répondu à cette partie de leur
question. Est-ce qu'ils pourraient déposer le protocole, en deux
versions, qui est la contrepartie du texte du 28 octobre?
M. L'Heureux: Oui. On aurait aimé, en contrepartie, que la
partie syndicale dépose elle aussi ses deux protocoles d'entente, celui
qui était général et aussi celui des électriciens.
On est prêt, on les a ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Dumoulin.
M. Dumoulin: Ce que je voulais ajouter, M. le Président,
on accorde la parole, à un moment donné, sur certaines choses
qu'on dit, et nous on a laissé parler les gens pendant deux heures et on
n'a pas dit un mot. Je m'excuse si j'ai dit un mot tantôt qui n'aurait
pas dû être dit ici, mais tout de même je pense qu'avec la
grande patience qu'on a eue ce matin, c'est bien. Je veux simplement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Dumoulin, je pensais que la partie syndicale avait terminé son
intervention. Si vous n'avez pas terminé, je vous permets de continuer,
et M. L'Heureux aura toute l'occasion de répliquer par après.
M. Dumoulin: On parle d'une entente qui a été
signée par le conseil provincial, le 19 novembre. Je tiens à
faire remarquer aux membres de la commission, j'aimerais que vous regardiez le
document, vous l'avez tous eu dans une chemise noire, en haut, il est
marqué "protocole d'entente". J'aimerais savoir ce qu'est un protocole
d'entente, de votre part; j'aimerais que vous me mentionniez ce qu'est un
protocole d'entente. Ce n'est pas écrit là pour rien. La
signature du document est faite par M. Michel Dion et M. Jean-Pierre Langlois.
M. Dumoulin n'a pas signé le document, il a signé comme
témoin. Depuis tantôt qu'on affirme que c'est un document de la
partie syndicale. J'aimerais que vous le regardiez comme il faut, "protocole
d'entente" en haut vous dit ce qui a été dit tantôt: "Les
représentants dûment mandatés" etc., signé par le
directeur général, M. Dion, signé par le directeur
général adjoint. En bas, vous voyez: "Témoins: M. Guy
Dumoulin et le sous-ministre du Travail qui était présent."
J'aimerais savoir ce que vous entendez par un protocole d'entente. Moi,
un protocole d'entente, je pense qu'il y a toujours bien un semblant d'entente,
s'il n'y a pas autre chose, quand on marque cela.
Dans le protocole d'entente, vous retrouvez exactement les clauses qu'on
a mentionnées tantôt avec certaines modifications parce qu'on
voulait tellement, à un moment donné, la trouver l'entente. C'est
qu'on a modifié les clauses contraires au document qu'on vous a
présenté tantôt, en excluant les "service calls" ou l'heure
de "travelling" sur les chantiers industriels. Vous les retrouvez dans ce qui
est écrit à la main. Là-dessus je me pose une question, je
ne voudrais pas qu'on dise tout le temps que j'ai signé le document.
C'est un protocole d'entente qui a été déposé et
j'ai signé comme témoin. J'ai parafé des pages, cela est
vrai, par exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Or, M.
L'Heureux.
M. L'Heureux: Je l'ai ici le document que j'ai mentionné
tout à l'heure. Non seulement les pages sont parafées, mais c'est
marqué: Montréal, ce 19 novembre 1976. Le Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction, par Guy Dumoulin, et il
n'y a rien en dessous. C'est le document que je mentionnais que seul M.
Dumoulin avait signé. Le seul document que notre comité de
rédaction a signé c'est comme quoi ils s'engageaient à
présenter cela. Je l'ai ici. C'est cela que nos gens ont signé,
comme quoi ils s'engageaient à le présenter à leurs
mandants. C'est ce que j'ai voulu dire. Il ne faut pas faire de la
démagogie là.
Maintenant, comme j'ai mentionné tout à l'heure, on a
déposé nos deux protocoles d'entente. Je pense que cela serait
possible d'avoir les deux protocoles d'entente, la partie syndicale aussi.
Est-ce moi qui dois en faire la demande ou les membres de la commission?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
fait...
M. L'Heureux: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que vous avez posé une question sur les dépôts de
documents. En fait, je pense que la partie peut offrir de déposer
elle-même ou les membres de la commission peuvent demander. En ce qui
vous concerne, je prends acte de l'admission que vous avez faites à
savoir que vous vouliez déposer vos deux protocoles.
M. L'Heureux: Ils sont déposés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ils sont
déposés, d'accord.
M. L'Heureux: Est-ce qu'il serait logique d'avoir aussi les
documents de la partie syndicale?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
partie syndicale peut répondre.
M. Dumoulin: On les a tous déposés, M. le
Président. Vous les avez.
M. L'Heureux: C'est parce qu'on n'en a pas eu de copie.
M. Dumoulin: On en a une pile là. On vous en enverra une
autre pile, si vous voulez, mais on les a déposés.
M. Couture: En ce qui nous concerne au ministère, nous
avons ces documents.
M. L'Heureux: C'est pour la commission ici.
M. Couture: Si les membres de la commission veulent les
avoir.
