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Etude des crédits du ministère du
Travail
et de la Main-d'Oeuvre
(Seize heures quarante minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration est
réunie pour étudier les crédits budgétaires du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Nous en étions au programme 2. Y a-t-il encore des questions, ou
des commentaires généraux sur le programme 2, avant que nous
passions à l'étude des éléments?
M. Bellemare: J'avais presque fini. J'avais attendu un peu...
Le Président (M. Marcoux): Vous aviez la parole, si je ne
me trompe. Alors, le député de Johnson, avec plaisir. Je tiens ma
promesse et je vous donne la parole.
M. Bellemare: Merci, si l'Opposition n'a pas d'objection.
M. Forget: On apprend, à vous écouter.
Normes de travail (suite)
M. Bellemare: J'étais rendu à vous dire que dans
les projets de loi sur les conditions minimales de travail, après avoir
cité plusieurs documents et avoir surtout répondu à
plusieurs questions qui sont d'ailleurs enregistrées au journal des
Débats, on avait parlé de paiement de salaire, on avait
parlé de salaire minimum, on avait parlé de la période de
repos qui devait être assurée aux salariés, d'une pause
journalière, du droit à un certain nombre de jours
fériés payés par année, qui devrait être
institutionnalisé et non pas reconnu dans des conventions collectives
pour amener des discussions aux tables de négociations qui ne servent
à rien. On les accorde, en fin de compte, parfois c'est sept, parfois
huit congés de jours fériés. Il y a une discussion. La loi
devrait prévoir ces jours fériés, comme condition
minimale. Le congé de maternité, je pense, l'octroi d'un
congé sans salaire pour un accouchement, d'une durée de quinze
semaines, qui est prévu par l'assurance-chômage est
déjà limité par la Loi de l'assurance-chômage. Il
devrait y avoir une interdiction formelle de congédier, pour quelque
motif que ce soit une femme enceinte. Cela devrait être aussi inscrit,
pour que ce ne soit pas répété dans les conventions
collectives. Il y a un tintamarre, surtout dans l'industrie de la robe, quand
le décret se renouvelle. Il y a des plaidoiries qui se font pendant des
jours et des jours, sur ce point du congé de maternité. A mon
sens, c'est reconnu, dans un pays civilisé comme le nôtre et
avancé au point de vue syndicaliste; il y a du syndicalisme partout.
Il y a aussi les conditions de travail féminin le soir, dans les
équipes du soir. On a voulu l'introduire. C'est nous qui l'avons
introduit en 1968 ou 1969 comme permissible dans les équipes de nuit,
mais à certaines conditions que l'on ne respecte pas. On fait travailler
les femmes le soir, à deux heures du matin, le travail est fini, on les
congédie. On dit: C'est fini. La condition sine qua non qui existe dans
le Code du travail, dans la Loi des établissements industriels et
commerciaux, exige qu'il y ait quelqu'un qui aille les reconduire. C'est clair.
Ce n'est pas toujours les "chums" qui viennent les chercher.
Il y a des conditions minimales qui sont là, qui devraient
être au moins dans les conditions minimales.
Les études sérieuses ont-elles été faites
par le ministère, au sujet de ces différents points que j'ai
soulevés? On ne voudrait pas que l'ensemble des propositions ajoute,
pour les industriels, pour la masse salariale, et particulièrement pour
la petite et la moyenne industrie, des charges supplémentaires, parce
que cela ne serait pas raisonnable, je pense. Le ministre a dit, dans un
article du Devoir, que j'ai ici: Les précisions demeurées
inaperçues, ce que pourrait être un régime universel de
nouvelles normes de travail. Cela a été cité dans le
Devoir du 21 février 1977. Il terminait en disant: L'ensemble de toutes
ces propositions qui contribuerait, à mon avis, à
améliorer notamment le climat de travail, au Québec, par des
meilleures conditions de travail, n'ajouterait pas à la masse salariale
de l'entreprise, exception faite des jours fériés payés,
le mieux-être des travailleurs résidant dans le respect de leur
dignité.
M. le Président, je pense que cela termine mon exposé sur
les questions minimales. Le ministre pourrait peut-être me donner, tout
à l'heure, quand il le voudra, certaines réponses à toutes
ces questions.
Le Président (M. Marcoux): Peut-être M. Mackasey
immédiatement avant la réponse du ministre... M. le ministre?
M. Couture: Est-ce pour ajouter...? Est-ce sur le même
sujet?
M. Mackasey: Cela ne durera pas trop longtemps, M. le ministre.
C'est naturellement sur les normes de travail.
M. Couture: Si c'est pour ajouter, sûrement.
M. Mackasey: Quelques observations, quelques questions, s'il vous
plaît. Je commence en disant que nous avons au niveau
fédéral une loi qu'on peut appeler les normes de travail, je le
mentionne, non pas parce que cela existe depuis dix ans, mais tout simplement
pour porter à votre attention les problèmes, très
sérieux dans beaucoup de cas, que posent les normes du travail au niveau
fédéral et qu'on a été obligé d'amender
à
quelques reprises et qui existent peut-être encore. Là, je
parle des difficultés à appliquer les normes de travail dans le
domaine des transports, par exemple, du grand problème de limiter les
camionneurs à huit heures de travail par jour ou quarante heures par
semaine, du principe impératif de respecter les droits de ces hommes
dans le domaine de la santé, et en même temps, du problème
de l'employeur qui, peut-être, justement, à la septième
heure est obligé, dans le domaine de la construction, de charger le
ciment parce que, naturellement il ne peut pas attendre au lendemain. C'est un
secteur, M. le ministre, que je porte à votre attention. Il y a d'autres
domaines du transport qui ne relèvent peut-être pas du domaine
provincial mais je pense que vous avez un chemin de fer quelque part au
Québec mais moi, je parle de ce qui existe réellement au
Québec à l'heure actuelle. Vous aurez encore, dans ce domaine, le
même problème, problème de huit heures par jour, quarante
heures par semaine. Mais c'est le domaine du salaire minimum qui
m'intéresse et si la question a déjà été
posée par mes collègues, je ne la poserai pas. Vous avez
suggéré, il y a quelques mois, d'augmenter le salaire minimum par
un ordre du cabinet et non par la loi, selon une formule, si je me rappelle
bien, basée sur le coût de la vie. Est-ce encore votre
intention?
M. Couture: Voulez-vous que je réponde maintenant?
M. Mackasey: Oui.
M. Couture: Je vais d'abord, si vous permettez, faire quelques
commentaires sur ce que disait le député de Johnson à
propos des conditions minimales. Je pense qu'il a couvert à peu
près l'ensemble des dispositions que nous avons l'intention de proposer.
On voudrait lui faire remarquer que la restriction est enlevée pour le
travail féminin la nuit, sauf pour les personnes de moins de 18 ans.
Les études sérieuses ont-elles été faites
pour analyser l'impact économique possible pour les industries?
Il y a eu au ministère depuis plusieurs mois, sinon deux ou trois
ans, un travail de recherche là-dessus. Comme je l'ai dit au
début de la commission parlementaire, je crois que dans l'ensemble des
entreprises québécoises, finalement, on a à peu
près ce cadre. Ce qu'on recherche dans le projet de loi, c'est vraiment
mettre fin à l'exploitation parfois honteuse dans un certain nombre
d'industries québécoises où le travailleur non
syndiqué, donc non protégé, à toutes fins
pratiques, est laissé à lui-même pour des conditions de
travail aussi fondamentales que nous proposons.
J'ajouterais aussi que, même si dans certain cas cela pourrait
être un peu pénalisant, à un moment donné, on doit
faire des choix politiques, c'est-à-dire: Est-ce qu'on doit accepter
facilement un seuil assez bas de conditions de travail pour sauver certaines
entreprises? Je l'ai dit et je le di- rai peut-être jusqu'à la fin
de ma vie: II faut répondre à ce problème autrement. On
doit s'entendre, en 1977, pour dire ce qu'il faut exiger dans notre
société québécoise, notre richesse nationale, ce
qui a été acquis par convention collective, notre standard de
vie, le "wealth right" du Québécois, ce qu'on peut exiger des
entreprises pour les salariés québécois.
C'est évident que cela peut être pénalisant pour
certaines entreprises, mais c'est la responsabilité du gouvernement d'y
pallier autrement.
J'ajouterais que, pour nous, c'est un régime de base, mais c'est
aussi un régime de suppléance, c'est-à-dire, avec les
déclarations qui ont été faites par plusieurs membres du
gouvernement, ce qu'on a dans notre programme politique, il restera toujours
que le meilleur instrument des travailleurs sera le syndicalisme.
Notre régime de condition minimale est le cadre de base, mais
c'est aussi, pour nous, une façon de dire à tous les
salariés: C'est vraiment minimal, votre véritable protection sera
le syndicalisme.
La question du député de Notre-Dame-de-Grâce
à propos du salaire minimum, la formule que nous retenons actuellement,
et, éventuellement, assez rapidement vous en aurez des nouvelles, c'est
une formule d'indexation au salaire moyen. Nous acceptons, nous nous rallions
à la recommandation du groupe Castonguay qui a étudié
toute la politique du salaire minimum, son impact économique et aussi sa
philosophie. C'est cette formule que nous retenons.
M. Mackasey: le ministre, est-ce que vous avez quelques mots
à dire? Est-ce que vous avez déjà eu l'occasion de
décider quelles seront les normes de travail qui seront
appliquées dans le domaine des transports? Je le demande, par exemple,
parce que je me rappelle le cas d'une compagnie de paquebots qui a
été en Cour supérieure, même en Cour suprême,
je crois. Elle a gagné une cause où elle n'était pas
affectée par les normes de travail du fédéral. Elle a
trouvé dans les normes provinciales qui existent à l'heure
actuelle...
Pour cette raison, les gens n'ont pas le même salaire ni les
mêmes conditions de travail. Est-ce que vous voulez peut-être
passer cinq minutes sur ce point-là?
M. Couture: II y a un conflit de juridiction avec le
fédéral sur...
M. Mackasey: Ce n'est plus un conflit maintenant, parce que la
cour a décidé que c'est provincial et là on discute les
normes de travail provinciales. Tout ce que je demande, c'est si vous
décidez comment appliquer les normes de travail dans le domaine des
transports, des paquebots. Comme vous le savez, c'est un problème tout
à fait spécial et très difficile à
régler.
M. Couture: Les conditions minimales s'appliqueront à tous
les salariés québécois, sauf que la
loi permet à certains égards des exclusions par
règlement selon la nécessité et l'analyse que nous pouvons
faire dans ce secteur. Par rapport au transport lui-même, le camionnage
provincial, ces normes vont aussi s'appliquer mais je dois dire que, dans ce
domaine, cela dépasse de façon assez importante ce qu'on offre.
Dans le camionnage, on est drôlement plus avancé que ce qu'on
offre comme conditions minimales, on est au-dessus de ça.
M. Bellemare: Prétendez-vous que la Loi du salaire minimum
va demeurer?
M. Couture: Non, c'est la Loi des conditions minimales de
travail. Et dans cette loi, nous incluons le principe, ou le mécanisme
de fixation du salaire minimum semestriel. Nous adoptons deux choses. Dans la
loi, par règlement, il sera loisible au gouvernement, annuellement, de
réviser possiblement la formule dans le contexte
socio-économique, parce que je pense que, par mesure de prudence, nous
devons faire cela. Nous ne pouvons pas lancer une formule automatique en
disant: Nous n'y touchons plus. C'est par règlement que nous allons nous
donner ce pouvoir de réévaluer annuellement cette formule. Mais
le salaire lui-même est une des conditions minimales prévues au
projet de loi.
M. Bellemare: Dans un article paru le mercredi 16 février
1977, vous donnez deux critères de base. Le premier, on vient de le
voir, est une indexation sur le salaire moyen observé dans tout le
Québec; le deuxième point prévoit que cet ajustement du
salaire minimum se fera automatiquement tous les 1er janvier et 1er juillet.
Et, en arrière de vous, quelques mois plus tard, le 4 mai, il y a
quelques jours, un membre de la Chambre, M. Chevrette, l'ex-négociateur
des enseignants dans le front commun intersyndical en 1972, est par ailleurs
d'avis que la Commission du salaire minimum devrait disparaître au profit
d'un organisme qui chapeauterait l'application de la future loi sur les
conditions minimales de travail et une loi modifiée du salaire minimum
dont les hausses seraient basées sur l'accroissement du coût de la
vie et de la richesse collective plutôt que sur les prétentions
politiques annoncées au préalable.
M. Couture: Je comprends très bien.
M. Bellemare: Je me demande je ne veux pas vous faire
contredire les uns les autres, cela ne serait pas beau .
M. Chevrette: Vous ne réussirez pas.
M. Bellemare: Non. Et ce ne serait pas beau.
M. Chevrette: Ce sont des hypothèses. Si les journalistes
avaient tout écrit, je vais faire partie de la confrérie des mal
cités...
M. Bellemare: Ah bon!
M. Chevrette: Mais je vais vous dire que j'ai émis toutes
les hypothèses. Il n'y a pas d'hypothèse strictement
arrêtée. J'ai dit, j'ai même prétendu strictement ce
que M. Couture avait dit la semaine précédente, le salaire moyen,
j'ai dit que cela pourrait être aussi la question de l'indexation
à l'augmentation du produit national brut. J'ai parlé de toutes
les hypothèses. Il a cité celle-là, mais c'est le droit le
plus strict du journaliste de prendre ce qu'il veut, mais c'est aussi mon droit
le plus strict de rectifier les faits, mon cher monsieur le
député de Johnson.
M. Bellemare: Ecoutez, M. le député, M. le
Président, je ne cherche pas à les mettre en contradiction, mais,
quand c'est évident, que je lis dans un journal, le 17 février,
la déclaration d'un ministre et que je lis, le 4 mai, cela fait quelques
jours, la déclaration d'un adjoint parlementaire, je me demande lequel a
raison. Je pose simplement la question. Qu'on m'éclaire, qu'on me le
dise. Je suis réceptif, je suis bien disposé.
M. Chevrette: On voit cela.
M. Bellemare: Je ne voudrais pas vous mettre en conflit.
M. Couture: Mais je pense que c'est justement très
intéressant que, dans le débat, avant que le Conseil des
ministres, le gouvernement, ait arrêté sa position...
M. Bellemare: ...
M. Couture: C'est fort intéressant d'alimenter le
débat en parlant d'hypothèses, en permettant aux intervenants de
réagir. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait; on a reçu des
mémoires du Conseil du patronat, du conseil des travailleurs, d'un
certain groupe de syndicats...
M. Bellemare: Parce que vous êtes complètement
à droite, lui s'en va dans une autre direction et je ne sais pas lequel
va faire le "between".
M. Couture: Je pense qu'on n'a pas la même
définition de la droite et de la gauche.
M. Bellemare: Oui. C'est cela. Je pense que vous êtes pas
mal plus sage, vous avez l'expérience du peuple du trottoir, la
philosophie du trottoir. Vous la comprenez peut-être un peu mieux que lui
parce que, lui, il est un peu plus jeune et peut-être va-t-il apprendre
vite par exemple.
M. Couture: On se comprend très bien.
M. Bellemare: Oui, mais vous comprenez-vous dans vos
déclarations?
M. Couture: Lisez-le comme il le faut. Vous allez voir que cela
se complète.
M. Bellemare: Je l'ai lu et je comprends aussi quand je le
lis.
M. Couture: Vous citez toujours seulement les bouts qui font
votre affaire.
M. Bellemare: Ah non! le salaire minimum, l'indexation du salaire
moyen.
M. Couture: J'ai huit ans en commission parlementaire.
M. Bellemare: Ah non! Ce n'est pas parce que l'autre jour j'ai
cité qu'il y avait un petit vieux. C'était seulement pour
badiner. Quand c'est sérieux comme cela, qu'un ministre déclare
formellement que c'est cela et qu'un adjoint parlementaire vient dire presque
le contraire deux mois plus tard...
M. Couture: Qu'est-ce qui est contraire?
M. Bellemare: ...Ce n'est pas la même orientation.
M. Couture: Quelle partie est contraire?
M. Bellemare: L'indexation du salaire minimum qui dit,
premièrement, on vient de le voir, que c'est l'indexation du salaire
moyen observé dans tout le Québec. Le deuxième point
prévoit que c'était, justement, le salaire minimum, que cela se
fera automatiquement tous les mois. Vous dites le contraire de cela.
M. Couture: Non. M. Bellemare: Non?
M. Couture: Vous téléphonerez à Me
Côté, qui est directeur général...
M. Bellemare: Je n'ai pas à faire vos commissions et
à faire vos appels téléphoniques. Si vous avez des
renseignements à me donner, écrivez-moi.
M. Couture: Ce n'est pas une commission.
M. Bellemare: Je les prends dans la lecture quotidienne de mes
journaux.
M. Couture: C'est parce que je considère que vous
lisez...
M. Bellemare: Selon M. Chevrette, le monopole de la FTQ dans la
construction doit cesser. C'est une autre affaire qu'on va discuter. Cela va
loin, et c'est vous qui l'avez dit. Vous n'allez toujours pas changer une
lettre de ce qui a été écrit.
M. Couture: Cela, ce n'est pas si mal. C'est en gros titre, cela
devrait se lire assez bien.
M. Bellemare: Cela devrait être vrai aussi.
M. Couture: Cela devrait se lire assez bien. Si vous sautez une
ligne...
M. Bellemare: Cela devrait être vrai dans le fond aussi et
le ministre ne dit pas cela.
M. Couture: ...on vous le dirait.
M. Bellemare: Le ministre ne dira pas que la FTQ doit cesser. Ah
non! il ne dira jamais cela.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Johnson, est-ce qu'on pourrait revenir aux normes de travail?
M. Bellemare: Oui, on revient à cela. Je m'apaise.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre- Dame-de- Grâce.
M. Mackasey: Sur les normes de travail, à la question des
congés annuels, vous avez parlé de quatre semaines, je pense.
Est-ce que ce serait dans la loi, dans les normes de travail pour tous les
travailleurs de la province?
M. Couture: A ma connaissance, je n'ai pas parlé de quatre
semaines. Ce n'est pas exclu qu'on n'en parle pas un jour, mais vous auriez de
la difficulté à trouver une déclaration dans ce sens.
M. Mackasey: Je l'ai vu dans votre programme, au lieu de votre
parole; sur cela vous avez raison.
M. Couture: Ah oui, oui! dans le programme.
M. Mackasey: Dans votre programme, vous dites: II faut assurer
à chaque employé à temps plein une période minimale
de quatre semaines de vacances par année, qu'il peut prendre
consécutivement s'il le désire. Cela, c'est une norme de
travail.
M. Couture: C'est dans le programme. Il faut s'orienter vers les
quatre semaines un jour ou l'autre. Quand est-ce que le moment sera venu...
M. Mackasey: Vous voulez dire que vous avancez tranquillement
vers les quatre semaines.
M. Couture: Oui, il faut avancer tranquillement. En France, les
gens ont leur mois de vacances depuis quelques années, je pense.
M. Mackasey: Je le sais, je suis allé là au mois
d'août.
M. Couture: A ce point, on est pas mal en retard au
Québec. C'est évident qu'avant de promulguer quatre semaines pour
tous les salariés québécois, il faut d'abord y aller
progressivement. On a à peine deux semaines...
M. Bellemare: II faut de l'ouvrage.
M. Couture: On a à peine deux semaines.
M. Bellemare: II va falloir leur trouver de l'ouvrage pendant
l'année.
M. Couture: Oui, parce que, sans cela, ils sont en vacances
à l'année.
M. Bellemare: Oui, il y en a 11%.
M. Couture: Ils n'y tiennent pas. C'est un objectif social auquel
je me rallie facilement.
M. Mackasey: Je n'ai pas dit que j'étais contre non plus.
La question qu'on appelle en anglais, je ne sais pas la traduction "severance
pay", avez-vous discuté de cela?
M. Couture: La paie de séparation?
M. Mackasey: "Severance pay" oui, en avez-vous
discuté?
M. Couture: Je prends bonne note. C'est une bonne suggestion.
M. Mackasey: C'est une bonne suggestion, mais êtes-vous en
faveur? Est-ce que nous l'aurons dans les normes de travail?
M. Couture: Je ne peux pas vous le dire...
M. Mackasey: La "severance pay" n'existe pas actuellement, pour
ceux qui ne sont pas, comme vous le savez...
M. Couture: Sauf pour les cadres.
M. Chevrette: Dans la jurisprudence québécoise,
nous allons être une autre petite ville...
M. Mackasey: II y en a dans les conventions collectives,
mais...
M. Couture: Je me répète là-dessus. Il y a
un cadre qu'on essaie de définir. Au-delà de ce cadre, il y a un
tas de dispositions qu'il serait intéressant d'exiger des employeurs
pour les travailleurs. Les travailleurs, les salariés
évidemment, il faut aussi que le gouvernement les aide par de nouveaux
mécanismes et que ceux-ci saisissent l'importance de se syndiquer
pour obtenir une convention collective qui réponde à leurs
véritables besoins. Si on prévoit tout pour eux, ils n'auront pas
de forts stimulants à se syndiquer.
Dans notre philosophie, cela reste un régime de
suppléance. C'est un régime de base, mais qui supplée au
moment où il y a des gens qui ne sont pas syndiqués, qui ne
peuvent pas se syndiquer ou qui, pour toutes sortes de raisons, ne le sont
pas.
M. Mackasey: Vos normes de travail s'appliquent-elles à
tous les gens qui travaillent, même ceux qui sont syndiqués, ou
sont-elles seulement pour ceux qui ne sont pas membres du syndicat?
M. Couture: Cela s'appliquerait à tout le monde,
jusqu'à nouvel ordre. J'aimerais, à un moment donné, que
nous ayons un bon débat là-dessus.
M. Mackasey: D'accord.
M. Couture: Je ne sais si ce pourrait être maintenant ou
quand nous étudierons le projet de loi en commission parlementaire, mais
je suis porté à dire, à ce moment, que cela devrait
couvrir tous les salariés québécois.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Sur les mêmes sujets, M. le Président, M.
le ministre a indiqué, tout à l'heure, qu'il s'inspirait
généralement de la philosophie d'un rapport publié il y a
environ un an ou un an et demi, sur les conditions minimales de travail.
Relativement aux emplois qui comportent des pourboires il y a quand
même une possibilité de variations sur ce thème
peut-il nous indiquer s'il envisage d'imposer dans tous ces emplois,
l'hôtellerie, la restauration, le pourboire ou la charge de service
"mandatoire" pour les établissements et de tenir compte des pourboires
dans la rémunération des employés de la restauration et de
l'hôtellerie?
M. Couture: A court terme vous allez dire: Encore un autre
comité j'avoue que je ne vois pas très clair dans ce
problème. Je ne sais pas s'il y en a qui voient clair. Qu'est-ce qui est
mieux? Est-ce préférable de laisser tout le secteur des
employés à pourboires aller chercher ce supplément de
salaire, selon le service qu'ils donnent, selon la dimension de
l'établissement? Ou, est-ce mieux de statuer par une loi, que ce soit
10% ou 15% ajoutés à la facture et de donner la
responsabilité de le repartager aux travailleurs, aux employés de
table, etc? Je n'ai pas d'idée précise. Ce n'est pas facile de le
savoir. Il faut aussi tenir compte des gens sur place. Les filles de restaurant
nous disent qu'elles ne veulent pas en entendre parler. Elles ne veulent pas
avoir le système européen.
Par ailleurs, comme gouvernement, nous devons aussi nous interroger sur
le fait qu'il y a des sommes, parfois assez considérables, sur
lesquelles nous n'avons aucune prise au niveau de l'impôt ou autrement,
des bénéfices marginaux qui pourraient être partagés
autrement. C'est la raison pour laquelle, en collaboration avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, nous, le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, nous avons un groupe de travail qui commencera
prochainement, avec un mandat de six mois... Eventuellement, nous allons aussi
consulter les gens dans le milieu pour leur demander de nous faire des
recommandations. Je ne sais pas où nous allons nous orienter, mais je
pense qu'il va falloir, à un moment donné, essayer de
rationaliser ce milieu.
C'est un fait qu'il y a des petits restaurants où les gens ne
font pas tellement d'argent avec leurs pourboires et pour d'autres, c'est
devenu délirant.
II y a des gros restaurants je ne suis pas jaloux d'eux
où les gens font $150 à $200 par jour de pourboires. Ce n'est pas
imposable du tout. C'est peut-être une façon aussi d'éviter
le partage du fardeau fiscal qui doit revenir à tous les citoyens, quels
qu'ils soient, sur les revenus qu'ils gagnent. Sur cette question, je vous dis
que nous avons un groupe de travail interministériel. J'y
réfléchirai, au ministère, avec d'autres ministres, mais
nous n'avons pas d'idée arrêtée. J'aimerais bien avoir
votre opinion, si vous voulez la donner là-dessus, cela pourrait nous
éclairer, éventuellement.
M. Forget: Comme je n'ai pas le privilège d'avoir
accès à des comités d'étude sur ce sujet, tout ce
que je peux faire, c'est d'exprimer ma curiosité à ce moment et
prendre note, si vous me permettez cette paraphrase, que le ministre semble
favorablement préjuger en faveur d'une réglementation qui
porterait sur les pourboires. Dans le fond, le comité qui permettra de
voir si c'est réalisable et acceptable.
