Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Wednesday, January 29, 2025
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Vol. 47 N° 75
Special consultations and public hearings on Bill 81, an Act to amend various provisions relating to the environment
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-sept minutes)
La Présidente (Mme Blouin) : Bonjour
à tous. Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet
de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière d'environnement.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Derraji (Nelligan) est remplacé par Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce); M. Grandmont (Taschereau) est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve); et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin) est
remplacé par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Alors, nous entendrons ce matin les organismes suivants : le Conseil des
entreprises en technologies environnementales du Québec et l'Association
canadienne des constructeurs de véhicules, conjointement avec la Corporation
des concessionnaires automobiles du Québec et les constructeurs mondiaux d'automobiles
du Canada.
Je souhaite donc, d'entrée de jeu, la
bienvenue aux représentants du Conseil des entreprises en technologies
environnementales du Québec. Alors, je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé, après quoi, on va procéder avec l'échange avec les
membres de la commission. Alors, je vous invite à vous présenter et à enchaîner
avec votre exposé.
Mme Messih (Sandra) : ...merci,
Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM. les membres de la commission,
merci de nous accueillir, vraiment, aujourd'hui pour cette importante
consultation sur le projet de loi. Alors, mon nom est Sandra Messih, je suis
coprésidente du CETEQ et je suis également vice-présidente, Services-conseil,
chez Cyrculia. Je suis accompagnée aujourd'hui par M. Kevin Morin, directeur
général du CETEQ, également, David Landry, directeur des affaires publiques au
CETEQ.
Alors, le CETEQ est une association qui
regroupe plus de 200 entreprises privées dans l'industrie de l'environnement au
Québec. Ces entreprises emploient plus de 55 000 personnes, qui génèrent
plus de 3 milliards de dollars en chiffre d'affaires annuel au
Québec. Nous faisons la promotion de l'expertise privée de l'économie verte en
s'appuyant sur les principes de développement durable, de l'économie
circulaire, des standards de performance élevés et d'un contexte d'affaires
concurrentiel propice à l'innovation. Nos entreprises membres sont des actrices
incontournables de l'économie verte au Québec, que ce soit dans la gestion des
matières résiduelles, de la transition énergétique ou de la lutte contre les
changements climatiques.
Le CETEQ souhaite, via notre mémoire et
notre présence aujourd'hui, souligner les opportunités et défis que ce projet
de loi représente pour ses membres et pour le Québec. D'abord, sachez que nous
saluons les ambitions environnementales portées par ce projet de loi, tout en
proposant des recommandations visant à en maximiser la portée et la
faisabilité. Dans le cadre de cette présentation, nous souhaitons partager avec
vous les recommandations phares de notre mémoire, regroupées selon cinq
thématiques : les véhicules zéro émission, les évaluations
environnementales, la conciliabilité réglementaire municipale-provinciale, les
matières résiduelles et, finalement, le contrôle... les mesures de contrôle
environnementales.
• (11 h 30) •
Donc, je vais débuter tout de suite avec
les véhicules zéro émission. Comme vous le savez, bon, le transport, c'est
vraiment un secteur clé dans la lutte contre les changements climatiques, et la
transition vers les véhicules lourds zéro émission est une étape importante
pour y arriver. Toutefois, il nous apparaît important de revoir la définition
de ce que c'est, un véhicule zéro émission, et de développer une approche plus
globale, en intégrant des carburants alternatifs, comme le gaz naturel
renouvelable, au sein de cette...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Messih (Sandra) : ...Ce
carburant, produit notamment à partir de matières organiques résiduelles,
représente une solution concrète pour favoriser une économie circulaire tout en
réduisant l'impact environnemental.
De plus, pour que cette transition soit
accessible, il est crucial de relancer et de bonifier le programme
Écocamionnage d'ici à ce que les effets de cette mesure soient bien réalisés.
Ce programme joue vraiment un rôle clé en aidant les entreprises à surmonter
les coûts d'acquisition élevés des VZE et en leur offrant la prévisibilité
nécessaire pour planifier cette transition.
Nous insistons également sur l'importance
d'une introduction progressive des exigences afin de tenir compte des réalités
de régions rurales où les infrastructures de recharge sont souvent limitées et
où la couverture territoriale n'est généralement pas optimale.
Concernant l'aspect des évaluations
environnementales, le CETEQ reconnaît l'importance de maintenir le processus
des évaluations environnementales de façon rigoureuse afin d'intégrer les
enjeux environnementaux et sociaux dans la planification des projets.
Toutefois, nous constatons que certaines propositions pourraient générer des
incertitudes pour les promoteurs, notamment l'ajout d'une étape d'admissibilité
qui doit être accompagnée de critères clairs et transparents afin d'éviter l'ajout
de délais inutiles, de coûts supplémentaires ou de décisions arbitraires.
Nous proposons également la mise en place
d'un mécanisme d'appel pour résoudre les différends et garantir une équité dans
les décisions dans le cas d'une demande de production d'une nouvelle étude d'impact
advenant le cas où des modifications dénatureraient le projet initial. En
effet, un demanteur... un demandeur qui se voit contraint de déposer une
nouvelle étude d'impact devra-t-il repartir de la case départ ou d'une étape
précise dans le processus? Pour le moment, il y a matière à clarification.
Par ailleurs, le projet de loi introduit
des mécanismes d'exceptions pouvant lancer certains... permettant de lancer
certains travaux publics avant la fin du processus. Nous saluons cette
initiative, mais nous croyons que les projets privés qui contribuent à la
transition énergétique devraient également bénéficier de cette flexibilité.
Après tout, ces initiatives privées jouent un rôle central dans l'atteinte de
nos cibles climatiques et méritent un soutien équitable.
Concernant la conciliabilité de la
réglementation provinciale et municipale, nous considérons que la transition
écologique requiert une gouvernance cohérente. Et c'est pourquoi nous croyons
fermement à l'importance de maintenir la préséance des règlements provinciaux
pris en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement. Le CETEQ insiste sur
le rôle central que doit jouer le gouvernement du Québec dans la mise en œuvre
des politiques environnementales. Une gouvernance provinciale forte garantit
des visions... une vision harmonisée et des objectifs communs, et ce, à l'échelle
du Québec. Avec plus de 1 100 municipalités au Québec, dont plus de
la moitié ont moins de 1 000... de 2 000 habitants et qui sont
composées de petites équipes déjà très sollicitées, le CETEQ craint une
fragmentation des cadres législatifs et des disparités dans l'application des
mesures environnementales, ce qui... ce qui compliquerait assurément la
planification pour les entreprises opérant dans plusieurs régions, ce qui est d'ailleurs
le cas de plusieurs de nos membres.
Bien que nous reconnaissions le rôle des
municipalités dans le déploiement de projets de nature locale, nous nous
interrogeons sur les effets pervers que pourrait avoir cette mesure sur les
projets régionaux, voire nationaux. Conséquemment, nous estimons que le projet
de loi devrait intégrer une notion de projets à valeur régionale afin qu'ils
puissent être exclus de l'application des futurs règlements municipaux.
Nous invitons aussi le gouvernement à
inscrire plus souvent qu'autrement la préséance des règlements pris en vertu de
la Loi sur la qualité de l'environnement pour assurer une prévisibilité
réglementaire et une homogénéité des règlements... de la réglementation, et ce,
sur l'ensemble du Québec.
Concernant les matières résiduelles, la
gestion des matières résiduelles est sans aucun doute un levier très important
pour favoriser une économie circulaire. Mais des ajustements sont nécessaires
pour renforcer la traçabilité et le contrôle. Étant en retard comparativement à
certaines juridictions limitrophes, pensons notamment à l'Ontario, il est
nécessaire de bonifier notre système de traçabilité des matières dangereuses en
s'inspirant des meilleures pratiques dans le secteur. Nous soutenons ainsi la
volonté du gouvernement de moderniser les mécanismes de traçabilité et de suivi
concernant ces matières.
L'intégration d'un système à l'image de
celui mis en place en Ontario constituerait une avancée positive pour le suivi
des activités environnementales, mais nous soulignons au passage la pertinence
d'aller plus loin et d'assurer que ce nouveau système puisse s'harmoniser avec
celui mis en place par le gouvernement fédéral afin de s'assurer d'une certaine
cohérence et efficacité optimale dans le partage et l'analyse des données. En
attendant la mise en place d'un nouveau système, il est essentiel de maintenir
les bilans annuels actuels...
Mme Messih (Sandra) : ...qui
assure un suivi des pratiques des entreprises.
Notre dernier point sur les mesures de
contrôle environnemental. Eh bien, la protection de l'environnement repose sur
un contrôle rigoureux et des sanctions adaptées. Toutefois, le système actuel
présente des lacunes tant au chapitre des pénalités que de l'application des
règlements sur le terrain, nuisant à sa crédibilité et à son efficacité. Le
CETEQ reconnaît toutefois les efforts récents du gouvernement pour renforcer ce
cadre. Nous estimons que des ajustements supplémentaires sont nécessaires pour
assurer une véritable approche, une véritable protection environnementale et
prévenir les comportements délinquants.
Nous proposons d'ajuster les pénalités en
fonction des revenus des entreprises et du risque environnemental afin de
s'assurer qu'elles soient véritablement dissuasives. Cela pourrait passer par
des sanctions inspirées du modèle fédéral qui impose des sanctions pouvant
atteindre 3 % des revenus des entreprises en cas d'écoblanchiment. Nous
croyons également que les entreprises sous enquête devraient voir leurs
demandes d'autorisation suspendues jusqu'à ce que les allégations soient
réglées. Une telle mesure renforcerait la crédibilité du système et enverrait
un signal clair contre les pratiques non conformes. Comme le CETEQ le dit
toujours, le meilleur contrôle environnemental est celui qui n'a pas besoin
d'être exercé. C'est pourquoi nous saluons l'intention de tenir compte des
sanctions antérieures infligées aux administrateurs, dirigeants ou actionnaires
d'une entreprise. Enfin, un meilleur contrôle sur le terrain est indispensable
pour garantir l'application stricte des règlements. Cela permettrait de lutter
efficacement contre les pratiques inégales... illégales et de protéger
l'environnement de manière concrète.
En conclusion, les recommandations
formulées par le CETEQ dans le cadre de cette consultation illustrent une
vision ambitieuse et équilibrée pour un Quélec... un Québec plus respectueux de
l'environnement, tout en répondant aux réalités des entreprises détenant une
expertise dans ce domaine. Une collaboration étroite entre le gouvernement et
les acteurs privés reste indispensable pour atteindre les objectifs
environnementaux fixés par ce projet de loi. Voilà. Merci de votre écoute.
La Présidente (Mme Blouin) : Un
grand merci pour votre exposé. Alors, on va tout de suite débuter la période
d'échange avec vous, M. le ministre. On a 10 min 30 s.
M. Charette : C'est bien
gentil, merci, Mme la Présidente. À vous trois, un gros merci de votre
présence, d'une part, ce matin, mais également de votre éclairage. Et on peut
aisément vous présenter comme des partenaires de premier plan. Vous nous aidez,
et quand je dis «nous», pas forcément le gouvernement, mais la société
québécoise, d'améliorer ses bilans en matière d'environnement. Donc, merci pour
ce travail-là. Je vais commencer par des petits commentaires sur les différents
points que vous avez soulevés. Ensuite, n'hésitez pas à compléter votre point.
J'ai des collègues aussi qui souhaiteront intervenir.
Vous avez d'abord abordé la question de la
VZE pour les véhicules lourds. On a pu le réitérer, hier, mais depuis... depuis
un certain temps aussi. Le projet de loi n° 81, c'est d'abord et avant
tout un pouvoir habilitant qui va nous permettre, oui, de réglementer la
question éventuellement, mais ce n'est pas un projet de réglementer à court
terme cette question-là. On veut réellement consolider nos efforts au niveau
des voitures, des véhicules légers, mais le pouvoir nous sera accordé, mais ça
interviendrait dans un deuxième temps. Est-ce que c'est dans... d'ici la fin de
2026, vous savez que 2026 sera aussi l'occasion d'évaluer la performance, là,
de la VZE actuelle, ou par la suite, bref, le pouvoir sera là, mais ce n'est
pas une intervention que l'on souhaite faire à court terme pour toutes les
bonnes raisons que vous avez évoquées au niveau technologique, au niveau
adaptation, au niveau réalités qui... géopolitiques qui changent,
malheureusement, à vitesse grand V ces derniers mois. Donc, pour toutes ces
considérations, c'est quelque chose, là, qui interviendrait certainement plus
tard.
• (11 h 40) •
Vous avez parlé de délais, vous avez parlé
de coûts pour éviter normalement, et notamment, l'arbitraire au niveau des
évaluations environnementales. Naturellement, c'est un des souhaits que le
ministère exprime. C'est quelque chose que l'on vise aussi à travers l'actuel
projet de loi. Les délais, je pense, seront raccourcis, pour certains types d'évaluation,
de façon intéressante, sans pour autant sacrifier les normes environnementales.
Je pense qu'on sera tout simplement plus efficaces. Les coûts, très conscients
que ça peut représenter des coûts parfois importants pour les promoteurs. C'est
là où le degré de préparation, avant de soumettre un projet, fait toute la
différence. On reçoit au ministère clairement des projets qui ne sont pas
matures et qui n'auraient pas dû être présentés à cette étape-là, ça engendre
des coûts, ça engendre des frais aussi pour le promoteur. Et c'est la raison
dans laquelle... pour laquelle, dans...
M. Charette : ...le projet de
loi, on se donne le droit, à un moment donné, d'interrompre l'évaluation. Non
pas que c'est un non définitif, mais c'est de dire aux promoteurs : Faites
vos devoirs pour ne pas que vous perdiez trop de temps et investissiez indûment
des sommes, avec un jeu de yo-yo, et pour le ministère, ça nous permet aussi
d'économiser du temps de ressources, et revenez-nous lorsque le projet sera
davantage ficelé, sans présumer, là, qu'il sera refusé par... par la suite.
La question des travaux préalables, elle a
été évoquée par plusieurs groupes avant vous. En fait, c'est la deuxième
journée, aujourd'hui, pour la consultation, mais je pense que chacun des
groupes est intervenu. Je pense que c'est bien reçu, pour la plupart, bien
reçu, pour la plupart, mais tous voudraient en bénéficier plus directement,
notamment les promoteurs privés. Ce que je mentionnais, même si ces travaux-là
devaient viser des... des ouvrages pour développer des énergies renouvelables,
par exemple, on veut réellement se faire la main avec des promoteurs publics,
dans... dans un premier temps. On pense à Hydro-Québec, notamment, certains
ministères. Éventuellement, avec... avec l'exercice, peut-être qu'on pourra
conclure qu'on peut aussi étendre à des promoteurs privés qui travailleraient
aussi à développer des projets d'énergies renouvelables. Mais ce sera dans un
deuxième temps, on ne veut pas bousculer trop les choses. Mais c'est bien reçu,
là, pour... pour l'essentiel.
Au niveau des pouvoirs municipaux, c'est
aussi un... un élément très tranché du projet de loi, on est soit très en
faveur ou contre. Pour les organismes qui sont contre, j'ai posé la question
aux fédérations municipales, autant UMQ et FQM, leur disant : Écoutez,
c'est une revendication historique de la part du milieu municipal, c'est
demandé depuis plusieurs années, mais est-ce que vous êtes consciente, comme
association, que ça génère des inquiétudes? Ils pensent avoir les bons mots
pour... pour rassurer, donc n'hésitez pas à partager des craintes auprès des
grandes fédérations. Et eux ont été invités à avoir un dialogue plus ouvert
aussi avec les... les regroupements, là, qui pourraient être inquiets. Ce qu'il
est important de mentionner, par contre, ce n'est pas un pouvoir qui est... qui
est étendu au point où le ministère de l'Environnement n'a pas de
responsabilités. Au contraire, il a encore des responsabilités d'encadrement,
et, dans certains cas, l'approbation du ministère de l'Environnement sera
toujours requise.
Et la traçabilité, un dossier qu'on a eu à
travailler ensemble au cours des dernières années, ce n'est pas parfait, très
conscients. On s'améliore. Mais vous avez raison, on partait de loin. En fait,
pour tout ce qui est gestion des matières résiduelles, on partait de très, très
loin au Québec. On aime se targuer que le Québec est un leader en
environnement. C'est vrai dans plusieurs dossiers, mais au niveau de la gestion
de la matière résiduelle, là, on a encore, aujourd'hui, un rattrapage important
à faire. C'est la raison pour laquelle on... on est venu moderniser. Et
plusieurs de vos membres ont pu participer directement, que ce soit le système
de... de consigne, également, le système de collecte sélective. On parle de
matières organiques, on parle... on élabore ensemble ou on réfléchit ensemble
au niveau des CRD. Donc, il y a un rattrapage à faire. On va clairement dans la
bonne direction, mais, non, tout n'est pas encore réglé, et on veut continuer
dans cette direction-là.
Au niveau des amendes, il y a des
dispositions dans le projet de loi. Si vous avez suivi nos travaux au cours des
dernières années, on avait déjà augmenté, dans un précédent projet de loi, de
façon assez significative, les... les amendes permises. On fait un autre tour
de roue, mais, ultimement — et ça, ce n'est pas un reproche que je
fais aux... aux procureurs de la couronne — on a beau avoir un guide
de référence, les sanctions, elles sont imposées au moment des... des jugements
et lors des représentations qui sont... qui sont faites. Donc, moi le premier,
je vais souhaiter que les... les jugements soient plus sévères auprès des...
des fautifs après leur reconnaissance de culpabilité.
Donc, je voulais vous rassurer avec ces
quelques points que vous avez soulevés, mais surtout, intéressé à échanger avec
vous. Si vous avez des questions particulières ou des points sur lesquels vous
voulez revenir, ça me fera plaisir. Sinon, je sais que j'ai des collègues aussi
qui souhaitent intervenir.
M. Morin (Kevin) : ...apporter
une nuance. Vous avez dit tout à l'heure, pour ce qui est de la conciliabilité
des règlements municipaux et ceux du gouvernement du Québec... En fait,
évidemment, notre position s'inscrit beaucoup par rapport à celles de nos
partenaires, de nos... des autres associations qui se sont présentées devant
vous. Il faut comprendre...
M. Morin (Kevin) : ...que,
oui, des entreprises qui opèrent partout au Québec doivent avoir un cadre qui
est similaire, sinon, ça fait un modèle d'affaires qui est difficilement
applicable sur le terrain.
Donc, nous, évidemment, ce qu'on souhaite,
c'est avoir une homogénéité sur le territoire, dans un contexte, notamment, où
les municipalités... Puis on l'a abordé brièvement, on l'aborde plus dans le
mémoire, mais la disponibilité des ressources au niveau des municipalités, je
pense que les unions municipales qui sont passées hier ont... vous ont témoigné
un peu de cette inquiétude-là, disons, les plus petites municipalités,
peut-être, moins de ressources internes pour pouvoir les appliquer
correctement.
Donc, la prémisse de pouvoir aborder ou de
vouloir décentraliser cette responsabilité-là à l'échelle des municipalités,
bien, il faut qu'elle parte avec le principe que l'expertise elle est présente.
Oui, les MRC le sont, donc c'est pour ça qu'on dit : Si vous souhaitez
vraiment décentraliser à l'échelle de la MRC... à l'échelle de la municipalité,
pardon, bien, peut-être préférer, là, l'échelle de la MRC, qui regroupe quand
même une base d'expertise à l'échelle municipale. Dans le cas contraire, bien,
ce qu'on va avoir, c'est des freins, pour les entreprises, d'investir dans
certaines régions, plutôt que d'autres, alors qu'on veut un modèle qui favorise
l'économie circulaire.
Donc, on dit : économie circulaire,
donc on implique des municipalités qui sont dans différentes régions du Québec,
des fois, dans les régions plus éloignées. Donc, ce qu'on veut éviter, c'est
que... qu'elle se rapproche nécessairement des grands centres parce que le modèle
d'affaires est plus propice, par exemple. Donc, évitons cette approche-là,
permettons au gouvernement de faire la bonne approche.
Puis, dans le contexte, bien, ce qu'on
vous dit, c'est : Favorisez le plus possible. Celui qui nous vient en
tête, évidemment, c'est toute la question des autorisations. Le REAFIE, donc,
qui est la pierre d'assise de tout le développement économique au Québec, au
niveau de développement environnemental, donc, de préférence, le garder dans
votre giron. Le reste, bien, on vous fait confiance pour l'appliquer à
l'échelle de la MRC, mais on accepterait difficilement que ça descende en bas,
à l'échelle des municipalités.
M. Charette : C'est bien
entendu. Mais sachez qu'il y a beaucoup, beaucoup de gens qui pensent que le ministère
de l'Environnement prend trop de place aussi, donc on essaie de trouver le bon
équilibre à travers tout ça.
Donc, bien, merci pour vos commentaires.
Je vais laisser la parole à mes collègues, tout simplement.
La Présidente (Mme Blouin) : Oui,
merci beaucoup. Alors, je vais céder la parole à la députée de Laviolette—Saint-Maurice,
pour un peu plus d'une minute.
Mme Tardif : J'ai bien aimé
votre exposé, j'ai bien aimé prendre connaissance aussi de votre rapport,
merci. Certains points m'ont particulièrement interpelée. Vous parlez d'ajouts,
au niveau de valeur régionale, vous parlez d'homogénéité entre les
municipalités, d'autres nous en ont parlé aussi, de s'harmoniser avec le
gouvernement fédéral. Je vais aller vitement à ma question, parce que vous
n'aurez pas le temps de répondre : Par rapport à l'ajout de la valeur
ajoutée régionale, est-ce que vous avez des exemples de qu'est-ce que vous
voulez dire?
M. Morin (Kevin) : Bien, je
peux commencer, puis, Sandra, tu pourras compléter. En fait, ce qu'on veut
faire référence, c'est qu'il y a certaines entreprises au Québec qui ont une
expertise particulière, qui sont souvent les seules à avoir cette expertise-là
pour desservir l'ensemble du Québec. Donc, si on dit... on permet à une municipalité
d'encadrer ou de réglementer une entreprise qui opère sur un terrain, bien,
c'est non seulement l'entreprise, la municipalité ou le territoire, mais c'est
souvent l'ensemble du Québec qui va être... qui va en subir les contrecoups.
Donc, ce qu'on veut, c'est éviter que ce soit décentralisé, pour empêcher
certains types d'entreprises... Donc, on dit : Si on ramène ça à l'échelle
du ministère, bien, sa vision d'ensemble va faire en sorte qu'il va être en
mesure de juger si, oui, effectivement, c'est une bonne chose, ou une moins
bonne chose. L'échelle de la MRC, ça peut être un palier, mais l'échelle
municipale, pour des raisons, des fois, de trop grande proximité, c'est plus
difficile.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Alors, c'est tout le temps qu'on a pour cette portion. On va poursuivre avec
l'échange avec la porte-parole de l'opposition officielle, pour
9 min 54 s.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci à vous trois pour votre... votre présence ici et pour
votre présentation. Je vais commencer par vos... vos commentaires, vraiment
très intéressants, sur les véhicules lourds. Vous parlez notamment, là, de
l'enjeu des coûts. Vous mentionnez dans votre mémoire, là, qu'un... un véhicule
lourd électrique coûterait 1 million de dollars versus
500 000 $ pour un diesel. Donc, on parle de... du simple au double,
là, c'est gigantesque, ce n'est pas le différentiel qu'on voit dans les
véhicules légers. Donc... donc... Et vous parlez aussi de l'autonomie qui est
moindre, parce qu'il y a plusieurs des processus automatisés et robotisés qui
sont très énergivores.
• (11 h 50) •
Et là vous amenez un point qu'en toute
franchise je n'avais jamais pensé, c'est qu'en période de gel-dégel les
camions, avec le poids des batteries que ça représenterait, ça viendrait
limiter beaucoup, beaucoup la possibilité de chargement, au Québec, dans cette
période-là. Donc, pour vous, le marché, avec de l'électrique, ce n'est pas...
on est loin d'être prêts, là, pour ça, là, puis ce n'est peut-être même pas le
meilleur modèle, actuellement, pour le véhicule lourd, là.
M. Landry (David) : Non. Puis
je pense que la... l'erreur de compréhension que je pense que... bon, il y a
différents groupes où... qu'on peut facilement faire là, finalement, là, c'est
de... de penser tout de suite à l'électrique quand on parle de VZE, alors que,
dans le projet de loi, on parle vraiment de... de... vraiment, véhicules zéro
émission, on parle notamment d'hydrogène. La... la technologie, au niveau de
l'électrique, n'est pas rendue là, là, pour... non seulement pour...
M. Landry (David) : ...la
durée de travail, donc un 10 heures de travail de collègues pour les
transporteurs. Donc, oui, ça va diminuer. Ça va diminuer la charge de la
quantité de fois qu'il est possible d'être pris, quand c'est d'aller-retour
aussi. Donc, pour palier, il faut aussi augmenter la quantité de... la quantité
de la flotte, donc augmenter la quantité de véhicules. C'est pour ça que ce qui
est intéressant de considérer d'autres types d'énergie pour alimenter ce type
de véhicule lourd là. Donc l'électrique, si la technologie un jour est rendue
là, tant mieux. Mais d'ici là, il y a d'autres types d'énergie à considérer.
Dans notre mémoire, on parle de considérer des moteurs alimentés par le GNR qui
permettrait d'alimenter une batterie. C'est des choses qui existent. Il y a des
modèles qui ont déjà été essayés, là, au Québec. Donc, on vous invite à
considérer aussi, là, cet autre type d'énergie, parce qu'autrement,
malheureusement, l'électrique, ça ne sera pas possible d'y arriver à court
terme.
Mme Dufour : Parce
qu'actuellement, le projet de loi, de la façon qu'il est écrit, est ce qu'il
inclut GNR?
M. Landry (David) : Non.
Mme Dufour : Non. Donc
ça, c'est une amélioration qu'il faudrait inclure au programme, là, de la façon
que c'est écrit, là. Et vous n'êtes pas les premiers à mentionner que le GNR
est une option intéressante pour... pour les véhicules lourds. On nous disait
par contre, il y avait quand même un certain délai avant que les camions
soient, disons, adaptés à ça. Mais ce que je comprends, c'est que ce serait
quand même plus rapide et plus facile d'accès que des véhicules électriques
lourds.
M. Landry (David) : Bien,
en fait, le système de gaz naturel, le réseau de distribution peut s'appuyer entre
autres sur le réseau de distribution d'Énergir. Donc, quand on parlait tantôt
de la capacité peut-être des régions à avoir des bornes, à installer de
l'équipement pour pouvoir soutenir l'électrique pour des véhicules lourds,
bien, on a déjà un système qui est en place à l'échelle du Québec pour ça.
Donc, on peut déjà s'appuyer sur quelque chose. On n'a pas tout à bâtir dans ce
contexte-là. Donc, oui, ça serait intéressant de le considérer.
Mme Messih (Sandra) : Il
y a de nos membres qui ont... qui ont... qui l'utilisent déjà de par leurs
installations, qui produisent leur propre gaz naturel renouvelable, puis ils
nourrissent leurs camions. Donc, on sait que ça fonctionne.
Mme Dufour : Excellent!
Puis d'ailleurs, vous avez aussi une portion de votre mémoire qui parle du
cycle de vie complet des véhicules. Ça aussi, c'est un angle très intéressant.
Vous dites qu'actuellement, la définition actuelle qui se fonde sur des
émissions du réservoir à la roue exclut les impacts environnementaux liés à la
production et la distribution de l'énergie. Donc, peut-être nous parler
davantage de cet aspect-là parce que c'est vraiment intéressant.
M. Landry (David) : Oui.
Bien, en fait, ça, c'est un élément qui a été soulevé aussi hier par différents
intervenants. Ce qui est à considérer en fait, c'est de voir si les
investissements qu'on va faire comme société dans, par exemple, des véhicules
lourds, par exemple de l'électrique, en termes d'économie de GES, ce n'est pas
mieux peut-être de passer à un autre type de mécanisme ou à un autre type de
véhicule. Donc, le... Puis c'est la réflexion qui s'est déjà appliquée aussi.
On a déjà entendu ça dans l'espace public, là, concernant les véhicules
électriques pour les particuliers. Donc, quand on pense à des matières plus
lourdes pour constituer la batterie, le recyclage par la suite, est-ce que
l'électricité pour l'alimenter... Nous, au Québec, on a la chance d'avoir
Hydro, mais dans d'autres... dans d'autres juridictions, c'est peut-être un peu
moins la réalité. Donc, si on est capables d'avoir une définition qui est plus
large, qui prend vraiment l'ensemble du cycle de vie et de la consommation
d'énergie d'un véhicule, bien peut-être qu'à ce moment-là, ça permettrait
d'ajuster l'appui qui est donné à certains types de technologies.
Mme Dufour : Oui, merci.
Et puis vous avez mentionné un petit peu plus loin votre inquiétude concernant
l'ajout de critères liés à un parc de VZE pour les entreprises privées qui
répondrait à des appels d'offres publics. Est-ce que vous pouvez préciser
davantage cette pensée?
M. Landry (David) : Oui.
En fait, on a eu un... En consultant nos membres, c'est déjà quelque chose qui
existe. Il y a déjà un contrat qui a été signé, là, concernant ça. Donc, l'idée,
c'est de... La proposition de la municipalité dans le contrat, c'était d'avoir
un certain pourcentage de la flotte qui était alimentée par des... On va dire
dans le type VZE, là, des véhicules lourds zéro émission. Par contre, la
technologie, le parc, l'offre présentement au niveau des constructeurs n'est
pas là. Donc, l'entreprise a fait le choix de payer des frais pour non-respect
de ces clauses-là dans le contrat. Donc, la crainte en fait, c'est de voir
cette... de voir cette clause-là intégrée dans différents contrats d'ici à ce
qu'il y a au moins la technologie soit rendue là. Donc, c'est un peu le...
C'est un peu l'attention qu'on veut soulever.
Mme Dufour : Donc,
actuellement, il y a au moins une municipalité qui a fait ça au Québec, qui a
mis ça pour des véhicules lourds dans ses critères d'appel d'offres.
M. Landry (David) : À
notre connaissance, oui.
Mme Dufour : Parfait. Je
serais intéressée de savoir laquelle. Vous pouvez me le dire après. Je vais
venir à un autre élément. Vous parlez du délai entre le rapport du BAPE et la
décision gouvernementale que vous aimeriez qu'elle soit normée. C'est quoi
actuellement que vos membres vivent, là, comme, tu sais... Est-ce que les
délais sont très longs? Est-ce que ça varie beaucoup d'un projet à l'autre,
pour avoir une idée.
M.
Morin (Kevin) : Bien, en fait, oui, les projets sont variés. Les
délais de réponse varient d'un projet à l'autre. Il n'y a jamais deux projets
pareils. Dans le cas qui nous occupe, bien évidemment, à certains égards, là,
certains délais sont paramétrés dans le projet de loi. Par contre, ce qui ne
l'est pas, c'est au-delà de... après que le ministère ait pris connaissance du
rapport du BAPE, bien, à quel moment la décision va être prise? Parce qu'on
rajoute un processus en amont, mais on ne le balise pas dans le temps. Ça fait
qu'on...
M. Morin (Kevin) : ...actuellement,
comme les projets ne sont pas pareils, c'est difficile d'établir un standard,
mais à tout le moins on peut redonner une échelle de grandeur. Parce que les
entreprises, comme c'est une étape qui s'ajoute, bien, oui, on peut dire que ça
va... ça va permettre de raccourcir les autres, mais on n'en est pas certain non
plus. Donc, si on peut l'encadrer en amont pour s'assurer que les entreprises,
quand ils... sont prêtes à investir, mais que l'investissement soit encore là
au moment où ils obtiennent leur autorisation. Quand il s'écoule deux, trois,
quatre, cinq, six ans, des fois ce n'est pas rare, plus le projet est gros,
évidemment, plus ça peut être long d'obtenir une autorisation. Bien, si à
chaque étape on ne balise pas le délai, ça va faire en sorte que les
entreprises vont être... vont être inquiètes, voire même certaines entreprises
du Québec vont faire le choix d'investir dans d'autres provinces du Canada
parce qu'il y a un contexte qui permet d'avoir une plus grande prévisibilité.
Mme Dufour : Et quelle serait
votre recommandation de délai normé à ce moment-là?
M. Morin (Kevin) : Bien, en
fait, on fait confiance au ministère sur le délai normal. Comme c'est une
nouvelle initiative, je veux... Est-ce que c'est une question de semaines,
est-ce que c'est une question de mois? Je pense que le... C'est peut-être entre
les deux. Mais, compte tenu que c'est un nouveau mécanisme, ce serait hasardeux
à ce moment-là de... de donner un chiffre précis. Je vous dirais, le plus court
serait le mieux, mais en même temps, on ne veut pas non plus escamoter une décision
rapide qui serait négative pour respecter les délais.
Mme Dufour : Merci. Je vais
vous amener sur votre portion du mémoire qui traite de traçabilité. Vous
mentionnez que le contrôle environnemental au Québec présente d'importantes
lacunes. Est-ce que c'est un manque d'inspecteurs, manque de volonté? Qu'est-ce
que vous constatez sur le terrain pour affirmer une telle chose?
M. Morin (Kevin) : Bien, en
fait, il y a plusieurs... il y a plusieurs éléments. En fait, est-ce que c'est
le nombre d'inspecteurs? La réponse, c'est non, il y en a... il y en a
sensiblement assez sur le terrain pour le constater. L'enjeu actuellement,
c'est que, souvent, l'intérêt ou les interventions des inspecteurs sont
davantage portés sur des éléments qui sont peut-être moins structurants ou
moins porteurs pour l'environnement, c'est-à-dire des délais, des quantités qui
accéderaient, par exemple, un délai d'autorisation, une autorisation obtenue.
Mais, de l'autre côté, il y a des interventions qui se passent sur le terrain
pour des entreprises qui n'ont pas d'autorisation. Et là, à ce moment-là, bien,
les inspecteurs sont davantage... sont moins enclins à aller rencontrer ces
entreprises-là qui n'ont pas d'autorisation, qui ne respectent pas les règles
environnementales. Donc, ce n'est pas tant la quantité que le... ce n'est pas
tant le quantitatif que qualitatif. Donc, si on peut orienter les efforts vers
des entreprises qui opèrent souvent à visage découvert avec... en faisant fi
des règles environnementales, là, on gagnerait à ce moment-là. Par la suite,
une fois qu'on a passé cette étape-là puis que l'entreprise, elle est
découverte... bien, on a parlé des sanctions, des pénalités. Évidemment, si une
entreprise a des millions de chiffre d'affaires puis les sanctions sont de
2 000 jusqu'à 10 000 $, bien, clairement, ça ne sera pas... ça ne
sera pas dissuasif pour les faire rentrer dans le rang. Par la suite, il y a
toute la question que M. le ministre a évoqué, le fait qu'est-ce qu'on va se
rendre jusqu'au bout de l'exercice, est-ce qu'on va pouvoir vraiment les faire
reconnaître coupable d'une infraction? Ça, c'est l'autre élément. Donc, la
présence sur le terrain, le coût de la pénalité et est-ce qu'ultimement on va
leur faire retirer leur autorisation, c'est sur trois volets qu'on... une
intervention.
