Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, September 10, 2024
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Vol. 47 N° 54
Special consultations and public hearings on Bill 61, An Act enacting the Act respecting Mobilité Infra Québec and amending certain provisions relating to shared transportation
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi
no 61, Loi édictant la Loi sur la Mobilité Infra Québec et modifiant
certaines dispositions relatives au transport collectif.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. St-Pierre Plamondon, Camille-Laurin, est remplacé par M.
Arseneau, Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Nous débuterons ce matin par les remarques préliminaires puis entendrons par la
suite les organismes suivants, soit : l'Union des municipalités du Québec,
le groupe Pomerleau et l'Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec.
J'inviterais maintenant la ministre des
Transports et de la Mobilité durable à faire ses remarques préliminaires. Vous
disposez de six minutes, Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, M. le Président. Bonjour à vous, un
nouveau président, étant donné les récents mouvements, alors toujours un
plaisir d'être présidée par des gens compétents, donc vous comme les autres,
alors merci. Merci à vous, Mme... M. le Président, pardon, et à votre équipe, Mme
la secrétaire, toute l'équipe. Toujours important de remercier le personnel,
les gens qui nous soutiennent ici, parce que, comme je dis toujours, les
centaines de milliers de personnes qui suivent nos travaux à chaque commission
ne pourraient pas le faire si ce n'était de tout ce personnel compétent et
avisé qui nous aide à diffuser ces travaux. Salutations aussi au personnel qui
nous accompagne respectivement, que ce soient les gens de nos leaders
respectifs, de nos whips respectifs, donc tout autour, nos recherchistes, alors
salutations à tout le monde. Salutations aux collègues, bien sûr, à mes
collègues d'abord, de la banquette gouvernementale, à mes équipes aussi. J'ai
des gens de mes équipes, bien sûr, du ministère des Transports, mon
sous-ministre ici, adjoint, que vous connaissez, Jérôme Otternberg, qui est
avec moi sur toutes les commissions, Carolane Pelletier, de mon cabinet, mes
collègues, député de Masson, député de Bonaventure et député d'Argenteuil.
Salutations aux collègues de l'opposition, le député de Nelligan, le député de
Taschereau et le député des Îles-de-la-Madeleine, ici avec nous ce matin. Donc,
un grand plaisir toujours de travailler ensemble. C'est notre troisième
commission. En fait, moi, c'est mon troisième projet de loi depuis que je suis
aux Transports. On a fait les trois avec le député de Taschereau, quelques-uns
avec le député de Nelligan. Alors, ce sera certainement aussi intéressant que d'habitude.
Et salutations aux groupes qui sont dans la salle, toutes les personnes qui ont
pris la peine de se déplacer pour nous rencontrer ce matin. Je vois M.
Damphousse, de l'UMQ, avec son collègue. Merci beaucoup d'être ici, et à ceux
qui suivront.
Vous savez, M. le Président, c'est
toujours excitant de commencer un projet de loi, de commencer l'étude
parlementaire d'un projet de loi, parce que, bien avant, il y a beaucoup de
travail qui se fait. Quand je dis «commencer», bien sûr que l'élaboration d'une
pièce législative nécessite plusieurs, plusieurs heures de travail de la part
de nos équipes, notamment nos équipes juridiques et les partenaires qu'on
consulte. Mais c'est très excitant, le moment où on commence la commission,
parce que ça veut dire qu'éventuellement, sans présumer de rien, on va en
arriver à l'adoption, on l'espère, du projet de loi et d'une nouvelle loi.
• (9 h 50) •
Et, en l'occurrence, aujourd'hui, on va
instituer une nouvelle organisation, une nouvelle petite équipe d'expertise
très pointue en transport collectif. Et Dieu sait que le transport collectif,
on en entend parler tous les jours, que ce soient les questions de financement.
Mais pour moi, ce qui... ce qui m'intéresse aussi beaucoup, c'est la
réalisation de nos projets de transport collectif d'envergure, une expertise
qui actuellement n'existe pas forcément au sein du gouvernement pour la simple
et bonne raison que c'est relativement nouveau. Je le dis souvent,
contrairement aux routes qu'on est habitués de faire, le transport collectif et
plus précisément les projets de transport collectif d'envergure, c'est
relativement nouveau au Québec. La mouvance et l'appétit pour le transport
collectif d'envergure est relativement nouveau. Donc, le temps est venu, je
pense, pour le ministre des Transports, là c'est moi qui occupe le poste mais
je veux dire l'institution, ministre des Transports et gouvernement, de
prendre...
Mme Guilbault :...de prendre le leadership du contrôle du développement du
destin du transport collectif au Québec. Et en instituant Mobilité Infra
Québec, qui est l'objet du projet de loi qu'on va... dont on va commencer
l'étude aujourd'hui, je pense qu'on exerce ce leadership. Et donc pour... pour
cette raison, je suis extrêmement fière de ce projet de loi. Je l'ai dit, je
suis fière à chaque fois. On vient d'en terminer un sur la sécurité routière,
avant ça, on a réformé la Loi sur l'expropriation après 40 ans de statu
quo, et aujourd'hui, on instaure quelque chose de complètement nouveau qui va
révolutionner la manière dont on développe le transport collectif au Québec,
alors j'en suis extrêmement fière, M. le Président.
Je vais achever là-dessus, parce que, de
toute façon, on aura l'occasion d'aborder des aspects plus précis, sans aucun
doute, là, au fil... au fur et à mesure des gens qui vont venir nous
entretenir. Mais je voulais terminer en remerciant énormément mes équipes.
Parce qu'on a travaillé longtemps sur ce projet de loi là, quand je suis
arrivée, on en parlait. Mais entre en parler puis déposer un projet de loi, il
y a énormément de travail. Et on sait, nous, le nombre de réunions et de
démarches qu'on a dû faire pour en arriver là. Alors, je suis extrêmement
fière. Un grand merci à toutes mes équipes du ministère, à mes collègues du
gouvernement, qui m'ont épaulée tout au long du processus. Et bons travaux à
l'ensemble des collègues et des partenaires qui seront présents tout au long
des consultations.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci beaucoup, Mme la ministre. J'inviterais maintenant le porte-parole de
l'opposition officielle et député de Nelligan à faire ses remarques
préliminaires. M. le député, vous disposez de 3 min 36 s, la
parole est à vous.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Donc, bienvenue. Merci. Bienvenue à la commission, à notre
commission. Bienvenue aux chers collègues, Mme la ministre. Je tiens à saluer
Mme la ministre, son équipe, son cabinet, les membres de la commission, les
membres de la présidence, collègues, et mon collègue Marc-Antoine, qui
m'accompagne pour les consultations de ce projet de loi, qui était important
aussi.
Et le début de ces consultations... Loi
édictant la Loi sur la mobilité et Mobilité Infra et modifiant certaines
dispositions relatives au transport collectif, un projet de loi costaud,
27 articles, mais aussi l'édiction d'une nouvelle loi de 93 articles,
quatre jours de consultations, 26 groupes en commission parlementaire,
mais ce qu'on doit retenir, c'est un autre projet de loi caquiste qui vient
créer une autre agence, une autre agence. On a eu celle de la santé, et là on
va avoir un autre en transport.
Ça semble être une tendance, M. le
Président, de transformer les ministères en agences, mais ne... j'espère juste
qu'un jour on ne va pas changer le nom de la Coalition avenir Québec par Agence
avenir Québec. Et vous le savez, la CAQ nous a habitués à brasser des
structures en faisant croire que ça allait changer le monde, mais dans les
faits, les résultats se font encore attendre. Par exemple, l'agence de santé,
est-ce qu'on a accès à un médecin de famille? Je ne pense pas. Est-ce qu'on
attend moins à l'hôpital? Je ne pense pas. Est-ce qu'on a de meilleurs
services, pire encore, est-ce que vous avez des services? Je ne pense pas.
Donc, alors c'est beau, les grands discours, mais la population, M. le
Président, s'attend surtout à des résultats. Et bien hâte à m'entretenir avec
les groupes, bien hâte à m'entretenir avec les groupes, parce que tout le monde
est au courant, c'est quoi les enjeux en matière de transport collectif.
D'ailleurs, on va avoir la chance d'entendre l'UMQ, qui représente plusieurs
villes, avec qui je me suis entretenu récemment, plusieurs agences de
transport, qui nous parlaient de leurs enjeux. Mais laissez-moi vous rappeler
quelque chose d'extrêmement important.
En 2013, le gouvernement du Parti
québécois avait déposé le projet de loi no 68, Loi sur l'Agence des
infrastructures du transport du Québec. La CAQ, à l'époque, s'était braquée. On
parle quand même... il y a quand même quelques années, mais il avait... elle
avait dit qu'elle serait contre le projet de loi, même projet de loi, qui, en
quelque sorte, ressemble au projet de loi qu'on a devant nous aujourd'hui.
L'actuel ministre de la Cybersécurité et du Numérique avait même dit, et je le
cite : «Créer une agence, c'est créer une agence de favoritisme. Créer une
agence, c'est créer une instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire.» Ce
sont les propos de l'actuel ministre de la Cybersécurité sur le projet de
l'agence. Alors, j'ai hâte que la ministre nous explique ce qui s'est passé à
la CAQ depuis. Clairement, on a un changement de direction, et maintenant
l'agence est une bonne chose.
Le projet de loi soulève beaucoup,
beaucoup de questions. Bien hâte à entendre le groupe... les groupes, bien...
bien... bien hâte à voir est-ce qu'on va respecter l'autonomie des
municipalités, est-ce que ça va coûter moins cher, est-ce qu'on va réduire les
délais, est-ce qu'il y aura plus d'argent pour les projets. Vous savez,
l'argent, c'est le nerf de la guerre. D'ailleurs, la quasi-totalité des
mémoires déposés jusqu'à maintenant parle de l'importance du financement du
transport collectif et non pas de la création de l'agence. Pour l'instant, il
n'en est pas question.
Alors, M. le Président, c'est une étape
importante. Bien hâte d'entendre les groupes, les experts, et bien hâte à voir
comment la ministre va écouter les groupes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
J'invite maintenant...
Le Président (M. St-Louis) : ...J'invite
maintenant le porte-parole du deuxième groupe d'opposition et député de
Taschereau à faire ses remarques préliminaires. Vous disposez d'une minute et
12 secondes, M. le député, la parole est à vous.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, bienvenue à vous. Content de travailler
avec une nouvelle présidence. Salutations à la ministre, aux collègues qui sont
ici, à toutes les personnes présentes dans cette salle.
On ne peut pas parler du projet de loi
no 61, qui va créer Mobilité Infra Québec, sans le mettre dans le contexte
de la dernière année. Dans la dernière année, Mme la ministre a été très dure
envers les municipalités. Elle les a traitées d'incompétentes, elle a imposé
des des... des audits de performance aux sociétés de transport. On les a
traités de quêteux. Ça a été très dur envers les municipalités. Maintenant, le
projet de loi qui est devant nous et qu'on va étudier est une grande opération
de centralisation et d'une grande, grande, grande arrogance. Alors, moi, pour
l'étude de ce projet de loi là, je vais faire tout mon possible pour convaincre
le ministre... la ministre des Transports de travailler avec les municipalités
plutôt que de travailler contre les municipalités. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le député, je vous invite à la prudence quant au choix des mots, s'il vous...
Merci. J'inviterais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine à faire ses
remarques préliminaires. M. le député, vous disposez d'une minute et
12 secondes, la parole est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, je salue la ministre, mes collègues et toutes les
équipes de chacune des formations politiques, de même que le personnel de
l'Assemblée nationale.
Et j'ai le goût de commencer mon
intervention par un avertissement comme on voit dans les séries de fictions ou
dans les films : attention, toute ressemblance de ce projet de loi avec
des agences ou des projets d'agence ayant déjà existé ne serait que pure
coïncidence, serait complètement fortuite. En d'autres mots, le projet d'agence
qu'on a aujourd'hui devant nous n'a rien à voir avec le projet de loi
no 68 qu'avait déposé mon ex-collègue Sylvain Gaudreault ou celui que j'ai
déposé en 2021, le projet de loi no 796, qui visait, je le rappelle, à
dépolitiser les projets de construction d'infrastructure et de mobilité
collective, qui cherchait également à donner davantage d'expertise au
gouvernement du Québec dans la réalisation du projet. Il visait surtout comme
valeur cardinale à assurer une autonomie de ceux qui font la planification,
l'organisation et le développement de projets de mobilité. C'est tout le
contraire de ce qu'on voit ici dans le projet de loi. Alors, on tentera de
l'améliorer dans la mesure de nos possibilités, mais on part de loin. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député.
Nous allons maintenant débuter les
auditions. Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Union des municipalités
du Québec. Pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, je vous invite à vous
présenter, nom et titre, s'il vous plaît. Donc, la parole à... est à vous.
Vous... Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé.
M. Damphousse (Martin) : Bonjour
à tous. Je suis Martin Damphousse, maire de Varennes et président de l'Union
des municipalités du Québec.
M. Roy (Samuel) : Bonjour,
tout le monde. Samuel Roy, conseiller stratégique aux politiques à l'Union des
municipalités du Québec.
M. Damphousse (Martin) : Mme
la ministre des Transports et de la Mobilité durable, M. le Président de la
commission, mesdames et messieurs les membres de la commission, je vous
remercie de nous accorder l'opportunité de vous présenter nos commentaires sur
le présent projet de loi. Je suis accompagné de Samuel Roy, conseiller
stratégique aux politiques.
Tout d'abord, l'UMQ salue la volonté du
gouvernement de se doter de l'expertise nécessaire à la réalisation de projets
de transport collectif partout au Québec, assurant ainsi la prévisibilité et la
maîtrise des coûts de développement. Ces objectifs sont partagés par le milieu
municipal.
• (10 heures) •
Nous réaffirmons également notre
engagement à collaborer avec le gouvernement du Québec pour identifier des
solutions durables au financement du transport collectif, un défi majeur pour
l'expansion de l'offre. La baisse de l'achalandage, depuis la pandémie et
l'arrivée du Réseau express métropolitain qui capte une partie des revenus des
sociétés de transport à Montréal, ont exacerbé ces difficultés financières. La
structure actuelle de financement est devenue obsolète, nécessitant des
solutions immédiates. Il est donc impératif d'établir un cadre financier
prévisible sur cinq ans pour soutenir la croissance continue de ce service
essentiel crucial pour le développement régional et la réduction des émissions
de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, nous recommandons de
retarder l'atteinte des cibles d'électrification du transport collectif afin de
ne pas restreindre les ressources disponibles pour le maintien des
infrastructures et d'alléger la pression sur les opérations. Pour soutenir de
nouveaux projets nécessitant d'importants investissements, un financement
substantiel est crucial. Il est nécessaire d'exploiter toutes les
possibilités...
10 h (version non révisée)
M. Damphousse (Martin) : ...toutes
les possibilités, notamment le Plan québécois des infrastructures 2024-2034 qui
prévoit des investissements en transport collectif de 13,8 milliards de
dollars sur 10 ans, tandis que les investissements dans le réseau routier
sont deux fois et demie supérieurs aux investissements en transport collectif.
À cet égard, l'Union recommande le rééquilibrage des investissements prévus
dans le plan québécois des infrastructures en faveur du transport collectif. L'ensemble
des municipalités du Québec souhaite être en mesure de proposer une offre de
transport collectif intéressante à leurs citoyennes et citoyens. Cependant,
elle se heurte à un problème d'importance : le manque de financement et de
cadres légaux et réglementaires adaptés à leurs réalités. En effet, seules les
municipalités de 100 000 habitants et plus ont la possibilité de
constituer une société de transport ou de posséder leur propre flotte de
véhicules. C'est le cas notamment pour Granby et Drummondville, ou pour des
regroupements comme la Régie intermunicipale de transport
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Elles doivent obligatoirement faire affaire avec
des transporteurs privés qui coûtent de plus en plus cher et elles n'ont pas
accès aux mêmes subventions pour l'électrification. Ainsi, l'UMQ recommande de
modifier la loi sur le transport pour permettre à toutes les municipalités de
posséder et d'opérer leur propre flotte de véhicules. Concernant la taxe sur l'immatriculation
instaurée par la loi n° 39, bien que prometteuse,
elle présente des obstacles pour les municipalités. La taxe sur l'immatriculation
pourrait être un outil intéressant pour ces municipalités qui aimeraient
déployer une plus grande offre de transport collectif. Cependant, le pouvoir
actuel permet seulement aux municipalités dotées d'une société de transport et
aux MRC de s'en prévaloir, ce qui engendre des enjeux de gouvernance
importants. Afin de pallier ce frein, l'UMQ recommande d'élargir le pouvoir d'imposer
une taxe sur l'immatriculation à l'ensemble des municipalités locales et des
villes ayant des compétences de municipalité régionale de comté. Le projet de
loi prévoit que le gouvernement du Québec fixe unilatéralement la contribution
financière des municipalités pour les projets complexes de transport avant de
leur confier l'exploitation. Cette approche risque de compromettre sérieusement
l'autonomie municipale et d'avoir un impact significatif sur les finances des
municipalités. L'UMQ propose donc que le projet de loi n° 61 soit modifié pour
exiger une entente préalable entre la municipalité et le gouvernement du Québec
avant d'engager toute contribution financière municipale. En conclusion, nous
souhaitons souligner un point fondamental pour assurer le succès des
initiatives de Mobilité Infra Québec la nécessité d'une collaboration étroite
avec le milieu municipal. Les municipalités, fortes de leur expertise en
aménagement du territoire, doivent être des partenaires actifs dans la
planification et la réalisation des projets de transport. Cette approche
collaborative, respectueuse de l'autonomie et des compétences municipales,
devrait se traduire par l'assujettissement de Mobilité Infra Québec à la
réglementation municipale. Ainsi, nous pourrons garantir une synergie optimale
entre les projets d'infrastructure et les besoins spécifiques de chaque
communauté, tout en préservant la cohérence du développement urbain à long
terme. Nous sommes maintenant disposés à répondre à vos questions. Merci à tous.
Le Président (M. St-Louis) : Alors
je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange.
Le prochain bloc d'échange sera d'une durée de 16 min 30 s, Mme
la ministre, la parole est à vous.
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, M. le Président. Alors, Messieurs, merci
encore d'être ici avec nous aujourd'hui. Toujours, toujours très intéressant de
parler avec l'UMQ sur une foule de sujets. D'ailleurs, vous êtes presque
toujours sur nos commissions quand on fait des projets de loi. C'est dire à
quel point vous êtes un partenaire important. D'ailleurs, on s'est rencontrés
dernièrement pour... pour divers sujets. Donc, merci d'être à Québec aujourd'hui.
Je vais commencer peut-être par un des derniers éléments qui a été mentionné,
parce que je regarde vos recommandations. Il y a plusieurs choses là-dedans
très intéressantes. Il y en a certaines qui vont déjà dans le sens de notre
projet de loi donc...
Mme Guilbault :...peut-être qu'on... on pourrait étoffer un peu le point
de vue. Mais vous disiez, en terminant ou en tout cas dans les dernières
remarques, vous souhaitez qu'une entente intervienne entre le gouvernement et
les municipalités avant la réalisation ou même la planification de tout projet de
transport collectif. Mais c'est exactement le sens du projet de loi et c'est
actuellement la manière dont c'est prévu dans le projet de loi. En tout cas,
je... pour l'article, je vous réfère à l'article, c'est 74 ici. Donc, je
me demandais est-ce que, pour vous, cet article-là ne répond pas à cet
objectif-là, est-ce qu'il y a des modifications que vous souhaiteriez lui
apporter? Parce qu'actuellement, ce qu'on dit, c'est : «Le ministre doit
convenir avec les municipalités locales, les sociétés de transport en commun,
le réseau de transport métropolitain ou l'Autorité régionale de transport
métropolitain, lorsqu'ils sont visés par le projet, du montant d'une
contribution financière de leur part, et plus loin, sur l'éventuelle
exploitation, Le gouvernement... à défaut d'entente... c'est-à-dire... bon,
dans le cadre d'un projet complexe de transport collectif confié à Mobilité
Infra Québec, doit faire l'objet d'une entente entre le ministre et, selon le
cas, une municipalité locale, une société de transport en commun, le réseau de
transport métropolitain, l'ARTM ou tout autre organisme, la responsabilité de
l'exploitation et la responsabilité financière de l'exploitation.» Bref, tout
ça est déjà prévu comme devant faire l'objet d'ententes entre le gouvernement et
les municipalités, alors qu'est-ce qui, selon vous, ne répond pas?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
en fait, dans notre compréhension... puis si on fait erreur, tant mieux, ce
sera un dossier de réglé, mais ce qu'on a compris, c'est que, dans votre projet
de loi, il y a une obligation de consultation, ce qui est bien, mais il n'y a
pas d'obligation d'avoir une entente. Sauf qu'avec ce que vous venez de lire,
le bout de passage, on va prendre le temps de le regarder attentivement. Mais
entre une consultation, qui est une chose, et qu'on nous impose un modèle
d'entente de financement, on souhaite être collaborateurs pour s'entendre entre
nous et le gouvernement et convenir d'une entente, et non qu'on nous l'impose.
Mais reste que, si, avec ce que vous venez de lire et la préoccupation qu'on
avait, on ne veut pas simplement être consultés et qu'on nous impose une
entente, mais qu'on soit collaborateurs et qu'on s'entende... en fait, qu'on en
arrive à la conclusion d'une entente, il y a une grande différence entre les
deux. On prendra le temps d'analyser les détails. Mais je pense que vous
comprenez le sens de ce que je viens d'expliquer.
Mme Guilbault :Bien oui, tout à fait, puis c'est pour ça que je commence
par cet élément-là, parce que pour moi, il est crucial. Tu sais, il est
impensable pour moi qu'un gouvernement aille imposer un projet de transport
collectif d'envergure sur un territoire, si les élus locaux n'en veulent pas et
par extension leurs citoyens n'en veulent pas. Pour moi, c'est un non-sens. Il
y a tellement de municipalités puis il y a tellement de gens qui veulent des
projets qu'on va commencer par en faire là où les gens sont intéressés avant
d'aller en imposer quelque part. Donc, pour nous, c'est... c'est le gros bon
sens à l'état pur, si je peux m'exprimer ainsi. Puis c'est tout aussi important
pour nous d'avoir, de fonctionner avec des ententes. Tu sais, la manière dont
ça va fonctionner avec les décrets, et tout ça, pour la réalisation du projet,
ça va reposer sur une entente tant sur le partage des coûts que sur
l'éventuelle exploitation. Ça fait qu'en même temps je voulais vous entendre
là-dessus.
Puis en même temps, peut-être vous
rassurer puis vous inviter à regarder plus précisément l'article 74 du
projet de loi, parce que, pour nous, tu sais, je... Puis je suis contente qu'on
commence par vous, parce que ça va être clair pour tout le monde que pour nous,
il est très important de fonctionner avec des ententes puis la collaboration
avec les municipalités, parce que sinon, de toute façon, pour moi, c'est
insensé. L'argent est rare, alors on commence par les endroits où les gens sont
intéressés.
Puis peut-être aussi... Puis vous avez
commencé en disant : Je salue la volonté du gouvernement d'enfin se doter
de la capacité de réaliser des projets. Parce que je l'ai dit, même de façon
très transparente, actuellement, cette capacité-là n'existe pas quant à mon
gouvernement. C'est compliqué. Mon collègue des Îles-de-la-Madeleine disait
qu'à leur époque ils ont déposé un projet de loi ou ils ont déposé un projet ou
en tout... bien, enfin, ils ne l'ont jamais mis en œuvre. Et les libéraux ont
contourné le problème en créant la CDPQ Infra, ce qui était, à l'époque une
bonne chose, parce que le REM, dont la construction a commencé en 2018, cinq
ans plus tard, on inaugurait le premier tronçon. Donc manifestement c'était une
bonne idée. Mais je ne pense pas qu'on peut éternellement est tributaires de la
CDPQ Infra. Donc, pour nous, c'était important de se doter de notre propre
capacité.
• (10 h 10) •
Alors, est-ce que vous... vous... comment
je pourrais dire, est-ce que vous jugez que, dans son imperfection habituelle,
puis probablement qu'on va l'améliorer tous ensemble, mais que cette pièce
législative là est résolument un bon moyen de venir répondre à ce besoin-là, du
XXIe siècle, où une nation comme le Québec doit se doter une fois pour
toutes de la capacité de prendre le contrôle du transport collectif sur son
territoire?
M. Damphousse (Martin) : À
partir du moment, Mme la ministre, où on a salué l'esprit du projet de loi, on
y croit. Puis je vais répéter des éléments que vous avez mentionnés à quelques
reprises auxquels...
M. Damphousse (Martin) : ...auxquels
on adhère, à l'UMQ : c'est de réussir à faire davantage de projets en transport
collectif partout au Québec, de réussir à le faire plus rapidement et de
réussir à le faire à moindre coût. Donc, honnêtement, il n'y a personne dans le
milieu municipal qui peut être contre ces trois prémisses-là.
Mais, après avoir dit ça, vous aurez
compris qu'il y a des éléments qui restent préoccupants pour le milieu
municipal, parce que, dans le sujet précédent dont on vient de parler, il est
aussi mentionné qu'à défaut d'une entente, le gouvernement a le pouvoir
d'imposer des factures au milieu municipal, et c'est là où le bât blesse. À
partir du moment où on a une entente, ça veut dire qu'on est collaborateur, et
on accepte le résultat. Mais, à partir du moment où on ne s'entendrait pas,
bien, de se retrouver imposer une contribution financière, bien, c'est là où
vous comprenez toute la nuance dans ce qu'on vient de discuter au préalable.
Mais l'esprit du projet, on est 100 %
favorables. Quand vous disiez aussi d'aller chercher une plus grande expertise,
le ramener à l'intérieur au lieu de toujours donner des sous-contrats à
l'extérieur, on est d'accord avec le principe.
Mme Guilbault :Exact, puis je vois ici votre recommandation n° 14 :
«Retirer les dispositions du projet de loi qui ont pour effet de rendre
obligatoire une contribution municipale au montage financier d'un projet
complexe de transport et qui permettent au gouvernement du Québec de
l'imposer». Mais est-ce que pour vous ça tombe sous le sens que les
municipalités contribuent? Puis là, on s'entend évidemment que les moyens ne
sont pas les mêmes selon la taille de la municipalité, la taille de la
population, donc les revenus et le budget d'une municipalité. Mais,
logiquement, le montant d'un projet de transport ou l'envergure d'un projet de
transport collectif, pour une municipalité plus petite, va être proportionnel,
normalement, aux besoins qu'on dessert. Donc, on ne mettra pas un projet de
15 milliards dans une municipalité de 20 000 habitants, on
s'entend là-dessus.
Alors, est-ce que pour vous ça tombe sous
le sens quand même de demander une contribution de la municipalité, dans
l'optique où ça demeure quand même un... un service qui va répondre aux besoins
des citoyens de la municipalité?
M. Damphousse (Martin) : Mais,
comme vous savez, Mme la ministre, on le fait déjà, et c'est tout à fait normal
de le faire. Je ne connais pas personne au Québec, dans le monde municipal, qui
souhaite du transport collectif sans payer un sou. Mais, entre payer un sou, sa
contribution juste et équitable en fonction de l'arrivée d'une nouvelle ligne
d'autobus et l'arrivée d'un train, l'arrivée d'un REM, l'arrivée d'un métro, on
ne parle plus du tout des mêmes sommes potentielles et des moyens que le milieu
municipal possède.
Je prends toujours l'exemple qui me
revient souvent en tête, le prolongement du métro à Laval. La ville de Laval
n'a pas contribué, une chance. S'il avait fallu qu'ils contribuent si ce n'est
que de 10 %, imaginez l'impact sur le compte de taxes. Ça fait que ça
dépend toujours des modes de transport, mais ça dépend...
Donc, pour répondre franchement à votre
question, le milieu municipal contribue déjà, contribue de plus en plus, et on
va continuer à être présent comme contributeur. Mais vous comprenez qu'entre
contribuer et amener de nouvelles infrastructures structurantes qui coûtent une
fortune et devoir assumer ça en plus des frais d'opération qui vont suivre, il
y a une grande distinction, et c'est pour ça que tout le volet du financement
reste une grande préoccupation du milieu municipal.
Mme Guilbault :Oui, tout à fait, puis on en parle souvent, du... du fameux
financement, puis je vais... je vais quand même en profiter encore, pour le
bénéfice des collègues qui sont dans la salle, pour réitérer le fait que depuis
la pandémie la contribution gouvernementale au financement du transport
collectif n'a jamais été aussi élevée. L'argent est rare pour tout le monde.
Pour nous aussi, vous le savez, on a un déficit au dernier budget. Mais, malgré
tout, on donne plus d'argent que jamais via nos programmes de soutien,
notamment le programme d'aide au développement du transport collectif. Alors...
Mais on est d'accord avec vous qu'il faut
trouver d'autres façons de faire. D'ailleurs, ma collègue ministre des Affaires
municipales, dans son dernier projet de loi, a donné des nouveaux pouvoirs aux
MRC pour pouvoir diversifier leurs revenus ou diversifier leurs... leurs moyens
financiers pour mettre du transport collectif à la disposition des
municipalités, un autre exemple de collaboration fructueuse.
Mais donc on s'entend sur le fait qu'une
contribution de la part des municipalités desservies par les projets est
normale, mais évidemment il faut... il faut être réaliste puis tenir compte des
moyens de chacun tout comme des moyens du gouvernement, d'ailleurs, et inviter
le gouvernement fédéral à s'engager plus fermement dans le financement des
projets de transport collectif. Il faut bien que je le mentionne aussi. Mon
collègue de Taschereau, des fois, est optimiste par rapport à la participation
du fédéral dans les projets, mais malgré tout il reste qu'actuellement on n'a
pas de projet pour financer des... du transport collectif, au fédéral, avant
2026.
Je vous amène sur la SAAQ, la
recommandation n° 10, parce que, ça, quand on a donné la possibilité justement
de percevoir des nouveaux revenus, il y avait un prix qui était élevé pour
pouvoir se prévaloir de la possibilité du service de perception par la...
Mme Guilbault :...pour la nouvelle contribution pour le transport
collectif. Et, si on a fait des modifications, on l'a modulé, juste pour être
sûr de donner les bons chiffres, retrait du plancher de 60 000, puis permettre
aux MRC de se regrouper pour couvrir le 200 000. Est-ce que ça, vous trouvez
que ça répond aux besoins? C'est sûr que, dans un monde idéal, les choses ne
coûteraient rien, mais, dans la mesure où il y a un prix, est-ce que ça, pour
vous, ça, c'est mieux qu'avant? Est-ce que pour vous c'est une amélioration,
les modifications qu'on a faites avec la SAAQ?
M. Damphousse (Martin) : Mais
c'est indéniable. En fait, la première mouture n'était pas du tout, du tout
équitable, à part pour la CMM, la grande région montréalaise, le volume de
contributeurs est tellement important que ça fonctionnait. Le frais d'entrée de
200 000, le frais annuel de 60 000, ça ne paraissait pas. Mais, quand on se
retrouve dans une communauté en région qui peut avoir 30 000, 45 000 habitants,
c'était tellement exorbitant que personne ne pouvait profiter du nouveau... du
nouveau mode de financement. Cette modification-là est assurément un pas de
géant dans la bonne direction.
Mme Guilbault :C'est bien. J'amène le numéro un, là, parce que là il y
aurait beaucoup de choses à dire... Il me reste combien de temps?
Le Président (M. St-Louis) : Il
reste quatre minutes...
Mme Guilbault :Quatre minutes. O.K. Bon. Le numéro un, tu sais, bon,
évidemment, le numéro un, c'est un peu... je dirais, ça recoupe à peu près tous
les souhaits qu'on peut avoir pour le transport collectif, à la fois dans la
prévisibilité du financement et la planification comme telle des projets, que
ce soit l'étude, ce qu'on appelle, nous, le dossier d'opportunité, la... la
réalisation, etc., donc. Et ça, le cadre financier, je n'aurai pas le temps de
m'y attarder, mais, vous savez, probablement, qu'on est en discussion, on est
très, très, très avancés, et ça va très bien. On a notre résolution de la CMM,
donc on est très avancés pour la planification du financement sur cinq ans,
comme j'avais... comme je m'étais engagée à le faire.
Mais, pour la prévisibilité, justement, de
la planification et de voir venir un peu les projets, de les ordonner, de les
planifier dans une optique où on est capable d'attirer des gens qui ont le goût
de les faire, premièrement, les projets. Parce qu'actuellement -on va avoir
Pomerleau un peu plus tard aujourd'hui, puis on entend... de toute façon, on va
avoir l'association aussi - actuellement, les gens sont de moins en moins
intéressés à faire des projets avec nous, avec le gouvernement, puis les
municipalités, peut-être, ont le même... le même problème à plus petite
échelle. Mais toujours est-il qu'au gouvernement on a de moins en moins de
soumissionnaires. On l'a vu avec le tramway de Québec, personne n'a voulu
soumissionner dessus. Donc là, on en est aujourd'hui avec la Caisse de dépôt,
mais donc on a ce problème-là. C'est pour ça aussi que mon collègue Jonatan
Julien, je ne sais pas si vous avez été sur sa commission, le projet de loi n°
62, qui, lui, fait une réforme des modes contractuels de l'État avec le marché,
dont j'aurai besoin, moi, pour que Mobilité Infra Québec puisse être
performante. Mais, bref, on a cet enjeu-là qui est majeur.
Alors, on a... on a deux devoirs,
premièrement, être plus moderne dans notre façon de contracter, et ça, c'est
beaucoup chez mon collègue du Trésor, et. Deuxièmement, se doter d'une
capacité, nous, à avoir des ressources expertes puis capables de réaliser les
projets et de favoriser justement cette planification-là où on va être capable
de savoir : Voici, j'ai tel projet, ensuite, j'ai tel autre, j'ai tel
autre, de l'organiser d'une manière intelligente où là tu as des gens qui vont
être intéressés à venir s'installer ici, puis à peut-être bâtir une usine, ou,
en tout cas, avoir des équipes qui vont savoir... qui vont être mobilisées pour
un certain temps, indépendamment du politique, puis des gouvernements, puis
des chicanes dans les journaux et dans les médias sur les projets. Et donc je
pense qu'on va se donner les meilleurs moyens, justement, d'attirer des gens,
d'avoir des projets moins longs à réaliser, à moindre coût, et donc d'être plus
efficaces puis que ça coûte moins cher pour les fonds publics.
Est-ce que vous adhérez... est-ce que vous
adhérez à cette vision-là que j'ai, moi, de ce qu'on est en train de faire, et
donc qui répondrait à votre recommandation numéro un, qui est le numéro un,
j'imagine, parce que, pour vous, c'est la plus importante ou la plus cardinale,
disons?
• (10 h 20) •
M. Damphousse (Martin) : En
fait, la réponse, c'est oui, mais en même temps, l'enjeu du financement est
tellement important, puis vous l'avez mentionné tantôt, puis vous l'avez répété
très souvent, c'est vrai que le gouvernement actuel a mis davantage d'argent
dans le transport collectif, sauf que, entre ce que ça coûte et la progression
des coûts, elle est plus importante. Donc, toute somme considérée additionnelle
que vous avez contribué en pourcentage, ça se retrouve être une diminution,
donc une pression plus grande pour le milieu municipal. Pour les consommateurs,
le biais aussi de droit d'entrée ne cesse d'augmenter. Donc, on n'y arrive pas.
Il faut donc ensemble être plus créatifs pour trouver des modèles de
financement. L'immatriculation, c'est un gain, à la CMM dont je siégeais, on le
demandait depuis des années. Ça vient d'arriver enfin, on veut l'étendre un peu
plus large.
Mais que ça soit sur les sommes qui sont
au Fonds vert, ça devrait faire partie. Que ce soit sur la taxe sur l'essence,
elle n'a pas bougé, depuis des lunes, au Québec, pour venir supporter le
transport collectif. C'est un autre...
M. Damphousse (Martin) : ...un
angle qui peut être très, très aidant. Et au final, il faut que ça devienne une
priorité gouvernementale parce que vous augmentez les sommes en infrastructures
générales, mais la contribution des infrastructures de transport collectif,
toute proportion gardée, elle diminue. Parce que je sais que les autoroutes,
les ponts, tout ça, ça coûte aussi une fortune. La progression des coûts que
vous subissez, on le subit nous aussi dans le milieu municipal. Donc, il faut
ensemble être beaucoup plus créatifs pour réussir à financer de façon pérenne
le transport collectif pour du long terme.
Le Président (M. St-Louis) :
20 secondes, Mme la ministre.
Mme Guilbault :Bon, bien, je ne m'embarquerai pas dans l'électrification
ou autre sujet du genre. Je vais simplement vous remercier à nouveau. Puis
certainement qu'on va se rencontrer à nouveau pour le reste des sujets qui nous
unit. Merci beaucoup.
M. Damphousse (Martin) : Merci.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci. Nous allons poursuivre la période d'échange avec un bloc de 9 min 54
s. Je cède... cède maintenant la porte-parole, pardon, de l'opposition
officielle.
M. Derraji : Merci, M.
le Président. Est-ce que... Bienvenue à vous deux. Merci pour le mémoire. Ce
n'est pas la première fois qu'on voit l'UMQ se positionner, et je tiens à vous
remercier pour le forum que vous avez organisé sur la mobilité. J'étais là, et
c'est de là, personnellement, en m'entretenant avec beaucoup d'acteurs, que je
peux dire qu'il y a une crise dans la demeure par rapport au financement. Et
j'ai 10 minutes. Prenons les quatre, cinq premières minutes pour parler
d'un sujet que probablement il ne concerne pas Mobilité Infra. Depuis le début
de votre présentation, vous avez parlé d'un mot, financement, financement,
financement. Est-ce que pour vous aujourd'hui, l'urgence de l'urgence, ce n'est
pas parler de la mobilité, de Mobilité Infra, mais de parler de la première recommandation.
Vous l'avez mentionné, c'est la pérennité du financement pour le transport
collectif.
M. Damphousse (Martin) : À
l'intérieur du projet de loi no 61, qui est Mobilité Infra. L'élément
principal, vous avez raison, on y revient souvent, mais à l'intérieur du
mémoire et de ce que je vous ai lu tantôt comme résumé, le volet de
l'aménagement du territoire est un élément important et l'imposition de
contributions financières est un autre élément qui vient toucher indirectement
le financement du transport collectif. Mais entre construire une nouvelle
infrastructure et opérer le transport collectif, il y a quand même deux nuances
très importantes. Mais vous avez raison. Est-ce que l'élément principal est le
financement? Tout à fait. Mais il y a d'autres enjeux qui préoccupent
assurément le milieu municipal.
M. Derraji : Oui, mais
vous avez raison. Mais parlons du financement. Pour vous, le plan n'est pas si
clair. Vous avez vu les audiences par rapport aux sociétés de transport, les
villes vous contactent, vous parlent, je parle avec beaucoup de maires,
mairesses. J'ai parlé avec des sociétés de transport. Ce n'est pas réglé
aujourd'hui.
M. Damphousse (Martin) : Mais
je pense qu'un des objectifs, et là, si je me trompe, là, corrigez-moi, Mme la
ministre, mais un des objectifs, c'est que le p.l. no 61 puisse améliorer
la situation. Tout le monde le souhaite, plus de transports collectifs à
moindre coût, avec un échéancier plus réaliste. Parce que partout au Québec,
les maires et mairesses que je rencontre souhaitent tous plus de transports
collectifs parce que leurs communautés veulent contribuer à la réduction des
GES. Et on sait que c'est par le transport collectif. Mais si on n'investit pas
les sommes nécessaires, sincèrement, on n'y arrivera jamais puis on sera
toujours pris avec la voiture solo qu'il faut éviter.
M. Derraji : Oui, c'est
un bon point. Donc, une agence de mobilité sans budget clair pour financer les
transports collectifs, est-ce que, selon vous, c'est juste une nouvelle structure
qu'on rajoute?
M. Damphousse (Martin) : Non.
En fait, je ne dirai jamais que c'est juste une nouvelle structure. C'est une
structure pour justement aider à clarifier le financement de façon pérenne,
l'avenir du transport collectif.
M. Derraji : Bien, je
tiens juste à vous dire que, depuis le début, ce qu'on a dit, c'est qu'on veut
que ça coûte moins cher et on réduit les délais. Et Mme la ministre, dans ses
remarques préliminaires, a parlé d'expertises qui n'existent pas et qu'on veut
tout centraliser pour que l'expertise soit là. Je n'ai pas vu des...
supplémentaires pour financer les projets d'infrastructure. Si vous, vous
avez... Probablement vous avez plus d'info.
M. Damphousse (Martin) : ...mais
j'ai M. Roy, à côté de moi, qui me fait des signes qu'il souhaite émettre un
commentaire.
M. Derraji : Pas de
problème.
M. Roy (Samuel) : Oui.
Bien, effectivement, là, je pense qu'il y a... Dans le fond, il y a deux
éléments. Il y a l'élément du financement des opérations du transport collectif
et les enjeux qu'on vit actuellement avec l'offre de services qu'on a en ce
moment. Ça, effectivement, il y a des enjeux évidents. On a un déficit
structurel qui croît d'année en année. Ça, effectivement, là, le projet de loi
ne prévoit pas de solutions à ces enjeux-là. Il prévoit des façons d'opérer
pour des nouvelles, des nouvelles infrastructures. Ça, évidemment, on est
d'accord...
M. Roy (Samuel) : ...puis on
souhaite tous que l'offre de transports collectifs augmente puis que des
projets structurants soient réalisés dans les prochaines années à plus faible
coût et dans un délai plus court, mais pour... pour répondre à votre question,
effectivement, la question des opérations des... du financement des opérations
actuelles, ça, ça va... ça va se discuter dans d'autres canaux, effectivement.
M. Derraji : O.K. Parce que
vous n'êtes pas les seuls. La quasi-totalité des mémoires déposés jusqu'à
maintenant parle de l'importance du financement. C'est le nerf de la guerre. On
peut rêver de tramways partout, dans toutes les villes. J'étais en Outaouais,
on me parle du tramway, on parle du financement. Québec, ça parle de ça. Plan
structurant de l'est, prolongement de la ligne bleue. Le gouvernement même
voulait ramener le REM jusqu'à Chambly. On peut rêver de ces infrastructures.
Le gouvernement traîne 7 milliards de déficits. Êtes-vous confiant par
rapport à l'avenir du financement du transport collectif?
M. Damphousse (Martin) : En
fait, je suis un optimiste de nature. Donc, le transport collectif, le milieu
municipal y croit. En fait, ce qu'on a besoin de sentir, c'est que ça devienne
une priorité très clairement affirmée par le gouvernement. Et les projets dont
vous avez mentionnés de prolongement de REM de... dans l'est de Montréal ou
ailleurs, bien, on les voit nous aussi sortir les chiffres d'estimation de
coûts par l'ARTM puis on réalise nous aussi que les coûts sont exorbitants.
Donc, ça ne fait pas de sens collectivement d'investir autant. Donc, il faut
trouver de meilleures façons pour que les prix soient beaucoup plus réalistes.
En espérant que le projet de loi n° 61 pour réunir justement les cerveaux
nécessaires pour arriver avec une meilleure cohérence, on ait de meilleurs
résultats, mais, pour l'instant, avec ces prix-là, il n'y a malheureusement pas
beaucoup de projets qui verront le jour.
M. Derraji : O.K. Je reviens
parce que les chiffres qui sortent, c'est 19 milliards pour le plan
structurant de l'Est, selon vous, c'est extrêmement cher.
M. Damphousse (Martin) : Mais
en fait j'additionne l'ensemble. Je n'en prends pas un en particulier,
j'additionne l'ensemble des projets qui sont sortis, que ça soit dans la région
de Terrebonne, que ça soit jusqu'à Chambly dont vous avez mentionné tantôt, que
j'entends parler sur le boulevard Taschereau, que ça soit à Québec, l'ensemble
des projets dont on entend parler, troisième lien, mais ça représente des
sommes qui sont astronomiques.
M. Derraji : Mais vos propos
sonnent... Vous avez raison. C'est parce que, si je rajoute l'électrification
de transport aujourd'hui, vous nous dites : Attention, est-ce qu'on a les
moyens d'électrifier toute la flotte? Et l'impact qu'on a. Les sommes qu'on
doit investir en tant que contribuable pour les prochaines années sont énormes.
Je répète ma question : Est ce que, selon vous, l'urgence, c'est parler
des structures ou parler du financement et l'avenir du financement du transport
collectif au Québec?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je pense qu'on peut parler des deux en même temps. Et votre exemple sur
l'électrification des transports est excellent parce qu'on en parle dans notre
mémoire. On invite le gouvernement à ralentir la cadence qu'il avait annoncée
parce que ce sont des sommes importantes. Et là, j'y vais de mémoire,
10 milliards d'investissements sans amener d'autobus additionnels dans les
rues, et c'est ce qu'on a besoin. On a senti une réception face à ça, parce que
c'est des enjeux de main-d'œuvre, c'est des enjeux de financement et ça
n'améliore pas le transport collectif, ça fait en sorte que l'autobus qui
transporte 50 personnes qu'il soit dans un autre carburant que
l'électricité, mais a quand même un potentiel de réduction de GES qui est non
négligeable par rapport à la voiture. Est-ce que c'est vraiment une priorité
aujourd'hui? On invite, on a invité le gouvernement à ralentir la cadence de
l'électrification tout simplement pour le bénéfice de tout le monde.
M. Derraji : Mais je partage
en partie ce que vous avez dit, c'est juste probablement on n'est pas d'accord
que... Pour moi, ça ne prend pas Mobilité Infra pour régler ce problème. Quand
j'entends le gouvernement parler de projets complexes, j'espère qu'on va le
définir dans le cadre du projet de loi. Ce n'est pas clair. Mais je vous repose
la question, vous avez lu le projet de loi : C'est quoi, pour vous, un
projet complexe? Ou, si vous voulez que le projet complexe... Est-ce que vous
voulez que le projet complexe soit défini dans la loi?
• (10 h 30) •
M. Damphousse (Martin) : Bien,
en fait, la réalité, c'est que, dans le rôle que nous avons, Union des
municipalités du Québec, contrairement à votre rôle à vous, moi, je ne suis pas
là pour dire : Est-ce qu'un projet de loi devrait être déposé ou non dans
ce cadre-là? Il y a un gouvernement qui est en place, qui dépose un projet de
loi de cette nature là, c'est à nous de le commenter dans le but de le
bonifier, ce n'est pas dans le but de dire : On ne le veut pas ou on le
veut. On collabore avec le gouvernement depuis toujours. Dans tous les projets
de loi, Mme la ministre l'a dit, avec Mme Laforest la même chose, on
collabore avec eux. Ça fait qu'on veut juste améliorer l'état de la situation
pour s'assurer de protéger nos membres et de protéger le développement dans nos
territoires. Donc, je ne me commettrai pas à dire : Est-ce que c'est le
bon véhicule ou non?
10 h 30 (version non révisée)
M. Damphousse (Martin) : ...nous,
on travaille avec le projet de loi qui est déposé dans le but de le bonifier.
M. Derraji : Non, non, mais
vous avez raison. Mais parlons du financement. Est-ce que c'est le bon
véhicule? Parce que, là, depuis tout à l'heure, vous ne parlez que du
financement. J'ai lu votre mémoire. La plupart des propositions que vous avez
formulées, recommandations, vous voulez améliorer les sources de revenus, ce
qui est correct, pour vos membres. C'est votre rôle, c'est votre mandat. Vous
êtes le porte-parole des villes, ce qui est très correct. Mais pensez-vous qu'après
votre passage en commission, les articles de loi que vous avez devant vous...
avez-vous vu l'opportunité qu'on va améliorer demain, après le vote de ce projet
de loi, les sources de financement pour vos membres?