M. Forget: C'est pour cela qu'il faut le dire. M. L'Heureux:
Tout tourne autour d'un docu- ment qu'on aurait envoyé le 28
octobre. Maintenant, on a un document là; écoutez, à notre
mémoire, on n'aurait pas envoyé ce document. Si vous regardez ce
qui est à l'intérieur, vous avez des corrections qui mentionnent
le nom de M. Décary. Vous avez des numéros qui ne sont pas
concordants avec nos numéros. Vous avez différentes formes de
graphiques. Vous avez certaines pages qui sont sous une forme de graphiques,
d'autres pages qui sont sous une autre forme de graphiques. Au moment où
on aurait envoyé tout cela en même temps, on aurait certainement
utilisé la même dactylographie.
On donne cela comme preuve. Nous avons les documents qu'on a
préparés. On vous les a donnés ici. C'est quelque chose de
complètement nouveau qui nous arrive. Certaines des questions qui ont
été posées auparavant sur le 28 octobre commencent
à m'éclairer un peu, parce que pour nous ce document était
nouveau. Pour d'autres, peut-être qu'il n'était pas nouveau. Si
toute l'argumentation est là-dessus, je pense que cela explique assez
bien le genre de charriage systématique auquel on a été
soumis. C'est que, pour nous, la prime d'intempéries, on ne l'a jamais
donnée. On ne l'a jamais accordée. La prime de "travelling time",
on l'a accordée de la façon qu'on l'a indiqué le 28
novembre.
Jusqu'à ce que quelqu'un me donne un document qui est mieux que
cela, je soumets que ce document, pour autant qu'on est concerné, n'a
aucune valeur pour nous.
M. Johnson: Vous nous dites, monsieur, que vous n'avez jamais
envoyé ce document? Est-ce que c'est ce que vous affimez à cette
commission, que vous n'avez jamais envoyé ce document tel qu'il nous est
présenté en ce moment par M. Dumoulin?
M. L'Heureux: Ecoutez, jusqu'à preuve du contraire, on n'a
jamais envoyé ce document tel qu'il est présenté.
M. Johnson: Je ne vous demande pas jusqu'à preuve du
contraire. Ecoutez, en principe, il émane de l'AECQ d'accord? Je
comprends qu'il y a beaucoup de papiers qui se passent dans une
négociation et on l'a vu ici. Je demande: Est-ce que, oui ou non, Me
Dion, vous avez fait parvenir cette lettre qui n'est pas signée?
Deuxièmement, oui ou non, cette lettre contenait-elle les pages qu'on y
retrouve telles que présentées en ce moment entre les mains de
cette commission?
M. Dion: Je répondrai à la commission que je ne
reconnais pas ce document comme ayant été envoyé par moi.
La lettre qui est là peut, et il faudrait le vérifier au bureau,
être la lettre qui était la lettre de couverture lorsqu'on a
envoyé notre texte de protocole. Peut-être qu'il y a eu jonction
de certains documents. Je n'accuse personne.
M. Johnson: ...un envoi tel quel.
M. Dion: Mais ce document, pas signé, je ne le reconnais
pas comme étant un document envoyé par moi.
M. Couture: Quand vous parlez du document, dans le
deuxième paragraphe: Nous vous saurions gré de bien vouloir
vérifier le contenu de ce document. Donc, il y a un document. De quel
document peut-il s'agir si cette lettre est signée par vous autres?
M. Dion: La lettre n'est pas signée.
M. Couture: C'est-à-dire, elle n'est pas signée,
mais votre nom est là. C'est le papier de l'AECQ. De quel document
peut-il s'agir, si vous en parlez'
M. Dion: C'est le papier de l'AECQ, effectivement, cela peut
être le papier de l'AECQ, je ne peux pas nier cela, évidemment, je
vois bien que c'est le "crest" de l'AECQ. Je ne veux accuser personne d'avoir
fabriqué un document, mais je dois vous dire que s'il y a une lettre qui
a été envoyée ou si jamais il y a eu une lettre qui a
été envoyée le 28 octobre, celle-là, je ne la
connais pas. La lettre devrait être signée normalement. Si on se
réfère à un document qui a été envoyé
à la partie syndicale, je vois simplement le document des protocoles
qu'on vous a déposé tantôt. Je ne reconnais pas cela comme
étant un document venant de chez nous.
M. Dumoulin: M. le Président, deux choses. Si vous
regardez la première lettre, les caractères de la machine
à écrire reflètent la même chose que les autres
pages, à un moment donné, qui sont différentes. Il y a une
chose qu'on voudrait savoir. Comment s'appelle la secrétaire de Michel
Dion, de l'AECQ, il y a des initiales en bas, je ne sais pas, comment
s'appelle-t-elle? Des en-têtes de lettres de l'AECQ, chez nous, on n'en a
pas. Vous pouvez être assurés de cela. D'ailleurs, on est
allergique à cela.
M. L'Heureux: Mais des originaux de lettres de l'AECQ, vous en
avez plusieurs.
M. Dumoulin: Je dis qu'on n'en a pas.
M. L'heureux: Comme les initiales et tout cela, je ne sais pas,
la question ne m'a pas été posée, je ne connais pas tout
le monde qui travaille à l'AECQ.