M. le ministre, vous avez indiqué tout à l'heure je pense,
dans votre réponse au député de Johnson, au sujet des
problèmes économiques que pourrait, par hypothèse,
créer un certain niveau de salaire minimum à certaines
entreprises marginales qui sont un peu chambranlantes, vous avez dit: II n'est
pas absolument impossible que ces situations se trouvent, même si ce
n'est pas généralisé, mais il y a d'autres moyens pour
résoudre le problème qui est ainsi créé de la perte
possible d'emplois.
Je sais par exemple que, dans certaines régions, dans les Cantons
de l'Est, dans la région de Sherbrooke, on a entendu parler au cours de
l'hiver de parcs industriels dans des Etats américains, juste de l'autre
côté de la frontière, avec des entreprises qui vont
là, dans le fond, parce que le salaire minimum dans les Etats du Vermont
et d'autres Etats semble substantiellement inférieur à celui
qu'on a au Québec. Le problème existe donc probablement d'une
façon ou d'une autre pour quelques entreprises. Pouvez-vous nous
indiquer quels sont les autres moyens sur lesquels on pourrait compter pour
pallier ces pertes d'emplois qui peuvent affecter les petites villes de
façon assez lourde parfois?
M. Couture: J'ai suggéré au Comité de
développement économique qu'on puisse entendre les entreprises en
question et je pense qu'on est encore à l'état de
réflexion à ce niveau-là. Il s'agit de rester
cohérents dans notre façon d'aborder le problème.
C'est-à-dire qu'on ne demande pas aux petits salariés de
subventionner la petite entreprise, l'entreprise déficitaire ou qui a
des problèmes économiques, mais c'est notre responsabilité
sociale de déterminer le niveau acceptable, étant donné le
coût de la vie et la richesse nationale. J'ai suggéré
ce serait certainement la responsabilité économique du
gouvernement qu'on puisse entendre les entreprises en question. Je vous
ai fait part au début de la commission parlementaire je ne sais
pas si je vous en ai fait part qu'on a fait une enquête au
ministère pour évaluer l'impact économique du salaire
minimum. Le député de Saint-Laurent, qui était au
gouvernement, a dû en prendre connaissance, je ne sais pas, en 1975, je
crois, avant l'augmentation du salaire minimum et après l'augmentation,
on a pris un bloc d'entreprises, environ 875, on a fait un sondage avant. Le
salaire minimum, à ce moment-là, était haussé de
20%. C'était la plus haute hausse depuis 1970. On a été
les voir avant, puis le salaire minimum a été haussé. On
est retourné chez les mêmes entreprises. Ce qui est assez
étonnant, c'est que, dans la première enquête, avant que le
salaire soit haussé, on demandait aux entreprises: Si le salaire minimum
augmente, qu'allez-vous faire? Un tas d'entreprises ont dit ce qu'on entend
habituellement: On ferme les portes; on licencie les gens; on augmente les
prix, ou: Vous nous ruinez, etc. On a invoqué un tas de raisons. On leur
disait: Quelles sont les mesures précises que vous allez prendre?
Certains disaient: on va licencier du monde; d'autres évidemment
disaient: On va hausser les prix; on va baisser les profits il y avait
beaucoup moins de promesses de ce côté on va étaler
les heures. Enfin, il y avait quelques mesures dans ce style.
Après, on est retourné vérifier, de fait, chez les
mêmes entreprises qui avaient promis un certain
réaménagement à cause de la hausse du salaire minimum ce
qui était arrivé, et c'est ce qui est étonnant, il y avait
un écart de 50% à 60% entre les mesures annoncées et les
mesures appliquées.
M. Bellemare: Jusqu'à 75.
M. Couture: C'est cela. Cela dépend des secteurs. Dans
certains, c'est plus ou moins. Cela dépend des mesures. Entre autres, ce
qui nous intéressait beaucoup pour l'emploi, ce qui intéresse
tous les gens, c'est la principale objection qu'on fait: Vous allez hausser le
salaire minimum et vous menacez alors l'emploi au Québec, parce qu'il y
aura des licenciements; les entreprises se plaignent et le reste. Or, cela les
affectait pour à peine 0,3%. Sauf que, dans certaines petites
entreprises, qui sont évidemment fragiles, je pense que la
démonstration peut être faite. Ce que j'ai suggéré
au Conseil de développement économique, c'est qu'on puisse
éventuellement avoir, je ne dirai pas un tribunal économique,
mais une espèce de commission, qui étudierait, qui, au moins,
écouterait les cas précis d'entreprises qui pourraient faire la
démonstration, mais la faire, cette démonstration, que telle
hausse du salaire minimum les affecte tellement que cela les menace
carrément. Des mesures économiques pourraient alors être
prises en conséquence.
C'est-à-dire que, je pense, le gouvernement qui, d'une part, veut
pallier des écarts au niveau des salaires et répondre à
certains objectifs sociaux, doit aussi contribuer au maintien de l'emploi et
aider les entreprises. Je dis que si des démonstrations pouvaient
être faites sur des entreprises à ce moment-là il pourrait,
il devrait y avoir
une aide, un soutien économique de la part du gouvernement pour
permettre à l'entreprise de s'ajuster à cette hausse. Parfois,
l'enquête révélait aussi que, après quelques mois,
cela donnait à la compagnie... cela la forçait à avoir un
nouveau dynamisme et elle s'ajustait. Mais je suis tout à fait conscient
qu'il y a des types d'entreprises fragiles et que ce passage d'un niveau de
salaire, d'un coût de main-d'oeuvre à un autre, est parfois
vraiment difficile.
M. Forget: M. le Président, je ne veux pas rester
longtemps sur ce sujet, mais puisque le ministre a disserté assez
longuement... j'ai également pris connaissance de cette étude
à laquelle le ministre vient de faire allusion et tout en reconnaissant
que les conclusions qu'il résume sont exactes, il faut aussi se
méfier de faire dire à une étude comme celle-là
plus qu'elle ne dit, parce que dans le fond on n'aura jamais d'une étude
comme celle-là plus que ce qu'on peut y mettre comme données,
comme méthode de travail et comme méthode d'analyse. N'importe
qui lit l'étude se rend compte qu'elle a été faite dans un
contexte qui était susceptible de minimiser l'impact d'une hausse du
salaire minimum, c'est-à-dire un contexte inflationniste assez
général et un contexte où, pour les années en cause
en particulier, l'économie était en assez bon état,
était plutôt dans une phase ascendante, une phase de croissance.
Evidemment, les entreprises ne se retrouvent pas toujours dans ce contexte.
Donc, une autre étude exactement de la même sorte, entre deux
autres dates, mais dans un contexte économique différent,
pourrait aboutir à des résultats complètement
différents.
Il y a donc cette mise en garde qui est nécessaire sur un plan
simplement technique. Cela dit, j'aimerais aussi mettre le ministre en garde
contre les cures qu'il envisage, les autres moyens. Je ne crois vraiment pas
que l'offre à une entreprise de l'entendre si elle est, de façon
adverse ou négative, affectée par une hausse du salaire minimum,
soit véritablement ce qui aide une petite entreprise. Vous allez dire
à un bonhomme qui engage cinq ou six personnes et qui a tout juste
l'argent pour pouvoir les payer à la fin de la semaine, payer les
fournitures, etc. qu'il peut se présenter à Québec avec un
mémoire et faire la preuve qu'il est affecté par cette hausse, il
faut qu'il engage un comptable, un analyste en coût de revient etc. pour
pouvoir faire sa démonstration à la satisfaction des
fonctionnaires qui vont être très nombreux et qui vont lui poser
des questions, il va dire tout de suite qu'il aime mieux ne pas essayer.
Dans le fond, il y a derrière cela une question de principe.
C'est que tout gouvernement qui prend des décisions dans le domaine du
salaire minimum doit faire face à ses responsabilités dans le
sens suivant: C'est que s'il croit vraiment que des conditions de travail
doivent être assurées à tous ceux qui ont un emploi, il
doit également se rendre compte que cela peut faire disparaître
des emplois et que la solution ne réside pas dans les entreprises ou les
secteurs d'activité où les em- plois vont disparaître.
C'est bien dommage, mais ces entreprises vont disparaître. Il faut faire
un X dessus. Il a, d'un autre côté, le devoir de contribuer
à un climat général, au point de vue politique et
économique, qui va permettre la création d'emplois à plus
haute productivité, qui eux vont permettre de satisfaire aux lois. Se
mettre à subventionner les salaires, c'est une aventure dans laquelle je
souhaite bonne chance au gouvernement.
M. Couture: Oui, si vous permettez...
M. Forget: Mais une fois commencé, cela ne finira pas
demain.
M. Couture: Ce n'est pas directement subventionner les salaires.
L'intérêt de ce genre de proposition aux entreprises, d'ailleurs,
c'est que cela permettrait, parfois, de leur donner un bon coup de main au
niveau de l'expertise et du soutien technique. C'est aussi le rôle du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Parfois on n'a pas
l'information suffisante dans ces entreprises au sujet de ce qui se passe.
S'il y avait un peu plus d'ouverture dans ce sens pour les aider
à s'exprimer et à faire part de leurs problèmes, ne
serait-ce que cet avantage, il faudrait peut-être retenir, au moins
étudier la proposition.
Je voudrais quand même signaler que je suis très heureux de
vos dernières phrases. Vous répétiez presque mot à
mot certaines remarques du groupe Castonguay sur la philosophie du salaire
minimum. J'espère que vous allez maintenir votre approche parce que,
peut-être prochainement, vous aurez à réagir
là-dessus.
M. Forget: Oui. Je suis bien d'accord, mais...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: M. le Président, je ne voudrais pas
interrompre le ministre. C'est très intéressant, cette
discussion. Dans le rapport du ministère du Travail, il a
été question de l'étude de l'impact du salaire minimum,
à la page 31, de ce qu'avait produit, en 1975, cette hausse, la relance
du salaire minimum. Il est dit les études d'impact sur le salaire
minimum ne peuvent mesurer que les effets directs sur les salaires et les
prix.
Les effets indirects doivent être des enquêtes auprès
des firmes avant et après une hausse donnée. C'est pourquoi nous
avons lancé une étude spéciale sur ce sujet, en 1975,
après la hausse.
On a eu une hausse en 1977. C'est le rapport 1975-1976. Est-ce qu'il y a
eu une étude particulière de faite et qui sera faite sur la
hausse à $3 à partir du 1er janvier 1977, pour répondre
aux interventions du député de Saint-Laurent?
Deuxième question. On n'en posera plus. Il reste que le salaire
minimum amène sûrement des problèmes terribles dans nos
petites municipalités, particulièrement. J'ai reçu, au
mois de février,
une délégation d'une vingtaine de petits employeurs de
paroisses et de comtés. Ils sont venus me porter un mémoire. Dans
le mémoire, ils parlaient de la hausse terrible de $3... et de
l'inflation... Il y avait une suggestion qui était heureuse je me
suis dit que j'allais en parler en commission parlementaire quand le temps
viendra qu'un pourcentage soit accordé pour chaque nouvel
employé qu'on aura greffé au groupe de travail qui, pendant
l'année précédente, aura augmenté de 1, de 2, de 3,
de 4, de 5.
M. Couture: Une prime à l'emploi, oui.
M. Bellemare: Ils mettaient une prime à l'emploi.
C'est-à-dire si vous avez augmenté de 1, de 2 ou de 3 ou de 5,
jusqu'au maximum d'un quart.
M. Couture: Comme le fédéral faisait dans les zones
désignées.
M. Bellemare: Pardon?
M. Couture: Comme le fédéral faisait dans les zones
désignées.
M. Bellemare: Pas tout à fait, pas tout à fait
comme pendant la guerre dans les zones désignées. Mais eux disent
ceci: Qu'on nous donne un pourcentage, par exemple, d'indexation sur notre
revenu, par année, qu'on paie en impôt, pour chaque employé
nouveau. Nous serons protégés contre la hausse possible du
salaire minimum. C'est sûr et certain que ce qu'on gagne en surplus, on
le gagne pour notre industrie et pour nos travailleurs. On réalise un
salaire juste et raisonnable, c'est sûr, mais, quand le salaire minimum
augmente et il va continuer d'augmenter, on risque de fermer notre
industrie.
Si le gouvernement nous disait: On va vous indexer votre impôt sur
le revenu pour chaque nouvel employé. Si vous en avez cinq, vous aurez
droit, disons, à 5%. Si vous en avez dix de plus, on vous donnera 10%
d'indexation sur votre impôt sur le revenu.
Ils prétendent, et avec raison, que le surplus qu'ils pourraient
produire et qu'ils pourraient payer avec un salaire de $3, de $3.50 ou de $4,
par le retour de l'indexation, cela ferait que la petite industrie serait
protégée énormément. C'est une suggestion
qui...
M. Couture: Cela ne rejoint-il pas un peu ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce a annoncé à propos de ce qu'on appelle
les congés fiscaux où c'est lié aussi au maintien de
l'emploi et au développement des entreprises? Je n'ai pas les
renseignements, à moins qu'il y ait quelqu'un qui ait des détails
là-dessus, mais le principe est là quand même. Une
diminution de l'impôt par rapport à...
M. Bellemare: II est bien simple de faire étudier le
cas.
M. Couture: Oui, je note ce que vous m'appor- tez comme
proposition et cela mérite une étude, en effet.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. Bellemare, j'aurais une question. Si une telle
mesure venait, à mon sens, il faudrait que le salaire minimum soit
augmenté automatiquement pour avoir une solution automatique comme vous
le dites, sinon, ça pourrait contribuer...
M. Bellemare: C'est annoncé qu'il va augmenter.
M. Chevrette: Tant que ce n'est pas fait, on ne peut pas
envisager...
M. Bellemare: Deux fois par année. Il l'a annoncé
en janvier et en juillet. Ces gens ont fait un mémoire, me l'ont
présenté, j'ai dit: Je vais en parler à la commission
parlementaire. Une indexation d'un pourcentage peut-être minimum de 1%
pour chacun des employés. Si une industrie a dix employés et
qu'à la fin de l'année, elle en a onze, elle aura droit à
1% de rabais. Si elle en emploie cinq et qu'elle est obligée de payer le
salaire minimum tel qu'indexé le premier janvier et le 1er juillet, elle
aura 5% de déduction sur son impôt. Ce sera un contrepoids pour
permettre à l'industrie de vivre. Mais, si vous ne lui donnez jamais
rien et qu'elle est obligée de toujours prendre à même le
fonds de son revenu, vous allez la paralyser, c'est sûr, parce qu'elle
n'a pas les moyens, comme une grande industrie, de porter indéfiniment
des augmentations, à part les conventions collectives qui peuvent
venir.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le ministre, j'ai une petite observation à
faire sur la question du salaire minimum et une dernière question. Il ne
faut pas, je pense, indexer le salaire minimum au niveau du coût de vie.
Vous savez que cela ne fait qu'accélérer l'inflation. Il faut
prendre en considération les relations avec l'accélération
de la productivité. Vous trouverez une formule.
M. Bellemare: Ce n'est pas indexé selon le coût de
la vie. C'est vous qui l'avez dit.
M. Mackasey: Je sais que je l'ai dit, mais ce n'est pas fait
encore. C'est une suggestion. La chose qui m'embête peut-être le
plus, M. le ministre, c'était avant votre temps, alors, ce n'est pas un
reproche à vous faire, mais peut-être pourrait-il être fait
à mon collègue, si vous voulez, ou à moi-même.
Qu'est-ce que cela vaut d'établir un salaire minimum, si nous n'avons
pas assez de fonctionnaires pour assurer que la loi est respectée? Je
fais référence aux commissions, je sais que vous avez lu, sinon
vous, au moins vos fonctionnaires, les articles parus dans le Montreal Star,
l'année passée, sur les industries du centre-ville,
où vraiment il n'y a pas assez d'inspecteurs. Il y a des maisons,
des boutiques, des petits manufacturiers, employant 15, 20 ou 50 personnes,
où on ne voit jamais un inspecteur de toute l'année,
peut-être en trois, quatre ou cinq ans. Ils ont même encore des
affidavits, où c'est réglé, l'employeur remet le
chèque à un immigrant, si vous voulez, et cinq minutes
après que l'inspecteur est parti, le chèque est retiré par
l'employeur.
Je me demande, dans vos estimations, je n'en trouve pas, mais je n'ai
pas étudié cela en profondeur, si vous avez des chiffres, pour
cette année, de l'augmentation du nombre d'inspecteurs pour appliquer la
loi. Pour mettre votre loi à $3, s'il n'y a personne pour
protéger ceux qui sont obligés de travailler pour le salaire
minimum, je me demande comment vous voulez que la loi soit respectée,
parce que les employés sont craintifs, surtout les nouveaux Canadiens,
ils ont peur de faire des plaintes, quand ils travaillent dans les petites
industries.
M. Couture: Je vais répondre à votre question. J'ai
remarqué, dans mes notes, que j'avais oublié de répondre
à une question assez précise aussi du député de
Johnson. Il demandait s'il y avait eu, après la hausse du salaire
minimum, en janvier, une enquête sur les effets de cette hausse.
M. Bellemare: C'est votre rapport qui n'en parle pas, c'est
sûr, parce qu'il est imprimé, pour 1975/76.
M. Couture: II y a actuellement, à la Commission du
salaire minimum, une enquête qui se fait sur les effets indirects de
cette hausse.
M. Bellemare: De 1977?
M. Couture: C'est cela, du 1er janvier 1977. Par rapport aux
remarques du député de Notre-Dame-de-Grâce, j'aurais les
observations suivantes à faire. Dans le fond, c'est un peu comme la
charte de la langue française. On s'excuse presque d'être
obligé de faire une Loi du salaire minimum, d'être obligé
de statuer sur le salaire minimum. Dans une société
idéale, les gens qui emploient du monde doivent donner le service...
M. Mackasey: Vous associez cela à des normes, oui ou non,
M. le ministre?
M. Couture: Je voudrais faire quand même mon observation.
Les gens qui emploient du monde se donnent un salaire. Un chef d'entreprise vit
en 1977, il va au coin de la rue acheter du beurre, des vêtements, il
achète toutes sortes de choses. Ce chef d'entreprise réalise
très bien, en 1977, quand il y a un salarié chez lui, que
celui-ci aussi achète probablement de temps en temps une livre de
beurre, des aliments, des vêtements...
M. Bellemare: II y a du salaire dans les dix provinces, il y en a
dans le Canada et il y en a aux Etats-Unis.
M. Couture: M. le Président, je voudrais continuer.
M. Bellemare: Ce ne sont pas des imbéciles qui ont fait
les lois du salaire minimum. Jamais dans cent ans. N'allez pas dire cela.
M. Couture: Je veux signaler à la commission que...
M. Bellemare: Ce n'est pas un argument de dire qu'il ne faut pas
de salaire minimum.
M. Couture: Si on regrette presque de légiférer
là-dessus, c'est parce que, idéalement, quelqu'un qui emploie du
monde pourrait lui-même faire l'analyse qu'il travaille pour moi et
devrait avoir un salaire qui est possible dans la société
d'aujourd'hui, en 1977.
M. Mackasey: M. le ministre, on ne vit pas dans une
société idéale...
M. Couture: On ne l'est pas. C'est pour cela qu'il faut
légiférer.
M. Mackasey: Si c'était le cas, vous n'auriez pas besoin
de normes de travail.
M. Couture: Exactement. Vous avez raison et c'était ma
deuxième observation.
M. Mackasey: Je pense que j'ai assez de formation pour comprendre
cela. Je vous pose une question, si vous voulez. Etes-vous content du nombre
d'inspecteurs que vous avez à votre disposition, oui ou non?
M. Couture: Je n'ai pas fini mon observation. J'y arrive, cela va
être ma troisième observation.
M. Mackasey: Ce n'est pas tellement difficile.
M. Couture: Je vais répondre à votre question, mais
j'ai une deuxième observation à faire. C'est que le jour
où...
M. Mackasey: Alors, je vais moi-même faire une autre
observation, si vous ne voulez pas répondre à la question!
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce! Laissez le ministre
répondre. Ensuite...
M. Couture: L'observation va vous aider à comprendre la
vraie réponse. Je vais dire que, finalement, si on réforme le
Code du travail, si on a de meilleurs mécanismes de syndicalisation,
nécessairement, à la limite, on n'aura plus besoin de statuer sur
le salaire minimum si, éventuellement, et c'est là l'objectif
aussi, tous les travailleurs réalisent que c'est dans la même
unité de travail qu'ils ont des conditions communes à
négocier et que c'est leur force collective qui leur permet d'al-
ler négocier des conditions raisonnables. Toute l'histoire des
conventions collectives nous démontre que c'est le meilleur moyen pour
des travailleurs d'obtenir des conditions raisonnables. La raison pour laquelle
la Loi du salaire minimum et son application risqueront d'être toujours
insatisfaisantes, c'est parce qu'à moins d'avoir un policier devant
chaque entreprise et d'avoir un...
M. Mackasey: Etes-vous satisfait du nombre d'hommes à
votre disposition? C'est la seule question que j'ai à poser.
M. Couture: Je ne suis pas satisfait. Ma réponse est non.
Je ne suis pas satisfait.
M. Mackasey: Alors, vous auriez pu me dire cela il y a quinze
minutes. Si vous mettez votre salaire à $5 et que c'est impossible pour
les nouveaux Canadiens ou les Américains de percevoir les $5, vous
êtes aussi bien de le mettre à $10. Vous avez dit non. Dans son
budget, le Conseil du trésor a-t-il mis à votre disposition assez
d'argent pour en engager un nombre plus réaliste?
M. Couture: Comme je l'ai dit, nous sommes quand même dans
une année de transition. Nous allons vivre avec ce budget et j'essaierai
éventuellement, avec la nouvelle loi qui entraînera une
transformation de la Commission du salaire minimum et de meilleurs
mécanismes d'application, de défendre au Conseil du trésor
une augmentation du nombre des inspecteurs. Mais, comme je l'ai dit plusieurs
fois, je crois beaucoup à la responsabilité du milieu, des
syndicats, des citoyens mêmes pour que, dans le milieu, on prépare
les mécanismes de représentativité et d'intervention, pour
qu'eux-mêmes disent. Finalement, les non-syndiqués qui sont dans
les entreprises, on a une certaine responsabilité sociale envers eux. Il
y a des lois qui sont votées par notre gouvernement, on va essayer aussi
de veiller à leur application.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais ajouter qu'il y a un certain soir
où M. Mackasey a dû s'absenter déjà et où on
a touché cet aspect de l'inspectorat. Il semblait se dégager un
consensus au niveau de la commission parlementaire, que c'était bien
souvent dû à un manque d'information et à une
méconnaissance des droits.
On pourrait doubler le nombre d'inspecteurs sans donner d'information
publique. Cela ne changerait pas grand-chose. Si on avait des programmes
d'information publique pour faire connaître leurs droits aux citoyens, on
aurait probablement beaucoup...
M. Couture: On va avoir ces droits.
M. Chevrette: ...beaucoup plus de gens qui seraient conscients de
leurs droits. Automatiquement, on pourrait répondre à plusieurs
plaintes à ce moment.
Dans le domaine de l'hôtellerie, j'avais souligné que ce
serait toujours un problème très difficile parce que, dans
certaines...
M. Mackasey: J'ai des factures à votre disposition.
M. Chevrette: Si vous permettez, je vais corriger, j'ai fait une
erreur. J'ai dit quelque chose qui n'est pas exact. Pour l'augmentation du
nombre des inspecteurs, on n'a pas besoin d'allerau Conseil du trésor.
C'est la Commission du salaire minimum qui, par le prélèvement,
s'administre elle-même. Il suffirait, dans son budget, d'augmenter le
prélèvement et de trouver les sommes nécessaires pour
augmenter les inspecteurs.
M. Bellemare: M. le Président, la base n'est pas
là. Il y a un tiers de travailleurs syndiqués et il y en a deux
tiers qui ne le sont pas. Il y a 2,4 millions de travailleurs et il y en a
seulement 800 000 qui appartiennent à un syndicat. Il y en a 1,6 million
qui n'ont jamais été syndiqués et qui ne le seront
jamais.
M. Couture: Ils ne le seront jamais...
M. Bellemare: Ils ne le seront jamais, sauf si vous leur imposez
la syndicalisation par une loi. Encore là, vous allez voir combien il y
aura de trous. C'est impossible. La syndicalisation ne se fait pas par la
force.
M. Couture: II y en aura toujours qui ne seront pas
syndiqués.
M. Bellemare: Ceux qui ont voulu la faire par la force ont
manqué leur coup. Il y a eu des grèves qui ont duré
pendant des années.
M. Couture: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Bellemare: II y a 1 600 000 non-syndiqués. Cela va
être par la loi générale et il va falloir être assez
tolérant pour ne pas faire périr les industries à force de
mettre des conditions normatives trop exigeantes; il faudra les mettre assez
floues pour qu'on puisse s'adapter. Les 800 000 syndiqués sont
protégés mais 1 600 000 ne le sont pas. C'est là tout le
problème.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais dire au député Bellemare
que...
