Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, February 6, 2024
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Vol. 47 N° 33
Special consultations and public hearings on Bill 48, an Act to recognize the Members’ oath to the people of Québec as the sole oath required for Members to take office
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante-deux minutes)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le code de la sécurité
routière afin d'introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection
et d'autres dispositions en matière de sécurité routière.
M. le secrétaire, il y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Dufour (Mille-Îles) est remplacée par M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le secrétaire. Nous débuterons ce matin par les remarques préliminaires,
puis nous entendrons par la suite les organismes suivants : l'Union des
municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités et CAA
Québec.
J'invite maintenant la ministre des
Transports et de la Mobilité durable à faire ses remarques préliminaires. Vous
disposez de six minutes.
Mme Guilbault :Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour à vous.
Bonjour à toute l'équipe de la commission, votre secrétaire et autres
collègues, les gens de l'audiovisuel, les gens qui nous permettent d'être ici
en commission. Toujours important de commencer par vous, parce que, sans vous,
évidemment, il n'y aurait pas de commission. Donc, bonjour à mes collègues qui
m'accompagnent aussi, députée d'Argenteuil, député de Masson, député de
René-Lévesque. Merci d'être ici avec moi aujourd'hui. À mes estimés collègues
des oppositions, bien sûr, le nouveau porte-parole en transports à l'opposition
officielle, que j'affectionne beaucoup. Alors, très heureuse d'entamer les
travaux officiellement avec le député de Nelligan, le député de
Marguerite-Bourgeoys, le député de Taschereau, avec qui j'ai déjà passé
plusieurs heures en commission dans la précédente session parlementaire.
Bonjour à tous ceux qui sont ici ce matin, mes équipes aussi. Vous
reconnaissez, pour... en tout cas, pour le député de Taschereau, qui a passé
plusieurs heures en commission avec nous, mon même sous-ministre adjoint,
Jérôme Unterberg, qui va nous accompagner aussi pour ce deuxième projet de loi
depuis qu'on est... que je suis, en tout cas, aux Transports et à la mobilité
durable. J'ai ici Dave Gravel, mon conseiller politique, qui a beaucoup,
beaucoup travaillé avec moi sur la sécurité routière. Derrière moi, mes équipes
du ministère, des équipes aussi de la Justice, donc des gens... et de la SAAQ
bien sûr aussi, mais il y en a aussi dans la salle en arrière. Donc, il y a des
équipes du ministère de la SAAQ et de la Justice qui sont venues nous assister
pendant ces travaux-là, pendant cette première partie, les consultations
particulières, qui est toujours une partie très, très, très intéressante.
Et là-dessus, je vais d'abord saluer les
gens de l'UMQ. Je pense qu'il y a peut-être des gens, des futurs groupes aussi
dans la salle ou, du moins, qui nous écoutent, mais les gens de l'Union des
municipalités du Québec qui sont ici avec nous ce matin, le premier groupe qui,
je pense, était aussi, comme on le disait, le premier groupe dans notre dernier
projet de loi, parce qu'on s'est quittés tout juste avant les fêtes, sur notre
précédent projet de loi sur l'expropriation. Aujourd'hui, on est dans la
sécurité routière, mais toujours heureuse de vous avoir, messieurs, et toujours
intéressant d'entendre les unions municipales, bien sûr, sur des projets de loi
aussi importants que celui de la sécurité routière.
Alors, bonjour à tous, les équipes de mes
collègues, à tout le monde qui nous écoute. Je l'ai dit, on est sur la sécurité
routière aujourd'hui puis je suis vraiment très heureuse. C'est toujours
intéressant de faire des projets de loi puis de faire avancer les choses dans
la société. Mais je dois dire que la sécurité routière, en plus de me rappeler
mes précédentes fonctions de la sécurité publique, c'est un sujet qui nous
touche tous, je dirais, sur le plan humain, très personnel, parce que soit on a
des enfants et toute la question des zones scolaires est très présente dans ce
projet de loi là. On a des enfants, on a des personnes vulnérables autour de
nous, on a tous eu des histoires de gens qui ont vécu des situations et on a
tous à cœur la sécurité non seulement de nos jeunes, mais de l'ensemble des
gens dans la société. Puis, aujourd'hui, avec ce projet de loi là, on franchit
un autre pas pour sécuriser le réseau routier, sécuriser des zones où il y a
des clientèles vulnérables. Je l'ai dit, j'ai parlé des zones scolaires. Il y
aura aussi toute la question des appareils de détection, les photo-radars comme
on appelle communément, mais qui sont appelées des ACA, là, dans diverses...
dans la littérature, et tout ça. Mais, bref, on va introduire davantage de
photo-radars puis une façon différente d'utiliser les photo-radars qui va, à la
fois, être plus efficace et moins lourde sur nos systèmes, notamment nos
ressources judiciaires, nos ressources policières. Donc, on aura l'occasion de
l'aborder.
Il y a diverses autres choses dans ce
projet de loi là, mais je ne vais pas être... je ne vais pas faire le tour
exhaustivement parce qu'on aura l'occasion d'y revenir, entre autres en étude
détaillée, mais je veux simplement remercier tous ceux qui vont venir prendre
du temps pour nous rencontrer aujourd'hui, demain, jeudi, et tous ceux qui vont
envoyer des mémoires et des commentaires aussi pour nous alimenter. Les
consultations particulières, pour moi, c'est toujours très important et, par
expérience, c'est mon neuvième projet de loi, ça t'aide beaucoup, souvent, les
amendements ou les discussions qu'on a par la suite en étude détaillée, de
façon très constructive et pertinente. Alors, merci à l'avance à tous ceux qui
vont venir nous enrichir de leurs points de vue, quels qu'ils soient...
Mme Guilbault :...alors merci, tout le monde, et, encore une fois, merci,
M. le Président, d'être encore ici à présider cette même commission.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle, M. le député de Nelligan, à faire ses remarques préliminaires pour
une période de trois minutes 36 secondes.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Je vais commencer par vous. Merci de présider nos travaux. Un merci
aux membres de la commission. Je tiens aussi à saluer Mme la ministre, c'est
mon premier projet de loi avec elle, figurez-vous, ça fait six ans que je suis
au Parlement, ou je peux utiliser «à l'aube de la sixième année», cinq ans, que
j'affectionne aussi et merci pour le... votre gentil mot, mais aussi merci
d'avoir offert le briefing technique hier. Les équipes étaient là. Nous avons
quand même eu pas mal d'information, je tiens à le souligner. Ce n'est pas
toujours l'habitude ici d'avoir ce genre de briefing. Nous avons reçu aussi la
présentation. Merci à vos équipes qui étaient là. Donc, c'est toujours très
apprécié. Donc, salutations aux collègues de Mme la ministre, de la partie
gouvernementale. Salutations à mon collègue de Marguerite-Bourgeoys,
salutations à mon collègue aussi de Taschereau.
Donc, très heureux d'entamer la discussion
sur la sécurité routière. Et Mme la ministre l'a très bien mentionné, on est
tous touchés par les enjeux de la sécurité routière. Et j'espère, j'espère
qu'au bout de cet... de cet... des échanges qu'on va avoir avec les groupes qui
vont venir, qui ont pris la peine de préparer des mémoires, de nous envoyer des
commentaires... qu'on va se donner tous d'un cadre législatif à la hauteur de
la sécurité routière pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois, qu'on
soit parent, ami ou membre de la famille qui a souffert d'une manière directe
ou indirecte d'un enjeu lié à la sécurité routière. J'espère que... À part la
mise en œuvre du plan d'action en sécurité routière, que je salue, le projet de
loi ramène des éléments importants pour légiférer et donner suite au plan
d'action. Le dernier bilan routier donne raison à ce projet de loi, qui était
quand même très alarmant. Il y a une forte hausse du nombre de piétons décédés.
Et aussi ce que j'ai noté, c'est 22 % par rapport à la moyenne de 2017 à
2021. Donc, c'est très important, améliorer la sécurité, surtout les usagers
vulnérables comme les élèves. Je note aussi qu'il va y avoir des actions par
rapport aux alentours des écoles. C'est un bon point. J'espère qu'on va
travailler en concertation avec surtout les gouvernements de proximité, je
nomme les villes. Donc, aujourd'hui, nous avons l'occasion de rencontrer
l'Union des municipalités du Québec et la Fédération québécoise des
municipalités. C'est un enjeu qu'on doit travailler en toute collégialité. La
sécurité routière concerne tout le monde, et c'est très important de la faire
en concertation.
• (10 heures) •
Je note que le projet de loi... et ça, Mme
la ministre va m'entendre parler de ça... tout au long de nos échanges avec le groupe
concerné, c'est le manque de mesures dans le projet de loi afin de sévir contre
l'alcool au volant. J'ai moi-même déposé une pétition, la pétition est en
cours. C'est important de le souligner, le Québec est la seule juridiction
canadienne qui a encore la limite légale d'alcoolémie à 0,08. Ailleurs au
Canada, la limite a baissé de 0,05. Le résultat, c'est qu'il y a un nombre
de... le nombre de victimes est toujours présent. Mais je sais que Mme la
ministre est préoccupée par cet enjeu, il faut sauver des vies, mais
donnons-nous les moyens, y compris un cadre législatif qui va nous aider à
atteindre notre but.
Donc, très hâte à commencer le travail, M.
le Président, hâte à entendre les groupes qui vont enrichir nos discussions et
très hâte à commencer l'étude de ce projet de loi très, très rapidement. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, M. le député de Taschereau, à faire ses remarques préliminaires
pour une période d'une minute 12 secondes.
M. Grandmont : Merci, M. le
Président. Bien, d'abord, merci à vous de nous... de présider encore cette
séance importante. Merci, Mme la ministre, là, d'avoir répondu à l'appel des
parents mobilisés autour des écoles d'abord. Ç'a été comme le... l'élément
déclencheur, en fait, de cette... de cette proposition de projet de loi. Merci
évidemment aux collègues qui sont présents des... de la partie gouvernementale
et des oppositions. Merci aux collègues. Et merci évidemment à tout le
personnel qui accompagne, tant pour leurs connaissances techniques que pour
leurs connaissances techniques aussi, mais d'une autre nature.
Oui, effectivement, bien, c'est une
bonne... c'est une bonne nouvelle d'aller de l'avant sur la question de la
sécurité routière. C'est un enjeu qui touche toute la population du Québec.
C'est un enjeu qui préoccupe toute la population du Québec. Donc, c'était
attendu. J'ai moi-même travaillé à plusieurs reprises dans ma vie sur ces enjeux-là.
J'ai participé à la consultation en 2017 organisée par la SAAQ. Ça a donné
évidemment des résultats...
10 h (version non révisée)
M. Grandmont : ...pas assez
satisfaisant, pas assez... qui ne nous ont pas fait assez avancer. On le voit,
encore beaucoup d'accidentés, de blessés graves sur les routes. On a de la
misère à améliorer notre bilan routier au Québec. Donc, ce qu'il y a dans la
proposition, actuellement, est intéressant, mais, encore une fois, même si c'est
un pas dans la bonne direction, je pense qu'on pourrait en faire plusieurs
autres, et c'est un peu le sens des interventions que je ferai dans les jours
qui viennent. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député, je vous remercie. Et nous allons maintenant débuter nos
auditions. Donc, je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Union des
municipalités du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi, nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Donc, je vous invite à vous présenter et à débuter
votre exposé.
M. Dyotte (Normand) : Alors,
merci beaucoup. Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable, M. le
Président de la commission, Mmes et MM. les membres de la commission, bon matin
à tous et à toutes. Je vous remercie de nous donner l'occasion aujourd'hui de
vous faire part de nos commentaires sur le projet de loi n° 48, portant
sur la sécurité routière dans nos milieux. Je suis accompagné aujourd'hui par
Philippe Biuzzi, conseiller aux politiques à l'Union des municipalités du
Québec.
Depuis maintenant plus de 100 ans, l'UMQ
rassemble les gouvernements de proximité de toutes les régions du Québec afin
de mobiliser l'expertise municipale, accompagner ses membres dans l'exercice,
donc, de leurs compétences et valoriser la démocratie municipale. Nos membres
représentent plus de 85 % de la population et du territoire du Québec.
D'entrée de jeu, l'UMQ souhaite rappeler
son soutien au Plan d'action en sécurité routière 2023-2028, dévoilé, le 22 août 2023,
par le gouvernement du Québec. Les municipalités y sont désignées, à juste
titre, comme étant des partenaires essentiels dans l'atteinte de l'objectif
central du plan d'action, soit la Vision zéro. Les municipalités, à titre de
gestionnaires d'un réseau routier de 107 000 kilomètres, sont
incontournables dans la mise en place de l'approche du Système sûr, approche
sur laquelle repose le plan d'action. L'UMQ accueille favorablement ce projet
de loi, qui vise à contribuer à l'atteinte de la Vision zéro. Elle considère,
toutefois, que le projet de loi n° 48, dans sa forme actuelle, ne permet
pas tout à fait aux municipalités de jouer leur plein rôle de partenaires
essentiels de la sécurité routière. L'UMQ tient donc à attirer l'attention de
la commission sur certains aspects du projet de loi qui pourraient être
bonifiés.
Premièrement, les nouvelles mesures quant
aux zones scolaires, soit l'obligation de les aménager de manière sécuritaire
et d'y abaisser la limite de vitesse de base à 30 kilomètres-heure, auront
assurément pour effet d'améliorer la sécurité des enfants aux abords des
écoles. Toutefois, les investissements nécessaires à l'aménagement sécuritaire
et à la révision des limites de vitesse des zones scolaires, prévus par le
projet de loi n° 48, nécessiteront des investissements beaucoup plus
importants que ceux prévus au plan d'action. Ces investissements incomberont,
en partie, aux municipalités. L'UMQ recommande donc de prévoir un financement
substantiellement plus important du gouvernement du Québec pour l'aménagement
sécuritaire et la révision des limites de vitesse des zones scolaires. À cet
effet, le déploiement des systèmes de détection est une avenue intéressante
pour financer cette obligation. Nous y reviendrons. En ce qui a trait à l'entrée
en vigueur de ces obligations, le projet de loi prévoit que l'obligation d'aménager,
de façon sécuritaire, la zone scolaire entrera en vigueur à une date déterminée
par le gouvernement.
L'union souhaite que le gouvernement du
Québec prenne en compte les délais de planification et de réalisation des
travaux de réaménagement, et le fait que les exigences permettant de remplir
cette obligation ne sont pas encore connues pour fixer la date d'entrée en
vigueur. Elle invite également le gouvernement du Québec à la consulter au
préalable. L'UMQ demande donc d'offrir une prévisibilité aux municipalités
quant à l'entrée en vigueur de l'obligation d'aménager, de façon sécuritaire,
les zones scolaires, et du changement de limite de vitesse maximale en zone
scolaire. Cette prévisibilité est d'autant plus importante dans la possibilité
qu'une municipalité pourrait décider de fixer une limite de vitesse différente
à 30 kilomètres-heure. Cette possibilité est primordiale, puisque le respect d'une
limite de vitesse dépend, notamment, de l'aménagement de la voie de
circulation. De fait, la vitesse moyenne sur une voie de circulation peut être
plus grande dans une zone scolaire à 30 kilomètres-heure que lorsque la limite
de vitesse y est de 40 kilomètres-heure. Cela démontre toute l'importance de l'aménagement
des voies de circulation et de la capacité...
M. Dyotte (Normand) : ...de
contrôle de la limite de vitesse.
Le projet de loi prévoit que le
gouvernement fixera des conditions par règlement pour que les municipalités
puissent fixer une limite de vitesse différente. Or, les municipalités sont les
plus à même d'établir la limite de vitesse, qu'elle soit en deçà ou au-dessus
de 30 kilomètres/heure, en fonction des caractéristiques des voies de
circulation dont elles ont la responsabilité.
En respect de l'autonomie municipale,
l'UMQ recommande de ne pas permettre au Gouvernement de prescrire par règlement
des conditions quant à la fixation par une municipalité d'une vitesse autre que
30 kilomètres/heure en zone scolaire.
Revenons aux systèmes de détection.
L'Union accueille favorablement les mesures visant un déploiement accéléré des
systèmes de détection au Québec. Ces appareils ont largement fait leurs preuves
et peuvent devenir une pièce maîtresse du contrôle du respect du code de
sécurité routière, tout en représentant une source de financement des
initiatives municipales en sécurité routière.
Dans une volonté de collaborer à ce
déploiement, l'UMQ fait plusieurs propositions visant à permettre une véritable
participation des municipalités à ce déploiement : premièrement, que
toutes les municipalités qui souhaitent mettre en place un régime de sanctions
administratives pécuniaires en matière municipale puissent le faire afin
qu'elles puissent prendre part au régime des SAP spécifiques aux systèmes de
détection, sur le réseau routier municipal, qu'il soit prévu qu'un système de
détection peut être utilisé de facto sur les chemins publics identifiés à cet
effet dans un plan de sécurité élaboré par une municipalité ou une municipalité
régionale de comté, que l'utilisation de systèmes de détection appartenant à
une municipalité devrait être permise et qu'il soit prévu qu'une partie des
sommes destinées au fonds de la sécurité routière découlant de l'utilisation,
sur les réseaux routiers d'une municipalité, des systèmes de détection
appartenant au ministère des Transports et de la Mobilité durable puissent être
versées directement à cette municipalité afin de financer le réaménagement des
endroits contrôlés par un système de détection sur son réseau routier,
finalement, que l'entièreté des sommes destinées au Fonds de la sécurité routière,
découlant de l'utilisation d'un système de détection appartenant à une
municipalité, puisse être utilisée pour financer ses initiatives de sécurité
routière.
En terminant, l'Union souhaite porter à
l'attention des membres de la Commission certains ajouts proposés à
l'encadrement par les municipalités de la circulation des véhicules hors route
sur les chemins publics du réseau routier municipal. Les ajouts proposés
augmenteront la charge administrative des municipalités sans gain
supplémentaire en matière de sécurité routière. Le projet de loi vient rendre
obligatoire la tenue de procédures supplémentaires précédant l'édiction d'un
règlement municipal concernant la circulation des véhicules hors route sur les
chemins publics du réseau routier municipal, nommément la tenue d'une assemblée
publique. Il vient également obliger la transmission d'un rapport établissant
que la circulation des VHR, dans des conditions prescrites, est sécuritaire.
Or, le gouvernement du Québec a pris
l'engagement, dans la déclaration de réciprocité concernant le nouveau
partenariat entre le gouvernement du Québec et les gouvernements de proximité
signée en décembre 2023, de mettre en œuvre un chantier de travail concernant
l'allègement de la charge administrative municipale et de certains processus
gouvernementaux. L'ajout de ces obligations ne s'inscrit pas dans l'esprit de
cet engagement.
L'UMQ recommande de ne pas obliger une
municipalité à tenir une assemblée publique sur le projet de règlement de
circulation de véhicules préalablement à l'édiction du règlement et de ne pas
obliger une municipalité à transmettre à la ministre, avec le règlement, un
rapport établissant que la circulation des véhicules hors route, dans les
conditions prescrites, est sécuritaire.
Alors, je vous remercie de votre
attention. Nous sommes maintenant disponibles pour répondre à vos questions.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Dyotte, pour votre exposé. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre
pour une période de 16 minutes 30 secondes.
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci, Messieurs, à
nouveau, d'être ici aujourd'hui. Très, très, très intéressant. Il y a divers
points là-dedans. Puis, si on a le temps... On a 16 minutes, vous m'avez
dit, M. le Président?
Le Président (M. Jacques) : 16
min 30 s.
Mme Guilbault :Bon, parfait. Et j'ai mon collègue de René-Lévesque qui
voudra... qui est un ancien élu municipal aussi, comme vous savez, donc qui
aura des questions pour vous.
Alors, moi, je vais aller... comme je dis,
j'ai deux, trois choses, mais je veux commencer par, évidemment, là, toute la
question des radars-photo. Parce qu'à la fois...
Mme Guilbault :...la disponibilité d'un plus grand nombre, le choix des
sites d'installation, puis la manière de répartir non seulement les revenus,
mais aussi les dépenses, parce que vous dites : L'entièreté des sommes
pourrait être retournée aux municipalités. Bien, vous dites : L'entièreté
des sommes qui seraient allés au fonds devrait être versée aux municipalités.
Donc, est-ce que vous, vous déduisez les frais de gestion, les frais? Parce
qu'en fait, c'est un peu ça, mon point, c'est que l'acquisition des
photo-radars... L'idée en étant un peu gestionnaire de l'ensemble du parc
d'ACA, si on veut, c'est de pouvoir faire des appels d'offres groupés, d'être
plus attractifs sur les marchés et de pouvoir aussi nous assurer que les
critères dans le choix des appareils vont répondre aux critères puis aux
besoins de l'entièreté des partenaires qui vont devoir composer, puis
manipuler, puis traiter le fruit de ces produits-là. Donc, il y a comme une
logique derrière ça. Puis, en même temps, c'est quand même des investissements,
ça devient des actifs finalement qu'on possède, puis après ça, non seulement
l'acquisition, l'installation, mais ensuite l'entretien. Souvent, on a des
contrats pour l'entretien. Bref, il y a un ensemble de choses là-dedans qui
font qu'en ce moment, puis vous savez probablement qu'en ce moment on a le
PPCM, là, le projet pilote de coopération municipale depuis environ 10 ans, je
pense, qu'on me disait, auquel on va mettre un terme finalement avec la
nouvelle façon de faire, mais donc, en ce moment, il y a un partage qui est
fait avec les municipalités, en déduisant les frais qui sont les frais que je
vous exposais tout à l'heure, puis l'excédent ayant... allant dans les fonds,
de toute façon, est réinvesti en sécurité routière, tu sais, le TAPU puis le
programme... bien, c'est-à-dire le programme d'aide financière du Fonds de la
sécurité routière. C'est des exemples. Puis d'ailleurs on a eu des excédents
aussi au Fonds de l'assurance automobile, dont on a réinvesti un 44 millions,
de mémoire, en sécurité routière. Donc, il y a déjà des sommes qui, de toute
façon, retournent dans les... la sécurité routière. Bref. Concrètement,
qu'est-ce que vous souhaiteriez modifier là-dedans, dans la mesure où il y a
quand même des dépenses importantes qui doivent être faites à l'origine avant
qu'on ait des revenus?
M. Dyotte (Normand) : Oui.
Alors, bien, écoutez, Mme la ministre, dans un premier temps, on est
partenaires, évidemment, les municipalités, dans tout ce qui est le projet de
loi et les actions qui sont à venir. Alors, nous, ce qu'on dit, c'est qu'on
veut faire partie de la solution, on connaît bien les territoires, nos
territoires, dans le fond, les municipalités, on connaît les endroits aussi où
il y a des risques d'accident, donc on veut intervenir, pouvoir intervenir
avec, entre autres, des photo-radars sur les endroits les plus accidentogènes.
Alors, je pense que de faire partie aussi d'un appel d'offres regroupé, comme
vous le mentionnez, c'est une excellente, je pense, proposition. Évidemment, je
pense qu'il peut y avoir des prix évidemment à la baisse dans ce contexte-là.
Donc, dans ce contexte-là, on veut participer, et les installer aux endroits
les plus appropriés.
Maintenant, oui, il y a des coûts, il y a
des dépenses relatives à ça, évidemment. Alors, il y a des revenus et des
dépenses, mais avec le projet de loi et ce que vous mentionnez aussi de pouvoir
avoir, au niveau de l'allègement des cours municipales et de pouvoir participer
avec un processus plus administratif que légal dans le règlement, dans le fond,
des contraventions qui vont être données, bien, ça vient diminuer les coûts.
Alors, à quelque part, ces argents-là vont nus servir à réaménager, évidemment,
c'est sûr, les endroits, entre autres, les zones scolaires, qui sont les plus
problématiques.
Alors, on est conscients que oui, il y a
des dépenses, mais on pense qu'à la limite, si on fait les bons choix, les bons
endroits pour installer les photo-radars, bref, on est capables de prendre ces
sommes-là pour les réinvestir adéquatement pour l'aménagement des zones
scolaires, entre autres.
Mme Guilbault :Oui, effectivement. Puis d'ailleurs j'aimerais faire une
mini parenthèse parce qu'on parle beaucoup... les municipalités qui sont des
partenaires, puis vous avez probablement regardé le plan d'action... bien, je
sais que vous les regardez, vous étiez vous-même au lancement du plan d'action
le 22 août dernier. Le plan, le tout premier plan d'action qu'on a déposé
en matière de relations entre le MTMD puis les municipalités, qui donne suite à
une mesure de notre plan d'action, qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce que
vous considérez que, concrètement, ça va nous aider à mieux travailler
ensemble, entre autres, pour la question des aménagements puis la question de
travailler en partenariat concrètement pour pouvoir répondre ensemble aux
objectifs? Parce que la majorité des... la majorité des écoles sont sur votre
réseau, alors c'est sûr que, tu sais, si on veut atteindre nos objectifs, on a
besoin de mieux travailler ensemble. Donc, est-ce que, rapidement, là, est-ce
que vous pensez que c'est un pas dans notre... dans la même... dans la bonne
direction?
M. Dyotte (Normand) : Oui,
bien, absolument, Mme la ministre, c'est un pas dans la bonne direction. On
sait aussi qu'il y a plusieurs accidents dans diverses municipalités, donc il est
important qu'il y ait des mesures qui soient mises en place, vous parlez, entre
autres, de mesures coercitives à certains endroits aussi, avec les amendes. On
pourrait revenir peut-être un peu plus loin.
Bien, bref, je pense que c'est un pas qui
va vers l'avant aussi pour assurer une meilleure sécurité, hein, on veut
éviter, évidemment, les accidents qui sont survenus un petit peu partout dans
les municipalités, donc, du Québec.
Et oui, définitivement, pour répondre à
votre question, c'est un excellent pas en avant avec les différentes actions,
mais avec quelques modifications, comme le souhaite, comme on vient le
mentionner dans notre mémoire.
Mme Guilbault :Puis sur les... pour revenir aux radars photo, parce que
vous dites : On veut être partenaire, participer. En fait, si je décode
bien, au choix de la localisation des radars sur votre... sur vos territoires
municipaux. Puis à l'article 12 du projet de loi, oui, c'est ça, ici, à
l'article 12...
Mme Guilbault :...on dit : «Un système de détection peut être utilisé
dans les endroits suivants», puis là on vient prévoir explicitement la
possibilité de le mettre dans une zone scolaire. Donc, on n'a... finalement, tu
n'as pas besoin de discuter ou, tu sais, c'est prévu explicitement, et dans un
lieu où il y a des travaux de construction. Parce qu'on n'en a pas parlé, je
n'en ai pas parlé en introduction, mais ça aussi, c'est une des clientèles
qu'on considère vulnérables, nos travailleurs de chantier, puis toute la
question des accidents sur les sites de travaux routiers. Puis, par la suite,
on dit «sur un chemin public désigné par le ministre ou partie d'un chemin
public, et une telle désignation est effectuée selon les critères déterminés
par règlement», et ensuite, on dit que... c'est ça, on... «convient des
modalités d'une demande faite par une municipalité aux fins de la désignation
d'un chemin public dont l'entretien relève de cette municipalité». Autrement
dit, on vient maintenir l'idée, justement, d'un partenariat dans le choix des
critères qui vont mener à la détermination des localisations. Alors, est-ce que
ça, ça vous satisfait?
M. Dyotte (Normand) : Bien,
je pense qu'effectivement, si on vient effectivement lire ce que vous
mentionnez... c'est ce qu'on veut, d'ailleurs, effectivement, on veut
effectivement pouvoir intervenir avec vous pour déterminer quels sont les
meilleurs endroits, les plus stratégiques, pour poser ces futurs photoradars
là, tout à fait. Marquant.
M. Biuzzi (Philippe) : Par
contre...
M. Dyotte (Normand) : Par
contre, oui... peut-être M. Biuzzi...
M. Biuzzi (Philippe) : ...peut-être
que je bonifierais. On considère que, de facto, en fait, là, comme pour les
zones scolaires puis les zones de chantier, les endroits déterminés dans des
plans de sécurité faits par des municipalités ou des MRC, qui sont financés,
d'ailleurs, par le ministère des Transports, par le biais du Programme d'aide à
la voirie locale, bien, que ces plans-là devraient aussi permettre d'identifier
de facto des endroits où on peut mettre des radars photo en milieu municipal.
Mme Guilbault :Bien oui, tout à fait. D'autant plus que... puis là, avec
les sommes qu'on a ajoutées dans le TAPU... je ne sais pas si c'est le TAPU ou
le PAFFFSR, qui peut, entre autres, financer des diagnostics de sécurité, parce
qu'il y a tellement d'écoles, c'est trois quarts, je pense, des écoles, ou un
peu plus que le trois quarts qui est sur votre réseau, alors, si on veut
s'assurer d'avoir des aménagements sécuritaires obligatoires ou systématiques
autour de nos écoles, ça commence, des fois, par un diagnostic de sécurité.
Donc, ça, est-ce que vous sentez que vos membres... ou est-ce que vous
sentez... je pense que oui, là, mais, tu sais, un peu un élan de dire,
effectivement, on va prendre le recensement de nos écoles, on va regarder
concrètement c'est quoi, les problèmes? Parce que, tu sais, de dire, il faut
que toutes les écoles soient sécuritaires, c'est sûr que c'est beau, en
théorie, mais, en pratique, dans la vraie vie, ça peut être compliqué, selon le
chemin municipal, selon qu'il est provincial, selon qu'il y a de la circulation
lourde ou non. Alors, est-ce que vous sentez l'adhésion des membres pour aller
dans le sens de : on va faire des diagnostics de sécurité puis on va s'assurer
de savoir précisément comment sécuriser? Parce que, par exemple, si on obtient
une subvention, des fois, ça peut être tentant de faire... de refaire un
trottoir ou de faire autre chose ailleurs que ça. Est-ce que vous sentez que
c'est une réelle priorité pour vos membres que de choisir des projets qui vont
dans le sens de la sécurité, entre autres, autour des écoles?
M. Dyotte (Normand) : Bien
oui, tout à fait. Des plans de sécurité routière que l'on doit faire, les
municipalités, pour justement assurer la sécurité aux abords des écoles, c'est
un élément fort important. Bien, on sait fort bien aussi qu'il va y avoir des
investissements aussi à faire. Alors, on parle dans un milieu bâti... Quand on
parle d'un nouveau milieu en construction, on peut prévoir immédiatement
quelles sont les meilleures mesures à mettre en place et on dit que ça coûte
moins cher. Quand on vient pour intervenir sur un milieu qui est déjà bâti,
c'est plus difficile de modifier la rue, d'ajouter des trottoirs par la suite,
etc. Donc, puis c'est surtout la... je vous dirais, la situation actuelle que
nous connaissons. On va intervenir dans des milieux bâtis, alors c'est pour ça
que... et ça ne se fait pas du jour au lendemain non plus. Donc, il faut
continuer nos plans de sécurité, les mettre à jour et, après ça, bien, il faut
identifier des pistes de solutions et il faut mettre ça dans nos PTI, hein, nos
programmes triennaux d'investissement. Et ça, bien, c'est un deux ans, un trois
ans, un quatre ans. Donc, ça nous prend du temps. C'est pour ça qu'on dit, dans
notre mémoire aussi, de nous laisser le temps de mettre les mesures en place
parce que ce n'est pas vrai que, si, dans quelques mois, on dit : La
mesure tombe, que nos aménagements vont être, évidemment, modifiés en conséquence.
Donc, là-dedans, je pense qu'il faut s'ajuster pour être certains de mettre en
place les mesures importantes.
• (10 h 20) •
Mme Guilbault :Oui, bien, absolument, puis, moi, je suis tellement
d'accord avec vous, ce que vous dites, c'est très vrai. Puis quand on a
commencé à... quand j'ai commencé à travailler sur le plan de sécurité
routière, c'est ça, c'est que la quasi-totalité des écoles sont déjà
existantes, dans des milieux bâtis, avec des marges de manœuvre, des fois,
limitées. Alors, c'est pour ça que je dis que, même si, en théorie, on voudrait
tous que ça aille vite puis que les écoles soient sécuritaires du jour au
lendemain, ça prend des diagnostics adaptés à chacun des milieux, puis, ensuite
de ça, des moyens en conséquence. Alors, c'est... bref, c'est très vrai de le
dire.
C'est pour ça, d'ailleurs... puis là je
cherche le numéro de la mesure, exactement, mais dans toute la politique
d'aménagement du territoire, là, dans ce sur quoi travaille... dans le fond,
c'est le PMO de la... je pense, on a enchâssé deux éléments, dont celui de
devoir tenir compte...
Mme Guilbault :...dorénavant... bien, c'est le plan de mise en œuvre de la
politique nationale d'aménagement et d'architecture... d'architecture et
d'aménagement du territoire. Oui, c'est un peu jargonneux, mon affaire, mais
bref, de s'assurer dans l'aménagement des futurs quartiers qu'on va résolument
prendre en compte à la fois la mobilité, mais, tu sais, toutes les questions de
sécurité dans la façon d'aménager les quartiers. Ça fait que ça, on est
parfaitement d'accord là-dessus.
Peut-être un élément aussi que... sur la
question des VHR, là, parce que c'est quelque chose qui... puis c'est un peu en
marge, mais, comme vous en avez parlé, il y a des cas dont on a plus entendu
parler médiatiquement, de... mais, dans l'ensemble, actuellement, pour... pour
ce que j'en sais, ça va relativement bien, les cas de municipalités qui veulent
prévoir la possibilité de circuler sur les chemins. Donc, ça se déroule
conformément. Il y a la résolution. On traite ça puis ça fonctionne. Il y a des
cas où il y a eu plus d'enjeux, mais vous, vous dites : N'ajoutons pas
d'étape de plus, n'ajoutons pas de procédure, n'ajoutons pas de lourdeur parce
que ça fonctionne déjà bien, si je comprends bien. Donc, de retirer les
articles, vers la fin du projet de loi, là, qui parlait de ça.
M. Dyotte (Normand) : Oui,
tout à fait, c'est qu'on demande de retirer les obligations pour le moment et
de prendre un moment de réflexion à cet effet-là. Vous le savez, à certains
endroits, vous l'avez mentionné, Mme la ministre, ça va très bien. Il y a
peut-être des endroits problématiques, on en convient, mais, dans la majorité
des cas, ce qu'on entend, du monde municipal, donc, ça va bien. Je pourrais
citer l'exemple, là, de la MRC Antoine-Labelle, entre autres, O.K., où il n'y a
eu aucune plainte reportée à la municipalité pour, justement, là, l'utilisation
de la voie publique pour des traverses, entre autres, de VHR. Et ce sont des
retombées économiques importantes pour certaines régions ou la majorité des
régions du Québec. Alors, dans le cas que je viens de mentionner, on parle de
68 millions par année de retombées économiques des activités de VHR. Donc,
c'est important aussi, encore une fois, d'alléger le processus dans le cadre où
il n'y a pas de plainte, où les citoyens sont heureux de la situation. Et,
encore une fois, en termes de gouvernement de proximité, on ne veut pas, dans
le fond, alourdir les processus administratifs, qu'on a mentionnés. Alors, c'est
dans ce contexte-là qu'on dit que, pour nous, ça ne va pas être du mur-à-mur,
il faudrait regarder, dans le fond, les endroits où ça fonctionne bien et ne
pas systématiquement, là, rendre obligatoire, le rendre compte à cet égard-là.
Mme Guilbault :Parfait. Merci. Je vais céder la parole à mon collègue de
René-Lévesque. Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny : Alors, bonjour.
Historiquement, l'Union des municipalités du Québec, puis vous l'avez dit tout
à l'heure, a toujours parlé pour l'autonomie des municipalités. Il y a un
conseil municipal, il y a un comité de sécurité routière, il y a des
consultations, il y a aussi des consultations dans l'aménagement quand
l'urbanisme fait des projets d'aménagement. J'aimerais vous entendre avec ça,
parce qu'il y a une démocratie, là, qui est assez proche du citoyen pour le
consulter quand on veut faire un changement, notamment une limite de vitesse,
puis il y a une capacité d'aller poser des questions à ses élus locaux, à son
conseiller municipal. Alors, ma question est assez simple. En quoi on
imposerait... Pourquoi on imposerait quelque chose partout, mur à mur, qui est
peut-être un besoin pour une municipalité, mais qui ne l'est pas pour une ville
comme Forestville, par exemple? Alors, pourquoi on imposerait ou, il y a des
gens qui disent ça, qu'on devrait imposer 30 kilomètres partout dans
toutes les villes? Alors, pourquoi on imposerait pour une ville comme Forestville
si ce n'est pas son besoin, si les conseillers municipaux, si le maire, la
mairesse, les élus locaux et citoyens ne considèrent pas que c'est un besoin?
J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Dyotte (Normand) : Bien,
en fait, c'est que le projet de loi définit que le 30 kilomètres h est
comme la base. Alors, ce qu'on soutient, c'est qu'effectivement, dans les faits
et dans la réalité, avec les exemples que j'ai mentionnés tantôt, ça peut être
que la vitesse, aussi, moyenne soit supérieure, puis c'est arrivé dans des cas
concrets aussi, en abaissant à 30 kilomètres heure que... lorsqu'elle
était à 40 kilomètres h. Alors, c'est dans ce contexte-là que nous, ce
qu'on propose, c'est de dire : Ayons la possibilité, les municipalités, de
pouvoir quand même, O.K., soit monter à 40 ou soit baisser à 20. Il y a des
villes qui l'ont fait, d'ailleurs, récemment, donc, sur la rive sud de
Montréal, le mettre à 20 kilomètres-heure alentour des écoles. Alors, ça
dépend de l'aménagement qui est déjà là. Alors, je l'ai mentionné tantôt,
alors, on ne fait pas ce qu'on veut avec un aménagement qui est là depuis
plusieurs années. Alors, c'est pour ça qu'il faut s'adapter.
M. Montigny : ...mais ma
question est plus à savoir... Il y a des organisations, il va certainement en
avoir qui vont venir nous en parler, qui vont souhaiter avoir un mur-à-mur
partout au Québec, de limiter à 30 kilomètres-heure partout sur tout le
territoire des villes. Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus. Parce qu'en
quoi... si c'est bon pour un quartier spécifique, par exemple la région de
Laval ou de Montréal, bien, ça devrait s'imposer dans des municipalités comme
Forestville où les.. dans ma circonscription, où les maires... la mairesse ne
demande pas ça puis les élus municipaux non plus...
M. Dyotte (Normand) : Je vais
laisser M. Biuzzi répondre à cette question.
M. Biuzzi (Philippe) : Bien,
en fait, ultimement, si c'est 30 kilomètres-heure, la vitesse qui doit
s'appliquer, ce sera 30 kilomètres-heure. Nous, ce qu'on dit, puis c'est
ce qu'on défend dans notre mémoire, c'est... en fonction des aménagements...
Puis il y a un historique d'aménagement aussi où parfois on a des voies de
circulation où de mettre un 30 kilomètres-heure, on sait pertinemment que
la limite de vitesse ne sera pas respectée. Québec a fait des aménagements... a
fait des tests, en fait, où, autour d'une zone scolaire, on baissait de 40 à
30 kilomètres-heure, puis ce qu'ils ont réalisé, c'est que la vitesse
moyenne augmentait, parce que les gens ne respectaient pas la limite de
vitesse. Donc, c'est ce genre de situations là qu'on souhaite éviter.
M. Montigny : Donc, il y a
une corrélation — il me reste juste quelques secondes — il
y a une corrélation plus large que simplement imposer une règle par
législation, il faut que ça soit réfléchi dans un ensemble. C'est ce que je...
On pense pareil, là?
M. Dyotte (Normand) : Oui,
oui, tout à fait, puis je pense que ça part lors d'un développement de nouveau
projet, si on parle de nouveau projet. Tu sais, il y a des PPU qui sont faits,
tu as des règles d'urbanisme, il y a des consultations publiques aussi
lorsqu'on change des règlements d'urbanisme. Donc, c'est pris en considération
dans les aménagements pour la mobilité active aussi.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, messieurs. Ceci termine l'échange avec la partie gouvernementale. Je
cède maintenant la parole à l'opposition officielle, à M. le député de
Nelligan, pour 12 min 23 s
M. Derraji : O.K. Merci, M.
le Président. Merci pour votre mémoire, pas mal de commentaires qui vont dans
le sens d'améliorer le projet de loi. J'aimerais bien, avant d'aller dans les
détails, finir avec la question du financement. Mme la ministre vous a posé la
question : C'est quoi, la demande concrète aujourd'hui de l'UMQ dans le
cadre du financement? Soyez beaucoup plus clairs, pour que les membres de la
commission puissent comprendre qu'est-ce que l'UMQ demande aujourd'hui au nom
des villes. Est-ce que c'est un financement où vous partagez les coûts avec
Québec? Est-ce que vous dites que Québec doit lancer les appels pour acheter,
et par la suite les villes partagent les recettes? C'est quoi, la demande
réelle, dans les deux?
M. Dyotte (Normand) : En
fait, il y a deux éléments. Le premier, c'est que, donc, on remercie
évidemment, là, la ministre pour le programme TAPU et la bonification de
68 millions, donc, qui a été annoncée l'année passée dans le programme
TAPU. Alors, il y a des investissements qui vont être faits évidemment
là-dedans. Mais on est... Nous, évidemment, pour l'ensemble des municipalités
que nous couvrons, on est conscients des coûts à venir concernant les
aménagements suite à, donc, ces réglementations-là. Donc, c'est certain qu'on a
besoin d'avoir du financement supplémentaire, puis on pourra évidemment sortir
aussi des chiffres pour l'ensemble des municipalités éventuellement de combien
est-ce que ça pourrait coûter, faire les aménagements existants.
Il y a aussi le volet des radars photo.
Les radars photo, ce qu'on demande, c'est d'aller chercher une partie, pour ce
qui est du 88 %, qui est le territoire que couvrent les municipalités, si
nous avons les radars photo, puis on a la permission de pouvoir les mettre dans
les endroits appropriés, bien, d'avoir évidemment ces revenus-là. Bon, il y a
une question de revenus et dépenses que Mme la ministre a mentionnée tantôt,
mais il y a aussi le fait que, si c'est dans le fond sur le territoire du
ministère des Transports, bien, on demande une partie des revenus pour pouvoir
aménager, à ce moment-là, les routes en conséquence.
M. Derraji : Excusez. On va
juste aller doucement, parce que vous avez sauté rapidement aux revenus. Je
veux juste qu'on revienne au financement. Là, vous êtes d'accord par rapport à
la proposition, l'appel d'offres doit être lancé, centralisé, vu l'économie
d'échelle. Ça, vous êtes d'accord?
M. Dyotte (Normand) : On est
d'accord puis on souhaite pouvoir en faire partie aussi pour qu'on puisse
éventuellement avoir des radars photo sur nos municipalités pour en tirer des
revenus.
M. Derraji : Mais vous voulez
en faire partie comment? L'appel d'offres va être lancé par le ministère. Vous
voulez participer à l'appel d'offres pour que des municipalités aient
elles-mêmes leurs photoradars?
M. Dyotte (Normand) : Effectivement.
M. Derraji : O.K. La question
de gestion, ça a été posé par Mme la ministre, il y a des coûts reliés à ça.
Vous voulez participer aussi aux coûts ou juste la partie revenus des
photoradars?
• (10 h 30) •
M. Dyotte (Normand) : Bien,
c'est sûr que, quand on y va avec une proposition, il faut prendre l'ensemble,
hein, évidemment. Alors, il faudra regarder d'une façon plus précise quels sont
les coûts associés à ça. Alors, c'est une volonté dans un premier temps de pouvoir
évidemment subventionner nos futurs aménagements, il est bien certain. Mais,
bref, il va falloir regarder le volet des coûts, et on comprend qu'il y a un
processus administratif qui est en cours actuellement pour alléger le processus
des cours municipales, donc c'est une très belle proposition. Alors, dans ce
sens-là, on pense que... on espère que le net — hein, on va parler
comme ça — va générer effectivement un net positif.
M. Derraji : O.K. On part au
financement de l'infrastructure. Là, vous dites que dans le plan, vous demandez
des sommes pour la mise en place, donc que les municipalités aient accès à ce
fonds?
M. Dyotte (Normand) : Oui. On
a déjà accès à des fonds actuellement, on a déjà accès.
M. Derraji : Mais là, vous demandez
que ça soit indexé en conséquence de ce qu'on va vous demander dorénavant?
M. Dyotte (Normand) : Oui,
avec des plans qui seront déposés aussi sur l'ensemble des besoins des
municipalités en termes d'aménagement. Alors, il y a déjà des plans qui
existent, puis il y aura aussi une consolidation dans le futur à venir suite à
la mise en place...
10 h 30 (version non révisée)
M. Dyotte (Normand) : ...la
réglementation et ce que ça va exiger. On va tenir compte aussi des
propositions d'aménagement, donc des guides qui sont actuellement, là, en
rédaction. Donc, on salue le gouvernement pour supporter les municipalités dans
ce sens-là. Évidemment, ça pourra être bonifié avec des exemples concrets
lorsque ça atterrira dans nos municipalités.
M. Derraji : O.K. Là, on a
terminé avec le financement. Passons aux revenus. C'est quoi la structure
idéale pour vous, pour les revenus?
M. Dyotte (Normand) : M. Biuzzi.
M. Biuzzi (Philippe) : En
fait, on fait une distinction entre si un système de détection appartient au
ministère des Transports ou appartiendrait à une municipalité. Dans le cas d'une
municipalité, on considère que l'ensemble des revenus, puisque ça appartient à
la municipalité, que les frais ont été payés par la municipalité, devrait venir
à la municipalité. Évidemment, il y a les frais de gestion, il y a les frais
administratifs, il y a les frais d'entretien. Du côté des appareils qui
appartiennent au ministère des Transports, on considère... puis puisque, bon,
il y a 250 appareils qui sont visés par un appel d'intérêt, on considère
qu'il devrait y avoir une rotation de ces appareils-là. Puis, pour qu'il y ait
une rotation, il faut que les endroits où on utilise ces appareils de détection
là puissent être réaménagés. S'ils sont réaménagés, il y a une possibilité de
déplacer ces appareils-là ensuite, puis c'est pour ça qu'on considère qu'il y a
une partie, puis là je parle vraiment des excédents, là, qui sont visés à l'article 33,
qui devrait retourner dans les municipalités ou sur les réseaux du ministère
directement pour corriger les lacunes d'aménagement qui s'y trouvent.
M. Derraji : O.K. Vous
avez... Dans la recommandation n° 5... Non, désolé,
ce n'est pas... Désolé, recommandation n° 3, vous
parlez beaucoup au respect de l'autonomie municipale, ne pas permettre au
gouvernement de prescrire, par règlement, des conditions quant à la fixation
par une municipalité d'une limite de vitesse autre que 30 kilomètres par
heure en zones scolaires. Je comprends le principe de l'autonomie municipale,
mais pourquoi vous ne voulez pas que le gouvernement le prescrive par règlement?
M. Dyotte (Normand) : Pour
les raisons qu'on a mentionnées tantôt. Donc, il y a un contexte particulier à
chacune des zones scolaires et les aménagements sont différents. Donc, il se
peut fort bien, comme, encore une fois, certaines municipalités ont déjà
procédé à des changements de règlements, de mettre ça à 20 kilomètres/heure,
d'autres veulent mettre ça à 40 kilomètres/heure selon l'aménagement
existant. Et pour en venir, dans le fond, peut-être, à un 30 kilomètres/heure
partout, bien, il faut investir dans les aménagements. Alors, il y a des
exemples concrets qui démontrent que la vitesse peut être quand même plus
élevée, même si on la baisse, dans le fond, la limite de vitesse, compte tenu
de la particularité de l'aménagement de la zone en question.
M. Derraji : Donc, le
problème c'est l'aménagement. Et qui dit aménagement, des coûts
supplémentaires. Donc, on revire la question du financement.
M. Dyotte (Normand) : Oui,
absolument. Parce que de refaire des trottoirs, de mettre des dos d'âne, etc.,
on ne parle pas juste de pancartes de signalisation, là, souvent la réduction
de vitesse, ça passe par un rétrécissement de la voie de circulation, et ça,
bien, c'est un réaménagement de la rue, et, en plus, comme je l'ai mentionné
tantôt, d'ajouter des trottoirs, élargir des trottoirs. Bref, c'est beaucoup
plus dispendieux que mettre de la signalisation.
M. Derraji : O.K. Vous avez
aussi parlé de la prévisibilité et vous avez mentionné l'entrée en vigueur.
Nous sommes au début de gérer des consultations. L'étude détaillée va commencer
dans quelques semaines. C'est quoi, pour vous, le moment idéal?
M. Dyotte (Normand) : Bon, on
aimerait discuter avec le ministère du moment approprié. Je pense qu'on n'a pas
de date à vous proposer à ce moment-ci. Ce qui est important, c'est qu'on
puisse avoir le temps, nous, de mettre en place les mesures en même temps pour
que ça puisse se coordonner avec cette mise en place là. Alors, on ne pourra
pas faire des aménagements, évidemment, là, routiers, comme j'ai mentionné
encore une fois, là, en deux mois, trois mois, un an, ça passe par nos budgets,
là, triennaux, etc. Donc, si on parle de signalisation, c'est une chose, de
marquage au sol, c'est une chose, mais les aménagements, c'est plus long que
ça. Donc, on veut vraiment être en coordination avec le gouvernement pour s'assurer
que, si on met ça en place, bien, que les mesures vont être efficaces pour l'endroit,
là, qui est à sécuriser.
M. Derraji : Je vois que...
Ça va être ma dernière question, mon collègue va poser aussi une question. Je
vois que vous êtes président de la Commission de l'aménagement des transports
au niveau de l'UMQ. L'alcool au volant, c'est quelque chose qui est absent dans
le projet de loi, surtout la limite de 0,05. On est la seule province
canadienne où on n'est pas à 0,05. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Dyotte (Normand) : Bien,
écoutez, je pense qu'il y a matière à réflexion par rapport à des termes que
vous mentionnez. C'est tout à fait normal. Mais pour l'union, pour l'UMQ, pour
l'instant, on n'a pas de position à cet effet là pour l'instant.
M. Derraji : Mais qu'on soit
les seuls au Canada, ça ne vous dérange pas?
M. Dyotte (Normand) : C'est
sûr que c'est préoccupant. Je pense que, comme je vous dis, c'est une réflexion
qui est intéressante à faire. Tout à fait. Mais pour l'instant, on n'a pas été
plus loin dans l'analyse du dossier, mais je pense que c'est une bonne
réflexion à faire.
M. Derraji : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. J'invite maintenant le député de
Marguerite-Bourgeoys...
Le Président (M. Jacques) : ...pour
une période de 3 min 40 s
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. On a eu quelques questions à date qui tournaient
alentour, là, du financement puis de la prévisibilité. Vous avez l'expérience,
vous les connaissez vos membres. Vous vous êtes promené sur le terrain. Ils ne
vous ont peut-être pas tous donné, là, des montants spécifiques exactement,
mais juste au niveau de l'enveloppe pour adapter l'ensemble du réseau
municipal, là, à ce que le projet de loi semble vouloir impliquer au niveau
scolaire, est-ce qu'il y a un ordre de grandeur qui a été comme accumuler d'une
part l'information que vous êtes capable d'avoir sur le terrain?