M. Damphousse (Martin) : Ce
que je vous ai mentionné tantôt, et je le répète : Il n'y a rien qui
empêche que de travailler en parallèle, c'est-à-dire améliorer le projet de
loi, et l'enjeu du financement, qui reste omniprésent, de continuer à débattre
les enjeux et les sources potentielles de financement pour assurer un
développement pérenne du transport collectif partout au Québec.
M. Derraji : C'est très
clair.
Le Président (M. St-Louis) : Ceci
conclut ce bloc d'échange, M. le député.
M. Derraji : Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Nous allons continuer la période d'échange pour un troisième bloc d'une durée
de trois minutes et 18 secondes. Je cède maintenant la parole au porte-parole
du deuxième groupe d'opposition.
M. Grandmont : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Damphousse. Bonjour, M. Roy. On a peu de temps. J'aimerais
au moins couvrir deux questions avec vous, si c'est possible, donc, d'abord,
revenir sur la question du financement. À défaut d'entente, dans le fond, le
gouvernement, Mobilité Infra Québec pourrait imposer un budget, une
contribution financière à la municipalité. Je comprends qu'on privilégie d'abord
l'entente, mais il y a toujours cette épée de Damoclès là au-dessus de la tête
quand même. Ça serait quoi le bon mode de fonctionnement pour vous, pour qu'on
puisse avoir une entente qui convient aux deux parties sans avoir toujours
cette épée de Damoclès là?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
le plus bel exemple que je vous dirais à court terme, la dernière entente qu'on
a eue avec le gouvernement pour la progression du point de TVQ, bien, c'est l'idéal,
c'est-à-dire que s'assurer d'avoir une entente et non qu'on nous impose une
formule. Donc, c'est ce qu'on plaide, c'est ce que j'ai mentionné tantôt. D'en
venir à une entente, c'est parfait, mais que, s'il n'y avait pas d'entente, ce
qu'on lit dans le projet de loi, de nous imposer une formule de contribution, c'est
là où on est en désaccord.
M. Grandmont : Ça fausse la
négociation, en fait, la recherche d'une entente. Il y a toujours cette
possibilité-là. C'est pour ça que je parlais d'épée de Damoclès. Merci pour
votre réponse.
Il y a un deuxième élément. Je vous
amènerais à l'article 26 du projet de loi, là, on est à la page 10.
Un bien construit ou reconstruit par Mobilité Infra Québec est la propriété de,
si c'est une route, bien, la municipalité sur le territoire sur laquelle elle
est située. S'il s'agit d'un bien utile à un système de transport collectif,
bien, c'est la société de transport en commun, l'ARTM ou, en tout cas, le
réseau de transport métropolitain qui doit, dans le fond, posséder ce bien-là
qui a été construit ou reconstruit par Mobilité Infra Québec. Mais, malgré tout
ça, c'est ce que ça dit, le gouvernement peut déterminer qu'un bien construit
ou reconstruit est la propriété soit du gouvernement, soit de toute autre
personne qu'il détermine. Est-ce qu'il n'y a pas pour vous là un risque?
M. Damphousse (Martin) : Honnêtement,
c'est... à cette étape-ci, c'est difficile pour moi de commenter ça, parce que
je vais vous donner juste l'exemple de CDPQ Infra, ça n'appartient pas aux
villes, ça n'appartient pas au gouvernement, c'est un mandat qui est donné.
Est-ce qu'il n'y a pas des formules innovantes qui existent un peu partout dans
le monde qui fonctionnent bien, auxquelles le gouvernement pourrait se
rattacher? C'est difficile pour moi, à cette étape-ci, de dire : Ce n'est
pas une bonne idée ou c'est une bonne idée, on devrait les posséder. Il y a...
Vous le savez, il y a plusieurs régions au Québec où ils ne peuvent pas avoir d'OPTC
parce qu'ils ne sont pas assez gros, ils n'ont pas la population nécessaire.
Donc, on se retrouverait... ça appartiendrait au privé. Honnêtement, soyons
créatifs, allons chercher les meilleures idées qui existent dans le monde et
les meilleurs modèles, et pourquoi on ne l'appliquerait pas chez nous?
M. Grandmont : Parfait. Mais
donc, sans juger du bien-fondé de cet alinéa-là, est-ce qu'on peut quand même
concevoir que ça pourrait effectivement être donné à du privé ou à un organisme
tiers, comme par exemple la CDPQ, comme à un autre organisme à...
Le Président (M. St-Louis) : 30
secondes.
M. Grandmont : ...comme à un
autre organisme à créer éventuellement?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
honnêtement, c'est trop difficile pour moi. J'aimerais ça vous donner une
réponse très claire, mais vous arrivez avec un point très, très précis d'un
article précis. Est-ce que c'est mieux que? Honnêtement, je trouve...
M. Grandmont : Je ne demande
pas si c'est mieux, je demande juste si c'est possible.
M. Damphousse (Martin) : Bien,
même de dire si c'est possible ou non, sincèrement, c'est un terrain qui est
actuellement beaucoup trop glissant pour moi. Je n'aime mieux pas me mêler de
ça.
M. Grandmont : Parfait. Je
vous remercie. Et, peut-être en terminant, dans le p.l. 62, le gouvernement va
se donner des pouvoirs...
Le Président (M. St-Louis) : Ceci
conclut, malheureusement, M. le député, votre bloc.
M. Grandmont : Ah oui! C'est
vrai, j'avais... Je pensais que j'avais 3 min 30. Mon excuse. Mon excuse.
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
nous allons poursuivre avec un quatrième bloc de période d'échange pour une
durée de trois minutes 18 secondes. Je cède maintenant la parole au député
de... des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. M. Damphousse, M. Roy, merci d'être là. Alors, votre mémoire est
divisé en trois parties, et les deux premières parties, là, si je résume, je
caricature, ils n'ont rien à voir avec le projet de loi. Est-ce que vous
demandez à ce qu'on puisse intervenir dans le projet de loi pour assurer un
financement des opérations de transport...
M. Arseneau : ...prévisible et
pérenne. Est-ce que vous demandez de développer l'offre de transport collectif
puis qu'on inscrive quelques articles dans le projet de loi, ou vous faites
tout simplement un message comme quoi on ne parle pas des bonnes affaires ici,
là? Les priorités, vos priorités sont celles qu'on vient de nommer.
M. Damphousse (Martin) : En
fait, on s'entend tous les deux. On se sert du p.l. 61 pour envoyer un message
clair sur la préoccupation du financement. Deux tiers du mémoire parle beaucoup
de ça, parce que c'est aujourd'hui la préoccupation première du milieu
municipal. Le deuxième élément... le troisième... dernier tiers, bien, vous le
savez, on a proposé des modifications. La dernière, sur l'imposition, s'il n'y
a pas entente, c'est un élément majeur. Le deuxième, j'ai... j'en ai parlé
tantôt. L'aménagement du territoire, c'est une préoccupation municipale, c'est
de notre ressort. Il est impossible qu'on nous impose une orientation, ça ne
fait pas notre affaire. Donc, vous avez raison, on se sert du premier volet
pour suggérer des solutions.
M. Arseneau : Merci. Vous
avez parlé par exemple de la reddition de comptes qui est beaucoup trop lourde.
Ça, on pourrait l'inscrire quelque part, soit dans le projet de loi ou
ailleurs, comme quoi on peut simplifier les choses. J'imagine, même chose pour
les petites municipalités qui n'ont pas les moyens, qui n'ont pas la capacité
réglementaire d'augmenter l'offre. Ça, vous souhaitez qu'on s'y attarde maintenant
ou dans un autre... dans un deuxième temps?
M. Damphousse (Martin) : C'est
probablement un paragraphe qui pourrait se retrouver dans l'ensemble des
projets de loi qui existent pour simplifier le volet administratif, parce que
c'est une lourdeur. Puis, vous l'avez mentionné, plus la municipalité est
petite, moins elle a de personnel. Puis malheureusement, il y a beaucoup de
municipalités, que je réalise, qui ne font même pas de demande de subvention ou
de financement parce qu'ils n'ont même pas le personnel pour remplir les
papiers nécessaires. Donc, est-ce qu'on peut tous travailler ensemble pour
alléger ça? Je sais qu'il y a des volontés, des efforts nécessaires. Des fois,
c'est plus compliqué qu'en réalité, mais on se croise les doigts qu'on puisse
alléger tout le monde.
M. Arseneau : J'aborde la
troisième partie quand même. La planification des projets de loi, c'est la
planification des projets de loi que choisira le gouvernement. En d'autres
mots, si on comprend bien l'architecture du projet de loi et le fonctionnement
de l'agence, l'agence n'agit pas sans qu'un mandat lui soit donné par le
gouvernement par décret. Les municipalités ne sont pas partie prenante à ça.
Est-ce que ça vous inquiète?
M. Damphousse (Martin) : Mais
en fait, ce qu'on mentionne et ce qu'on répète, qu'un mandat soit donné à
l'agence, c'est une chose, mais qu'après que le mandat soit donné, une
obligation de s'entendre avec les parties prenantes et le milieu municipal...
qu'on ne soit pas dans le premier mandat, je vis très bien avec ça, mais
qu'après on puisse interpeler pour s'assurer d'être partie prenante dans une
entente et non d'une imposition d'une entente.
M. Arseneau : Mais vous vivez
très bien avec le fait que les villes qui auraient un service qui est
absolument anémique ou lacunaire ne puissent pas alimenter l'agence dans les
besoins et les attentes de leurs citoyens?
Le Président (M. St-Louis) : En
conclusion, M. le député.
M. Arseneau : Parce que, si
on n'agit pas en amont, c'est essentiellement en aval, une fois que les
décisions sont prises.
M. Damphousse (Martin) : Mais
pourquoi on ne pourrait pas alimenter l'agence nous aussi?
M. Arseneau : Parce que ça
passe par décret. C'est le... le point de départ, c'est le gouvernement.
Le Président (M. St-Louis) : Je
m'excuse, messieurs, ceci... conclure ce bloc d'échange. Donc, je souhaite
remercier les représentants de l'Union des municipalités du Québec pour leur
contribution aux travaux de la commission.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 10 h 40)
(Reprise à 10 h 42)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
nous allons reprendre nos travaux. J'aimerais souhaiter la bienvenue aux gens
de chez Pomerleau. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé. Avant de débuter, je vous invite à vous présenter, nom et titre
respectif, s'il vous plaît. La parole est à vous.
M. Adam (Philippe) : Mme la
PrésidenteMmes et MM. les députés, je me présente, Philippe Adam,
président-directeur général chez Pomerleau. Je suis accompagné de deux membres
de mon équipe de direction, Mme Sophie Morin, en charge des affaires légales;
M. Pierre Laffond, en charge des projets alternatifs.
D'abord, merci à la commission pour cette
invitation à prendre la parole. En tant qu'entrepreneur général, on comprend
que notre participation aujourd'hui vise essentiellement à faire bénéficier les
élus de l'expertise terrain que nous avons développée au fil des 60 dernières
années. Effectivement, notre entreprise a été fondée en 1964 par une famille
visionnaire de la Beauce, et, aujourd'hui, Pomerleau est le plus grand
entrepreneur au Québec, le deuxième plus grand au Canada. On emploie plus de
5000 personnes à travers le pays. On a un chiffre d'affaires dépassant les 5
milliards de dollars. Nous travaillons sur des grands projets complexes
comme le sytrain en Colombie-Britannique, le tunnel George Massey à Vancouver,
le train léger sur rail Eglinton Cross Road West dans la région de Toronto, le
REM à Montréal et plusieurs autres. Bien que différents, ces projets ont
plusieurs points communs qui les distinguent des projets dits plus
traditionnels. Dans tous les cas, ce sont des projets d'envergure qui
s'échelonnent sur plusieurs années, nécessitent des expertises extrêmement
pointues, favorisent et permettent l'innovation, sont réalisés en consortium
avec des joueurs internationaux, comportent davantage de risques et requièrent
différents niveaux d'acceptabilité sociale.
Cette distinction entre les types de
projets est importante, car, bien que nous réalisions des projets de toutes
sortes chez Pomerleau, la perspective que nous partageons aujourd'hui
s'applique principalement aux projets majeurs et complexes. Nous comprenons que
ce sont eux qui concernent plus spécifiquement l'agence Mobilité Intra Québec.
D'entrée de jeu, on tient à souligner la proactivité du gouvernement du Québec
grâce à la modernisation législative que propose le gouvernement avec les
projets de loi 51, 61 et 62, combinés à une stratégie en infrastructure
adéquate. Les conditions essentielles sont réunies pour rendre l'industrie de
la construction plus productive et plus efficiente.
Maintenant, lançons-nous dans le vif du
sujet. Nous avons identifié quatre principes fondamentaux qui devraient être
pris en compte par le gouvernement pour que l'agence joue pleinement son rôle
de catalyseur dans la réalisation de projets majeurs de transport, soit la
gouvernance et l'alignement des rôles et des mandats des donneurs d'ouvrage
publics, la planification gouvernementale des projets, une grande... plus
grande prévisibilité donnée à l'industrie, la juste partage des risques entre
les organismes publics et les partenaires privés et l'utilisation des modes
contractuels collaboratifs.
Permettez-moi de développer chacun de ces
points. Je débute par la gouvernance et l'alignement des rôles. On observe une
multitude d'acteurs susceptibles de réaliser des projets de transport au Québec
comme CDPQ Infra, les sociétés de transport et autres organisations
municipales. Il deviendra donc essentiel, pour toutes les parties prenantes, de
clarifier les rôles et les mandats de ces différents organismes publics. De
manière plus pragmatique, cela devra se traduire par des normes, des pratiques,
des procédures et des conditions contractuelles cohérentes entre ces donneurs
d'ouvrage. Bien que chaque projet nécessite une approche unique, plus le
secteur public est cohérent, plus le secteur privé pourra être performant. Cet
élément sera primordial pour assurer une bonne gouvernance et aussi
l'efficacité des projets allant de la planification à l'exécution. Dans ce
contexte, l'agence devrait avoir un bon niveau d'autonomie. Elle devra avoir la
flexibilité de gérer les budgets des projets, la portée et l'échéancier. Elle
devrait être impliquée du début à la fin. Elle devra également faire preuve
d'agilité pour apporter les corrections nécessaires en cours de projet sans
alourdir le processus. Ce point est important, car plus les décisions tardent à
être prises, plus les coûts et les délais des projets sont susceptibles
d'augmenter.
Notre deuxième point vise à améliorer la
prévisibilité des projets. Plus le gouvernement peut faire de la prévisibilité
quant aux projets à venir, mieux l'industrie de la construction sera préparée
pour répondre à la demande. En construction, la prévisibilité et la préparation
sont des éléments clés. Il faut plusieurs mois et souvent des années pour soumissionner
des projets d'envergure comme le REM, par exemple. Une meilleure prévisibilité
va donner confiance aux entrepreneurs et leur permettre ainsi de faire des
investissements, autant au niveau de la main-d'œuvre qualifiée des équipements
qu'au niveau des nouvelles technologies adaptées pour gérer ce type de projets.
Pour nous, en tant qu'entrepreneur, l'important est d'avoir une feuille de
route claire et complète. Afin d'assurer une bonne compréhension des besoins et
rester agile dans une prise de décision que l'on veut rapide, il nous apparaît
essentiel de maintenir un échange ouvert et constructif des règles entre les
donneurs d'ouvrage et l'industrie de la construction. Par ailleurs, l'agence
doit prendre en considération dans sa planification des éléments comme la
capacité régionale...
M. Adam (Philippe) : ...la
chaîne d'approvisionnement, la capacité de réalisation de l'industrie, la
disponibilité de la main-d'œuvre et le financement des projets. Je vais
maintenant prendre quelques minutes pour discuter du partage de risques entre
le partenaire privé et le gouvernement. Pour nous, il est clair que la façon
traditionnelle de réaliser des projets complexes et de grande envergure ne
suffira pas à construire la prochaine génération d'infrastructures. Le
transfert maximal des risques au secteur privé et du choix des entreprises sur
la seule base du prix le plus bas est révolu pour des ouvrages de grande
complexité. Il est devenu périlleux, voire impossible, pour un entrepreneur en
construction d'assumer tous les risques d'un grand projet d'infrastructure dans
une forme forfaitaire, c'est-à-dire pour un prix fixe. Bien qu'il ne s'agisse
pas d'une tendance qu'on observe actuellement au Québec, il faut souligner
qu'ailleurs dans le monde, des entreprises, pourtant jugées pourtant jugées
solides dans l'industrie, ont malheureusement vécu des échecs financiers
importants. Sur un projet d'infrastructure important qui s'échelonne sur
plusieurs années, je vous assure qu'il y aura à un moment ou un autre des erreurs
de conception, des conditions imprévues au chantier, des changements dans le
prix des matériaux, des fluctuations dans le prix de la main-d'œuvre, de
l'inflation certainement, mais, oui, à quel niveau? Il faut donc laisser place
à un maximum de collaboration et de transparence afin de trouver ensemble des
solutions pour pallier ces enjeux. Cet effet, il sera important de préciser la
méthode avec laquelle l'agence identifiera les risques, partagera l'information
et s'engagera de manière proactive à améliorer l'efficacité du projet avec le
secteur privé. Ce qui m'amène à notre quatrième point, soit l'utilisation des
modes collaboratifs pour la réalisation des projets d'infrastructure. Il est
évident que le donneur d'ouvrage devrait toujours préconiser le bon mode pour
le bon projet afin d'atteindre leur objectif. Ceci dit, nous sommes d'avis
qu'une partie de la solution pour équilibrer et gérer les risques entre le
secteur public et le secteur privé passe par de nouvelles méthodes
collaboratives de planification d'approvisionnement et de sous-traitance. Dans
cet esprit, nous saluons la volonté du gouvernement de vouloir utiliser les
modes collaboratifs dans les appels d'offres pour la construction
d'infrastructures publiques. L'Ontario, la Colombie-Britannique et plusieurs
autres pays comme l'Angleterre et l'Australie, en ont fait progressivement
leurs normes, en particulier pour les projets de grande envergure. Selon nous,
les modes contractuels collaboratifs sont un outil que l'agence devrait être en
mesure d'utiliser afin de choisir le mode le plus adapté en fonction de chaque
projet. Cette approche favoriserait ainsi une meilleure collaboration de
l'ensemble des joueurs pour atteindre les objectifs du projet, un rehaussement
de la sécurité des travailleurs et des travailleuses de la construction, un
alignement des intérêts entre les signataires de contrats, l'agilité accrue et
une meilleure compréhension des risques visant à les mitiger et les réduire et
finalement un partage en cas de dépassement de coûts, mais également en cas
d'économie de coûts. Les approches collaboratives utilisées pour les grands
projets, tels que les transports publics, créeront une culture et des processus
de collaboration et de transparence. C'est un aspect essentiel qui démontre l'engagement
de toutes les parties prenantes à des relations basées sur la confiance. Et
surtout, ces formules placent la réussite du projet au centre des
préoccupations de toutes les parties prenantes.
En terminant, je tiens à rappeler que
Pomerleau est favorable à faire évoluer la façon dont elle réalise des projets
complexes et de grande envergure. C'est le gage du succès de notre industrie et
la voie empruntée pour que le Québec réalise ses grands projets de la bonne
manière. Ce que Pomerleau a réussi à accomplir ici au Québec, nous a permis de
développer une expertise unique au Canada en continuant à soutenir une
industrie saine. Cela permet de croître ailleurs tout en ramenant des bénéfices
ici sous forme d'impôts et de retombées économiques. Nous sommes d'avis que la
création de l'Agence et la modernisation globale et intégrée du secteur de la
construction vont créer de la valeur dans l'ensemble du Québec, dans la mesure
où nous intégrons les quatre principes fondamentaux présentés aujourd'hui. Il
nous fera maintenant plaisir de répondre aux questions des parlementaires.
Le Président (M. St-Louis) :
Alors, je vous remercie. Nous allons maintenant procéder à la période d'échange
avec les membres de la commission. Le premier bloc sera d'une durée de
16 min 30 s. Mme la ministre, la parole est à vous.
• (10 h 50) •
Mme Guilbault :
Oui. Merci, M. le Président. Merci beaucoup, M. Adam. Mais, Messieurs, Mme, M.
qui l'accompagnez, merci d'être ici ce matin. Je vous ai nommé en exemple tout
à l'heure comme étant un des... des groupes qui allaient venir nous instruire
ce matin de votre expertise extrêmement terrain, comme vous la qualifiez
vous-même, là, effectivement. Puis je pense, sauf erreur, que vous êtes la
seule entreprise privée qui... qui êtes dans notre liste de consultations.
Alors, un grand merci parce que je pense que c'est de notoriété générale que
vous faites énormément de projets ici au Québec, entre autres, vous en faites
ailleurs au Canada et ailleurs dans le monde aussi. Mais vous faites beaucoup,
beaucoup de projets, notamment avec le ministère des Transports. Donc, je pense
que c'est très pertinent que vous veniez nous partager votre point de vue.
Manifestement, l'exposé que vous venez de nous faire, qui était très pertinent,
déborde un peu le projet de loi n° 61 et touche le projet de loi
n° 62 aussi, ce qui est une bonne chose, parce que je pense que vous
n'êtes pas allés témoigner sur les consultations de mon collègue. Alors, c'est
parfait, venir le faire ici, parce que, de toute façon, les deux projets de loi
sont intrinsèquement liés. Mon projet de loi n'aurait pas d'intérêt si le
projet de loi n° 62 n'existait pas pour réformer les modes contractuels du
gouvernement avec... avec le marché, parce qu'on fonctionnerait avec les mêmes
règles...
Mme Guilbault :...désuètes et très lourdes avec lesquelles on fonctionne
habituellement dans le ministère. Donc ça n'aurait pas d'intérêt de créer une
nouvelle équipe juste pour créer une nouvelle équipe. Alors, les deux vont de pair.
Donc, je vais aborder les deux, ensemble, parce qu'autant dans la réalité que
dans votre exposé, ils sont vraiment inextricablement liés. Et peut-être
justement pour le bénéfice des collègues, parce qu'on est en tout début de
travaux, puis je pense que c'est important que tout le monde ait la même
compréhension des notions qui sont nommées ici, qui peuvent parfois peuvent
être un peu complexes ou hermétiques, là, pour le commun des mortels. Quand on
parle des modes collaboratifs parce que, pour moi, ça, c'est central, c'est
vraiment central, c'est cardinal, comme je disais tout à l'heure en parlant de
la prévisibilité, qui est un autre aspect qu'on n'abordera pas... Bien, en
fait, oui, vous l'avez abordé, vous, une meilleure prévisibilité, c'était votre
deuxième aspect dans les quatre, mais les modes collaboratifs que vous avez
nommés en quatrième, pour moi, c'est ça, c'est tellement central. C'est prévu
dans un autre projet de loi, mais c'est nécessaire à un fonctionnement optimal
de Mobilité Infra Québec.
Pouvez-vous, à la lumière de votre
expérience et du fait que vous, dans la vraie vie au quotidien, vous
l'expérimentez, notamment en Ontario, notamment en Colombie-Britannique, qui
sont plus avancés que nous au Canada et assurément ailleurs dans le monde,
concrètement, là, nous nommer... Je pourrais, moi, l'expliquer, mais il n'y a
rien comme vous pour nous dire extrêmement concrètement qu'est ce que ça
changerait. Prenons un pont ou n'importe quelle infrastructure qu'on construit,
les modes traditionnels actuels, les appels d'offres, le plus bas
soumissionnaire, ensuite de ça une conception qui est faite par un, une
réalisation par l'autre, les gens ne se parlent pas, etc. Donc il y a... il n'y
a pas, il n'y a pas suffisamment d'étapes qui se font en collaboration en
amont, disons-le comme ça. Donc, pouvez-vous nous l'exemplifier vraiment très
concrètement? Et de ce fait les gens vont pouvoir peut-être en percevoir les
bénéfices réels éventuels.
M. Adam (Philippe) : Mais
premièrement, les modes collaboratifs, c'est très intéressant, mais nous, on se
dit que chaque projet a son bon mode contractuel. Donc, les modes
collaboratifs, c'est pour... Souvent, ça pourrait être plus pour des projets
plus complexes. Je veux juste répéter parce que c'est quand même important, ça
a été mentionné juste avant nous, mais un projet complexe, pour nous, est
échelonné sur plusieurs années, recourt à des expertises extrêmement pointues,
favorise et permet l'innovation. Souvent, c'est réalisé en consortium avec des
joueurs internationaux pour partager le risque, l'expertise, à des niveaux de
risque plus importants puis une acceptabilité sociale qui est requise à
différents niveaux.
Donc, pour nous, ce qui est collaboratif,
en fait, c'est vraiment un transfert maximal, c'est un transfert juste, en
fait, des risques entre le privé et le public. Puis le transfert maximal, comme
on voyait avant dans le privé, avec la règle du plus bas soumissionnaire, pour
des projets complexes que je viens de mentionner, ça ne s'applique plus vraiment.
Alors, au niveau collaboratif, bien, on a plusieurs expériences qu'on a faites,
qu'on est en train de faire. J'en ai mentionné un peu tantôt, on fait un
hôpital en ce moment dans le nord de l'Ontario. On travaille sur un projet de
tunnel, de remplacement de tunnel à Vancouver. Puis ce que ça fait, c'est au
lieu de commencer un projet avec un design qui est fait à 10 % à
15 %, puis après ça, d'assumer les risques de rentrer dans le projet avec
énormément d'incertitude, bien, on travaille le design en collaboration avec
toutes les parties prenantes, puis on trouve des solutions, puis on est
capables, justement, de mettre un juste prix, d'amener de l'innovation, d'être
plus rapides dans l'exécution du projet, puis... Puis ça permet vraiment une
collaboration au lieu d'avancer dans l'incertitude. Je ne sais pas, Pierre, si
tu veux amener des exemples concrets également.
M. Lafond (Pierre) : Bien,
des exemples concrets, des projets. Si on prend un projet en conception ou
construction en mode plus traditionnel, là, au plus bas soumissionnaire, bien,
on va passer peut-être une douzaine de mois à préparer un appel d'offre, on va
développer la conception. Développer la conception, c'est-à-dire les gens
qui... On engage des firmes de consultants. On va mettre trois équipes en
compétition, qui vont passer une année à peu près à développer cette
construction-là, juste pour présenter un prix qui est le plus bas, donc, le
bénéfice d'avoir un prix le plus bas. Puis on est aussi dans un contexte de
manque de ressources aujourd'hui où on veut mettre les ressources à la bonne
place.
Donc, pour nous, quand on passe une année
à développer une conception, pour avoir un bénéfice d'avoir un prix de plus bas
soumissionnaire, on trouve que ce n'est pas une façon efficace de faire des
projets. Pendant ce temps-là, on sait qu'on est en compétition avec d'autres.
Il y a des règles d'équité, donc on doit partager toutes les idées avec tout le
monde. À ce moment-là, quand on est en mode collaboratif, il va y avoir aussi
une compétition pour déterminer qui va être la partie privée qui va construire
le projet. Cette compétition-là va être basée sur un aspect financier mais
aussi un aspect qualitatif. Donc, on va trouver la meilleure équipe au bénéfice
du projet et ensuite la conception va se développer, O.K., pendant une période,
mais en collaboration avec le donneur d'ouvrage et avec les usagers.
Donc, à ce moment là, on va déterminer le
prix au complet, une conception déterminée à 100 %. Puis quand on va
commencer le projet, bien, on va être moins à risque d'inflation parce qu'on va
être plus proche pour attribuer nos contrats. C'est ça. Donc...
M. Lafond (Pierre) : ...et on
va donner nos bonnes idées aussi, qu'on garde des fois un peu cachées, quand on
fait des appels d'offres en mode plus traditionnel, parce que, sinon, elles
sont partagées avec tout le monde. Donc, c'est un peu l'approche qui est
différente entre les modes collaboratifs puis les modes plus traditionnels.
Mme Guilbault :Donc, bien, effectivement, c'est un excellent résumé, mais,
si on extrapole, c'est exactement le genre de mode... puis, encore une fois, le
bon mode au bon projet, là, on s'entend qu'ici on parle beaucoup de projets
majeurs, là, parce que l'agence va faire des projets d'envergure, la tu sais,
ce n'est pas pour... on s'entend que ce n'est pas pour tracer des lignes jaunes
sur une rue, là, tu sais, c'est pour faire des gros projets qui sont complexes,
avec, actuellement, des risques très élevés, qui sont de moins en moins assumés
par les soumissionnaires potentiels.
Donc, cette façon-là de procéder, non
seulement favorise la concurrence, mais, si on extrapole, non seulement elle
favorise le partage de risques plus juste, si on prend vos termes, mais aussi
réduit le risque à la source. C'est notre pari, à nous, puis c'est un peu la
manière dont on justifie, entre autres, les provisions pour risques, et tout
ça, qui sont à la baisse une fois que tu es capable de mettre un prix avec une
conception plus avancée qu'actuellement. Puis, ultimement, c'est comme ça que
le projet finit par coûter moins cher aux citoyens qui paient ces projets-là
avec leurs taxes et leurs impôts.
M. Adam (Philippe) : 100 %.
Puis ça sauve des coûts, ça accélère l'échéancier. Puis, au niveau de la
santé-sécurité, je l'ai mentionné, mais c'est important, ça permet d'avoir un
projet qui est mieux planifié, mieux réfléchi, ça diminue les accidents de
travail. Donc, c'est quand même assez important, même si ce n'est pas des coûts
financiers, c'est des coûts humains très importants.
Puis, au-delà ça, bien, peut-être que je
peux laisser Sophie en parler, mais on a regardé ce qui s'est fait dans
d'autres pays qui font... qui utilisent des modes collaboratifs depuis 10, 15
ans, comme en Australie ou en Angleterre, puis il y a effectivement des
économies de coûts allant de 10 à 25 % en utilisant les modes
collaboratifs pour des projets complexes... si tu veux compléter
Mme Morin (Sophie) : Oui.
Sommairement, là, effectivement, là, l'Australie et l'Angleterre utilisent les
modes collaboratifs depuis plusieurs décennies, la Nouvelle-Zélande, également.
La Nouvelle-Zélande, sc'est rendue sa manière de faire, essentiellement, pour
les projets. Quand on est... on regarde les indicateurs de performance, non
seulement il y a une économie en coût, comme Philippe le mentionnait, mais il y
a également des indicateurs de performance... au niveau qualité, c'est un
meilleur ouvrage, souvent, qui est fait, qui répond davantage aux besoins de la
population, et, en plus, les ratios au niveau santé-sécurité sont vraiment plus
faibles, là. Donc, c'est vraiment un mode qui est... dans les succès sont
démontrés dans plusieurs pays.
Mme Guilbault :Bien c'est un excellent point. J'en profite pour réitérer
qu'on a eu la toute première Semaine nationale de sensibilisation à la sécurité
des travailleurs de chantier, cette année, à notre initiative dans le
dernier... dans notre Plan d'action e sécurité routière. Donc, le point que
vous amenez est très juste, parce que, malheureusement, il y a encore des
accidents sur les chantiers. Ça fait que c'est... j'appellerais ça un bénéfice
collatéral de la réforme qu'on est en train de faire en collaboration avec mon
collègue.
Et on le disait, tout à l'heure, puis
effectivement en Océanie puis en Europe, mais ici, au Canada, on parle beaucoup
de l'Ontario, de la Colombie-Britannique. Honnêtement, je n'ai pas exploré
beaucoup les Maritimes et les autres provinces parce que c'est ceux avec
lesquels on parle le plus souvent, parce qu'ils ont des besoins similaires et,
je dirais, un intérêt similaire au nôtre pour le transport collectif, il y a un
petit peu moins de transport collectif ailleurs dans le Canada, mais, si on
regarde, tu sais, des organisations comme Infrastructure Ontario, Metro Links,
en Colombie-Britannique aussi... Je ne sais pas à quel point vous êtes
familiers avec les structures comme telles, puis je sais bien que vous n'êtes
pas dans le gouvernement, comme tel, mais est-ce que vous trouvez que la
structure qu'on met en place pourrait s'apparenter à ce qu'on trouve là-bas et
qui donne des résultats en termes d'efficacité, que ce soit la réduction des
coûts, des délais et même des risques pour la santé des travailleurs? Est-ce
que vous pensez qu'on est dans la bonne direction avec la structure qu'on
propose?
M. Adam (Philippe) : Bien, tu
sais, comme j'ai mentionné au début, nous autres, le statu quo, ce n'est pas
une option, alors faire avancer l'industrie de la construction, c'est super
important. Je pense que l'agence, sous les conditions qu'on a mentionnées, les
quatre piliers, c'est très important.
• (11 heures) •
Effectivement, Infrastructure Ontario,
Infrastructure BC, ils ont des structures similaires. Je pense que, dans le cas
de l'agence, ça va être très important de clarifier les rôles, les
responsabilités, la gouvernance, pour s'assurer que toutes les parties
prenantes soient au fait de qui fait quoi, puis même pour nous aussi. Donc, je
pense que ça va être un élément très important, ce qui a été fait, d'ailleurs,
en Ontario et en Colombie-Britannique, c'est très clair, maintenant, qui fait
quoi, puis ça fonctionne, ça fonctionne très bien, en effet.
Mme Guilbault :Puis est-ce que vous auriez des exemples? C'est peut-être
hasardeux, puis sentez-vous bien à l'aise si vous n'êtes pas en mesure de
répondre, mais comme vous avez fait tellement de projets au Québec, entre
autres, d'infrastructures de transport, collectif ou non, des exemples de
projets que vous avez réalisés et qui...
11 h (version non révisée)
Mme Guilbault :...rétrospectivement, aurait été plus rapide et/ou moins
cher si vous aviez pu les faire... peut-être pas avec l'agence, parce que là on
est spécifique dans le transport collectif, mais avec, disons, les nouveaux
modes puis la réforme qu'on est en train d'instituer par ailleurs avec mon
collègue du Trésor.
M. Adam (Philippe) : Oui.
Bien, en fait, on fait plusieurs ouvrages complexes à travers le Canada. Comme
je l'ai mentionné tantôt, il y en a qui sont en mode collaboratif. Après ça,
chaque projet a la particularité... ont plusieurs particularités, notamment au
niveau technique au niveau échéancier. Bref, c'est quand même compliqué, là, de
répondre spécifiquement pour un projet en particulier. Ce qu'on peut dire, c'est
que nous, on voit ça d'un bon œil d'avancer avec une agence, les modes
collaboratifs également, avec tous les avantages que... qui viennent avec, qu'on
a déjà... qu'on a déjà mentionné, puis on pense que c'est péren pour l'industrie.
Après ça, de revenir en arrière sur certains projets spécifiques, peut-être ça
sort un peu du cadre... du cadre de loi en ce moment puis de la discussion,
mais pour nous... pour nous, on voit ça d'un très bon œil. Puis les projets
complexes, on pense que les modes collaboratifs, effectivement, pourraient
être... pourraient être très porteurs. Je ne sais pas si, Pierre, tu veux
ajouter d'autres choses là-dessus, là.
M. Lafond (Pierre) : Non. Je
pense, c'est des modes qui s'apprêtent vraiment, comme on dit, aux projets
complexes, là, avec les... les caractéristiques qu'on a donné tantôt aux
projets... aux projets complexes, là.
Mme Guilbault :Effectivement. Puis là on parle de l'agence pour le
transport collectif, mais il faut qu'on... Je pense que c'est peut-être le
moment de préciser que la réforme qu'on est en train de faire va s'appliquer à
l'ensemble des projets d'infrastructure, donc pour des projets majeurs en
routier aussi, pour des hôpitaux, des écoles, etc., qui seraient des projets
majeurs. Donc, on peut penser à une réduction substantielle des fonds publics
qui sont... qui sont investis pour les projets d'infrastructure. Est-ce que...
Bien, on a parlé de la concurrence, de la saine concurrence. Évidemment, vous,
vous êtes une entreprise, puis ce n'est pas votre rôle de vous préoccuper
nécessairement du sort des autres. Mais en même temps, tu sais, c'est une
industrie... puis on aura l'association, je pense, juste après vous, là, ça
fait que peut-être qu'ils pourront se prononcer. Mais quand on parle de saine
concurrence et justement du désintérêt croissant de l'industrie, il y a des
grandes entreprises qui ouvertement disent : Nous, on ne fait plus affaire
avec le gouvernement. C'est trop long. C'est trop lourd. C'est trop compliqué.
Puis, de toute façon, on a tellement de job ailleurs, dans un contexte de
pénurie de main-d'œuvre qu'on n'a plus à s'embêter avec le gouvernement du
Québec. Je paraphrase, mais c'est à peu près ça.
Donc, est-ce que vous, pour l'expérience
abondante que vous en avez, de travailler avec le gouvernement, pour vous, ce
projet de loi là, étant imparfait actuellement, mais bon, l'essence de ce
projet de loi là pourrait favoriser, disons, le maintien de ceux... ou, en tout
cas, un intérêt renouvelé, de ceux qui transitent encore avec nous, voir peut-être
le retour de ceux qui se sont tannés puis qui ont arrêté de faire des projets
avec le gouvernement du Québec? Parce que tu peux aller juste à côté, en
Ontario, puis déjà, ta vie est moins compliquée, tu sais. Alors, on se met à
leur place, on peut comprendre.
M. Adam (Philippe) : Bien,
peut-être, je commencerais juste en disant qu'on a eu beaucoup de succès avec
le gouvernement du Québec pour faire des travaux qui sont faits dans les
échéanciers, dans les budgets, avec les municipalités aussi, au niveau fédéral
également. Par ailleurs, pour répondre à la question directement, je dirais que
nous, on veut une industrie saine, puis de la concurrence supplémentaire, c'est
correct, là, dans le sens que nous, on veut une industrie saine, pérenne, en
santé. Puis, comme je mentionnais au début de mon allocution, le transfert de
risque maximal avec un prix forfaitaire, le plus bas soumissionnaire pour un
projet complexe de milliards, avec plein d'incertitudes au niveau de l'expertise
technique, au niveau des conditions de sol, au niveau même du design du projet,
je veux dire, ça ne peut plus continuer. Alors, effectivement, les
entrepreneurs trouvent que la portion de prix prise par eux en termes de risque
est trop élevée dans des projets trop complexes, avec beaucoup d'incertitudes.
Alors, dans ce sens-là, nous, on pense que
l'agence avec les quatre... encore une fois, la prévisibilité, les modes
collaboratifs, le partage des risques, pour nous, c'est vraiment quelque chose
qui est porteur et péren et qui devrait être... qui devrait effectivement
favoriser une saine concurrence dans l'industrie puis même l'augmenter.
Mme Guilbault :Oui. Là, il me reste moins d'une minute, ça fait que je n'ai
pas vraiment le temps de... Bien, j'allais dire par curiosité, parce qu'on
parle de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, de l'Angleterre, mais vous faites
sans doute des projets ailleurs dans le monde, dans des pays qui sont plus ou
moins avancés en transport collectif. Donc, j'aurais été intéressée de savoir,
eux, comment ils fonctionnent puis ils en sont où dans l'évolution de leur mode
contractuel, mais je pense que juste le temps de poser la question, le temps va
être fini. Bien, si jamais mes collègues ont envie de...
M. Adam (Philippe) : Bien,
rapidement, on a un bureau au Texas. On fait de l'énergie renouvelable dans des
parcs éoliens solaires. Mais sinon, en termes de transport collectif, de
projets de grande envergure, on étudie les marchés, mais on est seulement au
Canada.
Mme Guilbault :Ah O.K. Bien, merci beaucoup à vous trois.
M. Adam (Philippe) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci. Nous allons poursuivre avec le deuxième bloc de période d'échanges
pour... d'une durée, pardon, de neuf minutes 54...
Le Président (M. St-Louis) : ...secondes.
Je cède la parole au porte-parole de l'opposition officielle.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous trois. Sérieusement, je vous ai entendu parler et
j'avais le goût de vous dire que vous avez manqué le projet de loi n° 61,
si ma mémoire, elle est bonne, parce que j'ai siégé... 62, 62, 62, sur les
infrastructures, et nous avons parlé beaucoup, beaucoup des modes
collaboratifs, mais juste parce que je sais que ça fait longtemps que vous parlez
de ça, vous avez rencontré le ministre avant, dans le cadre des consultations,
je l'ai mentionné en ministre. Nous avons déposé un amendement sur la
planification. Si vous avez suivi, il a été rejeté par le ministre. C'est le
contraire de ce que vous avez dit maintenant à Mme la ministre. Il n'y a pas
d'étape de planification.
Mais ce qui a retenu l'attention,
beaucoup, beaucoup, dans les médias, c'est le risque de collusion. Il n'y a
personne qui veut vivre ça, l'avis d'intention et le... que... et ça a été
mentionné par pas mal de journalistes, c'est juste... il y a du bruit, M. le
Président, ça me déconcentre.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous invite à poursuivre, M. le député. Merci.
M. Derraji : Donc, ça a été
mentionné dans le cadre de ce projet de loi, et c'est la Vérificatrice
générale, pour le bénéfice de Mme la ministre, qui l'a mentionné par rapport au
projet de loi de son collègue, qu'il y a un risque de collision. L'avis
d'intention, le fait qu'on risque d'avoir des enjeux avec des entrepreneurs qui
ne vont pas soumissionner et qu'ils vont attendre le contrat gré à gré. Pour
vous, il n'y a personne qui a besoin de ça au Québec présentement, et c'est...
j'ai soulevé ce drapeau rouge lors de l'adoption de ce projet de loi et surtout
le manque de transparence. Vous répondez quoi à ces gens qui soulèvent ces
préoccupations?
M. Adam (Philippe) : Oui.
Bien, merci pour la question. En fait, le Québec s'est doté de règles il y a
plusieurs années pour s'assurer de renforcer la probité dans les contrats
publics. Alors, c'est certain que personne ne veut revenir en arrière. Tout le
monde veut s'assurer qu'on vit dans un environnement éthique, qu'on livre les
projets en temps, en budget. C'est vraiment notre intention. Puis nous, on
pense que les modes collaboratifs, ça permet l'un et l'autre, ça préserve
l'intégrité puis ça mise sur la transparence, puis ça fait évoluer les règles
justement pour diminuer les irritants puis augmenter la concurrence, qui, à
notre avis, favorise un environnement... en tout cas, s'assure d'un
environnement éthique, ça mitige les risques.
Bref, nous autres, on pense vraiment que,
dans le fond, l'agence, avec les piliers qu'on propose, favorise un
environnement éthique. Puis ce qu'on... ce qu'on demande, une des demandes,
c'est d'avoir... que l'agence soit agile puis qu'elle puisse prendre des
décisions rapides. Parce que, quand on fait des projets complexes, chaque
décision, chaque mois qu'on attend, ça peut représenter 10,
15 millions de dollars, juste parce qu'il n'y a pas une décision qui
est prise. Les travaux peuvent être arrêtés, tout est interrelié dans ces
travaux complexes là. Alors, pour nous, une agilité de prendre des décisions le
plus rapidement possible dans un environnement éthique, ça permet... ça permet
justement d'avoir des projets en temps, en échéancier.
M. Derraji : ...d'agilité,
vous l'avez très bien résumé. Vous, c'est la notion du risque aussi, parce que
vous voulez que le partage du risque soit là. On va en revenir. Mais le
ministre parle beaucoup du temps et d'argent, et il veut avec le projet
collaboratif... parce que, Mme la ministre, c'est elle-même qui l'a mentionné,
les deux projets de loi sont liés. On ne peut pas aujourd'hui donner naissance
à l'agence si on n'a pas les contrats collaboratifs. Est-ce qu'on est sur la
même longueur d'onde? Continuons dans le même esprit des contrats
collaboratifs, O.K.?
• (11 h 10) •
Je vais revenir à l'Australie et je veux
vous partager une information que j'ai eue, de document, une bonne étude de...
en... de 2009. Mais revenons à la question du temps et question d'argent. Donc,
aujourd'hui, le gouvernement caquiste veut que ça coûte moins cher, et qu'on
réduit le temps. Vous, est-ce que c'est quelque chose qui est réalisable? Genre,
demain, on va avoir des projets qui vont coûter moins cher aux contribuables
dans un délai raisonnable.
M. Adam (Philippe) : Oui,
bien certainement. Mais encore là, je veux revenir sur nos... nos quatre
piliers. Tu sais, c'est... On pense qu'effectivement l'agence fait un pas dans
la bonne direction, si la gouvernance et l'alignement des rôles, c'est présent,
il y a une planification gouvernementale des projets puis une plus grande
prévisibilité. Ça, c'est important pour l'industrie. Juste le partage des
risques, on en a parlé, puis l'utilisation des modes contractuels
collaboratifs. Ça fait que, si ça est réuni, on pense qu'effectivement les
projets vont se réaliser plus vite, à moindre coût.
M. Derraji : Mais vous savez
que l'Australie ne corrobore pas vos propos, hein? Si je peux vous partager une
revue de littérature, une étude de 2009, réalisée à partir de 46 projets
d'alliance en Australie, rapporte que les estimations des coûts sont peu
précises. Ça, c'est le modèle australien. Je peux vous partager la nôtre, aucun
problème par la suite. En moyenne, les coûts réels des projets étaient de
45 % à 55 % plus élevés. Si on dit aux Québécois aujourd'hui, là,
qu'avec ce projet de loi, même le contrat collaboratif, les projets vont exploser
de 45...
M. Derraji : ...pour
155 %, il n'y a personne qui va aimer, plus élevé que les coûts estimés à
l'étape du dossier d'affaires. On parle dossier d'affaires. Il s'agit d'une
croissance de coût plus forte que pour les projets réalisés avec des contrats
traditionnels». Ça, c'est le modèle australien qu'on nous vend, qu'on veut
importer. Je ne généralise pas, il y a des contrats que... collaboratifs, ça
donne des résultats, mais c'est un fait, on ne peut pas faire abstraction de ça
aujourd'hui.
Ce qui me ramène à ce que... j'ai cette
revue de littérature qui me donne 45 % à 50 % d'augmentation de coûts
estimés. Depuis le début, vous insistez sur le risque et le partage de risques.
Prenons un cas concret. Aujourd'hui, les Québécois veulent savoir quand un
projet va être... un dépassement, c'est devenu... c'est devenu pratique au
Québec, dépassement du coût de 20 %. Pour Pomerleau, qui est une société
privée, ce n'est un organisme de bienfaisance, avec des actionnaires et un
conseil d'administration, quel risque jugez-vous bon pour vos actionnaires?
M. Adam (Philippe) : Bien, en
fait, on veut un équilibre juste des risques. Prendre tous les risques,
c'est... c'est... dans des projets très compliqués qui... avec un niveau de
conception peu avancé, ça ne fonctionne pas. Puis il y a eu plusieurs
faillites, là, de compagnies en Angleterre, en Australie justement à cause de
ça. Donc, il y a... le retour du balancier, là-bas... effectivement, ils sont
en mode collaboratif. Des fois, il y a même des marges minimums qui sont
prescrites pour s'assurer que l'industrie reste saine. Donc... donc, nous,
peut-être que je mentionnerais également, c'est... Nous, à chaque fois qu'il y
a un projet qui s'allonge, notre intérêt financier se diminue, dans le sens que
nous, notre intérêt, c'est vraiment de faire des projets en temps puis en
budget. À chaque fois qu'on déborde de l'échéancier, je vous assure qu'on fait
moins d'argent. Juste pour mettre les choses au clair.
M. Derraji : Non, non, je
vous comprends. Et c'est pour cela, je veux juste qu'on soit clair, vous avez
raison, vous avez le droit de défendre l'entreprise où vous travaillez. C'est
excellent, c'est... et c'est très important. Mais de l'autre côté, on doit le
savoir, on doit le comprendre pour savoir est-ce qu'on est sur la même longueur
d'onde au niveau du partage de risques. J'ai eu... j'ai eu la chance d'avoir
cet échange avec le ministre. Le projet de loi est en cours, on va le reprendre
dans quelques semaines. Mais là, c'est un sujet d'ordre public. On s'en va vers
ce mode de collaboration, on ne peut pas être transparents avec les Québécois,
leur dire : Écoutez, le gouvernement veut mettre en place une agence qui
va gérer des projets complexes, va mettre en place un projet de contrat collaboratif,
probablement avec vous, probablement avec quelqu'un d'autre. Mais la chance que
j'ai aujourd'hui, j'ai une entreprise qui, elle, risque d'être partie prenante,
donc c'est pour cela que la notion de risque, nous aimerions l'avoir de votre
bouche, parce qu'à quels risques vous... vous allez dire je lève la main et à
quels risques vous allez dire j'arrête ça.