Mme Dufour : Oui. Puis
d'ailleurs vous mentionnez plus loin, là, justement dans votre mémoire, que les
sanctions devraient être supérieures au coût de la décontamination. Ça fait que
les amendes devraient varier selon les cas de contamination? C'est ce que je
comprends?
M. Morin (Kevin) : Bien, une
des raisons, effectivement. Parce que ce n'est pas normal que, collectivement,
on assume le coût de la facture, que ce soit directement ou indirectement, par
rapport à une entreprise qui, elle, a souvent engrangé des profits par une
méthode un peu délinquante de procéder à la gestion environnementale. Donc, non
seulement elle engrange des profits, mais à la fin, souvent, le passif a
retombé sur la collectivité. Donc, nous, ce qu'on se dit, c'est que...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
M. Morin (Kevin) : ...il
faudrait que la sanction soit en conséquence de ça.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. On poursuit avec le porte-parole du deuxième groupe de l'opposition
pour trois minutes 18.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Bienvenue au Parlement. D'abord, votre
recommandation numéro quatre : intégrer les carburants alternatifs comme
le gaz naturel renouvelable, une solution favorisant une économie circulaire
dans la définition des VZE. Mais l'électricité, n'est-ce pas aussi quelque
chose qui serait de l'économie circulaire au Québec?
M. Landry (David) : Bien, en
fait, la définition actuelle prévoit, là, qu'on... que l'électricité soit
considérée comme une technologique pour les VZE. En fait, la... Comme on le
mentionnait tantôt, le problème, c'est que la capacité des batteries par
rapport à la réalité des véhicules lourds, notamment dans les collecteurs, ne permet
pas de répondre aux besoins opérationnels sur le terrain. Donc, considérant le
fait que la technologie n'est pas rendue là, ça serait intéressant de
considérer l'ajout de d'autres types de technologies, notamment le GNR, le GNR
qui... Bien, il y a certaines études, on pourra vous les envoyés, qui
démontrent que l'utilisation de GNR... en fait, une émission moindre, donc, au
niveau de la consommation, donc permettrait même une économie d'émission de
GES. Bien, ça rentre dans l'économie circulaire.
• (12 heures) •
M. Leduc : Mais une
initiative comme celle-ci ne va pas participer un peu à forcer la technologie à
aller plus vite plutôt que, si on dit : Non, non, laissez faire, on va
vers le gaz naturel? Ça ne va pas aller plus vite, la technologie, il me
semble.
M. Landry (David) : Mais il y
a peut-être une façon de le moduler, puis mes collègues pourront compléter. Je
pense qu'il y a une façon de le moduler. Cela étant dit, à court terme, disons
qu'on... je ne sais pas, disons que, demain matin, là, c'est adopté puis qu'on
a... il y a une obligation d'avoir des véhicules... la technologie n'est pas
là. Donc là, d'ici là, qu'est-ce qu'on fait pour se conformer à la
réglementation qui serait... qui serait adoptée, finalement? Donc, c'est un peu
la question.
M. Morin (Kevin) : ...complément
d'information, effectivement, c'est compte tenu qu'il y a une urgence...
12 h (version non révisée)
M. Morin
(Kevin) : ...climatique, appelons ça comme ça, bien, il y a des
solutions qui existent à très court terme en attendant que les autres solutions
émergent puis se développent. Donc, on ne dit pas non, on dit juste : Oui,
mais donnez un temps de prévisibilité, puis ça va permettre aux constructeurs.
Comme vous dites, s'ils n'ont pas cette pression-là, évidemment, probablement
que ça ne sera jamais fait. Donc, le geste de commencer de leur imposer quelque
chose est correct, là, puis, je pense, ils sont prêts à le faire, mais il faut
leur donner le temps parce que la limite technologique ne rencontrera pas l'urgence
climatique dans tous les cas. Donc, juste de trouver un bouquet énergétique qui
permet de développer d'autres technologies avant celle de l'électricité.
M. Leduc : Parce que je me
rappelle que, quand on... il y avait des premières mesures pour un peu forcer
les autos électriques... pas forcer, mais, en tout cas, inciter les autos
électriques, le réflexe de bien du monde, c'était : Ah! bien, on a encore
besoin du gaz pour cinq, 10, 15, 20 ans. Mais, cet argument-là, on dirait qu'il
revient toujours, tu sais, on l'a entendu au début des années 2000, on l'entend
en ce moment, puis j'ai bien l'impression qu'on va l'entendre encore dans 20
ans, qu'on va encore besoin du gaz pour 50 ans. Ça fait que c'est pour ça, je
vous dis : Bien, il faudra peut-être, à un moment donné, comme donner un
petit coup pour la bouger, l'aiguille, là.
M. Landry (David) : Je pense
qu'on partage l'objectif long terme puis on... mais on produit déjà du GNR au
Québec à partir des résidus alimentaires notamment.
M. Leduc : Est-ce qu'on en
produit assez pour les objectifs qui seraient là?
M. Landry (David) : Bien, en
tout cas, on a... on a des membres qui sont prêts à contribuer pour ça.
M. Morin (Kevin) : Puis l'objectif
avec... dans le... avec... dans le réseau d'Énergir, c'est d'augmenter la cible
jusqu'à 10 %, ce qui est prévu à court terme. Donc, il n'y a pas d'enjeu
actuellement, non seulement en plus qu'il pourrait être créé dans cette
optique-là, mais ce gaz-là est déjà généré. Donc, ce n'est pas du nouveau, là,
c'est... c'est déjà une matière première qui existe. Donc, dans ce contexte-là,
elle est disponible à court terme dans une approche d'économie circulaire.
M. Leduc : C'est tout.
La Présidente (Mme Blouin) : Ça
complète?
M. Leduc : Oui. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Parfait.
Merci beaucoup. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous avez trois minutes
18.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Madame, Messieurs, merci pour votre présentation. Je voudrais
aborder la question de la traçabilité des matières résiduelles. Qu'est-ce que l'Ontario
a qu'on n'a pas? Pouvez-vous synthétiser, là, les bonnes pratiques qu'on
pourrait importer de chez nos voisins?
M. Landry (David) : Bien,
rapidement, en fait, le... présentement, dans toute la gestion des... du... de
la traçabilité des matières résiduelles dangereuses au Québec, là, il n'y a pas
de système électronique, là, en place. Donc, c'est un rapport annuel qui est
produit par les entreprises qui sont dans ce secteur-là. Donc, en important un
système qui est comparable à l'Ontario, un système électronique dans lequel il
y a à la fois le transporteur, le producteur puis finalement l'entreprise qui
va gérer la matière à la fin, ça serait vraiment intéressant, ça faciliterait
aussi l'approche et le... la traçabilité. Nous, ce qu'on recommande, par contre,
c'est que c'est bien de s'inspirer des meilleures pratiques, mais il faut aussi
l'arrimer pour... avec le fédéral notamment pour éviter une surcharge de
travail.
M. Arseneau : Puis,
justement, comment procéderaient ces... on procédait pour cet arrimage? Encore
une fois, qu'est-ce que le fédéral fait... En fait, c'est quoi, le
dédoublement, c'est ça, c'est... Est-ce qu'on doit refaire ou on fait les
choses différemment de...
M. Morin (Kevin) : Bien, en
fait, oui, tout à fait, le dédoublement est un... est assurément un frein à ça.
L'enjeu, c'est que, les matières, notamment dans ce secteur-là, il y a une...
il y a une circularité ou il y a une forme de transport qui se fait entre
différentes juridictions, parce que ce n'est pas chaque juridiction qui est
capable de traiter certains types de matières. Donc, comme il y a une grande
circularité sur le territoire canadien, mais notamment auprès des juridictions
qui nous entourent, bien là, c'est là... c'est d'autant plus pertinent de discuter
avec eux de comment l'implanter. On a eu des matières qui ont eu une
traçabilité au Québec, mais, comme il y a un grand... moins grand transport
entre les provinces, bien, la question se pose moins. Là, dans ce contexte-là,
considérant que ça prend une expertise précise, c'est... c'est vraiment précis.
L'élément particulier sur lequel il devrait y avoir un arrimage avec l'Ontario,
on ne pourrait pas vous dire actuellement, mais on pourrait voir venir sur l'élément
particulier ou plus significatif.
M. Arseneau : Excellent.
Merci beaucoup pour votre réponse. La conciliabilité de la réglementation
provinciale et municipale, bon, les unions municipales sont venues nous dire qu'il
fallait non seulement saluer cette nouvelle mesure, mais qu'il fallait aussi
permettre à certaines municipalités de faire valoir leurs particularités. Qu'est-ce
qui vous agace là-dedans précisément? Est-ce que vous ne reconnaissez pas que,
dans différentes régions du Québec, on peut avoir différents enjeux,
écosystèmes, difficultés ou contraintes d'approvisionnement?
Mme Messih (Sandra) : On le
reconnaît. On le reconnaît. On le sait... On sait très bien qu'il y a des
municipalités qui ont leurs particularités. C'est l'enjeu de prévisibilité
aussi que l'on veut, d'homogénéité et de contrôle ne serait-ce que le ministère
puisse faire pour approuver les particularités. Alors, nous, on proposait, si
vous allez dans ce sens-là, d'avoir une approche peut-être plus régionale et
de... si les municipalités concernées démontrent le pourquoi du comment elles
ont besoin de spécificités qui vont au-delà de la réglementation et que c'est
approuvé par le ministère, bien, qu'on puisse avoir cette vue d'ensemble là,
parce que beaucoup de nos membres travaillent partout au Québec, et ce qu'on a
peur, c'est que ça devienne un peu... très, très hétéroclite et que, dans le
fond... Mais on reconnaît très bien qu'il peut y avoir des particularités au
niveau des municipalités. L'enjeu aussi, c'est... c'est les ressources pour
gérer ça, faire le suivi. Puis on le sait, qu'en région du moins, c'est plus
difficile.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Un
grand merci pour votre contribution à nos travaux. On va suspendre quelques
instants, le temps d'accueillir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 06)
(Reprise à 12 h 12)
Le Président (M. Bernard) : Bonjour,
tout le monde. La commission va reprendre, donc, ses travaux. Nous accueillons
l'Association canadienne des constructeurs de véhicules conjointement avec la
Corporation des concessionnaires automobiles du Québec et avec les
Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada. Pour les gens qui nous
écoutent, nous aurons la traduction simultanée, que vous aurez accès donc
vous-mêmes également. Premièrement, aussi, je voudrais avoir le consentement
pour pouvoir dépasser l'heure allouée, pour avoir notre bloc au complet de 45
minutes.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Bernard) : Consentement.
Merci. Donc, j'invite les membres de la commission à se présenter, s'il vous
plaît. Vous allez par la suite disposer d'une période de 10 minutes pour les
échanges, et nous passerons par la suite à la période d'échange avec les
collègues de la... les membres de la commission. Merci. Allez-y.
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Alors,
Ian Sam Yue Chi, président-directeur général de la Corporation des
concessionnaires automobiles du Québec. Patrice.
M. Maltais (Patrice) : Patrice
Maltais. Je suis directeur pour les parties prenantes et les affaires
québécoises pour Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada. Alors, merci.
Vous pouvez. Vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation.
M. Kingston
(Brian) :
Et
Brian Kingston, «president and CEO of the Canadian Vehicle Manufacturers'
Association».
Le Président (M. Bernard) : Alors,
merci. Vous pouvez... Vous disposez, pardon, de 10 minutes pour faire votre
présentation.
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Merci.
Merci, mesdames et messieurs les élus. Je vais me permettre de cadrer ma
présentation dans... dans mon texte, je vais lire cette fois-ci. Puisqu'on est
trois associations, vous le constatez devant vous, alors le temps est limité,
puis on a des choses à vous dire, les trois.
Alors, merci d'abord de nous donner
l'occasion de vous entretenir sur nos enjeux, nos préoccupations en lien avec
la loi n° 81... plutôt le projet de loi n° 81, qui vise... qui est une
composante supplémentaire dans l'électrification des transports, dans ce cas-ci
le camionnage, les camions lourds, bien sûr. En tant que P.D.G. de la
Corporation des concessionnaires automobiles du Québec, je tiens à souligner
l'engagement de notre industrie à participer activement à la transition
énergétique. Cependant, nous croyons fermement que cette transition doit être
guidée par une approche équilibrée, pragmatique et cohérente avec les réalités
économiques et technologiques de notre époque. L'électrification des
transports, notamment pour les véhicules lourds, représente une ambition noble,
mais elle s'accompagne de défis complexes : des technologies encore
émergentes, des coûts élevés, un manque d'infrastructures adaptées et une...
une adoption, pardon, limitée à ce jour.
Nous plaidons pour une démarche
progressive et une vision agnostique sur le plan technologique. Cela signifie
que, plutôt que de privilégier une solution unique, nous devons encourager un
éventail de technologies afin de maximiser nos chances de succès tout en
répondant au défi unique du transport lourd. L'harmonisation avec les autres
juridictions nord-américaines est également essentielle. Nos marchés sont
profondément interconnectés, et des normes mal alignées pourraient non
seulement isoler le Québec, mais aussi nuire à sa compétitivité économique, en
particulier pour nos concessionnaires et nos transporteurs.
Enfin, il est impératif que cette
transition soit accompagnée de mesures concrètes : des incitatifs
financiers pour encourager l'adoption de nouvelles technologies, des
investissements massifs dans les infrastructures de recharge et de
ravitaillement et un dialogue continu avec l'industrie. Ces éléments sont
indispensables pour que nous puissions atteindre nos objectifs climatiques tout
en préservant la vitalité économique de notre province. Nous ne sommes pas ici
pour freiner la transition, bien au contraire, nous sommes ici pour proposer
des solutions réalistes adaptées aux besoins du marché et des consommateurs.
Nous sommes convaincus que, par la collaboration, nous pouvons transformer les défis
en opportunités et faire du Québec un leader nord-américain en matière de
mobilité durable. Merci.
Brian, tu veux poursuivre.
M. Kingston (Brian) : Merci
beaucoup, et tous les membres de la commission, nous vous remercions de nous
donner l'occasion d'exprimer notre point de vue sur le projet de loi n° 81. Les
constructeurs automobiles...
M. Kingston (Brian) : ...se
sont engagés dans l'électrification des transports. Le membre de l'ACCV, which
is l'Association canadienne des constructeurs de véhicules ont annoncé des
investissements de plus de 1 milliard de dollars au Québec pour construire
la chaîne d'approvisionnement Nord-américaine de véhicules électriques, le VE.
Nous sommes ici aujourd'hui pour inviter le gouvernement à reconsidérer l'obligation
d'imposer des dates pour la vente de véhicules lourds à zéro émission. La
technologie pour les véhicules électriques lourds est encore à ses débuts et
nécessiterait une approche plus réfléchie et nuancée. Les obstacles techniques
comme la densité énergétique, l'autonomie et les temps de recharge, ainsi que
les différents cas de l'utilisation de ces véhicules sont plus complexes à
surmonter. Les mandats de vente du gouvernement pour les véhicules légers
devraient servir de mise en garde. La technologie des véhicules légers est
beaucoup plus mature, mais l'approche règlementaire du gouvernement pose des
défis majeurs qui auront des conséquences économiques pour le Québec. La même
erreur ne doit pas être répétée pour les véhicules lourds. La transition... la
transition vers l'électrique dépend de conditions de marché favorable, de
l'infrastructure de recharge et des ravitaillements qui sont fiables et
accessibles, ainsi qu'une capacité de réseau et d'une production électrique
accrue.
Nous recommandons donc au gouvernement de
concentrer ses efforts sur la résolution de ce défi, qui sont des facteurs clés
de l'adoption des VE, plutôt que d'imposer des mandats pour la vente des
véhicules dans la province. Si le gouvernement décidait de mettre en place une norme
zéro émission pour les véhicules lourds, nous recommandons néanmoins des
modifications pour améliorer leur faisabilité du projet de loi, y compris des
changements concernant la définition d'un véhicule automobile lourd, la
flexibilité pour le système de crédit et l'inclusion d'un mécanisme de
révision. Plus important encore, nous recommandons au Québec de maintenir la
cohérence de ces normes avec le marché nord-américain dans son ensemble. Une
approche règlementaire isolée ou mal alignée compromettra l'intégration du
Québec dans la chaîne d'approvisionnement, le maintien... ainsi ses
perspectives économiques. Merci beaucoup.
M. Maltais (Patrice) : Bien,
d'abord, merci aux membres de la commission de nous accueillir aujourd'hui. Les
constructeurs mondiaux automobiles du Canada appuient les efforts de
décarbonisation du gouvernement. Les investissements de nos membres au niveau
mondial et au Canada témoignent de notre engagement pour réduire la facture
carbone de l'industrie automobile. Cela dit, la proposition... introduire un
nouveau mandat VZE, cette fois visant les véhicules lourds nous apparaît
prématurée, encore plus que pour les véhicules légers à l'époque de
l'introduction du mandat les concernant. L'offre de solutions réduites en
carbone pour les véhicules lourds n'en est qu'à ses balbutiements. Notre
inquiétude première est toujours qu'on mandate une technologie plutôt que de
placer l'emphase sur le but ultime du gouvernement, et j'ajouterais l'intérêt
industriel même, la réduction des gaz à effet de serre. La solution tout
électrique n'est peut-être pas la meilleure à ce stade-ci pour les véhicules
lourds.
Nous privilégions une approche agnostique
au niveau technologique afin de laisser une place aux solutions alternatives
existantes ou à venir pour répondre à la problématique des GES pour le
transport lourd. À tout le moins, on ne devrait pas oublier la place des piles
à combustible comme étant une piste de solution au problème des émissions. Nous
renouvelons également notre demande pour qu'une consultation annuelle soit mise
sur pied pour évaluer le marché, les cibles de réduction de GES et les moyens
pour y arriver pour favoriser l'atteinte des objectifs communs du gouvernement
et de l'industrie, consultation qui aurait avantage à exister également pour
les véhicules légers. Merci beaucoup.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Bernard) : Merci
pour votre présentation. Merci, M. Kingston pour votre présentation en
français. Nous allons maintenant procéder avec les échanges avec les
parlementaires en débutant par le groupe gouvernemental. M. le ministre, vous
disposez d'une période de 16 minutes 30 s.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à vous trois. Très, très intéressant et merci de votre
présence, mais j'allais faire comme le président, vous remercier pour l'effort
en français, c'est très, très apprécié. Et aux deux autres personnes qui vous
accompagnent, je vous félicite, votre français est également fort bon, mais
c'est très, très apprécié. Ceci dit, c'est un des éléments importants du projet
de loi ou à tout le moins qui fait réagir beaucoup. C'est peut-être l'occasion
d'apporter certaines...
M. Charette : ...certaines
précisions que j'ai faites à quelques reprises, là, depuis le début des
consultations, mais également au cours des dernières semaines. C'est un projet
de loi qui touche l'ensemble de nos lois, plusieurs de nos règlements
également. Et lorsqu'il est question de norme VZE pour les véhicules lourds,
c'est un pouvoir essentiellement habilitant, c'est-à-dire ça va donner le droit
et la possibilité de réglementer cette question-là. Cependant, il n'est pas
question, dans un avenir prévisible ou à court terme, de passer à l'étape
suivante, c'est-à-dire d'adopter une réglementation à ce niveau là. Vous avez
fait valoir des éléments qui sont importants. D'autres ont pu faire valoir des
éléments semblables au niveau technologie, au niveau des disparités régionales
et autres.
Donc, ce sont des éléments pour nous, là,
qui sont naturellement prises en compte, mais c'est sans doute important à ce
moment ci d'envoyer le signal que dans les prochaines années, c'est quelque
chose sur quoi on devra réfléchir. D'où le pouvoir habilitant qu'on se donne à
travers ce projet de loi là. Et il y a déjà des avancées technologiques
importantes qui ont été réalisées, qui ont été faites ces dernières années au
niveau des véhicules plus lourds. Donc, peut-être vous rassurer à ce niveau là.
Et si éventuellement, il y avait une réglementation qui était développée,
naturellement, c'est tout le cycle des consultations qui... qui se fera, et
autant l'industrie que les différentes parties prenantes auront la possibilité,
là, de réagir à cette réglementation là. Mais, encore une fois, on a fixé un
petit peu l'échéancier pour les prochains mois, la prochaine année, avec un
rendez-vous important début 2026 pour les véhicules lourds, donc... les
véhicules légers, c'est-à-dire. Donc, nos efforts sont consacrés davantage à
cette question là à ce moment-ci.
En même temps, je vous invite à continuer
vos efforts pour faire améliorer cette technologie. Vous allez me permettre de
vous taquiner. C'est sans aucune méchanceté, mais à la lecture de votre
mémoire, on retrouve essentiellement les arguments que vous aviez en 2016 quant
aux véhicules légers. Vous le disiez que ce n'était pas le bon moment, que la
technologie n'était pas prête, que ce n'était pas une bonne idée. Et au final, au
niveau des véhicules légers, il y a énormément de progrès qui ont été réalisés
au cours des dernières années et les objectifs qui ont été fixés à travers la
réglementation VZE et qui vous ont été imposés en quelque sorte, ont tous été
largement dépassés. Donc, il ne faut pas partir avec la prémisse que c'est
impossible. Mais on comprend qu'à ce moment-ci, on serait mal avisé d'aller
avec une réglementation stricte pour les véhicules davantage lourds.
Votre présence nous offre une belle
occasion de déborder légèrement la question du projet de loi lui - même. Ces
derniers jours, ces dernières semaines, on est en quelque sorte frappé par une
nouvelle réalité géopolitique au niveau de l'électrification des transports. Et
ce que l'on a dit au moment de l'adoption de la loi il y a quelques années, et
avec les ajustements, il faudra toujours être habile et il faudra toujours être
agile pour réagir à la situation. Et c'est la raison pour laquelle, en fin
d'année dernière, on a mentionné au moment de l'édiction de la réglementation
pour 2035, que 2026 sera une année justement pour évaluer où on en est au
niveau de notre réglementation. Est-ce que les objectifs sont encore
d'actualité? Est-ce qu'ils sont surtout réalistes? Est-ce qu'ils sont
réalisables? Est-ce que le système de sanctions, le système d'obligations qui a
été adopté est encore applicable? Donc, peut-être vous envoyer le message
suivant En début 2026, on procédera à cette évaluation-là. Et dans les faits,
on lit l'actualité comme vous, nous sommes en communication avec différentes
parties prenantes, et on comprend bien que c'est un domaine, là, qui est
passablement bouleversé.
On parle beaucoup de l'élection
américaine, mais il y a d'autres acteurs aussi qui sont intervenus, du côté
européen notamment, et le Québec, quoiqu'un leader en matière d'électrification
des transports, et le Québec entend le demeurer très certainement, on ne peut
pas, à nous autres seuls, comme État, dicter un marché nord-américain. Donc, on
a des partenaires importants dans cette... dans ce défi-là. On est avec la
Californie, avec la Colombie-Britannique, avec d'autres États aussi, solidaires
avec une certaine réglementation qui est, sans dire uniforme, mais qui est
relativement homogène. Donc, on ne pourra pas faire cavalier seul. Donc, avec
les partenaires, avec l'évaluation du marché au cours de la prochaine année, on
sera en mesure de confirmer en début d'année prochaine où on va pour les
prochaines étapes.
Je sais que de vos membres certains...
M. Charette : ...que, dès
aujourd'hui ou dès les prochaines semaines, on enlève la date de 2035, qu'on
enlève les obligations qui vous sont adressées, mais il est beaucoup trop tôt
pour arriver à cette conclusion-là à ce moment-ci. 2024 a été une année record
en termes de ventes des véhicules électriques. Dans les prochaines semaines, on
va publier nos chiffres. On sait qu'on se rapproche de 40 % des véhicules
légers vendus qui étaient... qui étaient conformes à la norme VZE. Donc, c'est
une belle année. En même temps, on sait que, 2024, il y avait eu ce signal-là
pour la réduction des subventions et la fin progressive des subventions, donc
ça a sans doute permis à certains acteurs, à certains joueurs, c'est-à-dire de
devancer leurs achats. Donc, 2024 est un petit peu artificiel, 2025 va nous
permettre d'avoir un véritable portrait. Et c'est après qu'on sera en mesure,
là, de voir : Est-ce que l'on peut tenir la route avec les exigences et
les obligations qui nous ont... qui nous ont guidés, là, au cours des dernières
années? Donc, c'est le signal que je voulais vous réitérer, mais il serait
certainement et assurément trop tôt d'envoyer ce signal-là maintenant, parce
qu'il y a un élan qui a quand même été créé, là, au cours des dernières années.
Et, naturellement, vous serez consultés au cours de la prochaine année. Vous
serez interpelés, vous serez sollicités pour nous transmettre certaines
informations, et on sera intéressés à entendre votre expertise. Je ne sais pas
si, à ce moment-ci, vous voulez réagir à mes propos. Sinon, j'ai des collègues
qui seront très intéressés à vous entretenir pour les minutes qui nous restent.
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Puisque
vous m'y invitez, M. le ministre, bien, oui. Puis on est d'accord, ça a bien
été jusqu'ici au niveau du véhicule léger. J'oserais dire, je... En raison de
l'effort collectif, toutes les parties prenantes ont joué leur rôle là-dedans,
incluant les manufacturiers et les concessionnaires qui étaient là pour servir
les Québécois, expliquer le produit aussi et même faire preuve d'un certain...
d'une certaine compétence didactique pour éduquer le grand public quant à
l'opportunité de transiter vers le véhicule électrique. Le gouvernement du
Québec a été là comme... comme... comme personne en termes d'incitatifs à
l'achat de ces véhicules électriques là aussi, puis on le reconnaît, puis
l'effort a été... a été massif du côté du gouvernement du Québec. Puis aussi
j'oserais dire que, même au niveau de l'infrastructure de recharge, le Québec a
fait preuve d'un très grand leadership. Lorsqu'on se compare aux États
américains et aux autres provinces canadiennes. Donc, jusqu'ici, chaque partie
prenante a joué son rôle. Ce qui nous a inquiétés dans les derniers temps et ce
qui nous inquiète pour les prochains mois, c'est justement le retrait, dans ce
cas-ci, progressif du Québec quant aux incitatifs, quand on regarde ce qui
s'est passé dans d'autres marchés, notamment le marché européen, lorsque des
décisions semblables ont été prises. Alors, oui, comme industrie, on est
préoccupés, oui, on reçoit positivement votre message de prudence et de
pragmatisme aujourd'hui, de dire : Bien, oui, on va se... on va prendre
une période de temps pour voir où on en est début 2026. Puis nous, on sera
toujours là pour collaborer avec vous pour... pour échanger, pour vous dire où
on en est lorsque vous nous inviterez à le faire. Alors, comptez sur nous, M.
le ministre.
Le Président (M. Bernard) : Nous
allons céder la parole au député de Masson. Vous disposez de sept minutes
30 secondes.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Merci, M. Maltais, M. Sam Yue Chi, M. Kingston, d'être avec nous ce
matin. Ce n'est la première fois qu'on a la chance de discuter ensemble, mais
très heureux de vous revoir aujourd'hui. Juste à savoir, vous avez plusieurs
inquiétudes, vous avez... Donc, parmi vos premiers problèmes que vous
mentionnez dans votre mémoire, là, je crois que c'est à la page cinq, là,
vous... mais avec... en lien avec l'article 2, vous mentionnez la
différence de poids avec les véhicules, vous dites qu'il y aurait une
différence dans la définition avec les PNBV versus le GCWR, là, avec le poids,
mais, tu sais... Je comprends que c'est technique, là, mais en même temps je
voudrais savoir, tu sais, comme, si nous, notre intention... Par exemple,
est-ce que vous croyez que ça pourrait être intéressant que, dans un premier
temps, si on allait de l'avant, on irait... Tu sais, si on visait plus les
petits camionnages... local, là, tu sais, comme les camions de livraison pour
de la livraison plus locale, est-ce que vous croyez que ça serait une bonne
idée de débuter par ce type de camions?
• (12 h 30) •
M. Kingston
(Brian) :
Yes,
apologies, I'll have to respond in English.
M. Lemay :
Yes, no worries, go ahead.
M. Kingston
(Brian) :
So,
yes, on that, and we have a specific recommendation in our brief around the
definition that is used. But right now, in the definition in the bill, it's
based on a vehicle... gross vehicle weight rating, including that of any
trailer, a semi-trailer or detachable axle towed by that vehicle. We are
suggesting removing that so that it's focused on what... what is in the
industry in terms of the definition of a heavy-duty vehicle and...
12 h 30 (version non révisée)
M. Kingston (Brian) :
...vehicle, and that's using the gross vehicle
weight rating and that's any vehicle over 4 500 kg. So, we think with that
change, it will be much clearer for the industry what is classified as heavy
duty. And, that way, you don't accidentally capture vehicles which in fact are
not heavy duty, but they may be pulling a trailer that puts more of that weight
rating. So, we have a very specific recommendation that we'd like to make there
to clarify that.
M. Lemay : O.K., puis, en
sous-question, si vous croyez que si on allait... si... admettons, si on visait
plus le camionnage pour la livraison locale, donc les petits camions de
livraison, est-ce que vous croyez que ce serait une bonne idée de débuter par
cibler ce type de camions lourds?
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : En
ce qui me concerne, je pense que ce serait une bonne idée, parce que c'est deux
réalités, le circuit court, le circuit long, deux types de camions aussi, et
des technologies qui n'ont pas atteint jusqu'ici le même degré de maturité.
Alors, oui, la réponse, très clairement, ça ferait... ça ferait du sens.
Patrice ou Brian?
M. Maltais (Patrice) : En
fait, oui, ce serait une bonne idée, parce qu'au niveau de ces camions-là, vu
que ce n'est pas des camions qui sont très, très lourds... puis encore là qui
font... ils font des circuits plus courts, il y a déjà une offre qui a commencé
à être établie sur le marché. Donc, ça... d'avancer avec ces... avec ces
véhicules-là en premier, ce serait très... ce serait une très, très bonne idée,
parce qu'on est déjà... On a déjà commencé avec ces véhicules-là à être capable
de les électrifier. Ça va nous permettre d'apprendre beaucoup sur les types d'usages
que les consommateurs vont faire de ces véhicules-là pour être capables de
justement avancer la technologie pour d'autres classes plus tard.
M. Lemay : D'accord. Puis je
pourrais regarder tous vos neufs problèmes que vous avez identifiés dans votre
mémoire, là, mais allons directement au problème numéro neuf, là, vous parlez
des autres modifications législatives. On a eu la chance de se parler aussi de
la... puis des batteries des véhicules électriques. Là, vous en faites mention.
Je ne sais pas si vous voulez faire de quoi... parler plus spécifiquement de ce
point-là au micro. Je comprends que c'est connexe au projet de loi n° 81,
là, puis ce n'est pas identifié spécifiquement dans le projet de loi n° 81,
mais vous le mentionnez dans votre mémoire, si vous voulez peut-être me faire
un petit mot sur ce point-là, je serais intéressé de vous entendre.
M. Maltais (Patrice) : En
fait, l'industrie établit, en collaboration, d'ailleurs, avec le ministère puis
Recyc-Québec, un programme de récupération et de recyclage, de réutilisation
aussi des véhicules... des batteries de véhicules électriques. C'est un
programme qu'on a... qu'on s'est engagé avec le gouvernement à faire. Ce n'est
pas... ce n'est pas un... ce n'est pas un country club, là, que c'est... une
fois qu'on est... une fois qu'on est engagés, on doit vraiment remplir ces
obligations-là. On l'a fait de façon transparente avec le gouvernement. Puis d'ailleurs
on va commencer à donner des rapports cette année sur les résultats qu'on a...
qu'on a eus avec ce programme-là.
C'est un programme d'ailleurs qui... sur
lequel on apprend beaucoup, mais qui fait des petits. Il y a d'autres... il y a
d'autres provinces puis il y a d'autres juridictions, même aux États-Unis, qui
regardent à faire... à faire soit une copie ou une adaptation de ce
programme-là. Donc, on est... on est fiers que le Québec a embarqué avec nous
autres là-dessus, parce qu'on fait figure de proue. En fait, on est... on est
leader là-dessus au Québec, avec l'industrie, puis c'est... Puis on aimerait ça
autant que possible de pouvoir continuer à peaufiner ce programme-là plutôt qu'avoir
une réglementation qui nous imposerait une... qui pourrait éventuellement
endiguer un peu, là, ce qu'on est en train d'essayer de faire.
M. Kingston
(Brian) :
Yes,
just very quickly. Yes, this is a very innovative program, it's industry led in
collaboration with Government. It gets rid of the need for a regulatory
approach. We don't need a regulatory approach, because the industry is managing
this and we will be submitting our report on the success of the program, some
of the early findings in the near future. So, I think it's a great example of
turning to industry to solve this problem. And we're doing it, and we'll
continue to do so.
M. Sam
Yue Chi (Ian P.) : En français, on dit : If it's not broken, don't
fix it, quelque chose comme ça.
M. Lemay : Je comprends...
pour la traduction. Dites-moi, avec ce qui se passe du côté des États-Unis,
puis la fin des subventions fédérales américaines, est-ce que... dans la
prévisibilité que vous avez ou vos hypothèses, est-ce que vous ne croyez pas
justement que la fin des subventions fédérales américaines va... est-ce que ça
va faire en sorte que ça va rendre les véhicules électriques disponibles pour
des marchés où c'est qu'on... l'électrification est déjà très avancée? Est-ce
que vous avez cette vision que vous voudriez partager avec nous?
M. Maltais (Patrice) : On
est... on évolue dans un marché nord-américain qui est quand même relativement
intégré. Puis généralement, ce qu'on... ce qu'on apporte au Québec, ce qu'on
apporte au Canada, c'est aussi la flotte de véhicules ou l'offre de véhicules
qui est offerte aux États-Unis. Là où on a une inquiétude sur ce qui se passe
aux États-Unis, c'est qu'avec la... avec la réduction des incitatifs aux
États-Unis puis la réduction, en fait, de la demande, ça risque en fait de
diminuer l'offre ou de diminuer le choix des véhicules disponibles pour l'ensemble
de l'Amérique du Nord. Donc, ça ne va pas nécessairement faire en sorte qu'on a
plus de véhicules qui sont disponibles au Québec, peut-être en termes de
nombre, mais... mais pas nécessairement en termes de choix.
M. Kingston (Brian) : Yes, I would just add that the... as the incentive decreases
towards the limit made in the US...
M. Kingston
(Brian) :
...made
in the U.S. that will have an impact on demand for electric vehicles, but it
will not have an impact on the current production of the American manufacturers
of these vehicles. And the reason I say that is because the industry is highly
regulated on its emissions and the emission standards in the United States are
becoming increasingly complex and stringent. And the only way for a
manufacturer to comply is through electrification, and that includes full
electric but also plug-in hybrids, hybrid technology, fuel cell, you name it.
So, regardless of the incentives, that will impact the current consumer demand
in the market, but manufacturers are moving in this direction. The question is
just what is the... and what is the timeline.
Une
voix : ...
Le Président (M. Bernard) : Merci.
Oh! Excusez. 15 secondes.