M. Dyotte (Normand) : Bref,
je ne pourrais pas vous donner de chiffres ou montants précis présentement,
mais donc l'union est en train de travailler là-dessus. Par rapport à ce
dossier-là, je peux laisser mon collègue, M. Biuzzi, y aller là-dessus.
M. Biuzzi (Philippe) : On
a quand même, bon, l'exemple de la ville de Québec, par exemple, là, qui
investit 60 millions sur quatre ans pour la sécurité routière. Grosso
modo, en aménagement, on parle de 50... 50 à 55 millions, on parle de
478 000 $ par année par école. En fait, il y a 115 écoles sur
leur territoire. Il y a 88 % des écoles des 2 725 écoles au
Québec qui sont sur le réseau routier municipal. Donc, on parle quand même de
coûts qui vont être importants. Quand je parle d'un 478 000 $ pour la
ville de Québec, ça... Ça, c'est en moyenne. Ça va dépendre évidemment de si
vous êtes en contexte d'un cadre qui est déjà bâti ou d'un nouveau quartier. Ça
coûte plus cher dans un milieu qui est plus dense, nécessairement parce qu'il y
a beaucoup plus... il y a moins d'espace. Par exemple, il faut ouvrir la rue
complètement, changer des canalisations en même temps. Mais on parle quand même
de sommes qui sont substantielles. Et là, quand je parle d'un
478 million... 478 000 $ par école, on ne parle pas
nécessairement de réaménagement complet, ça peut être simplement du marquage,
de la signalisation, etc. Donc, on parle quand même de... Juste à l'échelle de
la ville de Québec, on parle de 50, 55 millions. Donc, pour l'ensemble du Québec,
on parle de sommes qui sont beaucoup plus importantes.
M. Beauchemin : Bien,
justement, c'était comme cette loi de trois là que je voulais comme avoir votre
idée, parce que le nombre d'écoles fois 478 000 $. La réalité de
Québec n'étant pas la réalité du village du Lac-Brome, par exemple, donc
j'imagine qu'il y a un exercice qui a été fait parce qu'à l'intérieur même de
Québec, il y a des zones qui sont moins denses, évidemment, là, que... et dans
le centre-ville, qui est ici sur la rue Saint-Louis, donc, c'était important,
là, de... étant donné le contexte. Donc, cet exercice-là n'a pas été fait, là,
juste approximatif, grosso modo. Parce que, quand on demande un financement
substantiel, je pense que c'est le mot que vous avez utilisé, je veux juste...
C'est quoi la référence?
M. Dyotte (Normand) : Je
pense, avec l'exemple, là, qu'on vient de vous donner, ça démontre que juste
pour la ville de Québec... Ça fait que multiplié pour le Québec dans son
ensemble, alors, on voit venir, évidemment, les coûts. Donc, bref, sans avoir
de chiffres précis, on sait que les sommes vont être nécessaires, vont être
supérieures. C'est pour ça qu'on en a fait la demande. Mais on veut travailler
intensément avec le ministère pour avancer des chiffres plus précis qui sûrement
qui vont faire en sorte que les besoins que nous avons vont dépasser ce qui est
déjà sur la table actuellement.
• (10 h 40) •
M. Beauchemin : Je vais
juste m'avancer pour faire pure spéculation, mais je me dis que, bon, faire à
Québec ce qu'on voit pour adapter ici, c'est probablement plus dispendieux que
ça le serait dans un village où est-ce qu'il y a moins d'infrastructures ou
est-ce qu'il y a moins de trottoirs, etc., etc.? Donc, je me dis, peut-être que
le chiffre, je ne sais pas votre opinion, est-ce que le chiffre est peut-être
plus dispendieux en milieu vraiment dense versus...
M. Dyotte (Normand) : Ça
dépend, parce que les coûts de construction, comme vous le savez, bref, depuis
quelques années, ont augmenté, là, d'une façon faramineuse. Alors, que ça soit,
là, dans une plus grande ville ou dans une ville de taille moyenne ou petite,
les coûts sont quand même là.
M. Beauchemin : O.K.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine l'échange avec l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole à la deuxième opposition et à M. le député de Taschereau
pour une période de 4 min 8 s
M. Grandmont : Merci, M.
le Président. Donc, quatre minutes à nous. Donc, je vais... On va essayer d'y
aller pour deux questions, rapidement. D'abord sur la recommandation 3,
puis c'est un peu mélangé avec la 2, là, vous dites en quelque part, tu sais,
que vous êtes évidemment prêts à intervenir sur les zones scolaires, puis en
tout cas sur le... le, tu sais, puis embarquer, en fait, dans la protection,
là, et l'amélioration du bilan routier. En même temps, il y a... Il y a un
enjeu, puis vous le nommez bien, là, c'est l'aménagement qui va faire que les
véhicules ou les automobilistes vont ralentir. S'il y a un seul panneau, ça ne
fonctionne pas, ça vient avec des coûts aussi. Donc, est-ce que dans le fond,
pour vous, c'est comme multifacette, là? Il y a à la fois l'argent qui doit
venir pour être capable de faire ces aménagements-là, pour avoir un impact
réel. Il y a le fait de peut-être, je ne sais pas, j'aimerais vous entendre
là-dessus, mais pouvoir étaler dans le temps parce que vous parlez de date
d'entrée en vigueur, là. Est-ce qu'on peut étirer la mise en place de ces
infrastructures-là ou de ces aménagements-là pour réellement réduire la
vitesse? J'aimerais vous entendre là-dessus d'abord.
M. Dyotte (Normand) : Bien,
effectivement, on veut se coordonner...
M. Dyotte (Normand) : ...pour
être certain, lors de la mise en place de ces mesures-là, que nos aménagements
soient sécuritaires. Alors, c'est ça qui est demandé. Alors, on demande
coordination, à cet effet -là, de la date de mise en place. Comme je l'ai
mentionné, ça va prendre du temps avant de pouvoir aménager sécuritairement ces
zones-là, on veut le faire de façon... évidemment, de la bonne façon, donc avec
les parties prenantes puis avec les écoles aussi. Parce qu'il ne faut pas
oublier qu'on ne fait pas ça seul non plus, hein? Dans certaines municipalités,
dont la mienne, entre autres, on a fait le tour de toutes les écoles avec le
comité d'établissement scolaire, avec les comités de parents, avec les écoles,
avec les policiers. On a marché alentour, O.K., donc, de l'école au complet,
pour voir où sont les zones dangereuses et produit un plan de match par rapport
à : Voici les modifications que nous devrions apporter. Donc, il y en a
qui sont sont à court terme, c'est de la signalisation, c'est du marquage au
sol, puis il y en a d'autres que ce n'est pas ça. Donc, il faut refaire des
rues, il faut refaire des trottoirs, etc. Donc, c'est dans ce sens-là qu'on
dit : Il faut juste harmoniser le tout.
M. Grandmont : Parfait. Il y
a la question de l'autonomie municipale aussi qui est pas mal au cœur de vos
réflexions, ça, j'aimerais ça vous entendre là-dessus et à la fois
l'alourdissement des procédures quand on parle des consultations qui seraient
obligatoires dans les cas qui concernent les véhicules hors route. Il y a la
question aussi de l'identification des terrains... pas des terrains, pardon,
des routes sur lesquelles on pourrait déployer des radars photo. Il faut tout
le temps, à part les zones de travaux puis les autres scolaires, il faut
toujours aller demander à la ministre pour avoir le droit de mettre en place un
radar. Vous demandez aussi le droit d'avoir vos propres radars, dans le fond,
en participant à l'appel d'offres du MTQ.
Donc, l'autonomie municipale est quand
même importante, vous, dans le discours, dans la mémoire que vous apportez,
expliquez-moi un petit peu plus, là, comment vous voyez ça.
M. Dyotte (Normand) : Bien,
vous avez tout à fait raison, d'entrée de jeu, c'est ce que j'ai mentionné,
donc c'est ce que l'UMQ demande depuis des années. Alors, bref, il y a de
l'amélioration continuelle, je pense que ça va bien, mais il y a toujours des
pistes d'amélioration aussi à mettre en place. Alors, dans ces contextes-là,
c'est pour ça qu'on a des propositions concrètes dans ce sens-là, qui fait en
sorte d'alléger pour le bien des citoyens, pour le bien d'alléger les processus
administratifs. Bref, donc oui, vous avez tout à fait raison, c'est des
volontés que nous avons eues et que nous avons encore toujours.
M. Grandmont : Bien, en tout
cas, ça me semblerait cohérent avec les différentes attentes qu'on a eues,
l'entente de réciprocité qui met la place... dans le fond, qui donne des
responsabilités, évidemment, il faut que ça vienne avec des moyens, tout ça. En
même temps, on a évidemment une connaissance très grande du milieu. Vous avez
même parlé de marge de repérage... mon ancien travail, mais tourner autour de
l'école, connaître son terrain, puis être capable de sensibiliser aussi la
population.
Écoutez, moi, ça fait pas mal le tour.
Merci beaucoup pour votre participation, votre mémoire fort éclairant.
M. Dyotte (Normand) : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Taschereau. Merci, M. Dyotte et M. Biuzzi, pour votre
intervention, votre participation aux travaux de la commission.
Et nous suspendrons quelques minutes pour
faire place au prochain groupe.
(Suspension de la séance à 10 h 45)
(Reprise à 10 h 53)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Nous reprenons nos travaux. Nous entendrons
maintenant... Merci de garder le silence, s'il vous plaît. Nous reprenons nos
travaux. Et nous entendrons maintenant l'union... La Fédération des
municipalités du Québec. Donc, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, après quoi nous procéderons à une période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et à débuter votre
exposé. Donc, la Fédération québécoise des municipalités. Merci.
M. Demers
(Jacques) :Parfait. Merci beaucoup, Mme
la ministre des Transports et de la Mobilité durable, M. le Président,
mesdames, messieurs membres de la commission, bien contents d'être devant vous
aujourd'hui. La Fédération québécoise des municipalités, qui compte plus de
1000 membres à travers toutes les régions du Québec et l'ensemble des MRC,
notre mission consiste notamment à défendre les intérêts politiques et économiques
des municipalités et des régions en mettant de l'avant l'autonomie municipale.
Nous vous remercions de l'opportunité qui se présente à nous de pouvoir
aujourd'hui, particulièrement au niveau des transports. C'est sur le terrain,
c'est chez nous que ça se passe, on est contents de pouvoir vous en parler.
Nous avons salué le dépôt du plan d'action
en sécurité routière de la ministre l'été dernier. Nous lui avions assuré, à ce
moment, que nous allons suivre les étapes avec intérêt, notamment en ce qui a
trait au renforcement et la collaboration avec les municipalités. Nous
comprenons que le projet de loi constitue la première étape d'un plan d'action
et nous remercions la ministre de l'avoir proposé aux membres de l'Assemblée
nationale. Les enjeux en sécurité routière, particulièrement ce qui concerne
les enfants et les populations vulnérables, sont un sujet de préoccupation de
premier plan pour nos décideurs locaux qui souhaitent avoir la possibilité
d'instaurer des mesures efficaces pour protéger leurs citoyens, qui,
d'ailleurs, demandent toujours, de ce côté-là, une autonomie, de comprendre
que, chacun des territoires, il y a des différences. On est là pour représenter
ces groupes. Ils souhaitent également avoir plus d'écoute de la part du
ministère des Transports quand il est question de faire les meilleurs choix
pour leurs municipalités.
Je demanderais à M. Châteauvert, j'ai
oublié de présenter, d'ailleurs, notre directeur des politiques, qui va lire
les extraits de notre mémoire puis qui va présenter certaines de nos
propositions. Par la suite, on sera disponibles pour répondre à vos questions.
M. Châteauvert
(Pierre) :Merci, M. Demers. De manière
générale, vous savez, la Fédération québécoise des municipalités souhaite que
les communautés locales et régionales aient plus d'autonomie dans leur fonctionnement,
également en matière de sécurité routière. C'est d'ailleurs un sujet qui
revient aussitôt, la sécurité routière, dès qu'un accident ou un décès survient
sur leur territoire. Les municipalités sont des partenaires incontournables du
gouvernement, du ministère en cette matière, et c'est pourquoi nous accueillons
avec intérêt les propositions de la ministre.
Aussi, la fédération partage l'objectif de
la ministre de prioriser la sécurisation des zones scolaires ainsi que toutes
celles où la sécurité des citoyens pourrait être compromise. En effet, tous
conviennent de l'importance de se mobiliser pour sécuriser ces zones.
Toutefois, nous tenons à le préciser d'entrée de jeu, le coût et le financement
des aménagements doivent être abordés directement si on désire que les projets
nécessaires se réalisent. Le ministère doit travailler de concert avec les
municipalités...
M. Châteauvert
(Pierre) :...dans cet effort et faire en
sorte que les leviers financiers soient au rendez-vous. Le ministère devra aussi
assumer sa part de responsabilité et revoir ses façons de faire, notamment dans
les cas où ces zones se retrouvent sur le réseau supérieur. De là de
l'importance... de là l'importance que les deux paliers de gouvernement
travaillent main dans la main en collaboration sur cette question. Nous y
reviendrons.
Le projet de loi se veut ambitieux en ce
qui concerne les photo-radars et qui portent maintenant le nom d'appareils de
contrôle automatisés, les ACA. Globalement, nous partageons la volonté et l'orientation
proposées par la ministre. Nous soulignons également sa volonté d'alléger les
contrôles et redditions de comptes en ce qui concerne les ACA. Je préfère
photo-radars, mais en tout cas, on va dire ACA. C'est notamment le cas des
articles quatre et cinq du projet de loi qui modifient l'article 294.1 du
code de la sécurité routière et qui allègent le processus de vérification quant
à l'utilisation des ACA. Nous encourageons d'ailleurs le ministère à poursuivre
dans cette voie lorsqu'il est question de vérification et de reddition de
comptes.
En ce qui a trait à la détermination des
sites où les appareils pourront être implantés, nous pensons que les critères
qui détermineront ceux-ci devront être souples et établis en concertation avec
le monde municipal. Advenant que le déploiement subvienne subséquemment à un
exercice de diagnostic de sécurité routière au niveau de la MRC, il faut que
les rôles de chacun soient bien établis afin de répondre aux attentes et
surtout que les ressources financières qui accompagnent ces exercices soient
facilement accessibles et suffisantes.
Sur le plan des partages des revenus, nous
avons été heureux de constater que la possibilité d'ententes avec les
municipalités, telles qu'elles existaient dans le projet pilote de coopération
municipale, vont perdurer dans le temps. Notre recommandation quant à ce point
est de... que des options de partage des excédents soient évaluées afin
d'offrir aux municipalités l'option la plus avantageuse pour elles, compte tenu
de leur réalité, si on souhaite vraiment qu'elles aient la marge de manœuvre
pour investir dans les mesures de sécurisation routière, en particulier dans
les zones scolaires. Nous l'avons dit, d'importantes sommes seront nécessaires
pour la réalisation d'aménagements pour assurer la sécurité, et les revenus qui
seront tirés de ces photo-radars devraient être prioritairement investis dans
ces projets.
Un autre élément important du projet de
loi touche l'instauration d'un régime de sanctions administratives pécuniaires.
L'idée de délester une partie du traitement des constats d'infraction et de les
diriger vers une autre instance que les tribunaux de la Cour du Québec est en
toute cohérence avec la position que nous avons défendue lors des consultations
sur le projet de loi n° 40 sur la réforme des cours municipales, adopté
récemment par l'Assemblée nationale. Nous émettons le souhait que le
Gouvernement puisse, dans la mesure du possible, se servir des outils qui sont
déjà en place afin de minimiser les coûts de fonctionnement, contrôler les
nouvelles dépenses et surtout ne pas dédoubler des structures qui existent
déjà.
Nous souhaitons aussi rappeler que, dans
de nombreuses cours municipales du Québec, le système informatique permet une
gestion intégrée et efficace de ce type d'infraction et encourageons le
gouvernement à désigner celles-ci, lorsque cela est possible, à titre
d'organismes désignés pour gérer les constats d'infraction et leur
contestation.
• (11 heures) •
Autre volet important du projet de loi,
les véhicules hors route. Les membres de la fédération sont tous d'accord, un
décès sera toujours un décès de trop sur les routes comme dans les sentiers.
Cependant, et il faut le rappeler, la grande majorité des accidents surviennent
en dehors du réseau routier et sont le résultat de fausses manœuvres ou de
comportements à risque. Aussi nous croyons que les modifications prévues par le
projet de loi ne sont... ne sont pas en adéquation avec les risques réels
encourus et qu'elles complexifieront grandement la tâche des administrations
municipales sans rien changer à la sécurité des usagers.
Selon nous, l'article 65 du projet de
loi est problématique dans son ensemble. Cet article prévoit l'obligation de
tenir une assemblée publique sur le projet de règlement, de procéder à un avis
public au plus tard le 15e jour qui précède la... qui précède la tenue de
l'assemblée et de faire parvenir le règlement au ministre dans les
15 jours de son adoption, accompagné d'un rapport dont le gabarit se
retrouvera sur le site du ministère. Si le projet de loi est adopté... donc un
nouveau mécanisme d'adoption de règlement différent de celui prévu dans le code
municipal et la Loi des cités et villes, et ce, sans parler du pouvoir de
désaveu de la ministre à l'égard des règlements relatifs aux véhicules hors
route.
Vous conviendrez donc avec nous que l'on
ne puisse accepter cette proposition et qu'il nous est difficile de comprendre,
après avoir signé une entente de réciprocité le 13 décembre dernier avec
le gouvernement, où l'importance de s'attaquer à la lourdeur des redditions de
comptes est identifiée comme une priorité, qu'un projet de loi vienne ainsi en
ajouter. Ce n'est pas l'obligation de tenir une assemblée qui pose problème,
nous la faisons régulièrement dans nos dossiers, non, ce sont des obligations
du type obligation de produire un rapport devant être transmis à la ministre
dans le délai précis et selon un gabarit précis qui nous ramènent en arrière.
On s'éloigne donc de la responsabilisation des acteurs avec de telles propositions.
Aussi nous demandons respectueusement de faire confiance aux municipalités
locales et régionales et de revoir cet aspect du projet de loi.
Concernant l'obligation de réduire la
vitesse en tout temps à un maximum de 30 kilomètres/heure et de...
d'aménager des zones et corridors scolaires, tous s'entendent sur la nécessité
de bouger, que l'on doit faire quelque chose, mais les choses ne sont...
11 h (version non révisée)
M. Châteauvert
(Pierre) :...jamais simple, même en
matière de sécurité. En outre, la notion de «en tout temps» concernant la
limite de vitesse peut sembler attrayante à première vue, mais aussi devenir
excessive lorsqu'on l'applique. Nous sommes d'avis que... comme la ministre,
que toutes les zones scolaires doivent offrir un niveau de sécurité équivalent,
mais il demeure que toutes les zones scolaires ne sont pas utilisées de la même
manière. Par exemple, pourquoi imposer cette limitation partout et en tout
temps dans des secteurs peu fréquentés en dehors des jours et des périodes
scolaires? Nous demandons plutôt d'accorder une certaine latitude aux élus
municipaux pour les laisser libres d'apprécier chaque situation. Nous croyons
qu'ils sont les mieux placés, par exemple, pour juger des périodes où l'abaissement
de la vitesse est nécessaire et de celles où la limite peut être de 50 ou de
40. Il faut de la souplesse pour garder les choses le plus simple... et garder
les choses le plus simple possible pour nous assurer que les mesures seront
suivies et respectées par nos concitoyens.
Nous avons déjà abordé la question, les
coûts rattachés à la mise à niveau des zones et des corridors scolaires et les
aménagements qui en découleront seront très élevés. Le programme... Le
gouvernement a bonifié son programme d'aide financière actif... au transport
actif, mais nous sommes tous... nous savons tous déjà que les sommes prévues
seront insuffisantes. Les finances des municipalités sont sous pression, comme
celles... tout comme celles du gouvernement. Nous réitérons donc la nécessité
de nous asseoir rapidement pour discuter des moyens à prendre pour atteindre
nos ambitions collectives en ce domaine.
Toujours concernant la sécurité des zones
où on doit intervenir, notamment les zones scolaires, nous avons mentionné plus
tôt que plusieurs d'entre elles se retrouvent sur des routes numérotées et
relèvent donc du ministère des Transports. Or, on ne compte plus le nombre de
différends entre le ministère et les municipalités concernant ces zones. Si on
impose des obligations aux municipalités, il sera impératif que le ministère
des Transports et de la Mobilité durable prêche par l'exemple et change ses
propres pratiques en ce domaine. Pour ce faire, il faudra que le ministère
modifie ses normes et ses politiques lorsque les routes nationales traversent
des villages et des villes, particulièrement aux abords des zones scolaires. À
ce chapitre, la ministre a lancé dans la dernière année une initiative qui
consiste à mettre en œuvre des mesures visant à renforcer les relations, à
simplifier les échanges et à harmoniser les pratiques avec le milieu municipal.
Essentiellement basée sur la responsabilisation des directions régionales, les
municipalités doivent pouvoir échanger avec des gens en mesure d'appliquer
leurs décisions, cette approche suscite un certain intérêt là où on l'applique.
Notre demande est donc simple, il faut continuer dans cette lignée. Il faut
accélérer et amplifier ce mouvement. Il faut que la politique, la nouvelle
approche de la ministre puisse se concrétiser partout sur le territoire.
Le chantier lancé par la ministre est
important, et nous partageons ses objectifs. Nous avions d'ailleurs accueilli
son annonce avec intérêt, comme disait M. Demers. Pour la FQM, il reste à
ajuster des éléments pour que la ministre puisse atteindre ses objectifs tout
en respectant le rôle et la responsabilité de ses partenaires municipaux. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
messieurs Demers et Châteauvert. Et je cède maintenant la parole à la partie
gouvernementale, à Mme la ministre pour une période de 15 minutes 56 secondes.
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci, messieurs, M.
Demers, M. Châteauvert, qui est un habitué. Vous êtes tous deux des habitués.
Donc, M. Châteauvert se passe de présentation, mais c'est gentil de nous l'avoir
quand même introduit. Merci, messieurs, d'être ici. Très, très intéressant.
Vous faites suite à l'UMQ, donc c'est sûr que, je vous dirais, il y a des
éléments qui se recoupent, mais il y a une sensibilité particulière, là, de
par, entre autres, la taille de... la taille ou la composition des... ou la
nature des ressources pour certains de vos membres, qui, des fois, ont des
ressources plus limitées pour donner suite à des objectifs parfois d'envergure,
comme on a dans le Plan d'action sur la sécurité routière, donc... Et on est
très, très sensibles à ça. Puis j'aimerais peut-être commencer par ça.
Vous avez abordé, à la toute fin, la
mesure 16 du plan d'action, qui était de... puis j'en ai parlé avec vos
prédécesseurs aussi, de déposer le tout premier plan d'action pour renforcer,
puis améliorer, puis rendre plus efficaces les relations entre mon ministère et
les municipalités, donc il me semble que c'est ce à quoi vous faisiez
référence, qui, effectivement, était notre souhait, de franchir un pas vraiment
concret pour que ça travaille mieux ensemble. C'est parce que je me promène
beaucoup, vous vous promenez beaucoup, on sait que, des fois, bon, ce n'est
pas... tout n'est pas parfait, mais on souhaite que les arrimages puis l'efficacité
soient de plus en plus grands, entre autres pour donner suite au plan d'action
de la sécurité routière, mais aussi l'ensemble des besoins qui sont énormes sur
nos deux réseaux respectifs. Donc, est-ce que vous me confirmez que le... puis
on l'a confectionné ensemble de toute façon, là, mais est-ce que vous me
confirmez qu'à date ce plan-là atteint son objectif?
M. Demers
(Jacques) :Oui, en grande partie, et puis
c'est un... vraiment un pas vers l'avant. Cet échange-là est très, très
important dans l'ensemble des dossiers, parce que je pourrais nommer des
dossiers qui traînaient... plus de 15 ans, résolutions de municipalités année
après année, réduire des vitesses à l'intérieur d'un village pour l'école,
mais, non, c'est une route à numéro, donc vous n'avez aucun pouvoir municipal, M.,
pour avancer ce dossier-là. Là, on a réussi des étapes à des endroits comme ça.
Je pense que c'est un pas intéressant. On s'enfarge encore dans certaines
réglementations. Des fois, on... Je vais prendre un petit exemple, là, mais des
fois on veut avoir une traverse de...
M. Demers
(Jacques) :...étant donné qu'il n'y a pas
tant de piétons qui traversent certains villages, on ne veut pas avoir un flash
ou une lumière qui est à temps plein. On vient en avoir un qu'on appuie sur le
bouton quand on a à traverser, mais là on nous dit : Oui, oui, mais si
vous l'avez, ce côté-là, ça le prend de l'autre côté parce que... puis je lui dis :
Il y a-tu une question de sécurité. L'autre côté, la vision est très bonne, et
le danger n'est pas là. Bien oui, mais c'est dans le règlement que s'il y en a
d'un bord, ça le prend l'autre bord. C'est des choses comme ça que je
dis : Quand on commence à se parler, c'est intéressant, mais il faudrait
aussi se permettre de dire que ces gens-là avec qui on parle ne sont pas
toujours cadrés dans des réglementations ou des choses où est-ce que la seule
réponse qu'on y trouve, c'est de dire : C'est le règlement, c'est comme
ça, c'est tout ce que je peux faire. J'aimerais qu'on ait une espèce de
latitude de dire : Est-ce qu'il y a un danger pour les citoyens? Est-ce
qu'on peut penser aux citoyens ou aux enfants qui traversent ces rues-là?
Est-ce que ça a un impact? Est-ce que le pas qu'on est en train de faire, on
vient d'améliorer la place? Là, on pourrait voir, puis c'est... c'est un cas
peut-être unique, mais justement de prendre des fois un cas unique pour
dire : Il ne faut pas faire du mur à mur. Mais, à votre question
principale, c'est une avancée plus qu'importante.
M. Châteauvert
(Pierre) :Si vous permettez, Mme la
ministre, simplement pour... effectivement, ce que M. Demers dit, là, c'est...
on le voit sur le terrain, mais on part de loin, simplement qu'on... de loin
avec votre prédécesseur, et on a été obligé d'intervenir parce que le ministère
retirait des panneaux, vous savez, qui indiquent la vitesse, là, votre vitesse,
tu sais, ça flashe quand on dépasse le niveau de la vitesse, sur des routes numérotées,
c'était interdit, et le ministère retirait des panneaux comme ceux-là, qui
étaient installés par les municipalités pour dire aux gens : Regardez,
quand vous traversez un village, je pense à Saint-Siméon, sur la Côte-Nord, où
est-ce que je vois le député de... de René-Lévesque qui passe souvent, là. Et
le panneau, on... le ministère avait retiré ce panneau-là parce qu'il disait
que ça ne correspondait pas au règlement. Et ça, ça fait quelques années. C'est
votre prédécesseur qui l'a... qui a arrêté cette pratique-là. Donc, on part de
loin, il y a beaucoup de choses à faire, mais on le remarque, mais... disons,
vous savez, la culture des entreprises, des ministères, c'est long à changer.
Donc, il ne faut pas lâcher, comme on dit. Il faut continuer.
Mme Guilbault :Bien, absolument. En tout cas, nous autres, moi, depuis un
an que je suis là, on est très, très en action sur ce front-là pour essayer
tant d'enlever de la lourdeur... puis je reviendrai sur les VHR, je veux
laisser du temps à mon collègue de René-Lévesque, mais je vais revenir
là-dessus. Mais, pour la lourdeur puis l'efficacité, là, tu sais, moi, j'aime
bien que les choses se passent, vous aussi. Ça fait que c'est ça, on travaille
ensemble.
• (11 h 10) •
Puis aussi la mesure huit, dans notre plan
d'action Sécurité routière, vous savez qu'on s'est engagé, de notre côté, à
modifier à la fois le tome un et le tome cinq, donc la conception puis la
signalisation. Tu sais, l'exemple que vous donnez, là, on n'a pas le droit de
mettre telle affaire à temps partiel, puis tout ça. Bon, alors, on va
introduire un chapitre piéton, dans le tome un. Alors évidemment, je ne sais
pas... je ne suis pas en train de présumer de ce qui va être dans le tome, le
chapitre en question, là, je ne suis pas ingénieure, puis tout ça, puis on va
faire les choses scientifiquement puis correctement, mais c'est simplement pour
refléter la sensibilité énorme qu'on a pour la sécurité des piétons, mais aussi
le gros bon sens de la vraie vie dans l'entièreté de nos régions puis de nos
municipalités un peu partout au Québec. Parce que tout le monde n'habite pas à
Québec ou à Montréal, là, puis il y a plusieurs réalités un peu partout. Bref,
on est... on est sur la même longueur d'onde. On va continuer de travailler ensemble
là-dessus.
Sur les ACA, parce que c'est un point
important, là, toute la question des dépenses et des revenus, puis je le disais
encore une fois à vos prédécesseurs, il y a eu un rapport, puis c'est sûr que
les cinq municipalités qui ont participé au projet pilote de coopération
municipale, c'est Laval, Longueuil, Montréal, Québec, Gatineau. Et donc, on a
eu des discussions avec eux, on a un bilan, on a un rapport qui fait le bilan,
qui est quelque part ici, là, enfin, de ce projet pilote là, sur, justement
comment ça s'est passé. Parce que, quand on dit : On voudrait affecter des
revenus... on voudrait que les revenus soient redonnés aux municipalités avec
toutes les variantes que ça peut comporter, là, dans les diverses
recommandations, êtes-vous d'accord, vous, à l'aise avec... Puis c'est ça, ici,
on n'est pas... parce que notre pagination est un peu déficiente, 122, bon,
c'est ça, de ce rapport-là.
Êtes-vous à l'aise avec le principe de
dire... Parce qu'il y a quand même des coûts importants qui viennent avec ça, à
la fois pour l'acquisition, l'installation, l'entretien et l'utilisation. Donc,
de dire : On déduit l'ensemble de ces frais-là, de ces frais fixes et de
ces frais de gestion. On prend l'excédent des revenus et on le réinvestit en
sécurité routière. Oui, par l'entremise de programmes, soit des fonds ou
programmes gouvernementaux, mais ultimement, ça retourne en sécurité routière.
Puis, si on prend les programmes dans les fonds, même le TAPU, ça retourne
beaucoup dans les municipalités. Donc, est-ce que ce principe là, vous, vous
êtes à l'aise avec ça? Parce que c'est un peu ce qui... ce qu'on projette
faire, essentiellement...
Mme Guilbault :...pour la suite, on va faire des ententes avec les
municipalités, comme c'est prévu à l'article 12, mais... c'est-tu l'article 12,
ou 13, ou, en tout cas... 30, en tout cas, bon, on ferait une entente de
partage de coûts avec les municipalités, pour reprendre un peu cet esprit-là.
Alors, vous, êtes-vous à l'aise avec ça?
M. Demers (Jacques) :Bien oui, je pense que c'est un principe qui se défend très
bien. En même temps, il faut faire attention quand on dit un partage des
revenus, par la suite, à quelle place c'est investi. Je me dis, si on l'a mis
dans un secteur parce qu'on considère que ce secteur-là est problématique...
Puis, pour moi, les photoradars, il ne faut pas que ça soit sur une base de
dire : On a tel volume de voitures qui passent à cet endroit-là, donc on
peut mettre un photoradar. Photoradar, il faudrait que ça continue à
représenter des endroits qu'on a des problématiques. On ne demande pas aux
policiers de faire de la surveillance aux endroits où est-ce qu'on sait que...
Ce n'est pas sur une base de volume, mais sur base de problématiques. On n'est
pas là nécessairement pour y faire des revenus, mais c'est vraiment pour... on
a une problématique, c'est une des façons de faire ralentir le trafic, mais,
après ça, cet argent-là devrait souvent être le plus local ou régional
possible, parce que, s'ils ont des problématiques à cet endroit-là, c'est
probablement là aussi qu'on va devoir investir.
M. Châteauvert
(Pierre) :Et si vous permettez, Mme la
ministre, on est déjà habitués à ce genre de pratiques, ce genre de partage
avec d'autres ministères. On a déjà des ententes, on gère pour, notamment,
Ressources naturelles, tout ce qui est sur les terres publiques. Le défi, dans
ce genre de démarche-là, ce n'est pas... c'est d'identifier les coûts et que ça
soit clair, qu'on s'entende. Mais là... Les photoradars, j'ai comme l'impression
que ça va être plus simple que quand on parle de gestion des baux villégiature,
et tout ça, sur les terres publiques. Ça, c'est assez compliqué, merci, en
fonction des diverses réalités puis des coûts, puis il y a des poursuites, bon.
Je vous fais grâce du détail, mais on est déjà habitués à ce genre de démarche
là. Pour nous, ce n'est pas un problème.
Donc, effectivement, on s'entend sur les
coûts, et tout ça... puis on arrive à une formule, puis on dit : O.K.,
d'accord, on s'entend, et après, sur ce qu'on doit faire avec les sommes. C'est
déjà une pratique qu'on connaît, que l'on connaît, qu'on est habitués.
Mme Guilbault :Oui, bien, effectivement, puis ce que vous dites est très
intéressant, puis c'est justement dans l'esprit de dire : Ne nous limitons
pas à choisir des emplacements qui vont être rentables pour maximiser les
revenus, au détriment de zones qui peut-être sauveraient plus de gens ou
assureraient plus de sécurité. Ça fait que c'est pour ça que, des fois, quand
on installe des photoradars dans des zones, tu sais, peut-être justement des
plus petites municipalités où il y a moins de volume, ça génère moins de
revenus, mais c'est quand même important. Ça fait que, là, quand tu prends le
coût total, quand tu prends la somme des revenus puis la somme des dépenses, si
on dit la municipalité voudrait le gérer elle-même, ça ne serait probablement
pas rentable.
C'est pour ça que, moi, l'idée de
dire : On continue de faire ça de façon groupée, on continue d'être le
gestionnaire du parc, ensuite de ça, une fois qu'on a déduit les frais, on
partage les revenus puis on s'assure que c'est réaffecté en sécurité routière
me semble être la bonne avenue pour préserver, pour ne pas que la rentabilité à
tout prix devienne un critère trop prédominant, au détriment de la sécurité.
M. Demers
(Jacques) :Sur ce point-là, je pense
qu'il va probablement y avoir une évolution. Je pense qu'à la base vous avez
absolument raison, c'est de la façon qu'il faut partir, mais il faudrait
comprendre aussi, par la suite, parce ce que peut-être qu'on va s'apercevoir
qu'il y a des... il y a des coûts. Est-ce qu'ils ont le personnel pour faire
ces éléments-là? Peut-être les municipalités vont... on embarquerait dans cette
équation là puis on a peut-être le personnel qui peuvent le faire. Donc, on le
sait, ne serait-ce que les... les indicateurs de vitesse qu'on met à différents
endroits, bien, ça prend quelqu'un qui les change de temps en temps, qui s'en
occupe. Mais est-ce que ça doit toujours être quelqu'un... ça prend quelqu'un
qui a le temps puis qui comprend son territoire aussi, puis c'est pour ça que
je pense que la municipalité peut souvent être dans l'équation puis être
certaine que l'endroit où est-ce qu'elle va le placer convient aussi à ce qui
se passe sur son territoire. Si c'est toujours quelqu'un qui vient de
l'extérieur, il y a peut-être des éléments qu'il va oublier, d'importance, qui
peut se vivre dans ce milieu-là.
Mme Guilbault :Oui. Bien, c'est pour ça qu'on prévoit que la détermination
des autres secteurs, à part les chantiers routiers puis les zones scolaires,
qui sont prévus explicitement dans le projet de loi, ça va être fait en
collaboration avec le ministre.
Je veux laisser du temps à mon collègue de
René-Lévesque. Donc, très rapidement, sur les VHR, dans le fond, vous,
essentiellement, vous dites : C'est déjà lourd, c'est déjà long, la
paperasse, on est tannés, n'en ajoutons pas d'autre chose? Bien, je vous résume
ça très, très vite, là.
M. Demers
(Jacques) :Oui, bien, c'est ça.
Mme Guilbault :Pour économiser le temps.
M. Demers
(Jacques) :En même temps, il y a une
ouverture là-dessus, de regarder d'un territoire à l'autre. Faisons attention
de ne pas faire du mur-à-mur, là-dedans, non plus. Il y a des territoires qui
ont des particularités puis qu'il faut... il faut les regarder à la pièce, ces
morceaux-là. Il y a des endroits... Puis il faut faire attention parce que, des
fois, on dit : Bon, bien, on veut faire du mur-à-mur, le principe, en
théorie, c'est bon, on est plus sécuritaire. Mais, des fois, quand on a besoin
de policiers pour faire la surveillance ou des choses, peut-être qu'on rend ça
plus compliqué et plus dangereux. Faisons attention aussi aux décisions qu'on
prend, pour être certain qu'on reste sur un mode de sécurité et qu'on n'est pas
en train de faire l'inverse, à vouloir trop restreindre. Parce que la
surveillance policière...
M. Demers
(Jacques) :...quoi que ce soit sur des
grands territoires, souvent, elle n'est pas très présente. Ça fait que, c'est
beau de mettre un règlement, si on n'a pas la force de l'appliquer, on peut
avoir une problématique aussi.
Mme Guilbault :Parfait. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de René-Lévesque, pour 3 min 30 s.
M. Montigny : Merci. On va y
aller rapidement. On a parlé beaucoup de mur-à-mur, des municipalités, de votre
rôle aussi auprès du citoyen. On sait, il y a des comités de sécurité routière
dans les municipalités, dans les villes, tout ça. Un gouvernement de proximité,
proche du citoyen. Il y a des gens qui vont venir nous voir pour nous dire
qu'ils veulent, pour toutes sortes de raisons, mettre un 30 kilomètres
partout sur le territoire des villes point, pas juste en zones scolaires,
partout. Tu sais, moi, j'étais maire, là, d'une ville à Baie-Comeau, puis ce
qui me questionne, c'est pourquoi on amènerait quelque chose comme ça,
mur-à-mur? Si c'est bon dans un secteur où on a mis un radar pédagogique, où on
a collecté des données puis que c'est bon dans ce secteur-là, pourquoi on
l'imposerait partout? Tu sais... Ça fait que j'aimerais ça vous entendre
là-dessus.
M. Demers
(Jacques) :Bien, je pense que vous avez
entièrement raison qu'il faut regarder localement ce qui se passe. Parce que,
dans bien des villages, là, on n'a pas 5 % de notre population qui vit
dans le village, ce qu'on appelle le périmètre urbain, là où il y a un
trottoir. O.K., on pourrait peut-être réduire ces endroits-là. Souvent, on le
fait pour les écoles, mais déjà avec une certaine souplesse où qu'on met des
heures où que ça dit que, de telle heure à telle heure, tu dois être à
30 km, après ça, tu reviens à 50 km. Mais il y a peut-être d'autres
endroits qui sont des bords de lac, les gens marchent, et tout ça, puis que,
oui, cet endroit-là a besoin d'avoir un 30 km. Puis peut être qu'ils
mettront un 20 kilomètres, mais il faut faire attention pour ne pas faire
du mur-à-mur. Il y a peut-être des grandes sections qui seraient à 50 km
ou même à 70 km, puis c'est parfait.
Ça fait que, quand qu'on arrive à penser
qu'on peut appliquer à la grandeur du territoire des éléments, bien, c'est là
où est-ce que la relation avec le ministère, il est intéressant de dire :
Est ce que ce qu'on amène là-dessus... puis d'avoir la discussion, je pense
qu'on va... Puis la population va nous le dire localement aussi, là. Si ça ne
convient pas, vous pouvez être certain que nos marcheurs ou nos gens qui sont
là vont passer les messages. En même temps, le trafic, il a le droit d'avoir
une fluidité. Si on vient de compresser puis de créer un faux entonnoir, puis
que ça cause d'autres problèmes, c'est de là où est-ce qu'il ne faut surtout
pas arriver avec du mur à mur dans des décisions comme ça. Mais on comprend la
diminution à certains endroits.
M. Montigny : Ça va. S'il me
reste encore un peu de temps, je vous amènerais sur un autre élément. Des gens
qui vont nous dire, là, de tout de suite mettre en place, là, une réflexion,
une vision pour limiter les grands véhicules. Moi, j'ai un VUS électrique, là,
je fais la distance, là, évidemment, à Baie-Comeau, au Québec, en véhicule
électrique, tout le temps, à chaque semaine. Simplement dire que ce véhicule
électrique là, oui, c'est un VUS, mais il ne consomme aucun pétrole puis, en
même temps, il est fonctionnel pour la ville. Ce n'est pas un gros, gros véhicule,
mais, en même temps... J'aimerais ça vous entendre là-dessus. Est-ce que vous
avez déjà réfléchi à cet enjeu-là ou pas du tout? Tu sais, moi, je viens d'une
région, c'est normal, là, c'est l'hiver, puis on a besoin des fois d'un grand
véhicule.
• (11 h 20) •
M. Châteauvert
(Pierre) :Vous savez, on fait souvent de
grandes conférences pour nos membres par rapport à l'écologie et
l'environnement, et ça, c'est fondamental. Et un grand professeur que je ne
nommerai pas, il a lui-même un pick-up parce qu'il en a de besoin en région.
Effectivement, se promener avec un gros... ou les gros F-150 ou les 350 à
Québec, ce n'est peut-être pas une bonne idée parce que tu ne rentres même pas
dans les stationnements souterrains, là, mais nous, en région, les gens ont
besoin de flexibilité parce que c'est des fois des outils de travail, et tout.
Sur la limitation, on n'a pas eu de réflexion à l'interne par rapport à ça. Il
n'y a pas eu de discussion, il n'y a pas eu de position qui a été élaborée, de
réflexion qui a été élaborée par la FQM, mais c'est certain que les gens ont
besoin d'une flexibilité.
Le Président (M. Jacques) : M. Châteauvert,
ceci termine le bloc d'échange avec la partie gouvernementale. Je cède
maintenant la parole à l'opposition officielle et à M. le député de Nelligan
pour 12 min 23 s.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. J'ai vraiment aimé la question de l'ex-maire de Baie-Comeau sur la
flexibilité de la présence des F-150 dans notre vie. C'est très, très
intéressant de voir cet échange.
Merci, messieurs, M. Demers et
M. Châteauvert, pour le mémoire et pour les recommandations. J'ai pas mal
de questions, mais je vais y aller en vrac. Je vais commencer par le
financement. Vous avez vu, vous étiez là, je ne sais pas si vous avez entendu
l'UMQ avant vous parler d'être impliqué en amont. Je vois que, dans la
recommandation no 1, vous nous suggérez dans... et vous suggérez à la
ministre...
M. Derraji : ...dans les
articles 4 et 5, d'enlever la reddition de comptes. Pouvez-vous juste nous
dire pourquoi?
M. Demers
(Jacques) :Bien, en partie, c'est qu'on
commence à avoir une allergie aux redditions de comptes, là, il ne faut pas se
cacher, là, c'est incroyable ce que ça a l'air simple d'envoyer aux
municipalités puis aux MRC, puis dire : Bien, vous allez nous faire un
rapport, vous allez... vous allez décider puis là vous allez travailler
là-dessus en ayant l'impression que tout ça est gratuit puis qu'il n'y a
personne qui a... de temps. S'il y a quelque chose que nos membres nous
demandent, puis nos directeurs généraux des municipalités, aussitôt qu'on parle
de reddition de comptes, on se dit : Comment ça se fait? Il me semble, il
n'y a pas tant d'années, les gouvernements disaient : Quand on va vous en
mettre, on va vous en enlever parce que vous en avez trop. Il y a un super de
beau rapport Perrault dont je suis un des signataires, je ne sais pas pourquoi
j'en parle encore parce que c'est ce rapport-là... Oui, oui, puis d'autres, il
va y en avoir d'autres rapports puis ça va revenir toujours sur cet élément-là.
On parle tout le temps d'avoir... Ce qu'on a de besoin, bien souvent, là,
c'est... c'est de dire si vous avez besoin d'une information, parce que là on
met de la reddition de comptes sans souvent d'avoir une contrepartie. Si vous
avez de besoin d'une information, de l'avoir localement, mais d'avoir
l'obligation de la reddition de comptes, c'est à ça qu'on en a. Si c'est des
données que vous voulez qu'on garde, s'il y a des éléments que vous avez des
questionnements, la transparence, on est pour ça, mais quand on nous parle de
reddition de comptes, ne sachant pas si y a quelqu'un quelque part qui va la...
seulement la regarder, c'est à ça qu'on se questionne.
M. Derraji : O.K. Donc, pour
l'article 4 et 5, votre suggestion, c'est enlever la reddition de comptes.
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, c'est... l'expérience
pilote a donné des résultats, et ce qu'on constate, c'est qu'effectivement
on... on avait certaines craintes qu'on recule sur les résultats qui étaient
assez intéressants par rapport à toute cette question-là. Et donc, la ministre,
la ministre a décidé de continuer dans ce sens-là, puis nous ce qu'on dit à la
ministre, c'est : Allons donc encore plus loin dans la réflexion de tout
l'ensemble de la reddition de compte.
M. Derraji : Mais je vais
vous aider... je vais vous aider à ce qu'on aille beaucoup plus loin. Pour les
gens qui ne savent pas de quoi s'agit-il, parce que vous avez parlé d'un projet
pilote, élaborez un peu. J'ai du temps. Ça va être intéressant parce qu'il y
avait un projet pilote, il a donné des résultats, vous voulez qu'on aille
beaucoup plus loin. C'est très intéressant et rafraîchissant pour les membres
de la commission.
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, par rapport à ça,
c'est... toute la question... c'est toute la question : C'est qui qui est
propriétaire? Qui qui va installer le photo radar? En fait, l'ACA, maintenant,
qu'il faut dire, là. Et, par rapport à cette... le partage des revenus, la
question de qui doit... qui... la façon de calculer les revenus, et tout, puis
qui doit l'appliquer. Il y a des formules qui sont sorties de cette expérience
pilote là qui sont intéressantes, qui sont des liens directs et non pas
nécessairement : Bien, on attend votre rapport, et tout. Puis là, bon,
bien, à l'intérieur de délais. Il y a une flexibilité que... on n'était pas
associé directement. Mme la ministre a nommé les villes tout à l'heure puis,
effectivement, ce sont des grandes villes. On a suivi parce qu'il y a eu des
comités, puis tout ça, puis il y a eu des discussions. Il y a des... il y a une
flexibilité qui vient dans la gestion qui est sortie de cette expérience pilote
là qui est intéressante, qui va nous permettre de nous asseoir avec le
ministère par après, pour bâtir une relation puis une gestion de ce... de ce
nouvel équipement-là, à la satisfaction des gens, et c'est ça qui nous
intéresse énormément.
Je faisais référence tout à l'heure à
la... à d'autres expériences qu'on a avec des ministères par rapport à la gestion
des coûts puis par rapport à la gestion d'une activité, en fait, d'un élément
de l'État, et pour qu'on en arrive à la fin, en termes de partage de revenus,
puis d'application, puis d'émission de permis, de... là je fais référence à
toute la question de gestion de baux de villégiature qui est une entente assez
importante et qui est... et qui, à la fin, on se... on s'assoit. Donc, c'est ce
qu'on fait, on détermine la... on s'entend sur une formule pour déterminer les
coûts réels puis les responsabilités de chacun, et c'est.... et je peux vous
dire que c'est très large. Là, actuellement, on est en débat puis on est en
révision de ça, ce n'est pas parfait, puis on a souligné des problèmes, et tout
ça, mais là, avec le ministère, on est en train de discuter sur identifier les
coûts, les responsabilités. Et, à la fin, on arrive : Bon, ça coûte tant,
et, voici, nous, on met tant, puis vous, vous mettez tant. Et là, à la fin, on
arrive avec un montant final. Et là qu'est-ce qu'on fait avec les surplus? Parce
qu'il y a des revenus de ça. Qu'est-ce qu'on fait? Là, on les utilise pour
telle chose, telle telle activité, telle amélioration. Mais l'expérience pilote
a donné ce genre de démarche là, en fait, a identifié ce genre de démarches là,
puis ça va nous permettre d'aller plus loin par après. Donc, c'est ça qu'on...
Nous, c'est ce qui nous intéresse. Donc, c'est sur la base de partenariats. Ce
n'est pas nécessairement de la base de contrôle et c'est ça qui nous intéresse.
C'est pour ça qu'on dit qu'on aimerait aller plus loin.
M. Derraji : J'ai bien
compris. Donc, au fait, la demande du... de la Fédération québécoise des
municipalités aujourd'hui en commission, c'est que c'est très bon, le projet de
loi, c'est une avancée au niveau de la sécurité routière, mais vous voulez être
impliqués en amont...
M. Châteauvert
(Pierre) :...ah! ça, c'est certain.
M. Derraji : ...notamment le
choix des sites.
M. Châteauvert
(Pierre) :Ah! ça, c'est clair.
M. Derraji : L'emplacement,
partage des revenus, partage des coûts. Oui.
M. Châteauvert
(Pierre) :Ah oui! Ah oui! Sinon, on ne
voit pas comment ça peut fonctionner parce que, notamment, au niveau des
revenus, il va sortir des revenus importants... 250.
M. Derraji : Oui, oui, il y a
une étude qui... qui détermine déjà les revenus préliminaires. Donc, vous voyez
d'un bon œil. C'est une source de revenus supplémentaire pour vos membres que
vous défendez.
M. Châteauvert
(Pierre) :Pour faire des aménagements
liés à la sécurité routière.
M. Derraji : Oui, mais je ne
vais pas faire l'avocat de la partie gouvernementale, mais il y a déjà de
l'argent. Mais je veux juste vous citer qu'est-ce que j'ai devant moi. Il y a
le Programme d'aide financière au développement des transports actifs dans les
périmètres urbains qui a été bonifié, vous pouvez me corriger, de 60
millions de dollars pour les cinq prochaines années. Ils disent déjà qu'il
y a de l'argent et ça va être prioriser de l'aménagement. Est-ce que c'est
assez?
M. Châteauvert
(Pierre) :Non, bien, on l'a dit
clairement, là, dans le texte, que... On le sait tout de suite, que ce ne sera
pas suffisant. Ça, c'est clair.
M. Derraji : O.K. Donc, pour
vous, les 60 millions de dollars, ce n'est pas suffisant.
M. Châteauvert
(Pierre) :Moi, juste... Bien, tantôt,
le... on a entendu l'UMQ qui donnait l'exemple de la ville de Québec, je ne
l'avais pas vu, celle-là, et... mais c'est... Non, non, c'est clair et net que
ça va prendre des investissements importants. Exemple, une route nationale,
vraiment, de... genre, la 116 qui traverse plusieurs municipalités, ce sont
de... c'est du 90 kilomètres heure et tout, pour... pour s'assurer
qu'effectivement, quand ça traverse puis qu'il y a une école secondaire, une
école élémentaire ou une autre... un parc... Et donc ça va prendre des
aménagements. Et on ne parle pas de... on ne parle pas de deux, 300 000 $
dans ces cas-là, là. La 116, des fois, c'est de la quatre voies, là. C'est
quelque chose de très important.