M. Bellemare: Le député de Johnson. Merci.
M. Chevrette: Au député de Johnson, excusez, je
parle en mon nom personnel. Il y a une dimension qui n'est pas discutée
tellement. C'est l'accréditation dans le domaine de la syndicalisation.
Vous parlez souvent des 1 600 000, mais lorsqu'on sera capable de se syndiquer
au Québec
sans agir d'une façon clandestine, on aura peut-être un
taux accru de syndicalisation.
Je n'en reviens pas encore qu'en 1977 on soit obligé de se cacher
dans des sous-sols pour signer une carte de membre, de subir les foudres de
l'employeur et de traîner devant le Tribunal du travail des mois et des
mois. Vous savez comment cela se passe. C'est une autre dimension qu'il
faudrait peut-être envisager.
M. Bellemare: On a changé le Code du travail pour mettre
des commissaires-enquêteurs et pour que l'accréditation soit plus
rapide.
M. Chevrette: Cela n'a pas changé.
M. Bellemare: Cela a changé énormément, mais
ce n'est pas encore là qu'est le mal.
M. Chevrette: Ce n'est pas la question.
M. Bellemare: C'est dans la tête des gens que la
syndicalisation n'est pas entrée.
M. Chevrette: Mon problème n'est pas...
M. Bellemare: Tant et aussi longtemps que cela ne sera pas
véritablement infusé dans le cerveau des gens, on aura toujours
un groupe de gens contre la syndicalisation.
M. Chevrette: M. le Président, je ne prétends pas
que le ministère du Travail n'a pas fait d'efforts. Ce n'est pas cela
que je mets en doute. Je dis que, pour moi, le processus même qui conduit
à la demande de l'accréditation force les gens, dans la
conjoncture et dans la mentalité actuelle, à agir
clandestinement. J'en ai des exemples quotidiens. Il nous arrive
quotidiennement des lettres nous disant: J'ai été mis à
pied parce que j'ai voulu fonder un syndicat. Cela prend des enquêtes qui
durent des mois et des mois; le gars s'écoeure bien souvent, excusez le
terme, mais il ne pousse pas au bout son histoire. Il ne se rend pas jusque
devant les tribunaux parce que, entretemps, il se tanne et il se choisit un
autre emploi ailleurs. C'est une dimension importante de la
syndicalisation.
Le Président (M. Marcoux): Programme 2,
élément 1.
M. Forget: M. le Président, je n'avais pas terminé
mes questions, tantôt...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Avant de poursuivre, j'aimerais préciser, M. le
Président, contrairement à ce qu'indique le député
de Joliette-Montcalm, qu'il n'y a pas eu de consensus l'autre soir lorsque nous
avons discuté de la question des inspecteurs. Je me souviens de cette
discussion. J'avais d'ailleurs posé au ministre plusieurs questions re-
lativement à cette suffisance ou insuffisance des mécanismes. Il
avait, à ce moment, élaboré fort longuement sur les
comités régionaux qu'il souhaite voir s'établir en
conjonction avec les centres de main-d'oeuvre du Québec comme
élément d'application.
Mais il est bien évident qu'on n'a pas à exprimer
d'opinion comme commission, on n'a pas à en exprimer non plus tant qu'on
ne les voie pas fonctionner dans ces comités tripartites
régionaux qui sont censés jouer un rôle d'application des
lois.
Il n'est pas exclu qu'ils aient un certain rôle à jouer,
mais il est clair que la commission du salaire minimum ou son successeur va
avoir à multiplier son inspectorat d'une façon très
considérable, parce que non seulement, comme il vient de l'indiquer, le
chiffre actuel est peut-être insuffisant, mais les conditions telles
qu'on les envisage qui débordent simplement le taux nominal de paiement
horaire va s'appliquer à 2 500 000 travailleurs au Québec,
potentiellement au moins.
Alors il va falloir faire dix fois plus d'inspection qu'il ne s'en fait
dans le moment. Ce n'est peut-être pas 200 inspecteurs que ce groupe va
avoir, c'est peut-être 2000 dont il aurait besoin. Et quand on cite des
chiffres ainsi, cela peut avoir l'air fantaisiste, mais qu'on se demande
combien il y a de délégués syndicaux qui s'occupent dans
tous les syndicats, dans toutes les unités d'accréditation, de
vérifier si les droits qui leur sont reconnus par leur convention
collective et le Code du travail sont assurés dans les faits. Ces gens
sont occupés une partie du temps, mais évidemment ils ne
travaillent pas à temps plein pour la plupart sur les questions
syndicales, ils sont également des employés, ils exercent leur
travail dans leur emploi, mais ils sont libérés pour une partie
de leur temps. Une partie de leur temps est consacrée à assister
à des réunions, etc. Mais il reste que l'autre partie est
consacrée à recevoir des griefs, à parler aux membres du
syndicat, donc à être un peu l'équivalent des
enquêteurs dans un contexte différent. Mais il y en a combien de
milliers de ceux-là? Il y en a des milliers et des milliers, mais il va
falloir des milliers et des milliers d'inspecteurs si on veut avoir des
conditions minimales de travail qui visent tous azimuts, toutes les
directions.
M. Couture: Quel est le point d'information? Vous semblez laisser
entendre que là où il y a des conventions collectives, les
inspecteurs de la régie auraient aussi à surveiller, à
vérifier l'application des conditions minimales. Ce qui va se passer,
c'est que les conventions collectives auront à s'ajuster si
nécessaire aux conditions minimales de travail au Québec. Quand
il y aura un problème d'interprétation, c'est la régie qui
statuera. L'application de la convention collective...
M. Forget: Avant de statuer, il va falloir qu'elle envoie ses
inspecteurs. Si vous recevez d'un syndicat local une plainte indiquant que les
dispositions quant aux congés, aux vacances, aux
pauses-café, etc., qui sont prévues ou pas prévues
dans la convention collective, sont par hasard encore en contradiction avec la
loi...
M. Couture: Pas...
M. Forget: La commission ou la régie que vous avez
l'intention de créer ne se prononcera pas sur simple réception
d'une plainte. Elle va envoyer quelqu'un vérifier. Alors, il faut des
inspecteurs pour faire cela.
M. Couture: Mais il ne faut quand même pas trop charrier
là-dessus. L'étude des conventions collectives a
été faite. On sait à peu près dans l'ensemble des
conventions collectives au Québec ce qu'il y a comme conditions
minimales. Alors dans le cadre qu'on présente, dans la très
grande majorité des cas, ils ont ces dispositions.
Ce qui va se passer dans des conventions collectives où ce n'est
pas sûr...
M. Forget: Quand vous les prenez une à une. Mais rien ne
vous dit que quand vous prenez une condition, que ce soit par exemple le nombre
de congés fériés par année et que vous dites qu'il
y a plus de 50% des unités de négociations et plus de 75% des
employés qui ont cette clause, cela reste malgré tout, disons par
hypothèse, 50% des unités de négociation qui ne l'ont pas
et qui n'ont pas quelque chose d'aussi généreux et 25% des
employés syndiqués qui ne l'ont pas. Dans ce cas, cela va
être le travail de l'inspecteur.
M. Couture: Par l'information.
M. Forget: Si vous prenez la même convention collective sur
une autre clause, elle peut être complètement silencieuse sur un
sujet qui est couvert par la loi des conditions minimales. Alors ce n'est pas
nécessairement cumulatif, tous ces pourcentages; ce qui veut dire que
vous avez un potentiel, de toute façon. Je comprends qu'on peut aller
d'hypothèse en hypothèse. Il serait peut-être
intéressant de savoir ce que cela implique en fait, quel est l'objectif
que vous formulez quant au nombre d'inspecteurs requis. Cela se calcule.
M. Couture: Je pense qu'on ne peut pas parler en termes
d'inspecteurs sans situer ces inspecteurs dans un cadre d'application de la
loi.
M. Forget: Oui, je comprends, vous avez insisté longuement
là-dessus. Situez-le dans le cadre que vous voulez. Il faut quand
même arriver à un chiffre quelconque. Est-ce 200, 400, 800, 1200?
Vous arriveriez avec 1200 ou 1800, que je ne serais pas du tout surpris.
M. Couture: La régie, quand elle sera en place, une fois
que la publicité sera faite, l'information donnée... les
mécanismes qu'on ajoute pour l'application de la loi, à un moment
donné, il va falloir en faire une évaluation. Vous avez bien
raison de dire...
M. Forget: II ne faut pas attendre qu'on ait adopté une
loi pour ensuite se demander quelles en sont les applications; il faudrait
peut-être le savoir avant.
M. Couture: Un instant! On ne part pas de zéro. Il y a
déjà tout un organisme en place qui s'appelle la Commission du
salaire minimum, avec des effectifs, avec des services. Et c'est dans ce cadre
qu'on met notre régie en place. C'est évident que...
M. Forget: Ce n'est pas dans le même cadre. Une question
que je vous ai posée à ce sujet, c'est: Avez-vous l'intention
qu'on conserve la même méthode de travail, c'est-à-dire
toujours agir seulement quand on reçoit une plainte.
M. Couture: On va plus loin que cela.
M. Forget: Vous m'avez dit: Non, on peut envisager que ces gens
prennent l'initiative. Mais s'ils prennent l'initiative ils vont avoir plus de
travail à faire, pas moins.
M. Couture: Cela sera leur responsabilité d'engager les
inspecteurs nécessaires.
M. Forget: Je suis bien d'accord avec vous.
M. Couture: Mais, à ce moment-ci, je ne peux pas aller
dans le détail; je vous dis que nous avons des objectifs. Face à
ces objectifs-là, la future régie, si elle s'appelle comme cela,
prendra ses responsabilités et elle aura la volonté politique de
se prononcer face à cela.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le ministre, théoriquement, il n'y a rien
qui empêcherait pour répondre à la question de M. le
député de Saint-Laurent d'avoir une disposition dans la
loi qui dise: Lorsqu'une condition de normes minimales entre en vigueur et
qu'elle ne fait pas partie intégrante d'une convention collective
existante, elle est de facto reconnue comme une clause des conventions
existantes et c'est traité par les syndicats, à ce
moment-là. Ce qui empêche un nombre accru d'inspecteurs à
la régie. Cela pourrait se faire par une mesure législative,
à mon sens.
M. Bellemare: C'est déjà dans les
responsabilités du ministère d'accepter ou de refuser les
conventions collectives, de voir à ce que les conventions collectives
qui passent par les relations de travail soient conformes. Et n'oubliez pas que
les syndicats y voient, à cela. Ils n'ont pas besoin d'inspecteurs,
eux.
M. Chevrette: Oui, mais M. Bellemare...
M. Mackasey: J'ai posé une question au début, d'au
moins ne pas appliquer des normes de travail dans les secteurs qui sont
syndiqués. Parce que souvent...
M. Chevrette: Même si la chose n'existe pas?
M. Couture: A la limite, savez-vous ce que cela veut dire?
M. Mackasey: Je parle d'employés qui sont
déjà membres d'un syndicat. Ils ont en leur pouvoir, s'ils ont un
syndicat, le moyen, par les négociations, d'établir les normes
selon ce que désirent leurs membres. Si vous vous amenez avec un code du
travail, des normes de travail qui s'appliquent dans ce domaine, vous niez
souvent même les demandes des syndicats. Vous n'avez qu'à prendre
le UAW qui préfère n'avoir aucun avis tout en ayant le changement
des modèles en échange d'un salaire fixe. Je me rappelle quand on
arrivait avec des normes de travail de huit jours de congé par
année, il y a beaucoup de contrats qui n'en avaient que quatre ou cinq.
On préférait cela à d'autre chose. Alors, au moment
où on arrive avec des normes de travail dans les milieux
syndiqués, on arrive souvent c'est de l'indifférence si
vous voulez dans un domaine, M. le ministre, qui marche toujours mieux
avec moins d'indifférence de la part du gouvernement, autant que
possible.
M. Couture: Je suis bien d'accord avec vous. Mais à la
limite, vous savez ce que cela veut dire, pratiquement. Cela voudrait dire que
pour le salaire minimum, entre autres, on accepterait l'hypothèse qu'un
syndicat puisse négocier ou s'entendre avec une compagnie pour que
celle-ci paie moins cher. Ils s'entendraient pour qu'il n'y ait plus de
congé férié. Est-ce que...
M. Mackasey: Vous savez mieux que moi, M. le ministre qu'un tel
syndicat n'existe pas.
M. Couture: II y a une question de philosophie, M. le
Président, j'aimerais terminer.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: II y a une façon philosophique d'aborder le
problème. Lorsque l'on statue sur un certain nombre de conditions
minimales, il ne faut pas oublier qu'il est reconnu, dans notre
société québécoise, en 1977, qu'il y a un certain
nombre de conditions minimales en effet, cela porte son nom elles
s'appliqueront d'abord et avant tout, comme élément de
suppléance chez les gens non syndiqués, mais c'est évident
qu'on soutient en même temps, là où il y a des conventions
collectives, qu'on suppose, si on ne le suppose pas, on l'exige, qu'il y ait au
moins cela au point de départ.
Si on laissait simplement le jeu de la négociation, et comme les
hypothèses sont possibles, il faut quand même les prévoir,
par pure hypothèse, il pourrait arriver que des travailleurs, à
cause d'un syndicat qui n'est pas militant ou qui se fait acheter ou autrement,
négocient des choses qu'on ne trouve pas raisonnables en 1977.
M. Mackasey: Vous avez raison, M. le ministre, mais j'ai
seulement une chose à dire. Si un syndicat est tellement faible, il ne
peut pas négocier le salaire minimum qui existe dans le secteur qui
n'est pas syndicalisé. Il ne devrait pas exister non plus. Il n'existera
pas longtemps. Vous le savez autant que moi. On choisit là seulement des
normes, d'abord. Il y en a bien d'autres. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Marcoux): Programme 2,
l'élément 1 est-il adopté?
M. Bellemare: Est-ce que le député de Saint-Laurent
a bien d'autres choses?
M. Forget: Oui, j'ai plusieurs questions. M. Bellemare: Dans le
programme 2? M. Forget: Oui, oui, dans le programme 2.
M. Bellemare: Je voudrais juste citer quelque chose qui va mettre
la paix.
M. Forget: Oui, oui, M. le député j'en avais au
début, mais...
M. Bellemare: Oui, d'accord, allez-y, M. le député
de Saint-Laurent. J'ai eu bien ma part grâce à votre
générosité.
M. Forget: J'aimerais savoir...
M. Bellemare: Je vais donner une copie au ministre du discours de
son sous-ministre. C'est dans cela qu'on retrouve le bons sens, les meilleures
applications qui soient. Vous allez voir que c'est dans cela... Ah! là,
je ne parle plus. Je vais en donner une copie au ministre.
M. Forget: J'aimerais savoir, si c'est le ministre qui introduira
ce projet de loi à l'Assemblée nationale ou si cela fait partie
des mandats qui ont été confiés au ministre d'Etat
responsable du développement social?
M. Couture: J'aurai la joie et la fierté de le
présenter moi-même.
M. Forget: Dans le programme 2, je crois que c'est pertinent, il
y a un certain nombre de questions, je n'aurai probablement pas le temps de les
poser, mais au moins on peut amorcer la discussion.
Relativement à la loi des décrets, la loi de la convention
collective, dans tout le contexte des lois qui sont envisagées, le Code
du travail en trois étapes et la loi des conditions minimales du
travail, j'aimerais que le ministre nous dise quelle est son évaluation
du fonctionnement de cette loi à ce moment et de quelle façon il
voit que cette loi pourra jouer son rôle dans le domaine des relations de
travail et l'établissement de normes de travail.
M. Couture: Je vais vous dire bien modestement, sinon humblement,
qu'au niveau de cette loi
des décrets, de son application, de ses mécanismes, des
cadres de cette loi, je n'ai pas encore d'opinion précise.
Effectivement, dans la grande réforme du Code du travail,
j'attendrai avec impatience et j'espère qu'on aura des recommandations
intéressantes à ce sujet. Il faudra vraiment bien situer ces
mécanismes d'extension juridique de convention collective dans cette
espèce de vision des relations de travail au Québec.
Je sais qu'actuellement cela joue quand même un rôle assez
important. Cela permet dans plusieurs secteurs d'activités de faire
profiter tout le secteur d'une convention collective négociée.
Cela permet aussi de rationaliser des secteurs. Je ne peux pas vous dire
comment je m'oriente face à cela. Je veux vraiment que ce soit un sujet
d'étude important dans la réforme du Code du travail. Ce sera
sûrement une pièce à prévoir ou une loi à
modifier, mais je n'ai pas d'opinion précisé actuellement.
M. Forget: Je suis un peu surpris, M. le Président, de la
réponse du ministre. Il me semble que, dans le contexte d'une vision
globale des lois sur le travail, et particulièrement, lorsqu'on a
entendu le ministre nous parler des voeux qu'il formulait quant à la
sectorisation, des négociations et peut-être même de
l'accréditation, quand il nous parle de l'élargissement des
conditions minimales de travail, il faut déboucher sur toutes sortes de
clauses qui, traditionnellement, n'en ont pas fait partie.
On se demande un peu si, dans le fond, la loi d'extension par
décret n'est pas en train de tomber complètement en
désuétude. N'y a-t-il pas eu, de fait, une
désuétude graduelle de cette loi? Ne s'applique-t-elle pas de
moins en moins? Et à un nombre plus restreint d'employés?
M. Couture: Je pense que, de toute façon, l'avenir n'est
pas de ce côté-là. C'est le moins qu'on puisse dire. Face
au programme du Parti québécois aussi, où on a
l'orientation de l'accréditation sectorielle, j'imagine que cela ira
effectivement de plus en plus en désuétude. Mais, par rapport
à ces milieux-là justement, je ne voudrais pas actuellement
donner d'indication précise sans avoir un peu l'ensemble des
orientations qu'on nous proposera dans la réforme. Mais, le constat que
je peux faire, ne serait-ce que par l'application de notre programme, il n'y a
pas d'avenir pour ce secteur-là. C'est évident.
M. Forget: Cela fait-il partie du mandat du comité de
réforme des lois du travail ou si le ministre fait allusion à des
recommandations qui seraient même postérieures au
dépôt du rapport de ce comité?
M. Couture: Le mandat global va évidemment couvrir ce
secteur. Mais on ne fait pas de travaux immédiats sur cela,
actuellement. Sauf que je pense que ce que je vais demander au
ministère, c'est une bonne analyse de ces décrets et des sec-
teurs visés. On a des problèmes dans l'industrie de la robe et du
vêtement. On sent qu'on n'a pas prise, on n'a vraiment pas prise sur les
secteurs. Je veux d'abord avoir une bonne analyse de ce qui est vécu
là-dedans, des problèmes que cela soulève, des aspects de
la loi qui pourraient être inopérants ou désuets, avant de
me prononcer sur les modifications que j'aurais en vue là-dessus.
M. Forget: Est-ce que, par exemple, pour rendre les deux lois
complémentaires, je veux dire la Loi de la convention collective et la
future loi des conditions minimales de travail, on peut envisager qu'il n'y
aura pas de clauses communes en ce sens que les conditions de travail qui
seraient couvertes par la loi sur les conditions minimales de travail seraient,
à l'avenir, radiées des extensions par décret?
M. Couture: Cela s'ajoute à ce que les conditions
minimales apporteraient. Je ne vois pas comment cela pourrait se
contredire.
M. Forget: Tantôt vous avez parlé de philosophie.
Sans vouloir faire de philosophie, malgré tout, plaçons-nous sur
le plan de la syndicalisation des secteurs où il y a des extensions par
décret, où toutes les entreprises ne sont forcément pas
syndiquées, c'est le genre de situation que cela vise. Vous avez
à ce moment-là, sur le plan de la syndicalisation, de plus grands
intérêts. Pour les entreprises non syndiquées, si vous avez
des conditions minimales qui s'appliquent, plus l'extension par décret,
entre les deux, cela devient assez théorique, l'idée de favoriser
la syndicalisation des travailleurs. Je comprends qu'il y a des avantages qui
en découlent pour les employés. Mais, si, à force de leur
donner des avantages, par la main droite et par la main gauche, finalement on
enlève tout espèce de raison d'être du syndicat dans ces
secteurs-là, alors, cela va un peu contre la philosophie que vous
défendez.
M. Couture: C'est la raison pour laquelle il faut
réévaluer un peu tous ces mécanismes, ce cadre d'extension
juridique, et le situer dans la philosophie générale des
relations de travail que nous voulons appliquer.
Mais les conditions minimales, entre autres, par rapport au
décret, l'analyse qu'on en fait, c'est que les décrets
débordent dans bien des cas les conditions minimales. Cela ne pose pas
de problème de ce côté.
M. Forget: Pour les conditions salariales, oui. Mais pour les
autres conditions aussi?
M. Couture: Cela dépend des dispositions, mais ce n'est
pas toujours...
M. Bellemare: II n'y aura pas de problèmes.
M. Mackasey: Ne trouvez-vous pas, M. le ministre, que les
décrets ont tendance à créer des zones, des
disparités de pauvreté? Par exemple,
votre salaire minimum va-t-il s'étendre à travers toute la
province? Les décrets ne sont pas toujours les mêmes pour une
entreprise de Montréal, pour Granby, pour Drummondville, pour la
Gaspésie.
M. Couture: La philosophie du salaire minimum, c'est qu'on veut
de moins en moins lui donner une connotation régionale. La tendance sera
de généraliser le salaire minimum dans tous les secteurs de
l'activité. Il restera quand même, je pense, qu'il faut, par
prudence, garder certaines exclusions, certaines ordonnances
particulières pour certains secteurs, mais ce qu'on retient, c'est aussi
le rapport Castonguay qui nous oriente de ce côté, c'est...
M. Mackasey: Je pense, M. le ministre, que tous les ministres,
vous voulez le meilleur des deux mondes.
M. Couture: On n'est pas là...
M. Mackasey: Vous avez parlé des travailleurs dans le
salaire minimum. Nous avons un salaire minimum national et vous ne voulez pas
un salaire minimum à travers la province. Vous voyez des secteurs dans
la province où un homme qui va faire le même travail va gagner
moins. Non?
M. Couture: Je pense qu'on se comprend mal. Le salaire minimum
est provincial.
M. Mackasey: Exactement.
M. Couture: II n'y a qu'une catégorie, ce sont les
employés à pourboire...
M. Mackasey: Cela, je veux le savoir. Il n'y aurait qu'une
catégorie...
M. Couture: II y a une distinction entre décret et salaire
minimum.
M. Mackasey: C'est bien au décret, parce que c'est de cela
qu'on parlait. Est-ce qu'on l'enlèvera la journée où il
n'y a plus de décret...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse auprès du
député de Notre-Dame-de-Grâce, mais la commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration est
réunie pour poursuivre ses travaux et étudier les crédits
budgétaires du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Les membres de la commission, que j'ai oublié de nommer cet
après-midi, au début de nos travaux, sont: M. Bellemare (Johnson)
qui est remplacé par M. Brochu (Richmond); M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Chevrette (Joliette) qui est remplacé par M.
Fallu (Terrebonne); M. Couture (Saint-Henri), M. de Belle-feuille
(Deux-Montagnes), M. Forget (Saint-Laurent), M. Godin (Mercier), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette) qui est remplacé par M. Gravel
(Limoilou); M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Laplante (Bourassa), M. Lavigne
(Beauharnois) qui est remplacé par M. Marquis (Matapédia); M.
Lefebvre (Viau), M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Pagé
(Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud).
Nous en étions à l'étude du programme 2. La parole
était au député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
rester longtemps là-dessus. J'aimerais simplement terminer ce qu'on a
fait peut-être un peu abruptement. L'impression que je garde de tous ces
échanges de questions et réponses au sujet des conditions
minimales de travail est une impression générale de confusion
je me permets de le dire pour les raisons suivantes; D'une part,
vous avez un principe que le moyen ordinaire de défense des travailleurs
devrait être la syndicalisa-tion. D'un autre côté, vous avez
des mesures qui ont un effet concurrent et dont on étend d'une
façon sensible le champ d'application, les conditions minimales de
travail. On s'interroge, sans avoir de réponse, sur l'avenir de la loi
d'extension par décret des conventions collectives. Il me paraît
qu'on n'a pas une notion très claire de la relation que doivent avoir
tous ces principes, la syndicali-sation, l'extension par décret, les
conditions minimales de travail, et qu'on va procéder un peu dans
l'ordre inverse, en réglant un problème ad hoc, celui des
conditions minimales de travail sans comprendre dans quel contexte
général cela s'inscrit, celui d'une loi d'envergure sur
l'ensemble des conditions de travail, y compris celles qui sont
déterminées par la négociation.
Egalement, sur le plan de l'application des conditions, on nous a dit:
C'est la commission ou la régie à venir qui déterminera
les moyens nécessaires pour mieux appliquer que présentement les
lois existantes. D'un autre côté, dans le même souffle, on
nous dit qu'on n'a aucune idée de ce que cela peut impliquer, en termes
d'objectif, au moins. Ce n'est évidemment pas un engagement ferme,
à ce moment-ci, mais on n'a même pas d'objectif clair,
chiffré sur les implications administratives d'une loi qui est
très ambitieuse par le nombre de gens qu'on veut couvrir.