M. Adam (Philippe) : Oui.
Bien, tu sais, c'est... chaque projet est particulier. Il y a des
particularités au niveau des risques, là, donc c'est difficile de rentrer dans
des exemples très, très précis. Mais ce que je veux dire, c'est quand tu es
dans un mode collaboratif, tu développes le projet ensemble, tu identifies les
risques ensemble, puis effectivement il y a des risques qu'on peut prendre puis
qu'on va, dans le fond, Mme la ministre en a parlé, tu prends le risque, mais
il y a de l'incertitude, tu rajoutes une contingence. Après ça, plus tu avances
dans le projet, plus la conception est avancée, plus on travaille en mode
solution, en mode innovation. Bien, on est capable de faire tomber les risques,
puis après ça, de diminuer les contingences pour tout le monde. Ça fait qu'il y
a certains risques qui vont subsister, qu'on va prendre, peut-être que le
gouvernement va le prendre, donc ça va être un partage équilibré. Mais
l'ensemble de la réponse, c'est vraiment de diminuer les risques pour tout le
monde puis d'avancer de projet ensemble.
M. Derraji : ...on veut tous
que les... le risque soit zéro. C'est utopique. Je vous ai dit 45 à 55 %
d'augmentation du coût en Australie. C'est votre exemple. Je ne l'ai pas
inventé. Lequel vous allez vivre avec, 10 %, 20 % de risques
partagés, 40 % des risques avec le gouvernement?
M. Adam (Philippe) : Bien, en
fait, tu sais, puis là, peut-être, je reviendrais sur l'Australie. C'est une
étude de 2009, elle date d'il y a 15 ans, tu sais, les conditions changent
beaucoup, la main-d'œuvre, l'inflation. Bref, il y a quand même, peut-être...
une étude d'il y a 15 ans, je ne sais pas à quel point que c'est toujours
pertinent. Mais, je ne sais pas, toi, je pense que tu voulais commenter.
Mme Morin (Sophie) : Bien, je
pense que je sais à quelle étude vous faites référence, là, pour l'avoir
regardée, mais, un des éléments, c'est que cette étude est basée sur le mode
alliance. Ça fait que, oui, c'est un mode collaboratif, mais le mode alliance a
quand même ses particularités, ce qui fait en sorte que, de base, il est
utilisé pour des projets pour lesquels on n'est pas en mesure d'établir la
portée des travaux, contrairement à d'autres modes collaboratifs qui
permettent, à un moment donné, d'établir le prix. Ça fait que je pense qu'on ne
peut pas tirer une leçon de cette étude-là pour généraliser pour tous les modes
collaboratifs. Puis je pense qu'il y a un élément important aussi à noter,
c'est que le mode collaboratif vient avec la transparence. Donc, il y a une
transparence, il y a un transfert d'expertise entre le privé et le public qui
fait en sorte que les deux partenaires qui sont responsables de la réalisation...
M. Derraji : ...je reviens à
la question du risque, Donc, on veut... minimiser le risque, mais, encore une
fois, ma question reste : Quel risque Pomerleau est prêt à prendre?
M. Adam (Philippe) : Bien, on
est prêts à assumer l'ensemble des risques du projet, mais d'une manière
équitable.
M. Derraji : Merci à vous
trois.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup. Malheureusement, ceci conclut ce bloc d'échange. Nous allons
poursuivre pour un troisième bloc d'une durée de...
Le Président (M. St-Louis) : ...3 min
18 s. Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe
d'opposition. La parole est à vous.
M. Grandmont : Merci, M. le
Président. Messieurs, dames, Mme Morin, M. Lafond, bonjour. Merci pour votre
présence. Donc, on a peu de temps. Je commencerai par les avantages que vous
avez... que vous avez énumérés sur le mode de réalisation qui serait modifié
par l'approche collaborative. Le ministre lui-même, puis là, c'est drôle parce
que j'ai l'impression qu'on est dans un autre, dans une autre commission, mais
parlait lui-même davantage au niveau des coûts de 15 %, de 25 %, vous
avez ajouté ça intéressant, meilleure qualité, puis au niveau des la
santé-sécurité au travail aussi, il y avait des bénéfices à aller chercher.
Donc, je suis bien prêt à vous croire. Est-ce que... Puis vous avez dit aussi
que vous travaillez avec les villes, vous avez donc des contrats auprès de
municipalités. Bon, maintenant, on est dans le projet de loi n° 61, puis
on sait que ce ne sont pas tous les projets qui seront confiés à Mobilité Infra
Québec ou qui ne seront même livrés par le gouvernement, parce que gouvernement
pourrait... certains ministères pourraient continuer à livrer, à opérer, à réaliser
leurs propres projets dans le mode collaboratif, parce que le gouvernement se
donne ce pouvoir là de modifier le processus de réalisation des projets. Pour
l'instant, on ne le donne pas aux municipalités, puis on ne le donne pas, ce
pouvoir- là non plus aux sociétés de transport. Or, il risque d'y avoir quand
même des projets importants qui donc seraient toujours réalisés par les
municipalités ou les sociétés de transport. Puis, je pense, je peux citer Mme
la ministre qui disait : Bien, si c'est l'argent des Québécois, il faut y
faire attention. C'est le même argent, hein, qu'il soit dépensé par les
municipales ou par le gouvernement supérieur. Donc, à votre avis, est-ce qu'on
devrait étendre ces pouvoirs-là, ces nouvelles façons de faire au milieu
municipal, puis les sociétés de transport également, travailler avec eux?
M. Adam (Philippe) : Je pense
que cette question-là, on va laisser peut être les différents paliers
gouvernementaux discuter entre eux. On préfère ne pas répondre à cette
question-là à ce...
M. Grandmont : Vous
travaillez avec les municipalités.
M. Adam (Philippe) : Oui.
M. Grandmont : Donc, vous
considérez que ce mode de réalisation de projets, c'est le meilleur. Donc ça
serait bon, j'imagine, des deux côtés.
M. Adam (Philippe) : Ça
dépend des projets, des types de projets. Donc chaque type de projet a ce mode
contractuel, puis pour l'instant je pense que ce n'est pas contemplé que les
municipalités plus utiliser les modes collaboratifs. Est-ce que ça pourrait
être encore une fois un pas dans la bonne direction? Est-ce que le statu quo
est une option? Non. À évaluer?
M. Grandmont : D'accord. Et
pour quels types de projets vous pensez que le mode collaboratif est le plus
approprié?
M. Adam (Philippe) : Les projets
de grande envergure, les projets complexes justement, ceux avec des risques
plus importants, une taille plus importante?
M. Grandmont : À quoi vous
jugez la complexité d'un projet dans le fond? Parce que c'est revenu dans
quelques mémoires aussi, là.
M. Adam (Philippe) : Oui.
M. Grandmont : La notion de
complexité n'est pas définie dans le projet de loi. À quoi vous jugez un projet
complexe de votre point de vue?
M. Adam (Philippe) : En fait,
on l'a même défini chez Pomerleau, parce que c'est important de le faire pour
différentes raisons également l'interne pour définir les rôles,
responsabilités.
M. Grandmont : Parfait.
M. Adam (Philippe) : On pense
que dans le cadre de l'agent, ça devrait être défini. Mais Pierre, je vous
laisse en parler un peu.
M. Grandmont : Est-ce que je
pourrais vous... Il me reste très très peu de temps.
M. Adam (Philippe) : Allez-y.
M. Grandmont : Est-ce que je
pourrais vous demander de transmettre les critères selon lesquels vous jugez la
complexité de votre projet?
M. Adam (Philippe) : On va
vous transmettre notre allocution avec plaisir, puis sont les critères sont
dedans.
M. Grandmont : Merci
beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
vous vous engagez à transmettre les documents à la commission.
M. Adam (Philippe) : Oui.
• (11 h 20) •
Le Président (M. St-Louis) :
Parfait. Ceci conclut ce bloc d'échange. Nous allons poursuivre avec un
quatrième bloc. Je cède maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
Vous disposez des 3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Madame, messieurs. J'allais justement poser la question sur les projets
complexes, si on y allait par... à l'inverse :Quels sont les projets en
mobilité ou en transport collectif qui ne sont pas complexes? En existe-t-il?
M. Lafond (Pierre) : Bien,
oui.
M. Arseneau : Par exemple?
M. Lafond (Pierre) : Mais
dans les transports collectifs, il y a une partie de la complexité qui vient,
que ce sont des projets de système. Donc donc en fait, un projet, on fait un
pont ou une route, on construit un ouvrage, on construit une infrastructure.
Quand on construit un projet de transport collectif, on construit un système.
Donc, comme le REM, c'est un train automatisé, donc les... c'est un système qui
doit fonctionner par lui-même. Donc, il y a certains projets en transport
collectif, comme on en fait un présentement à Vancouver, qu'ils ont découpé un
lot du projet et qu'on doit construire juste une infrastructure du projet, mais
on ne fait pas le système. Donc, ce projet-là est moins complexe qu'un projet
de système.
M. Arseneau : Comme un SRB
par exemple, est-ce que c'est un projet complexe? C'est comme... de route?
M. Lafond (Pierre) : Mais le
SRB peut être un projet complexe, dépendant comment il va sur le marché. Donc,
s'il va dans l'ensemble du projet, tout le... parce que l'envergure est un
autre aspect de la complexité, donc s'il est au complet ou il s'est séparé en
lots il peut être un grand projet ou moins.
M. Arseneau : Excellent!
Maintenant, vous avez parlé, dans vos quatre principes, d'un principe qui est
cardinal, je pense, également, c'est celui de la gouvernance puis du partage
des rôles, la clarification des rôles. J'aimerais savoir, dans le travail que
vous faites dans les autres provinces ou même à l'international.
M. Arseneau : ...quelle est,
justement, la centralisation des décisions? Est-ce qu'il y a un parallèle avec
l'agence qu'on veut créer puis ce qu'on a, par exemple, en Ontario ou à
Vancouver puis quel est le rôle... Parce que les municipalités se disent :
Bien, nous aussi, on veut avoir un rôle à jouer. Est-ce que la structure qu'on
nous propose s'apparente à ce qui existe ailleurs?
M. Adam (Philippe) : Oui, en
effet. Colombie-Britannique, comme je disais, il y a Infrastructure
Colombie-Britannique, qui a un rôle quand même plus large. Après ça, en
Ontario, il y a Infrastructure Ontario, qui a un rôle plus large que, par
exemple, la SQI, ici, en termes... parce qu'ils font des projets
d'infrastructure, ils font des projets de bâtiments, puis, après ça, bien, il y
a d'autres entités, comme Metro Links, qui, là, font effectivement des projets
de transport collectif.
Je ne sais pas si tu veux rajouter quelque
chose, Sophie, là-dessus? Non? Ça fait que ça s'apparente un peu plus à
l'Ontario.
M. Arseneau : D'accord, mais
quelle est, pour vous, l'importance qu'une agence ou une organisation soit
indépendante du politique dans le travail qu'elle a à faire avec vous?
Mme Morin (Sophie) : Bien, à
vrai dire, sans rentrer dans le détail de l'indépendance du politique, je pense
que les agences... que l'agence, son but, notre compréhension de son but, c'est
notamment de venir standardiser les processus, donc s'assurer que chaque
autorité ou chaque organisme a bien les pouvoirs, les droits et... pour
procéder aux projets dans sa meilleure forme. Donc, pour nous, l'agence, on
voit ça comme le fil conducteur qui va permettre, justement, de mieux outiller
l'industrie de la construction puis de la faire innover.
Le Président (M. St-Louis) : En
conclusion, M. le député, rapidement.
M. Arseneau : C'est beau,
j'ai terminé. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci. Merci pour votre contribution aux travaux de la commission.
Nous allons maintenant suspendre quelques
instants afin d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 11 h 24)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 32)
Le Président (M. St-Louis) : À
l'ordre, s'il vous plaît. Alors, la commission va maintenant reprendre ses
travaux. J'aimerais souhaiter la bienvenue aux représentants de l'Association
des constructeurs de routes et grands travaux du Québec. Alors, je vous invite
à vous présenter, noms et titres respectifs. Vous disposez de 10 minutes.
M. Tremblay (Pierre) : Alors,
merci beaucoup. Tout d'abord, je tiens à excuser le retard de mes collègues.
Donc, je ne sais pourquoi, ce matin, c'est le cas. Donc, je prends la balle au
bond. Donc mon nom est Pierre Tremblay, je suis directeur du secteur Science,
technologie et innovation à l'ACRGTQ. Je suis accompagné de M. Marc Joncas qui
est président du groupe... du conseil d'administration de l'association. Je
laisse la parole à ma collègue, Mme Bourque.
Mme Bourque (Gisèle) : Alors,
président du conseil d'administration, M. Jean-François Turgeon, qui arrive d'une
minute à l'autre, qui était en arrière de moi, premier vice-président du conseil
d'administration et Pierre Tremblay, directeur du secteur Science, technologie,
innovation. Je me permets de vous présenter brièvement notre association.
Incorporée en 1944, l'ACRGTQ représente la majorité des principaux
entrepreneurs et fournisseurs oeuvrant dans la construction de routes, d'ouvrages
de génie civil et de grands travaux. À ce titre, elle représente plus de 2 600
employeurs actifs au sein de l'industrie, de la construction de routes, d'ouvrages
de génie civil et de grands travaux, lesquels emploient plus de 44 500 salariés
ayant travaillé 39,6 millions d'heures estimées par la CCQ en 2023. L' ACRGTQ
salue la décision du gouvernement de créer Mobilité Infra Québec, une agence
indépendante ayant pour principale mission l'analyse d'opportunité, la
planification et la réalisation de projets complexes de transport. Confier de
tels projets à un organisme spécialisé pour réaliser ceux-ci pourrait comporter
plusieurs avantages, notamment l'établissement et le maintien de l'expertise en
projets complexes de transport auprès d'un même organisme et permettre d'obtenir
une certaine prévisibilité dans les projets complexes, ce qui est nécessaire
pour permettre à l'industrie de collaborer adéquatement à la réalisation des
projets. Cependant, certains éléments proposés par le projet de loi soulèvent
des interrogations ou mériteraient des précisions, selon l'ACRGTQ, à savoir la
notion de projet complexe de transport, la répartition de l'expertise entre les
organismes publics, la prévisibilité ainsi que la collaboration entre les
différents intervenants. Dans un premier temps, quant à la notion de projet
complexe de transport, nous croyons que cette notion devrait être précisée afin
d'ajouter de la prévisibilité aux organismes publics et à l'industrie quant aux
projets qui seront confiés à Mobilité Infra Québec. Considérant qu'il repose
sur le gouvernement de déterminer les mandats qu'il se verra octroyer, il est
essentiel, à notre avis, de connaître les motifs sur lesquels une telle
décision reposera. Or, la définition actuellement proposée prévoyant, entre
autres, la construction, la reconstruction ou la réfection d'un immeuble ou d'un
ouvrage de génie civil destiné au transport ou utile de... à un système de
transport, pourrait englober la presque totalité des travaux effectués
actuellement par nos membres, ce qui est contraire, à notre avis, à l'esprit du
projet de loi. Dans un second temps, clarifier la notion de projet complexe de
transport permettrait à l'industrie, de même qu'aux organismes publics, de
prévoir en amont les projets qui devraient relever de la compétence de ces
derniers ou de MIQ. Une telle prévisibilité devrait de ce fait permettre une
répartition optimale des ressources et de l'expertise entre les différents
donneurs d'ouvrage. À savoir que MIQ se verra confier les projets complexes de
transport et disposera de l'expertise pour les réaliser, alors que les autres
donneurs d'ouvrage pourront concerter leurs ressources pour la réalisation de
projets tout aussi essentiels, mais d'une moins grande complexité, comme les
travaux d'entretien du réseau routier. Dans un troisième temps, l'ACRGTQ est
favorable à l'octroi à MIQ de fonctions visant la réalisation des analyses de
transport dont la planification de la mobilité qui, nous l'espérons, lui
permettra de détenir la vision globale des projets qui est nécessaire à leur
planification, tout en étant sensibilisé à la disponibilité de la main-d'oeuvre
et, par le fait même, des entrepreneurs. En ce sens, le projet de loi n° 61
devrait aussi prévoir que le choix des projets par le gouvernement du Québec
doit se faire selon les recommandations en amont de MIQ. De plus, il est de
notoriété au sein du gouvernement que l'ACRGTQ propose depuis de nombreuses
années que le cadre législatif soit révisé afin de revoir le mode contractuel
du plus bas soumissionnaire...
Mme Bourque (Gisèle) : ...conforme
pour l'octroi de projets complexes de travaux de construction, lequel engendre
des enjeux importants pour les donneurs d'ouvrage et les entrepreneurs. Considérant
que Mobilité Infra Québec sera soumis à l'application des dispositions de la
Loi sur les contrats des organismes publics, l'ACRGTQ soulève qu'il est
impératif de revoir le cadre législatif et réglementaire pour que cet organisme
ait une latitude au niveau contractuel pour réaliser des projets complexes de
transport.
Ainsi, il est essentiel que MIQ puisse
avoir la possibilité de recourir à des modes collaboratifs tels les contrats de
partenariat lorsqu'il se fait confier un projet par le gouvernement. Ensuite,
l'ACRGTQ se questionne concernant les pouvoirs de MIQ de constituer ou
d'acquérir une filiale dédiée à l'exercice des activités qu'elle peut elle-même
exercer. Considérant que MIQ pourrait avoir la responsabilité de la
construction, la reconstruction ou à la réfection d'un immeuble ou d'un ouvrage
de génie civil destiné au transport ou utile à un système de transport,
l'ACRGTQ se doit d'émettre une mise en garde sur la possibilité que MIQ puisse
créer une filiale pour effectuer la construction de projets. Cette éventualité
constituerait un important facteur de désintéressement pour ce marché et aurait
un impact négatif sur notre industrie et l'expertise québécoise.
Également, l'ACRGTQ s'interroge concernant
la possibilité pour MIQ de se substituer à un donneur d'ouvrage initial qui
était jusqu'alors responsable d'un projet. Il est prévu que dans une telle
situation MIQ pourrait récupérer l'ensemble des documents du projet. Or, il est
nécessaire que la communication de certains documents ayant un caractère
confidentiel pour l'entrepreneur doit faire l'objet d'une autorisation de
celui-ci. Au surplus, les effets de la substitution devraient être clarifiés à
l'égard des réclamations éventuelles d'un entrepreneur découlant d'un projet,
considérant que le donneur d'ouvrage initial se retrouve déchargé de ses
obligations pour le futur en vertu du projet de loi.
En terminant, l'ACRGTQ appuie le projet de
loi no 61 et croit que Mobilité Infra Québec pourrait être un atout majeur
pour la réalisation des projets complexes de transport dans la province. Nous
croyons cependant que le mandat de MIQ serait bonifié en précisant davantage la
notion de projet complexe de transport et les critères permettant de confier à
MIQ de tels projets. De plus, la prévisibilité des projets ainsi que la
collaboration entre MIQ et tous les intervenants impliqués doivent être
favorisés afin que ces projets complexes de transport soient menés à terme dans
des délais et des coûts acceptables pour la population québécoise. Il est donc
essentiel que MIQ bénéficie de l'attitude contractuelle requise pour remplir
son mandat.
Dans un autre ordre d'idée, l'ACRGTQ doit
profiter de cette tribune pour rappeler au gouvernement que, bien qu'il soit
souhaitable et louable de se doter d'un organisme qui puisse réaliser des
projets complexes d'infrastructure au Québec, les projets moins complexes
d'ouvrages destinés aux transports méritent également une attention accrue.
L'ACRGTQ constate que le déficit de maintien des actifs au Québec augmente
d'année en année et que les investissements effectués ne permettront pas de
stabiliser cette dégradation. Le DMA du réseau routier était par ailleurs
évalué à plus de 20 360 000 000 $ dans le dernier PQI, et
il continue d'augmenter d'année en année malgré les investissements annoncés.
Ainsi, bien qu'elle soit très favorable à
la construction de nouvelles infrastructures et à la mise en place de MIQ pour
les mener à bien, il est essentiel que les travaux de réfection et d'entretien
soient aussi priorisés dans les prochaines années pour éviter que le déficit de
maintien d'actif ne devienne insurmontable. Nous vous remercions de votre
attention.
Le Président (M. St-Louis) :
Alors, je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant procéder
à la période d'échange avec les membres de la commission. Le premier bloc sera
d'une durée de 16 min 30 s, Mme la ministre, la parole est à
vous.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Merci beaucoup d'être ici avec
nous aujourd'hui. Très, très, très intéressant. Tous les, ce que j'appelle les
«doers», si on me passe l'expression, là, les réalisateurs, je dis ça comme ça,
des fameux projets d'infrastructures dont on parle ad nauseam, en tout cas
comme ministre des Transports et d'autres... d'autres de mes collègues aussi,
qui sont beaucoup dans ces questions-là de projets d'infrastructures, pas juste
aux Transports d'ailleurs, les infrastructures en général, on en parle sans
arrêt. Le fameux PQI qu'on a augmenté à 153 milliards, le Plan québécois des
infrastructures, avec une foule de projets qu'on finance là-dedans.
• (11 h 40) •
Mais après ça, dans la vraie vie, une fois
qu'on annonce nos intentions d'investissement dans un PQI, les gens qui les
réalisent pour vrai, avec qui on est appelé à collaborer, je pense que c'est
des acteurs clés dans l'évolution de notre projet de loi no 61, dans
l'évolution aussi du projet de loi no 62 de mon collègue. Et vous en
parlez, vous avez votre recommandation numéro quatre, je crois, c'est ça, la recommandation
numéro quatre sur les modes collaboratifs. Je vais évidemment m'attarder à ça,
parce qu'un peu comme ceux qui vous ont précédés, Pomerleau, pour des gens qui
réalisez des projets... qui réalisent des projets comme, vous, vous le faites,
notamment en partenariat avec le gouvernement, le mode collaboratif, pour moi,
c'est l'élément clé du succès éventuel...
Mme Guilbault :...de mobilité à Mobilité Infra Québec, parce que faire le
projet de loi no 61 sans faire la réforme des modes contractuels de l'État, ce
serait vain, quant à moi, là, vain, v-a-i-n, ou, en tout cas, ce serait
cosmétique, bref. Donc, je vais commencer avec ça parce que... Puis ça fait
longtemps, je pense, en tout cas, on s'était rencontré, au tout début de mon
mandat, à mon cabinet, puis on avait abordé une foule de choses, mais toute la
question des appels d'offres, justement, la façon de faire des projets ensemble
dans un contexte de rareté de main-d'œuvre, dans un contexte aussi où les
municipalités ont leurs besoins, les gouvernements ont leurs besoins. Cette
réforme-là de... qui est en train de se faire au projet de loi no 62...
D'ailleurs, avez-vous été en consultations sur le projet de loi no 62? Oui?
Parfait.
Donc, toute cette réforme-là qui est en
train d'être faite, dont je dis moi-même qu'elle est un élément clé de mon
propre projet de loi, êtes-vous en mesure, vous aussi... puis j'ai posé la
question à ceux qui vous ont précédés, mais vous encore plus, peut-être, à
grande échelle, vous pourriez donner des exemples, de nous exemplifier à quel
point cette réforme-là, dans un contexte, potentiellement, de projets de
transport collectif d'envergure, qui est le propos de mon projet de loi, nous
exemplifier à quel point cette réforme-là va nous permettre de livrer des projets
d'infrastructure plus rapidement, à moindre coût, pour le bénéfice de nos
citoyens, qui, eux aussi, manquent d'argent, comme les gouvernements, et qui
paient, ultimement, pour ces projets-là?
M. Joncas (Marc) : Je peux
commencer, puis ils pourront ajouter. Merci, Mme la ministre, de nous laisser
la chance de s'exprimer aujourd'hui. Bien, on était bien présents, lors du
projet du projet de loi no 62, et on a fait un mémoire en ce sens aussi. Je ne
veux pas tout reprendre, mais, effectivement, on est... on salue aussi le
projet de loi no 62, qui est pour nous, vraiment, une avancée importante dans
le domaine des contrats d'appels d'offres publics au Québec, qui a toujours été
la loi du plus bas soumissionnaire.
Après, si vous voulez un exemple, bien, je
pense que Pomerleau l'a donné, l'exemple le plus... le plus... le dernier
exemple, c'est le tramway de Québec. Les entreprises ne peuvent plus parce
qu'elles ont subi des grosses pertes, souvent, sur ces gros contrats-là, parce
qu'ils ne sont pas... il y a trop d'imprévisible, des choses imprévisibles, il
y a trop de choses qui ne sont pas connues au moment de l'appel d'offres.
C'est pour ça qu'on est totalement
d'accord avec vous. Les contrats collaboratifs permettent d'avancer le projet,
de le construire ensemble, de limiter les coûts, de trouver les meilleures
idées et d'arriver avec un projet et un partage de risques sur le risque qui va
rester, autant pour les contribuables, qui va faire le meilleur projet possible
dans le meilleur temps possible. Ça fait que, ça, il n'y a pas de doute
là-dessus. Je pense que tout le monde est d'accord de ce côté-là.
Et je pense qu'il y a des gens qui sont
inquiets, au niveau, peut-être, de la collusion, donc, on voit ça dans un...
partout dans le monde, mais que ce soit... on parlait de l'Australie, mais
Nouvelle-Zélande, il y en a en Europe, il y en a dans l'Ouest canadien. Ça
fonctionne. Il y a moyen de mettre des balises pour éviter avoir les plus
gros... d'avoir des contrats dans la plus grande norme d'éthique. Ça fait que,
pour nous, ça, ce n'est pas un sujet, ce n'est pas quelque chose qui nous fait
peur, pas du tout. Donc, on n'est pas inquiets de ce côté-là.
Après, ce qu'on... ce qu'on a dit aussi,
avec le projet de loi no 62... ce n'est pas le but aujourd'hui, mais que nous,
on voyait aussi peut-être plus loin. On comprend très bien que les gros... Les
projets complexes, nous, on les identifie en termes d'échéancier, de
complexité, de coûts et... des gros projets qui coûtent très cher. C'est pas
mal les barèmes qu'on dit : Ça, ça devrait être géré par le MIC. Par
contre, au projet de loi n° 62, nous, on allait plus loin en disant : Des
projets plus standards, on pourrait même trouver des façons de faire en appel
d'offres qui ne serait pas nécessairement le plus bas soumissionnaire. Nous, on
a réfléchi à ça, s'il ne pouvait pas y avoir un genre de période de questions
avant les appels d'offres, pour éviter... pour éviter que des gens soient
laissés de côté ou que d'autres soient avantagés, qu'il y aurait un mécanisme,
même, pour ces contrats-là, que ça ne soit pas toujours le plus bas
soumissionnaire. Moi... c'était essentiellement ce qu'on avait parlé au projet
de loi no 62.
Ça fait que pour... juste pour terminer
sur votre question, il y en a plein, de projets, puis nous... Moi, je travaille
pour une multinationale, puis on soumissionne dans l'Ouest canadien aussi,
puis, malheureusement, les projets n'aboutissent pas, ça finit comme le tramway
de Québec. Je ne dis pas qu'il ne va pas aboutir un jour, mais ils sont
cancellés à cause de... la prise de risque est trop grande pour les
entreprises. Et c'est des contrats qui sont plus en mode conception,
construction, et non en mode collaboratif. Ça fait que, pour nous, c'est la
solution, évidemment...
M. Tremblay (Pierre) : ...si
je peux me permettre, c'est l'optimisation des ressources. Quand on commence un
projet, on l'imagine, on le voit, on le dessine, mais, en cours de route, il y
a toujours des aléas, comme tout le monde sait, par rapport au fait de la façon
de faire les choses. Nous, notre expertise, c'est la façon de faire les choses.
Puis, quand on imagine un projet, je pense que c'est nécessaire, à un moment
donné, dans le projet qui est bâti à 50 % sur papier, 60 %, peu
importe, de consulter les gens qui vont le faire pour voir, justement, de
quelle manière on va faire les choses. Parce que, quand on sait comment on fait
les choses, on peut peut-être imaginer une autre manière de concevoir les
choses. Est-ce que je dois prendre du bois versus de l'acier? Ce sont des
éléments aussi simples que ça, des fois, qui fait en sorte qu'une entreprise,
un entrepreneur, dont nous sommes, qui... de l'expertise, à dire : Si je
le fais de telle manière, on pourra le faire autrement, on pourra à la limite
le préfabriquer, qui va faire... nous faire gagner du temps, ce qui n'était pas
prévu en amont parce que le concepteur ne l'avait pas imaginé de cette
façon-là. Donc, notre contribution, dans le mode collaboratif, c'est d'arriver
à un moment donné de la conception pour proposer des manières de faire, qui va
faire en sorte que ça va être évidemment plus facile, moins coûteux puis plus
efficace. Donc, c'est là, notre «core business», c'est là, notre point dans le
mode collaboratif, à être participant à cette estimation-là ou à cette
conception-là.
M. Joncas (Marc) : Bien, j'ai
un autre point important, qui arrive très souvent, hein, puis Pomerleau l'a
mentionné. Chaque entrepreneur a des idées comment faire le projet.
Malheureusement, dans le mode actuel, on la garde pour nous, puis, bien
souvent, pratiquement 80 %, 100 % du temps, on ne prendra pas le risque de
baisser le prix de l'appel d'offres sans... en sachant que ce n'est pas sûr que
ça va être accepté. Et même souvent c'est... on le sait que ce n'est pas accepté
parce que, l'égalité entre les soumissionnaires quand on rouvre les
soumissions, ils ne veulent pas changer les plans, ils ne veulent pas rien
changer, et on le comprend, pour être égaux entre les soumissionnaires. Bien,
ça, qu'est-ce que ça fait? Ça évite d'avoir des meilleurs prix, ça évite
d'avoir de l'innovation puis ça évite d'avoir des solutions. Ça fait que c'est
ça qui se passe aujourd'hui sur tous les projets en général, bien entendu les
plus complexes, là, mais qu'il y a des... il y a des... on peut penser le
projet différent, mais malheureusement, aujourd'hui, dans le mode contractuel,
on ne peut pas donner ce crédit-là. Et même on a déjà essayé, les entreprises
qui ont... qui sont arrivées par après en étant le plus bas
soumissionnaire : Moi, je suis prêt à donner un crédit pour ça, c'est
refusé pour le bénéfice d'équité des soumissionnaires, c'est correct aussi,
mais le contribuable ne va pas bénéficier d'un meilleur projet ou d'un projet
moins coûteux. C'est des exemples flagrants.
M. Turgeon (Jean-François) : Peut-être
en complément...
Mme Guilbault :Oui.
M. Turgeon (Jean-François) : Désolé
mon retard.
Mme Guilbault :Non, non, allez-y.
M. Turgeon (Jean-François) : Jean-François
Turgeon, premier... premier vice-président à l'ACRGTQ. Je suis aussi directeur
général puis propriétaire d'une entreprise familiale de bonne envergure, de
moyenne envergure, disons ça comme ça.
On participe actuellement, nous, à des
projets qui ne sont pas dans le domaine des transports, mais qui sont des
travaux de génie civil où les clients privés ont décidé d'aller vers des modes
collaboratifs. On voit très bien que maintenant aussi, pour sécuriser les
ressources, on est dans un mode de sécuriser les bonnes ressources pour faire
les bons projets. C'est... C'est superimportant. Puis également, c'est que la
planification en amont vient aussi beaucoup avec l'ingénierie puis de sécuriser
des ressources en ingénierie.
Ce qu'on voit dans le marché, c'est que,
souvent, des appels d'offres, quand ils sont à prix forfaitaire, vont au marché
sans, on va dire, être optimales ou avoir une ingénierie qui va être complétée
à 100 %. On soumissionne là-dessus, puis souvent ça crée des problèmes
par... ensuite. Donc, il va y avoir des changements au contrat, ça va avoir des
impacts sur l'échéancier. Quand on sait que c'est des projets de nature
complexe, comme ce qui est visé ici, dans le projet de loi, c'est tout à fait
approprié pour ça. Ça ne veut pas dire également, un projet collaboratif, qu'il
n'y aura pas des parties dans le projet collaboratif qui ne seront pas
forfaitaires, tu sais, c'est un projet qui se fait en collaboration avec des
ressources qui sont choisies. Ensuite, à l'intérieur de ce mode-là, il peut y
avoir différents modes qui sont choisis. Peut-être, il peut y avoir des
ressources qui vont être en régie contrôlée, d'autres parties qui vont être
forfaitaires, d'autres parties qui vont être avec des prix cibles. Il y a
plusieurs modèles, mais ça ne veut pas dire, quand on entend «collaboratif»,
qu'il va être... tu sais, qu'il va être, on va dire, en régie contrôlée sur
tout le projet, là. Il y a différents... Ça peut être très malléable puis très
flexible pour des projets de nature comme qu'ils sont visés dans le projet de
loi ici, là.
Mme Guilbault :Oui, voulez-vous y aller?
• (11 h 50) •
M. Joncas (Marc) : Avant
qu'on manque de temps, je voulais juste dire : Pour le projet de loi n°
61, dans le fond, nous, c'est de la prévisibilité qui est vraiment importante.
Si vous voulez des meilleurs prix, nous, on fait partie... on représente les
petits, les moyens, les gros entrepreneurs, puis, si vous voulez avoir
plusieurs soumissionnaires, bien, il faut de la prévisibilité, il faut que les
gens se préparent, il faut qu'ils préparent leurs entreprises à pouvoir accéder
à ces gros chantiers là. Ça fait que ça prend ça. Si vous voulez vraiment avoir
le... la réduction de prix, ça prend des joueurs. Et je pense que tous les
entrepreneurs du Québec, ils sont... ils sont prêts à faire partie de ça. Après,
c'est un peu... c'est un peu flou, le choix des projets. On comprend que ça va
être des projets complexes, mais on... c'est un peu flou pour nous quel projet
va aller là-dedans. Et on en profite aussi...
M. Joncas (Marc) : ...pour vous
suggérer de... ça serait vraiment intéressant et profitable pour tous d'avoir
des budgets séparés, pour le MIQ et peut-être le traditionnel MTQ, qui
s'occupent du maintien des actifs. Et on l'a vu cette année, compressions
budgétaires, le maintien des actifs, ils ont gelé des contrats, ils ont
repoussé des contrats. Parce qu'on a des gros projets comme l'Île-aux-Tourtes,
le pont de Trois-Rivières, qui drainent l'argent des Québécois et qui fait que
vous avez des choix à faire. Et malheureusement, la Vérificatrice l'a mis dans
son rapport, le maintien des actifs ne s'améliore pas, il s'amplifie. Ça fait
qu'on comprend tout ça puis on comprend, on a une... le ministère et les gens
ont une capacité de payer, mais s'il y avait des... tant qu'il n'y aura pas des
budgets dédiés au maintien des actifs, on va toujours finir par piger là-dedans
et on a l'état des routes qu'on connaît aujourd'hui. Ça ne s'en va pas
tellement en s'améliorant ce qu'on voit sur les routes.
Mme Guilbault :C'est tout à fait juste. D'ailleurs, l'enveloppe de
maintien dans le routier au dernier PQI est à 82 % en maintien des actifs,
donc on fait un effort qui est important. Mais on a besoin de la collaboration
financière de tous les partenaires dans l'entretien de nos routes. J'en profite
pour passer le message. Parce que, oui, c'est le transport collectif, mais on a
besoin de routes aussi pour faire rouler les autobus, notamment.
Et là vous avez dit plusieurs choses très,
très intéressantes, là. Vous avez exemplifié, je trouve, de manière parfaite
exactement le propos de ce qu'on est en train d'essayer de faire. Vous avez
souligné à juste titre, puis ça a été évoqué par mon collègue ça fait que je
vais me permettre d'y revenir, des épisodes de collusion très importants qu'on
a connus sous de précédents gouvernements pour lesquels on s'est... on s'est
donné des outils. Et notamment nous, on a renforcé les pouvoirs de l'AMP, l'AMP
à laquelle va être assujettie Mobilité Infra Québec. Je pense, c'est important
de le préciser ici.
Vous avez rappelé aussi qu'il n'y a pas eu
de soumissionnaires pour le tramway de Québec. Ce qui a été dommage, mais ce
qui, à mon sens, est un argument de plus dans le sens du bien-fondé de ce
projet de loi là qui est devenu nécessaire en 2024, alors que tout le monde
réclame du transport collectif et qu'on n'a pas nécessairement les moyens de
pouvoir en livrer comme gouvernement, que ce soit dans l'expertise en transport
collectif ou dans des modes contractuels modernes, innovants qui vont coûter
moins cher et qui vont être moins longs.
Et c'est tout à fait juste, les exemples
que vous avez donnés. Vous disiez : Des gros projets d'infrastructure qui
drainent le PQI, les ponts notamment, on est arrivés, les ponts étaient en
désuétude, l'Île-aux-Tourtes, le pont de l'île d'Orléans. Et quand on parle de
modes collaboratifs, puis vous l'avez... je pense, c'est vous qui l'avez un peu
abordé parce qu'on le définit beaucoup comme étant un partage de risques entre
le public et le privé, mais il y a aussi toute la notion justement de la
coconception ou je dirais de la coidéation du projet très en amont.
Actuellement, on soumet au marché des projets un peu prédéfinis, pas
nécessairement, tu sais, conçus de manière optimale avec les futurs
partenaires, et là on teste ça sur le marché.
Le pont de l'île d'Orléans est un... est
un bon exemple, là. On arrive avec le pont à haubans, voici combien vous...
combien ça coûterait pour faire ça, alors qu'il y a peut-être des façons de
faire différemment, où, dès le début, on est capables de tous travailler
ensemble. Et ça évite justement le cloisonnement, là, que vous décrivez,
là : je ne donnerai pas mon idée parce que l'autre va la prendre, puis il
faut que j'arrive plus bas, puis on n'a pas le choix de se parler, puis on n'a
pas le droit de parler au ministère. Tu sais, il y a un peu une façon de faire,
disons, qui nous condamne à... ou disons qui... qui... qui ne favorise pas
l'émergence des prix et des délais les meilleurs pour les citoyens qui paient
pour ces projets-là. C'est bien... C'est bien... Est-ce que je résume bien
votre pensée?
M. Joncas (Marc) : Oui,
exactement.
Mme Guilbault :Puis quand vous dites : On fait... On bide... On
soumissionne pour des projets dans l'Ouest canadien, on peut penser que vous en
faites justement en mode collaboratif là-bas ou que vous en faites sous
différents modes. Est-ce que vous en faites... J'imagine, vos entreprises que
vous représentez en font aussi à l'extérieur du Canada, donc fonctionnent avec
différents modes un peu partout. Alors, est-ce que vous êtes en mesure de nous
confirmer que ça va beaucoup mieux, tu sais, que c'est plus facile, c'est plus
fluide, c'est plus efficace, c'est moins coûteux que dans les projets en mode
collaboratif que vous faites ailleurs?
M. Joncas (Marc) : Oui. Moi,
mon entreprise, c'est une entreprise qui est partout dans le monde et, comme on
a nommé, en Australie. Et moi, j'ai plus entendu du bon que du mal des contrats
collaboratifs en Australie, en Nouvelle-Zélande, tout ça. Je ne peux pas vous
confirmer parce que je ne suis pas là, mais l'Ouest canadien, c'est un peu...
un peu copier ça. Et moi, ce que j'entends de l'Ouest canadien, c'est une façon
de fonctionner qu'on doit s'adapter parce qu'on est un peu... ça prend... ça
prend vraiment une bonne collaboration des deux côtés. Au début, on est un peu
frileux de donner... de donner ses vrais chiffres, et tout ça. C'est un
apprentissage. Mais quand tout le monde du jeu, ça va très bien. Moi, c'est
vraiment ce que j'entends partout où il y a des contrats collaboratifs. Mais il
faut que ce soit bien encadré. On a l'AMP, on a... je pense qu'on a tout ce
qu'il faut au Québec pour ne pas se retrouver dans les années.... dans les
années 2000...
M. Joncas (Marc) : ...dans les
années 2000.
M. Turgeon (Jean-François) : ...on
a réalisé quand même plusieurs projets en mode...
Le Président (M. St-Louis) : Rapidement,
s'il vous plaît.
M. Turgeon (Jean-François) : Pardon?
Le Président (M. St-Louis) : Rapidement,
s'il vous plaît.
M. Turgeon (Jean-François) : Oui.
En Colombie-Britannique, on a fait des projets, entre autres dans le domaine de
l'énergie en mode collaboratif, qui ont été finalisés dans des modes clés en
main forfaitaires. Donc, comme je vous dis, il y a plusieurs variantes à ça,
mais l'idée c'est de trouver le bon partenaire sur des critères qui sont
établis... le partenaire dès le début et d'avoir les bonnes ressources qui
sont...
Le Président (M. St-Louis) : Je
m'excuse, je dois couper. Malheureusement, ceci conclut le premier bloc
d'échange. Nous allons poursuivre avec le porte-parole de l'opposition
officielle. Vous disposez de neuf minutes 54 secondes. La parole est à
vous.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bonjour, avocate. J'ai l'impression d'être encore une fois au 62.
Nous avons eu l'échange, nous avons échangé sur les contrats collaboratifs.
Merci pour votre présence aujourd'hui encore une fois. Vous avez ramené pas mal
de points intéressants. Nous avons eu déjà l'échange dans l'ancienne commission,
mais on voit très bien qu'il n'y a pas d'agence, il n'y a pas les contrats
collaboratifs. Je pense que vous êtes clairs sur ce point. L'agence, s'il n'y a
pas de contrat collaboratif, est-ce qu'on va atteindre ce que le gouvernement
caquiste est en train de mettre sur la place publique, à savoir que ça coûte
moins cher aux Québécois, donc des projets moins couteux, et qu'on baisse le
délai?
Je ne sais pas si vous étiez là avant
avec... mon échange avec Pomerleau. Il y a plusieurs endroits au monde où, peu
importe le contrat collaboratif ou alliance, on parle beaucoup de
l'augmentation de coûts. Ce n'est pas vrai qu'on arrive à baisser les coûts. Il
y a aussi d'autres écoles de pensée qui disent que, vu la notion de risque
qu'on essaie de mettre dans le contrat collaboratif, on se ramasse avec des
coûts élevés. Pourquoi? Parce que le risque est inclus dans l'offre finale.
Aujourd'hui, vous êtes venus dans une autre commission qui concerne l'ajout
d'une agence. Et ce qui est sur la table, c'est deux éléments... une agence qui
va s'occuper des projets complexes et que, dorénavant, ces projets complexes
doivent passer par des contrats collaboratifs. Première question que j'ai pour
vous : Quelle est votre définition d'un projet complexe?
M. Tremblay (Pierre) : Un
projet complexe, pour nous, c'est, oui, effectivement, la valeur. O.K.
Évidemment, plus il y a des montants élevés, plus le projet peut être, je
dirais, complexe comme tel, mais ça ne peut pas être nécessairement que ça. Il
y a la complexité par rapport à la... au technique, O.K.? Ça peut être très,
très compliqué, une expertise très pointue, ça peut être des éléments qui sont
tout à fait... pas nécessairement en valeur importante, mais en termes de
complexité d'exécution ou même technologiquement parlant, ça peut être aussi un
projet... cité comme un projet complexe. L'échéancier, donc, des fois, ça peut
être à la limite simple, mais la complexité vient dans le fait de le faire en
deux semaines plutôt qu'en dans deux mois. Donc, l'échéancier est un élément de
complexité qu'il faut considérer.
Je disais : L'expertise, et l'autre
qui n'est pas à négliger, surtout dans les projets complexes, comme le... ceux
qu'on... dont on parle ce matin, au niveau des transports, c'est le nombre
d'intervenants, les villes, le ministère, les propriétaires de réseaux, donc
Bell, Gaz et tout ce beau monde là, dans un contexte d'un projet d'une ville,
ce sont tous des intervenants à laquelle on doit faire avec. Donc, ça, c'est...
ça fait aussi partie de la complexité d'un projet d'avoir à s'entendre avec
tout ce beau monde là. Donc, c'est, à notre sens à nous, les quatre ou cinq
éléments qui sont à considérer pour définir ce qu'est un projet complexe, de ce
qu'il en est, de ce qui est moins.
M. Derraji : Donc, déjà, la
définition de la complexité, c'est très important, il faut la définir dans le
projet de loi. Si on ne définit pas les contours de la complexité, c'est comme
on navigue à l'aveuglette.
M. Tremblay (Pierre) : Bien,
c'est notre... notre perception du projet de loi, c'est si l'agence existe,
elle est là pour planifier, imaginer, prévoir. Donc, qu'est-ce que va être le
transport de demain? On parle du transport collectif, mais à ça s'ajoute :
Est-ce qu'on a déjà? Donc, c'est beau de faire un pont, mais ça prend des
approches. Si on se fait des approches, là, on tombe dans une autre case qui
est : Est-ce que c'est complexe ce bout-là ou ça l'est moins? Donc, de là
le point à... de définir comme il faut. Parce que dans notre imaginaire, de ce
que le projet de loi propose, c'est les ressources, les personnes qui vont être
là, à l'agence, c'est eux qui vont avoir à planifier, imaginer, puis, je
dirais, vous voir comment la construction va se faire de ces nouveaux projets
là.
• (12 heures) •
En parallèle à ça, il y a les autres
personnes qui sont exemple au ministère des Transports qui s'occupent de
l'entretien. Donc, c'est deux expertises différentes. Donc, théoriquement, le
fait de... de les centrer au niveau d'un type de projet complexe va départager
les bonnes ressources au bon endroit.
M. Derraji : Oui, mais
j'adore votre réponse, c'est très, très clair. Donc, définir la complexité, il
y a des paramètres à respecter, sinon il n'y a pas... je ne veux pas vous faire
dire des choses que vous n'avez pas dites, mais c'est comme si on a raté
quelque chose d'important si on ne définit pas...
12 h (version non révisée)
M. Derraji : ...c'est quoi un
projet complexe. Est-ce que j'ai bien résumé ce que vous venez de dire?
M. Tremblay (Pierre) : Ça va
faciliter le fait d'associer ou d'affecter les ressources aux bons endroits.
M. Derraji : O.K. Excellent.
Votre collègue juste à côté parlait de financement et avec raison à juste
titre. Vous avez mentionné que le maintien d'actif, c'est quelque chose qu'on
ne peut pas laisser de côté parce que, pendant qu'on développe des projets,
aller piger dans la même... le même fonds, c'est comme... on n'avance pas. Oui,
on peut lancer des projets complexes, mais en même temps, il faut qu'on s'occupe
du maintien d'actif. Est-ce que j'ai bien résumé ce que vous avez dit?
M. Joncas (Marc) : Oui,
exactement, et on l'a senti cette année. Je pense qu'il y a eu un déficit
important au Québec, et on a senti qu'on cherchait un peu à minimiser, trouver
la façon de... oui, le faire, je pense, ce n'était pas une mauvaise volonté. C'est
de faire les projets, mais en même temps, il y avait des dépenses énormes sur
des gros projets. Mais on ne peut pas faire ça. On va continuer de reculer et,
à un moment donné, on va frapper un mur.
M. Derraji : ...
M. Joncas (Marc) : Bien, oui,
on a des craintes, et... les entrepreneurs, on a eu beaucoup d'appels, nous,
cette année, en début d'année, qu'il y avait des projets qui étaient repoussés,
qui étaient reportés ou qui étaient carrément arrêtés en appel d'offres. Je
parle de projets standards, planage, pavage, là... que les gens sont habitués
de voir l'été, parce qu'il y a eu un... il y a eu probablement des budgets
gelés à cause de... du manque de... du manque d'argent, donc...