M. Derraji : On a réglé, on a
réglé la... ce que vous voulez au début. Mais moi, ce qui m'inquiète, c'est que
vous dites que, même cette enveloppe... bon, le plan est ambitieux, mais ce
qu'on a comme enveloppe est insuffisant pour mettre en place ce plan ambitieux.
M. Demers
(Jacques) :Ce qu'on pense, c'est que...
C'est pour ça qu'on a besoin des revenus, pour avancer avec ces éléments-là. Ça
fait que les revenus qu'il va y avoir doivent être réinvestis. On ne le fera
pas toute la première année, mais on va devoir avancer. Quand je m'aperçois
que, juste de faire une bonne traverse, chez nous, dans un petit village ou
est-ce que ça va coûter probablement 100, 150 000$, minimum... puis
Sainte-Catherine-de-Hatley, là, ce n'est pas la municipalité moyenne, c'est une
petite municipalité, ça fait que, si ça me coûte 100, 150 000$ puis on sait
qu'il y a 1100 municipalités au Québec, pas difficile de faire un calcul ,que
de dire: Oh! O.K., ça ne correspond pas à la dépense minimale qu'on a besoin à
certains endroits. Mais on pense que ces endroits-là, oui, leurs revenus vont
être intéressants.
En même temps, moi, je souhaite vraiment que le
revenu ne soit pas très élevé, parce que le but ultime, c'est de ralentir le
trafic, ce n'est pas de faire de l'argent, puis ça, je pense qu'il faut aussi
le garder dans l'équation. Si les photoradars font une job extraordinaire et
toutes des... peut-être qu'on aura besoin d'investir moins de sommes à ces
endroits-là. Parce que le but, c'est de ralentir le trafic, d'être capable
avoir quelque chose de plus sécuritaire pour tout le monde. Bien, on le
travaille des deux sens. Peut-être que si l'impact est beaucoup plus grand
qu'on s'attend, tout le monde ralentit, peut-être que les installations, tout
ce qu'on appelle le mobilier urbain a de besoin moins d'avancer, tu sais, la
descente des lumières, tout ce qu'on sait, qu'il ne faut pas que ça ait l'air
d'une autoroute, mais plutôt d'un endroit où est-ce qu'on voyage de façon plus
paisible et plus lente. C'est ce qu'on va amener.
• (11 h 30) •
M. Derraji : Oui, c'est
excellent. Donc, à part le financement que vous étiez très clairs sur le
départ, vous dites que l'enveloppe budgétaire présente, les 60 millions, est
insuffisante. On avance. Là, maintenant, on arrive au partage des revenus. Nous
sommes d'accord que le but d'avoir tout cela, c'est vraiment avoir un impact
sur la sécurité de tout le monde, que ce soient ceux qui conduisent les
voitures ou les piétons.
Là, maintenant, rendu aux revenus, dans un
monde idéal, la FQM aimerait quoi... partage de revenus? Parce que c'est très
important. Parce que, si le coût est très élevé, on a déjà une idée sur
l'enveloppe budgétaire, ça veut dire que c'est des coûts qui seront répercutés
sur les municipalités. Je vous réfère au mémoire... au conseil... qui a été
déposé au Conseil des ministres, page 22, je ne sais pas si vous l'avez vu,
c'est très clair, au niveau des zones scolaires, la nouvelle limite, ça
dit : «De plus, l'obligation d'aménager ces zones selon les dispositions
élaborées par la ministre des Transports et de la Mobilité durable impliquera
des coûts pour les municipalités.» Donc, on le sait, il va y avoir des coûts
que les municipalités doivent supporter.
Là, aujourd'hui, vous levez le drapeau par rapport
à cela, par rapport aux coûts, par rapport à l'aménagement, mais même par
rapport au plan, parce qu'on ne veut pas... On peut se donner la meilleure loi
qu'on veut, mais la mise en place, ça va nécessiter des investissements.
L'enveloppe, vous la critiquez déjà, ce n'est pas assez. Maintenant, comment on
peut partager, selon vous, votre recommandation, ce que vous venez de dire, la
partie revenus avec ce que va nous coûter le projet lui-même, de...
11 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...et de la mise
en place des ACA.
M. Châteauvert (Pierre) :Là, en fait, il y a une enveloppe qui est là. On dit qu'elle
est insuffisante. Et, à côté, il y a des revenus qui vont venir des
photoradars. Il faut s'asseoir sur leur partage. On sait très bien que l'ensemble
de ces aménagements-là va se réaliser sur une très longue période. Ça ne peut
pas se faire en... comme M. Demers disait, c'est pour... plusieurs années,
donc, à ce moment-là... Puis on s'est... dans... on est habitués. En termes d'infrastructures,
il manque toujours des sous, mais on arrive, dans certains dossiers, à... avec
le gouvernement, avec une entente, en discutant, en s'assoyant et en discutant
de ce qui s'en vient comme revenus, puis tout ça, puis ce qui s'en vient comme
dépenses, à planifier et arriver à ajuster la demande avec la réalité. Nous, ce
qu'on dit... Bon, là, l'enveloppe prévue est insuffisante. Il s'en vient des
sous des photoradars. Bien, à ce moment-là, assoyons-nous pour ajuster puis
planifier...
M. Derraji : C'est très
clair.
M. Châteauvert (Pierre) :...pour que ça fonctionne. Et, on l'a vu, notamment dans l'assainissement
des eaux, et tout ça, on est... on arrive à créer une forme d'équilibre. Tout
le monde aimerait aller plus vite, mais ce n'est pas possible, souvent.
M. Derraji : Oui, mais j'aime
ce que vous venez de dire. C'est qu'en sentant que l'enveloppe est insuffisante
assoyons-nous pour qu'on partage...
M. Châteauvert (Pierre) :Exact.
M. Derraji : ...une
discussion directe sur les revenus, pour qu'on puisse financer.
M. Châteauvert (Pierre) :Exactement. C'est ça.
M. Derraji : O.K. Là, je vais
aller à autre chose que vous avez mentionné, parce qu'il y a tellement d'éléments
dans votre mémoire. Recommandation 3, vous dites : «C'est une évidence que
l'ajout de 250 ACA aura un impact non négligeable sur le volume de constats d'infraction
qu'ils généreront et qui pourraient créer une pression indue sur le système
judiciaire.» Ce que vous dites, c'est que, comme dans le projet de loi n° 40...
«permet désormais la mise en place d'un régime de sanctions administratives
pécuniaires dans le milieu municipal». Donc, pouvez-vous juste élaborer? Parce
que c'est sûr que ça va augmenter.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le député de Nelligan, ceci met un terme aux échanges avec l'opposition
officielle. Donc, je cède maintenant la parole à la deuxième opposition, à M.
le député de Taschereau, pour 4 min 8 s.
M. Grandmont : Merci
beaucoup. Merci, M. Châteauvert, M. Demers, ou inversement, en tout cas, pour
votre présentation, votre mémoire. J'irai directement sur la recommandation n° 10.
Ça m'intéresse particulièrement, la question des routes régionales, des routes
nationales, qui appartiennent au MTQ, mais pour lesquelles le MTQ, dans le
fond, donne la responsabilité aux municipalités de... puis avec des... en tout
cas, donne la responsabilité aux municipalités de voir à l'aménagement de... l'aménagement
sécuritaire pour les usagers vulnérables. Il y en a, des cas, il y en a plein,
puis, évidemment, plusieurs des membres... des villes, des municipalités que
vous représentez sont traversées par ces routes-là. C'est un enjeu à peu près
partout sur les 1 100 municipalités du Québec. Je pensais... Justement, je
revenais dans le passé, puis je me rappelais que la petite Anaïs Renaud, à
Saint-Flavien de Lotbinière, était décédée, justement, dans un cas comme ça,
dans Bellechasse... pas dans Bellechasse, dans Lotbinière, et c'est le cas
était quand même assez intéressant et évocateur. La municipalité pouvait faire
un trottoir, qui allait coûter 1,2 million de dollars. La
municipalité a un budget de 2,5 millions, là, annuellement, donc, déjà, on
voit qu'il y a une espèce d'incohérence, puis les programmes... le programme d'aide
du Fonds de sécurité routière permet d'aller chercher, au maximum, 350 000 $,
donc il y a une incohérence au niveau du financement.
Ça fait que j'aimerais vous amener... Vous
avez parlé, bon, de l'entente qui était plus adéquate avec le ministère, il y a
une volonté de travailler mieux ensemble, puis tout ça, puis vous insistez
beaucoup sur le fait que le financement doit suivre. Évidemment, si on a des
responsabilités, le financement doit venir. Mais j'aimerais vous entendre,
peut-être, sur une autre façon de voir la question. Si le MTQ qui est
responsable des aménagements de transport actif sur les routes qui lui
appartiennent? Évidemment, en consultant la municipalité, il faut que la
municipalité soit consultée là-dedans, là. Mais est-ce que le ministère devrait
prendre ses responsabilités puis s'occuper, dans le fond, des aménagements sur
ses routes à lui?
M. Demers (Jacques) :Bien, on ne revient pas où est ce qu'on était si on pose
cette question-là?
M. Grandmont : C'est à dire?
M. Demers (Jacques) :Bien, c'était ça, c'était le ministère. Avant ça, on ne se
parlait pas. Tout ce qui était ces routes à numéros qui traversaient nos
villages, c'était le ministère des Transports. On pouvait faire des
résolutions, faire des demandes, il n'y avait pas de discussion. On ne veut pas
revenir à ça. Parce que le problème avec le ministère des Transports, il n'y
avait pas tous ces villages-là, il n'y avait pas tous ces endroits-là. On veut
avoir des gens locaux qui sont dans la discussion, qui comprennent la
problématique pour se rendre au dépanneur, l'autre bord, où est-ce qu'il y a le
stationnement, puis quel restaurant, qu'est ce qu'on fait à cet endroit-là.
Lui, s'il l'analyse, puis il voit que l'école est plus loin, puis il dit :
Non, non, non, notre traverse, c'est à l'école... «oui, mais ce n'est pas à l'école
que les gens traversent»... ils vont tous passer à cet endroit-là. C'est
vraiment d'avoir un avis local.
M. Grandmont : On est... Mais
je vous entends bien là-dessus, sur l'importance d'avoir un avis local. Mais
vous êtes tout le temps en situation de devoir quémander davantage d'argent au
ministère des Transports. Dans le cas où ce serait inversé... Évidemment, il y
a toujours l'enjeu de bien collaborer ensemble, mais ça, la question se pose,
de toute façon. Mais si c'était la responsabilité du MTQ, bien...
M. Grandmont : ...serait
peut-être plus facile à débourser, non?
M. Demers
(Jacques) :Bien, pour moi, pour ma part,
c'est leur responsabilité. C'est quand même leur route, leur responsabilité de
faire que la circulation est fluide puis que c'est sécuritaire parce que les
demandes viennent de ce côté-là. Ça, pour moi, on est... mais on veut faire
partie de l'équation parce qu'on veut avancer plus rapidement.
M. Grandmont : Ça, 100 %
d'accord avec vous, mais on est d'accord aussi, je comprends, sur le fait qu'on
est sur le domaine du MTQ, c'est à ce ministère-là d'avoir la responsabilité de
bien faire ses jobs... sa job. Donc, peu importe comment on le fait, soit on
descend plus d'argent vers les municipalités pour mettre en place les
aménagements, soit... en tout cas, l'autre option que je proposais, qui était
de le rendre responsable, imputable en quelque part, dans tous les cas,
consultation, travail en partenariat, mais que le gouvernement prenne ses
responsabilités puis il fasse atterrir l'argent pour que ça soit sécuritaire,
évidemment.
M. Demers
(Jacques) :Exact, exact.
M. Grandmont : Parfait. Merci
beaucoup.
M. Demers
(Jacques) :Merci à vous.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Demers et M. Châteauvert, pour votre contribution aux travaux.
Nous suspendons pour une courte période de
temps, pour faire place au prochain groupe.
(Suspension de la séance à 11 h 38)
(Reprise à 11 h 40)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux et nous recevons maintenant CAA Québec. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi, nous procéderons
à la période d'échange avec les membres de la commission. Donc, je vous invite
à vous présenter et à débuter votre exposé.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui.
Bonjour à tous, Merci d'accueillir CAA Québec et ses représentants pour cette
étude. Alors, Mme la ministre, merci à vous. Messieurs et mesdames de la
commission, bonjour. Alors, je me présente. Mon nom est Sophie Gagnon. Je suis
vice-présidente, Affaires publiques et RSE, responsabilité sociétale chez CAA
Québec. Je suis accompagnée de maître Isabelle Godbout, recherchiste et
analyste; et, à ma droite, notre nouveau collègue André Durocher que vous
reconnaissez sûrement, qui est notre directeur de Relations avec la communauté
et de la sécurité routière.
Qu'il me soit, d'abord, permis de rappeler
que CAA Québec est bien implanté au Québec, dans une... avec une communauté
avec une communauté de 1,3 million de membres, ce qui représente près d'un
détenteur de permis de conduire sur quatre. Et au-delà d'offrir de bons
services d'assistance dans différents secteurs comme la mobilité, les
assurances, le voyage et l'habitation, on est une organisation résolument
engagée à encourager une consommation responsable et à promouvoir la sécurité
routière. On est un organisme sans but lucratif qui agit avec conviction depuis
120 ans en sécurité routière, et notre fondation déploie chaque année des
centaines d'activités de sensibilisation en sécurité routière partout au
Québec. Nos commentaires, ce matin, porteront principalement...
Mme Gagnon (Sophie) : ...évidemment,
sur les AVA, les appareils de contrôle automatisés, on aura quelques mots sur
la protection des usagers vulnérables et l'usage des feux... du feu vert
clignotant, et nous reviendrons brièvement sur l'alcool au volant.
Alors, sans plus tarder, je passe la
parole à André, en disant aussi que, de façon générale, nous endossons le
projet de loi n° 48 dans son ensemble, mais avec quelques nuances qu'il
nous importe de préciser à l'instant.
M. Durocher (André) : Merci,
Sophie. Conduire un véhicule n'est pas un droit mais un privilège, tout comme
celui d'utiliser le domaine public aménagé comme piéton, cycliste ou
automobiliste. Pour en profiter, les usagers doivent respecter les règles et
partager la route. La sécurité routière, c'est l'affaire de tous. Pour le
citoyen, c'est de respecter les règles de sécurité routière, et pour les
autorités, c'est de s'assurer que ces règles fassent l'objet d'une adhésion et
d'une acceptabilité sociale. C'est sur cette base que nous déposons notre
mémoire.
Pour ce qui est des ACA, c'est un fait, la
vitesse excessive demeure l'une des principales causes d'accidents de la route
au Québec. Là où la présence policière est plus ardue, les radars photo
constituent un outil efficace pour surveiller le flot de circulation.
Cependant, ces appareils ne sont pas une panacée, c'est-à-dire une solution
universelle qui s'appliquerait automatiquement sur demande. Ils sont un
complément à la surveillance policière, à utiliser dans des conditions bien
particulières.
Dès février 2000, nous étions en faveur de
l'usage des radars photo seulement aux endroits qui respectaient deux critères
spécifiques, à savoir là où il y a une problématique de vitesse et de sécurité
routière et là où la surveillance traditionnelle ne pouvait pas être effectuée
de manière sécuritaire. En 2007, nous ajoutions les conditions suivantes :
la présence d'un affichage clair pour prévenir les automobilistes de leur
arrivée dans un endroit surveillé et la transparence sur la gestion et
l'utilisation des amendes perçues par l'entreprise de ces technologies. Enfin,
en 2012, CAA-Québec précisait que l'utilisation des radars photo et des caméras
aux feux rouges dans des zones scolaires ne pouvait se justifier du simple fait
de se trouver dans ces zones. Il faut des critères précis et documentés.
Aujourd'hui, au moment où le ministère des
Transports souhaite augmenter le nombre d'ACA de 52 à 250 sur les routes du
Québec, nous réitérons ces conditions. Il est donc essentiel que les futurs ACA
se retrouvent sur des sites comportant de véritables risques, où la
surveillance policière traditionnelle est difficile, que leur présence soit
signalée à l'avance, que la gouvernance soit centralisée au ministère des
Transports et qu'il y ait une reddition de comptes sur la performance des
équipements, des statistiques de collisions et sur l'utilisation des amendes
perçues.
On ne peut soutenir le retrait de
l'obligation de vérifier la présence et l'état de la signalisation qui annonce
les ACA, c'est une question de transparence, et CAA-Québec s'inquiète des
dérapages qui pourraient en découler. De même, on ne peut endosser le retrait
de l'obligation de désigner les sites par arrêté ministériel publié à la
Gazette officielle. Pour nous, la consignation des sites déterminés dans un
arrêté ministériel fait partie de la transparence qui doit être au cœur de
l'implantation des ACA au Québec et de la reddition de comptes nécessaire à son
acceptabilité sociale.
Bien que nous soyons d'accord sur le choix
des endroits pouvant être contrôlés par un système de détection pour vitesse,
nous ne pouvons endosser tous les sites proposés. D'abord, parlons des zones
scolaires. Suite à plusieurs activités d'observation aux abords d'écoles
primaires, nous avons pu y constater le défi lié au respect des comportements
déviants. Rappelons que les ACA n'adressent qu'un seul comportement déviant,
soit la vitesse, c'est pourquoi, si nous sommes en accord avec l'utilisation
des radars photo dans les zones scolaires, certaines conditions doivent
s'appliquer. La problématique de la vitesse doit être documentée, les heures de
fonctionnement des appareils doivent se limiter aux périodes scolaires et il
doit y avoir présence de signalisation.
Et il en va de même pour les zones de
travaux de construction et d'entretien. La surveillance policière doit être
difficile, les heures de fonctionnement des appareils doivent être limitées aux
périodes de travail actif sur les chantiers, il doit y avoir présence de
signalisation, et les appareils ne peuvent remplacer la présence des
signaleurs. Je le répète, même dans ces zones prioritaires, il faut créer une
adhésion plutôt qu'un sentiment de méfiance de la part des citoyens.
Il y a aussi les rues partagées et les
vélorues. Selon la définition du MTQ, une rue partagée est une rue pour
laquelle les règles de circulation diffèrent de celles des autres rues et où
les aménagements permettent aux usagers, surtout les piétons, de circuler de
façon sécuritaire. La limite fixée est de 20 kilomètres/heure. Une
vélorue, quant à elle, est définie comme un chemin public sur lequel certaines
règles de circulation sont modifiées pour favoriser la circulation des
cyclistes. La limite y est de 30 kilomètres/heure. S'il existe une
problématique de respect de la limite de vitesse tant sur une rue partagée que
sur une vélorue, c'est fort probablement parce que les aménagements n'y sont
pas adéquats. L'installation de radars photo sur de telles rues serait perçue
comme ce que l'on appelle communément une trappe à tickets. CAA-Québec ne peut
donc pas appuyer l'implantation d'un système de détection sur de telles artères
car cela ne ferait qu'en miner l'acceptabilité.
Une augmentation substantielle du nombre
d'ACA au Québec amènerait des ajustements administratifs. À cet effet...
M. Durocher (André) : ...nous
souscrivons au principe de l'introduction d'un régime de sanctions
administratives et pécuniaires pour certains manquements dans l'objectif
d'alléger le travail de la SQ et du ministère de la Justice du Québec. Nous
avons toutefois des réserves quant à l'augmentation du délai de transmission de
l'avis de réclamation au propriétaire d'un véhicule pris en défaut. Le délai
entre une infraction et la notification de la sanction est actuellement de 30 jours.
Nous craignons qu'une prolongation à 45 jours nuise à l'effet dissuasif
sur le comportement du conducteur fautif, en plus d'alourdir le système.
Nous souscrivons fermement au principe de
la protection des personnes les plus vulnérables sur la route. Il faut aussi se
rappeler que chaque usager a des obligations à respecter en vertu du CSR. Ce
n'est pas parce que l'on est plus vulnérable que l'on peut se permettre de se
comporter de façon moins responsable. Il ne faut jamais oublier que peu
importent les mesures dissuasives et les règlements que l'on met en place pour
notre protection, ultimement, c'est tous et chacun d'entre nous qui sommes
d'abord et avant tout responsables de nos comportements. Les ACA n'étant pas
une solution unique, il faut également ajouter des aménagements qui encouragent
les citoyens à adopter des comportements sécuritaires, comme des rues
rétrécies, des saillies de trottoirs et autres mesures d'apaisement.
Par ailleurs, on le sait, l'augmentation
des amendes peut entraîner des changements de comportement. Cependant, il faut
éviter de basculer dans l'hyper punitif. Les sanctions doivent être
proportionnelles aux gestes posés sans être déraisonnables, au point où les
policiers hésiteraient à remettre des constats d'infraction. Il s'agit là
encore d'une situation... d'une question d'acceptabilité sociale.
Pour ce qui est de l'alcool au volant,
outre la vitesse, l'alcool au volant représente l'une des principales causes de
collision au Québec. CAA-Québec est déçu que ce projet de loi soit muet sur ce
fléau qui brise des vies. Nous invitons donc le Gouvernement à considérer
l'instauration de sanctions administratives pour une alcoolémie entre 0.05 et
0,08. Faut-il rappeler que le Québec est la seule province canadienne où de
telles sanctions ne sont pas appliquées? Il est démontré que la performance
conducteur dans les différentes tâches est affectée de manière significative à
partir d'une alcoolémie de 0,05. De même, la vigilance du conducteur diminue et
le risque de somnolence augmente. La consommation de faibles doses d'alcool
produit un effet désinhibiteur qui amène le conducteur à adopter des
comportements à risque. Bref, ces sanctions administratives en vertu du CSR
seraient une mesure efficace pour prévenir les collisions et sauver des vies.
On parle ici qu'une amende jumelée ou non à une interdiction de conduire son
véhicule pour 24 heures est porteur d'un message qui fait réfléchir le
conducteur.
Mme Gagnon (Sophie) : Je
terminerais notre propos, notre... même, je dirais notre petit marathon de ce
matin, en attirant l'attention de la Commission sur une question importante sur
la protection des travailleurs sur route. Comme chef de file en assistance
routière, la sécurité des patrouilleurs, qu'ils soient nos propres employés ou
ceux de nos partenaires affiliés, demeure une priorité. En 2022, nous avons
appuyé la mesure autorisant l'utilisation d'un feu vert clignotant sur les
dépanneuses lorsqu'elles sont en route pour répondre à un appel de... un
service d'urgence. Aujourd'hui, nous appuyons la proposition qui est prévue à
l'article 51 du projet de loi pour permettre au conducteur d'une
dépanneuse d'emprunter les voies réservées. Et, même si nous déployons beaucoup
de mesures de sécurité, chaque année, pour la sécurité de nos gens, on pourrait
sans doute faire plus pour améliorer leur visibilité, la visibilité des
dépanneuses et la sécurité des patrouilleurs lorsqu'ils sont en bordure de
route. Vous trouverez donc à notre mémoire des références qui établissent que
l'utilisation du feu vert clignotant exerce une influence positive sur la
visibilité des dépanneuses, et donc sur la sécurité des travailleurs, encore
une fois, lorsqu'ils sont en bordure de route. Nous croyons pertinent d'en
venir à autoriser l'usage des feux clignotants ambre et verts sur les
dépanneuses, même si elles ne répondent pas à un service d'urgence. Les
patrouilleurs qui oeuvrent en bordure de route pourraient alors les activer et
être ainsi plus visibles. C'est ce qui met fin à notre présentation et nous sommes
disponibles pour répondre à des questions.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous... Je cède maintenant la parole à la partie
gouvernementale et en l'occurrence à Mme la ministre des Transports et de la
Mobilité durable pour une période de 16 minutes.
Mme Guilbault :Ouii, merc, merci beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup
à vous trois d'être présents ici avec nous. Le CAA, évidemment, ça tombe sous
le sens, vous aussi, que vous soyez intéressés à venir nous partager en
personne les commentaires que vous nous avez transmis dans votre mémoire. Puis
merci aussi, de façon générale, d'ailleurs, pour tout le travail que vous
faites en partenariat. Souvent, je vous... on se rencontre à l'occasion. Vous
travaillez beaucoup avec la SAAQ. Souvent je vous vois à la télé et vous me
voyez à la télé. Mais là, aujourd'hui, on peut se dire... on peut se dire
ensemble merci, parce qu'entre autres, là, dans la foulée du dépôt du plan
d'action Sécurité routière, j'ai fait beaucoup de... de relais, de messages,
puis, tu sais, tout ce que les partenaires peuvent faire de leur côté pour
relayer justement, puis, donc, multiplier l'effet de ces messages-là, c'est...
Mme Guilbault :...c'est très très apprécié. Donc, un grand merci pour ce
travail-là que vous faites, vous, tous les jours de l'année, à temps plein.
Vous ne faites que ça. Moi, j'ai quelques autres petits dossiers à l'occasion,
mais je me concentre quand même beaucoup sur la sécurité routière. Donc, bref,
merci. Très très très apprécié.
Je vais commencer peut-être avec la
recommandation n° 1, puis je la trouve très
intéressante. Puis je disais, je pense, c'est-tu aujourd'hui ou hier, des fois
le temps va vite, mais je faisais référence... ça me rappelle ma précédente
fonction de ministre de la Sécurité publique. Quand vous dites : La
présence policière demeure le meilleur moyen d'assurer le respect du Code de la
sécurité routière. Là où cette présence est ardue, les ACA sont des outils efficaces
de surveillance. Je veux simplement souligner la pertinence de cet énoncé-là,
parce que c'est une des choses que je nommais quand j'ai déposé mon plan en
disant : On a 15 000 policiers au Québec, on est
8,5 millions, ce n'est pas réaliste. Puis je le disais souvent quand
j'étais en sécurité publique, on ne pourra jamais mettre un policier partout
sur chaque rue qui va surveiller chaque situation partout, dans chaque
municipalité. Alors, ce principe-là, cette philosophie-là, moi, j'y adhère
complètement puis je vous remercie de la souligner à nouveau. Et c'est dans
cette optique, justement, qu'on souhaite recourir à la technologie des ACA.
Je trouve ça très intéressant aussi. Vous
dites : Ce n'est pas une panacée. Effectivement. Tout ce que vous amenez
sur le choix de la localisation des ACA. Parce que vous avez peut-être
entendu... je crois que vous étiez là depuis le début, vous avez entendu l'UMQ
et la FQM qui ont une préoccupation légitime, là, sur toute la question, à la
fois, oui, du partage des revenus, mais aussi de la codécision quant au choix
des emplacements des ACA. J'ai soulevé tout à l'heure aussi la nécessité, des
fois, d'en avoir dans des zones qui vont protéger beaucoup de gens, même si ça
ne sera pas forcément rentable d'un point de vue monétaire.
Donc, dans l'ensemble de ces
considérations-là, vous vous en détaillez certains. Tu sais, au numéro 3,
là, le choix des futurs sites des ACA, des risques importants, etc. Est-ce qu'à
date, dans le cadre du PPCM, le choix... Puis en ce moment, on n'a pas un gros
parc d'ACA, là, on en a 54, à peu près, là...
Mme Gagnon (Sophie) : Non,
tout à fait.
Mme Guilbault :
...un peu plus d'une cinquantaine. Il y en a une trentaine qui sont fixes, donc
on ne peut pas tous les bouger. Alors, c'est lourd un peu puis on est très
limités. Mais est-ce qu'à ce jour vous jugez qu'on en a fait une utilisation
optimale? Et si on en avait plus, est-ce que vous maintiendrez un peu l'esprit
de ce qui a prévalu jusqu'à maintenant ou est-ce que vous jugez... puis, tu
sais, dans la codécision aussi, là`, à quel point les municipalités, des fois,
il peut y avoir des intérêts divergents, mais en bout de ligne, on finit par
s'entendre, sauf que, là, on le fait avec cinq grandes municipalités, quand on
pense que toutes les municipalités pourraient devenir intéressées. Alors,
comment vous voyez ça? Parce que vous êtes habitué aussi de travailler
là-dedans.
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
je pense que vous l'expliquez très bien. Puis, jusqu'à présent, j'ose dire, là,
j'étais présente au moment où on a introduit les premiers appareils, et c'est
un peu un exemple, hein? Je pense qu'on peut citer le Québec comme ayant agi de
façon exemplaire, et c'est ce qu'on veut préserver. Et on voit la
multiplication des outils en se disant : Bon, on passe de 50 à 250. Ce
n'est pas dramatique. On sait que dans d'autres pays, ce sont des chiffres
beaucoup plus importants. Mais il faut se garder de penser que, justement... et
c'est pour ça qu'on parle de... ce n'est pas une panacée, il faut se garder de
tomber dans des excès. Il faut rester à préserver le consensus social qui a
prévalu.
Les choses ont été bien faites à l'époque
et on pense que l'utilisation d'un plus grand nombre peut apporter des bons
résultats en collaboration, en complémentarité du travail policier, mais il ne
faut pas tomber dans... Et je ne vous cache pas qu'on a vu quand même avec une
certaine crainte... on se dit : Là, bien, c'est 250. Est-ce que plus tard
ce serait des milliers? Est-ce que c'est vu comme une façon de générer, André
disait, des trappes à ticket? Je pense qu'on a passé à côté de ce risque-là
jusqu'à date, mais il faut maintenir cet équilibre-là puis il faut éviter
d'aller vers une gouvernance, parce qu'on en aurait plus qui seraient un peu
plus relâchés, parce que c'est plus compliqué. Mais la reddition de comptes,
l'explication, le choix des endroits demeurent des facteurs d'acceptabilité
sociale. Puis si on veut maintenir ces bons résultats puis ces bonnes
pratiques, bien, il faut préserver... il faut toujours garder ces principes-là
en tête. Et c'est pour ça qu'on les rappelait ce matin. Je ne sais pas si je
réponds à votre question.
Mme Guilbault :Oui.
Mme Gagnon (Sophie) : Et
l'ensemble des municipalités, on maintient que, dans des zones... on sait qu'il
y a des besoins d'aménagement. On sait que les territoires urbains sont... il y
a des municipalités qui ont des besoins particuliers qui ne pourraient pas
justifier par des revenus avec des ACA. Il faut aider quand même ces endroits-là
à avoir de bons aménagements sécuritaires, et là, bien... Mais il ne faut pas
le faire... il ne faut pas faire un lien qui n'existe pas entre la sécurité
routière puis la génération de revenus. Ce serait dangereux.
Mme Guilbault :Non, tout à fait. Puis, c'est ça, les trappes à ticket ou,
peu importe comment on le dit, là, c'est exactement ça que je disais tout à
l'heure. Puis quand on dit que ce n'est pas une panacée, pour moi, puis ça vaut
de façon générale en sécurité tout court, là, en sécurité publique, la...
Mme Guilbault :...question doit absolument venir avec, au moins, autant de
prévention. Puis je ne sais pas si vous avez... Bien, en fait, je sais que oui,
là, mais, dans l'ensemble, le plan d'action de la sécurité routière... Parce
que le projet de loi d'aujourd'hui, je ne l'ai pas dit en remarques
introductives, mais c'est un des moyens pour donner suite au plan d'action. Il
vient donner suite à six des 47 sous-mesures, entre autres, toute la question
des ACA, toute la question des amendes aussi puis certaines autres choses, de
l'aménagement sécuritaire obligatoire, diverses choses comme ça. On a ajouté
aussi en complément quelques autres affaires, là, comme les VHR, mais ça,
peut-être que ça vous concerne moins, mais bon, en tout cas, c'est quelque
chose qui touche ces municipalités.
Mais tout ça pour dire que : Est-ce
que vous vous estimez dans l'ensemble, dans le plan d'action de la sécurité
routière, on fait suffisamment de place à la prévention? Parce que, moi,
j'étais fière de dire que, même si on parlait beaucoup, beaucoup des photos
radar, c'est ça qui a le plus attiré l'attention, c'est le premier axe, les
aménagements sécuritaires, tout ça, mais il y a beaucoup de mesures sur la
prévention. Il y a l'introduction d'un chapitre, d'un nouveau chapitre piéton
dans le tome I, ça, c'est une demande qu'on avait eue, notamment, de Piétons
Québec, ils vont venir nous voir demain ou jeudi, enfin, je ne veux pas parler
pour eux, peut-être cet après-midi.
Mais donc, dans l'ensemble, est-ce que
vous trouvez qu'on fait une place suffisante à la prévention puis qu'on va
avoir le bon équilibre et le bon cocktail prévention et répression davantage
avec - quoique le radar photo, quant à moi, fait autant de prévention que de
répression, là - mais comme il y a un ticket, à la fin, pour reprendre le
terme? Alors, pour moi, c'est important, cet équilibre-là. J'aimerais vous
entendre là-dessus.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui,
bien, on dit souvent que, dans une bonne séquence de sécurité routière, il y a
plusieurs maillons, là. Il y a, d'abord et avant tout, de l'éducation, de la
sensibilisation. Il faut avoir des lois qui sont justes, équitables, qui sont
en mesure de régler des problématiques identifiées, documentées. Et il y a
aussi de la répression qui est inévitable, qu'il faut faire appliquer, sinon il
n'y a pas de crédibilité qui est accordée aux mesures. Moi, je pense qu'il y a
eu des grands progrès. Ce qui nous préoccupait beaucoup, c'était l'absence
d'une stratégie nationale, puis vous avez agi rapidement. Donc, on a peut
souligner ça avec... vous pouvez être fiers de ça. Et, bien, je crois que c'est
un travail qui est en continuelle évolution, puis de se mesurer pour s'adapter
puis s'améliorer demeure les meilleures façons.
C'est sûr que nous, on va dans plus de 150
écoles... plus de 150 journées-écoles. On aimerait pouvoir en faire plus. On a
des petits moyens avec notre fondation, on va dans les écoles primaires,
secondaires, on a des programmes d'éducation. Et on forme... On sait qu'on
forme des citoyens quand on parle de sécurité routière, on forme aussi des
citoyens de demain qui seront plus responsables et qui sont... et qui seront de
meilleurs conducteurs ou de meilleurs usagers de la route, hein, parce qu'on n'est
pas qu'avec la voiture, c'est une responsabilité partagée. Donc, moi, je pense
qu'il y a d'extraordinaires avancées qui ont été faites dans les dernières
années, il y a toujours place à l'amélioration. Mais je ne sais pas, Isabelle,
si tu veux compléter.
Mme Godbout (Isabelle) : Bien,
en fait, la prévention, il n'y en aura jamais suffisamment, parce que la
sécurité routière, si on veut l'améliorer, il faut en parler continuellement.
Puis je pense qu'il faut travailler de concert aussi avec les divers organismes
pour sensibiliser, dans le fond, les gens qu'on représente à l'importance du
respect du Code de la sécurité routière. Et c'est la clé, là, pour améliorer le
bilan. Ça fait partie d'une des façons d'améliorer ce bilan-là qu'on souhaite
tous réduit le plus possible, là.
M. Durocher (André) : Vous
savez, Mme la ministre, pour avoir été longtemps en sécurité routière,
justement, ce que vous faites, je trouve ça très courageux, parce que la
prévention, ce n'est jamais très sexy, hein, ça ne fait pas la une des médias.
C'est pourquoi on doit justement mettre le sujet de la sécurité routière à
l'avant-plan et en parler, en parler constamment, sans jamais, là, s'asseoir
sur ses lauriers. Et donc, félicitations, à ce niveau-là, et on souscrit
pleinement via... Comme Mme Gagnon disait, notre fondation, et tout, on fait
énormément d'activités en amont. Et lorsque, malheureusement... Si on invite
tout le monde pour venir dire : Regardez, on fait une activité de
prévention, pas certain qu'on va avoir salle comble. Mais, malheureusement, il
ne faut pas baisser les bras, il faut continuer. On dit toujours que les gens
heureux n'ont pas d'histoire, c'est la même chose lorsqu'on parle de
prévention.
• (12 heures) •
Mme Guilbault :C'est très... C'est très bien dit, très imagé ce que vous
venez de dire, effectivement. Bien, je suis d'accord puis, tu sais, le numéro
7, la recommandation numéro 7, la protection des usagers vulnérables, CAA
dit : «Oui, cette priorité me rappelle que les ACA ne peuvent pas tout
régler. Il faut favoriser l'ajout d'aménagements qui encouragent tous les
usagers à adopter des comportements plus prudents.» Les principes de la vision
zéro, il y a la vision zéro d'ailleurs, puis le Système Sûr, c'est la vision
qui est sous-jacente à notre plan. Et les aménagements sécuritaires, justement,
deviennent obligatoires pour les zones scolaires dans le projet de loi. C'est
sûr que là, ils les mettent obligatoires partout, non seulement c'est un
concept qui devient un peu subjectif, à un moment donné, mais, en plus,
c'est...
12 h (version non révisée)
Mme Guilbault :...ce n'est pas... ce n'est peut-être pas nécessairement
réaliste à court terme, mais bref, on... on dit un peu la même chose. J'aimerais
ça, peut-être, vous entendre sur les travailleurs de chantier. Puis, bien,
merci pour le travail qui a été fait. On a fait adopter... D'ailleurs j'ai
passé au conseil des ministres, avant Noël, le feu sur les dépanneuses. Vous,
vous allez plus loin avec une autre... c'est-à-dire où vous appuyez le... C'est
51, je pense, le... l'article de notre projet de loi. Alors, merci pour ça.
Mais donc, on parle beaucoup des zones scolaires, mais quand on parle de
clientèles vulnérables, tout ce qu'on a fait ici, il y a tout un chapitre dans
notre plan d'action sur un axe, sur les travailleurs de chantier. Alors, est-ce
qu'encore là vous jugez qu'on va dans le bon sens? Est-ce qu'on va suffisamment
loin? À l'article 12, on introduit le fait que les ACA, outre faire l'objet
de site qu'on détermine en collaboration avec les municipalités, maintenant, on
vient prévoir expressément que les zones scolaires, c'est qu'on peut en mettre,
et les zones de chantier.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui, on
était... On était à l'aise avec la mesure. En même temps, comment l'a expliqué,
pour nous, ça n'enlève pas l'obligation d'avoir une bonne signalisation, l'usage
de... bien, de... le recours à des signaleurs de chantier. Puis, dans ce
sens-là, je pense qu'on avait... on n'avait pas de problèmes particuliers, mais
encore là il reste à agir avec ces principes en tête, là.
M. Durocher (André) : Pour
avoir... Pour avoir été commandant de deux postes de quartier à Montréal,
lorsqu'on parle de... qu'on est inquiet quant aux dérapages, c'est qu'il... Je
ne pense pas qu'il y ait qui que ce soit, là... Pour avoir fait affaire avec
beaucoup d'élus locaux, il n'y a personne qui se lève le matin, là, pour dire :
Qu'est ce que je pourrais faire pour mal faire? Mais, des fois, la pression qui
vient des citoyens peut mettre une pression sur l'élu qui, lui, va vouloir en
mettre un pour, comme on dit, satisfaire ses citoyens. Et on ne voudrait pas
que ce soit un des critères que l'on retient, que ce soit vraiment, là, de
façon objective, nonobstant la pression qui peut être mise, là, de bonne foi,
mais tout de même, si on veut garder cette fameuse acceptabilité sociale, Mme Gagnon
l'a dit tantôt, on a travaillé, tout le monde a travaillé très fort pour qu'il
y ait une acceptabilité sociale du projet. Il ne faudrait pas qu'en quelques
mois, on vienne de détruire ce qui a été bâti au cours des dernières années
pour gagner cette acceptabilité sociale.
Mme Guilbault :Non. Exactement. Mais en même temps, pour la sécurité des
travailleurs sur les chantiers et puis des signaleurs, c'est quand même un gros
enjeu aussi. Donc, ça vient répondre à...
M. Durocher (André) : Oui,
oui, si ça... si ça répond à ces critères-là. Puis, bon, pour être de Montréal,
je le vois souvent, là, les chantiers qu'il y a autour, effectivement, c'est
très dangereux. Ces gens-là font un travail qui est dangereux, et on se doit de
prendre des mesures pour tenter de les protéger au maximum.
Mme Guilbault :Bien, à Montréal, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup de
chantiers. C'est sûr qu'on ne pourra peut-être pas en mettre sur tous les
chantiers, mais... mais...
Mme Gagnon (Sophie) : En tout
cas, 250, ça ne suffira pas...
Mme Guilbault :Parfait. J'aimerais ça aussi vous entendre sur une... Puis
ça va être dans un règlement. Donc, ce n'est pas à proprement dire tout de
suite. Mais la question des zones scolaires, en ce moment, une zone scolaire, c'est
de 7 heures à 17 heures, de septembre à octobre... d'août à juin, je
veux dire, du mois d'août ou septembre?
Une voix : Septembre.
Mme Guilbault :Septembre au mois de juin. Qu'est-ce que vous pensez de l'idée
de les rendre scolaires en tout temps? C'est-à-dire que les amendes qui sont
plus élevées en zone scolaire s'appliqueraient en tout temps dans l'esprit que
même si on est en dehors de la... de l'année scolaire comme telle, il y a des
jeux, il y a des... Les enfants vont là, il y a des terrains de jeux, il y a de
la baignade, il y a toutes sortes de choses qui se déroulent là. Donc il y a
toujours plus ou moins le risque d'avoir des enfants autour.
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
en fait, je pense que de la façon que vous présentez, effectivement, pour nous,
le fait de poser certaines conditions, c'est d'avoir une gouvernance qui tienne
compte de la réalité terrain. C'est certain que si, dans une école, dans une
zone, il y a de l'activité à l'année, puis qu'il y a une problématique, bien, à
ce moment-là, de respecter la réalité avec des outils adaptés, pas de problème.
Là où on ne voulait pas de tomber dans du mur à mur, c'est de dire que si, en
dehors des périodes d'activités, on instaure des règles tellement prohibitives
puis que c'est perçu comme étant sans effet ou sans réel besoin, alors, ça peut
devenir une façon de désengager la mobilisation. Les gens perçoivent que c'est
là, mais ça n'a pas d'effet direct. Je pense qu'il faut que...
M. Durocher (André) : Pour
donner un exemple concret, j'ai... j'avais dans un des quartiers où j'étais
commandant, différentes écoles, et certaines étaient situées en face d'un parc,
une autre était sur une artère principale, par exemple, on pense à la rue
Christophe-Colomb à Montréal, et une autre pouvait être dans un endroit... un
autre endroit. Donc, c'est bien évident que, si on prend une rue comme
Christophe-Colomb, bien, il n'y a pas d'enfants qui jouent là, le soir. Une
autre école est dans une zone résidentielle et l'autre est en face d'un parc où
il peut y avoir présence d'enfants. C'est pourquoi on doit utiliser certains
critères qui vont tenir compte, là, de la réalité. Et comme ça, en fin de
compte, on... en ne faisant pas du mur à mur... Je vais utiliser une technique
que j'utilisais à la police de Montréal, je veux dire, lorsqu'on donne des
constats d'infraction, ça doit être en fonction de...
M. Durocher (André) : ...corriger
un comportement. Si, par exemple, la cause des collisions, c'est les feux
rouges, bien, on donne des constats pour les feux rouges. Donc, dans les
écoles, est-ce qu'il y a un problème? Est-ce qu'il y a des enfants qui jouent
près du parc? Oui, O.K., parfait, là, ça a de l'allure. Ailleurs, si ça ne se
tient pas, je pense qu'on n'aura pas l'acceptabilité sociale. De toute façon,
je ne crois pas que les policiers vont, comme on dit, mettre les efforts là.
Donc, on va mettre un règlement qui va faire en sorte qu'il ne sera respecté de
toute façon.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met un terme aux échanges avec la partie gouvernementale. Je
cède maintenant la parole à l'opposition officielle et à M. le député de
Nelligan.
M. Derraji : Merci, merci.
Merci, M. le Président. Merci pour votre mémoire. Vous avez répondu à pas mal
de questions que j'avais au début, mais il y a un point que j'aimerais bien,
pour les 10 minutes que j'ai, que vous sensibilisiez les gens autour de la
table, c'est l'alcool au volant. Donc, le numéro 2 de la page 8 sur 12.
Je pense, si on prend le temps
aujourd'hui, juste pour parler de cet enjeu qui est extrêmement important.
D'ailleurs, je tiens à vous remercier parce que vous êtes le premier groupe
qu'on rencontre qui prend position d'une manière très claire, vous voulez
instaurer une limite d'alcoolémie à 0,05. Bon, je vous...
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
des mesures administratives, on ne veut pas changer... on ne recommande de
changer le Code criminel, là.
M. Derraji : Oui, mesures
administratives. On s'entend.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui,
tout fait. D'accord.
M. Derraji : Oui, oui. Nous,
on n'est pas là non plus, là. Mesures administratives. Expliquez-nous pourquoi.
Tu sais, je sais, mais c'est pour le bénéfice des gens qui nous regardent. Il y
a des gens qui ne sont pas au courant qu'est-ce qu'on fait maintenant par
rapport à la sécurité routière. Et pourquoi, pourquoi, dans le cadre de la
sécurité routière, parce que la ministre est en train de mettre un plan, il y a
des choses qu'on a rajoutées dans le projet de loi, mais pourquoi nous, en tant
que législateurs, on doit prendre en considération l'alcool au volant dans le
cadre de ce projet de loi?
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
ça reste une mesure qui mérite d'être expliquée et qui nécessite beaucoup
d'éducation et de sensibilisation. Je pense qu'il y a encore beaucoup de
mauvaises informations qui circulent lorsqu'on parle de sanctions
administratives. On sait que c'est un sujet délicat, particulièrement pour les
automobilistes, ça peut être un enjeu. Par contre, nous l'avons mesuré au fil
des, probablement, 20 dernières années, l'évolution des mentalités a
beaucoup progressé puis il y a une certaine acceptabilité qui s'est installée
en considérant les... les affres de l'alcool au volant. Et on pense qu'avec des
mesures administratives, là, qu'on parle d'amendes et de, par exemple, de
suspension temporaire de l'usage d'un véhicule sur une période de
24 heures, on peut avoir un effet éducatif important, puis ça peut toucher
des catégories de gens qui seront sensibilisés à jamais s'ils ont le malheur de
recevoir une telle sanction qui n'existe pas aujourd'hui.
Donc, on a vu, nous, chez CAA-Québec, une
évolution de la... de l'acceptabilité ou des mentalités à cet égard, mais ça
mérite... c'est un genre de mesure qui mériterait énormément d'éducation puis
d'explications pour être sue, mais on pense que les effets dans les autres
provinces où on l'a... on les a appliquées depuis de nombreuses années ont été
probants. Il y a eu des améliorations de la sécurité routière puis des
diminutions de décès.
Donc, c'est une mesure qui... bon, je
pense qu'on est rendus là, mais qu'il faut agir avec circonspection, puis le
faire de façon, justement, à créer cette... pour éviter la polarisation puis
les débats, là. Mais je ne sais pas, André, si tu veux ajouter. On pense qu'on
est rendus là.
M. Durocher (André) : Je
crois qu'on est rendus là. Pour avoir été policiers pendant près de
40 ans, avoir participé, là, à multiples barrages routiers, et tout,
lorsque des gens qui très souvent on va prendre pour alcool au volant, là, ce
n'est pas les cas qu'on voit nécessairement dans les médias, là, de trois,
quatre, cinq fois au-dessus de la limite, c'est très souvent des cas qui sont
légèrement au-dessus de la limite, on parle de M., Mme Tout-le-monde, des gens
sans histoire qui, justement, sont impliqués dans une collision et voient...
ont un dossier criminel, voient leurs vies détruites. C'est pourquoi on trouve
que c'est important.
• (12 h 10) •
Cette espèce de mesure, en fait, viendrait
permettre... ça viendrait lever un drapeau rouge pour la personne qui prendrait
ce petit verre de vin de trop, là, lors d'un repas. Et c'est... et il faut,
justement, selon moi, si on fait ça, on va vraiment frapper la masse, parce
qu'évidemment des cas de grande intoxication, oui, il y en a, mais ce n'est
rien à comparer avec le nombre de personnes qui, en fin de compte, sont
légèrement... leurs capacités sont légèrement diminuées, là, mais ne sont pas
ivres morts. Et c'est pourquoi je crois qu'on est rendu là.
La société est rendue là, de façon
générale, de toute façon. J'ai vu une évolution, moi, en cours... Je suis entré
dans la police au début des années 80 et j'ai quitté il y a deux ou trois
ans à peine, et on a vu une évolution justement au taux d'ivresse. On reprend
malheureusement toujours à peu près le même nombre de personnes en conduite
avec capacités affaiblies. C'est les taux d'alcoolémie qui changent, qui
sont...
M. Durocher (André) : ...beaucoup
moins élevé qu'il était autrefois.
M. Derraji : Vous avez dit un
mot, la polarisation.
M. Durocher (André) : J'ai...
M. Derraji : Non, pas vous,
pas vous, pas vous. Non, non, pas vous.
M. Durocher (André) : Ah!
O.K.
M. Derraji : Pas vous. Pas
vous. Pourquoi?
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
en fait, ce que... la polarisation, quand j'ai... ce que j'ai dit, c'est il
faut... c'est une mesure qui mérite d'être expliquée pour ne pas... pour créer
le contexte favorable à son instauration. La polarisation, c'est quand on
n'explique pas, parfois, certaines personnes peuvent interpréter qu'on change,
par exemple, la limite, que, là, désormais, on va avoir un dossier criminel si
on est à 0,05, alors que la réalité est toute autre. Puis j'ai... mon opinion
est simplement de dire : Mesures aussi, quand même, qui a une charge
émotive, là, quand même. On en a parlé beaucoup, au Québec, au cours des
dernières années. Si on allait dans cette direction-là, j'ajoute qu'il faudrait
éviter la polarisation des opinions en faisant de l'éducation et de la bonne
explication sur quelle est sa portée, quel est ses bénéfices... quels sont ses
bénéfices. Il faut...
M. Derraji : Justement, le
ministère du Transport, avec son plan ambitieux d'agir sur la sécurité
routière, je pense, ils sont capables de faire...
Mme Gagnon (Sophie) : C'est
un outil de plus qu'on pourrait avoir, effectivement.
M. Derraji : Donc, c'est un
outil de plus qui... si on veut répondre d'une manière assez directe à la sécurité
routière aujourd'hui.
Mme Gagnon (Sophie) : Tout à
fait.
M. Derraji : On ne peut pas
entrevoir un si beau projet de loi sans parler de l'alcool au volant.
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
je pense que c'est l'objet de notre commentaire, et ce serait une façon de le
bonifier, effectivement. Encore là, comme je le dis, c'est une mesure qui
mérite explication, il faut la présenter à la population de façon bien... en
termes de gains puis de... pour ce qu'elle est, parce qu'il y a une charge, quand
même, qui demeure au niveau de l'acceptabilité.
Mme Godbout (Isabelle) : Oui.
Si je puis ajouter, en fait, c'est ça, c'est une mesure qui est mal comprise.
Alors, c'est pour ça que certains sont contre cette mesure-là. Donc,
effectivement, puis à 0,05, les facultés de conduire sont quand même altérées.