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Réponse
très concessionnaire. Le risque, c'est justement que... Encore une fois, je
vais parler en français. Que le marché du Québec devienne un marché de dumping
de véhicules électriques pour les manufacturiers, de sorte que les concessionnaires
québécois, les 890 PME que je représente pourraient avoir une difficulté à
faire tourner tous ces inventaires-là sur le marché du Québec avec la pression
manufacturière. Messieurs, je suis obligé de le mentionner.
Le Président (M. Bernard) : Parfait.
Merci, messieurs. La période d'échange est maintenant terminée. Nous allons
passer la parole à l'opposition officielle. Mme la députée, vous disposez d'une
période de 9 min 54 s.
Mme Dufour : Merci, M.
le Président. Peut-être... Et merci à vous trois, là, d'être ici, mais
peut-être continuer sur ce que vous mentionniez juste à l'instant. Le dumping
chez les concessionnaires peut-être nous expliquer qu'est-ce que ça...
Qu'est-ce que... Comment ça se passerait exactement, l'impact?
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Un
cours rapide de l'industrie automobile détail. Les manufacturiers, ils design,
produisent des véhicules pour les mettre dans les lots, dans les inventaires
des concessionnaires. À partir du moment où le véhicule est sur le lot du
concessionnaire, le concessionnaire assume les coûts financiers reliés à
l'inventaire et le risque associé aussi. Alors, les manufacturiers vont
toujours chercher à faire tourner les inventaires, les modèles, là où ça va le
mieux. Advenant un isolement québécois avec une norme bien spécifique dans un
contexte nord-américain il est à risque qu'effectivement les véhicules
viennent. Puis les véhicules sont déjà ici. En passant, ça va très bien, les
inventaires sont bien garnis malgré toutes les ventes qu'on a faites en fin
d'année. Et là, la conséquence, c'est que des concessionnaires pourraient avoir
des coûts financiers trop élevés pour pouvoir continuer d'opérer strictement
sur le marché du Québec. Alors, il y a un risque de coût financier pour les
concessionnaires du Québec.
Mme Dufour : Mais est-ce
que ça pourrait amener des concessionnaires à fermer à ce moment-là?
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Tout
à fait. Les manufacturiers, avec les normes des états, sont toujours devant un
choix de dire on pousse l'inventaire d'électrique parce qu'il est disponible en
fonction du déploiement mondial ou dans certaines situations, puis je ne
nommerai pas de marque, mais dans certaines situations, les manufacturiers font
aussi le choix de réduire leurs allocations complètes sur le marché. Ça a été
le cas pour certains manufacturiers déjà ici au Canada et au Québec, de sorte
que les concessionnaires ont beaucoup moins de véhicules globalement, tant à
essence qu'électriques, à vendre. Et ça devient un plan d'affaires un peu plus
difficile à soutenir et parfois insoutenable. Donc, il y a un risque. C'est un
risque qui est théorique pour le moment, mais qui pourrait devenir très, très
réel avec un isolement réglementaire québécois.
Mme Dufour : Moi,
j'avais une question concernant s'il y a moins de véhicules électriques qui se
vendent parce que, par exemple, les aides gouvernementales ne sont plus là,
mais que les coûts ne sont pas encore au même niveau qu'un véhicule à essence,
est-ce qu'il y a un risque que, finalement, pour respecter les... les objectifs
de vente, bien, qu'on réduise le parc de véhicules à essence et donc que,
finalement, ça fasse augmenter le coût des véhicules dans leur ensemble? Je
voudrais vous entendre là-dessus, et je ne suis pas...
M. Kingston
(Brian) :
Yes.
Thank you. That is absolutely a risk. And that's a risk that we see with the
regulation in Québec as well as in B.C. In Québec, the target for 2025 is
22 %. That ramps up... It doubles to 45 % in 2027. That ius a huge
increase in the stringency of this target. If a manufacturer cannot meet that
target, can't meet the 45 % because there is no consumer demand for that
many electric vehicles, they can comply with credits that they've earned, but
those are limited. The only compliance pathway is to start restricting vehicles
into the Québec market, gas powered vehicles. Because they will comply. They
will never be out of compliance with the government regulation. They will
restrict the inventory. And that means there will be less vehicles for sale in
Québec, prices could increase. And this very damaging for the economy. We must
avoid that outcome.
• (12 h 40) •
Mme Dufour : Et donc, si
je comprends bien, votre crainte, ce n'est pas l'objectif de 2035, mais c'est
plutôt la...
Mme Dufour : ...vitesse à
laquelle ça augmente jusqu'en 2030, est-ce que c'est bien ça? Parce
que... It's very steep.
M. Kingston
(Brian) :
...steep
and it really start to steep in starting with next year, where we see this
ramping up towards that goal of getting to 100%, and it's going to move faster
than the market is willing to bear, in our opinion.
M. Sam
Yue Chi (Ian P.) : Et il y a plusieurs effets pervers, si je peux me
permettre, Brian, puis certains effets pervers sont très peu connus, dont un...
on peut... on peut le nommer, là. Le rapport sur l'exécution de la norme VZE
est sorti hier, puis on peut constater que les grands gagnants de tout le plan,
d'un point de vue financier, c'est Tesla, avec 31 000 crédits qui ont
été vendus à d'autres manufacturiers qui sont là depuis parfois plus de
60 ans au Canada, qui devaient, eux, réinvestir pour faire cette
transition-là, alors que ce n'était pas le cas pour Tesla.
Donc, parfois, dans le design, une bonne
idée qui existait en 2016 peut devenir une très mauvaise idée aujourd'hui, en
2025. Donc, je pense qu'à titre de parlementaires vous devrez vous poser la
question : Dans le design de votre action gouvernementale, l'action
bénéficie à qui? Puis, dans ce cas-ci, bien, Tesla, une entreprise qui a très
certainement un produit appréciable pour les Québécois mais qui n'investit pas
ni dans les collectivités, ni dans... ni dans le bâti au Québec, ni dans tout
ce qui est médias traditionnels.
Donc, il y a d'autres effets pervers
collatéraux à des normes VZE. On ne dit pas que la norme VZE n'est pas... n'est
pas utile. Je pense qu'elle a porté certains fruits jusqu'ici, pairée avec les
incitatifs, mais là, présentement, par design, on a peut-être un enjeu ici.
Mme Dufour : Et, si je ne me
trompe pas, génère très peu d'emplois au Québec ou même au Canada, là.
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Vous
ne vous trompez pas.
Mme Dufour : Parfait. Alors
que votre industrie, les trois, en génère beaucoup, beaucoup, beaucoup,
d'emplois ici.
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Chez
les concessionnaires, c'est... c'est 60 000 emplois au Québec bien
rémunérés, tant les emplois techniques que de vente. Alors, oui, tout à fait.
Mme Dufour : 60 000
emplois, ce n'est pas rien. Je voudrais vous entendre sur le risque
d'isolement, là. Vous avez mentionné... En fait, bien, il y a un risque
d'isolement, mais est-ce que ça pourrait faire en sorte que des acteurs,
finalement, se retirent carrément du marché si la norme... Parce que le marché
québécois n'est pas si grand que ça quand on... On est une goutte à comparé du
reste de l'Amérique du Nord, là. Donc, je voudrais vous entendre sur ce
risque-là de voir des acteurs partir.
M. Maltais (Patrice) : Oui.
Ce risque-là est réel, je veux dire, j'ai... surtout parmi mes membres, j'ai
des membres qui sont plus petits que d'autres en termes... en termes de volume.
C'est toujours une question à savoir... Il faut faire la balance entre... entre
ce qu'on est capable de vendre, ce qu'on est capable aussi de faire en termes
de... en termes de marge puis d'être capable de faire aussi... faire vivre les
concessionnaires qu'on a sur le terrain puis aussi ce qu'on est capable de
vraiment produire puis ce qu'on est capable de... de rencontrer la courbe en
tant que telle. Je veux dire, la courbe au Québec est plus agressive que celle
de la Californie, c'est... ce n'est pas peu dire, là. Donc, j'ai des... j'ai
des membres qui y pensent puis ils pensent sérieusement : Est-ce qu'on va
prendre le risque d'avoir à payer des grosses, grosses pénalités ou d'avoir à
acheter des crédits à d'autres pour être capable de rester... de rester sur le
territoire ou est-ce qu'on va plutôt décider, bien, qu'on va... on va
malheureusement faire une croix sur ce marché-là, on n'est pas capable de
faire... de faire un profit ici?
Mme Dufour : Et je voudrais
vous entendre... parce qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, mais je
voudrais vous entendre sur deux points. D'abord, le cycle de développement des
produits, là, vous le mentionnez, on parle de combien d'années? Puis là autant
pour... ma question vaut autant pour le véhicule léger que le véhicule lourd,
là. Ça prend combien de temps, développer un nouveau véhicule?
M. Kingston (Brian) : It's a
very long lead time industry. So, you could be talking
anywhere from four to five years for a model-a-year cycle to take place, from
original design through to full scale manufacturing. In the heavy-duty space,
it can take even longer, particularly with these new technologies that are coming
into the market now.
Mme Dufour : Donc, une
norme... il faut nous... vous laisser beaucoup de temps pour que le marché soit
prêt pour arriver. Dans le cas des véhicules lourds, est-ce que c'est à peu
près les mêmes délais ou c'est... c'est plus long? Parce que, là, de... on a eu
un groupe juste avant vous qui nous disait que le marché n'était pas du tout,
du tout prêt. Donc là, on parle peut-être d'une décennie avant qu'on soit prêt
à avoir des véhicules lourds?
M. Kingston
(Brian) :
Yes. It
very much depends on the segment of heavy duty, and that's what makes heavy
duty so complicated. You know, as we said earlier, things like intracity
delivery vans, the technology is coming along quite nicely, and we're even
manufacturing one of those here, in Canada, now. But when you talk about long
haul transport, or, you know, fire trucks, or other sorts of heavy-duty
vehicles with specific purposes, it can take longer and in some instances we...
M. Kingston
(Brian) :
...we
don't have the technology yet that is suitable.
M. Sam
Yue Chi (Ian P.) : Si je peux me permettre un addition sans les
nommer, certains manufacturiers nord-américains rendent leurs chiffres
disponibles et, pour la majorité des manufactures, actuellement, leur ligne de
produits électriques n'est toujours pas profitable aujourd'hui, en 2025. Et les
chiffres que j'ai sont très récents, datent de l'an dernier, après la fermeture
des états financiers de certains manufacturiers. Alors, ça vous donne quand
même une idée du cycle d'amortissement et de rentabilité des véhicules, puis là
on parle de véhicules légers, bien sûr.
Mme Dufour : Exact, qui ont
commencé à arriver sur notre marché il y a quand même fort longtemps puis ils
ne sont toujours pas profitables. Je voudrais...
Le Président (M. Bernard) : Il
vous reste 30 secondes, Mme la députée.
Mme Dufour : Oui, je voulais
juste vous entendre sur l'idée d'inclure les véhicules lourds aux gaz
renouvelables. Est-ce que ça aiderait à amener le marché peut-être un peu plus
en avant?
M. Maltais (Patrice) : Oui.
Mme Dufour : Parfait. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Bernard) : Merci.
Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition,
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous disposez de trois minutes
18 secondes.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous trois. À la page quatre de votre mémoire, vous faites
référence à un terme que j'entends souvent ces temps-ci... bien, que j'entends
souvent dans le domaine de... économie, qui est l'impératif d'harmoniser les
modalités d'application d'une norme dans ce que c'est la norme VZE. Mais on
dirait qu'à chaque fois que j'entends ce terme-là «harmoniser», ce n'est jamais
pour rehausser la norme, c'est toujours pour baisser la norme par rapport à des
voisins des législatures qui seraient moins avancées en matière de protection
de l'environnement. Ça fait que je comprends que vous utilisez ce terme-là puis
c'est bien correct, mais est-ce que je dois bien quand même comprendre que,
quand vous dites harmoniser ici, c'est dans les faits, c'est la baisser pour
qu'elle soit au même niveau, plus basse que les voisins?
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : ...que
le verbe a été mal choisi, je dirais concerter pour harmoniser. Bien sûr, c'est
l'objectif, qu'il y ait une norme VZE à l'échelle nord-américaine dans un
contexte de camionnage lourd, où on vise le transport de marchandises ici, là.
Vous comprenez que ça peut passer d'une province à l'autre, et d'un État
américain à l'autre, et d'un pays à l'autre aussi. Pour nous, ça devient une
préoccupation de premier plan, encore plus que... Et M. le ministre avait
raison, en 2016, on avait à peu près le même argumentaire, mais j'ai envie d'en
rajouter une bonne couche ici, dans le contexte du véhicule lourd. Alors, pour
nous, c'est une question de zones nord-américaines qui, sauf avis contraire,
existent encore aujourd'hui en termes d'intégration de marché. On pense que
c'est une bonne affaire, on espère que ça va être maintenu comme ça. Mais ça
présuppose aussi qu'on se concerte avec nos voisins pour être certain d'avoir
quelque chose d'arrimé, et qui est cohérent, et qui fait du sens d'un point de
vue manufacturier et concessionnaire aussi.
M. Leduc : Mais est-ce que
vos vis-à-vis américains ou dans d'autres législatures ne pourraient pas
plaider aussi d'harmoniser ces autres législatures à la nouvelle norme
québécoise? Est-ce que ça marche des deux bords?
M. Maltais (Patrice) : Oui,
bien oui, ça marche, ça marche dans les deux directions. Mais ce qu'on a
souvent dit au gouvernement du Québec puis à la Colombie-Britannique
c'est : Travaillez ensemble pour faire des grands groupes pour être
capables d'avancer une norme, une norme ensemble. Parce que ça permet, en tant
que tel, d'avoir plus de volume pour être capable de pouvoir amortir ces
technologies-là. Le... en tant que tel, c'est à peu près... c'est à peu près
1 % du marché nord-américain. Ce n'est pas 1 % du marché
nord-américain qui va influencer le reste. Ceci dit, vous avez des bonnes idées
au Québec, puis je pense... puis on vous appuie là-dessus. Allez faire des
petits... allez parler à d'autre monde puis essayez de... ramassez du monde à
votre groupe pour qu'effectivement, quand on parle d'harmonisation, bien, on
parle d'harmonisation en montant puis en descendant. Mais, à l'heure actuelle,
oui, je vous dirais qu'il faut travailler avec... avec les réalités du marché
qu'on a, puis les véhicules qu'on apporte en Amérique du Nord ou qui sont
manufacturés ici, ils sont faits pour le marché nord-américain. Le marché
nord-américain, bien, c'est tout le monde avec les mêmes normes en Amérique du
Nord.
M. Kingston
(Brian) :
Can I
just add a quick point from a manufacturer perspective. When we talk about
harmonization, the reason that it's so important is because we want to win
investment and jobs in Canada, and what makes Canada attractive for these
companies, to manufacturers here is the fact that they send their products to
the United States. 90 % of what comes out of our factories goes to the United
States, and so, it's so important that our regulatory environment is harmonized
because, if it's not harmonized...
• (12 h 50) •
Le Président (M. Bernard) : Merci.
Le temps...
M. Kingston
(Brian) :
...it's
very difficult to have that... that it makes the case for investment here.
Le Président (M.
Bernard) :
Sorry,
but time is over.
M. Kingston
(Brian) :
Oh
yes, sorry. Thanks.
Le Président (M.
Bernard) :
Thank
you very much. Je cède maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine pour trois minutes 18 secondes.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Merci à vous trois pour votre présentation. C'est une discussion qui
est très intéressante. Vous avez donné des pourcentages tout à l'heure, là, sur
les objectifs de l'année prochaine et de l'année suivante...
M. Arseneau : ...27, le
45 %, le pourcentage de vente, véhicule léger, là, c'est de ça qu'on
parle, issu de la loi de 2017. Ma question est simple... faire écho aux propos
du ministre plus tôt, est-ce qu'on aurait à... En fait, ma question,
d'abord : C'est aujourd'hui, on en est où en 2024? L'objectif, c'était
19,5 %, les chiffres que vous avez par rapport à ça?
M. Kingston
(Brian) :
We
don't have the end of year for 2024, but, by the third quarter, it was... just
hit 34 %...
M. Arseneau : Donc, ma
question serait : Si on n'avait pas eu cet environnement réglementaire là,
est-ce qu'on aurait obtenu cet objectif?
M. Sam Yue Chi (Ian P.) : Plusieurs
facteurs. En premier chef ou en premier lieu, les incitatifs, et aussi de la
façon que ça a été communiqué dans le grand public, à savoir que ça
régresserait dès le 1er janvier, a eu un effet immédiat, mais réellement
immédiat sur le marché. On est dans une situation où les marques, il y avait
une belle disponibilité, puis c'est le cas pour la majorité, ont fait des
belles ventes, des belles ventes en 2024, et selon nos... en bon français, nos
forecasts, il y a des ventes qui ont été précipitées, qu'on aurait dû faire,
dans les prochains mois, en 2025.
Alors, la question, est-ce que la norme
VZE a un rôle à jouer? Oui, ça existe au Québec depuis 2017, en mise en
vigueur, et ça a certainement joué un rôle. Maintenant, quel est... quels sont
les paramètres qui permettent d'atteindre ces résultats? Ce n'est pas que la
norme VZE. Ça ne peut pas survivre sans un incitatif à l'achat soutenu. Et
nous, on regarde tout ce qui se passe dans le monde, je sais que vous le faites
aussi, le meilleur cas d'école, actuellement, c'est celui de l'Allemagne, où
les incitatifs à l'achat se sont terminés du jour au lendemain, et il y a eu
une baisse drastique de 43 % de ventes de véhicule électrique.
M. Arseneau : Bien, c'est mon
autre question. Suite à l'abandon annoncé du programme Roulez vert, est-ce que
vous avec des... est-ce que vous faites des projections? Est-ce que vous pouvez
nous en parler, si vous en faites, à savoir quels seront les résultats pour
2027, par exemple?
M. Kingston
(Brian) :
I
think it's safe to say, for the first... given that the incentive is pausing on
February 1st, we're expecting it to come back in the spring after the budget,
but effectively no electric vehicles will be sold in Québec for that period,
because any consumer would wisely wait and see what the Government
reintroduces. So, you're going to see sales in the first quarter of this year
go close to zero. And then the question is : Can they recover to hit the
22 % over the remainder of the year? There's a big question mark, the headwind
of the US situation. Obviously, if we're facing 25 % tariffs and economic
recession, that will be a huge factor in whether or not these targets are
feasible.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Bernard) : Merci,
messieurs. Merci, M. Kingston. Merci, M. Sam Yue Chi. Merci, M. Maltais. Le
temps est maintenant épuisé. Merci pour votre contribution aux travaux. La
commission est suspendue jusqu'à 15 heures. Merci. Bon dîner.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 01)
La Présidente (Mme Blouin) : Bonjour
à tous. Donc, la Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux. Nous poursuivons les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en
matière d'environnement. Cet après-midi, nous entendrons les organismes
suivants : Propulsion Québec, la Société pour la nature et les parcs,
Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec et la Fondation Rivières.
Alors, sans plus attendre, je souhaite la
bienvenue aux représentants de Propulsion Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre exposé, après quoi suivra la période
des chambres... d'échange, pardon, avec les membres de la commission. Alors, je
vous invite à vous présenter et à enchaîner avec votre exposé.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Merci, Mme la Présidente. Bonjour à tous. M. le ministre,
Mmes et MM. les députés, je me présente : Michelle Llambias Meunier,
présidente-directrice générale chez Propulsion Québec, et je suis accompagnée
aujourd'hui de trois de mes collègues, donc : Romain Gaillet, directeur,
Filière véhicules zéro émission, Marie-Josée Côté, directrice des Affaires gouvernementales
et des politiques publiques, et Stéphane Pascalon, chargé de senior... chargé
de projet sénior, pardon, chez Propulsion Québec, et c'est avec enthousiasme
que nous prenons part à ces consultations particulières sur le projet de loi n°
81.
Alors, quelques mots sur Propulsion Québec
d'abord. Nous sommes la grappe des transports terrestres zéro émission et nous
sommes nés en 2017 avec l'ambition de faire croître notre industrie et de
renforcer sa compétitivité internationale. On peut dire que beaucoup de chemin
a été parcouru depuis, depuis 2017. Notre secteur est maintenant reconnu comme
étant stratégique d'un point de vue du développement économique, mais surtout
en tant qu'une solution efficace pour contribuer à répondre au défi climatique.
Nous comptons chez Propulsion Québec plus de 215 membres actifs dans les
créneaux stratégiques de l'économie québécoise. On parle ici d'industriels, d'opérateurs,
de propriétaires de parcs de véhicules, d'organisations institutionnelles du
Québec, particulièrement dans les créneaux des transports terrestres zéro
émission, de la filière recharge et de la filière batterie, des mines jusqu'aux
entreprises qui font de la récupération et du recyclage de batteries.
Alors, entrons dans le vif du sujet. D'emblée,
nous souhaitons dire que nous appuyons la volonté du gouvernement du Québec de
décarboner le transport lourd. Aujourd'hui, le Québec franchit une étape
cruciale qui va nous permettre non seulement de nous rapprocher de l'atteinte
des cibles climatiques, mais aussi de consolider notre leadership en matière de
transport terrestre zéro émission. Le Québec s'engage ainsi dans une démarche
similaire à celle qui est adoptée par de nombreuses autres juridictions dans le
monde, qui ont déjà fait de la mobilité durable une priorité et qui ont déjà,
par ailleurs, des exigences de ventes pour les véhicules lourds. On peut penser
à une quinzaine d'États américains, comme l'Oregon, Washington, le New Jersey,
le Nouveau-Mexique, le Rhode Island, la Californie, New York, le Vermont, sans
oublier le Royaume-Uni, l'Autriche et la Norvège.
Permettez-moi d'abord de rappeler des
faits qui justifient une action immédiate. Le secteur du transport lourd
représente près de 30 % des émissions du transport routier au Québec, soit
plus de 7 millions de tonnes de CO2 par année. Le parc du transport lourd
continue d'augmenter. Les émissions de GES liées à ce secteur sont aussi en
augmentation, malgré une amélioration de l'efficacité énergétique des véhicules
de manière individuelle. Actuellement, environ 182 000 camions et tracteurs
routiers sont en circulation au Québec, et seulement 650 d'entre eux sont
propulsés par des moteurs électriques. On parle de moins de 1 %. Et, bien
qu'ils soient moins largement utilisés dans certaines classes de véhicules, il
est faux de dire qu'il n'y a pas de disponibilité de véhicules moyens lourds
électriques au Québec. Je peux citer par exemple le eCascadia Freightliner,
Volvo VNR, Peterbilt et Kenworth, du groupe Paccar, et Brightdrop, de
Chevrolet. Ce sont toutes des marques des compagnies qui circulent au Québec
présentement et qui ont des véhicules électriques.
Alors, la transition vers des modes de
transport plus écologiques n'est plus une option, mais une nécessité. Le projet
de loi n° 81 représente ainsi une véritable occasion pour réduire la
consommation d'énergies fossiles, valoriser notre énergie renouvelable, rendre
le transport lourd plus durable et bâtir une économie plus verte et plus
locale. Nous allons concentrer aujourd'hui nos commentaires sur deux grands
thèmes du projet de loi, soit la mise en place d'une norme VZE pour les
véhicules lourds puis la récupération et le recyclage des batteries de
véhicules électriques pour le segment du projet de loi qui est dédié à la
valorisation des matières résiduelles.
Alors, sur le premier thème, je dois dire
que Propulsion Québec défend depuis plusieurs années l'ambition d'élargir la
norme VZE aux véhicules lourds, des classes 3 à 8. Une telle norme...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:...pourrait permettre non seulement de réduire les
émissions de GES, mais aussi d'améliorer la qualité de l'air dans les zones
urbaines et les corridors de transport, d'ouvrir la voie à une plus grande
disponibilité de véhicules lourds zéro émission, d'améliorer la prévisibilité
du marché pour les manufacturiers et de stimuler l'innovation et la
commercialisation des solutions de transport durables.
Cela étant dit, pour que cette nomme...
cette norme, dis-je, ait l'impact souhaité, il est impératif de l'accompagner
de mesures complémentaires qui vont viser à stimuler la demande. Cela est
d'autant plus crucial, compte tenu des mouvements géopolitiques actuels, de la
volatilité des marchés et de l'incertitude politique. Et bien que cela puisse
affecter la cadence et l'adoption élargie des véhicules électriques lourds,
l'effet Trump ne doit pas nous faire reculer, mais nous motiver à poursuivre
sur la décarbonation des transports et saisir les opportunités qui sont
offertes par cette transition énergétique. Les orientations de la nouvelle
présidence américaine, combinées au fait que nos deux... nos deux marchés sont
intégrés, viendra probablement ralentir l'adoption des véhicules lourds par des
modes zéro émission en Amérique du Nord. Mais la décarbonation de l'économie
est une tendance lourde, mondiale et reconnue, comme évoquée d'ailleurs encore
par la majorité des dirigeants lors du Forum économique mondial de Davos, il y
a quelques jours.
Nous devons voir plus loin que la
parenthèse des quatre prochaines années et miser sur des solutions durables qui
vont bénéficier à notre économie, à notre environnement et à notre
compétitivité à long terme et mettre en place des actions complémentaires pour
assurer le succès de cette norme. Ainsi, nous devons en parallèle soutenir
l'offre et la demande tout en palliant certains obstacles. Nous encourageons
donc le gouvernement du Québec à maintenir et à prolonger des programmes
incitatifs tels qu'Écocamionnage, à accélérer le déploiement d'infrastructures
adaptées au transport de marchandises, à garantir la compétitivité des tarifs
d'électricité, à inclure systématiquement, par souci d'exemplarité, des
critères de développement durable dans les appels d'offres gouvernementaux de
manière à encourager les transports durables comme mode de livraison et à
favoriser une meilleure adéquation entre les compétences de la main-d'œuvre en
transport et celles qui sont exigées dans les transports électriques
intelligents.
Il sera également essentiel de concilier
ambition et... et pragmatisme. Nous recommandons ainsi au législateur de
prendre en compte, dans l'élaboration de la norme, de la disponibilité des
modèles et les capacités technologiques des véhicules lourds zéro émission sur
le marché. L'électrification est, dans bien des cas, et segments, et usages,
possible dès maintenant et à court terme pour, par exemple, les camions de
poids moyen pour la livraison régionale, urbaine ou pendulaire pour les camions
de livraison du dernier kilomètre et pour des véhicules spécialisés qui opèrent
sur des courtes et des moyennes distances journalières.
En revanche, les camions lourds pour le
transport de longue distance et les camions à lourde charge ne seront pas
utilisés en grandes quantités en modèle zéro émission à court terme. Ces
véhicules lourds, souvent de classe 7 et 8, n'ont pas encore atteint des
performances suffisantes pour de nombreux cas d'utilisation, particulièrement
sur des trajets de longue distance allant par exemple au-delà de 200 à
250 kilomètres. La parité opérationnelle sera atteinte à plus long terme.
Nous recommandons donc d'ajouter dans le projet de loi la mention à l'effet que
les règles et conditions doivent prendre en considération le niveau de
disponibilité et les capacités technologiques des véhicules lourds zéro
émission sur le marché et d'inclure des dispositions qui permettent au gouvernement
d'évaluer régulièrement la maturité du marché et des infrastructures pour
atteindre les objectifs de la norme. Le règlement d'application du gouvernement
devrait aussi, et c'est très important, faire une distinction évidente entre
les exigences de vente des véhicules zéro émission des classes 3 à 6 et
celles des classes 7 et 8, un peu comme le fait la Californie
présentement. Et dans le 7 et 8, il y a le 7 et 8 aux États-Unis qu'on appelle
«straight» et le 7 et 8 remorque, donc tracteurs.
Accompagné d'incitatifs et des
infrastructures nécessaires, il est réaliste que le Québec mette en place des
exigences de vente pour les fabricants de véhicules lourds. Une gamme de
modèles existe et est d'ailleurs disponible au Québec. Les avancées
technologiques ont également permis une amélioration de l'autonomie des
batteries. Dans le cadre de son projet pilote de corridor décarboné, Propulsion
Québec a d'ailleurs suivi le 20 janvier dernier, tout récemment, un essai
réussi d'un véhicule de classe 8 qui a circulé entre Québec et Montréal
sans une goutte d'essence. Même par grand froid, je vous assure que la
transition est non seulement possible, mais est déjà en marche.
• (15 h 10) •
Maintenant sur le thème de la valorisation
des matières résiduelles, nous sommes témoins d'une accélération de
l'électrification des parcs de véhicules légers, lourds ainsi que des autobus
urbains et scolaires. Et bien que ralentie par le contexte géopolitique et
économique actuel, cette croissance demeure soutenue, surtout au Québec. Nous
nous attendons donc à ce que ce mouvement augmente de manière significative le
nombre de batteries en fin de vie dans les années à venir. Il est stratégique
et opportun de continuer de réfléchir et d'agir dès maintenant à la manière
dont nous pourrons récupérer, revaloriser et réutiliser ces batteries dans une
optique circulaire. Car au-delà de l'impératif environnemental, la gestion de
ces batteries recèle un potentiel...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:...économique significatif pour notre province.
La Présidente (Mme Blouin) : Il
vous reste une minute.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Le projet de loi n° 81 prévoit certaines dispositions
visant à limiter la génération de matières résiduelles tout en assurant leur
récupération et valorisation. Nous recommandons donc, dans ce cas-ci, de
poursuivre l'élaboration de mécanismes de récupération et de valorisation
spécifiques aux batteries de véhicules électriques et de stockage, en collaboration
avec... avec l'industrie, et de créer un environnement réglementaire favorable
à la circularité des batteries des véhicules électriques.
Merci. Nous sommes maintenant prêts à
répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Blouin) : Un
grand merci pour votre présentation. On va débuter avec M. le ministre. Vous
avez 16 minutes 30.
M. Charette : C'est bien
gentil. Temps que je vais partager, naturellement, avec mes collègues. Donc, un
plaisir. Merci d'être avec nous cet après-midi. Merci de nous partager votre
éclairage.
Vous avez sans doute entendu, le groupe
qui vous a précédés était l'association autant des concessionnaires que des
constructeurs automobiles du Canada. Naturellement, ils ont des inquiétudes. Je
leur ai mentionné, avec un certain sourire, sans mesquinerie, que les réserves
qu'ils ont aujourd'hui sont aussi les réserves qu'ils avaient en 2016, au
moment de l'adoption, là, sur la loi zéro émission, et que les objectifs qu'ils
jugeaient inatteignables ont été dépassés depuis, là, pour ce qui est des
voitures... des voitures passagers.
Ceci dit, il y a un contexte particulier
que l'on doit considérer. Vous avez mentionné dans votre propos de ne pas nous
arrêter à l'effet Trump. Moi, je ne l'appellerai pas l'effet Trump, je vais
l'appeler l'effet géopolitique. On a... On a une réalité qui est très
incertaine. Il n'y a aucune confirmation, à l'heure où on se parle, par rapport
à des tarifs. Ce que l'on sait, par contre, c'est qu'il y a plusieurs mesures
d'appui importantes qui étaient destinées à l'industrie automobile américaine
qui, elles, ont déjà été abandonnées et qui aidaient les constructeurs à
développer des usines de batteries, qui aidaient les constructeurs à développer
des nouveaux modèles, qui offraient aussi des subventions à l'achat, et ce sont
des mesures, là, qui ont... qui ont pris fin à peine une semaine après le...
l'entrée en fonction du nouveau président. Donc, ça a une incidence sur la
réalité nord-américaine. Du côté canadien, il y a une certaine incertitude
aussi qui plane sur la suite des mesures d'appui et les obligations qui seront
données aux constructeurs et aux concessionnaires.
Bref, il y a un effet de géopolitique que
l'on ne peut pas ignorer et que l'on ne peut pas évacuer d'emblée. C'est la
raison pour laquelle je suis intimement convaincu que ces articles-là, dans le
projet de loi, sont nécessaires. C'est effectivement un pas dans la bonne
direction. On va se donner les moyens d'agir. Mais ce que l'on a mentionné, par
contre, c'est qu'il n'y a pas de réglementation à court terme qui va permettre
l'application de ces nouveaux pouvoirs là. On va vraisemblablement, au cours de
la prochaine année et, souhaitons-le, les suivantes, se consacrer sur... se
concentrer sur les voitures plus petites, ce qui ne veut pas dire qu'on laisse
tomber tout... toutes les mesures d'appui pour les véhicules plus lourds.
D'ailleurs, on s'est engagés à ramener Écocamionnage. Cependant, ce sont des
programmes qui sont très dispendieux, autant Écocamionnage que Roulez vert. On
parle de centaines de millions de dollars. Et là aussi, dans l'effet
géopolitique, il faut penser à l'effet budgétaire. Tous les gouvernements, que
ce soit canadien, que ce soit celui des provinces, que ce soit des États-Unis,
que ce soit celui des États, font face à des déficits extrêmement, extrêmement
importants. Donc, oui, on veut ramener Roulez vert, oui, on veut ramener
Écocamionnage, mais on n'a plus les budgets qu'on a déjà eus. L'année 2024 a
coûté très cher. Et je sais d'emblée, sans pouvoir confirmer de budget pour la
prochaine année budgétaire, on n'aura pas les budgets qu'on a eus l'année
dernière. Donc, ça fait partie aussi de l'équation. Donc, l'on veut avancer, on
veut adopter ces articles-là à travers le projet de loi n° 41, mais il n'y aura
pas de réglementation, là, à court terme, là, qui va rendre applicables ces
nouvelles modalités.
Vous nous dites : Il y a l'effet
Trump, il faut l'oublier, mais quelle est la place que vous faites justement à
cette nouvelle réalité géopolitique, autant canadienne potentielle
qu'américaine, dans la suite de cette nécessaire, et j'insiste pour dire, cette
nécessaire électrification des transports?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Merci, M. le ministre. Effectivement. Puis ce n'est pas
tant que l'effet Trump, je me permets de reprendre les mots, il faut
l'oublier...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:...mais je pense qu'il faut être, puis je le répète,
ambitieux et pragmatique, c'est-à-dire il y a de l'incertitude, et on a
plusieurs entreprises et propriétaires, opérateurs de parcs qui ressentent
cette incertitude-là. Donc, la première chose que j'ai envie de répondre, c'est
trouvons les moyens d'offrir de la prévisibilité. Et, lorsqu'on s'engage sur
quelque chose, il est possible effectivement qu'il y ait des ajustements en
cours de route, des ajustements, notamment dans la cadence, dans l'adoption,
mais il faut garder le cap. Parce que les autres juridictions dans le monde
vont garder le cap elles aussi. Les GES, eux, n'ont pas d'incertitude, et donc
c'est fondamental, si on veut maintenir notre position de leader au Québec dans
l'électrification des transports, qu'on continue d'envoyer le message à nos
entreprises, aux citoyens, qu'on est engagé dans cette voie-là pour, entre
autres, réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi parce qu'il y
a un impact économique positif.