M. Dumoulin: ... se connaît.
M. L'Heureux: Ecoutez, on vous a déposé le document
qu'on a préparé chez nous le 21 octobre. On vous a aussi
déposé le document qu'on a scindé, ce document qu'on a
scindé en quatre parties. Comment est-ce qu'on aurait pu, entre cela,
préparer un troisième document puis l'envoyer avec certaines
corrections qui auraient été faites à une date
ultérieure? Comment est-ce qu'on aurait pu envoyer cela le 28 octobre?
Demander à un in- dividu: As-tu envoyé cela ou n'as-tu pas
envoyé cela?... Il s'échange pas mal de correspondance, y
avait-il dix feuilles après ou onze feuilles?... Il n'y a pas une
feuille qui est paraphée, il n'y a pas une page qui ressemble à
l'autre. Les numéros ne sont pas concordants. C'est une question
à laquelle il est pas mal difficile de répondre.
Nous, tout ce qu'on sait, c'est qu'on vous a déposé les
documents qu'on reconnaît avoir donnés. M. Bourdon de la CSN a
dit: La partie patronale c'est une partie arrogante, c'est une partie qui est
sûre d'elle, c'est une partie qui est dominatrice. On nous a
accusés ici de ne pas être aussi polis qu'on pourrait l'être
pour les membres de la commission, mais on ne nous a jamais accusés de
ne pas être logiques; même la partie syndicale, M. Bourdon, a dit
que la partie patronale était logique.
Comment, logiquement, aurait-on accordé une prime de $1 l'heure
quand il n'y a aucune prime dans le décret actuel de $1 l'heure, sauf en
pourcentage, car il y a une prime de 15% qui peut arriver à cela?
Même un chef d'équipe ou l'ancien contremaître reçoit
$0.70 l'heure, il n'y a aucune prime là-dedans de $1 l'heure. Comment
aurait-on accepté $1, sans le négocier, si on est aussi logique
que les gens l'ont dit et si on est en aussi bonne position?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Le député de Sainte-Marie sur une question de
règlement.
M. Bisaillon: M. le Président, c'est pour vous souligner
qu'il est une heure moins vingt-cinq et le ministre a annoncé son
intention de prendre la parole à moins le quart, mais au moment
où j'ai posé plus à bonne heure des questions à M.
L'Heureux, je m'étais réservé, suite a l'intervention de
M. Dumoulin, la possibilité de faire une déclaration, de parler
sur le sujet. Je remarque que d'une intervention à l'autre, on n'avance
plus tellement par rapport à tout ce qui a pu être dit, la semaine
dernière et aujourd'hui, quant au fond du problème qui nous
confronte aujourd'hui.
Moi, je pense qu'il serait peut-être temps, au lieu de faire des
interprétations de chaque côté... Je pense qu'il y a des
documents qui vont nous être déposés et qu'à la
lumière de cela en pourra faire les analyses qui s'imposent.
Par ailleurs, je veux souligner une chose, c'est qu'il y a un certain
nombre de faits qui me laissent songeur. Par exemple, toute l'argumentation de
M. L'Heureux sur la logique des choses, des offres, etc., je trouve que cela ne
tient pas dans le contexte que vous nous avez vous-même décrit.
C'est-à-dire que quand on arrive en fin de période de
négociation, quand, cette fin de période de négociation
étant due, il faut absolument régler un conflit, il y a des
choses qui dépassent la logique. On ne peut plus suivre la logique qu'on
s'était fixée au début des négociations. Ce n'est
pas pour moi un argument très fort de dire que ce n'est plus logique par
rapport à la position du début, parce qu'on sait fort bien que
d'un côté comme de l'au-
tre, tant du côté patronal que du côté
syndical, pour régler, on est obligé, à un moment
donné, d'abandonner des positions qui, au départ, semblaient
très logiques pour l'une ou l'autre partie.
Par ailleurs, je déclare immédiatement, M. le
Président, qu'il y a deux personnes qu'on n'a pas entendues à
cette commission.
Personnellement, je suis presque tenté de faire une motion
je ne la ferai pas mais j'indique par là au ministre du Travail
que je serais fort intéressé à ce que tous les membres de
la commission, qui ont assisté aux discussions entre la partie syndicale
et la partie patronale, reçoivent les commentaires des deux personnes
qui ont été appelées à participer à la
médiation entre les électriciens et l'AECQ, entre le 14 et le 19
octobre. Je me réfère, à ce moment-ci, à Me Michel
Robert et au sous-ministre, Gilles Laporte qui, à ce que j'ai pu
comprendre, a agi non pas comme sous-ministre, mais comme médiateur
spécial délégué dans une période où
il fallait absolument éteindre les feux, avant la période
électorale. Son travail s'est continué, immédiatement
après le conflit de la construction, à l'Hydro-Québec.
C'est dans ce sens que je pense qu'il serait utile que tous les membres
de la commission reçoivent les commentaires de M. Laporte,
médiateur, et de Me Robert, médiateur. Au-delà de toutes
les interprétations, au-delà de toutes les accusations que, d'un
côté ou de l'autre, on peut lancer, il me semble que c'est cela
qui déterminerait vraiment, par deux personnes de l'extérieur, ce
qui s'est exactement passé au moment des négociations.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Marie, je comprends que vous exprimez un voeu,
qu'a certainement entendu le ministre du Travail; il lui appartiendra de
décider.