M. Derraji : Bien, je pense
que vous avez vu, le 29 juin, le gouvernement s'est trompé d'un autre
milliard. Ils ont fait une mise à jour. On est rendu à 7 milliards. Donc,
ce que vous êtes en train de dire aujourd'hui publiquement... qu'il y a des
arrêts de projets qui étaient jugés nécessaires à faire pendant l'été, et que
le gouvernement a mis le hold sur ces projets.
M. Joncas (Marc) : Oui. Je
pense qu'il est peut-être jugé nécessaire... Ce n'est pas à moi de le dire,
mais il y avait certains projets qui étaient dans la programmation... Je pense
qu'ils ont fait leur boulot. Ils ont fait les projets qui étaient vraiment
nécessaires, point de vue sécurité, j'imagine. Mais il y a des projets qui
étaient dans la programmation qui ont été soit repoussés ou en partie
repoussés, qui ont été mis sur deux ans au lieu d'un an, sachant que les
actifs... on n'était pas... on est plutôt en déficit qu'en...
M. Derraji : Et, selon vous,
l'interprétation, c'est que le gouvernement a perdu le contrôle des finances
publiques. On a un déficit. Maintenant, ce qu'on voulait faire sur une année,
on le... on le pousse sur deux ans.
M. Joncas (Marc) : Bien, moi,
ce n'est pas ça, je dis. Ce que je dis, c'est qu'on doit... dans ces... les
budgets de ces planifications de maintien des actifs étant donné qu'il y a eu
beaucoup d'infrastructures, des ponts et des... Il y a plein de choses à
réparer, des gros projets qui drainent beaucoup d'argent. On le voit dans la
région de Montréal, le pont de l'Île-aux-Tourtes. Il y a très peu de projets de
pavage dans la région de Montréal à cause des gros coûts du pont de l'Île-aux-Tourtes.
C'est une réalité. Je pense qu'ils font leur boulot avec l'argent qu'ils ont,
mais tant que le Conseil du trésor ne va pas autoriser et figer les montants
sur le maintien des actifs, bien, on va avoir des problèmes.
M. Derraji : Oui. Donc, ce
que vous dites, c'est que dans la partie du financement, faisons attention aux
maintiens d'actif parce que si on ne prend pas en considération l'état de l'actif
qu'on a, on risque de se ramasser avec une facture beaucoup plus lourde, je
dirais, un peu plus tard. Et d'ailleurs c'est ce que vous constatez sur le
terrain.
M. Joncas (Marc) : Bien, c'est
comme une maison, hein? Si tu laisses le toit... tu laisses le toit couler un
an, deux ans, trois ans, il va y avoir beaucoup plus de dommages, ça va être
beaucoup plus coûteux à réparer qu'agir rapidement.
M. Derraji : Vous avez
raison.
M. Tremblay (Pierre) : C'est
pour ça que l'imagination qu'on a du projet de loi, c'est que si l'agence est
capable de voir loin d'avance par rapport aux projets de construction, on va
être capable d'aménager des budgets en conséquence de ce que la construction va
demander puis ce que l'entretien demande. Parce que si on arrive avec un projet
qui n'est pas planifié ou qui arrive sur le tas, en bon français, là on est
obligé de composer avec les argents qu'on a au moment où on l'a. Donc, si l'agence
fait une planification à long terme des projets, cette problématique-là, qu'il
puisse arriver, que là, oups, je suis obligé de faire un lien x qui n'était pas
prévu. Bien là, à ce moment-là, ça limiterait cet élément-là, donc moins de
chances d'aller piger, selon notre compréhension, dans les argents qui sont
dédiés à l'entretien qui est aussi important.
M. Turgeon (Jean-François) : Bien,
peut-être une planification puis une vision également. Nous, on travaille
beaucoup dans le Nord-du-Québec, puis dans des pistes d'aéroports, dans des
réseaux autonomes, des endroits qui sont géographiquement... Je pense que ça,
la complexité... mais il y a aussi la localisation des projets. Ça peut être un
projet beaucoup plus petit, mais qui est localisé à un endroit difficile. Mais
d'avoir une vision de... Le gouvernement, nous comme Québécois, on veut aller
où avec nos infrastructures? Bien, ça, je pense que c'est super important, puis
ça rentre dans la mission du MIQ, mais effectivement, il ne faut pas que ça...
ça...
M. Turgeon (Jean-François) : ...les
budgets reliés à...
M. Derraji : Donc, vous
insistez que la mission de l'État, c'est la planification du transport. Si
j'ajoute l'intervention de votre collègue : attention au financement, on
voit un ralentissement. Le maintien d'actifs est très important, mais il ne
faut pas aller piger là, là, pour financer des projets. J'ai bien résumé, oui?
M. Turgeon (Jean-François) :
...
M. Derraji : Question de
coûts versus délais.
Le Président (M. St-Louis) : En
15 secondes, s'il vous plaît.
M. Derraji : Coûts, délais.
Le gouvernement veut baisser de 25 %, 15 %. Croyez-vous qu'on va
arriver au bout de la ligne à avoir des infrastructures qui ont de l'allure
avec un prix raisonnable?
M. Tremblay (Pierre) : Avec
la collaboration, on y croit.
M. Turgeon (Jean-François) : Ce
que je crois, surtout, c'est qu'on va améliorer des projets...
Le Président (M. St-Louis) : Je
m'excuse...
M. Turgeon (Jean-François) : ...qui
sont mal planifiés.
Le Président (M. St-Louis) : ...je
dois vous interrompre, malheureusement.
M. Turgeon (Jean-François) : C'est
surtout ça qui va arriver.
Le Président (M. St-Louis) : Ceci
conclut ce bloc d'échange. Donc, je céderais maintenant la parole au
porte-parole du deuxième groupe d'opposition. Vous disposez de 3min 18s.
M. Grandmont : Merci, M. le Président.
Bonjour à vous quatre. Merci pour votre présentation et votre mémoire aussi,
que j'ai lu avec attention. On a très peu de temps, vous l'avez entendu? Donc,
j'aimerais vous amener d'abord sur la question de la prévisibilité. Vous
avez... puis vos prédécesseurs aussi, là, chez Pomerleau aussi, ont nommé le
besoin de prévisibilité. Je comprends qu'on a des ressources humaines,
matérielles, financières, au Québec, qui sont limitées. Puis, pour bien
planifier l'ordonnancement des travaux, autant pour le gouvernement que pour
les entreprises qui sont mises à contribution, bien, la prévisibilité est un...
joue un rôle important.
Moi, j'aimerais vous poser la question sur
le... cette prévisibilité-là, mais du point de vue du politique. On l'a vu dans
différents projets au Québec, le tramway de Québec, le projet structurant de
l'Est... Puis je nomme deux projets, rapidement, là, mais c'est... dans
beaucoup d'autres projets, on l'a vu, le politique joue un rôle dans la
prévisibilité ou le manque de prévisibilité qu'on peut obtenir pour
l'industrie. Puis là, bien, ce qu'on voit, c'est que l'agence, qui sera à même
de réaliser des projets complexes de transport collectif mais aussi de
routes... ce n'est pas souvent nommé, mais les routes sont aussi là-dedans,
bien, vont toujours être donnés à l'agence, mais sur décision du gouvernement.
Donc, le politique risque de continuer à jouer un rôle là-dedans. Puis il peut
y avoir des changements de gouvernement aussi. Il y a déjà eu des projets
d'agences, puis je vais le souligner, là, d'un gouvernement précédent, là, du
Parti québécois, notamment, où on dépolitisait la réalisation de la
planification des projets. Donc, pour vous, là, la façon dont l'agence est
constituée, est-ce qu'on ne risque pas, quelque part, de ne pas être capable
d'aller chercher ce niveau de crédibilité là, considérant que le politique va
toujours jouer dedans?
M. Tremblay (Pierre) : C'est
difficile de dissocier les deux, on en conviendra, mais on a le souhait que
l'agence, par le fait que les experts vont être là pour justement planifier, et
loin d'avance, pas juste un an, mais cinq ans, mais 10 ans, mais 20 ans, va
influencer le politique, justement. Donc, on espère que l'agence va faire
son... va jouer son rôle, justement, en influençant la programmation des 15
prochaines années sur les différents projets, ce qui va, on le souhaite,
influencer le politique à, justement, arriver avec un plan qui va être suivi.
M. Grandmont : Donc, vous,
vous comptez sur l'expertise qui serait développée à l'agence pour influencer
le politique.
M. Tremblay (Pierre) : Oui,
exact.
• (12 h 10) •
M. Grandmont : D'accord. On
pourra en discuter, éventuellement, mais merci pour votre réponse. En page 8 de
votre mémoire, vous dites : «Ces modes permettront...» on parle du mode
collaboratif, là : «Ces modes permettront de s'assurer que les citoyens
obtiennent le meilleur projet, au meilleur coût, dans les meilleurs délais.»
Chez Pomerleau, tantôt, on avait une approche similaire. On a même parlé d'amélioration
au niveau de la santé-sécurité au travail.
Ce n'est évidemment pas tous les projets
qui vont être soumis à MIC, puis ce n'est pas tous les projets non plus qui
pourront bénéficier des outils octroyés par le projet de loi no 62. Les villes,
les sociétés de transport notamment, à l'heure actuelle, n'auraient pas ces
pouvoirs-là. Est-ce que vous pensez qu'elles devraient l'obtenir, encore une
fois pour s'assurer que les citoyens obtiennent le meilleur projet, au meilleur
coût, dans le meilleur délai?
M. Tremblay (Pierre) : On
croit que oui. Encore là, selon notre compréhension puis ce qu'on fait dans le
«day-to-day», passez-moi l'expression, on considère que ce n'est pas tous les
projets que du mode collaboratif va être associé, on est tout à fait au
courant.
M. Grandmont : Oui, on est
d'accord, mais pour des projets complexes?
M. Tremblay (Pierre) : Pour
des projets complexes puis des projets, je le disais tantôt, d'échéanciers très
serrés où on a besoin d'expertises pointues, je pense que ça peut être tout à
fait vrai.
M. Joncas (Marc) : ... il
faut faire attention, je pense que...
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie beaucoup. Malheureusement, je dois vous interrompre à nouveau. Le
temps est écoulé.
On continue pour un quatrième et dernier
bloc d'échange. Je cède maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine. Vous disposez de 3min 18 s.
M. Arseneau : Merci. Est-ce
que vous voulez, rapidement, compléter votre réponse?
M. Joncas (Marc) : Ah oui!
Bien, merci. Dans le fond, ce que je voulais dire, c'est que le MIC, je pense
qu'il est créé pour avoir vraiment une expertise pointue sur les grands projets
et les projets complexes. On ne peut pas demander non plus à toutes les villes
du Québec d'avoir cette expertise-là, ça fait que c'est sûr qu'ils vont devoir
travailler ensemble. Après, la ville de Montréal, la ville de Québec, ça peut
être différent, mais je pense que c'est...
M. Arseneau : Bien, ça
m'amène justement à la première question. Vous identifiez, à juste titre, un
élément que moi, je considère comme une... la plus grande lacune du projet de
loi, c'est-à-dire qu'on n'a pas de planification de la mobilité qui est confiée
à l'agence, mais vous souhaitez...
M. Arseneau : ...page 6, qu'on
le fasse, mais en amont des décisions gouvernementales, de confier des mandats.
En d'autres mots, ma question, c'est quand vous dites que votre association est
favorable à l'octroi... de fonctions visant la réalisation des analyses de
transport, dont la planification de la mobilité qui lui permettra de détenir
une vision globale des projets, est ce que vous le voyez à l'échelle d'une
ville ou à l'échelle de l'ensemble du Québec, compte tenu que vous représentez
une multitude d'organisations, d'entreprises puis que le marché, disons, de la
construction d'infrastructures en mobilité peut être influencé si on donne des
mégacontrats, par exemple dans la région de Montréal, j'imagine, puis qu'à
Québec, puis à Sherbrooke, on ne peut pas... peut-être pas faire la même chose?
Est-ce que vous le voyez de façon globale, c'est ça, ma question?
M. Turgeon (Jean-François) : Bien,
je pense... je pense qu'il faut que ça soit vu de façon globale, certainement,
de façon globale avec l'ensemble des infrastructures dont on a besoin puis qui
tiennent compte des besoins où est ce qu'on veut développer. Si on veut
développer de l'industriel, par exemple à Bécancour ou ailleurs, s'il y a des
projets hydro-électriques qui se font, mais il faut que les infrastructures
soient pensées en conséquence de ça. Un petit peu comme Hydro-Québec, à leur
façon, vont penser le développement énergétique du Québec globalement, ils ont
une... Dans cette optique-là, oui.
M. Arseneau : Donc, parce que
ce que vous dites aussi, et c'est très intéressant : «Le projet de loi
devrait prévoir que le choix des projets par le gouvernement du Québec doit se
faire selon les recommandations en amont de Mobilité Infra Québec». Donc, vous
souhaiteriez, puis ce n'est pas prévu dans le projet de loi, mais nous, on va
se battre pour que ça le devienne, c'est une agence indépendante qui dit :
Voici ce qu'on doit faire au Québec, voici les priorités sur lesquelles on doit
travailler, puis voici le plan de match sous forme de recommandations qu'on
confie au gouvernement pour qu'on puisse ensuite travailler sur chacun des
projets parce que sinon, c'est...
M. Joncas (Marc) : Pour les
entrepreneurs qu'on représente, oui, mais aussi pour le contribuable. On le
pense.
M. Arseneau : Mais est-ce
que, donc, la sélection des projets, ce que je comprends, c'est que ça doit
être fait sur une... sur une base d'expertise et non pas sur une base
politique? Puis quand vous parlez du maintien des actifs, c'est un peu la même
chose.
Une voix : ...
M. Arseneau : D'accord. Bien,
c'est... c'est tout pour moi. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci, ceci conclut ce bloc d'échange. Je vous remercie pour votre contribution
à nos travaux.
La commission suspend ses travaux
jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
bonjour à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux.
Nous poursuivons les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 61, Loi
édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions
relatives aux transports collectifs.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants, soit l'Association régionale de transport métropolitain, l'Association
du transport urbain du Québec, EXO, la Pre Catherine Morency ainsi que la
Fédération québécoise des municipalités.
Donc, je souhaite la bienvenue aux gens
de... aux représentants de l'Association régionale de transport métropolitain,
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Ce sera suivi d'une période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter personnellement, nom et titre, pour les bénéfices des membres de la
commission ainsi que pour les gens qui... qui nous écoutent. Donc la parole est
à vous.
Mme Sylvain (Ginette) : Bonjour,
M. le Président, Mme la ministre, et mesdames et messieurs les députés, je me
présente, Ginette Silvain, présidente du conseil d'administration de l'Autorité
régionale de transport métropolitain depuis tout récemment, le 22 juillet
dernier.
Alors, je vais souvent parler de l'ARTM,
alors c'est l'Agence régionale de transport métropolitain.
Il me fait plaisir de vous présenter les
principales recommandations de l'ARTM au sujet du projet de loi n° 61.
Pour ce faire, je suis accompagnée, à ma droite, de Mme Houda Slaoui,
directrice exécutive, Planification stratégique, tarification et financement,
et à ma gauche, M. Ludwig Desjardins, directeur exécutif, Modélisation,
organisation et développement des réseaux. Je tiens aussi à remercier l'équipe
de l'ARTM qui a étudié le projet de loi sous la gouverne de Me Robert Guertin,
secrétaire général et directeur exécutif, Affaires corporatives, juridiques et
immobilières.
Créée en 2016, l'ARTM est responsable de
la planification, de l'organisation, du financement, du développement et de la
promotion du transport collectif dans la région métropolitaine de Montréal.
Elle est donc directement concernée par le projet de loi n° 61 qui fait l'objet
de ces consultations particulières.
L'ARTM accueille favorablement la création
de Mobilité Infra Québec. Elle soutient la volonté du gouvernement du Québec de
doter cet organisme des moyens nécessaires pour livrer des projets de transport
complexes plus rapidement et de façon plus efficace. L'ARTM souhaite toutefois
que le projet de loi soit amendé pour tenir compte de la gouvernance du
transport collectif présentement en vigueur dans la région métropolitaine.
Nous croyons qu'il est important de
réitérer que la Loi sur l'autorité régionale de transport métropolitain confie
déjà à l'ARTM la planification et l'intégration de l'offre de transport et de
la tarification des services. La loi prévoit également que l'ARTM est
responsable de l'élaboration et de l'adoption d'une politique de financement
des services, avec l'approbation de la Communauté métropolitaine de Montréal,
qu'on nomme souvent CMM. C'est pourquoi l'ARTM souhaite être considérée comme
un interlocuteur privilégié du gouvernement, lorsque celui...
Mme Sylvain (Ginette) : ...confiera
à Mobilité Infra Québec un projet lié au transport collectif sur le territoire
métropolitain. L'ARTM pourra ainsi mettre à profit sa connaissance du réseau et
des besoins du milieu, son expertise en mobilité, en plus d'assurer la
concertation auprès des parties prenantes et ainsi favoriser leur adhésion. Ces
étapes de planification et de consultation préalable sont primordiales afin
d'offrir les meilleures chances de succès durant la réalisation. Ainsi, lorsque
le gouvernement confiera à Mobilité Infra Québec un projet complexe, ses
principaux paramètres financiers et son intégration au réseau de transport
collectif métropolitain auront fait l'objet d'un travail rigoureux de l'ARTM et
de ses partenaires. Afin de concrétiser cette volonté, l'ARTM propose d'ajouter
un paragraphe à l'article 4 du projet de loi qui se lirait comme suit :
«Lorsque le projet visé concerne le transport collectif sur le territoire de
l'ARTM, le gouvernement tient compte des projets priorisés et des options
élaborées et recommandées par celle-ci, et ce, préalablement à la décision de
confier un projet complexe à Mobilité Infra Québec.»
L'ARTM estime que la réalisation d'un
projet complexe de transport collectif sur son territoire devrait s'appuyer sur
l'expertise que l'ARTM a développée, conformément aux rôles et responsabilités
qui lui ont été conférés par sa loi et sur sa connaissance fine des contraintes
du milieu, pour ainsi trouver des solutions appropriées en concertation avec
les parties prenantes. De cela découle la nécessité de prévoir spécifiquement,
dans le projet de loi n° 61, un mécanisme de concertation entre Mobilité Infra
Québec et l'ARTM. La concertation entre Mobilité Infra Québec et l'ARTM nous
paraît, en effet, essentielle à chaque étape, que ce soit la planification, la
mise en œuvre, le financement ou l'exploitation, afin de bonifier les projets
qui seront confiés à la nouvelle agence. À titre d'exemple, l'ARTM a la vue
d'ensemble du réseau de transport collectif métropolitain et pourra donc
recommander des ajustements de conception afin d'éviter la multiplication des
exploitants des services, de maximiser l'utilisation des infrastructures
existantes telles que les garages et les centres d'entretien ou de favoriser un
plus grand achalandage.
• (15 h 40) •
L'ARTM a également la responsabilité
d'assurer que le réseau de rabattement aux projets complexes de transport
collectif actif et adapté soit efficace et réponde aux diverses attentes du
milieu. L'ARTM pourra aussi conseiller Mobilité Infra Québec, quant au niveau
de service requis, au modèle d'exploitation, à la tarification ainsi qu'à
l'établissement des contributions municipales aux immobilisations et à
l'exploitation. Plus spécifiquement, l'ARTM propose d'ajouter, à l'article 6 du
projet de loi, le paragraphe suivant : «Lorsque le projet concerne le
transport collectif sur le territoire de l'ARTM, Mobilité Infra Québec
détermine, avec elle, les modalités de prise de décision quant aux éléments
fondamentaux du projet, portant notamment sur la conception et la réalisation
de l'infrastructure, sur toute question relative aux coûts d'exploitation et
d'entretien, aux conditions d'exploitation, au financement de l'infrastructure,
y compris la tarification et les contributions de la région métropolitaine aux
immobilisations et à l'exploitation.»
De la même manière, dans l'éventualité où
Mobilité Infra Québec est mandatée pour réaliser des analyses de transport
collectif ou de planification en mobilité sur le territoire desservi par
l'ARTM, nous estimons souhaitable qu'elle doit le faire en concertation avec
elle. Ainsi, l'ARTM propose d'ajouter l'alinéa suivant, à l'article 29 du
projet de loi : «Lorsqu'une analyse en transport concerne le territoire de
l'ARTM, Mobilité Infra Québec doit notamment consulter l'ARTM et prendre en
considération la planification des services de transport collectif en vigueur
et projetés par l'ARTM. Avant de conclure, j'aimerais souligner les enjeux liés
au financement des futurs projets de transport collectif confiés à Mobilité
Infra Québec...
Mme Sylvain (Ginette) : ...dans
la région métropolitaine de Montréal. Les sources de financement dont dispose
l'ARTM étant limitées, elle doit mesurer les effets potentiels d'une nouvelle
infrastructure sur le cadre financier métropolitain et assurer la concertation
avec l'ensemble des contributeurs potentiels. En ce sens, nous croyons que le
financement de tels projets devrait être convenu avec l'ARTM sous l'égide d'une
approche collaborative et dans un esprit de partenariat. De plus, l'intégration
d'un projet complexe au réseau de l'ARTM aura une incidence sur l'allocation
des revenus aux services existants et pourrait donc indirectement avoir un
impact considérable sur le financement de ces services. Pour toutes ces
raisons, la reconnaissance et la confirmation du rôle de l'ARTM comme
planificateur métropolitain est essentielle.
En conclusion, l'ARTM est favorable à la
création de Mobilité Infra Québec. Nous souhaitons toutefois que le projet de
loi soit amendé pour tenir compte du mandat confié à l'ARTM par sa loi
constitutive, soit celui de planifier le développement et l'intégration du
transport collectif et de déterminer les infrastructures et les services de
transport requis dans la région métropolitaine de Montréal, en y intégrant les
modifications proposées, notamment le besoin de tenir compte de la priorisation
des projets effectués par l'ARTM. Nous croyons que le projet de loi jettera les
bases d'une collaboration fructueuse entre Mobilité Infra Québec et l'ARTM au
grand bénéfice des usagers des municipalités de la CMM et de toutes les autres
parties intéressées. Merci de votre attention.
Le Président (M. St-Louis) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange. Mme la ministre, la parole est à vous. Vous disposez de
15 minutes.
Mme Guilbault :Oui, merci. Merci beaucoup, M. le Président. Rebonjour à
tous les collègues. Bonjour mesdames, M. de l'ARTM. Un plaisir de vous recevoir
cet après-midi et bienvenue! Ça fait quand même... C'est le 17 juillet, de
mémoire, que vous avez été nommée...
Mme Sylvain (Ginette) :
...
Mme Guilbault :Le 22? Il me semble que c'était au dernier Conseil des
ministres, donc, le 17.
Mme Sylvain (Ginette) : Ah!
que j'ai été nommée. Je suis entrée en fonction le 22.
Mme Guilbault :Ah oui! C'est ça. Mais donc la nomination le 17. Toujours
est-il que ça ne fait pas longtemps.
Mme Sylvain (Ginette) : Non.
Mme Guilbault :Alors, je pense que c'est encore les «Bienvenue!» et les
«Bons succès dans votre mandat!» qui sont encore de mise. Et on a eu l'occasion
de se rencontrer d'ailleurs déjà une première fois pour parler de l'ARTM. Et je
trouve ça intéressant que vous soyez ici cet après-midi. On comprend de
l'exposé que vous êtes essentiellement en faveur du projet de loi, comme les
groupes qui vous ont précédé ce matin. On verra pour la suite, mais je pense
que personne ne peut remettre en question la volonté d'un gouvernement de se
doter de la capacité à livrer des projets de transport collectif d'envergure
plus efficacement en 2024 pour une nation telle que celle du Québec, avec un
vaste territoire, donc des besoins très variables d'une région à l'autre.
Et vous, vous desservez la CMM, donc des
besoins évidemment très différents de certaines autres régions du Québec, mais
des besoins qui concordent exactement avec ce que propose de venir régler le
projet de loi puis la création de Mobilité Infra Québec parce que, quand on
parle de projets de transport d'envergure, de transport collectif d'envergure,
on pense spontanément aux milieux plus densifiés, donc, effectivement la CMM.
Alors, c'est une bonne chose que vous
soyez en faveur, évidemment. Et là vous amenez la notion de la planification. Je
trouve ça intéressant parce que ça permet aussi peut-être de remettre à
l'avant-plan ou en tout cas de vulgariser peut-être le rôle de l'ARTM. Parce
que, tu sais, c'est une jeune organisation, depuis 2016. Donc, il n'y a pas eu
tellement de temps, peut-être, pour se faire connaître ou se mettre en place.
On a eu deux ou trois ans de pandémie là-dedans, ça n'a pas été simple pour
personne, et on sait qu'il y a beaucoup de choses qui se disent, là, sur
l'ARTM. Bon, des fois, ça peut être un peu complexe.
Et sur la notion de planification,
j'aimerais ça peut-être juste vous entendre. Et encore là, je sais que ça ne
fait pas si longtemps que ça vous êtes arrivée, mais vous avez beaucoup
d'expérience. Ce n'est pas pour rien que vous avez été nommée là. Donc, sur
cette fonction-là de planification qu'a l'ARTM qui a été complexe jusqu'à ce
jour, la priorisation, le choix des projets, l'organisation, le fait d'attacher
ça avec tous les partenaires CMM, c'est quand même 82 municipalités, donc,
et dans la mesure où Mobilité Infra Québec, c'est sûr que la CMM, c'est à peu
près la moitié du Québec, mais il reste que Mobilité Infra Québec, elle, se
propose d'avoir une vision pour l'ensemble du Québec. Donc, ça déborde l'ARTM,
même si, de prime abord, on pense... on ne pense pas tellement à la CMM pour le
transport collectif et aussi à Québec.
Donc, comment, vous, est-ce que vous
voyez...
Mme Guilbault :...la... je ne dirais pas la «protection» mais l'admission
d'une espèce de rôle de planification nationale pour l'ensemble du territoire
du Québec qui serait en concordance avec celui de l'ARTM pour la CMM.
Mme Sylvain (Ginette) : Dans
le fond, l'ARTM a été créée en 2016, vous l'avez dit, pour justement faire la
planification de la région métropolitaine. À l'époque, il y avait la Commission
des transports à la CMM, mais il n'y avait pas de... Il y avait l'AMT aussi qui
avait deux rôles, hein, un rôle de planificateur et un rôle d'opérateur. Ce qui
fait que le gouvernement a décidé de créer l'ARTM pour vraiment avoir un
planificateur métropolitain des projets de transport collectif pour enfin avoir
une vision aussi à moyen et long terme. Parce que ces projets-là, ça ne se fait
pas du jour au lendemain, puis il faut plus... Alors, l'ARTM a été créée, c'est
sûr, avec les plus et les moins de de cette loi-là, qui est une loi, je dis
tout le temps de bon vouloir, hein? C'est une loi, si tout le monde embarque,
tout le monde participe, ça va bien, si ce n'est pas le cas, bien, c'est plus
difficile.
Alors, moi, je venais d'arriver, puis une
de mes priorités, c'est le plan stratégique de développement. C'est un des
mandats de l'ARTM et c'est important de le faire pour se donner une vision au
moins sur 30 ans. Ce qui fait qu'on va mettre beaucoup d'efforts dans les
prochains mois, et je souhaite pour décembre avoir une planification. Et à ce
moment-là, Infra Québec pourra voir aussi à l'intérieur de ça qu'est-ce qu'il
peut prendre comme projets éventuellement. Mais c'est la base de
l'organisation, de faire cette planification-là. C'est urgent et c'est
important de... Puis la CMM doit donner son accord ainsi que le gouvernement.
Alors, à partir du moment que la planification stratégique de développement va
être acceptée, bien, on va pouvoir confier.... vous pourrez confier des mandats
à Infra Québec et... Puis on pourra collaborer aussi parce qu'on a quand même
une très bonne connaissance de la région métropolitaine, là, sur les projets.
Mme Guilbault :Oui, bien, tout à fait. Puis moi, dans toute la... dans
tout le processus préalable au dépôt du projet de loi, dans tout le long et
laborieux processus de confection du projet de loi, dans toutes les mêlées de
presse, toutes les questions qu'on peut nous poser, c'est sûr que pour nous, ça
prend un projet dans l'est de Montréal. Donc, tu sais, c'est un exemple de
consensus, je pense, puis je suis assez certaine que, si on en parlait avec les
élus de la CMM, ils seraient assez d'accord dans l'ensemble. Donc, c'est un
exemple pour moi de projet qui pourrait éventuellement être confié à Mobilité
Infra Québec, forcément avec la collaboration de l'ARTM puis des municipalités
qui sont concernées.
Puis je vais faire le lien parce que,
quand on parle de collaboration, il y a toutes sortes de recommandations, mais
la recommandation numéro cinq, consultation de l'ARTM pour l'établissement
d'une contribution financière sur son territoire. On a parlé de ça ce matin
avec l'UMQ, qui avait un souci sur la contribution financière, on peut le
comprendre. Puis, dans l'article, c'est l'article 12, je pense, donc 73,
ça se peut-tu? 74? 74, c'est déjà prévu qu'on doit fonctionner par entente, que
ce soit sur la participation financière ou sur éventuellement l'exploitation et
les dépenses d'exploitation.
• (15 h 50) •
Alors, est-ce que vous... Puis là, je
pense que vous proposez de modifier l'article en disant : «Lorsque le
projet complexe concerne le territoire métropolitain, consulter l'ARTM
relativement à la contribution financière exigible en tenant compte de la Loi
sur l'ARTM et de la politique de financement.» Pour nous, c'est déjà un peu
implicite, même que l'ARTM est nommée explicitement dans les articles. Alors,
qu'est-ce qui pour vous serait manquant ou qu'est-ce qui pourrait être amélioré
ou modifié dans la mesure où, pour nous, c'est... vous êtes déjà explicitement
mentionné comme faisant partie des éventuelles ententes?
Mme Sylvain (Ginette) : Je
vais demander à Ludwig Desjardins de répondre.
Mme Guilbault :Oui.
M. Desjardins (Ludwig) : Oui,
bonjour. Oui, parfait.
Bien, effectivement, la notion peut-être
qui amenait une incertitude, c'est la notion où le gouvernement en fait pouvait
trancher sur le modèle de financement d'un projet. Nous, ce qu'on considère,
c'est que le fait qu'on ait un rôle et une mission à l'égard du financement
dans la région de Montréal, on peut justement jouer ce rôle-là d'arbitrage pour
la région Montréal puis s'assurer qu'il y a une entente qui est gagnante pour
tout le monde. Donc, d'expliciter ce rôle-là, c'était un peu la proposition
qu'on faisait, là, de modification, là.
Mme Guilbault :Parfait. Puis est-ce que... Parce que, tu sais, si on
prend... mettons, si on prend un exemple concret actuellement d'un projet qui
se fait dans la région métropolitaine, de toute façon, ce genre d'arbitrage là
doit se faire. Pensons au prolongement de la ligne bleue par exemple. Alors,
pour vous, dans votre esprit, est-ce qu'il y aurait quelque chose de différent
avec l'article qu'on amène dans le projet de loi? Est-ce que ça amènerait plus
de flou, quelque chose de différent? Parce que moi, pour moi, dans ma tête...
Mme Guilbault :...dans ma tête, ça va être un peu le prolongement de ce
qui se fait déjà, mais de manière formalisée, c'est-à-dire que le gouvernement
doit s'entendre pour la contribution. Mais, tu sais, j'essaie de voir
exactement où pourrait être l'enjeu par rapport à ce qui se fait déjà.
M. Desjardins (Ludwig) : En
fait, c'est surtout... ce n'est pas tant pour le financement des
immobilisations, parce que les programmes sont clairs. Habituellement, il y a
une part considérable du gouvernement. C'est plus pour dans les modalités au
niveau des dépenses d'exploitation, par la suite, où, là, on tombe avec des
contributeurs divers. Il y a les programmes du gouvernement, mais il y a les
municipalités qui viennent compenser le déficit. On a une politique de
financement, dont le rôle est d'encadrer ça dans la région, qui doit être
approuvée par la Communauté métropolitaine de Montréal. Donc, un nouveau projet
x, peu importe par qui il serait exploité, selon nous, devrait s'insérer dans
cette politique de financement là et dans les modalités pour payer son
exploitation.
Donc, c'est surtout dans les phases... Ce
n'est pas tant la phase de financement du projet lui-même que le système avec
lequel on va vivre financièrement, là, sur une très longue période. Et la
politique de financement de l'ARTM, explicitement, par la loi, a le rôle de
venir régler cet aspect-là, de fait, là. Donc, c'est un peu ce qu'on
recherchait, là, à préciser dans le projet de loi, là.
Mme Guilbault :Puis la politique de financement... Ce n'est pas directement dans le projet
de loi, mais c'est parce que... disons que j'ai eu plusieurs rencontres avec
plusieurs personnes, et la politique de financement est un sujet assez
récurrent. Ça fait que je ne sais pas, pour le bénéfice des gens, parce que
c'est le genre de sujet qui est soulevé aussi, alors... Peut-être, vous,
comment vous voyez ça, la révision de la politique de financement? Ça fait
longtemps qu'on nous la demande. La pandémie puis... tu sais, ça, je veux dire,
les gens, des fois, disent que c'est une excuse, mais ce n'est pas une excuse,
là. Il faudrait être complètement déconnecté pour penser que la pandémie n'a
pas eu de réel effet sur la planification de... la gouvernance de toutes les
nations. Mais comment vous voyez ça, vous, la révision de la politique de
financement?
Mme Sylvain (Ginette) : ...je
vais commencer puis je vais demander à Houda de compléter, à ce moment-là. Alors,
la politique de financement, effectivement, elle a été faite en 2016 avec ce
qu'on avait comme informations à ce moment-là et... ce qui fait que, dans le
fond, il y a un bloc métropolitain que les gens doivent payer et il y a un
résiduel de déficit. Exemple, si les services bus sur la couronne sud coûtent
tant, bien, ça va être facturé aux municipalités selon l'utilisation de leurs
citoyens. Mais il y a toujours le bloc central qui est métropolitain, là, puis
qui, eux, vont... vient chercher les revenus généraux comme les... la TIV ou
des taxes.
Une voix : ...
Mme Sylvain (Ginette) : Oui,
c'est ça. La taxe sur l'essence, c'est un... c'est un bel exemple. Ça fait
qu'elle est... les gens la trouvent compliquée. C'est fait aussi... La
répartition entre les municipalités, c'est fait sur des enquêtes
origine-destination qui datent quand même de plusieurs années. On en a fait une
nouvelle qui sort incessamment, ce qui fait que ça va mettre au moins à jour
comment les gens se comportent en... au niveau du transport. Mais on est en
révision puis on va le faire avec les gens... avec nos partenaires, avec les
municipalités aussi. Je pense qu'il faut la rendre moins complexe et avoir une
sensibilité pour les petites municipalités, qui, eux, le modèle actuellement
est... amène des factures un peu trop élevées, à mon avis. Ce n'est pas long,
tu sais, quand ils ont quelques citoyens qui prennent l'autobus, bien, tout de
suite ils sont fortement taxés. Ça fait que je pense qu'il va falloir avoir une
sensibilité pour les municipalités, les plus petites municipalités, là, dans la
politique de financement, se mettre des... comme des plafonds ou des planchers,
là, mais c'est à revoir.
Veux-tu compléter, Houda?
Mme Slaoui (Houda) : Oui. Je
peux peut-être parler de l'échéancier de révision. Bonjour, tout le monde.
Effectivement, on a dû suspendre la politique. On devait en avoir une nouvelle
loi à l'horizon de 2020, mais on a dû la suspendre en raison du contexte
financier. Puis, maintenant que le cadre se stabilise, qu'on a une meilleure
prévisibilité aussi du retour de l'achalandage dans les services, donc on est
plus à même de la réviser. On s'est donné comme échéancier septembre 2025 pour
proposer une nouvelle politique, puis on le fait effectivement en collaboration,
donc, des municipalités qui sont directement concernées puisqu'elles sont les
dernières payeuses du déficit résiduel des services. Voilà.
Mme Guilbault : Bien,
merci pour la réponse. Puis je suis heureuse d'entendre la sensibilité pour les
petites municipalités, parce que, nous, c'est quelque chose qu'on entend
énormément, un peu, le déséquilibre entre le gonflement des factures et le
dégonflement des services, si vous me permettez de l'exprimer ainsi, sur les
couronnes nord et sud. Donc, je pense que c'est une excellente chose que vous
soyez... Bon, il me reste deux minutes, ça va vite. Je pense que c'est une
excellente chose que vous ayez ça à l'esprit, là, parce que le bloc...
Mme Guilbault :...on comprend bien que prendre le métro, ça peut servir en
dehors de l'île de Montréal. Mais, en même temps, il y a des factures qui n'ont
pas de bon sens sur la rive sud, sur la rive nord. Et là je ne nommerai pas
d'élus, mais j'en ai qui me parlent souvent, et ils ont raison. Donc, je veux juste
vous remercier d'avoir cette sensibilité-là, parce que je ne pense pas que ça
va pouvoir survivre encore longtemps, cette méthode-là, là, parce que la
pression est beaucoup trop forte sur les rives nord et sud.
J'avais un autre point, votre recommandation
numéro sept : «ajouter aux pouvoirs de l'ARTM en matière de redevances un
pouvoir pour lui permettre d'imposer une redevance plus large et d'application
plus simple, comme celui dont bénéficient les municipalités, prévu aux
articles 500.6 à 511 de la Loi sur les cités et villes». Alors, ça, je
veux juste vous dire que nous, on a eu des discussions là-dessus et qu'on a,
nous aussi, une sensibilité là-dessus. Et là il y a toute la question des
exclusions, et tout ça. Alors, je vais simplement vous transmettre le fait
qu'on a une sensibilité, et c'est ça.
Il me reste une minute? Bon, bien, en
fait, je ne sais pas si vous voulez ajouter... parce qu'une minute, on n'a pas
vraiment le temps, mais peut-être simplement vous remercier en terminant puis
vous rassurer sur le fait qu'on a le même objectif. On veut que les projets...
En tout cas, j'espère. On veut que les projets sortent plus vite puis coûtent
moins cher. C'est ça qu'on répète depuis le début de la journée puis qu'on va
répéter au fil des 27 groupes, 26 ou 27 qui vont venir nous rencontrer. Alors,
dans la mesure où on veut la même chose, je suis certaine qu'on va... qu'on va
pouvoir y arriver ensemble. Merci beaucoup.
Mme Sylvain (Ginette) : Bienvenue.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci. Je cède maintenant la parole au porte-parole de l'opposition officielle.
Vous disposez de 11 minutes 15 secondes.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme Sylvain. Mes félicitations pour... Premièrement, quelle
bonne... quel bon début de mandat!
Mme Sylvain (Ginette) : Un
gros début.
M. Derraji : J'imagine. Je me
mets à votre place. J'espère que vous avez eu quelques jours de vacances parce
que préparer une commission parlementaire et surtout avec un projet de loi
pareil...
Bonjour aussi à Mme Slaoui. Bonjour, M.
Desjardins. Bienvenue en commission parlementaire.
J'ai lu votre mémoire. Vous avez facilité
la tâche aux membres des oppositions, je vais parler en mon nom, mais j'en suis
sûr et certain, mes collègues aussi, parce que vous avez même proposé des
amendements. Mais, avant d'aller dans les amendements, quand vous avez vu
l'idée de créer une agence... L'ARTM, si je peux dire, joue déjà un rôle au
niveau de la grande région de la CMM. Avez-vous des inquiétudes quand on
parle... je vais utiliser les mots «une certaine cannibalisation» par rapport
au rôle de chacun, chaque intervenant? On parle de gouvernance, on parle d'une
concertation locale, on parle d'une décentralisation. C'est quoi, les premiers
mots que vous avez en tête? Est-ce que le gouvernement est en train de
centraliser? Est-ce que le gouvernement est en train de ne pas écouter les
instances qui travaillent en concertation avec l'ensemble des villes, notamment
l'exemple parfait que vous venez de mentionner, les petites villes? Ça a été
quoi, votre première impression?
• (16 heures) •
Mme Sylvain (Ginette) : Je
peux y aller sur ma première impression... Je trouve que c'est une très bonne
chose de réunir l'expertise des gens qui savent faire des grands projets en
transport collectif, des projets complexes. Actuellement, ils sont répartis un
peu partout. Il y en a au ministère des Transports, il y en a à l'ARTM, il y en
a à la STM, il y en a un petit peu partout, puis il y en a probablement dans
les régions aussi. J'imagine, à Québec, il doit y en avoir. Alors, je pense que
de réunir... Elle est rare, cette expertise-là, et de les réunir ensemble au
sein d'une organisation, tout le monde peut y gagner, et de donner des moyens
aussi à cette agence-là, de flexibilité, de plus... de moins de... C'est
complexe, faire un grand projet, là. Quand j'étais au ministère des Transports,
j'étais responsable des grands projets et je peux vous dire que c'est long,
c'est compliqué. Et, si on peut faciliter la tâche dans l'agence en mettant des
moyens plus faciles, ce n'est qu'une bonne chose, qu'on puisse réunir les
expertises ensemble.
Je ne sais pas si tu veux...
M. Desjardins (Ludwig) : Oui,
peut-être au niveau de la perception, parce que Mme Sylvain est avec nous
depuis... depuis juillet. On avait beaucoup réfléchi, à l'ARTM, sur des
concepts, justement, de mode de gouvernance pour les projets et autres, là,
comme... comme les grands organismes qui en réalisent. Quand on regarde les
meilleurs modèles dans le monde, les modèles en Europe, où il y a des autorités
de transport, on a un rôle beaucoup plus large que la... les projets eux-mêmes.
On a un rôle en tarification, en planification, en promotion du transport
collectif. Et les modèles qu'on voit, les meilleurs, en général, en Europe,
c'est les modèles où justement il y a des sociétés externes consacrées aux
métiers de projet, aux métiers de réalisation et qui sont en synergie avec les
autorités. Donc, la plupart des grands projets qui sont réalisés présentement
en Europe fonctionnent sur un modèle comme ça. Il y a une autorité pour la
région et il y a une société mixte en France ou une société créée pour le bien
de réaliser un projet x...
16 h (version non révisée)
M. Desjardins (Ludwig) : ...qui
va s'intégrer, dans le fond, dans la planification de l'autorité, qui va
ensuite reprendre le système de transport, l'exploiter, faire des contrats
d'exploitation et financer son exploitation. Ce n'est pas un modèle qu'on a
perçu spontanément comme un dédoublement, là, au contraire, parce qu'on a des
exemples fréquents d'endroits où ça fonctionne très bien, là.
M. Derraji : Oui. Donc, selon
vous, que Mobilité Infra supervise des projets complexes? D'ailleurs, on va revenir
parce qu'il y a beaucoup de gens qui demandent à ce qu'on doit définir c'est
quoi un projet complexe. J'aimerais bien vous entendre aussi sur ça. Donc pour
vous, que Mobilité Infra centralise ce pouvoir avec l'expertise et je peux vous
assurer que Gatineau aussi, il y a de l'expertise. Je les ai rencontrés, me
parler de leur tramway aussi donc, vous avez raison de le mentionner. La
plupart des sociétés de transport cherchent l'expertise, qui est une denrée
rare, mais si je comprends entre les lignes pour vous, gestion de projet,
projet complexe, ce n'est pas grave que l' ARTM ne se mêle plus, mais c'est
plus Mobilité Infra, mais que vous serez impliqué dans la concertation,
planification en amont mais que vous n'ayez plus ce service, ça ne vous dérange
pas? En fait, Mobilité Infra s'en occupe.
M. Desjardins (Ludwig) : J'apporterais
des nuances et madame la ministre l'a mentionné tout à l'heure, le projet
structurant de l'Est. C'est un bon exemple de comment pourrait fonctionner une
synergie comme ça, parce qu'on a repris, en fait, un projet, on a déterminé un
mode, des tracés, on a généré un consensus avec les municipalités, avec les
partenaires assez majoritaires sur ce projet-là et éventuellement, ils arrivent
à maturité, il est acceptable pour la région, à un point où il peut passer en
réalisation avec un organisme dont c'est le métier de réaliser. Ce qui ne veut
pas dire qu'on disparaît parce qu'on doit être... éventuellement on va hériter
d'un mode comme ça, on va le contractualiser, on va financer son exploitation,
son maintien ou autre, selon la formule qui est retenue. Donc, on est, on se
voit davantage impliqués en amont pour fixer les paramètres de ces projets-là.
Ensuite, la nouvelle agence peut reprendre la réalisation, puis on est garant, en
fait, de la suite. Après, il y a une vie dans le projet, mais on va vivre avec
ce projet-là plusieurs décennies. Donc on... notre rôle est, en fait, est
différents à chacune des étapes. Mais ça... il ne s'agit pas pour nous d'un
transfert de compétences à l'agence. Au contraire, on exerce notre mission à
travers tout le cycle du projet et son exploitation par la suite, là.
M. Derraji : Vous voulez
ajouter quelque chose?
Mme Sylvain (Ginette) : Non,
ça va.
M. Derraji : Non, c'est bon.
Donc, pour vous, Le PSE prenons l'exemple, le PSE, le plan structurant de
l'Est, est un exemple concret que l'ARTM a joué son rôle, mais rendu à une
certaine étape, ce n'est plus vous. Il faut que ce soit quelqu'un d'autre et,
pour vous, c'est Mobilité, l'Agence de mobilité, Mobilité Infra.
M. Desjardins (Ludwig) : Il
est logique que ce soit un organisme dont c'est le métier de réaliser et de
construire ce qui n'était pas l'essence de notre... de notre existence et de
notre rôle à l'ARTM. Donc, on a une vocation de planification, tarification,
financement. On ne nous a pas créés pour dans l'optique de faire la
construction de projets majeurs, donc ce n'était pas l'objectif visé.
M. Derraji : Vous insistez
pas mal dans votre mémoire sur l'étape de la planification, la concertation.
Mais ce qui m'a le plus touché, c'est le financement. Pas besoin de refaire.
Vous avez vu comment on a terminé notre session par rapport au financement des
transports? Pas besoin de répéter les mots prononcés sur: Est-ce que c'est la
mission de l'État ou pas? Est-ce que les maires c'est des quêteux et tout,
tout, tout cela? Ça fait partie du débat public et j'en suis sûr et certain,
les maires et mairesses de la CMM, ils vous contactent, ils me contactent
aussi. Donc, juste carte sur table, c'est le nerf de la guerre, le financement.
Peu importe la... Peu importe ce qu'on veut faire par rapport à la future
agence, s'il n'y a pas d'argent, s'il n'y a pas des montants dédiés pour le
financement, est-ce qu'on n'est pas en train de perdre notre temps avec une
nouvelle structure?
Mme Sylvain (Ginette) : Non,
pas du tout. Actuellement, on est à regarder, optimiser les opérations et se
donner une vitesse de croisière aussi. Je pense qu'il faut faire du
développement puis il faut trouver le moyen... Il faut trouver les moyens
financiers pour le faire. On travaille avec les sociétés de transport, on
travaille avec une firme, avec le conseil d'administration de l'ARTM pour
trouver des pistes qui actuellement sont quand même assez intéressantes. Mais
il va falloir aller plus loin, là, les détailler, les préciser et... Mais on
n'a pas le choix d'optimiser. Puis il faut trouver aussi d'autres sources de
financement, les sources de financement c'est... On a plein d'infrastructures
comme le métro de Laval. On a deux endroits où on pourrait faire, pas nous, là,
mais....
M. Derraji : De la captation.
Mme Sylvain (Ginette) : Oui,
de la captation foncière...