On oublie que, dans le secteur de
l'électrification des transports, il y a énormément d'entreprises qui gravitent
autour, au-delà des manufacturiers, au-delà des propriétaires et des opérateurs
de parcs. On peut penser à toutes les entreprises qui travaillent dans les
infrastructures, dans la recharge, dans la batterie. Ce sont aussi des créneaux
qu'on encourage et qui n'auront pas le même succès si on décide de mettre le
frein ou d'appuyer sur la pédale du frein de l'électrification. Donc, je suis
bien consciente et on est bien conscient qu'on doit s'ajuster dans le contexte
géopolitique actuel. Il y a des contractions économiques également, et tout ça
combiné dans un contexte où nos marchés sont pleinement intégrés ou très
intégrés dans le secteur des transports. On ne peut pas faire abstraction de
ça. C'est pour ça qu'on dit : Il doit y avoir de la réglementation,
combinée à des incitatifs, à des aides pour que ça fonctionne.
Puis l'autre chose qu'on dit, qui est très
importante, c'est qu'il y a des segments de véhicules pour certains usages qui
sont électrifiables très rapidement, dès maintenant, on le voit déjà, alors
qu'en revanche, des segments de véhicules de classe sept et huit pour des
usages différents sur du très longues distances pour du transport lourd, là,
c'est effectivement le cas, c'est vrai, ça va prendre plus de temps, c'est plus
long, puis ce ne serait pas nécessairement positif d'imposer dès maintenant une
réglementation pour ces types de véhicules là. Donc, c'est de faire la
distinction entre les différentes classes de véhicules.
M. Charette : Parce que je ne
veux pas accaparer tout le temps, juste pour revenir sur ce que vous mentionniez,
vous dites : Les incitatifs ont une importance, et j'en conviens, mais à
partir du moment où on a un programme écocamionnage qui est déjà passablement
onéreux, sans norme VZE, à partir du moment où on la met en place, cette
norme-là, avec des obligations de résultats ou de pourcentage de ventes, les
entreprises vont s'attendre à ce que les budgets d'incitatifs soient
passablement plus élevés qu'ils ne le sont maintenant, et c'est déjà très
dispendieux. Donc, c'est géopolitique, oui, vous l'avez mentionné, c'est
budgétaire également. Donc, c'est des considérations qu'on doit avoir de notre
côté.
Moi, je serais sans doute mal avisé
d'imposer des restrictions importantes qui engendrent des coûts importants.
Puis certains... reste à savoir la... si les chiffres se défendent, mais
certains groupes ont essayé d'établir un parallèle entre un modèle x thermique
versus son équivalent à l'électricité. Pour les voitures passagers, il y a un
surcoût, mais qui serait beaucoup, beaucoup plus petit que pour des véhicules
plus spécialisés. Donc, ça, il faut en tenir compte. Et, si on devait imposer
demain matin ces restrictions-là, les gens de l'industrie vont nous dire :
Très bien, sauf que ce n'est plus 7 000 $ le véhicule qui ferait une
différence, mais c'est 100 000 $, c'est 200 000 $, c'est
300 000 $, c'est 400 000 $, c'est 500 000 $, multiplié par x
véhicules, ce n'est pas long qu'on serait sans doute à coût de plusieurs
centaines de millions dollars. Donc, il faut le calculer dans cette
démarche-là.
• (15 h 20) •
Et vous dites : Il n'y a pas de recul
à ce moment-ci. C'est vrai, en partie, en partie, parce que je sais que parmi
les États nord-américains qui ont des normes VZE, plusieurs sont dans notre
position, c'est-à-dire ils veulent continuer, ils tiennent à l'électrification
des transports, mais en même temps, ils sont à évaluer le marché comme on le
fait de notre côté. Mais il y a déjà eu des reculs, par contre, sur le côté de
l'Europe, il y a certains pays qui ont changé leurs cibles. Au niveau des
constructeurs, plusieurs des grands constructeurs mondiaux s'étaient engagés,
il n'y a pas si longtemps, il y a deux, trois ans, à dire : Après 2035, on
ne vendra plus de véhicules thermiques. Certains s'étaient même risqués à
dire : Après 2030, on n'en vendra plus, mais ils sont pas mal tous revenus
sur leur...
M. Charette : ...sur
leur... sur leur, j'allais dire engagement. Ce n'était pas un engagement mais
c'était un objectif qu'ils s'étaient fixé. Donc, ça fait aussi partie de
l'équation. Et en disant ça, moi, je ne veux pas me défiler. Je ne veux pas
laisser entendre qu'on est moins soucieux de l'électrification des transports,
mais ça fait partie de la donne et on n'a vraisemblablement pas des centaines
de millions, voire des milliards, parce qu'au final, Roulez Vert aura aussi
franchi le cap du... des milliards au fil des années. On n'aura
vraisemblablement pas cette disponibilité-là à court terme pour des véhicules
plus... plus importants. Donc à travers ça, je vous le dis, ces articles du projet
de loi sont fondamentaux. On y tient, même s'il n'y aura pas d'application
immédiate, je pense que c'est important d'envoyer le signal, on va vouloir les
défendre, on va vouloir les adopter, mais avec une entrée en vigueur sans doute
pas aussi rapide qu'on l'aurait souhaité au départ. Donc, c'est un petit peu...
Et le recyclage des batteries, très, très
rapidement, c'est un point important. On a eu à travailler et à collaborer,
d'ailleurs, merci, avec... avec vous et vos équipes sur la question. Là aussi,
ce n'est pas si simple, on l'a vu, parce qu'on était prêt, vous vous
souviendrez il y a peut-être deux ou trois ans, à arriver avec une
réglementation, une forme de REP sur les batteries. Et à peu près tout le monde
ne l'aimait pas, en ce sens, même les constructeurs, même les gens de
l'industrie du véhicule électrique y voyaient plus d'inconvénients que
d'avantages. Donc, on n'a pas trouvé la formule idéale à ce moment-ci, mais on
est conscients, là, qu'il faudra trouver une solution.
Peut-être finir par une petite question
rapide, puis après laisser la parole à mes collègues. Vous avez sans doute
entendu les constructeurs dire à ce niveau-là : Laissez-nous le champ
libre. On veut développer quelque chose d'efficace. Ils semblent avoir trouvé
une formule intéressante au niveau de la récupération et du recyclage des
batteries. Peut-être, en terminant, nous dire un petit peu quelle est
l'appréciation du rôle qu'ils se donnent à ce niveau-là. Et après mon collègue
va prendre la relève. Et j'ai déjà pris trop de temps. Je vais le temps qui
file et j'ai mon collègue qui me regarde avec des yeux bien déçus. Donc, une
réponse rapide pour lui permettre d'entrer dans l'échange.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Merci, M. le ministre. Rapidement, sur la question de la
récupération des batteries, c'est vrai, la batterie c'est la composante qui a
le plus de valeur dans le véhicule. Donc, les constructeurs n'ont pas tendance
à vouloir les laisser aller et donc naturellement ont tendance plutôt à
s'engager dans une démarche de récupération de ces batteries-là parce que
c'est... c'est une matière qui est d'une grande... une composante qui est d'une
grande valeur. Ceci dit, d'avoir un cadre qui serait élaboré en collaboration
avec l'industrie permettrait d'envoyer un signal clair, de créer une traction
aussi, d'assurer une prévisibilité pour le marché, puis d'assurer que des
batteries de moins grande valeur ou des batteries orphelines soient également
récupérées ou recyclées de manière responsable. Alors, je ne sais pas si je
réponds dans ce sens-là à votre question.
La Présidente (Mme Blouin) :
M. le député de Masson, vous avez quatre minutes.
M. Lemay : Très bien,
merci. Bien, écoutez, puisque vous parlez de ce sujet-là, allons-y. Ça fait
partie de votre recommandation 18 à la page 21 de votre mémoire.
Justement, vous mentionnez qu'on devrait s'inspirer de d'autres juridictions.
Tu sais, tout à l'heure, les constructeurs mondiaux puis l'association
canadienne des constructeurs automobiles sont venus nous parler justement qu'il
y avait un programme volontaire qui faisait en... qu'ils avaient mis en place
et qu'on pouvait s'en inspirer. Je ne sais pas si vous avez des exemples que
vous voulez nous citer de d'autres juridictions, mais bref, je vous ai déjà
entendu sur ce sujet-là, mais ça pourrait être intéressant si vous voulez
détailler davantage, là, sur le sujet, ça me... On est intéressés.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:
Merci, M. Lemay. Je vais laisser ma collègue Marie-Josée.
Mme Côté (Marie-Josée) :
Et, oui, merci pour la question. En fait, je pense qu'il faut reconnaître que
l'industrie a fait un travail quand même important pour élaborer leur programme
de récupération. Ils sont venus combler un certain vide aussi. Actuellement,
c'est un... c'est un.... c'est un programme qui est intéressant, qui répond à
certains besoins, mais qui pourrait être traduit en réglementation pour
s'assurer que l'ensemble des manufacturiers, que l'ensemble des producteurs
récupèrent leurs batteries qui sont... qui sont disponibles à récupération.
Parce que la réalité, c'est que les batteries vont trouver preneur sur le
marché de la revalorisation, étant donné leur très grande valeur économique. Ce
qu'il faut créer, c'est une espèce de filet de sécurité pour s'assurer que les
batteries qui auraient de moins grandes valeurs, les batteries hybrides, par
exemple, soient récupérées? Donc, s'il y a une batterie qui est disponible en
sol québécois à être récupérée, il faudrait s'assurer qu'il y a quelqu'un qui
aille la récupérer puis qui s'assure d'une saine gestion de fin de vie de cette
batterie-là. Donc ce serait un peu un programme de reprise obligatoire pour
les... pour les batteries disponibles. Donc, c'est...
M. Lemay : En d'autres...
En d'autres mots, ce que vous dites, c'est de regarder ça serait quoi
l'étendue, tu sais, jusqu'à quel point on devrait inclure quels types de
batteries.
Mme Côté (Marie-Josée) :
Bien, je pense qu'il faudrait un mécanisme spécifique et adapté aux batteries
de véhicules électriques...
Mme Côté (Marie-Josée) : ...c'est
des produits qui sont très distincts de par leur forte valeur économique
résiduelle, mais aussi de par leur poids et leur volume. Donc, est-ce que ça
prend une... Je pense que de simplement inclure les batteries dans la REP
actuelle n'est peut-être pas la meilleure avenue, mais de créer un mécanisme
spécifique et adapté qui va répondre aussi aux besoins de l'industrie, qui va
prendre en compte la grande valeur de ces produits-là serait adapté. Donc, moi,
j'encourage le ministère à poursuivre cette réflexion-là, avec l'ensemble des
parties prenantes, pour vraiment identifier le meilleur mécanisme qui serait
adapté.
M. Lemay : J'ai lu votre
document que vous avez fait en 2020. Déjà, 2025, ça a évolué beaucoup. Donc, je
crois qu'on est... on est rendus ailleurs, la science évolue puis les
connaissances, mais merci pour les précisions d'aujourd'hui. Vous finissez dans
votre mémoire à la page 27, dans votre annexe, vous avez le
numéro 19, là, vous parlez qu'on devrait modifier l'article 136 de
notre projet de loi qui vise l'article 70.6 de la LQE justement pour
exempter certaines matières dangereuses de la réglementation sur les matières
dangereuses résiduelles. On est allés visiter Lithion aussi qui nous
mentionnait ce point-là. Qu'est-ce que vous avez à mentionner spécifiquement?
Ça serait quoi votre idée qu'on devrait faire de ce côté-là? Est-ce que vous
avez plus de détails que vous voulez apporter?
Mme Côté (Marie-Josée) : Oui,
bien sûr. En fait, une batterie intacte destinée à un véhicule est considérée
comme une matière dangereuse, ce qui est... ce qui est le cas. À partir du
moment où la batterie est en fin de première vie et sortie du véhicule, ça
devient une matière dangereuse résiduelle. Et cette désignation-là du
«résiduelle» entraîne une lourdeur administrative puis des contraintes quand
même importantes, notamment en matière de transport, d'entreposage et de
manutention, pour des entreprises ou un écosystème qui voudraient faire de la
récupération ou même du recyclage. Il y a certaines juridictions, notamment
l'Ontario, les États-Unis, qui ont exempté des matières résiduelles dangereuses
d'intérêt de certaines dispositions pour justement encourager cette économie
circulaire. Donc, c'est un peu ça qu'on propose, de créer une réglementation
adaptée pour encourager l'économie circulaire des batteries.
La Présidente (Mme Blouin) : Oui.
Merci beaucoup. Le temps est écoulé pour cette portion. On va poursuivre avec
la députée des Mille-Îles pour neuf minutes 54 secondes.
Mme Dufour : Merci. Merci
beaucoup pour votre présentation. Vous avez mentionné plusieurs noms
d'entreprises qui étaient, dans le fond, spécialisées dans le transport lourd
pour dire qu'il y avait une disponibilité, et là vous avez nommé plusieurs
groupes. Dans votre mémoire, il y en a un petit peu davantage, mais certains de
ces noms-là qu'on voit là ont des difficultés financières quand même
importantes. On pense à Lion, qui est listée ici. Il y a eu un mémoire hier qui
nous a fait part de Nikola qui ne pourrait pas poursuivre ses activités. Et de
ce que je comprends, ce ne sont pas les seules qui ont des difficultés
financières. Et même les gens qui sont venus ce matin nous disaient qu'il y en
avait plusieurs, là... qu'en fait ces lignes de montage là n'étaient pas encore
rentables, puis on était très, très, très loin même de cette rentabilité-là.
Donc, oui, ça existe, mais ce qu'on... ce qu'on comprend, c'est que ce n'est
pas encore... personne ne fait ses frais encore là-dedans.
Alors, avant d'arriver avec... Tu sais, je
voudrais vous entendre là-dessus, parce qu'il y a une réalité, là, aussi
économique, où là il y a beaucoup de ces entreprises-là qui existent parce que
les gouvernements ont mis des sous, des sommes faramineuses là-dedans. Mais
jusqu'où il faut qu'on aille quand il existe d'autres technologies qui
pourraient peut-être atteindre les mêmes objectifs que l'électrification, là,
quand on cherche le zéro émission, là?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Bien, d'abord, il faut dire, nous, on prône une stratégie
où chaque type d'énergie renouvelable peut avoir une utilisation propre. Donc,
c'est d'évaluer pour quel type d'utilisation on devrait proposer quel type
d'énergie. Si je prends l'exemple de l'hydrogène vert pour des camions de
classe 8, qui font du très longue distance, on pourrait même aller jusqu'à
du gaz naturel renouvelable, ça pourrait être une option à envisager.
• (15 h 30) •
Ce qu'on dit toutefois, c'est qu'à
l'argument de dire qu'il n'y a pas de véhicule électrique au Québec, comme on
l'a entendu ici de la part de différents groupes qui ont... qui semblaient dire
qu'il n'y avait aucune disponibilité de véhicules électriques pour des classes
lourdes, là, donc du 3 à 8, la réalité, c'est que c'est faux. Vous avez raison
de dire qu'il y a certaines entreprises qui ont... qui ont le moins le vent
dans les voiles qu'elles l'ont eu il y a quelques années, mais il y en a
d'autres qui continuent d'être présentes. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut
quand même faire une distinction entre ce qui est électrifiable à très court
terme, dans certaines utilisations, pour certains usages, je les mentionnais
tout à l'heure, versus d'autres types d'usages pour d'autres classes de
véhicules comme des véhicules de classe 8, où là c'est vrai qu'à court
terme la parité opérationnelle, la parité au niveau du coût va être plus
difficile à atteindre. Et donc c'est...
15 h 30 (version non révisée)
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:...c'est compréhensible de voir que ces entreprises-là ou
ces opérateurs-là ne vont pas aller vers ce type de technologie là. Peut-être
que, Stéphane, tu voudrais ajouter quelque chose.
M. Pascalon (Stéphane) : Oui,
bien, je vais rajouter rapidement, ce qui est superimportant pour les
manufacturiers, pour qu'ils puissent éviter de faire face à des difficultés, c'est
d'être capable d'avoir une prévisibilité sur le marché. Donc, c'est pour ça qu'une
norme qui fixe des objectifs à long terme avec une certaine prévisibilité sur
la courbe d'adoption, ça va aider beaucoup l'industrie à réussir à atteindre
ces objectifs. Parce que vous... vous aviez nommé l'exemple de Lions, puis l'exemple
de Lions, c'est qu'en fait ils ont voulu se diversifier dans plusieurs créneaux
en espérant qu'il y ait une demande qui soit là. Et ils ont fait trop de choses
en même temps, ce qui les a pénalisés.
Par contre, on regarde d'autres
manufacturiers de véhicules comme Volvo, qui continuent à avancer. Donc, les
Européens, Volvo, Scania avancent de ce côté-là. On voit qu'il y a quand même
une possibilité pour les manufacturiers de véhicules lourds de créer des
camions. Et puis on le voit aussi avec les véhicules moyens, avec Chevrolet,
qui a son BrightDrop sur le marché. Et donc ce qui est important, c'est la
prévisibilité pour les manufacturiers. Donc, l'importance de cette loi est
essentielle pour ça.
Mme Dufour : Excusez, je n'ai
pas beaucoup de temps, ça fait que je vais vous demander juste de répondre
plus... peut-être plus court pour les prochaines. Donc, je vais passer à d'autres
sujets, parce que vraiment j'ai plusieurs choses que je voudrais toucher, mais
les différences de prix sont quand même... peuvent être importantes, là. Le ministre
l'a mentionné. Là, il y a différence entre les petits camions, là, ce que je
comprends, peut-être, le différentiel est moins important, mais les gros
camions, ce qu'on nous dit, c'est que les rares options qui existent, c'est
peut-être 500 000 $ de
plus. Est-ce que c'est votre compréhension du marché?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Alors, on peut... on peut aller jusqu'à à peu près trois
fois... trois fois plus dispendieux pour certaines classes de camions.
Mme Dufour : C'est quand même
majeur.
M. Pascalon (Stéphane) : Les
différences... les différences de prix sont toujours importantes en début de
production. Et puis, au fur et à mesure où il y en a de plus en plus, cette
différence se réduit.
Mme Dufour : Oui. Est-ce qu'il
y a certains types de camions que peut-être que ça n'arrivera pas... que l'électrification,
ce n'est pas ce qui serait optimal? Parce que vous avez parlé de... tu sais, de
longues distances, les bennes à ordures, on a parlé de ça. Des fois, le poids
des batteries, ce qu'on comprend, ça peut être problématique sur nos routes
aussi, au printemps notamment. Donc, ça, c'est votre lecture aussi du marché?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Certains types de véhicules, mais je dirais certains
usages. Donc, il peut y avoir des classes de véhicules huit, par exemple, dans
les... dans les plus lourds, même tracteurs, les remorques, là, les gros, gros
53 pieds remorques qu'on voit sur l'autoroute, qui pourraient transporter
sur des plus courtes distances des des charges plus légères, puis ça irait,
mais, pour des très longues distances, avec des très lourdes charges,
effectivement, ça pourrait être d'autres énergies renouvelables. On peut penser
à l'hydrogène vert. Certains vont nous parler de gaz naturel renouvelable.
Donc, il faut envisager toutes les énergies pour chaque application.
Mme Dufour : Exactement. Et,
de ce que je comprends, c'est que le projet de loi actuellement ne donne pas d'ouverture
pour l'énergie... le gaz naturel renouvelable. Donc, ça, c'est quelque chose
que vous croyez qui pourrait faire une différence pour ces catégories d'usages
là.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Chez Propulsion Québec, on s'est moins penché sur cette
question-là. Donc, je serais probablement mal avisée de vous dire qu'il faut
aller dans cette direction-là présentement, mais ce que je peux vous dire, c'est
qu'il existe plusieurs types d'énergies renouvelables puis qu'il faut envisager
ou être dans une stratégie de chaque type d'énergie pour les meilleures utilisations
possibles.
Mme Dufour : Parfait. Merci.
Je vais vous amener sur les infrastructures de recharge. On n'en a pas parlé
avec les autres groupes, mais c'est quelque chose qu'on a... on a discuté...
Plusieurs groupes en privé m'ont mentionné qu'on avait un enjeu avec les
infrastructures de recharge actuelles pour les véhicules légers. Vous, vous le
mentionnez que ça va être essentiel aussi pour les véhicules lourds. On en est
où, actuellement, dans l'infrastructure de recharge?
M. Pascalon (Stéphane) : Bien,
aujourd'hui, les infrastructures de recharge pour les véhicules lourds ne
permettent pas un usage opérationnel équivalent aux opérations du... du
véhicule thermique, pardon. Donc...
Mme Dufour : ...
M. Pascalon (Stéphane) : Pardon?
Mme Dufour : Ce n'est pas les
mêmes infrastructures, pour ceux qui nous écoutent, là, ce n'est pas les mêmes
chargeurs pour...
M. Pascalon (Stéphane) : Alors,
ça peut être les mêmes chargeurs que pour les véhicules automobiles, c'est simplement
qu'ils ne sont pas assez rapides et puissants pour que les camions puissent se
recharger dans des durées raisonnables. Et les camions, au niveau de la
manœuvrabilité, ont besoin d'accès à ces bornes de recharge et la façon dont
elles sont disposées nécessite des aménagements différents des stationnements.
Donc, on peut, dès à présent... puis c'est déjà le cas, Hydro-Québec a déjà
déployé des bornes de recharge pour camions lourds le long de la 20. Donc, on
peut déployer des infrastructures de recharge pour camions lourds sans aucun
problème. C'est simplement que les puissances de recharge nécessaires et les
coûts de ces infrastructures, s'il n'y a pas de volume de camions associé à
la... à ça, ils n'ont pas de rentabilité. Donc, on est encore dans un problème
de la poule et l'oeuf où il faut savoir : Est-ce qu'il faut développer les
infrastructures de recharge avant de mettre des camions sur la route ou est-ce
qu'il faut mettre des camions sur la route avant de développer des
infrastructures de recharge...
Mme Dufour : ...Oui. Et
au niveau des véhicules légers, les infrastructures de recharge, c'est votre
compréhension du marché actuel? Parce que moi, ce que j'entends, c'est qu'il en
manque. Il en manque beaucoup et on est en retard sur le programme. J'aimerais
vous entendre là-dessus.
M. Pascalon (Stéphane) : Alors,
c'est la même chose. Il y a une croissance importante du marché automobile qui
est vu. On voit qu'on...Cce que disait tout à l'heure à M. le ministre, c'est
que l'adoption est plus rapide que les objectifs qui étaient ciblés. Donc, la
prévisibilité pour les fournisseurs de recharge, c'était de suivre une certaine
courbe de croissance. Et l'adoption des véhicules est plus rapide que prévu.
Donc, eux doivent fournir un petit peu plus vite. Et puis, malheureusement pour
les bornes de recharge, il y a toujours des délais dans les constructions. Ça
ne se fait pas du jour au lendemain d'installer des bornes de recharge. Donc,
ils sont en train un tout petit peu de rattraper, mais il n'en manque pas tant
que ça, d'accord? Donc, ce n'est pas vrai que les files d'attente aux bornes de
recharge sont impossibles, là. C'est chargé pendant les heures de pointe, mais
ça marche bien quand même.
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Si je peux juste ajouter, c'est aussi la question de la
fiabilité des bornes de recharge. Donc, au-delà de la présence ou de la
disponibilité des charges... des bornes, c'est de s'assurer qu'elles sont
fonctionnelles. Et ça, c'est important, je pense, également.
Mme Dufour : Et ça, je
le confirme, que ce n'est pas toujours le cas. Mais là, là, on a quand même
pris dans, tu sais, dans les 10 dernières années, là, il y a quand même un
certain nombre de bornes qui ont été installées. Là, on est rendus, vous dites
dans votre mémoire, à 18 000 bornes de recharge publiques, mais pour
les cinq prochaines années, il faudrait augmenter ça à 100 000. Donc,
dupliquer en, tu sans, dans les cinq prochaines années, ce qui nous a pris cinq
ans à faire, est-ce qu'on a la capacité, même la main-d'oeuvre, pour installer
tout ça, toutes les bornes qui seraient nécessaires d'ici 2030?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:C'est sûr que ça nécessiterait des efforts importants d'un
point de vue des investissements pour les infrastructures, d'un point de vue
des investissements ou de la recherche, justement pour la maintenance, la
fiabilité des bornes. Par contre, il y a quand même une économie d'échelle dans
le temps, c'est-à-dire l'innovation, elle se fait de manière exponentielle. C'est
un peu comme l'autonomie des batteries, à chaque année, on réalise à quel point
il y a des progrès rapides qui se font. La même logique pourrait s'appliquer
également pour d'autres types d'innovation comme... comme ce qui est lié aux
infrastructures de recharge. Donc, est-ce qu'on va avoir atteint exactement les
chiffres d'ici cinq ans?
La Présidente (Mme Blouin) :
Merci. Merci beaucoup. Donc, ça conclut cette portion de l'échange.
Maintenant, M. le député de la deuxième opposition, vous avez trois minutes.
M. Leduc : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous quatre. Bienvenue. On parlait des
bornes rapides pour les camions lourds sur le long de la 20. Où est-ce qu'elles
sont exactement?
M. Pascalon (Stéphane) : La
sortie, c'est Saint-Étienne de... C'est... Il y a un site pour l'instant puis
il y en a un deuxième du côté de Sainte-Hélène-de-Bagot qui est en
développement. Donc, il y en aurait deux. Il y aurait deux sites le long de la
20 actuellement qu'on utilise pour le projet qu'on est en train de faire
actuellement pour les camions lourds. Donc, on a des camions qui
quotidiennement font des aller-retour Montréal, Québec et on utilise ces bornes
de recharge actuellement.
M. Leduc : Tantôt, on...
En fait, avant que vous passiez, avant le dîner, on avait un échange avec vos
prédécesseurs avec lesquels vous semblez être un petit peu en dissonance sur
l'efficacité de ce genre de mesures là que vous souhaitez, dans le fond, aller
encore un peu plus vite, ou du moins que vous avez confiance en l'efficacité de
ces mesures-là. Vous faites un bilan positif, donc, des mesures sur les
voitures électriques. Vous dites : Rien ne nous permet de penser que ça
n'ira pas la même chose avec les véhicules lourds. Est-ce que je comprends
bien, un peu, votre propos?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Oui et non. Il faut quand même faire une distinction dans
les usages puis les types de véhicules. Ce que l'on dit par contre, c'est qu'il
y avait des appréhensions par rapport aux véhicules passagers, aux véhicules
légers, aux voitures. Et puis force est de constater qu'on a quand même des
bons, de très bons résultats au Québec, on ne peut pas le nier, mais c'est la
combinaison d'un cadre réglementaire et d'incitatifs qui permettent justement
le succès de normes comme celle-là quand on est dans un secteur innovant. Donc,
la même logique qui s'applique ici, c'est de dire, bien, on... Nous, on
encourage une norme comme celle-là, mais on demande à ce qu'il y ait une
distinction dans certaines classes de véhicules, parce que certaines classes
pour certains usages ne sont tout simplement pas rendues. Et justement, la
différence de coût est encore trop, trop importante. Le manque
d'infrastructures est encore trop important. Mais dans d'autres classes et pour
d'autres usages, c'est tout à fait réaliste de penser qu'on pourrait
électrifier ou, au-delà d'électrifier, s'assurer d'avoir des véhicules
terrestres zéro émission.
M. Leduc : ...des
détails justement, sur ces types de classes là, je pense qu'il y a des
classes 5 ou 6, il y a des classes 7, 8. Est-ce que les proportions
de l'une et l'autre au Québec, par où il faut commencer, etc.
• (15 h 40) •
M. Gayet (Romain) : En
effet, principalement les classes, c'est vraiment plutôt pour les poids moyens.
5 et 6 peuvent en être deux exemples, mais aussi dans les usages, la
distinction est à faire parce que c'est toute la livraison régionale, la
livraison locale avec des kilométrages de l'ordre de 200 kilomètres par
jour sont assez simplement électrifiables et surtout, très souvent, ils peuvent
même permettre à l'opérateur d'économiser face à un véhicule diesel. D'où
l'importance de vraiment commencer par les cas plus faciles, évidemment.
M. Leduc : Les
classes 5 et 6, moyennes.
M. Gayet (Romain) : 3 à
6 principalement. 3 à 6.
M. Leduc : C'est les 7,
8 qui est le plus gros défi.
M. Gayet (Romain) : Exact.
M. Leduc : Les longues
distances...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:Exact.
M. Leduc : On
comprend...
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:...Une distinction à faire entre des sept huit réguliers
puis des sept huit ou... en anglais, ils disent «straight», et des sept huit
remorques, tracteurs. Donc, ils vont être dans des charges plus lourdes, plus
longues. Donc, c'est vraiment encore une autre distinction à... à intégrer
probablement dans le projet.
M. Leduc : Et, en terminant,
les grosses bornes auxquelles on fait référence tantôt, c'est pour les sept
huit en particulier ou ça peut toucher les autres aussi?
M. Pascalon (Stéphane) : Bien,
en fait, pour les gros camions, pour qu'ils puissent y accéder en termes de
manœuvrabilité et habilité, ils ne peuvent pas stationner en marche avant,
repartir en marche arrière, donc il faut... il faut organiser le stationnement
pour qu'ils puissent... Donc, c'est particulièrement pour les
camions-remorques, qui sont les sept, huit en question.
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. On va terminer avec le député des Îles de la Madeleine pour trois
minutes 18 s.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mesdames, Messieurs, pour votre présentation, les réponses
que vous nous offrez également. C'est une... Enfin, c'est complexe. Et puis,
bon, visiblement, chaque témoignage nous permet de comprendre davantage la
situation actuelle. J'aimerais savoir... Vous venez de parler des classes
trois, six où on pourrait faire un bout de chemin, ce qui ne semblait pas être
l'opinion de gens qui ont comparu avant vous. Est-ce qu'il y a des exemples
dans d'autres juridictions qui nous... qui pourraient nous inspirer, justement,
là, pour aller de l'avant avec des mesures véhicules zéro émission des
véhicules lourds?
M. Pascalon (Stéphane) : Bien,
en fait, ce qu'on peut regarder, c'est quand même ce qui est fait en Amérique
du Nord, chez nos voisins américains, avec leur programme qui est mis en place
en Californie sur le Clean Act pour les camions, là, le Advanced Clean Truck
Act. Et puis... Ce que vous disiez, c'est que, pour certains types de camions,
ce qu'on voit... puis on l'a vu avec le succès d'Écocamionnage, c'est
qu'aujourd'hui, des véhicules de livraison locale en ville, il y a des
véhicules accessibles sur le marché qui ont un coût qui n'est pas excessif et qui
permet de faire la tâche de travail, donc il y a... Pour ces véhicules-là,
l'usage est clair, les véhicules... l'offre est disponible. Il y a des
manufacturiers qui offrent des véhicules à des coûts qui ne sont pas
exorbitants, parce qu'on n'est pas à 500 000 au-dessus, on a un véhicule qui
coûte à peine 60 000 $ plus cher qu'un véhicule à essence. Donc, il y a
une compétitivité rapide. Tout l'enjeu, c'est toujours sur la compétitivité
économique des véhicules disponibles.
M. Arseneau : Et, quand les...
le groupe avant vous nous disait qu'il fallait faire attention, là, dans la
réglementation pour ne pas être un régime d'exception, là, d'être intégré,
d'harmoniser, tout ça, vous les avez peut-être entendus. Vous en pensez quoi?
Est-ce qu'on... Est-ce qu'on peut quand même être relativement harmonisé dans
le milieu, mais aussi être innovant puis être précurseur?
Mme
Llambías
Meunier
(
Michelle)
:C'est exactement ça, c'est d'avoir l'ambition de demeurer
leader dans ce secteur-là qu'on développe et qu'on... dans lequel on investit
aussi, effort et financement pour un secteur stratégique, sans être déconnecté
justement des mouvements géopolitiques ou des contractions économiques qu'on
connaît. Mais, comme le disait mon collègue Stéphane tout à l'heure, mon
collègue Romain, il y a plusieurs États américains qui, malgré tout, ont des
exigences au niveau des ventes. J'en ai nommé une quinzaine tout à l'heure qui,
pour le moment, vont poursuivre. Est-ce que ça pourrait évoluer? Peut-être. Il
ne faut pas oublier... Puis je le nommais... je le mentionnais lors de mon
allocution encore, lors de la conférence à Davos, les dirigeants dans le monde
entier, que ce soit au niveau des entreprises ou de différentes juridictions,
reconnaissent la décarbonation des transports, la décarbonation de l'économie
comme étant une tendance qui est lourde et qui est... et qui est présente,
qu'on doit maintenir. Donc, est-ce qu'il va y avoir une parenthèse, un
ajustement dans les quatre prochaines années au niveau de la vitesse de
l'adoption? Certainement. Est-ce que ça veut dire qu'on doit tout arrêter,
voire reculer? Non.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Un immense merci de votre présence parmi nous aujourd'hui.
On va suspendre les travaux quelques
instants, le temps de permettre au prochain groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise à 15 h 49)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
nous reprenons les travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de la Société pour la nature et les Parcs, Québec. Je vous
rappelle que vous avez 10 minutes pour faire votre exposé, après quoi il y aura
une période d'échange bien sûr avec les membres de la commission. Alors, je
vous invite à vous présenter et à enchaîner avec votre exposé.
M. Branchaud (Alain) : Merci.
Mme la Présidente de la commission, M. le ministre, membres de la commission,
considérez-vous salués. Mais je me présente : Alain Branchaud, je suis
directeur général de la SNAP-Québec, la Société pour la nature et les parcs.
Aujourd'hui, je suis accompagné de mes collègues Marie-Pierre Beauvais, qui est
directrice, Aires protégées, sud du Québec, et Jean-Philippe Lemay, qui est
avocat à la SNAP-Québec.
La SNAP-Québec, c'est un organisme à but
non lucratif dédié à la protection de la nature et à la création d'aires
protégées à travers tout le Québec. Notre démarche repose sur la collaboration
et la recherche de solutions avec les peuples autochtones, les gouvernements,
les acteurs de l'industrie et les communautés locales. Depuis plus de 20 ans,
notre équipe accompagne des porteurs de projets d'aires protégées dans leurs
démarches, notamment dans le cadre du récent appel à projets du gouvernement du
Québec à travers... et également à travers l'initiative plein air, rendue
possible grâce à un financement du gouvernement du Québec. La conservation des
espèces menacées et vulnérables et de leurs habitats est aussi au cœur de la
mission de la SNAP-Québec.
• (15 h 50) •
M. Lemay (Jean-Philippe) : Bonjour
à tous et toutes. Comme vous le savez, en décembre 2022, le Québec s'est engagé
à protéger 30 % de ses milieux terrestres et marins d'ici 2030. Dans la
dernière année, le gouvernement et l'ensemble de la société civile ont mis en
place les chantiers nécessaires pour atteindre cette cible ambitieuse.
Cependant, cette volonté risque d'être insuffisante si le régime législatif
n'est pas, lui aussi, mis à jour pour assurer le maintien des milieux naturels
les plus prioritaires, et par là on parle évidemment des milieux humides dans
la région des basses terres du Saint-Laurent et...
M. Lemay (Jean-Philippe) : ...des
habitats d'espèces à statut précaire. Donc, le projet de loi est une occasion
de répondre à ce besoin-là.