M. Bisaillon: C'était la demande du député
de Nicolet-Yamaska et, par grandeur d'âme, j'en fait une motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous pouvez écrire votre motion, M. le député?
M. Couture: Est-ce que je pourrais demander au
député de Sainte-Marie si on peut d'abord recevoir la
recommandation et faire la demande aux deux personnes intéressées
pour savoir si elles acquiescent? Je ne crois pas que la commission puisse
obliger des fonctionnaires à déposer des documents comme tels.
Cela me paraît normal qu'on leur demande leur accord.
M. Bisaillon: Oui, M. le Président. Pour ne pas s'enferrer
dans la procédure, d'accord, je n'en fais pas une motion, mais je le
recommande fortement. J'indique au ministre que je pense que, du
côté de l'Opposition, on exprimerait le même
désir.
M. Couture: Je reçois la recommandation et on vous donnera
une réponse dans les plus brefs délais.
M. Bisaillon: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Anjou. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: J'aurais une très courte question à
Me Dion. M. Dion, reconnaissez-vous avoir écrit la clause
d'intempéries telle qu'elle est écrite dans le document
déposé en date du 28 octobre?
M. Dion: Vous voulez dire dans le document qu'a
déposé la partie syndicale?
M. Chevrette: Reconnaissez-vous avoir écrit cette clause
vous-même?
M. Dion: Non.
M. Chevrette: Avec l'amendement "voirie" à la place de
"route"?
M. Dion: Non.
M. Chevrette: Vous n'avez jamais écrit le dernier
paragraphe, ni l'entente?
Une Voix: Ni dans ce document, ni dans d'autres?
M. Chevrette: Oui, ni dans ce document, ni dans d'autres?
M. Dion: Honnêtement, on est obligé de vous dire
qu'on essaie de comprendre ce document et qu'on n'est pas capable de comprendre
d'où il peut venir.
M. Chevrette: Oui, mais la question n'est ras...
M. Dion: Je pense avoir répondu à la question.
M. Chevrette: Je m'excuse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, Me Dion!
M. ie député de Joliette, ensuite M. le
député de Portneuf aura une question additionnelle.
M. Chevrette: Je reprends ma question formellement. Oubliez le
document et prenez l'article 40, prime d'intempéries. Reconnaissez-vous
avoir dicté un tel article, avoir rédigé un tel texte?
M. Dion: Non.
M. Pagé: J'ajoute une question à celle du
député de Joliette. Vous reconnaissez ne jamais avoir
"textualisé" un tel énoncé ni dans le document du 28
octobre, ni dans tout autre document?
M. Dion: Je ne voudrais pas insister auprès de la
commission. On est en commission parlementaire. On cherche à
établir des faits; on n'est pas devant un tribunal de travail. Je ne
cherche aucun détour pour me sortir de la situation. Je vous ferai
remarquer que ce texte-là est un texte qui peut
ressemblerpas sur le même sujetà d'autres textes qu'on
a écrits. C'est le seul, dans tout ce document, qui commence par le
texte de l'article et, deuxièmement, l'entente, ce qui est exactement
l'inverse de la formule de tous les textes qu'on préparait, nous
autres.
M. Pagé: Ma question est bien précise.
M. Dion: La question, je pense que j'y ai répondu
plusieurs fois; je ne vois pas la raison du harcèlement de la
commission.
M. Pagé: II n'est pas question de harcèlement.
C'est qu'on n'est pas satisfait de la réponse.
M. Dion: J'ai répondu que cette lettre qui est
datée du 28 et le document... J'ai voulu, moi aussi, faire
préciser que cela, c'était bien un document total. Ce document
n'est pas un document de l'AECQ, ce n'est pas un document qui est signé
de ma main. C'est une lettre qui, apparemment, aurait été
transmise à M. Dumoulin par un nommé Michel Dion, pas
signée, contenant des documents que je ne reconnais pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député d'Anjou, une dernière question. Par la suite, je
donnerai la parole, conformément à l'entente intervenue, au
député de Saint-Laurent et, pour terminer, au ministre du
Travail. Alors, le député d'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, pour essayer non pas de
mettre fin au débat, parce que j'ai l'impression qu'on est dans un jeu
de "clue", je vais poser deux questions. Je pense que Me Dion y a
répondu assez clairement en ce qui concerne l'AECQ. Il dit ne pas
reconnaître avoir rédigé le texte qui est indiqué
comme étant la page 40. Deuxièmement, sur le document dans son
ensemble, il dit mettre en doute la possibilité que ce soit lui qui ait
envoyé cela. Je demanderais maintenant ceci à la partie
syndicale, à M. Dumoulin. M. Dumoulin, m'affirmez-vous avoir
reçu, même sans que cela ait été broché,
exactement ces feuilles que vous nous avez remises comme copie, sans autre
feuille et sans qu'il y ait eu d'addition à cela par la suite? Vous
m'affirmez que c'est le document que vous avez reçu?
