Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Thursday, February 1, 2024
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Vol. 47 N° 32
Special consultations and public hearings on Bill 41, an Act to enact the Act respecting the environmental performance of buildings and to amend various provisions regarding energy transition
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet de loi
n° 41, Loi édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et
modifiant diverses dispositions en matière de transition énergétique.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Derraji (Nelligan) est remplacé par M. Kelley
(Jacques-Cartier) et M. Grandmont (Taschereau), par Mme Zaga Mendez
(Verdun).
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la secrétaire. Nous entendrons ce matin les organismes suivants : la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et... ainsi que le Centre d'études
et de recherches intersectorielles en économie circulaire, conjointement avec l'Institut
AdapT.
Donc, je souhaite la bienvenue aux
représentants de la fédération de l'entreprise indépendante et je vous demande
de vous présenter et de commencer votre exposé.
M. Vincent (François) : Merci
beaucoup. M. le Président, M. le ministre, chers membres de la commission, je
vous remercie de nous recevoir pour entendre nos commentaires dans le cadre du projet
de loi n° 41. Je me nomme François Vincent, je suis vice-président de la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. La FCEI, c'est 97 000 dirigeants
de petites et moyennes entreprises membres du pays, dont 21 000 au Québec.
Je suis accompagné aujourd'hui d'un invité de marque, M. Karl Blackburn,
président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec. Nous
présentons aujourd'hui les résultats d'une collaboration entre nos deux
organisations sur un projet de loi important pour l'avenir du Québec. Je tiens
d'ailleurs à remercier Benjamin Rousse et Arnaud Champalbert pour leur travail.
D'emblée, permettez-moi de souligner les
objectifs louables que vise le projet de loi dont nous commentons aujourd'hui.
La transition énergétique vers un avenir plus durable pour notre société est
une nécessité. Les entrepreneurs du Québec sont prêts à jouer un rôle actif
dans cette évolution. Toutefois, en dépit de notre salutation de ces objectifs,
plusieurs préoccupations ont émané de notre lecture du projet de loi, notamment
les méthodes envisagées pour les atteindre, qui peuvent apporter une
augmentation du fardeau administratif et réglementaire.
D'abord, je tiens à aborder la question
cruciale de l'énergie, un sujet intrinsèquement lié à la performance
énergétique des bâtiments au Québec. Les tarifs d'électricité jouent un rôle
central dans l'adoption de mesures de transition énergétique. Il est essentiel
de reconnaître qu'en raison de l'interfinancement ce sont les PME qui
supportent le poids le plus lourd en matière de coûts énergétiques dans la
province. Ce déséquilibre crée un environnement peu propice pour les PME,
entravant ainsi leur capacité à investir dans des alternatives énergétiques
plus durables. De même, le faible coût assumé par...
M. Vincent (François) : ...le
secteur résidentiel représente un... un obstacle à l'amélioration de la
performance énergétique des habitations, comme c'est souligné d'ailleurs dans
l'analyse... d'impact réglementaire du projet de loi à l'étude. Ainsi, les
actions pour accélérer la transition énergétique et l'amélioration de
l'efficacité énergétique des bâtiments résident également dans d'autres actions
gouvernementales, comme par exemple de régler la question de l'interfinancement
qui nuit à la transition énergétique des PME et de celle des citoyens.
Ensuite, un des enjeux les plus importants
pour les entrepreneurs est le fardeau administratif et réglementaire. Une étude
de la FCEI révèle que le coût total de conformité réglementaire de tous ordres
de gouvernement confondus est de 8,2 milliards de dollars au Québec.
Les propriétaires de PME ont estimé qu'il serait possible de réduire de l'ordre
de 28 % les formalités administratives sans nuire à l'intérêt public.
C'est donc un coût de 2,3 milliards pour les entreprises québécoises. Puis
je précise que le coût de la paperasserie est inversement proportionnel à la
grandeur de l'entreprise. Il est donc stratégique pour le gouvernement du
Québec de réduire ce fardeau. Et je tiens ici à souligner le travail du
gouvernement du Québec en la matière et du ministre Skeete qui est responsable
du dossier.
Maintenant, pour réellement assurer une
réduction totale, il faut que tous les ministères soient interpellés et que
l'on ne rajoute pas d'un côté ce que l'on tente de réduire de l'autre. Selon
notre analyse, puis M. Blackburn va aller plus en détail, on voit que ça
apporterait une lourdeur administrative et certaines confusions par... au
niveau du secteur de la construction. Il est essentiel aussi de reconnaître les
défis considérables auxquels sont confrontées les PME du Québec. Les années
récentes ont été particulièrement difficiles, et cela se perçoit dans le niveau
de confiance des PME qui, en 2023, à l'exception de 2020 où on a fermé
l'économie pour une bonne partie de l'année, c'est le niveau de confiance le
plus bas qu'on a depuis 15 ans de notre indicateur économique. Donc, toute
nouvelle réglementation imposant des coûts supplémentaires risque d'aggraver
encore davantage la situation économique déjà précaire.
C'est pourquoi il est essentiel que le
gouvernement prenne en compte cette réalité et assure que les objectifs du
projet de loi soient atteints sans compromettre la santé financière des PME.
D'ailleurs, je porte à votre attention la recommandation cinq de notre mémoire,
qui propose un renforcement des programmes d'efficacité énergétique. Il était
également primordial, je pourrais plus aller dans les détails lors de la
période des questions, de veiller à ce que ces programmes puissent vraiment
bien atterrir auprès des entrepreneurs avant de garantir leur succès. Je cède
maintenant la parole à M. Blackburn.
M. Blackburn (Karl) : Alors,
merci, François. Bonjour, je suis Karl Blackburn, président et chef de la
direction du Conseil du patronat du Québec. D'une part, permettez-moi de
remercier François et la FCEI pour l'invitation de participer en duo aux
travaux de la commission. D'emblée, je réitère que nous partageons l'objectif
du projet de loi n° 41 qui vise à... à réduire la consommation énergétique des
bâtiments, mais je rappelle au passage que cet objectif ne sera atteignable
qu'en prenant en compte la réalité et les enjeux de nos entreprises, tels qu'abordés
avant moi par François.
Si je résume notre vision, avant d'aller
dans les détails, le projet de loi devra trouver un équilibre entre la lourdeur
réglementaire et l'atteinte des objectifs de performance environnementale. Vous
le savez, le contexte énergétique québécois est caractérisé par une demande
plus élevée qu'anticipée et nécessitera de nouveaux approvisionnements en
énergie dès 2027. L'objectif du projet de loi n° 41 s'inscrit parfaitement dans
ce contexte, amenant... en mettant en place un cadre propice à une consommation
plus sobre et plus efficace de l'énergie.
Dans le cadre de notre analyse, nous
remarquons par contre que le p.l. 41 introduit plusieurs modalités et
obligations qui seront déterminées par règlement, de nombreux éléments demeurent
donc inconnus dans sa forme actuelle. Ceci rend relativement difficile
l'évaluation de l'impact économique de ce projet de loi. L'analyse d'impact
réglementaire du p.l. 41 note cet état de fait à plusieurs endroits, et je
cite : «Les mesures exactes qui seront incluses dans une future
réglementation peuvent ne pas être définies au moment de l'élaboration d'un
projet de loi. Ainsi, les impacts présentés dans cette analyse sont mesurés sur
la base d'un scénario réglementaire hypothétique et fictif qui pourrait
découler des pouvoirs conférés par le projet de loi.»
Elle ajoute : «Et c'est plutôt
révélateur que les économies et les coûts présentés dans cette analyse sont
donnés à titre d'exemple indicatif seulement. En effet, ceux-ci sont largement
tributaires des orientations gouvernementales qui seront prises lors de
l'adoption des éventuels règlements. Malheureusement, plusieurs exemples de
l'utilisation des règlements par le gouvernement nous amènent à être plus
critiques dans le recours à cet outil qui a pourtant toute sa pertinence,
lorsque bien encadré. » Je me permets un exemple, mais il y en a
d'autres. Le PL 29 sur la réparabilité, l'étude d'impact ne permettait pas
d'évaluer ses effets sur...
M. Blackburn (Karl) : ...l'économie,
puisque la grande majorité des éléments seront déterminés par règlement.
Quelques semaines après l'adoption, l'Office de protection des consommateurs a
lancé sa consultation en vue de l'élaboration desdits règlements en pleine
période des fêtes, n'offrant que 22 jours ouvrables pour participer, alors
que c'est le moment de l'année le plus important en termes d'affaires pour la
majorité des détaillants et manufacturiers, qui sont les premiers visés par la
loi.
• (11 h 50) •
Il est clair que l'utilisation actuelle des
règlements ne permet pas d'atteindre la prévisibilité nécessaire aux
entreprises pour commenter et se conformer. C'est pourquoi nous formulons les
deux recommandations suivantes : Déposer les intentions réglementaires
pour permettre une meilleure analyse des impacts du p.l. n° 41,
améliorer la démarche du gouvernement dans l'élaboration de la réglementation
en assurant une meilleure prévisibilité sur les règlements à venir, en
déterminant des périodes de consultation propices à la participation et en assurant
que le délai prévu assure la participation optimale des parties prenantes.
Pour finir, je veux aborder l'importance
d'alléger et d'harmoniser la réglementation. On le sait, le secteur de la
construction au Québec est moins productif qu'en Ontario, entre autres. La
lourdeur et la complexité des règles sont les principaux aspects qui limitent
la productivité du secteur au Québec. Dans ce contexte, il est surprenant de
voir que le p.l. n° 41 propose d'enlever des pouvoirs
de la Régie du bâtiment du Québec sur la réglementation entourant l'efficacité
énergétique en créant une nouvelle structure. Je rappelle que le besoin
d'harmonisation des codes au niveau canadien fait consensus. D'ailleurs, le
gouvernement du Québec s'est engagé dans la démarche.
Je termine en ajoutant que cette
disposition va à l'encontre de l'objectif d'allègement réglementaire de la
construction adoptée dans le projet de loi n° 17
l'automne dernier. À cet effet, nous formulons deux recommandations :
Conserver la notion d'efficacité énergétique dans le Code de construction, sous
la responsabilité de la Régie du bâtiment du Québec, avec l'appui du ministère,
pour lui apporter l'expertise technique en environnement et en énergie, arrimer
les exigences québécoises avec les initiatives de nos partenaires commerciaux,
autres provinces canadiennes, les États-Unis, l'Europe et utiliser des
indicateurs communs ou comparables.
En vous remerciant pour votre attention.
Nous sommes à votre disposition, Mmes et MM. les députés, pour échanger avec la
commission. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Messieurs, pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange avec M. le ministre, pour une période de 12 min 30 s.
M. Charette : C'est bien
gentil, temps que je vais partager avec mes collègues. Messieurs, à vous deux,
merci d'être avec nous ce matin. Toujours un plaisir de vous entendre et de
vous entendre nous partager votre expertise. Dans les faits, moi, ce sera
quelques commentaires par rapport à ce que vous avez mentionné. Les questions
viendront de mon collègue, mais si vous voulez réagir à mes commentaires, vous
êtes naturellement les bienvenus. Très, très content et rassuré que vous
puissiez reconnaître les défis énergétiques, là, que nous avons au Québec. Ce
sont des défis qui sont réels, qui sont fondamentaux.
Et on recevait avant-hier, si je me
souviens bien, Hydro-Québec, qui nous parlait un petit peu de sa planification
d'ici 2035, donc au cours de la prochaine décennie et un peu plus. Et c'est
quand même remarquable de voir que, dans les nouveaux approvisionnements, il y
a 75 % de ces approvisionnements-là qui seront dédiés aux efforts de
décarbonation. Donc, c'est majeur. Et on a un 25 % qui est tout aussi
important, qui, lui, sera dédié au développement économique. Je sais que
certains groupes qui préféraient que ce 25 %-là n'existe pas et que
100 % soit la décarbonation, mais nous croyons, au niveau du gouvernement
du Québec, que le développement économique est aussi important. Mais dans les
deux cas, ça va nécessiter des efforts colossaux, des efforts fondamentaux et
l'économie la plus... c'est-à-dire l'énergie la plus économique, c'est un vieux
slogan, est celle que l'on n'utilise pas. Et actuellement, dans le secteur du
bâtiment, il y a beaucoup, beaucoup de potentiel d'économie d'énergie parce
qu'on a des bâtiments qui n'ont pas la résilience ou l'efficacité énergétique
nécessaire. Donc, ça fait en sorte que le projet de loi n° 41
est une nécessité et même une obligation, et qu'on aurait aimé le présenter
possiblement plus tôt, tant il est important. Donc, ça explique le contexte.
Maintenant, vous parlez du fardeau des
entreprises et d'une AIR, d'une analyse d'impact réglementaire, qui ne peut pas
être détaillée, compte tenu que beaucoup de réglementation est à développer.
Mais même avec l'analyse d'impact réglementaire actuelle, on dénote que, pour
les entreprises, l'impact...
M. Charette : ...du projet de
loi est positif, plus que négatif. Donc, oui, il y aura forcément des frais
d'engagés, ultimement, mais les effets de ces investissements-là seront plus
importants que les... que les... les coûts engendrés. Et ce que j'aime
rappeler, et c'est la démarche que le gouvernement actuel a retenue, là, dans
la foulée du plan pour une économie verte, on ajoute, c'est vrai, on en est
conscients, des contraintes parce qu'on a des cibles ambitieuses à respecter,
mais l'essentiel de ces contraintes-là sont accompagnées d'aide financière.