Dans son ensemble, le projet de loi
accorde une plus grande flexibilité au gouvernement du Québec et aux
municipalités pour agir en matière d'environnement. Dans certains cas, la
flexibilité, ça permet d'agir plus rapidement pour les efforts de conservation,
comme c'est... comme ce qui est proposé par exemple pour les milieux naturels
désignés sur plan. Par contre, dans d'autres domaines, la même flexibilité
pourrait mener à des reculs importants, comme pour l'autorisation de travaux
préalables à l'évaluation de leur impact. La SNAP-Québec encourage les membres
de la commission à trouver un équilibre entre le maintien d'un minimum de
garanties de protection et la flexibilité gouvernementale.
À la lecture du projet de loi, un constat
général s'impose : ce qui est proposé ne suffira pas ni à éviter la
destruction des milieux naturels les plus importants ni à compenser
véritablement leur perte. Pour cette raison, il nous semble nécessaire
aujourd'hui de mettre l'accent sur une nouvelle approche d'évitement et de
compensation des pertes de ces milieux naturels. Vous trouverez dans notre
mémoire nos recommandations sur les autres enjeux contenus au projet de loi, y
compris pour les milieux naturels désignés sur plan, les outils d'évaluation
environnementale et la compétence accrue des municipalités. Nous remercions
évidemment la commission de nous avoir invités à partager sa réflexion.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Donc,
la SNAP-Québec est d'avis que la législation québécoise devrait renforcer
l'encadrement de certains milieux naturels afin d'atteindre l'objectif de zéro
perte nette. La science est claire sur le rôle que les milieux humides et
hydriques et les habitats d'espèces menacées et vulnérables jouent dans le
maintien de la biodiversité et dans la lutte et l'adaptation aux changements
climatiques. Bien que le gouvernement du Québec ait plusieurs fois rappelé
l'importance de la cible de zéro perte nette pour les milieux humides et que la
loi prévoie une séquence d'évitement, de minimisation et de compensation, sur
le terrain la destruction de ces milieux naturels se poursuit.
Le rapport de la commissaire au
développement durable publié en 2023 est sans équivoque : l'étape de
l'évitement est trop souvent ignorée, alors que les efforts de compensation
sont loin d'être suffisants ou efficaces. Pour les habitats d'espèces en
situation précaire, notamment en raison du manque d'inventaire en territoire
public, nous ne savons même pas ce qui est détruit ou perdu.
Pour les rares habitats légalement
protégés, le projet de loi propose des avancées intéressantes mais ne... mais
ne va pas assez loin pour garantir aucune perte nette. La SNAP-Québec propose
donc d'agir en deux étapes, en renforçant d'abord les critères permettant
l'autorisation de détruire ces milieux naturels, notamment pour les habitats
d'espèces fauniques menacées ou vulnérables, qui sont les grands oubliés du
présent projet de loi. En deuxième temps, nous proposons que, sauf exceptions
prévues par règlement, l'autorisation de détruire un milieu humide dans la
région des basses terres du Saint-Laurent ou l'habitat d'une espèce à statut
soit conditionnelle à l'aménagement d'un milieu de remplacement jugé
fonctionnel et efficace en amont des travaux. Compte tenu des coûts importants
et de l'incertitude scientifique quant à l'efficacité de la restauration ou de
la création d'écosystèmes aussi sensibles, la personne qui souhaite détruire un
milieu existant devrait être responsable de son remplacement. Si les coûts
risquent d'être rébarbatifs pour plusieurs projets, ils ne feront que refléter
la juste valeur de ce qui est perdu et le caractère occasionnel des projets qui
devraient être autorisés dans ces milieux. De cette façon, l'évitement
deviendrait réellement la norme plutôt que l'exception.
M. Branchaud (Alain) : Plus
spécifiquement pour les habitats d'espèces menacées ou vulnérables, le projet
de loi propose de resserrer les critères d'autorisation en incluant de nouveaux
éléments qui doivent être pris en compte par le ministre ainsi que les
conditions pour autoriser des modifications à ces habitats, mais seulement pour
les habitats floristiques. Nous recommandons d'appliquer les mêmes standards
aux habitats fauniques d'espèces menacées ou vulnérables. On ne devrait pas
avoir plus de protection pour les plantes que pour les animaux.
Pour les deux catégories d'espèces, les
critères d'autorisation proposés au projet de loi devraient être bonifiés pour
inclure, entre autres, la prise en compte de la possibilité d'éviter
l'atteinte, d'intégrer la notion d'effet cumulatif, par exemple on ne peut pas
juger un même projet si 90 % de l'habitat d'une espèce est déjà détruite
dans une région que s'il n'y a eu aucune entrave à ces habitats-là dans une autre
région, et de prévoir que l'activité ne soit pas... ne peut pas... ne doit pas
être susceptible de nuire qu'à la survie mais également au rétablissement de
l'espèce. L'objectif de la loi ne doit pas être de maintenir une espèce sur le
respirateur artificiel, c'est-à-dire juste la maintenir à sa survie, mais
d'œuvrer pleinement à préserver les conditions de son rétablissement. Le projet
de loi n° 81 doit refléter cette intention.
Pour les rares activités qui ne peuvent
pas être évitées dans ces habitats, le projet de loi prévoit déjà d'accorder
plus de flexibilité au ministre en lui permettant d'exécuter l'exécution de
mesures de conservation comme l'aménagement d'habitats de remplacement. Le
paiement d'une contribution financière n'offre aucunement la certitude que
l'atteinte à l'habitat et à l'espèce sera réellement compensée. Pour...
M. Branchaud (Alain) : ...assurer
aucune perte. Nous... Un demandeur devrait être responsable de fournir ou
d'acquérir un terrain de remplacement, y effectuer les travaux nécessaires pour
restaurer ou créer les... et/ou créer les fonctions écologiques à l'habitat à
détruire, y transférer les individus et faire indépendamment vérifier la
fonctionnabilité... fonctionnalité du nouvel... du nouvel habitat avant de
pouvoir débuter les travaux modifiant l'habitat original. Quand on remblaie un
milieu humide ou que l'on détruit un habitat d'une espèce en péril, c'est une
communauté entière d'espèces et d'individus que l'on fait disparaître, que l'on
enterre littéralement vivant.
De façon plus générale, nous profitons de
notre présence ici pour rappeler qu'une réforme en profondeur de la Loi sur les
espèces menacées ou vulnérables est essentielle afin d'assurer la transparence
et l'imputabilité des processus et pour moderniser l'approche globale du Québec
en matière de protection des espèces en péril. Le cadre législatif actuel ou
post p.l. no 81 ne permettra pas un encadrement suffisant pour assurer la
protection des habitats et des individus de nos espèces menacées ou vulnérables.
L'attente à réformer la loi est devenue ridicule et c'est peut-être l'exception
qui confirme la règle que le ridicule ne tue pas.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Pour
ce qui est des milieux humides et hydriques, la loi prévoit déjà des
obligations d'éviter de leur porter atteinte, ainsi que de compenser
financièrement leur perte. Pourtant, en pratique, la Commissaire au
développement durable a indiqué que, dans la majorité des autorisations
évaluées, elle n'avait pas réellement démontré que la perte du milieu humide
était inévitable. Le projet de loi propose de clarifier la notion d'évitement,
mais, selon notre analyse, il réduit plutôt le fardeau du demandeur qui ne sera
plus tenu de démontrer qu'il n'y a pas d'autre terrain disponible ou que la
nature du projet exige qu'il soit réalisé dans un milieu humide ou hydrique. La
SNAP-Québec recommande de ne pas modifier le... le libellé de la loi, mais de
l'appliquer avec diligence.
En matière de compensations, le projet de
loi fait un pas dans la bonne direction en accordant une plus grande
flexibilité dans la gestion des programmes de compensation financière.
Cependant, pour les régions, avec un seuil des milieux humides et hydriques
critique, notamment les régions des basses terres du Saint-Laurent, les compensations
financières ne sont tout simplement pas adéquates. L'atteinte de l'objectif de
zéro perte nette exige que le demandeur soit responsable de restaurer ou créer
des milieux humides avant le début des travaux.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Mesdames
et Messieurs de la commission, merci beaucoup pour votre écoute. En terminant,
nous souhaitons vous rappeler que nous ne sommes pas contre la possibilité
d'offrir davantage de flexibilité à l'État. Il nous appert essentiel de bien
baliser cette flexibilité pour assurer que la biodiversité en ressorte
gagnante. Nous vous invitons à lire notre mémoire pour de plus amples
recommandations et nous sommes également heureux de répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Blouin) : Un
grand merci à vous. Alors, nous allons débuter la période d'échange avec M. le
ministre pour 16 minutes 30 s.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Aux gens et partenaires de la SNAP, bonjour, merci d'être avec nous
cet après-midi, merci de vous offrir... de nous offrir votre éclairage. Vous
êtes effectivement de précieux partenaires sur bon nombre de projets que l'on
mène conjointement, et ce partenariat-là vous amène à... comment dire, vous
êtes conscients que c'est souvent le grand, grand défi de convaincre les milieux
eux-mêmes qui vont déterminer... qui va déterminer le succès ou non d'un
projet. On peut avoir de très bonnes idées, des idées qui sont même
nécessaires, mais, si le milieu est rébarbatif, ça va retarder la mise en place
du projet ou ça peut carrément compromettre les projets en question.
• (16 heures) •
Et c'est un petit peu dans cette
perspective-là qu'on a développé le projet de loi n° 81, c'est-à-dire un
projet de loi qui est très équilibré, qui nous permet d'avancer, sans
s'assurer... sans, au contraire, créer des blocages qui nous empêcheraient
d'avancer. Vous avez nommé des sujets qui ont été repris par bon nombre des
groupes qui vous ont précédés, les fameux travaux préalables. C'est un bel
exemple. C'est relativement bien accueilli par les différents groupes que nous
avons entendus jusqu'à maintenant. Un des reproches qu'on nous fait, c'est
qu'on devrait étendre ça à tous les types de projets, autant publics que
privés, en matière de développement des ressources renouvelables et des énergies
renouvelables. Et c'est là où on y va d'une position équilibrée, de dire :
Non, on n'étend pas ça à tous les projets, mais bien ceux qui sont pilotés par
des organisations publiques et principalement Hydro-Québec. Donc, il y a cette
quête d'équilibre qui nous a guidés.
C'est la même chose au niveau des milieux
humides. Je pense qu'on fait des avancées intéressantes dans le projet de loi
depuis quelques années. Je le dis, je le répète, et c'est le constat de tout le
monde, actuellement, on engrange des fonds suite à des compensations...
16 h (version non révisée)
M. Charette : ...qui sont
versées. Ce n'est pas du tout, du tout l'objectif des lois et des règlements
qui ont été adoptés au fil des années. Ce n'est pas de faire de l'argent avec
ça, c'est de pouvoir utiliser cet argent-là pour réhabiliter des sites. Donc,
clairement, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec la réglementation
actuelle. On veut permettre et faciliter les décaissements, on veut s'assurer
qu'on puisse rétablir des milieux humides. Et l'élément intéressant, c'est qu'on
va demander davantage d'explications sur les mesures d'évitement qui ont pu
être adoptées. Mais en même temps, ce que vous proposez, pour moi, l'idée sur
papier, elle est intéressante, mais c'est impossible de dire à un promoteur :
Vous voulez empiéter sur un milieu humide, donc vous devez non seulement
identifier un terrain avant, procéder à un rétablissement ailleurs, avec la
même... avec la même... avec même transfert d'espèces, et tout ça. On
ajouterait des mois, sinon des années dans bien des cas, donc on viendrait
empêcher la réalisation de projets. Et ces projets-là, ce ne sont pas que... j'ai
vu au fil des années différents articles, ce n'est pas uniquement pour
construire des magasins de grande surface ou autre. C'est souvent des écoles, c'est
souvent des logements, c'est souvent des bâtiments d'intérêt public qui doivent
être au cœur des communautés. Une école qui est très, très excentrée de la
population qu'elle dessert, ce n'est pas une école qui répond aux besoins de la
communauté. Tout ça pour vous dire que, par moment, et ça peut être déchirant,
oui, mais par moment, il faut effectivement empiéter sur les milieux humides,
malgré les bienfaits qu'on veut leur associer et qu'on doit leur associer.
Donc, c'est un défi qui n'est pas toujours simple. Et, dans certaines régions,
là où il nous faut une nouvelle école... Et j'ai des collègues par le passé qui
m'ont interpelé sur la nécessité du logement aussi, là où il nous faut du
nouveau logement social, on ne peut pas les envoyer toujours à l'autre bout d'une
région ou d'un village parce qu'on n'arriverait pas à desservir cette
clientèle-là qui a des besoins particuliers.
Bref, cette quête d'équilibre là est à la
base du projet de loi, et on va souhaiter, au gré des commentaires que l'on
reçoit, ensuite le bonifier, le projet de loi. C'est ce qui est fascinant avec
l'étude d'un projet de loi, j'en ai quelques-uns, et nos collègues ici, les
collègues ici en ont quelques-uns derrière la cravate ou, sinon, à travers les
années d'expérience qu'ils ont. Moi, je n'ai pas vu un projet de loi qui a été
déposé dans une forme X et qui a été adopté dans la même mouture à la fin.
Donc, l'exercice qui nous attend après, celui de l'étude article par article,
va nous permettre de le bonifier très certainement. Donc, il y a des
commentaires qui nous parviennent de différents groupes qui nous permettront de
l'améliorer, mais on ne pourra pas retenir toutes les propositions, d'une part,
elles sont souvent contradictoires d'un groupe à l'autre et, dans d'autres cas,
les impacts seraient trop importants. Donc, le rétablissement avant l'autorisation,
malheureusement, on ne pourra pas aller là, on se couperait de l'adhésion des
milieux et ces milieux-là sont nécessaires pour pouvoir avancer. Donc, ça vous
est dit en toute, toute transparence, mais vous pouvez être certains qu'on
travaillera à améliorer le projet de loi.
Donc, je vous ai lancé quelques éléments,
peut-être pour vous rassurer, peut-être que ça génère des réflexions de votre
côté, si oui, on peut échanger et se partager des commentaires. Mais je sais
que j'ai ma collègue d'Argenteuil qui meurt d'envie de compléter, d'échanger
plus directement avec vous, mais très, très ouvert à prendre quelques instants
pour suivre l'échange avec vous, tout en ayant en tête que chaque seconde que l'on
prend ensemble, c'est un petit pincement au cœur de ma collègue d'Argenteuil.
M. Branchaud (Alain) : ...juste
dire qu'on construit des écoles pour assurer un avenir à nos enfants. Aujourd'hui
plus que jamais, on protège nos milieux humides pour assurer un avenir à nos
enfants aussi. Donc, il faut aussi...
M. Charette : Aussi, aussi.
Non, tout à fait.
M. Branchaud (Alain) : Il
faut aussi prendre ça en considération. Dans le cas de notre idée de mettre...
de transférer la prise en charge par le secteur privé de la réhabilitation d'un
milieu, on pense que c'est une bonne idée qui mérite peut-être davantage de
considération. On dit souvent que le milieu privé est plus efficace. Si on veut
poursuivre la logique, là, de zéro perte nette dans le... même dans le
programme qui est en place, que vous... dont vous assurez une plus grande
flexibilité, là, pour faire décaisser l'argent, ce à quoi on adhère et on salue
cette... ces modifications-là. Donc, si on veut poursuivre cette logique-là, il
va falloir aussi que l'État et les mandataires de cet argent-là trouvent des
terrains, il va falloir qu'il fasse la réhabilitation. Donc, il va y avoir ce
travail-là qui va devoir...
M. Branchaud (Alain) : ...de
toute façon. Et on propose cette situation-là vraiment dans deux cas
d'exception, les cas où il y a des espèces menacées ou vulnérables pour
vraiment forcer l'évitement et des cas où il y a des milieux humides dans des
secteurs où vraiment on a perdu une grande majorité de nos milieux humides et
où on ne peut plus s'en permettre. Donc, on ne propose pas cette mesure-là mur
à mur, mais on pense que ça mérite d'être exploré.
La Présidente (Mme Blouin) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci
beaucoup. Combien de temps il reste?
La Présidente (Mme Blouin) :
8 min 45 s.
Mme Grondin : Parfait.
Tout d'abord, je voulais... Très belle tourbière sur votre page de votre
mémoire. Estce qu'il y en a un d'entre vous qui a eu le bonheur de marcher dans
cette tourbière-là?
M. Branchaud (Alain) :
C'est laquelle?
Mme Grondin : Juste pour
vous faire rire. En fait, moi, je vais me concentrer... On n'a pas beaucoup de
temps. Je vais me concentrer sur la question des milieux humides et hydriques,
puis ça va être deux grandes questions, une question sur l'approche de la
conservation puis l'autre sur la restauration-création. Sur la question de la
conservation, bon, vous amenez, tu sais, dans le fond, ce qu'on constate, c'est
que malgré tout le travail qui est fait depuis 2017, cette volonté-là de dire
on protège nos milieux humides et hydriques, on constate que ce n'est pas si
simple. Puis le zéro perte nette, on ne l'a pas encore atteint. Puis là il y a
différents groupes qui proposent des solutions. Ça tourne autour de la question
de l'évitement. Là, vous, vous en proposez une jusqu'à un certain point.
Avez-vous... Parce que ce n'est effectivement pas si simple. Et dans les basses
terres du Saint-Laurent, ce l'est encore moins, de conjuguer tous les usages,
ou les besoins, ou... Et donc là, cette recherche d'équilibre là, du point de
vue de la conservation des milieux humides et hydriques, est-ce qu'il y a
quelque chose de plus concret? Là, tu sais, il y a une proposition qui est sur
l'évitement où on demande au promoteur dorénavant de démontrer qu'il a fait
l'exercice. Parce que le constat sur le terrain, c'est vraiment ça, là, c'est
qu'il n'y a pas d'effort qui est mis pour éviter dans le cadre des projets.
Donc, est-ce que vous avez d'autres propositions?
M. Branchaud (Alain) :
Dans notre mémoire, on propose entre autres, l'établissement d'un registre qui
permettrait d'identifier des endroits alternatifs pour soit aller faire de la
réhabilitation ou de la restauration d'habitat ou encore de transférer le
projet qui est prévu sur un site a vers le site b. Comme ça, on aurait un
processus dynamique qui éviterait peut-être toutes ces discussions-là. Un
exemple très concret, Mme Lamothe veut faire son projet sur le site a.
C'est un milieu humide. Elle doit faire les démarches nécessaires pour aller
faire son projet. Il y a un registre qui existe qui lui permettrait de
compenser sur le site b. Mais elle pourrait aussi avoir l'alternative de
transférer son projet vers le site b si ça convient à ses prérogatives ou ses
critères de développement économique. Donc ça, c'est une approche qui pourrait
être faite. Autrement, de façon très concrète aussi, on pense que dans les
milieux qui sont rendus pauvres, les secteurs qui sont rendus pauvres en milieux
humides et les secteurs où il y a des espèces menacées ou vulnérables, si on
doit absolument faire le projet à cet endroit-là, justement, que le privé
prenne en charge la restauration et la réhabilitation. Et à ce moment-là, on
aurait le prix juste à payer. Souvent, le secteur privé dit qu'il paye trop
cher pour les compensations. S'il pense pouvoir faire réaliser ce projet là à
coût moindre, bien, il a l'occasion de le faire. Donc, je pense que c'est deux
éléments très concrets qui pourraient être faits. Je ne sais pas, si vous
voulez compléter.
• (16 h 10) •
Mme Beauvais
(Marie-Pierre) : Bien, j'ai envie de compléter en disant aussi
peut-être que, des fois, les contraintes peuvent devenir des opportunités.
Donc, peut-être que les promoteurs pourraient aussi voir ça comme une occasion
de faire des bâtiments de différentes façons, d'avoir des projets mieux ficelés
qui intègrent davantage la biodiversité. Peut-être que, dans certains cas,
c'est trop facile encore de détruire les milieux naturels. Donc, on y va avec
la solution de moindre coût. Mais peut-être que, si on ajoute des contraintes,
les promoteurs vont peut-être aussi devenir innovateurs et avoir des projets
mieux ficelés qui intègrent davantage la biodiversité au lieu de simplement la
détruire. Même chose si on parlait des écoles, pourquoi ne pas faire des
milieux humides, restaurer des milieux humides près des écoles pour intégrer...
pour intégrer le processus dans le cursus scolaire, par exemple. Donc, ça
pourrait peut-être aussi créer des, finalement, des nouveaux projets encore
plus positifs pour les communautés.
Mme Grondin : Je suis
quand même surprise que vous me... Parce que vous avez accompagné...
Mme Grondin : ...voit au
niveau des aires protégées. Vous avez parlé du programme plein air dans la
région des Laurentides, des milieux qui ont encore beaucoup plus à investir, à
conserver ce qui existe qu'à penser à restaurer tout de suite ou créer, là. Je
ne dis pas qu'il n'y a pas ça, mais, dans la région des Laurentides, c'est
beaucoup ça. Vous avez accompagné de nombreux acteurs sur la question des aires
protégées en terres publiques. Je suis surprise que vous ne nous parliez pas
des plans régionaux des milieux humides et hydriques, des endroits qui sont
déjà... qu'il y a un potentiel de conservation de nos milieux humides et
hydriques.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Bien,
en fait, je pense que c'est sûr qu'il faut passer par... c'est peut-être la
première étape, mais, dans certains cas, les plans régionaux des milieux humides
et hydriques sont aussi parcellaires, au sens où, dans certains... dans
certaines MRC, il n'y a pas d'information nécessairement très complète sur les
milieux existants. Les MRC n'ont pas nécessairement non plus les ressources
pour aller valider sur le terrain. Il manque aussi de l'information sur les
territoires publics. Donc, les... sont certainement des outils. Là où il y a
encore des grands complexes de milieux humides, bien sûr qu'on devrait agir
pour les conserver tels quels. Nous, je pense que ce dont on parle, c'est
vraiment plus dans les basses terres du Saint-Laurent, là où les milieux
humides ont été réduits comme peau de chagrin, mais, autrement, bien sûr que
dans les régions où il y a encore de... des milieux humides existants en santé,
tout ça... bien sûr qu'il faudrait s'appuyer sur l'expertise des MRC pour venir
protéger ce qu'il y a déjà, là, en premier lieu.
Mme Grondin : Effectivement,
je vous ai orientés vers les basses terres du Saint-Laurent. C'est mon erreur,
je suis désolée.
M. Branchaud (Alain) : ...d'éviter
puis d'avoir une reconnaissance... d'éviter les endroits où il y a déjà des
milieux humides d'importance, mais les méthodologies qui ont été utilisées pour
identifier ces milieux humides d'importance là exclut d'emblée plein de milieux
humides qui sont hyperimportants pour la biodiversité. Une des grandes victimes
de cette approche et de cette méthodologie-là, c'est la rainette faux-grillon,
où les milieux humides temporaires ont été exclus de ces... de l'identification
de ces secteurs-là.
Donc, il faut... il faut avoir une
approche flexible mais dynamique aussi adaptée à chaque situation. Et c'est là
où les deux cas d'exception que nous, on propose, c'est vraiment dans des
secteurs où il n'y a vraiment plus beaucoup de milieux humides et où il y a des
habitats d'espèces menacées ou vulnérables. Là, on devrait élever notre seuil,
notre critère et donner la flexibilité au gouvernement de pouvoir agir de façon
plus musclée dans ces situations-là ou de permettre des alternatives qui sont
peut-être plus contraignantes en termes de temps et en termes d'argent, mais
qui garantissent quand même la possibilité à un projet de se faire dans des
conditions plus difficiles.
La Présidente (Mme Blouin) : Une
minute 30.
Mme Grondin : Une minute 30.
On a une minute 30 pour finir notre conversation, juste aujourd'hui, là. La
question de restauration, création, on a eu Canards illimités qui est venu hier
ou avant-hier, là, hier, je crois, puis qui indiquait, tu sais, il y a... il y
a un problème d'espace, notamment dans les basses terres du Saint-Laurent, là,
pour trouver des endroits, justement, intéressants pour restaurer, réhabiliter
ou même créer des milieux humides. Mais ils nous ont aussi parlé de banque de
projets. Ils nous ont aussi parlé de transfert d'expertise, d'accompagnement.
Est-ce que vous, vous considérez que, sur la question de la restauration puis
pourquoi les projets ne lèvent pas... Est-ce que vous voyez d'autres obstacles
ou d'autres défis auxquels on serait confrontés?
M. Branchaud (Alain) : Bien,
en fait, si on entraînait davantage les projets vers de la restauration
obligatoire et donc... dans les cas où on ne peut éviter, on créerait aussi une
économie autour de ça, on développerait de l'expertise au Québec et, oui, donc
on favorise cet élément-là. Puis cette idée-là d'un registre est
superimportante selon nous pour, justement, rendre ça possible, la restauration
dans les basses terres du Saint-Laurent. Puis plus on se rapproche des grands centres
urbains, ça devient de plus en plus important d'appliquer ce principe-là de
zéro perte nette. En ce moment, on l'applique de façon théorique, mais, dans
les faits, sur les chiffres, ça ne colle pas. Donc, il faut...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
M. Branchaud (Alain) : ...il
faut développer ces outils-là, il faut développer l'expertise puis...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup.
M. Branchaud (Alain) : Oui,
excusez.
La Présidente (Mme Blouin) : Ça
complète cette portion de l'échange. Je me tourne vers la députée des
Mille-Îles pour 9 minutes 54.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, merci à vous trois d'être présents. Et je pense que ce
n'est pas la première fois qu'on se rencontre, on se voit souvent dans des
commissions parlementaires, et vous avez toujours un éclairage fort pertinent,
particulièrement sur les milieux humides et hydriques. On a beaucoup échangé
là-dessus. Moi, c'est quelque chose qui m'interpelle beaucoup.
La loi, lorsqu'elle a été adoptée en 2017,
avait pour objectif zéro perte nette. Là, actuellement, on est, de... selon ce
que je comprends de votre mémoire, à un déficit...
Mme Dufour : ...de pertes de
près de 10 millions de mètres carrés, là, de ce que je comprends, là,
selon vos chiffres, là, qu'on en a détruit près de 15 millions. Il y en a
eu quelques-uns qui ont été conservés et quelques-uns qui ont été créés, mais,
au total, près de 10 millions de mètres carrés. On est très... de perte
nette, là, donc on est très, très, très loin du zéro perte nette. Est-ce qu'à
votre opinion les fonds qui sont dans le programme actuellement pourront
permettre de reproduire ces 10 millions de mètres carrés détruits?
M. Branchaud (Alain) : Bien,
selon notre évaluation, non, parce que juste le coût d'achat de terrains pour
aller réaliser ces projets-là, dans les... la région des basses terres du
Saint-Laurent, dépasse, selon notre estimation, le coût... l'enveloppe totale.
Donc là, on n'a même pas pris en compte les travaux à réaliser. Et c'est là où
l'idée qu'on propose de donner la responsabilité au secteur privé et à ceux qui
veulent détruire ce milieu-là, de prendre en charge complètement tout... tout
le cycle nécessaire pour pouvoir arriver à zéro perte nette. Donc, c'est... la
réponse courte, c'est non.
Mme Dufour : Non, parfait.
Donc, c'est... puis on comprend que, dans les basses terres du Saint-Laurent,
c'est encore plus dramatique, là, les coûts des terrains sont plus élevés, la
disponibilité est moins grande. Vous avez parlé d'un registre et vous n'êtes
pas le premier groupe à parler d'un registre de terrains disponibles, mais
est-ce que c'est réaliste, dans les basses terres du Saint-Laurent, d'avoir un
registre qui puisse vraiment... tu sais, compenser des... de nouvelles
destructions?
M. Branchaud (Alain) : Bien,
en fait, on pense que oui. Il y a déjà le groupe Habitat qui a développé un
registre exploratoire, justement, pour mettre en œuvre ce genre d'idée là. Ils
n'avaient pas nécessairement le même genre d'idée qu'on avait à ce moment-là,
mais ils ont... ils ont établi un registre pour la CMM. Donc, ils ont eu un
contrat de la Communauté urbaine de Montréal, donc, et c'est sûr qu'il y a des
défis autour de ça. Mais si on fusionne trop cette idée-là d'éviter, minimiser
et compenser, puis qu'on a un glissement toujours vers la compensation et vers
la minimisation des impacts, puis qu'on a... qu'on n'a pas de contraintes
suffisantes pour l'évitement, on va se retrouver toujours dans la même situation.
Donc, on est d'accord avec la flexibilité. On pense que ça peut rendre un
gouvernement plus agile, mais il faut que cette flexibilité-là soit bien
encadrée. Et il faut aussi, en contrepartie, pour avoir un meilleur équilibre,
donner aux législateurs puis au gouvernement la possibilité d'imposer des
correctifs en amont de la destruction des milieux naturels. On pense que c'est
la seule façon d'envoyer ce signal-là fort et clair. Et, si le milieu privé,
encore une fois, dit que ça lui coûte trop cher en compensation, il peut faire
la preuve avec ce modèle-là qu'il pourrait réaliser cette compensation-là à
moindre coût.
Mme Dufour : Dans votre
mémoire, vous mentionnez qu'en fait ce n'est pas... le problème n'est pas la
loi actuelle, c'est plutôt la façon qu'elle est appliquée. Puis c'est
sensiblement ce que la Commissaire au développement durable disait en 2023.
Donc, vous suggérez de ne pas adopter deux articles, les articles qui,
finalement, modifieraient le régime, mais que finalement ça ne changerait pas
la situation, là, c'est ce que je comprends, si on les adoptait, là.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Bien,
effectivement, pour nous, l'enjeu, ce n'est pas tant le libellé, en ce moment,
de la loi, plutôt la façon dont c'est appliqué. Quand on... quand on regarde le
rapport de la commissaire, c'est un peu la conclusion à laquelle elle arrive.
Quand on compare les deux libellés de ce qui est proposé en ce moment, il y a
des choses qui sont intéressantes. On parle des scénarios qui doivent être
évalués par le demandeur, donc ce n'est pas inintéressant.
Par contre, pour nous, on semble un peu
réduire le fardeau qui est mis sur le demandeur. D'un point de vue un peu... un
peu juridique, ça ressemble un peu à une obligation de résultat, dans la loi
actuelle, alors que, là, c'est un peu plus une obligation de moyens.
C'est-à-dire qu'on vient nous dire : Montrez-nous que vous avez fait vos
devoirs, demandeurs, vous avez regardé le PRMHH, vous avez regardé les options
qui étaient disponibles pour minimiser au maximum l'évitement, alors que, dans
la loi, si on l'appliquait comme c'est prévu en ce moment, bien, il y a très
peu de situations où est-ce qu'on peut... où est-ce qu'on peut dire que c'est
inévitable, c'est-à-dire quand il n'y a pas de terrains qui sont disponibles et
quand le projet comme tel doit être dans un milieu humide et hydrique. Donc, si
on s'en tient à ce texte de loi là, bien, pour nous, ça répond aux critères de
l'évitement, là.
• (16 h 20) •
Mme Dufour : Parfait. Merci.
Oui...
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Je
me permets un petit complément pour répondre également à la question de Mme
Grondin. Je fais un petit clin d'oeil, là. Il reste quand même encore du
territoire public dans les basses terres du Saint-Laurent. Ça vaudrait peut-être
la peine aussi de les mettre à profit. Il y a encore des terres publiques sans
nécessairement de gestionnaire. Il y a les terrains aussi d'Hydro-Québec, du
MTQ. Donc, il y a peut-être aussi possibilité...
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : ...une
possibilité d'aller... d'aller faire des projets aussi de restauration, de
création en territoire public dans les Basse-Terre du Saint-Laurent, donc à ne
pas sous-estimer non plus en termes de superficie.
Mme Dufour : Parfait. Merci
beaucoup. Dans... À la page 18 de votre mémoire, vous conseillez au
gouvernement de définir clairement ce qu'est l'utilisation durable d'un milieu
humide et hydrique. Est-ce que vous, vous avez une proposition de qu'est-ce que
ce serait, une utilisation durable?
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : En
fait, c'est... Pour avoir justement beaucoup accompagné le milieu municipal,
c'était une grande question et, pour avoir aussi participé à différents forums,
c'était une grande question du milieu municipal de... en fait, de définir qu'est-ce
que pourrait être l'utilisation durable d'un milieu humide et hydrique.
Évidemment, ça dépend aussi des différents milieux. Donc, la question est
vaste. Mais l'idée ici, c'est de définir des lignes directrices pour aiguiller
le milieu municipal qui, dans bien des cas, n'a pas nécessairement les
ressources pour réfléchir ou... à toutes ces questions-là, pas nécessairement
le temps. Donc, sans nécessairement avoir une réponse claire aujourd'hui,
l'idée, c'est surtout d'outiller au maximum les MRC parce que ça émane d'un
besoin, là, qui a été exprimé à plusieurs reprises.
Mme Dufour : Bien... Et, de
ce que je comprends, c'est... c'est qu'en... en laissant chacune des MRC, des
municipalités déterminer ce que c'est, bien, aussi, ça n'amène pas de vision
uniforme, là, sur le territoire. Donc, vous recommandez que ce soit fait au
niveau du gouvernement, là.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Bien,
disons que, dans le cadre de l'appel à projets, on a quand même parcouru
l'ensemble du Québec, là, à la rencontre justement des élus dans les MRC. Puis,
évidemment, les contextes sont très différents en termes de ressources, en
termes de capacités, en termes de temps. Donc, si on peut au moins définir des
lignes de base pour déjà démarrer leur réflexion... Puis, oui, effectivement,
pour avoir une uniformité, avoir une... disons, des critères d'excellence, là,
de base, ça devrait venir du ministère, à notre avis, pour éviter justement
peut-être que les MRC soient prises avec ces grandes questions d'aménagement du
territoire, alors qu'ils ont plein d'autres dossiers aussi à gérer.
Mme Dufour : Oui. Merci. Il
ne me reste pas beaucoup de temps, mais je voudrais vous entendre sur les
travaux préalables. Vous mentionnez, là, que... bien, en fait, ça pourrait...
ça pourrait être des travaux potentiellement irréversibles qui seraient
effectués. Le ministre a mentionné que c'était seulement des ministères ou
Hydro-Québec. Hydro-Québec semblait minimiser les impacts de tels travaux. Moi,
je voudrais vous entendre, votre expérience du terrain. Est-ce que les travaux
des ministères et d'Hydro-Québec sont toujours, disons... tu sais, n'ont pas
d'impact ou ils ont des impacts? Puis est-ce que c'est arrivé qu'il y ait eu
des travaux qui ont été faits, mais finalement le projet ne s'est pas réalisé?
M. Branchaud (Alain) : Bien,
nous, on milite certainement pour qu'il y ait une clause d'espèces menacées ou
vulnérables dans cette disposition-là, justement pour éviter qu'il y ait des
travaux qui soient faits de façon irréversible pour des habitats qui sont
hyperimportants pour une espèce qui est au bord du gouffre. Donc, ça,
minimalement, on pense que ça devrait être inclus dans cette flexibilité-là que
se donne le gouvernement. On ne peut pas se permettre d'aller détruire des
habitats importants si, au final... Tu sais, on ne peut pas lutter contre la
crise climatique au détriment, là, de la crise de la biodiversité. Donc, d'une
façon générale, on n'est pas nécessairement complètement fermés à cette
idée-là, mais ça doit être mieux balisé.