Puis la conduite, c'est quelque chose d'exigeant, qui demande que tous nos
réflexes soient vraiment aiguisés. Alors, c'est une façon aussi d'aller
chercher des gains au chapitre du bilan routier, puis c'est pour ça qu'on a
ajouté cette mesure-là.
Donc, l'objectif de tous, c'est
d'améliorer la sécurité routière, d'améliorer le bilan routier, et d'ajouter
des sanctions administratives qui ont fait leurs preuves dans les autres
provinces canadiennes où elles ont été instaurées, bien, c'est une façon
d'aller chercher des gains en cette matière-là.
M. Derraji : Je vais aller en
deux temps. Vous êtes des experts de la sécurité routière, vous faites pas mal
d'interventions, vous faites pas mal d'interventions sur la place publique.
Aujourd'hui, vous êtes dans une commission parlementaire où les élus doivent
prendre des décisions par rapport à un projet de loi. Depuis tout à l'heure,
vous parlez de la perception du public par rapport à cet enjeu. Moi, je vous
pose la question, en tant que législateur qui a une pièce devant lui, un beau
travail qui a été fait en amont, et je l'ai souligné. Il n'y a pas d'argument
de ne pas aller là, si on oublie la charge, parce que, ça, c'est en deuxième
temps, parce que... les photoradars, on peut dire : Ce n'est pas les gens
qui veulent payer des amendes, là, donc.
Mais là on parle... en tant que rôle du
législateur qui veut améliorer la sécurité routière. La ministre a parlé de son
plan. Il y a des mesures qu'on retrouve dans le plan. Vous, aujourd'hui, vous
êtes devant des législateurs qui... leur rôle, c'est légiférer et mettre des
lois qui vont améliorer la sécurité routière. Donc, aujourd'hui, restons dans
ce niveau. Après, on va aller au public.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui.
Bien oui, c'est une recommandation qu'on ferait d'opter pour des mesures qui
ont le potentiel de contribuer à l'amélioration du bilan, oui.
M. Derraji : Oui. Vous avez
mentionné l'INSPQ et vous avez mentionné les autres provinces canadiennes.
J'étais aussi en contact avec quelques groupes qui m'ont beaucoup sensibilisé
par rapport aux autres provinces canadiennes. L'INSPQ aussi, qui est un
organisme, je tiens à le rappeler, du Québec, a déjà statué que les résultats
de la littérature scientifique montrent que la performance du conducteur dans
ses différentes tâches de conduite est affectée de manière significative à
partir d'une alcoolémie de 50 milligrammes par... donc le fameux 0,05. Donc,
scientifiquement, c'est prouvé.
Tout à l'heure, vous avez mentionné... Je
ne veux juste pas faire d'erreur au niveau de votre nom, désolé...
Une voix : Durocher.
M. Derraji : M. Durocher,
vous avez parlé des résultats dans les autres provinces canadiennes. Avez-vous
des choses à nous partager?
M. Durocher (André) : Je vous
dirais, une des choses qui tombent peut-être un peu dans l'angle mort, outre le
fait que... en tout cas, je crois qu'on s'en va inévitablement vers ça, ça
c'est ma perception personnelle, mais il ne faut pas oublier ce qui est dans la
langue de mort, également, c'est...
M. Durocher (André) : ...comparé
à il y a plusieurs années, c'est que tout a changé. On sait que conduire un
véhicule, ça exige notre attention complète. Et maintenant, dans les véhicules,
qu'est-ce que c'est? Ce sont des centres de divertissement, c'est le téléphone,
c'est... Donc, ça vient encore compliquer la tâche. Je vous dirais, là... puis
ce n'est pas idéal, mais je vous dirais, à 0,05, il y a 40 ans, quand tout ce
qu'on avait dans notre véhicule, c'est simplement un radio qui, lorsqu'on
venait à bout de le mettre au bon poste, ça fonctionnait...
M. Derraji : Si ça
fonctionne, si ça fonctionne.
M. Durocher (André) : Maintenant,
on a tout dans le centre de divertissement, on prend nos messages, et tout.
Donc, de là l'importance d'être concentré. Puis, en plus de ça, bien, on a la
même chose du côté des piétons, des autres usagers de la route, qui eux aussi
ont leurs écouteurs... Donc, à ce moment-là, si on ne veut pas être impliqué ou
causer des tragédies, ça demande... c'est un travail à temps plein, en fait, de
conduire un véhicule. Toute notre attention doit être concentrée là-dessus.
M. Derraji : Et les
comparatifs par rapport aux autres provinces, vous avez dit au début... je ne
sais pas qui de vous deux ou vous trois a parlé que ça a marché, ça a donné des
résultats, le fait de juste commencer avec des mesures administratives, des
sanctions administratives.
M. Durocher (André) : Oui,
mais, je veux dire, ce qu'il faut garder cependant, là, on sait que les...
c'est différent aussi, hein, et je n'ai pas, là, tous les chiffres, donc je ne
m'avancerai pas sur les chiffres, mais les habitudes aussi de consommation sont
différentes dans les autres provinces canadiennes qu'au Québec. Ça fait qu'il
faut... il faut regarder, là... Je ne suis pas un scientifique, je vais laisser
ce travail-là aux chercheurs, mais je crois fermement... et, comme je dis, à
partir du moment où on n'a pas 100 % de nos capacités, on ne devrait pas
conduire un véhicule. Il y a trop d'alternatives possibles pour conduire son
véhicule lorsqu'on a consommé.
M. Derraji : Je pense que
vous avez de très bons arguments pour nous, en tant que législateurs, d'aller
de l'avant avec ça. Maintenant, revenons au public. Vous avez mentionné, vous
trois, sur la charge par rapport au public, au niveau de la... éviter justement
la polarisation. Pensez-vous qu'une vraie campagne menée par le ministère peut
justement démystifier que le but, ce n'est pas de cibler qui que ce soit, mais
plus de sensibiliser? Est-ce que ça pourrait... quelque chose d'envisageable?
Mme Gagnon (Sophie) : Oui, je
le disais, on a mesuré au fil des années un niveau d'évolution de la
connaissance là-dessus, mais on doit dire que... en fait, pas de la
connaissance comme de l'acceptabilité d'une telle mesure. Sauf que le niveau de
connaissance, quand on a fait des sondages, on sentait que les gens confondent
la mesure... une mesure administrative avec le taux légal fixé au Code criminel.
Puis je pense qu'il y a... Je pense donc que la... de bonnes campagnes de
sensibilisation, d'explication pourraient venir à bout des réticences ou des
craintes. Puis, encore là, comme je le dis, ça... c'est le genre de mesure qui
nécessiterait beaucoup d'attention, d'explication, puis de relais de message,
puis de travail en partenariat dans l'ensemble de la société, parce que c'est
quand même quelque chose qui...
M. Derraji : Donc, un
ajustement dans le cadre de ce projet de loi, une campagne de sensibilisation
avec les partenaires, pour vous, c'est une...
Mme Gagnon (Sophie) : En
continu, oui. Oui, oui.
M. Derraji : O.K. Merci.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine l'échange avec l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole à la deuxième opposition, M. le député de Taschereau, pour
quatre minutes huit secondes.
M. Grandmont : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, Mme Gagnon, M. Durocher, Mme Godbout. Moi aussi, à
l'instar de mon collègue de Nelligan, je vais aborder la question de l'alcool
au volant. Vous êtes les premiers à l'aborder, là, directement. C'est vrai,
dans les... dans les provinces canadiennes, on est à 0,05 partout, sauf en
Saskatchewan, on est à 0,04, donc on est plus bas. En Europe aussi, là, je
regardais les chiffres, puis, en Europe, on va de 0,00 à 0,05, sauf une place,
encore une fois, aussi il y a une exception, en... dans le Royaume-Uni. Est-ce
que... Est-ce que vous évaluez, à l'instar de ce que dit la santé publique,
qu'on est en retard au Québec par rapport à cet enjeu-là?
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
on n'utilise pas tous les leviers qu'on pourrait utiliser. Dans ce sens-là,
oui. Mais, en même temps, je pense qu'on a fait d'immenses progrès. Notre
taux... Le bilan routier est comparable quand même, mais ça fait partie... sur
cette stricte mesure là, c'est un outil qu'on a et qu'on n'utilise pas. Donc,
on peut penser... on pourrait dire ça, là.
M. Grandmont : Effectivement.
Merci. Oui, vouliez-vous ajouter quelque chose? Non?
Mme Gagnon (Sophie) : Isabelle,
tu veux ajouter quelque chose?
M. Grandmont : Non? O.K.
C'est parfait.
Mme Godbout (Isabelle) : Non,
c'est ça, on ne peut pas dire qu'on est en retard, mais il y a des
améliorations à apporter...
Mme Gagnon (Sophie) : Il y a
des outils.
M. Grandmont : Donc, c'est un
outil que d'autres ont décidé d'utiliser et que nous, nous n'utilisons pas.
Mme Godbout (Isabelle) : Exactement.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui,
c'est de même que je le dirais, oui.
• (12 h 20) •
M. Grandmont : Bon. À ce
jour. Bon, d'accord. Ça fait qu'on dit pas mal la même chose.
Maintenant, j'aimerais revenir à 2010,
parce qu'on a failli l'adopter en 2010, le 0,05 au Québec, avec des mesures
administratives. Évidemment, le 0,08, ça relève du criminel, donc le fédéral,
et le 0,05, c'est des mesures administratives. Et de ma compréhension ou de mon
souvenir, en fait, puis vous me corrigerez là-dessus, on voulait vraiment des
mesures administratives, mais extrêmement légères, là, il n'y avait presque
rien. Je me demande même s'il y avait des... Je pense que... Il me semble, puis
vous me corrigerez là-dessus, il n'y avait même pas d'amende là-dessus. Je ne
me souviens pas s'il y avait des contraventions. On confisquait évidemment le
permis parce que la...
M. Grandmont : ...mais, s'il y
a une personne à côté de nous qui pouvait conduire le véhicule pour rentrer à
la maison, ça... ça procédait comme ça, mais la personne n'avait plus le droit
de conduire pour la soirée. Doncm vraiment, c'était dans une approche de mettre
un premier jalon, puis, en parallèle de tout ça, faire énormément, évidemment,
de sensibilisation, comme vous l'avez nommé tantôt. Mais rappelez-moi, 2010,
là, comment ça, c'était... comment c'était programmé en fait, là?
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
je pense qu'il y avait eu un peu l'effet de polarisation que j'évoquais tantôt,
là, je pense qu'on a progressé depuis, mais il n'en demeure pas moins que, pour
moi, pour nous, on serait en faveur de justement une introduction douce,
d'expliquer, de faire de la sensibilisation, mais tout en ayant recours à un
outil qui est là. C'est sûr.
Mme Godbout (Isabelle) : Je
ne me souviens plus exactement, en 2010, c'était quoi, les sanctions qui
étaient proposées. Je me souviens qu'on s'était montré en faveur de ces
sanctions administratives là. Elles sont de divers ordres, là, elles ne sont
pas toutes identiques, là, dans les différentes provinces. Le but de ces
sanctions-là, c'est de faire réfléchir à la consommation du dernier verre. Puis
au fait aussi, si on se fait prendre une fois avec une sanction administrative,
ça te fait réfléchir davantage avant de te rendre au 0,08, qui, lui, a des
sanctions beaucoup plus importantes, là, pour un individu. Donc, c'est ça.
Donc... parce que nous, on a toujours affirmé, à CAA-Québec, que lorsqu'on
boit, on ne conduit pas, et on pense que l'introduction de sanctions
administratives ferait en sorte aussi de faire réfléchir à cette... à cette
situation-là.
M. Grandmont : Donc, dans le
fond, c'est le message qu'on envoie aussi : Faites attention, puis
surveillez-vous plus, parce que les gens savent très, très peu ce que c'est,
même, 0,08, là.
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
exactement, puis c'est... et c'est là qu'on dit : Si elle est bien
expliquée, s'il y a de la pédagogie, s'il y a de... s'il y a des bonnes
méthodes de mise en œuvre, c'est rendre service à tout le monde et à soi-même
en premier, là, lorsqu'on en est... c'est un méchant bon drapeau rouge qui se
lève, sans grande conséquence. Puis il ne faut surtout pas se rendre plus loin.
Alors, je pense que c'est...
M. Durocher (André) : J'ai eu
l'occasion à quelques reprises de faire des activités de sensibilisation alors
que j'étais policier, avec des gens, puis avec les... les ivressomètres, et les
gens étaient eux-mêmes surpris de voir. Non, non, je me sens bien, je peux
conduire ma voiture, et, lorsqu'ils voyaient le résultat sur l'ivressomètre,
là, ils étaient vraiment surpris. Donc, la pire personne pour décider de faire
le choix, en fait, c'est la personne qui consomme. Donc, on est un très, très
mauvais juge là-dessus. C'est pour ça qu'on... je crois qu'on est rendus là
actuellement.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, Mme Gagnon, Mme Godbout et M. Durocher, pour votre contribution aux
travaux de la commission. Et nous suspendons nos travaux jusqu'à la... les...
jusqu'aux avis touchant les travaux des commissions. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 21)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons les consultations particulières et les auditions publiques sur
le projet de loi no 48, Loi modifiant principalement le Code de la sécurité
routière afin d'introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection
et d'autres dispositions en matière de sécurité routière. Cet après-midi, nous
entendrons les organismes suivants : Piétons Québec, l'Association du
camionnage du Québec, Pas un mort de plus, Accès transport viable et Vivre en
ville.
Je souhaite la bienvenue aux
représentantes de Piétons Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à une période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
débuter votre présentation.
Mme Fournier (Véronique) : Merci,
M. le Président, Mme la ministre Geneviève Guilbault, Mesdames et Messieurs les
membres de la commission, représentants, représentantes du ministère des
Transports et de la Mobilité durable et de la Société de l'assurance automobile
du Québec, bonjour. Je me présente, Véronique Fournier, membre du conseil d'administration
de Piétons Québec depuis ses débuts. Je suis accompagnée aujourd'hui de
Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec. Piétons Québec
est un organisme à but non lucratif. Nous revendiquons la sécurité et le
confort pour toutes les personnes se déplaçant à pied au Québec. Depuis 2015,
nous travaillons à transformer les normes sociales, le cadre réglementaire et l'environnement
bâti en faveur des piétons.
M. le Président, nous tenons à souligner d'entrée
de jeu notre accord avec le projet de loi et les principes qui y sont apportés.
Nous tenons à remercier la ministre pour sa volonté et son écoute dans le
dossier ainsi qu'à la féliciter pour...
Mme Fournier (Véronique) : ...pour
sa proactivité et sa rapidité d'action. Nous sommes heureuses aujourd'hui de
pouvoir contribuer car nous pensons que, quoique le projet de loi fasse un pas
dans la bonne direction, ce projet mérite d'être amélioré afin que ses impacts
soient à la hauteur des intentions de la ministre.
En effet, malheureusement, en 2022, on a
connu le pire bilan des 15 dernières années, 79 personnes piétonnes
décédées sur nos routes. Donc, un changement en profondeur de notre cadre
réglementaire et législatif doit être opéré afin de protéger les personnes se
déplaçant à pied. Nous saluons notamment le fait que le projet de loi donne de
nouveaux outils pour la sécurité, notamment via l'ajout de mécanismes de
sanctions administratives pécuniaires pour des infractions constatées par un
système de détection. Également l'harmonisation des amendes pour le non-respect
de la priorité piétonne, l'obligation d'aménager la zone scolaire de façon
sécuritaire et l'instauration du 30 kilomètres/heure en zones scolaires
qui sont introduites par le projet de loi. Et cela vient établir, là, des bases
essentielles pour favoriser une cohabitation sécuritaire. Mais nous sommes
d'avis que ces mesures, bien qu'elles soient toutes pertinentes, ne sont pas
suffisantes et on est capable d'aller plus loin pour renverser la tendance en
ce qui concerne le bilan routier et ultimement sauver des vies qui sont
injustement perdues.
Ma collègue Sandrine va vous présenter
deux éléments qui mériteraient d'être grandement améliorés dans le projet de
loi, ainsi que trois mesures qui devraient être ajoutées à celui-ci afin qu'on
puisse avoir les impacts à la hauteur des intentions qui sont annoncées dans le
plan d'action en sécurité routière.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Merci,
Véronique. Donc, d'abord, au niveau des points d'amélioration, j'aimerais vous
entretenir des systèmes de détection qui sont au cœur du projet de loi. Comme
vous l'a mentionné Véronique, nous appuyons l'introduction du régime des
sanctions administratives pécuniaires. Nous pensons que ce nouveau principe
permettra de lever plusieurs barrières qui restreignent aujourd'hui
l'installation d'un plus grand nombre d'appareils au Québec. Nous craignons
cependant que le cadre mis en place par le projet de loi ne soit trop
restrictif pour permettre un déploiement important des systèmes de détection.
Un tel déploiement à large échelle est pourtant nécessaire pour que ces
systèmes aient une influence sur la norme sociale et favorisent l'adoption de
vitesses et de comportements sécuritaires. C'est en ayant l'impression qu'on se
fera prendre, peu importe où on circule, si on ne respecte pas les règles, que
de tels systèmes ont vraiment un effet. Le cas de la France à ce sujet est
vraiment éloquent.
En France, il est estimé qu'entre 2003 et
2012, les radars photo ont permis de sauver 23 000 vies. Cela a été
rendu possible grâce à un déploiement beaucoup plus important que celui qui est
prévu au Québec par le Plan d'action en sécurité routière. On pense donc qu'un
cadre plus flexible pour les municipalités qui voudraient accueillir de tels
appareils, afin de les additionner à ceux détenus par le ministère des
Transports et de la Mobilité durable, faciliterait l'augmentation du nombre
d'appareils et l'atteinte du résultat escompté, soit le changement des
comportements des usagers.
Ensuite, l'autre élément qui devrait être
modifié dans le projet de loi selon nous concerne l'article 52, qui
prévoit l'obligation d'aménager la zone scolaire de façon sécuritaire. Cette
obligation doit impérativement être étendue aux corridors scolaires, telle que
prévu par la mesure 2.1 du Plan d'action en sécurité routière. Se limiter
aux zones scolaires, soit les abords immédiats du terrain de l'école, équivaut
à ignorer 85 % des enfants piétons blessés et 95 % de ceux tués au
Québec qui le sont hors des environnements scolaires. Ce qui m'amène aux
éléments clés qui nous apparaissent essentiels à ajouter au projet de loi pour
que celui-ci établisse les bases d'une culture de protection des personnes qui
se déplacent à pied et permette de sécuriser les enfants sur l'ensemble de leur
cheminement au-delà des zones scolaires.
Le premier élément concerne la vitesse par
défaut en milieu urbanisé. Celle-ci est fixée à 50 kilomètres/heure par
l'article 327 du CSR. Nous recommandons d'abaisser cette vitesse à
30 kilomètres/heure, c'est-à-dire qu'en l'absence de signalisation
contraire, la vitesse maximale en agglomération serait maintenant de
30 kilomètres/heure. C'est vraiment une mesure porteuse qui est alignée
avec la vision systémique au cœur de l'approche Vision Zéro. Abaisser à
30 kilomètres la vitesse par défaut en agglomération aura un impact sur la
norme sociale liée à la vitesse. Cela lancera un message clair comme quoi
30 kilomètres/heure est la vitesse acceptable à adopter en milieu
urbanisé. En fait, c'est que 30 kilomètres/heure est la vitesse de
cohabitation sécuritaire. C'est vraiment... On a un consensus scientifique
clair à cet égard, si bien que l'Organisation mondiale la santé recommande que
la vitesse soit limitée à 30 kilomètres/heure dans les zones urbaines,
caractérisée par une interaction entre plusieurs types d'usagers de la route.
Concrètement, ce changement législatif
porteur aurait un impact sur la vitesse de conception qui est considérée pour
les rues en milieu urbain et influencerait donc les aménagements. En effet, la
largeur des voies est...
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : ...influencé
par la vitesse de référence considérée. De plus, en considérant à 30 kilomètres
heure comme étant la vitesse de cohabitation sécuritaire, cela impliquerait
que, si le gestionnaire routier décide d'aménager une rue avec une vitesse
supérieure, il doit aménager la traversée sécuritaire et séparer les piétons de
la circulation. Ce changement législatif doit donc se faire dès maintenant afin
que le guide de conception des rues en milieu urbain que le ministère des
Transports et de la Mobilité durable s'apprête à développer et qui sera diffusé
dès 2027, se base sur les meilleures pratiques actuelles.
Le deuxième élément concerne le principe
de prudence, soit l'article 3.1 du CSR. Vous trouverez le détail de nos
propositions pour le rendre applicable et sanctionnable dans notre mémoire,
mais, en bref, nous recommandons d'abord de retirer le troisième alinéa, qui,
en précisant le comportement attendu des usagers vulnérables, diminue, selon
nous, la portée.
Ensuite, aucune sanction n'est associée au
non-respect du principe de prudence à l'heure actuelle. Nous proposons donc de
l'associer à l'article 327 afin de le rendre applicable, puis nous proposons de
l'incarner à travers les différents articles du CSR en modulant les sanctions
associées à ceux-ci en fonction de la dangerosité du véhicule conduit.
Finalement, nous proposons aussi d'ajouter des sanctions pénales liées au
non-respect de l'article 327, ainsi que celles-ci puissent varier en fonction
des conséquences liées à l'infraction.
Le troisième élément que l'on souhaite
apporter comme bonification concerne le respect de la priorité piétonne au
passage jaune. Il est malheureusement de notoriété publique qu'au Québec les
conducteurs ne respectent pas les passages piétons, alors qu'ils sont beaucoup
mieux respectés dans les autres provinces canadiennes. Ce n'est pas seulement
un élément culturel. Les cadres législatifs de plusieurs autres provinces du
Canada font respecter la priorité piétonne aux passages piétons en clarifiant
que la responsabilité de la traversée sécuritaire incombe aux personnes au
volant des véhicules. Nous recommandons donc de faire de même et de modifier le
CSR afin de traduire cette responsabilité en retirant l'article 446, en
modifiant l'article 410 pour retirer toute ambiguïté sur la responsabilité du
conducteur de céder le passage aux piétons et en ajoutant un article obligeant
les conducteurs à s'arrêter lorsqu'un autre véhicule est immobilisé à un
passage pour piétons. Nos enfants ne devraient pas avoir à voir passer quatre
véhicules devant leurs yeux avant de pouvoir s'engager sécuritairement dans un
passage piéton. Notre grand-mère ne devrait pas mettre sa vie en danger parce
qu'un premier conducteur lui a cédé le passage, mais qu'un second le double
sans vérifier si quelqu'un était engagé dans le passage avant.
Nous invitons donc les parlementaires à
considérer ces trois éléments dans l'étude du projet de loi afin de saisir
cette occasion de mettre en place des mesures prometteuses qui contribueront à
atteindre les objectifs établis par le plan d'action en sécurité routière.
Notre mémoire contient aussi quelques
autres recommandations pour que notre cadre législatif et réglementaire
favorise une culture piétonne, par exemple, en assurant la prise en compte des
besoins des usagers du transport actif sur les routes du réseau supérieur et en
intégrant la rue piétonne dans la définition du chemin public.
Mme Fournier (Véronique) : Pour
conclure, bien, par l'adoption du plan d'action en sécurité routière, le
gouvernement du Québec s'est engagé à ne plus considérer comme acceptable que
des piétons meurent et soit blessés gravement sur les routes du Québec. Par
l'adoption de l'approche Vision zéro, bien, nous affirmons que notre société a
le pouvoir et le devoir de faire mieux. L'adoption du projet de loi doit être
la première démonstration concrète de cet engagement suite à l'adoption du
plan.
En saisissant cette occasion pour que le
projet de loi assure le déploiement d'appareils de contrôle automatisés en
nombre suffisant, la sécurisation du cheminement des élèves, l'abaissement de
la vitesse de base de référence en agglomération à 30 kilomètres heure et la
sanction de comportements qui mettent en danger des usagers vulnérables, nous
pouvons arriver à prévenir des drames.
Donc, aujourd'hui, avec Piétons Québec, au
nom des piétons du Québec, on vous demande, à travers ce projet de loi...
d'inviter, pardon, à travers ce projet de loi, à apporter des modifications, à
rehausser la barre pour qu'on fasse en sorte qu'ensemble on puisse sauver des
vies sur les routes du Québec. Merci beaucoup.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons donc entamer les discussions avec les
membres de la commission par le groupe représentant le gouvernement et Mme la
ministre des Transports et de la Mobilité durable, pour 16 min 30 s.
Mme Guilbault :Oui, merci. Merci beaucoup, M. le Président. Rebonjour,
Mesdames. Merci d'être ici avec nous cet après-midi. Toujours très intéressant.
Depuis notre première rencontre, beaucoup de chemin a été parcouru, sans jeu de
mots, avec votre mission, mais c'est quand même ça qui est ça. Je me souviens
la première fois que vous êtes venues me voir à mon cabinet puis qu'on a parlé
ensemble de vos objectifs, et tout ça, puis je me plais à croire que plusieurs
des idées que vous m'aviez amenées dans cette rencontre-là sont dans mon plan
d'action pour la sécurité routière, toujours dans le contexte où le projet de
loi d'aujourd'hui, qui est l'objet...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :...notre discussion, mais qui est un des outils qu'on
utilise pour opérationnaliser le Plan d'action en sécurité routière 2023-2028,
qui, lui, est vraiment la pièce maîtresse, avec toutes les mesures, qui couvre
plusieurs angles. C'est sûr que toute la question des zones scolaires, pour
vous, les aménagements sécuritaires, est au coeur de ce que vous nous proposez.
Puis je vais en profiter pour reglisser le fait que... parce qu'il y a quand
même un axe, là, qui est aménagement sécuritaire pour les piétons, le deuxième
axe, donc, vraiment... puis là, qui est largement inspiré, je dois dire, là, de
ce avec quoi vous nous aviez alimentés à l'époque, quand je vous ai rencontrés,
la création du chapitre Piétons, dont moi, je suis très, très fière, qui n'est
pas encore fait, mais qui va se faire à même le tome I de la... pour la
conception routière, dans la collection des normes et ouvrages. Donc, je suis
très heureuse de ça.
Sur la question des... J'aurais des
questions sur les zones comme telles, la question des zones scolaires, mais
pour les aménagements, parce qu'on dit : «rendre obligatoires les
aménagements dans les zones scolaires». C'est ça qu'on dit dans le plan. On
parle aussi des... en fait, dans mon plan, on évoque aussi les corridors
scolaires. Mais la façon d'y arriver, c'est en faisant les... en rendant
obligatoire l'aménagement, et nous, au ministère, allons mettre à jour le guide
Redécouvrir le chemin vers l'école, qui est sans doute un guide que vous
connaissez, ou... à moins que vous me disiez que...
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Tout
à fait.
Mme Guilbault :Oui? C'est ça. Bon, alors, pour nous, une des façons d'y
arriver, outre ce qu'on fait dans le projet de loi, ça va être de sensibiliser
les gens, parce que la notion de corridor scolaire est un peu plus difficile à
définir ou à circonscrire qu'une notion de zone scolaire. Alors, quand on
dit... L'aménagement des corridors scolaires, tu sais, à un moment donné, il
faut qu'il y ait aussi une espèce de circonscription des zones, parce que,
sinon, ça peut être tellement, tellement illimité que ça devient difficile, tu
sais, du point de vue d'une petite municipalité, par exemple, qui est avec une
école qui est sur un grand chemin, qui appartient au réseau provincial. À un
moment donné, le corridor, il commence puis il arrête où? Donc, c'est pour ça
qu'avec la notion de zone scolaire, au moins on avait, je trouve, un référent
qui était peut-être plus simple ou plus objectif, auquel tout le monde pouvait
se référer, à la fois les partenaires municipaux et nous. Mais le guide Redécouvrir
le chemin vers l'école, lui, prend en compte plus largement la notion de
corridor scolaire.
Ça fait que j'aimerais ça vous entendre
sur la complémentarité entre l'obligation législative qu'on met là pour les
zones, en complément avec le guide, qui, lui, va vraiment servir... puis elle
va être livrée, la mise à jour, en 2024, cette année... qui, maintenant, va
devoir être pris en compte, là, dans l'aménagement des municipalités, donc qui
viendra ajouter le complément, finalement, pour atteindre le même objectif
global que ce que vous proposez.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
en fait, la raison pour laquelle on souhaiterait que, dans la... dans le
libellé de l'obligation, on inclut les corridors scolaires, c'est que le guide,
il existe aujourd'hui. Oui, il nécessite une mise à jour, mais il existe
aujourd'hui, puis ça ne fait pas en sorte que les corridors scolaires sont
aménagés partout, au Québec, de façon sécuritaire. Donc, de l'ajouter dans l'obligation,
donc, qu'on oblige d'aménager, de façon sécuritaire, les zones scolaires et les
corridors scolaires, à ce moment-là, permettrait de s'assurer qu'il y a une
uniformité d'une municipalité à l'autre. Ce n'est pas normal qu'un enfant qui
habite dans une municipalité X n'ait pas le droit à la même sécurité dans son
déplacement, dans son cheminement vers l'école que s'il habite dans une
municipalité Y, où la municipalité a décidé d'aménager des trottoirs et la
traversée des rues sécuritaire.
Puis ce que j'ai dit dans mes remarques d'entrée,
c'est que c'est 85 % des enfants blessés qui le sont à l'extérieur de l'environnement
scolaire, donc on passe à côté de la grande majorité des collisions impliquant
des enfants piétons. Si on agit seulement sur la zone scolaire... puis c'est
ça, l'enjeu qu'on souhaite amener avec les... avec vous aujourd'hui, puis
discuter... si la solution, ce n'est pas possible de l'amener par le corridor
scolaire, bien, c'est pour ça que la solution de mettre le 30 kilomètres comme
vitesse de... par défaut, en milieu urbain, amènerait également cette
responsabilité-là. Donc, on dirait : c'est 30, la vitesse de base, par
défaut, à moins de signalisation contraire. Et, à ce moment-là, ça met le
fardeau de responsabilité d'aménager des... les aménagements correspondants si
on décide que la vitesse qui est affichée va être supérieure à 30
kilomètres-heure, puisqu'à ce moment-là on est conscients que la vitesse de
cohabitation n'est pas celle qui a été choisie, donc on doit assurer, par l'aménagement
de trottoirs ou de traverses piétonnes sécuritaires, la sécurité des
cheminements. Donc, ce serait une autre façon. Si on n'est pas capables d'intégrer
les corridors scolaires dans l'obligation d'aménager, le 30 kilomètres-heure,
comme vitesse par défaut, serait une autre façon d'arriver à nos fins.
Si on garde le projet de loi tel qu'il est
proposé, oui, c'est un pas en avant, on amène l'obligation...
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : ...la
zone scolaire, de l'aménager de façon sécuritaire. Et c'est très important pour
nous, les aménagements, mais on a la crainte que le guide qui existe déjà
aujourd'hui ne soit pas plus appliqué de façon uniforme qu'il l'est à l'heure
actuelle.
Mme Guilbault :Oui. Non, mais effectivement, puis c'est un peu... parce
que, tu sais, quand on dit... Parce qu'il faut toujours trouver l'équilibre
aussi entre justement peut être avoir des... Tu sais, nous, on veut être sûrs
que les gens vont l'appliquer puis qu'on ne se retrouve pas où il y a tellement
un manque de mobilisation, ou d'adhésion, ou une désaffection que, tu sais, on
n'atteint pas l'objectif, puis ça devient trop compliqué d'aller chercher les
gens. Avec la notion de zone scolaire... puis tout à l'heure, je vais vous...
je vais y revenir, là, je vais vous poser la même question que j'ai posée au
CAA tout à l'heure sur qu'est ce que vous pensez des zones scolaires, est-ce
qu'on devrait élargir la période pendant laquelle c'est considéré une zone
scolaire? Mais je vais y revenir dans un deuxième temps. Mais aussi, tu sais,
si en mettant toutes les routes d'un réseau municipal à 30 kilomètres/heure,
est ce que vous ne pensez pas qu'à un moment donné il va y avoir une
désensibilisation, puis les gens vont graduellement aller à 35 à 40, puis ils
vont remonter à 50, sauf quand ils sont physiquement proches d'une école puis
qu'ils voient des pancartes de piétons, puis que, là, c'est le vieil instinct
qui revient? Je pose la question, là. Parce que tu sais...
Puis je vous donne un exemple. Moi,
j'habite dans ma circonscription de Louis-Hébert, et là, notre municipalité,
sans même que je me mêle de ça, ça n'a rien à voir, c'est un hasard, ils ont
décidé d'adopter au conseil municipal 30 kilomètres/heure sur les rues
résidentielles, locales, tertiaires et dans les zones scolaires en tout temps,
les routes locales à 40 kilomètres/heure, les routes collectrices à
50 kilomètres/heure. Des aménagements sont graduellement mis en place pour
sécuriser les déplacements des piétons et des cyclistes. Voici le projet qui
sera réalisé sur la route Racette. Bon. Bienvenue à ceux qui veulent venir voir
la route Racette en passant chez nous, dans Louis-Hébert. Mais c'est un
exemple. Moi, j'ai vu ça passer sur Twitter, qu'on n'appelle plus Twitter. En
tout cas, c'est une décision du conseil municipal qui me semble aller un peu
dans le... qui me semble découler de ce mouvement-là qu'on a apporté depuis un
an en remettant la sécurité routière au goût du jour, en en parlant beaucoup
dans les médias, en déposant le plan d'action. Ça fait que je sens qu'il y a
une... puis c'est une petite municipalité, on est 20 000. Donc, je sens
qu'il y a un mouvement aussi.
Alors, en misant aussi sur cette volonté
là des municipalités de prendre par elles-mêmes ces décisions-là sur le réseau
qui les concerne, pensez vous que, dans l'ensemble, on peut quand même, tu
sais, améliorer les choses sans tomber dans des prescriptions trop strictes qui
pourraient être plus ou moins réalistes, considérant les moyens relatifs puis
les possibilités relatives d'une place à l'autre?
• (15 h 40) •
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Oui.
Bien, vous avez tout à fait raison qu'il y a un mouvement en ce moment au
niveau des municipalités pour établir des ententes, notamment dans les rues
locales. Et cette proposition là, de vitesse à 30 par défaut, aiderait les
municipalités qui vont dans cette ligne là, parce que, dans plusieurs rues
locales, il n'y a pas d'affichage de vitesse. O.K.? Donc, c'est la vitesse par
défaut au CSR qui prime. Et s'ils veulent rendre une zone 30, ils doivent
acheter des panneaux puis les mettre dans toutes les rues pour créer ces zones
résidentielles à 30 kilomètres/heures là. Donc, si on adoptait ces
changements législatifs là, en faisant passer la vitesse par défaut de 50 à
30 kilomètres/heure, bien, on aiderait ces municipalités-là qui vont dans
cette lignée-là et ça ne les empêcherait pas d'avoir leurs rues collectrices à
40 puis leurs rues artérielles à 50.
En fait, la réalité, c'est que si ce
changement législatif là est adopté demain matin, il n'y a rien qui change sur
toutes les rues où il y a un panneau de vitesse qui est présent, c'est
seulement sur les rues où il n'y a aucun panneau de vitesse que la vitesse
passe en agglomération de 50 à 30 kilomètres/heure. Donc, ça devient la vitesse
de référence de base parce que c'est la vitesse qui prévoit une cohabitation
sécuritaire entre les usagers. Puis c'est l'OMS qui nous dit que c'est ce qu'on
doit faire. C'est une mesure finalement qui va réduire le fardeau de la
transformation qu'on a à faire puis qui va aussi influencer la façon dont on va
aménager les rues. En les prévoyant à 30 kilomètres/heure, bien, on peut
les faire plus étroites, puis ça évite d'avoir à revenir ensuite, puis de
mettre la modération de circulation. Puis ça, c'est des coûts pour les
municipalités, là, de venir intervenir dans un deuxième temps. Donc, ça, c'est
pour ce volet-là.
Pour le 30... le fait que ça nuirait aux
zones scolaires, bien, on sait, par l'expérience au Québec, que ça fonctionne
beaucoup mieux une zone à 30 kilomètres/heure, qu'il y a un petit segment
de rue à 30 kilomètres/heure. Également, ça influencerait la norme
sociale. Si on sait qu'en agglomération, en milieu bâti, c'est 30, bien, ça
deviendrait une habitude chez les Québécois de rouler à
30 kilomètres/heure en zone habitée. Est-ce que tu voulais compléter?
Mme Guilbault :Oui, parfait. Bien, effectivement, c'est ça. Mais comme je
disais, c'est toujours de trouver l'équilibre. Moi, c'est sûr que par défaut...
Mme Guilbault :...quand il n'y a pas de pancartes dans les rues
résidentielles, on a tendance, de toute façon, à ralentir, sauf les
récalcitrants, qui, eux, je pense, peut-être, ne ralentiraient pas plus,
malheureusement. Mais je comprends l'idée.
Puis sur la notion de zones scolaires,
comme je disais tout à l'heure, actuellement, dans le règlement, c'est prévu à
être de 7 heures à 17 heures, de septembre à juin, et là, nous, on
réfléchit à la possibilité d'étendre les heures pour qu'en fait la zone
scolaire soit considérée une zone scolaire toute l'année, en tout temps, en
fait, avec... en nous disant qu'il y a des enfants qui gravitent toujours un
peu autour de ces milieux-là, parce que, même si ce n'est pas l'année scolaire,
il y a des terrains de jeux, il y a des services de garde, il y a des jeux dans
la cour. Moi-même, je vais au parc avec mes enfants le soir. Ce matin, il y a
des gens qui disaient, à l'inverse : Il y a des écoles sur des grandes
artères passantes, où il n'y a pas grand-chose d'intéressant là, tu n'y vas pas
à moins d'aller à l'école, là, alors, tu sais, évitons le mur-à-mur. Donc,
j'aimerais ça vous entendre un peu là-dessus.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
dans notre mémoire, par rapport à cette question spécifique là, ce qu'on
proposait, c'est d'y aller avec un 24 heures sur 24, de façon générale,
puis qu'après ça effectivement, pour éviter le mur-à-mur, s'il y a des
exceptions, ça pourrait être revu. En fait... excusez-moi, je cherche l'exemple
qu'on avait mis... c'est la Nouvelle-Écosse où la zone scolaire s'applique en
tout temps, 24 heures par jour, sept jours par semaine, 365 jours par
année. Puis, en fait, de plus en plus, on a des écoles où les cours d'école
sont aussi des parcs qui sont utilisés, des parcs-écoles, il y a souvent du
parascolaire, etc. Donc, ces zones-là devraient être des zones apaisées, là,
selon nous, en tout temps, avec exceptions, si nécessaire.
Mme Fournier (Véronique) : Puis
je me permets de rajouter également, sur la notion du 30 ou de la zone... On
parle beaucoup, bon, de la zone scolaire aux abords des écoles, mais on
pourrait faire un parallèle, par exemple, auprès des établissements de santé,
où on a une clientèle... des usagers aînés vulnérables ou des gens en situation
de handicap ou de mobilité réduite. On parle de... la société québécoise est
vieillissante. Les piétons, les décès et les blessures graves surviennent chez
les aînés. On parle, par exemple, de maintien à domicile, de favoriser la
mobilité des gens dans leur communauté. On doit être en mesure d'offrir des
déplacements puis des cheminements qui sont sécuritaires sur l'ensemble,
finalement, de leurs déplacements. Donc dans la... la vitesse à
30 kilomètres-heure, de vitesse de référence, ça permet également,
finalement, de sécuriser aussi l'ensemble des espaces urbains où il y a des
usagers vulnérables qui sont à même de se déplacer. Puis autant que l'enfant
n'est pas qu'un écolier, autant que les aînés n'est pas juste, par exemple, un
prestataire de soins, ou autres. Donc, on a à sécuriser, finalement, sur
l'ensemble des besoins qu'on peut avoir comme personnes qui se déplacent à
pied, donc d'où la proposition, aussi, d'une vitesse apaisée, sécuritaire, en
fonction, aussi, de ce qui est énoncé par l'Organisation mondiale de la santé.
Mme Guilbault :Merci beaucoup. Je vais céder... Il me reste combien de
temps? Très peu?
Le Président (M. Jacques) : Il
vous reste moins de trois minutes.
Mme Guilbault :Je vais céder ma parole au député de Masson.
Le Président (M. Jacques) : De
Masson. M. le député de Masson.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Mme Robin et Mme Cabana-Degani, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Je vais y aller rapidement sur une question. À la page 16 de votre
mémoire, vous abordez, là, les appareils de contrôle automatisé puis vous
parlez des enjeux d'acceptabilité sociale pour l'implantation. Bon, tu sais,
jusqu'à maintenant, là, ça s'est bien passé, c'était fait dans des endroits
stratégiques, de façon transparente, avec les automobilistes, puis c'est fait
aussi, tu sais, de façon centralisée et cohérente à travers le territoire du
Québec. Vous... Bon, vous le mentionnez vous-même à la page 16 de votre
mémoire, là, que le fait de passer, là, de 50 à 250, c'est une augmentation de
500 %. Vous venez faire une recommandation de déléguer le contrôle des
emplacements aux municipalités puis vous nous recommandez aussi, de ce fait,
d'augmenter, de façon drastique, le nombre. Tu sais, est-ce que... Ma question,
c'est : est-ce que vous croyez qu'il pourrait y avoir un manque
d'acceptabilité sociale? Tout à l'heure, CAA-Québec est venu nous mentionner,
justement, ce point-là. Ça fait qu'il y aurait cette première question-là.
Puis, deuxième question, si vous voulez répondre les deux en même temps, dans
les zones scolaires, les routes de compétence provinciale aux abords des
chantiers, tu sais... bon, là, vous dites, là, que si... ce que je comprends,
c'est que, si on le délègue aux compétences municipales - tu sais, c'est
vraiment ça que vous mentionnez - est-ce que vous ne pensez pas qu'une
décentralisation pourrait, justement, avoir une perte d'acceptabilité sociale?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
en fait, dans les juridictions où il y a eu des effets importants, là, par rapport
à la mise en place des radars photo, c'est le fait qu'il y en avait partout,
donc, qui a vraiment eu un effet sur le comportement des usagers. C'est en
pensant qu'on va se prendre... qu'on va...
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : ...prendre
peu importe où on circule qu'on a un effet sur la sécurité routière. Le
problème aujourd'hui, ce n'est pas un problème de trappe à tickets ou
d'acceptabilité sociale. Le problème, c'est un problème de sécurité routière
pour les piétons, puis je pense que c'est là-dessus qu'on doit se concentrer si
on veut avoir un effet sur la sécurité routière.
Quand on regarde la France, qui a sauvé
23 000 vies en à peu près 10 ans en mettant des radars photo,
c'est un radar fixe pour 10 000 véhicules sur les routes. Avec... Oui,
on prévoit une hausse importante au Québec, mais on serait à un radar pour
28 000 véhicules sur un territoire vraiment plus élevé. Avec cette
proportion-là, on se retrouverait avec 0,1 appareil de contrôle par
1 000 kilomètres carrés, ce qui est moins que le pire pays d'Europe,
qui est l'Irlande, avec 0,2 appareil par 1 000 kilomètres
carrés. Donc, si on veut que cette mesure-là ait un réel effet préventif sur la
sécurité routière, puis qu'ils ne servent pas juste à donner des contraventions
à des endroits précis...
Le Président (M. Jacques) : Ceci
termine les échanges avec la partie gouvernementale. Je cède maintenant la
parole au porte-parole de l'opposition officielle, et en l'occurrence M. le
député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bien, merci à vous deux. Je vais prendre une note plus personnelle
de remercier une ex-collègue. Je vais me permettre de dire... En général, on le
nomme avec un nom de famille, mais voilà : Véronique, bienvenue en
commission parlementaire, et je vois que, toujours, la fibre de l'implication
est toujours là. Donc, bienvenue à vous deux.
Je vais commencer avec votre première
remarque. Vous dites que vous estimez que «les mesures mises en place par ce
projet de loi sont intéressantes, mais qu'elles n'auront malheureusement pas
les impacts proportionnels aux intentions de la ministre.» C'est quand même
tout un constat, parce que, si nous sommes réunis tous aujourd'hui en
commission parlementaire... écouter les groupes, c'est... on veut améliorer le
projet de loi. Donc, vous savez c'est quoi, les intentions de Mme la ministre,
vous avez... vous suivez aussi l'actualité, les intentions des groupes par
rapport à la sécurité routière. C'est quoi, les choses que vous dites
aujourd'hui, là, que le législateur doit mettre en place afin que les
intentions, que ça soit de la ministre ou de nous tous, aient l'impact
proportionnel?
Mme Fournier (Véronique) : Oui,
merci. Non, mais dans les... Il y a trois éléments phares, là, sur lesquels on
souhaite mettre l'emphase : on va parler du corridor scolaire, de la
vitesse en milieu urbain, mais il y a toute la question de renforcer le
principe de prudence en le rendant applicable et en rendant également... le
rendant sanctionnable. Et au Québec, par exemple, il y a des droits qui sont
reconnus aux piétons, mais actuellement, dans les mesures qui sont proposées,
il n'y a pas nécessairement l'ensemble des dispositifs pour être en mesure de
les reconnaître ni pour être en mesure de les exercer comme personnes qui se
déplacent à pied. Donc, oui, dans le projet de loi, il y a plusieurs mesures
qui viennent augmenter les sanctions, par exemple. Mais, si on pense aux
traversées piétonnes dans les blocs jaunes, là encore, il n'y a pas assez de
mesures qui permettent de venir sanctionner ces éléments-là. Je laisserais
Sandrine compléter sur ces mesures.
• (15 h 50) •
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Oui.
Donc, on prévoit des mesures assez concrètes, là, dans notre mémoire par
rapport à ces éléments-là pour permettre aux piétons d'exercer leurs droits.
Par rapport au principe de prudence, on propose d'abord de retirer le troisième
alinéa du principe, qui vient atténuer le principe de prudence, puis surtout,
pour le rendre sanctionnable, on propose de l'allier à l'article 327, là, qui
parle de la conduite mettant en danger la vie ou la sécurité des personnes,
pour que le fait de ne pas faire preuve d'une prudence accrue envers un usager
plus vulnérable que soi soit un des comportements qui soient sanctionnables
comme mettant en danger la vie et la sécurité des personnes. Donc, ça
permettrait vraiment de l'appliquer de façon concrète dans le CSR, parce qu'en
ce moment il est seulement un... il reste à l'étape d'un principe.
On propose aussi d'avoir une
proportionnalité des sanctions dans l'ensemble du Code de la sécurité routière
qui permettrait d'avoir des sanctions plus importantes si on est au volant d'un
véhicule qui est plus dangereux. Donc, notamment, c'est quelque chose qui
existe par rapport aux cyclistes, par rapport aux automobilistes. Donc, je
m'explique. Si on est cycliste et qu'on brûle un feu rouge, la sanction va être
moins grave que si on est au volant d'un véhicule, parce que les conséquences
sont moins graves pour les autres. Bien, il pourrait y avoir le même principe
qui s'applique aux conducteurs des véhicules lourds, par exemple, parce qu'on
sait que ces véhicules-là sont surreprésentés notamment dans les décès piétons,
mais sont aussi dangereux pour les autres automobilistes et pour les autres
usagers vulnérables. Donc, au volant de ces véhicules-là, on devrait faire
preuve d'une prudence accrue...
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : ...et
ça devrait se refléter dans l'application du Code de la sécurité routière.
L'autre volet, c'est par rapport aux
passages piétons. On sait que ce n'est pas très bien respecté, au Québec, donc
on pense qu'il y aurait lieu, là, en modifiant certains articles du Code de la
sécurité routière, de venir vraiment préciser que c'est la responsabilité du
conducteur de s'assurer qu'il peut s'engager sur un passage piéton sans danger
avant de le faire et qu'il n'y a pas de piéton, là, sur sa voie.
M. Derraji : Vous le dites,
un peu plus tard, vous dites que... «ne voit pas dans le projet de loi une
réforme majeure qui aurait permis de mettre le piéton au coeur de notre système
de mobilité». En fait, ce que vous prônez aujourd'hui, si on veut aller plus
loin, c'est mettre le piéton au cœur du système de mobilité, c'est ça,
l'analyse que vous...
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
en fait...
M. Derraji : Oui, allez-y.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Non,
non, vous pouvez terminer.
M. Derraji : Non, non, mais
j'ai terminé. Allez-y, allez-y, je vous écoute.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : En
fait, en mobilité, là, si on veut assurer la sécurité de tout le monde, on
devrait avoir une pyramide inversée qui fait en sorte que c'est le piéton qui
est le plus vulnérable. Donc, c'est à... lui qu'on doit s'assurer qu'il est le
plus en sécurité. Ensuite, les cyclistes, les automobilistes, les camionneurs.
Donc, pour s'assurer la sécurité de tout le monde, si le piéton est en
sécurité, les autres usagers sont en sécurité, également.
M. Derraji : C'est très bien.
Non, c'est très clair, c'est excellent. Vous dites, un peu plus tard,
«l'exigence d'aménager la zone scolaire introduite par l'article de loi étendue
au corridor». Donc, vous faites... vous, vous voulez élargir, qu'on ne se
limite plus au niveau de la zone scolaire, versus corridor scolaire.
Là, j'ai le goût de vous poser la
question, j'ai entendu, Mme la ministre vous la poser tout à l'heure, on parle
toujours d'acceptabilité sociale, est-ce qu'au-delà du beau principe... C'est
très beau, dire qu'on veut élargir au niveau des corridors scolaires, on ne
veut plus juste la zone scolaire. L'acceptabilité sociale... les gens ne seront
pas tannés de voir que... Déjà, on a de la misère à l'assurer dans la zone
scolaire, mais on veut élargir au corridor scolaire. Parce que ce qu'on veut,
c'est... comme vous venez de le dire, c'est protéger la sécurité des piétons,
c'est très important, mais on ne veut pas avoir plus de rage au volant.
Mme Fournier (Véronique) : Bien,
je pense que ça ramène à la question du droit. Conduire, ça demeure un
privilège, être... pouvoir se déplacer puis répondre à nos besoins de base,
comme personne, c'est un droit de pouvoir le faire en sécurité, un droit à la
mobilité, puis on pourrait même l'élargir plus largement, l'ONU reconnaît le
droit à un environnement sain, et ça fait partie de cette capacité-là aussi
d'être dans des environnements qui sont favorables à la santé.
Lorsqu'on parle d'acceptabilité sociale,
on l'a vu, l'automne passé, on l'a vu dans les années, et malheureusement ça
refait souvent l'actualité, des communautés, des citoyens, des parents qui se
mobilisent pour sécuriser leurs quartiers, pour sécuriser leurs écoles. Et là
on parle d'enfants, mais il y a des voix très silencieuses qu'on n'entend pas,
les aînés qui décèdent, qui sont blessés gravement. Pour moi, ça, ça ne peut
pas être de l'acceptabilité sociale.