Donc, non seulement il y a... il y a un accompagnement technique qui est fait,
mais il y a aussi un accompagnement financier. Donc, les entreprises qui
auraient des obligations à rencontrer ultimement pourraient vraisemblablement
bénéficier d'une expertise technique et bénéficier d'un appui financier. Et
même si cet appui financier là n'existait pas, la... actuelle démontre que
l'avantage sera plus grand que l'inconvénient. Donc, ce n'est pas... ce n'est
pas négligeable.
Et vous parlez d'une réglementation à
venir. Il faut savoir que c'est un projet de loi qui est d'abord et avant tout
habilitant. Il y a des éléments bien précis dans le projet de loi, mais on se
donne les pouvoirs d'agir. Moi, c'est difficile d'établir une réglementation
précise tant que je n'ai pas le pouvoir des actions que je souhaiterais, comme ministre
de l'Environnement, conduire. Mais, comme à chacune des fois, c'est aussi la
tradition qu'on a développée, là, ces cinq dernières années, à chaque fois
qu'il y a une réglementation qui est conséquente, on travaille beaucoup en
co-création avec les parties prenantes. C'est-à-dire, avant même de déposer un
projet de règlement, on regarde avec les partenaires comment faire atterrir un
règlement pour s'assurer du respect de l'objectif. Et par la suite, en plus de
ce travail de co-création là, il y a une période de consultation en bonne et
due forme pour permettre les ajustements qui sont nécessaires par la suite.
Donc, je dis ça uniquement pour vous rassurer en vous disant que la
réglementation ne sera pas élaborée derrière des portes closes et ne sera pas
imposée, là, sans que les parties prenantes ne soient impliquées.
Et je vous entends bien concernant le code
du bâtiment durable que l'on veut mettre de l'avant, mais là aussi c'est une
obligation de résultat. Mais je vous rassure également, ça se fera en
collaboration avec la Régie du bâtiment. La Régie du bâtiment n'a pas les
compétences et n'a pas les outils législatifs pour faire ce que l'on souhaite
et que l'on doit faire, ce n'est pas dans ses mandats et elle n'a pas la
possibilité de réglementer sur les questions environnementales autres que
spécifiquement énergétiques. Donc, on rapatrie le tout au ministère de
l'Environnement, comme la division des pouvoirs émanant, là, de 2022 nous le
commande. Mais naturellement, ça va se faire avec la Régie du bâtiment. Et
l'application de ces deux volets là, d'un... En fait, on peut parler de deux
codes. Moi, je parle d'une vision avec... en fait, deux codes avec une seule
vision, mais l'application se fera vraisemblablement, là, par la Régie du
bâtiment.
Donc, c'est des petits éléments, là, pour
vous rassurer sur la suite des choses. Comme je vous le mentionnais, j'ai des
collègues qui souhaiteraient intervenir, mais n'hésitez pas à réagir à mon
propos, si vous le souhaitez, sinon, je vais passer la parole à mon collègue.
Et déjà, étant donné que vous êtes en virtuel, je n'aurai pas la possibilité
d'aller vous serrer la pince... après, donc déjà je vous remercie pour votre
présence avec nous ce matin.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre.
M. Blackburn (Karl) : Si je
peux me permettre, M. le ministre... si je peux me permettre, je vais répondre
positivement ou à tout le moins à l'offre que nous fait le ministre pour réagir
rapidement.
J'oserais dire, M. le ministre, que cette
loi peut être une réussite totale ou un échec majeur car, pour faire cette
révolution, ça prend de l'argent. Et malheureusement, il y a beaucoup
d'incertitudes dans les éléments qui sont amenés dans le projet de loi, il y a
beaucoup d'hypothèses également qui sont mises en place par rapport à certaines
économies énergétiques. Et, comme François l'a mentionné, la majeure partie de
la hausse tarifaire, qui va malheureusement affecter des consommateurs
électriques, va être entre les mains des entreprises. Et les citoyens, d'une
certaine façon, sont protégés par la décision du gouvernement de plafonner à un
certain niveau l'augmentation annuelle. Alors, vous le voyez là, qu'il y a là
des lumières jaunes, j'oserais dire, qui nous incitent à la prudence.
Le principe de l'allègement réglementaire
de un pour un est saluable. Malheureusement, ce qu'on constate dans les faits,
également, c'est que lorsqu'on retire un règlement qui est en place pour
justement rencontrer l'objectif que l'allègement réglementaire poursuit, les nouveaux
règlements sont souvent beaucoup plus exigeants et beaucoup plus lourds en
termes d'administration. Et ça, c'est encore une fois sur la responsabilité des
entreprises.
• (12 heures) •
Alors, je veux être vraiment certain que
le gouvernement a cette sensibilité-là toujours en...
12 h (version non révisée)
M. Blackburn (Karl) : ...parce
qu'il en va de la productivité et de la rentabilité de nos entreprises. Et des
fois, les mesures estimées en termes d'impact économique sont souvent beaucoup
moindres que la réalité en termes de conséquences. Et dans ce contexte-là,
votre... votre grande ouverture, elle est essentielle pour arriver à bien
amener cet ambitieux votre projet.
M. Vincent (François) : Puis
je vais faire du pouce sur ce que M. Blackburn vient de dire, le un pour un.
Moi, ça fait cinq ans que je suis vice-président de la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante puis je copréside le comité de l'allègement
réglementaire avec le ministre Skeete, puis je n'ai jamais vu de suivi quant au
un pour un. Il y a eu des modifications quant à la politique pour que ça soit
fait en amont, mais encore faut-il que l'analyse d'impact réglementaire soit
capable de bien calculer ces coûts. Vous avez raison, l'analyse d'impact
réglementaire arrive avec le fait que ça va faire des économies. Mais si ça évalue
20 % parce que 80 % vont être définis par la réglementation, comment
on peut vraiment bien s'assurer qu'il va y avoir un allègement réglementaire.
Si on donne un nouveau pouvoir habilitant d'une déclaration, d'une cote de
performance, de normes, de normes particulières, d'obligations pour obtenir un
rapport, de registres, bien, ça, c'est tous des éléments qui peuvent ajouter au
poids, au temps et aux coûts pour les entrepreneurs.
Vous avez parlé d'une loi habilitante, et
je... On comprend, mais j'ai de la misère à comprendre que le ministère, ce n'est
pas déjà défini sur le plan d'action par rapport à ces règlements. Ils doivent
l'être. Ça s'est fait dans le passé qu'il y ait des intentions réglementaires
qui soient dépassées, puis le CPQ et la FCEI croit que, dans ce cadre-là puis
pour les parlementaires, ça aiderait au... aux travaux.
Juste finir sur une note positive, la
cocréation. Je suis vraiment content d'entendre ça. J'ai été, avant d'être à
FCEI, à un moment au niveau de l'industrie de la construction et j'ai participé
à la cocréation. Quand il y eut l'arrivée de la grande réforme de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Donc, si c'est une volonté du ministère de
travailler en cocréation sur les règlements, ça, c'est une bonne nouvelle, je
pense, qui est envoyée aux milieux économiques.
M. Charette : Et très
rapidement, pour vous rassurer, chaque règlement sera une occasion de
concertation et de consultation. Et vous dites les charges que peuvent
représenter les modalités du projet de loi. Moi, je vous dirais, chacun de ces
éléments-là est une raison de plus pour rendre le bâtiment plus résilient,
parce que ce sera une occasion de réaliser des économies. Et si vous êtes
convaincus, je suis certain que vous l'êtes, des défis énergétiques, si vous
êtes convaincus, et je suis convaincu que vous l'êtes, de l'importance de
lutter contre les changements climatiques, il faut s'attaquer au domaine du
bâtiment qui est un de nos principaux... un de nos... Bien, en fait, c'est un
de nos... un de nos... nos éléments d'émissions parmi les plus importants au
Québec. Donc, c'est incontournable de s'y attaquer. Là, j'ai déjà pris trop de
temps pour mon collègue. Je lui laisse la parole. Et encore une fois, je vous
remercie pour votre présence aujourd'hui.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Et je cède maintenant la parole à M. le député de René-Lévesque
pour deux minutes.
M. Montigny : Alors, bonjour,
messieurs. C'est dommage que vous êtes en visio. J'aurais aimé ça prendre un
café avec vous, mais on va le faire à distance. Ceci dit, j'aimerais revenir
sur des éléments que mon collègue... que mon collègue ministre a pris le temps
d'amener, entre autres, puis vous avez ramené, vous aussi, ces éléments-là,
entre autres, sur la consultation pour la réglementation, la cocréation. Vous
avez mis dans votre compte... dans votre conclusion aussi de votre mémoire un
élément important sur nos deux organisations qui sont disposées à poursuivre le
dialogue pour pouvoir... pour promouvoir une transition énergétique qui soit
sensible au contexte et aux capacités des entrepreneurs québécois. Alors, je
vous laisse continuer là-dessus parce qu'on vous tend la main. Il y a beaucoup
d'ouverture pour travailler ensemble, pour consulter pour la réglementation,
cocréer. Puis je vois ça dans votre conclusion. Ça fait que j'ai envie de vous
entendre davantage là-dessus, parce que c'est un peu ce qu'on dit, là. On fait
une loi, mais on veut travailler en... en cocréation puis en consultation
pour... pour les règlements.
M. Vincent (François) : Bien,
vous pouvez adopter les cinq recommandations qu'on a dans notre mémoire. Ça
fait que ça, ça commencerait vraiment du bon côté. Puis, vraiment, vous
assurez... pas de rajouter des éléments sur le code de la construction, puis je
pense qu'il y a d'autres groupes qui sont venus avant nous ici, il y a l'APCHQ
qui a parlé que le code de la construction, c'était une Bible. Puis dans...
puis même dans le plan d'action d'allègement réglementaire, il y avait une
orientation 24 qui voulait aller vers un allègement réglementaire en
harmonisant les codes pour... au niveau canadien. Puis on le sait que les
codes, dans le reste du Canada, sont déjà plus restrictifs au niveau de l'efficacité
énergétique. ÇA fait... alors, voilà, donc, une bonne... un bon... deux bons
premiers pas à franchir...
M. Vincent (François) : ...je
peux laisser Karl rajouter.
M. Blackburn (Karl) : Si je
peux me permettre d'ajouter un complément à François. Merci. D'abord, le café
semble très populaire ce matin, à l'Assemblée nationale, alors ça nous fera
plaisir d'y aller, M. le député, mais...
Le Président (M. Jacques) : M.
Blackburn, ça met fin à l'échange avec la partie gouvernementale. Je comprends
que c'est court un peu, mais je cède maintenant la parole à l'opposition
officielle et au député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Vincent, et bonjour, M. Blackburn. On vient juste de
parler de vous, M. Blackburn, pendant la période des questions, le premier
ministre du Québec a suggéré que notre chef prenne un café avec vous. Bien, je
ne suis pas le chef de notre formation, mais j'ai quand même un café avec moi,
puis c'est toujours un plaisir de discuter avec vous autour d'un café.
Mais je veux commencer avec une question
concernant les tarifs, parce que c'est écrit dans votre mémoire, le
déséquilibre qui existe présentement, M. Vincent, c'est aussi un débat qu'on a
eu pendant les dernières couples de journées ici, les impacts des tarifs d'Hydro-Québec
sur les PME. Et je sais que vous avez eu la chance de discuter avec le ministre
des Finances, de mémoire, la semaine dernière, dans les consultations
prébudgétaires, puis vous avez souligné que les tarifs d'électricité,
présentement, sont un enjeu pour nos PME.
Alors, je ne sais pas si vous voulez juste
expliquer pourquoi vous avez pensé que c'était important de souligner ça dans
votre mémoire et si vous avez des autres choses à ajouter à cette discussion
et, quand même, pour vous aussi, M. Blackburn, pour votre organisation.
Pourquoi les tarifs... pourquoi il faut discuter des tarifs dans ce projet de
loi?
M. Vincent (François) : Bien,
sur les tarifs d'électricité, on a déposé un mémoire, la FCEI, dans le cadre
des consultations sur l'énergie, puis un de nos postulats, c'était que, parce
qu'il y a l'interfinancement, c'est-à-dire que les PME paient 18 à 28 %
plus cher leur électricité, bien, c'est un désincitatif à investir dans la
transition énergétique.
Puis quelque chose qui m'a marqué en
lisant l'analyse d'impact réglementaire, c'est qu'un des éléments majeurs qui
fait en sorte que nos bâtiments puis les bâtiments résidentiels sont moins
efficaces énergétiquement, bien, c'est parce que le tarif est trop bas, mais le
tarif est trop bas parce que le tarif de la PME est trop élevé. Ça fait qu'il
faut avoir une action concertée gouvernementale, puis, si on ne s'attaque pas à
l'interfinancement, bien, on va faire, par la porte d'en arrière, ce qu'on fait
par la porte d'en avant, c'est-à-dire qu'on va obliger, par règlement, le fait
que les gens adaptent leurs bâtiments pour améliorer l'efficacité énergétique,
au lieu de s'attaquer aux sources du problème quant à la tarification de
l'électricité puis au fait que les PME paient trop, actuellement.