Mme Dufour : Oui. Puis vous
mentionnez... puis là, vraiment, il ne me reste vraiment pas beaucoup de temps,
vous mentionnez que, malheureusement, il n'y a pas la protection des habitats
actuellement. Quand on protège une espèce, on protège l'espèce, mais pas son
habitat.
M. Branchaud (Alain) : ...le
processus d'identification des habitats protégés dans la législation québécoise
pour les espèces menacées ou vulnérables est compliqué, il y a vraiment besoin
d'avoir une grande modernisation de ça.
Mme Dufour : ...je crois.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Donc, on poursuit avec M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve pour trois minutes
18.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Je poursuis sur la lancée de ma collègue, la
question des travaux préalables. Il y a des groupes qui sont passés avant vous
qui souhaitaient que ça soit élargi au secteur privé. Est-ce que... J'imagine
que vous pensez que ce n'est pas une bonne idée, déjà, si vous proposez de
retirer... Si j'ai bien compris, vous voulez que ça ne soit pas adopté, cet
article-là?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Dans
un monde idéal, effectivement, ce ne serait pas adopté. J'entends, on est
rassurés, d'une certaine façon, des propos du ministre et d'Hydro-Québec, on va
se rappeler de façon très limitée. Par contre, l'enjeu, c'est que les termes
dans la loi sont très larges. On parle de transition écologique, on parle
d'intérêt public, donc possiblement, dans un autre gouvernement ou dans une
autre... à une autre période, ces termes-là pourraient être utilisés pour
beaucoup de projets dont, comme on parlait tantôt, des travaux qui pourraient
être dans des habitats d'espèces menacées où, je pense, c'est assez clair, la
science...
M. Lemay (Jean-Philippe) : ...c'est
assez clair qu'une fois qu'on rentre là-dedans puis qu'on fait des travaux,
bien, c'est irréversible, là, pour des habitats qui sont très fragiles. Donc,
non. Évidemment, nous, c'est sûr qu'on demande à ce que ce ne soit pas adopté
et évidemment pas élargi. Si ça a à être adopté, effectivement, comme mon
collègue Alain le mentionnait, il pourrait y avoir des clauses pour spécifier
que dans des habitats d'espèces menacées, ça ne pourrait pas avoir lieu.
M. Leduc : Où là, c'est
beaucoup plus clair, ce qui est une espèce menacée, contrairement à la
définition de participer à l'atteinte des cibles climatiques.
M. Lemay (Jean-Philippe) :
Oui.
Mme Beauvais
(Marie-Pierre) : Également en ce qui concerne Hydro-Québec et l'éolien
peut-être encourager à une évaluation régionale stratégique ou à une réflexion
sur la façon dont les projets sont déployés sur le territoire. À l'heure
actuelle, il y a beaucoup de projets qui se déploient un peu partout, sans
nécessairement avoir une vision globale, autant sur les espèces menacées ou
vulnérables, qui sont perdues parce que, des fois, ces projets sont en
territoire public. Et ce n'est pas l'objet de la commission, mais reste que la
foresterie en territoire public entraîne énormément de pertes d'habitats,
d'espèces menacées et vulnérables parce qu'on sait très peu de choses sur le
territoire public et qu'il n'y a pas nécessairement d'inventaire en bonne et
due forme en amont des travaux. Dans certains cas, c'est des travaux qui sont quand
même très sévères.
M. Leduc : J'aimerais
vous offrir le temps qu'il me reste pour voir s'il y a un aspect de votre
mémoire qu'on n'a pas abordé jusqu'à ce moment-ci puis que vous pensez qu'il
serait important de traiter.
M. Lemay (Jean-Philippe) :
Oui... qui est quand même intéressant, qui serait à développer peut-être avec
les milieux naturels désignés sur plan. Donc, dans le projet de loi, il serait
intéressant puisque le gouvernement vient proposer de faire un cadre
réglementaire. À la SNAP-Québec, on pense que c'est vraiment un outil qui
aurait un potentiel dans le sud du Québec, où il y a beaucoup de terres
privées, d'aider à atteindre la cible de 30 %. Par contre, on encourage le
gouvernement à ce que ces normes-là, qui vont être prévues par règlement,
soient conformes aux normes internationales pour que ça puisse être
comptabilisé, pour qu'il y ait des gains pour la biodiversité?
M. Leduc : Il reste une
trentaine de secondes. Un autre aspect de votre mémoire que vous voulez mettre
de l'avant? Vous aviez 27 recommandations, 25 recommandations?
Mme Beauvais
(Marie-Pierre) : Vive les espèces menacées ou vulnérables!
M. Branchaud (Alain) :
Oui. Bien peut-être parce qu'on se rend compte... La Loi sur les espèces
menacées ou vulnérables a été adoptée en 1989. Moi, quand j'étais
fonctionnaire, au début des années 2000, on parlait déjà de mettre en
place une réforme. On est rendus en 2025. Je pense qu'il y a une nécessité
d'aller de ce côté là.
M. Leduc : ...M. le
ministre. On a un devoir qui nous est proposé. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) :
Merci à vous. Alors, on va conclure avec le député des Îles-de-la-Madeleine
pour 3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci
beaucoup. Merci, madame, messieurs. Moi, je veux revenir sur la question du
zéro perte nette parce que je pense que votre point de vue est assez clair,
mais dans le... Dans le temps long, là, si on se projette dans 10 ans, est-ce
que vous pensez qu'il est possible avec une somme qui a été cumulée, puis
compte tenu du fait que le coût des... des terrains, le coût des projets, tout
ça, qu'on résorbe un jour l'équilibre avec ce qui nous est présenté
aujourd'hui? Est-ce qu'on est tous dans une espèce de comédie où on dit :
L'objectif c'est ça. Mais les moyens ne sont pas là puis on n'y arrivera
jamais, là? Je ne veux pas être trop cynique, mais la proposition que vous
faites, ça ne permet même pas de faire la récupération des sept dernières
années. Ça permet peut-être de minimiser ce qu'on peut anticiper de perdre au
cours des 10 prochaines. Votre commentaire.
• (16 h 30) •
M. Branchaud (Alain) :
Bien, c'est une question très large. Puis c'est une bonne question. Dans le
nouveau cadre mondial de Kunming-Montréal pour la biodiversité, il y a un
objectif quand même auquel adhère le gouvernement du Québec, de restaurer
30 % des terres à restaurer. Bon, première chose à faire, c'est :
C'est ce 30 % de quoi? Il faut l'identifier, ça. Il faut. Il faut
identifier ces secteurs-là à restaurer. Donc, ça vient s'ajouter à l'idée d'un
registre, d'une certaine façon. Si on adhère à cet objectif-là, je pense qu'à
la base, il va falloir aller identifier des terres. Donc, ça serait la première
place, le premier endroit à commencer selon moi. Après, on... Nous, on pense qu'on
a répondu tantôt à la question de la députée sur : Est-ce qu'il y a assez
d'argent pour vraiment arriver à zéro perte nette? On pense que non. Les coûts
sont prohibitifs, juste de l'acquisition des terrains. Donc, il faut... Il faut
trouver davantage de solutions maintenant pour stopper l'hémorragie. Et ça,
c'est de mettre l'accent sur l'évitement. Ça fait partie de la politique du
gouvernement du Québec. Ça fait partie de la loi d'éviter de détruire des
milieux naturels, d'éviter de détruire des milieux humides, d'éviter absolument
de détruire des habitats d'espèces menacées ou vulnérables. Donc, c'est pour ça
que, nous, on pense vraiment qu'en transférant la responsabilité, on va trouver
cet équilibre-là. Parce qu'en ce moment, on n'est pas dans un équilibre. On est
dans un déséquilibre, il y a des... On parle de pourcentages de 80 % et
90 % dans certaines régions de milieux, d'habitats d'espèces menacées ou
vulnérables qui ont disparu ou de milieux humides qui ont disparu. Donc,
l'équilibre, c'est 50 % selon moi, là, autour de ça. On est...
16 h 30 (version non révisée)
M. Branchaud (Alain) : ...loin
de ça. Donc, allons vers des mesures qui vont faire en sorte que la société au
grand complet, les partenaires de tous les... de tous horizons, incluant le
secteur privé, prennent en charge cette... partagent la responsabilité.
M. Arseneau : ...est-ce que
ce n'est pas un peu, là, le parallèle qu'on pourrait faire... parce qu'on en a
déjà discuté avec d'autres intervenants, on parle souvent de la responsabilité
élargie des producteurs, mais pourquoi on ne parle pas de la responsabilité
élargie et directe des destructeurs? C'est un peu la question qu'on peut se
poser aujourd'hui, parce que c'est la responsabilité de tout le monde puis de
personne à la fois, puis on n'a même pas les montants nécessaires ni les
projets à réaliser pour résorber le... les pertes. Réflexion.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. C'est tout le temps qu'on a. Donc, un grand merci de votre présence
parmi nous aujourd'hui.
Je vais suspendre les travaux le temps d'une
courte pause.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 16 h 36)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Fédération des
Chambres de commerce du Québec. Je vous souhaite la bienvenue. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous allons
procéder à la période d'échange avec les membres de la commission. Alors, je
vous invite d'abord à vous présenter et à enchaîner par la suite.
Mme Proulx
(Véronique) :Alors, bonjour à tous. Je
suis la présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce
du Québec, et je suis accompagnée de mon collègue.
M. Lavigne (Mathieu) : Mathieu
Lavigne, directeur des affaires publiques et économiques.
Mme Proulx
(Véronique) :Alors, merci à tous de nous
avoir invités pour qu'on puisse présenter notre perspective sur le projet de
loi n° 81. Alors, la Fédération des chambres de commerce du Québec représente
plus de 40 000 entreprises exerçant leurs activités dans tous les secteurs de
l'économie et sur l'ensemble du territoire québécois. On est le plus important
réseau des gens d'affaires et des entreprises du Québec et on compte parmi nos
membres les chambres de commerce régionales et locales ainsi que des
entreprises. Alors, tous poursuivre le même but, soit de favoriser un
environnement d'affaires innovant et concurrentiel.
Alors, ce projet de loi de type omnibus
propose des modifications importantes à plusieurs éléments notre cadre
législatif et environnemental qui ont et qui auront un impact sur la
compétitivité de nos entreprises. Alors, bien que nous saluons plusieurs des
mesures envisagées, nous croyons fermement que des ajustements seront
nécessaires pour maximiser ses retombées positives tout en préservant la
compétitivité des entreprises québécoises. Notre mémoire et notre intervention
porteront plus spécifiquement sur trois volets du projet de loi qui
interpellent plusieurs secteurs économiques parmi nos membres, alors : les
évaluations environnementales, la conciliabilité des réglementations et la
norme VZE pour les véhicules lourds. Alors, vous constatez que notre mémoire
compte neuf recommandations. Lors de l'allocution, je présenterai la un, la
deux, la cinq et la six. Pour ceux qui ont la mémoire avec eux, il nous fera
plaisir de répondre à vos questions dans la période d'échange sur l'ensemble des
recommandations.
Alors, dans un premier temps, puis avant
de se lancer dans les recommandations, je voulais prendre un pas de recul pour
parler du contexte dans lequel on débat de ce projet de loi. Alors, on revient
d'une mission d'une semaine à Washington, où on a rencontré des entreprises
américaines, des élus républicains et démocrates, également, des regroupements
de gens d'affaires. Les États-Unis, c'est notre principal partenaire, mais
également notre principal compétiteur économique. Alors, la nouvelle
administration américaine a déjà amorcé une série d'actions pour alléger le
fardeau réglementaire des entreprises américaines, notamment, en matière
environnementale. Elle s'est aussi engagée à réduire le fardeau fiscal des
entreprises, sans parler de la menace tarifaire qui plane sur nous. Au niveau
canadien, on a vu un engagement politique très fort de certaines provinces,
notamment, l'Ontario, pour réduire le fardeau administratif des entreprises. Et
le Québec, bien, il doit en est conscient et adapter ses actions en
conséquence. On a un tout petit marché, on est collé sur le géant américain.
Alors, il faut considérer l'ensemble de ces éléments lorsqu'on regarde notre
compétitivité à l'échelle de notre continent.
Alors, je me lance dans nos recommandations;
la première... pardon : rendre optionnelle la nouvelle procédure
d'évaluation et d'examen des impacts environnementaux afin que les entreprises
puissent choisir la procédure convenant le mieux à la réalité. Alors, on
accueille favorablement la volonté de réduire les délais d'approbation qui
varient actuellement de 13 à 18 mois à environ neuf mois, donc ça, c'est très
positif. Une telle amélioration répond à une demande cruciale des entreprises
qui ont besoin de prévisibilité pour attirer des investissements et démarrer
leurs projets à temps pour qu'il y ait encore un marché pour eux lorsque le
projet sera complété. Cependant, la création d'un nouvel avis d'intention qui
viendrait remplacer l'avis de projet risque de déplacer le fardeau administratif
vers les premières étapes du processus, sans garantir que ça va réellement
simplifier les choses ou raccourcir les délais. Ce mécanisme pourrait pénaliser
les projets, dont les spécifications évoluent en cours de route, comme c'est
souvent le cas dans certains secteurs comme l'éolien.
• (16 h 40) •
Pour répondre aux besoins variés des
promoteurs, on pense qu'il est essentiel que cette nouvelle procédure demeure
optionnelle. Les entreprises devraient pouvoir choisir entre la méthode
actuelle et la nouvelle, on doit leur donner de la flexibilité. De plus, les
exigences de ce nouvel avis doivent être clairement définies et adaptées pour
éviter les ambiguïtés qui pourraient ralentir le projet. Aujourd'hui, on ne
sait pas encore de quoi... comment il sera établi, comment il sera défini.
Alors... Et malgré tout ce que je viens de dire, puis, encore une fois, on
réitère qu'on avance dans la bonne direction, je tiens quand même à rappeler
qu'au Québec c'est beaucoup plus long de faire des investissements majeurs, que
c'est le cas en Ontario et aux États-Unis.
Deuxième recommandation, recommandation 2
dans le mémoire : étendre à tous les promoteurs privés et publics
l'autorisation de débuter les travaux avant d'avoir une autorisation
environnementale prévue dans le nouvel article 31.4.2. de la LQE. En ce qui
concerne les projets liés directement à la transition énergétique, on soutient
l'initiative qui permettrait à certains promoteurs publics de...
Mme Proulx
(Véronique) :...les travaux avant d'avoir
obtenu toutes les autorisations environnementales. Pourquoi? Parce que cette
mesure est cruciale pour accélérer la transition énergétique et atteindre nos
cinq...nos cibles, pardon, climatiques. En contrepartie, il est impératif
d'élargir cette disposition aux promoteurs privés qui jouent un rôle clé dans
le développement des énergies renouvelables et le développement économique
régional.
Tel que c'est dit présentement, ces
acteurs ne bénéficieraient pas des mêmes avantages, alors que leurs projets
sont tout aussi nécessaires à l'atteinte des objectifs de décarbonation et de
développement des énergies vertes que le gouvernement s'est fixés. C'est
notamment le cas des projets de production d'énergie propre, minéraux critiques
et stratégiques. Dans un contexte où nos voisins américains, avec des
initiatives comme le plan d'accélération des permis et licences, lié à
l'Inflation Reduction Act, ont pris de l'avance. Le Québec ne peut pas se
permettre de rester en retrait. De plus, on le sait, la création de richesse,
elle va venir du secteur privé. Il faut leur ouvrir le chemin pour leur
permettre de jouer leur plein rôle dans la transition énergétique et dans la
croissance économique du Québec.
Cinquième recommandation : retirer
les articles 149 à 141 du projet de loi et conserver le principe de préséance
de la réglementation nationale sur la réglementation municipale. Alors, le
projet de loi propose essentiellement de remplacer la préséance accordée à la
réglementation nationale en matière d'environnement par ce qu'on appelle la
conciliabilité. En pratique, cette mesure risque de fragmenter le cadre
réglementaire et d'accroître la complexité pour les entreprises. Alors,
rappelons qu'au Québec il existe près de 1 100 municipalités. Au Québec, une
entreprise qui, de façon... de façon fictive, là, ferait affaire dans les 1 100
municipalités aurait 1 100 règlements différents à suivre. Alors, c'est
simplement pour illustrer que, plus on permet de fragmenter la réglementation,
plus il y a un coût, et ça devient difficile pour nos entreprises de faire
affaire.
La multiplication de la réglementation
locale pourrait entraîner une surenchère réglementaire puisque l'autonomie qui
leur est accordée ne vise qu'à être plus restrictifs que la norme nationale,
jamais moins. Cela risque de freiner les projets et d'en augmenter les coûts
pour les entreprises, je le mentionnais. Il est donc essentiel pour nous de
maintenir la préséance de la réglementation provinciale qui garantit un cadre
cohérent, stable et prévisible. Et, dans le contexte actuel, alors que - on l'a
vu avec l'arrivée du président Trump - les premiers ministres cherchent à
aplanir les barrières au commerce interprovincial, on demande, on demande aux
ministres, à la commission de retirer ces articles pour s'assurer d'une
cohérence puis maintenir notre compétitivité.
Recommandation 6, concernant les véhicules
lourds à zéro émission, alors la norme VZE. On demande au ministre de présenter
les intentions réglementaires du gouvernement concernant cette norme pour les
véhicules lourds, ainsi qu'une véritable analyse d'impact réglementaire
présentant un portrait de tous les impacts économiques possibles, notamment,
l'ensemble des coûts d'opération potentiels pour les entreprises concernées.
Alors, les véhicules lourds représentent, au Québec, environ 6,7 mégatonnes de
GES par année, soit 9 % des émissions totales du Québec. La mise en place
d'une norme zéro émission pour ce secteur est donc pertinente dans ce contexte.
Cependant, les défis sont quand même nombreux. Alors, dans un premier temps,
les véhicules lourds électriques coûtent actuellement deux à trois fois plus
cher que leurs équivalents conventionnels; et, deuxièmement, les
infrastructures de recharge adaptées à ces véhicules sont limitées et les
entreprises de transport qui réalisent plus des deux tiers de nos exportations
vers les États-Unis, ne peuvent supporter à elles seules le poids financier de
cette transition.
Pour accélérer l'adoption des véhicules
lourds à zéro émission, il est essentiel de réintroduire le programme de
soutien financier comme écocamionnage qui a été suspendu l'année dernière. De
plus, une approche technologique diversifiée incluant le biodiesel, le gaz
naturel renouvelable, l'hydrogène doit être encouragée pour maximiser la
résilience et réduire les coûts. La solution technologique, elle n'est pas
encore claire. Par contre, on doit privilégier le mix énergétique qui nous
permettra d'être le plus efficient et le plus efficace.
Et, enfin, l'harmonisation des normes,
avec celles de nos principaux partenaires nord-américains, est cruciale pour
garantir une concurrence équitable et éviter, encore une fois, les obstacles au
commerce. Alors, en conclusion, le projet de loi n° 81 constitue, pour nous,
dans son ensemble, une avancée, mais son succès dépendra de notre capacité à
intégrer flexibilité, soutien financier et cohérence réglementaire.
Alors, je vous remercie de votre
attention, et ça me fera plaisir... ça nous fera plaisir de répondre à vos
questions.
La Présidente (Mme Blouin) : Un
grand merci pour votre présentation. Nous allons débuter les échanges avec M.
le ministre pour 16 min 30 s.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. À vous deux, merci pour votre présence, merci pour votre
éclairage. La façon dont j'aime bien procéder, c'est commenter les différents
éléments que vous avez soulevés, ensuite échanger, si vous le souhaitez
davantage, sur ces questions...
M. Charette : ...questions-là.
Mais le problème, c'est qu'on a plus de questions que de temps, et je sais que
j'ai des collègues qui vont vouloir intervenir, donc je vais aussi partager ce
temps de parole.
Vous avez de façon très, très juste
commencé votre propos en parlant du contexte actuel. On serait très mal avisés
de ne pas prendre acte de ce contexte actuel, et je ne fais pas uniquement
référence à la récente élection présidentielle américaine. Il y a un contexte
nord-américain qui est changeant et qui a un impact sur notre marge de
manœuvre, qui a un impact sur... sur l'économie québécoise, qui a un impact sur
bon nombre de notre... d'éléments de notre quotidien. C'est la raison pour
laquelle, ne serait-ce qu'au niveau des véhicules zéro émission, au cours des
derniers jours, on parle beaucoup de la possibilité de revoir certains objectifs.
Je dis «possibilité» parce que c'est encore théorique, mais, à tout le moins,
la porte, elle est ouverte pour devoir s'ajuster à cette nouvelle donne qui se
présente, et la période d'évaluation qui était déjà prévue début 2026 va... s'y
prête bien. Donc, juste vous mentionner qu'on est très conscients, là, du
contexte actuel, et on ne veut pas défavoriser nos entreprises.
À ce niveau-là, par contre, je dois
ajouter un contre... une contrepartie. Vous avez mentionné à quelques reprises
que c'est important de se... de normaliser la réglementation avec le contexte
nord-américain. Je ne veux pas créer de compétition ou de concurrence déloyale,
mais en même temps on ne sera pas là pour essayer de se rapprocher des moins
bons élèves, là, parce qu'il y a... cette normalisation souhaitée pourrait
vouloir nous amener vers une déréglementation complète, et on n'est pas là du
tout. Mais on est conscients, là, de devoir, et c'est notre souhait, devoir
favoriser, là, la compétitivité des entreprises québécoises.
La fameuse question des travaux
préalables, c'est mentionné par la plupart des groupes qui se présentent à la
consultation, et ce sont des perspectives souvent très, très tranchées.
Généralement, c'est bien accueilli par la plupart, sinon la quasi-totalité des
groupes, mais plusieurs souhaiteraient que ça soit élargi aussi aux promoteurs
privés. On n'en est pas là à ce moment-ci. Je ne dis pas que ça ne se fera
jamais, mais c'est quand même une étape ou un pas assez franc par rapport à ce
qui se fait maintenant. Donc, on veut réellement, au niveau du ministère, se
faire la main avec les promoteurs publics, avec qui on est en contact direct.
Hydro-Québec s'est montrée très intéressée à ces dispositions-là. Donc,
éventuellement, peut-être que ce sera élargi, mais ce n'est pas l'intention
d'élargir davantage que ce qui est permis actuellement. Mais la beauté de la
chose, c'est qu'au cours des prochaines semaines, on sera en étude article par
article. Donc, avec les collègues puis l'ensemble des formations politiques, on
pourra discuter de cet élément-là.
La fameuse préséance des droits ou des...
oui, des possibilités du milieu municipal versus les règlements du gouvernement
du Québec, c'est une très vieille revendication du milieu municipal. C'est
demandé, là, depuis la création, en quelque sorte, de la Loi sur la qualité de
l'environnement. On veut reconnaître les gouvernements municipaux comme des
gouvernements locaux, mais en même temps je leur ai mentionné, lorsqu'ils sont
venus en commission hier, je leur ai mentionné qu'il y avait des inquiétudes de
différents secteurs, des inquiétudes par rapport à ces nouveaux pouvoirs-là.
Donc, je leur ai demandé d'être très ouverts à la discussion, être très ouverts
aux échanges avec les groupes qui se montreront intéressés.
• (16 h 50) •
Cependant, peut-être préciser que ce ne
sont pas des pouvoirs illimités, ce sera balisé. Ce ne sont pas dans tous les
domaines qu'il y aura préséance de la réglementation municipale, et dans tous
les cas il y a une réglementation qui sera nécessaire, une réglementation qui
n'est pas encore développée, et, à partir du moment où cette réglementation-là
sera prête, elle va faire l'objet de consultations. Donc, là aussi, ce sera une
façon, là, d'exprimer des commentaires et voir comment qu'on va pouvoir
améliorer la réglementation qui sera présentée.
Vous avez parlé des véhicules zéro
émission lourds, autre sujet qui a été largement abordé ces derniers jours. Je
pense qu'on a été assez clairs sur les intentions. C'est un bon moment, à travers
le projet de loi actuel, d'introduire ce pouvoir habilitant là. Cependant, ce
n'est pas un pouvoir que l'on...
M. Charette : ...souhaite
appliquer à court terme. Vous avez évoqué des facteurs qui sont à considérer,
qui sont indéniables, l'avancée technologique, les coûts. Vous avez mentionné
le programme écocamionnage. C'est un programme qu'on veut ramener, oui, mais
avec de nouvelles modalités, mais c'est un programme qui coûte extrêmement cher
déjà. Donc, si on devait implanter maintenant une règle zéro émission, il
faudrait, pour les premières années, développer des programmes d'appui
financier, un petit peu comme on l'a fait pendant des années avec Roulez vert,
et ça représenterait des sommes colossales que nous n'avons pas l'intention
d'investir à ce moment-ci. Donc, oui, on se donne le pouvoir, mais ce n'est pas
une entrée en vigueur, là, qui est prévue à court terme.
Donc, je pense avoir couvert les points
importants. Vous avez demandé... Vous avez parlé... pour la norme des véhicules
zéro émission, c'est déjà, en partie, développé, mais à partir du moment où on
va avoir un règlement en bonne et due forme, il va avoir une étude d'impact
spécifique sur le règlement qui sera présenté. Bref, ce sera l'occasion de
commenter et de participer à la consultation à ce moment-là. Donc, j'essaie de
vous rassurer en vous disant ceci, très ouvert à échanger quelques instants
avec vous là-dessus, en réitérant que j'ai aussi quelques collègues qui vont
vouloir faire partie de l'échange, là, dans les prochaines minutes.
Mme Proulx
(Véronique) :Excellent. Merci. Alors,
peut-être quelques mots, Mathieu, je vais te laisser poursuivre. Notre
objectif, ce n'est pas de ramener la réglementation vers le bas ou de se
comparer à ceux qui font moins bien, mais c'est vraiment, lorsque les décisions
seront prises, lorsqu'on regarde le projet de loi, de tenir compte de ce qui
est autour de nous. Vous l'avez mentionné, vous l'avez évoqué, la situation
financière n'est pas évidente au Québec, au niveau fédéral. Et, dans le
contexte où on a une administration américaine qui est très, très agressive, on
va devoir envoyer un signal à nos entreprises qu'elles doivent rester ici,
qu'elles doivent investir ici, puis qu'il y aura un commerce intérieur qui
auront accès aux contrats publics, là j'élargis à d'autres secteurs, mais je
reviens à l'environnement, c'est excessivement difficile pour nos entreprises,
notamment, nos industriels, de faire des projets. Les délais sont très longs,
sont très lourds. Alors, l'idée, ce n'est pas de passer certaines étapes, c'est
de s'assurer qu'on puisse faire les choses plus rapidement, de leur ouvrir la
voie.
Alors, je reviens à l'exemple des
promoteurs privés qui pourraient avoir accès autant qu'aux promoteurs publics,
il faut voir comment on peut permettre certains... «assouplissements» n'est pas
le bon terme, là, mais permettre à nos entreprises d'investir plus facilement
avec plus de prévisibilité pour pouvoir créer la richesse et travailler sur la
ligne des revenus.
M. Charette : Vous parlez...
Tout à fait, je suis d'accord avec vous. Vous avez parlé... Nous avons parlé
des travaux préalables, mais, dans le projet de loi n° 81, il n'y a pas que la
question des travaux préalables. On revoit la procédure d'évaluation environnementale
justement pour travailler à diminuer les délais, et ça peut représenter
plusieurs mois en moins ce qui est proposé actuellement. Donc, oui, les travaux
préalables pour certains types de projets, mais la procédure d'évaluation
environnementale, elle est aussi revue, là, dans ce qui est proposé avec le
projet de loi. Et ça fait six ans que je suis dans les fonctions que j'occupe
présentement, il y a eu beaucoup d'efforts pour alléger. Ça peut toujours
sembler trop lourd, et, moi, le premier, je concède que ce n'est pas toujours
simple de faire affaire avec le ministère de l'Environnement, mais c'est une
réglementation que l'on doit pouvoir défendre. Et lorsqu'il y a des règlements
qui sont trop contraignants, mais on regarde à moderniser cette réglementation-là.
Et, au cours des dernières années, il y a
eu plusieurs efforts que ce soit le REAFIE, que ce soit... Bon, il y a eu
plusieurs... il y a plusieurs initiatives qui ont été développées. Mais pour ce
qui est de la durée ou la longueur des évaluations, on est les premiers à
souhaiter améliorer le bilan à ce niveau-là. Sans pour autant renoncer à
certains principes importants de protection de l'environnement, mais on peut
certainement être plus efficace. Et une des façons qui est proposée dans le projet
de loi, c'est pouvoir faire plus d'une étape à la fois... à faire moins
d'étapes et faire plus d'une étape à la fois pour ne pas attendre qu'une étape
soit terminée avant de passer à l'autre. Et c'est ce qui nous permet, là, sans
doute, de faire un gain appréciable en termes de mois. Mais c'est un défi que
l'on partage, et on veut le relever, celui de l'efficacité en matière des
procédures d'évaluation.
J'ai deux collègues, je pense, qui veulent
intervenir. Donc, déjà, je vous remercie. J'irai vous saluer après la période
d'échange.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va poursuivre avec la députée de Laviolette-Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Merci d'être là. C'est quand même impressionnant, et on
vous connaît, vous représentez quand même 120 chambres de commerce et près de,
c'est quoi, 1000, je crois...
Mme Tardif : ...membres
corporatifs et probablement plus de 45 000 entreprises qui exercent, là, leurs
activités dans tous les secteurs de l'économie, mais sur l'ensemble du
territoire du Québec. Et vous avez émis des recommandations qui sont générales,
qui sont globales et qui englobent probablement, là, l'opinion de vos membres.
Mais j'aimerais pousser un peu plus davantage pour connaître vos opinions ou
l'opinion de vos membres qui demeurent en région, par rapport justement à
l'électrification des véhicules lourds.
M. Lavigne (Mathieu) : C'est
une bonne... c'est une bonne question, vous pointez, effectivement, le fait qu'on
représente 120 chambres de commerce, on salue les gens de la Chambre du
Haut-Saint-Maurice dans notre secteur, oui. Dans le cas du véhicule lourd,
c'est important de vous mentionner la réalité en région. Le véhicule lourd,
c'est un univers qui est assez hétérogène. Il y a... Il y a autant la livraison
courte distance avec des véhicules de taille plus ou moins grande et il y a
également les camions forestiers qui vont dans le nord du Québec, il y a ceux
qui font de la livraison jusqu'aux États-Unis. Donc, c'est une réalité qui est
très hétérogène. C'est pour ça que... Bien, d'abord, on accueille favorablement
le fait qu'il y ait une ouverture à une norme VZE, je pense que c'était la
tendance qui était... qui était inévitable, mais de s'assurer de tenir compte,
et c'est l'objet de nos recommandations, des différentes réalités. Donc, la
réalité des camions plus lourds des classes de véhicules sept et huit qui font
des très longues distances, c'est beaucoup plus difficile de les électrifier.
Par contre, il peut y avoir d'autres options, comme le gaz naturel
renouvelable, comme le biodiesel, comme l'hydrogène, qui permettraient de
réduire leur bilan carbone mais tout en leur permettant de toujours franchir
les mêmes distances et d'aller dans des régions où il n'y a peut-être pas
autant de capacité de recharge dans une terre à bois quelque part dans le nord
du Québec.
Mme Tardif : Excellent merci,
ça me conforte. Un des principes de développement durable est celui de
subsidiarité, c'est-à-dire que les pouvoirs et les responsabilités vont être
délégués, là, à un niveau approprié, mais à un niveau qui va être plus près du
citoyen, on parle des municipalités. Par rapport à ça, qu'est-ce que vos
membres en pensent? Comment vous vous positionnez, là? Quels éléments vous
apparaissent positifs? Et comment on devrait faire ça de façon harmonieuse?
Parce que beaucoup de vos membres sont... sont en ville, sont dans les
municipalités.
Mme Proulx
(Véronique) :Oui, je vais y aller à haut
niveau, puis après je te laisserai compléter. Comme je le mentionnais tout à
l'heure, pour une entreprise qui fait affaire dans plusieurs régions du Québec,
qui fait affaire dans plusieurs provinces puis à l'international,
l'harmonisation de la réglementation, c'est vraiment clé, parce que le coût, le
coût administratif, le coût de faire affaire devient de plus en plus élevé.
Puis, j'ai envie de vous dire, ça devient un frein encore plus important pour
nos petites entreprises qui sont en région pour être capables de sortir de leur
région parce qu'elles ont souvent moins de moyens et moins de capacité de
s'adapter. Alors, à très haut niveau, une harmonisation de la réglementation
nous permettrait de renforcer notre économie puis assurer une certaine
pérennité et de... la... en fait, augmenterait la résilience de notre économie.
Après ça, de façon plus granulaire, Mathieu.
M. Lavigne (Mathieu) : Oui.
Bien, c'est ça, en fait, le... On a, évidemment, le plus grand respect pour les
élus municipaux puis le monde municipal, c'est juste qu'il y a tellement de
municipalités au Québec, et, de plus en plus, on sent une volonté de
réglementer en matière d'environnement, puis on comprend, là, pourquoi...
pourquoi elles vont dans cette direction-là, c'est juste que, pour une
entreprise qui opère dans plusieurs secteurs, comme... Comme Mme Proulx le
disait, ça implique quand même des complexités supplémentaires, mais c'est
aussi que l'autonomie qui leur est accordée via la mesure qui est mise en place
dans le projet de loi, la conciliabilité, ce n'est pas une vraie autonomie,
selon nous, parce que tout ce qu'on leur permet, c'est d'aller plus haut que la
norme, mais jamais plus bas. Donc, une municipalité qui... par exemple, pour
des raisons qui pourraient être tout à fait légitimes, c'est un cas fictif que
je ne connais pas, mais qui pourrait dire : Moi, dans mon milieu, cette
norme-là est trop élevée, elle ne correspond pas à ma réalité, j'aimerais aller
plus bas, on ne lui permet pas de le faire, on permet seulement d'aller plus
haut. Donc, essentiellement, ce que ça ferait, c'est non seulement une
fragmentation, mais aussi une surenchère des règlements. On irait toujours vers
le plus restrictif, mais, pour les entreprises, ce que ça veut dire, c'est donc
un alourdissement du fardeau réglementaire. Donc, c'est mathématique, là, on ne
peut pas aller dans une autre direction que celle-là.
• (17 heures) •
Mme Tardif : ...d'un cadre de
loi, dans ce sens-là, là, vous parlez d'un cadre de loi cohérent et stable.
C'est intéressant, c'est effectivement ce qu'on veut. Mais votre première
recommandation est de rendre optionnel pour que les entreprises puissent
choisir la procédure qui convient le mieux à leur réalité. Vous ne pensez pas
que le mot «optionnel», justement, ça n'occasionne pas des disparités puis des
inégalités envers vos membres?
M. Lavigne (Mathieu) : C'est
une très bonne question. Effectivement, on a aussi mentionné la flexibilité
dans l'allocution au départ. En fait, c'est que la procédure en ce moment
s'applique de la même manière pour tous les types de projets et d'entreprises,
et, en consultant nos membres, ce qu'on se rend compte, c'est que, dépendant
des secteurs et du type...