M. Derraji : Vous avez...
Mme Sylvain (Ginette) : ...sur
la Rive-Sud aussi. On n'a pas les moyens actuellement. C'est sûr
qu'éventuellement ça pourrait être intéressant de trouver des sources de
financement comme telles qui font en sorte qu'on ne va pas toujours taxer les
municipalités ou... ou les autos, en tout cas, et ce qui fait qu'à ce moment-là
on va pouvoir faire du développement de transport collectif. Mais on est
vraiment dans un processus d'optimisation, actuellement, pour trouver des
sources de financement et pour améliorer.
M. Derraji : Oui. Mais juste
par rapport aux sources de financement, je ne sais pas si vous avez vu le
projet de loi que j'ai déposé la session dernière, sinon, on peut vous
l'envoyer, justement, par rapport à la captation, je ne sais pas si un de vos
collègues est au courant, mais pensez-vous qu'on doit au moins amender le
projet de loi? Parce que, si on ne règle pas la question de financement, encore
une fois, je pense que vous êtes en train de perdre votre temps, et l'ensemble
des citoyens de la grande région métropolitaine, qui, il faut le rappeler...
parlons de combien de personnes transportées par le métro de Montréal? Les
compressions que ces sociétés de transport vivent, Laval, Montréal, Longueuil,
c'est énorme. Donc, l'enjeu du financement, c'est maintenant, ce n'est pas c'est
pas dans trois, quatre mois, là. Pensez-vous que la solution de la captation
foncière est quelque chose qui... le gouvernement peut facilement mettre en
place pour vous aider?
Mme Sylvain (Ginette) : Bien,
je pense que c'est déjà prévu, je ne sais pas, on me disait que ça pourrait.
M. Desjardins (Ludwig) : En
fait, dans dans le mémoire, on s'est concentrés, dans le fond, sur le p.l. no
61 et la nouvelle agence à créer, mais c'est certain que les mesures de
captation de la... On a dans notre loi une mesure qui est les redevances de
développement, qui en est une, forme de captation de la valeur. Ce qui est
évoqué, c'est des développements conjoints, des développements de droit aérien
au-dessus des stations, et autres. A priori, on ne peut pas être contre ça
parce que ça génère... ça peut générer des revenus intéressants pour les
projets.
Si on ne l'a pas abordé spécifiquement,
ici, c'est qu'on s'est concentrés vraiment sur l'objet du projet de loi no 61,
mais c'est un... c'est quelque chose qui est pratiqué un peu partout dans le
monde et qui fait l'objet de...
Mme Sylvain (Ginette) : Ça
fait partie de nos demandes.
M. Derraji : Oui. Non, mais
c'est très clair, parce que, sinon, vous n'allez pas mettre le quatrième point,
le financement. Donc, vous avez quand même maximisé de gérer le nombre de pages
que vous avez, 15 pages. Il y a tout un bout sur le financement, ça veut dire
que c'est extrêmement important pour vous, mais c'est aussi mentionné par
l'ensemble, que ce soit villes, que vous représentez, petites municipalités,
mais aussi des sociétés de transport. Le drame vécu cette année, par plusieurs
villes, qu'elles étaient obligées d'augmenter et de faire voter des
augmentations, je ne pense pas que la population et les citoyens aimeraient
revoir ça chaque année, surtout avec l'absence d'un plan prévisible. C'est ce
que vous dites aujourd'hui. Vous voulez de la prévisibilité?
Une voix : Oui.
• (16 h 10) •
M. Derraji : S'il n'y avait
pas de prévisibilité, je ne pense pas que Mme... qui est responsable de la
planification stratégique, tarification et financement, on facilite sa tâche.
Le Président (M. St-Louis) : ...je
dois malheureusement...
M. Derraji : C'est terminé?
Merci à vous trois.
Le Président (M. St-Louis) : Oui.
Le temps dédié à ce bloc est malheureusement écoulé, donc nous allons
poursuivre les échanges pour un troisième bloc, d'une durée de 3min 45s. Je
cède la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition.
M. Grandmont : Oui. Merci, M.
le Président. Bonjour à vous trois. Merci beaucoup. Félicitations pour votre
nomination! On a peu de temps. J'ai quelques questions. Très intéressant, votre
mémoire. Je n'irai pas sur tout ce qui me semblait tout à fait pertinent, les
propositions d'amendements que vous apportez me semblent intéressantes, puis
même... pourraient même être élargies aussi à d'autres sociétés de transport,
éventuellement aussi. Il y a quelque chose là-dedans que je trouvais tout à
fait pertinent. Il faut respecter, il faut encourager puis valoriser
l'expertise de ces sociétés de transport là, puis aussi, je dirais, les
compétences qu'elles ont au niveau, notamment, de l'aménagement du territoire.
Transport et aménagement du territoire, on sait très bien que c'est fortement
lié.
J'aimerais vous amener sur un enjeu
particulier, là. Je vais référer, à la fin de ma question, à l'article 26.
Donc, l'ARTM a été créée en 2016. En 2017, on a lancé le... on a adopté la loi
qui constituait le projet de REM, en fait. J'aimerais que vous nous disiez
rapidement qu'est-ce que ça a eu, comme impacts, au niveau du financement dans
la région métropolitaine, l'arrivée du REM, qu'est-ce que c'est, l'impact?
Des voix : ...
Mme Slaoui (Houda) : Bien, le
REM, il a fallu l'ajouter dans le cadre financier, donc avec les moyens qu'on
connaît et qui ont été réduits à cause de la pandémie. Donc, on a perdu
beaucoup de revenus. Donc, il a un impact financier considérable sur
l'exploitation. On parle, à l'ouverture complète du REM, d'un 500
millions de dollars par année. C'est certain que le gouvernement finance
85 % de ces coûts d'exploitation là, mais voilà, il faut... il faut
trouver des sources supplémentaires. C'est pour ça qu'on demande également...
Mme Slaoui (Houda) : ...mémoire
de faire partie des discussions lorsque le modèle d'exploitation sera défini
par le gouvernement ou par l'agence.
M. Grandmont : Oui, c'est ça,
parce que le REM est arrivé, a été imposé à la région métropolitaine, dans le
fond, puis ça a amené un certain débalancement. Là, dans l'article 26, ce qu'on
dit, c'est que, bon, s'il s'agit d'une route, parce que le MIQ, l'agence pourra
éventuellement faire des routes, mais si c'est du transport collectif, dans le
fond, l'opération de ce système de transport collectif là reviendra à
l'autorité en place. Sauf que, malgré tout ça, «le gouvernement peut déterminer
qu'un... construit ou reconstruit est la propriété du gouvernement ou de toute
autre personne qu'il détermine». Donc, on pourrait avoir potentiellement
d'autres REM de ce monde qui pourraient être gérés par une Caisse de dépôt et
placement ou un opérateur privé, et donc être imposés, finalement, à une
autorité qui actuellement gère sur... Est-ce que vous voyez un risque
potentiel? Est-ce que vous voyez une possibilité qu'on revive des épisodes,
comme on a vécu avec le REM, qui sont difficiles?
Mme Sylvain (Ginette) : ...
c'est qu'on travaille en collaboration et qu'on trouve des moyens ensemble pour
assurer le financement des nouvelles infrastructures.
M. Grandmont : D'accord. Mais
est-ce que, dans le fond, on devrait enlever ce bout de l'article, cet alinéa
de l'article 26, pour s'assurer que, dans le fond, l'opérateur, ça ne devrait pas
être la société de transport ou l'ARTM ou la... C'est l'autorité qui est en
place actuellement, qui devrait être gestionnaire du projet de transport
collectif qui est livré par l'agence.
Mme Sylvain (Ginette) : ...je
pense, la porte... Tu sais, dans le fond, un projet de loi, ça vit longtemps,
et de laisser une porte ouverte, on ne la souhaite pas que ce soit n'importe
qui, qui intervienne, mais de laisser une porte ouverte, je pense que ça peut
être intéressant aussi. On pourrait avoir des partenariats public-privé, on
pourrait avoir d'autres modalités aussi. Alors, de laisser cette porte-à, je ne
vois pas que ça pourrait être contraignant. C'est sûr qu'on souhaite un mode
collaboratif puis qu'on veut être impliqué dans les décisions, mais il faut peut-être
voir un petit peu plus loin et avoir des opportunités.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie. Malheureusement, ceci met fin à ce bloc d'échange. Donc, un
grand merci pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 18)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. J'aimerais souhaiter la bienvenue aux
représentants de l'Association du transport urbain du Québec. Avant de débuter
votre exposé, pour lequel vous disposez de 10 minutes, je vous demanderais
de vous présenter, nom et titre, pour le bénéfice des membres de la commission
et des gens qui nous écoutent. La parole est à vous.
Mme Lafond (Véronique) : Merci
beaucoup. Donc, M. le Président, Mme la ministre, Mmes, MM. les députés,
bonjour. Merci de nous accueillir aujourd'hui. Très apprécié. Mon nom est
Véronique Lafond, je suis directrice générale adjointe à l'ATUQ, l'Association
du transport urbain du Québec. Je suis accompagnée de ma collègue Valérie
Leclerc, qui est directrice des affaires gouvernementales et institutionnelles.
Notre association est composée de 10 membres, donc les neuf sociétés de
transport en commun et EXO. Notre... nos activités s'articulent autour de trois
axes. Donc, d'abord, la concertation de nos membres dans divers dossiers
d'intérêt commun et les activités de représentation à titre d'expert.
Deuxièmement, l'identification et l'échange des meilleures pratiques entre nos
membres et la mise en place de projets communs grâce à la collaboration dans
divers comités sectoriels; plus d'une vingtaine de comités sectoriels. Et
finalement, l'activité qui nous occupe le plus, la coordination des achats
regroupés de véhicules et de pièces pour les sociétés de transport et EXO. On
effectue également la gestion contractuelle de ces contrats d'acquisition de
bus durant toute la durée de vie des véhicules, donc 16 ans, et on fait
effectivement, également, dans ce cadre-là, une veille technologique pour
assurer l'amélioration de la performance des véhicules au profit de nos
membres.
Mme Leclerc (Valérie) : Merci,
Véronique. Bonjour à tous. Bonjour, M. le Président, Mme la ministre et les
membres de la commission. Alors, on le sait tous, le transport en commun a une
valeur inestimable pour le développement durable du Québec, donc tant au niveau
environnemental, social, qu'économique. Le défi est vraiment de le développer à
la hauteur de son potentiel. Et on veut tous, comme disait tantôt aussi Mme la
ministre, que les projets se développent dans les meilleurs délais et au
meilleur coût. C'est pourquoi on a accueilli favorablement le projet de loi
n° 61 et on est contentes d'être là aujourd'hui, au nom de nos membres,
pour vous faire des recommandations pour en améliorer sa mise en œuvre.
• (16 h 20) •
Donc, nos demandes sont bien détaillées
dans notre mémoire, et, aujourd'hui, on veut attirer votre attention sur trois
principales demandes. Donc, au niveau de la valorisation immobilière, nous
demandons à ce que soient donnés aux sociétés de transport les moyens de
favoriser la valorisation immobilière des sites de transport collectif et
prévoir que la contrepartie financière réalisée puisse profiter au financement,
à l'entretien, à l'exploitation ou à la bonification de l'offre de services.
Nous avons également des propositions sur les articles déterminants de la
mission de MIQ, ces champs d'intervention, ces responsabilités. Selon nous,
certains articles au cœur de la création de MIQ sont trop larges et imprécis et
semblent aller au-delà du réel mandat que le gouvernement souhaite lui
octroyer. Et finalement nous demandons à ce que nos membres soient impliqués
dans la planification et la conception des projets complexes de transport,
incluant la définition des besoins.
Donc, si je commence par la valorisation
immobilière, les sociétés de transport souhaitent avoir la possibilité de
s'unir à un tiers privé, par exemple un promoteur immobilier, dans le cadre de
travaux de construction d'une infrastructure de transport collectif ou pour des
travaux d'un développement immobilier adjacent ou intégré à l'infrastructure de
transport. Donc, concrètement, ça pourrait, par exemple, se traduire par une
association entre une société de transport qui fait des travaux de construction
d'un terminus et un promoteur immobilier qui souhaite développer une offre de
logements locatifs adjacents à ce terminus.
Quand il y a des développements de projets
de transport collectif, les sociétés se retrouvent souvent avec des terrains
excédentaires ou des droits... aériens, pardon, au-dessus des infrastructures
de transport. Présentement, les sociétés n'ont qu'un seul choix : vendre
des terrains, ce qui génère un gain en capital, mais elles ne trouvent pas
toujours preneur. Donc, si elles avaient le droit de faire de la valorisation
immobilière, elles pourraient s'associer à un promoteur immobilier dans un
projet où elles fourniraient le terrain excédentaire pour que le promoteur
immobilier, par exemple, effectue un projet...
Mme Leclerc (Valérie) : ...les
risques, selon nous, sont limités parce que l'ensemble des responsabilités de
financement et de gestion du projet, incluant les risques de dépassements de
coûts, seraient à la charge du partenaire privé. En contrepartie de son apport
de terrain, les sociétés auraient droit à un pourcentage des revenus récurrent
de location advenant un gain en capital beaucoup plus significatif qu'avant le
développement immobilier. Donc, ça aurait plus de valeur.
Les revenus permettraient aussi de
financer le coût de développement du projet de transport collectif, mais aussi
une partie des frais d'exploitation, d'entretien et de maintien des actifs qui
sont déjà des enjeux très importants présentement pour les sociétés de
transport. Donc, ça serait vraiment du financement innovant pour nous.
Donc, en plus de ces avantages financiers
directs pour les sociétés de transport, ce modèle-là permettrait également
d'augmenter l'offre de logements au Québec, qui est déjà un enjeu présentement.
Et les gens qui habiteraient aux abords des infrastructures de transport en
commun seraient évidemment une clientèle superintéressante pour les sociétés de
transport.
Il y a plusieurs sociétés de transport en
commun dans le monde qui le font depuis longtemps et avec succès. Donc, on
parle par exemple à RATP, à Paris, à Toronto, Metro Links, Washington, Los
Angeles, Hong Kong, Londres. Bref, il y a plusieurs exemples. Donc, c'était la
première demande que nous avions.
Deuxième recommandation, c'est sur les
articles au cœur de la création de MIQ. Donc, selon nous, ils sont larges et
imprécis et semblent aller au-delà du réel mandat que le gouvernement souhaite
octroyer à MIQ. Cette situation entraîne un risque de duplication ou de conflit
des compétences entre les expertises présentes dans les sociétés de transport
et celles que MIQ souhaite mettre en place. Par exemple, tel que rédigé dans le
projet de loi... en fait, tel que rédigé, le projet de loi pourrait permettre à
MIQ d'intervenir dans des projets opérationnels au cœur des activités des
sociétés de transport. On parle ici de l'agrandissement ou la construction de
garages, de maintien d'actifs, de développement ou d'amélioration de systèmes
de transport intelligents comme la gestion des parcs ou de la billettique.
Donc, le projet de loi contient également des articles suffisamment larges pour
penser que MIQ pourrait être impliqué dans la planification régulière des
services. Or, les sociétés de transport sont les mieux placées pour assumer la
responsabilité et elles en ont toutes déjà l'expertise nécessaire. Le rôle de
MIQ devrait être précisé en indiquant qu'il se situe au niveau de la
réalisation des projets structurants de transport sur la voie publique.
Finalement, notre dernière proposition
serait de prévoir une obligation d'association entre l'exploitant du projet et
MIQ. L'exploitant doit être impliqué dans les décisions sur les choix faits
durant la planification et la réalisation du projet qui auront un impact sur
les responsabilités qui lui seront dévolues à la fin du projet, comme des choix
impactant les coûts et l'entretien et... les coûts, pardon, d'entretien et de
l'exploitation. Une coordination étroite permettra aussi d'harmoniser les
efforts et éviter un transfert difficile, long et coûteux du projet à
l'exploitant. De plus, l'exploitation des projets réalisés par MIQ devrait
automatiquement être effectuée par les sociétés de transport qui oeuvrent sur
le territoire où est réalisé le projet, sauf si la société de transport estime
ne pas être en mesure de faire l'exploitation. Ça permettrait non seulement de
profiter de leur expertise, mais également d'éviter le dédoublement des
structures et les coûts associés à la multiplication des exploitants. Le projet
de loi doit aussi prévoir que les articles doivent avoir une entente... les
parties, pardon, doivent avoir une entente négociée sur la façon dont seront
financés les coûts d'entretien et d'exploitation du projet, le cas échéant, sur
la contribution financière des sociétés et des municipalités au développement
du projet. Ce serait dommage, finalement, que l'on développe des projets qu'on
n'aurait pas collectivement les moyens d'exploiter. Merci pour votre écoute.
C'étaient nos trois recommandations principales.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
je vous remercie beaucoup pour votre exposé. Avant de débuter la période
d'échange, comme nous accusons un certain retard sur le temps prévu pour les
travaux de la commission, je vais avoir besoin du consentement des membres de
la commission pour modifier le temps de parole. À la suggestion de Mme la
ministre, le temps de retard serait imputé à la banquette gouvernementale.
Donc, est-ce que j'ai consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Donc, nous allons débuter la période d'échange. Mme la ministre, la parole est
à vous. Vous disposez de 13 min 30 s
Mme Guilbault :Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Merci, mesdames,
d'être avec nous. Encore un partenaire avec qui on a l'habitude de travailler.
Je dois dire, depuis ce matin...
Mme Guilbault :...c'est des gens avec qui on a l'habitude, justement, de
travailler puis d'échanger, c'est normal, depuis deux ans, et je trouve ça très
intéressant que, non seulement, vous ayez pris la peine de faire un mémoire
mais, en plus, de venir nous le présenter en personne. L'ATUQ est peut-être une
association un peu moins connue du grand public, c'est peut-être plus dans le
milieu des initiés, en tout cas, moi avant d'être ministre des Transports, bien
franchement, je ne vous connaissais pas. Maintenant, je vous connais bien parce
qu'on fait beaucoup de choses ensemble, mais, bref, je trouve ça intéressant
parce que l'ensemble de mes collègues ont l'occasion de découvrir tout le
travail que vous faites.
Une des choses importantes qu'on a faites
ensemble, c'est toute la question de l'approvisionnement pour les autobus
électriques. Et là je ne pense pas qu'en 13 minutes... je ne pense pas que je
vais aller sur l'électrification, parce que ce n'est pas le propos direct du
projet de loi. Remarquez que j'aurais aimé... puis, si on a le temps,
peut-être, j'aimerais vous entendre sur l'électrification, qui est un projet
qui nous est cher, mais qui, en même temps, comporte beaucoup de défis. Vous le
savez, vos sociétés de transport vous le disent.
Mais allons dans le vif du sujet, pour
l'instant, vous l'avez dit, puis on l'a tous dit, là, on veut tous des projets,
le plus de projets possibles, mais, dans la réalité budgétaire qu'on connaît
les projets les moins chers possibles, réalisés le plus rapidement possible.
Puis, souvent, si tu es capable d'aller plus vite, ça va, naturellement, coûter
moins cher. Donc, tout ça est lié.
Est-ce que... puis je comprends que vous
voyez d'un bon œil l'agence, avec toutes les... avec toutes les suggestions que
vous faites, mais est-ce qu'en ce moment vous avez l'impression que le fait
d'avoir un éparpillement des ressources, parce que vous dites qu'il y a déjà
des ressources compétentes, des ressources capables de faire des projets dans
les différentes sociétés de transport, puis c'est vrai, sans doute qu'il y en
a, en tout cas, il y en a, au minimum, à la STM qui sont en train de faire le
prolongement de la ligne bleue... mais est-ce que... est-ce que, pour vous,
c'est une évidence comme ça peut l'être, en tout cas, pour moi... puis l'ARTM,
qui vous a précédé, ça semblait l'être pour la présidente du C.A. aussi, que le
fait de centraliser des ressources qui, somme toute, ne sont pas si nombreuses
que ça pour un territoire comme le Québec, d'avoir une équipe, vraiment, qui ne
soit pas gigantesque, une équipe agile, une équipe souple, une équipe experte,
capable de travailler éventuellement sur plus d'un projet à la fois, tu sais...
un même ingénieur va pouvoir travailler sur un, ou deux, ou trois projets à la
fois, plutôt que d'avoir des bureaux de projets un peu partout qui coûtent une
fortune, des syndicats, là-dedans, donc, c'est compliqué, ça coûte cher, c'est
lourd et, en plus, c'est nous qui devons payer sans avoir de contrôle direct
sur le projet... mais il y a toutes ces personnes là qui sont très bonnes pour
faire les projets.
Donc, est-ce que, pour vous, c'est une
évidence que d'avoir cette équipe-là, centralisée, où on met tout ce bon monde
là ensemble, capable de faire plus qu'un projet en même temps, c'est non
seulement un gain d'argent, mais d'efficacité, puis un gain de gros bon sens,
même, je dirais?
• (16 h 30) •
Mme Lafond (Véronique) : L'ATUQ
est vraiment la représentation que la mutualisation des forces des sociétés de
transport, ça fonctionne. On le fait beaucoup dans différents... dans
différents départements, on échange les meilleures pratiques, puis ça, c'est
vraiment porteur pour l'ensemble des sociétés de transport, donc, d'avoir la
possibilité d'avoir accès à une ressource qui est dans une autre société de
transport, d'échanger sur les meilleures pratiques, puis, après ça, de les
ramener dans leur société, ça fonctionne puis c'est un plus.
Et c'est un peu ce qu'on voit, là, de
Mobilité Intra Québec, la possibilité d'avoir des ressources concentrées puis
d'avoir la mutualisation des forces à un même endroit. C'est sûr que, comme
vous dites, là, il y a de l'expertise dans les sociétés de transport. Leur
mission première, c'est de livrer le service. Elles ont toutes une expertise
pour y arriver. Elles se sont dotées de l'expertise nécessaire pour mener à
bien des projets quand c'est nécessaire. Là, comme la STM, vous disiez,
évidemment... ont toutes une expertise qui est là, mais, ailleurs, ils doivent
se doter de cette expertise-là quand les grands projets arrivent. Je pense au
RTC, il y a peut-être STO, éventuellement, qui a un projet de tramway qui
pourrait venir à Gatineau. Donc, ils vont devoir se doter de ces forces-là. Ça
fait que, là, effectivement, il y a une multiplication qui vient là, et
l'expertise très, très fine, elle est... elle est limitée et elle est rare.
Et donc de la centraliser, on le voit effectivement
d'un bon oeil. Et on voit que c'est porteur, déjà, quand on le fait au sein de
l'ATUQ, là, sur la mutualisation... qui ne sont pas sur des projets
structurants, mais, sur d'autres activités, on voit que c'est porteur puis
effectivement que ça apporte des bienfaits à l'ensemble des sociétés de
transport.
Mme Guilbault :Bien, exactement, la mutualisation, j'aime bien votre
terme, c'est précisément ça qu'on vise. Puis vous donnez l'exemple de
l'Outaouais, j'ai donné l'exemple de Montréal, il y a évidemment le bureau de
projet à Québec. Donc, on a des équipes avec... qui sont dans des structures,
des conditions de travail différentes d'une place à l'autre, qui n'ont pas la
possibilité de travailler sur un projet, tu sais. Les gens qui sont à Gatineau
travaillent à Gatineau, les gens qui sont à Québec travaillent à Québec.
Donc, pour moi, il y a vraiment un gain
pour le citoyen d'avoir une personne qui va être dans une instance nationale et
qui va pouvoir offrir son expertise à plusieurs projets, puis à plusieurs
villes, puis à plusieurs régions en même temps. Donc, ça, c'est... on semble
s'entendre là-dessus.
Vous aviez...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :...recommandation, je pense, la numéro 8 sur les ententes, c'est
ça. Parce que ça, ça revient beaucoup, toute la question des ententes, puis la
collaboration, puis s'assurer que les gens concernés par le projet vont être
partie prenante puis vont faire partie des décisions quant aux modalités tant
du financement que de la réalisation du projet. Puis je voulais le dire ce
matin pour rassurer, entre autres, l'UMQ, pour nous, c'est une évidence. C'est
sûr que tu sais, puis je sais pas qui me disait : On veut être sûrs qu'on
ne se fait pas imposer des projets. Mais j'ai dit l'argent est tellement rare
qu'avant qu'on en arrive au stade d'imposer un projet sur un territoire, on va
faire le projet chez ceux qui en veulent. Puis déjà là, l'argent, tu sais, c'est
ça. Ça fait que je ne pense pas qu'on va se rendre à imposer un projet un jour
sur un territoire, mais c'est normal de nommer cette préoccupation-là de la
collaboration, d'autant plus qu'on crée quelque chose de nouveau. C'est pour ça
qu'on a l'article qui vient dire qu'on va fonctionner par ententes, hein, avec
les municipalités et les sociétés. Bien, en fait, je ne veux pas, vu qu'on est
au micro, là, je veux être sûre de bien... il y a l'ARTM, il y a le réseau de
transport métropolitain. Donc, on vient nommer finalement les différentes
parties prenantes qui pourraient vraisemblablement faire partie de cette
entente-là. Là, je ne le trouve pas, mais en tout cas, il est un petit peu plus
loin. Donc... Alors, est-ce que est-ce que pour vous, c'est... Ah, c'est ça, on
l'a ici... Donc, on a le 12.21.11, puis on a le 12.21.12 à l'article 74 qui
prévoit les ententes de financement et de futures exploitations. Donc, est-ce
que ça, ça vous rassure ou est ce que pour vous c'est... c'est inadéquat ou qu'est-
ce que vous en pensez de cet article-là?
Mme Lafond (Véronique) : Oui,
en fait, notre recommandation, c'est d'aller un petit peu plus loin que ce qui
est proposé, là. Présentement, ce qu'on entend, c'est... c'est une discussion,
une collaboration, mais on souhaite vraiment une concertation, on souhaite
vraiment un partenariat. Et la crainte est moindre dans se faire imposer un
projet. Puis je suis d'accord avec vous et ça ne devrait pas arriver, mais plus
dans le développement des projets qui seront pensés de s'assurer que l'expertise
des sociétés de transport qui reste dans plusieurs des cas, puis c'est ce qu'on
souhaite, là, qui vient de l'exploitant de ce projet-là, puissent apporter leur
expertise puis s'assurer que ce projet-là va bien vivre dans le temps. Parce
que le développement, c'est une chose, ça dure quelques années, mais l'exploitation,
évidemment, c'est des dizaines et des dizaines d'années. Donc, notre concept,
notre préoccupation est plus sur le... sur justement aller un petit peu plus
loin que la collaboration, que sur la discussion entendue d'entendre, d'avoir
de façon précise une obligation de concertation, d'implication des sociétés de
transport dans le cadre du développement du projet. Donc, c'est plus... c'est
plus à ce niveau-là que notre recommandation se situe, en fait.
Mme Guilbault :Puis vous avez... Il me reste combien de temps... 5 secondes?
Ah! Cinq minutes. O.K., bien, parfait. Effectivement, mais dans les modalités
financières, parce qu'il y avait ce souci-là qui a été évoqué par l'UMQ, puis
plus tard, la FQM va venir, peut-être qu'ils vont... Je ne veux rien présumer,
mais possiblement qu'ils vont avoir des préoccupations qui vont dans le même
sens sur la contribution financière des municipalités. C'est sûr que, là, vous,
vos membres, c'est les sociétés de transport, mais quand même, les budgets, tu
sais, il y a une partie, en grande partie viennent des municipalités. Donc, tu
sais, le mariage entre la société de transport et la municipalité est évident.
Donc, est-ce que pour vous, c'est normal que le gouvernement envisage une
contribution systématique des municipalités qui, ultimement, va être modulée,
tu sais, selon la réalité des choses, là? De toute façon, Mobilité Infra Québec
va s'occuper de projets de transports collectifs complexes. On parlait tout à l'heure,
là, de complexes. Alors, tu sais, c'est sûr que ça va se faire dans des villes
où la taille de la population fait en sorte qu'une contribution municipale est
raisonnable ou envisageable. Donc, pour vous, est-ce que c'est normal, voire
souhaitable, tu sais, dans la mesure où les fonds publics sont rares, puis
ultimement, c'est le même argent, là, les citoyens paient des taxes à tous les
niveaux de gouvernement, des impôts plutôt, et des taxes, bien, aux deux
niveaux, du moins fédéral, provincial. Tout ça pour dire que : Est-ce que
pour vous, c'est normal et c'est raisonnable la façon dont on a prévu la chose.
Mme Lafond (Véronique) : Bien,
en fait, nous, ce qu'on constatait, c'est que la contribution financière au
niveau du développement des projets structurants, des projets d'envergure, ça,
ce sera quelque chose qui sera nouveau. Donc, c'est quelque chose qu'on ne
voyait pas dans le passé, évidemment, pour les sociétés de transport, c'est ça
aussi, ce sont des vases communicants, le développement, le financement du
développement et le financement de l'exploitation. Donc, c'est sûr que plus il
y a des sommes qui sont, qui doivent être investies dans le développement du
projet, comme le propose le projet de loi, bien, il y a... on a une
préoccupation à savoir : Est-ce que les femmes seront suffisantes après ça
pour financer l'exploitation, parce qu'on sait que, pour l'exploitation, les
municipalités sont déjà impliquées, en fait. Donc, il y a cette
préoccupation-là de dire que les sommes sont... ce sont des vases communicants.
Si on contribue plus à un, on va moins contribuer, on risque peut-être d'avoir
moins d'argent pour contribuer dans l'autre. Puis, puis nous, notre réflexion,
là, c'est... ce n'est pas le sujet...
Mme Lafond (Véronique) : ...de
notre mémoire. Mais il faut... on pense qu'il faut éventuellement aller
au-delà, puis trouver des... de nouvelles sources de financement. On en propose
une dans notre mémoire qui est la valorisation immobilière, qui est une source
de financement innovante. Mais on pense qu'il doit y avoir cette réflexion-là,
au Québec, sur retrouver des nouvelles sources de financement pour autant le
développement des projets que l'exploitation puis le maintien des actifs.
Mme Guilbault :Étant... étant entendu évidemment que toute forme de
développement dans un... dans le cadre d'un projet de transport collectif,
l'argent servirait à financer le projet.
Mme Lafond (Véronique) : Je
ne suis pas sûre de comprendre la question.
Mme Guilbault :Bien, c'est que, si on va dans le sens de plus de
développement, par exemple, si on prend le projet de la ligne bleue, là, on
est...
Mme Lafond (Véronique) : ...
Mme Guilbault :...on est beaucoup en discussion avec le bureau de projet
de la ligne bleue puis tout ce qu'on pourrait faire pour maximiser les
retombées, disons, qui sont possibles le long des nouvelles stations. Cet
argent-là qui pourrait être fait des redevances ou autres, l'argent qui
pourrait découler de ça serait réinvesti dans le projet, dans le transport
collectif.
Mme Lafond (Véronique) : Bien,
en fait, nous, notre vision, là, c'est... Tu sais, les sommes qui vont venir de
la valorisation immobilière ne permettront pas de régler l'ensemble des
problèmes, mais c'est un premier pas.
Mme Guilbault :Non.
Mme Lafond (Véronique) : Donc
effectivement d'abord pour financer le projet, mais par la suite, ces revenus
récurrents là pourraient servir pour de l'exploitation... des frais... des
frais de maintien d'actif. Donc, notre recommandation, c'est d'aller, s'il y a
des sommes excédentaires au financement du projet, pouvoir les utiliser à
d'autres fins, là, donc au-delà du financement du projet lui-même.
Mme Guilbault :Parfait. Sur... parce que... le... j'ai dit tout... Aïe! il
me reste juste deux minutes, non, je n'aurai pas le temps de parler de ça. O.K.
Bien, peut-être juste sur le financement du transport collectif, parce que je
voulais parler de l'électrification, mais je n'aurai pas le temps. Le
financement du transport collectif, parce que c'est souvent nommé. Probablement
que mes mes collègues vont vouloir vous faire parler de ça ou non, là, mais
c'est revenu depuis ce matin, puis c'est normal d'en parler aussi parce que,
veut veut pas, c'est connexe. On a beaucoup travaillé ensemble avec vos
10 membres et, comme vous savez, on a beaucoup, beaucoup, beaucoup
progressé. Même que les choses avancent énormément. Est-ce que vous convenez...
et je ne veux pas vous placer dans une situation délicate, mais est-ce que vous
convenez avec nous que le soutien seulement... Prenons juste le soutien de
l'exploitation, là, même pas les investissements en immobilisations, n'a jamais
été aussi élevé de la part du gouvernement qu'en ce moment.
Mme Lafond (Véronique) : Je
ne suis pas en mesure de...
Mme Guilbault :Dans les dernières années, les cinq dernières années.
Mme Lafond (Véronique) : Oui.
Je ne suis pas en mesure, en termes de quantification, là, de répondre à cette
question-là, ni... ni positivement ni négativement, là, je n'ai pas ce
chiffre-là et je n'ai pas cette cette information-là. C'est sûr qu'on est au
fait, là, que nos membres travaillent avec le gouvernement justement pour le
financement de 2025, mais également pour un financement pluriannuel.
Mme Guilbault :...
Mme Lafond (Véronique) : Donc
ça, c'est une demande que les sociétés de transport avaient, et on sait que
c'est en cours. Mais est-ce que le gouvernement va financer plus, là, au niveau
de l'exploitation? Je n'ai pas... je n'ai pas de chiffre à ce stade-ci, là, où
je pourrais répondre à cette question-là.
• (16 h 40) •
Mme Guilbault :Parfait. Pas de problème. Bien, effectivement, les choses
avancent bien. On avait pris l'engagement d'enfin régler ce financement-là sur
un horizon d'ici 2027-2028 pour assurer la prévisibilité puis éviter à chaque
année de retomber dans le même psychodrame des... des fermetures de budgets de
fin d'année. Alors, ça avance bien, puis je vous remercie à cet égard parce que
vous êtes un partenaire... de... prioritaire autour de cette table. Donc,
là-dessus, je vais vous remercier. C'est probablement terminé. Merci beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup. C'est en effet... c'est en effet terminé, donc on va procéder au
second bloc d'échange. Je cède la parole au porte-parole de l'opposition
officielle. M. le député, vous disposez de 9 min 54 s.
M. Derraji : Oui, merci.
Bonjour à vous deux. Merci pour le mémoire, merci pour votre présence. Et je
tiens aussi à saluer votre présence dans le débat public sur les enjeux de
mobilité et transports. On vous lit beaucoup, on vous suit beaucoup, vos
commentaires sont très bien suivis, surtout, surtout, la ministre a raison de
parler de l'électrification des transports. Si j'ai le temps aujourd'hui, je
vais juste utiliser mon temps à parler de transport parce que vous étiez pas
mal... vous avez fait pas mal de... de... je dirais, d'interventions dans ce
sens.
Je vais aller au vif du sujet pour parler
de l'agence... de l'agence la Mobilité Infra Québec et je peux vous dire que
moi, je partage à 100 % votre point sur la valorisation immobilière issue
du transport collectif. J'imagine que vous avez déjà vu ce projet de loi,
projet de loi, il se nomme 791, Loi permettant à des organismes publics de
transport en commun de développer des projets immobiliers aux abords ou
au-dessus de leurs infrastructures de transport en commun. Est-ce que vous avez
eu le temps de le lire?
Mme Lafond (Véronique) : ...
M. Derraji : Oui. Qu'est-ce
que vous en pensez? Vous en...
M. Derraji : ...vous avez le
droit de dire qu'on ne l'aime pas, hein?
Mme Lafond (Véronique) : Non,
en fait, bien, c'est une demande qui est portée par... par nos membres depuis
un petit bout de temps, là, même avant le dépôt de votre projet de loi, ça
avait été présenté par la STM dans le cadre du projet de loi sur
l'expropriation, si je ne me trompe. Donc, effectivement, quand on a pris
connaissance du projet de loi que vous avez déposé, c'est en ligne avec les
demandes que nos membres font et c'est en ligne avec la demande qu'on refait
aujourd'hui au niveau de la valorisation immobilière. Donc, c'est vraiment la
possibilité de s'associer avec un tiers privé pour faire du développement
immobilier et avoir la possibilité d'avoir accès à des revenus récurrents de
location et avoir accès, si le projet immobilier à une vente dans plusieurs
années, d'avoir un gain en capital qui serait plus significatif. Donc, c'est
d'aller augmenter la part de revenus, là, aux niveaux qui sont accessibles au
niveau des sociétés de transport.
M. Derraji : Vous l'avez très
bien mentionné que ça existe déjà. On n'est pas... on n'est pas les seuls à
penser à cela, effectivement. Je vais donner le crédit à l'ensemble des sociétés
de transport, lors de ma tournée, tous, tous unanimes. Avant la crise du
financement, tout le monde parlait : Donnez-nous les leviers. Ça existe
aux États-Unis, en France, même chez nous, au Canada, Vancouver, il y a des
projets de captation, de développement. Vous l'avez très bien dit, ça ne règle
pas et ça ne réglera pas tous les enjeux de financement, mais au moins une
bonne partie parce que c'est du récurrent. Est-ce que j'ai raison de le
mentionner comme ça?
Mme Lafond (Véronique) : Tout
à fait. Tout à fait. C'est ce qui est recherché. En fait, présentement, les
sociétés, comme ma collègue l'expliquait dans son intervention, les sociétés
ont souvent des terrains excédentaires. Donc, ce n'est pas des... ce n'est pas
des sommes d'argent, on ne demande pas que la société puisse investir des
sommes d'argent dans un développement immobilier, ce sont des terrains qui
lui... qu'elle a déjà, qu'elle possède déjà, des terrains excédentaires, des
droits aériens qu'elle pourrait utiliser, là, pour... pour avoir un
développement conjoint avec un promoteur et, à ce moment-là, effectivement,
bénéficier de revenus récurrents de location, là.
M. Derraji : Oui. Et ce que
vous dites, c'est... c'est parce que c'est la première fois que je le vois, je
n'ai pas vu les autres groupes le parler, c'est que vous voici, c'est votre
première recommandation, porte sur l'insertion de l'article 4.1 à la Loi
sur les sociétés de transport en commun, c'est après LSTC, proposé par le
p.l. 61, cet article prévoit qu'accessoirement un projet d'infrastructures
de transport en commun et afin de favoriser la mise en valeur des espaces à
proximité. Au fait, c'est... pour vous, c'est... c'est très important que ce
projet de loi qu'on ouvre maintenant, plutôt le projet de loi n° 61 qui
ouvre d'autres lois, notamment la Loi sur les sociétés de transport en commun,
ne rate pas la cible d'ajouter et d'amender pour permettre aux sociétés de
transport de pouvoir jouir de l'espace qu'ils ont à leur disposition.
Mme Lafond (Véronique) : Mais
notre compréhension, c'est que l'article 4.1, c'était... c'est un premier
pas pour donner des pouvoirs additionnels aux sociétés. Donc, on le lisait
comme une certaine ouverture à... au discours qu'avaient les sociétés sur aller
chercher des sources de revenus additionnels, et donc on voyait une certaine
ouverture, mais ça ne va pas assez loin pour rencontrer l'objectif qu'on
recherchait. Donc, on trouve que le projet de loi, considérant, là, qu'il y a
déjà cette ouverture là, c'est un bon véhicule pour aller plus loin puis
permettre ces pouvoirs-là aux sociétés de transport.
Et je veux ajouter que le mémoire de
l'ATUQ, là, c'est vraiment... tu sais, il y a d'autres sociétés de transport
qui vont venir en commission, présenter leur... leur point particulier, mais
c'est une recommandation qui est faite par l'ensemble de nos membres, là. Donc,
toutes les sociétés de transport membres de l'ATUQ étaient d'accord, ils
trouvaient que c'était un objectif important.
M. Derraji : Mais vous,
précisez parce que c'est très important. Donc, vous, c'est une ouverture, mais
ce n'est pas assez. Je l'ai lu, hein, mais vous avez le droit de l'expliquer.
Vous voulez, en tant que législateur, vous voulez qu'on aille jusqu'à quel
point? Parce que là il y a une ouverture, mais vous voulez qu'on aille jusqu'à
quel point?
Mme Lafond (Véronique) : On
veut que les sociétés de transport aient la possibilité de s'associer avec un
promoteur immobilier, un tiers privé. Donc, présentement, les sociétés peuvent
s'associer avec, par exemple, une ville pour faire des travaux, mais ils ne
peuvent pas le faire avec un tiers privé. Donc, on voudrait que ça, ça soit
ajouté dans la loi. Il y a certaines balises, là, qu'on propose pour s'assurer
que le projet soit prudent, en fait. Donc, tu sais, donc, par exemple, de
prévoir justement que tous les risques financiers sur les dépassements de coûts
soient pris en charge par le tiers privé, que le seul apport de la société de
transport pourrait être un terrain qu'elle possède déjà, qui est un terrain
excédentaire. Donc, il y a une possibilité d'encadrer ce projet-là, mais, à la
base, il faut minimalement donner aux sociétés le pouvoir de s'associer avec un
tiers privé pour faire du développement immobilier.
M. Derraji : Oui. Je ne sais
pas, dans le cadre de vos échanges avec la société, je vais poser la même
question aux autres sociétés de transport, ça représente quoi sur le budget
d'une société de transport? On peut enlever la STM de l'équation parce que
c'est une grosse société de transport, mais les petites sociétés de transport
qui vont avoir ce genre de captation, est ce que ça va représenter quelque
chose qui est quand même non négligeable?
Mme Lafond (Véronique) : Ça
dépend. Chaque projet va être différent parce que ça va dépendre de l'ampleur
du projet, ça va dépendre du coût du terrain qui est mis dans le projet par la
société de transport. Donc, ça peut varier, mais...
Mme Lafond (Véronique) : ...je
disais tantôt que ça ne réglera pas tous les enjeux parce que c'est sûr que
moins on prend de risques, moins on va faire de revenus, donc il va y avoir un
partage des revenus entre le promoteur, qui, lui, prend tous les risques, et la
société de transport. Donc, ça ne réglera pas tout, mais c'est une première amorce,
et, dans le contexte financier des sociétés de transport, je vous dirais que
toute somme est bienvenue.
Donc, je ne peux pas chiffrer,
aujourd'hui, les sociétés qui viendront en commission pourront peut-être vous
donner plus d'informations, mais ça va varier en fonction des projets.
M. Derraji : O.K. Bien, merci
beaucoup. Un autre point que j'ai aimé, dans votre mémoire, c'est la notion du
risque associé au manque de précision du projet de loi. Vous avez nommé le
risque de duplication et conflits de compétence, vous avez mentionné le risque
du transfert difficile des projets aux exploitants, risque de développer des
projets sans s'assurer de la capacité financière de toutes les parties
prenantes. Moi, je pense que même Mme la ministre vient de le mentionner,
écoutez, là, il y a... au niveau de l'argent, il y a un enjeu, et c'est vrai,
on manque d'argent. Risque de ne pas octroyer les pouvoirs requis pour assurer
l'agilité des sociétés de transport. Vous avez mentionné, quand même, quatre
niveaux de risques. Je vous le dis, c'est tellement un beau... un mémoire que
j'ai vraiment aimé.
Pourquoi vous parlez de duplication de
compétences? Parce qu'il y en a qui parlent aussi d'une nouvelle forme de
centralisation. Il y a des gens qui disent : Non, non, non, on en a besoin
parce qu'on n'a pas d'expertise par rapport à la gestion de projets complexes.
Vous, vous vous situez où?
Mme Lafond (Véronique) : Comme
on précisait tantôt, on est favorables, on est favorable, en fait, à la
création de Mobilité Infra Québec, on est favorables à la mutualisation des
forces. Par contre, le risque, c'est sur la définition, certaines définitions
dans le projet de loi, là. Donc, on parle notamment du projet de transport
complexe, ce n'est pas défini, ce que c'est. Et il y a, dans les articles qui
réfèrent à la mission de MIQ, en fait, certaines imprécisions qui pourraient
penser que MIQ pourrait s'occuper d'électrification, là. C'est un sujet qui
est... qui est très important, en ce moment, de développement, de garages, de
billettique. Et ça, cette expertise-là, celle-là, elle existe, et elle existe
au sein des sociétés de transport.
Donc, notre commentaire par rapport à ça,
c'est vraiment : On croit que MIQ devrait se concentrer sur des projets
structurants sur routes, puis ce qu'on entend, c'est ce que... c'est les
projets, là, qui sont souhaités pour cet organisme-là. Donc, on pense que ça
devrait être précisé dans le projet de loi, là.
M. Derraji : C'est très
clair. D'ailleurs, la ministre a parlé tout à l'heure du financement, 4
milliards... on prend 14 milliards, rien que l'électrification des transports,
je ne pense pas que MIQ... en tout cas, je le souhaite, on va poser les
questions lors de l'étude détaillée, qu'ils vont avoir, et l'argent, et le temps
d'aller chercher les garages. Parce que tu veux aller faire un projet, je
pense, s'il n'y a pas d'argent, s'il n'y a pas d'argent sur la table, pas sûr
que ça va être quelque chose que l'agence future fera. En tout cas.
• (16 h 50) •
Vous avez parlé... risque d'un transfert
difficile des projets aux exploitants. Je l'ai lu, mais j'ai de la misère à
suivre. Ça veut dire que l'exploitant, il va être impliqué au début, au niveau
de l'étape de la planification? J'ai posé la question à l'ARTM, mais vous, où
vous voyez le risque?
Mme Lafond (Véronique) : Notre
compréhension, c'est que le projet de loi ne prévoit pas spécifiquement que les
sociétés de transport vont être impliquées dans les discussions et les
décisions dans le développement du projet. Or, évidemment, toutes les décisions
qui vont être prises dans le développement du projet vont avoir des
répercussions sur l'exploitation, et donc... et donc c'est là qu'on voit le
risque, là, sur le fait qu'il pourrait y avoir une difficulté de transfert du
projet si les sociétés ne sont pas présentes en amont puis s'il n'y a pas une
planification intégrée de l'ensemble du projet, du développement jusqu'à son
exploitation.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie beaucoup. Ceci vient... conclut ce bloc d'échange, pardon. Donc,
nous allons poursuivre les échanges avec le porte-parole du deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Taschereau, la parole est à vous. Vous disposez
de 3min 18 s.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, Mme Lafond, Mme Leclerc. Merci pour votre
mémoire, il y a des belles propositions, là-dedans, notamment, là, évidemment,
la valorisation immobilière. On en a déjà parlé dans l'ancien projet de loi, ça
a été refusé, mais je pense qu'on est en train de... Je pense qu'il y a une
voie, il y a une voie de passage pour cette opportunité, finalement, d'aider au
financement du transport collectif. Donc, on saura y revenir, éventuellement.
Vous mentionnez que c'est important de
prévoir que l'opération revient comme de facto aux sociétés de transport qui
sont sur place. Expliquez-nous pourquoi c'est important puis qu'est-ce qu'on
devrait changer, finalement, dans le projet de loi pour y arriver?
Mme Lafond (Véronique) : En
fait, le projet de loi prévoit la possibilité d'avoir une entente pour
déterminer l'exploitant, mais il n'y a pas... il n'y a pas de droit acquis, là,
sur une société qui serait en place sur le territoire, de prendre cette
exploitation-là. Or, évidemment, l'expertise, elle est là. Et, s'il y a un
autre exploitant qui arrive, il peut y avoir un risque de duplication, ça peut
être plus lourd, là, puis dupliquer les coûts, même, là, pour essayer d'arrimer
les différents réseaux.
Donc, notre recommandation pour bénéficier
de l'expertise....
Mme Lafond (Véronique) : ...qui
est déjà en place puis éviter cette duplication-là, c'est vraiment, de facto,
que l'exploitant soit celui sur le territoire, la société de transport sur le
territoire qui est déjà en place, qui connaît bien son territoire, qui offre
déjà des services à la population. Et, si la société considère qu'elle ne peut
pas rendre ce service-là... refuse et mentionne...
M. Grandmont : Elle a un
droit de refus.