Puis, lorsqu'on pose, avec le plan
d'action en sécurité routière, comme principe la vision zéro, bien, un geste
fort, ce serait de se dire : Au départ, on a le droit, chacun d'entre
nous, à notre intégrité et notre sécurité lorsqu'on se déplace dans nos milieux
de vie. Et, si ça demande des dispositifs qui soient de contrôle, d'aménagement,
mettons-les en place. On a un devoir et on a surtout un pouvoir, comme société,
d'agir en ce sens-là. Oui, c'est un changement de normes sociales, c'est un
changement de comportements, mais j'ai de la misère à penser que, face à la
voix des familles, des gens qui sont touchés par les conséquences, des victimes
de collisions sur la route, que ça fait le poids par rapport à quelques
secondes de sauvées, par exemple, un virage à droite, on parle de 3 à 6
secondes dans une journée. Une vie... je n'ai pas besoin d'aller plus loin.
M. Derraji : Non, mais vous
mentionnez déjà le virage à droite... Je reviens au corridor scolaire. Peu
importe le milieu urbain, rural, vous, vous dites : Il faut aller avec le
corridor scolaire. Et ce que vous dites aussi, c'est 24 heures par jour, sept
sur sept, donc, tout au long de l'année, il faut que ça soit la norme.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
en fait, je ferais juste une distinction. Pour la zone scolaire, c'est 24
heures sur 24. Le corridor scolaire, lui, ce qu'on vous propose, c'est qu'il
soit défini par les municipalités, parce que ça ne peut pas être,
malheureusement, à l'Assemblée nationale, qu'on décide où sont les corridors
scolaires partout au Québec. Les municipalités pourraient définir ces corridors
scolaires là en fonction de leur réalité, ce ne sera pas du mur-à-mur, mais
qu'on oblige l'aménagement de ces corridors-là en fonction de la réalité, de
façon sécuritaire.
M. Derraji : Vous êtes le
premier groupe qui nous parle, mais je pense qu'il y en a d'autres un peu plus
tard, de l'institution d'un protecteur de l'usager de la route. Pourquoi?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
tout à l'heure...
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : ...Véronique
a parlé des principes d'exercer son droit à la sécurité. C'est un peu un
parallèle par rapport aux normes de santé-sécurité au travail, hein? On ne va
pas accepter des éléments qui mettent en danger les gens pour une question
d'acceptabilité sociale. On se dit : Il faut éliminer le danger à la
source. Puis c'est un peu la même chose en sécurité routière, on doit
travailler sur éliminer le danger à la source et mettre en place les outils
pour le faire. Et le Protecteur du citoyen agirait en sorte de chien de garde à
ce niveau-là pour faire le suivi des demandes des plaintes des citoyens, mais
aussi les recommandations des coroners. Puis je pense qu'il y a un groupe de
parents... Pas une mort de plus, le collectif Pas une mort de plus qui
viendront vous en parler davantage tout à l'heure.
M. Derraji : Il y a un autre
point que vous avez ramené, c'est imposer des sanctions au-delà d'un taux
d'alcoolémie de 0,05. Je pense que vous avez vu le groupe de ce matin,
CAA-Québec. Vous avez vu l'Association de la santé publique, l'INSPQ. Pourquoi
c'est nécessaire? Parce que ça ne figure pas dans le projet de loi. Pourquoi...
pourquoi c'est nécessaire pour vous d'avoir cet élément dans le cadre de ce
projet de loi, ou bien : Est-ce nécessaire? Vous le mentionnez, mais
est-ce qu'on doit le mettre?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
pour nous, c'est une mesure qu'on a appuie, ça lancerait un message fort comme
quoi c'est important de ne pas boire en conduisant. Puis, en fait, on
laisserait les groupes qui ont cette expertise-là vous expliquer les tenants et
aboutissants des pourquoi, et tout ça. Il y a énormément d'études qui
démontrent que ça a un effet. Donc, on appuie cette... cette demande-là.
M. Derraji : Donc, vous, vous
êtes plus en appui, donc, ce n'est pas quelque chose que votre organisme
Piétons Québec a exploré, où vous êtes interpellés par rapport à cet enjeu.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
c'est sûr que la question de l'alcool, c'est moins notre expertise, mais c'est
une recommandation. On a pris quand même connaissance de la documentation liée
à ça et ça nous a convaincus. Donc, c'est une recommandation qu'on a appuie.
M. Derraji : Ce n'est
jamais... Ça ne figure pas dans la version finale. On va tout faire pour
l'avoir, mais si jamais ce n'est pas le cas, ça serait quoi votre conclusion?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Je...
de comprendre.
Mme Fournier (Véronique) : Si
ce n'était pas le cas, je pense, un peu à l'image de d'autres éléments du... ou
du projet de loi, le 0,5 selon l'ASPQ, notamment, les données de la science
démontrent que c'est un taux qui permet un équilibre entre la sécurité puis
bon, quand même, une consommation minimale. Je pense qu'on passerait peut-être
à côté de recommandations basées sur la science, comme dans le cas de l'OMS, où
la recommandation pour des déplacements avec... dans des environnements bâtis
où il y a des âgés vulnérables, la recommandation de vitesse sécuritaire est le
30 kilomètres-heure, ça fait partie des recommandations de l'OMS dans le cadre
de la Décennie sur la sécurité routière. Puis c'est également dans les
principes de vitesse aussi qu'on retrouve... les documents du ministère, donc...
d'une décision éclairée par les données probantes, à ce moment-là.
• (16 heures) •
M. Derraji : Donc, vous dites
qu'il y a assez de données probantes, il y a assez de science, le législateur
doit suivre les données probantes. C'est excellent. Vous mentionnez quelques...
dans la page 17, que vous voulez voir la promotion du transport actif et
plus largement la lutte à la dépendance à l'auto solo dans le cadre de la
mission du ministère.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Oui,
tout à fait. Puis c'est... c'est quelque chose qui est enligné avec les
politiques gouvernementales, la politique de mobilité durable, le plan pour une
économie verte. Donc, on pense que ça serait tout à fait logique. C'est aussi
en ligne avec le nouveau nom du ministère des Transports et de la Mobilité
durable. C'est dans ce sens-là.
M. Derraji : Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met terme aux échanges avec l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Taschereau, de la deuxième opposition,
pour quatre minutes, huit secondes.
M. Grandmont : Merci
beaucoup. Merci, Mesdames, pour votre exposé, votre mémoire très, très riche.
Vous nous avez habitués à la qualité, puis c'est encore présent aujourd'hui.
Donc, merci. J'aimerais vous amener sur un sujet qui n'a pas été couvert
encore, là, par mes collègues, c'est le réseau routier supérieur, donc les
routes régionales, les routes nationales qui appartiennent au ministère des
Transports et de la Mobilité durable. Vous mentionnez, là, que c'est le
quart... de 2001... de 2011, pardon, à 2020, le quart des piétons décédés qui
se trouvaient sur une route numérotée au moment de la collision. Puis j'ai fait
référence à un cas que j'ai nommé tantôt, à Saint-Flavien-de-Lotbinière puis un
autre, là, à Saint-Lin, Laurentides, où des enfants ont perdu la vie faute
d'aménagements leur permettant de se déplacer. C'est quoi, votre solution? En
fait, qu'est-ce que vous proposez comme solutions à mettre en œuvre pour régler
ce problème-là, là?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
on vient de parler de la mission du ministère des Transports. Je pense que ça
serait une des avenues qui permettrait déjà d'établir clairement que le
ministère est responsable de la mobilité active également. La question de la
Loi sur la voirie, aussi, qui définit la route, mais qui... dans la définition
de route, on n'a pas les trottoirs ni les voies cyclables. Donc, cette
définition-là...
16 h (version non révisée)
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : ...devrait,
à notre avis, être modifiée pour inclure ces éléments qui sont essentiels à une
route, notamment en agglomération. Puis ensuite, bien, la discussion qu'on a
eue sur les... la vitesse en agglomération aurait aussi un impact et viendrait
influencer le ministère des Transports sur ses propres routes. Donc, on pense
que c'est une mesure porteuse aussi à cet égard-là.
M. Grandmont : On les a
entendues, les municipalités, principalement, là, la FQM, là, qui sont
particulièrement touchées par ça, c'est les petites municipalités, il y en a
plusieurs, il y en a plus de 1 000 au Québec, la plupart, leur rue
principale, c'est une route qui appartient au MTQ, et elles se voient, dans le
fond... parce que, comme vous le dites très bien, dans le fond, ce n'est pas
dans la mission du ministère des Transports que de s'occuper des
infrastructures de transport actif, donc les trottoirs, les aménagements
cyclables, bien, les municipalités sont... se voient pelleter dans leur cour la
responsabilité de mettre en place et d'entretenir des infrastructures de
transport actif qui pourraient sauver des vies. Puis ce qu'on a comme réponse
du côté du MTQ, bien, c'est des programmes dans lesquels il y a de l'argent,
mais, je l'ai mentionné plus tôt, souvent ces sommes-là sont largement
insuffisantes. J'ai donné le cas, là... J'ai donné l'exemple de Saint-Flavien.
Donc, dans... ce que vous proposez, c'est un renversement, dans le fond, de la
responsabilité, en fait, c'est que le MTQ reprenne la responsabilité de ces
infrastructures-là sur ses routes à lui.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Oui,
puis d'ailleurs c'était la mesure huit du cadre d'intervention en transport
actif de la politique de mobilité durable. Donc, on a déjà un engagement du
gouvernement à cet effet-là et on doit aujourd'hui le... activer cet
engagement-là en le mettant concrètement dans les lois pour qu'il puisse être
applicable. Donc, c'est tout à fait le cas. Puis c'est le... c'est la
circulation des routes nationales dans ces coeurs de village là qui amène de l'insécurité
routière. Donc, ça devrait être la responsabilité des propriétaires de ces
routes-là d'assurer la sécurité des usagers qui y circulent, parce qu'on sait
que, souvent, ces routes-là, c'est le bureau de poste, l'école et tous les
commerces, là, qui s'y trouvent.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. Peut-être juste revenir sur la question de la vitesse de base en milieu
urbanisé, là, vous dites qu'à 30 kilomètres-heure... Expliquez-nous, là, clairement
qu'est-ce que ça... qu'est-ce que ça... qu'est-ce que ça aurait pour... comme
incidence chez les concepteurs de routes?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
en fait, en considérant la vitesse à 30 kilomètres-heure, ça change la façon
dont on conçoit la route, parce que, si la vitesse est à 30, bien, on va
concevoir des... une chaussée qui est plus étroite pour encourager, pour faire
en sorte... pour induire des comportements chez les conducteurs pour que la
vitesse adoptée soit de 30 kilomètres-heure. Et, alors qu'on va travailler sur
un guide de conception des routes en milieu urbain, c'est important que dès
aujourd'hui on ait cette nouvelle vitesse par défaut. Puis ça va aussi
influencer la conception des routes où on décide que c'est une vitesse
supérieure qui va être affichée parce qu'on conçoit alors que ce n'est pas une
vitesse de cohabitation sécuritaire. Donc, dans l'aménagement puis dans la
conception, on doit prévoir notamment des trottoirs, mais aussi une traversée
de la rue sécuritaire par des aménagements comme des îlots refuges et des feux
de circulation.
M. Grandmont : Merci
beaucoup.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met fin aux échanges avec les membres de la commission. Merci
pour votre exposé.
Et nous suspendons quelques minutes pour
faire place au prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 06)
(Reprise à 16 h 12)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux représentants de
l'Association du camionnage du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, par la suite, les membres de la commission
procéderont à la période...
Le Président (M. Jacques) : ...d'échange
avec vous. Donc, je vous invite à vous présenter et à débuter votre exposé.
M. Cadieux (Marc) : Bonjour.
Alors, mon nom est Marc Cadieux, je suis président-directeur général de
l'Association du camionnage du Québec. Je suis accompagné ici d'Yves Maurais
qui est directeur, Dossiers techniques et opérationnels à l'association.
M. le Président, merci de nous convier à
ce... à cet exercice. Je salue tous les membres de la commission, les gens du
ministère des Transports, Société d'assurance automobile du Québec. Là, je ne
veux pas en oublier, alors je vous salue tous. Certainement qu'il y a d'autres
représentants d'autres organismes.
Le 7 décembre dernier, la vice-première
ministre et ministre des Transports, Mme Geneviève Guilbault, a déposé le
projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le code de sécurité
routière afin d'introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection
et autres dispositions en matière de sécurité routière, dans lesquelles sont
inclus notamment les articles sur la formation minimale obligatoire en vue de
l'obtention du permis de conduire de classe 1, 2, 3. Avec la parution de
la norme 16 du Conseil canadien des administrateurs en transport motorisé,
du CCMTA communément connu, en janvier 2021, le gouvernement du Québec emboîte
le pas dans... avec les autres provinces afin de rendre obligatoire la
formation des conducteurs de véhicules lourds partout au Canada. C'est avec
plaisir que notre association partage ses commentaires sur cedit projet de loi.
Je garderai mes précieuses minutes sans
vous donner la nomenclature de qui nous sommes, vu que c'est déjà à notre
mémoire. L'Association du camionnage, bien sûr, se considère comme
représentative de l'industrie pour laquelle elle agit à titre de porte-parole.
De tous les temps, l'association a été un partenaire des autorités
gouvernementales dans leurs initiatives pour améliorer la sécurité routière. En
ce sens, les membres de l'association du Québec se sont dotés, il y a de
nombreuses années, d'un code de conduite qui fait notamment la promotion du
respect de la législation et de la réglementation applicable à l'industrie du
camionnage et qui énonce l'engagement de ses membres à oeuvrer pour
l'amélioration de la sécurité routière.
Nos objectifs et ceux de la consultation
particulière sont donc bien sûr similaires. Depuis ses débuts, l'ACQ du...
l'Association du camionnage du Québec oeuvre comme outil de formation et
d'information pour ses membres, elle les accompagne activement dans tous les
changements qui impactent l'exercice de leur activité. Aussi, comme
porte-étendard de la sécurité routière, de même que comme porte-parole, comme
je le disais, de l'industrie, la participation de notre association à des
travaux... aux travaux de la présente consultation particulière est tout à
fait, comme je le disais, légitime. De façon ordonnée, nous reprendrons les
thèmes de sécurité routière proposés qui concernent directement plus notre
industrie et ferons part de la... nous ferons part de la position de notre
association à l'égard de ceux-ci.
À l'égard des dispositifs relatifs aux
systèmes de détection, donc je pense communément aux photo-radars, concernant
le chapitre sur les dispositions relatives aux systèmes de détection, nous
sommes conscients que les propositions ont pour but de clarifier l'utilisation
de ces systèmes dans un objectif final d'augmenter la sécurité routière de tous
les usagers de la route. L'ACQ voit l'utilisation de ces systèmes comme un
outil supplémentaire pour augmenter le contrôle des limites de vitesse sur les
tronçons spécifiques et pour augmenter la sécurité sur les chantiers de
construction. Toutefois, nous laisserons aux participants de la... que la
commission a invités de plus amples commentaires à venir sur ce sujet.
Vous parlerez plutôt d'autres dispositions
en matière de sécurité routière. Donc, l'ACQ accueille bien sûr favorablement
la proposition de modification de l'article 66.1 et l'ajout de
l'article 66.2 au Code de la sécurité routière. Ces dispositions
s'alignent avec les recommandations de la norme 16 du Conseil canadien des
administrateurs en transports motorisés. Cette norme a été publiée à la suite
du grave accident survenu dans la région de Teasdale, en Saskatchewan, en 2018,
où un autobus transportant l'équipe de hockey des Broncos de Humbolt est entré
en collision avec un camion semi-remorque faisant 16 victimes. L'accident
de Humbolt en 2018 a révélé de nombreux manquements au niveau de la sécurité
dans l'industrie du camionnage, notamment le manque de formation minimale pour les
conducteurs de véhicules lourds. Depuis ce malheureux événement, le public a
demandé au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux de revoir les
conditions d'obtention d'un permis de conduire de véhicules lourds afin
d'augmenter la sécurité des usagers de la route...
M. Cadieux (Marc) : ...s'ensuivit,
le 21 janvier 2019, à la suite de réunions entre Transports Canada et le
Conseil des ministres responsables des transports et de la sécurité routière.
Le ministre de l'époque M. Marc Garneau et ses homologues provinciaux ont
annoncé la création d'une norme nationale obligatoire pour tous les nouveaux
conducteurs de camions commerciaux d'ici le 1er janvier... et, de là, à
partir du 1er janvier 2020. Le CCATM, qui est le Conseil canadien, toujours,
a été chargé d'élaborer cette norme nationale de formation obligatoire visant à
ce que les futurs camionneurs de partout au Canada aient les connaissances et
les compétences nécessaires pour conduire ces véhicules en toute sécurité.
Depuis l'apparition de la norme 16,
la majorité des gouvernements provinciaux ont mis en place une obligation de
suivre et de réussir une formation minimale et obligatoire pour l'obtention du
permis de conduire pour véhicules lourds. En date du 1er janvier, donc de
la présente année, seulement quatre provinces de l'est du Canada, soit le
Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard,
n'ont pas cette réglementation à ce sujet.
La formation obligatoire vise
principalement les étudiants provenant des écoles de conduite privées et
publiques, des entreprises de transport qui forment leurs propres conducteurs,
tout comme la formation pour l'obtention d'un permis de classe cinq, il est
essentiel que la Société d'assurance automobile du Québec établisse un
programme de formation obligatoire pour l'obtention d'un permis de conduire de
véhicules lourds.
La Société d'assurance automobile du
Québec se doit, par la même prémisse, d'accorder le droit d'enseigner aux
écoles de conduite et aux entreprises de transport qui voudront dispenser cette
formation. Elle doit pouvoir aussi révoquer ce droit si elle le juge
nécessaire.
Actuellement, les conducteurs désirant
obtenir un permis de classe un doivent réussir leurs examens théoriques et
pratiques, posséder au minimum une expérience de deux ans en conduite de
véhicule, soit le permis classe cinq, avoir un bon dossier de conduite et une
santé adéquate. Aucune formation n'est requise au préalable au passage des
examens de la Société d'assurance automobile du Québec. Un étudiant aussi peut
obtenir un DEP, un diplôme d'études professionnelles en transport par camion
accordé par nos centres de formation publics en transport routier, soient les
CFT de Saint-Jérôme et de Charlesbourg. Ce programme, bien sûr, est un
programme costaud d'une durée de 615 h qui permet aux étudiants d'obtenir
ce permis de classe un avec une réussite aux examens de la société. Le
programme DEP... de DEP en transport par camion est unique au Canada et demeure
une référence nationale en matière de formation pour les conducteurs de
véhicules lourds. Et je crois que c'est un... c'est une fierté pour le Québec
d'avoir de telles écoles.
• (16 h 20) •
À l'automne dernier, la SAAQ a mis en
place son projet pilote avec la participation de deux écoles de conduite
privées et deux entreprises de transport, le but du projet pilote étant
d'évaluer le curriculum proposé pour la nouvelle formation obligatoire. Quatre
groupes de cinq étudiants ont suivi la formation avec un taux de réussite de
85 % pour le volet théorique pour le projet, qui devrait être... qui
devait être complété, avec le volet pratique, d'ici la fin janvier. Donc, nous
y sommes. Les résultats finaux seront connus au cours du mois de février, et le
curriculum devrait être révisé au besoin afin de produire la version finale de
la Société d'assurance automobile du Québec, qui mettra en place un programme
de certification pour les enseignants afin de s'assurer de l'uniformité de la
formation dispensée partout au Québec.
À la lumière de ce qui précède, il nous
semble clair que l'industrie du camionnage est déjà conscientisée à cette
réalité et encourage l'introduction d'une réglementation mettant en place un
apprentissage qui respecte les normes nationales de sécurité. Une obligation de
suivre la nouvelle formation de la société entraînera, pour les candidats
éventuels, bien sûr, des coûts qui seront plus élevés que les coûts actuels de
formation dans les écoles de conduite privées et aussi en entreprise. Avec la
pénurie de main-d'oeuvre des conducteurs de véhicules lourds qui sévit dans
notre industrie, des organismes au niveau provincial et fédéral viennent en
aide afin de promouvoir et aider financièrement en conduite de véhicules
lourds. Par exemple, il y a le comité sectoriel de main-d'œuvre, appelé
CAMO-Route, qui a obtenu une subvention de 6 millions de dollars pour
le projet de formation alternance travail-études au diplôme d'études
professionnelles et au diplôme... au DEP en transport par camion. Le fédéral
aussi a fait son bout de chemin par l'entremise de RH Canada.
Nonobstant tous ces leviers, il est
primordial de mettre à la disposition des candidats...
M. Cadieux (Marc) : ...ou des
écoles privées publiques et en entreprises, des modes de financement afin
d'amoindrir les coûts reliés à la formation, comme par exemple un accès aux
programmes de prêts et bourses, et serait d'autant plus primordial de ne pas
accentuer cette pénurie de main-d'œuvre qui pourrait ralentir les activités de
notre industrie.
Dans ce contexte, l'Association du
camionnage du Québec est tout à fait en accord avec les articles proposés dans
le projet de loi n° 48. Le respect des règles applicables à l'industrie du
camionnage est une valeur inhérente à la mission de notre association. Les
propositions offertes dans le projet de loi n° 48 rejoignent nos objectifs en
tant que... en tant que porte-étendard de sécurité routière dans notre domaine,
notamment avec les dispositions concernant cette formation obligatoire des
conducteurs pour l'obtention du permis de conduire de véhicules aux classes un,
deux et trois, servant à bien sûr améliorer cet objectif qui est celle de la
sécurité de tous les usagers de la route. En ce sens, bien sûr, nous sommes
fiers et nous nous associons bien sûr à cette modification de la loi. Et
nous... nous allons aussi être ouverts à vos commentaires et être disposés à
échanger avec les membres de la commission. Merci de cette écoute, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons donc commencer la période de questions
avec la partie gouvernementale. Mme la ministre, la parole est à vous pour
16 minutes... pour 15 minutes 13.
Mme Guilbault :Oui, merci, M. le Président. Ça me fait plaisir d'avoir
cédé une minute à nos amis de l'ACQ pour terminer l'exposé. Merci beaucoup,
Messieurs, pour cet exposé sur une partie du projet de loi dont on a moins
parlé à date, parce qu'elle est plus spécifique. Mais évidemment que, pour
l'Association du camionnage, là, c'est fort pertinent. Quelque chose de très
intéressant aussi... puis je me rappelle quand je suis allée à votre congrès
l'année dernière, je pense, le 28 avril ou peut-être le 27, en tout cas,
c'était un vendredi à Gatineau. On avait... on avait été... J'étais à votre
congrès, puis j'avais fait une allocution sur toutes sortes de choses et, entre
autres, on avait parlé... puis il y avait un journaliste, en tout cas, puis on
avait dit qu'on allait s'engager à donner suite à ça, à régler cette espèce
d'anomalie... pas d'anomalie, mais le fait qu'il nous restait ça à aller pour
pouvoir... à mettre de l'avant pour pouvoir respecter la norme qui avait été
mise en place, comme vous l'avez exposé, par M. Garneau à l'époque, qui faisait
suite à un accident. Donc, maintenant ce sera chose faite. Il y a une
disposition dans le projet de loi qui est très général, puis, par la suite, par
règlement, l'objectif, c'est d'y aller avec le permis de classe un.
Vous... Nous, on regarde les chiffres du
bilan de la sécurité routière. C'est sûr que, quand j'ai déposé mon plan
d'action en sécurité routière... où, d'ailleurs il y a des des mesures à la
toute fin, là, qui touchent le camionnage, les comités qui sont en place,
l'évaluation des circonstances puis des causes des... des accidents qui
impliquent des véhicules lourds, et tout ça, auxquels vous participez sans
doute. Donc, merci pour ça. Mais une des... une des raisons qui ont donné lieu
à la confection puis au dépôt de ce projet de loi là... de ce plan d'action là,
c'est le bilan de la sécurité routière. Puis, quand on regarde, là, on est
allé, peut-être, peaufiner les chiffres, là, je ne les ai pas sous les yeux, ça
fait que je vais faire attention. Je ne veux pas dire n'importe quoi, mais la
représentation, tu sais, puis je parlais du comité qui est en place pour
évaluer les accidents où il y a des véhicules lourds qui sont impliqués, la
responsabilité, ou, je dirais, l'implication justement des véhicules lourds
dans le bilan routier. Comment... puis vous, vous le vivez de l'intérieur, là,
donc, que ce soit pour vos membres, que ce soient les risques perçus par vos
membres, que ce soit la façon dont vos... dont vous gérez ça à l'association,
la collaboration avec la SAAQ, j'imagine que vous voyez un lien direct entre
l'adoption de cette mesure-là, la formation obligatoire, et, de façon générale,
comment est-ce qu'on peut abaisser la survenance des incidents où un véhicule
lourd est impliqué, puis des fois pas forcément la façon... je ne sais pas le
libellé exact, là, mais c'est... ça ne veut pas dire nécessairement qu'il est
responsable, mais qui a pu faire partie des circonstances d'un accident
routier.
M. Cadieux (Marc) : ...impliqué,
Mme la ministre. Je pense que, oui, c'est certain que c'est un souci sur
beaucoup d'aspects, bien sûr, sur, évidemment, les vies, les blessés, aussi,
sur les entreprises. Il y a aussi des... il y a aussi des retours importants de
gestion administrative lorsqu'un... lorsqu'on est impliqué dans un simple
accident, bon, quand il y a des vies et des blessés, ça prend toute une autre
dimension, des deux côtés, tant au niveau de la personne qui est blessée, qui
est impliquée, mais aussi de la personne aussi qui a été dans... partie
prenante à l'accident. Il y a beaucoup de... beaucoup de choses à gérer. Il y a
tous les aspects réglementaires aussi qui doivent s'ensuivre, les enquêtes, et
tout ça...
M. Cadieux (Marc) : ...donc il
est certain que c'est notre... c'est notre grande préoccupation et c'est une
demande de l'industrie, d'ailleurs, Mme la ministre, auquel vos
gouvernements... nos gouvernements répondent et répondent, évidemment, avec ce
qu'il faut. Ce n'est pas une grosse modification, mais c'est une modification
qui fera la différence afin de s'assurer qu'on ne retrouve pas et qu'on
n'entende pas, dans des rapports de coroners, des situations où on apprend que
le chauffeur avait très peu d'expérience ou quelques heures ou avait fréquenté
une école, mais uniquement quelques heures, et puis on lui avait dit qu'il
était prêt à passer les examens. Bon, je vais vous passer toutes les...
évidemment, tout ce qui est commenté dans ces choses-là, mais je pense que
c'est... d'avoir une formation minimale, c'est se donner cette marge de
sécurité auprès d'une société qui est la... qui est notre société industrielle
en tant que... en tant qu'entreprise, mais aussi en tant que... au niveau des
citoyens.
Mme Guilbault :Puis, du point de vue de vos membres, toujours, parce que
vous l'avez un peu nommé indirectement, il y a toujours l'enjeu de la
main-d'oeuvre, donc cet équilibre-là, parce qu'on peut penser qu'ajouter des
formations obligatoires pourrait potentiellement refroidir peut-être l'intérêt
de potentiels candidats qui se disent : Je n'ai pas besoin d'une grosse
formation, je vais devenir conducteur, puis ça va aller bien, ça va aller vite,
ça ne coûte pas cher. Est-ce que... Vous me dites que c'est une demande de
l'industrie, donc l'équilibre entre la difficulté de trouver de la main-d'œuvre
et la volonté d'avoir une industrie qui est plus sécuritaire, des chauffeurs
qui sont mieux formés, vous semblez dire que c'est assez unanime ou est-ce
qu'il y a des dissensions ou, en tout cas, est-ce que, dans l'ensemble,
l'industrie... vos membres sont derrière?
M. Cadieux (Marc) : Cette
volonté doit supplanter toute personne qui pourrait être indifférente à penser
autrement. Et je ne serai jamais le défenseur de cette minorité qui penserait
que ce n'est pas nécessaire de passer à travers un contrôle et une qualité de
formation. Ça, c'est incontournable, mais... c'est incontournable dans toutes
les discussions que j'ai eues au conseil d'administration et avec de nombreux
membres. Je pense qu'aussi... Yves, si tu veux ajouter à cela quelque chose, je
pense que c'est... ça fait... Il n'y aura jamais une chose qui fera l'unanimité
totale, il y aura toujours un commentaire en quelque part, mais je pense que
celui ou celle qui viendra s'adresser à moi avec ce genre de commentaire... je
pense que je saurais quoi lui répondre, que je pense que la vie des... de tous
les usagers de la route doit être la primauté des usagers de la route, puis
j'écoutais le groupe précédent, des piétons, et tout ça. Donc, ça, je pense que
c'est incontournable.
• (16 h 30) •
M. Maurais (Yves) : Bien,
effectivement, c'est... si on regarde, quelqu'un qui veut avoir un permis de
classe 5 aujourd'hui, on lui demande un minimum de 39 heures de formation
théorique et pratique pour conduire un véhicule léger, une voiture. Par contre,
il n'y a aucune obligation pour conduire un véhicule lourd. Conduire un véhicule
lourd, c'est plus que conduire un véhicule lourd, il y a beaucoup de normes
qu'on doit respecter, entre autres tout ce qui est l'arrimage, que ce soit le
respect des charges et dimensions, les heures de conduite, etc. C'est quand
même très complexe. Et puis conduire le véhicule, c'est une partie du travail
d'un conducteur. Il y a quand même beaucoup de choses aussi qui sont plus ou
moins abordées aujourd'hui dans les formations qu'on dirait «fast track», les
formations rapides. Donc, c'est des éléments qui demeurent importants, qui sont
essentiels à avoir des conducteurs qui sont sécuritaires sur la route.
M. Cadieux (Marc) : J'ajouterais,
Mme la ministre, aussi, vous m'avez... vous m'avez connu dans les... par les
premiers jours sur un dossier de gestion de crise plus d'infrastructures et...
mais aussi sur un autre dossier important qui était celui des dispositifs
électroniques des heures de travail. Et ça, c'était aussi une demande pour
nous, ce n'était pas assez rapide. Je pense que vous avez... vous aviez senti
le pouls du groupe que vous aviez rencontré à votre cabinet, donc... Puis vous
entendrez rarement des industries vous demander de nous réglementer plus, mais,
dans certains cas, la réponse, c'est oui. Je pense que c'est... Il y a des...
Il y a des questions aussi... puis je ne le cacherai pas, il y a des questions
de... d'équité concurrentielle, il y a des questions... oui, il y a ça, mais il
y a aussi des notions de sécurité et de conformité.
Mme Guilbault :Bien, tout à fait. Si vous ne l'aviez pas fait, j'aurais
fait le parallèle avec le DCE qui était... qui était en suspend puis dont on a
senti avec beaucoup de ferveur la hâte que ce soit adopté. C'est chose faite
depuis le 30 avril.
M. Cadieux (Marc) : Et vous
l'avez précédé.
Mme Guilbault :Le 30 avril. Alors, disons-le. Donc, bien, parfait. Mais je
suis d'accord avec vous, en passant. Moi, je posais la question pour avoir un
peu le pouls de vos membres, parce que c'est vrai...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :...que, des fois, la main-d'œuvre peut être un casse-tête
pour certaines entreprises, mais je suis tout à fait d'accord avec vous. Sur le
projet pilote, on en a parlé brièvement tout à l'heure, puis, si ma mémoire est
bonne, là, vous l'avez écrit dans vos documents, mais donc, les examens
pratiques, il y a un taux de réussite, à date, de 85 %, c'est les
résultats qu'on avait... théoriques, pardon, c'est ça, juste avant, théoriques,
et, pratiques, je pense que ça se terminait fin janvier, donc on aura la suite
des résultats en février, on est seulement le 5, 6 février, donc vous n'avez
peut-être pas la suite de l'information. Mais, dans l'ensemble, ça semble bien
se présenter, le projet pilote.
M. Maurais (Yves) : Oui. Oui.
C'est ça, dans le projet pilote, il y a deux écoles de conduite et il y a deux
entreprises. Donc, on parle de quatre groupes de cinq étudiants qui ont suivi
la formation. Chaque groupe a deux formateurs qui ont été formés au CFTR,
justement, avec le nouveau curriculum. Donc, le but principal, c'est d'évaluer
le curriculum, la durée, si on est... si on est correct, là, en termes de
contenu et de temps pour la durée prévue. Donc, on devrait avoir... on a... L'équipe
de travail, on devrait avoir une rencontre avec les gens de la société, là, d'ici
la fin février pour avoir les résultats.
Mme Guilbault :Excellent. On va regarder ça avec grand intérêt. Peut-être
une dernière petite question, puis je vais laisser la suite à mon collègue de
René-Lévesque, simplement sur le contenu de formation, parce que je sais que
vous collaborez avec la SAAQ pour... en vertu de... d'élaborer, justement, le
futur contenu de formation. Je ne sais pas. Est-ce que c'est terminé? Est-ce
que c'est avancé? Est-ce que vous allez...
M. Maurais (Yves) : En fait,
moi...
Mme Guilbault :...vous attendez les résultats du projet pilote pour...
M. Maurais (Yves) : Oui, c'est
ça.
Mme Guilbault :...peut-être intégrer les constats dans la future
formation. Mais ça se passe très bien, ça aussi, selon ce que vous me disiez.
M. Maurais (Yves) : Oui, à
date, il n'y a pas de retard, ça va bien, le projet est vraiment, là, sur son
agenda. Le contenu, on ne l'a pas vu encore, on ne nous l'a pas partagé. On
attendait de voir, justement, les résultats du projet pilote. Et là on devrait,
à ce moment-là, le voir et évaluer le tout, là, de notre côté aussi.
M. Cadieux (Marc) : Vous
savez, Mme la ministre, on a des grands partenaires, tels que la SAAQ, avec l'expertise,
mais, bien sûr, des centres de formation en transport routier du Québec, qui
sont... je le répète, je l'ai peut-être dit tout à l'heure, mais qui
constituent l'orgueil aussi de notre province, parce que j'ai beaucoup d'homologues
des autres provinces qui viennent visiter ces centres-là et qui me disent tous,
évidemment, en anglais : Wow! On souhaiterait avoir ça chez nous.
Dites-nous ce qu'il faut faire. Et ils interrogent les centres de formation.
Bien sûr que ces centres ont été créés il y a plusieurs années, ont grandi, se
sont... se sont grandement... ont pris de la place. Mais on a ce qu'il faut, on
a les outils qu'il faut. Il faut mettre... Il faut mettre les exigences.
Mme Guilbault :Merci. Je vais céder la parole au député de René-Lévesque.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de René-Lévesque, pour quatre minutes
précisément.
M. Montigny : La première
question est sur les impacts. Au niveau des assurances, là, je pense aux prix d'assurance,
d'avoir de la formation additionnelle, vous en avez parlé, j'aimerais ça vous
entendre là-dessus. Est-ce qu'il peut y avoir un impact positif ou comment vous
le voyez, là, sur le coût d'assurance en lien avec ces formations-là pour le
personnel?
M. Cadieux (Marc) : Vous avez
tout à fait raison d'aborder le sujet, M. le député. Nos entreprises sont
sujettes à des... ce qu'on peut appeler des audits actuariels de risque lors...
lors des primes, lors de l'établissement des primes. Donc, évidemment, lorsque
vous avez un... lorsqu'on examine votre personnel qui exerce sur la route et
les formations qu'ils ont aussi suivies, leur expérience, les groupes d'âge,
tout ça fait partie de l'analyse actuarielle et de tarification des assurances.
Donc, il y a nettement des avantages, pour les entreprises, de pouvoir se
prévaloir de cet indice de formation et de reconnaissance de véritables
formations avec des normes gouvernementales et avec l'encadrement qui était
apporté par la Société de l'assurance automobile du Québec et avec l'expertise,
bien sûr, de nos grands centres de formation.
M. Montigny : Comme on a un
peu de temps, je vais vous amener ailleurs. Vous savez, moi, je suis du comté
de René-Lévesque. Alors, c'est sur la Côte-Nord. Il y a quand même pas mal de
neige. J'ai été maire pendant cinq ans. Je sais que 400 centimètres de
neige, là, c'est beaucoup. On avait des rues pas larges, des rues plus larges.
Je vous avoue que, dans les rues pas larges, dans les consultations qu'on fait
souvent, comme municipalité, pour voir... pour aménager des rues, les jeunes
disaient : Donnez-nous de la largeur, on veut marcher, on veut faire du
vélo, on ne veut pas se faire frôler par les camions. Alors, j'aimerais ça vous
entendre sur la largeur des rues. Comment vous voyez ça, vous, avec un camion,
dans un territoire où il y a quand même pas mal de neige. Comment vous voyez
ça?
M. Cadieux (Marc) : Bien,
évidemment...
M. Cadieux (Marc) : ...vous avez
vraiment la plus belle circonscription au Québec, mais... mais... mais je vous
dirai qu'il y a des défis, autant dans le genre de paysage dans lequel vous me
présentez l'enjeu comme l'enjeu qui se présente aussi dans les villes, où on
est en très grande promiscuité avec la population. Il est certain que, dans des
régions comme les vôtres, il y a différents niveaux d'industries qui
nécessitent, bien sûr, des équipements beaucoup plus, je dirais, costauds pour
transporter beaucoup de... beaucoup de matériaux, donc c'est un enjeu. C'est
toujours un enjeu, comme la pénétration à l'intérieur d'une ville, où on est
interpelés par un tissu beaucoup plus intense maintenant de populations, les
vélos, les... beaucoup plus de piétons, donc beaucoup plus de... beaucoup plus
d'interférences avec... avec... et, bien sûr, avec la... avec la population et
tous les usagers confondus. Donc, ce sont des défis, oui. Mais j'imagine que
lorsque vous étiez maire, vous demandiez à vos... à vos... aux Travaux publics
de s'assurer que les camions puissent passer pour maintenir l'économie de
votre... de votre... votre circonscription.
M. Montigny : L'enjeu que...
l'enjeu, justement, sur lequel je vous amène, c'est, quand on tourne, là, quand
on prend... pour prendre une rue, notamment pour rentrer dans le parc
industriel, quand on rétrécit les rues puis on limite ça, bien, on empiète sur
l'autre voie avec le camion. Alors, est-ce que vous sentez, là, là-dedans,
qu'il y a... qu'il y a des enjeux aussi pour vous, là, la situation? Vous avez
quelque chose à ajouter?
M. Cadieux (Marc) : ...je
vais laisser peut-être Yves, parce que, justement, tout à l'heure, on parlait
d'essieu autovireur avec...
Le Président (M. Jacques) : 10 secondes.
M. Montigny : Ah! bien, c'est
correct, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Jacques) : Dix
secondes.
M. Maurais (Yves) : 10 secondes.
Bien, vite, vite, c'est sûr qu'il y a des équipements qui sont disponibles
quand même, qui permettent de faire des virages plus serrés. C'est sûr que
lorsqu'on arrive avec des équipements qui sont de longueur de 53 pieds, ce
n'est pas facile de virer ça sur un coin de rue comme on dit. Mais c'est sûr
que...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met un terme aux échanges avec la partie gouvernementale. Je
cède maintenant la parole à l'opposition officielle, en l'occurrence M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, pour 12 minutes 23 secondes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous d'être... d'être ici aujourd'hui. Je
mets un chapeau un petit peu différent, là, pour débuter, parce que c'est, en
fait, une certaine curiosité, mais il y a un fil conducteur, là, vous allez
comprendre vers la suite des questions.
Donc, la pénurie de main-d'oeuvre, vous en
avez parlé, dans votre industrie, que ça vous touche, ça vous touche
sérieusement, c'était un «goulon» d'étranglement pour la société, en fait. Des
analyses ont démontré, là, que l'inflation a été en partie causée par,
justement, ce... cette incapacité de pouvoir livrer à temps certains éléments
de notre... notre chaîne alimentaire quelconque, qui a fait en sorte que, bon,
bien, on a vécu ce qu'on a vécu, et tout. Combien de camionneurs, selon vous,
il faudrait former pour essayer de justement répondre à la demande?
• (16 h 40) •
M. Cadieux (Marc) : Former,
M. le député, ou il nous manquerait dans l'industrie?
M. Beauchemin : Former. Qui
manque dans l'industrie. Il faut les former, j'imagine, pour...
M. Cadieux (Marc) : Il nous
manque à peu près... On est... on va... on est dans... un peu dans un...
dans... dans un ralentissement un peu économique. C'est certain que la demande
est un peu moins forte, mais on travaille toujours sur plusieurs leviers, c'est
dire l'attraction pour les jeunes dans les choix de métier, on travaille
beaucoup sur les dossiers d'immigration, on travaille beaucoup sur la rétention
des travailleurs expérimentés, qui, peut-être, peuvent encore donner quelques
bonnes années au seuil de la différence entre prendre la retraite ou ne pas la
prendre. Ce sont des choses que nous interpelons lors des consultations
prébudgétaires avec le ministre des Finances, sur les deux niveaux, au niveau
fédéral et provincial. Il nous manque à peu près, en ce moment...
M. Maurais (Yves) : ...
M. Cadieux (Marc) : Combien?
M. Maurais (Yves) : À peu
près 1 500.
M. Cadieux (Marc) : 1 500
au Québec, mais à peu près 1 500 à 2 000 chauffeurs. Mais les
échanges des dernières... des derniers mois portent vers un ralentissement.
Donc, les entreprises, au lieu de laisser aller leurs chauffeurs, tentent de
donner des accommodements sur des... sur des horaires plus flexibles. Si on...
Vous savez, on a été durement sollicités pendant la pandémie, hein? Dieu sait
que je pense que les gouvernements, après la Santé, remerciaient, bien sûr,
l'industrie du transport routier de marchandises, parce qu'on voyait que le
maillon était très... était très faible sur le... sur la... sur la logistique,
évidemment, des marchandises, donc... Mais les entreprises travaillent beaucoup
en ce moment, là, sur redonner un peu de qualité de vie, offrir... si vous
aimeriez mieux un quatre jours, on pourrait vous l'offrir afin, bien sûr, de ne
pas... ne pas passer à des mises à pied. Ce sont le genre des discussions que
j'ai en ce moment, là.
M. Beauchemin : O.K.
D'accord. J'imagine que...
M. Beauchemin : ...indirectement,
parce que vous vous dites... c'est que... majoritairement, à l'intérieur du
territoire québécois, que vos membres se trouvent à oeuvrer. Il doit y en avoir
quand même qui font de l'exportation, j'assume, là, mais...
M. Cadieux (Marc) : Bien, en
fait, oui, bien, je vous dirais que... je suis vice-président de l'Alliance
canadienne aussi. Donc, nos... nos transporteurs font tout le Canada d'un bout
à l'autre et tous les États-Unis jusqu'au Mexique. Alors, j'ai... je n'ose pas
les nommer, là, parce que je vais me ramasser dans les notes de la commission
parlementaire, mais... les gros transporteurs que vous voyez sur les... sur les
grands réseaux routiers, bien sûr, ils sont à travers le Canada, donc ce sont
mes membres. Et aussi, je suis aussi représentant de mon industrie sur le
palier fédéral avec l'Alliance canadienne du camionnage.
M. Beauchemin : O.K., c'est
intéressant, parce qu'effectivement, bon, l'économie canadienne, elle n'a pas
le même rythme de croisière actuellement que nos voisins du Sud. Mais, pour
ceux qui ont cette chance de traverser la douane américaine, j'assume, leur
volume d'affaires reste relativement élevé. Je vous ai amené là, parce que,
dans le fond, il doit quand même y avoir, dans le programme de formation
qu'on... qu'on discute ici actuellement, là, pas du sable... mais ça va quand
même un peu mettre de la pression un peu, en fait, additionnelle sur le nombre
de candidats additionnels que vous allez pouvoir avoir, j'assume. Est-ce que
vous avez une idée de combien ça, ça pourrait représenter, grosso modo ou...
M. Cadieux (Marc) : Écoutez,
je ne pourrais pas vous donner en nombre, parce que ce serait... ce serait un
peu... il faudrait presque que je sois une association avec une formule...
d'adhésion obligatoire pour avoir tout l'ensemble au complet. C'est une
adhésion par choix, et c'est... c'est certain que cette... cette disposition
est une demande, mais porte, oui, bien sûr, certains... certaines pressions,
comme on le disait, le financement, les coûts associés évidemment à la
formation. Et ça, je pense que c'est une réflexion que le gouvernement fait en
ce moment, comment nous amener à amoindrir cette approche-là. Je pense que
c'est le chemin qui nous reste à faire. Mais l'enjeu est un enjeu vraiment de
sécurité et de qualité chez nos chauffeurs et de s'assurer que cette qualité-là
soit normée et qu'elle ne soit pas aléatoire selon... à la bonne volonté d'une
école ou d'une autre.
M. Beauchemin : Et je vous
entends, en fait, parce que, dans le fond, c'est un petit peu... un petit peu
le chemin aboutissant de ma question que j'avais tantôt, parce que, dans le
fond, vous parliez tantôt, il a des centres de formation, vous m'excuserez, là,
je ne suis pas au courant exactement de comment tout ça, c'est financé, mais
j'assume que c'est par l'ensemble de vos membres avec un support du
gouvernement, j'assume, que...
M. Cadieux (Marc) : Ce sont
des commissions scolaires, M. le député, ce sont... ce sont deux commissions
scolaires qui se séparent le Québec en deux, et qui offrent même de la
formation à la carte, de la formation en entreprise. Ce sont... ce sont
vraiment des joyaux de la formation dans notre milieu de transport. Et, je le
disais tout à l'heure, M. le député, beaucoup de mes collègues des autres
provinces viennent visiter ces centres-là et nous en sommes extrêmement fiers.
Donc, ce sont des... Ils font partie des commissions scolaires.
M. Beauchemin : Donc, il n'y
a pas un... il n'y a pas un coût additionnel pour l'industrie, si je comprends
bien.
M. Cadieux (Marc) : Non.
M. Beauchemin : O.K.,
d'accord. Donc, quand vous parliez de la formation tantôt qui était nécessaire,
là, pour la classe E, la classe... excusez, cinq, c'est 39 heures. Pour la
classe un, est-ce que vous avez... actuellement, c'est le cas, mais si on y
allait de l'avant pour justement améliorer la sécurité, etc., qu'est-ce que ça
sous-entend en termes de nombre d'heures de formation, le coût potentiel que ça
peut représenter?
M. Maurais (Yves) : Bien, en
fait... en fait, présentement, le projet pilote est à 135 heures. Donc,
sur les 135 heures, il y a 85 heures théoriques et 50 heures
pratiques. Donc, on parle pratiquement de trois fois le temps, là, par rapport
à un classique 5 pour un véhicule léger, là.
M. Beauchemin : ...suffisant,
selon vous? J'assume que vous avez regardé des des comparables dans d'autres
juridictions pour dire : Bon, bien, c'est comme ça là-bas, peut-être qu'on
pourrait essayer ça ici.
M. Maurais (Yves) : Bien, la
norme 16 qui a été émise par le CCATM suite à l'accident, recommande un
minimum de 105 heures. Donc, dans les autres provinces, ça va dans ce
régime-là. Au Québec, par contre, la particularité, c'est lorsqu'on obtient un
permis de classe un, on obtient automatiquement un permis de classe deux avec.
Et, pour faire le lien de classe deux... pour votre information, classe un,
c'est semi-remorque, camion et semi-remorque, et une classe deux, c'est pour
les autobus. Donc, étant donné que la classe un...
M. Maurais (Yves) : ...couvre
la classe 2. Il y a un peu... un petit peu plus de temps de formation qui
est mise, là, par rapport aux autres provinces, justement, pour couvrir le
contenu spécifique au... à la conduite d'autobus.
M. Beauchemin : O.K. Puis le
programme en tant que tel, la... les matières couvertes, la technicalité
apprise, etc., c'est... c'est comme un peu standardisé par rapport au reste du
Canada.
M. Maurais (Yves) : Oui.
C'est dans... c'est dans la norme 16. Le contenu, le contenu spécifique de
la formation minimum, les grandes lignes sont spécifiées dans la norme 16.
M. Beauchemin : O.K. Est-ce
que vous, vous avez été capable de voir, par exemple, ce qui se passe en
Ontario, puis le ratio accidents par gros camions par exemple versus... est-ce
que vous la... vous voyez la... la quantifier, la différence?
M. Maurais (Yves) : Oui.
Bien, on n'a pas de données encore. Il faudrait qu'on parle avec les gens de
l'Ontario pour les avoir. Puis ça ne fait pas très longtemps qu'eux ont
commencé le programme de formation obligatoire, donc les données vont
éventuellement s'en venir, mais on pourrait éventuellement les avoir en
consultant, là, les gens du ministère de l'Ontario, entre autres, là, mais...
M. Beauchemin : Il y a-tu
d'autres juridictions au Canada qui... qui ont plus d'historiques?
M. Maurais (Yves) : Bien, je
vous dirais, l'ouest, ça... avec l'Ontario et l'ouest du Canada, surtout les
provinces de l'ouest, là où il y a eu l'accident, c'est là qu'ils ont vraiment
commencé, ils sont à leur, pratiquement, leur première année, là, que c'est...
le programme est commencé, donc on va commencer à avoir des données, là, sur
les analyses qui ont été faites, là, au cours de l'année 2023.
M. Beauchemin : Mais c'est
toujours intéressant d'avoir des comparables pour savoir, justement, est-ce
qu'on fait la bonne chose, le fait-on comme il le faut, est-ce qu'on est
compétitif, d'une certaine façon, là? C'est sûr et certain.
M. Cadieux (Marc) : Oui. Puis
après ça, M. le député, aussi, il faut normaliser par rapport à la
représentativité du nombre d'équipements qui... qui sont sur le... en sol
ontarien par rapport en sol québécois. Mais vous savez, on passe tellement
d'une province à l'autre qu'évidemment la... le nombre de passages de nos... de
nos... de notre industrie sur un territoire par rapport... on peut y aller par
l'immatriculation, ça, ça sera probablement la photo qu'on pourra avoir
lorsqu'on aura un peu de chiffres et d'entrée de données.
M. Beauchemin : Justement,
quand vous parliez tantôt, là, de l'accident de Humbolt, là, quels... quels
gestes, concrètement, ont été posés, là, par votre association, là, pour... à
l'interne, je veux dire, au niveau de comme s'adapter à des crises comme
celles-là, comme le mode de réaction, les communiqués, etc., toute la façon de
la gestion de crise qui est arrive, qu'est-ce que... qu'est-ce que vous avez
changé à l'intérieur de vos processus pour faire la suite de ça, finalement?
• (16 h 50) •
M. Cadieux (Marc) : Bien, en
fait, je pense que la résultante de cette demande de la loi no 48 fait en
sorte que c'est une prise en main de l'industrie envers les différentes
autorités gouvernementales à travers le Canada. Je pense... ça a été... c'est
une image qui est très difficile à gérer, hein, parce que ça prend du temps de
se sortir un peu de ce... de cette image qui... puis après ça, le rapport du
coroner qui est arrivé, qui a énoncé le fait que le chauffeur avait très peu de
formation, avait été mis... on lui avait confié tout de suite des routes dans
lesquelles il ne connaissait même pas les trajets. Donc, tout ça, tout ça, évidemment,
a lancé un... a lancé une image extrêmement négative sur l'industrie. Alors,
c'est certain que j'ai des membres autour de moi qui me disent : Il faut y
voir, là, il faut bouger là-dessus, là, ça prend les... ça prend un minimum de
formation, ça prend un minimum de garanties parce que les formations qui sont
données à droite et à gauche, elles sont trop aléatoires et elles... elles
n'ont pas... elles n'atteignent pas le but de la qualité dans laquelle on doit
minimalement s'assurer. Vous savez, dans l'industrie, on disait : Bien,
tout ce que les écoles essaient de faire, c'est de vous faire passer l'examen à
la Société d'assurance automobile du Québec. Ce n'est pas ça qu'on veut, là. On
veut que celui qui va conduire cette pièce d'équipement là ait aussi les
habilités sur la route et... et qu'il puisse évidemment avoir le minimum
garanti d'un certain nombre d'heures théoriques et d'heures pratiques, de ne
pas se faire dire, après deux, trois sessions : Bien, tu es tellement bon
que tu es prêt à y aller.