17 h (version non révisée)
M. Lavigne (Mathieu) : ...le
projet. Parfois, la nouvelle procédure, effectivement, permettrait de faire des
gains. Dans le cas d'un projet, par exemple, sur lequel on a déjà travaillé, on
a déjà beaucoup de données d'amassées, on est prêt à avancer rapidement. La
nouvelle procédure est très intéressante. Par contre, quand on démarre un
projet de zéro, qui souvent évolue en cours de définition, la nouvelle
procédure qui demande d'avoir davantage d'informations en amont, dès le début
du projet, bien là, en fait, on fait juste transférer la charge de travail, qui
était plus tard, elle arrive plus tôt, mais c'est la même charge de travail.
Donc, c'est pour ça que l'idée de la nouvelle procédure, elle est intéressante.
Mais en consultant nos membres, ce qu'on voit c'est qu'en fait il y a peut-être
une opportunité ici d'avoir un gain de flexibilité, en ayant la procédure
actuelle qui fonctionne pour certains types de projets, et la nouvelle qui
pourrait être offerte pour d'autres types de projets, ça répondrait à
différentes réalités, là.
Mme Tardif : C'est à voir.
Oui, effectivement. Il faut évaluer ça, là. Vous voulez aussi... votre
recommandation nous parle d'étendre à tous les promoteurs, tous les promoteurs,
l'autorisation de débuter les travaux avant...
La Présidente (Mme Blouin) : Malheureusement,
c'est tout le temps qu'on a. Donc, on va poursuivre les échanges avec la
députée des Mille-Îles pour neuf minutes 54.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci, Mme Proulx et M. Lavigne pour votre présence ici. Je
vais... je vais aller sur les véhicules lourds. Je ne m'attarderai pas très
longtemps, parce que, comme le dit le ministre, on en a beaucoup parlé, mais je
voudrais juste vous entendre sur la... l'écocamionnage. Le programme, vous l'avez
écrit, là, ça a été suspendu sans préavis le 6 septembre 2024. Qu'est-ce
que vous avez constaté sur le terrain comme impact pour les entreprises qui
étaient touchées?
M. Lavigne (Mathieu) : Bien,
c'est sûr que ça a jeté beaucoup de désarroi dans le secteur, parce que, bon,
il y l'enjeu du préavis, mais c'était un programme qui était... Puis le
ministre l'a souligné à juste titre, qui était extrêmement apprécié, qui
fonctionnait bien, qui répond à un besoin réel et qui illustre la volonté des
entreprises de décarboner leurs opérations. Si des programmes comme celui-là ou
Roulez vert fonctionnent autant, c'est qu'il y a un... il y a un appétit pour
ça. Donc, c'est sûr que de voir le programme être stoppé, ça envoie un signal
aux entreprises comme quoi leurs efforts et leur volonté n'est pas pleinement
accompagné. Donc, très intéressant, effectivement, les propos du ministre qui
disait que la norme éventuelle viendrait avec un nouveau programme financier,
puis le retour, éventuellement, de l'écocamionnage, parce que c'est ce que les
entreprises souhaitent sur le terrain.
Mme Dufour : Mais ce qu'on se
comprend... ce qu'on comprend, c'est qu'il ne faudrait pas qu'il soit suspendu,
parce que ça, c'est comme une épée de Damoclès, là, sur les...
Mme Proulx
(Véronique) :C'est la prévisibilité, c'est
l'enjeu de prévisibilité. Alors, je vous dirais que, quand il y a des
programmes qui sont... comme ça, qui sont mis en place, c'est intéressant d'avoir
la prévisibilité sur le début et la fin pour que les entreprises puissent
prévoir leurs investissements en conséquence.
Mme Dufour : Parfait. Vous
avez aussi mentionné, toujours sur des véhicules lourds, que les... bien, c'est
généralement les entreprises qui les achètent, ces véhicules-là. Vous avez
mentionné que les... l'analyse d'impact réglementaire, elle ne prenait pas en
compte les investissements majeurs que ça pourrait représenter. Est-ce que ça,
c'est quelque chose que vos membres vous ont parlé? Est-ce qu'il y en a qui ont
commencé puis que c'est assez rébarbatif comme coût?
M. Lavigne (Mathieu) : En
fait, on le mentionne, parce que l'analyse d'impacts réglementaire fait
ressortir ça comme étant une mesure qui serait... qui serait bénéfique
financièrement pour les entreprises, comme si c'était... si c'était... en fait,
si c'était si évident que ça, que c'était bénéfique pour elles, sur le plan
financier, elles abonderaient dans ce sens-là. Manifestement, il y a des freins
financiers qui ne demeurent pas pris en compte dans l'analyse d'impacts
réglementaire, notamment. On parle des coûts d'acquisition, mais aussi ça
demande des changements aux habitudes et au fonctionnement. Les routes doivent
changer, s'il faut s'arrêter à des infrastructures de recharge, tout ça a un
coût. Donc, il y a une foule de ramifications à des changements technologiques
comme ça qui doivent être pris en compte. C'est pour ça qu'on demande à ce que
l'analyse d'impacts réglementaire, qui va venir avec le règlement, intègre l'ensemble
de ces coûts-là pour avoir le vrai portrait ou, en tout cas, le plus juste
possible sur l'impact financier.
Mme Dufour : Merci. Vous avez
mentionné être allés aux États-Unis récemment. Les véhicules lourds ne viennent
généralement pas du Québec, rarement sont-ils construits chez nous. Donc, dans
un cas comme ça, est-ce que des entreprises pourraient... Si une norme
existait, est-ce que des entreprises... pour réduire les coûts, parce qu'il y a
un différentiel de coût assez important, qu'on nous a souligné, est-ce qu'elles
pourraient être tentées d'acheter ailleurs, ces entreprises? Une question
économique à un moment donné ça peut... est-ce que ça peut même être un élément
de survie pour certaines entreprises?
M. Lavigne (Mathieu) : Je
dirais, par rapport aux États-Unis, il y a quand même un travail réglementaire
qui se fait déjà, de norme VZE pour les véhicules lourds, notamment en
Californie. Mais, donc, la crainte, pour nous, c'est plus par rapport à l'Ontario,
notamment, parce que l'industrie du camionnage, on le sait, la compétition est
surtout entre le Québec et l'Ontario. Donc, c'est... Quand on parle d'harmonisation,
c'est effectivement ne pas regarder les moins bons joueurs, mais regarder ceux
qui sont pertinents et qui sont vraiment autour de nous. Donc, qu'est-ce que l'Ontario
fait en ce moment? Ce serait intéressant de savoir où sont les discussions du
gouvernement ou quelles pourraient être ces discussions-là sur une éventuelle
harmonisation...
M. Lavigne (Mathieu) : ...des
règles avec notre principal partenaire et concurrent dans l'industrie du
camionnage.
Mme Dufour : Donc, c'est
vraiment l'Ontario... Des entreprises québécoises pourraient aller acheter en
Ontario...
M. Lavigne (Mathieu) : Absolument.
Mme Dufour : O.K. Je
vais vous amener complètement ailleurs. Vous parlez de l'avis de projet versus
l'avis d'intention. Vous en avez parlé tout à l'heure. Mais.... Mais ce que ce
qui m'a interpellé dans votre mémoire, c'est que vous constatez que ce n'est
pas vraiment un allègement réglementaire, mais que c'est plutôt un transfert,
du moment que cette même réglementation-là s'appliquerait. C'est qu'on dit...
Puis vous dites, je vais le lire, là : Il est important de rappeler que
l'objectif de l'allègement réglementaire n'est pas d'améliorer les statistiques
de durée d'analyse d'un projet par un ministère, mais plutôt de réellement
réduire le fardeau imposé aux entreprises. Donc, votre compréhension, c'est que
le nouvel avis d'intention, ce n'est pas plus simple pour les entreprises, là.
Ça n'amène pas de bénéfices, à moins qu'elle sache déjà exactement tous les
paramètres de son projet, là, l'entreprise.
M. Lavigne (Mathieu) : C'est
comme... Comme je l'expliquais tantôt, c'est effectivement... Ça dépend des cas
de figure. Le problème c'est qu'il y a tellement de types de projets et
d'entreprises que ce n'est pas si évident que ça. Pour plusieurs projets, on
pense que c'est même dans l'analyse d'impact réglementaire, on va souligner les
coups qui sont dedans, cette modification entraîne un transfert de charge de
travail en amont. Donc, on déplace la charge de travail, un élément qui n'est
pas tenu en compte dans les statistiques, mais qui est très réel pour les
entreprises. Ça, on vous l'assure. Pour certains projets, par contre, si, par
exemple, je ne sais pas, on développe, prenons un projet éolien, et on veut
ensuite en développer un nouveau juste à côté. Peut-être qu'on a déjà accumulé
des données et qu'on est déjà prêts à fournir un avis d'intention très détaillé
par rapport à ce secteur-là. Donc là, dans cette... dans ce cas de figure là,
il y aurait un gain de temps, parce que l'avis d'intention, comme on demande
d'être plus détaillée au départ pour ensuite accélérer l'analyse par la suite,
il y a des cas de figure où on pense qu'il y a réellement un gain de temps.
C'est juste que ce n'est pas le cas pour tous les projets.
Mme Dufour : C'est ça.
Et donc ce que je comprends, c'est qu'il y a des projets que c'est... En fait,
ça serait nuirait même de devoir faire un avis d'intention si ça devenait
obligatoire, là.
M. Lavigne (Mathieu) : Le
meilleur exemple, c'est un projet éolien justement parce que, quand on commence
le projet, on le fait sur une zone, on définit le projet en cours de route en
le raffinant avec les consultations, l'évolution également de la technologie,
pour en arriver à... Pour fournir, par exemple, 300 mégawatts, bien,
finalement, on se rend compte qu'on a peut-être besoin de moins d'éoliennes
parce qu'on en trouve des nouvelles plus performantes, on est capable de
changer un peu la configuration des éoliennes pour tenir compte des impacts
locaux. Donc, ce type d'évolution là, il est réel dans le secteur éolien, puis
c'est quand même des projets qu'on a beaucoup au Québec en ce moment et qu'on
va avoir encore plus dans les prochaines années. Donc, c'est un bon exemple de
secteur où la nouvelle procédure ne convient pas à leur réalité.
Mme Dufour : Et c'est
pour ça que vous suggérez que les deux soient possibles. Moi, ça complète, Mme
la Présidente. Je vais passer la parole à ma collègue.
La Présidente (Mme Blouin) :
Merci. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, on poursuit.
Mme McGraw : Merci, Mme
la Présidente. Alors, merci d'être là en présentiel et aussi pour votre
présentation. Avec le temps qu'il me reste, j'aimerais m'attarder à la
recommandation no 2, c'est-à-dire que, justement, l'allègement pour des projets
liés à la transition énergétique, il y a des groupes qui se sont prononcés en
faveur de cet allègement et il y a des groupes, notamment environnementaux et
communautés autochtones, qui sont contre. Mais selon vous, c'est... Non
seulement c'est une bonne chose, surtout, entre autres, suite à l'élection du
président Trump qui fait en sorte que le Québec a une belle opportunité de
vraiment devenir un chef de file en matière de... de l'éolien, etc., et des
énergies renouvelables. Mais vous suggérez qu'effectivement ça devrait aussi
être le cas pour des projets menés par des promoteurs privés. Donc, pas juste
l'État, pas juste le gouvernement, Hydro-Québec. J'aimerais vous entendre
là-dessus.
Mme Proulx
(Véronique) :Bien, peut-être donner un
exemple concret.
• (17 h 10) •
M. Lavigne (Mathieu) : Oui.
Bien, en fait, le meilleur exemplaire, c'est ma... c'est ma thématique du jour,
mais parce que c'est des projets qui existent au Québec en ce moment, les
projets éoliens, il n'y a pas vraiment de différence entre un projet éolien qui
serait porté par un promoteur public ou par un promoteur privé. Le promoteur
privé le fait, par exemple, pour répondre à un appel d'offres d'Hydro-Québec.
Dans un cas, c'est ce qu'on observe le plus couramment au Québec, bien, c'est
des promoteurs qui sont... qui connaissent les réalités des évaluations
environnementales au Québec. Ils mènent ces projets-là en tenant compte de
l'acceptabilité sociale. Donc, c'est cette ouverture, cette distinction-là qui
est entre le promoteur privé et le public, pour nous, on ne la comprend pas,
surtout que les travaux préalables qui seraient permis, c'est quand même très,
très restreint, là. Il faut que ça n'ait pas d'impact ou que ça puisse être
entièrement remis en état. Il faut que ça soit encadré. Donc, c'est déjà très
balisé. Donc, par exemple, faire l'inventaire de la présence de chauves-souris
sur un terrain où on veut faire un parc éolien, ça n'a pas d'impact
environnemental, mais parfois il faut le faire à une période de l'année très
précise. Donc...
M. Lavigne (Mathieu) : ...de
pouvoir le faire à un moment où on n'a pas encore l'autorisation environnementale,
mais on souhaite le faire tout de suite pour ne pas rater la fenêtre de travaux
de l'année prochaine, ça nous semble pertinent, que ce soit pour un projet
privé que public dans le cadre qui est donné dans le projet de loi.
Mme McGraw : Donc, selon
vous, c'est... ça serait justifié, parce que, si l'objectif, c'est vraiment la
transition énergétique et la réduction des GES, cela pourrait se justifier que
ça soit public ou privé. Est-ce que vous... Je pense qu'il ne me reste pas
beaucoup de temps.
La Présidente (Mme Blouin) : ...
Mme McGraw : Est-ce que vous
avez d'autre chose à ajouter avant que je passe la parole au collègue?
M. Lavigne (Mathieu) : Non,
mais, en fait... Donc, vous avez parlé de la recommandation deux. Moi, je vous
amènerais sur la recommandation trois. Dans le même ordre d'idée, pour nous,
quand on parle de projets liés à la transition énergétique, c'est important de
bien les définir. Donc, le projet de loi ne définit pas, de notre
compréhension, assez précisément ce que ça veut dire, mais, dans l'esprit du
gouvernement, quand on parle de transition énergétique, on peut parler, par
exemple, de projets liés aux minéraux critiques et stratégiques, de projets de
la filière batterie. Donc, nous, c'est sûr qu'on souhaite que...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
M. Lavigne (Mathieu) : ...l'ensemble
de ces projets-là puissent bénéficier de la même... de la même mesure.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. On poursuit avec le porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour
3 minutes 18.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. On se voit souvent sur des projets de loi en
droit du travail. Là, on se voit sur des projets de loi environnement. C'est
bien.
Continuons sur la discussion que vous
venez d'amorcer, la recommandation trois. Bien, j'ai l'impression qu'on part
d'un même constat, à savoir que c'est un peu flou qu'est-ce que ça veut dire
l'objectif de... atteindre des objectifs de réduction de gaz à effet de serre,
de lutte aux changements climatiques, mais je pense qu'on n'atterrit pas
nécessairement à la même place, dans le sens où, de ce flou-là, moi, j'avais
l'impression qu'il faudrait plus soit s'en débarrasser complètement ou soit le
baliser, le clarifier, qu'est-ce que sont des travaux préalables, qu'est-ce que
c'est, les objectifs, etc., mais vous, vous dites : Dans le fond, il faut
rendre automatique l'autorisation des travaux. Ce n'est pas une pente
glissante, un peu, de dire : On y va un peu bar ouvert, en quelque sorte?
M. Lavigne (Mathieu) : Sur la
définition, nous, on s'en est tenus à ce qui est indiqué sur... ce que le
ministère de l'Environnement a communiqué entre autres sur son site explicatif
par rapport au projet de loi, c'est-à-dire, donc, comme je le disais, doit
être... de n'avoir aucun impact ou pouvoir être remis intégralement en état,
encadré. Donc, il y a une série de petites... de petites définitions, donc,
qu'on comprend comme étant les intentions du gouvernement en cette matière-là.
Pour nous, c'est tellement balisé que c'est... il n'y a pas beaucoup de travaux
qui peuvent rentrer dans cette définition-là, sauf, comme je le disais, des
inventaires fauniques, des prélèvements de sol, des éléments qui sont vraiment
très localisés, qui n'ont pas d'impact, parce que, tout le reste, on ne voit
pas comment il s'inscrirait dans cette dynamique-là. Et, si on veut que des
projets, par exemple, de production d'énergie renouvelable avancent et aillent
plus vite, bien, il faut prendre ces petites opportunités là de les accélérer
pour qu'on puisse atteindre nos objectifs énergétiques, nos objectifs
climatiques. En ce moment, on ne se donne pas tous les outils pour y parvenir,
là.
M. Leduc : Ces outils-là, ça
serait quoi?
M. Lavigne (Mathieu) : Bien,
en fait, nous, ce qu'on... on le mentionne dans le mémoire, ce qu'on demandait,
c'était un plan d'accélération des autorisations environnementales de manière
plus...
Mme Proulx
(Véronique) :...
M. Lavigne (Mathieu) : ...plus
ambitieuse, plus générale. Donc, on... Par exemple, dans l'IRA, aux États-Unis,
c'est ça qu'ils ont mis de l'avant. L'IRA, on a parlé beaucoup des subventions,
mais il y a un plan qui a été mis en place par l'administration Biden et qui
est en vigueur, qui met des délais obligatoires pour le traitement des
dossiers. Il y a une série de mesures qui sont très, très sévères pour
accélérer ces projets-là. Donc, pour nous, on était intéressés de voir que,
dans le projet de loi, il y avait l'ouverture à quelque chose qui est un peu
dans le même esprit, qui est beaucoup plus balisé, mais qui permet de répondre
à cet impératif-là.
M. Leduc : ...aller plus vite
sans sacrifier la qualité du travail, évidemment, il va falloir qu'il y ait
plus de personnel, donc des embauches de fonctionnaires. Ce n'est pas
nécessairement des idées qui sont peut-être populaires dans des chambres... des
cocktails de chambres de commerce, l'embauche de plus de fonctionnaires.
Mme Proulx
(Véronique) :...plus de personnes, mais
on peut aussi regarder l'efficience, on peut regarder ce qui est fait, on peut
parler de productivité. Je veux dire, il y a plusieurs éléments, là, qui nous
permettraient peut-être de faire des gains rapides. Puis l'exemple qu'on a
donné tout à l'heure, de permettre aux promoteurs privés tout comme publics,
bien, il y a des gains qui nous permettraient de... des petits gains qui nous
permettraient d'aller plus rapidement dans les délais de traitement aussi.
M. Lavigne (Mathieu) : ...les
différences notoires de délai d'autorisation environnementale entre régions.
Donc, manifestement, ce n'est pas seulement le nombre de fonctionnaires qui
change l'impact, parce qu'en ce moment, on le voit dans la région de Laval...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
M. Lavigne (Mathieu) : ...c'est
presque trois fois plus long que dans les Laurentides. Donc, il y a un enjeu...
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Ça passe vite, 3 minutes 18. Alors, on va terminer avec M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, pour le même temps.
M. Arseneau : Oui. On va
s'essayer avec trois questions pour trois minutes, madame, monsieur. Donc,
question courte. Ce que vous demandez essentiellement pour la procédure
d'évaluation, c'est de maintenir la procédure actuelle, qui est décriée, qui
est longue, qui est inefficace, mais... donc le statu quo là-dessus, mais avec
une option de la nouvelle procédure qu'on nous présente?
M. Lavigne (Mathieu) : Les
procédures ne sont jamais parfaites, sont toujours un peu...
M. Lavigne (Mathieu) : ...un
peu trop longue à notre goût, sauf qu'elle répond quand même à certains... à
certaines réalités, je vous parlais des projets éoliens, parce qu'elle permet
une certaine évolution du projet. La procédure actuelle, elle convient. La
réalité, c'est qu'on a témoigné au BAPE deux fois l'année dernière dans des
projets éoliens qui ont été... qui ont été acceptés par le gouvernement. Donc,
il y a quand même... On n'est pas là pour dire que la procédure ne fonctionne
pas non plus.
M. Arseneau : Non, mais vous
souhaiteriez qu'on l'améliore mais tout en la conservant, à toutes fins
pratiques, intacte, si on était plus efficients, c'est ça que je dois
comprendre de votre proposition.
Deuxième question, c'est concernant la
conciliabilité de la réglementation municipale. Je suis un peu surpris de voir
comment vous présumez que toutes les municipalités vont renforcer leur
réglementation, alors que, si on regarde certains grands projets récents, je pense
à Northvolt, les municipalités n'ont pas dit non, au contraire, elles ont
applaudi chaleureusement. Puis je pense que, s'ils avaient pu adopter un
règlement pour abolir toute la réglementation environnementale, ils l'auraient
fait pour accélérer le projet. Alors, qu'est-ce qui vous permet de présumer que
les municipalités seraient beaucoup plus sévères pour des projets de
développement économique de vos membres?
Mme Proulx
(Véronique) :...deux choses. On dit que
les municipalités ne peuvent pas aller en dessous, donc on ne leur donne pas la
pleine autonomie, ça, c'est le premier point, puis le deuxième, c'est pour une
entreprise qui fait affaire dans plusieurs régions du Québec. Alors, ça devient
excessivement complexe et lourd, puis il y a un coût de faire à faire lorsque
la réglementation est fragmentée et différente.
M. Arseneau : Oui, ça, je le
comprends, mais c'est qu'à un moment donné on a dit : Il y aura comme une
spirale à la hausse infinie. Il me semble que les municipalités, habituellement,
veulent du développement économique, la création d'emplois, comme le
gouvernement, comme nous tous autour de la table.
M. Lavigne (Mathieu) : En
fait, c'est que la réalité... en ce moment, elles ne peuvent pas aller en deçà
de la norme et le projet de loi ne prévoit pas non plus qu'elles puissent aller
en deçà de la norme, ils n'ont pas... non plus.
M. Arseneau : Mais
marginalement... Bien, tu sais, c'est ça, mon point, c'est que, marginalement,
on peut décider de le faire pour des bonnes raisons, non, d'avoir des réalités
différentes dans différents milieux, dans différentes régions, pour protéger
différents lacs, différentes sources d'approvisionnement en eau, et ainsi de
suite, puis que le gouvernement n'ait pas pensé à ce cas particulier en
Abitibi, sur la Côte-Nord, en Gaspésie?
M. Lavigne (Mathieu) : C'est
pour ça qu'on met de l'avant cette recommandation-là, c'est que souvent pris
individuellement, chacune de ces réglementations-là... On la comprend, elle...
Elle est justifiée dans l'esprit des élus municipaux en question, mais c'est
parce que, quand on l'additionne de municipalité en municipalité et, à chaque
fois, elle est différente, il y a un élément de plus, un paragraphe de moins,
une norme de plus, ça devient très difficile à suivre pour les municipalités.
Donc, parlons de la norme nationale. Si la norme nationale n'est pas la bonne,
parlons-en, ayons ces forums-là à l'Assemblée nationale, les processus
réglementaires équivalents, pour débattre de ces enjeux-là.
M. Arseneau : Ma dernière
question, l'harmonisation des règles nord-américaines avec le nouveau
gouvernement aux États-Unis : Est-ce que vous ne craignez pas qu'on aille
au plus petit commun dénominateur, y compris pour nuire à certaines des
entreprises qui veulent développer, innover dans le sens de la transition
énergétique?
Mme Proulx
(Véronique) :C'est effectivement un
risque, c'est un risque. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut tenir compte de ce qui
se fait autour de nous pour pouvoir s'adapter. Mais, vous avez raison, les
entreprises qui ont beaucoup développé au niveau des énergies renouvelables,
des technologies vertes pourraient ne plus avoir de partenaire marché.
La Présidente (Mme Blouin) : C'est
complet. Merci beaucoup pour votre contribution à nos travaux.
Alors, on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 19)
(Reprise à 17 h 30)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Fondation Rivières.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé, après
quoi, il y aura la période d'échange avec les membres de la commission. Donc,
je vous invite tout de suite à vous présenter et enchaîner avec votre exposé.
M. Bélanger (André) : Merci
beaucoup. Je suis André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières.
Je suis accompagné de Maëlle Tripon, chargée de projet; et Gabriel... Cliche,
excusez-moi - il est là avant moi - Gabriel Cliche, qui est...
M. Cliche (Gabriel) : ...conseiller
en valorisation de données et qualité de l'eau.
M. Bélanger (André) : Voilà.
Donc...
17 h 30 (version non révisée)
M. Bélanger (André) : ...qui a
fait les analyses, donc, qu'on a rendues publiques sur les performances du
programme de compensation. Je laisse la parole à Maëlle qui est... qui va vous
présenter les recommandations quant aux milieux humides.
Mme Tripon (Maëlle) : Bonjour,
tout le monde. Merci beaucoup de nous accepter de venir... pour qu'on puisse
venir témoigner aujourd'hui. À la Fondation Rivières, depuis plus de 20 ans,
on s'occupe de la protection des rivières et par extension de milieux humides.
Et aujourd'hui, c'est donc ce point de vue là que je vais... dont je vais vous
parler et que je vais vous présenter. Donc, les milieux humides, vous le savez,
ce sont des habitats précieux pour la faune et la flore, mais ce sont aussi des
milieux qui sont importants parce qu'ils nous rendent des services, à nous. les
communautés humaines, notamment, par exemple, ils permettent de réduire les
pics de crues, d'absorber du carbone, etc. Donc, c'est un peu notre assurance
collective d'adaptation aux changements climatiques.
Et premier constat, le même que faisait M.
Charette dans Le Devoir, il y a quelques mois, c'est qu'actuellement la
protection des milieux humides et hydriques au Québec n'est... est inefficace.
La réglementation ne les protège pas bien. Et le p.l. 81 essaie d'apporter des
solutions pour essayer de les... de mieux les protéger, mais on pense que ces
solutions ne sont pas les bonnes. Et on va venir aussi vous parler d'autres
solutions que nous, on entrevoit pour améliorer justement la protection des
milieux humides et hydriques au Québec. Donc, la protection des milieux humides
et hydriques, ça se passe en trois phases au Québec, et le p.l. 81 s'intéresse
seulement... ou en tout cas principalement la troisième phase qui est la
compensation, mais il ne faut pas oublier qu'avant tout, les phases un et deux
sont prioritaires. La première phase, c'est d'éviter avant tout l'atteinte aux
milieux humides et hydriques, et la seconde, c'est de minimiser l'impact que
peut avoir les travaux sur ces derniers. Et, pour l'instant, ce n'est
absolument pas pris en compte par le p.l. 81. Et on n'a aussi aucun indicateur
qui indique si ces mesures sont efficaces ou non, actuellement, si elles sont
bien mises en place par le ministère de l'Environnement, si les promoteurs les
respectent. Est-ce qu'il y a par exemple des projets qui ont été refusés ou
modifiés pour mieux respecter les mesures de minimisation? On n'a aucun chiffre
là-dessus et on pense que c'est un des angles morts du p.l. 81. Il faudrait
vraiment réaffirmer la priorité de la mesure «éviter» pour vraiment venir
protéger les milieux humides et hydriques.
Mais je vais m'intéresser maintenant à la
troisième phase de la protection des milieux humides et hydriques, donc la
phase de compensation. La compensation financière au Québec, on le voit, elle
ne fonctionne pas. Donc, depuis 2017, on a à peu près 760 hectares de
milieux humides et hydriques qui ont été détruits et compensés financièrement
et il y a à peine 30 hectares qui ont été restaurés actuellement. On s'est
intéressé plus précisément au cas de la région de l'Abitibi-Témiscamingue et de
la Montérégie, et les constats sont similaires. Donc, dans les deux cas, c'est
principalement l'industrie et le commerce qui viennent détruire la majorité des
milieux, même si on a aussi le secteur domiciliaire qui est important en
Montérégie, et on a une restauration qui est presque inexistante. En
Montérégie, on a à peine 5 % de milieux humides qui ont été restaurés. Et
en Abitibi, actuellement, on n'a aucun projet de restauration qui a été mis en
place via ce fonds de compensation financière.
Le p.l. 81, il essaie de répondre à cette
inefficacité-là, mais on pense qu'il apporte une réponse administrative, donc
il essaie d'augmenter la superficie des milieux restaurés, mais ça ne fait pas
de sens écologiquement. En fait, ce qu'il fait, c'est qu'il essaie d'amollir,
de rendre plus flexibles les besoins de restauration. Donc, par exemple, on va
pouvoir restaurer plus loin que ce qui est autorisé actuellement et on va aussi
pouvoir compenser plus facilement. Donc, par exemple, des travaux qui
impacteraient à la fois un milieu humide, mais aussi des habitats fauniques,
pourraient finalement compenser juste les milieux humides sur décision du
ministre. On pense qu'il y a un vrai danger d'un point de vue écologique à ce
niveau-là et qu'il faut vraiment changer, bien, la façon dont la compensation
est faite, mais pas à ce niveau-là et qu'il y a d'autres moyens de le faire
plus efficacement. Et je vais vous parler, donc, de certaines des solutions que
nous, on entrevoit pour permettre une restauration efficace de nos milieux.
Une des choses qu'on oublie souvent, c'est
qu'au-delà de la compensation financière dont je viens de parler, il y a aussi
la compensation par travaux qui existe au Québec. Donc, le principe, c'est que
le promoteur peut choisir de faire directement lui-même des travaux de
restauration, soit sur son site, soit sur un site à proximité. C'est par
exemple ce que font beaucoup de minières. Ils restaurent des... d'anciens sites
miniers. Mais c'est aussi ce qu'a fait le REM à Montréal. Donc, ils ont détruit
une partie de milieux humides et ils en ont restauré sur l'île de Montréal,
alors qu'on peut se dire que parfois, justement, on manque d'espace dans des
milieux densément peuplés, mais c'est possible. Donc, la première chose qu'on
voit, c'est que ce qui semble ne pas fonctionner, dans la compensation
financière, c'est vraiment la déresponsabilisation des promoteurs. C'est comme
si on transférait cette responsabilité-là à la société...
Mme Tripon (Maëlle) : ...société
civile au gouvernement du Québec, alors que ce sont vraiment les promoteurs qui
devraient être responsabilisés puisque ce sont eux les premiers qui bénéficient
de la destruction de ces milieux en faisant leurs projets.
Donc la première piste qu'on entrevoit, ce
serait vraiment d'exiger que les promoteurs puissent identifier des endroits où
faire la restauration, soit sur leur site, soit à proximité et que ce soit
validé par le ministère de l'Environnement. Ça ne demanderait pas beaucoup plus
de délais et ça ne demanderait pas non plus beaucoup plus de moyens puisque les
biologistes sont déjà engagés sur ce genre de... sur ce genre de projets, pour
des évaluations environnementales, etc. Et la deuxième mesure qu'on peut poser,
qui va plus loin, ce serait d'interdire ou en tout cas de limiter fortement la
compensation financière pour se diriger plutôt vers une compensation par
travaux. On voit que ça fonctionne, comme je le disais tout à l'heure avec le
REM, même dans des régions densément peuplées. Donc, nous, on voit ça vraiment
comme une avenue pour s'assurer que ce qui est détruit soit restauré et donc
d'attendre le zéro perte nette qui est promue par le gouvernement et s'assurer
aussi de restaurer localement les milieux, et donc dans les régions qui en ont
besoin.
Puis j'en parlais justement, d'espace, de
possibilité de restauration, etc. Il y a une opportunité qui s'offre à nous
avec la nouvelle cartographie des zones inondables. Donc, on le sait, cette
cartographie-là, elle va venir encadrer de plus... plus de zones qui sont des
zones à risque et donc des zones qui éventuellement ne vont plus être
habitables ou en tout cas ne vont plus être exploitables. On proposerait de
mettre en place un répertoire public dans lequel les propriétaires qui habitent
dans ces zones pourraient s'inscrire. Et les promoteurs, quand ils ont besoin
de faire de la restauration, pourraient consulter ce répertoire et décider de
racheter des terrains pour ensuite faire de la restauration. Donc, on serait,
là, je le rappelle, en zone inondable, donc dans des plaines inondables ou en
tout cas dans des endroits où il y aurait possibilité de créer des milieux
humides riverains. Et ça répondrait à deux grands besoins du gouvernement qui à
la fois est celui de compenser éventuellement les propriétaires qui vont se
retrouver dans ces zones très à risque dans les zones inondables et aussi de
trouver de l'espace pour faire de la restauration de milieux humides et hydriques.
On pense vraiment qu'en mettant en place, bien, ces moyens là, en mettant en
commun nos intelligences collectives, on peut arriver à voir le problème de
façon plus systémique et à apporter des solutions qui sont innovantes.
La deuxième chose, on dit souvent que
justement en intelligence collective, c'est quand on se met des contraintes
qu'on peut arriver à trouver des solutions plus innovantes. On proposerait de
mettre un moratoire sur la destruction des milieux humides et hydriques, en
tout cas ceux qui sont détruits pour des compensations financières. Ce qui
obligerait aussi les promoteurs à trouver des solutions pour véritablement
restaurer les milieux et s'assurer de conserver les milieux humides sur le
territoire québécois. Et je vais céder la parole à André, qui va poursuivre.
M. Bélanger (André) :
Bien, je vais juste aborder assez rapidement les modifications proposées pour
le mandat et les processus d'évaluation et d'examen d'impact. On partage les
craintes du CQDE, du Centre québécois du droit en environnement,
particulièrement sur les travaux préalables qui pourraient être autorisés.
Alors qu'on démarre une consultation publique, ça risque d'avoir deux effets.
Le premier, c'est que d'une part, ça va être...
La Présidente (Mme Blouin) :
Il vous reste une minute.
M. Bélanger (André) :
Une minute? Parfait. C'est bon. Ça fait que ça risque de démobiliser les
citoyens qui vont avoir l'impression que les dés sont pipés d'avance. Quand les
travaux commencent, ça veut dire que le projet va de l'avant. Et deuxième...
Deuxièmement, bien, si ça s'était appliqué, par exemple, dans le cas de
Northvolt, on pourrait se retrouver dans une situation où un promoteur fait
faillite ou est sur le bord de faire faillite, les milieux sont détruits et on
ne pourra pas les reconstruire, à moins que ça soit fait aux frais des
contribuables. Donc, c'est un risque qui risque de dénaturer la... les
perspectives, en tout cas la capacité du BAPE de réellement obtenir le
consensus et l'acceptabilité sociale nécessaire pour les projets. Ça fait que
l'autre, la question des évaluations sectorielles et régionales aussi, le
principe est intéressant, mais ça devrait... Il faudrait juste s'assurer que ça
soit sur les enjeux et les défis d'une filière et non pas sur des... que ça ne
mène pas à des normes ou des directives contraignantes pour... de manière à
permettre un paquet de réalisation de projets par la suite.
• (17 h 40) •
La Présidente (Mme Blouin) :
Je vous invite à conclure.
M. Bélanger (André) :
Bien donc, c'est ça, d'éviter que ça soit une façon d'éviter d'avoir des
analyses par projet, puisque les citoyens ne s'impliqueront pas sur des
concepts abstraits et s'impliquent lorsque ça les touche directement.
La Présidente (Mme Blouin) :
Merci beaucoup. Alors, on va débuter la période d'échange, M. le ministre, pour
16 min 30 s.
M. Charette : C'est bien
gentil, avec la collaboration de ma collègue d'Argenteuil qui va prendre le
relais par la suite. Merci d'être avec nous cet après-midi. Merci pour votre
éclairage...