Au niveau des juridictions, il y a aussi une confusion. Je comprends la
fierté du ministre du Travail de dire qu'il sera le parrain du projet de
loi sur les conditions minimales de travail, mais il est le parrain d'un projet
de loi et un autre ministre sera celui qui pilotera d'autres lois, avec toutes
les difficultés de coordination et de cohérence que cela pause,
d'autant plus qu'on les adopte dans l'ordre inverse du bon sens, il me semble.
Tout cela me permet de dire que nous sommes devant une situation qui ne
pèche certainement pas par abus de clarté, où les risques
d'incohérence sont considérables. Il y a également les
risques de l'effet que cela peut avoir sur l'économie. Encore là,
on parle de la partie la plus faible, la plus chambranlante de notre
économie et du risque qu'elle soit affectée, dans une mesure
peut-être pas significative, si on prend l'ensemble du Québec,
mais peut-être significative, quand on parle de petites localités,
de petites communautés.
Je ne suis pas du tout rassuré par les références
à d'autres moyens de parer à cela, quand cela prend la forme soit
de concessions fiscales, soit de mesures d'assistance technique, connaissant
malheureusement le peu d'efficacité de ces moyens pour modifier des
conditions générales et permanentes qui découleraient
d'actions gouvernementales qui seraient prises dans un contexte peut-être
un peu irréaliste, un peu trop idéaliste et peut-être
inconséquent, étant donné les autres principes qu'on veut
défendre.
Je suis réellement inquiet, mais d'un autre côté, je
comprends qu'on a suffisamment exploré ce domaine pour ne pas tirer
grand avantage en poursuivant plus en détail. Je peux simplement noter
cela, en espérant que, d'ici à ce que les projets de loi soient
déposés, le gouvernement ou le ministre ait poursuivi sa
réflexion pour trouver des réponses là où il n'y en
a pas encore, ou, celles qui s'esquissent ne me semblent pas
satisfaisantes.
Je n'aurai pas d'autres questions générales. J'aurai
cependant seulement des questions spécifiques sur les
éléments du programme 2. Si je comprends bien, d'après
l'en-tête du programme, il s'agit des effectifs et des budgets
consacrés à l'administration de la loi de l'extension par
décret des conventions collectives spécifiquement et
exclusivement. Si c'est le cas, j'aimerais que le sous-ministre ou le ministre
nous explique la distinction entre l'élément 1 et
l'élément 2, étant donné que
l'élément 2, en particulier, nous réfère au soutien
administratif et technique. Ceux qui ne sont pas familiers avec le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre pourront peut-être
s'interroger quant à la distinction qu'il faut faire entre
l'élément 2 du programme 2, et, dans le fond, l'ensemble du
programme 3, qui est consacré à la gestion interne et au soutien,
qui semble répéter la même rubrique plus globalement, pour
l'ensemble du ministère. Ce sont des dépenses à
caractère administratif, mais, évidemment, elles sont
importantes, il s'agit de plusieurs millions.
M. Couture: Je vais laisser le sous-ministre répondre, au
niveau technique, sur la différence entre l'élément 2 et
le programme 3.
Je voudrais quand même simplement faire quelques remarques,
à la suite des observations du député de Saint-Laurent. Ce
qu'il appelle confusion, je le traduirais en termes de prudence. C'est
relativement facile de prétendre vouloir donner des réponses
précises à tout d'avance, sur des programmes qui méritent
quand même une certaine expérience et qui méritent une
évaluation le long de leur application. L'interprétation du
député de Saint-Laurent, je la respecte. Je dis simplement que
c'est de la prudence. De fait, avec les conditions minimales de travail, nous
allons présenter, pour la première fois peut-être en
Amérique du Nord, une loi extrêmement importante, dont on
connaît les objectifs poursuivis, mais on aura besoin de
l'expérience du milieu même pour nous en indiquer les
paramètres et les mécanismes précis d'application.
Nous avons évidemment prévu un organisme pour appliquer
cette loi et certains types d'instruments. Même si cela ne plaît
pas directement à tous les membres de la commission parlementaire, je
dois vous dire à ce stade-ci, que notre réflexion se poursuit sur
ce projet de loi important, qui peut avoir une portée
considérable au niveau économique. Nous cherchons à
analyser toutes les implications.
Une fois la structure en place, pendant au moins les premiers mois, nous
vérifierons, nous évaluerons l'impact du type d'intervention que
nous ferons.
J'ajouterais qu'au niveau de la syndicalisation, c'est un objectif du
programme du Parti québécois. C'est notre objectif au
gouvernement, mais il reste que nous ne voulons justement pas l'imposer, cette
syndicalisation. Ce sera le choix des travailleurs.
Ne sachant pas quel sera le choix des travailleurs, même si les
mécanismes deviennent plus faciles, et c'est notre intention d'y
arriver, ne sachant pas si ce choix se fera, parce que, effectivement le
député de Johnson le faisait remarquer, cet après-midi
dans bien des cas, il peut arriver que les travailleurs ne veulent pas
se syndiquer. C'est leur choix. C'est notre responsabilité de maintenir
des types d'interventions comme l'extension juridique des décrets, de
les maintenir et de ne pas préjuger de l'avenir, s'il sera autre. C'est
une question... je dirais que c'est une forme de respect, là aussi, pour
le milieu concerné. C'est une façon de ne pas préjuger de
l'avenir même si, pour nous, au gouvernement, nos objectifs sont clairs.
C'est là notre orientation, mais on respecte celle des intervenants.
M. Forget: Personne ne conteste que vous ayez une
responsabilité vis-à-vis des non-syndiqués et des non
encore syndiqués. Vous parlez de prudence. Si c'était de la
prudence, une façon de la caractériser, je serais bien d'accord.
Dans le fond, lorsque mon collègue, le député de
Notre-Dame-de-Grâce, a souligné que la critique la plus grande, la
plus affective ou la plus persua-
sive qu'il y ait eue vis-à-vis de la législation sur le
salaire minimum, concernait l'imperfection de son application. Vous
reconnaissez cela avec moi. Cela a été appliqué de
façon très pauvre.
Je comprends que vous dites qu'il y aura d'autres mécanismes
etc., mais ces autres mécanismes tels que comités etc., peuvent
être bons, mais cela ne fera pas tout le travail, sans aucun doute. Cela
va laisser, par exemple, le besoin d'une inspection, d'un inspectorat. C'est de
ce côté qu'est la faiblesse. Je me demande comment on peut
expliquer qu'on s'engage dans une avenue nouvelle où on aura beaucoup
plus de choses à vérifier qu'avant, donc, à inspecter,
auprès d'un plus grand nombre de personnes et d'entreprises sans avoir
une estimation concrète, précise, basée, bien sûr,
sur des hypothèses quant à l'efficacité des
comités, de la participation de tous ceux qui sont impliqués dans
ce milieu et dans celui de l'information. Je veux bien croire que tout cela va
être là, mais qu'on ait au moins un certain nombre
d'hypothèses, relativement à ces éléments nouveaux
qui nous permettent de dire combien d'inspecteurs on aura besoin. Est-ce que ce
sera le double, le triple, cinq fois ce qu'on a? Est-ce que les inspecteurs
actuels seront suffisants?
Cela va revenir, de toute façon, dans la discussion de la loi. I!
faudra, à ce moment, pouvoir dire aux gens: Comme vous avez admis que
c'est autofinancé, cette histoire, s'il faut cinq fois ou huit fois plus
d'inspecteurs, supposé qu'on puisse les recruter rapidement, mais
indépendamment de cela, la cotisation, le prélèvement de
la Commission du salaire minimum va aussi être multiplié par dix,
par vingt etc. Cela devient une chose non négligeable.
Dans le fond, si tout ce qu'on se pose comme question... la question
prédominante, c'est celle de l'efficacité de l'application de la
loi. Il faut commencer par cela. Ce n'est pas très rassurant de dire
qu'on va créer un nouvel organisme et que celui-ci verra ce qu'il a
à faire, en temps et lieu.
Il me semble que la première responsabilité, justement si
on veut protéger les non-syndiqués, c'est de voir ce que cela
implique que de se donner les moyens de faire appliquer la loi actuelle,
d'autant plus que la loi est beaucoup plus ambitieuse que vous ne le
pensez.
M. Couture: Je vais vous rassurer, M. le député de
Saint-Laurent, si vous le permettez, M. le Président.
Quand je disais peut-être que la formulation de ma
réflexion là-dessus n'était pas suffisamment claire
quand je disais que l'organisme qui part de ce qu'on a actuellement, la
Commission du salaire minimum, c'est-à-dire, on a quand même des
effectifs présents.
On a une série d'inspecteurs; déjà, on a une
volonté politique de faire, non seulement de l'inspection sur plaintes,
mais de l'inspection régulière et systématique. Mais il y
a des éléments qu'on introduit et dont on ne peut pas mesurer
l'efficacité actuellement. Je regrette, mais je ne suis pas capable de
vous dire à quel point...
M. Forget: ... efficacité.
M. Couture: Je fais des hypothèses suivant lesquelles cela
va être bon. Les éléments qu'on introduit, c'est, par
exemple, l'élément d'information du milieu, une information
systématique, peut-être dix fois meilleure que ce qu'on a
actuellement. Les gens eux-mêmes, les non-syndiqués vont bien
connaître les implications de cette loi, leurs droits. Les syndicats, les
groupes d'une région donnée, d'un village, d'un quartier, d'une
ville, on aura la préoccupation non seulement de les informer, mais de
les rendre responsables du milieu des non-syndiqués en leur disant que,
justement parce qu'ils sont isolés, non protégés, ils
méritent cette attention. En plus de cela, il y a les comités
tripar-tites que nous chercherons à rendre les plus efficaces possible.
Je pense que vous ne trouveriez pas cela sérieux de ma part de dire
d'avance que tout va marcher à merveille. Il faut quand même
attendre un certain usage. Ceci dit, l'organisme qui régira, qui
appliquera la loi des conditions minimales de travail, en partant de ces
structures d'inspection, de vérification, en ajoutant cette dimension
d'inspection systématique qui, semble-t-il, n'était pas
présente dans la Commission du salaire minimum... Je dis que, dans les
mois qui suivront, il nous sera plus facile de vérifier, de
déterminer lors de l'application de la loi, la régie en question
qui aura cet objectif d'appliquer la loi. Elle se donnera les instruments que
la loi lui permettra de se donner, les instruments nécessaires pour
l'application de cette loi. Mais, là-dessus, je ne peux pas en dire
plus. Je pense que j'indique assez clairement que les objectifs étant
présents, l'organisme étant bien déterminé,
certains types d'intervention étant précisés, nous avons
quand même un certain nombre de garanties, d'avance, qui nous permettent
de dire que tout est en place et qu'au fur et à mesure, on
développera, si nécessaire, de nouveaux instruments de
vérification et d'application.
M. Forget: Je pense que votre langage dépasse votre
pensée. Nous sommes loin d'avoir des garanties que tout est en place.
Dans le fond, ce que vous nous dites, c'est que nous n'avons qu'une assurance,
c'est qu'il y a une loi qui exige certaines choses. Mais nous n'avons aucune
assurance que les moyens qui sont prévus et anticipés, sauf sur
un plan théorique, se réaliseront. Ce à quoi le
gouvernement s'engage, c'est dans un travers qui, bien sûr, n'est pas
sans précédent, malheureusement, dans les actions
gouvernementales, et cela s'applique, malheureusement encore une fois, à
des gouvernements même antérieurs. On nous invite à nous
engager dans une aventure, en faisant miroiter un objectif qui est
désirable en soi, mais sans avoir aucune idée précise si
c'est réalisable, comment et à quel coût. Ce n'est pas la
voie de la prudence. C'est la voie, si l'on veut, d'un certain idéalisme
qui peut s'expliquer, bien sûr, qui est en soi fort justifiable et fort
compréhensible. Mais il n'y a pas de réponse concrète qui
nous est même suggérée là-dessus. Je pense qu'il y
a
pour cela des raisons, le travail n'a pas pu se faire, etc., mais il
reste que le problème reste entier. On a beau le réexaminer sous
tous les angles, on reste avec des questions sans réponses. Mais...
M. Couture: Pour la deuxième partie, vous permettez
que...
M. Forget: Oui.
M. Couture: Voici. Le programme 2, normes de travail, est
divisé en deux. Vous avez l'administration des comités paritaires
et l'extension juridique. A l'extension juridique, vous avez aussi le soutien
administratif et technique. Peut-être que le titre de
l'élément 2 n'est pas exact, mais on doit le souffrir depuis que
le ministère est ministère.
En fait dans l'élément 2, vous retrouvez les effectifs qui
doivent administrer le programme normes de travail.
M. Forget: L'élément 1 se trouve à ce
moment, si vous pouvez répéter...
M. Couture: L'administration des comités paritaires
administre l'élément 2 qui est l'extension juridique de la
convention collective.
M. Forget: Je vois, je vois.
M. Couture: Ce qui arrive, c'est que vous avez une demande de
décret, le décret c'est l'extension d'une convention collective.
Cela, c'est l'élément 2 qui le fait. L'administration du
décret est faite par des comités paritaires qui est
l'élément 1 du programme.
M. Forget: Je vois. Ces comités paritaires ne sont pas des
salaires, j'imagine.
M. Couture: Non.
M. Forget: Ce sont essentiellement les frais de fonctionnement,
de déplacement, de secrétariat, etc.
M. Couture: C'est cela. Ce sont leurs propres frais
d'administration.
M. Mackasey: Est-ce que les comités paritaires existent
encore au Québec?
M. Couture: II y en a 55 ou 58 actuellement.
M. Mackasey: Est-ce que leur rôle c'est encore d'appliquer
un salaire uniforme dans une région, par exemple?
M. Couture: Dans un secteur donné, ils appliquent un
certain type de normes. Le décret qui comporte les salaires, les heures
qui comportent le temps supplémentaire, les jours fériés,
un certain type de conditions de travail.
M. Mackasey: Le mot que j'ai essayé de trouver à 6
heures, c'était comité paritaire. C'est cela que j'ai
mêlé. Est-ce que le salaire minimum va être au même
niveau, soit $3, à la grandeur de la province, par exemple?
M. Couture: Sauf avec les ordonnances spéciales qu'on
garde encore...
M. Mackasey: ... les groupes d'apprentis... M. Couture:
... les travailleurs forestiers.
M. Mackasey: Les montants décidés par la commission
du salaire et jugés nécessaires par les comités paritaires
ne sont pas précisément les mêmes dans toute la
province?
M. Couture: Non. Il y a des comités paritaires qui ont
des... Chez les coiffeurs justement, il y a des extensions juridiques qui
concernent des régions déterminées. Cela
dépend.
M. Mackasey: Le point que je veux faire, M. le ministre, c'est
contradictoire un peu, dans le sens qu'il y a une différence de salaire
entre quelqu'un, par exemple, qui est travailleur sur une machine à
Montréal et celui qui travaille sur la même...
M. Couture: En fait ce qui arrive, c'est ceci. Vous pouvez avoir
des décrets de trois ordres. Vous pouvez avoir un décret
professionnel, régional ou provincial.
Si vous avez un décret régional, évidemment, le
comité paritaire administre le décret de la région.
Exemple, dans la coiffure, vous avez 15 ou 16 décrets.
M. Mackasey: Dans l'imprimerie, par exemple.
M. Couture: Dans l'imprimerie aussi. Le décret est
spécifiquement l'extension d'une convention collective
négociée. On ne peut pas par le décret changer le taux de
salaire qui a été négocié à la convention
collective.
M. Mackasey: Excusez-moi, cela je le comprends. Je me demande
souvent pourquoi les deux. Je connais bien la raison pourquoi il y avait des
comités paritaires quand il n'y avait pas de syndicat. Il me semble que
tout bon fonctionnaire n'aime pas, M. le ministre, faire disparaître les
organisations qui vraiment sont difficiles à convaincre le peuple. Elles
ont vraiment une raison d'être.
Je cherche ce que vous voulez faire exactement au niveau des salaires
pour tous les travailleurs du Québec. Même à travers la
province, c'est toujours contre le concept. Quelqu'un qui travaille à
Montréal, qui fait un tel ouvrage sur une machine dans une imprimerie
gagne plus que quelqu'un qui ferait le même travail à
Drummondville ou le double montant que quelqu'un de la Gaspésie.
C'est seulement une extension, si vous voulez, ou une garantie qu'il y
aura toujours un niveau de pauvreté dans la province. C'est pour cela
que le salaire minimum national en Colombie-
Britannique est exactement la même chose. Turner et
vous-même avez suggéré cet après-midi que ce
n'était pas la fin du monde pour les petites usines. Turner existe
encore. Bell Telephone il y a eu un temps où elle avait huit ou neuf
hommes si vous voulez, alors je me demande la raison maintenant pour laquelle
il existe encore des comités paritaires dans le sens d'une application
régionale. J'avais dit qu'il y en a quelques-uns qui existent à
travers la province.
M. Couture: C'est une façon de répondre à la
demande. C'est une façon de respecter la volonté des intervenants
dans le milieu. Comme nous l'avons dit cet après-midi, l'avenir n'est
pas de ce côté, l'avenir vient éventuellement de ce que les
gens d'un même secteur vont vouloir probablement, nous l'espérons,
se regrouper et défendre leurs droits solidairement et chercher des
unités de type provincial ou national pour défendre leurs
intérêts. Ce que nous faisons je pense que c'est aussi
l'interprétation du rôle de l'Etat c'est d'être un
instrument pour aider des gens qui entre eux négocient des conditions de
travail, dans une région donnée, de reconnaître ce fait
qu'eux-mêmes ayant négocié, ils rejoignent les travailleurs
de toute une région, et de faire profiter d'autres personnes de ce
qu'ils ont eux-mêmes négocié.
Mais j'avoue que moi-même, c'est évident que je trouve que
l'avenir n'est pas là. On respecte quand même actuellement
historiquement cette façon de faire bénéficier d'autres
travailleurs de ce qu'une région elle-même, de ce que des
conventions collectives nous donnent dans une région donnée, mais
il y a une tendance actuelle d'élargir ce champ.
M. Mackasey: Si vous avez un salaire minimum ajustable une ou
deux fois par année je pense que vous l'avez dit selon une
formule dont on ne discutera pas pour le moment, et si vous en avez des normes
de travail qui n'existent pas maintenant, sans doute est-ce là la
priorité, je crois. Et si vous encouragez avec raison le mouvement
syndical à représenter plus de 40%, mettons, de la population,
qu'est vraiment le rôle du comité paritaire? Quelle fonction
va-t-il remplir?
M. Couture: II joue un rôle à un moment donné
dans le cas...
M. Mackasey: Quel rôle il va jouer?
M. Couture: Oui, mais évidemment, dans l'avenir, nous ne
souhaitons pas que ce régime dure éternellement. Nous souhaitons
qu'éventuellement, par les mécanismes que nous prévoyons
dans la réforme du Code du travail, les travailleurs eux-mêmes
pourront, d'une façon, sectorielle, trouver un mécanisme de
défense et de protection qui est le syndicalisme, mais nous ne voulons
pas imposer aux intervenants du milieu notre formule. Nous voulons simplement
progressivement leur faciliter le choix des instruments.
M. Mackasey: Alors, les comités paritaires vont
disparaître si vous réussissez à arriver à la
conclusion que vous voulez.
M. Couture: Je ne le sais pas, moi, ils peuvent disparaître
éventuellement. Si...
M. Mackasey: Pour quelles raisons le peuvent-ils?
M. Couture: Ce seront eux qui décideront, qui choisiront
autre chose.
M. Mackasey: Qui va décider cela?
M. Couture: Les intervenants dans un milieu donné, les
travailleurs qui se sont entendus avec la partie patronale dans un secteur puis
qui demandent l'extension juridique dans tout le milieu. S'ils procèdent
autrement, s'ils utilisent le syndicalisme comme instrument, ils
l'étendent à toute une région donnée et
éventuellement à toute la province, à tout le
Québec. Cela change complètement le paysage.
M. Mackasey: Vous parlez de la...
M. Couture: Est-ce qu'ils ont intérêt
à...
M. Mackasey: Je ne sais pas...
M. Couture: Ce sera leur décision à eux.
M. Forget: Oui, mais dans une entreprise qui est visée par
un décret, quel intérêt les employés ont-ils
à adhérer à un syndicat?
M. Couture: D'ailleurs on a quand même l'exemple de
comités paritaires qui satisfont plus ou moins les gens
concernés.
Je pense donc qu'il y a des travailleurs qui peuvent
éventuellement choisir le syndicalisme comme meilleur défenseur
de leurs intérêts. Mais vous avez raison de soulever la question,
parce qu'il est évident qu'il y en a qui profitent de l'extension
juridique. Pour eux, c'est une façon de se libérer de l'effort de
la syndicalisation et de la mobilisation des gens. Je pense que plus les
conditions de travail s'amélioreront au Québec, plus les gens
découvriront que c'est leur instrument privilégié, le
syndicalisme.
M. Forget: Vous dites que, dans les révisions à
court terme du Code du travail, vous allez introduire la formule Rand,
c'est-à-dire la perception obligatoire des cotisations. Vous allez
avoir, parmi les entreprises couvertes par un décret, une entreprise sur
six où il y a une convention collective et, là, les gens vont
être forcés de contribuer en vertu de la formule Rand.
L'entreprise qui peut être de l'autre côté de la rue, dans
la même industrie, elle bénéficie du décret et les
employés de cette entreprise vont payer aussi de la même
façon? Est-ce que la formule Rand va s'appliquer à eux?
M. Couture: Non, elle ne s'appliquera pas à eux. Elle est
liée directement à l'unité de travail qui devient une
unité de négociation.
M. Forget: Cela fait un régime assez curieux, 90% des
avantages.
M. Couture: C'est un régime de transition. Vous avez bien
raison de trouver cela curieux. Moi-même je le trouve curieux. C'est un
régime de transition.
M. Mackasey: Vous avez parlé du "sectorial bargaining". Je
ne connais pas la traduction.
M. Forget: Des négociations sectorielles.
M. Mackasey: Quelles sont les normes de ce secteur, la grandeur,
les compagnies? Est-ce que ce serait volontaire de la part des employeurs
d'être membres d'une association qui représenterait tous les
employeurs qui ont des intérêts communs pour négocier avec
un syndicat ou deux syndicats?
M. Couture: Si vous me le permettez, M. le Président, la
négociation sectorielle comme telle est un objectif du gouvernement et
de notre parti. Comme ministre du Travail actuellement, je dis que c'est un
projet à moyen terme. Si on garde les mêmes catégories du
début: court terme, moyen terme et long terme, c'est un projet à
moyen terme. Nous en sommes au stade de la réflexion, au stade de
l'étude des modalités de cette négociation sectorielle. Je
peux vous dire en partant qu'éventuellement, quand on voudra que ce
régime d'accréditation sectorielle ou de négociation
sectorielle s'applique au Québec, les employeurs auront à se
regrouper autour d'une association dans le secteur. C'est évident.
M. Mackasey: La cotisation se fera par l'entremise de quelle
organisation? Votre ministère?
M. Couture: Si vous me le permettez, je ne veux pas
débattre cette question maintenant. Peut-être l'an prochain, lors
d'une commission parlementaire. Mais c'est encore un projet à moyen
terme.
Le Président (M. Marcoux): Programme 2,
élément 1?
M. Brochu: Ici, à l'élément 1, j'aurais
peut-être une question en ce qui concerne l'administration des
comités paritaires. L'année dernière, je sais que
l'industrie de la robe avait connu certains problèmes. On avait
annoncé, l'an passé, qu'une commission d'enquête sur
l'industrie de confection pour dames avait recommandé la mise en tutelle
du comité conjoint de l'industrie de la confection pour dames dans la
province. Je sais que la situation a quand même évolué
depuis ce temps. J'aimerais que le ministre à ce stade-ci, s'il est en
mesure de le faire, nous fasse un peu le point sur cette situation et nous
indique de quelle façon il a l'intention d'intervenir dans ce secteur
actuellement, s'il juge qu'il a besoin de le faire.
M. Couture: Effectivement, j'ai reçu un rapport d'un
enquêteur du ministère sur l'industrie de la robe. Parlez-vous de
la confection pour dames ou de la robe?
M. Brochu: La confection pour dames. M. Couture: La
confection pour dames.
M. Brochu: Excusez, je me suis mal exprimé au
début. Je pensais à un autre secteur. C'est la confection pour
dames.
M. Couture: II y a eu un commissaire-enquêteur qui a fait
enquête dans le milieu, dans ce secteur, il y a un an et demi. Il y a eu
une tutelle, on a découvert une fraude, il y a eu une condamnation et on
peut dire que la tutelle se poursuit. On prévoit éventuellement
libérer le comité paritaire de la tutelle. L'objectif poursuivi
par cette tutelle a été de découvrir cette fraude; on l'a
identifiée, il y a eu poursuite et, éventuellement, la tutelle
sera libérée.
M. Brochu: Etant donné que l'enquêteur a fait son
rapport et que le ministre a pu identifier le problème en
question...
M. Couture: C'est l'autre ministre, cela vient de l'autre
gouvernement.