Mme Lafond (Véronique) : Oui,
tout à fait.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, très éclairant. Deuxième chose, vous parlez quand même de bien
définir les responsabilités de Mobilité Infra Québec versus ce qui va demeurer
dans le jardin, finalement, des sociétés de transport. Vous parlez de maintien
des actifs. Or, le maintien des actifs, c'est des opérations qui peuvent quand
même coûter cher. Le métro, on en a pour 10 milliards de dollars en
maintien d'actifs.
Ma question porte sur l'autre projet de
loi, le projet de loi no 62. Est-ce qu'on ne devrait pas octroyer aux sociétés
de transport les mêmes avantages concurrentiels qui permettraient de réduire
les coûts, bien, de 15 %, puis les délais de 25 %, au bénéfice de
tous les Québécois et Québécoises?
Mme Lafond (Véronique) : On a
déposé un mémoire dans le cadre du projet de loi no 62, et c'est effectivement
une demande qu'on avait, que les sociétés de transport puissent en bénéficier,
parce qu'effectivement on risque d'avoir de la difficulté à trouver des
fournisseurs qui voudront travailler avec les sociétés de transport parce
qu'ils vont continuer à faire des... différents travaux, ne serait-ce que les
garages, justement. Donc, effectivement, c'est une demande qu'on a présentée
qui est importante pour nous. Et on pense aussi que, dans la collaboration
entre les sociétés de transport et MIQ, c'est important d'avoir un arrimage au
niveau de nos lois. On n'a pas tous les mêmes pouvoirs que les organismes
publics, là, qui sont régis sous la LCOP, là, la Loi sur les contrats des
organismes publics, ou les villes, sous la Loi sur les cités et villes. Et on
pense qu'il va y avoir un arrimage important à faire pour que les sociétés de
transport puissent avoir l'agilité nécessaire, là, pour travailler avec cet
organisme-là, là.
M. Grandmont : Merci. Vous
êtes très efficace, on va avoir le temps pour une troisième petite question un
peu plus philosophique. Au PQI, actuellement, on a, au transport, deux tiers
des budgets qui sont alloués aux routes, un tiers au transport collectif,
malgré un objectif, dans le Plan pour une économie verte, de 50-50. Or,
Mobilité Infra Québec pourra faire des projets complexes de transport
collectif, mais aussi de transport... les transports routiers aussi. Est-ce
qu'on... est ce qu'on... Il n'y a rien qui nous garantit, dans le fond, qu'on
va prioriser, dans ce cas-là, le transport collectif, on pourrait avoir les
mêmes ratios qu'actuellement dans le PQI.
Le Président (M. St-Louis) : Très
rapidement, s'il vous plaît.
Mme Lafond (Véronique) : En
fait, j'ai... on n'a pas eu cette réflexion-là avec nos membres, sur cette
nécessité-là. C'est sûr qu'à l'ATUQ on porte quand même la nécessité d'avoir
des investissements...
Une voix : ...
Mme Lafond (Véronique) : Oui,
équitables entre le routier et le transport collectif, mais, à ce niveau-là, on
n'a pas eu cette réflexion-là.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Malheureusement, ceci conclut ce bloc d'échange. Je cède maintenant la parole
au député des Îles-de-la-Madeleine. La parole est à vous.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup, mesdames Lafond et Leclerc. D'entrée de jeu, vous
dites : Bien, on est d'accord avec le projet de loi, cette idée de créer
une agence, mais les recommandations que vous faites dans le mémoire, qui est
très, très intéressant, me semblent assez fondamentales.
Puis j'ai le goût de vous poser la
question suivante : Si la ministre rejetait l'ensemble de vos
propositions, est-ce que, pour les sociétés que vous représentez, c'est
toujours un projet de loi qui a du bon sens? Si vous ne pouvez pas faire la
valorisation immobilière, donc, source de financement que l'on écarte, si vous
n'êtes pas mis à contribution pour la planification puis la réalisation des
projets, on vous consulte au début, c'est quoi, les besoins, puis qu'on donne
le réseau qu'on vient créer à quelqu'un d'autre que vos sociétés, est-ce que
vous dites : Bien, finalement, c'est une bonne chose?
Mme Lafond (Véronique) : Je
peux... je peux y aller. En fait, c'est sûr que ce sont des recommandations qui
sont essentielles pour nous, pour assurer le succès de Mobilité Infra Québec.
Pour nous, c'est... la collaboration entre les sociétés qui sont en place, les
villes et ce nouvel organisme là, c'est la base. Par contre, je vous dirais
qu'à l'heure actuelle, là, la nécessité pour le Québec de livrer des projets de
transport collectif, là, on lui accorde beaucoup, beaucoup d'importance. Il y a
tellement d'avantages au transport collectif, là, vous le savez,
environnemental, économique, social. On a besoin de nouveaux projets. Ceci dit,
comme... comme on met dans notre mémoire, les recommandations, pour nous, ce
sont des risques qui vont faire en sorte que MIQ ne pourra pas livrer à la
hauteur de ce qu'on souhaiterait, là.
M. Arseneau : Non seulement
que MIQ ne pourra pas livrer, mais que la population ne pourra pas bénéficier
pleinement des avantages qu'on fait miroiter si on ne met pas à contribution
les sociétés qui ont déjà l'expertise dans tous les champs de compétence que
vous avez déjà nommés.
En fait, moi, je considère que le nombre
de recommandations que vous avez faites, qui sont peu nombreuses, est
inversement proportionnel à leur importance pour que le projet de loi se
tienne. C'est-à-dire que ça me semble absolument absurde qu'on puisse arriver
avec une définition d'un projet sans vous mettre dans le coup puis le donner à
une nouvelle entité qui vous ferait concurrence sur votre marché ou sur votre
territoire, par exemple, territoire de vos sociétés. Ce serait vraiment
contre-productif, puis on l'a d'ailleurs déjà vu, là...
M. Arseneau : ...dans la
région de Montréal, avec l'avènement du REM, où les sociétés sont davantage en
difficulté lorsqu'on draine à la fois les revenus et la clientèle. Les
dédoublements et tout ça, c'est une crainte réelle que vous avez, là. Je veux
juste vous entendre là-dessus.
Mme Lafond (Véronique) : C'est
effectivement une crainte réelle qu'on a. On pense vraiment que, justement,
l'objectif du projet de loi, c'est de ramener toutes les forces, mais il faut
ramener les bonnes forces. Donc, les forces sur le développement des projets,
c'est une chose, mais la... l'expertise au niveau de l'exploitation demeure au
centre, là, pour une pérennité à long terme, là.
M. Arseneau : Est-ce que c'est
la même chose pour la question de la définition, là? Par exemple, tu sais, on a
parlé d'électrification ou, en tout cas, tous les autres...
Le Président (M. St-Louis) : Quinze
secondes, M. le député.
M. Arseneau : ...les autres
projets, là, ce que vous avez à la recommandation deux, ça vous semble sine qua
non également, là, pour que le projet se tienne?
Mme Lafond (Véronique) : Tout
à fait.
M. Arseneau : Oui?
Mme Lafond (Véronique) : C'est...
C'est d'importance de bien préciser ce que... ce sur quoi travaillera MIQ et ce
sur quoi ils vont mettre leurs efforts.
M. Arseneau : Et exclut ces
éléments-là que vous savez faire déjà, là, à travers les sociétés que vous
représentez. Merci beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie beaucoup pour votre contribution aux travaux de cette commission.
Je vais donc suspendre les travaux
quelques instants afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe, qui sera
en visioconférence. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 58)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 07)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. J'aimerais d'abord souhaiter la bienvenue
aux représentants d'Exo qui sont avec nous en visioconférence. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Après quoi, nous
procéderons à une période d'échange avec les membres de la commission. Avant
toute chose, pour le bénéfice des membres de la commission ainsi que pour les
gens qui nous regardent, je vous demanderais de vous présenter, titre et nom,
titre et fonction. Alors, la Parole est à vous. Merci.
Mme Bérubé (Josée) : Merci, M.
le Président. Je me présente d'abord, je m'appelle Josée Bérubé, présidente du
conseil d'administration...
Mme Bérubé (Josée) : ...de
formation d'architecte et urbaniste, et je suis accompagnée de M. Sylvain
Yelle, qui est directeur général, de même que de Marie-Hélène Cloutier et de Me
Fanny Gayet, qui agiront à titre d'experts.
Alors, d'abord, merci de nous recevoir
dans le cadre de ces consultations. C'est un privilège pour nous d'être ici
aujourd'hui. Nous témoignons aujourd'hui au nom du RTM, aussi appelé Exo, la
société de transport des couronnes Nord et Sud de Montréal. Notre organisation
a été créée en 2017, dans le cadre de la réorganisation de la gouvernance des
transports collectifs de la région métropolitaine. Nous avons repris
l'exploitation des trains de banlieue, des services d'autobus et de transport
adapté des couronnes nord et sud de Montréal. Notre territoire desservi couvre
plus de 4000 kilomètres carrés et comprend les 82 municipalités de la
Communauté métropolitaine de Montréal, en plus de Saint-Jérôme et de Kahnawake.
En 2023, Exo a enregistré plus de 21 millions de déplacements, et nos actifs se
chiffrent à plus de 2,3 milliards.
Nous allons aujourd'hui partager à haut
niveau nos recommandations concernant le projet de loi, mais il nous fera
plaisir d'échanger plus en détail sur certains éléments de notre mémoire suite
à notre exposé.
Notre position générale sur le projet de
loi, notamment sur la création de l'agence : De façon générale, Exo
apprécie l'opportunité de cette consultation sur le projet de loi no 61 sur la
création de Mobilité Infra Québec. Spécifiquement, nous saluons l'intention de
la ministre d'améliorer l'efficience des projets complexes de transport et de
combler le manque d'expertise de l'État pour réaliser ces projets. Plus que
jamais, ces projets sont essentiels pour atteindre les cibles de réduction de
GES, offrir des alternatives viables à l'auto solo et réduire la congestion
routière. Il est toutefois crucial de bien définir le rôle de cette nouvelle
agence afin d'éviter les chevauchements qui pourraient nuire à l'efficacité et
à la livraison des projets. Une définition plus précise de ce que constitue un
projet complexe serait également souhaitable afin d'éviter des interprétations
différentes des nombreux partenaires impliqués. À cet égard, nous souscrivons
aux recommandations de l'ATUQ.
Exo se réjouit des amendements proposés
dans le projet de loi concernant sa loi constitutive. Toutefois, nous avons
quelques recommandations à formuler pour mieux refléter les besoins d'Exo,
toujours dans l'optique d'optimiser notre performance et notre flexibilité
opérationnelle et de réaliser des économies au bénéfice de nos usagers.
Les recommandations d'amendements, plus
spécifiquement concernant le développement conjoint. Premièrement, nous
appuyons pleinement les recommandations de l'ATUQ concernant la valorisation
immobilière des sites de transport collectif. Sans reprendre leur exposé, nous
souhaitons insister sur l'importance pour les sociétés de transport de pouvoir
conclure des partenariats de développement conjoint. Je précise qu'Exo n'aspire
pas à devenir un grand développeur immobilier. Notre objectif est plutôt
d'obtenir les leviers nécessaires pour conclure des partenariats avec des
tiers, tant pour la réalisation de travaux de construction d'infrastructures de
transport collectif que pour la construction de développements immobiliers
adjacents ou intégrés à nos infrastructures. De nombreuses municipalités
sollicitent notre collaboration pour développer des projets de quartiers mixtes
autour des infrastructures de transport. Exo souhaite pouvoir participer
pleinement à ces projets, qui sont alignés avec notre vision de mobilité et
celle du gouvernement en matière d'aménagement du territoire, de création de
logements, de mobilité durable, de responsabilité financière et encore bien
plus.
• (17 h 10) •
Des partenariats avec des acteurs privés
nous permettraient non seulement de garantir une intégration et un aménagement
optimaux, mais aussi de gérer des revenus récurrents à long terme. Exo possède
d'ailleurs toute l'expertise nécessaire pour contribuer à des projets de
développement mixtes intégrés autour de nos infrastructures. Alors que nos
besoins financiers sont importants et que les acteurs de la mobilité cherchent
de nouveaux modes de financement innovants, cette situation nous prive non
seulement d'opportunités de générer des revenus récurrents, mais aussi
d'optimiser l'usage des actifs publics et de répondre aux ambitions des
municipalités. Sur ceci, je cède maintenant la parole au directeur général, M.
Sylvain Yelle.
M. Yelle (Sylvain) : Merci,
Mme Bérubé. Mme la ministre, parlementaires, merci de l'occasion que vous nous
offrez aujourd'hui de commenter le projet de loi no 61. On aurait bien aimé
être présents parmi vous, malheureusement, c'était impossible pour nous de...
M. Yelle (Sylvain) : ...de se
déplacer aujourd'hui, ce sera peut-être pour un prochain projet de loi. Nous
profitons des modifications proposées à notre loi constitutive, dans ce projet
de loi, pour recommander des amendements supplémentaires qui permettront
d'accroître davantage notre performance. Ces recommandations visent à résoudre
des enjeux législatifs qui persistent depuis la création d'Exo, en raison de
notre cadre juridique unique qui diffère des autres sociétés de transport.
Si nous apprécions la modification qui
permet maintenant à Exo de pouvoir réaliser toute activité commerciale connexe,
nous recommandons qu'Exo puisse aussi disposer de tous les pouvoirs d'une
personne morale dans le cadre de l'exercice de ce droit, en plus de pouvoir
constituer des filiales distinctes. Les ajouts évacueraient toute ambiguïté quant
à notre capacité juridique pour réaliser des activités commerciales à but
lucratif, tout en nous offrant la flexibilité nécessaire pour mener à bien des
projets commerciaux. Nous avons identifié également d'autres opportunités
d'amendement qui apporteraient des allègements significatifs pour Exo et les
citoyens que nous desservons.
Au niveau du transport adapté, nous
recommandons qu'Exo puisse attribuer des contrats de gré à gré avec les
transporteurs de transport adapté. Nous sommes la seule société de transport au
Québec qui ne bénéficie pas de cette exception. Il s'agit d'un irritant qui
pénalise non seulement les usagers, mais également les petites entreprises de
taxi qui sont réticentes à participer parfois à des appels d'offres publics
complexes. La possibilité de conclure des contrats de gré à gré nous
permettrait aussi de mieux répondre aux besoins de cette clientèle vulnérable
en réduisant les impacts négatifs lors de la transition entre deux entreprises.
Soulignons d'autres propositions d'amendement qui sont présentes dans notre
mémoire, notamment en lien avec la composition du nouveau comité... nouveau
comité du CA d'Exo : l'exercice d'un droit de préemption sur un immeuble
du territoire, la négociation de contrats de gré à gré avec des compagnies de
chemin ferroviaire et le pouvoir de sanction sur les véhicules en infraction
sur nos immeubles. Ces propositions nous permettraient de gagner en efficacité
dans un cadre législatif comparable aux autres sociétés de transport du Québec.
En regard de la structure de gouvernance
du transport collectif et bien que ce ne soit pas l'objet principal de cette
consultation, avec l'arrivée de Mobilité Intra Québec, pour nous, c'est
l'occasion de faire un pas en avant en ajustant les rôles, responsabilités de
chaque acteur pour répondre aux enjeux du modèle de gouvernance actuel. La
réforme de 2017, qui a vu naître l'ARTM et le RTM Exo, promettait des gains
d'efficacité et une meilleure intégration du transport collectif. Force est de
constater que les résultats attendus ne sont pas toujours au rendez-vous. Les
délais, des dédoublements de rôle et des coûts supplémentaires pèsent sur nos
opérations et la livraison des projets. Les municipalités que nous desservons
expriment également leur insatisfaction face au manque de contrôle sur la
planification des services locaux. Elle pointe aussi du doigt l'opacité du lien
entre leur contribution financière et les services reçus. C'est pourquoi nous
proposons un nouveau modèle adapté à la situation d'Exo et des municipalités du
territoire que nous desservons.
Sans tout changer du modèle actuel, nous
proposons certains changements qui visent principalement à redonner aux
municipalités des couronnes un pouvoir décisionnel sur le niveau d'offre de
service local pour lequel ils assument le déficit financier, tout en clarifiant
et en renforçant les responsabilités de chaque acteur là où leur expertise sera
la plus pertinente. Dans ce modèle de gouvernance, les municipalités
participeraient dorénavant à définir et approuver le niveau d'offre de service
local, le budget annuel pour les services et le plan d'investissement. Elles
conserveraient également leur rôle dans l'administration d'Exo via le conseil
d'administration.
Dans ce fonctionnement, Exo a la
responsabilité exclusive de collaboration avec les municipalités afin de
planifier l'offre de service local. Évidemment, des obligations en matière
d'intégration des services viendraient encadrer ce rôle, et Exo exploiterait
également les services métropolitains, comme l'exploitation des trains de
banlieue déléguée par l'ARTM. En conséquence, l'offre de transport local serait
retirée de l'entente de service avec l'ARTM, et le financement provenant des
villes serait directement géré et perçu par Exo, comme c'est le cas dans les
autres sociétés de transport à l'extérieur de la région de Montréal.
Cette proposition, que nous avons partagée
avec plusieurs acteurs municipaux ainsi que des membres de votre équipe, Mme la
ministre, qui a su porter une oreille respectueuse et attentive, vise à rendre
les responsabilités plus claires, plus efficaces en misant sur les compétences
et expertises propres à chaque secteur.
Le Président (M. St-Louis) : Je
dois malheureusement vous interrompre. On arrive... on a dépassé même le temps
alloué de 10 minutes pour votre présentation...
Le Président (M. St-Louis) : ...nous
en serions maintenant à la période d'échange. Mme la ministre, la parole est à
vous. Ce bloc est de 13 m 30 s.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Merci beaucoup à vous quatre,
de la société Exo. Effectivement, on a déjà eu plusieurs discussions depuis
presque deux ans. On s'est souvent rencontrés pour... dans un contexte ou dans
un autre, que ce soit des rencontres privées pour parler des différents sujets
ou dans des colloques, des congrès, des dîners-conférences ou tous ces nombreux
événements où on a l'habitude de se croiser. Toujours un plaisir. Alors, merci
de prendre le temps d'être avec nous aujourd'hui, d'avoir... Prendre le temps d'abord,
de faire le mémoire et, ensuite, de nous le présenter.
Il y a des choses très intéressantes
là-dedans. Vous le disiez, vous endossez un peu une partie des propos, ou, en
tout cas, certains éléments qui ont été nommés par l'ATUQ juste avant vous, l'ATUQ,
qui, d'ailleurs... dont vous êtes... avec qui vous travaillez aussi. Puis un
peu comme je leur disais, tu sais, on a tous la même volonté, puis vous
desservez des municipalités qui sont dans la grande CMM, donc sous le couvert,
sous l'égide de l'ARTM, alors vous êtes dans toute cette question-là dont on
parle depuis ce matin, là, les grands projets de transport d'envergure, qui
sont le propos du projet de loi... de transport collectif d'envergure, toujours
préciser, parce qu'on n'est pas... pour l'instant, on ne parle pas de projets
routiers, mais bien de transport collectif. Donc, vous êtes sur ce
territoire-là et vous êtes appelés à collaborer. On le voit dans le REM, là,
toute la question du rabattement... rabattement au rabattage? Je ne sais jamais
quel mot il faut dire. Rabattement, hein? C'est ça. Bon. Des fois, j'entends
rabattage, mais bon, mais mon collègue ici est un expert, là, assurément, ça
fait que je vais dire «rabattement», comme lui. Donc, le rabattement sur le
REM, les trains, alors, tu sais, il y a plusieurs choses, là-dedans, mais ce
qu'on veut, c'est du transport collectif efficace dans nos divers territoires,
mais, entre autres, dans la CMM, mais on sait à quel point c'est compliqué puis
que ça coûte cher en ce moment.
Donc, vous, dans le rôle que vous avez,
puis, tu sais, comme vous desservez essentiellement les couronnes, vous n'êtes
pas nécessairement directement impliqués, tu sais, vous avez des
infrastructures puis des équipements sur l'île de Montréal, mais vous n'êtes
pas directement dans les projets, par exemple, le prolongement de la ligne
bleue ou les projets de métro, et tout ça. Donc, comment est-ce que vous voyez,
à supposer qu'éventuellement on aurait... Tu sais, bien là, déjà, on a le REM
qui va aller à Deux-Montagnes, mais, tu sais, on parle beaucoup... puis on
parlait tout à l'heure du projet de l'Est de Montréal, donc, qui pourrait
aller, tu sais, jusque dans la couronne nord, et tout ça. Alors, il y aurait
beaucoup de partenariats puis beaucoup de liens à faire avec Exo, ou
éventuellement un projet sur la Rive-Sud. Donc, pour vous, est-ce que c'est la
même évidence que pour nous que la création d'une équipe spécialisée où on va
centraliser les ressources... Puis là peut-être que vous en avez chez vous,
vous connaissez mieux votre équipe que nous, mais, tu sais, on le disait tout à
l'heure, les quelques ressources expertes qu'on a au Québec sont disséminées,
actuellement. Donc, pour vous, est-ce que c'est une évidence, comme pour nous,
que de centraliser ces ressources-là dans une petite équipe efficace, capable
de travailler sur plusieurs projets en même temps, plutôt que de les faire
travailler un à la fois ou un après l'autre... est-ce que, pour vous, c'est une
évidence qu'on va être plus performants pour nos citoyens, dont les taxes et
les impôts paient pour ces projets-là?
M. Yelle (Sylvain) : Oui, on
pense que c'est une bonne idée, justement, de centraliser cette expertise-là.
Nous, d'ailleurs, notre mission principale, hein, c'est de livrer des services
de transport collectif avec efficacité, qualité, puis être attractifs. Ça fait
que, dans les projets majeurs ou complexes, on est content de les accueillir
parce que ça nous permet, justement, de mettre en œuvre nos talents, là, notre
expertise de livraison de services. Donc, oui, on est... on est favorables à
cette... à la création de cette agence.
Cela dit, on a des actifs et on a de la
compétence aussi dans l'exploitation de modes lourds et donc on est aussi
ouverts à faire part de notre expertise à ce niveau-là dans de futurs projets,
disons, métropolitains qui impliquent des modes lourds, par exemple.
• (17 h 20) •
Mme Guilbault :Puis qu'est-ce que vous pensez de... ça a été abordé
beaucoup aussi, là, et... toute la question des ententes ou de la consultation,
de la collaboration dans la détermination des modalités des ententes, que ce
soit sur le financement des projets ou... Puis c'est sûr que, là, vous, vous
êtes, je l'ai dit, sous l'égide de l'ARTM, donc, éventuellement, ces
discussions-là auraient lieu avec l'ARTM, mais, en même temps, de son côté,
elle doit faire les arbitrages avec ses quatre sociétés. Donc, est-ce que
l'article 74... je ne sais pas si... je ne sais pas si vous l'avez, peut-être
que vous ne l'avez pas à l'esprit, là, mais c'est l'article où on parle du fait
que le gouvernement doit convenir, par entente, avec les divers partenaires,
des modalités pour la participation financière, puis, éventuellement, pour
l'exploitation puis pour le financement de l'exploitation...
Mme Guilbault :...donc, est-ce que vous, ça vous semble raisonnable et
adéquat comme... comme mesure?
M. Yelle (Sylvain) : Oui,
puis...
Mme Guilbault :À supposer ou en tenant pour acquis que ça va de soi que
tout le monde doit participer pour un projet d'envergure, tout le monde doit
participer financièrement. Donc, est-ce que ça vous semble adéquat?
M. Yelle (Sylvain) : Oui,
puis c'est vraiment une responsabilité qu'on comprend que l'ARTM doit avoir
dans son giron. Mais, effectivement, on comprend que le financement de ces
services-là doive se faire en complémentarité au financement de base des
services actuels. Donc, c'est plutôt ça notre préoccupation. Mais on pense que
l'ARTM a la capacité et compétence aussi pour partager justement, peut-être via
une politique de financement, le financement de ces nouveaux projets-là,
certainement.
Mme Guilbault :Je ne sais pas... parce que vous... Vous mentionnez l'ARTM,
la politique de financement, je ne sais pas si vous avez eu l'occasion
d'écouter un peu plutôt, l'ARTM est venue ici nous parler, puis on a entre
autres abordé la question de la politique de financement parce que, vous le
savez, vous desservez vous-même les couronnes, là, et les élus des couronnes
sont très, très préoccupés par la politique de financement à juste titre, parce
que c'est vrai que, là, il faudrait éventuellement en arriver avec une
révision, et la nouvelle présidente du C.A. évoquait la sensibilité, justement
pour les couronnes et les plus petites municipalités de la CMM. Vous qui
transiger aussi énormément avec ces mêmes élus-là, est-ce que vous abondez dans
le même sens et est-ce que vous êtes d'accord qu'il faudra, dans la prochaine
politique, avoir une sensibilité pour les municipalités de la rive nord et de la
rive sud...
M. Yelle (Sylvain) : Oui, on
a entendu les...
Mme Guilbault :...de moins grande envergure que Longueuil et Laval,
disons, là?
M. Yelle (Sylvain) : Effectivement,
on a entendu les discussions sur ce sujet-là un peu plus tôt avec l'ARTM, puis
oui c'est quelque chose qu'on entend depuis sept ans maintenant, là, des
petites municipalités. Dans le fond, ils se trouvent à dénoncer la facture
qu'ils ont par rapport aux services. On comprend qu'en couronne, on dessert
61 municipalités, 61 municipalités en couronne qui ont... des petites
et les plus grandes. Donc effectivement c'est des représentations qu'on entend
constamment. Ils ne comprennent pas non plus la politique actuelle, et on sait
quand les gens ne comprennent pas leur facture, souvent ils ont... ils ont des
réserves pour la payer, là. Ça fait que je pense qu'on aurait intérêt à
clarifier dans une prochaine politique de financement, à simplifier cette
politique-là, d'où notre proposition de retirer l'exploitation des services
locaux de cette entente-là, parce qu'il n'y a pas de valeur ajoutée à intégrer
dans l'ensemble des services les services locaux d'autobus parce qu'ils sont à
100 %... Le déficit, il est financé à 100 % par les municipalités. Ça
fait que ça viendrait aussi enlever une certaine complexité à la répartition
des factures pour les municipalités de couronne.
Mme Guilbault :Donc, vous vous suggérez de retirer le financement des
lignes d'autobus de la politique?
M. Yelle (Sylvain) : Oui.
Mme Guilbault :Pour toutes les dessertes locales?
M. Yelle (Sylvain) : Exactement.
Comme c'est fait dans les six autres sociétés de transport à l'extérieur du
Québec. Dans la région, on comprend qu'il y a un volet métropolitain qui est
très important, puis... donc la politique devrait s'arrêter au service
métropolitain, c'est-à-dire trains, métro, REM et autres projets, puis partager
ces services-là entre les municipalités.
Par contre, pour ce qui est des services
d'autobus locaux, ça pourrait se faire directement avec les municipalités comme
ça se fait partout ailleurs parce qu'il n'y a pas de gain actuellement, on n'en
voit pas, à intégrer ces... ces sommes-là dans le grand cadre financier
métropolitain.
Mme Guilbault :Parfait. Il me reste...
Une voix : ...minutes.
Mme Guilbault :
Cinq minutes, bon. On a un petit bloc de... bien, il y a plusieurs choses qui
vous concernent plus ou moins directement dans le projet de loi, mais on a,
entre autres, au chapitre II, l'article 4, dans lequel on vient, si
je peux résumer, régler certains de vos problèmes. Donc, je ne sais pas si vous
avez quelque chose à dire là-dessus.
M. Yelle (Sylvain) : Oui.
Mme Guilbault :L'article 4, l'article 5 du chapitre II, et
de l'article... l'article 6, l'article 7, l'article 8. Est-ce
que pour vous, ça vient effectivement atteindre de l'objectif de régler
certains de vos problèmes et de rendre votre vie plus belle?
M. Yelle (Sylvain) : Oui,
totalement. Il y a beaucoup de ces améliorations-là. On les a soulignés
rapidement. Notre vie est plus belle avec ces amendements-là, puis on espère
toujours pour mieux. Ça fait qu'on ajoute des petits amendements qu'on
souhaiterait, là, qui... qu'on a déjà discuté dans le passé, qui viendraient
encore mieux nous aider à performer dans notre mission, là. Mais oui, on est
satisfait, puis il y a beaucoup des... des éléments qu'on a soulevés qui ont
été tenus en compte, là, dans le projet de loi. Merci.
Mme Guilbault :Puis, tu sais, si on regarde juste l'article 4 ou même
l'article 5, là, donc, tu sais... bien parce que la question de la
diversification des sources de revenus, parce que l'argent est...
Mme Guilbault :
...c'est rare. Donc, on court tous après l'argent. Donc, pour vous, ça, ça vient
aider, j'imagine, à pouvoir tirer davantage de profit des retombées d'un
éventuel projet de transport collectif.
M. Yelle (Sylvain) : Oui,
puis comme je le soulignais, ce serait, ce serait important que la question des
pleins pouvoirs d'une personne morale soit éclaircie dans le projet de loi pour
justement nous assurer qu'on peut aller chercher le maximum de cette nouvelle
disposition-là, là, parce qu'on a certaines limites telle qu'elle est écrite en
ce moment. Mais si on est assuré d'aller chercher les pleins pouvoirs d'une
personne morale puis de créer des filiales, c'est certain que, là, ça nous
ouvre beaucoup d'opportunités. On l'a mentionné, on a des milliards d'actifs
qui sont sous-exploités, on a plus d'une cinquantaine de gares, de terminus où
on pourrait vraiment développer des projets. Et également on a des capacités
qu'on pourrait même offrir à d'autres organismes, puis aller chercher des
revenus additionnels avec ça. Donc, c'est pour ça qu'on demande, oui, le projet
de loi nous ouvre des belles portes. On demande une clarification pour être
certain qu'on ait les coudées franches, là, pour aller jusqu'au bout, là, des
avantages de ces amendements.
Mme Guilbault :
Parfait. Puis peut-être un dernier... un dernier élément, parce que c'est sûr,
une autre chose qui revient beaucoup, même si c'est pas directement dans le
projet de loi, le financement du transport collectif. Puis je le disais à
l'ARTM, je disais à La Tuque, etc. Tous ceux avec qui justement, on a des
discussions sur ledit financement du transport collectif. Je ne sais pas si
vous, vous avez des chiffres un peu plus à l'esprit parce que je ne veux pas
mettre personne sur la sellette, là, ce n'est pas l'objectif cet après-midi,
mais, tu sais, on en parle beaucoup puis moi j'essaie de faire de la pédagogie.
J'ai mon tableau d'habitude, là, je ne l'ai pas, je l'ai oublié, je l'oublie de
place en place. J'ai mon collègue de Taschereau tantôt qui l'a... qui me l'a
ramené au salon bleu, au salon rouge, en tout cas. Mais bref, là je l'ai pas
avec moi, mais sur la contribution gouvernementale au financement du transport
collectif, entre autres, sur l'exploitation, mais même dans l'ensemble, quand
on regarde les chiffres, pour moi, c'est probant que la contribution
gouvernementale n'a jamais été aussi élevée que depuis les dernières années.
Est-ce que c'est aussi votre lecture de la situation?
M. Yelle (Sylvain) : On voit
un chiffre...
Mme Guilbault :
Encore une fois, sentez-vous à l'aise, là, si vous n'avez pas les chiffres à portée
de main.
M. Yelle (Sylvain) : Je n'ai
pas les chiffres détaillés mais on voit qu'il y a une augmentation en chiffres,
en chiffres absolus, évidemment, les coûts ont beaucoup augmenté. On voit aussi
que certaines, certaines aides qui ont été, qui ont été, qui n'ont pas été
indexées aussi. Donc, oui, il y a une bonne part du financement qui est, qui
est, qui est faite par le gouvernement dans l'exploitation. Mais il y a des
sources qui n'ont pas été indexées, qui font que, relativement à l'ensemble des
coûts, bon, il y a des plus et des moins, mais on ne nie pas, là, l'implication
très, très importante du gouvernement dans l'exploitation. Reste que nos coûts
sont en augmentation plus rapidement que les sources de financement qu'on a.
C'est ce qu'on voit aussi.
Mme Guilbault :
Bon, parfait. Alors il me reste 20 secondes donc... mais c'est ça,
effectivement, c'est sûr que tout coûte cher, on le sait. Mais merci beaucoup
pour votre participation, pour votre mémoire puis pour l'ensemble de l'oeuvre
depuis deux ans. Tout le travail qu'on fait ensemble, puis tout le tout, le
travail à venir. Merci.
M. Yelle (Sylvain) : Merci.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci. Nous allons poursuivre les échanges en cédant la parole au porte-parole
du groupe... c'est-à-dire de l'opposition officielle, pardon, pour un bloc
d'échange de 9 min 54 s.
• (17 h 30) •
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous quatre. Merci pour votre mémoire. Et encore une fois,
j'ai lu attentivement l'allègement législatif proposé par Exo, pas mal, pas mal
d'articles détaillés. Donc, je tiens premièrement à féliciter et à remercier
ceux et celles qui ont travaillé pour amender presque article par article.
C'est vrai, c'est votre lecture, lecture de Exo, mais ce qui est très bien, ça
nous donne l'heure juste par rapport à votre interprétation du projet de loi.
Donc,, s'il vous plaît, merci beaucoup et surtout saluez ceux et celles qui ont
travaillé sur ça. Parfois, on pense que c'est facile alors que ce n'est pas le cas,
surtout quand on n'a pas rédigé le projet de loi. Je peux en témoigner donc,
qu'on n'était pas dans les officines du gouvernement pour savoir le pourquoi du
comment de chaque article. Mais je tiens quand même à vous féliciter parce que
ça nous aide, ça nous donne beaucoup, beaucoup d'idées et surtout interpeller
le gouvernement quand l'étape de l'étude détaillée va commencer. Donc merci
encore une fois. Il y a une chose qui m'a interpellé pas mal, c'est le pouvoir
d'une personne morale créer des filiales. Vous êtes le premier groupe qui le
parle et je vais vous citer. Vous avez dit que...
17 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...on laisse sur
la table des milliards d'actifs non exploités. Et, pour vous, le projet de loi
actuel ne touche pas à cet aspect. La ministre, tout à l'heure, parlait au
niveau des finances, vous le savez, la dette, on a plus... on ne navigue plus
dans les surplus budgétaires. Il y a beaucoup de projets sur la table. On ne
parle pas de l'électrification du transport encore. C'est un sujet tabou parce
qu'il n'y a pas d'argent. Mais là vous, vous ramenez une solution. Pouvez-vous,
premièrement, expliquer qu'est-ce que vous voulez dire par pouvoir d'une
personne morale? Je l'ai compris un peu, mais j'aimerais bien vous entendre
davantage expliquer les milliards d'actifs non exploités, ce qui est quand même
impressionnant parce que vous gérez toute une région en matière de transport.
Et qu'est-ce que vous voulez dire par filiale? Quel type de filiale et dans
quel but? Voilà. Désolé, si ça a été long, mais la parole est à vous.
M. Yelle (Sylvain) : Je vais
commencer la réponse puis me faire accompagner par ma collègue Fanny qui, au
niveau plus des termes juridiques, pourra éclaircir. En fait, oui, on a des
milliards d'actifs. Comme je l'ai mentionné, on a 52 gares qui sont composées,
souvent, de stationnements incitatifs, sur lesquels on pourrait construire des
projets de densification. On a également des capacités liées à tout ce qui est
ferroviaire, mais également transport collectif par autobus, actifs, terminus,
etc., qui sont sous-exploités aussi. Qu'est-ce qu'on... On a, par exemple, je
vais donner un exemple très simple, on a un système d'aide à l'exploitation qui
est quelque chose qu'on a développé ici, à l'interne, un outil pour informer
les passagers du temps de passage réel, donc, pour gérer toute l'exploitation
des services d'autobus qu'on pourrait vendre à d'autres sociétés de transport
ou à d'autres organisations qui rechercheraient un tel produit. Donc, créer une
filiale nous permettrait de faire ça sans mettre à risque la partie publique de
notre... de notre mission aussi. Pour ce qui est de la personne morale, c'est
qu'on est une personne morale, mais on n'a pas tous... pas clairement tous les
pouvoirs d'une personne morale, en ce moment, de par notre nature publique.
Peut-être que Fanny pourra ajouter un peu par rapport à ça, qu'est-e que ça
nous empêche de faire.
Mme Gayet (Fanny) : Effectivement,
si je peux me permettre. Donc, Exo, en version de sa loi constitutive, est une
personne morale de droit public, donc n'a pas les pleins pouvoirs d'une
personne morale contrairement aux autres sociétés de transport pour lesquelles
il y a actuellement dans la loi la possibilité de créer des filiales, Exo n'a
pas cette possibilité. Donc, pour Exo, c'est vraiment une question de diminuer
les risques légaux et financiers, donc, par la création de filiales, pour
vraiment dissocier la responsabilité de l'exploitant avec la responsabilité du
développeur ou du commerçant. Donc, c'est vraiment pour séparer et diminuer les
risques légaux et financiers.
M. Derraji : O.K. Très clair.
Je vais revenir à la question des filiales. Pour vous, c'est faisable à l'intérieur
de ce projet de loi, mais ce que vous dites, c'est que ça va permettre à la
société, mais aussi à vous, d'exploiter cet actif qui est non exploité
présentement.
M. Yelle (Sylvain) : Oui,
exactement. Donc, comme je mentionnais, on pourrait vendre ou louer des actifs
qu'on possède pour aller chercher des revenus additionnels, comme c'est le cas
dans l'exemple que je vous ai donné, du système technologique qu'on pourrait vendre
à des tiers.
M. Derraji : Oui, c'est très
clair. Merci beaucoup. Tout à l'heure, je parlais avec... Je ne sais pas si
vous avez suivi l'intervention de l'ATUQ, par rapport aux droits que L'ATUQ
demande pour pouvoir développer des projets immobiliers aux abords, au-dessus
de leurs infrastructures de transport en commun. Je ne sais pas si vous avez vu
le projet de loi n° 791, que j'ai déposé il y a quelques mois, vous avez vu l'ouverture
dans le projet de loi. L'ATUQ nous ont expliqué tout à l'heure ce qu'eux, ils
comprenaient de l'ouverture. Vous, c'est quoi, votre interprétation? Est-ce que
ça vous satisfait tel qu'il est libellé dans le projet de loi?
M. Yelle (Sylvain) : Non, c'est
pour ça qu'on a demandé d'ouvrir davantage des possibilités pour nous permettre
de travailler avec des partenaires privés. Ce qu'on... Notre interprétation du
projet de loi, tel qu'il est déposé en ce moment, ne nous permettrait pas ça,
actuellement, s'il n'y a pas d'amendements. Donc, si on peut faire des
projets... Aujourd'hui, ce qu'on pourrait faire, c'est simplement vendre un
terrain pour qu'il soit exploité plutôt que de le garder puis de louer, par
exemple, des droits ou des redevances qui pourraient nous être... redonnées à
la suite d'un projet qui aurait été mis en œuvre avec la nouvelle... et un
tiers privé, par exemple...
M. Derraji : ...vous voulez,
c'est vraiment avoir l'opportunité de développer avec des partenaires privés
des projets immobiliers, comme c'est le cas ailleurs, là, prenons l'exemple de
Vancouver ou même en France, aux États-Unis. Est-ce que c'est que... c'est ça,
votre demande, pouvoir le faire?
M. Yelle (Sylvain) : C'est
tout à fait ça. C'est tout à fait ça. Puis d'ailleurs dans... on a déposé avec
notre mémoire des lettres de municipalités qui ont ce genre de projet là en
ambition puis qui souhaitent aussi qu'on les... on les accompagne, là, dans le
développement de ces projets-là, dans nos infrastructures, nos actifs.
M. Derraji : Oui, mais le
problème, c'est qu'au niveau de la loi, aujourd'hui, que ça soit au niveau de
la loi sur les sociétés de transport, il ne permet à aucun partenaire, que ça
soit les sociétés de transport ou vous-même, de le faire.
M. Yelle (Sylvain) : Exact.
M. Derraji : O.K. Excellent.
M. Yelle (Sylvain) : C'est
ça.
M. Derraji : Oui. Un autre
point où j'aimerais vous entendre, c'est... à part que vous avez parlé de la...
l'article 7, ça, c'est vraiment au niveau de la présence d'administrateurs
désignés parmi les usagers de services, ça, c'est... c'est bon. Mais il y a un
autre point où vous avez parlé pas mal de l'attribution des contrats gré à gré
avec le propriétaire ou l'exploitant... l'exploitant d'une voie ferrée pour
l'exécution de travaux sur l'emprise, donc l'ajout de l'article 24.1 au
projet de loi. Est-ce que la lecture du projet de loi de Mobilité Infra vous
laisse imaginer qu'il y a l'oubli des... d'un... de vous, hein, l'oubli d'un
exploitant de voies ferrées?
M. Yelle (Sylvain) : En fait,
ce qu'on... on profite de... on profite du projet de loi pour demander cette...
ce changement-là ou cet amendement-là qui nous permettrait d'être plus
efficaces, parce que le processus, il est lourd. On fait affaire avec des
propriétaires de voies ferrées exclusifs, là, le CN, le CP, et le processus
pour, justement, intervenir est lourd, c'est pour ça qu'on souhaite avoir
l'occasion de pouvoir faire des contrats directement de gré à gré avec eux.
Donc, ce n'est pas nécessairement relié directement avec le...
Infrastructure... Infra Québec, mais on profite de l'occasion pour corriger cet
élément-là qui nous empêche d'être plus performants dans nos projets.
M. Derraji : Continuons avec
la même chose au niveau des contrats gré à gré. Vous devez... Vous demandez la
même chose aussi par rapport aux contrats de service de transport adapté.
M. Yelle (Sylvain) : Oui, ça,
c'est essentiel. On a eu... On a vécu, compte tenu du territoire qu'on dessert,
du nombre de contrats qu'on a, on a des dizaines de contrats avec des
transporteurs... et le fait de devoir aller en appel d'offres public à chaque
fois crée des inconvénients, autant pour les clients que pour les transporteurs
locaux. On est conscients qu'on travaille dans des petites municipalités. Des
fois, il y a deux chauffeurs de taxi, qui ne sont pas nécessairement aptes à
répondre à des appels d'offres publics, donc... Et toutes les sociétés de
transport ont déjà cette exception-là de gré à gré avec des transporteurs de...
adaptés. C'est ce qu'on demande d'avoir aussi.
• (17 h 40) •
M. Derraji : ...de meilleures
performances, notamment réduction des coûts, aussi la flexibilité, l'équité
avec les autres sociétés de transport. C'est très clair, vos points. Mais vous,
réduction de coûts, c'est de l'ordre de combien? C'est de très bons arguments,
mais c'est... ça ne figure pas dans le projet de loi, malheureusement. Mais,
quand vous dites une réduction de coûts, surtout une réalité régionale, une
réalité où des petites villes, vous l'avez très bien mentionné, petites
municipalités... Mais ça représente, en termes de réduction de coûts, combien?
Le Président (M. St-Louis) : En
15 secondes, s'il vous plaît.
M. Yelle (Sylvain) : On a...
On a environ 20 millions de contrats dans le transport adapté, là. On pense
qu'il y a un pourcentage qui serait diminué du fait que les petits joueurs qui
ont des meilleurs prix apporteraient une diminution des coûts, mais on n'a pas
calculé le bénéfice directement.
M. Derraji : Merci. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie. Nous allons poursuivre maintenant avec le porte-parole du
deuxième groupe d'opposition pour un bloc d'échange de trois minutes 18
secondes. La parole est à vous.
M. Grandmont : Parfait.
Merci, M. le Président. Bonjour à vous quatre. Content de vous rencontrer
aujourd'hui. Très... Très intéressant mémoire. J'irais sur un sujet qu'on n'a
pas beaucoup couvert jusqu'à maintenant, parce que, moi aussi, ça m'avait quand
même... ça avait attiré mon attention, là, quand j'ai lu le projet de loi,
c'est la composition du conseil d'administration. J'ai regardé un peu qu'est-ce
qui se passe ailleurs, dans d'autres sociétés d'État, dans d'autres
organisations du même type que ce qu'on veut faire avec Mobilité Infra Québec,
puis j'aimerais vous entendre sur l'importance d'avoir une meilleure
représentativité, notamment, et autres bonifications que vous pouvez,
évidemment, là, souligner ou proposer sur la composition du conseil d'administration
de Mobilité Infra Québec.
M. Yelle (Sylvain) : Sur
celle de Mobilité Infra Québec, on n'a pas... on n'a pas regardé cette
question-là, considérant que, comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, la
question de réalisation des projets, ce n'est pas dans notre mission
principale, là, c'est surtout les projets complexes. Donc, on n'a pas...
M. Yelle (Sylvain) : ...d'opinion
sur ça actuellement.
M. Grandmont : D'accord. Vous
avez... Vous avez dit que vous appuyiez d'emblée, là, toutes les propositions
qui étaient dans le mémoire de l'ATUQ.
M. Yelle (Sylvain) : Oui.
M. Grandmont : Donc,
j'aimerais vous entendre sur certains éléments. Tout d'abord, la valorisation
potentielle des immobilisations, les sources supplémentaires de revenus. En
quoi ça pourrait être utile pour vous, pour Exo?
M. Yelle (Sylvain) : Bien,
essentiellement, c'est des revenus supplémentaires qui nous permettraient soit,
un, de diminuer les contributions des différents joueurs au transport
collectif. Mais surtout, ce qu'on souhaiterait, c'est de pouvoir injecter ça
dans l'offre de services additionnels. On pense que ça serait une belle
opportunité de le faire, et donc avec des revenus qui sont récurrents, plutôt
que juste la capitaliser sur une banque de terrains. Donc, c'est là-dessus
qu'on est. Et on croit qu'il y en a. D'ailleurs, je l'ai mentionné à
61 villes, qu'on a souvent un beau terminus avec un beau stationnement en
plein cœur de la ville, c'est le hub de transport collectif. Donc, il y a
des... Il y a beaucoup d'appétit pour ce genre de projet là dans les
municipalités qu'on dessert, puis ça nous permettrait d'aller chercher des
revenus... services en conséquence.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. Bon, donc, si on comprend évidemment que ce n'est pas la solution à tous
les maux en termes de financement des opérations de transport collectif, mais
ça serait un pas dans la bonne direction. Ce serait une source de revenus que
vous seriez prêt à envisager, évidemment.
M. Yelle (Sylvain) : Certainement.
M. Grandmont : Il y a la
question de s'assurer ou de donner de facto l'opération des projets réalisés
par Mobilité Infra Québec aux organismes, aux sociétés de transport collectif
déjà en place avec possible droit de refus. Donc, ça aussi, c'est une
proposition que vous appuyez de la...
M. Yelle (Sylvain) : Oui,
c'est... On a appuyé l'ensemble des recommandations de l'ATUQ.
M. Grandmont : Qu'est ce que
ça changerait pour vous, là, autrement que si ce n'est pas dans le projet de
loi, qu'est-ce que c'est le risque pour vous?
M. Yelle (Sylvain) : Bien,
évidemment, comme je l'ai mentionné, on a des actifs, des capacités, des
connaissances pour exploiter des services, puis on a justement un système de
train de banlieue, ici, qui est... qu'on exploite, mais on a des capacités
excédentaires. Donc, ce qu'on souhaite, c'est que ces capacités-là soient
utilisées avant d'amener un nouveau joueur, puis que des doublements soient
occasionnés par ça, là, comme ça a été mentionné par les gens de l'ATUQ...
Le Président (M. St-Louis) :
Alors, je vous remercie. Ceci conclut ce bloc. Pour la suite, je cède
maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine. La parole est à vous.