M. Blackburn (Karl) : Si je
peux me permettre d'ajouter, M. le député, d'abord, merci beaucoup pour
l'invitation pour le café, ça me fera plaisir, également, mais je suis content
de constater qu'entre autres les recommandations et les propos du Conseil du
patronat du Québec peuvent influencer d'une certaine façon le gouvernement du
Québec dans ses prises de décisions, toujours dans le but de s'assurer d'avoir
les meilleures conditions possibles pour que le Québec, les entreprises du
Québec, les employeurs du Québec puissent faire ce qu'ils savent faire de
mieux, c'est-à-dire créer de la richesse, créer de la croissance, créer de la
prospérité économique.
Malheureusement, dans certains cas, on ne
voit pas cette croissance et cette prospérité économique parce que, dans une
certaine mesure, il y a vraiment une lourdeur réglementaire, une incapacité
pour les entreprises, dans certains cas, d'être compétitives vis-à-vis leur
marché voisin, on pense beaucoup à l'Ontario ou aux autres provinces canadiennes,
mais également à l'ensemble de l'Amérique et éventuellement à l'Europe, et même
à tout ce que peut représenter la francophonie économique.
Les tarifs électriques... mon collègue
François vient de vous le démontrer très rapidement et surtout très facilement,
malheureusement, la facture électrique qui est assumée par les entreprises ne
reflète pas la réalité, en termes du coût de production ainsi que du coût de
transport de cette énergie, de par la décision du gouvernement de geler les
tarifs électriques pour les citoyens du Québec. Alors, tant qu'il y a cet
élément, qui vient en quelque sorte fragiliser ou diminuer la compétitivité des
entreprises québécoises, bien, on va demeurer toujours fragiles par rapport à
cette compétition, qui est de plus en plus internationale et de plus en plus
féroce, surtout dans un contexte de ralentissement économique et d'incertitude
économique devant nous.
M. Kelley : Merci beaucoup
pour votre réponse. On a aussi discuté plusieurs fois, avec des différents
groupes, l'idée que ça va prendre des programmes structurants qui existent pour
aider, si c'est des municipalités ou, quand même, des entreprises, de faire la
transition énergétique. Je sais que j'ai rencontré PME... puis on a discuté de
la transition énergétique, puis tout le monde a dit : Bien, qu'est-ce qui
existe présentement? Des fois, encore, c'est peut-être trop de paperasse ou,
quand même, ça prend trop de temps d'avoir une réponse. Alors, ils mettent ça à
côté puis juste continuent avec la structure qui existe. Alors, le sujet...
M. Kelley : ...ça va vraiment
prendre un programme qui est très simple et efficace. Mais, quand même, le
fardeau ne peut pas toujours être sur le dos des entreprises et des
entrepreneurs de faire les efforts. Ça prend l'assistance du gouvernement et
des investissements massifs. Alors, je sais... je ne sais pas si vous avez
réfléchi un petit peu sur c'est quoi, la meilleure façon, si c'est quand même
d'avoir plus de... changer des fenêtres comme dans une entreprise. Il y a plein
des choses comment on doit mieux aider nos entrepreneurs à être plus efficaces.
Mais je ne sais pas si vous avez des suggestions pour le gouvernement sur
comment il peut faire ça mieux.
• (12 h 10) •
M. Vincent (François) : Bien,
moi, je dirais simple, efficace, avec aussi un engagement des différents
ministères et organismes pour pousser l'information. On a dévoilé, la FCEI, en
début d'année, un rapport de recherche qui démontre que les crédits d'impôt
sont peu connus par les dirigeants d'entreprise. C'est 30 % des PME, O.K.,
c'est... ce n'est pas les grandes entreprises, 30 %, puis plus
l'entreprise est... qui sont... qui connaissent les programmes et aides
financières. Plus tu es petit, moins tu es au courant. Puis c'est 50 % des
dirigeants de PME qui vont faire la... le... la recherche, le travail puis le
dépôt desdits crédits d'impôt. Puis là on se retrouve dans une situation de
pénurie de main-d'oeuvre, qui frappe particulièrement le Québec, puis la
conséquence numéro un, c'est que le dirigeant d'entreprise va faire plus
d'heures, donc il éteint des planchers... il éteint des feux sur le plancher.
Donc, la situation actuelle fait en sorte que c'est plus difficile pour les
dirigeants d'entreprise d'avoir accès à ces crédits d'impôt là. Donc, simplifier,
moins de paperasse puis avoir une bonne façon de rentrer en contact avec les
entreprises qui pourraient bénéficier de certains programmes.
M. Blackburn (Karl) : Si je
peux me permettre d'ajouter un élément, nous avons effectivement, nous, également,
au Conseil du patronat du Québec, sondé la réalité par rapport aux entreprises
québécoises, et, en 2022, lorsque nous avons dévoilé notre livre vert
concernant l'environnement et les changements climatiques, d'une part les
entreprises sont très largement en faveur et conscientes de ces changements de
société dans lesquels on s'inscrit, elles veulent le faire, et elles ont
commencé à le faire, et elles assurent, je dirais même, un leadership
international à cet égard-là. Malheureusement, la méconnaissance des mesures,
la méconnaissance des programmes existants pouvant les... leur permettre
justement de faire cette transition est vraiment un frein majeur à cette espèce
de transition possible pour nous.
Et, si je peux me permettre un
commentaire, il serait intéressant d'avoir autour de la table des gens qui ne
cherchent pas simplement le fait de dire que non, ce n'est pas possible de le
faire de telle ou telle façon, mais ça serait davantage avantageux d'avoir des
gens autour de la table qui diraient : Vous avez un problème, on va tenter
de vous accompagner pour le régler, parce qu'il en va, je dirais, de la survie
de vos organisations, de la... de la crédibilité de notre politique ou de nos
politiques, mais surtout de réels effets concernant la lutte aux changements
climatiques. Alors, dans ce contexte-là, je pense qu'on aurait tous intérêt à
travailler dans le même sens et dans le même objectif.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Une question sur un différent sujet, c'est concernant l'autoproduction, puis je
parle vraiment comme... on parle de mettre les panneaux solaires sur le toit
d'une entreprise ou quand même dans un parc industriel. On a entendu encore
hier les municipalités qui ont parlé des projets existant avec Hydro-Québec,
qui sont très intéressants pour eux autres. Mais est-ce que, dans ce projet de
loi, on doit regarder cet aspect qu'il y a des règles qui sont différentes
d'une municipalité à l'autre? Est-ce qu'il faut, dans un sens, permettre
certaines entreprises de produire leur propre électricité ou est-ce que c'est
mieux de garder ça pour un autre projet de loi? Je ne sais pas si vous avez
réfléchi un petit peu cet enjeu de l'autoproduction, mais pas juste ça, l'idée
des microréseaux, qui peut être une solution à notre «crunch» énergétique.
M. Vincent (François) : Bien,
tu sais, je laisserais le CPQ parler pour le CPQ. Moi, c'est peut-être une
réflexion qui pourrait bien venir dans le cadre de toute la réflexion sur
l'énergie puis le projet de loi qui va être... qui va être déposé que dans un
projet de loi sur les modifications de normes des bâtiments.
M. Blackburn (Karl) : Pour ma
part, bien évidemment, la réponse est oui. L'autoproduction, la capacité de
produire de l'énergie sur un mode particulier, sur des projets spécifiques, peut
être une clé pour nous aider à passer à travers la situation de la crise
énergétique dans laquelle on semble se diriger, malheureusement, avec les
besoins qui sont grandissants au Québec, mais, malheureusement, la capacité de
rencontrer ces besoins... Alors, d'une part, pour nous, il est clair
qu'Hydro-Québec est notre vaisseau amiral. Hydro-Québec doit continuer de jouer
un rôle de leadership au Québec, en Amérique et dans le monde, mais que les
entreprises puissent avoir accès à des sources d'énergie qui proviennent...
M. Blackburn (Karl) : ...d'autres
producteurs, pour des besoins spécifiques, est certainement une avenue
intéressante à envisager. On aime souvent répéter : D'être capable
d'utiliser la bonne énergie au bon endroit fait partie également de ces
éléments de collaboration ou de permettre, justement, d'atteindre ces
objectifs. On a plusieurs, aussi, municipalités ou même organisations
régionales qui ont eu la capacité de créer des... des minicentrales, entre
autres, puis des productions d'énergie avec des éoliennes, ou autres, qui
permettent d'avoir des retombées directes dans les communautés, mais également
qui permettent, justement, de faire en sorte que ces retombées puissent servir
la création, le développement de ces communautés. Donc, il y a là vraiment une
utilisation gagnant-gagnant entre le grand producteur énergétique au Québec,
qui est Hydro-Québec, mais également la capacité d'avoir accès à d'autres
sources, d'autres producteurs, pour maximiser l'objectif commun d'avoir l'énergie
nécessaire pour développer l'ensemble des entreprises au Québec et leur
permettre de décarboner également leur production.
Parce que ce qu'on rencontre,
actuellement, c'est que des grandes entreprises au Québec, qui ont les
capacités financières, qui ont les projets réels entre les mains pour
décarboner leur production, se heurtent malheureusement à une réponse de
non-disponibilité de l'énergie, ce qui nuit, d'une certaine façon, à l'atteinte
de l'objectif du gouvernement du Québec de décarboner notre production d'ici
2050 et même avant, d'ici 2030, mais, en même temps, qui risque de mettre... de
fragiliser nos entreprises qui, elles, font face à une compétition
internationale. Et les producteurs internationaux sont de plus en plus
agressifs dans leur offre pour attirer des entreprises sur leur territoire.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Et, pour vous autres, pour vos membres, est-ce que... les discussions autour de
l'énergie, c'est une préoccupation à ce que... il y a certaines entreprises
présentement qui regardent la situation ou a quand même peut-être reçu un
message ou une réponse d'Hydro-Québec, il va avoir un délai pour leur projet?
Est-ce que ça, c'est quelque chose qui arrive, présentement, sur le terrain,
qui arrive présentement à vos membres?
M. Blackburn (Karl) : Oui, la
réponse est oui. Malheureusement, il y a des projets, actuellement, qui sont
mis sur pause, des projets de décarbonation, parce que, malheureusement,
l'énergie n'est pas disponible pour les aider ou, à tout le moins, le gouvernement
ne choisit pas de rendre cette énergie disponible pour les aider à faire cette
décarbonation. Et, bien évidemment, nous aurons l'occasion, lorsque le projet
de loi du gouvernement sur l'avenir énergétique du Québec sera déposé... nous
aurons l'occasion d'aller faire également des présentations ou des propositions
qui correspondront, d'une part, à la réalité économique du Québec,
deuxièmement, aux besoins des entreprises du Québec, mais, troisièmement, à la
capacité de leader qu'a le Québec de maintenir cette avance sur les marchés
internationaux et les marchés nord-américains en termes de producteur d'énergie
verte et renouvelable.
Le Président (M. Jacques) :
Merci, M. Blackburn et M. Vincent pour votre contribution à nos travaux. Nous
allons suspendre quelques instants afin d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 12 h 18)
(Reprise à 12 h 19)
Le Président (M. Jacques) :
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentantes du Centre d'études et de recherche intersectorielle en économie
circulaire, conjointement avec l'institut AdapT. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé. Après quoi, nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter et à débuter votre exposé.
Mme Duval (Karla) : M. le
Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, membres de la commission...
Mme Duval (Karla) : ...je me
présente Karla Duval. Je suis la directrice exécutive de l'Institut AdapT et je
suis accompagnée aujourd'hui de ma collègue Hortense Montoux, chargée de projet
au CERIEC et coresponsable du Laboratoire d'accélération en économie
circulaire, secteur de la construction.
• (12 h 20) •
Nous vous remercions pour cette invitation
à participer aux consultations sur le projet de loi n° 41. Avant de
plonger dans le vif du sujet et de vous partager nos observations et
recommandations sur le projet de loi, permettez-moi de vous faire un bref
survol du CERIEC et de l'Institut AdapT.
Le CERIEC, le Centre d'études et de
recherche intersectorielle en économie circulaire, a été mis sur pied en
septembre 2020. Le CERIEC a pour mission de contribuer au déploiement de
l'économie circulaire et à en maximiser les retombées pour les acteurs
économiques, les gouvernements et la société civile. Parmi ses activités, le
CERIEC anime, depuis 2021, le Laboratoire d'accélération en économie circulaire
pour le secteur de la construction, un dispositif rassemblant plus de
300 acteurs du milieu et des chercheurs.
L'Institut AdapT a, quant à lui, vu le
jour en 2022. Il a pour mission de développer des solutions et pratiques
innovantes pour la conception et la construction d'infrastructures circulaires
et résilientes aux changements climatiques. Il s'est donné le mandat d'agir
comme un guichet unique et de regrouper les forces vives académiques,
scientifiques et industrielles afin d'accélérer l'adaptation de notre
environnement bâti. Les deux organisations font partie de l'École de
technologie supérieure.
D'emblée, nous souhaitons saluer
l'initiative du gouvernement avec le projet de loi n° 41. La
reconnaissance de l'importance cruciale de mesurer et publiciter certaines données
environnementales des bâtiments est une avancée importante. À travers notre
analyse, nous avons identifié certaines opportunités qui pourraient renforcer
la portée du projet de loi, notamment en incluant les notions d'économie
circulaire et d'adaptation aux changements climatiques. Ces éléments sont
essentiels dans la conception de bâtiments résilients et durables pour les
générations futures.