M. Brochu: Oui, je prends le mot "ministre" dans son sens le plus
large. Maintenant, je dois m'adresser à vous, comme personne, puisque
vous occupez le fauteuil.
M. Couture: C'est votre droit le plus strict.
M. Brochu: Oui. Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer
peut-être par la voix de son haut fonctionnaire de quelle
nature s'agissait la fraude en question, dans un premier temps? Dans un
deuxième temps, pourrait-il nous indiquer quand il prévoit la
levée de la mise en tutelle? Au cours de l'année qui s'en
vient?
M. Couture: La précision sur la fraude, je vais demander
au sous-ministre d'y répondre; pour la deuxième partie,
dès que le ministre actuel recevra une recommandation, un rapport du
tuteur, lui indiquant... Je vais quand même prendre connaissance de sa
recommandation, dans l'état actuel des choses, et dès que le
tuteur sera en mesure de dire que la tutelle doit être
libérée, je le ferai certainement. Sur la fraude, je vais
demander au sous-ministre de répondre.
Quant à la première partie, au sujet de la fraude, le
secrétaire-gérant a été condamné pour
détournement de fonds, à des fins personnelles, pour un montant
d'environ $350 000. Il purge actuellement une peine de 14 ans de prison, de
pénitencier.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Programme 2,
élément 1.
Une Voix: Adopté.
M. Brochu: Pour toucher, si vous me permettez, plus
précisément la question de l'industrie de la robe, est-ce que le
ministre a été saisi des problèmes qui peuvent exister, en
ce qui concerne le comité paritaire, plus particulièrement les
problèmes qui peuvent exister dans l'industrie de la robe, en ce qui
concerne les petites manufactures, par exemple, qui sont obligées, de
temps à autre, de faire des mises à pied temporaires je ne
parle pas des manufactures dans les centres comme Montréal ou ailleurs,
mais de celles dans nos régions plus rurales par exemple,
à l'époque du temps des Fêtes alors qu'elles arrêtent
pendant deux, trois semaines ou un mois. Apparemment, pour réengager le
personnel elles doivent, à ce moment-là, leur rembourser leurs
Fêtes et leur donner certains bénéfices comme cela. Ce qui
semblerait, d'après les informations que j'en ai, les mettre dans des
positions assez difficiles à certains égards puisqu'il s'agit de
toutes petites entreprises qui fonctionnent presque à la pièce.
Est-ce que le ministre a été mis au courant de ces
problèmes?
M. Couture: Ce type de problème que vous soulevez est-il
récent? Actuellement, il y a un administrateur, un tuteur dans
l'industrie de la robe, suite à l'enquête qui a été
faite en janvier, et ce tuteur administre le comité paritaire.
M. Brochu: Le problème s'est présenté au
cours de l'hiver dernier.
M. Couture: Je ne vois pas le lien entre les problèmes que
vous soulevez et le comité paritaire lui-même. C'est quand
même un problème d'entreprise, et que ce soit un bon ou un mauvais
comité paritaire, il ne peut pas intervenir dans ce domaine.
M. Brochu: Mais c'est sur le principe...
M. Couture: L'entreprise, l'offre et la demande et les
fluctuations économiques, cela n'a rien à voir avec le
comité paritaire.
M. Brochu: ... du fonctionnement. Apparemment, le comité
paritaire obligeait l'entreprise à fournir à ses employés
tous ces avantages marginaux même s'il s'agissait d'une petite
entreprise, à l'extérieur des grands centres.
M. Couture: Oui, c'est justement lié à
l'enquête qu'on a faite là-dessus.
M. Brochu: Cela les place dans une situation fort délicate
au point de vue administratif juste- ment parce qu'elles étaient
obligées d'arrêter un mois ou deux, en période hivernale,
parce qu'elles n'avaient pas suffisamment de travail. Pour réembaucher
leur personnel, qui était d'ailleurs d'accord pour reprendre le travail
aux conditions présentées, elles devaient se plier aux normes et
exigences du comité paritaire et verser ces compensations
rétroactivement.
M. Couture: Quant aux normes, le comité paritaire
administre un décret librement consenti par une convention collective et
proposé au secteur et, quand on propose l'extension juridique, on
reçoit des objections et le reste. Le secteur qui accepte le
décret accepte toutes les modalités du décret,
c'est-à-dire la façon d'appliquer les redevances qu'ils doivent
aller chercher, les montants d'avantages sociaux, etc. Je ne vois pas comment
on peut demander au comité paritaire de répondre de ce type de
problème quand cela a été librement accepté
auparavant. Mais, si c'est lié au fait qu'il y a eu de la fraude
présumée dans l'industrie de la robe, c'est une autre question,
et c'est pour cela que l'industrie en question est en tutelle. Le rapport du
commissaire-enquêteur nous indiquait qu'effectivement il y avait des
prélèvements qui étaient douteux et suspects.
M. Brochu: Pour ma part, je ne lie pas les deux questions, je les
ai mises l'une à la suite de l'autre mais je ne les lie pas. La
première question, en ce qui concerne la confection pour dames,
était une chose dans mon esprit et l'autre était
complètement à part.
M. Couture: II y a une tutelle là.
M. Brochu: Oui, de ce côté. Par contre, ma question
concernait surtout le mode d'application du comité paritaire...
M. Couture: Mais ils appliquent des choses que les gens ont
acceptées.
M. Brochu: ... ou de son intervention dans ce domaine. Je voulais
savoir si le ministre avait des choses précises à...
M. Couture: Tout ce que je peux vous dire, c'est que le
comité paritaire ne peut pas déborder l'application du
décret, qui est le reflet d'une convention collective librement
négociée et l'extension juridique, après avoir entendu les
parties et les objections. Les parties en présence sont en principe
d'accord sur l'application des modalités du décret.
M. Brochu: En principe.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 2,
élément 1, est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Le programme 2,
élément 2, est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Le programme 3.
Cela va bien.
M. Forget: J'ai quelques questions. Cela va aller bien. Il va
falloir que le ministre se rassure parce que les premiers chapitres sont
peut-être les plus lourds de conséquences.
M. Couture: Ce sont des traditions.
Gestion interne et soutien
M. Forget: Celui-ci, qui est de gestion interne et de soutien, ne
nous retiendra pas longtemps. J'ai trois questions, si je peux relire mes
notes, je vais vous les formuler. D'abord, j'aimerais savoir si le ministre
pourrait nous communiquer une analyse de l'activité des recherches qui
sont faites au Travail et à la Main-d'Oeuvre. Il y en a pour $1 129 000,
donc il doit y avoir une production abondante. Je ne sais pas si c'est
disponible actuellement, sinon on pourra nous la faire parvenir
subséquemment.
Ma deuxième question ce sont des choses relatives, avec la
permission du président, à la question des tutelles qu'on a
touchée tantôt, parce que c'était relatif à un
domaine où il y a un comité paritaire. Je comprends que ce sont
des crédits statutaires. Malgré tout, je ne vois pas d'autre
occasion de poser la question. Cela peut aussi bien aller ici qu'ailleurs
présumément. Il y a eu la tutelle d'un certain nombre de
syndicats par la loi spéciale, en particulier celle qui s'applique
encore, je pense bien, aux mécaniciens d'ascenseurs. J'aimerais que le
ministre nous explique comment il peut se faire et comment on peut concilier le
fait qu'un syndicat en tutelle organise parmi ses membres une grève
illégale.
M. Couture: Ce n'était pas une grève
illégale.
M. Forget: Elle n'était pas techniquement illégale
mais est-ce qu'elle n'était pas, dans le fond, hors de l'esprit des lois
du travail? Elle n'était pas illégale parce que le décret
n'était pas promulgué mais est-ce que ce n'est pas forcer un peu
l'interprétation du cadre juridique de dire qu'elle n'était pas
illégale?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous avez une
troisième question?
M. Forget: Oui, j'ai une troisième question, c'est encore
sur la question des ascenseurs, de la tutelle, enfin c'est un problème
qu'on a vécu récemment. Selon certaines informations, l'industrie
de l'ascenseur si on peut appeler cela une industrie, probablement que
cela en est une; c'est l'installation et l'entretien des ascenseurs
serait la scène d'un certain nombre d'opérations
illégales. Jusqu'à quel point y a-t-il des coordinations...
M. Couture: Pouvez-vous préciser les opérations
illégales?
M. Forget: Oui. Les opérations illégales sont les
opérations qui... Encore une fois, il faudrait une enquête pour le
déterminer, mais ce sont des faits qui sont, comme cela,
allégués, peut-être sans support suffisant, mais selon
lesquels les entreprises qui vendent les ascenseurs sont également
celles qui font l'entretien, que ces entreprises, par un système de
zonage, etc., plus ou moins officieux, ont des territoires
réservés où, effectivement, la concurrence ne joue pas. Un
système, également, selon lequel il est presque impossible
d'obtenir l'entretien d'un ascenseur sauf par la compagnie qui l'a posé.
Tout cela, ce sont des ententes illégales, dans le sens de la loi
fédérale des mesures prises en restriction de la concurrence. Et
là où c'est plus grave, c'est que, dans le fond, tout ceci est
renforcé et appuyé par une espèce de conspiration analogue
à celle qui se passe entre les employeurs, entre les employés
également. C'est-à-dire que le syndicat dans le domaine est
partie prenante à cette espèce de conspiration pour frauder le
public.
Tout cela, c'est au moins une hypothèse qui est avancée
dans certains milieux et cela complique singulièrement, bien sûr,
les problèmes des relations de travail qui se posent dans ce domaine.
Cela a probablement provoqué, en partie au moins, a fourni au moins
l'élément de contexte qui a mené à la tutelle de ce
syndicat et à la difficulté que le tuteur a eue à exercer
son mandat. Est-ce qu'il n'y a pas lieu que le ministère du Travail
s'abouche de façon très continue avec le ministère
fédéral qui s'occupe de ces choses je crois que c'est le
ministère des corporations, des consommateurs, ou des choses de ce
genre, à Ottawa de manière qu'une action concertée
soit menée pour restaurer à cette industrie des modes de
fonctionnement un peu plus normaux? C'étaient mes trois questions. La
première, sur la liste des études. La deuxième, sur les
ascenseurs; comment concilier le comportement de ces gens avec leur statut de
syndicat en tutelle, et est-ce qu'il n'y a pas d'autres manoeuvres qui
mériteraient une relation intergouvernementale plus étroite?
M. Couture: Pour la première, on a une série de
recherches qui doivent effectivement couvrir le budget dont vous avez
parlé; recherches, $1 114 500. Nous avons les documents avec les titres
suivants qui ont été étudiés. On a
étudié le tribunal de la famille, les donations, la substitution,
le cautionnement; c'est dans les rapports de l'Office de la révision du
Code civil. On a examiné, au service de recherche, les rapports,
d'abord, de l'Office de la révision du Code civil sur les sujets
suivants qui avaient une incidence sur le domaine du travail: le tribunal de la
famille, les donations, la substitution, le cautionnement, la preuve, le nom et
l'identité physique de la personne, le domicile. Ensuite, on a
étudié les conventions internationales telles que publiées
par l'Organisation internationale du travail, entre autres les travailleurs
ruraux, les travailleurs migrants, l'administration du travail. On a
étudié le livre blanc du ministère de la Justice en ce qui
concerne ses rapports avec
le droit du travail. On a examiné le bill 7..., C-73,
relativement au programme anti-inflation et aux amendements à
l'assurance-chômage. Cela, d'ailleurs, je pense bien que c'est
extrêmement important pour le Québec, quand on a vu jusqu'à
quel point cela pouvait pénaliser...
Vous, député de Saint-Laurent, comme ancien ministre des
Affaires sociales, pouvez comprendre l'incidence sur l'aide sociale du nouveau
projet de loi. Il y a eu aussi des statistiques concernant l'arbitrage des
griefs, statistiques sur la liste annotée des arbitres, la meilleure
connaissance de l'arbitrage des griefs au Québec, les principaux objets
de litige, les délais encourus, les secteurs d'activité
concernés, etc.
Il y a eu une recherche concernant le personnel cadre, menée
conjointement avec l'Immigration et le Centre des dirigeants d'entreprise.
C'est un inventaire des politiques mises de l'avant dans certaines entreprises
à l'égard du personnel cadre et l'analyse de la mise en oeuvre
des programmes pour ce personnel de cadres et leur degré de
satisfaction.
Le service a participé à plusieurs colloques et
congrès. Je ne sais pas si cela a coûté de l'argent, mais
il a participé à beaucoup de congrès. Il a
participé à des comités aussi, comme celui sur
l'implantation du système métrique. Il a étudié
l'impact du salaire minimum, ce qui nous a aidés dans la
préparation on a parlé cet après-midi de
l'enquête qui a été faite en 1975 de notre prochaine
politique.
On a commenté le projet de loi C-69 sur
l'assurance-chômage. On a étudié les
caractéristiques de la main-d'oeuvre québécoise par
rapport à la participation des femmes au marché du travail.
Il y a eu une étude sur les taux d'activité des parents de
familles à faible revenu, en collaboration avec la Commission du salaire
minimum. L'étude a été faite sur un échantillon de
500 familles. Le rapport n'est pas terminé là-dessus. Je pense
que tous seront intéressés à le connaître.
M. Forget: Le ministre lit à même le rapport annuel
pour l'année terminée à la fin de mars 1977.
M. Couture: A moins que je ne vous réfère à
ce rapport, parce qu'on donne exactement la série d'études qui
ont été faites par le service de recherche qui rend compte de ce
$1 million de dépenses. Voulez-vous que je vous renvoie simplement
à ce rapport?
M. Forget: Si c'est déjà dans une publication, cela
pourrait être plus simple.
M. Couture: Toutes les études qui ont été
faites sont là.
M. Forget: Je pense que le rapport a été
distribué récemment.
M. Couture: II a été déposé en
Chambre.
M. Forget: Sur le même sujet, M. le Président. Le
ministre vient d'énumérer une série d'études sur
des problèmes juridiques, la révision du Code civil. N'est-ce pas
plutôt normalement du contentieux, dans chaque ministère, qu'on
s'attend à ce genre de commentaires sur les rapports de
différents organismes, particulièrement des organismes qui font
des recommandations de modification de textes, comme le Code civil?
M. Couture: Je pense que le contentieux peut faire une commande
au service de recherche c'est peut-être ce qui est arrivé
pour voir les implications sur les conditions de travail et les
relations de travail.
M. Forget: Est-ce que le ministre considère que les
études sur chacun des sujets qui sont énumérés dans
le rapport annuel sont a priori elles sont faites parce qu'elles sont
d'intérêt public; autrement, un ministère ne les
entreprendrait pas essentiellement disponibles sur demande?
M. Couture: Je pense que le service des communications vous dira
qu'une grande partie de nos études est publiée
déjà.
M. Forget: Quant à celles qui ne le sont pas, toute
personne intéressée peut les obtenir. Je ne parle pas seulement
des membres de l'Assemblée nationale.
M. Couture: Sur demande, je ne pense pas qu'on ait de
réserves sur aucune de ces études. C'est d'intérêt
public et elles peuvent être obtenues sur demande.
M. Forget: Est-ce que le ministre accepterait une suggestion
à l'effet de demander au service financier de son ministère, pour
l'exercice qui vient de commencer, d'établir la pratique de
déterminer le coût de revient de chaque étude? On a,
évidemment, beaucoup parlé des coûts de consultation,
etc.
Ce serait bien intéressant de voir combien coûte chacune de
ces études, lorsqu'on répartit les salaires, les
bénéfices marginaux, enfin, je ne demande même pas de
parler de loyer, quoique ce serait un élément substantiel, mais
ce n'est pas comme tel dans la comptabilité du ministère. Je
pense que cela pourrait être intéressant ce n'est pas une
critique, remarquez bien je pense que cela aiderait aussi ceux qui
planifient la recherche, dans chacun des ministères, d'adopter cette
pratique. Il y a bien peu d'organismes de recherche, en dehors des
gouvernements, même au niveau universitaire, qui
bénéficient d'une espèce de fonds de $1 million qu'ils
peuvent utiliser librement. C'est beaucoup pour la recherche, quand on ne parle
pas de recherche biologique, etc., il n'y a pas d'instrumentation
là-dedans, c'est seulement des salaires pour dactylographier les
rapports. C'est énormément d'argent, $1 million. Les gros
organismes qu'on connaît dans le monde entier n'ont
pas beaucoup plus d'argent que cela pour faire énormément
de choses.
Je crois qu'il serait peut-être intéressant qu'on
développe une conscience du coût social de ces travaux faits
à l'intérieur du gouvernement. Cela pourrait peut-être
aider à faire certains choix. C'est une suggestion que je lui fais, je
ne sais pas s'il est prêt à la considérer.
M. Couture: J'ai presque envie de vous rappeler la boutade qu'on
m'a déjà dite là-dessus, et j'y crois passablement. On me
disait que dans un ministère, finalement, ce qui compte avant tout,
c'est d'avoir quelques hommes clés puis un bon service de recherche. Je
serais porté à croire que c'est vrai, parce que dans des
ministères aussi importants que celui du Travail et de la Main-d'oeuvre,
évidemment, sans minimiser les Affaires sociales, l'Education et bien
d'autres, je pense que le service de recherche est un soutien extrêmement
important pour préparer nos politiques, pour les appuyer et aussi pour,
éventuellement, les coordonner avec un ensemble plus global. De fait, $1
million semble peut-être assez important comme chiffre, mais quand on
regarde les études j'ai eu l'occasion d'en parcourir
quelques-unes, entre autres celle du salaire minimum c'est très
fouillé, c'est un instrument que nous avons, et que je serais
porté à maintenir aussi fort qu'il est, sinon à le
développer. Cela nous permet éventuellement de
légiférer en bonne connaissance de cause.
M. Forget: Je suis d'accord avec le ministre. L'objet de mes
remarques, ce n'est pas de l'inviter à diminuer ses crédits. Je
suis tellement d'accord avec lui que je lui dis qu'il aurait probablement
intérêt, justement parce que c'est très important, ce
travail, à avoir peut-être une meilleure planification de la
distribution des efforts. Ce qui me frappe, quand on entend la liste des
sujets, c'est peut-être un peu la dispersion de l'effort. Il y a une
certaine marge critique d'effort, un domaine, pour que ce soit payant, en
termes de production. C'est vrai pour la recherche comme c'est vrai pour autre
chose. J'ai l'impression que si on faisait une évaluation du prix de
revient dans le fond, c'est une façon de comptabiliser la
proportion des ressources de ce service qui est consacrée à
certains sujets, des fois, c'est peut-être secondaire par rapport
à d'autres on se rendrait compte que le rendement n'est pas du
tout proportionnel à l'investissement. On serait probablement
étonné de ce que peut coûter parfois un rapport qu'on a
fait, justement, parce que tout à coup, quelqu'un dans le service de
recherche a eu l'idée que cela pourrait intéresser quelqu'un. Il
y a des ressources importantes.
M. Couture: Les commandes sont données. Elles ne s'en vont
pas dans la nature comme cela.
M. Forget: Parfois, mais l'expérience du gouvernement que
j'ai, me dit que ce n'est pas toujours aussi conscient que cela et que la
planification des services de recherche est souvent très mal faite. Il y
a beaucoup d'inclinations personnel- les, d'intérêts personnels de
ceux qui sont là qui persuadent leur supérieur que cela doit
être fait, etc. Mais on commence à jouer dans des sommes
importantes. Au niveau du gouvernement, on a une vingtaine de ministères
qui dépensent chacun au moins $1 million probablement pour faire de la
recherche. Vous savez, cela commence à faire des masses importantes. Je
suis persuadé qu'on n'a pas le rendement qu'on devrait avoir de cet
investissement en termes de qualité et en termes aussi de concentration
sur des sujets importants.
Je le dis, parce que j'en ai eu l'expérience, et il y a une chose
dont je n'étais pas conscient et qui me frappe beaucoup, justement dans
l'énumération que vous avez faite, c'est que je me rends compte
que vous avez probablement une dizaine de ministères qui ont reçu
les rapports du comité de révision du Code civil et qui chacun
pour soi, ont entrepris de les analyser. Cela a été fait au
ministère des Affaires sociales, cela a été fait au
ministère du Travail, cela a probablement été fait au
ministère de l'Education, etc. Ce n'est pas toujours absolument
pertinent. D'un autre côté, je vous posais tout à l'heure
une question sur un sujet très précis, et, dans le fond, entre
nous et sans reproche, je pense que c'est une question qui n'a jamais
été étudiée comme telle. Quelles sont les
conditions concrètes pour s'assurer que les lois qu'on a, on les
applique avec efficacité. Mais, d'un autre côté, parfois on
se met à étudier de façon...
M. Couture: Au sujet d'études, je prends en note.
M. Forget: Oui. On se met à étudier des sujets qui
ont un intérêt plutôt hypothétique. Je crois que le
ministre trouverait un grand intérêt, au cours des deux, trois
prochaines années, à donner beaucoup d'attention à la
façon dont ces études sont entreprises.
M. Couture: J'accepte parfaitement votre suggestion. Je pense que
c'est une proposition que je retiens. Je peux quand même vous avez
vous aussi l'expérience des ministères vous dire qu'au
ministère du Travail, les recherches se font à partir de
commandes et des directions générales qui sont acceptées
d'avance. Comme je le disais tout à l'heure, ils ne s'en vont pas dans
la nature en disant: Cela me tenterait de faire telle ou telle recherche. Mais
je crois que c'est important de faire cette analyse du coût de revient.
Je prends note, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Richmond.
Vous avez d'autres questions? D'accord!
M. Forget: Et la question de la tutelle, au moins de façon
générale?
M. Couture: Oui, vous aviez trois questions. Sur la tutelle des
syndicats, vous vous demandiez comment il peut y avoir en même temps
tutelle pour les syndicats, les deux locaux des mécaniciens d'ascenseurs
je crois que c'est un peu vo-
tre question et qu'ils puissent, malgré la tutelle, faire
une grève qu'on a prétendue illégale, mais qui en fait
était légale.
Je pense que le rôle d'une tutelle n'est pas nécessairement
d'éteindre toute vie syndicale. C'est avant tout de la réanimer
et de préparer, c'est vraiment le rôle d'une tutelle, d'aider les
travailleurs et les syndicats à retrouver une vie démocratique et
saine. Parfois, les tutelles sont là parce qu'il y a des
problèmes économiques. Effectivement, il peut y avoir des choses
suspectes au niveau des finances. Il y a aussi des tutelles qui sont là
parce qu'au niveau de la démocratie syndicale, cela laisse à
désirer. Je ne me surprends pas qu'il puisse y avoir tutelle et en
même temps vie syndicale, et c'est ce qui est arrivé dans le cas
des mécaniciens d'ascenseurs.
Dans la troisième question, par rapport à l'industrie des
ascenseurs, les opérations illégales, les entreprises qui,
semble-t-il, exercent un certain monopole, des chasses gardées, c'est un
peu l'objet de votre question, vous vous interrogez là-dessus, et moi
aussi, je m'interroge là-dessus! La tutelle nous permettra
peut-être d'avoir un éclairage plus précis. Je pense que,
comme bien d'autres, j'ai été peu informé, même
avant d'être au ministère, de ce type d'opérations qu'il y
avait chez les employés d'ascenseurs. Même au niveau syndical,
cette espèce de protection d'un type de travailleurs au détriment
de certains autres, c'est un peu le mandat donné aussi à la
tutelle de nous faire des recommandations précises là-dessus.
Maintenant, si vous me donnez deux minutes, je vais demander à mon
sous-ministre s'il a des informations additionnelles.
Si j'ai bien compris, vous me demandez s'il y avait une espèce de
connivence entre le syndicat et les constructeurs d'ascenseurs sur la pose et
l'entretien de ces mêmes ascenseurs. Il s'avère que, depuis un an
et demi ou deux ans que les tutelles sont en place, on n'a eu aucune preuve
à cet effet. Effectivement, dans plusieurs cas, l'entretien des
ascenseurs et la construction des mêmes ascenseurs ne se fait pas par la
même compagnie. Il s'est développé des compagnies qui ne
font pratiquement que l'entretien et ce sont les grosses compagnies qui
construisent les ascenseurs. Cela ne semble pas être probant du
moins.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Richmond.
M. Brochu: Sur le même sujet, M. le Président,
étant donné que vous avez ouvert la porte à la discussion
au député de Saint-Laurent en ce qui concerne le problème
des tutelles, j'aimerais demander au ministre, à ce stade-ci,
étant donné les péripéties qu'a connues
jusqu'à maintenant le rapport Ryan, s'il a pris connaissance du rapport
de façon exhaustive à ce stade-ci et, deuxièmement, si
c'est son intention d'utiliser le rapport Ryan pour mettre en place certaines
structures pour s'en servir de quelque façon dans l'application. Enfin,
j'aimerais savoir de sa part quelles sont ses intentions en ce qui concerne la
responsabilité qui avait été octroyée à M.
Ryan lui-même.