M. Arseneau : Merci.
Bonjour, messieurs, mesdames. Merci pour votre mémoire qui est extrêmement
intéressant. Mais avant d'y arriver, je voulais juste revenir sur les
recommandations de l'ATUQ que vous appuyer, concernant par exemple la précision
de ce que sont des projets complexes. Quand on mentionne par exemple des
projets opérationnels en lien avec des activités des sociétés de transport qui
si elles ne sont pas exclues d'emblée pourraient rentrer dans les projets qui
sont donnés à la nouvelle agence. Est-ce que... Est-ce que, vous, c'est
significatif qu'on adopte justement un amendement en ce sens-là? Est-ce que
vous voyez un risque que l'agence se mêle de vos affaires, essentiellement?
M. Yelle (Sylvain) : Effectivement,
c'est quelque chose qu'on souhaiterait que ce soit précisé. Qu'est-ce qu'un
projet complexe? Parce qu'effectivement on fait aussi des projets, notamment
dans le ferroviaire, qui peuvent être parfois des projets d'ampleur., là. Donc,
on voulait s'assurer que les rôles et responsabilités sont clairs, là, à ce
niveau-là.
M. Arseneau : Et de la
même façon, pour ce qui est par exemple du dédoublement, on vient de le
mentionner, mais surtout de la synergie entre le développement de projets et
l'opérationnalisation du même projet. C'est une préoccupation importante pour
vous?
M. Yelle (Sylvain) : Oui,
ça va de pair. On est aussi à cette enseigne-là parce que, a), les besoins,
souvent, bien, il y a un... il y a une balance des inconvénients entre le
projet de construction puis l'exploitation ou les coûts d'exploitation. Donc,
c'est important qu'il y ait un équilibre qui soit créé dès le début du projet,
entre les coûts de construction, de réalisation et les coûts d'exploitation qui
vont suivre.
M. Arseneau : Mais on
mentionne également que les sociétés de transport, puis j'imagine que vous vous
identifiez comme tel, là, devraient siéger aux différents comités de mise en
œuvre du projet, y compris au comité décisionnel. C'est vraiment important pour
vous?
M. Yelle (Sylvain) : Dans
notre cas, on est dans la région de Montréal. C'est une responsabilité qui est
davantage dévolue à l'ARTM, mais évidemment toutes les questions
opérationnelles, dans la mesure où c'est nous qui exploitations ces projets-là,
oui, on devrait être également partie prenante.
M. Arseneau : Maintenant,
pour votre mémoire en particulier, on a abordé différents aspects. Les
collègues l'ont fait. Moi, je vais aborder quelque chose qui n'a peut-être pas
été abordé en profondeur dans la minute qu'il me...
M. Arseneau : ...la
proposition d'une nouvelle gouvernance, est-ce que vous pouvez me résumer
comment vous, vous voyez les améliorations qui pourraient être apportées à la
gouvernance actuelle?
M. Yelle (Sylvain) : Oui. En
fait, c'est les services locaux d'autobus. Il faut comprendre, dans notre
région, là, c'est tout sous des ententes de services qu'on a avec l'Autorité.
Ce qu'on voit depuis les sept ans que cette loi-là est entrée en vigueur, c'est
qu'il y a un «disconnect» entre les besoins des municipalités qui paient le
déficit des services qu'ils souhaitent avoir, puis ce qu'ils paient. Ça fait
que nous, dans le fond, comme actuellement dans la gouvernance actuelle, on est
un centre de coûts pour faire les services, puis les villes paient à l'ARTM les
déficits, et ça crée une... ça crée une confusion qui fait en sorte que les
municipalités sont... sont perdues dans leurs factures. Nous, on pense que la
reddition sur l'offre de service local, les coûts, elle devrait être faite
directement entre la société de transport et les villes qu'on dessert, comme
c'est le cas partout au Québec et comme c'était le cas avant 2017 aussi. On n'a
pas vu de valeur ajoutée à intégrer ça.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie. Permettez-moi de vous remercier tous les quatre pour votre
contribution aux travaux de notre commission.
Je vais suspendre brièvement afin que l'on
puisse accueillir notre prochain invité. Merci.
Des voix : Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 49)
(Reprise à 17 h 57)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. J'aimerais d'abord souhaiter la bienvenue à
Mme...
Le Président (M.
St-Louis) :
...Catherine
Morency. M. Hubert Verreault. Je vais vous demander tous les deux de
vous présenter, pour le bénéfice des membres de la commission et pour celui des
gens qui nous écoutent. Donc, la parole est à vous. Vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Merci.
Mme Morency (Catherine) : Donc,
merci beaucoup. Mon nom est Catherine Morency. Je suis professeure à
Polytechnique Montréal. Je suis titulaire de deux chaires de recherche sur la
mobilité des personnes. Donc, évidemment, ce qu'on va présenter, c'est sous la
perspective de chercheurs qui travaillent à développer des outils d'aide à la
décision. Je vais demander à mon collaborateur de se présenter.
M. Verreault (Hubert) : Bonjour,
je suis Hubert Verreasult, je suis professionnel de recherche à Polytechnique
Montréal, dans une des chaires de Catherine Morency. Puis je suis également
chargé de cours en planification des transports à Polytechnique Montréal aussi.
Mme Morency (Catherine) : Donc,
évidemment, on est chercheurs en... à Polytechnique, donc ingénieurs aussi.
C'est clair qu'on n'est pas des avocats, pas des spécialistes en gouvernance.
Et, en fait, quand on analyse cette loi, on va vous exposer notre
compréhension. Puis merci de nous recevoir pour exposer un peu ce qu'on
comprend et nos préoccupations et en fait ce qu'on... ce qui pourrait être
positif, là, selon les perspectives qui sont prises. Donc, je vais d'abord
commencer avec les questions préalables, ensuite faire état de certaines choses
qui clochent autour de la mobilité au Québec, faire des constats généraux sur
le projet de loi, qu'on en a compris, et ensuite certains éléments ciblés, là.
Donc, je dirais que les questions
préalables, là, si on regarde ce projet de loi et la création de cette
agence... comment la nommer, là, mobilité Infra Québec. Moi, évidemment que la
question que je pose en partant, c'est : Est-ce que ce type d'organisation
va nous permettre de prendre des décisions qui sont davantage ancrées sur la
science, qui sont basées sur des données probantes, qui s'appuient sur des analyses
objectives et qui sont plus à l'abri des influences politiques? Ça, c'est ma
première question. Deuxième question : Est-ce que ça va nous permettre de
répondre aux besoins de mobilité de tous les segments de population actuelle et
projetée à l'intérieur des différentes régions et entre les régions? Est-ce que
ça va être en cohérence avec les cibles dans la politique de mobilité durable?
Parce que c'est quand même clé, on a cette politique avec des cibles fort
pertinentes. Bon, ensuite, on se questionne sur la cohérence des décisions qui
sont prises. Est-ce que ça va être adapté? Donc, nos décisions vont-elles être
adaptées aux multiples contextes qu'on retrouve à travers le Québec, qui
exigent quand même une bonne compréhension des enjeux locaux et des besoins
locaux, et des interdépendances entre les différents morceaux de réseaux de
transport et modes qui interagissent? Et est-ce que les décisions qui sont
prises vont tenir compte des coûts futurs? Ça, c'est les questions préalables.
• (18 heures) •
Ensuite, si j'essaie d'évaluer rapidement,
là, qu'est-ce qui cloche au Québec, selon notre point de vue, là, et ce sont
sans doute des choses que vous avez entendues. Donc, ma compréhension, c'est
qu'il n'existe pas aujourd'hui de vision québécoise de la mobilité des
personnes et des biens qui couvre l'ensemble des échelles spatiales. Bon,
qu'est-ce que ça veut dire? C'est que c'est certainement pertinent d'avoir
quelque chose qui couvre l'ensemble du Québec. On en a déjà d'ailleurs, et on
n'a pas cette vision qui nous permet justement d'atteindre nos cibles de
politique de mobilité durable.
La deuxième chose que je constate, qui est
un enjeu fondamental, c'est qu'on a actuellement des réseaux de transport en
commun extrêmement vulnérables et c'est comme si on avait... on programmait,
là, d'avance l'absence de redondance. On a des réseaux qui sont stagnants,
parce qu'on n'est pas en train de faire progresser l'offre, on a des origines
destinations pour lesquelles il n'y a pas de service. Donc, je me questionne.
Est-ce que c'est une nouvelle infrastructure là... est-ce que c'est la
gouvernance qui fait qu'on a ces problèmes-là? Là, je ne suis pas certaine. Je
pense qu'on a vraiment un manque de fondement scientifique et d'objectivité
dans plusieurs des décisions. Donc, est-ce que cette nouvelle... cette nouvelle
MIQ va nous permettre d'être davantage ancrés sur la science et d'avoir...
Est-ce que... Est-ce qu'on va cesser d'avoir un peu l'instrumentalisation des
projets pour soutenir certains... certains souhaits politiques? En fait, je ne
sais pas comment le formuler.
J'observe aussi une certaine tendance
inquiétante. Et là aussi, je pense qu'il faut se questionner quand on met en
place des organisations comme ça, à avoir les réseaux de transport en commun
comme étant des services qui ne sont pas nécessairement des services sociaux,
mais qui visent à avoir une forme de rentabilité. On le voit dans la région de
Montréal, ça... Il y a des risques associés au développement de réseaux ou à la
prise en charge de projets si l'objectif, c'est d'assurer une rentabilité,
parce qu'un réseau de transport en commun, ça doit offrir aussi un service
public. Et, si on abandonne le côté social du transport en commun, on a un
sérieux problème en termes d'inclusivité et d'atteinte de certaines cibles
d'équité. Et je ne vois pas nécessairement de cible au niveau de la réduction
de la dépendance à l'automobile. Je pense qu'il faut en parler davantage. Donc,
je ne sais pas où ça va se situer dans les exercices de planification qui
seraient faits par... par MIQ, si je peux me permettre de parler de MIQ comme
ça.
Et, si j'y vais avec certains constats
généraux sur la loi 61, donc, ce qu'on en comprend, moi, ce que je
comprends quand on analyse ceci, c'est qu'il est...
18 h (version non révisée)
Mme Morency (Catherine) : ...la
thèse de départ, c'est que nos enjeux actuels en mobilité sont liés à un
problème de gouvernance. Je ne suis pas certaine que c'est le cas. Comme je
vous dis, je ne suis pas une spécialiste en gouvernance, mais je ne suis pas
certaine que notre seule clé, c'est un enjeu de gouvernance et que de mettre en
place une structure très centralisée va nous permettre de faciliter et de mieux
réaliser en fait mieux choisir, mieux planifier, mieux réaliser. Je suis pas
certaine que c'est ça l'enjeu. Donc, j'imagine qu'on en a est convaincu que c'est
ça l'enjeu. Et si nos organisations actuelles avaient les mêmes pouvoirs que
certains ont eus ou que ceux qu'on prévoit donner à cette nouvelle
organisation, est-ce que ça, ça réglerait nos problèmes? Je ne suis pas
certaine donc, mes observations, en fait, les observations sur cette loi, on
constate que c'est beaucoup de la grande centralisation. Est-ce que... je ne
suis pas certaine que c'est mieux parce que ça va vraiment écarter, en fait, ça
va éloigner ceux qui décident du contexte local puis en transport, je le répète
souvent, il y a beaucoup d'interactions, hein? Si je construis une nouvelle
infrastructure comme un troisième lien, je vais avoir des impacts directs dans
les milieux de vie dans la ville de Québec, dans les quartiers centraux, sur
les rues locales, sur les artères. Ça, il faut vraiment le comprendre. On ne
peut pas isoler les projets du reste du contexte. Il y a un flou, hein, sur les
projets complexes. On voit aussi beaucoup de pouvoir qui est donné. J'ai
quelques craintes, hein, pour avoir vu des projets imposés qui vont à l'encontre
de cibles et de tendances que les gouvernements locaux veulent prendre. Ça fait
que ça, c'est un peu inquiétant. Et je constate aussi qu'on a entendu qu'il y
avait beaucoup un manque de compétences. Je ne suis pas certaine que c'est à ce
point vrai sur l'ensemble de ce qui est dédié à ce MIQ en termes de
planification, modélisation, collecte de données. Le Québec est quand même
reconnu pour la qualité de ce qui est fait. Donc je suis aussi un peu inquiète
de voir qu'on veut reconstruire quelque chose aussi pour soutenir la
planification. Donc sur ce, parce que sinon je vais parler trop. Vous savez, c'est
ça, un prof. Je vais quand même laisser la parole à mon collaborateur sur des
observations plus ciblées sur la loi 61 puis ensuite, de toute façon, on pourra
interagir. Alors Hubert, je te laisse aller.
M. Verreault (Hubert) : Merci.
Donc c'est ça. Quelques questions ciblées sur les constats que Mme Morency vous
a énoncés. Premièrement, sur cette notion de projet complexe, qui a un certain
flou par rapport à la définition de ce que c'est un projet complexe. Donc, c'est
quoi? Quels pourraient être les critères pour déterminer si c'est un complet...
un projet complexe ou pas? Quels modes sont concernés le transport collectif,
les autres modes également, tous les autres modes? Et qu'est-ce qui pourrait
rentrer aussi dans le transport collectif? Donc oui, l'autobus, le train, le
métro, le tramway, le REM, mais également le taxi, l'autocar. Est-ce vraiment
réaliste aussi de penser que des ressources de l'agence pourront développer
rapidement une compréhension du contexte local et régional et pas seulement
provincial? Et il y a aussi un risque d'approche qui serait un peu de type «plug
and play», c'est-à-dire un modèle de projet qu'on essaierait d'implanter
partout nonobstant le contexte d'implantation locale et régionale. Par la
suite, au niveau de la centralisation. Donc, on comprend... Notre compréhension,
c'est que le gouvernement s'approprie la planification et la réalisation des
projets complexes, peu importe la définition. Donc, on tasse un peu
complètement tous les autres paliers gouvernementaux. Donc, ça ressemble un peu
à une mise en tutelle, d'une certaine façon. On s'interroge surtout sur le rôle
des élus locaux. Où pourrait être la reddition de comptes pour ces élus-là
également? Est-ce que les élus auront un mot à dire sur les projets qui
touchent leurs citoyens, leurs services et leur développement urbain? Et de l'autre
côté, du point de vue de la population, quels seront les leviers pour eux, pour
les populations qui sont ciblées, impactées par ces projets-là, pour se faire
entendre et considérer? Il ne faut pas oublier également qu'il y a de fortes
interactions entre les différents projets de transport aux différentes
échelles, donc très locales, régionales et à la limite provinciales, bien
entendu. Troisième point, au niveau du pouvoir d'imposer. Donc, notre
compréhension, c'est que l'agence peut imposer à peu près toutes les
composantes d'un projet, c'est-à-dire le tracé, les infrastructures, la
technologie qui va être utilisée. Et le gouvernement peut aussi spécifier qui
va payer quoi, même sans entente avec les différents partenaires. Donc, ces
choix-là peuvent être, pourraient être faits sans considération des coûts à
long terme qui ne seront pas sous la charge du gouvernement provincial, a
priori. C'est des décisions qui peuvent impacter le coût d'autres services et
projets à des sociétés de transport ou des municipalités et mettre en péril
certaines orientations de leurs...
M. Verreault (Hubert) : ...propre
exercice de planification. Et aussi on se demande comment va se matérialiser le
processus de consultation, donc la prise en compte des préoccupations des
gouvernements locaux, des populations concernées par les projets, des impacts
et ainsi de suite.
Et finalement...
Le Président (M. St-Louis) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Verreault (Hubert) : Oui,
oui, c'est la dernière acétate. Pour ce qui touche la planification en
mobilité... donc, il y a flou par rapport à ce que c'est la planification en
mobilité. Donc, on se demande c'est quoi le rôle, bien entendu, du MTMD, de
l'ARTM à Montréal. Mais surtout, la planification en mobilité, ça va être à
quelle échelle que l'agence va la faire, la position d'un arrêt d'autobus, une
ligne de bus, un autocar régional, la politique de mobilité durable ou des
plans de transport...
Le Président (M. St-Louis) : Malheureusement,
M. Verreault, je suis obligé de vous interrompre, car le temps est un
facteur important en commission parlementaire. Vous m'en excuserez. Donc...
M. Verreault (Hubert) : C'était
ma dernière...
Le Président (M. St-Louis) : ...nous
allons passer à la période d'échanges. Donc, Mme la ministre, la parole est à
vous. Vous disposez de 10 minutes.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Merci beaucoup,
Mme Morency, M. Verreault, d'être avec nous cet après-midi.
Mme Morency, qui est bien connue, qui se prononce régulièrement sur divers
enjeux de mobilité. D'ailleurs, la dernière fois qu'on s'est vues, c'était
dans... je pense, la station de Cogeco pour une entrevue sur peut-être la
sécurité routière ou, enfin. Vous êtes de tous les sujets en mobilité, donc
merci de prendre le temps à cette heure-là en plus ce soir d'être avec nous
pour nous présenter vos... votre point de vue sur le projet de loi que moi
évidemment je trouve très important. On prend la peine de le faire, c'est parce
qu'on le trouve important. Bien, je pense qu'on s'entend tous sur son
importance pour le développement du transport collectif au Québec. On veut tous
la même chose, plus de transport collectif, mais encore faut-il que ça réponde
aux bons besoins. Et là j'ai noté, là... on a tous noté... pas tous, mais, en
tout cas, ma collègue et moi, divers points que vous avez évoqués. Donc, je
n'aurai peut-être pas le temps de tous les couvrir, mais je vais aller sur le
premier parce que vous avez dit diverses choses qui, pour moi, vont un peu dans
le sens du même élément. C'est-à-dire, vous avez dit : Il faut s'assurer
que ça réponde à plusieurs besoins... à tous les besoins de l'ensemble des
gens, les régions, les divers besoins qui peuvent, selon le territoire... de notre
grand territoire du Québec, d'avoir des décisions qui sont adaptées aux
divers... aux nombreux contextes, donc un peu peut-être dans le même sens, et
aussi qui tiennent compte de l'interdépendance puis des différents modes.
Donc, pour moi, l'élément commun à ces
trois... En fait, pour moi, le fait de créer une équipe centralisée... puis
peut-être je vais tout de suite insérer le fait que vous disiez qu'on a
mentionné qu'il y avait un manque de compétences au Québec puis vous
dites : Je ne suis pas tout à fait certaine que c'est vrai. Je suis
d'accord avec vous. En fait, en ce qui me concerne, ce n'est pas tant un manque
de compétences que je dirais un éparpillement des ressources compétentes, ça
serait plutôt ça et... Bien là, c'est ça, vous pourrez nous éclairer, là. C'est
pour ça que je veux vous amener là-dessus, parce que pour moi, c'est important.
L'idée, c'est de centraliser des ressources qui vont être capables d'avoir
justement une vision nationale, donc d'être capable à la fois de savoir ce
qu'on projette pour la grande CMM, dont on parle beaucoup, mais,
éventuellement, il va y avoir aussi d'autres projets, peut-être ailleurs, donc
d'être capables de travailler sur l'ensemble des projets en même temps. Pour
moi, ça nous donne plus de chances de répondre justement aux divers besoins, de
tenir compte des différents contextes, des différents modes, de
l'interdépendance, et tout ça, sans parler de la vision budgétaire qu'on est
capable d'avoir à l'échelle nationale aussi, ce qui est quand même un enjeu crucial,
là, l'aspect budgétaire.
• (18 h 10) •
Alors, pour moi, ça, ça répond à un
besoin, plutôt que d'avoir des sociétés de transport sur des territoires fixes
qui — puis c'est normal — pensent à leur territoire à eux
puis ils font leurs projets à eux. Puis c'est correct, c'est comme ça que c'est
fait. Mais d'avoir une instance nationale, pour moi, ça vient répondre à ça.
Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Morency (Catherine) : Oui.
Bien, en fait, ça... c'est directement la question sur l'échelle de planification,
parce qu'à ma connaissance, on a une politique de mobilité durable, donc on a
été capable d'avoir des énoncés qui couvrent la totalité du Québec. Mais quand
on est à l'échelle de l'implantation, bien là, ça veut dire qu'il faut avoir
une connaissance des interactions qui vont s'opérer au niveau local puis
effectivement assurer qu'il y ait une cohérence à l'échelle nationale. Puis, à
cet égard, le ministère a pris une très bonne décision de lancer une enquête
pour avoir des données à l'échelle du Québec, ce qui était manquant. Ça fait
qu'on voit déjà qu'il y a des bons projets qui vont dans le sens d'avoir une
compréhension des... de la demande de mobilité à l'échelle du Québec. Là où...
Là où il y a... je pense, il y a des enjeux, c'est quand on veut aller faire de
la planification de l'échelle plus fine, sans compréhension du contexte. Puis
c'est là où j'ai quand même un doute. Je pense que plus on est loin... au
niveau provincial, il faut avoir des éléments de vision qui sont très clairs.
Il faut sans doute établir des règles, peut-être des normes ou des... je
dirais, des... l'approche de justice, là, le suffisantarisme, là, ou le
suffisantisme, là. Tu dis : C'est quoi le service minimum qu'on doit
offrir à l'ensemble de la population? Pour moi, ce sont des éléments qui
doivent être énoncés à l'échelle du Québec.
Ensuite, je ne suis vraiment convaincue
que...
Mme Morency (Catherine) : ...la
réalisation des projets ou le choix des technologies pour des corridors
spécifiques, ça doit relever de cette échelle-là. C'est là où je pense qu'il y
a... Je ne suis pas certaine. Établir des plans de collecte de données, faire
le diagnostic de la mobilité à l'échelle du Québec, oui, décider d'un corridor
dans une région, je ne suis pas convaincue. Assurer qu'il y a des
interconnexions puis qu'on crée des pôles intermodaux pour assurer qu'il y a
des cohérences à différentes échelles, sans doute que là, il y a un rôle à une
échelle supérieure. C'est vraiment au niveau de l'échelle de planification,
puis je ne la saisis pas tout à fait dans le projet de loi, mais bon, comme dit
le texte de loi, ce n'est pas tout le temps l'affaire que je comprends mieux.
Mais il y a quand même...
Au niveau des échelles spatiales, ce n'est
pas clair. Tu sais, on comprend que planifier une ligne de bus, ça ne relève
pas du provincial, en tout cas, je ne vois pas, là. À quelle échelle on se
situe pour être cohérent puis assurer effectivement que tout le monde comprend
un peu les mêmes éléments de vision soient en cohérence avec la politique de
mobilité durable, ce qu'on a réussi à faire malgré l'absence de cette agence.
Mme Guilbault :Oui, bien, vous avez... vous avez raison. C'est sûr que
l'agence n'est pas là pour gérer des lignes d'autobus. Il y a déjà des sociétés
de transport pour faire ça. Vous avez tout à fait raison. C'est pour ça qu'on
parle de projet de transport collectif complexe, donc, d'une certaine
envergure, le REM est un exemple. Là, tout à l'heure, on parlait du futur
projet dans l'est de Montréal qui va chevaucher plus d'une région fort
probablement, donc, tu sais. Alors là, on est dans quelque chose de plus
complexe. Et vous disiez aussi, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, mais
vous avez dit, sur la gouvernance, vous dites : On parle de la gouvernance,
mais, pour moi, je ne suis pas certaine que c'est ça, l'enjeu, la gouvernance.
Alors, pour vous, ce serait quoi, l'enjeu? Puis vous avez aussi parlé de tenir
compte des coûts futurs qui devraient être un des objectifs aussi. Puis là
c'est sûr que, pour moi, deux choses, plus rapide, moins coûteux, donc d'être
plus efficace.
Alors, les coûts futurs, pour pouvoir
avoir le meilleur projet au meilleur coût, quant à moi... Puis là j'embarque
dans le projet de loi de mon collègue. Je ne sais pas si vous avez été
consultée ou si vous avez pris connaissance du projet de la réforme des modes
contractuels, mais c'est sûr que ce projet de loi là est un outil crucial pour
Mobilité Infra Québec, parce que, sans cette réforme-là, ça ne mènerait à rien,
là je suis d'accord, ça ne mènerait à rien du tout. Alors, tenir compte des
coûts futurs, pour nous, ça, c'est une des façons d'y arriver. Mais bref, donc,
si la gouvernance, pour vous, n'est pas un enjeu, pour vous, ce serait quoi,
l'enjeu?
Mme Morency (Catherine) : Là
on pourrait dire que ça va toujours en être un, là. On en voit, des réformes,
puis chacun arrive avec sa solution qui va tout régler. À force de voir ça, je
me dis : Bien, coudon, si chacun pense qu'à chaque fois qu'il arrive, il
faut qu'il change la gouvernance, peut-être que ce n'est pas là, l'enjeu. Il y
a des éléments de vision clairs qui doivent être énoncés. Puis ensuite je pense
qu'il y a plusieurs types d'organisation qui peuvent les mettre en pratique,
peut-être que c'est là où il y a une errance. Je pense aussi que les projets de
transport sont quand même soumis à des influences qui ne sont pas des faits
probants... sur la science. Si c'était le cas, ça serait bien plus facile de
décider ce qu'il faut faire, si on s'appuyait sur une analyse objective des
besoins, puis ce que la science dit et le consensus de plusieurs spécialistes
du domaine, ce serait moins compliqué que ce qu'on voit là. Est-ce que c'est la
gouvernance ou c'est autre... ou c'est la façon dont on instrumentalise les
projets? Je ne suis pas certaine... Sur la réalisation, je comprends qu'il faut
aller plus vite. Quand on dit qu'il faut tenir compte des coupures, c'est
qu'actuellement on a quand même un déficit dans le maintien des actifs de
certaines infrastructures importantes. Ça fait que, pour moi, quand on fait le
choix d'une technologie, quand on fait le choix d'un corridor, on fait le choix
d'un mode.
Quand on parle de projets qui, même si on
les réalise vite, vont amener un fardeau supplémentaire, il faut quand même en
tenir compte. Et là la façon dont ça semble être articulé, là, mais ce que j'en
comprends, du moins, c'est qu'on pourrait faire des choix et léguer
l'entretien, l'opération, tu sais, le maintien des actifs à autrui. Donc, quand
on fait le calcul des coûts, si on fait le projet le moins cher qu'aujourd'hui,
peut-être qu'il va coûter plus cher à opérer à long terme, et entretenir. Ça,
pour moi, je trouve que c'est un enjeu. Si on n'a pas le fardeau complet, bien,
je ne sais pas, tu sais. Puis, quand on parle des coûts, il y a cette question
d'entretien, d'opération, il y a l'adaptation aux changements climatiques. Dans
15 ans, on va se déplacer. Comment est-ce qu'on est capable de comprendre qu'on
va devoir changer de mode de déplacement? En tout cas, il y a tout ça que je
trouve un peu... Ce n'est pas clair pour moi. Est-ce qu'on ne va pas hériter de
projets qui sont qui sont coûteux à entretenir? Et est-ce qu'on va avoir les
moyens de les entretenir?
Mme Guilbault :Mais c'est sûr que... Bon, j'ai juste une minute. Mais
c'est certain que vous nommez un enjeu qui est un peu l'éléphant dans la pièce,
là, on a un déficit de maintien des actifs, mais, en même temps, les gens
veulent plus de transport collectif. Donc, si on dit : On met tout dans le
maintien des actifs et on ne fait plus du tout de développement... Prenez le
routier, on met 82 % de nos investissements dans le routier, dans le
maintien des actifs et seulement 18 % dans le développement, parce qu'à un
moment donné, il faut être réaliste, mais, en même temps, les gens veulent du
transport collectif. Donc, on essaie de trouver l'équilibre malgré que l'argent
est rare. Et là vous disiez, peut-être dernier élément, et je pense que c'est
M. Verreault, gouvernement...
Mme Guilbault :...veut préciser qui va payer quoi, est-ce que ce n'est pas
normal... Puis là, encore une fois, l'article 74, là où on vient dire
qu'on va fonctionner par entente, tant sur les modalités financières que sur
les éventuelles modalités d'exploitation, est-ce que, pour vous, ce n'est pas
sain de dire qu'on fonctionne par entente, parce qu'effectivement il y a
d'autres... il y a d'autres personnes que Mobilité Infra Québec, qui vont être
impliqués à la fois dans le financement puis dans l'exploitation. Donc, nous,
c'est comme ça qu'on le voit. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Morency (Catherine) : Ça
dépend des leviers économiques, tu sais. Si j'hérite d'une responsabilité puis
que je n'ai pas les moyens qui vont avec, c'est un peu... C'est un peu tordu à certains
points. Tu sais, quand j'hérite des problèmes qui ont été générés par un autre
palier, mais je n'ai pas les revenus qui viennent avec, c'est un peu... C'est
un peu... On manque un peu de temps pour discuter de cette question-là, mais
effectivement, il va falloir éventuellement réfléchir à... Si c'est une route
provinciale qui traverse ma rue, puis j'hérite des problèmes parce qu'elle
vient d'être élargie, puis je n'ai pas l'argent qui vient avec pour
l'entretenir et pour gérer les impacts que ça génère, il y a quelque chose d'un
peu incohérent. Mais ça, c'est tout le financement des municipalités aussi. Il
y en a amplement... Il y en a qui sont mieux placés que moi pour discuter de
cet enjeu, quand même.
Le Président (M. St-Louis) :
Je dois malheureusement vous interrompre. Vous m'excuserez, c'est mon rôle,
il est ingrat, mais c'est le mien. Nous allons poursuivre les échanges avec le
porte-parole de l'opposition officielle. M. le député, la parole est à vous.
Vous disposez d'un bloc de 9 min 54 s
M. Derraji : Merci, M.
le Président. Bonjour à vous deux. Merci. Toujours très apprécié de vous lire,
de vous entendre sur toutes les plateformes. Continuez à le faire et à bien le
faire, comme vous le faites, que ce soit l'électrification des transports, que
ce soit tout autre sujet lié, c'est toujours très... très pertinent l'ensemble
de vos interventions.
Je vais revenir aux premiers mots que vous
avez utilisés. Vous êtes probablement la première qui l'évoque d'une manière
très directe. C'est une structure centralisée. Donc, vous évoquez la
centralisation. Or que... Or que depuis plusieurs années, si on a des sociétés
de transport dans plusieurs régions, c'est parce qu'on voulait justement éviter
la centralisation, mais on voulait aller plus en mode décentralisation.
Pensez-vous que ce projet de loi est un recul en matière de la décentralisation
au niveau du transport?
Mme Morency (Catherine) : Bon,
je ne suis pas une spécialiste de ces structures, là. Tu sais, moi, j'aime
beaucoup les chiffres, là. Mais ce que je comprends, c'est que ça nous prend
une vision claire au niveau québécois. Ensuite, au niveau des opérations, il
faut comprendre à qui on s'adresse quand on met des services en place. On le
vit, là, quand quelqu'un a une plainte à formuler parce que son bus n'est pas
commencé au coin de la rue, il va aller voir son gouvernement de proximité. Ça
fait qu'on peut imaginer que s'il y a des travaux qui sont faits ou que, je ne
sais pas, il y a une barrière physique qui est créée en avant, ou qu'il y a des
choix qui sont faits, ce sont les gouvernements locaux qui ont hérité des
enjeux. Ils vont s'occuper de tous les impacts de ceux qui sont contents, donc
qui bénéficient ou qui subissent. Je ne sais pas, je ne peux pas faire de
recommandation sur la forme que ça doit prendre, mais il faut s'assurer que
quand on crée ce type d'organisation, qu'on n'est pas en train justement de
faire en sorte que le citoyen ne se frappe pas à des gens qui n'ont rien à dire
dans ce qui est... ce qu'il fait. Parce que là, c'est épouvantable, là, de
recevoir des complaintes quand on n'a aucun pouvoir, on a peu de choses à dire
sur ce qu'on se fait imposer. Bien, je veux dire, c'est une recette magique
pour ne pas que ça fonctionne.
• (18 h 20) •
M. Derraji : O.K.
Mme Morency (Catherine) : Il
faut quand même laisser des leviers à ceux qui créent les quartiers, les
milieux de vie, parce que ce sont des milieux de vie. On parle de milieu de
vie. Puis le transport urbain qui finance ça, ça touche le quotidien des gens.
Je n'ai pas nécessairement la réponse pour vous, mais...
M. Derraji : Oui, mais
vous l'avez dit un peu plus tard, l'argument qui est derrière la création, vous
l'avez qualifié de mythe, c'est le manque de compétence. Corrigez-moi si je me
trompe, j'utilise vos propos, hein, vous avez dit que le manque de compétences
est un mythe. Mais voilà, on dit qu'on n'a pas de compétences. On veut créer
une agence pour mettre des compétences dedans. Vous venez aujourd'hui démolir
cet argument que c'est un mythe, le fait de dire qu'il y a un manque de
compétences.
Mme Morency (Catherine) : Bien,
je pense qu'il ne faut pas généraliser, il y a des domaines dans lesquels on a
des compétences. Après ça, est-ce qu'elles sont bien connues et reconnues? Ce
n'est pas certain. Mais quand on parle de planification des systèmes de
transport, on parle de modélisation de la demande, au Québec, ce sont des
choses qui sont bien maîtrisées, qui sont faites depuis des années. Il y a
plein de gens qui sont formés dans le domaine. On a des données. Les gens,
hein, on se promène, les gens sont envieux des ensembles de données qui sont
disponibles au Québec pour faire de la planification ou de la modélisation,
évaluer des scénarios de transport. Ça fait que, s'il y a de la compétence
absente, ce n'est pas ici. Là, je le sais, j'observe, même si ce n'est pas ma
spécialité, puis comme les enjeux au niveau de la réalisation... Tu sais, faire
un projet, c'est long, là. En tout cas, on le sait. Moi, j'ai dans ma tête...
Mme Morency (Catherine) : ...j'ai
étudié le tramway de Québec en 2000. Ça fait qu'on voit que c'est long. Après
ça, il faut se questionner. Pourquoi c'est long? Est-ce que la création de
cette agence, ça est la clé pour faire en sorte que ce soit moins long? Je ne
suis pas certaine. Je n'ai pas dit que c'était le cas ou pas le cas. Je ne le
sais pas.
M. Derraji : Oui, oui, mais
c'est des propos très clairs. Donc vous dites qu'on a un problème au niveau de
la réalisation, pas au niveau de la planification. Les données sont là. Et pour
vous, aujourd'hui, vous n'êtes pas convaincue qu'à l'étape de la réalisation,
ça prend absolument une agence de mobilité pour réaliser. Est-ce que j'ai bien
résumé vos propos?
Mme Morency (Catherine) : Bien
oui, ça, c'est ce que j'en comprends. Évidemment, je pense qu'il y a quand même
des freins au niveau de la capacité de réalisation qui ne sont pas liés, ce que
je vois, avec les compétences. Ensuite, peut-être qu'on n'en a pas assez, des
gens, parce qu'on a beaucoup d'ambition. C'est vrai que les projets sont très
longs.
M. Derraji : Oui, c'est vrai,
on a beaucoup d'ambition. Mais vous répondez quoi aux gens qui vous
disent : Écoutez, on a trouvé la solution, on a un autre projet de loi en
parallèle... Je sais que vous n'aimez pas tous les projets de loi, mais bon,
ça, c'est une autre histoire, vous disent qu'il y a un autre projet de loi, on
va régler toutes sortes de problèmes de contrat, et dorénavant, il va y avoir
que des contrats collaboratifs et on va accélérer les projets?
Mme Morency (Catherine) : Ça,
je suis moins à l'aise de discuter de ça parce que je ne connais pas vraiment
ça, mais j'ai l'impression qu'il y a quand même un... ça va beaucoup aider.
Parce qu'on a vu des projets se faire plus efficacement avec certains droits.
Évidemment ça vient avec une approche qui est peut-être un peu moins
consultative, et c'est dommage. Donc, il faut arriver à accélérer nos projets,
c'est clair, mais est-ce qu'on est quand même capables aujourd'hui, si on
évacue toute influence politique, là, de pouvoir déterminer objectivement quels
seraient les meilleurs projets?
M. Derraji : Mais vous avez
raison. Parce qu'il y a le non-dit - depuis tout à l'heure, beaucoup de groupes
l'ont mentionné - c'est la question du financement. Vous-même, vous avez
parlé... vous avez parlé en long et en large sur l'électrification des
transports. On peut être ambitieux au Québec de tout électrifier, avoir une
date, mais quand les besoins s'élèvent à 10 milliards et ce n'est même
pas... on n'a même pas prévu 4 milliards... Donc, le problème, ce n'est
pas un problème de compétences. C'est un problème de moyens. Ce n'est pas
uniquement planifier. Les sociétés de transport peuvent planifier des garages,
peuvent planifier des autobus électriques, mais, si on ne leur donne pas les
moyens d'avoir des garages, des autobus électriques livrés à temps avec une
bonne capacité de recharge, eh bien, c'est comme si on perd le temps.
Je veux juste revenir au manque de
compétences. Parce qu'encore une fois vous êtes la première qui me parle de ce
mythe. C'est quand même un constat que vous faites. Et je ne veux pas passer...
laisser le temps passer sans creuser avec vous parce que c'est le nerf de la
guerre de la création de l'agence. Depuis le début, on nous dit : On a un
problème de compétences, on n'est pas capables de faire des projets parce qu'il
y a un problème de compétences. Vous, vous dites le contraire : Il y a
probablement quelques... quelques aspects ou quelques projets où on n'a pas la
compétence nécessaire mais c'est utopique de penser aujourd'hui que le manque
de compétences justifie la création d'une agence.
Mme Morency (Catherine) : Ça
c'est... dans le domaine que je comprends, effectivement, je connais plein de
gens qui sont en mesure de faire de la planification, de la modélisation, de la
collecte de données, de l'analyse de tendances. Ça, c'est... ça existe.
On a une politique de mobilité durable, je
le répète. Le ministère des Transports et de la Mobilité durable a quand même
été en mesure d'énoncer une politique dans laquelle il y a des cibles qui sont
quantifiées. Là, on vient de lancer une enquête nationale justement pour mieux
instrumenter ce type de mesures. Donc, sur ce volet-là, clairement, je pense
qu'on a ce qu'il faut.
Ensuite, au niveau de la réalisation, les
contraintes, il faudrait mieux les saisir. Je pense qu'il y a d'autres projets
de loi qui abordent cette question de réalisation. Puis on a vu des projets
être faits plus vite parce qu'ils ont eu certains privilèges ou droits qui ont
été changés. Puis ça, je pense, c'est là un peu une clé.
M. Derraji : Oui. Mais, merci
beaucoup. Donc, je note structure centralisée, c'est de la grande
centralisation. Le manque de compétences est un mythe.
Vous avez aussi parlé de projets
complexes. Je pense, c'est votre collègue qui dit que c'est flou...
Mme Morency (Catherine) : Oui.
C'est flou... très flou.
M. Derraji : C'est très flou,
le projet complexe, et il manque de critères. Bon. Si on revient au projet de
loi et... parce que le projet de loi, c'est sûr qu'il sera adopté, le
gouvernement et majoritaire, mais vous, on ne peut pas laisser passer la
définition sans clarifier, enlever ce flou, là, et mettre des critères pour
déterminer c'est quoi, un projet complexe.
Mme Morency (Catherine) : Il
faut, oui, parce qu'il faut que les gens soient un peu plus informés des types
de projets pour lesquels ils pourraient finalement se les faire prendre. Parce
que c'est un peu ce qu'on lit, hein, dans la loi. C'est que l'agence pourrait
récupérer les projets et... les décisions. Je pense, c'est important de
comprendre à quelle échelle. Je reviens souvent sur l'échelle spatiale, parce
qu'en transport, c'est important, l'échelle spatiale. On veut des visions à
l'échelle du Québec, mais les projets, là, est-ce que c'est un terminus
d'autobus, est-ce que c'est... Une ligne de REM, combien de temps? Tu sais, le
REM de l'est, je sais qu'on ne...
Mme Morency (Catherine) : ...qu'on
ne peut plus l'appeler comme ça. Mais est-ce que c'est... le projet est
complexe sous quelle forme? Est-ce que c'est juste parce qu'il traverse
plusieurs territoires? Là, je ne suis pas convaincue que ça... que c'est ça, la
règle ou la logique qui permettrait d'associer ça à un projet complexe. Je
pense qu'il faut réfléchir sur cette notion-là.
M. Derraji : Oui, mais
surtout que l'argument qu'on va juste avoir des projets complexes, c'est
l'essence même de ce projet de loi. Ça, vous le savez, hein? C'est ce qu'on a
vendu à la population, on va mettre dedans des projets complexes. On a un
problème de compétences. Bien, vous savez quoi? Ça prend une agence. C'est les
deux arguments que j'ai entendus. Pas de commentaire?
Mme Morency (Catherine) : ...de
question.
M. Derraji : Oui.
Mme Morency (Catherine) : ...
M. Derraji : Bien, écoutez,
merci à vous deux parce que le temps est terminé. Merci à vous deux. Continuez
de prendre parole par rapport aux enjeux du transport. Merci pour votre
passage.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie. Nous allons poursuivre les échanges avec le porte-parole du
deuxième groupe d'opposition. M. le député, vous disposez de trois minutes,
18 secondes. La parole est à vous.
M. Grandmont : Merci, M. le Président.
Professeure Morency, M. Verreault, bonjour. Merci d'être là aujourd'hui. Très
content de vous avoir avec nous. On n'aura pas beaucoup de temps, donc deux,
trois questions maximum, je pense, qu'on aura le temps de couvrir. Il est peu
mentionné par Mme la ministre, là, que le... Mobilité Infra Québec est une
agence qui pourrait faire... qui pourra faire, en fait, des projets routiers.
Mais c'est écrit comme ça dans le projet de loi. Ça me semble assez clair. Or,
on sait très bien que l'objectif du gouvernement lui-même, dans son plan pour
une économie verte, c'est d'atteindre un 50-50 en termes d'investissements dans
les infrastructures de transport collectif versus le routier. Or, la réalité,
dans le PQI, c'est du deux tiers, un tiers en faveur du routier. Est-ce que...
Est-ce que, pour vous, le fait que cette agence-là puisse faire les deux types
de projets pose problème? Puis est-ce que ça nous donne une garantie quelconque
que ça va être vraiment juste du transport collectif, là?
Mme Morency (Catherine) : Hé
seigneur! C'est une très bonne question parce qu'en fait, tu sais, on voudrait
avoir une vision qui intègre la totalité des modes de transport, parce que ce
qu'on veut, c'est optimiser la mobilité des personnes et des biens. Ça fait
qu'on devrait comparer tous les projets et évaluer et choisir ceux qui ont les
meilleurs bénéfices pour la population, tous modes confondus. Si on faisait ça
de façon stricte, rarement on arriverait avec une idée comme un troisième lien,
parce qu'il n'y a rien qui démontrerait que c'est ça qui va amener des
bénéfices à long terme connaissant l'ensemble des tendances puis l'ensemble des
objectifs qu'on veut atteindre. Ça fait que... Puis je... c'est-à-dire on ne
voudrait pas effectivement que l'agence soit l'opportunité pour faire un projet
qui… un projet routier qui n'a aucun fondement, là. Ça fait qu'il est...
• (18 h 30) •
En même temps, si ça n'analyse que les
projets de transport en commun, là, j'ai encore l'impression qu'on va se
ramasser avec des choses très critiques pour les réseaux de transport en
commun, là, avec plein de démonstrations à faire pour être sûr que les projets
se font, puis, de l'autre côté, des investissements en transport routier sans
aucune justification. Ça fait que j'ai... je suis un peu ambiguë. C'est sûr
qu'il faut mieux encadrer, là, je pense que la question de projets complexes
doit vraiment être définie de façon stricte, parce qu'on ne veut pas non plus
que, du jour au lendemain, quelqu'un soudainement dise : Ah! Bien non, finalement,
celui-là, ça va devenir un projet complexe parce que je pense que c'est un
projet complexe, il faut vraiment mieux encadrer.
M. Grandmont : Donc je
comprends aussi que c'est parce qu'il y a toujours un côté politique. L'agence
n'est pas créée pour dépolitiser les choix qui sont faits en termes de projets
d'infrastructure qu'on réalise au Québec.
Mme Morency (Catherine) : Il
faudrait, il faudrait. C'est... le premier objectif, ce serait justement
d'assurer que les décisions sont prises sur la base de faits objectifs, de
données probantes, avec la prise en compte des impacts que ça va avoir
aujourd'hui pour le futur. Donc, à la lumière de nos cibles qu'on a déjà
énoncées.
M. Grandmont : Je vous
entends bien. Parfait.
Mme Morency (Catherine) : C'est
sûr que c'est ça qu'on voudrait.
M. Grandmont : Je sais que
vous n'êtes pas une experte, là, du projet de loi n° 62, mais en même
temps, on sait qu'il y a des... beaucoup de projets en maintien d'actifs,
notamment, notamment l'entretien du métro, qui pourraient... qui seront des
sommes importantes. Le projet 62, en tout cas, annonce qu'il y aura des
réductions de coûts de l'ordre de 15 %, de délais de l'ordre de 25 %.
Est-ce que les sociétés de transport puis les municipalités devraient avoir ces
mêmes pouvoirs là qui, pour l'instant, ne leur sera pas octroyé?
Mme Morency (Catherine) : ...quoi,
on fait une discrimination en termes de capacités de réalisation des projets,
là? Je... question posée comme ça, évidemment qu'ils devraient avoir les mêmes
droits, parce que l'objectif, c'est que les meilleurs projets se fassent. Si on
parle d'entretien du métro, là, ça presse, parce qu'on a quand même un risque
associé, un changement de comportement majeur, si on n'arrive pas à maintenir cette
infrastructure essentielle, pour le Québec au complet, là, quand on pense...
Voilà.
M. Grandmont : Je vous
remercie.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Ceci conclut le troisième bloc. Je cède maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine. M. le député, la parole est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme, M., pour votre présentation. Est-ce que vous avez un texte? Vous avez
parlé d'acétate tantôt? Est-ce qu'il y a un document qui sera soumis?
Mme Morency (Catherine) : Oui,
oui, je vais vous l'envoyer. Je m'excuse.
M. Arseneau : D'accord. Merci
beaucoup. Donc, on peut un peu résumer votre présentation, puisque c'est la
dernière intervention. Vous nous dites, Mme Morency, que ce n'est pas un
problème... Enfin, ça ne vous apparaît pas être un problème de gouvernance ou
de...
18 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...de
compétence le fait qu'on n'aboutisse pas dans des projets. Alors, je vous donne
une dernière chance de résumer : C'est quoi, le problème actuellement?
Mme Morency (Catherine) : Je
ne sais pas si ça peut aider, mais a priori, il me semble que si on sait quels
projets... qu'on arrive à choisir de façon objective les projets... les leviers
pour pouvoir les réaliser efficacement, ça fait qu'il faut vraiment identifier
quels sont les... Il me semble qu'on a tendance à toujours penser que c'est une
question de gouvernance. Peut-être que ça en est une en partie, mais on... il
faut aussi que, quand on crée des instances de cette échelle-là, que ça...
justement, ça s'adresse à la bonne échelle. Ça fait que je reviens sur la
nécessité de spécifier c'est quoi, un projet complexe et à quelle échelle cette
agence va pouvoir intervenir, parce que ça, c'est ma plus grande préoccupation.
M. Arseneau : D'accord. Bien,
maintenant... vous avez parlé tout à l'heure, M. Verreault du... enfin, je
résumerais en disant qu'il risque d'y avoir un déficit démocratique dans les...
la réalisation, la définition des projets. Est-ce que pour vous, c'est
fondamental, tant du point de vue, là, des élus des autres niveaux de
gouvernance, mais également du point de vue des citoyens?
M. Verreault (Hubert) : Oui,
tout à fait. Puis là je reviens encore à ce que Mme Morency disait tout à
l'heure par rapport à l'échelle, donc les projets qui sont à une échelle
locale. Bien entendu, on veut que les élus locaux aient un mot à dire, que ça
ait une influence sur... parce que ça a une influence sur leurs services, sur l'aménagement
de leur territoire. Puis on veut aussi que la population puisse pouvoir dire
quelque chose, puisse interférer à l'avant-projet de ces projets-là pour qu'ils
soient bien implantés par la suite.