Grand consommateur de ressources, le
secteur de la construction au sens large est parmi ceux qui émettent le plus de
gaz à effet de serre et génèrent le plus de matières résiduelles. L'économie
circulaire en réduisant la consommation de ressources, en prolongeant la durée
de vie des produits et en favorisant la réutilisation des matériaux, a fait une
réponse concrète aux enjeux actuels. Elle représente à la fois une opportunité
économique et une façon de minimiser la pression sur nos écosystèmes naturels.
Nos efforts doivent se déployer sur
plusieurs fronts. Il ne suffit pas de réduire nos émissions et limiter le
réchauffement, il faut en parallèle se préparer aux événements climatiques
extrêmes de plus en plus fréquents. En d'autres mots, adapter nos façons de
faire à la réalité des changements climatiques. Nos universités regorgent
d'experts qui travaillent au quotidien pour développer des technologies et des
pratiques novatrices et des matériaux résilients et circulaires. Une
collaboration accrue entre les gouvernements, les entreprises et le monde de la
recherche est incontournable.
Je vais maintenant céder la parole à ma
collègue qui pourra vous détailler davantage nos recommandations afin de
bonifier le projet de loi. Merci.
Mme Montoux (Hortense) : Comme
l'a indiqué ma collègue Karla, nous saluons l'existence de ce projet de loi et
avons proposé trois recommandations dans notre mémoire pour lui donner une
portée plus ambitieuse et plus cohérente avec les objectifs climatiques. Avant
de vous exposer ces recommandations, nous aimerions souligner qu'il nous semble
qu'une grande partie de l'impact réel du projet de loi n° 41 dépendra de
la rédaction des règlements d'application qui suivront son adoption. En effet,
selon les seuils proposés pour la cote de performance et les méthodes de calcul
applicables, le gouvernement enverra un message plus ou moins clair aux
propriétaires de bâtiment envers ces attentes. Nous vous encourageons donc à
avoir une approche ambitieuse lors de l'établissement de ces seuils.
Ceci dit et pour revenir plus directement
au projet de loi dans sa forme actuelle, il nous semble essentiel d'avoir une
vision plus complète de la notion de performance environnementale. En effet,
jusqu'à présent, on a considéré le plus souvent le carbone opérationnel, et
c'est ce qu'on croit lire aussi dans ce projet de loi, c'est-à-dire la quantité
d'émissions de gaz à effet de serre libérées pendant la phase opérationnelle ou
d'utilisation d'un bâtiment, généralement le chauffage, l'éclairage, la
climatisation. C'est la partie la plus visible et la plus facile à calculer.
Mais nous avons, au Québec, la chance d'avoir une électricité fortement
décarbonée, et des efforts sont déployés en ce moment autour de l'efficacité
énergétique des bâtiments. Ce qu'on salue. On peut donc prévoir que la part des
gaz à effet de serre liée à ce carbone opérationnel va être amenée à diminuer,
mais ces efforts-là ne sont pas suffisants. Pour continuer à avancer vers une
véritable réduction significative des émissions, il faut plutôt s'intéresser à
la notion de carbone intrinsèque. Le carbone intrinsèque fait référence aux émissions
associées à la fabrication, à la mise en place et à l'utilisation des matériaux
de construction sur l'ensemble du cycle de vie, depuis l'extraction des
matières premières jusqu'à leur fin de vie qui est le plus souvent
l'enfouissement. Une fois le bâtiment construit ou rénové, autrement dit une
fois les choix faits en ce qui concerne les matériaux, leur provenance, le mode
de transport pour les acheminer, les approches de conception et le mode de
construction, on ne peut plus revenir en arrière, ce carbone-là est émis une
fois pour toutes...
Mme Montoux (Hortense) : ...et
quand on sait que les bâtiments qu'on construit aujourd'hui seront, pour la
grande majorité, encore debout en 2050, et que nous devons avoir atteint la
carboneutralité d'ici là, on comprend alors l'importance de travailler
explicitement et dès maintenant sur le carbone intrinsèque. Cette approche plus
complète permet un calcul, donc, de performance environnementale plus
exhaustive des bâtiments et c'est essentiel. Mais cette approche permet aussi
de développer de nouveaux réflexes, une vision et un mode de pensée systémique
dont nous avons vraiment besoin pour résoudre nos défis actuels qui sont eux
aussi complexes. C'est ce que nous essayons de développer, par exemple au sein
du Laboratoire d'accélération en économie circulaire, pour le secteur
construction, qui encourage vraiment les acteurs à prendre conscience qu'un
choix fait au moment de la commande ou la conception d'un bâtiment a des
impacts plus loin dans la chaîne de valeur ou dans l'opération du bâtiment, de
sa déconstruction ou de la gestion des résidus, par exemple.
Le lab a ainsi mené 19 projets
d'expérimentation pour tester des solutions de circularité. Ainsi, l'un des
projets de ce lab a pu explorer les stratégies de conception qui permettent de
rendre un bâtiment adaptable et démontable par rapport au mode de conception
actuel. Un autre a démontré comment des construire des bâtiments... à un coût
équivalent à celui de la démolition. Un autre s'est penché sur la manière
d'intégrer les éléments issus du réemploi dans un projet de rénovation typique
résidentiel. Encore un autre projet à regarder, comment la construction
modulaire qui va être amenée à se développer beaucoup dans les prochaines
années pour être compatible avec la déconstruction. Et chacun de ces exemples
démontre que c'est bien cette articulation entre les maillons de la chaîne qui
détermine si un bâtiment est durable, circulaire ou résilient ou, au contraire,
jetable, intensif en consommation de matière vierge et non adaptée aux réalités
climatiques actuelles et futures. C'est vraiment en adoptant cette logique-là,
qui est véritablement basée sur le cycle de vie du bâtiment, que les choix les
plus intelligents deviennent alors une évidence.
Si on est contraint de réduire l'impact
global du bâtiment, on doit se tourner vers des matériaux locaux biosourcés à
fort contenu, recyclés ou réemployés. On va être amené à travailler avec des
fournisseurs industriels qui sont eux-mêmes engagés dans des réductions d'impact,
etc. Donc, on voit vraiment l'effet d'entraînement sur l'ensemble du secteur
que cette approche systémique peut avoir. Et c'est de cette manière qu'on peut
faire une réelle différence quant à l'impact carbone du bâtiment.
Nous avons mentionné dans notre mémoire
l'exemple de la France qui serait intéressant de suivre de près car le
déploiement de sa réglementation environnementale, la RE2020, est en cours et
on y trouve un lien clair et très explicite entre les objectifs de réduction
des gaz à effet de serre du secteur et des plafonds d'équivalent de CO2
par mètre carré construits. Pour chaque mètre carré construit, on doit donc
avoir cette logique d'optimisation de la ressource et de réduction de l'impact
environnemental. Nous vous invitons donc à suivre le développement en cours de
cette loi et les leçons qu'il faudra en tirer pour pouvoir en adapter certains
éléments à notre contexte québécois.
Notre deuxième recommandation va dans le
même sens. Le carbone intrinsèque dont on vient de parler, c'est un indicateur
essentiel aussi lorsqu'on se place dans une logique de circularité et
d'adaptation aux changements climatiques. Requestionner le besoin d'un bâtiment
neuf, réduire la quantité de ressources utilisées, envisager des usages
multiples ou alternatifs pour retarder la fin de vie, favoriser le réemploi,
concevoir un bâtiment avec des mesures de résistance des matériaux ou de
confort d'été, d'hiver, intégrés dès la conception, tous ces exemples sont des
stratégies pour réduire les émissions sur l'ensemble de la vie d'un bâtiment et
peuvent bien sûr se cumuler. Notre mémoire propose une liste non exhaustive de
stratégies de circularité et d'adaptation aux changements climatiques, ce qui
démontre qu'il y a vraiment des cadres existants, des stratégies concrètes, des
projets pilotes qui existent et qui peuvent vraiment soutenir les acteurs dans
leurs choix.
Par ailleurs, l'intégration systémique de
ces objectifs de circularité et d'adaptation dans la loi n° 41
et aussi graduellement dans tout le corpus législatif permettrait de renforcer
la cohérence des politiques environnementales et d'envoyer des messages clairs
aux acteurs dans les milieux économiques. Il nous semble important désormais de
souligner que toute action, toute politique environnementale devrait clairement
viser plus de circularité et plus de résilience face aux changements
climatiques pour le Québec. Comme indiqué dans notre mémoire, ce modèle semble
le seul qui permettra de résoudre les enjeux et l'urgence à laquelle nous
sommes confrontés.
Enfin, notre dernière recommandation vise
à reconnaître que, pour se donner les moyens d'une approche systémique,
ambitieuse qui tient compte du carbone intrinsèque dans une logique de
circularité et de résilience, il reste du travail à faire. On sait... la donnée
à générer et à structurer des méthodes et des outils à développer autour de
l'analyse du cycle de vie, par exemple, il reste des acteurs à mobiliser dans
cette transition. On peut citer comme exemple d'outils concrets les lignes
directrices très parlantes de la ville de Vancouver pour la prise en compte du
carbone intrinsèque, par exemple. La recherche, la co-création de solutions
innovantes avec les acteurs du secteur de la construction, la préparation de la
mise en œuvre avec un agenda progressif et annoncé sont autant de leviers qu'il
faudrait activer pour poursuivre le travail entamé par le CERIEQ, par
l'institut adapté, mais aussi par d'autres acteurs majeurs sur l'ensemble de
ces stratégies. Nous vous remercions pour votre attention et sommes disponibles
pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour une période
d'échange de 12 min 30 s.
• (12 h 30) •
M. Charette : Merci, M. le
Président. Tant que je vais...
12 h 30 (version non révisée)
M. Charette : ...partager avec
un de mes collègues. Mesdames, merci d'être avec nous ce matin. Très
intéressant. Je vais y aller, comme je le fais pour plusieurs groupes, certains
commentaires pour peut-être donner suite à votre propos. N'hésitez pas à réagir
à ces commentaires, si vous le souhaitez. Et c'est mon collègue qui va prendre
la relève pour davantage les questions, là, qui vous seraient adressées.
Sinon, vous avez parlé du carbone
intrinsèque. C'est un concept qui a été évoqué, là, par quelques-uns des
groupes que nous avons entendus depuis le début de la consultation. Et je peux
vous rassurer, lorsqu'il est question, dans le projet de loi, des travaux de
construction, c'est réellement l'ensemble du cycle qui est visé, donc la
construction, l'entretien et ultimement la démolition.
Je vais déjà aborder un élément, là, qui
est en dehors du cadre du projet de loi mais sur lequel on travaille. Une fois
arrivés à la fin du cycle de vie, les fameux CRD, les... la matière résiduelle,
là, qui relèvent de la construction, de la rénovation et de la démolition, se
retrouvent à l'heure actuelle essentiellement à l'enfouissement. On a fait des
grosses avancées au cours des dernières années sur plusieurs aspects de la
gestion de notre matière résiduelle, qu'elle soit organique, que ce soit à
travers la consigne, que ce soit à travers la collecte sélective, mais au
niveau des CRD, on a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire. Et c'est la
raison avec... pour laquelle, avec le CETEQ, avec RECYC-QUÉBEC, on travaille à
implanter de la réglementation à ce niveau-là et des obligations. Donc, au
cours des prochains mois, on va souhaiter faire des avancées à ce niveau-là au
même titre qu'on en a fait, là, dans les autres aspects de la gestion de la
matière résiduelle. Mais sinon, vous rassurer, lorsqu'il est question de
travaux de construction dans le projet de loi, c'est réellement l'ensemble du
cycle qui est... qui est pris en compte.
Sinon, au niveau... Vous avez évoqué l'importance
de la... de l'ambition de la réglementation à venir. Je ne peux pas être plus d'accord
avec vous, c'est une réglementation qui va toucher différents aspects, différents
fronts, oserais-je dire. Mais ce que je répète à peu près à chacun des groupes,
c'est que cette réglementation-là sera établie et travaillée avec les
partenaires. C'est un projet de loi qui est d'abord et avant tout habilitant,
donc qui nous donne la possibilité, qui nous donne les pouvoirs pour mettre en
place cette réglementation-là, mais sans ces pouvoirs-là, c'est difficile de
développer la réglementation. Donc, on a une bonne idée où on souhaite aller.
Et vous serez interpelés aux prochaines étapes, là, pour justement y ajouter
votre point de vue et votre expertise au moment, là, des démarches qui vont
suivre l'adoption du projet de loi, s'il devait être adopté.
Donc, c'est les deux éléments sur lesquels
je voulais... je voulais revenir. N'hésitez pas à les commenter. Sinon, je vais
céder la parole à mon collègue, avant de vous... Avant, je veux vous remercier
encore une fois d'être avec nous ce matin, là. C'est très apprécié.
Mme Montoux (Hortense) : Merci.
En réaction, j'ajouterais juste, bien, que je suis heureuse d'entendre le...
notamment le... l'approche collaborative que vous mettez de l'avant, puis qu'on
sera bien évidemment disponibles pour collaborer sur... sur... sur l'ensemble
des prochaines étapes. Et notamment avec les chercheurs aussi, de nos deux
instituts, qui ont évidemment une expertise très poussée sur ces sujets.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de Masson.
M. Lemay : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Pour
neuf minutes.