M. Couture: II y a eu en effet un rapport que j'ai reçu du
tuteur en chef, M. Ryan. J'ai aussi demandé à un groupe de
députés, sous la direction de M. Chevrette, d'étudier le
fonctionnement de ces tutelles et de me faire des recommandations. Comme vous
m'avez demandé à ce stade-ci ce que j'entends faire, je dois dire
que, pour certains cas, peut-être assez prochainement, j'ai l'intention
de libérer des syndicats de ces tutelles. Vous me permettrez de ne pas
spécifier quels syndicats entre autres, mais je pense qu'effectivement
la tutelle a permis à certains syndicats de revenir à un
fonctionnement plus normal et plus acceptable. Le rapport Ryan, au niveau des
structures, nous donne aussi des indications, entre autres sur les
modifications possibles à la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction et éventuellement une nouvelle
évaluation du règlement no 1. Je pense que je n'ai pas autre
chose à dire là-dessus. Nous en sommes là. Je pense que
certaines tutelles seront levées et l'exercice de ces tutelles nous
permet de nous dire qu'il y a des améliorations à faire à
la Loi des relations du travail dans la construction et aussi même en ce
qui concerne le Code du travail, car on voit certaines déficiences
d'opération dans le syndicalisme de la construction.
M. Brochu: De façon plus précise, le rapport Ryan
suggère différents amendements à la loi, d'abord la
question de la mise en tutelle de l'Association sportive du local 144 des
plombiers; deuxièmement, l'interdiction formelle de cotisations
syndicales parallèles dans les syndicats sous sa juridiction;
troisièmement, étendre la tutelle de l'Association unie des
ouvriers en tuyauterie du Québec, un syndicat qui regroupe
officiellement la moitié des syndicats du local 144, sans que ses
ouvriers le sachent; quatrièmement, élargir le mandat de la
tutelle à tout organisme qui prendrait la place des syndicats existants,
et enfin, cinquièmement, demander l'augmentation de leur budget. Est-ce
que, à ce stade-ci du moins, le ministre serait en mesure de
préciser davantage sa pensée en ce qui concerne l'application de
ces recommandations? Est-ce que le ministre peut nous dire si certaines de ces
recommandations, jusqu'à maintenant, sont déjà retenues
dans son esprit en ce qui concerne les changements qu'il veut apporter?
M. Couture: L'année dernière, il a
été dépensé $275 000 et on prévoit $500 000
pour l'année à venir. Effectivement, en ce qui concerne le local
144, je ne prends pas un grand risque en vous disant que ce sera un
bébé chéri du ministère et de la tutelle tellement
ça risque aussi d'être élargi.
Les autres recommandations, nous les analyserons. Je veux dire, quand on
parle d'associations sportives, que nous avons quelques regards de ce
côté
Oui, les recommandations dont vous nous avez fait part, nous les
analysons avec attention.
M. Brochu: Si je comprends bien, le ministre ne veut pas aller
trop loin, à ce stade-ci, dans ce
domaine. Il se réserve pour un peu plus tard la
possibilité...
M. Couture: Non, pour ne pas préjuger des décisions
qu'on prendra, mais c'est une base de recommandation très importante
pour nous.
M. Brochu: Pour continuer plus loin, j'ai sous les yeux un
article qui a paru dans la Presse du 25 décembre 1976 et qui est
signé par Pierre Vennat, qui est quand même quelqu'un d'assez bien
connu dans le domaine pour sa compétence, et qui indique: "Le simple
fait de savoir qu'André Desjardins a été le
négociateur de facto sinon officiel des plombiers lors des
négociations qui viennent de se terminer et que William Baxter a
été vu à maintes reprises dans le sillage des
négociateurs syndicaux, du moins pour ce qui concerne son métier,
prouve bien que la tutelle n'a pas changé grand-chose dans ces deux
corps de métier."
M. Couture: A moins qu'on pense que personne ne puisse se
reconvertir à une vie plus normale.
M. Proulx: Vous ne croyez pas aux miracles?
M. Couture: Je ne peux pas porter de jugements sur les individus,
mais il reste que l'image ou les préjugés par rapport à
certains individus risquent de rester assez longtemps dans l'opinion publique.
Mais, en fait, je ne veux pas, en partant, surtout au ministère,
d'avance, décider que ce que certains hommes ont fait, ils vont le faire
toute leur vie. Ce qui m'intéresse davantage, c'est que les
travailleurs, à la base, eux-mêmes, aient toute la protection
nécessaire; on a vu d'ailleurs, chez les journaliers, à quel
point il y a eu un renversement intéressant. Je veux que les
travailleurs, à la base, eux-mêmes, aient des conditions
favorables à un exercice démocratique de la vie syndicale et
puissent librement choisir leurs représentants, librement.
Ce n'est pas à moi à dire que tel président de
syndicat est bon ou mauvais, mais c'est peut-être à nous autres
à s'assurer que toutes les conditions sont réunies pour que les
travailleurs, librement, exercent ce droit.
M. Mackasey: Excusez, vous avez mentionné librement...
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet, le
député de Richmond.
M. Mackasey: Question supplémentaire.
Le Président (M. Marcoux): A moins qu'il ne le
permette.
M. Brochu: D'accord.
M. Mackasey: Vous avez trois ou quatre fois mentionné le
mot "librement". Avez-vous quelque chose en vue: M. le ministre, pour assurer
aux tra- vailleurs à la base qu'ils peuvent faire ce choix librement?
Parce qu'il me semble, jusqu'à maintenant, que votre philosophie n'a
donné presque aucune priorité au domaine des négociations;
la priorité est allée aux conditions de travail, aux normes de
travail. Le Code du travail est révisé, mais comment voulez-vous
que le simple ouvrier, le membre ordinaire ait la protection qu'il devrait
avoir pour faire ce choix librement?
M. Couture: Ce que j'ai déjà dit là-dessus,
c'est que je pense que c'est peut-être notre rôle de persuader, si
besoin est, les autorités syndicales à prendre leurs
responsabilités dans ce domaine et à effectuer les changements
qui s'imposent ou à mettre en place les règles internes qui
permettent aux travailleurs d'exercer leurs droits légitimes librement
et démocratiquement. Je crois que, quand même, nous avons
été témoins de certains exemples fort impressionnants dans
ce domaine.
Une fois que les autorités syndicales voudront prendre leurs
responsabilités... Parce que c'est aussi une des philosophies qui m'est
chère. Je pense que le gouvernement, l'Etat n'a pas à jouer un
rôle d'interventionnisme dans tous les domaines, partout et toujours,
tout le temps, 24 heures par jour. Je pense que l'Etat a le rôle de
mettre en place des conditions favorables pour l'exercice des droits des
individus et des collectivités.
Si, effectivement, les milieux syndicaux, comme d'autres d'ailleurs, ne
prennent pas leurs responsabilités selon l'avis des élus du
peuple qui ont le mandat de rechercher le bien commun et de le protéger,
je crois que nous agirons. Ce n'est même pas exclu, dans les amendements
que nous proposons au Code du travail qu'effectivement, nous puissions
peut-être intervenir dans ce domaine.
M. Mackasey: Ce n'est pas que je ne partage pas vos sentiments,
mais vous me laissez encore l'impression que c'est par l'entremise,
peut-être, de changements nécessaires dans la constitution d'un
syndicat qu'on va régler les conflits, mais que chaque membre prenne ses
responsabilités... Cela laisse quand même place à des
questions. Si votre ministère propose, dans le Code du travail, que nous
ayons l'an prochain, plus de protection pour l'ouvrier... Il y a autre chose
à laquelle je pense: dans quelques syndicats, au moins, il est
nécessaire même la constitution dit que c'est de cette
manière qu'on doit procéder de procéder par vote
secret, vous savez autant que moi que ce n'est pas toujours le cas. Il faut que
nous soyons réalistes, le ministre autant qu'un autre. Quelquefois, je
pense que la population, et même les membres des syndicats,
d'après les lettres que j'ai reçues comme simple
député ici, comme ministre, auparavant, et aussi comme employeur,
si vous voulez, que les travailleurs, dans beaucoup de cas, cherchent plus de
sécurité de la part de votre ministère. Si chacun ne prend
pas ses responsabilités, à la fin du compte, c'est la
collectivité dont vous parlez, la population en général,
qui va souffrir et non seulement les membres du syndicat.
Nous avons aussi une responsabilité. Je me
demande si vous pensez que c'est nécessaire, comme ministre du
Travail, de prendre des responsabilités dans ce domaine, ou est-ce que
la solution entière se trouve dans la volonté de chaque membre
des syndicats de prendre ses responsabilités?
M. Couture: Les deux, M. le Président. Je pense que c'est
aussi la responsabilité des uns et des autres, mais, dans un premier
temps, je souhaiterais que ce soit au niveau syndical que ces
responsabilités s'exercent d'abord.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Pour revenir à
tout à l'heure, cela m'a fait un peu curieux de voir que le ministre se
sentait peut-être un peu apôtre auprès de M. Desjardins pour
régler la situation. Il me semble aussi, à la suite de ses
propos, que les problèmes en ce qui concerne les tutelles demeurent
actuellement entiers.
Je comprends que le ministre, en arrivant au ministère, se
retrouve face à un problème qui n'est pas facile, qui est
complexe et qui est surtout présent et bien imprégné.
M. Chevrette a fait un travail assez considérable dans ce
sens-là. Il a maintenant terminé son rapport et il l'a remis au
ministre. Le ministre, tout à l'heure, dans la réponse qu'il m'a
faite, indiquait, dans le même sens que l'avait fait son collègue,
M. Chevrette, qu'il souhaitait davantage une tutelle par la base,
c'est-à-dire que les syndiqués eux-mêmes s'imposent une
forme de tutelle, plutôt qu'elle ne leur soit imposée par le
haut.
J'aimerais que le ministre nous dise s'il peut nous donner certaines
indications en ce qui concerne la nature et le contenu du rapport qui lui a
été fait par son collègue, M. Chevrette, à ce
sujet, et quelles sont ses intentions en ce qui concerne l'application de ce
rapport.
M. Couture: Le rapport sur quoi?
M. Brochu: Sur la question des tutelles. M. Chevrette vous a
remis...
M. Couture: En effet, j'en ai parlé tout à
l'heure.
M. Brochu: Oui.
M. Couture: Globalement, je souscris assez facilement aux
recommandations et j'ai des réserves sur l'une et l'autre de ces
recommandations, mais je ne peux pas dire ici ce que je vais retenir.
M. Brochu: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer,
à ce stade-ci, quelles sont les recommandations qu'il retient, du moins
celles qu'il retient?
M. Couture: Je ne veux pas vous le dire à ce stade-ci,
parce que ce sont des recommandations que je veux étudier et discuter
avec M. Chevrette, d'abord. Ensuite, on vous dira ce qu'il en est.
M. Brochu: Y a-t-il déjà eu des premières
rencontres à ce stade-ci, en ce qui concerne ce rapport?
M. Couture: Oui, il y a eu une rencontre et il y en aura une
autre. M. Chevrette, c'est mon adjoint parlementaire, on se voit très
souvent. Cela entre dans la série de discussions que nous avons sur ce
problème.
M. Brochu: Le ministre peut-il nous indiquer aussi s'il y a eu
des rencontres avec M. Ryan, de la même façon?
M. Couture: J'ai eu des communications
téléphoniques et écrites avec M. Ryan. J'avais
mandaté M. Chevrette de le rencontrer plus directement. Il a eu une
longue discussion avec lui. C'est à la lumière de cette rencontre
que je prendrai une décision.
M. Brochu: Si je comprends bien, vos relations avec M. Ryan se
font surtout par la bande...
M. Couture: Elles sont très discrètes. Oui, c'est
exact.
M. Brochu: ... par l'intermédiaire de M. Chevrette.
M. Couture: Pas seulement cela, mais aussi à travers les
rapports qu'il me donne et les communications téléphoniques que
j'ai eues avec lui, mais il n'est pas exclu que je le rencontre
éventuellement avant de prendre une décision sur la levée
des tutelles ou leur prolongation.
M. Brochu: Mais, étant donné que,
géographiquement, vous êtes plus rapproché de M. Chevrette
que de M. Ryan, est-ce que vous pourriez nous dire, à ce stade-ci, si
vous êtes d'accord avec l'opinion qu'a émise M. Chevrette voulant
que le rapport Ryan soit un constat d'impuissance dans la question qui nous
préoccupe.
M. Couture: Je ne fais aucun commentaire là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 1, adopté? Excusez-moi, le député de
Terrebonne.
M. Fallu: II est peut-être de mauvais aloi qu'un
député du côté ministériel pose des questions
à son ministre.
M. Couture: Ah non!
M. Fallu: Cela retarde les travaux, c'est connu. Habituellement,
on laisse plutôt la scène à nos collègues d'en face.
Si vous permettez, néanmoins, j'aurais quelques questions à
poser.
Etant donné notamment que le ministère que vous patronnez
vous est tombé d'assez fraîche date entre les mains et qu'à
la limite, vous n'aviez peut-être pas pleine autonomie, j'allais dire
dans ce premier budget, la première question, M. le Président,
est une question d'ordre très général. Je veux faire un
tout petit status quaestionis auparavant, si vous permettez.
Il existe donc l'étude des crédits qui représente
une partie de l'administration publique, mais il y a une frange très
importante de l'administration publique qui n'est jamais étudiée
en commission parlementaire, à moins de commissions parlementaires de
nature très spécifique sur des dossiers qu'on doit d'ailleurs
énoncer à titre très particulier.
J'allais dire que ces crédits qu'on appelle
généralement péripublics représentent, à
toutes fins pratiques, quelque 105% ou 110% du budget réel effectif,
mais non nécessairement enregistrés sous forme de crédits
de l'Etat du Québec.
C'est ainsi, entre autres, que relèvent du ministère
pardon, premier lapsus... du ministre directement des organismes comme
la Commission du salaire minimum, la Commission des accidents du travail,
l'Office de la construction, pour ne nommer que ces trois-là, de sorte
que ces organismes reposent directement sur les épaules du ministre.
Jamais ne fait-on l'étude des crédits, ici en commission
parlementaire, à moins que l'on convoque, d'une façon
spécifique, le président de l'une ou l'autre de ces commissions
ou offices.
Ma question est d'abord une question structurelle. Ces commissions ou
offices relèvent directement du ministre en personne et non pas du
ministère. Il m'apparaît l'affirmation, je la fais, si vous
permettez, sous forme de question que, sur le plan institutionnel, il y
a là un très grave lapsus, en ce sens qu'il n'y a aucune
possibilité de relance pour ainsi dire à travers ces organismes,
du fait que seul le ministre peut, à l'occasion, poser une question sur
le fonctionnement interne, sur le budget, sur l'administration ou autre.
Jamais ne peut-il, par le biais de son ministère ou des
organismes même de son ministère, aller, par exemple, faire
enquête directement, comme il le fait à l'intérieur d'une
direction de son ministère? Alors, ces commissions ou offices agissent,
à toutes fins pratiques, comme des compagnies privées,
rattachées avec un tout petit lien ombilical, pourrais-je dire, au
ministre. Est-ce que cela vous apparaît normal?
Le Président (M. Marcoux): Avant de céder la parole
au ministre, veuillez indiquer le type de questions que vous abordez. Le
ministre est entièrement libre d'y répondre, puisque,
normalement, elles ne relèvent pas de l'étude des crédits
budgétaires et elles auraient dû être abordées lors
de l'exposé général, en plus des livres d'examen de
crédits budgétaires de ce ministère. Comme,
évidemment, le ministre est libre de répondre aux questions qui
lui sont posées, je vais lui céder la parole, mais je croyais bon
d'indiquer...
M. Forget: Me permettez-vous une petite in- tervention
découlant de ce que vous venez de dire? Je crois que si on regarde
l'étude des crédits des années passées, je ne sais
pas si on peut dire que c'est une tradition, mais cela m'a semblé
être une tradition, au cours de l'étude des crédits du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, quelqu'un faisait
ordinairement motion ou alors même demandait, sans plus de
formalité, au ministre de bien vouloir inviter le président de
ces différents organismes, en particulier la Commission du salaire
minimum. C'est peut-être un peu théorique dans le contexte
où on va changer la Commission et tout modifier, sauf, pour lui demander
son avis sur sa disparition, mais à cela, on peut s'attendre à
avoir une réponse très prévisible. Certainement, la
Commission des accidents du travail et l'Office de la construction du
Québec, je crois que même, si techniquement, vous avez raison, ne
sont pas couverts par le budget. En s'inspirant de cette tradition, je me
proposais, à un stade ultérieur du débat, de faire la
demande au ministre de bien vouloir consentir à les convoquer, de
manière qu'on puisse leur poser quelques questions, d'autant plus que
s'il y a des questions passablement d'actualité dans le domaine...
Le Président (M. Marcoux): Si je suis bien informé,
on demandait qu'ils soient convoqués, mais c'était finalement
laissé à la discrétion du ministre. Ce n'était pas
automatique qu'ils soient convoqués.
M. Forget: Non, ce n'était pas automatique, mais
c'était traditionnellement accordé.
M. Brochu: M. le Président, sur le même sujet, si
vous permettez, une remarque là-dessus pour appuyer le voeu que le
député de Saint-Laurent émet à la suite de vos
directives à ce sujet, et en particulier en ce qui nous concerne, on
serait intéressé d'entendre ces hauts fonctionnaires, en
particulier ceux de l'Office de la construction du Québec aussi. Je
pense que, dans les circonstances, ce serait peut-être de nature à
porter un bon éclairage sur la situation que de faire venir ces
personnes. J'en fais la recommandation, comme mon collègue de
Saint-Laurent, au ministre pour peut-être continuer cette bonne tradition
qui avait été instaurée.
M. Fallu: M. le Président, si j'ai fait mon intervention
à ce stade-ci de l'étude des crédits, c'est en relation
directe avec la direction du ministère, parce que ma question n'est pas
une question de fond sur les organismes, mais bien sur la relation qui existe
entre le ministre lui-même et ces organismes. Toutefois, je me range
très volontiers à la demande des députés, et selon
les besoins pressentis à la commission, qu'on fasse comparaître
certains de ces organismes.
M. Couture: A ma connaissance, les présidents des
commissions ne sont jamais venus à l'étude des crédits,
non seulement à ma connaissance, c'est l'information que je
reçois.
M. Forget: Mon information est contraire. Regardez dans le
journal des Débats de l'année dernière, vous allez voir
qu'il y en a qui étaient ici.
M. Couture: Ce n'est pas exclu, mais on me donnait ce
renseignement. Au Travail et à la Main-d'Oeuvre, cela ne s'est jamais
vu.
M. Forget: Je vais vous trouver les références
précises et je vous les donnerai demain.
M. Fallu: La semaine dernière, aux Finances,
effectivement, divers organismes relevant directement du ministre des Finances
étaient présents, la Curatelle publique, notamment.
M. Forget: Cela s'est fait dans toutes les commissions. Aux
Affaires sociales, le président de la Régie de
l'assurance-maladie, le président de la Régie des rentes sont
traditionnellement présents et répondent aux questions des
membres de l'Assemblée nationale. Je sais que cela s'est fait dans le
passé. Il me semble que c'est l'année dernière ou c'est
peut-être les années précédentes, mais je suis
sûr de l'avoir vu dans le journal des Débats.
M. Couture: Je ne vois pas d'objection de principe. En fait, je
voulais simplement vous signaler qu'ayant une commission parlementaire sur la
construction, sur le décret, dans quelques semaines, on aura le loisir
d'aborder, au long et au large, certains problèmes de la construction.
La grande loi qui se prépare sur la sécurité et la
santé des travailleurs et la loi aussi sur l'amiantose nous permettront,
en commission parlementaire, de débattre assez à fond ces
instruments du ministre, parce que ce ne sont pas les instruments du
ministère, en effet.
Ceci dit, je pourrais réfléchir... Vous en faites une
motion?
M. Forget: Remarquez que je ne suis pas dogmatique
là-dessus. Si vous nous dites qu'avant l'ajournement
d'été, nous allons pouvoir, à l'occasion du...
M. Couture: Dans les deux commissions...
M. Forget: ...relativement à l'étude du
décret de la construction et si le ministre, à ce
moment-là, est, disons, large d'esprit quant à la nature des
questions qu'on pourra soulever à cette commission parlementaire,
lorsque l'office viendra devant nous, parce qu'on pourrait le faire aux
crédits sans être évidemment restreints par un texte
réglementaire précis, moi, je suis bien d'accord pour le faire de
cette façon. C'est la même chose pour l'autre organisme, lors de
l'étude de l'amendement à la loi 52, à la Commission des
accidents du travail, on pourra questionner le nouveau président,
également d'une façon assez générale.
M. Couture: Je n'ai pas d'objection. Vous permettez que j'y
réfléchisse?
M. Forget: Oui, bien sûr, on va se revoir.
M. Couture: Je vais réfléchir à cette
proposition. Je veux répondre au député de Richmond.
M. Brochu: Pour continuer sur le même sujet aussi. Je
voudrais quand même qu'on nous donne peut-être cette assurance,
parce qu'il ne faut quand même pas oublier que le rôle de la
commission parlementaire au stade de l'étude des crédits, c'est
de regarder les problèmes dans leur ensemble. C'est la tribune la plus
large de discussion, de questions et de réponses, en ce qui concerne la
situation d'un ministère donné, et c'est la situation
privilégiée pour le faire. Je pense que cela a toujours
été le cas, par définition, de la commission parlementaire
de l'étude des crédits. Si on laissait en suspens la
décision du ministre à ce stade-ci, il faudrait peut-être
quand même avoir une certaine assurance, de la part du ministre, du moins
qu'il va nous donner une réponse en ce qui concerne cette question,
parce qu'il ne faut pas non plus se mettre dans l'esprit que lorsqu'on va
arriver à l'étude d'un projet de loi précis, il faudra,
à l'intérieur du débat même de la loi,
peut-être reprendre le débat, à savoir si on peut
l'étendre à d'autres domaines qui nous intéressent. Je
prends le cas, par exemple, de l'Office de la construction du Québec. Ce
serait peut-être la tribune idéale actuellement, surtout avec tous
les remous qui se passent dans le secteur actuellement, pour faire venir les
gens intéressés, M. Mireault, poser nos questions,
débattre la question avec le ministre, avec les membres de l'Opposition,
les membres du gouvernement, ce qu'on ne pourra peut-être pas faire avec
autant d'ampleur à l'intérieur de l'étude d'un projet de
loi.
Le Président (M. Marcoux): Sans préjuger de la
décision du ministre ou de la commission, je tiens à
répéter ce que j'ai signalé tantôt. Normalement, ces
questions générales viennent au moment des remarques
générales sur l'ensemble des activités du ministère
et, encore là, ces institutions ne sont pas reliées, comme
telles, leurs activités ne sont pas reliées aux crédits
budgétaires.
M. Forget: Non, M. le Président, je dois exprimer ma
dissidence à ce sujet. Encore une fois, depuis trois ou quatre ans,
même cinq ans, que je fais l'étude des crédits et que j'y
participe d'une façon ou d'une autre, cette question des organismes, des
régies d'Etat, des sociétés d'Etat se pose à tout
stade de la procédure en commission parlementaire. Parfois, on termine
avec ça; d'autres fois, on commence avec ça, mais ce n'est pas du
tout restreint aux remarques d'ouverture. Du moins, si ça l'était
maintenant, ce serait, à mon avis, un précédent.
M. Mackasey: Par exemple, M. le Président, à
l'élément 1 du du programme no 6, on traite de la
sécurité au travail et dans les lieux publics. On discutera sans
doute la question des ambulances. On continue à en discuter dans les
journaux. Pro-
bablement qu'en même temps, on peut profiter de l'étude du
programme no 6 pour convoquer quelqu'un de la Commission des accidents du
travail ou une commission appropriée pour savoir exactement ce qui passe
ou ce qui ne passe pas.
M. Couture: Bon! Ceci dit, je pense que ce n'est pas exclu. A la
réunion subséquente, je vous dirai l'orientation que je vais
prendre de ce côté.
Pour revenir à la question du député de Richmond,
c'est un très vaste programme comme dirait l'autre... Je crois, en
effet, qu'il est fort opportun, peut-être, à ce moment-ci ou
à cette époque de vie du gouvernement, de se poser des questions
sur la structure du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et de
ses commissions et régies qui sont attachées à la personne
du ministre.
Je remarque, d'une part, qu'il est important qu'il y ait des commissions
ou régies autonomes pour certains types d'intervention. Il y a d'abord
ce premier avantage qui est de permettre un prélèvement dans le
milieu concerné par l'application d'une loi; cela permet aussi
d'apporter une certaine autonomie de gestion qui ajoute à la
crédibilité des interventions à certains points de vue,
parce que comme on le disait au début des travaux de la commission, cela
dépolitise les interventions dans un milieu donné.
Il reste que la structure mériterait peut-être d'être
repensée dans le sens suivant: Je crois qu'en effet ce qui est frustrant
pour les élus du peuple et peut-être, au fond, est-ce la
préoccupation du député de Terrebonne, c'est cette
impression qu'on a au sujet de politiques énoncées,
ratifiées et votées au Parlement. Certaines de ces politiques
sont administrées, appliquées par des régies et
l'impression qui s'en dégage, c'est qu'on semble perdre le
contrôle direct sur ceux qui appliquent ces politiques et l'organisme
lui-même qui en est l'instrument.