M. Arseneau : Bien, j'imagine
qu'on vous dira quand la population est mise à contribution, c'est souvent
quand il y a un BAPE et puis quand il y a des consultations, puis que ça prend
du temps, puis qu'on reporte les échéances. C'est le prix à payer, mais il...
il faudrait le pouvoir. Je me fais l'avocat du diable un peu, là. Pour vous, ce
serait quand même bénéfique de le faire dans la réalisation de projets
porteurs, structurants et bénéfiques?
M. Verreault (Hubert) : Oui,
tout à fait.
M. Arseneau : Maintenant...
Mme Morency (Catherine) : Ça
a un impact sur le quotidien des gens, hein? La mobilité a un impact sur le
quotidien des gens. Quelqu'un qui n'a pas de voiture puis qui n'a pas de
service pour aller dans une autre région, c'est... ça a un impact dans son
quotidien. Ça fait qu'il faut vraiment faire très attention sur la prise en
compte justement des impacts. Et les élus locaux ont une meilleure
compréhension terrain, ça, c'est clair.
M. Arseneau : La question de
la rentabilité. Je vais finir là-dessus. Vous avez parlé de... il ne faut pas
voir ça comme un projet rentable, mais je comprends que la rentabilité, il faut
la calculer aussi sur le plan social.
Mme Morency (Catherine) : Bien
oui, ça, c'est clair. Il y a des beaux documents qui expliquent effectivement à
quoi ça sert des réseaux de transport en commun. Effectivement, il y a un
objectif de performance, mais il y a un objectif social très important. Puis, si
on lisait les travaux qui sont faits sur les retombées économiques, les
investissements dans les réseaux de transport en commun, on serait bien plus
agressifs dans les investissements qu'on fait aujourd'hui sur ça, parce qu'on
économiserait de l'argent collectivement et individuellement.
M. Arseneau : Merci
infiniment.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Pre Morency et M. Verreault, merci pour votre
contribution aux travaux de notre commission.
Alors, je suspends les travaux quelques
instants afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe. Donc, merci
encore. Et j'ai compris, Pre Morency, que vous alliez partager la
présentation à la commission. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 35)
(Reprise à 18 h 38)
Le Président (M. St-Louis) :
À l'ordre s'il vous plaît. Alors, nous allons reprendre les travaux. J'aimerais
souhaiter la bienvenue au dernier groupe que nous recevrons aujourd'hui, les
représentants de la Fédération québécoise des municipalités. Donc, vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé. Je vous invite à vous présenter,
titre et fonction pour le bénéfice des membres de la commission et des gens qui
nous écoutent. Merci.
M. St-Pierre (Guy) : Bonjour.
Merci de nous recevoir. Bonjour, M. le Président, Mmes, MM. les membres de la
commission. Donc, je me présente, je suis Guy Saint-Pierre, maire de Manseau et
je siège au conseil d'administration de la Fédération québécoise des
municipalités et je suis accompagné de Mme Marie-Hélène Wolfe qui est agente
aux politiques dans le département des politiques et M. Pierre Châteauvert qui
est notre directeur des politiques à la Fédération québécoise des
municipalités. Donc, la fédération à titre de porte-parole des régions réunit
plus de 1 050 membres, dont la totalité des MRC. Nous remercions les
membres de la commission de l'opportunité qui nous est offerte de présenter des
commentaires et recommandations sur le projet de loi n° 61. D'entrée de jeu, la
Fédération est d'avis que le transport collectif est un enjeu majeur pour
toutes et pour toutes les régions du Québec. Nous sommes favorables aux mesures
qui permettront aux régions de se développer et d'assurer leur prospérité.
Cette loi vise la création d'une société d'État, Mobilité Infra Québec. Cette
agence aura comme mission de faire l'analyse d'opportunités, de planifier et de
réaliser des projets complexes de transport. Nous comprenons que le but est
d'accélérer des projets comme le métro, le tramway dans les grands centres
urbains. Nous attirons votre attention sur une réalité significative. Au
Québec, 30 % de la population vit dans un territoire qui n'est pas
desservi par une société de transport. Le projet de loi ne semble pas tenir
compte de cette réalité.
• (18 h 40) •
Dans un premier temps, nous recommandons
que soit défini ce qu'on entend par projet complexe de transport. Nulle part
nous n'avons vu d'indications sur ce qui incitera la ministre à confier un
mandat à Mobilité Infra Québec comme l'agence se verra confier un très vaste
pouvoir, la fédération croit qu'il y a lieu de définir mieux ce qui est visé.
La fédération estime que l'expertise de cette agence devrait pouvoir bénéficier
de toutes les... à toutes les régions que l'expertise de cette agence devra
bénéficier dans toutes les régions, même si cela ne nécessite pas d'immenses
infrastructures, des projets d'une... d'une certaine complexité pourraient
permettre une nette amélioration dans les services disponibles. Nous tenons à
rappeler aux membres de la commission que ce sont les MRC qui sont responsables
de l'aménagement du territoire. Le schéma d'aménagement et de développement est
l'outil principal de planification et de mise en place des conditions propices
à la vitalité et la prospérité d'une région. La révision des orientations
gouvernementales en matière d'aménagement du territoire oblige... obligera les
MRC à faire une mise à jour de leur schéma d'aménagement. Il est essentiel que
Mobilité Infra Québec s'inscrive dans le respect des processus de révision des
schémas. Cette agence ne doit pas imposer ses vues et ses projets sans tenir
compte des volontés locales et régionales. La fédération demande que les
municipalités soient engagées dès le début dans les projets. Il est donc
recommandé qu'un comité de projets soit mis en place pour chacun de ceux-ci. Le
représentant de toute MRC sur laquelle les projets se réaliseront devra être
aussi invité à ce comité. Cette participation ne sera pas simplement
cosmétique. Les gouvernements de proximité participeront aux instances décisionnelles.
La fédération soulève des risques importants dans la manière dont seront gérées
les ententes entre Mobilité Infra Québec et les municipalités. Bien sûr, nous
sommes convaincus que toutes les parties voudront collaborer, mais la menace
que le gouvernement fixe unilatéralement les conditions financières d'une
municipalité est pour nous inconcevable. C'est pourquoi il faudrait qu'un
mécanisme de médiation ou de règlement de différends porté par une entité
neutre soit inclus au processus...
M. St-Pierre (Guy) : ...cela
faciliterait la conclusion des ententes et éviterait de ralentir indûment la
réalisation de projets. La fédération comprend qu'à un certain moment, un
projet complexe de transport sera retiré des mains du porteur initial pour être
confié à l'agence. D'un point de vue juridique, les articles 61 et 62
pourraient être modifiés. Il faudrait donc qu'au moment où le mandat est confié
par la ministre à Mobilité Infra Québec, celle-ci devienne officiellement le
donneur d'ouvrage. Cette modification éviterait des zones grises dans le cas où
un appel d'offres aurait été en cours au moment où la responsabilité change de
responsable.
Bien que le projet de loi puisse traiter
des dispositions relativement au transport collectif, la fédération estime qu'il
y aura lieu d'aller plus loin. Le Québec est prêt pour une réelle et profonde
réflexion sur le transport collectif et interrégional. Par exemple, les
30 % de citoyens qui ne sont pas desservis par une société de transport
n'ont accès qu'à 6,8 % du budget disponible dans les programmes d'aide au
transport collectif. La loi sur les transports n'est pas modifiée alors que
nous avons besoin de beaucoup plus d'agilité et de flexibilité. En ce moment,
l'ensemble des lois et règlements limitent la capacité d'agir des
municipalités. Dans certains cas, il vise à protéger les entreprises et non à
mettre le citoyen au cœur de ses services... des services. Le monde municipal
est prêt à travailler de concert avec le gouvernement pour modifier le
transport dans les régions. La fédération demande que les municipalités et les
MRC ne soient plus tenues de verser des aides financières pour maintenir le...
du transport interurbain.
Nous demandons, pour terminer, que soit
revue à la hausse la part du financement du transport collectif aux régions et
que les modalités des transports soient mieux adaptées aux réalités
municipales.
Donc, je vous remercie et je suis prêt à
prendre vos questions. Je répondrai et M. Châteauvert aussi.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période
d'échanges. Donc, Mme la ministre, la parole est à vous. Vous disposez de
16 minutes, 30 secondes pour ce bloc.
Mme Guilbault :Merci, M. le Président. Merci beaucoup, messieurs, madame.
D'autres habitués. Je disais tout à l'heure à l'UMQ qu'ils sont pratiquement
sur tous nos projets de loi, pas juste aux transports, mais en général. C'est
pas mal la même chose pour vous, donc... M. Châteauvert en particulier, un
habitué. C'est ça. Donc, rebienvenue à l'Assemblée nationale. Vous connaissez
bien les lieux. Avez-vous été sur la commission de mon collègue pour le 62?
M. Châteauvert
(Pierre) :Non. C'est plus tard ça. ...il
faudrait que je regarde, parce qu'on en a quatre ce mois-ci, Mme la ministre.
Mme Guilbault :Quatre ce mois-ci?
M. Châteauvert
(Pierre) :Oui, c'est ça.
Mme Guilbault :Ah bon! Bien, eux, les consultations sont faites, ça fait
que vous n'en aurez pas un cinquième.
M. Châteauvert
(Pierre) :Ah! Bien là, on n'est pas là,
mais j'en ai quatre, on en a quatre.
Mme Guilbault :Non, non. Bien, c'est ça, c'est pour ça. Bien, c'était pour
savoir, parce que je vais peut-être l'amener aussi, la réforme des modes
contractuels qu'on fait en parallèle chez mon collègue du Trésor, là, ça fait
que, selon l'évolution. Bien, allons-y avec... Bien, d'abord, merci, merci pour
le mémoire...
M. Châteauvert
(Pierre) :...en juin.
Mme Guilbault :...merci pour...
M. Châteauvert
(Pierre) :Le 62, on a été là en juin.
Mme Guilbault :Ah oui? O.K. Bon, c'est ça. Il me semblait aussi. Je
trouvais ça bizarre que vous soyez si peu présents.
M. Châteauvert
(Pierre) :On est mêlés un peu.
Une voix : ...
Mme Guilbault :
Donc... Alors, c'est ça. Bien, merci beaucoup. Justement, vous en faites
beaucoup. Puis parlant, des fois... des fois, les municipalités ou les
organisations de plus petite taille, les ressources ne sont pas illimitées.
Puis quand même, vous mettez du temps à faire des mémoires, puis à toujours
nous rencontrer, puis à faire des... à faire valoir votre point de vue. Ça fait
que merci beaucoup pour le mémoire et de vous être déplacés en plus en personne
à Québec.
Je regardais l'ensemble de vos
recommandations. C'est sûr que... Je pense, j'ai envie de commencer par le
numéro... Bien, il y a des choses qui m'ont surprise. En fait, oui, je vais
commencer par le numéro cinq parce que j'ai été un peu surprise de celle-là,
que l'article 61 soit modifié pour dire qu'au moment où la responsabilité
du projet est confiée à Mobilité Infra Québec, en vertu de l'article quatre,
tout processus d'appel d'offres ou d'appel de qualification en cours sera
annulé. Nous, notre réflexion... ce qu'il y a dans le projet de loi puis notre
réflexion générale, c'est plutôt d'aller dans le sens... parce qu'on veut être
plus efficace, tu sais, que les projets soient livrés plus rapidement. Ça fait
que c'est sûr que, s'il y a des transferts de projet dans la foulée de la
création puis de la mise en marche, si on veut, la mise en opération de MIQ,
nous, on est plutôt dans l'optique de transférer autant que possible ce qui a
déjà été fait. Donc, de dire que des appels d'offres pourraient être annulés
puis qu'on recommencerait des processus, ça pourrait retarder. Je me demande,
tu sais... puis ça tombe sous le sens, pour moi du moins, mais il y a peut-être
un angle que je ne vois pas. Donc, je me demande ce qui... ce qui est à
l'origine... de cette demande-là.
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, l'analyse... Vous
savez qu'en gestion contractuelle, on a développé une expertise au service de
nos membres, et on a... on a demandé à nos... à nos gens chez nous de regarder
cette question-là, parce qu'on avait un doute sur la façon, et on... Et nos
gens sont revenus avec...
M. Châteauvert
(Pierre) :...la... avec l'opinion que la
loi n'est pas suffisamment claire, que lorsqu'effectivement il y a un transfert
de projet, que... supposons, s'il y a des appels d'offres qui ont été
complétés, puis qu'il y a déjà un projet qui... même lancé ou qui est sur le
point d'être lancé, que la responsabilité de l'entité qui transfère son projet,
il faut qu'elle soit annulée, sinon elle pourrait... il pourrait y avoir des
poursuites, il pourrait y avoir des problèmes. Et les gens chez nous sont...
demandent, nous ont clairement dit qu'il faut qu'il y ait une précision de...
que ça... que, lorsque le projet est terminé, la responsabilité de l'entité qui
débute le projet, il faut qu'elle se termine également. Et, dans le projet de
loi, ce n'est pas clair. On comprend la motivation, et tout ça, puis
effectivement le processus. Mais ce qui est dans le projet de loi, par rapport
aux responsabilités, qui... du premier processus, la façon que le projet de loi
est rédigé, ça demande un éclaircissement selon nos services juridiques.
Mme Guilbault :O.K., donc c'est plus pour éviter un flou juridique que
pour le principe comme tel de dire : On veut tout recommencer.
M. Châteauvert
(Pierre) :Non, non c'est ça, ce n'est pas
sur la façon de faire, parce qu'on comprend ce que vous voulez faire, on...
c'est sur la façon que c'est écrit, la façon que c'est rédigé. Nos avocats
sont... ont émis un doute et ont allumé une lumière jaune, peut-être pas rouge,
mais en fait vous savez comment c'est, des avocats, quand ça discute d'un
projet de loi puis d'un texte, de la façon que c'est écrit, que ce n'est pas
suffisamment clair. Oui, j'en vois un qui est là puis qui pose la question, et
que c'est le... que ce n'est pas suffisamment clair sur la responsabilité du...
de la première entité qui procède à l'appel d'offres. Il faut que sa
responsabilité soit terminée, soit close lors du transfert, et ça, ce n'est pas
clair dans le projet de loi. Modalités, effectivement, mais quelque chose à
éclaircir.
Mme Guilbault :C'est vrai que, des fois, on demande un avis juridique,
puis ça peut être périlleux. Alors, on s'en tient aux interprétations des
experts. Parfait. Alors, je comprends mieux que c'est sur la question de la
clarté juridique. Puis le numéro huit aussi m'a surprise, tu sais, je vous le
dis comme ça, là, très candidement. «Que le gouvernement dégage complètement
les municipalités et les MRC de la nécessité de verser des aides financières
pour maintenir le transport interrégional, ce service essentiel dans toutes les
régions, tout en rétablissant les lignes mises à l'arrêt.» Puis je vais faire
ensuite le lien avec le numéro neuf, tu sais, qui, pour moi est un élément très
important, là, toute la question du financement du transport collectif, mais de
dire qu'on serait complètement dégagés, est-ce que ce n'est pas un peu extrême?
• (18 h 50) •
M. St-Pierre (Guy) : On
trouve un peu... un peu... pas bizarre, on trouve qu'un milieu éloigné soit
obligé de subventionner des transporteurs pour faire du transport
interrégional, pourquoi ça relève du territoire qui va aller d'un territoire à
l'autre? Ça ne devrait pas exister. C'est pour ça qu'on dit que... d'éviter
que... pour éviter de demander, que les régions n'aient pas à payer pour le
transport interrégional.
M. Châteauvert
(Pierre) :Et, si vous permettez,
j'ajouterais qu'actuellement ce qu'on... on assiste, vous savez, on voit des
abandons en nombre important de lignes de... en région. C'est très difficile de
se déplacer sur le territoire actuellement si tu n'as pas une auto, on oublie
ça. Et on a vu des... Parce que, souvent, le transporteur doit aller chercher
une participation locale. On a vu plusieurs transporteurs dire : Bon, mais
si tu ne paies pas, je n'arrête pas, je n'y vais pas. Et ça crée une espèce de
marchandage de relations, que c'est malsain, ce n'est pas une gestion globale
de l'ensemble de l'accès au territoire. Ça a créé un... en fait, un problème et
ça a amené à l'abandon de lignes qui auraient pu continuer. Et puis vous savez
que, quand on abandonne une ligne, les habitudes de transport, bien, ça change,
ou tout ça. Puis, lorsque tu veux relancer la ligne, c'est encore plus
compliqué.
Donc, en fait, la façon de faire
actuelle... d'ailleurs, notre congrès, là, à la fin du mois, on a une
résolution très importante en matière de transport. On en a adopté une, l'an
passé, mais cette année encore plus, on a un atelier sur le transport par
rapport à ça. Et cette question-là va être directement abordée, on va vous
arriver avec des résolutions. Clairement que la façon de faire pour le
transport interurbain au Québec doit être revue, parce que cette façon-là, ça
crée plus de problèmes que d'autres choses, une forme de marchandage. On
l'a.... On a assisté à ça. Des municipalités qui se font visiter par un
transporteur, dire que, si vous ne contribuez pas, ou la MRC, vous ne
contribuez pas, je n'arrête pas. Et là, ce n'est pas comme ça qu'on peut gérer
l'accès au territoire au Québec. Donc, ça, c'est principalement pour cette
question-là, il y a un problème fondamental avec cette approche-là, qui est
inscrite dans la loi, depuis un bout, là, mais avec la... avec le... depuis
le... en fait, ça s'est accentué gravement depuis la pandémie, c'est... puis la
fin de l'interfinancement, d'abord, mais depuis la pandémie, c'est une
catastrophe. C'est véritablement une catastrophe.
Mme Guilbault :Puis donc, pour faire le lien avec le...
Mme Guilbault :...le cadre financier du transport collectif, révision des
programmes. Et là, vous dites que la part du financement du transport collectif
aux régions soit plus grande, plus prévisible et que les calendriers de
versement soient ajustés. Ça, on en avait parlé souvent d'ailleurs, là. Tu
sais, des fois, juste le temps de recevoir le chèque, là, ça. Mais d'ailleurs,
Jérôme était supposé travailler là-dessus, là, que les chèques arrivent plus
vite au moins, à défaut de... bien, pas nécessairement de mettre plus d'argent.
Mais, bon, passons parce que là...
M. St-Pierre (Guy) : C'est
sûr qu'il y a des... qu'il y a des redditions de comptes qui fait en sorte que
les rapports ou les redditions de comptes sont plus longues à faire. Qu'on
prenne au transport adapté, où... je donnerai l'exemple du transport adapté, où
chaque municipalité, à tous les ans, doivent passer une résolution comme de
quoi qu'elles acceptent de participer au transport adapté et de payer la
facture. Et elle ne peut pas faire sa reddition de comptes tant qu'il n'y a pas
l'ensemble des résolutions des municipalités. Ça peut traîner, ça peut... Mais
quand une municipalité voudra se retirer du transport adapté, elle l'avisera à
ce moment-là. Mais, si, à tous les ans, ils sont... ils sont parties prenantes,
on ne voit pas pourquoi qu'il faut qu'à tous les ans on répète la même formule.
Donc, ça pourrait, juste ça, alléger. Et il y a une question aussi qui demande
la quantité d'essence dépensée par les transporteurs pour... en tout cas, tu
sais. Comprenez-vous? C'est que la gestion, peut-être que du côté municipal,
il y a certaines choses qui fait que les redditions de comptes sont difficiles
à produire rapidement. Mais en même temps, est-ce qu'il y en, des redditions de
comptes qui pourraient être allégées, qui mettraient dans votre cour, que le
paiement pourrait être plus rapide?
Mme Guilbault :Oui, bien, peut-être de trouver un meilleur équilibre. Mais
notre comité sur le transport adapté, présidé par mon adjoint le député de
Drummond-Bois-Francs, j'imagine, c'est quelque chose que vous avez fait valoir?
M. St-Pierre (Guy) : Nous
avons fait valoir. Nous avons fait valoir aussi que nous allons rencontrer...
on veut rencontrer le ministère, et ça nous a été accordé, directement, le
monde municipal avec le ministère. Parce que ces consultations-là, où on a
retrouvé les transporteurs plus les propriétaires de taxi, et qui venaient
nous... qui prenaient une bonne partie du temps à dire qu'eux autres avaient la
solution, alors que c'est nous qui organisons. Et en même temps, on donne à ces
gens-là des contrats. Donc, ils étaient à même... à la même table que nous pour
parler du... être consultés sur le transport adapté. Mais effectivement, c'est
toutes des choses qui ont été dites à cette consultation-là.
Mme Guilbault :Parfait. Donc, alors c'est ça, bien pour le financement du
transport... Il me reste combien de temps?
Le Président (M. St-Louis) : ...
Mme Guilbault :
Ah! six minutes. Mon Dieu! Bon.
Alors, c'est ça, bon, le financement du transport collectif, parce qu'on en a
parlé toute la journée, et vous savez, parce que vous disiez il y a 30 %
des gens qui habitent dans un territoire qui n'est pas desservi par une de nos
10 sociétés de transport, ça laisse 70 % des gens qui sont dans ces
territoires-là, donc plusieurs de vos membres. Puis je suis d'accord avec vous,
le 30 %, il faut s'en occuper, là, mais c'est quand on parle plus du
financement du transport collectif via La Tuque, tu sais. On avait
l'Association du transport urbain un peu plus tôt, on a eu on... On a-tu eu une
société de transport aujourd'hui? Pas encore, mais en tout cas, ils vont venir,
là. C'est ça. Mais toujours est-il que le cadre sur cinq ans qu'on souhaite,
parce que vous parlez de prévisibilité, tu sais, c'est ça, une part de
financement plus prévisible, est-ce que... Je ne sais pas à quel point vous
êtes au courant du détail de l'avancement des démarches, là, sans doute que
oui. Ça avance quand même très bien. Ça fait longtemps qu'on parle d'avoir une
entente justement sur un certain nombre d'années pour avoir plus de
prévisibilité. Donc ça, pour vous, est-ce que c'est une bonne nouvelle? Tu
sais, je ne dis pas... ce n'est pas encore fait, là. C'est sûr que j'en parle
encore à demi-mots parce qu'il faut que je finalise mes affaires, mais ça
avance quand même très bien. Donc, en termes de prévisibilité, tu sais, au lieu
de s'obstiner à chaque fin d'année, quand vous bouclez vos budgets, ça c'est
quand même une avancée majeure à mon sens, là, dans la mesure où l'argent est
extrêmement rarissime. Vous voyez le pléonasme, «extrêmement rarissime»,
tellement qu'on n'a plus d'argent.
M. Châteauvert
(Pierre) :Nous, on est d'accord avec...
en fait, d'essayer quelque chose. Mais comme M. St-Pierre disait tout à
l'heure, avant qu'on soit ici, c'est que s'il y a quelque chose, on veut être
là puis on veut participer. Puis on ne veut pas se faire imposer, puis on veut
discuter, puis on veut échanger. Et si le gouvernement, l'Assemblée nationale
adopte ce projet de loi là puis il décide de se doter de ce genre de structure
là, ça doit se faire en collaboration, en coopération, puis en travaillant.
Mais... Parce qu'effectivement l'idée de créer un pôle de compétences nous
intéresse aussi parce que là, on ne travaille pas seulement pour trois, quatre,
cinq ans ou des projets qui vont se réaliser, en disant : C'est comme
une... à moins qu'il y a un changement de cap dans cinq, six, sept ans et qu'on
change la structure. Ça, c'est arrivé souvent en transport. D'ailleurs, c'est
un problème, ça, les changements trop fréquents. Mais il y a... il y a
peut-être un pôle de compétences qui pourrait servir aussi à d'autres types de
projets. C'est ce qu'on disait, grosso modo, dans notre mémoire, peut-être
maladroitement, mais qu'on dit clairement. On dit...
M. Châteauvert
(Pierre) : ...on dit que ça peut, que ça peut profiter à tout
le monde. Nous, ce qu'on dit, c'est que si cette entité-là se met en place, il
faut qu'elle s'inscrive dans les processus d'aménagement, de gestion du
territoire en place. Elle ne peut pas imposer au niveau budgétaire. Mais il y a
un processus en aménagement. Lorsqu'on a discuté lorsque le projet de loi a été
est adopté... déposé, on a discuté, on a posé des questions au ministère, puis
on a posé la question, notamment s'il y a une adoption sur un schéma d'aménagement
de la Couronne métropolitaine, par exemple. Il y a plusieurs formes
d'aménagement. Quel va être le rôle de cette agence-là? Qui va parler? Qui va
donner son avis sur le schéma qui va être déposé par telle MRC? Est-ce que
c'est l'agence ou c'est ou c'est le ministère? Bon, ça semble être le
ministère, mais dans le projet de loi, ce n'est pas clair. Sauf qu'il y a un
pôle de compétences. Quelles vont être les relations? Ça, c'est fondamental,
ces choix-là. Les 40 dernières années au Québec, on n'a pas vraiment fait
d'aménagement puis, si on a des problèmes aussi intenses d'occupation du
territoire, c'est à cause de ça. Donc, comment ça va s'articuler? Le projet de
loi ne nous répond pas, ne donne pas d'indication par rapport à ça. Et ça,
c'est un des éléments fondamentaux du travail dans notre monde et surtout dans
des territoires avec des préoccupés, avec des complexités. Parce que c'est
certain qu'autour de la région de la grande région de Montréal, il y a une
complexité assez importante et si une municipalité puis le message, il est
simple, il est clair, si on est là-dedans, si on est embarqué, bien, on veut
être là puis on veut participer puis on veut décider, participer à la décision.
C'est ce que... C'est grosso modo, c'est le message. Il n'est pas très
compliqué, là, mais on n'a pas le sentiment que ce que c'est hyperclair à ce
niveau-là. Et c'est... On ne veut pas se faire imposer de facture , on ne veut
pas se faire... Mais on veut participer puis s'il faut participer sous toutes
ses formes, bien, à partir du moment qu'il y a un accord, je pense que les gens
vont être d'accord. Mais ils voient un retour aussi, un retour parce qu'autour
de Montréal, il y a bien des municipalités qui vont être appelées à financer et
qui ne verront pas l'impact direct. Bon, je comprends que des fois on parle
toujours que ça va avoir un impact, ça va diminuer la pression sur le
transport, sur le transit, des choses comme ça, mais quand même, il y a plus tu
t'éloignes des grands centres, moins il y a de transport collectif et ça, c'est
un problème...
M. St-Pierre (Guy) :
Efficace.
M. Châteauvert
(Pierre) : Efficace, efficace...
M. St-Pierre (Guy) : Et quand
on parlait tantôt de projets complexes, mais dans... les intervenants qui
étaient précédemment, ils ont semblé dire que peut-être que les projets
routiers de construction de routes feraient partie aussi des... parce qu'on ne
le voit pas clairement au niveau du projet de loi, on lit beaucoup le transport
collectif. Mais est-ce que le transport collectif c'est les tramways, métros et
sociétés de transport ou ça peut comprendre aussi des routes qui pourraient
être construites? C'est sûr qu'on ne veut pas construire à Montréal, mais
peut-être qu'il y en aurait besoin dans des régions plus éloignées.
• (19 heures) •
Mme Guilbault :
Oui, 40 secondes...
M. St-Pierre (Guy) : C'est
pour ça que... C'est pour ça qu'on demande une définition des projets
complexes. Parce qu'un projet complexe dans une région pourrait être moins
complexe que s'il était à Montréal.
Mme Guilbault :
Mais vous avez raison, dans la mission, on a volontairement mis projet de
transport complexe, fait que l'on axe beaucoup sur le transport collectif.
Parce que c'est ça en ce moment qui nous manque un peu plus comme expertise au
ministère. Mais il ne serait pas exclu que d'autres projets de transport
complexes pourraient être confiés à Mobilité Infra Québec, mais le premier
objectif, c'est vraiment pour le transport collectif d'envergure. Mais merci
beaucoup. Merci beaucoup à vous trois.
M. St-Pierre (Guy) : Merci.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au porte-parole de
l'opposition officielle. M. le député, la parole est à vous.
M. Derraji : Combien?
Le Président (M. St-Louis) :
Vous disposez de 9 min 54 s.
M. Derraji : Merci. Merci, M.
le Président. Bonjour à vous trois. Merci. Toujours très, très intéressant voir
un autre point de vue. Vous représentez quand même pas mal pas mal de
municipalités, et j'ai bien aimé votre mémoire. Merci pour la qualité au niveau
de la rédaction aussi. Et je vais commencer par le premier point, page 4, à la
lecture du projet de loi, il est difficile d'identifier les bénéfices qu'en
retireront les MRC et municipalités situées à l'extérieur des zones desservies
par l'une des deux sociétés de transport. La portée du projet de loi donne un
très grand pouvoir à Mobilité Infra Québec. Votre première lecture du projet de
loi, parce que là, vous avez vu qu'il y avait beaucoup d'articles, il y avait
beaucoup d'interventions sur la table. Je ne sais pas si vous avez entendu tout
à l'heure Mme... la professeure Morency, où il parlait de problèmes de
compétences, centralisation. À la lumière de tout cela, au bout de la ligne,
une fois l'agence commence, pensez-vous réellement que les enjeux que vous avez
soulevés en matière de transport collectif, notamment de la planification
jusqu'au financement, seront réglés...
19 h (version non révisée)
M. Derraji : ...et que
vos membres bénéficieront de quelque chose.
M. St-Pierre (Guy) : Est-ce
que, depuis le temps... depuis le temps qu'on est dans le domaine municipal,
est-ce qu'on a réussi à toujours régler des problèmes dans le transport? Non.
Mais si c'est créé pour amener de l'expertise, si c'est créé pour gérer des...
Nous, ce qu'on veut comme municipalités, c'est d'être présents, qu'ils
respectent nos orientations en termes d'aménagement de territoire, parce qu'on
est quand même un gouvernement de proximité qui connaît encore un peu, pas mal,
beaucoup les besoins de notre population. Et ça, la dame qui était avec nous,
tantôt, elle l'a dit, quand elle a parlé des gouvernements de proximité. Elle
parlait de nous autres et elle disait même, elle l'a dit, qu'on était ceux qui
avaient le plus de sensibilité à nos territoires, à nos régions, à nos
citoyens. Donc.... Et ça, ça fait longtemps qu'on le dit, ça fait longtemps qu'on
le sait, qu'on est un gouvernement de proximité, qu'on connaît nos besoins. Et
c'est là qu'on demande que le ministère respecte nos décisions dans l'élaboration
du plan d'action.
M. Châteauvert
(Pierre) :Tout simplement d'ajouter que
depuis 20, 25 ans, on a changé plusieurs fois d'idées puis de structures
au Québec par rapport à toutes ces questions-là? Nous, ce qu'on aimerait, c'est
un cadre clair. C'est certain qu'une modification, un changement aussi
important, ne peut pas se déployer seulement en quelques années. C'est quelque
chose à long terme. Ce qu'on aimerait beaucoup, c'est que... C'est un choix,
puis qu'on travaille avec ça, c'est certain, avec plus long terme. Et on
comprend qu'on veut commencer par les grands projets structurants et complexes,
genre métro puis tramway Québec, peut-être, puis je ne sais même pas. Là,
actuellement, on va... On ne sait pas ce que ça va être, là, mais on aime... Le
cadre clair, la prévisibilité, la façon de faire puis de surtout de profiter s'il
y a un pôle d'expertise puis de compétences qui peut être profitable aux
régions, ça se serait un gain.
M. Derraji : Bien, on s'entend...
M. Châteauvert
(Pierre) :Il y a un défi sur le
déploiement, c'est certain.
M. Derraji : Oui.
Allez-y, Guy.
M. St-Pierre (Guy) : Non,
non, c'est beau.
M. Derraji : O.K. c'est
beau, c'est clair.
M. St-Pierre (Guy) : Mais
c'est...
M. Derraji : Hein?
M. St-Pierre (Guy) : C'est
ce que je disais tantôt.
M. Derraji : Oui, oui,
vous avez raison. Et la Pre Morency l'a très bien dit, l'a très bien expliqué
dans ses propos, et vous avez raison de le mentionner. Est-ce qu'on crée une
agence juste pour mettre un troisième lien et REM ou un métro ou bien un
tramway quelque part? Soyons clairs, on le dit, si c'est ça les projets
complexes.... Et vous savez quoi, là, les problèmes de transport, est-ce qu'on
vit dans les régions? Votre cri de cœur aujourd'hui, là, ça va être autre
chose. Parce qu'on le sait, hein, il y a déjà une crise au niveau des finances
publiques. Le déficit de, quoi, 9 milliards, 11 milliards, je n'arrive
plus à suivre. On a l'électrification des transports qui nécessite beaucoup d'argent
sur la table. Transport adapté, vous avez vu Exo tout à l'heure qui parlait de
ça. Et là, si le but c'est dire qu'on a un manque de compétences, Pre Morency,
a été très claire, c'est un mythe. Et on parle de la centralisation, mais j'ai
en face de moi un gouvernement de proximité. Est-ce qu'avec l'agence vous allez
centraliser ou décentraliser?
Des voix : ...
Une voix : Mais est-ce que..
M. Derraji : Ça me
déconcentre, s'il vous plaît.
M. St-Pierre (Guy) : Est-ce
que ce sera centralisé ou non? On peut peut-être dire que oui, mais nous, si c'est
centralisé, mais qu'on est là pour prendre des décisions et participer à l'élaboration
de la planification et de l'ensemble de l'oeuvre, bien, que ce soit centralisé
ou non, nos préoccupations doivent être prises en compte et respectées pour
vous.
M. Derraji : C'est ça.
Pour vous, sur la structure, vous dites c'est centralisé, on vit avec mais...
M. St-Pierre (Guy) : Je
ne dirai pas que c'est bon ou pas bon.
M. Derraji : Oui, exact.
Oui, je comprends, ce n'est même pas mon but. Ce n'est même pas...
M. St-Pierre (Guy) : Oui,
effectivement...
M. Derraji : Vous avez
raison. Ce n'est pas mon but de vous faire dire est-ce que c'est bon ou pas
bon. Ce n'est pas ça, le but. Le but, c'est que vous ayez un plan d'aménagement.
Vous devez en nom de vos membres, que ce plan d'aménagement soit respecté. D'ailleurs,
c'est ce que vous dites dans la recommandation deux, où vous parlez des schémas
d'aménagement. Pour vous, c'est la condition sine qua non si on veut
respecter...
Le Président (M. St-Louis) :
Je vous inviterais à poursuivre, M. le député.
M. Derraji : Non, mais c'est
juste qu'il y a trop de bruit. Dans le plan d'aménagement, qu'il soit respecté...
M. Châteauvert
(Pierre) :Oui. En fait, le schéma d'aménagement,
c'est notre moyen de développer...
M. Châteauvert
(Pierre) :...le territoire puis de la
vision. Mais ce n'est pas nécessairement... Le schéma d'aménagement, ce n'est
pas le fruit seulement de la vision locale, c'est le fruit aussi d'un échange
avec le national, avec le gouvernement, et le gouvernement a son mot à dire.
D'ailleurs, les nouvelles orientations qui ont été publiées, c'est ça, d'épais,
là, puis c'est plein d'orientations, et c'est tout à fait correct, parce que le
gouvernement doit dire ce qu'il veut faire avec le territoire. Et c'est le
fruit d'un échange et d'un consensus entre le local et le gouvernement. Et
nous, si... Dans les territoires, où est ce que l'agence, cette agence-là
viendrait intervenir, il faut que cette agence-là participe au processus, à
l'établissement de ce consensus-là. Elle ne doit pas imposer, elle doit
participer pour définir qu'est-ce qu'on fait dans ce territoire-là, avec la
structure qu'on veut mettre en place. C'est ça, c'est ça qu'on dit.
M. Derraji : Oui. Au début,
vous avez mentionné les projets complexes. Vous avez nommé les projets
complexes. Concrètement, vous voulez que, parmi les projets complexes, vous
parlez dans la mobilité des personnes en région, 3.1, «une vision équitable du
transport collectif et interrégional». Vous avez beaucoup insisté, tout au long
de votre mémoire, sur l'interrégional. Donc, si la définition du complexe,
parce qu'on verra avec l'étude détaillée comment le gouvernement va accepter la
définition ou pas d'un projet complexe...
M. Châteauvert
(Pierre) :C'est parce que ça prend
énormément de compétences pour concevoir un réseau qui fonctionne. D'ailleurs,
c'est une dimension que Marie-Hélène a beaucoup travaillé, là, dans le mémoire.
Parce que, si la complexité, à Montréal, c'est, justement, de bâtir, faire un
métro creusé, des choses comme ça, en région, déployer un système de transport
efficace qui va desservir convenablement les gens, ça prend études,
compétences, et tout ça. Et, si ce lieu de compétence là, qui est en train...
qui se créerait autour de cette agence-là, peut être mis à contribution pour
nous aider à définir une desserte efficace à un coût raisonnable en région,
mais nous, on est acheteurs de ça. C'est ça qu'on dit. Et, à partir du moment
où est-ce qu'on participe, puis c'est ça qu'on aimerait beaucoup, c'est que...
Et cette compétence-là n'est pas si... On
a des gens qui travaillent dans chacune de nos MRC, des choses... mais c'est
des gens qui sont toujours sur le service, sont toujours sur la première ligne.
Mais nous amener à réfléchir tout le monde ensemble, puis à faire de
l'inter-MRC sur des grands territoires, ça prend cette compétence-là, elle est
rare, et, si on est capable de la créer, ça, on est acheteur.
M. Derraji : Mais le grand
si, c'est i c'est un projet complexe, c'est là, le défi...
M. Châteauvert
(Pierre) :C'est ça. La complexité...
M. Derraji : ...parce que
vous voulez cette compétence, parce que vous ne l'avez pas, chose qui est
correcte, mais vous savez que la mission de l'agence, c'est dorénavant les
projets complexes.
M. St-Pierre (Guy) : Mais
c'est quoi, la définition d'un projet complexe?
M. Derraji : Excellent. Je ne
l'ai pas chez moi, je vais être honnête avec vous, je la cherche moi aussi. Je
cherche c'est quoi, le projet complexe.
M. St-Pierre (Guy) : Et c'est
ce qu'on demande dans le mémoire.
• (19 h 10) •
M. Derraji : O.K. Donc, pour
vous, FQM, aujourd'hui, il faut définir la notion du projet complexe en tenant
compte que vous, vous voulez cette expertise pour aider justement dans le
transport interrégional.
M. Châteauvert
(Pierre) :On apprécierait beaucoup une
définition large et qui s'adapte à chacun... chacune des réalités des projets
complexes.
M. St-Pierre (Guy) : Un
projet complexe à Montréal ne sera pas la même chose qu'un projet complexe en
Gaspésie ou en Abitibi.
M. Derraji : Très d'accord
avec vous, très d'accord avec vous, d'où l'importance de le définir dans le
cadre de la loi.
M. St-Pierre (Guy) : C'est ça
et c'est aussi pour ça, quand on a parlé des orientations gouvernementales, il
fallait que les orientations gouvernementales soient aussi... prennent en
compte les réalités régionales.
M. Derraji : O.K. Merci à
vous. Merci beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie. Ceci conclut le deuxième bloc d'échange. Donc, je céderais
maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition. M. le
député, la parole est à vous. Vous disposez de trois minutes, 12 secondes.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M. le Président. M. St-Pierre, M. Châteauvert, Mme Wolfe, bonjour.
Content de vous retrouver. C'est vrai qu'on passe souvent du temps ensemble,
mais, en même temps, votre éclairage est toujours superapprécié. D'ailleurs, je
commencerais par quelque chose que j'ai particulièrement aimé, c'est en page 5
de votre mémoire, quand vous parlez que le transport collectif est déficient
sur nombre de vos territoires et que c'est une limite importante à l'accès aux
services publics, notamment en santé. Pouvez-vous nous en parler un petit peu?
M. St-Pierre (Guy) : Mais je
pense que c'est clair... Non, non, mais dans le sens où, si on n'a pas... Ne serait-ce
que dans le transport adapté dans notre territoire, je donne l'exemple de chez
nous dans la MRC de Bécancour, on n'a pas d'hôpital. Donc, le transport adapté,
on a des gens qu'il faut transporter à Trois-Rivières, ou à Victoriaville ou à
Québec, et là on a quelqu'un qui, oui, qui gère ça et on a des prix différents
pour le transport quand on va à une place ou à l'autre. On ne peut pas... C'est
une réalité. Et le transport collectif, si on veut se servir des autobus
scolaires, bien, tu ne ferais pas... bien, ça va te prendre la journée pour te
rendre à la job, puis la journée, pour revenir, compte tenu de la façon dont...
M. St-Pierre (Guy) : ...dont
on s'en sert. Mais on n'a pas de transport collectif avec... oui, on a une
partie du territoire qui va à Trois-Rivières, mais il faut que tu te rendes à
Gentilly en auto pour prendre le transport collectif.
M. Grandmont : Oui. Puis
c'est sous forme d'express, dans le fond, aussi. Ça fait que c'est certaines
heures de la semaine.
M. St-Pierre (Guy) : C'est
ça. Qui sont à peu près à trois fois par jour durant l'été puis...
M. Grandmont : Effectivement.
C'est ça. Mais donc on peut dire aussi qu'en quelque part les enjeux de santé,
à cause du manque de transport collectif, peuvent potentiellement devenir des
enjeux de sécurité publique, là.
M. St-Pierre (Guy) : Les
enjeux de santé, les enjeux de socialisation entre personnes, où la famille ne
reste pas toute à proximité, et qui veulent se déplacer. On n'a pas ça, là. Tu
as le transport bénévole qui est organisé par les centres d'action bénévole,
qui sont soutenus par eux autres, qui ont... oui, mais encore là, ils ne
peuvent pas répondre à l'ensemble des demandes.
M. Grandmont : Ils n'ont pas
d'obligation comme une agence ou, en tout cas, tu sais, quelqu'un qui aurait
vraiment la responsabilité.
Aussi, en page sept, là, je reviens sur
votre idée de comité. Je trouve ça très intéressant aussi dans le but, dans le
fond, de démocratiser en quelque part la prise de décision, là. Parce que vous
dites vous avez des responsabilités qui sont partagées par ailleurs avec le
gouvernement, là, dans le respect de votre schéma d'aménagement qui relève
effectivement d'une discussion avec le gouvernement central. Ce comité-là,
comment vous le voyez travailler, comment vous voyez que ça peut être une idée
qui vous aiderait, à vous autres?
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, dans un comité de
projet, les principaux décideurs qui ont un intérêt sont représentés.
M. Grandmont : Donc ce serait :
on a un projet qui pourrait être déployé dans une région donnée, on forme le
comité sur la base de critères, ça nous prend tant de personnes...
M. Châteauvert
(Pierre) :Et dans le respect des
responsabilités de chacun. Parce que c'est certain que ce n'est pas... Tu sais,
il faut quand même être réaliste par rapport à tout ça. Mais lorsqu'il y a un
projet qui se déploie, bien, que tout le monde soit autour de la table et qu'il
ait son mot à dire puis qu'il y ait le respect de chacune des entités. Et, si,
des fois, il y a un conflit, ce qu'on dit, c'est qu'il y ait une procédure pour
régler... de règlement de ces conflits-là par un tiers ou de médiation. Parce
que ça peut arriver, des fois, ça peut être difficile. Nos amis des... je ne
sais pas si la ville de Montréal est passée mais... ou bien la ville de Québec,
je sais qu'elle vient, puis quand ils vont passer le métro... le tramway, il y
a des fois que ça va... ça va être difficile. C'est difficile de passer de ce
genre de projet là...
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie. Malheureusement, le temps pour ce bloc est écoulé. Donc, nous
allons poursuivre avec le député des Îles-de-la-Madeleine. M. le député, la
parole est à vous, vous disposez de trois minutes 18 secondes.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Mme Wolfe, M. St-Pierre, M. Châteauvert.
Si vous pouviez définir... parce qu'on
nage en plein mystère évidemment, si vous pouviez définir ce qu'est un projet
complexe de transport, quels sont les exemples que vous pouvez voir dans les
municipalités que vous représentez, des municipalités de la FQM, où il
serait... où ce serait une bonne idée que des projets soient qualifiés de
projets complexes pour qu'ils puissent être confiés à l'agence?
M. St-Pierre (Guy) : J'ai un
exemple, la 55, qui sont présentement à développer entre... à partir de
Trois-Rivières, à se rendre à l'autoroute 20.
M. Arseneau : Donc un projet
d'autoroute?
M. St-Pierre (Guy) : Oui.
Bien, parce qu'en région, je ne pense pas qu'on va arriver avec un ponceau,
dans une route municipale, que ça va devenir un projet complexe. Sauf que pour
certaines municipalités, ça peut être complexe de réparer un ponceau qui était
à quatre mètres, qui monte à 5.8 mètres, puis que ça prend une éternité, là.
Probablement que vous êtes au courant d'un dossier qu'on a vécu. Mais, tu sais,
c'est... pour la municipalité, c'est complexe. Il y a peut-être aussi, vu que
le gouvernement a conservé la responsabilité des ponts et des ponceaux de plus
de quatre mètres, bien, ça peut être pour certaines municipalités quelque chose
de complexe. Donc...
M. Arseneau : Oui. En tout
cas, ça a l'air d'être très complexe de faire un pont sur la rivière Saguenay,
entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine. Ça pourrait être un projet complexe
qui... j'imagine, qui bénéficierait à certaines de vos municipalités membres.
Même si c'est un ouvrage, ça semble être assez complexe pour... d'aboutir avec
des études en tout cas.
M. Châteauvert
(Pierre) :Mais c'est certain que pour nos
municipalités dans la grande... du Grand Montréal, des projets dont il est
question, qui sont là pour desservir, c'est nécessairement un projet complexe.
Des projets complexes couvrent plusieurs territoires, traversent plusieurs
territoires, va modifier énormément d'infrastructures, de tas d'habitudes. Ce
sont des projets complexes. Mais comme on disait tantôt, potentiellement,
genre, d'arriver... Actuellement, le Bas-Saint-Laurent, les huit MRC sont en
train de définir un projet de transport régional inter-MRC. C'est... Ça, ça
demeure. Pour arriver avec la bonne intervention, le type d'intervention, les
équipements, ça aussi, c'est un projet complexe.
M. Arseneau : C'est la mise
en place d'un réseau, en fait. C'est ça.
M. Châteauvert (Pierre) :C'est ça aussi. C'est un projet complexe. Parce que la
complexité, ce n'est pas nécessairement au niveau du coût de l'infrastructure,
des fois, c'est la façon de le déployer.
M. Arseneau : Oui. Mais donc,
si vous avez des projets complexes dans les membres que vous représentez, je
pense qu'il y a une notion fondamentale, vous la mentionnez, là, mais je
voulais savoir à quel point c'est fondamental que vous soyez parties prenantes
au départ, pendant et après.
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, ça, c'est clair...
M. Arseneau : ...pendant et
après.
M. St-Pierre (Guy) : Et qu'on
respecte qu'on est un gouvernement de proximité, qu'on a un schéma
d'aménagement qui a établi des priorités, et que le ministère... que chacun des
ministères dit : O.K., votre schéma, on est d'accord avec. Donc, je pense
que c'est ce qu'on s'attend en termes de... je dirai, de respect du ministère.
M. Arseneau : Y compris, là,
dans la phase décisionnelle. Vous parlez d'être membre du comité décisionnel.
Vous voulez avoir une prise sur ce qui... donc, rétablir, là, votre...
M. St-Pierre (Guy) : Les
priorités et...
M. Arseneau : ...votre voix
et la voix des citoyens que vous représentez...
M. St-Pierre (Guy) : C'est
ça.
M. Arseneau : ...pour la
promotion des projets. Merci beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci. Ceci conclut la période d'échanges. Je veux vous remercier pour votre
contribution aux travaux de cette commission.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 11 septembre 2024, après les avis
touchant les travaux des commissions, où elle poursuivra son mandat. Merci,
tout le monde.
(Fin de la séance à 19 h 18)