M. Dumoulin: C'est ce que j'ai mentionné tantôt,
puis c'est la même chose que je redis. J'ai reçu ces documents,
tels qu'ils sont là, et c'est moi qui les ai brochés. Il y a une
question à laquelle je n'ai pas eu de réponse. Comment s'appelle
4a secrétaire de l'AECQ? Moi, je voudrais bien le savoir si cela
correspond avec ce qu'il y a en bas.
M. Johnson: C'est CGV.
M. Dumoulin: C'est quoi cela, CGV? Est-ce que ce sont ses
initiales ou non? C'est ce que je veux savoir, je ne le sais pas, moi.
M. L'Heureux: C'est possible. On a des secrétaires qui
s'appellent Gagnon, des secrétaires qui s'appellent Valois, il y a
toutes sortes de secrétaires au bureau. Maintenant, c'est un secret de
polichinelle qu'on a adressé d'autres correspondances à M.
Dumoulin et là-dessus il y avait des lettres. Alors, il ne faut tout de
même pas charrier. Maintenant, regardez, vous avez posé une
question...
M. Dumoulin: M. le Président, on est en train de nous
accuser d'avoir fait des documents.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Dumoulin j'ai capté la remarque très subtile de M. L'Heureux. Je
vous inciterais, s'il vous plaît, à ne plus agir de la sorte.
M. L'Heureux: Je retire ce que j'ai dit.
Voici le point que je voulais souligner. Si vous regardez encore
l'article 40, il y a une addition qui a été faite à la
main, "voirie". Normalement, c'est rare qu'on va envoyer quelque chose et qu'on
va faire une rature à la main. Vous avez une autre rature qui est faite
à l'article 38 de la FIPOE; c'est à peu près la même
encre et c'est signé à côté, Michel Décary.
Alors, comment en envoyant un document chez nous, peut-on envoyer cela avec?
Vous savez, sans vouloir faire de procès d'intention, on se pose
beaucoup de questions, puis on a beaucoup de réserves.
M. Dumoulin: M. le Président, j'enverrai l'original que
j'ai au bureau. Je suis convaincu que ce sont des copies aussi, mais je tiens
à vous mentionner une affaire. On vous a remis des documents ici,
à tout le monde avec une couverture noire. M. L'Heureux affirme depuis
le début il a raison d'ailleurs que le document qu'il y a
ici a été signé à chaque page, paraphé par
Guy Dumoulin. Regardez dessus s'il est paraphé. Il ne l'est pas
paraphé, aucune page dans ceux que je vous ai remis. C'est parce que
cela s'adonne qu'il n'y avait que la partie patronale qui avait ce document ce
matin-là lorsqu'ils sont partis; nous on n'en avait pas de
paraphés.
Ce qu'on négocie intensivement comme cela, on a toutes sortes de
documents qui "revoient". A un moment donné, vous préparez des
documents que vous soumettez avec des pages qui ont été faites
une autre fois et ainsi de suite. Là, il ne faudrait pas non plus, je ne
veux pas utiliser l'expression de M. L'Heureux, "charrier". Moi, je vous dis:
Regardez le document et je n'ai aucun document paraphé de ma main sur
l'entente qui est intervenue le 17 novembre, pour une simple et unique raison,
il n'y a que la partie patronale qui en avait un. Elle était
pressée de s'en aller le matin, après. Alors, on n'en a pas fait
de copies. Il était sept heures du matin, A sept heures du matin au
ministère du Travail, les secrétaires étaient parties.
J'essaie d'expliquer, messieurs, que c'est vrai que souvent on va
retrouver des documents écrits à la main, comme on retrouve dans
le document qu'on vous a présenté. Vous avez des endroits
où cela est biffé. Même le protocole d'entente
contient des corrections à la main. Ecoutez un peu. On n'est pas
des secrétaires, et à un certain moment on fait des erreurs. Ce
sont les documents dont on s'est servi qu'on avait. Vous m'avez posé une
question. Je vous ai répondu. C'est le document que j'ai eu. Que
voulez-vous que je vous dise? Je vous l'ai déposé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
interventions sont maintenant terminées. Pour cinq minutes, je
cède la parole au député de Saint-Laurent et, pour
terminer, au ministre du Travail.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Nous avons
entendu, depuis plusieurs jours, un exposé extrêmement laborieux
d'une entente qui est apparemment intervenue entre les parties dans l'industrie
de la construction. Il est nécessaire, à ce moment-ci, de
qualifier le comportement des parties au cours de la négociation et au
cours des mois qui ont suivi la négociation.
Les parties sont très certainement en droit de se plaindre, en
quelque sorte, des difficultés, des lenteurs à aboutir à
un texte de décret qui soit final et qui reflète
véritablement ce qui s'est produit ou aurait dû se produire
l'automne dernier. Mais, avant de blâmer les autres et avant de
blâmer le gouvernement, ou de se blâmer les uns les autres pour les
lenteurs qui sont intervenues, je crois qu'il est nécessaire de
souligner que chacune des parties doit d'abord se blâmer elle-même
pour une situation qui est absolument déplorable, mais qui est bien
explicable quand on voit exposé le récit des
événements. Ce sont des négociations qui se font dans des
conditions peu propices pour la compréhension réciproque des
offres et des contre-offres, une négligence impardonnable de l'une et de
l'autre partie, lorsqu'elles se sont séparées, sans avoir un
texte paraphé qui expose, de façon complète, le contenu de
l'entente à laquelle on était prétendument
arrivé.