M. Lemay : Aucun souci.
Merci, M. le Président. Donc, Mme Montoux et Mme Duval, très heureux de vous voir
aujourd'hui. Félicitations pour vos travaux que vous effectuez pour vos
collaborations respectives. Et aussi, en même temps... là, c'est quand même
leur 50e anniversaire cette année, donc, si possible, on se croisera lors
de cet événement festif en mars prochain.
Alors, dites-moi, bien, vous l'avez
mentionné dans votre mémoire à la page cinq, justement, là, chaque dollar
investi, là, en adaptation aux changements climatiques nous rapportera
15 $ d'économie dans le futur. Donc, c'est quand même important d'y penser
aujourd'hui, si on veut avoir ces économies futures. Et, si je prendrais les
propos du ministre et de revenir un peu sur ce qu'il venait de mentionner, et
vous le mentionnez aussi à la page six de votre mémoire, là, vous avez
justement le Lab Construction du CERIEC, là, où... dans lequel que vous faites,
si on veut, certaines expérimentations justement pour réduire les GES sur le
cycle de vie. Est-ce que vous voulez nous parler un petit peu plus du lab
construction du CERIEC?
Mme Montoux (Hortense) : Oui,
avec plaisir. C'est un dispositif qui a été mis en place début 2021, puis
c'est le premier lab d'accélération. Puis on est en train d'en déployer
plusieurs sur le même dispositif. C'est vraiment basé sur deux piliers qui sont
la...
Mme Montoux (Hortense) : ...l'expérimentation.
On est persuadés que travailler avec plusieurs acteurs, c'est vraiment cette
intelligence collective là qui va concrètement faire avancer les choses. On le
voit bien, on l'a... on a fait tout un travail sur une vision d'un secteur de
la construction plus circulaire, puis des freins, puis on voit dans les freins
qu'il y a beaucoup de freins qui sont évidemment de toutes natures, on a
identifié des freins économiques, réglementaires, mais il y a aussi beaucoup de
freins qui sont liés aux pratiques, aux cultures, aux manières de faire, qui se
travaillent sur le temps plus long, mais qui nécessitent vraiment une
collaboration de l'ensemble des acteurs pour pouvoir faire bouger un petit peu
les curseurs.
Donc, on a eu un dispositif vraiment de
cocréation sur ces trois grandes étapes : visions, freins, solutions. Et
puis ces solutions-là ont ensuite été rendues concrètes sous forme de
19 projets d'expérimentation qui sont présentement en train de se
terminer. On entre progressivement, là, dans les prochains mois, dans la phase
de transfert des connaissances. On a vraiment à coeur de partager, avec un
cercle encore plus large que les 300 personnes qui ont contribué à ce
dispositif, l'ensemble de ces résultats. Il y a vraiment des choses très
diverses et très concrètes. On a vraiment des... Par exemple, sur la question
de l'analyse de cycle de vie, on a un groupe qui a travaillé à réfléchir
comment on peut faire évoluer les méthodologies d'analyse de cycle de vie pour
mieux, justement, prendre en compte les stratégies d'économie circulaire. Tout
ça est d'intérêt pour les gens qui font de l'ACV. Puis on comprend aussi qu'il
va y en avoir de plus en plus et que ça va potentiellement devenir des choses
obligatoires avec ce qui s'en vient. Donc, il y a vraiment un enjeu à avoir une
vision la plus large possible grâce à l'ACV puis au... d'inclure vraiment les
stratégies d'économie circulaire. Et ce qui est intéressant, c'est qu'on a
aussi des outils très clés en main pour les acteurs, on a des fichiers Excel de
calcul de flux de matière, de suivi de données autour du réemploi, etc., puis
des livrables aussi plus axés sur la recherche, mais il y a vraiment une grande
diversité de contenus qui a été générée. On compte bien poursuivre ce
travail-là. On se rend compte que, sur certains freins, on a seulement commencé
à l'éclairer, à le rendre visible et puis qu'il faut encore beaucoup de
travail, puis c'est aussi le sens de ma dernière recommandation, c'est qu'il y
a encore beaucoup de choses à affiner dans tout ça, il y a encore de la donnée
à générer, des outils à créer pour soutenir cette transition-là qui est
essentielle et qui doit se faire avec l'ensemble des acteurs. Donc, nous, on
croit vraiment dans ce modèle de co-création et de recherche basé sur
l'expérimentation, avec de vrais terrains, puis on constate des freins vraiment
très concrets. On a un projet de rénovation résidentielle qui vise à utiliser
des fenêtres issues du réemploi, bien, jusqu'à ce que le permis soit déposé puis
obtenu on n'était pas certain que ça allait fonctionner. Il y a encore des
déblocages de... très, très pragmatiques, très terrain, qu'il faut aller
regarder, qu'il faut... pour lesquels il faut pousser le test de la vraie vie
pour voir ce qui... ce qu'il en ressort et qu'est-ce qu'on peut activer comme
levier.
M. Lemay : Merci,
Mme Montoux, pour cette explication. J'aimerais vous emmener maintenant à
la page 7 de votre mémoire, là. Justement, le ministre m'en parlait aussi,
là, puis vous en avez fait une présentation dans votre exposé initial, sur le
carbone intrinsèque versus le carbone opérationnel. Puis j'aimerais savoir, au
niveau des outils qui sont mis à la disposition pour justement estimer les GES,
là, en lien avec le carbone intrinsèque, là, il y a un outil qui a été financé
en partie par le gouvernement du Québec, là, Gestimat. Donc, j'imagine que
vous... c'est un outil que vous utilisez, peut-être nous en parler. Est-ce
qu'il y a d'autres outils d'estimation que vous faites dans votre... dans vos
chaires de recherche, ou c'est vraiment l'outil dédié, c'est Gestimat?
Mme Montoux (Hortense) : Non,
il y a plusieurs outils qui existent, qui se côtoient puis qui sont aussi en
cours de développement. Justement, dans le projet dont je parlais à l'instant,
sur l'équipe qui a travaillé sur l'intégration des stratégies de circularité
dans l'analyse de cycle de vie, il y a aussi... ils ont fait justement une
analyse des outils existants sur le marché, donc il y a Gestimat puis il y en a
trois... trois autres, de mémoire : One Click LCA, Tali puis le troisième
m'échappe, mais je pourrais vous le transmettre. Ce document est déjà public de
toute façon, cette note sur l'ensemble des outils existants dans le marché.
Donc, il y a des outils existants. On est
confronté au fait qu'ils sont basés sur des bases de données qui ne sont pas
toujours paramétrables. Donc, quand on veut ajouter des stratégies de
circularité là-dedans, de prendre en compte un réemploi d'un matériau qui se
trouve dans un autre système, mais ce n'est pas toujours évident, donc il y a
encore du travail, de l'ajustement à faire.
Gestimat a contribué aussi à l'équipe, en
tout cas derrière... derrière, Gestimat, qui sont les gens de Cecobois, ils ont
contribué à nos discussions autour de cette réflexion-là. Puis ça soulève aussi
un enjeu qu'on retrouve dans pas mal de ces... de ces sujets-là autour de la
circularité, c'est qu'il n'y a pas encore de standardisation, donc il y a
plusieurs outils qui se côtoient, qui fonctionnent ensemble. Il y aurait
sûrement de l'intérêt à aller vers plus de standardisation puis c'est un peu le
débat qu'ouvre ce projet-là et ses livrables aussi, de dire : Il y a
plusieurs manières de faire des analyses de cycle de vie, il y a plusieurs
manières de considérer des bases de données, pourrait-on réfléchir à une
manière intelligente de travailler un peu tous ensemble de la même manière pour
avoir des résultats comparables entre deux ACV, ce qui n'est pas toujours le
cas malheureusement en date d'aujourd'hui, mais ça reflète qu'il y a encore du
travail à faire. C'est vraiment un domaine qui est en effervescence puis qu'il
y a probablement des discussions à poursuivre au sein des acteurs pour avancer
vers une relative standardisation des pratiques là-dedans.
• (12 h 40) •
M. Lemay : Donc...
M. Lemay : ...en résumé, ce
que je comprends, c'est qu'il pourrait y avoir de l'optimisation. Il pourrait y
avoir un forum ou un groupe de travail, là, pour justement standardiser les
mesures d'estimation. C'est ce que je comprends.
Mme Montoux (Hortense) : Oui,
tout à fait. Puis je pense que ce qui serait pertinent aussi, c'est un arrimage
avec les travaux qui se font au fédéral, en ce moment, là-dessus. Il y a une
plateforme sur la décarbonation des bâtiments qui a des réflexions aussi autour
des sujets là. Je pense qu'il y avait l'idée de développer une base de données
nationale aussi, je ne suis pas certaine si les travaux sont encore en cours
parce que ça semble peut-être être mis sur la glace, mais, en tout cas, il y a
aussi des réflexions de ce côté-là. Puis avec le Code national de bâtiment qui
s'en vient en 2030, qui doit prendre en compte l'adaptation aux changements
climatiques, il faudrait que le Québec soit aussi dans ces conversations-là pour
pouvoir avoir des arrimages intelligents autour de tout ça.
M. Lemay : O.K., donc je
note, là, que vous suggérez des amendements aux articles 1 et 6, là, pour qu'on
puisse mieux spécifier le carbone intrinsèque, là. Je ne suis pas juriste, là, ça
fait que je n'ai pas la vision de comment ça devrait être rédigé, mais
j'imagine que ça sera tenu en considération au besoin.
Vous faites aussi d'autres
recommandations, à la page 8 de votre mémoire, là, justement, d'avoir des
modifications aux articles 4 et 14, au niveau de la notion d'économie
circulaire, pour vraiment que ça soit bien mentionné puis inclus au projet de
loi. À l'article 14, là, on parle, là, notamment, dans le projet de loi, là, du
programme correcteur, justement. Je regardais ça un petit peu, tout à l'heure,
tu sais, peut-être que vous n'avez pas le projet de loi devant vous, mais
est-ce que vous voulez nous parler un petit peu plus de votre recommandation
que vous faites à la page 8, là, puis comment vous voyez l'intégration qu'on pourrait
faire? Cce que vous suggérez aux articles 4 et 14, là, de la loi édictée par le
projet de loi.
Mme Montoux (Hortense) : Bien,
c'est que les notions de circularité, d'adaptation, on voudrait qu'elles soient
vraiment explicitées, puis c'est un peu la même idée avec le carbone
intrinsèque. Puis ce qui est intéressant, dans la circularité, dans les
stratégies d'adaptation, c'est que... puis c'est un peu ce que je disais, c'est
qu'on a des choses concrètes qui existent déjà. Donc, si on est face à un bâtiment
qui n'a pas une bonne performance, d'avoir, notamment, dans les programmes
correcteurs, dans ce qui encadre le programme correcteur, la liste des
stratégies de circularité, des stratégies d'adaptation, ça vient soutenir les
acteurs à venir piocher dans cette liste-là de stratégies, de dire : Pour
améliorer la performance de votre bâtiment, voici l'ensemble des choses que
vous pourriez faire.
Puis, comme je le disais, nous, par
exemple, dans le cas du lab construction, on est en train de développer une
plateforme de transfert de connaissances. Donc, il y a, pour certaines
stratégies de circularité, déjà des outils très, très concrets auxquels on
pourrait référer les acteurs pour pouvoir se lancer dans ces stratégies-là et
ainsi contribuer à venir améliorer leur performance.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour cet échange avec la partie gouvernementale. Je demanderais le
consentement de la commission pour continuer nos travaux jusqu'à 12 h 53.
Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Jacques) : Consentement.
Merci. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle, à Mme la députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, merci.
Merci, Mme... Mesdames Duval et Montoux, pour la présentation. C'est un sujet
qu'on a peu abordé, l'économie circulaire, alors merci d'amener amener ce sujet
sur la table.
Vous avez beaucoup parlé, là, de la
circularité des matériaux. Est-ce que... est-ce qu'il y a... est-ce qu'il y a
actuellement, on sait, des matériaux qui sont plus recyclables que l'autre...
que d'autres? Est-ce qu'il existe des guides, par exemple, qui peuvent
accompagner les développeurs pour ça, pour...
Une voix : ...
Mme Dufour : C'est ça, tu
sais, dans le fond, parce que l'objectif, c'est que les matériaux qui vont être
utilisés dans la construction vont pouvoir servir, un coup déconstruits, là.
Donc, je voudrais vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
Mme Montoux (Hortense) : Oui,
tout à fait. Bien, on identifie, déjà, deux types de stratégies, là, pour la
fin de vie. Ça peut être, en effet, le réemploi immédiat suite à la
déconstruction. Donc, on a certains des projets du lab construction qui ont
fait cette démonstration-là. Évidemment, les matériaux qu'on retrouve le plus,
là-dedans, c'est le bois, le métal, qui sont relativement réutilisables, avec
encore des enjeux qu'on souhaiterait continuer à travailler, autour de
l'assurance, par exemple, comment on fait pour assurer un bâtiment qui contient
des matériaux issus du réemploi? Mais, en tout cas, la faisabilité technique de
ce réemploi-là est relativement bien démontrée.