Le ministre est là pour répondre de tout ce monde, mais je
pense que rapidement les gens ne se sentent pas quand même, à
certains points de vue, directement impliqués dans l'application de
telle ou telle politique. Ils en sont responsables, mais l'administration est
confiée à d'autres.
Je pense que cela est justifié de déléguer des
pouvoirs dans une administration aussi lourde que l'administration publique.
Cela permet de mettre en oeuvre un certain type de décentralisation
administrative. Cela a aussi l'avantage de faire partager les intervenants du
milieu, syndicats et employeurs, selon le type de régie, de les faire
participer à une certaine forme de gestion et à un certain
contrôle des politiques, mais je sens que chez des députés
et aussi parmi la population, on a l'impression parfois que trop d'autonomie
leur est laissée ou le contrôle n'est pas suffisant sur les
organismes.
Je vous ai fait part de ma réflexion à ce stade-ci. Je
pense que, éventuellement, nous aurons à réfléchir
sur le rôle de ces commissions. Je pense qu'il y a une cohérence
dans ce que j'ai déjà dit au début. Je suis tout à
fait en faveur qu'on donne des pouvoirs, qu'on délègue des
pouvoirs parce que c'est nécessaire, mais ce qui me préoccupe,
c'est qu'en déléguant des pouvoirs, cela ne doit pas être
l'occasion d'isoler des types d'intervention et peut-être
d'empêcher une coordination nécessaire dans certaines politiques.
Je parle, entre autres, de la main-d'oeuvre, de la sécurité. Si,
au ministère, on applique telle forme d'intervention et qu'à la
CAT, on en applique une autre, si à l'Office de la construction,
concernant le placement, on a une orientation différente de celle du
ministère, même si tout passe, éventuellement, par le
lieutenant-gouverneur en conseil, il reste que des habitudes se prennent, et
parfois, des empires se créent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais donner une
information au ministre. Je pense que les propos qu'il tient reflètent
une préoccupation qui, évidemment, peut paraître
partagée par plusieurs personnes, mais il y a des solutions à
cela, sans changer grand-chose. Il y a d'abord la façon dont les lois
sont faites. Elles ne sont pas toutes faites avec le même bonheur. Il y
en a qui sont relativement mieux faites que d'autres. Finalement, ces
régies, ces sociétés doivent respecter les lois. Elles
doivent respecter les objectifs déterminés dans les lois qui sont
confiées à leur administration. Si les objectifs sont mal
formulés, s'ils sont trop vagues, s'ils donnent trop de place à
l'arbitraire, si tout est laissé à des réglementations
à venir qui ne sont pas spécifiées et que l'organisme en
question est chargé d'élaborer, évidemment, on abandonne,
on démissionne avant de commencer. C'est la raison pour laquelle il faut
être nécessaire...
Je ne le mentionne pas pour revenir sur le sujet, mais dans une loi sur
les conditions minimales de travail, il ne faut pas dire: Ce sont les normes,
les conditions, c'est dans la loi. D'un autre côté, dans le
pouvoir réglementaire, il ne faut pas dire: Quand cela ne fait pas
l'affaire, la régie en question pourra faire des règlements pour
exempter tout le monde, sans donner les critères utilisés pour
les exemptions. C'est évident que si on fait cela, on se prépare
à des situations absolument sans issue.
Il y a la rédaction des lois. Il faut qu'elles soient bien
rédigées. Si elles sont bien rédigées, l'organisme
n'a pas d'autre choix que de les exécuter, de les respecter. Il conserve
le choix des moyens, mais c'est pour cela qu'on décentralise. Il y a une
autre chose qui a été instaurée dans nos lois. Pour la
première fois d'ailleurs, cela a été fait lors d'une
révision de la Loi de la Régie de l'assurance-maladie. J'ai eu le
plaisir, si on peut dire, d'introduire cette modification, à
l'époque. C'est un pouvoir de directive, non pas un pouvoir de directive
privé, secret et utilisé par le ministre, selon son bon plaisir,
mais un pouvoir de directive qui prend la forme d'une recommandation faite par
le ministre, approuvée par le lieutenant-gouverneur en conseil et
déposée à l'Assemblée nationale pour forcer le
respect des institutions, et également, pour bien asseoir la
responsabilité de ces orientations là où elles doivent se
retrouver.
Un de ses collègues de mémoire, je ne me souviens
plus lequel la semaine dernière, a dé-
posé ce qui est, je crois, la première de ces directives.
Le principe a été approuvé, encore une fois, à
l'automne 1974, pour la première fois dans nos lois
québécoises, relativement à la Régie de
l'assurance-maladie, mais dans toutes les lois subséquentes où on
a modifié la charte d'organismes du genre de la Commission des accidents
du travail, etc., on a introduit le pouvoir de directive. Ce n'est pas une
création québécoise. Il y a plusieurs Etats dans le monde
qui ont des sociétés analogues et qui avaient le pouvoir de
directive, notamment le gouvernement britannique, vis-à-vis de tout
l'ensemble des sociétés nationalisées. Pour la
première fois, en 1974, on l'a introduit. C'est un amendement qui,
à l'époque, a suscité un peu de questions et de remous,
mais, à l'usage, on se rend compte qu'on n'en a pas abusé.
M. Couture: Quel amendement est-ce?
M. Forget: C'est l'amendement à la Loi de la Régie
de l'assurance-maladie, à l'automne 1974. Encore une fois, chaque fois
qu'une régie a vu sa loi constitutive modifiée depuis ce temps,
d'après ma mémoire, du moins, on a introduit un pouvoir de
directive analogue.
Pour les organismes qui dépendent du ministre du Travail, il
serait possible d'avoir ce pouvoir de directive, avec les mêmes
modalités. C'est devenu presque une clause de style, qu'on peut
introduire dans les lois. Elle est déjà faite. A mon avis, cela
répond parfaitement à la double préoccupation du ministre,
soit d'assurer un mécanisme de participation des milieux, dans la
gestion de certains programmes, de certaines décentralisations, c'est
bon. Ce n'est peut-être pas toujours approprié, cependant. Dans
des cas, on peut vouloir la remettre en question, mais là où
c'est bon, cela peut se faire, tout en étant compatible avec l'autre
préoccupation du ministre, soit de ne pas perdre le contrôle,
parce que le contrôle et la responsabilité vont ensemble. Le
ministre ne peut pas être responsable d'une chose qu'il ne contrôle
pas. Avec ces instruments, des lois bien faites et un pouvoir de directive, il
n'y a véritablement pas de problème, à mon avis, d'assurer
que nos institutions politiques ne sont pas à la remorque de toutes
sortes d'organismes permanents qui obéi-aient à des fins
particulières.
M. Fallu: M. le Président, j'aimerais également
ajouter, pour l'information du ministre et je ne voudrais pas ici abuser
de mon immunité parlementaire pour faire des personnalités, pour
dire ce que beaucoup de gens pensent qu'il y a aussi la nomination des
responsables de ces commissions ou offices...
M. Couture: En effet.
M. Mackasey: M. le Président, j'ai une ou deux petites
questions. Voulez-vous m'expliquer le transfert, la transaction de $75 000?
Nous l'avons, dans le programme no 3.
Le Président (M. Marcoux): A la demande des membres de la
commission, nous allons suspendre deux ou trois minutes. D'accord?
M. Mackasey: Jusqu'à demain?
Le Président (M. Marcoux): Deux ou trois minutes
seulement.
(Suspension de la séance à 21 h 56)
(Reprise de la séance à 22
heures)
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Elément 1, c'est encore une question de
structure administrative. A la direction du ministère, c'est à ce
poste-là, effectivement, je crois, que le salaire du ministre se
rattache. J'ai toujours trouvé étrange de voir que, d'une part,
les salaires de députés se rattachent à la Régie de
l'Assemblée nationale, mais que les salaires de ministres se rattachent
à leur propre ministère, en partie, c'est-à-dire la partie
supplémentaire, le double.
M. Forget: II y a seulement les dépenses de
déplacement du ministre, je pense.
M. Couture: La direction du ministère, c'est $1 466 755.
Mon salaire n'est pas là, il est au budget de l'Exécutif.
M. Fallu: De l'Exécutif?
M. Couture: C'est cela, monsieur? C'est cela.
M. Brochu: Votre salaire de député est sur la Loi
de l'Exécutif et tout ce qui est...
M. Couture: Le salaire de député, c'est
l'Assemblée nationale... C'est cela.
M. Brochu: Tout ce qui est l'excédent en ce qui concerne
votre poste de ministre, je pense que cela se rattache, à ce moment-ci,
aux crédits, vos dépenses de voyage...
M. Couture: Ce sont simplement les frais de voyage, je pense, qui
entrent là-dedans.
M. Brochu: Je pense que oui.
M. Fallu: Faudra poser la question à la commission de
l'Assemblée nationale.
M. Forget: Est-ce que le député voulait
réduire le salaire du ministre à un dollar symbolique?
M. Mackasey: Pour le bonheur de notre session.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 1, adopté?
M. Brochu: M. le Président, j'aurais, à ce
stade-ci, une question à poser au ministre, programme 3,
élément 1: Direction du ministère. J'aimerais demander au
ministre la nature et la portée des réformes qu'il entend faire
au niveau des structures internes du ministère comme telles. Je sais que
le ministre, dans ses commentaires, dans son préambule, à
l'ouverture de cette commission pour l'étude des crédits de son
ministère, a fait certaines remarques d'ordre général
à ce sujet-là.
J'aimerais peut-être qu'il précise davantage sa
pensée à ce stade-ci, étant donné que cela se
rattache à cet élément. Est-ce son intention de
séparer l'élément main-d'oeuvre de son ministère et
de l'affecter à un autre ministère? Est-ce qu'il y a un
comité interministériel qui s'est penché ou qui va se
pencher sur la question? Est-ce que le ministre a l'intention de scinder en
deux le ministère, celui du Travail d'un côté et
l'Immigration de l'autre? Quelles sont, de façon peut-être plus
précise, les vues du ministre à ce sujet?
M. Couture: II y a certaines de vos questions qui devraient
être posées au premier ministre. Je dois dire que, quand je suis
entré à ce ministère, il y avait un énorme document
qui n'est toujours pas loin de moi qui s'appelle Réorganisation du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Mackasey: II est toujours présent?
M. Couture: II est là depuis combien d'années?
M. Forget: II y a un document analogue dans tous les
ministères.
M. Couture: Je pense que c'est le premier document qu'on donne
à un ministre quand il entre en place.
M. Mackasey: Je vais vous donner quelques conseils, M. le
ministre. La première chose que les fonctionnaires essaient de faire
avec le nouveau ministre, c'est de lui passer ce maudit livre-là. Une
bonne journée, ils vont réussir.
M. Couture: Je sais que c'est un document qu'on m'a remis assez
rapidement quand je suis arrivé au ministère!
M. Mackasey: Dans le document, il y a une recommandation,
l'élimination complète du ministre!
M. Couture: Cela peut arriver. On ne s'en aperçoit pas
quand on lit trop vite. Il est éliminé à la
troisième page.
M. Mackasey: Exactement. Ils vont réussir. Si vous
connaissez les fonctionnaires comme moi, une bonne fois, ils vont
réussir.
M. Couture: II ne faut pas minimiser non plus la
résistance des ministres. Je pense que l'appro- che que j'ai de ce
côté est que, en fait, il y a des travaux considérables qui
ont été entrepris par les fonctionnaires sous l'ancien
gouvernement, des travaux fort intéressants sur la réorganisation
du ministère.
Je me suis dit, avec prudence, je crois, qu'avant de statuer ou de
prendre des décisions dans ce sens, il serait peut-être mieux de
connaître la structure même du ministère, les gens en place,
les mécanismes, les services, de me familiariser avec le
ministère lui-même. Cela prend un certain temps. Alors, les
délais que je me donnais dans cette évaluation de la
réorganisation possible ou non de ce ministère, ce sont des
délais d'un an, en fait. J'entends bien que, pendant mes vacances
d'été, si jamais il y en a, que ce soit un de mes livres de
chevet. Alors, ce que je peux vous dire actuellement, après quelques
mois dans ce ministère, c'est évident, entre autres faits, que je
sois ministre de l'Immigration en même temps, que, de plus en plus, je
vois je me demande si je ne défonce pas des portes ouvertes, mais
ce sont des choses qui se disent depuis plusieurs années au gouvernement
des liens étroits entre la Main-d'Oeuvre et l'Immigration. C'est
tellement le cas qu'au fédéral, il y a un seul ministère
pour cela, ce qu'on peut véhiculer sous le titre de ressources humaines.
Il est non moins évident aussi qu'on ne peut pas carrément
séparer au fédéral, on le fait, parce qu'il n'a pas
juridiction sur les relations de travail comme telles, il l'a sur ses services
fédéraux, mais il n'est pas l'intervenant principal dans les
relations de travail. Il y a quand même un lien évident entre les
relations de travail et les conditions de travail et la main-d'oeuvre. Je pense
que ce n'est pas difficile à démontrer. Donc, je peux ajouter
à cet énoncé l'idée que je chéris de
dépolitiser certains services, dont les relations de travail.
Je pense que c'est un programme fort abondant qui nous est
demandé au gouvernement non seulement de réévaluer le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, mais d'essayer de mieux
cerner le rôle de ce ministère et les responsabilités qui
devraient y être attachées. Je ne peux pas vous satisfaire dans ma
réponse à votre question directe, mais, pour moi, c'est une des
prochaines priorités de rendre beaucoup plus fonctionnelle les services
du ministère, de mieux préciser le domaine du travail et de la
main-d'oeuvre. Là, je vais vous dire quelque chose de plus personnel et
de plus concret, je veux vraiment, dans les prochains mois, revaloriser la
Main-d'Oeuvre. Je pense que c'est un secteur qui a peut-être souffert un
peu de l'omniprésence du Travail. C'est un secteur qui mériterait
d'être drôlement revalorisé, surtout quand on songe aux
services à la clientèle et aux interventions dans le milieu.
C'est vraiment une priorité pour moi.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 1, adopté?
M. Mackasey: J'avais posé une question très simple
tout à l'heure. C'était une question de transfert d'argent; $75
000, ce n'est pas beaucoup...
Le Président (M. Marcoux): Qu'est-ce que c'était,
la deuxième question?
M. Mackasey: C'était la même. Une question
supplémentaire, il y a aussi...
M. Couture: ...$75 000?
M. Mackasey: Je pense que...
M. Forget: C'est la supercatégorie, transfert, la
supercatégorie 3. Dans chacun des éléments du programme
3.
M. Mackasey: ...$75 000.
M. Forget: Des transferts à des organismes parapublics, je
suppose. Est-ce qu'on peut les identifier?
M. Couture: Ce sont des subventions qu'on donne à l'IRAT,
qu'on donne à l'Université McGill pour l'étude des
conventions collectives, des organismes comme ceux-là.
M. Mackasey: ...aux universités...
M. Couture: II y a des universités, il y a des organismes
privés aussi.
M. Mackasey: ...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, le rapport du
Vérificateur général remis le 31 mars 1976
suggérait entre autres la création d'un nouveau poste au
ministère, celui de vérification interne. Cela a-t-il
été étudié? Cela a-t-il été mis en
place?
M. Couture: C'est suggéré dans la
réorganisation du ministère.
M. Fallu: Merci, M. le ministre.
M. Couture: Cela fait partie de nos méditations.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3. Elément 1.
Adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Elément
2.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Brochu: A l'élément 2, j'aimerais
peut-être demander au ministre... Si je me réfère au
rapport annuel de 1975/76, ici, à l'élément 1, programme
3, page 30, on dit qu'au cours de l'année 1975/76, un complément
a été apporté à un ensemble de tableaux comparatifs
des impressions et termes des lois du travail au Québec, en Ontario et
au niveau fédéral.
Serait-il possible d'obtenir copie de ces tableaux comparatifs afin d'en
faire une étude comparative et, deuxièmement, de voir un peu
aussi quelles sont les lois qui sont, de façon générale,
à un palier ou l'autre, les plus transgressées?
M. Couture: On prend note!
M. Forget: M. le Président, j'ai deux brèves
questions.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent. Vous avez terminé?
M. Brochu: D'accord. Le ministre a dit, si j'ai bien
compris...
M. Couture: Je prends note, et on donnera suite à votre
demande.
M. Brochu: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
Assurance-chômage
M. Forget: A l'élément 2, vous avez
énuméré les études parmi lesquelles on en
retrouvait une sur les implications des modifications à la loi
fédérale de l'assurance-chômage. Pourriez-vous nous dire
quelles sont les conclusions auxquelles on en arrive dans cette étude,
relativement aux modifications suggérées en termes d'impact sur
la clientèle de l'aide sociale?
M. Couture: Je me suis laissé dire que cela pourrait
rejoindre on me corrigera s'il y en a qui ont des meilleurs chiffres
50 000 à 70 000 travailleurs québécois,
c'est-à-dire que le fait pour le gouvernement fédéral de
raccourcir la période de prestation, éventuellement...
M. Forget: ... la période de qualification.
M. Couture: ... ce sont des gens qui deviendraient assujettis
à l'aide sociale.
M. Forget: Quand vous dites 50 000, cela veut-il dire une
addition permanente de 50 000 bénéficiaires à l'aide
sociale?
M. Couture: Hélas, oui! S'il n'y a pas de nouveaux emplois
pour ces gens.
M. Forget: C'est ce qu'il faut assumer. Si ce sont les
modifications à l'assurance-chômage, par définition, ils
seraient en chômage. 50 000... Suit-on de près l'évolution
du débat pour savoir quel sera l'impact si les modifications qui
semblent en voie de réunir un consensus, si c'est le bon terme,
s'appliquent au lieu de celles qui étaient envisagées
originalement dans l'amendement?
M. Couture: Si vous permettez, je pense que la question est fort
importante et elle mérite une réponse exacte.
M. Forget: Oui, parce qu'on va retrouver cela dans les journaux
demain.
M. Couture: Si vous permettez, demain matin, je vous apporterai
les éléments nécessaires, d'abord sur le nombre exact des
gens impliqués, avec les correctifs parce qu'il y a des régions
désignées maintenant par le nouveau projet de loi, qui tient
compte de la réalité des régions où il y a plus de
chômage. De ce point de vue, je pense que c'est une amélioration.
Ce sont des amendements intéressants au projet de loi.
Demain ou jeudi au plus tard, je vous apporterai les
réponses.
M. Forget: D'accord. Je pense que c'est extrêmement
important dans le contexte actuel, parce que cela peut avoir un impact majeur
sur le budget de l'aide sociale.
M. Couture: Je dois vous dire que j'ai écrit une lettre
à mon homologue fédéral là-dessus et que j'ai
établi un peu la position du Québec dans ce domaine.
M. Mackasey: Avez-vous des chiffres, M. le ministre, du nombre de
chômeurs? S'il y a un changement à huit semaines, ce n'est pas la
longueur. C'est une autre section de la loi. Il y a possibilité de
rendre plus difficile encore. Je ne suis certainement pas d'accord sur le
concept... Huit semaines, même si vous êtes voleur, dix semaines ou
douze semaines, ou vingt-deux semaines, vous l'êtes.
M. Couture: Vous auriez dû rester au gouvernement
fédéral.
M. Mackasey: Excusez-moi?
M. Couture: Vous auriez dû rester au gouvernement
fédéral.
M. Mackasey: Je n'ai jamais été gêné
de le dire quand j'étais ministre... C'était d'abord le concept.
Vous savez, j'étais l'architecte avec Gal-braith. Le concept
était de passer de huit semaines à neuf semaines, dix semaines,
onze semaines, douze semaines... J'étais plus intéressé
à voir un climat en prenant en considération la
possibilité de dépister du chômage. Si j'étais
électricien à Terre-Neuve, à côté d'un
électricien vivant en Al-berta, à Toronto ou à
Montréal, c'est plus difficile à Terre-Neuve, si vous voulez
comme en Gaspésie. Pour savoir qui était un employé
permanent, on a décidé que c'était huit semaines
d'ouvrage, vous savez, M. le ministre, pendant 52 semaines. Mais ça ne
permettrait pas à quelqu'un de vivre pendant 52 semaines ou de retirer
des prestations pendant 52 semaines, mais seulement pendant 15 semaines et, au
bout de 15 semaines, là, il fallait prendre en considération le
niveau de chômage dans une région. On a soulevé l'autre
jour la question de Sherbrooke et du niveau national. Passer de huit semaines
à dix semaines, douze semaines ou quatorze semaines, ça change la
conception et la philosophie, et ça rend l'état des
chômeurs plus difficile.
Je voudrais savoir, si vous avez des chiffres, tant mieux, quelle est la
raison du changement de huit semaines à douze semaines ou à
quatorze semaines?
M. Couture: C'est ça qu'on va vous apporter comme
réponse.
M. Forget: Au programme 3, j'avais une autre question sur le
service de recherche.
Le Président (M. Marcoux): On va suspendre deux
minutes.
M. Forget: Sous réserve de pouvoir y venir quand ça
va me revenir, parce que j'ai perdu le fil de ma question.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Richmond. Je m'excuse, j'avais reconnu le député de Richmond, je
vous reconnaîtrai par la suite.
M. Brochu: Merci, M. le Président, j'ai deux questions.
Premièrement, j'aimerais demander au ministre s'il peut prendre note et
déposer la lettre qu'il a envoyée aux autorités
fédérales en ce qui concerne l'assurance-chômage. Est-ce
que le ministre pourrait déposer à cette commission la copie de
cette missive?
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas de
dépôt de document lors des travaux d'une commission parlementaire.
Le ministre peut distribuer un document ou le faire parvenir aux membres de la
commission, mais il n'y a pas de dépôt de document au sens
parlementaire du terme.
M. Brochu: Disons que j'ai une réserve là-dessus,
parce qu'en commission parlementaire, il peut y avoir sur demande, des
dépôts formels de documents.
M. Couture: Je pourrai vous préparer un document qui
résumera notre position face au projet de loi fédéral et
l'argumentation qu'on développe pour s'opposer à certains de ces
aspects.
M. Brochu: Est-ce que le ministre aurait objection à
déposer en même temps la copie de la lettre comme telle qui a
été envoyée aux autorités fédérales,
qui contient en substance, la position du gouvernement du Québec?
M. Couture: Je vous le dirai demain.
Le Président (M. Marcoux): Je dois le rappeler de nouveau
pour clarifier cette question, en commission parlementaire, il n'y a pas de
dépôt de document au sens parlementaire, c'est-à-dire
où on numérote les documents et ils sont
déposés
aux archives. Un ministre peut distribuer un document, peut le donner
aux membres de la commission, mais il n'y a à proprement parler de
dépôt de documents qu'à l'Assemblée nationale comme
telle, suite à des demandes, nous recevons nos règlements de
l'Assemblée nationale.
M. Brochu: Le ministre a exprimé son désir,
supposons que votre directive soit exacte, le ministre a dit qu'il avait
l'intention de déposer une copie de...
M. Couture: L'essentiel de l'argumentation que je
développe est dans la lettre à M. Cullen.
M. Brochu: Pourquoi, à ce stade-ci, est-ce que le ministre
aurait objection à déposer la lettre telle quelle? C'est ce que
je comprends mal.
M. Couture: Je crois que c'est mon droit de choisir la forme de
document à déposer en commission parlementaire. Pour le moment,
ce que vous cherchez, ce sont les chiffres et la position du Québec
là-dessus, c'est ce que je vous donnerai.
M. Brochu: Le ministre est libre de ne pas la déposer,
c'est un fait acquis. Maintenant, je peux quand même me poser des
questions, surtout avec la transparence...
M. Couture: Posez-vous des questions.
M. Brochu: ...supposée du gouvernement actuel.
M. Couture: C'est peut-être une question de
délicatesse pour le ministre...
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est pas une question de
libre arbitre du ministre. Même si le ministre le voulait, à
proprement parler, il peut distribuer ou communiquer un document; à
proprement parler, même si le ministre voulait déposer un document
en commission parlementaire, il ne le peut pas. Ce n'est pas prévu aux
règlements. J'insiste peut-être sur des distinctions verbales,
mais je pense qu'on commence tous, on est un nouveau Parlement, à
fonctionner ensemble, etc. Je pense que c'est important de clarifier cette
question.
M. Brochu: Considérez d'abord la question de mon
dépôt comme un geste de présentation du document à
la commission et non pas comme une interprétation légale d'une
demande. J'arrive à ma deuxième question, M. le Président,
et je me réfère encore au rapport annuel 1975/76, à
l'article 1-6 qui concerne la recherche sur le personnel de cadre. Je me
réfère aussi au programme du Parti québécois qui
suggère d'autoriser le syndicalisme de cadre en permettant aux
employés dits de cadre de choisir leur syndicat et de jouir de tous les
droits reconnus aux autres syndiqués. J'aimerais demander si le ministre
a recommandé une étude à son service de recherche pour
étudier les impli- cations d'une syndicalisation des cadres telle que le
stipule cet article du programme, soit l'article 1-6 concernant la recherche de
personnel cadre ou à l'intérieur d'autres programmes
d'étude, le ministre aurait-il demandé que lui soient fournis des
renseignements supplémentaires en ce qui concerne l'établissement
d'un tel système?