M. Beauchemin : La
conséquence a été donc de standardiser à la hausse.
M. Cadieux (Marc) : Exactement.
Exactement. C'est coûteux pour une industrie de...
M. Beauchemin : Puis j'ai une
question vraiment spécifique en utilisant peut-être un terme vraiment de vos
membres...
Le Président (M. Jacques) : M.
le député, ceci...
M. Beauchemin : J'allais
parler de l'angle mort, mais...
Le Président (M. Jacques) : Je
suis désolé, mais ça met fin aux échanges avec votre groupe parlementaire.
Donc, je cède la parole au deuxième groupe d'opposition et M. le député de
Taschereau, pour 4 min 18 s.
M. Grandmont : Oui. Merci
beaucoup, M. Cadieux. M. Maurais, pour votre présentation. Ça a été
quand même bien couvert, là, par mes collègues, là, l'ensemble de...
M. Grandmont : ...votre
mémoire, ça fait que je vais prendre la balle au bond, en fait, de mon
collègue, qui parlait justement des angles morts. C'est l'angle que je voulais
aborder avec vous. On sait, là, que les... Puis vous avez parlé, là, de
difficulté, là, suite à la question de mon collègue de René-Lévesque, la
difficulté de la cohabitation avec les usagers vulnérables dans les différents
milieux. Les problèmes ne sont pas les mêmes, puis, évidemment, bien, vous
conduisez, ou en fait vos membres conduisent des véhicules qui ont de nombreux
angles morts. Ce n'est pas de votre faute, là, ils sont construits comme ça
pour l'instant. Et puis je trouvais, là, dans le Code de la sécurité routière
l'article 262, qui disait que «tout véhicule automobile autre qu'une
motocyclette ou un cyclomoteur doit être muni d'au moins deux rétroviseurs
fixés solidement et placés l'un à l'intérieur du véhicule, au centre de la
partie supérieure du pare-brise, et l'autre à l'extérieur gauche du véhicule.»
J'imagine que pour les camions, les règles ne sont pas exactement les mêmes,
parce qu'un miroir en haut, au milieu à l'intérieur du véhicule, c'est... dans
la cabine, c'est moins ça, là. Mais il n'y a rien qui oblige en fait d'avoir
des miroirs antéviseurs qui permettraient de voir... en fait, de réduire les
angles morts sur vos véhicules.
Est-ce que vous êtes favorables à ce
qu'une mesure comme celle-là soit appliquée au Québec, pour vous aider à avoir
une meilleure vision puis, évidemment, être moins impliqués dans des accidents
impliquant des usagers vulnérables?
M. Cadieux (Marc) : Bien, en
fait, l'enjeu des angles morts est un enjeu qui... avec lequel je vis et avec
lequel on a partagé aussi avec la Société d'assurance automobile du Québec
beaucoup d'approches de sensibilisation, beaucoup, avec Contrôle routier Québec
aussi, d'opérations de sensibilisation auprès de la population. On a été, avec
des véhicules du ministère des Transports, à quelques reprises faire des
démonstrations avec des tapis et des angles morts, faire comprendre aux
usagers, aux cyclistes les limitations. Mais, de plus en plus, les entreprises
qui vivent - j'ai toujours le même terme - plus en proximité avec la population
sont drôlement équipées maintenant de miroirs convexes.
Quand vous parlez de miroirs antéviseurs,
c'est beaucoup plus dans le domaine des autobus, dans le scolaire, auquel
évidemment le véhicule lourd, qui est en... qui est un autobus en l'occurrence
dans ce cas-là, s'immobilise et fait passer des enfants devant lui. Ça,
évidemment, c'est presque rendu un équipement standard. On a aussi certaines
technologies de caméra qui sont... Et c'est un peu comme nos véhicules, M. le
député. Vous voyez, de plus en plus, lorsqu'on change nos véhicules, qu'ils
sont munis de beaucoup plus de détecteurs de véhicule qui s'en vient, de détail
de... de caméras. Donc, aussi notre... notre industrie aussi reçoit ces
évolutions technologiques là aussi au niveau de nos équipements. Bon.
L'industrie que je représente est quand même une industrie qui fait beaucoup de
longue route. Donc, on a des équipements qui sont quand même renouvelés à court
terme. Ce n'est pas... On n'a pas d'équipements qui durent des 15, 20, 25 ans,
comme dans d'autres milieux d'industrie comme dans la construction, qui sont
dans les courts rayonnages. Mais il y a de plus en plus de sensibilisation.
Puis votre collègue, tout à l'heure, abordait l'angle, là, des primes d'assurance.
Ça aussi, ça fait partie de la donne, d'avoir les équipements nécessaires pour
ne pas être impliqué dans un accident et avoir des primes d'assurance qui sont
impactées.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. Dans une entrevue, là, que vous aviez donnée à La Presse, là, en février
dernier, vous disiez : «Si un camion est en grande promiscuité avec le
tissu urbain, oui, les antéviseurs seraient grandement souhaitables.» Vous
maintenez toujours cette position-là?
M. Cadieux (Marc) : Oui, je
la maintiens. Vous voyez, j'utilise le même vocabulaire.
M. Grandmont : Parfait,
excellent. Merci. Ce sera tout...
M. Cadieux (Marc) : Je suis
conséquent.
M. Grandmont : ...M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
MM. Cadieux et Maurais, pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends pour une courte, courte
période de temps pour faire place au prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
(Reprise à 17 heures)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux représentants de Pas un
mort de plus. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, après quoi nous procéderons à une période d'échange avec les membres de
la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à débuter votre exposé.
Mme Deschênes (Alexandra) : Oui,
merci, M. le Président. Bonjour à tous, bonjour, Mme la ministre Guilbaut,
bonjour, M. le Président, bonjour, les membres de la commission. Alors, je me
présente, moi, c'est Alexandra Deschênes. Je suis la maman d'une jeune fille de
huit ans qui fréquente une école primaire. Et puis je suis co-organisatrice, au
même titre que mes collègues ici présents, du groupe Pas une mort de plus.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Bonjour,
moi c'est Ann-Julie Rhéaume. Je suis aussi mère de deux
enfants du primaire.
Mme Korakakis
(Katherine) :
Katherine
Korakakis, the president of the English parents commitee association, mother of
two school age children.
M.
Gagné (Jean-François) : Bonjour, Jean-François Gagné, père de deux
enfants.
Mme Deschênes (Alexandra) : Alors,
Pas de mort de plus, c'est un collectif non-partisan de parents et de citoyens
qui, à la suite du décès de la jeune Maria, happée sur le chemin de l'école par
un automobiliste en décembre 2022, lance un cri du cœur pour réclamer la fin de
l'insécurité routière sur les trajets scolaires. Les 24 janvier et
15 mars 2023, à l'appel de notre mouvement, des centaines de parents et de
citoyens à travers le Québec manifestent pour cette cause devant leurs écoles.
Ces deux grandes mobilisations nationales historiques sont largement
médiatisées et des élus municipaux et provinciaux y assistent. Le sujet est
devenu incontournable dans les conseils de parents et dans la sphère publique
en général. L'ébullition ayant suivi le décès tragique et évitable,
soulignons-le, de la petite Maria, nous a révélé notre multitude. Nous étions
des dizaines de groupes de parents inquiets à la grandeur du Québec, à signaler
des trajectoires scolaires dangereuses dans nos quartiers. Nous étions nombreux
à être empêtrés dans les interminables et complexes démarches devant mener à la
mise en place des plus simples correctifs. Nous étions tout autant à essuyer
des refus...
17 h (version non révisée)
Mme Deschênes (Alexandra) : ...ou
contraints à se satisfaire de demi-mesures tant l'absence de normes encadrant
la sécurité des trajectoires scolaires mène au Québec à une inertie et un
laisser-aller dans le domaine. Indignés, inquiets mais résolus, nous avons
alors uni nos forces pour que jamais plus nos écoles ne soient le théâtre d'une
telle tragédie.
En août 2023, lors d'une rencontre
particulière avec notre collectif, la ministre des Transports, Mme Geneviève
Guilbault, faisait la promesse tant attendue : l'aménagement sécuritaire
des corridors scolaires serait désormais obligatoire. Dès lors, cette
obligation soulagerait le parent qui n'aurait plus à manifester devant l'école
pour un bout de trottoir ou un arrêt supplémentaire ni à engager l'ingagnable
bataille contre des municipalités réfractaires. Surtout, la loi rendrait
définitivement et automatiquement sécuritaire la plus normale et iconique des
activités enfantines, marcher vers l'école.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Un
seul article nous renvoie à cette promesse, l'article 52, qui se lit comme
suit : «En outre, la personne responsable de l'entretien d'un chemin
public est tenue d'aménager de façon sécuritaire la zone scolaire, notamment en
tenant compte du guide d'application élaboré par le ministre des Transports en
semblable matière.»
À notre avis, une faiblesse de cet article
est que le concept de sécuritaire n'est pas clairement défini et que, sans
institution pour établir des normes et veiller à leur respect, il incombera
toujours aux parents et aux citoyens d'entreprendre des démarches pour obtenir
des aménagements sécuritaires.
Notre première recommandation est donc la
suivante : adopter une loi sur la santé et la sécurité des usagers de la
route et désigner une institution pour la mettre en œuvre. Cette institution
devra avoir le pouvoir d'agir en prévention et d'exiger des correctifs de la
part des gestionnaires des chemins publics.
Afin de prendre en charge le risque
inhérent à la circulation des véhicules motorisés dans nos milieux de vie, nous
recommandons au MTMD de s'inspirer de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail et d'adopter une loi sur la santé et la sécurité des usagers de la
route. Une institution analogue à la CNESST, un protecteur des usagers de la
route, devrait être désignée pour veiller à l'application de la nouvelle loi.
Celle-ci permettrait d'agir de manière préventive en établissant des normes
contraignantes pour assurer la sécurité des usagers non protégés dans les
différents milieux de vie du Québec. Cette loi donnerait à l'institution
désignée le pouvoir d'imposer aux différentes parties prenantes, le MTMD,
municipalités, centres de services scolaires, etc., de se conformer à un
règlement similaire au règlement sur la santé et la sécurité du travail, qui définirait
avec précision les caractéristiques de sécurité minimale des différents milieux
de vie. Par exemple, pour les zones scolaires en milieu urbain, ce règlement
pourrait rendre obligatoire la présence de trottoirs, définir la manière dont
ils doivent être séparés de la circulation motorisée, une longueur maximale
pour les traversées piétonnes, etc. Ce règlement devrait être inspiré des
meilleures pratiques dans le domaine, notamment du projet Vision zéro.
En outre, l'institution chargée de la mise
en œuvre de cette nouvelle loi devrait recevoir les plaintes des citoyens au
sujet de la sécurité routière et faire le suivi avec les acteurs concernés.
Elle devrait faire aussi un suivi systématique des recommandations des
coroners, déployer des inspecteurs qui auront tous les pouvoirs nécessaires
pour exiger des correctifs afin qu'ils se conforment à la réglementation et
tenir des statistiques sur les causes des accidents graves en incluant, dans
les causes possibles, les aménagements déficients.
Les activités de la CNESST reposent sur
une hiérarchie des mesures de prévention qui commence avec l'élimination du
danger à la source. L'ensemble de ces mesures a permis au Québec de faire des
avancées significatives en matière de santé et sécurité au travail dans les
dernières décennies. En 2024, nous avons grandement besoin d'une loi aussi
forte que la LSST au niveau de la sécurité routière. Quelqu'un doit être
responsable de la sécurité des usagers de la route.
La révision du tome un et la table de
sécurité routière que la ministre prévoit créer dans son plan d'action sont les
bienvenues. Par contre, puisqu'elles n'auront pas un caractère obligatoire,
elles sont insuffisantes pour garantir des milieux sécuritaires à nos enfants.
Dans bien des cas, les parents mobilisés demandent des changements qui ont déjà
été recommandés par plusieurs spécialistes. Trop souvent, ces recommandations
ne sont pas suivies par les responsables de l'aménagement, qui n'ont ni l'obligation
de les suivre ni même de justifier leur choix. La loi sur la santé et la
sécurité des usagers de la route permettrait dans bien des cas de transformer
ces recommandations en obligations.
Mme Korakakis (Katherine) : Nous
recommandons de rendre obligatoire l'aménagement sécuritaire des corridors scolaires
et non uniquement de la zone scolaire. La zone scolaire est très restreinte et
ne concerne que les tronçons de rue directement adjoints à une école. Or, les
élèves ont besoin que l'ensemble de leur trajectoire soit sécuritaire. Nous
suggérons plutôt d'utiliser l'expression «corridor scolaire» tant pour l'article 52
que pour l'article 55. On entend par corridor scolaire toutes routes,
trottoirs ou zones reliant une école à ses zones environnantes et utilisées par
les élèves pour se rendre de leur domicile à l'école ou vice versa. Nous
recommandons d'établir un échéancier...
Mme Korakakis (Katherine) : ...quant
à l'entrée en vigueur des articles 52, 55 et 57. Nous recommandons
d'exiger la tenue de statistiques sur le nombre de cheminements scolaires qui
auront une limite de vitesse différente de 30 kilomètres-heure. Puisque
nous ne connaissons pas encore la teneur du règlement qui permettra d'avoir une
limite de vitesse différente, nous sommes inquiets de la portée qu'il pourrait
avoir. C'est pourquoi qu'il devrait être possible de savoir combien d'écoles
sont touchées par les conditions prescrites dans ce règlement. De plus, nous
appuyons la recommandation de Piétons Québec de modifier... de modifier la
vitesse passe, dans les agglomérations, de 50 kilomètres h à
30 kilomètres h.
M. Gagné (Jean-François) : Il
y a un an, donc, Pas de mort de plus naissait, deux manifestations nationales
plus tard. Plus d'une cinquantaine de villes et de MRC totalisant plus de la
moitié des Québécois nous ont appuyés en signant une résolution. La ministre a
donc proposé un plan de sécurité routière en août 2023. Nous sommes emballés
par ce plan. Si les moyens sont mis en place pour atteindre ces objectifs, le
plan sera une réussite.
Est-ce que ce projet de loi fera en sorte
qu'il y ait des trottoirs à Saint-Flavien? Est-ce que les voitures rouleront
encore à 70 kilomètres-heure sur le boulevard Léger, à six voies, que mes
enfants traversent pour aller à l'école le matin? Est-ce que le MTMD va encore conserver
la limite de vitesse à 70 kilomètres-heure à Prévost? Est-ce que les
enfants auront enfin droit d'aller à l'école à pied à Saint-Colomban? Ces
exemples que nous avons répertoriés continuent de s'ajouter depuis l'annonce du
mois d'août. Est-ce que le projet de loi va réellement changer les choses?
C'est la seule question qui nous intéresse.
Souvent, on entend dire : Est-ce que
ça prendra une mort pour changer les choses? Nous savons maintenant qu'une
mort, ce n'est pas suffisant. Nous savons que ça prend plus qu'un rapport du
coroner, plus que des articles toutes les semaines dans les journaux, plus que
des parents qui font des demandes pendant des années, plus que des campagnes de
sensibilisation. Ce que ça prendra, c'est un projet de loi qui fait en sorte
que les infrastructures sécuritaires soient obligatoires sur les trajets
scolaires. C'est la moindre des choses si on veut que nos enfants soient en
santé, en sécurité et qu'ils apprennent à devenir autonomes.
Nous voulons alimenter le cercle vertueux,
où plus c'est sécuritaire, plus les enfants marchent et donc plus c'est
sécuritaire. Le plan de la ministre, je le répète, est emballant. Le projet de
loi doit mettre concrètement les moyens d'y arriver. La mobilité durable, ça
commence par des enfants qui marchent. À vous de jouer.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Jacques) : Merci
pour votre exposé. Nous allons débuter les interventions avec la banquette
ministérielle, et j'invite Mme la ministre à débuter la période de questions
pour 16 minutes 30 secondes.
Mme Guilbault :Oui, merci. Merci beaucoup, M. le Président. Merci à vous
d'être... Mesdames et M., d'être présents ici aujourd'hui, toujours heureuse de
vous retrouver. Comme Piétons Québec un peu, vous faites partie des premières
rencontres que j'ai faites quand je suis arrivée comme ministre sur la question
de la sécurité routière. Vous êtes venu, d'ailleurs, dans Louis-Hébert, me
rencontrer, merci encore. Et donc c'est ça. Puis, comme je l'ai dit à Piétons
Québec, je considère qu'il y a beaucoup d'éléments de ce plan-là qui découlent
des entretiens qu'on a eus, des propos... des propositions, des propos, des
préoccupations que vous avez fait valoir, de ce dont on a discuté ensemble.
Vous étiez venus ici, puis, mon cône orange dessiné par un jeune que vous aviez
amené à l'Assemblée nationale lors de notre interpellation, je l'ai dans mon
bureau. Donc, des fois, dans une story ou autre, on le voit en arrière-fond, il
est là, pour nous rappeler pourquoi on fait ça. Donc, bref, merci puis merci de
vous être déplacé ici aujourd'hui, très intéressant.
J'ai des questions, puis le hasard fait
que Piétons Québec est passé juste un petit peu avant vous, puis c'est certain
que, pour moi, il y a des notions, un petit peu, qui se recoupent dans toute la
question des zones et des corridors scolaires. Donc, j'aurai des questions un
peu similaires là-dessus. Puis, comme je l'expliquais... Bien, d'abord, pour
moi, vous le savez, dans le plan, le premier axe, c'est le transport
sécuritaire vers l'école, puis ensuite de ça, on a un autre axe pour la
sécurité des piétons. Donc, c'est sûr que, pour moi, puis avec une très, très
grande préoccupation pour les zones scolaires, pour moi, c'est incontournable.
Je dirais que c'était l'élément numéro un qui nous animait puis qui a conduit
au dépôt de ce plan-là, maintenant... puis il y a un... la mesure un, là, la
mesure un ou deux rend obligatoire, justement, les aménagements sécuritaires
autour des zones scolaires et des corridors scolaires. Mais, pour ce qui est de
l'opérationnalisation de ça, comme je le disais tout à l'heure, la notion de
corridor scolaire est plus compliquée à définir ou à circonscrire que la notion
de zone scolaire. Puis on avait ce matin l'UMQ et la FQM, surtout, entre
autres, qui... qui regroupent les plus petites municipalités, donc qui ont des
grands territoires puis des zones ou des environnements très, très différents
de ce qu'on...
Mme Guilbault :...avoir en milieu urbain plus dense. Donc, la notion de
corridor là-bas est autrement différente qu'au centre-ville ici ou à Montréal.
Alors, considérant tous ces éléments-là,
considérant notre volonté que ce soit le plus réaliste puis faisable possible
puis opérationnalisable possible pour nos municipalités, l'article 52 est
rédigé d'une façon, comme vous l'avez dit, avec... en insistant sur les zones
scolaires, mais, par contre, en complémentarité, la mesure 1.2 du plan
vient dire que les municipalités vont devoir se fier au guide Redécouvrir le
chemin vers l'école, que sans doute vous connaissez, qu'on va mettre à jour
cette année, en 2024, c'est l'échéancier qu'on s'était donné dans le plan, puis
qui va permettre... puis là-dedans... puis ça vient aussi avec une des
recommandations que vous disiez, de définir la notion d'aménagement
sécuritaire, qui est, encore là, une notion qui est difficile à définir parce
que, d'un endroit à l'autre, ça ne prendra pas la même forme. Donc, en mettant
tout ça ensemble, j'aimerais ça vous entendre sur comment on concilie le
réalisme de... des moyens dont on a besoin puis des actions qu'on a besoin de
susciter pour atteindre notre objectif avec des prescriptions trop strictes
puis un peu imperméables à la variabilité des milieux et des environnements
dans nos différentes régions du Québec.
M. Gagné (Jean-François) : Bien,
je pense peut-être qu'il y a deux réponses à ça. La première réponse, c'est
que, tu sais, nos enfants, eux, ne connaissent pas la définition de zone
scolaire, puis de trajet scolaire, puis de... Et donc, eux, ce qui est leur intérêt,
c'est de savoir est-ce que le chemin sécuritaire. Donc, on veut bien, nous, que
ce soit écrit seulement «zone scolaire», mais nos enfants, eux, ce qu'ils
veulent, c'est un chemin sécuritaire. Puis, pour eux, ce qui est réaliste,
c'est d'avoir un chemin qui est sécuritaire, peu importe la définition que le
législateur en fait. Eux, ce qui les intéresse, c'est le trajet scolaire.
Je vais être obligé de prendre l'exemple
de... mon exemple personnel où mes enfants doivent traverser le boulevard Léger,
où les voitures roulent à 70 kilomètres-heure. Ce n'est pas dans la zone
scolaire, ça ne fait pas partie de la zone scolaire, et il va falloir qu'un
jour cet endroit-là soit sécurisé puisqu'en ce moment ça roule à 70
kilomètres-heure et c'est le trajet que plein d'enfants de Montréal-Nord
prennent pour aller à l'école.
Ça fait que, tu sais, nous, comme parents,
nous, on veut bien regarder la loi puis tout ça, mais il faut absolument qu'un
jour on s'attaque aux trajets scolaires de façon générale. Ça, c'est le premier
élément.
Le deuxième élément, c'est celui dont
Ann-Julie a parlé tantôt, c'est-à-dire que le protecteur du citoyen, lui, va
être capable... le protecteur de l'usager de la route va être capable, lui, de
dire : À cet endroit-là, c'est un endroit où il y a beaucoup d'élèves qui
passent, on a besoin que ce soit sécuritaire, même si ce n'est pas la zone
scolaire précise. Parce qu'en ce moment la zone scolaire, c'est... le panneau,
il est accroché après l'école presque, là, c'est... il est à un bout de l'école
puis à l'autre bout de l'école, c'est trop court.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : J'ajouterais...
Vous dites : C'est difficile parce que les milieux sont très différents au
Québec, puis on comprend bien ça, puis c'est justement pour ça qu'on propose
peut-être une institution qui serait responsable de ça, parce que le Québec
regorge de spécialistes en urbanisme qui sont capables de faire les nuances
entre une zone scolaire dans un milieu très dense puis une zone scolaire dans
un... dans une région rurale, et il y en a plein, de solutions. Dans les
régions rurales, ils peuvent passer par des chemins qui sont éloignés des
grandes routes. Dans les zones plus urbanisées, il y a d'autres solutions.
Donc, vous avez raison que c'est
difficile, mais je pense que ce n'est pas une raison pour ne pas le faire, puis
de demander à des experts de normer des choses puis de les rendre obligatoires,
parce que c'est vrai, c'est écrit dans la loi en ce moment, mais «sécuritaire»,
si ce n'est pas défini, c'est très subjectif. Moi, il y a un employé de la
ville de Québec qui me regardait dans les yeux en me disant que telle place
était sécuritaire, puis on n'avait pas du tout la même vision des choses. Donc,
il y aurait moyen de normer ça de manière qui soit à la fois flexible pour...
qui rendrait compte de la diversité des milieux au Québec, mais qui soit quand
même contraignante.
Mme Guilbault :Puis... Parce que, quand on parle de... vous le dites, là,
vous donnez l'exemple d'un employé de la ville de Québec, on finance aussi par
ailleurs, via le PAVL ou en tout cas dans l'ensemble de nos programmes, entre
autres des projets pour des diagnostics de sécurité puis le dépôt de plans de
sécurité des municipalités. Donc, pour plusieurs, ça faisait déjà... bien, pour
certaines, en tout cas, au moins ça faisait déjà partie de projets ou d'actions
qu'ils étaient en train de poser. Avec les bonifications des enveloppes puis
avec toute la conversation nationale qu'on est en train d'avoir puis
l'imposition du sujet dans l'actualité et autres, on sent un mouvement.
Tout à l'heure, j'ai lu l'exemple, je ne
sais pas si vous étiez dans la salle, de ma ville de Saint-Aug, où je demeure,
dans Louis-Hébert, qui elle... par eux-mêmes, le conseil municipal a adopté le
30 kilomètres-heure, 40, 50 selon les types de rues, sans qu'on les contraigne
ou sans même... même si je suis leur députée, je ne leur en ai même pas parlé,
puis ils ont décidé d'adopter ça. Ça fait qu'il y a quand même aussi une
mouvance volontaire.
Alors, tu sais, toujours dans une optique
de proposer ou... de proposer ou d'imposer selon quelque chose de réaliste pour
susciter le maximum d'adhésion, c'est ça, tu sais, pour moi, c'est difficile à
concilier la même obligation pour, par exemple, Baie-Comeau...
Mme Guilbault :...ou pour Gatineau. Tu sais, c'est vraiment ça, nous, on
essaie de chercher l'espèce de point de consensus, où on va aller chercher le
plus de monde possible puis le plus de dépôts de projets possible, de
diagnostics possible puis de réaménagements possible, qui débordent, des fois,
les zones scolaires. Tu sais, si on prend une école qui est sur notre réseau
provincial, puis là, qui passe sur une route numérotée, si tu veux mettre des
traverses piétons à une certaine distance, des affichages, des clignotants un
peu plus loin, à un moment donné, tu débordes possiblement la zone scolaire.
Mais là, c'est le corridor qui devient...
Enfin, je vous partage ça parce que je
sais que c'est ça, la... le cœur de la préoccupation puis c'est ça nous aussi
qu'on veut essayer d'atteindre. Mais les milieux sont tellement différents que
la proposition qu'on faisait me semblait... combinait la bonification des
enveloppes, là, évidemment.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Mais
vous avez tout à fait raison qu'il y a un mouvement vers la sécurisation. Puis
c'est pour ça qu'on veut laisser aux municipalités qu'on a entendues aussi ce
matin l'autonomie d'aller plus loin. Je veux dire, Québec et Montréal sont
exemplaires, en tout cas, du moins dans leur volonté de faire des aménagements
qui sont sécuritaires, puis il y a d'autres villes, dont manifestement
Saint-Augustin aussi, qui veulent aller là. Donc, l'idée, c'est vraiment de
mettre un plancher. Tu sais, aller aussi loin que vous voulez, les
municipalités, pour sécuriser les trajets, on ne va pas vous empêcher, mais il
y a un... il y a un... il y a un plancher qu'il faut mettre pour les villes qui
n'ont pas des parents mobilisés, qui n'ont pas nécessairement une
administration municipale qui est très dans cette mouvance-là puis qui a besoin
de se faire dire : O.K., vous n'êtes pas obligés d'avoir comme le nec plus
ultra des... des aménagements sécuritaires. Mais faire marcher les enfants sur
un accotement mal déneigé en se faisant frôler par des camions à 70 kilomètres/heure,
votre autonomie s'arrête là, tu sais. C'est ça.
M. Gagné (Jean-François) : Bien
là, je pense qu'on ne peut pas passer sous silence encore une fois l'exemple
de... de... nous, on l'appelle Jacinthe, c'est devenu notre amie, à Saint Flavien,
où ça fait six ans maintenant qu'il y a eu quelque... un enfant qui est mort,
il n'y a toujours pas de trottoir. Là on parle du minimum, là. On parle de
trottoirs pour marcher pour aller à l'école. Il n'est toujours pas là. Moi,
je... je... je suis encore très surpris qu'on ne soit pas capables de
construire un trottoir dans une ville pour que les enfants puissent marcher.
Mme Deschênes (Alexandra) : ...qui
était une recommandation du coroner à la suite du décès. Donc, c'est aussi ça.
C'est que, quand qu'il y a des... quand qu'il y a des recommandations du
coroner à la suite d'un décès, bien, c'est au bon vouloir de la municipalité de
les suivre, de toute évidence. Il n'y a rien qui se passe.
• (17 h 20) •
Mme Korakakis (Katherine) : On
a des écoles encore dans la métropolitaine de Montréal où les enfants, c'est
50, la route, puis il n'y a même pas de signes pour montrer d'arrêter, que,
faites attention, il y a des enfants. Puis on peut essayer d'aller vers les
conseils municipaux, mais ce n'est pas tout le monde qui nous écoute, quand
qu'on vient. Ce n'est pas chaque parent qui va être mobilisé comme nous, qui va
donner son temps, va aller bénévolement puis essayer de faire le cri de cœur.
«So», ça prend quelque chose. Ça prend quelque chose pour que tout le monde,
ils font attention, quand nos enfants sont en train... aller à l'école. C'est
superimportant. Il doit y avoir un minimum pour tout le Québec.
Mme Deschênes (Alexandra) : Est-ce
qu'on aurait... est-ce qu'on aurait aussi cette discussion-là au niveau des
travailleurs, dire : Bien, écoutez, on va laisser la liberté à ce milieu
de travail là de définir si c'est suffisamment sécuritaire pour ses
travailleurs, puis, bien, s'il a la volonté de le faire et d'aller plus loin,
bien, ça sera O.K., puis, bien, sinon, bien, il n'y a pas personne qui va le
contraindre? Alors que c'est un peu ça que nous regrettons, c'est que c'est
toujours sur le... sur les épaules du citoyen, en fait. Dans nos réalités
partagées, c'est ça, c'est qu'il n'y a rien qui contraint absolument rien.
Alors que c'est pour ça qu'on veut faire le parallèle avec la CNESST, qui est
une institution forte, qui porte le fardeau d'assurer la sécurité, parce qu'il
y a des normes, puis qu'il est inacceptable que des travailleurs soient mis en
danger. Mais on accepte ça pour tout piéton, mais là, on parle, nous,
précisément, de nos enfants. Je trouve... je trouve que c'est une conversation
qui est un peu absurde, même.
Mme Guilbault :Bien, en rendant... Je comprends ce que vous voulez dire,
mais c'est sûr qu'en rendant obligatoire l'aménagement sécuritaire autour des
zones scolaires... dans les zones scolaires, déjà, quand même, c'est un pas
important par rapport à avant, où on reposait exclusivement sur la bonne
volonté, sur la disponibilité budgétaire, et autres. Donc, dans ce sens-là,
quand même, on enchâsse dans une loi cette obligation-là. Donc, je pense que,
tu sais, à la fois d'un point de vue symbolique puis réel, c'est quand même une
belle avancée.
Puis sur... sur le... justement,
l'article 52, là, puis 55, et tout ça, tout ce qui tourne autour de cet
article-là, il y aura une conversation ou en tout cas une réflexion à avoir sur
la mise en vigueur, si vous avez vu, à l'article 87, le dernier article du
projet de loi... en fait, divers éléments, là, il va y avoir une réflexion sur
la mise en vigueur. Selon les éléments, il y a des choses qui pourront être
mises en vigueur plus ou moins vite. Mais cet élément-là fait partie de ceux
pour lesquels...
Mme Guilbault :...il faudra avoir une réflexion quand même lucide, tu
sais, en ayant en tête qu'il faut à un moment donné en arriver là aussi. Mais,
par exemple une mise en vigueur dans six mois, tu sais, ça... ce n'est pas
réaliste. Ça fait que vous, comment vous verriez ça pour qu'on puisse laisser
quand même aux municipalités le temps de faire ce qu'il faut pour se... pour se
conformer, en ayant quand même un... une échéance, éventuellement?
M. Gagné (Jean-François) : Bien,
en fait, nous, ce qu'on a demandé, tout simplement, c'est qu'il y ait un
échéancier. On n'avait pas de date précise en tête, mais, pour nous, c'est
important qu'on soit capables de suivre comment les choses vont avancer. Comme
dans le plan, il y a un échéancier...
Mme Guilbault :...
M. Gagné (Jean-François) : ...dans
la loi, il y en ait un aussi. Pour revenir sur la partie plus financière, là,
les priorités, je veux dire, c'est un choix de société qu'on fait. Je veux
dire, nous, on est contents de voir qu'il y a une priorisation, qu'il y a un
nouveau budget qui va grandir à propos de ces situations-là. Mais, je veux
dire, on investit présentement des milliards. Le ministère du Transport et de
la Mobilité durable investit des milliards dans les routes actuellement. Près
de chez moi, ils sont en train d'allonger la 19, le ministère du Transport nous
dit que ça va diminuer la circulation, alors que toutes les études disent
exactement le contraire. Et ça, ça coûte des milliards. Et, pendant ce temps
là, nous, on est bien contents, qu'il reçoit 108 millions, mais il y a des
milliards qui sont... qui sont faits pour construire une autoroute, qui va
créer plus de circulation dans nos quartiers, finalement. Donc, ça, c'est pour
la 19, mais il n'y en a pas qu'un, là, il y en a plein, de projets d'autoroute
actuellement qui coûtent beaucoup plus cher que de sécuriser nos écoles. Donc,
c'est un choix de société qu'on fait finalement. Est-ce qu'on investit
68 millions pour nos enfants, puis 5 milliards pour des nouvelles
autoroutes, ou... Il est où le choix finalement? Nous, on est très contents,
on... Ça fait longtemps qu'il n'y a pas eu d'amélioration de ces projets-là. On
est très contents, mais ça montre aussi toute l'absurdité de l'argent qu'on a
investi ailleurs plutôt que dans la santé de nos enfants, dans leur sécurité,
dans leur autonomie.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Bien,
je me permettrais... bien, allez-y.
Mme Guilbault :Non, non, allez-y, complétez, je vais avoir un autre sujet
après.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Bien,
par rapport à l'échéancier, je vous dirais, tu sais, ça fait 70 ans, là,
que le Québec se développe en mode tout à l'auto. Ça fait qu'évidemment, on n'a
pas l'attente, personne, que... que personne ne va faire ça en un mandat, là,
ou en deux ans, ou en... peu importe combien de temps. Mais, encore une fois,
s'il y avait une institution responsable de normer, il pourrait commencer
petit, par la zone scolaire au sens de la loi présentement, le petit
quadrilatère. Mais là, ça serait précis. Puis éventuellement commencer par le
plus évident, les zones scolaires, les corridors scolaires, les milieux très
denses, puis avec agrandir graduellement, là, il y aurait moyen de faire ça
graduellement, si on le faisait.
Mme Guilbault :Sur les zones scolaires, j'ai posé la question à d'autres
avant vous aussi, qu'est-ce que vous pensez de l'idée d'étirer... d'étirer
l'horaire des zones scolaires qui sont actuellement de 7 h à 17 h, de septembre
à juin, puis de les rendre permanentes, 24 7, 365 jours, Puis, encore une
fois, ça... spontanément, on se dit : Bien oui, tu sais, ça, c'est une
bonne idée, parce que, justement, il y a des enfants qui gravitent autour des
écoles, il y a des terrains de jeux, il y a des piscines, mais d'autres écoles
sont situées dans des milieux où il n'y a pas vraiment de mouvement autour des
écoles, parce que ce n'est pas des milieux nécessairement alléchants ou, tu
sais, c'est sur des grandes artères passantes, et tout ça. Donc, est-ce qu'il y
a une pertinence par rapport aussi à la sollicitation des ressources policières
pour la surveillance puis tout ça? Quoiqu'on va avoir plus de radars, mais il
n'y en aura quand même pas dans toutes les écoles. Alors, en prenant tout ça en
compte, qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Korakakis (Katherine) : Bien,
en fait, c'est une très bonne idée. Puis aussi pour la communauté anglophone,
les écoles, c'est une des seules institutions qu'on a à travers le Québec qui
nous reste. Ça fait qu'autour de ces écoles-là, la communauté se bâtit. Ça,
c'est vraiment la place, il y a tout le temps des activités qui se passent là.
Pour nous, même si ce n'est pas les enfants de l'école, mais peut-être un
centre communautaire va louer l'école après les heures d'école, s'il y a des
enfants là-bas, sur tout qu'est-ce qu'on peut faire pour rendre ça plus
sécuritaire, let's do it.
Mme Guilbault :Merci beaucoup. Je pense qu'il me reste huit secondes, bon,
bien, pour vous remercier et vous saluer. Encore une fois, merci beaucoup de
vous être déplacés puis pour tout le travail que vous faites avec nous.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Et je cède maintenant, la parole au... à
l'opposition officielle, et à M. le député de Nelligan, pour 12 minutes
23 secondes.
M. Derraji : Merci. Merci, M.
le Président. Premièrement, merci à vous quatre pour la présence, de prendre
déjà la parole sur l'espace public, de sensibiliser, que ce soient les élus ou
les gens, c'est tout à votre honneur. Donc, bravo encore une fois. J'imagine
que... je vous ai entendu, tout à l'heure, parler d'un cas, mais j'imagine que
voir un enfant frappé par une voiture, c'est toujours traumatisant. J'ai vu
beaucoup d'infos dans votre mémoire, notamment parler d'une loi-cadre...
M. Derraji : ...ou adopter une
loi sur la santé, la sécurité des usagers, mais qu'en est-il de ceux qui vivent
déjà un choc? Je ne sais pas si vous étiez dans une situation pareille ou
accompagné quelqu'un qui a vécu le moment.
Mme Korakakis (Katherine) : Bien,
moi, je peux y aller. Mes enfants vont dans deux écoles différentes puis,
depuis novembre, on a eu deux enfants qui se sont fait frapper. Ils ne sont pas
morts, ça fait qu'ils ne sont pas dans les nouvelles, mais deux enfants frappés
par les autos puis gravement blessés. Ça a été un choc pour les enfants. Moi,
j'ai un enfant avec des besoins particuliers, ça l'a affecté beaucoup puis
aussi ça a affecté l'environnement totalement. Ça, c'est deux différents cas
d'élèves depuis novembre qui se sont fait frapper par des autos.
M. Derraji : Oui. Mais là on
parle beaucoup, merci pour votre témoignage, là, on parle beaucoup de la
sécurité, et c'est très correct, zone scolaire, corridor scolaire, mais vous
venez de décrire quelque chose qu'on n'a pas vu encore. Ceux qui accompagnent,
ceux qui vivent avec, ceux qui ont vécu, on fait quoi?
Mme Korakakis (Katherine) : Oui,
c'est une très bonne question, là, c'est pour ça qu'on est inquiets, parce
qu'après tout... tout... tout qu'est-ce qui arrive avec la santé mentale des
enfants puis le milieu scolaire, on sait déjà quelle est fébrile, il y a un
autre choc qui vient rentrer dedans comme ça. Ça, ça nous prend des... À
l'école, on a eu des interventions, les profs ont parlé avec les enfants, ça,
on a eu beaucoup d'interventions à l'école, mais à la maison aussi. «So», il
faut de plus en plus éviter des situations comme ça, soit avec un plan qui peut
réduire la vitesse, ça, ça pourrait aider.
M. Gagné (Jean-François) : On
a deux mamans de notre groupe qui ont perdu leurs enfants dans des accidents
autour des écoles, et je peux vous dire que l'écriture de ces mémoires-là, pour
ces gens-là, c'est quelque chose de... c'est quelque chose de très gros, parce
que ces gens-là se battent pour des infrastructures, par exemple un trottoir,
par exemple des lignes pour se séparer pour aller à l'école. Ces gens-là, ils
se battent depuis des années pour avoir des infrastructures. Ça fait que nous,
dans le fond, ils ne sont pas là aujourd'hui, mais nous on est là pour ces
gens-là, justement, parce que ces gens-là demandent qu'il y ait des changements
et ils n'en reviennent toujours pas qu'un rapport du coroner n'est pas
suffisant pour faire changer les choses.
• (17 h 30) •
M. Derraji : Oui, mais sur ce
point, écoutez, là, moi, tout à l'heure, quand je vous ai entendu parler du
rapport du coroner, et qu'on n'a pas donné suite au rapport du coroner, je ne
sais pas ce qu'on attend, un autre décès, et j'espère que non, avant d'agir.
Moi aussi, je suis à votre place, c'est inexplicable.
Mme Deschênes (Alexandra) : C'est
pourquoi qu'on demande qu'il y ait une instance qui puisse faire ce travail-là
parce que ce n'est pas à des mères endeuillées de faire ce travail-là.
M. Derraji : Et c'est pour
cela que vous, ce que vous proposez, c'est la première fois que j'entends ça,
j'ai siégé sur la loi... sur la révision de la Loi, d'ailleurs dans cette
salle, sur la santé, la sécurité du travail. Vous, ce que vous dites, c'est que
vous cherchez une autre institution analogue à la CNESST qui sera en charge de
surveiller tout ça, y compris le fait qu'on ne donne pas suite à un rapport du
coroner, est-ce que j'ai bien compris ce que vous proposez?
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Oui,
ça peut être une nouvelle institution ou ça peut être ajouté au moment de la
SAAQ, parce que déjà la SAAQ prélève les cotisations de ceux qui génèrent le
risque, c'est-à-dire les détenteurs de permis de conduire puis
d'immatriculation, pour indemniser les victimes. Donc, par contre, il n'y a pas
de travail de prévention qui peut être fait au niveau des infrastructures.
Donc, l'idée, ce serait de soit créer une nouvelle institution, soit donner au
mandat de la SAAQ... donner à la SAAQ le pouvoir d'intervenir au niveau des
infrastructures en disant : Ici, ça ne correspond pas aux normes. Comme un
enquêteur de la CSST viendrait dans un milieu de travail puis dire : Oups,
ici, ça ne correspond pas aux normes, j'ai un règlement, c'est très clair,
voici ce que vous avez... voici ce que vous devez faire puis vous avez tel
nombre de journées pour vous conformer.
M. Derraji : Oui. Tout à
l'heure, vous avez dit quelque chose d'important, que c'est un début, on
commence quelque part et, probablement, ça risque d'être d'autres ajouts des
prochaines années. Est-ce qu'aujourd'hui, si je vous dis, le fait qu'on reste
dans la zone scolaire et non pas aller au corridor, c'est assez, c'est
suffisant? Première question. Deuxième question : Je ne sais pas si vous
avez des informations ou des statistiques par rapport... le nombre d'accidents
ou risques, corridors scolaires versus scolaires.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Bien,
en fait, ça a été dit par Piétons Québec tantôt. Ça fait qu'évidemment non,
zone scolaire, ce n'est pas suffisant, on voudrait les corridors scolaires puis
on disait que c'était 85 % des enfants happés qui étaient dans... qui
n'étaient pas dans la zone scolaire puis 95 %, je crois, des décès. Donc,
c'est absolument crucial, là, de tenir compte de la trajectoire au complet.
M. Derraji : Oui. Vous voulez
ajouter quelque chose?
M. Gagné (Jean-François) : Ça
va.
M. Derraji : Non?
Recommandation 3, vous dites : «Définir précisément ce que signifie
la...
17 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...aménagement
sécuritaire des corridors... des corridors scolaires. C'est quoi, pour vous, l'aménagement
idéal pour un corridor scolaire sécuritaire?
M. Gagné (Jean-François) : Bien
évidemment, comme on disait tantôt, c'est différent dans tous les milieux.
Donc, tu sais, là, quand moi, je pense à mon milieu, je pense que ça n'a pas de
sens qu'il y ait six voies de circulation à traverser sans qu'il y ait un îlot,
par exemple, pour que les enfants puissent arrêter au milieu de la voie. Ça n'a
pas de sens qu'un enfant ait à traverser une route où c'est 50 kilomètres-heure,
or, quand on sait que les études disent qu'en haut de 30, les morts augmentent
de façon exponentielle. Donc... Mais ça, c'est dans mon milieu à moi.
Dans un milieu plus rural, peut-être que
ça va être... ça va prendre un trottoir pour se rendre l'école, au minimum, ça
va prendre un chemin séparé des véhicules, il va falloir que le chemin soit
déneigé. Donc, ce sont des... ce sont des exemples, mais tu sais le problème,
ce n'est pas qu'il n'y a pas d'exemple, le problème c'est qu'actuellement il n'y
a rien d'obligatoire, donc il y a des recommandations partout, il y a des plans
de déplacements scolaires qui sont faits. Le problème, c'est que... je veux
dire, un rapport du coroner n'est pas suffisant. Donc, la question, ce n'est
pas : Est-ce qu'on connaît les solutions ou pas? Les solutions, elles sont
connues, il reste à les appliquer.
M. Derraji : Oui, c'est pour
cela que vous dites, dans la recommandation deux : rendre obligatoire l'aménagement
sécuritaire des corridors scolaires et non uniquement de la zone scolaire, ces
deux là où les deux sont liés.
M. Gagné (Jean-François) : Tout
à fait.
M. Derraji : O.K. Une
dernière question, pour ma part, et après c'est mon collègue, je n'ai pas vu
dans le mémoire, l'alcool au volant, et je ne sais pas si vous avez eu cette
discussion à l'intérieur de votre organisme.
M. Gagné (Jean-François) : Bien
évidemment, on est d'accord à ce que la limite pour l'alcool soit diminuée...
et ça ne fait pas de doute. Mais ce n'est pas un sujet qu'on a beaucoup traité.
Vous savez, on est tous des parents bénévoles qui travaillons depuis un an sur
ce dossier-là.
M. Derraji : Mais déjà, vous
faites un excellent travail. Le fait que vous avez réussi à avoir un engagement
de Mme la ministre et avoir une rencontre avec elle, bravo... c'est un succès
que vous voyez, vous êtes impliqué dans un plan de sécurité, c'est bravo. Donc,
le bénévolat paie, parce que vous voyez que vos idées... vous faites avancer
vos idées. Mais je reviens à la question, ce n'était pas le sujet. Je pose la
question à des parents : Pensez-vous que le législateur ait dû ajouter le
0,05, si on veut parler de la sécurité routière?
Mme Deschênes (Alexandra) : Ça
ne fait aucun doute, ça ne fait aucun doute. En fait, je ne vois pas l'obstination
à ce sujet là. Il n'y a même pas d'enjeu d'acceptabilité sociale. Conduire, c'est
quelque chose qui nécessite une attention en continu. Tout ce qui sera
distraction doit être enlevée, donc absolument.
M. Derraji : ...
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Ah!
tout à fait, c'est... toute mesure pour favoriser la sécurité des piétons, on
est tellement... on est tellement loin que n'importe quoi, on va le prendre.
M. Derraji : J'imagine, la
même chose?
Mme Korakakis
(Katherine) :
Absolutely.
M. Derraji : Absolutely.
Donc, c'est unanime, O.K.
Mme Deschênes (Alexandra) : ...
M. Derraji : Pardon?
Mme Deschênes (Alexandra) : Ça
devrait l'être pour le Parlement aussi, pour l'Assemblée nationale, quant à
moi.
M. Derraji : Bien, écoutez, c'est
pour cela que je vous pose la question. Vous savez, c'est très intéressant ce
qu'on fait. C'est... c'est un échange démocratique. C'est... je note l'absence
dans le projet de loi. C'est pour cela qu'on demande aux groupes. En date d'aujourd'hui,
je pense que le 0,05 gagne du terrain. On parle même de l'acceptabilité
sociale. Maintenant, nous, on va faire notre travail. Le reste, c'est le
gouvernement qui va accepter ou pas ce que vous proposez. Nous, on est juste
une courroie de transmission. Donc, c'est pour cela que je demandais à des
parents sensibles impliqués dans cet enjeu s'ils voient d'un bon oeil que le
Parlement doit aller dans ce sens. Ce que je constate, qu'il y a l'acceptabilité
sociale. Un groupe avant vous a dit : Probablement, nous sommes déjà
rendus là. Donc, c'est le moment de mettre en application. Donc, je vous
remercie. M. le Président, c'est mon collègue qui va prendre le relais. Merci
encore une fois.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. Je cède la parole maintenant à M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup...
Le Président (M. Jacques) : Pour
deux minutes, 30.
M. Beauchemin : Bon, merci
beaucoup, M. le Président. Je vais essayer d'être concis. Votre recommandation
numéro sept, d'exiger la tenue statistique sur le nombre de cheminements
scolaires qui auront une limite des vitesses différentes. Juste pour
comprendre, est-ce que vous, vous avez déjà vu ce genre de registre dans d'autres
juridictions? Puis est-ce que vous avez des statistiques que vous pouvez
partager avec nous?
M. Gagné (Jean-François) : Bien,
en fait, là, la loi prévoit que ça sera 30 kilomètres-heure devant toutes
les écoles, sauf exception. Donc, pour nous, il faut mettre le fardeau de la
preuve, finalement, sur le concepteur de la route qui va nous expliquer
pourquoi ça serait plus sécuritaire que la route soit autrement qu'à 30 kilomètres
heure. Donc, pour... pour que... pour que ça, ça ait lieu, bien, il faut qu'il
y ait un registre pour tenir... pour tenir mémoire, finalement, de ces...
M. Gagné (Jean-François) : ...de
ces endroits-là, mais dont on ne connaît pas de juridiction qui fait ça.
M. Beauchemin : Donc, ce que
vous dites, c'est que, finalement, ça devrait être sur le... les épaules de...
bien, du ministère, finalement, qui...
M. Gagné (Jean-François) : Bien,
dans le cas où c'est le MTMD, oui, mais ça peut être dans les villes aussi,
effectivement.
M. Beauchemin : O.K. Puis
vous... on parle de zones scolaires puis de corridors scolaires, puis je
m'excuse à l'avance si je dis quelque chose qui a déjà été comme... déjà défini
par d'autres avant, mais, dans un contexte où est-ce que, bon, les enfants sont
transportés en autobus, parce qu'ils sont à une certaine distance x de l'école,
eux, ils sont déposés devant la porte, pas de risque, c'est ceux qui sont à
l'intérieur du cercle, O.K., est-ce que c'est cette approche-là que vous, vous
voulez utiliser quand vous voulez parler de corridors scolaires, c'est que ce
n'est pas vraiment juste les rues les plus utilisées... votre exemple de six
voies, là, à traverser, est-ce que c'est vraiment plutôt comme, par exemple, ce
qui n'est pas couvert, finalement, par le service d'autobus qui pourrait être
considéré comme la zone scolaire?
M. Gagné (Jean-François) : Bien,
disons que ça serait ambitieux de vouloir faire ça dans une ville comme Montréal
ou dans une ville comme Québec, ça voudrait dire que la ville en entier est un
territoire scolaire, là, parce que les milieux sont denses, là. Moi, j'ai trois
écoles à moins d'un kilomètre de la maison. Donc, ça serait... ça serait quand
même très exigeant de passer tout de suite à ça. C'est pour ça que nous, on
propose les corridors scolaires qui seraient les rues qui sont principalement
employées par les élèves. Il y a des études, là, qui sont faites entre autres
par le... à Montréal, où on se rend compte finalement que les enfants utilisent
pour 95 % certaines rues. Et donc ce serait celles-là qu'il faudrait
prioriser dans la loi et sur le terrain finalement.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine l'échange avec l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole au deuxième groupe d'opposition et M. le député de
Taschereau.
M. Grandmont : Pour quatre
minutes.
Le Président (M. Jacques) : Quatre
minutes.