Et puis, sur les voies de recyclage,
l'enjeu qu'on... On a mené ... Il y a plusieurs projets du lab construction qui
touchent à ça, puis il y a aussi l'APCHQ qui a mené un gros projet pilote de
tri sur chantier, notamment, dont ils ont peut-être mentionné l'existence. Et
puis là on se rend compte qu'évidemment, là, il y a des logiques territoriales
qui sont très différentes, on n'est pas... on n'a pas les capacités de
recyclage des mêmes matières selon les différents territoires, ce qui est
normal mais qui complexifie un petit peu, justement, la mise en place de lignes
directrices, puisqu'il faudrait les ajuster à chaque réalité territoriale. Mais,
globalement, ce qu'on retrouve, en tout cas, dans les données plus générales,
c'est la même chose, c'est-à-dire que le bois se recycle bien, les matériaux
type métal, aluminium aussi. Et puis on identifie aussi de manière très
récurrente...
Mme Montoux (Hortense) : ...des
matériaux qui sont encore problématiques pour le recyclage, le gypse, par
exemple. Il y a eu quelques expérimentations, quelques projets pilotes, ce
n'est pas évident avec la réglementation actuelle puis avec l'écosystème
d'acteurs qu'on a aujourd'hui. C'est encore un peu un maillon manquant de ce
point de vue là. Et puis les agrégats qui sont aussi... pourtant techniquement
relativement recyclables, mais qui sont dans des grandes quantités, donc pas
toujours absorbable non plus par... par les acteurs locaux. Mais il y a
vraiment cette spécificité territoriale qui... puis c'est des réflexions qui
ont lieu aussi dans d'autres comités de ce dire : Bien, est-ce qu'on peut
faire une sorte de portrait territorial de ce qui est disponible pour pouvoir
dire simplement aux acteurs : Vous, dans le territoire dans lequel vous
vous trouvez, le bois est recyclable à telle place, le métal à tel autre? Pour
le gypse, il faudrait vous rendre plus loin ou il n'y a pas de solution, mais
d'essayer de donner un portrait régionalisé finalement des possibilités, ce qui
donnerait plus de transparence puis plus de... permettrait aussi d'identifier
justement dans quelles zones on a des manques. Il y a encore des zones au
Québec qui n'ont aucun lieu de tri pour les CRD, donc, évidemment, ces gens-là,
il faut peut-être qu'ils aient des pratiques plus développées en chantier et
envoyer directement vers les recycleurs versus les zones où il y a des centres
de tri efficaces, transparents, qui fonctionnent bien sur le tri des CRD,
plutôt rediriger vers eux. Donc, il y a une sorte d'approche différenciée à
avoir, qui est nécessaire, qui est... qui n'est pas simple, mais on n'a pas le
choix de passer par ça si on veut une gestion efficace sur l'ensemble du
territoire.
Mme Dufour : Oui, tout à
fait. Vous faites état, là, que... dans votre mémoire en page quatre que... que
l'économie ne serait circulaire qu'à 3,5 %, alors que mondialement on est
plutôt dans l'ordre du 7,2 %. Donc, on n'a pas un bon bilan, là, je comprends.
Et particulièrement pour les matériaux construction, il y a un potentiel
économique et, j'imagine, assez grand. Est-ce que vous l'avez estimé? Si le
taux, là, augmentait, parce que c'est des intrants qui seraient peut-être moins
chers à ce moment-là pour... pour pour ceux qui les prendraient. Donc, je ne
sais pas si ça a été estimé.
Mme Montoux (Hortense) : À ma
connaissance, ça n'a pas été estimé sur le plan économique, en tout cas, pas à
l'échelle du Québec. On voit évidemment le potentiel énorme que ça représente.
Le chiffre mondial, c'est 7,2, mais il y a des pays dans le monde... les
Pays-Bas, de mémoire, ils sont autour de 23, 24 %. Donc, on a une marge de
progression qui est vraiment majeure. Évidemment, notre chiffre bas, il s'explique
aussi par des réalités territoriales. On a plus d'espace et plus de ressources
que d'autres pays, notamment en Europe. Ça nous a moins poussés, disons, à
circulariser les matières. Mais aujourd'hui c'est le temps de le faire,
évidemment, et il y a un potentiel économique et certain. Je pense que la FTQ
a... en tout cas, certains organismes de la construction ont estimé du côté des
emplois... Je pense que la Fondation Ellen MacArthur aussi a des travaux
là-dessus, du potentiel d'emplois que peut générer l'économie circulaire. Mais,
à ma connaissance, il n'y a pas de travail de potentiel économique pour
l'ensemble du secteur que représenterait une plus grande circularité. Ce serait
un travail passionnant à faire, puis je pense qu'il y a vraiment une expertise aussi
à développer de ce côté-là. Au Québec, on a, dans certains de nos projets de la
construction, ajouté un volet économique. On a quelques chercheurs qui
travaillent là-dessus, que ce soit sur le plan de la déconstruction... En
Gaspésie, le projet pilote a démontré que le coût était identique des
constructions versus démolition, ce qui est déjà un argument très fort sur
des... On a fait une analyse économique aussi de l'économie de fonctionnalité
dans des... des... des équipements énergétiques. Bien, là aussi, les coûts sont
potentiellement plus avantageux sur le plan économique. On n'a pas encore cette
vision globale du potentiel économique de la circularité, mais... mais ce
serait vraiment à mettre dans les... dans les prochains prochains... prochains
travaux de nos instituts puis en collaboration avec d'autres acteurs, parce que
ce serait en effet un argument vraiment majeur qu'on pourrait développer pour
plus de circularité.
Mme Dufour : Tout à fait.
Parce qu'actuellement une des contraintes du fait que c'est si faible, là, le
taux... En fait, une des contraintes à recycler les matériaux de
construction... Vous disiez : Il y a peu... Il y a des endroits où il n'y
a pas de site. Pour avoir piloté le projet d'écocentre à la ville de Laval, je
peux vous dire que c'est coûteux pour ceux qui mettent ça en place, donc... Et
il y avait même... Des fois, il y a la philosophie de dire : Bien, si
c'est une entreprise, bien, ils vont payer pour venir à l'écocentre, et donc,
parfois, ça ne revient pas nécessairement plus avantageux, quand il y a des
coûts, là, surtout quand c'est à la tonne, là, pour les entrepreneurs. Et les
villes doivent mettre les sommes pour les opérer parce que ça vient avec des
contrats. Ça fait que tout ça fait que c'est coûteux.
• (12 h 50) •
Je voudrais peut-être vous amener sur le
carbone intrinsèque que vous avez parlé d'ailleurs avec le collègue de Masson.
Je serais curieuse de savoir s'il existe une méthodologie, là, comme... convenu
dans la... Est-ce qu'il y a, comme, des groupes qui ont établi : Bien,
voici comment calculer le carbone intrinsèque. Parce qu'il y a quand même
plusieurs groupes...
Mme Dufour : ...qui nous en
ont parlé. Vous avez mis une définition : les émissions associées à la
fabrication, transport et installation des composantes du bâtiment. Mais
d'autres groupes qui nous ont dit : Bien, il faudrait peut-être aussi
inclure les milieux humides qui sont retirés. Ça aussi, ça génère du carbone.
Alors, ça ne se limiterait pas, à ce moment-là, seulement aux composants du
bâtiment. Donc, je serais curieuse de savoir qu'est ce qui existe, là, et qui
est reconnu dans la littérature ou dans le marché.
Mme Montoux (Hortense) : Oui.
Mais je pense que c'est un peu comme avec l'analyse de cycle de vie, c'est-à-dire
qu'il n'y a pas un consensus absolu, puis une méthode béton, si je puis dire,
pour... en tout cas qui fait l'unanimité pour... pour ces calculs-là. Il y a
beaucoup d'interprétations dans ce qui est fait. Ceci dit, il y a quand même un
vrai mouvement de fond sur la prise en compte du carbone intrinsèque, et le
plus normé que je connais, en tout cas qui me vient en tête à l'instant, c'est
la norme bâtiment carbone zéro qui, là, est vraiment une norme, et eux ont pris
la peine d'identifier l'ensemble des critères qui rentrent là-dedans.
Évidemment, ce serait discutable, et je ne peux pas vous dire si les milieux
humides sont inclus là-dedans ou pas. Je dirais probablement pas. Mais voilà,
il y a la ville de Vancouver aussi qui a établi des lignes directrices assez
concrètes sur tout ça. Il n'y a pas de consensus, mais il y a des outils qui
existent. Donc peut-être qu'à un moment ça prend une coalition d'acteurs, un
gouvernement qui disent : Voici la méthode qu'on devrait tous utiliser.
Travaillons sur cette base pour pouvoir comparer les choses entre elles. Mais
en tout cas, il y a des travaux, il y a des outils qui existent, donc qui...
Même si ça ne fait pas consensus, il y a vraiment une base scientifique qui est
assez forte et qui est en train de se renforcer.
Je mentionnais aussi tantôt la plateforme
fédérale pour la décarbonation des bâtiments. Ma compréhension est qu'ils
veulent aussi entamer des travaux là-dessus. Donc, je pense qu'il y aurait
matière, qu'on est dans un timing propice à une forme d'harmonisation, de
standardisation de ces pratiques-là, pour pouvoir aussi faciliter la
mobilisation des acteurs en disant... en les allégeant du fardeau de devoir
choisir une méthode.
Mme Dufour : En terminant,
juste savoir si la circularité de l'énergie fait partie aussi de votre
réflexion.
Mme Montoux (Hortense) : Dans
la construction, on n'en a pas. On a un projet sur l'économie de fonctionnalité
en énergie, mais on n'a pas eu de travaux spécifiquement sur les sources
d'énergie dans les bâtiments qui sont aussi... qui font aussi partie de ce
débat, mais on a des chercheurs...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ça termine l'intervention du... de l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole au deuxième groupe de l'opposition et à Mme la députée de
Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci, Mme Montoux, pour la présentation puis pour la réponse aux
différentes questions. En fait, mes questions portaient un peu justement sur le
dernier thème, c'est-à-dire les types d'énergie qui sont utilisés, parce que
vous parlez de stratégie, de circularité et d'adaptation aux changements
climatiques, et aussi du carbone intrinsèque. Donc, je voulais vous entendre en
peu de votre côté dans ce type de calcul du carbone intrinsèque, comment vous
voyez le rôle des énergies fossiles qui demeurent dans nos bâtiments, comme le
gaz naturel? Est-ce que... Dans les projets d'écoquartiers, on a des nouveaux
développements qui se veulent verts, selon vous, quel devrait le rôle du gaz
fossile?
Mme Montoux (Hortense) : Bien,
merci pour la question. Pour être totalement honnête, ce n'est pas des projets
sur lesquels nous, on a travaillé, donc je ne m'engagerai pas sur une réponse
qui ne serait pas basée sur une rigueur scientifique là-dessus. Mais comme dit,
on a... bien, on voit l'émergence de boucles énergétiques, par exemple, qui
sont des projets intéressants dans les écoquartiers qui mériteraient d'être...,
d'être regardés. Et puis comme dit, on a vraiment tout un ensemble de
chercheurs qui travaillent sur ces sujets-là et avec lesquels on pourrait
creuser cette question si... si nécessaire.
Mme Zaga Mendez : Oui. Si
jamais vous voulez bonifier votre mémoire, moi, je serais même curieuse, puis
je pense aussi les membres de la commission, pour avoir un peu plus sur votre
avis là-dessus comme scientifique. Et il me reste peut-être une minute et
quelques, je vous cède la minute s'il y a des choses que vous... sur
lesquelles vous voulez ajouter ou que vous voulez nous conclure ou rappeler à
la commission.
Mme Montoux (Hortense) : Bien
si ma collègue n'a pas d'ajouts à faire, je prendrais ce temps-là pour revenir
sur la discussion qu'on a eue précédemment, sur l'idée que ça coûte cher de
mettre en place cette ces... ces infrastructures là, par exemple, sur le tri,
oui, bien sûr. Et évidemment, puis c'est aussi le sens de notre dernière
recommandation qu'il faut soutenir les acteurs dans la mise en œuvre de ces...
de ces... de ces pratiques.
On voit aussi qu'en économie circulaire,
il y a certaines des pratiques qui sont... ou en tout cas des résistances au
changement qui sont liées à des pratiques qui ont toujours été faites de même
et qui sont plus des changements de pratiques qui, eux, ne nécessitent pas
forcément d'investissement important. Il y a des choix esthétiques dans nos
bâtiments à faire. Je pense au paradigme de la construction humide, on finit
tout en gypse, en uréthane, en colle parce qu'on veut des finis lisses dans
nos maisons. Peut être qu'il y a d'autres... et il y a d'autres techniques en
fait de construction sèche avec des joints en...
Mme Montoux (Hortense) : ...on
visse, on cloue sans liant liquide, qui facilite grandement la déconstruction.
C'est un exemple qui permet de dire qu'on a du changement de pratiques à faire,
qui ne nécessite pas forcément d'investissement massif. Il y a beaucoup de
réflexion autour de la manière dont on conçoit nos bâtiments, puis on... je
pense qu'on a un devoir, aujourd'hui, au vu des enjeux actuels, de vraiment
concevoir nos bâtiments différemment, en ayant ces préoccupations-là de
circularité et de résilience aux changements climatiques. Je pense qu'en fait
on n'a plus vraiment le choix.
Le Président (M. Jacques) : Eh
bien, merci, Mmes Duval et Montoux, pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux de la commission
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons les consultations particulières et les auditions publiques sur
le projet de loi n° 41, Loi dictant la Loi sur les performances
environnementales des bâtiments et modifiant diverses dispositions en matière
de transition énergétique.
Cet après-midi, nous attendons les
personnes et organismes suivants : M. Jean-Pierre Finet, analyste en régulation
économique de l'énergie, le Centre québécois du droit de l'environnement et l'organisme
Vivre en ville.