Je crois qu'on s'est conduit, de part et d'autre, à ce
moment-là, de façon absolument irresponsable. C'est la
première négociation dont il m'a été donné
de prendre connaissance, directement pu indirectement, où je vois se
produire un phénomène comme celui-là, où la
confusion est pratiquement e îtretenue par tous ceux qui y ont
participé de façon presque systématique. Je crois que nous
avons affaire à des adultes qui ne se sont pas vraiment comporté
comme des adultes, dans ces circonstances-là. Sous prétexte que
c'était pressé, on a créé une situation qui n'est
pas encore débrouillée, quelque six, sept ou même huit mois
après la fin des négociations qui se sont poursuivies toute la
nuit et de façon intensive. Sous prétexte que c'était
pressé. Mais, encore une fois, on se rend compte qu'il faut parfois se
dépêcher un peu plus lentement si on veut aboutir à des
solutions qui vont tenir.
On peut également déplorer, et je le fais avec beaucoup
d'impartialité, je pense qu'on le reconnaîtra, que le
ministère du Travail, quels qu'aient été les circonstances
et le contexte, n'ait pas dé- ployé plus de rigueur dans
l'intervention qu'il assumait auprès des parties.
A mon avis, tous ceux qui ont été impliqués doivent
recevoir une partie du blâme. Cependant, on ne règle pas le
problème en condamnant un comportement qui ne devrait plus se
reproduire. On est en face d'allégations extrêmement graves quant
à l'utilisation de contenu de documents.
Pour avoir écouté avec une très grande attention
l'une et l'autre partie, je dois confesser, avec la meilleure volonté du
monde, qu'il est très difficile pour les membres d'une commission
parlementaire, qui ne peuvent pas facilement recourir aux instruments qui
devraient être les leurs dans des circonstances comme celles-là,
de débrouiller l'écheveau extrêmement compliqué,
presque compliqué à plaisir de cette négociation.
Motion pour constituer une commission
d'enquête
M. Forget: C'est la raison pour laquelle, M. le Président,
je me vois poussé à faire une suggestion et, même plus,
à faire une motion pour qu'une commission d'enquête
spéciale soit constituée, présidée par un juge, et
que les faits et les allégations qui ont été faites devant
nous fassent l'objet d'une investigation de caractère judiciaire.
Le ministre ne pourra pas, décemment, trancher le noeud gordien,
même s'il devra le faire à un moment ou l'autre par la voie d'un
décret qu'il recommandera au Conseil des ministres. Il ne pourra pas le
faire avec une apparence de justice à moins que les faits soient
établis sans aucun doute. Ceci ne pourra pas être fait j'en
ai bien peur par la continuation du travail de la commission
parlementaire.
C'est la raison pour laquelle je présenterais une motion, M. le
Président, qui se lirait comme suit: "Que le ministre du travail
recommande au lieutenant-gouverneur en conseil la constitution d'une commission
d'enquête présidée par un juge pour établir les
faits ayant entouré les négociations de la convention collective
dans l'industrie de la construction ainsi que la préparation des
documents devant refléter l'entente intervenue ou non entre les
parties."
Il est essentiel de faire la lumière parce que, si on ne la fait
pas à cette occasion et que le gouvernement intervient par une
décision qui, forcément, devra se rapprocher de la version de
l'une ou de l'autre des parties, on entretiendra une atmosphère presque
invivable lors de la prochaine négociation dans l'industrie de la
construction.
Il pourrait même se faire qu'une partie qui se serait
peut-être rendue coupable de plus qu'une simple négligence soit
celle qui bénéficie de la décision ministérielle.
On se rend compte, à ce moment, jusqu'à quel point la situation
serait rendue difficile. Quand je dis cela, je veux souligner, M. le
Président, que je n'exprime aucun jugement sur la position de l'une ou
de l'autre partie.
Selon le déroulement de la discussion, j'ai été
porté parfois à me rallier à la thèse de l'une ou
l'autre partie pour tout à coup voir s'effriter les ar-
guments que je pensais avoir pour prendre une position comme
celle-là.
Pour ne pas être injuste, j'en suis venu à la seule
conclusion qui m'apparaît devoir être prise, soit la motion que
j'ai présentée au nom de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, pourrais-je avoir une copie
écrite de votre motion, s'il vous plaît?
M. Forget: Oui, je l'ai ici.
M. Russell: M. le Président, je voudrais simplement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pas sur
le fond de la motion puisqu'elle n'a pas encore été
déclarée recevable ou irrecevable.
M. Russell: Mais j'ai le droit quand même de parler sur la
motion sans parler sur le fond.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
recevabilité, oui.