M. Grandmont : Bonjour à vous
quatre. Merci pour votre énorme engagement depuis un an puis merci pour votre
présence puis votre mémoire également. Je trouve très intéressante, là, votre
proposition d'un protecteur de l'usager ou des usagers de la route.
Effectivement, vous avez fait la référence avec la CNESST. Il y a des agents,
des... c'est ça, des agents ou en tout cas des inspecteurs qui sont chargés
d'aller sur les milieux de travail puis vérifier que les normes, que les lois
sont respectées, sont mises en application au bénéfice de l'atteinte du moins
d'accidents graves ou mortels sur les lieux de travail. Ça m'a fait réfléchir
aussi. Récemment, au niveau du ministère de l'Éducation, on a la création d'un
protecteur de l'élève qui a été mise sur la place publique. De la même façon,
on a un protecteur de l'intégrité en loisir et en sport qui a été annoncé
aujourd'hui dans le projet de loi déposé par la ministre responsable. Je trouve
ça intéressant. Puis je ferai un... je ferai une petite... une petite... une
petite parenthèse en rappelant que, du côté gouvernemental, on a... on a
beaucoup insisté sur l'acceptabilité sociale, sur la difficulté de mise en
application. Est-ce que, pour vous, ça sonne comme un... comme un compromis à
accepter pour faire un pas dans la bonne direction?
• (17 h 40) •
M. Gagné (Jean-François) : Bien
là, l'acceptabilité sociale, pour moi, il n'y a pas d'acceptabilité à ce qu'un
milieu de vie que mes enfants prennent pour aller à l'école soit dangereux. Ce
n'est pas acceptable qu'un milieu de vie soit dangereux pour se déplacer. Ça
fait en sorte que la part modale des marcheurs diminue depuis des dizaines
d'années maintenant, parce que le danger augmente toujours par la quantité, la
grosseur, la vitesse des véhicules. Donc, acceptabilité sociale, pour moi, ça veut
dire que finalement on laisse aux usagers dangereux des privilèges, alors que
ce qu'on voudrait, c'est que nos enfants se déplacent à pied pour aller à
l'école, tout simplement. Donc, pour moi, c'est un faux débat, cette question
d'acceptabilité sociale autour des écoles. On veut que nos enfants marchent. Ça
devrait être la priorité de nos élus, de... C'est ça qu'ils veulent, les
parents.
M. Grandmont : Selon vous,
là, combien de morts ou d'accidents graves sont acceptables sur les routes au
Québec par année?
Mme Korakakis (Katherine) : Zéro.
M. Grandmont : Zéro?
Mme Korakakis (Katherine) : Zéro.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : ...évidemment
zéro, puis... mais la réalité, c'est clairement plus grand que zéro. Puis,
c'est ça, moi-même, je suis mal à l'aise, depuis ce matin, un peu avec ce
débat-là. La sécurité, oui, à un moment donné, il faut... il faut mesurer les
choses, mais on ne peut quand même pas... La situation... Le statu quo est
dangereux et inacceptable, puis de commencer à parler des petites frustrations
que pourraient vivre des automobilistes qui choisissent toujours des voitures
plus grosses, avec des plus gros angles morts, puis tout ça, en disant que
sinon ils vont se fâcher, que sinon ils vont avoir de la rage au volant... Si
les gens sont enragés, on ne va pas leur ouvrir la voie encore plus grande en
disant : Mon Dieu...
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : ...Au
contraire, il faut... il faut les contraindre, donc. Puis comme Jean-François
disait, c'est un choix de société.
M. Grandmont : Est-ce que
vous trouvez que le projet de loi, tel qu'il est écrit actuellement, nous
permet d'atteindre le zéro accident grave, zéro accident mortel sur les routes?
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Bien,
il aurait besoin d'être bonifié.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. J'avais le goût de vous entendre, là, sur les écoles, les zones
scolaires 24/7, 365 jours par année. On le disait tantôt, il y a
peut-être des écoles qui sont moins fréquentées. Ce n'est pas un peu l'oeuf ou
la poule? Il y a peut-être des écoles qui ne sont pas fréquentées en dehors des
heures scolaires parce que les aménagements autour ne sont pas suffisants?
Mme Korakakis (Katherine) : Exactement.
Mme Rhéaume (Ann-Julie) : Oui,
il y a ça. Puis il y a aussi, vraiment, là, rouler 10 kilomètres à l'heure
plus vite entre telle et telle heure, là, c'est-tu vraiment un enjeu par
rapport à la clarté? Zone scolaire, zone scolaire, pas besoin de regarder ta
montre. Évidemment, je trouve que c'est... il n'y a... il n'y a pas de... il
n'y a pas de mesure entre les deux, là.
M. Gagné (Jean-François) : Un
exemple très frappant sur Christophe-Colomb, justement, à Montréal, où la ville
a payé une espèce de gros gros panneau pour que les automobilistes puissent
aller à 10 kilomètres/heure plus vite à certaines heures de la journée,
alors que le reste de la journée, c'est 30 kilomètres. On a vraiment de
l'argent dans notre société pour augmenter la vitesse pendant certaines heures
de 10 kilomètres/heure?
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met un terme aux échanges avec les membres de la commission. Je
vous remercie pour votre présence parmi nous aujourd'hui.
Nous allons suspendre encore un très court
moment pour faire place au prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 44)
(Reprise à 17 h 47)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux représentants d'Accès
Transports viables. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi, nous procéderons à une période d'échange avec les
membres de la commission. Et je vous invite à vous présenter et à débuter votre
exposé.
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Merci,
M. le Président. Mme la ministre Geneviève Guibault, mesdames et Messieurs les
membres de la commission, représentantes et représentants du ministère des
Transports et de la Société de l'assurance automobile du Québec, bonjour et
merci beaucoup de nous recevoir. Je m'appelle Marie-Soleil Gagné, je suis
directrice générale d'Accès Transports viables. Je suis accompagnée d'Angèle
Pineau-Lemieux, coordonnatrice aux affaires publiques et aux communications au
sein de notre organisme, et de Sylvain Nocquard, chargé de projets en mobilité
active chez nous également.
Accès Transports...
Mme Gagné (Marie-Soleil) : ...Accès
Transports viables, pour rappel, c'est un organisme à but non lucratif qui
travaille dans Chaudière-Appalaches et Capitale-Nationale. On fait la défense
des droits des utilisateurs et utilisatrices des transports actifs et
collectifs et on fait aussi la promotion et la sensibilisation à la mobilité
durable.
Pour nous, le projet de loi n° 48 est un
grand sujet d'intérêt chez Accès Transports viables parce qu'on travaille,
depuis plus de 10 ans, à sécuriser les abords des écoles de concert avec
les centres de services scolaires et les directions d'école, parce qu'on
constate les enjeux vécus dans nos plus petites municipalités, surtout sur nos
routes à numéro, et parce qu'une mort sur nos routes, c'est une mort de trop.
Mme... M. le Président, nous tenons à souligner le dépôt de ce projet de loi
qui vient apporter aux améliorations importantes en matière de sécurité
routière, trois en particulier qui me semblent importants de nommer :
l'augmentation et l'harmonisation des amendes pour le non-respect de la
priorité piétonne, l'obligation d'aménager la zone scolaire de façon
sécuritaire et l'instauration de la limite de 30 kilomètres heure en zone
scolaire.
C'est une bonne chose de voir le projet de
loi et le Plan d'action en sécurité routière, du fait qu'il découle, en fait,
directement de la Vision zéro, une approche de sécurité routière dont
l'objectif ultime est de viser, comme l'indique son nom, zéro blessé grave et
décès sur nos routes. La vision zéro est d'autant plus essentielle quand on
sait que, depuis 10 ans, 27 000 personnes piétonnes ont été
blessées, 650 personnes sont décédées et près de 75... 75 % de ces
personnes qui ont vécu... qui ont été blessées ou qui sont décédées étaient à
l'extérieur de la région de Montréal et ces personnes se déplaçaient à pied.
Malheureusement, il y a des publics plus vulnérables qui sont surreprésentés
dans ces statistiques, notamment les personnes aînées, mais aussi, nos enfants
ne sont toujours pas en sécurité aux abords des écoles et dans leur milieu de
vie.
La Vision zéro est essentielle, mais
encore faut-il en saisir pleinement l'ampleur. Je souhaite ici la définir un
peu plus en détail. La vision zéro, contrairement aux approches traditionnelles
de sécurité routière, utilise une approche globale et systémique par rapport
aux collisions. On priorise les actions dans un ordre qui est vraiment très
important, donc on privilégie la mobilité durable et, conséquemment, la
réduction du nombre de véhicules sur nos routes et donc l'exposition aux
risques. Par la suite, on travaille sur les aménagements, qui permettent de
protéger les plus vulnérables et de réduire la vitesse de circulation des
véhicules motorisés. Par la suite, on conçoit des véhicules permettant de
réduire le nombre de collisions ou la gravité des collisions. Puis finalement,
on sensibilise, on forme, on contrôle et on sanctionne. L'ordre de priorités
dans la Vision zéro, il est non seulement important, mais il est essentiel.
C'est la nature même de cette approche.
• (17 h 50) •
Malheureusement, pour nous, le projet de
loi n° 48, en misant quasi uniquement sur des mesures de contrôle et de
sanction, que ce soit par rapport aux radars ou aux amendes, passe à côté de
l'opportunité d'être produire un véritable changement de paradigme qui viserait
directement à favoriser l'efficacité des modes de transport durables et tout
particulièrement des modes actifs comme la marche ou le vélo, qui sont les
modes les plus vulnérables, soit dit en passant, mais aussi ceux qui apportent
les plus grands cobénéfices au point de vue individuel et collectif.
Notre mobilité et la façon dont s'est
construit notre réseau, on le sait, est malheureusement axée sur la fluidité
automobile. On ne révise pas le Code de sécurité routière à tous les jours. Et
c'est pourquoi, si on ne saisit pas les leviers qui nous permettent de réduire
les déplacements automobiles à la source et de favoriser la mobilité durable,
on n'atteint pas véritablement les objectifs de la Vision zéro. Ces leviers
sont, selon nous, nombreux puis ils vont être... ils sont présentés en détail
dans notre mémoire. Je vais laisser ma collègue, Angèle Pineau-Lemieux,
continuer avec quatre plus en détail.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Merci
beaucoup. M. le Président. Je souhaite d'abord vous entretenir sur
l'interdiction du virage à droite aux feux rouges, qui est au sein de notre
mémoire. Il faut savoir que, depuis 2003, le virage à droite aux feux rouges
est permis au Québec, sauf sur l'île de Montréal, et c'est le pouvoir des
municipalités d'instaurer des exceptions en installant des panneaux
d'interdiction aux intersections jugées dangereuses. Compte tenu du risque de
collision qui est associé dans un contexte où, on le sait, la taille des
véhicules augmente, le virage à droite aux feux rouges entre en contradiction
avec la Vision zéro et avec le principe de prudence. C'est bien de sanctionner
l'interdiction du... Ah! je recommence. C'est pourquoi on recommande
l'interdiction du virage à droite aux feux rouges dans l'ensemble du Québec. Il
y a un objectif, c'est d'inverser le paradigme, c'est-à-dire de faire des
intersections où le virage à droite est interdit. La norme est de faire des
intersections où il est permis l'exception, ce qui est le contraire de ce qu'on
a en ce moment. Il faut dire que, lorsque le virage à droite aux feux rouges a
été implanté en 2003 et à chaque fois qu'on ramène la conversation publique sur
ce sujet-là, on invoque les gains de temps pour les automobilistes et donc les
gains en carburant dépensés. Or, il y a une étude du ministère des Transports
du Québec qui indique que le gain de temps pour les automobilistes est en
moyenne de 3 à 6 secondes par jour et que, sur le plan environnemental....
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : ...économies
de carburant sont très faibles. La même étude estimait à seulement
2.6 litres d'essence par année les économies en carburant. Or, on le sait,
la légalisation du virage à droite aux feux rouges, entre 2003 et 2015, elle a
entraîné 1 108 blessures, dont sept collisions mortelles ainsi que
37 blessures graves. Dans une perspective de vision zéro, c'est sept morts
et 37 blessés graves de trop.
Je souhaite amener votre attention aussi
sur un deuxième levier qui est à votre disposition dans la révision du code,
soit la modification de la vitesse de base, en agglomération, de
50 kilomètres/heure à 30 kilomètres/h. Je sais qu'on n'est pas les
premiers groupes à vous entretenir là-dessus.
C'est bien de sanctionner et de donner des
amendes plus élevées en cas de vitesse non sécuritaire pour la cohabitation
avec les piétons et cyclistes, c'est encore mieux de réduire les vitesses en
amont pour s'assurer que les vitesses pratiquées pardonnent en cas de collision
avec les usagères et usagers les plus vulnérables. Et la littérature, à cet
effet, nous montre que la vitesse à laquelle les véhicules se déplacent sur nos
routes joue un rôle majeur dans la fréquence des collisions entre les véhicules
motorisés et les piétons ou les cyclistes et dans les chances de survie.
Il y en a sûrement qui peuvent se
demander : Est-ce que changer les panneaux a un impact en soi au niveau
des limites de vitesse? Pour nous, c'est non seulement un signal clair comme
quoi 30 kilomètres/h, c'est la vitesse acceptable à adopter en milieu
urbanisé, mais c'est surtout une occasion en or. Ma collègue le disait, on ne
révise pas le code de la sécurité routière tous les jours. Or, on le sait, dans
le plan d'action présenté par Mme la ministre, l'automne dernier, on prévoit
une révision des normes d'aménagement, dans les prochaines années, une révision
des tomes un sur la conception routière, tome 5 sur la signalisation
routière, ce serait vraiment dommage de ne pas profiter de cette révision qui
s'en vient pour que les futurs aménagements en milieu urbanisé au Québec se
basent sur la vitesse de 30 kilomètres/h, qui est celle qui est
sécuritaire pour la cohabitation avec les piétons et les cyclistes.
Finalement, j'aborde brièvement deux
dernières recommandations qu'on souhaite mettre de l'avant, qui figurent dans
le mémoire : le fait de rendre le non-respect du principe de prudence
sanctionnable et de moduler la sévérité des sanctions proportionnellement à la
dangerosité du véhicule.
Il faut savoir que quand on a inscrit le
principe de prudence, lors de la dernière révision, on l'a fait pour permettre
d'établir qu'il est la responsabilité des conducteurs des véhicules les plus
dangereux de faire preuve d'une prudence accrue à l'égard des usagères et
usagers les plus vulnérables. En ce sens-là, on souhaite soutenir la
proposition de Piétons Québec de le rendre sanctionnable en l'associant à
l'article 327 du Code de la sécurité routière et de moduler la sévérité
des sanctions proportionnellement à la dangerosité du véhicule. Ça permettrait
de traduire le fait, par exemple, qu'une automobile de petit gabarit ne
représente pas le même niveau de risque lors d'une collision avec une personne
piétonne ou une personne cycliste qu'un camion lourd.
Finalement, dernière mesure ou levier
qu'on souhaite vous recommander, c'est celui de permettre aux cyclistes de
traiter les arrêts comme des «cédez le passage». Et en ce sens, on souhaite
soutenir la proposition qu'on sait que Vélo Québec va vous faire relative aux
articles 369 et 370, qui prévoient qu'à l'approche d'une intersection
munie d'un arrêt aujourd'hui les cyclistes et les automobilistes doivent
exécuter un arrêt complet avant de poursuivre leur trajet. Cette exigence-là
nous paraît justifiée pour les automobilistes parce que leur vitesse restreint
leur champ de vision. On sait que leur masse et leur vitesse combinées va
allonger la distance de freinage et on sait que leur vitesse et leur masse
combinées augmentent aussi la violence des chocs. Or, il s'agit d'une exigence
qui est disproportionnée à nos yeux pour les cyclistes qui circulent à plus
basse vitesse et bénéficient d'une meilleure... d'un meilleur champ de vision.
On sait aussi que pour eux, ralentir à l'approche de l'intersection suffit
généralement pour pouvoir évaluer si un arrêt est nécessaire, et surtout, on
sait que repartir après un arrêt complet demande une dépense d'énergie beaucoup
plus grande du cycliste que de l'automobiliste. Cette recommandation-là, elle
viserait à réduire le temps de parcours à vélo afin de favoriser la pratique de
ce mode de transport dans l'objectif qui est, comme le disait ma collègue, la
priorité numéro un, la vision zéro, c'est-à-dire favoriser la mobilité durable.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Donc, je débute les interventions avec Mme la
ministre pour 16 minutes 30 s.
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci à vous d'être
ici présents pour partager.
J'ai ici votre mémoire, là, que je... que
je regarde. Puis il y a des recommandations qui vont dans le sens de ce qu'on
propose, alors je trouve ça toujours intéressant, notamment le numéro 8,
numéro 13. Mais peut-être revenir... ou peut-être... peut-être une mise en
contexte.
Parce que, quand on dit, puis je
paraphrase, là, ce n'est pas les mots exacts, mais on trouve dommage de... que
le projet de loi n'utilise pas cette occasion-là, par exemple, pour des
questions de virage à droite ou peut-être de véhicules ou de choses qui ne
touchent pas nécessairement ce qui est effectivement dans le projet de loi,
c'est sûr que le projet de loi, c'est un instrument qui sert...
Mme Guilbault :...à mettre en œuvre des mesures du plan d'action qu'on
avait déposé. Étiez-vous présents, l'un de vous, au lancement du plan d'action
l'année... l'été dernier?
Mme Gagné (Marie-Soleil) : ...pas
été invités.
Mme Guilbault :Non?
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : C'était
à Montréal...
Mme Guilbault :Oui, c'est ça, c'était à Montréal...
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : ...à
Montréal, on était en virtuel, on avait reçu le communiqué, mais non on était
pas présents.
Mme Guilbault :O.K. bon, mais... mais, donc, c'est ça, vous avez suivi ça,
le lancement du plan, puis qui était le fruit d'un travail, avec tellement de
rencontres que j'ai faites. J'ai rencontré à peu près tout le monde, ou sinon
mon cabinet, on a rencontré... Puis donc, ça, c'est un peu... évidemment, e
n'est pas parfait, puis ce n'est pas le miracle qui va mettre fin à tous les
problèmes, mais il y a quand même beaucoup de choses dans ce plan-là dont on
est très fiers. Puis sur les... en fait, il y a 27 mesures, mais avec
quelques sous-mesures, ce qui fait qu'au total ça fait 47 éléments. Puis
là dessus, il y en a environ six. Il y en a même précisément six pour lesquels
on avait besoin de ce projet de loi là pour les mettre en œuvre. Donc, c'est
pour ça que c'est un projet de loi, à la différence, peut-être, de d'autres
projets de loi qui portent sur un thème où, là, on fait le tour de plusieurs choses
du thème. Puis là c'est vraiment, je dirais, un projet de loi instrumental pour
venir opérationnaliser des choses qui avaient préalablement été annoncées.
Donc, dans ce sens-là, c'est sûr qu'on s'attarde à des volets qui sont les
engagements qu'on avait pris. Donc, tu sais, évidemment la mesure numéro un, la
mesure numéro deux, la mesure numéro quatre, ainsi de suite, numéro cinq. Donc,
juste pour le contexte. Donc, c'est sûr que les éléments qui ne sont pas
nécessairement dans le plan d'action ne se trouvent pas dans le projet de loi,
parce que c'est comme un projet de loi instrumental, comme je disais, qui
vient... qui vient servir à donner suite à des choses. Et... et un des éléments
importants, bien évidemment, c'est les zones scolaires, les zones, les
corridors. On a eu le débat avec... avec des gens qui vous ont précédés aussi,
plus de radars photo, plus... des pénalités plus élevées. Et je crois que vous
disiez, en terminant, qu'on puisse sanctionner davantage le virage à droite, ou
on ne cède pas le passage... est-ce que c'est... ou le dernier exemple que vous
aviez donné à la fin de votre exposé, si vous pouviez me le répéter.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : La
dernière mesure portait sur le fait de considérer l'arrêt comme un céder le
passage pour les cyclistes. Puis l'autre d'avant portait sur la sanction du
principe de prudence, le fait de le rendre sanctionnable, le non-respect du
principe de prudence.
Mme Guilbault :Ah! O.K., O.K., O.K. parfait. C'est différent de ce que
j'avais compris, parce que vous avez peut-être vu dans le projet de loi, il y a
une série d'éléments pour lesquels on va augmenter les sanctions qui couvrent
beaucoup les cyclistes, beaucoup les piétons, puis c'était exactement ça,
l'objectif. Donc, alors, c'est ça, ça fait que, sur la question des zones
scolaires... Puis c'est ça, la réflexion, les zones, le corridor, est-ce que
vous considérez que ce qu'on a mis dans le projet de loi, qui fait donc suite à
ce qu'on avait mis dans le plan d'action, est de nature à augmenter
significativement la sécurité dans nos zones scolaires, donc, pour nos enfants,
pour les usagers du réseau qui se promènent autour de nos zones scolaires?
• (18 heures) •
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Je
vais commencer. Bien, c'est sûr qu'on considère que c'est une bonne avancée, en
fait, un bon premier pas pour justement sécuriser les abords des écoles. En
même temps, on comprend aussi votre mise en contexte. On comprend aussi que,
bon, la révision du projet de loi actuel dépend d'un plan d'action qui a été
annoncé à telle période. En même temps, il y a des enjeux à l'heure actuelle
sur le terrain, il y a des décès, il y a des... il y a des décès, il y a des
collisions, puis un décès ou une collision qui implique un enfant, peut importe
où est-ce qu'il se trouve, en fait, dans une ville, dans un village, dans le
territoire, bien, c'est inacceptable. Donc, en tant que tel, nous, oui,
effectivement, on considère que c'est une bonne avancée. En même temps, c'est
sûr et certain que tant et aussi longtemps qu'on ne touchera pas sur la
question de la réduction du nombre d'automobiles, qu'on ne touchera pas sur les
aménagements en soi, bien, on... le projet de loi, en fait... en fait, ce qui
est proposé ne reflète pas nécessairement en fait l'ampleur de l'approche
vision zéro. L'approche vision zéro, c'est quand même une approche qui a été
éprouvée dans le monde, un peu partout. Il y a des études, en fait, qui
démontrent que c'est une approche qui permet justement d'atteindre zéro décès,
zéro... zéro blessé. Donc, c'est sûr que, pour nous, la notion de zone versus
corridor, on considère que, plus qu'on aménage, en fait, nos milieux de vie
pour qu'ils soient favorables à la pratique des transports actifs, plus qu'on
sécurise par le fait même, en fait, le milieu. C'est comme ça que je
commencerais.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Je
complèterais peut-être sur la notion de zone versus corridor. Dans le plan
d'action, on faisait référence à un corridor, là, dans certains articles du
projet de loi actuel, on fait référence plutôt au mot zone. La zone, en ce
moment, on parle des... des rues qui sont littéralement contiguës ou adjacentes
au terrain, soit d'un établissement scolaire ou d'un établissement où il y a
des activités scolaires. Et le projet de loi, en ce moment, ce qu'il propose,
c'est d'étendre de 50 mètres en zone urbaine ou de 100 mètres hors de
la zone urbaine, ce périmètre-là. Or, on le sait, puis c'est un peu dans ce...
dans cette optique-là, la...
18 h (version non révisée)
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : ...12 :
«transformer le concept de zone scolaire en corridor scolaire pour créer des
secteurs protégés étendus». C'est dans cette optique-là que, pour nous, ce n'est
pas suffisant de s'intéresser même à 50 mètres autour d'une école. On... L'idée,
c'est qu'on le sait, là, 85 %, il me semble, des accidents impliquant les
élèves ont lieu en dehors de la zone scolaire, ont lieu... et je pense que les
parents qui étaient avant nous en ont parlé souvent, ont lieu sur le chemin de
l'école. Et donc c'est cette notion-là de zone qui, pour nous, semble
problématique et qu'on trouve dommage, par rapport aux intentions qui avaient
été annoncées dans le plan d'action, de ne pas retrouver un corridor qui est
considéré comme plus élargi, plus étendu et qui permettrait de refléter le fait
que les accidents, ils n'ont pas juste lieu sur le terrain de l'école ou sur la
rue adjacente à l'école.
Mme Guilbault :Est-ce que... Je ne sais pas si vous êtes familiers avec le
guide Redécouvrir le chemin de l'école, qui est le complément, là, comme je
disais à des groupes, effectivement, qui ont soulevé le même point que vous...
et je disais qu'en complément de ça... parce que, oui, rendre les aménagements
sécuritaires, mais pour avoir une sorte d'uniformité ou de référence objective
en bas de laquelle on n'accepte plus les... que les aménagements soient
considérés sécuritaires, si on veut, on va le mettre à jour cette année, ce
guide-là. Avez-vous une opinion là-dessus, encore une fois, si vous le
connaissez, là?
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Bien,
la recommandation 14 y fait référence, laissez-moi la sortir exactement...
mais qui «vise à faire de l'aménagement sécuritaire des zones et corridors
scolaires une obligation». Dans le... dans la formulation actuelle de la
proposition qui est dans le projet de loi... je ne la connais pas par cœur, là,
mais ça dit «en tenant compte du guide», et, à nos yeux, c'est une très bonne
chose qu'on élabore un guide qui permet d'avoir des pratiques standards, les
gens pourront faire encore mieux, mais on a au moins un guide de base. À notre
sens, la recommandation 14 faisait référence au fait que le terme «en
tenant compte» ne nous semble pas porter le caractère obligatoire qui était
attendu dans le plan d'action, où on parlait d'obligation de suivre le guide
Redécouvrir le chemin de l'école, alors que là on est sur une formulation qui
parle de tenir compte, et c'est ce sur quoi porte la recommandation 14,
sur le flou entourant le terme «tenir compte».
Mme Guilbault :Puis, toujours sur les zones scolaires, je voyais votre
recommandation numéro 13, justement : «modifier par voie
réglementaire la période d'application de la zone scolaire et du corridor
scolaire en l'étendant 24 h par jour, sept jours par semaine, 365 jours
par année». Donc, c'est pratiquement un peu l'expression qu'on a prise aujourd'hui,
là, pour parler de ça, parce que je demandais aux gens : Qu'est-ce que
vous pensez de l'idée?, en considérant qu'il y a des environnements différents,
des réalités différentes, des milieux où il n'y a pas vraiment d'installations,
qui font que les enfants vont fréquenter l'école à moins d'aller à l'école,
justement, alors... Mais là, je vois, vous, c'est très clair dans la
recommandation numéro 13, puis, en fait, nous, de prime abord, on avait un
préjugé favorable pour ça, là, c'est dans... c'est dans la mesure 1.2 de
notre... Ou du moins, dans le plan d'action sécurité routière, on disait :
«mener des consultations sur le règlement encadrant l'établissement des zones
scolaires et définissant la période scolaire afin notamment de revoir les
balises définissant la période scolaire et les zones scolaires». Donc, ça va
tout à fait dans ce sens-là. Je voulais justement le... Je voulais seulement le
préciser, dire qu'on pense un peu la même chose.
J'irais à votre recommandation numéro un,
qui couvre large quand même, là, tu sais, la recommandation numéro un :
«intégrer des modifications visant non seulement à sanctionner davantage les
comportements dangereux, mais aussi et surtout à favoriser la mobilité durable
en augmentant son efficacité». Puis vous avez dit tout à l'heure, tu sais, l'important,
c'est ça, ce n'est pas juste d'avoir des sanctions, ce n'est pas juste de
prévoir ce qu'on prévoit là, mais c'est toute la question de la prévention
puis, dans le fond, d'avoir de l'aménagement plus globalement qui est favorable
à plus de sécurité. Puis là aussi je suis d'accord puis, dans un sens, j'étais...
je n'étais pas étonnée de trouver cette recommandation-là parce que ça va tout
à fait dans le sens de votre mission puis des propos que vous avez tenus
précédemment, mais il y a quand même beaucoup de ça dans le plan d'action de la
sécurité routière. Tu sais, rendre obligatoires des aménagements sécuritaires,
ce n'est pas chose aisée, là, tu sais, pour des villes en dehors des grands
centres, vous, vous êtes plus à Québec, mais, dans l'ensemble de nos régions du
Québec, c'est un énorme pas qu'on franchit puis c'est une énorme pression qu'on
met sur les municipalités. Alors, c'est déjà une avancée majeure qui, je
trouve... Justement, là, c'est non seulement sanctionner dans le projet de loi
puis dans le plan d'action, mais c'est aussi favoriser la mobilité durable,
favoriser les aménagements.
On parle beaucoup des zones scolaires,
mais on a, comme vous savez probablement, aussi tout un bloc sur la sécurité
pour les travailleurs de chantier. On a aussi un bloc sur les aînés. Pour la
première fois, notre ministère va siéger dans la définition de la nouvelle
politique Vieillir ensemble. Alors, on siège dans les comités pour la nouvelle
politique pour les aînés. Les brigadiers scolaires, il y a des mesures pour les
brigadiers scolaires. Donc, tant en termes d'aménagement que de mobilité
durable que de sécurité en...
Mme Guilbault :...pour des clientèles vulnérables, pas seulement les
enfants, je trouvais qu'on atteignait l'objectif avec le plan d'action, dont le
projet de loi permet de mettre en œuvre certaines mesures. Donc, j'aimerais ça
juste vous... entendre votre réponse à cette réflexion-là, que je me faisais en
lisant la recommandation numéro 1.
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Bien,
juste pour revenir, en fait, nous, on travaille dans la Capitale-Nationale et
Chaudière-Appalaches, donc on est en lien avec différentes municipalités de
différentes grosseurs, là, soit dit en passant. Et puis c'est sûr que les
routes à numéros, on ne se le cachera pas, là, c'est vraiment... c'est un
enjeu, en fait, prioritaire. Le nombre de maires, de mairesses, de conseillers municipaux
qui viennent nous voir puis qui nous disent : qu'est-ce qu'on peut faire
pour réaménager, en fait, cette route-là, parce que j'ai des... j'ai des... des
enfants, j'ai des aînés qui circulent, en fait, sur ces artères-là, à pied. Et
évidemment, ce sont des endroits qui sont dangereux.
En tant que tel, ce qu'on considère... on
considère vraiment que le projet de... en fait, la révision ne va pas
suffisamment loin, en fait, pour faciliter les déplacements actifs. Donc, par
exemple, il y a tout ce qu'on vient de nommer par rapport à, justement, l'arrêt
Idaho ou je ne sais pas comment...
Une voix : Cédez le passage
aux cyclistes.
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Cédez
le passage, oui, merci. Tu sais, ce genre d'initiative là, en fait, rend
compétitifs, en fait, les modes durables par rapport à l'automobile
individuelle. Tant et aussi longtemps qu'on ne va pas chercher à réduire ou à
questionner au moins la dépendance à l'automobile, bien, veut veux pas, en
fait, on ne finira jamais par s'avouer que notre plus grand risque en ce
moment, le plus grand danger sur nos routes, bien, ce sont les automobiles. Ce
ne sont pas les piétons, ce ne sont pas les cyclistes. Et donc, c'est important
de prévoir, en fait, des mesures, même s'ils sont... elles sont coûteuses. Puis
on ne demande pas que ça soit réglé du jour au lendemain, je pense qu'il n'y a
pas de recette magique non plus pour rendre le bilan routier moins lourd. Mais
en même temps, je pense qu'il y a quand même des actions. Puis les
municipalités, en fait, elles sont prêtes, elles ont l'appétit, en fait, pour
ce genre de mesure là, je pense qu'il faut agir en concertation, puis c'est
vraiment... c'est un défi partagé, là, en tant que tel, là.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Si
tu me permets?
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Bien
sûr.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : On
parlait, tu sais, justement du fait que notre mission réside dans la mobilité
durable, celle du ministère aussi. Puis je renverrais à la politique de
mobilité durable 2030, où on a des objectifs d'augmentation de l'apport
modale des transports, des transports actifs.
• (18 h 10) •
À votre question, à savoir est-ce que le
projet de loi permet justement d'atteindre la recommandation numéro un, qui
dit... qui... donc «intégrer des modifications qui permettent de favoriser la
mobilité durable en augmentant son efficacité»? Nous, malheureusement, c'était
là où le constat était le plus sévère. C'est-à-dire que, autant au niveau des
radars qu'au niveau de l'augmentation des pénalités pour les collisions ou les
infractions, concernant vraiment la priorité piétonne, on est... quand ma
collègue parlait de la vision zéro des quatre étapes, on est à la dernière. On
est dans le contrôle, on est dans la sanction. Hors des zones scolaires, là. Je
pense qu'au niveau des zones scolaires, on a compris justement qu'il fallait
agir en amont. Mais on disait : c'est aussi les aînés qui sont
surreprésentés dans les décès sur nos routes, les accidents ne se produisent
pas juste en zones scolaires, malheureusement. Et donc, c'est cette notion-là
d'être capables d'agir en prévention, en amont, sur l'ensemble du territoire,
qui, à notre sens, se ne retrouve pas tant dans le projet de loi. On parle des
sanctions qu'on va appliquer une fois que la vitesse a été dépassée, on parle
des amendes qu'on va pouvoir donner une fois qu'on a constaté un délit, mais
est-ce qu'on va vraiment s'être donné les leviers pour qu'en amont il n'y en
ait pas d'infraction ou qu'il n'y en ait pas de délit, parce que, les vitesses,
par les aménagements, par de la façon de faire, la vitesse pratiquée, elle est
sécuritaire? C'est là qu'on trouve que, malheureusement, il manque cette
partie-là dans le projet de loi.
Mme Guilbault :Puis, dans le... dans le plan d'action, parce que je vous entends
sur les aînés, puis vous avez raison de le soulever, c'est très important, on a
beaucoup parlé des zones scolaires, mais, pour moi, c'est important pour moi
qu'on parle de clientèles vulnérables, donc les aînés, les travailleurs de
chantier, comme je vous disais, les brigadiers aussi, et parce que les
brigadiers font les frais des mêmes aménagements non sécuritaires que nos
enfants, on en parle moins, là, mais c'est important pour moi aussi. Puis dans
le plan d'action, puis encore une fois, ce n'est pas quelque chose qui se
retrouve dans le projet de loi parce que ce ne sont pas des mesures pour
lesquelles on avait besoin de modifications législatives, mais dans le plan
d'action, à la mesure numéro huit, on a deux sous-mesures qui sont... qui touchent
le tome un, la conception routière, et le tome 5, la signalisation. Et là
on dit : «Tester et évaluer de nouveaux aménagements qui pourraient
éventuellement être intégrés dans la norme, intégrer les aménagements dans la
norme, intégrer un chapitre piéton prévoyant notamment les grands concepts, les
principes d'aménagements visant la sécurité des déplacements piétonniers,
documenter la signalisation des autres provinces et pays destinés à améliorer
la sécurité de l'ensemble des usagers en portant une attention particulière aux
piétons...
Mme Guilbault :...et ainsi de suite. Alors, c'est pour ça que ça m'a
surprise quand vous dites : Il n'y a rien dans le projet de loi là-dessus,
on est tout de suite dans la sanction. Pour moi — puis, encore une fois,
je suis d'accord avec vous que ce n'est pas dans le projet de loi — mais,
pour moi, ce bloc-là du plan d'action nous permet d'agir en amont sur les
aménagements sécuritaires, documenter ce qui se fait ailleurs qui fonctionne
bien, notamment pour nos aînés, tu sais, les... puis qui... des fois, les
traverses piétonnes, ce n'est pas adapté, ce n'est pas assez long, les...
Mobilité réduite aussi, on n'en a pas parlé, mais ça fait partie de ça pour
moi. Donc, c'est... Oh! 30 secondes. Bon. Bon, bien là, je n'ai pas le temps de
vraiment poser de question, mais en tout cas. Mais je vous remercie beaucoup
pour le travail que vous nous avez fourni, je pense qu'il y a beaucoup de
points sur lesquels on se rejoint. Mais j'entends bien les ajouts.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. Ceci met fin aux échanges. Et maintenant, nous allons céder la
parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys pour toujours
12 min 23 s.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, je pense qu'il y a beaucoup de matière dans
ce que vous apportez, puis je trouve ça superintéressant. Si vous aviez à
faire, disons, là, comme le top trois de, selon vous, ce qui manque, là, dans
le projet de loi, ça serait quoi?
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Alors,
top trois? Vous êtes plutôt difficile. Prioriser les agents et les usagers
vulnérables, donc vraiment, tu sais, de revoir en fait les modifications
légales, revoir les différents articles, finalement, puis vraiment de
s'attaquer... «s'attaquer», excusez-moi ce terme-là, mais vraiment de protéger
en fait les... nos usagers, nos usagères les plus vulnérables. Mme la ministre
le mentionnait, oui, il y a les enfants, mais il y a aussi les personnes
aînées, il y en a d'autres aussi. Donc, c'est sûr que pour nous, à ce
niveau-là, c'est clairement... c'est indispensable. Puis de garantir, en fait,
de favoriser la mobilité active, de favoriser en fait la mobilité durable à
travers différentes... à travers différents éléments aussi, à notre sens, c'est
fondamental, parce qu'en tant que tel, plus que... il y a vraiment une
corrélation directe entre l'accidentologie puis le nombre de véhicules sur nos
routes. Donc, à notre sens, c'est clair qu'il y a un travail qu'on doit exercer
en tant que société pour justement réduire à la source les problèmes, à savoir
le nombre de véhicules sur nos routes.
Mais je te laisse continuer les... Je
me... J'ai fait seulement un top deux, je te laisse le troisième, juste parce
que je trouve ça un peu difficile.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Mais
tu as donné les grands principes.
Mme Gagné (Marie-Soleil) : C'est
ça.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Moi,
je donnerais deux mesures. On nommait tantôt l'interdiction de virage à droite
au feu rouge puis la modification de la vitesse de base en agglomération de 50
kilomètres-heure à 30 kilomètres-heure. Quand on parle d'agir pour la
protection des usagers plus vulnérables puis de favoriser la mobilité active en
disant : On va d'abord réduire à la source le nombre de déplacements
automobiles, on va d'abord transférer vers des modes plus durables, ce seraient
des mesures qui sont, selon nous, à mettre de l'avant rapidement et qui vont
avoir un impact direct sur les guides d'aménagement dont parlait Mme la
ministre tantôt.
M. Beauchemin : D'accord.
Merci. Rapidement, on a pris connaissance, là, de votre mémoire. Vous n'abordez
pas du tout, là, les appareils de contrôle, les ACR. Avez-vous une pensée par
rapport à leur utilisation dans votre objectif à vous?
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Ah
oui, les mécanismes de contrôle dans les véhicules, en fait, même sur les
véhicules?
M. Beauchemin : Sur la route.
Mme Gagné (Marie-Soleil) : O.K.,
sur la route. Bien, c'est sûr que là, ça dépasse peut-être un peu le sujet de
la sécurité routière. On considère en fait qu'il faut d'autres sources de
financement, en fait, pour justement financer nos fabuleux transports
collectifs. Donc, pour nous, c'était vraiment stratégique, en fait, d'être
favorables tout simplement à cette mesure-là. C'est sûr que tout comportement
qui peut mettre en danger, enfin, la sécurité des cyclistes, des piétons, des
usagers, des usagères les plus vulnérables, à notre sens, c'est une bonne
mesure.
Maintenant, est-ce que c'est la mesure à
prioriser? Encore une fois, je le rappelle, en vision zéro, tout ce qui est
sanctions et contrôles arrive en dernier temps. En fait, en termes de priorités
d'action, nous, ce qu'on considère prioritaire, c'est clairement la mobilité
durable, mais aussi de faire des aménagements qui pardonnent, parce qu'à
l'heure actuelle on a tendance à penser que l'automobiliste ou que la personne,
finalement, qui conduit un véhicule a les meilleurs comportements, a un
meilleur état de santé, que c'est vraiment quelqu'un qui va pouvoir finalement
prendre les meilleures décisions possibles. Or, je pense que les statistiques
nous prouvent le contraire, il y a des choses dans notre environnement qui
peuvent venir en fait impacter notre conduite qui vont justement mettre en
danger d'autres usagers, d'autres usagères. Donc, voilà.
M. Beauchemin : O.K. Bien, je
comprends. Donc, votre perspective, c'est vraiment plus comme un mécanisme de
financement, un petit peu, si je comprends bien, ça aide à lever un peu les
sous pour...
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Bien,
on est favorables à l'implantation de davantage de mesures de contrôle comme
les radars. On n'y a pas accordé une attention particulière, non seulement
parce que ça se retrouve déjà...
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : ...mais
non seulement... comme l'a dit ma collègue aussi, parce qu'on voulait attirer
l'attention sur l'ordre de priorisation de la Vision zéro, qu'elle met les
sanctions en dernier, mais ça ne veut pas dire pour autant que c'est une
mauvaise mesure.
M. Beauchemin : O.K. Bien,
là, vous en avez parlé un peu tout à l'heure. Puis je pense qu'on a abordé
l'idée, là, de baisser le taux d'alcool dans le sang de 0,8 à 0,5 plus tôt
aujourd'hui. De votre point de vue à vous, ça aussi, ça ferait partie, donc,
d'un ensemble de mesures pour...
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Bien
entendu, on ne s'est pas penché sur la question. C'est sûr que, oui, on serait
favorable. Toute mesure limitant, en fait, les risques et les dangers, en fait,
impliquant des collisions entre des automobilistes ou... et/ou des piétons, des
cyclistes, évidemment qu'on va être d'accord. Maintenant, c'est sûr que nous,
on considère que la vie, en fait, des usagers, des usagères les plus
vulnérables doit prévaloir, en fait, sur peut-être la notion de plaisir.
M. Beauchemin : Vous parliez
des cyclistes tantôt. Puis ça, c'est un point que j'ai... Vous aviez trois, je
pense, recommandations de spécifiques pour les cyclistes. La recommandation de
permettre aux cyclistes de traiter les arrêts comme des cédez le passage,
avez-vous des études qui démontrent que c'est correct, qu'il n'y a pas de
danger pour les cyclistes? Avez-vous déjà des analyses sur ce sujet-là?
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Je
vais attirer votre attention sur... Je sais que le mémoire de Vélo Québec cite
plusieurs études qui portent justement sur le sujet. Ça s'appelle, tantôt ma
collègue disait, l'arrêt Idaho parce que c'est le premier État américain qui a
mis de l'avant cette pratique-là. Et ce qu'on constate dans les États
américains qui ont été de l'avant, c'est qu'il n'y a pas d'augmentation
significative du nombre de collisions avec... Parce que la crainte, ça pourrait
être que ça... la crainte de collisions avec les personnes piétonnes, et les
études tendent à démontrer que ça ne va pas dans ce sens-là. Parce que, comme
on le disait tantôt, chez un automobiliste, on marque un arrêt, bien, parce que
le champ de vision est restreint, parce que la distance de freinage est plus
grande, parce que la gravité, en cas de choc, est plus grande aussi, alors
que... Et c'est une pratique qu'on observe assez couramment, là, des cyclistes
qui vont ralentir à l'approche d'un arrêt, s'arrêter s'ils voient qu'ils n'ont
pas la priorité, mais, sinon, continuer en ne marquant pas complètement
l'arrêt.
• (18 h 20) •
Donc, pour nous, ce serait de venir
inscrire cette mesure-là, l'autoriser au niveau de traiter l'arrêt comme un
cédez le passage. Et ça permettrait aussi qu'on puisse véritablement
sanctionner les cyclistes qui ont... qui peuvent avoir un comportement
dangereux et qui peuvent, eux, ne pas ralentir et là mettre en danger les
personnes piétonnes ou les personnes plus vulnérables qui sont justement à
l'arrêt. Donc, à notre sens, ça permettrait non seulement de s'appuyer sur la
littérature pour favoriser, on disait, les déplacements à vélo, réduire les
temps de parcours. On le sait, que c'est plus exigeant, pour un cycliste, de
redémarrer que pour un automobiliste, que ça aurait peu de conséquences sur les
autres usagers, mais que ça nous permettrait aussi, je pense, de sanctionner
les comportements qui, eux, sont véritablement dangereux.
M. Beauchemin : Avez-vous...
Puis là, vous parliez d'exemples de l'Ohio, si j'ai bien compris.
Une voix : L'Idaho.
M. Beauchemin : À Idaho?
Une voix : Idaho.
M. Beauchemin : À Idaho,
O.K., le... l'État de la patate.
Une voix : Depuis 1982.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, est-ce que vous aviez aussi vu des applications qui ont été faites comme
dans le reste du Canada? Parce qu'on a quand même un environnement légèrement
différent. Je pense à l'hiver. Je pense aux cyclistes qui se promènent avec des
«goggles» l'hiver, mais qui se promènent avec des lumières protection contre le
froid, etc. Eux autres aussi, ils ont un petit peu de champ de vision
restreint, là, O.K.? Ça fait-tu partie? Parce que, bon, évidemment, on a un bel
hiver en ce moment, là, mais grosse tempête, si on était... si on était en
Nouvelle-Écosse aujourd'hui, on la trouverait peut-être moins drôle, là. Donc,
c'est ça, c'est dans ce contexte-là. Est-ce que... C'est-tu quelque chose qui a
fait partie de votre approche pour...
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Bien,
Généralement, en contexte de tempête hivernale, tous les usagers et les
usagères, peut importe leur mode, doivent modifier, en fait, leur conduite par
mesure de prudence, par précaution. Donc, c'est sûr qu'on s'attend finalement
au même comportement des cyclistes que les automobilistes, qui, dans tous les cas,
adaptent, en fait, leur conduite en fonction de la météo.
M. Beauchemin : O.K. Mais
donc pas de... d'encadrement.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Pas
au niveau... Au niveau du Canada, à ma connaissance, il n'y a pas de... il n'y
a pas eu d'adoption similaire au Canada. Il y a la ville de Montréal qui
s'était prononcée en faveur de la mesure lors des consultations de la SAAQ en
2017 et, comme disait ma collègue, de manière... Évidemment, si on parle d'un
contexte hivernal où il y a de la neige sur la chaussée, c'est... il faut
reconnaître un peu le vélo d'hiver, puis c'est très difficile d'aller aussi
vite en vélo d'hiver qu'on va en vélo d'été. Donc, je ne serais pas capable de
vous citer une étude précise. Mais, de prime abord, j'aurais tendance à dire
que la vitesse est réduite quand on est en vélo d'hiver à l'approche d'une
intersection...
M. Beauchemin : ...C'est
certain. Est-ce que vous préconisez plus une approche, pour ce qui est de
l'aménagement sécuritaire, là, est-ce que vous préconisez plus une approche,
disons, uniforme à travers le Québec là-dessus, ou est-ce que, pour vous, ça
reste quand même peut-être aussi une responsabilité des municipalités de
s'adapter cas par cas dans leur région?
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Bien,
c'est sûr que, pour travailler avec des milieux autant ruraux, périurbains
qu'urbains, il faut trouver des solutions, en fait, qui soient adaptées aux
réalités de chaque milieu. Donc, c'est sûr qu'à notre sens d'aller... L'aspect
uniformité est intéressant, en fait, dans l'éventualité où c'est plus facile,
en fait, pour les usagers et les usagères de comprendre la loi grosso modo, là.
Donc, c'est vraiment... c'est une loi qui est uniforme partout. En même temps,
on s'entend que les réalités sont différentes, mais il faut aussi s'assurer
qu'il n'y a pas d'injustice territoriale, en fait, qui peuvent se créer aussi à
travers, finalement, des exigences qui pourraient causer effectivement
préjudice à certaines municipalités qui ont des services, par exemple, qui
n'ont pas de service d'urbanisme ou d'aménagement, ou qui n'ont pas les mêmes
moyens que, par exemple, une grande ville comme Québec, Montréal.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : Bien,
je fais je ferais du pouce pour nous amener sur, justement, la recommandation
de modifier la vitesse de base en agglomération de 50 kilomètres heure à
30 kilomètres heure. Aujourd'hui, on est dans une réalité où, ma collègue
le disait, souvent les plus petites municipalités vont avoir beaucoup moins de
moyens que les plus grandes, et ça fait... et même dans les plus grandes
qu'aujourd'hui, la vitesse de base, la norme, c'est du 50 kilomètres
heure, eh bien, une ville ou une municipalité, qu'elle soit petite ou grande,
qui souhaite faire des modifications, s'assurer qu'ici que ce soit
30 kilomètres heure dans nos rues résidentielles, que ce soit
40 kilomètres heure sur notre réseau artériel à certains endroits, bien,
doit se mettre à signaliser au cas par cas toutes ces intersections, toutes ces
intersections, toutes ces rues-là. Et ça crée une complexité que certaines plus
grandes municipalités sont peut-être capables de gérer, mais que souvent des
plus petites municipalités ne seront pas capables de gérer.
C'est pareil pour, je pense à
l'aménagement de trottoirs, on en a beaucoup entendu parler, ou
d'infrastructures de transport actif, dans des plus petites municipalités où
c'est la route du réseau supérieur, la route à numéro du ministère des
Transports qui traverse la municipalité, ou peut-être qu'à Montréal ou Québec
on aurait l'argent de payer le trottoir et l'entretien, mais là, puisque ce
n'est pas pris en charge, bien, on se ramasse avec des rues principales au
Québec où il n'y a tout simplement pas d'infrastructures de transport actif.
Donc, je pense que c'est important d'avoir
une uniformité dans le principe, dans le principe que, dans toutes nos
municipalités au Québec, on devrait avoir des milieux sécuritaires. Ensuite, il
faut que nos guides d'aménagement, il faut que nos guides de normes ce soit une
base minimum sur laquelle tout le monde peut partir puis peuvent évidemment
faire mieux, ils peuvent évidemment aller plus loin, mais que notre norme, elle
soit celle qui protège le plus les usagers vulnérables et qu'ensuite les
exceptions viennent se faire au cas par cas, mais pas le contraire. En ce
moment, dans plusieurs types de lois, la norme, c'est la façon la plus lousse
et, ensuite, les villes peuvent venir choisir de resserrer, mais
malheureusement, ça fait en sorte qu'il y en a qui n'ont pas les moyens ou pas
les ressources pour le faire.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci complète l'intervention de l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Taschereau pour toujours
4 min 8 s.
M. Grandmont : Trois, quatre
minutes. Merci beaucoup à vous trois d'être présents, présentes aujourd'hui.
Merci pour votre mémoire, encore une fois, toujours très riche. Merci aussi
pour la conversation que vous avez eue tantôt avec Mme la ministre qui nous a
dit, là, puis je vais la paraphraser, mais que le projet de loi, c'était un
projet de loi instrumental visant à mettre en application le plan d'action qui
a été déposé avec 27 mesures. Je suis retourné voir si on parlait, entre
autres, de véhicules hors route, et on n'en parlait pas. Donc, j'en comprends
qu'il y a de la place dans le projet de loi pour ajouter des éléments. Donc,
merci pour ce petit moment-là.