Je vous souhaite la bienvenue, M. Finet,
et je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, par
la suite, les... il y aura des échanges avec les membres de la commission.
Merci de vous présenter et de commencer votre exposé.
M. Finet (Jean-Pierre) : Merci
beaucoup de m'accueillir. Bonjour, M. le ministre, bonjour, les membres de la
commission. Écoutez, si vous pourriez, M. le Président, quand il va me rester
une minute à la fin, juste me faire signe, je vais couper court à mes ajouts, s'il
y a quelque chose. Mais ça va bien aller. Écoutez, j'ai déposé un mémoire hier,
je pense que... je prends pour acquis que vous en avez pris connaissance ou en
tout cas j'espère que vous en avez pris connaissance, que vous avez eu le
temps, parce que c'est... tout va très vite.
Écoutez, je suis Jean-Pierre Finet, je
suis analyste pour le ROEE depuis une dizaine d'années, je sais que ce n'est
pas le nom le plus facile à prononcer, le Regroupement des organismes
environnementaux en énergie. Il y a neuf membres, dont Nature Québec, Fondation
Rivières, l'Association québécoise des médecins pour l'environnement. Bien, en
tout cas, ils sont tous là.
Et on intervient surtout devant la Régie
de l'énergie. Ça fait 25 ans que ça existe, là, le ROEE. Moi, ça fait 10 ans
que je les représente comme analyste et porte-parole. On intervient dans les
causes d'Hydro-Québec, ça fait... ça doit faire quatre plans en
approvisionnement que... d'Hydro que je fais moi-même, les causes tarifaires d'Énergir
aussi, plans d'appro, les dossiers conjoints comme la biénergie, tout ça. Et
donc, c'est ça.
J'ai... d'ailleurs, j'ai été avec
quelques-uns de vos représentants, il y a... le 26 janvier, il n'y a pas
longtemps, avec un événement organisé par l'Institut de l'énergie Trottier sur
la gestion de la pointe électrique dans un contexte de décarbonation où il y
avait une vingtaine d'acteurs stratégiques qui étaient invités seulement à cet
événement-là. Mais, bon, encore ce matin, j'ai... aujourd'hui, on a une... un
dossier à la Régie, là, pour... dans le cadre d'un projet de GNR avec
Sainte-Sophie et Papiers Rolland, dont je pourrai vous parler plus tard, si
vous voulez.
Donc, on va... on va y aller... bien, c'est
ça, on intervient aussi, là, devant les commissions parlementaires. J'étais ici
au p.l. 34, au PL deux aussi, devant les BAPE, on a été au BAPE à
Sainte-Sophie il y a quelques semaines, en 2015 aussi, avec le redémarrage de
Bécancour en pointe.
Donc, et aussi, là, je suis assez au fait,
là, des problématiques de gestion, la pointe, donc, puis les quelque 10 000 mégawatts
que prendrait la conversion du gaz vers l'électricité.
Donc, on a un problème avec votre
collègue. Non, c'est parce que j'ai écouté les vidéos, puis j'ai vu que c'est
arrivé l'autre fois. C'était... Je trouvais ça cocasse.
Écoutez, j'ai... j'ai analysé ça un peu
comme un dossier à la Régie de l'énergie, c'est-à-dire, j'ai commencé par l'analyse
d'impact réglementaire et, bon, je vais y aller point par point. Puis il y a
des choses qui ont déjà été prononcées, là, j'ai essayé de regarder plusieurs
comparutions, j'ai lu quelques mémoires qui ont été déposés aussi.
Je vois que vous ciblez surtout les
bâtiments de 25 logements et plus, le commercial, institutionnel,
industriel. Je vois aussi dans l'analyse d'impact réglementaire que c'est un
peu les mêmes choses que Vancouver et New York ont faites. Je comprends, donc,
de commencer par ces plus gros là. Mais je vois que vous vous êtes gardé aussi
le pouvoir habilitant d'éventuellement couvrir l'ensemble des bâtiments. Et,
compte tenu des avantages que ça a pour les gros bâtiments et que ça pourrait
amener aussi des avantages pour les plus petits bâtiments, et compte tenu aussi
qu'il y a 15 000 mégawatts de puissance dans les petits bâtiments, et
qui... donc il y a un gros potentiel de réduction de la demande en puissance
juste là, je pense que ça pourrait être avantageux de le considérer dans
votre... la préparation de votre règlement.
En ce qui a trait à la réduction des... au
coût de la réduction des gaz à effet de serre, moi, je voulais simplement
souligner qu'il faut... ça serait... il y aurait peut-être lieu de prendre en
compte le coût que représente la compensation des pertes de revenus d'Énergir
qui... qu'on appelle une compensation pour les réductions de GES...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...que,
nous, on a calculé à à peu près un coût de 178 $ équivalent de la tonne de
CO2.
En ce qui a trait à l'amélioration de
l'efficacité énergétique, bien, l'analyse d'impact réglementaire...
c'est-à-dire le projet de loi, vise deux choses, les économies d'énergie, mais
surtout la gestion de la demande en puissance. On voit que le projet de loi pourrait,
selon l'analyse d'impact, réduire de 0,6 térawattheure à
l'horizon 2030, les GES, mais il n'y a rien en ce qui a trait à la
réduction des polluants atmosphériques, et qui sont associés à la combustion
d'énergies fossiles. Et, moi, je pense que dans... puisque différentes mesures
peuvent amener des réductions de GES, ça aurait été intéressant de voir, là,
quelle... à quelle... quelle serait la proportion, là, de pollution
atmosphérique réduite, versus, par exemple... mettons, la biénergie au gaz naturel,
même renouvelable, versus une amélioration d'enveloppe de bâtiments.
Par rapport à ça, bien, j'ai constaté
qu'il y a 12millions alloués à l'accumulation de chaleur, ce que je trouve
intéressant. Dans le PMO, d'ailleurs, pour la première fois, on parle
d'accumulation de chaleur, et, moi, je suis un fervent partisan de
l'accumulation de chaleur, mais je constate aussi qu'il y a 266 millions
pour la biénergie. Et, à cet effet, M. le ministre, je voulais vous vous
informer qu'on a fait faire une étude par Polytechnique sur... parce qu'on en a
fait faire une avec la... vous avez parlé aux gens d'Écohabitation, on en a
fait faire une sur la comparaison entre la biénergie et l'accumulation de
chaleur dans le résidentiel, puis ça démontre une supériorité économique, la
solution accumulation de chaleur. Mais, dans le secteur commercial,
institutionnel, c'est différent parce que les structures tarifaires sont
différentes. La structure tarifaire d'énergie est dégressive, celle
d'Hydro-Québec pénalise l'appel en puissance, et donc... Mais on a fait faire
quand même une étude pour voir l'avantage de l'accumulation de chaleur dans les
petits et moyens bâtiments. Je suis d'accord avec vous, là, décarboner,
premièrement, tout d'un coup, il n'y a pas personne qui demande ça, mais les
plus grands bâtiments... plus c'est gros, plus c'est difficile à décarboner,
mais il faut quand même avoir de l'ambition, puis une planification, puis
dire : On va y arriver, là, et on va essayer d'électrifier tout ce qu'on
peut électrifier. Et c'est plutôt un enjeu d'ordre tarifaire, qui est le
problème, dans ce qui est l'accumulation de chaleur dans les petits et moyens
bâtiments, mais ça, on pourra en parler par après.
Point de vue de l'environnement, donc,
bien, c'est ça, on parle beaucoup de réduction de gaz à effet de serre, mais on
ne parle pas, c'est ça, de réduction d'émissions de... on ne quantifie pas les
émissions de polluants atmosphériques. Et donc, bien, vous n'êtes pas sans
savoir que les maires, c'est une de leurs préoccupations, la qualité de l'air,
et donc les polluants atmosphériques, et je pense donc que ça vaut la peine
d'être... Donc, c'est des lacunes que j'ai été... moi, selon moi, sont
apparentes dans l'analyse d'impact, mais ce n'est pas catastrophique, là, ça serait
quand même intéressant, dans la mesure où le projet de loi vise ça en
particulier.
J'ai rajouté une section sur le GSR ou...
le GNR ou GSR, là, juste un peu pour démystifier quelques aspects, là. Ce n'est
pas... peut-être pas la panacée dont on parle. C'est certain que le GNR, un, a
un rôle à jouer, puis, nous on n'est pas contre le GNR, on est en faveur du
GNR, mais, comme tout le monde vous dit, la bonne énergie à la bonne place, au
bon endroit, je pense que, donc, c'est ça, il faut prendre ça en considération.
Donc je regarde ça, il me reste deux
minutes, j'imagine deux, trois minutes?
Le Président (M. Jacques) : Trois
minutes. Mais vous pouvez continuer.
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est
beau. Bien, le gaz fossile, c'est 68 grammes de CO2 équivalent par... tu
sais. Le gaz naturel renouvelable, au niveau de la combustion, je suis
d'accord, c'est carboneutre, mais, au niveau de l'intensité carbone, de son...
l'analyse de son cycle de vie, ce n'est pas le cas. Je vous ai mis un tableau
qui démontre que les achats d'Énergir, c'est, en grosse quantité, du gaz qui
est de moins bonne qualité, c'est-à-dire avec une intensité carbone à peine
meilleure que celle du gaz fossile, parce qu'il est plus disponible, il est
moins cher que... puis ça coûte plus cher aussi, produire du gaz... du GNR à
partir de lisier... par exemple, mais il est beaucoup meilleur, en termes
d'intensité carbone.
• (14 h 10) •
L'autre chose que j'ai voulu vous parler
aussi à propos de ça, c'est qu'à Énergir, ces temps-ci, pour diminuer... parce
que le surcoût du gaz naturel renouvelable, en ce moment, bon, on vous l'a dit,
c'est neuf fois le prix de la molécule parce qu'on donne, pratiquement, le gaz
fossile, ces temps-ci, à 0,09 $, là, et donc... Mais Énergir, pour diminuer
le prix du gaz, de sorte qu'il y ait plus de monde qui en achète, bien,
voudrait retirer justement l'intensité carbone de ce gaz-là et de la conformer
en unités de conformité pour vendre ça aux fournisseurs principaux, des genres
de... dans le cadre du règlement sur les combustibles propres au fédéral. Donc,
ça, oui, avec les recettes de ça, ils pourraient diminuer le prix du GSR, sauf
que l'Association des consommateurs industriels de gaz et nous croyons qu'il
pourrait y avoir double comptage. Dans la mesure où on enlève l'intensité
carbone...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...les
attributs environnementaux d'un gaz de sources renouvelables, bien, tant qu'à
nous, il devient au même niveau que du gaz fossile. Et les industriels ne sont
pas intéressés à acheter du gaz naturel renouvelable qui a été dépourvu de son
intensité carbone. Je vous ai mis aussi deux tableaux pour vous démontrer que,
malgré le beau discours d'Énergir par rapport à son optimisme à atteindre la
carboneutralité, si vous regardez les quatre dernières années puis les quatre
années qui s'en viennent, bien, c'est pas mal une ligne plate en termes de GES,
entre autres parce qu'Énergir continue d'ajouter du gaz fossile dans son
réseau, entre autres pour fabriquer des batteries qu'on dit vertes et qui va se
rajouter 50 tonnes de CO2 juste à Bécancour.
Par rapport à la résilience énergétique,
je vous ai entendus aussi, là, on a en entendu parler, bien, c'est vrai que le
gaz, ça ne peut pas fonctionner sans l'électricité. Je sais qu'Énergir compte,
à un moment donné, installer des batteries avec... favoriser l'installation
batteries avec les systèmes, tant mieux. Mais je voudrais dire que c'est... Il
ne faut pas compenser non plus pour le manque d'entretien du réseau
d'Hydro-Québec. Le réseau d'Hydro-Québec a été fortement négligé ces dernières
années et il va falloir quand même améliorer cette gestion du réseau-là.
En ce qui a trait à... les articles 29 et
30, bien, j'ai fait du chemin aussi, puis ce que je voulais vous dire... Bien,
en conclusion de tout ça, là, je me suis fait une tête puis je me dis, c'est...
la raison pour laquelle on est rendus là, dans cette situation-là, aujourd'hui,
où il y a Saint-Bruno, entre autres, aussi qui voudrait essayer de décarboner,
Prévost, etc., il nous manque, au Québec, un plan intégré des ressources
énergétiques, un peu comme en Colombie-Britannique, au Manitoba puis en
Nouvelle-Écosse. Il en a été question dans la consultation l'été passé avec le
ministre Fitzgibbon, d'un... que le Québec se donne un plan bien intégré des
ressources énergétiques, et c'est, tant qu'à moi, primordial. Il faut savoir,
d'ici les 20, 25 prochaines années, comment on va procéder à cette
décarbonation-là. Et je pense que l'arbitrage que vous essayez de faire
s'inscrit dans ce mouvement-là, qui est beaucoup plus gros, je pense qu'on a un
besoin criant justement de savoir où on s'en va.
J'ai d'autres affaires à vous racontez à
propos des tarifs, et tout ça, j'essaie de juste voir de quoi... de ne pas en
passer, de ne pas en oublier. Puis je pense aussi que... Puis je suis content
de voir que vous avez maintenant une... je ne sais pas comment on peut dire ça,
mais vous allez avoir une influence accrue auprès de la Régie du bâtiment.