M. Russell: M. le Président, avant de commencer, je
voudrais tout simplement me placer dans un contexte qui est peut-être un
peu particulier. Je ne voudrais pas que la commission se retranche
derrière un règlement qui dit qu'on doit ajourner à 13
heures pour priver le ministre de son droit de parole. Mais je pense qu'on
devrait prendre, vu l'importance de la situation, quelques minutes de
répit et prolonger les délais pour s'assurer que tout le monde
partira d'ici avec la satisfaction du devoir accompli. Je pense, M. le
Président, que vous devez recevoir cette motion et je peux simplement
corroborer les propos du député de Saint-Laurent. Depuis
plusieure heures, nous écoutons les deux parties. Loin de moi la
pensée de vouloir accuser l'une ou l'autre des deux parties; je pense
que tout le monde est de bonne foi, mais il semble y avoir tellement
d'ambiguïté qu'il semble que plus la commission siège plus
on est mêlé. Il faudrait qu'on puisse trouver une solution, sortir
les faits réels qui sont présentés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi, je vous demanderais d'intervenir sur
la recevabilité ou l'irrecevabilité de la motion, puisque j'aurai
à rendre une décision qui ne sera certainement pas prise, avant
13 heures, je vous le dis d'avance, vu que nous allons ajourner sine die
à 13 heures. Alors c'est une motion qui va certainement être prise
en délibéré.
M. Pagé: C'est vous qui allez la rendre, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
président va prendre la motion en délibéré,
à savoir que je vais réfléchir pendant l'heure du
dîner et cet après-midi sur la recevabilité ou non. Je vous
demanderais, pour m'éclairer, d'intervenir sur la
recevabilité.
M. Russell: M. le Président, je pense que la raison de
recevoir cette motion, c'est parce qu'elle est valable et que le
député de Saint-Laurent est en droit de la faire dans le contexte
actuel. Je tente d'expliquer le contexte pour vous dire qu'une motion comme
celle-là est recevable, étant donné la situation.
M. Bisaillon: Et le règlement le permet!
M. Russell: Le règlement le permet certainement. C'est
évident qu'il n'est pas pour commencer à relire le
règlement. Il l'a devant lui et c'est inutile de lui demander de le
relire, mais je pense qu'à cause de l'importance de la motion le
président doit la recevoir. Dans ce cas, M. le Président, si je
ne peux aller plus loin dans la justification de la motion, je vais revenir
tout à l'heure sur le fond de la motion.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est le
ministre que j'avais reconnu sur la recevabilité de la motion.
M. Couture: M. te Président, je crois que la motion n'est
pas recevable, et si vous dites qu'elle est recevable, je voterai contre pour
la raison suivante. Je ne me prononcerai pas sur le fond parce qu'on n'a pas eu
encore votre décision. Je recommanderais à l'Opposition
officielle de retirer sa motion pour les raisons que j'aimerais exposer. Si
nous nous en tenons au mandat même de la commission parlementaire,
à l'article 18, et à l'esprit et à l'économie de la
Loi des relations de travail dans la construction parce que je veux
suggérer qu'il retire sa motion je crois que ce qui nous a retenu
ici et c'est l'objectif de la commission, c'est avant tout pour écouter
les explications des parties, les raisons pour lesquelles ils n'ont pas pu
s'entendre sur les modifications proposées par le ministre.
Le fond et la base de toute modification possible, autre que celles qui
ont été proposées et remarquez ce à quoi
faisait allusion le député de Saint-Laurent c'était
davantage, surtout ce que nous avons entendu, sur les électriciens
c'est évident, je l'ai dit au début, je l'ai
répété souvent, notre base possible d'intervention, c'est
uniquement dans le cadre d'une convention collective signée et
négociée. Il n'est pas du tout question pour nous de nous
transformer pour le ministre en tout cas, parce que c'est la
responsabilité du ministre de nous transformer, dis-je, en juge
ou en trinunal. Pour nous, nous avons entendu les faits. C'est seulement sur
des faits très clairs, hors de tout doute qu'il nous sera possible de
modifier, en profondeur, la convention collective.
Donc et d'ailleurs j'allais le dire dans ma déclaration
finale je pense que ce n'est pas à travers cette commission
parlementaire que nous allons régler les problèmes graves dans le
secteur de la construction, et aussi les trous très apparents de cette
loi qui, finalement, a été le cadre juridique de la
négociation. On a fait état de la
confusion, des problèmes, parce que les problèmes ne sont
pas seulement reliés peut-être à la façon dont cela
a été négocié, mais c'est relié au cadre
juridique même.
Je pense que nous avions convenu que notre commission parlementaire se
terminait à 13 heures. Je demanderais à l'Opposition officielle
de retirer sa motion en l'assurant que ce n'est pasenfin j'aimerais qu'on
puisse se rallier, en commission parlementaire, là-dessus ce
n'est pas à travers cette commission parlementaire et dans le mandat de
l'article 18 que nous allons régler ces problèmes graves. On peut
donner l'assurance on n'a d'ailleurs pas le droit d'aller au-delà
que les modifications proposées ne pourraient d'aucune
façon donner l'impression que nous nous substituons à un
tribunal.
Ce sera sur des faits bien précis.