M. Charette : ...peut-être
revenir sur un des derniers éléments que vous avez mentionnés, les fameux
travaux préalables. Beaucoup ont eu à commenter, la plupart des groupes se sont
montrés favorables, certains auraient... Et plusieurs souhaiteraient que l'on
élargisse cette notion de travaux préalables, ce à quoi on a pu répondre que
c'est un pas qui était important et que l'on souhaite baliser. C'est la raison
pour laquelle on le limite aux travaux publics. Et, par la même occasion,
l'exemple que vous donnez, avec Northvolt, ne s'applique pas d'aucune façon. On
parle de travaux réalisés par des organisations publiques, principalement
Hydro-Québec.
Donc, la crainte que Northvolt fasse
faillite ne s'applique pas du tout, là, dans le cas des travaux publics... des
travaux préalables, étant donné que Northvolt n'est pas une organisation
publique. Donc, peut-être vous rassurer à ce niveau-là. Et vous parliez de
confiance du public, c'est la raison pour laquelle on y va, dans un premier
temps, avec les organismes publics. Et pour certains types de projets en
particulier, on parle beaucoup d'intérêts liés à la protection ou à la lutte
contre les changements climatiques, donc, c'est assez bien balisé à ce
niveau-là.
Pour le reste, concernant les milieux
humides, l'article que vous citiez dans Le Devoir, et j'ai eu l'occasion de
répéter la même chose à plusieurs occasions, le système actuel de compensation,
le fonds qui est constitué ne fonctionne pas. Le but n'est pas d'engranger des
sommes. Et je vous rassure, le ministère des Finances n'a pas de yeux sur ces
montants-là, donc, on n'a pas de crainte de les perdre. Cependant, ce sont des
sommes assez importantes qui se sont accumulées au fil des années. On a, il y a
un petit peu plus d'une année, près de deux ans, rapporté certaines
modifications pour favoriser le décaissement. Ça a produit certains résultats,
mais force est de constater que, malgré tout, on ne réalise pas suffisamment de
projets de réhabilitation.
Donc, c'est la raison pour laquelle on
arrive avec ces propositions-là aujourd'hui. Et, dans la réalisation des
projets, on va aussi insister sur les efforts qui sont faits pour éviter, et
ça, peut-être insister sur une partie du travail du ministère qui est moins
connue. On voit année après année, il y a des articles aussi qui évoquent un
très, très haut pourcentage des projets ont finalement été acceptés. C'est vrai
qu'un très haut pourcentage de projets est accepté, ce que l'on dit moins, par
contre, et que j'aimerais lire dans ces articles-là, c'est que le projet qui
est adopté, qui est accepté en bout de ligne, n'est pas souvent, et dans bien
des cas, celui qui a été présenté au départ, en ce sens que le promoteur
pouvait avoir des visées sur une superficie x avec des échanges, donc, avec le
promoteur et ministère de l'Environnement. Il y a un projet effectivement qui a
été accepté, mais sur une superficie beaucoup plus petite ou sinon à des
endroits différents du terrain qui avait été ciblé. Donc, c'est aussi le rôle
que se donne le ministère de l'Environnement d'accompagner le promoteur pour
minimiser les impacts. En bout de ligne, oui, il y a un haut pourcentage de
projets acceptés, mais, dans bien des cas, ce n'est pas le projet dans sa forme
initiale qui l'est. Donc, c'est important de rappeler ce rôle-là du ministère.
Et vous parliez d'un certain nombre de types de projets. Moi, je peux vous dire
qu'on a beaucoup, beaucoup de villes aussi qui sont en demande, et pas
uniquement pour bâtir des entrepôts, dans bien des cas, c'est pour une école,
dans d'autres cas, c'est pour du logement social, dans d'autres cas, ça peut
être pour des établissements de santé. C'est là où on doit se garder une
certaine flexibilité dans la capacité d'accepter ou de refuser un projet. Si on
refuse systématiquement ou si on pose des contraintes importantes, dans
certains cas, ce sont des établissements d'utilité publique qui ne pourraient
pas être déplacés. Puis on l'évoquait dans... avec un groupe un petit peu plus
tôt, si c'est pour une école, cette école-là, elle doit être la plus proche
possible des enfants. Et si le milieu aux alentours est développé, souvent,
c'est la seule option. Ce n'est jamais de gaieté de cœur ou ce n'est jamais
avec une lunette fermée que l'on finit par accepter ces projets-là, mais,
souvent, c'est pour des projets d'utilité publique.
Donc, on a pu prendre et apprécier les
différentes recommandations que vous faisiez. Ça va certainement faire partie
des discussions que l'on aura à l'étape suivante, c'est-à-dire à l'étude
article par article. La seule réserve que je pourrais exprimer à ce moment-ci,
c'est de dire, et je l'ai exprimé aussi avec un des groupes qui vous a
précédés, c'est une proposition certainement constructive et appréciée...
M. Charette : ...mais ce sera
difficile d'interdire un projet tant que le lieu de remplacement n'aura pas été
identifié. Pour différentes raisons, ça peut complexifier le processus de
décision, ça peut retarder des projets, qui, autrement, sont importants pour
les communautés, mais très ouvert. Vous allez suivre nos discussions convaincus
au moment de l'étude, article par article, pour voir comment on peut bonifier
cette protection-là avec la certitude qu'on fait déjà un pas intéressant, là,
dans la bonne direction. Je vois ma collègue qui veut intervenir. On peut quand
même échanger un petit peu ensemble, si vous le souhaitez. Sinon, c'est ma
collègue d'Argenteuil qui va prendre le relais.
M. Bélanger (André) : Mais
c'est une... je comprends votre préoccupation. Puis oui, effectivement, les
institutions scolaires, bon. On n'est pas en train de dire qu'il faut... qu'il
faut arrêter. C'est impossible d'arrêter toute destruction de milieux humides.
Par contre, on n'a pas d'idée encore de ce qui... l'éviter. Ce que vous dites,
le ministère fait peut-être bien son travail, mais publiquement c'est difficile
de le constater de nous-mêmes parce que ce n'est pas transparent, les critères
ne sont pas clairement établis et... ou, s'ils le sont, du moins, ils ne sont
pas clairement communiqués. Et le mécanisme de compensation déresponsabilise
les entreprises, les entrepreneurs et les porteurs de projets. Ça, il faut...
il faut s'y attaquer parce que c'est... c'est clairement... À partir du moment
où le REM, si on le considère, le REM, organisation publique bien sûr, qui a eu
à... réussi à le faire, d'autres peuvent le faire. Donc, c'est en établissement
de ce type de contrainte là qu'on va avoir des projets qui vont être... qui
vont soit réduire, minimiser ou du moins compenser ce qui est... ce qui n'est
pas le cas présentement.
M. Cliche (Gabriel) : ...si
je peux me permettre un commentaire aussi, là, pour un indicateur à utiliser
sur l'évitement que le ministère arrive à réaliser, je crois que ça pourrait
être pertinent d'indiquer les superficies de milieux humides qui ont été
initialement demandées par le promoteur ou le demandeur, et puis ensuite de
fournir à côté la superficie de milieux humides réellement atteints suite aux
interventions faites par le ministère de l'Environnement. Je crois que ça
permettrait justement de bien mesurer, là, l'effort qui est réalisé par votre
équipe sur ce sujet-là.
M. Charette : Merci de la
suggestion.
La Présidente (Mme Blouin) : Donc,
Mme la députée d'Argenteuil, il vous reste huit minutes 44 s.
Mme Grondin : Merci, Mme la
Présidente. Mme, Messieurs, c'est toujours un plaisir d'échanger avec Fondation
Rivières. Puis là j'ai vu qu'Eau Secours! aussi avait contribué?
Probablement...
M. Bélanger (André) : Eau
Secours!...
Mme Grondin : Moi, j'aime
beaucoup et j'apprécie, Mme, j'aime beaucoup l'approche de dire : On va
essayer de trouver des solutions novatrices, j'apprécie. Vous en avez amené une
que je trouve intéressante de dire, dans ce besoin-là, d'aller peut-être
inventer une banque de projets pour la restauration, création de milieux
humides, peut-être que l'avenue des zones inondables pourrait être
intéressante. Je ne suis pas en train de dire que c'est une bonne idée ou pas,
mais j'apprécie cet effort-là de dire : On sort des sentiers battus puis
on regarde la réalité.
J'ai deux questions en fait, puis ça
rejoint les efforts dont vous parlez, que le ministère... que le ministre a
dit : On fait des efforts pour accompagner les promoteurs. Moi, je suis de
celles qui croient beaucoup à renforcer les compétences locales puis que ce
n'est pas juste la responsabilité du ministère de l'Environnement de porter
tout ça. Vous le savez, pour avoir... d'être députée, j'en ai vu passer, des
projets, là, surtout quand j'étais dans le milieu municipal. Je pense qu'il y a
tout un travail d'accompagnement à faire auprès des promoteurs en termes
d'éducation puis de... et aussi des consultants qui les accompagnent pour leur
proposer de concrétiser les projets qu'ils ont dans leur tête. Est-ce que vous
êtes d'accord avec moi?
• (17 h 50) •
M. Bélanger (André) : Oui,
est-ce que c'est... est-ce que c'est le rôle du ministère de l'Environnement?
C'est le... ça... Là, je pense que non. Par contre, d'accompagner les
organisations à gérer les contraintes qui leur sont présentées, oui,
effectivement. Par contre, ce qu'on dit, c'est qu'à... Pour l'instant, quand on
parle de compensation financière, on déresponsabilise, on donne... vous donnez
un chèque, puis ça y est, vous n'avez plus besoin de vous en occuper. C'est
compliqué après. Ce n'est pas compliqué avant, c'est compliqué après. Mais là
ça a de l'air... Là, on vient de privatiser... on vient de privatiser les
profits puis socialiser les pertes et les complexités, là.
Mme Grondin : Mais vous êtes
d'accord avec moi qu'aussi?
Mme Grondin : ...un scénario
où on doit accompagner le terrain pour que le meilleur projet soit déposé au
ministère de l'Environnement au départ, là, ça va éviter aussi, tu sais... Bon.
Ça, c'est la première question.
L'autre question que j'ai pour vous, c'est
que, bon, vous êtes Fondation Rivières, je ne peux pas faire autrement que vous
poser la question... On parle de restauration, on parle de création ou de
conservation des milieux humides et hydriques. Je trouve qu'on met énormément
d'emphase sur la question des milieux humides, mais, moi, pour avoir marché le
nombre de kilomètres de cours d'eau dans mon comté, là, ils ont besoin d'amour
aussi, puis on n'en parle pas beaucoup.
Mme Tripon (Maëlle) : Bien,
c'est sûr que les milieux hydriques sont souvent cachés par rapport aux milieux
humides. Puis ce n'est aussi pas une opposition, dans le sens où les milieux
humides riverains font partie de l'écosystème du milieu hydrique. Mais je suis
d'accord qu'il y a des opportunités de restauration au niveau des milieux
hydriques, puis on le voit déjà. Il y a... Je pense à certains projets, par
exemple, de restauration de méandres de cours d'eau, de restauration de plaines
inondables. C'est des projets aussi dont on voit immédiatement l'impact sur les
communautés riveraines. Ça se passe souvent dans des espaces qui sont habités.
Donc, effectivement, quand on a amené notre idée, par exemple, de restauration
dans des zones inondables, ça rejoint cette idée de restauration en milieu
hydrique, on en a besoin. C'est des milieux qui sont également impactés, tout à
fait.
Mme Grondin : Est-ce que je
me trompe... parce que c'est vous, les experts, là, est-ce que je me trompe
quand je dis : Il semble, dans la perception, que c'est plus facile de
restaurer des milieux hydriques? Le terrain est là, l'espace est là. Tu sais,
on ne va pas remblayer un cours d'eau, là, mais le restaurer ou créer autour
d'un milieu hydrique, ça semble plus simple ou je me trompe, on n'a pas
vraiment d'expertise à ce niveau-là?
Mme Tripon (Maëlle) : Ça
dépend de quelle restauration on parle. Donc, c'est quand même des questions
qui sont très techniques. Donc, même restaurer un milieu humide, ça peut être
relativement simple, et je mets plein de guillemets à ce mot-là. Pour les
milieux hydriques, ça dépend énormément de ce qu'on souhaite faire. Créer des
nouveaux méandres, on parle quand même de retracer un cours... le chenal d'un
cours d'eau. C'est quand même des travaux qui sont des gros travaux, des
travaux lourds, prenants. Mais il y a effectivement des petits aménagements qui
peuvent être mis en place. C'est toujours selon le type de milieu. Donc, je ne
pense pas que ce soit lié au fait que ce soit un milieu hydrique ou un milieu
humide, ça dépend toujours de l'état de départ du milieu et de l'espace aussi
qui est disponible autour de celui-ci.
Mme Grondin : O.K. Mme la
Présidente, il reste combien de temps?
La Présidente (Mme Blouin) : ...
Mme Grondin : Trois minutes.
Donc, justement, je voulais vous poser une question. Vous avez amené cette
idée-là de dire : Dans les banques de projets potentiels, on pourrait
aussi regarder qu'est-ce qu'il est possible de faire, justement, dans les zones
inondables. Mais là on a le Centre québécois du droit de l'environnement qui
nous ramène en disant : Si on cible certains milieux plus que d'autres, on
va... Tu sais, il ne faut pas privilégier la superficie ou le gain en
superficie par rapport aux différents types, puis là ils l'ont dit, là, par
rapport aux fonctions écologiques par exemple. Donc, la proposition que vous
amenez dans les zones inondables demeure juste un ajout de plus, il faut
bien...
M. Cliche (Gabriel) : ...répondra
pas à l'ensemble du problème que de se... que de faire une... un répertoire de
terrains en milieux riverains, là. C'est certain qu'il y a d'autres milieux
humides qui vont être ailleurs qu'à côté de rives que ça, il faudrait trouver
d'autres façons pour aider à la restauration, mais, c'est certain, on souhaite
quand même suggérer ça, là, le répertoire.
M. Bélanger (André) : Je
rappelle que le projet de loi prévoit la possibilité de recréer des milieux
humides ou hydriques ou, en tout cas, des milieux détruits beaucoup plus loin
que l'endroit où ça a été fait. Ici, quand on parle de zones inondables, on est
beaucoup dans des zones urbanisées, dans des zones en Montérégie, autour de
l'île de Montréal, là où il y a une difficulté de trouver des espaces et des
terrains. Donc, ce n'est pas rédhibitoire, ce n'est pas un critère absolu,
parce que le critère absolu, c'est : Est-ce qu'on est capable de
reconstituer, avec les mêmes contraintes, un milieu humide qui a... qui a
perdu... hydrique et humide qui a perdu ses fonctions? Ça, c'est la vraie
question. Après ça, quel est le... quel est le potentiel d'espaces sur lesquels
on pourrait le faire? Il faut augmenter cette tarte-là, mais il y aurait
effectivement des critères importants à associer à ça, là. Je ne sais pas si
c'est clair, mais...
Mme Grondin : Est-ce que...
Pour le temps qu'il me reste, est-ce qu'il y a... il y a quelque chose dans
votre mémoire... là, moi, je vous ai amenés beaucoup sur la question des
milieux humides et hydriques, mais est-ce que vous souhaitez...
Mme Grondin : ...ajouter
quelque chose.
Mme Tripon (Maëlle) : Peut-être
pour revenir sur le point des fonctions écologiques, pour l'instant, c'est pris
en compte par le ministère dans l'évaluation des projets de restauration, mais
il y devait y avoir une évaluation financière des différents services
écologiques qui sont rendus... et des fonctions écologiques qui sont rendus par
ces milieux humides et hydriques. Et, à ma connaissance, ça n'a pas encore été
fait. Donc, c'est aussi difficile de savoir quoi restaurer quand on ne sait pas
forcément ce qu'on perd et d'évaluer justement les besoins de restauration.
Donc, je pense que ce serait quelque chose à mener. Et des milieux de vie
devaient aussi... des milieux humides d'importance devaient aussi être désignés
pour la protection. Et, à ma connaissance, ça n'a pas non plus été fait encore
pour le moment, même si le ministère a fait ce travail de recension et de
priorisation des milieux humides et hydriques à l'échelle de la province. Donc,
ce serait pour moi deux avenues vraiment importantes pour assurer la protection
des milieux humides et hydriques.
Mme Grondin : Merci beaucoup.
Mme... Oui, ça va?
La Présidente (Mme Blouin) : Oui,
c'est bon. Merci beaucoup. Alors, on va poursuivre avec la porte-parole de
l'opposition officielle pour 9 min 54 s.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous trois pour votre présence ici avec nous et merci pour
votre mémoire. Un élément m'a frappé, quand j'ai regardé le tableau, ou plutôt
le graphique à la page 12, c'est l'augmentation fulgurante des hausses des
autorisations de destruction. On voit vraiment qu'il y a une tendance à la
hausse. Et il y a un tableau qui suit qui est fort intéressant, là, qui donne
dans le fond les compensations qui se sont faites par contribution financière
et par travaux. Il y a une chose qui me frappe, quand je regarde ce tableau-là,
c'est que là... en fait, là où les terrains probablement coûtent les plus
chers, c'est l'endroit où on choisit la compensation financière,
majoritairement, et les régions plus éloignées, vous l'avez mentionné plus
loin, bien là, on... Il y a... il y a un petit peu plus de compensation par
travaux. Donc, est-ce que ça nous indiquerait peut-être que, dans le fond, les
montants sont trop élevés dans certaines régions, ou du moins, en tout cas,
c'est plus favorable de restaurer directement par travaux dans ce cas-là, mais
que, dans les régions où c'est... les terrains sont plus chers, bien,
finalement c'est plus favorable, c'est plus intéressant économiquement de le
faire part par compensation financière? Est-ce que c'est ce que vous constatez?
Mme Tripon (Maëlle) : C'est
une tendance qu'on peut observer, effectivement, surtout dans des régions où on
a une tenure qui est majoritairement privée. Donc, le promoteur ou le
développeur de projets n'a pas forcément de terrain sur lequel il peut
restaurer. Donc, ça implique soit l'achat d'un terrain, soit en tout cas une
entente avec une autre organisation, etc. Donc, c'est une des raisons qui
pourraient expliquer justement le fait de se diriger vers une compensation
financière. Mais, quand on regarde quand même des régions qui peuvent... qui
sont éloignées, comme l'Abitibi, même si on a effectivement beaucoup de
compensation par travaux, on a aussi énormément de compensation financière.
Donc, je ne pense pas que la question du coût d'achat des terrains... si, bien
sûr, c'est un facteur explicatif, ce n'est sûrement pas le seul. C'est aussi
juste de laisser la possibilité aux promoteurs de faire cette... de faire cette
compensation financière là. C'est sûrement beaucoup plus simple pour des
questions logistiques, etc., aussi.
Mme Dufour : À... à
l'exception de Montréal, et c'est probablement le cas du REM, là, qu'on voit
dans le tableau, si je regarde à Laval, la région d'où je viens, mais
Laurentides, Lanaudière sont des chiffres faméliques, là, de travaux, de
compensation par travaux. Et donc, dans ce cas-là, c'est clairement
économiquement plus intéressant, la compensation. Il y a eu à un moment donné
où la compensation a été réduite. Le montant a été réduit, était plus élevé
lorsque la loi a été adoptée. Est-ce qu'on aurait eu intérêt à ne pas faire ce
changement-là, puisque ça aurait pu changer un peu la tendance dans ces régions-là?
• (18 heures) •
M. Cliche (Gabriel) : Très
certainement, là. Tu sais, je pense que les chiffres démontrent clairement
que'on... Bien, de manière générale, l'humain va tendre à choisir l'option la
plus facile, entre devoir investir temps et trouver un terrain sur lequel faire
de la restauration ou tout simplement signer un chèque et dire : Voici,
j'ai compensé et vous pouvez utiliser cet argent pour vous, mener des projets
de restauration. Je crois que c'est tout le temps vers la facilité qu'on va...
qu'on va se tourner, surtout si c'est économiquement viable, là. Je pense que
vous l'avez assez bien mentionné, là, effectivement, ce règlement-là, qui
fournissait des taux pour la compensation, là, par mètres carrés, là, de
milieux humides par région, c'est... moi, personnellement, je trouve que ça a
été une erreur que de réduire ces coûts... ces taux-là. Cela dit, je peux
comprendre qu'il y avait eu beaucoup de pression à ce moment-là qui avait été
faite par des promoteurs, justement. Puis ah! mon Dieu, on ne pourra plus rien
développer suite à ça. C'est quelque chose que j'avais observé, là, du temps où
ces changements-là s'étaient effectués. Donc, oui, pour...
18 h (version non révisée)
M. Cliche (Gabriel) : ...pour
répondre à votre question, je pense que si on avait maintenu les taux initiaux,
ça aurait pu aider à ce que la courbe que vous avez vue en page 12 soit moins,
soit moins brute que ce qu'on voit là.
Mme Dufour : Oui, abrupte,
effectivement. Vous mentionnez d'ailleurs qu'il y a un risque de concentration
des milieux humides restaurés dans certaines régions et détruites dans d'autres,
bien, parce qu'il y a des endroits qui sont plus favorables. Puis ça, ça, c'est
une inquiétude, j'imagine, qui vient du fait que les fonds pourraient être
transférés. Malgré tout, vous êtes favorables à cette mesure-là. Ça me... Ou le
fait qu'il y ait une portion des sommes, 15 % qui peut être... qui
pourrait être utilisé ailleurs.
Mme Tripon (Maëlle) : On
trouvait ce projet intéressant tant qu'on reste dans du 15 % et que ça ne
va pas au-delà, parce qu'on trouvait ça intéressant, effectivement, par
exemple, dans le cadre des PRMHH, donc des plans régionaux de milieux humides
et hydriques mis en place par les MRC. Nous, on aurait des projets d'envergure
dans lequel... qui pourraient se mener sur plusieurs milieux, d'avoir une
enveloppe qui est gérée par le ministère pour déployer ce genre de grands
projets quand il n'y a pas de fonds de restauration suffisant, par exemple, à
mettre en place. Oui.
M. Cliche (Gabriel) : Il faut
garder en tête aussi ce règlement-là qui balisait, en fait, les frais de
compensation pour les milieux humides et hydriques détruits. C'est arrivé, si
ma mémoire est bonne, c'était en 2015, 2016, je ne me souviens plus exactement
la date, mais dans ses environs-là. Puis on peut s'entendre pour dire que la
destruction des milieux humides s'est faite bien avant l'entrée en vigueur de
ce règlement-là. Il faut comprendre qu'il y a plusieurs endroits où des milieux
humides ont été détruits sans aucune forme de compensation. Puis c'est juste à
partir de l'entrée en vigueur du règlement que, là, on s'est dit : O.K. Il
faut faut arrêter de perdre des milieux humides, zéro perte nette. Mais il y a
certainement certains endroits où il y a eu beaucoup d'urbanisation, où le mal
était déjà fait, où on n'avait aucune mesure du dégât qui avait réellement été
appliqué sur les milieux humides. Donc certaines régions, effectivement, n'auront
pas beaucoup d'argent dans ce fonds-là, dû au fait que les milieux humides ont
déjà été détruits et qu'il n'y a plus vraiment façon de... Bien, tu sais, les
milieux humides qui restent sont tellement éparses qu'il n'y a pas beaucoup d'argent
à tirer de leur compensation financière, vu que c'est déjà passé.
Mme Dufour : Intéressant. Je
voudrais vous entendre sur un sujet qui n'a pas du tout été abordé jusqu'à
maintenant, les canneberges. Vous appelez ça la production de canneberges? Vous
avez tout un... Oui, c'est ça, cannebergière. Vous avez tous un... C'est à
dire, vous avez une section complète sur ce sujet-là. Et j'aimerais vous
entendre parce que c'est quand même 240 hectares, sur les 760 détruits ces
dernières années, qui viennent des... de la production canneberge. C'est
énorme. Donc, pourquoi c'est un enjeu? Peut-être nous l'expliquer davantage.
Mme Tripon (Maëlle) : En
fait, ce sont des chiffres qui viennent de nos partenaires, Eau Secours! Et en
fait, l'enjeu qu'ils voulaient mettre en lumière dans cette portion-là qui a
été écrite par eux, c'est le fait que les cannebergières, actuellement, sont,
sauf dans des cas extrêmement rares, complètement... En fait, elles n'ont pas
besoin de compenser l'impact qu'elles ont sur les milieux humides et hydriques,
que ce soit de façon financière ou par des travaux. Donc, on pense que c'est un
véritable problème, c'est-à-dire qu'elles ne sont même pas forcément prises en
compte dans les compensations actuelles financières et dans les chiffres qu'on voit
de destruction puisqu'elles ne sont pas soumises à la compensation. Comme je le
dis, c'est complexe. Il y a quand même des cas particuliers où c'est le cas,
mais on pense que le fait d'avoir des... des exemptions pour certaines,
certaines industries comme les cannebergières où c'est le cas, par exemple, des
bleuétières, etc., c'est vraiment un problème parce que ça a un impact sur les
milieux humides et hydriques qui, pour l'instant, n'est pas pris en compte.
Mme Dufour : Et justement,
peut-être nous l'expliquer, quel genre d'impact. Parce que je comprends que
les... C'est comme inondé, les terrains pour faire des canneberges, mais
peut-être nous expliquer exactement qu'est-ce que ça fait.
M. Bélanger (André) : Bien, d'abord,
il faut comprendre que l'industrie de la cannebergière, c'est d'abord une
industrie du sable. C'est l'extraction du sable pour la production de... l'utilisation
dans différentes industries qui est une grande partie des revenus des
cannebergières. Ce sont des zones très sablonneuses qui sont aussi des
milieux... des milieux humides. Et donc, quand on inonde, bien, on vient de
transformer les milieux humides. Mais ensuite, quand on a cessé d'inonder
pour... c'est juste pour cueillir la canneberge, bien là, on creuse puis on ramasse
le sable qu'il y a à cet endroit-là. Donc, c'est une industrie qui a comme
deux... deux modèles d'affaires, le modèle apparent et le modèle réel. Et c'est...
Ça a été documenté dans plusieurs, plusieurs reportages, ça, au niveau de la...
de cette industrie spécifique qui est très différent du bleuet, où là on est
dans le bleuet puis le bleuet, là. On n'est pas autre chose.
Mme McGraw : Et très vite,
pour enchaîner, parce qu'il ne me reste pas beaucoup de temps. Donc, vous
parlez de... Vous proposez un moratoire temporaire sur la destruction...
Mme McGraw : ...des milieux
humides hydriques, tant pour avoir une meilleure efficacité, vous proposez,
entre autres, que les... de responsabiliser les promoteurs, les demandeurs,
pour qu'ils choisissent ou identifient les lieux de restauration. Que
pensez-vous de l'idée qui a été proposée? J'oublie qui, mais c'est l'idée
d'avoir comme un répertoire. Donc, ce ne serait pas juste les promoteurs, les
demandeurs, mais ce serait, effectivement, les MRC, les municipalités qui
proposeraient. Est-ce que ça pourrait rendre plus efficace le processus?
M. Bélanger (André) : ...bien,
le marché du carbone, c'est un peu... mais l'équivalent, le marché de la
protection des milieux humides et hydriques pourrait très bien être un
mécanisme qui serait mis en place. On ne demande pas... On est conscients qu'un
moratoire sur la destruction des milieux humides et hydriques, c'est... ça n'a
pas... Ce n'est pas ça, notre demande réelle, c'est vraiment de dire... bien,
c'est-à-dire que oui, c'est dans le document, mais c'est... C'est-à-dire que
ça, c'est la mesure extrême...
La Présidente (Mme Blouin) : Ça
conclut...
M. Bélanger (André) : ...ce
qui serait une mesure plus... très acceptable, ça serait un moratoire sur toute
forme de destruction avec compensation financière.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Ça complète. Donc, on va poursuivre avec le porte-parole du deuxième groupe
d'opposition pour trois minutes 18.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois, vous êtes les derniers valeureux et
valeureuses de la journée. On espère être assez énergiques pour vous.
Une voix : ...
M. Leduc : Parfait.
Merveilleux. Je veux vous entendre sur le 15 %, là, des sommes perçus en
compensation pour l'atteinte de milieux humides et hydriques. Si j'ai bien
compris, le projet de loi dit : Ce 15 %-là, on devrait permettre de
ne pas nécessairement le redéployer dans la MRC où il a été perçu, mais plutôt
à l'échelle du Québec. Et vous, vous dites bravo à ça. On a un peu expliqué la
problématique. Qu'est-ce qui se passe avec ça?
M. Cliche (Gabriel) : Bien,
dans le fond, effectivement, là, le fonds accumule énormément d'argent depuis
plusieurs années et le fait est qu'il n'est pas du tout dépensé en ce moment,
ce 15 %-là de notre compréhension à la lecture du mémoire qui a été déposé
sur 81 indiquait que c'étaient des sommes qui seraient utilisées par le
ministère de l'Environnement pour démarrer des projets de restauration de milieux
humides et hydriques, des projets de grande envergure. À ce niveau-là, on
comprend que c'est des argents qui sont retirés à certains milieux pour être
distribués ailleurs, mais ça va être pour des... (Interruption) ...pardon, pour
des gros milieux humides, là, des milieux qui vont permettre d'accomplir
beaucoup de services écologiques, alors que, si on maintenait ces argents-là
uniquement dans la région ou la MRC, pour être plus précis, là, où l'argent a
été perçu, bien, peut-être que cette région-là en question n'aurait pas de
terrain avec autant de valeur à restaurer que ça pourrait l'être dans une autre
région si on se donnait la peine de monter un gros projet.
Puis je le mentionne aussi, ces fonds-là
qui sont perçus par MRC, oui, je comprends qu'on se dit c'est pour des milieux
qui ont été détruits à cet endroit-là, mais je réitère que ça fait depuis
longtemps qu'on dehors des milieux humides, depuis bien avant l'entrée en
vigueur du fonds. À mon avis, il y a quand même un certain... une certaine conscience
à prendre là-dessus, que, s'il y a des endroits où on peut réaliser des projets
d'envergure, ce serait important de le faire, là, pour des milieux qui auront
été détruits, qui sont passés sous le radar parce que ça fait trop longtemps
qu'ils l'ont été. Je comprends que c'est important de garder les argents pour
restaurer les milieux à proximité, mais c'est ça, gardons en tête que ça fait
longtemps qu'on en a discuté, donc il faut...
M. Leduc : C'est mieux
d'avoir un objectif global.
M. Cliche (Gabriel) : Oui,
c'est ça, effectivement.
M. Leduc : Ça nous aiderait
plus à atteindre le zéro perte nettre. C'est un peu ça, la lecture? O.K.
Mme Tripon (Maëlle) : Oui,
c'est ça. Puis l'idée, ça pourrait aussi être de prioriser des régions qui sont
en déficit de milieux humides et hydriques, même s'il n'y a pas de destruction.
Je pense à des régions dans le sud du Québec, dont... comme la Montérégie, où
il y a moins de 0,1 % de milieux humides. Ça pourrait être des régions prioritaires
pour la restauration, au-delà des fonds qui sont déjà disponibles, avec des
projets qui seraient bien mis en place par le ministère de l'Environnement.
• (18 h 10) •
M. Leduc : S'il y a des
chicanes entre les préfets de MRC, c'est le ministre qui va devoir arbitrer
tout ça.
Mme Tripon (Maëlle) : Exactement.
Une voix : ...
M. Leduc : Ah! il faut que je
m'implique là-dedans, moi aussi?
Une voix : ...
M. Leduc : En médiateur, O.K.
Parfait. Merci beaucoup. Bonne soirée à vous.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va conclure cette journée d'échange avec le député des Îles
de la Madeleine pour trois minutes 18 s.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mme, Messieurs, pour votre présentation. Ça finit bien la
journée, je trouve que vous résumez bien plusieurs des éléments qui ont été
discutés depuis hier. Votre mémoire et votre présentation sont très clairs sur
le fait qu'on s'est donné de grands objectifs et que la protection, malheureusement,
des milieux humides et hydriques est parfaitement inefficace et... bon. Votre
prétention, c'est que les solutions ne sont pas les bonnes. Mais les solutions
que vous proposez me semblent très intéressantes, mais j'aimerais mieux les
comprendre. Par exemple, lorsque l'on demande de colliger, de...
M. Arseneau : ...et analyser
la performance des actions du ministère. J'aimerais savoir, vous avez parlé
d'indicateurs, mais ce n'est pas simplement de se doter d'indicateurs.
Pouvez-vous expliciter un peu comment on pourrait véritablement améliorer les
choses?
Mme Tripon (Maëlle) : L'idée,
c'est que, pour l'instant, c'est un peu comme si on naviguait dans le noir. Ce
qu'évoquait M. le ministre au début, c'est qu'il y a déjà des mesures qui sont
mises en place par le ministère pour justement faire respecter les principes,
éviter, minimiser, mais on ne se rend absolument pas compte quand on est dans
le grand public, puisqu'on n'a aucun indicateur là-dessus. Donc, avoir des
indicateurs, ça permettrait aussi également à la société civile de voir à quel
point est-ce que ces mesures sont mises en place ou non, et ensuite de prendre
éventuellement des mesures correctives, si on s'aperçoit qu'on n'évite pas
assez l'atteinte aux milieux humides ou qu'on ne minimise pas assez l'impact
des travaux, comment est-ce qu'on peut améliorer ces mesures-là. Pour
l'instant, c'est difficile à dire puisqu'on n'a pas d'indicateur clair
là-dessus.
M. Bélanger (André) : J'aurais
tendance aussi à rajouter que, tu sais, les intentions et les gestes posés par
le ministère de l'Environnement sont très... C'est très intéressant ce qui se
passe quand on fait des... on prévoit, on promet, on promeut. Mais là il y a
des petits gestes qui doivent être faits rapidement, et le premier, c'est
justement d'être capable de rendre compte de ce qui est protégé, ce qui a été
évité. Et ça, ça ne demande pas d'avoir... ça demanderait de protéger aussi
certains milieux. On parlait tantôt de milieux qui sont plus menacés, des
milieux aussi qui ont une contribution plus importante en captation de gaz à
effet de serre. On a quand même une connaissance partielle de ça, et ça devrait
être la priorité du ministère de l'Environnement que de faire le ménage
là-dedans puis de nous proposer une lecture du territoire qui est plus
complète.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Vous touchez à un élément extrêmement important, à mon point de vue, de
responsabiliser davantage les demandeurs. Mais lorsqu'il est question d'une
compensation financière, vous dites : Il faudrait quand même qu'on puisse
les impliquer dans l'identification d'un site, et tout ça. Je me demande
comment la mécanique pourrait être mise en place, parce que... Est-ce que,
préalablement, ça prendrait le répertoire que vous proposez aussi? Les deux
mesures sont interreliées et... inextricablement?
Mme Tripon (Maëlle) : Oui, ça
pourrait effectivement prendre la forme d'un répertoire. Mais ce qu'on voudrait
avant tout, c'est qu'il y ait éventuellement une compensation par travaux, qu'elles
soient prioritaires sur la compensation financière, ce serait vraiment la
mesure-phare numéro un à mettre en place...
M. Arseneau : ...il faudrait
revenir...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Merci pour votre présence et votre contribution à nos travaux.
Alors, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux jusqu'au jeudi 30 janvier 2025, 8 heures, où
elle se réunira en séance de travail. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 14)