D'abord, sur les corridors scolaires, je
voudrais vous entendre là-dessus. Vous avez, en fait, élaboré... puis je verrais
juste que vous le répétiez pour le bénéfice de tous et toutes ici, comment vous
imaginez pouvoir encadrer ou établir cette zone-là? Parce que vous en avez fait
un... vous avez donné un exemple tantôt de comment on pourrait quantifier, en
fait, cette... ce corridor-là, cette zone de corridor.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : En
fait, on faisait référence au fait qu'en ce moment, les rues autour des écoles
ou des établissements scolaires sont les seules qui sont incluses dans la zone
scolaire. Le projet de loi prévoit qu'on aille ajouter 50 mètres, si je ne
me trompe pas, en zone urbaine, 100 mètres hors des zones urbaines. Le
problème, c'est qu'avec cette définition-là on reste toujours dans un tout
petit cercle autour de l'école, puis on peut imaginer, là, ça nous fait plein
de petits cercles, plein de petits patches où tu as autour de l'établissement
scolaire une certaine forme de sécurité en termes de vitesse. Pour nous, la
notion de corridor scolaire, c'est de faire référence, pas juste au petit cercle
autour de l'école, mais aux... à toutes les routes qui peuvent permettre de
rendre à l'école puis...
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : ...toutes
les routes qui font que, dans un quartier au complet, c'est l'école de
quartier, bien, on sait qu'il y a des enfants... Il existe une réglementation
qui fait qu'au-delà d'un certain périmètre, les enfants peuvent prendre
l'autobus scolaire, bien, en dessous de ceux de ce... de ce périmètre-là, on
devrait se donner les moyens d'être capables de sécuriser nos corridors
scolaires adéquatement.
M. Grandmont : Donc, ça,
c'est déjà normé, en fait, on sait déjà qu'il y a des jeunes, par exemple, ont
accès aux transports en commun à partir d'une certaine certaine distance. On
pourrait dire qu'à l'intérieur de ça, toute route qui se rend à l'école
pourrait faire partie du corridor scolaire.
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : C'est
un exemple de façon dont on pourrait procéder. Est-ce qu'on y va par un... par
une distance, ou est-ce qu'on y va par une définition plus large qui permet
d'être peut-être plus adaptable au milieu urbain versus des régions, là? C'est
clair que...
M. Grandmont : Ce n'est pas
la même réalité...
Mme Pineau-Lemieux (Angèle) : C'est
clair que ce n'est pas la même réalité, exactement.
M. Grandmont : Mais donc, il
y aurait moyen, selon vous, d'encadrer, en fait, cette notion de corridor
scolaire là, selon certains paramètres, qui sont déjà connus, sur lesquels on
pourrait s'appuyer? Parfait, merci. Sur les routes à numéro, je sais que c'est
un enjeu qui... bien, qui touche évidemment votre organisation. Là, vous
touchez à la fois Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, on est dans des
milieux qui ne sont pas toujours urbains, évidemment non plus. Il y a des cas
qui ont fait la manchette, des enfants qui sont décédés. Vous avez travaillé
d'ailleurs sur le dossier, là, à Saint-Flavien-de-Lotbinière, notamment.
Comment... comment arriver à se sortir de cette problématique qu'on est
actuellement? C'est-à-dire que les routes appartiennent au ministère des Transports.
On... on donne à la municipalité le rôle de devoir faire des aménagements pour
sécuriser. Puis ce qu'on donne, du côté du MTQ, c'est de l'argent à travers des
programmes de subventions. Est-ce qu'on ne devrait pas changer un peu la façon
de voir les choses?
Mme Gagné (Marie-Soleil) : Bon,
maintenant, sur le modèle à préconiser en termes de gouvernance ou en termes de
financement, je ne sais pas si j'ai... on a envie nécessairement de s'avancer
là-dessus. Par contre, ce qu'on peut... ce qu'on peut le dire, c'est que les
municipalités sont... ont des connaissances, en fait, par rapport à leur
milieu, puis elles sont à même en fait d'être capables de diagnostiquer et de
choisir des solutions qui soient adaptées, en fait, à leur réalité. Maintenant,
il suffit de les outiller, mais surtout, en fait, qu'elles puissent avoir les
ressources pour mettre en place, en fait, ces solutions-là, pour créer des
environnements qui soient favorables à la pratique des transports actifs et
collectifs. C'est sûr qu'il y a... il y a la question de la connaissance, il y
a la question du financement, mais c'est sûr et certain qu'il y a une
dynamique, en fait, relationnelle entre les municipalités, en fait, puis le
MTQ, qui vient peut-être, en fait, freiner le développement, justement,
d'environnements favorables à la pratique des transports actifs.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met la fin à nos échanges. Donc, je vous remercie pour votre
participation à nos travaux. Nous suspendons quelques instants pour accueillir
le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 18 h 30)
18 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 18 h 35)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de
Vivre en ville. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, après quoi nous procéderons à une période d'échange avec les membres de
la commission. Donc, je vous invite à vous présenter et à commencer votre
exposé.
Mme Robin (Jeanne) : Oui,
bien, merci beaucoup de nous recevoir. Je m'appelle Jeanne Robin, je suis
directrice principale de Vivre en ville. Je suis accompagnée de Francis
Garnier, qui est conseiller aux affaires publiques à Vivre en ville également.
Merci beaucoup de nous recevoir aujourd'hui. On est très heureux de pouvoir présenter
nos recommandations sur le projet de loi n° 48 sur la sécurité routière en
personne. On est conscients qu'il est tard. On va essayer d'être dynamiques.
Vous avez eu une grosse journée.
En premier lieu, on souhaite saluer les
avancées que constitue le plan d'action en sécurité routière 2023-2028 d'abord
et puis ce projet de loi qui en est un premier élément. Ce qu'on a
particulièrement apprécié puis ce qu'on a salué d'ailleurs au moment de l'adoption
du plan d'action en sécurité routière, c'est qu'il y a une amorce vraiment de
vision zéro, d'adoption du système sûr comme approche de sécurité routière pour
le Québec, ce qui est vraiment une approche prometteuse et une excellente
nouvelle parce que, malheureusement, l'évolution du bilan routier au Québec
dans les dernières années montre qu'on a pas mal atteint les limites des
approches traditionnelles en matière de sécurité routière et que donc l'approche
de la vision zéro ou approche système sûr est vraiment une nécessité.
Dans le projet de loi n° 48, on voit bien
les marques d'une ébauche de cette approche, en particulier avec la diminution
de la vitesse par défaut dans les zones scolaires, l'obligation d'aménager de
façon sécuritaire les rues concernées autour des zones scolaires et puis une volonté
aussi de modifier les comportements par la sensibilisation et par le contrôle,
donc des éléments qui s'inscrivent bien dans l'approche du système sûr.
Toutefois, et ça va faire l'objet de l'essentiel de notre présentation, on
craint que ces...
Mme Robin (Jeanne) : ...changements
n'est qu'une portée limitée parce qu'il porte sur un territoire qui est trop
restreint et parce qu'il y a certains angles morts encore dans le projet de
loi. Des modifications législatives supplémentaires nous apparaissent
nécessaires pour prendre un vrai virage en matière de sécurité routière. Et
donc on a plusieurs recommandations pour accentuer le virage du système sûr,
notre mémoire en contient 19, on a prévu de vous en présenter plus précisément
quatre ce soir.
Donc, je rentrerais tout de suite dans la
première recommandation, sur laquelle on souhaite attirer votre attention et
qui concerne les vitesses, donc notre recommandation quatre, qui vise à faire
passer de 50 à 30 kilomètres h la vitesse maximale autorisée par défaut
dans une agglomération en vertu du Code de la sécurité routière, donc de
modifier les articles du Code de la sécurité routière qui le prévoient.
Pourquoi passer de 50 à 30 kilomètres-heure? On vous en a déjà parlé
aujourd'hui, mais c'est vrai que la science, l'expérience montrent que le
risque de décès en cas de collisions est de 75 % à 50 kilomètres
heure, le risque de décès en cas de collision est de seulement 10 % à
30 kilomètres h. C'est vraiment une transformation qui est de nature à
sauver des vies. On sait aussi que plus on roule vite, plus on a un champ
visuel restreint, donc on est moins capable de réagir à notre environnement,
donc dans un environnement qui se caractérise par la cohabitation avec des
usagers vulnérables, la survenue d'événements inattendus. C'est opportun de
disposer de tout son champ visuel. Et, évidemment, plus on roule vite, plus la
distance d'arrêt est longue. À 50 kilomètres-heure, c'est 30 mètres.
À 30 kilomètres-heure, c'est 15 mètres, donc on a plus de chances de
réussir à s'arrêter avant que la collision ne survienne. L'objectif de ce
changement législatif là, ce serait de généraliser, partout au Québec, une
pratique qui est déjà... qui est déjà amorcée dans certaines municipalités. Il
y a des villes, par exemple la ville de Québec, où on a commencé à généraliser
le 30 kilomètres h sur une bonne partie du réseau routier local. Et ce que
les experts recommandent et ce qu'ils estiment, c'est qu'il y a à peu près
70 % du réseau routier local qui a vocation à être à une vitesse de
70 kilomètres... de, pardon, 70 % qui a vocation à être à une vitesse
de 30 kilomètres h maximum. Donc, le 40 ou le 50 kilomètres-heure
pourrait encore être mis en place, évidemment, en agglomération sur certains
axes, mais ça deviendrait l'exception et non pas la norme, avec des résultats
intéressants en matière de qualité de vie, de réduction du bruit,
d'augmentation du sentiment de sécurité, de qualité du voisinage. Donc, c'est
la première recommandation sur laquelle on souhaitait s'attarder ce soir.
• (18 h 40) •
Ensuite, on passerait à une recommandation
qui concerne l'aménagement sécuritaire des rues et des routes, et notre
proposition à la recommandation six, c'est d'élargir l'obligation d'aménagement
sécuritaire à l'ensemble du réseau routier. Je vais vous lire notre
proposition. En fait, elle consiste à ajouter, dans les articles 298 et
299, la phrase qui est actuellement relative seulement à l'aménagement en zones
scolaires, donc de dire : «En outre, la municipalité est tenue d'aménager
de façon sécuritaire le chemin public concerné, notamment en tenant compte des
guides élaborés par le ministre des Transports en semblable matière.» Cette
obligation d'aménagement sécuritaire, on pense qu'elle est particulièrement
nécessaire à l'entrée en agglomération pour marquer la différence de vitesse
avec le réseau routier, qui aura permis d'accéder à cette agglomération, et
aussi là où les municipalités décideront d'autoriser une vitesse supérieure à
celle de 30 kilomètres h. Puis ça, c'est une différence quand même assez
importante avec la situation actuelle où ce qu'on demande aux municipalités,
c'est de mettre du... du 50 kilomètres heure partout et, là où elles
décideraient de mettre en place une vitesse inférieure, de faire un aménagement
adapté à cette vitesse inférieure là. Mais là on irait complètement dans le
sens inverse, c'est-à-dire que la façon normale de rouler, c'est
30 kilomètres heure, et... si on décide que, sur une artère, on veut
autoriser 50 kilomètres h, alors on est responsable de faire des
aménagements sécuritaires, par exemple, pour la traversée des piétons ou pour
la cohabitation avec les cyclistes, puisqu'on sait très bien que les collisions
mortelles et graves, elles se trouvent sur le réseau artériel, que c'est donc
là qui a lieu d'aménager de façon sécuritaire et de mettre le maximum
d'efforts.
La troisième recommandation sur laquelle
on souhaitait attirer votre attention, c'est la modulation des sanctions en
fonction des caractéristiques du véhicule conduit pour mieux refléter le risque
encouru en cas de collision. Il y a plusieurs études qui se sont penchées sur
l'effet de l'augmentation de la taille et du poids des véhicules et le
changement de format des véhicules du parc de promenade, donc, en gros, le fait
qu'on a davantage de camions légers dans le parc. Il y a plusieurs études qui
se sont penchées sur l'impact sur la sécurité de ces changements-là. Il est
visiblement important. C'est probablement une des raisons majeures de
l'aggravation du bilan routier dans les dernières années...
Mme Robin (Jeanne) : ...et ce
qu'on évalue, par exemple, c'est qu'en collision avec un pickup on a un risque
de blessure grave qui est multiplié par deux et un risque de décès qui est
multiplié par trois. Donc, ce n'est pas anodin de conduire un véhicule qui est
plus lourd, qui est plus gros, qui a un capot plus haut. Ce n'est pas un sujet
sur lequel c'est facile de travailler, mais on pense que de l'aborder sous
l'angle des sanctions, donc de dire : On conduit un véhicule qui est plus
gros, ça vient avec davantage de responsabilités, donc si on n'observe pas le
code de la sécurité routière, la sanction sera plus forte, on pense que ce
serait une façon d'aborder le sujet et de questionner peut-être cette
évolution-là, qui est... qui est loin d'être anodine.
Finalement, la quatrième recommandation
sur laquelle on voulait se pencher, c'est notre recommandation 12, donc,
où on appuie l'adoption des articles, dans le projet de loi, qui visent à
rehausser le montant des amendes dans le cas... dans le cas de plusieurs
infractions, des infractions qui ont pour conséquence de mettre à risque les
usagers vulnérables. Et ce qu'on recommande c'est que l'augmentation du montant
des amendes pour ces infractions-là soit associée à une importante campagne de
sensibilisation routière. Parce qu'on ne veut pas attendre que ce soit le
bouche à oreille qui signale que l'État considère dorénavant que ce sont des
infractions graves et qu'elles doivent être punies comme telles. Il faut
vraiment le faire connaître. Il faut en profiter pour augmenter les
connaissances, parce que malheureusement, visiblement, il y a beaucoup de
personnes qui ne connaissent pas les règles de circulation et qui se pensent
tout à fait dans leur bon droit quand elles, par exemple, n'accordent pas la
priorité aux piétons lors d'un virage ou dans ce genre de situation. Donc, ça
nous paraît important de travailler là-dessus.
Finalement, les acteurs de santé publique,
et particulièrement en prévention des traumatismes, je pense qu'ils ne nous
pardonneraient pas de ne pas évoquer la réduction du risque à la source, donc
le rôle important que peuvent jouer la planification intégrée de l'aménagement
et des transports pour réduire le kilométrage parcouru et le développement de
réseaux de transport en commun pour faire un virage de la voiture vers les
modes qui sont plus sécuritaires. Il faut bien considérer qu'investir en
transport collectif c'est un geste de sécurité routière.
Pour terminer, bien, je voulais vous
remercier pour votre accueil ce soir. C'est un sujet qui est... la sécurité
routière, qui est au cœur de la mission de Vivre en ville. Nous, on souhaite
aider à la conception de milieux de vie de qualité qui répondent aux besoins de
la population, qui assurent sa santé, et la santé, évidemment, c'est... la
sécurité routière en fait partie. Donc, merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Je donne maintenant la parole à la ministre pour
16 minutes 30 secondes.
Mme Guilbault :Oui, merci, merci, M. le Président. Oui, il est un petit
peu tard, mais c'est toujours très intéressant. La dernière fois qu'on s'est
vus, c'est à votre sommet pour les piétons, pour... pas «pour», mais
c'est-à-dire à Drummondville. Donc, toujours un plaisir de se retrouver. Merci
encore pour l'invitation, d'ailleurs, où j'y étais avec notre collègue de
Drummond-Bois-Francs, qui a été un succès, à en juger par ce que j'ai vu passer
par la suite. Moi, quand j'ai quitté, ensuite, il y avait, je pense, la mairesse
de Longueuil puis plein d'autres invités qui s'en venaient. Alors, bravo encore
pour ce bel événement. Puis merci d'être ici, vous aussi, à cette heure-là.
Merci pour le mémoire, qu'on a regardé, les 19, quand même,
19 recommandations assez fournies, qui vont... qui vont sur plusieurs
angles.
C'est sûr que moi, j'ai bien entendu les
quatre sur lesquels vous avez insisté, mais c'est sûr que nous, il y en a qui
nous intéressent un petit peu plus, dans le sens... elles sont toutes
intéressantes, mais qui vont vraiment dans le sens déjà des produits sur
lesquels on est en train de travailler, c'est-à-dire le plan d'action pour la
sécurité routière et le projet de loi qu'on est... qu'on est en train
d'étudier, puis qui vont aussi dans le sens... Vous êtes le huitième groupe
qu'on a aujourd'hui, donc il y en a eu sept, avant, dans toutes sortes de...
sur toutes sortes de sujets, mais il y a des choses qui reviennent beaucoup.
Donc, pour moi, c'est important de prendre un peu le pouls. Puis justement, ça
le dit, on est en consultations particulières. Donc, je priorise ce qui est
déjà dans le projet de loi pour essayer de voir un peu le pouls de ces
éléments-là chez les divers groupes.
Donc, votre bloc de recommandations, il y
a cinq recommandations dans un bloc qui s'intitule Routes et rues sécuritaires.
Et là, j'ai envie de vous partager un peu ce que j'ai fait avec d'autres
groupes avant vous. Parce que, bien, vous vous appelez Vivre en ville, donc
vivre en ville peut nous évoquer ne pas vivre en région ou en tout cas est
différent de vivre en région. Je ne sais pas à quel point vivre en ville est
dans une conception élargie, où ça peut être vivre dans une ville comme
Baie-Comeau, je prends toujours l'exemple de mon collègue, qui était maire de
Baie-Comeau, ou une ville comme Montréal, avec toutes les différences que ça...
Mme Guilbault :...que ça peut impliquer, mais... Mais, c'est ça, c'est
qu'on a commencé la journée avec l'UMQ et la FQM, déjà là, on a la différence,
les plus grandes villes, les plus petites municipalités, et toute cette
question-là d'élargissement... parce que, dans le projet de loi, ce qu'on a, ça
donne suite aux premiers éléments, là, du plan d'action sur la sécurité
routière, sur de nouvelles contraintes qu'on amène en termes d'aménagements
sécuritaires, oui, dans les zones scolaires, mais, quand on regarde aussi plus
loin, notamment les mesures qui touchent... les mesures huit et neuf, pour les
aînés, donc tout ce qui touche, voir ce qui se fait ailleurs comme aménagements
sécuritaires, s'assurer d'aller vers des aménagements sécuritaires pas
seulement dans les zones scolaires, mais de façon générale pour l'ensemble des
clientèles vulnérables, ça ne représente pas le même fardeau ou la même réalité
et le même coût selon qu'on est dans une ville plus densifiée, dans une ville
avec un plus grand territoire, selon que c'est notre propre réseau, selon qu'on
compose avec le réseau du ministère des Transports, avec qui des fois c'est
plus compliqué de travailler, mais de moins en moins depuis un an, mais, quand
même, des fois encore un petit peu, et donc...
Alors, tout ça pour dire que... comment
est-ce que vous conciliez tout ça? Parce que moi, je me dis : L'important
pour qu'une mesure fonctionne puis qu'on atteigne un objectif dans un plan
d'action, il faut qu'on... il faut qu'on mobilise, il faut que ce soit
réaliste, il faut que les gens embarquent. Si c'est trop... Si ça va trop dans
un sens, il y en a qui vont débarquer. Si ça va trop peu dans un... dans un
autre sens, il y en a qui n'embarqueront pas non plus. Et là, nous, ce qu'on
proposait, pour nous, c'est un peu l'équilibre entre tout ça qui va aller
chercher le maximum de mobilisation, tant dans les grandes villes, qui sont
vraiment beaucoup dans la mouvance... mais même les petites municipalités sont
dans cette mouvance-là, on le sent, et veulent... Je prends... Je prenais
l'exemple ce matin de ma petite municipalité de Saint-Augustin, de
20 000 habitants, où j'habite dans Louis-Hébert, qui, par elle-même,
a emboîté le pas, réduit les limites de vitesse sur son réseau, etc. Donc,
comment est-ce que vous voyez, là, la conciliation de l'ensemble des éléments
que j'ai évoqués?
Mme Robin (Jeanne) : Bon,
d'abord, merci de nous rappeler que s'appeler Vivre en ville est un problème
quand on travaille en réalité avec tous les types de milieux. Ça va nous amener
un argument supplémentaire dans le processus de positionnement organisationnel
dans lequel nous sommes actuellement. Moi, je dis souvent que je travaille pour
Vivre en ville, mais... parce qu'en réalité on travaille beaucoup avec des
petites municipalités et avec des municipalités de banlieue. Petite parenthèse.
• (18 h 50) •
Pour ce qui est de la préoccupation pour
la sécurité routière, selon notre expérience puis les raisons pour lesquelles
on est sollicités, elle est répandue dans tous les types de municipalités. Il y
a énormément de petites municipalités qui soulèvent la question, et
effectivement c'est souvent en lien avec un réseau routier sous responsabilité
du ministère des Transports, mais qui se trouve à être aussi la rue principale,
qui se trouve à être aussi la route sur laquelle se trouve l'école, donc avec
des besoins d'aménagement. Quand on parle de sécurité routière, on parle à tout
le monde. Il n'y a personne qui considère que devant chez soi, ça devrait être
un milieu où on ne se sent pas en sécurité. Donc, là-dessus, le niveau de
sensibilisation est sans doute élevé un peu partout, et ce n'est pas pour rien
que ça suscite beaucoup d'intérêt quand on fait un projet de loi sur la
sécurité routière, ça préoccupe tout le monde. Malheureusement, on connaît
souvent quelqu'un qui a eu à faire face à des collisions, d'ailleurs.
Pour ce qui est des... du coût et des
moyens disponibles pour mettre en place des mesures d'apaisement de la
circulation, c'est vrai que le coût peut parfois être élevé. C'est d'autant
plus important de changer les normes, comme c'est prévu d'ailleurs dans le plan
d'action en sécurité routière, pour qu'on puisse avoir des informations sur
comment faire évoluer les rues à chaque fois qu'on a à les réaménager, parce
qu'il faut quand même souvent les réaménager, les rues, et, au moment de
l'aménagement, ça ne coûte pas plus cher, un aménagement sécuritaire, comparé à
un aménagement plus large qui favorise les vitesses. La question, c'est
surtout : Est-ce qu'on dispose des connaissances et de l'expérience pour
mettre en place cet aménagement-là? Mais, à partir du moment où il va y avoir
des guides développés par le ministère des Transports, probablement en
collaboration avec les municipalités d'ailleurs, on suppose, pour tenir compte
de leurs différentes caractéristiques, ça va devenir beaucoup plus facile pour
une municipalité de donner des contrats clairs et des mandats clairs aussi bien
à son équipe interne qu'à ses sous-contractants.
Évidemment, quand on a à réaménager tout
son réseau de rues pour l'adapter à une vitesse, ça peut représenter des coûts
importants, mais même les municipalités qui, par exemple, décident que
dorénavant c'est des trottoirs partout savent que ça prend un certain temps de
se mettre en place. On ne s'attend pas à ce que, quand on... quand on met en
place une norme, demain matin tout soit transformé. Mais il faut changer la
norme un jour pour que... pour que ça évolue.
Donc, pour répondre à votre question...
Mme Robin (Jeanne) : ...les
attentes sont élevées du côté du milieu municipal de recevoir un
accompagnement, d'avoir des normes qui évoluent, de pouvoir changer les choses
sans faire face à une levée de boucliers localement ou à un manque de moyens ou
de compétences. Donc, là-dessus, le ministère des Transports a un rôle de
leadership très important à jouer.
Mme Guilbault :Oui, tout à fait, puis je le disais ce matin à d'autres
groupes, dans le plan, d'ailleurs, il y a une des mesures qui est le dépôt...
bien, l'élaboration et le dépôt du tout premier plan d'action sur, justement,
les relations, le travail, la collaboration entre les municipalités puis le
ministère des Transports, qui débordent la sécurité routière, mais qui est
très, très, très pertinents puis nécessaires dans le cadre de la mise en œuvre
de tout ce qu'on a à faire avec les municipalités pour la sécurité routière. Ça
fait que vous avez... vous avez tout à fait raison. J'irais peut-être sur la
recommandation... puis je vais laisser un petit peu de temps pour ma collègue
d'Argenteuil qui, je crois, aura des interventions à faire, mais sur les
recommandations 12 et 14. Simplement, en fait, pour faire, en quelque
sorte, du renforcement, parce que recommandation numéro 12, c'est dans la
rubrique Comportements sécuritaires, adopter les articles 61 à 63 qui
visent à rehausser les montants des amendes dans les cas de plusieurs
infractions et faire de ce changement l'occasion d'une campagne de sensibilisation
à la sécurité routière. Alors, bien, simplement dire à quel point ça va,
justement, dans le sens de ce qu'on veut faire. Je ne sais pas si vous avez
pris connaissance du type d'infractions pour lesquelles on va rehausser les
amendes, mais ça tourne beaucoup autour des cyclistes, des piétons, ne pas
céder le passage à un piéton, ne pas s'arrêter à un feu rouge à une distance
sécuritaire d'un piéton, des choses comme ça. Alors... puis, encore une fois,
ça donne suite à ce que j'avais déjà annoncé. J'avais un peu affiché mes
couleurs au dépôt du plan d'action en disant : Le projet de loi va suivre.
Mais le signal avait été envoyé qu'on voulait aller dans le sens de protéger
les clientèles plus vulnérables. Il y aura un règlement en parallèle pour les
points d'inaptitude aussi. Alors, est-ce que vous considérez qu'on... qu'on
atteint la cible, qu'on vient protéger davantage? Est-ce que vous auriez fait
ça autrement? Est-ce que vous auriez ajouté autre chose, ou est-ce que vous
considérez qu'on fait une belle avancée pour protéger les gens qui sont un peu
plus à risque sur notre réseau?
Mme Robin (Jeanne) : Le fait
d'avoir des sanctions plus importantes, ça peut contribuer à changer la norme
sociale. Ça envoie le signal que c'est des comportements qui sont dangereux.
C'est pour ça qu'on prévoit une amende élevée. Et c'est à notre avis très
important de préciser justement... Évidemment, nous, on a regardé de quels
articles il s'agissait, mais ça va être important de le dire et d'en faire une
campagne publicitaire pour rappeler : on augmente les amendes pour cette
pratique-là, parce qu'elle représente du danger et parce qu'elle a par exemple
été concernée par... en nommant le nombre de collisions, en tout cas, en...
vraiment en sensibilisant au fait que ce n'est justement pas pour augmenter les
revenus qu'on augmente les amendes, c'est vraiment pour changer les
comportements. Parce que ce qu'on souhaite, c'est changer les comportements.
On en profiterait quand même pour rappeler
que, si ces comportements-là sont pratiqués, c'est souvent parce qu'il y a un
défaut de l'aménagement qui n'est pas suffisamment clair et qui n'incite pas
suffisamment à des pratiques respectueuses du code de la sécurité routière. Par
exemple, on se rend compte que, quand il y a un îlot refuge ou quand il y a des
avancées de trottoir devant un passage pour les piétons, eh bien, les voitures,
les automobilistes ont beaucoup plus tendance à s'arrêter. Nous, on aime bien
dire qu'il y a de la sensibilisation, il y a de la sensibilisation par le
contrôle et il y a de la sensibilisation par l'aménagement. Et donc ça va être
très important que les guides de conception routière passent en revue toutes
ces infractions-là et regardent de quelle manière il faudrait aménager la rue
pour qu'elles ne soient plus commises tout simplement parce que l'environnement
va envoyer un signal clair et qu'on aura tendance à respecter la loi parce que
ça apparaîtra tout simplement évident de le faire.
Mme Guilbault :Bien, tout à fait, puis c'est un... c'est la conversation
qu'on avait avec un autre groupe, là, tu sais, oui, les sanctions. On vise
certains types d'infractions, des sanctions plus élevées, plus de photoradars,
mais c'est en complément avec la prévention, avec des aménagements, avec.. ça,
on est... on est... Combien il me reste de temps, M. le Président?
Le Président (M. Jacques) : 4
min 59 s.
Mme Guilbault :Ah! O.K. parfait. Peut-être un petit dernier élément sur la
recommandation 14 : adopter les articles visant le déploiement d'ACA
et la mise en place d'un régime de sanctions administratives pécuniaires,
s'assurer que le mécanisme choisi permettra de déployer les systèmes de
détection, donc, suffisants. On n'a pas abordé aujourd'hui, ça a adonné comme
ça, on a beaucoup abordé les ACA, les appareils de contrôle automatisés, mais
pas le nouveau type de régime de sanctions qu'on introduit. Et là, vous, vous
en parlez. Alors donc, considérez-vous que c'est une bonne idée? Nous...
Mme Guilbault :...c'est sûr que c'était de réduire le fardeau sur nos
ressources policières, nos ressources judiciaires. Puis, à notre sens, ça
atteint l'objectif tout en ne compromettant pas les objectifs de sécurité
routière. Donc, est-ce que je comprends de votre recommandation que vous
êtes...
Mme Robin (Jeanne) : C'est ce
qu'on a compris. Et on était favorables à ce déploiement, en effet.
Mme Guilbault :Parfait. Bon, bien, je vais céder la parole, M. le
Président, à notre collègue estimée d'Argenteuil.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée d'Argenteuil, pour quatre minutes pile.
Mme Grondin : Ah! bravo!
Merci. Mme Robin, M. Garnier, bonjour.
Moi, j'aimerais ça bien comprendre. Parce
que, tantôt, Mme Robin, vous expliquiez, à travers vos recommandations, dans le
fond, l'idéal, en termes de prévention, de sensibilisation, d'aménagement
durable, ça serait de s'assurer qu'il y ait... qu'on passe, par défaut, à
30 kilomètres à l'heure dans les agglomérations, les zones urbaines ou
densifiées ou... Est-ce que vous avez... Est-ce que c'est toutes les routes
dans une municipalité, en fait? Et qui décide?
Mme Robin (Jeanne) : Ça ne
pourra pas être toutes les routes. En fait, dans les guides d'aménagement puis
de structuration du réseau routier, souvent, ce qu'on lit, c'est qu'un réseau
lent ne peut exister que s'il y a également un réseau rapide, seulement, il
faut que leur aménagement soit distinct et soit clair et qu'on assure la
sécurité sur le réseau rapide. Notre proposition, c'est... ça consiste à
modifier assez peu d'articles dans le code de la sécurité routière, et que
simplement, l'article que les municipalités utilisent actuellement pour imposer
une limite de vitesse plus basse que 50 kilomètres/heure, elles l'utiliseraient
dorénavant pour imposer... pour autoriser une limite de vitesse plus élevée que
le 30 kilomètres/heure. Donc, par défaut, ce serait
30 kilomètres/heure partout, mais évidemment, les municipalités vont
identifier un réseau probablement composé d'artérielles et de collectrices, où
la vitesse autorisée serait plus élevée, mais où, comme les municipalités
décideraient elles-mêmes qu'elles autorisent 50 kilomètres/heure à cet
endroit-là, elles auraient le fardeau de mettre en place un aménagement sécuritaire
qui assure la protection des piétons lors de la traversée de la rue, par
exemple, en créant des feux de circulation, en créant des avancées de
trottoirs, en ayant une signalisation claire, en ayant... en assurant
l'éclairage, la visibilité. Donc, ça enverrait le message qu'on est conscients
que c'est une vitesse dangereuse en cas de collision, qui ne permet pas une
cohabitation pacifiée des usagers vulnérables et de la circulation motorisée.
Et donc, comme on est conscients de ça, on crée des aménagements qui soient
adaptés. C'est notre proposition.
• (19 heures) •
Mme Grondin : Et donc, c'est
à ça, s'ajouterait, dans les zones scolaires ou les... et les corridors
scolaires aussi, là, une priorité. Il y a un 30 kilomètres, et donc là, il
n'y a pas vraiment de possibilité qu'une municipalité se dise : Tout près
d'une école, on l'augmente à 40, 50, 60, c'est déjà comme prévu et pris pour
acquis.
Mme Robin (Jeanne) : Effectivement...
Oui.
Mme Grondin : Mais toutefois,
vous proposez quand même qu'il y ait des aménagements sécuritaires, puis c'est
ça que je veux bien comprendre, zones scolaires, mais aussi sur le chemin ou au
cheminement. Et donc, là aussi, je veux bien comprendre comment on fait, une
petite municipalité. La ministre a parlé de 20 000 habitants pour sa
petite municipalité, moi, dans mon comté, j'ai 14 municipalités sur 17 qui
ont moins de 5 000 habitants, donc là, on est aussi ailleurs à ce
niveau-là. Et les enjeux, là, de sécurité sont tout aussi importants en ce
sens-là. Mais comment on accompagne ces petites municipalités là? Tu sais,
parce qu'on le voit, là, et vous le savez, je l'entends, ce sont des
investissements importants, là. C'est une chose, le nouveau, c'en est une autre
l'acquis...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée d'Argenteuil. Je dois maintenant céder la parole à l'opposition
officielle, M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Merci pour votre rapport. Pas mal de
recommandations.
Je vais... je vais commencer par la
recommandation sept, où vous dites «élargir la définition de la zone à protéger
aux abords des autres lieux fréquentés par les enfants ainsi que le cheminement
par lequel ils s'y rendent, en tout temps.» Nous avons entendu beaucoup de
groupes aujourd'hui...
19 h (version non révisée)
M. Derraji : ... Là, le grand
débat : Est-ce qu'on limite la zone scolaire ou le corridor scolaire? La
collègue vient de vous parler d'une réalité aussi de plusieurs, plusieurs
municipalités. Je pense que vous travaillez pas mal avec les municipalités.
Vous pouvez nous partager l'heure juste, O.K. Il y a des municipalités qui vous
appellent parce qu'elles veulent aller de l'avant avec certaines mesures. Vous
avez sûrement entendu les critiques à l'égard que, commençant quelque part avec
la zone scolaire, c'est un peu, beaucoup aller dans le corridor scolaire. Où
vous vous situez à la lumière de ce que vous avez entendu aujourd'hui, mais
aussi votre expertise terrain? On ne veut pas aller avec du mur-à-mur, mais on
veut vraiment avoir l'heure juste par rapport à ce que vous avez entendu ou
expérimenté sur le terrain.
Mme Robin (Jeanne) : Notre
position, c'est que ce qui est actuellement défini comme la zone scolaire, c'est
beaucoup trop étroit comme périmètre pour considérer qu'on assure la sécurité
des déplacements des enfants vers l'école quand on agit seulement sur cette
zone-là. Donc, il faut vraiment élargir cette zone. La question des corridors
scolaires a été abordée. Une proposition qu'on n'a pas faite, parce que, nous,
notre recommandation, c'est de passer à 30 kilomètres-heure partout, mais
qu'on aurait pu détailler, c'est par exemple de considérer qu'il y a un
périmètre autour de chaque école où on peut s'attendre à ce qu'il y ait
beaucoup d'enfants qui se déplacent, parce qu'on sait que, jusqu'à 600 mètres
à parcourir, c'est la marche qui domine comme mode de déplacement pour se
rendre vers l'école. Donc, on pourrait dire que, dans 500 mètres, 1 kilomètre
autour des écoles, il faut s'assurer de sécuriser l'ensemble du réseau routier,
parce que les enfants peuvent circuler n'importe où. Même quand on identifie un
corridor scolaire, un enfant peut faire un détour, peut avoir besoin d'aller
chercher un ami, peut préférer passer par un autre endroit parce qu'il y a un
parc, parce qu'il y a un commerce, parce qu'il a quelqu'un à visiter. Donc, c'est
hasardeux de trop restreindre la zone dans laquelle on fait des aménagements,
on met beaucoup plus de monde en sécurité à partir du moment où on élargit la
zone dans laquelle on crée des aménagements sécuritaires. Ça permet d'en faire
bénéficier plus de monde. Mais, tout simplement pour favoriser les déplacements
des enfants vers l'école, considérant qu'on souhaite développer l'activité
physique, développer les... augmenter les déplacements actifs, c'est nécessaire
de ne pas se limiter seulement aux abords des écoles.
Par ailleurs, c'est difficile de faire
respecter une limite de vitesse seulement sur 100 à 200 mètres, ça ne
permet pas de mettre en place des aménagements très, très efficaces, c'est plus
efficace si on travaille sur une zone complète. Donc notre proposition, c'est
vraiment d'élargir la zone sur laquelle on travaille.
M. Derraji : O.K. Mais là, on
est loin du corridor scolaire. Là, vous, ce que vous dites... Parce que ce que
vous avez dit, c'est vraiment la vitesse, je l'ai vu. Mais même un corridor
scolaire, pour vous, ce n'est pas assez, si j'ai bien compris, hein? ...
Mme Robin (Jeanne) : Je dois
dire que mon grand âge et mon expérience dans le domaine font en sorte que j'ai
contribué à la rédaction du guide Redécouvrir le chemin de l'école et que la
détermination des corridors scolaires a suscité de nombreux débats entre les
adultes que nous étions, et on a quand même constaté qu'en réalité les enfants
ne circulent pas nécessairement dans le corridor que nous avons eu tellement de
mal à identifier avec des formules mathématiques et l'analyse de la situation
routière. Donc, oui, il faut dépasser la zone scolaire et il faut dépasser la
notion de corridor scolaire.
M. Derraji : O.K. Je ne suis
pas un expert, donc je pose juste la question, mais j'avais cet... Je ne peux
pas dire que je n'étais pas convaincu, mais j'essaie de me trouver des
arguments pour me convaincre moi-même. Mais ils vont me confirmer que même le
corridor scolaire, ce n'est pas assez?
Mme Robin (Jeanne) : Ce ne
serait pas assez.
M. Derraji : O.K. Et vous
vous basez sur quoi? Et c'est parce que vous avez dit une formule mathématique.
Je n'étais pas là dans vos réunions, mais vous semblez être une experte dans le
domaine. Pouvez-vous élaborer plus?
Mme Robin (Jeanne) : Oui. J'ai
vraiment eu la chance de beaucoup travailler avec des écoles justement sur le
développement de plans de déplacement scolaires, et on a constaté que les
corridors scolaires ne suffisent pas. D'abord, il faudrait les faire évoluer
presque chaque année, parce que la population scolaire évolue, et ensuite le
comportement même des enfants change. On change d'amis, on change de chemin, on
va à l'école avec un frère, une sœur. Ça ne se passe plus de la même manière.
Donc, ça demanderait un ajustement qui demande un travail énorme aux
municipalités pour identifier c'est quoi, la meilleure route. Et est-ce que c'est
la même qu'il y a deux ans? Est-ce que ce sera la même dans deux ans? Donc,
comme on sait maintenant que pour avoir une réelle influence sur les
comportements des automobilistes, il faut agir sur l'aménagement, et pas
seulement sur les panneaux, imaginez le...
Mme Robin (Jeanne) : ...il
faut que ça représente d'aménager, chaque année, un corridor différent et d'en
faire au préalable l'analyse, c'est fastidieux comme travail. Il vaut mieux
prendre pour acquis que, tout autour d'une école, la zone doit être sécurisée.
M. Derraji : O.K. Donc, on
arrive à une conclusion que vu le coût, vu, si je peux dire, l'applicabilité du
corridor... au fait, la définition du corridor, on dirait que c'est... on ne va
pas atteindre les résultats escomptés. C'est pour cela que vous, vous allez
avec la recommandation 4 et que, pour vous, la solution, la solution, pour ne
pas rentrer dans ce... c'est vraiment baisser le taux à 30 km par heure.
Mme Robin (Jeanne) : C'est de
considérer que l'ensemble du réseau routier doit être sécuritaire, que, pour
assurer la sécurité, on peut baisser la vitesse pratiquée ou on peut créer des
aménagements qui vont faire en sorte qu'en traversée de la rue, on est mieux
protégé et donc de faire une combinaison de ces différentes mesures là. Mais ce
qui passe par un changement de la vitesse autorisée par défaut, un passage de
50 à 30 kilomètres-heure, en effet. Ce que beaucoup de municipalités commencent
à faire, mais si on souhaite améliorer la sécurité routière partout au Québec,
ça passe probablement par un changement au plus haut niveau de l'État. Mais
c'est, par exemple, le choix que la ville de Québec a fait il y a quelques
années déjà.
M. Derraji : O.K. Vous avez
dit qu'avant sur les... Je suis juste curieux de... Si vous avez des documents
à nous envoyer, je ne sais pas, avec la présidence de la commission, sur le
corridor scolaire, si vous avez le temps de partager des documents. Ça
semble... Vous semblez avoir des documents par rapport à des études sur les
corridors scolaires.
Mme Robin (Jeanne) : Absolument.
Il y a un travail très important qui a été fait pour l'identification des
mesures de sécurité en milieu scolaire. On peut certainement vous envoyer ça.
M. Derraji : O.K. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Vous
pouvez les faire parvenir au secrétariat de la commission.
Mme Robin (Jeanne) : Oui,
oui, bien entendu.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
Merci.
M. Derraji : Je vais revenir
à la recommandation 4, là ce que vous dites, c'est vraiment... c'est autorisé
dans une agglomération, ça veut dire que là on parle vraiment de toute la zone.
Est-ce que c'est précisé la zone... pas la zone scolaire, mais, encore une
fois, c'est l'agglomération, c'est, on fait baisser le tout à 30 kilomètres-heure.
• (19 h 10) •
Mme Robin (Jeanne) : C'est à
partir du moment où on rentre dans l'agglomération. Et donc, concrètement, à
partir du moment où il y a des maisons aux abords du réseau routier, ça devient
justifié de baisser à 30 kilomètres-heure. On peut s'attendre à ce que la
vitesse change par moments. On sait que, par exemple, s'il y a des
municipalités où il y a un regroupement de maisons à un endroit qui était plus
de type agricole, et puis ensuite on revient dans un endroit où c'est moins
habité, avant d'entrer dans le noyau villageois, donc, on pourrait tout à fait
envisager de passer à 30 kilomètres-heure, puis de revenir à une vitesse
supérieure, et ensuite de baisser à nouveau la vitesse.
M. Derraji : Avez-vous en
tête des villes, au-delà de la ville de Québec, à l'extérieur, pas une ville
urbaine, mais, je dirais, des exemples que la collègue venait de mentionner,
qui ont fait ce changement?
Mme Robin (Jeanne) : On avait
fait une petite recherche pour vérifier qu'effectivement il y avait des
municipalités de différentes tailles. Là, je dois admettre que je ne les pas en
tête...
M. Derraji : Ce n'est pas
grave, ça pourrait être plus tard...
Mme Robin (Jeanne) : ...mais,
en effet, ça existe.
M. Derraji : ...ça pourrait
être plus tard. Un autre point que j'ai, ça m'a un peu... en fait, c'est la
première fois que je le lis, c'est le réflexe équité. On entend...On parle de
santé publique, on parle beaucoup, beaucoup des déterminants de la santé et ça
agit sur plusieurs, plusieurs, plusieurs aspects. Et c'est la première fois que
je vois cette analyse. Et d'ailleurs vous allez avec une recommandation 8
«s'assurer d'une application équitable des... aux obligations en matière de
sécurité routière et prévoir des critères à cet effet dans les programmes de
soutien». Vous pouvez élaborer un peu plus.
Mme Robin (Jeanne) : Oui. On
se rend compte, et d'ailleurs il y a des municipalités qui nous l'ont signalé,
que la pratique pour améliorer la sécurité routière à plusieurs endroits, c'est
d'agir là où il y a de la demande. Donc, quand il y a des demandes citoyennes,
quand on appelle au 3-1-1, quand on appelle... quand on sollicite son
conseiller municipal pour que la rue soit sécurisée, bien, souvent, on obtient
ce qu'on demande. Par contre, on se rend compte que les personnes qui
demandent, c'est celles qui sont souvent les mieux, les mieux réseauter, les
mieux en mesure de faire valoir leurs intérêts. Et malheureusement on
n'intervient pas forcément là où ce serait le plus nécessaire et là où, en
particulier, on... il y a une concentration de personnes à faibles revenus,
marginalisées, à risque d'exclusion.
Donc, évidemment, pour s'assurer de mettre
en place l'équité en sécurité routière, la première chose, c'est d'y aller
d'abord par la connaissance de son territoire plutôt que par la réponse à la
demande, même si c'est très tentant, en tant qu'élu et en tant que
fonctionnaire municipal, de répondre à la demande...
Mme Robin (Jeanne) : ...Il
faut avoir conscience que sinon on a tendance à faire des gestes inéquitables.
Comment on peut soutenir ça à travers des programmes? D'abord en posant la
question : Quel est le niveau de revenus de l'endroit où vous souhaitez
faire un aménagement qui va sécuriser... qui va améliorer la sécurité routière?
Parce que probablement qu'une municipalité qui est toujours obligée de répondre
à cette question-là va se poser la question. On va se dire : Est-ce que
par hasard j'aurai un biais d'intervention? Donc, tout simplement poser la
question, ça peut aider. Puis ensuite, si on se rend compte qu'effectivement il
y a vraiment un déficit d'aménagement dans les secteurs les plus défavorisés,
là, il faut peut-être y aller avec des programmes spécifiques, parce que
peut-être que ça veut dire qu'on ne travaille pas de la même manière, qu'on ne
mobilise pas les bons acteurs, qu'il y a un enjeu là-dessus. C'est un élément
auquel on fait de plus en plus attention, et on trouvait que c'était une bonne
occasion le travail sur le projet de loi, d'amener la réflexion sur l'équité.
M. Derraji : Oui, c'est un
bon point. Mais pensez-vous que les programmes en place déjà ont ce réflexe
équité ...les programmes que... soit que vous utilisez ou que vous suggérer
quand vous essayer de mettre quelque chose avec une municipalité ou une ville?
Mme Robin (Jeanne) : Non, pas
systématiquement, mais ça arrive. Par exemple, le travail sur la réduction des
îlots de chaleur urbains. C'est un exemple de programme qu'on connaît qui était
justement réservé aux interventions dans les secteurs considérés comme à fort
niveau de défavorisation sociale et matérielle. Donc, on sait que c'est... ça a
déjà existé dans certains programmes gouvernementaux, mais ce n'est pas... ce
n'est pas répandu, ce n'est pas systématique.
M. Derraji : O.K. Je ne sais
pas si c'est votre expertise ou pas, mais je vais quand même vous poser la
question. Je l'ai posée à beaucoup de groupes. Je ne peux pas m'empêcher de ne
pas vous la poser. Vous me voyez venir. L'alcool au volant.
Mme Robin (Jeanne) : Tout ce
qui peut améliorer la sécurité, c'est une bonne idée de le mettre en place.
Puis les experts notent qu'on... excusez moi, nos facultés sont affaiblies,
bien en deçà de la limite actuellement permise. Donc, à partir du moment où nos
facultés sont affaiblies...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup.
Mme Robin (Jeanne) : ...on
est un plus gros danger sur la route.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine...
M. Derraji : Merci à vous deux.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : ...les
échanges avec l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Taschereau pour quatre minutes, 8 secondes.
M. Grandmont : Dernière
intervention, M. le Président. Merci beaucoup. D'abord, merci pour votre
présence. Merci pour votre mémoire. Toujours épaté par la qualité des mémoires
que vous produisez puis de vos interventions également.
J'aimerais d'abord y aller sur un... sur
un angle sur lequel... qui n'a pas été abordé encore. C'est la taille des
véhicules. Vous avez dit quand même que la taille et le poids des véhicules est
responsable de la détérioration du bilan routier ou très certainement... je ne
me souviens plus, là, en tout cas, mais quelque chose comme ça. J'ajouterais
aussi qu'évidemment c'est responsable de notre difficulté à réduire nos
émissions de gaz à effet de serre, évidemment. Vous prenez l'angle sanction, ce
n'est pas là-dessus que je vous ai amené, parce qu'évidemment je comprends
qu'il y a un mécanisme par lequel on pourrait agir, évidemment. D'autres angles
sur lesquels j'aimerais vous entendre, ou d'autres que je ne nommerai pas, mais
l'angle de la publicité. Je sais qu'il y a des campagnes qui existent par
rapport à ça, notamment chez Équiterre. Puis il y a aussi l'angle des codes de
sécurité vis-à-vis des usagers externes. On a des codes de sécurité pour les
usagers à l'intérieur des véhicules, mais il n'y a pas de code de sécurité qui
est donné pour que des acheteurs puissent évaluer si ce type de véhicule là est
intéressant ou pas. En tout cas, c'est un outil d'aide à la décision ou à
l'achat. J'aimerais vous entendre un peu sur la taille des véhicules.
Mme Robin (Jeanne) : Oui,
c'est vrai qu'il n'y a pas d'obligation dans les... les... les analyses de
sécurité, les tests de sécurité parce que les véhicules... Il n'y a pas
d'obligation de considérer l'environnement extérieur, donc le risque qu'on fait
courir à un piéton, ou à un cycliste, ou à un usager qui est vulnérable et qui
n'a pas de carrosserie pour le protéger. Donc, effectivement, ce serait... ce
serait en effet une mesure intéressante de travailler sur ces éléments-là,
parce qu'il y a une... un déficit de connaissance sur la dangerosité des gros
véhicules. Et on a déjà parlé de course à l'armement, parce qu'à force de
croiser de plus en plus de gros véhicules on se dit qu'on devrait soi-même être
dans un véhicule plus gros pour ne pas subir de conséquences en cas de
collision. C'est un élément qu'on n'a pas mentionné dans notre mémoire, mais
l'étude qu'on a consultée et qui... qui a évalué la différence de risque de
blessure et de décès en cas de collision avec un usager vulnérable, elle évalue
aussi la différence de risque pour les occupants d'un autre véhicule automobile
en cas de collision avec un véhicule plus gros. Et ces risques-là sont
également augmentés. Donc l'augmentation de la taille des véhicules, ça fait...
ça diminue la sécurité routière pour... pour l'ensemble de la population.
M. Grandmont : Oui. Puis
évidemment... puis évidemment je vous invite à la partager, cette étude-là, si
c'est possible, là, au Greffier. Puis de la même façon aussi, bien, on sait que
ces véhicules-là ont des angles morts qui sont quand même plus importants, là,
les... notamment. Il ne nous reste pas beaucoup...
M. Grandmont : ...mais je
vous emmènerais sur la question des routes régionales et nationales. Vous
travaillez bien entendu avec plein de municipalités de toutes tailles, mais je
sais que c'est les petites municipalités dont la route principale... dans le
fond, le cœur du village de la municipalité se trouve au carrefour d'une route
à numéro. Est-ce que ce n'est pas le MTQ qui devrait avoir la responsabilité,
dans ce cas-là, de s'assurer que des aménagements de transport actif, les
trottoirs, les aménagements cyclables... dans le fond, que ce soit le MTQ qui
s'en... le MTMD, pardon, mais qui s'en occupe? C'est son équipement, c'est son
infrastructure.
Mme Robin (Jeanne) : Effectivement,
les personnes qui circulent sur une route numéro devraient pouvoir se déplacer
en sécurité, peu importe leur mode de déplacement. On sait que la collaboration
est bien meilleure aujourd'hui que ce qu'elle a déjà été avec le ministère des
Transports pour les petites municipalités. On nous le dit quand on demande des
audits de sécurité, ils sont faits, il y a des améliorations qui sont
apportées. C'est certain que le... Si on veut améliorer la sécurité routière,
il y a une question d'exemplarité de l'État qui va devoir travailler lui-même
sur ses propres infrastructures. Nous ne pouvons pas ne pas... ne pas le
mentionner.
M. Grandmont : Puis,
évidemment, il y a la question financière aussi qui est mêlée à tout ça. Merci
beaucoup pour votre présence en cette heure tardive.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le député de Taschereau. Merci beaucoup pour votre présence en
commission. La commission ajourne ses travaux jusqu'à demain, le
mercredi 7 février 2024, après les avis touchant les travaux des
commissions où elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 19 h 19)