J'ajoute, M. le Président, que le but était d'entendre ces
explications. Nous avons, avec l'accord des membres, écouté
d'autres représentations sur des problèmes qui avaient
été soulevés quand on nous a présenté des
objections. Je pense que nous l'avons fait pour nous éclairer un peu sur
ce domaine de la construction. La loi établit que le ministre a des
responsabilités au nom même de l'intérêt public et
c'est dans ce sens qu'il interviendra avec beaucoup de prudence. Je pense qu'on
l'a signalé tout à l'heure, cela fausserait complètement
toute nouvelle négociation si les parties avaient l'impression que ce
qui est signé n'est pas valable ou ce qui a été
négocié n'est pas valable. C'est à nous de juger vraiment
si, au nom de l'intérêt public, il y a des choses en suspens qu'on
doit corriger.
Je dirais, pour terminer, M. le Président, que notre Loi actuelle
sur les relations du travail dans l'industrie de la construction se compose
d'une série de pièces détachées...
M. Pagé: Vous n'êtes plus sur la recevabilité
de la motion?
M. Fontaine: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Couture: Je fais cette déclaration pour convaincre mon
collègue...
M. Pagé: Vous tenterez de nous convaincre quand elle sera
reçue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Portneuf.
M. Couture: Je dois ajouter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, M. le député de Portneuf, un instant. Il est une
heure...
M. Pagé: On ajourne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Normalement, à moins d'avoir le consentement unanime, je devrais
ajourner. Est-ce que j'ai le consentement unanime pour permettre tout d'abord
la question de règlement du député de Nicolet-Yamaska,
faire terminer le ministre, s'il est encore sur la recevabilité de la
motion, et permettre aux députés de Portneuf et de Sainte-Marie
d'intervenir?
A moins de ce consentement unanime, j'ajournerai simplement sine die les
travaux, tout en prenant en délibéré cette motion
jusqu'à prochain ordre de la Chambre, s'il y a lieu.
M. Pagé: J'ai une question à vous poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais dire à cette commission que le
ministre du Travail n'est plus sur la recevabilité de la motion. Je
donnerais mon consentement pour continuer ces travaux en parlant seulement sur
la recevabilité de la motion. Lorsqu'on aura terminé de parler
sur la recevabilité de la motion, on pourra ajourner et vous pourrez
rendre votre jugement cet après-midi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a consentement unanime?
M. Couture: Pour?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour que
le ministre du Travail, le député de Portneuf et le
député de Sainte-Marie parlent, même passé une
heure, sur la recevabilité de la motion, et ce, de façon
très brève, pour par après ajourner sine die les
travaux?
M. Couture: M. le Président, il y aurait...
M. Jolivet: A la salle 81, il y a un problème, le caucus
du Parti québécois se réunit de 1 heure à 3 heures
ici même, je m'excuse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Laviolette, je vous dirai que, si les membres de la
commission font preuve d'unanimité, à ce moment, on peut
continuer.
M. Couture: M. le Président, je serais d'accord...
M. Lavigne: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Lavigne: ... question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Question
de règlement, M. le député de Beauharnois?
M. Lavigne: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quel
article? Quelle question de règlement?
M. Lavigne: 42.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Je voudrais que vous posiez la question autrement.
Vous incluez les questions et la fin de l'exposé du ministre. On doit se
prononcer sur l'ensemble. J'aimerais que vous nous proposiez la fin de
l'exposé du ministre sans les questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauharnois, on est sur la recevabilité d'une
motion. Je n'ai permis à aucun des représentants de parti
d'intervenir sur le fond, sauf au député de Saint-Laurent qui a
présenté, très subtilement, sa motion après avoir
fait ses remarques de fond. Y a-t-il consentement unanime pour ces trois
dernières interventions?
M. Couture: II y aurait consentement unanime si on accepte la fin
de l'exposé du ministre.
M. Pagé: Cela ne porte pas sur la recevabilité de
la motion, M. le ministre.
M. Couture: Ce serait au-delà de la discussion.
M. Pagé: Je m'excuse...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Couture: Alors, il n'y a pas de consentement unanime.
M. Bisaillon: Est-ce que je peux souligner au
député de Portneuf qu'on pourrait disposer, en trois
interventions, de la question de la recevabi- lité? Un président
peut prendre la recevabilité d'une motion en
délibéré et, par la suite, au moment où elle est
prise en délibéré, on donne trois ou quatre minutes au
ministre pour terminer son intervention.
M. Pagé: Une fois que le président aura
déterminé si la motion est recevable ou non.
M. Bisaillon: II peut la prendre en délibéré
et nous dire qu'il va nous donner une réponse dans une heure ou dans
deux heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
question qui me préoccupe actuellement messieurs, vous semblez ne pas la
comprendre. Cela me prend le consentement unanime pour prolonger la commission
au-delà de 13 heures. C'est ce qui m'intéresse pour le
moment.
M. Couture: Bon. Il n'y a pas consentement unanime, M. le
Président.
M. Pagé: Le ministre refuse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme il
n'y a pas de consentement unanime...
M. Pagé: Le ministre refuse de collaborer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, s'il vous plaît!
M. Couture: Non, le ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés jusqu'à un prochain ordre
de la Chambre et la motion est prise en délibéré.
(Fin de la séance à 13 h 3)