M. Couture: D'abord, la recherche est au stade de la
période des données, comme on dit d'ailleurs dans le rapport, et
cette recherche n'est pas reliée directement au syndicalisme de cadre,
ce qui ne m'empêche pas de vous répondre là-dessus, si
c'est vraiment votre question. La recherche elle-même ne concerne pas
directement le syndicalisme de cadre; elle concerne le personnel de cadre, mais
elle n'est pas orientée directement vers le syndicalisme. Le programme
du Parti québécois est clair là-dessus. Il favorise la
syndicalisation des cadres. Nous avons un mandat de réaliser autant que
possible le programme du parti, à moins qu'il ne soit
révisé dans les congrès nationaux. C'est un projet que je
caresse à moyen terme et non à court terme. C'est-à-dire
que, dans les prochains mois, il n'y aura pas de législation
là-dessus, mais justement, dans ce domaine comme dans certains autres,
je veux qu'il y ait une bonne analyse de l'impact, surtout des modalités
qu'on devrait retenir pour le syndicalisme de cadre. Ce n'est pas si simple que
cela en a l'air. Parce qu'à un moment donné, il y a une
frontière entre ce qui est cadre et ce qui est directement
affecté à la direction de l'entreprise. Alors, je pense que cela
mérite quand même une étude assez longue. C'est ce que nous
allons entreprendre, mais ce ne sera pas à court terme.
M. Brochu: Eventuellement, est-ce que vous envisagez d'accorder
certains crédits à l'intérieur de ces programmes pour
l'étude précise de la mise en application de cet article de votre
programme?
M. Couture: Cette recherche est pour l'avenir, ce sera dans le
programme budgétaire de l'année prochaine. Cela n'entre pas dans
le programme de cette année. Les recherches que l'on pourrait commander
là-dessus seraient dans un programme budgétaire
subséquent.
M. Brochu: Seulement en 1978/79, par exemple.
M. Couture: Oui, 1978/79.
M. Brochu: D'accord, merci. Maintenant, M. le Président,
j'aimerais revenir sur une question de règlement, sur la question que
vous avez soulevée tout à l'heure, peut-être pour clarifier
aussi un point, au cas où la situation pourrait se reproduire. Je me
réfère ici à notre livre de règlement. Tout
d'abord, l'article 163 dit qu'à moins de dispositions contraires, les
règles relatives à l'Assemblée s'appliquent aux
commissions. D'autre part, à la page 81 de notre livre de
règlement, l'article 177
dit ceci: Quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en partie, un
document, il peut être requis, sans autre formalité de le
déposer immédiatement, à moins qu'il ne déclare
qu'il est contraire à l'intérêt public de le faire. Je
voulais quand même souligner ce point en ce qui concerne la directive qui
a été émise pour clarifier, à l'avenir, les
situations qui pourraient survenir à ce sujet.
M. Mackasey: Le ministre a sûrement fait allusion à
une lettre. Il avait pris une lettre et il en avait lu un paragraphe.
Là, on a le droit de lui demander de déposer le document,
n'importe quel document, même un journal, même les journaux, par
exemple, de M. Bellemare. On peut lui demander de le déposer pour lui
faire... On est obligé de tout recommencer. Si c'était un
document, il faut le déposer, si quelqu'un vous le demande, mais vous
avez sûrement fait allusion à une correspondance.
M. Brochu: Elle n'est pas citée. D'ailleurs, je pense que
la question de la citation, on peut en donner une interprétation
restrictive ou large. Lorsqu'on dit, à l'article 177, qu'un ministre
cite un document, je pense qu'on peut, à ce stade-ci, en discuter fort
longuement pour savoir ce que c'est que de citer un document. Est-ce que c'est
y faire référence? Est-ce que c'est de le nommer? Est-ce que
c'est de le lire? Est-ce que c'est de le présenter aux membres de la
commission sans le déposer comme tel? Je pense qu'à ce moment-ci,
on pourrait même faire une argumentation sur la question, à savoir
ce que c'est que citer un document.
Même à ce stade-ci, le leader du gouvernement avait
déposé au feuilleton de la Chambre une motion visant à
restreindre l'article 177 du règlement, justement. M. Burns a d'ailleurs
retiré, depuis ce temps-là, cette motion, peut-être pour
éviter les dépôts de documents. Je demeure convaincu que le
point serait débattable, à l'effet que lorsqu'un ministre cite,
fait appel à un document, on peut lui demander, à ce
moment-là, de le déposer.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Pour revenir sur la question,
compte tenu des deux articles du règlement que vous avez cités,
je pense que cela ne change pas l'interprétation que j'ai faite suite
à votre demande, que les deux articles confirment la décision que
j'ai prise, non seulement la décision, mais l'interprétation de
la question que je donnais.
M. Forget: M. le Président, j'ai retrouvé la
question dont j'avais perdu le fil. C'est au sujet de l'élément
2.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. Auparavant,
j'avais dit que je reconnaîtrais le député de
Sherbrooke.
M. Forget: On va écouter le député de
Sherbrooke.
Recherche
M. Gosselin: On était à discuter du service de
recherche au ministère, simplement pour marquer une préoccupation
générale qu'a d'ailleurs soulevée le député
de Saint-Laurent tout à l'heure, à savoir que la recherche est
très importante, la recherche qui est à faire, principalement
concernant la main-d'oeuvre, pour qu'on ait des données très
factuelles et qu'on puisse établir et connaître révolution
des choses pour les prochaines années et aviser en conséquence,
en regard des autres lois sociales concernées, comme l'aide sociale et
tout cela.
Ma première expérience comme député
ministériel qui cherche à se documenter au gouvernement du
Québec et qui s'adresse à divers ministères pour tenter
d'obtenir ces données factuelles qui pourraient l'amener à
dégager des visions, des conclusions formelles sur certaines
réalités constatées plutôt que sur des intuitions,
montre qu'on a énormément de difficulté à se
composer un portrait global des situations, parce qu'on a l'impression que les
recherches sont éparpillées ou isolées au sein de divers
ministères qui touchent souvent des champs parallèles très
complémentaires. Par exemple, des affaires sociales au travail, il y a
un très net champ de complémentarité dans la question de
sécurité du revenu, liée à la question de
main-d'oeuvre.
C'est juste pour questionner. J'ai l'impression que parfois, ces
services de recherche fonctionnent d'une manière relativement
isolée et parcellaire. Dans les plans de réaménagement de
ces services de recherche, je voudrais simplement signaler qu'il serait
important qu'on puisse en arriver à "fonctionnaliser" nos services de
recherche en fonction des conclusions qu'on cherche à avoir.
Du même coup, j'aimerais souligner qu'au gouvernement du
Québec, M. Parizeau le signalait dans le discours sur le budget, je
crois que 5% de toutes les dépenses budgétaires sont
affectées, entre autres, à l'informatique ou aux services de
recherche, si je ne m'abuse. Je crois que c'était la mention que M.
Parizeau faisait. Je ne sais pas comment fonctionne le gouvernement d'Ottawa ou
le gouvernement des autres provinces, mais on a quand même l'impression
d'une "parcellisation" des données dont tout législateur aurait
besoin pour vraiment amener les politiques conséquentes au
phénomène constaté.
Sur cette question du chômage, l'évolution de l'aide
sociale au Québec, des incidences, des lois qui changent au niveau
canadien et qui créent des modifications aux dépenses
budgétaires d'un gouvernement comme celui du Québec. On a
l'impression d'être constamment en train de rattraper l'information, de
toujours l'avoir en retard, de toujours être en train de constater, une
fois que les phénomènes se sont produits, qu'ils se sont
produits, et d'avoir à adopter constamment des politiques correctives,
plutôt que des politiques incitatives et directionnelles pour
l'avenir.
C'est simplement une observation d'une première expérience
de député dans les efforts de re-
cherche qu'on tente de déployer pour se faire une idée
globale sur certaines réalités et pour postuler qu'il est
important de s'appliquer à mieux cerner et à mieux
"fonctionnaliser" les services de recherche des divers ministères, et
même les "complémentariser" dans la réorganisation que M.
Parizeau a d'ailleurs annoncée dans tout le champ de l'informatique. Je
crois que c'est vivement espéré, et sans des renseignements
clairs, ponctuels, complets, on peut difficilement gouverner d'une
manière éclairée.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Un dernier point, M. le Président. Sous la
rubrique recherche, je me demande jusqu'à quel point le ministère
du Travail est disposé ou est actuellement en mesure de relever un
défi qui me semble important. Le ministre a fait allusion souvent au
problème de l'information. Les gens ne sont pas au courant des lois.
C'est peut-être ce qui rend leur application moins efficace, moins
générale. C'est sans aucun doute vrai. Il y a un domaine, en
particulier, de l'application des lois du travail, la négociation de
conventions collectives, où, je pense, une information objective,
neutre, non biaisée peut être extrêmement importante pour
aider les parties dans un conflit de travail, pour comprendre le contexte dans
lequel leurs négociations se situent. C'est dans le cas de
négociations et de conflits de travail. Il y a donc une information
qu'il serait utile de communiquer aux parties et de rendre disponible
également aux conciliateurs, médiateurs et arbitres qui, selon
les moments, sont appelés à intervenir. Parce que je crois qu'un
des défauts dans lequel il faut éviter de s'enfoncer, c'est le
juridisme des processus de règlement de conflits de travail. Une des
caractéristiques du juridisme, c'est qu'on ne tient compte de rien
d'autre que ce dont les parties réussissent à faire la preuve
devant le juge, le médiateur ou l'arbitre. C'est une notion où la
tierce partie qui intervient a des oeillères et regarde seulement ce
qu'on lui met sous le nez, et doit faire table rase de toute autre
connaissance. A mon avis, c'est un rétrécissement regrettable de
la façon d'aborder les conflits de travail, et c'est négliger
l'apport très considérable que peut comporter l'introduction
d'une information sur le contexte, etc. Donc, il y a cette utilisation de
l'information à une période de négociations, une
information qui serait articulée en termes d'industries, de secteurs
industriels, positions concurrentielles, etc., profitabilité,
évolution de tous ces facteurs, de manière que les
syndiqués et les patrons puissent comprendre un peu les
éléments et que les tierces parties puissent les utiliser.
Il y a aussi, à plus long terme, une information et pratiquement
des instruments de formation ou d'information, des permanents syndicaux, de
même que des porte-parole patronaux, des patrons, du patronat sur
certaines réalités économiques et sociales qu'ils peuvent
plus ou moins bien saisir. Il y a le rôle d'éducation. Donc, il y
a des instruments d'éducation à préparer.
Est-ce que ce ne serait pas la fonction du service de recherche du
ministère du Travail de jouer un rôle de leardership dans ce
domaine? Je crois qu'il y a beaucoup d'ignorance souvent à la base de
certaines positions prises d'un côté ou de l'autre, et des fois,
des deux côtés c'est encore pire, enfin, je ne sais pas si
c'est pire, mais de toute façon, ce n'est pas mieux il me semble
qu'il y aurait des moyens à trouver pour aider les gens a digérer
une information qui est accessible, si on veut, d'une certaine manière,
mais qui n'est pas vraiment accessible concrètement par les gens qui
sont dans des situations très particulières, qui n'ont pas
accès à des bibliothèques et qui n'ont pas l'habitude de
consulter des documents savants. Peut-être que cela se fait
déjà, mais j'ai l'impression que cela ne se fait pas suffisamment
si cela se fait déjà. Est-ce que le ministre envisagerait de
développer ce genre d'orientation?
M. Couture: Je voudrais dire d'abord qu'au gouvernement,
l'événement du sommet économique est déjà un
lieu privilégié d'informations mutuelles sur les
réalités économiques du Québec. On verra ce que
cela donnera, mais cela me paraît être à la base de toute
intervention rationnelle et intelligente dans quelque domaine que ce soit. Le
droit à l'information, les sources d'information, les mécanismes
d'information doivent devenir de plus en plus prioritaires.
Vous avez, je pense, posé une question, mais vous avez davantage,
à mon avis, disserté sur une recommandation précise pour
le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Il y a peut-être
un peu de naïveté dans votre proposition dans le sens suivant: Je
pense qu'à l'occasion de conflits de travail, il y a beaucoup de
syndicats qui souhaiteraient ardemment avoir l'information véritable sur
la situation économique de la compagnie et ils ne l'ont pas. Les
compagnies disent souvent: On ne peut pas donner cette information. Nos
concurrents vont la connaître. On ne peut pas tout dire, etc. Ce qui fait
que cela fausse drôlement le type de négociations qui doit se
passer dans certains lieux de travail. Peut-être. Je suis un peu perplexe
sur le soutien qu'on pourra apporter directement au niveau des conflits de
travail, mais, pour ma part, comme bien d'autres, je déplore que, dans
plusieurs conflits de travail, la véritable analyse économique de
l'entreprise, du milieu ne soit pas suffisante, ce qui fait qu'à un
moment donné, il y a des syndicats qui se lancent dans des grèves
et que cela ne mène nulle part, parce qu'ils connaissent mal la
véritable force de l'autre partie ou bien ils connaissent mal la
véritable fragilité de la partie patronale.
Pour être bref, je retiens votre suggestion, mais je reste un peu
sceptique sur les chances de succès. Je crois que cela doit se faire
d'une façon beaucoup plus globale. Si le sommet économique, entre
autres, permettait que les intervenants sociaux et économiques du
Québec s'entendent sur des faits comme dit souvent M.
Lévesque, les faits sont têtus si, au moins, on pouvait
s'entendre sur un certain type de faits, ce serait un bon départ et cela
pourrait, je pense, peut-être se pro-
longer autrement dans d'autres rencontres, mais directement au niveau
des conflits de travail, je suis un peu sceptique.
M. Mackasey: Moi aussi, je pense, M. le Président, qu'il
faut faire une distinction entre le secteur privé et le secteur public.
Je suis d'accord avec le ministre, parce que ma simple expérience dans
ce domaine est que c'est très rare, comme employeurs... Ils
n'étaient pas dans la position primordiale, dans la position de force
dans les négociations. Ce ne sont pas exactement des amateurs; ils ont
des experts, des avocats, ils savent exactement ce qu'ils peuvent payer et ce
qu'ils veulent payer et, normalement, ils sont bien placés pour se
défendre contre les syndicats. Le problème, je pense, pour nous,
M. le ministre, tombe dans un autre secteur, le secteur public ou parapublic.
C'est un service où il y a en même temps le ministre et le
représentant du peuple qui a la responsabilité de régler
une grève qui cause beaucoup d'injustices à des innocents, si
vous voulez. Je pense que c'est une approche complètement
différente de celle du secteur privé. Je ne sais pas encore si
vous êtes d'accord avec moi, mais j'ai été fort surpris
aujourd'hui d'entendre le ministre, durant la période des questions,
dire qu'il était pour suspendre les annonces ou contrôler quelque
chose concernant des postes de radio, parce que cette entreprise privée
a profité de son droit de se mettre en grève. Je ne sais pas si
j'ai mal compris, mais je pense qu'il y a une grève dans le secteur de
la radio...
M. Couture: Radio-Mutuel.
M. Mackasey: Radio-Mutuel. Je ne sais même pas quel poste.
Cela ne m'intéresse pas, mais c'est dans l'entreprise privée. Je
ne sais pas si la grève est légale ou illégale. Si la
grève est légale ou le lock-out est légal, il me semble
que le gouvernement ne devrait pas prendre position ouvertement pour ou contre
une des parties, parce que ou vous êtes le ministre du Travail ou vous
êtes le ministre pour le travail, je ne sais pas exactement encore, mais
il y a une différence, surtout dans l'entreprise privée. Il
faut...
M. Couture: Excusez. Me permettez-vous une question?
M. Mackasey: Oui.
M. Couture: S'il y a une grève dans un poste de radio et
que ce poste de radio vous demande d'aller faire une entrevue et que devant le
poste, il y a une ligne de piquetage, est-ce que vous allez franchir la ligne
de piquetage...
M. Mackasey: Je vais répondre par une question je
n'ai pas peur de répondre quel est le but du piquetage, M. le
ministre? Est-ce que c'est pour l'information? Pour empêcher quelqu'un de
franchir la ligne, après avoir étudié l'information que
donnent les pancartes des piqueteurs? La ligne de piquetage est là pour
informer le public qu'il y a une grève et dont voilà la cause.
Elle n'est pas là pour empêcher le citoyen de s'intéresser
à la grève et de faire ce qu'il peut faire normalement. Est-ce
que vous n'êtes pas d'accord, oui ou non?
M. Couture: M. le Président, je ne veux pas entrer dans ce
débat, mais, enfin, je dois dire que moi, je ne traverserais pas une
ligne de piquetage.
M. Mackasey: Je sais, M. le ministre. Je me souviens d'une
grève où les premiers qui ont traversé la ligne de
piquetage, c'étaient les hommes qui étaient en grève, pour
aller chercher leur chèque. Ils m'avaient demandé, par
téléphone, s'il n'y avait pas moyen d'entrer par la porte d'en
arrière. J'ai dit: Non. Votre salaire est là. Vous n'avez
qu'à franchir la ligne. Ils l'ont franchie. On peut avoir des
philosophies idéalistes, si on veut. Mais si on veut "law and order" et
pas de violence dans le domaine des relations industrielles, il faut comprendre
ce qu'est le piquetage. Le piquetage, c'est le moyen légal pour que les
travailleurs puissent demander à tout le monde, ou informer tout le
monde, si vous voulez, à savoir quel est le problème ici. Cette
compagnie est en grève et voilà la raison. Je crois que c'est le
but exact du piquetage.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 2...
M. Brochu: M. le Président... Le Président (M.
Marcoux): Oui.
M. Brochu: ... une question ici au sujet des informations
disponibles en ce qui concerne les négociations collectives. Il semble
que, souvent, il peut y avoir des problèmes de communication justement
à cause d'un manque d'information, comme l'indiquent les questions qui
ont été soulevées tout à l'heure. Il semble
qu'à ce sujet-là, au niveau du gouvernement
fédéral, il pourrait y avoir, d'ici quelque temps, un centre de
données pour aider ces négociations collectives. Certaines
déclarations ont été faites à ce sujet, entre
autres, par le secrétaire parlementaire du ministre du Travail, M.
Jacques Olivier, qui disait, et je cite, ici, le Soleil du mercredi 9 mars
1977: "II est grand temps de mettre sur pied un centre d'information sur la
négociation collective". A son avis, les syndicats et le patronat n'ont
pas accès à des données pertinentes et sûres pour
engager la négociation collective. Il continue en disant qu'un centre de
données ferait mieux connaître ce que le système
économique peut supporter et, ainsi, la négociation collective
deviendrait un instrument pour le bien commun.
J'aimerais savoir du ministre... Pardon?
M. Forget: Le ministre vient de dire tout à l'heure que
c'était naïf, selon lui.
M. Couture: II y a des naïvetés qui sont bon-
M. Brochu: Je pense que, si on regarde la situation, un fait
demeure, c'est qu'on doit reconnaître, au point de départ, qu'un
manque d'information suffisante peut souvent amener les parties en cause bien
loin des discussions pertinentes et bien loin des données fondamentales
du problème aussi.
Si on regarde de façon générale la situation
économique, par exemple, qui prévaut actuellement, et non
seulement au Québec ou au Canada, mais c'est sur le plan international,
qu'il suffise de regarder le sommet de Londres actuellement pour
réaliser les difficultés qui se présentent. Cela nous
oblige peut-être à réaliser davantage l'importance que ceux
qui ont à s'asseoir à une même table de négociation
soient au courant de plus en plus des données exactes du
problème, non seulement strictement du secteur de la négociation
en cause, mais également de tout le contexte économique à
l'intérieur duquel ils discutent pour une convention collective, de
toutes les données pertinentes directes ou indirectes sur lesquelles
leurs décisions auront des effets, de sorte qu'ils puissent arriver de
part et d'autre à prendre des décisions peut-être plus
éclairées.
Ce n'est quand même pas si loin le temps où l'Angleterre,
entre autres, a demandé à ses syndicats de collaborer face
à une situation économique, qui se détériorait, qui
continue, malheureusement, de se détériorer. Je pense que dans un
climat comme celui-là c'est peut-être plus
évolué en termes de difficultés que cela peut l'être
ici, mais cela doit nous servir d'exemple il est important et
nécessaire que toutes les données pertinentes au problème
soient connues par les parties en cause parce qu'autrement, on peut philosopher
sur la question et dire qu'un tel centre de données n'est pas
souhaitable, parce que c'est peut-être une idée qui vient du
fédéral, mais regardons la réalité en face et,
tôt ou tard et il semble que la situation évolue dans ce
sens on aura à se rendre compte, qu'on soit du côté
syndical, du côté patronal, du côté de l'entreprise
ou du côté du travailleur, qu'on a des problèmes communs et
si on ne se place pas sur une même base afin, de regarder la
réalité comme telle pour résoudre nos problèmes, on
risque non seulement de faire durer les situations difficiles, mais aussi
peut-être d'aggraver certaines situations par des décisions qui
seraient mal éclairées.
Alors, je comprends que le ministre peut avoir son opinion personnelle
à ce sujet, mais je lui demanderais s'il serait prêt à
considérer l'importance d'un centre de données. Dans son domaine
d'activité, en ce qui concerne plus particulièrement la province
de Québec, serait-il prêt à regarder les
possibilités d'adopter un système similaire ou un système
mieux adapté aux besoins du Québec dans ce sens?
M. Couture: Je veux bien qu'on ait un centre de
données..., je pense que M. Olivier est adjoint parlementaire...
M. Brochu: C'est exact.
M. Couture: Si le député veut créer un
centre de données pour les secteurs de juridiction
fédérale, je ne suis pas du tout contre cette idée. Si
cela peut nous inspirer, nous aussi, on n'a pas à refuser de bonnes
idées d'où qu'elles viennent. Je disais tout à l'heure
qu'il y a bien des gens qui souhaiteraient qu'à la table de
négociation, effectivement, on puisse avoir des connaissances
précises sur la situation économique de la partie d'en face. Cela
ne se fait pas toujours. Ce n'est pas facile et souvent, les compagnies
résistent beaucoup à donner cette information.
On peut ramasser des données sur les secteurs. C'est
évident que dans les pâtes et papiers ou dans le textile,
là-dessus, j'acquiesce facilement à cette suggestion et, il
arrive que de fait, les conciliateurs et les syndicats, lorsqu'ils sont sur le
terrain, font souvent appel au ministère pour demander: Envoyez-nous une
monographie sur tel secteur, ou l'étude que vous avez faite dans tel ou
tel domaine. Ce service pourrait être plus systématique. Mais la
question fondamentale est peut-être une question qu'on devrait poser au
sommet économique: Le monde patronal est-il disposé à nous
dire la vérité sur sa situation économique?
Prenez les pâtes et papiers...
M. Mackasey: Si oui, les syndicats vont-ils le croire?
M. Couture: Les syndicats croiront oui ou non, mais on a quand
même des instruments de vérification. Je pense qu'on peut
être outillé pour savoir si c'est vrai ou non dans certains
secteurs. Au moins, cela fait un document de base. Si on veut jouer ce jeu, il
faut que toutes les parties en présence acceptent vraiment de le jouer
honnêtement et à fond, mais j'en doute.
A certains points de vue, ils ont parfois des raisons de refuser en
disant: Si on annonce qu'on fait beaucoup d'argent ou si cela va très
mal notre compétiteur exploite la situation, etc. C'est plus difficile
qu'on ne le pense.
M. Brochu: Cela fait surtout appel à une question
d'attitude plutôt qu'à une question de confiance de ce
côté. Est-ce que cela veut dire, dans l'esprit du ministre, que
cela ne serait pas possible que tant qu'il n'y aurait pas de situations graves
ou alarmantes pour les deux parties, alors il accepterait de mettre sur la
table les données du problème comme tel et d'y faire face de
façon commune?
M. Couture: C'est discutable, mais c'est difficile.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 2, adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 3.
M. Forget: L'élément 3, M. le Président, je
pourrais l'adopter presque tout de suite. Je demande un seul
éclaircissement technique, c'est que, dans tous les programmes, on a des
soutiens administratifs et techniques et, tout à l'heure, au sujet du
programme 2, le ministre a indiqué qu'il y avait des raisons
spécifiques pour lesquelles on avait: Soutien administratif et technique
au programme 2 relié à l'administration et à l'extension
des décrets. Dans tous les programmes on trouve, dans le fond, des
charges administratives. Quand on arrive au programme 3, on a un peu
l'impression que c'est de la redite. Est-ce que ce sont les services
généraux comme le personnel, l'information etc? Le service
"staff".
M. Couture: C'est cela! C'est tout le service "staff" du
ministère.
M. Forget: Je vois.
Le Président (M. Marcoux): Programme 3,
élément 3, adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Programme 4.
M. Forget: Je ne sais pas, étant donné l'heure
qu'il est.
Le Président (M. Marcoux): Je pense qu'il va y avoir une
suggestion d'ajourner.
Des Voix: Oui.
Une Voix: Ce ne serait peut-être pas une mauvaise
idée.
Le Président (M. Marcoux): La commission ajourne ses
travaux jusqu'à demain, dix heures, et elle reprendra ses travaux
à la salle 91 A pour étudier le programme 4.
(Fin de la séance à 22 h 52)