L'une des façons aussi, je pense que de réduire l'hémorragie, ce n'est
peut-être pas d'installer de la biénergie et des accumulateurs à tour de bras,
si on réduit le... si on améliore l'isolation et l'étanchéité des bâtiments en
partant, puis je pense qu'il y a deux... Novoclimat 2.0, entre autres, qui,
d'après moi, pourraient être mûr pour implanter, là, bientôt. Donc, il y a
plein... il y a... Tu sais, si la solution... les solutions sont multiples.
Et je vous inviterais simplement... Puis
je pense que je vous comprends, là, avec votre perspective d'essayer de trouver
quelque chose qui est... qu'il y ait un cadre d'intervention pour les
municipalités qui fait en sorte qu'on n'ait pas, là, une mosaïque un peu
partout. Mais, plutôt que d'imposer une solution, moi, je pense que je vous
suggérerais d'encadrer ça, bien, en disant : Mais voici, là, il y a
différentes façons que vous pouvez... puis là on parlerait de la nouvelle
construction, différentes façons dont vous pourriez intervenir, soit justement
en favorisant l'accumulation de chaleur... Puis je sais que vous avez parlé à
un groupe, un groupe qui... par rapport au fait que les municipalités
bannissaient le gaz, mais ne rendaient pas obligatoire un tel ou un tel
système. J'ai parlé avec des procureurs aussi récemment, et... à savoir s'ils
auraient le droit, puis je pense que peut-être ils auraient le droit, mais de
toute façon, si vous l'encadrez puis vous dites : Bien, que ce soit parce
que... Les maires pourraient privilégier une solution qui n'a pas de... de
polluants atmosphériques, mais il y en a d'autres qui pourraient dire
aussi : Bien, moi, la biénergie, ça fait mon affaire. Mais il pourrait y
avoir aussi des réseaux de chaleur, et tout ça. Il pourrait y avoir même des
microréseaux qui pourraient être permis, là, pour être certain de pas affecter
la pointe.
Une chose, par contre, majeure, que je
n'ai pas... que je ne vous ai pas parlé, mais qui risque de sortir dans les
journaux prochainement, mais qui... qui a rentré... en Ontario puis en B.C.,
entre autres. Mais, en Ontario, récemment, je ne sais pas si vous avez été
informés de ça, il y a quelques semaines, il y a la Régie de l'Ontario qui a
rendu une décision sur les extensions de réseau d'Enbridge...
(Interruption)
M. Finet (Jean-Pierre) : Excusez,
et parce qu'il y a des craintes de coûts échoués, d'actifs échoués dans le
temps. La Régie de l'énergie du Canada a demandé aux pipeliniers de ne plus
amortir sur 40 ans leur extension de réseau, mais sur 32 ans. L'Ontario ont
pris une approche différente... a dit : Bien, plutôt que d'amortir ça sur
40 ans, nous, on vous demande de le charger «upfront» au client, à peu près
4500$ la porte, et donc... pour éviter justement cette problématique-là, à
cause de la décarbonation à venir.
Et donc, là, le ministre Smith, je pense,
en Ontario, en a appelé de cette décision-là, et donc... mais il reste que
c'est quelque chose qui est partout, qui inquiète aussi les industriels, parce
que, si jamais, bien, ces tuyaux-là deviennent moins utilisés, bien...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...justement
se transformer en actifs échoués qui vont avoir une répercussion sur les tarifs
des autres usagers. Donc, c'est pour ça que les industriels aussi s'inquiètent
de ça puis même veulent favoriser justement une gestion saine des extensions de
réseau. Puis...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Finet. Si on veut laisser un peu de temps à...
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Allez-y. Allez-y.
Le Président (M. Jacques) : ...à
la partie gouvernementale à prendre...
M. Finet (Jean-Pierre) : Moi,je
pourrais vous en parler longtemps, mais je suis bien d'accord.
Le Président (M. Jacques) : ...à
vous poser quelques questions. Bien, merci beaucoup pour votre exposé. M. le
ministre...
M. Charette : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : ...pour
12 minutes, 30 secondes.
M. Charette : On sent votre
enthousiasme, qui est rafraîchissant. Merci d'être avec nous cet après-midi.
Vous avez suivi un petit peu le déroulement, là, ce matin, entre autres. J'aime
bien fonctionner... Quelques commentaires sur les propos que vous avez tenus.
Je me suis laissé quelques notes. Vous avez naturellement la possibilité d'y
répondre, et je sais que j'ai des collègues qui souhaiteront intervenir. Et je
sais qu'on va manquer de temps, donc je vais essayer d'être assez... assez bref
pour chacun des points. Vous avez dit comprendre pourquoi on commençait... le
25 logements et plus et par les plus gros bâtiments. C'est vrai, c'est
l'intention. Mais je vous rassure, à terme, on veut couvrir l'ensemble du parc.
Mais il faut commencer quelque part et on veut surtout éviter... Et j'avais cet
échange-là avec M. Pineau hier ou avant-hier, je ne me souviens plus. On
perd la notion du temps. En France, ils ont vu très, très, très grand, mais ont
vite réalisé qu'il y avait des problèmes d'application. Ils ne pouvaient pas
faire tout en même temps, et ça les amène encore ces jours-ci à faire certains
reculs. C'est ce qu'on veut éviter, mais à terme, on veut tout couvrir. Mais
oui, on commencerait par le plus gros... par les plus gros bâtiments. Vous
parlez des contaminants atmosphériques. C'est un élément important et c'est la
raison pour laquelle vous... avez vu et vous y avez fait référence en partie.
La raison pour laquelle on veut rapatrier à travers le Code du bâtiment durable
du Québec certains pouvoirs qui sont à la Régie du bâtiment actuellement, mais
surtout, se donner d'autres pouvoirs, c'est que la régie n'a pas cette
capacité-là réglementaire de procéder. Nous l'avons, et on compte l'utiliser.
Je ne dis pas que ça va être le premier règlement déposé qui va tenir compte
des contaminants atmosphériques. En parlant de la construction de bâtiments et
autres, on se donne les pouvoirs de pouvoir... de réglementer ces questions-là,
et à terme, c'est dans nos intentions. Vous dites le GNR, ce n'est pas une
panacée. Entièrement d'accord avec vous, mais en même temps, c'est une
ressource. Au ministère de l'Environnemen, on a quand même quelques défis, je
le dirai comme ça, mais autant c'est la lutte aux changements climatiques,
autant c'est la gestion, par exemple de la matière résiduelle, et moi, je dois
trouver le moyen de valoriser chacun des aspects, par exemple de la matière
résiduelle, notamment la matière organique. Donc, si je ne la valorise pas, il
y a des émissions de gaz à effet de serre importante qui se font. Alors que si
je la valorise, oui, au moment de la combustion, ce gaz naturel renouvelable là
va émettre, mais je suis gagnant au final sur la quantité totale des émissions.
Donc, ce n'est pas une panacée, mais oui, le gaz naturel renouvelable fait
partie d'un paquet de mesures qui au final vont venir nous aider, et, d'accord
avec vous, il faut l'utiliser au bon endroit.
Vous avez parlé... J'essaie d'aller vite,
rapidement, et je n'ai pas l'habitude de parler vite. On me le rappelle
souvent. Le réseau d'entretien d'Hydro-Québec, grand déficit d'entretien. La
bonne nouvelle, c'est qu'Hydro-Québec le reconnaît d'emblée. C'est dans son
plan d'action que d'investir de façon massive d'ici 2035. Mais c'est vrai... je
ne peux pas parler de négligence, mais disons que ce n'était pas une
préoccupation, alors que ça devait en être une. C'en est une maintenant, parce
qu'on aura besoin d'Hydro-Québec plus que jamais au cours des prochaines
années. Donc, c'est important que son... son immobilisation, que l'entretien
de ses équipements se fasse de façon adéquate.
• (14 h 20) •
On a parlé un petit peu de Saint-Bruno à
travers la commission. Vous en avez parlé aussi. On en a parlé avec les
représentants des municipalités, mais on en a parlé avec Hydro-Québec aussi. Ce
qu'Hydro-Québec est venu nous dire, ils ont l'énergie nécessaire pour alimenter
Saint-Bruno, ce n'est pas un enjeu. L'enjeu, c'est de voir comment on peut
accompagner Saint-Bruno pour être sûr qu'il retienne les bons procédés et les
bonnes façons de faire pour être certain que c'est optimal comme... comme
système. Et c'est un petit peu le type d'entente qu'on a convenu avec l'UMQ et
la FQM. On va préparer ensemble une réglementation avec les fournisseurs
d'énergie, notamment Hydro-Québec, pour s'assurer que les municipalités soient
encadrées, qu'elles ne puissent pas aller dans toutes les directions sans tenir
compte des impacts de leurs décisions. Donc, le milieu.
M. Charette : ...avec nous à
ce niveau-là, et ce sera une grande avancée, parce qu'au final, ce que l'on
souhaite c'est recourir de moins en moins au gaz naturel. Et, à ce niveau-là,
vous l'avez évoqué aussi, les municipalités, jusqu'à maintenant, ont voulu
agir. On salue cette ambition-là, mais elles n'ont pas pour autant, dans la
réglementation qu'elles planifiaient, imposé des mesures de mitigation. Et
c'est ça, dans les discussions...
M. Finet (Jean-Pierre) : Si
je peux me permettre, M. le ministre, là-dessus, juste là-dessus, parce qu'on
ne pensait pas nécessairement pouvoir l'obliger, mais, à tout le moins, je vous
donne des exemples, comme... Prévost subventionne la biénergie, l'accumulation
de chaleur et Hilo. Varennes subventionne l'Hilo... Donc, les municipalités
sont très conscientes, et nous, on les accompagne. Moi, j'ai accompagné
Prévost, Candiac, etc., là, je m'implique beaucoup, puis donc on essaie. Mais,
écoutez, moi, j'accueille favorablement votre cadre d'intervention, dans la
mesure où ça donne de la marge de manoeuvre à l'autonomie municipale aussi,
puis que ça donne un paquet d'outils, puis qu'ils ne sont pas pris avec juste
le gaz naturel renouvelable en... biénergie, point, là.
M. Charette : Donc, cet appui
à des mesures de mitigation est à saluer, mais il faut voir dans quelle mesure
on peut l'obliger à ce recours aux mesures de mitigation. Et c'est pourquoi
Hydro-Québec veut faire partie des discussions lorsque vient le temps de
développer une nouvelle politique municipale ou, sinon, accompagner une
municipalité comme Saint-Bruno, qui aurait un projet, sur papier, qui est
emballant et qui va, vraisemblablement, et je le souhaite, se réaliser, mais
avec peut-être, justement, des propositions qui deviendraient des standards,
oui, à Hilo, et autres, pour s'assurer, là, qu'on maximise, justement,
l'énergie qui sera déployée sur ce territoire-là. Bien, je l'évoque, en même
temps, par rapport aux municipalités. Il faut le travailler avec elles, ce défi-là,
et s'assurer que la réglementation nous permet d'aller chercher les gains les
plus importants.
Juste un dernier petit élément, parce que
je veux vous permettre, un, de répondre et, deux, permettre à ma collègue de
prendre le relais, au niveau de la Régie du bâtiment. Vous l'avez peut-être
entendu, c'est un des éléments qui est questionné. Je ne dis pas qu'il est
complètement reçu négativement, mais par les constructeurs, notamment, il est
questionné, alors que c'est fondamental. Le ministère de l'Environnement doit
avoir la possibilité d'accompagner la Régie du bâtiment, parce qu'elle n'a pas
la compétence dans ce secteur-là. Et, en même temps, on sait que les bâtiments,
pour nous, sont... sans dire que c'est une passoire énergétique dans tous les
cas, mais c'est un potentiel de récupération d'énergie qui est fondamental si
on veut arriver à atteindre nos autres objectifs, autant au niveau de la
décarbonation de notre environnement qu'au niveau de la disponibilité
énergétique. Donc, ça inquiète certains acteurs. On veut faire les choses
intelligemment, mais le ministère de l'Environnement a clairement un rôle à
jouer à ce niveau-là, et la Régie du bâtiment collaborera, là, après l'adoption
du projet de loi, s'il devait être adopté.
Donc, j'y suis allé en rafale, vous pouvez
commenter, mais, je vous le dis d'emblée, par la suite, c'est ma collègue qui
prend le relais pour ce qui est des questions.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
je vais y aller rapidement, parce que je vais laisser votre collègue, aussi, parler.
Mais je voulais juste, par rapport à la France... je n'ai pas eu... je n'ai pas
été capable, là... puis, ce matin aussi, c'est ça, j'avais des audiences à la
régie... mais j'ai ouï-dire que mon collègue Pierre-Olivier Pineau avait parlé,
justement, de l'expérience en France. Moi, j'étais là, en France, j'ai habité
quelques années en France, dans les années 2008 à 2012, à peu près, et j'étais
là pendant qu'ils implantaient, justement, le système, puis il y a eu des
critiques, bien oui, puis il n'y avait pas d'uniformité, nécessairement, dans
les analyses énergétiques. Tant mieux, on va pouvoir apprendre de leurs
erreurs, et on ne pourra pas... pas obligés de les répéter. Mais ce n'est pas
parce que ce n'est pas parfait qu'il ne faut pas y aller, de l'avant, quant à
moi, puis... C'est ça, je suis d'accord avec vous, je pense qu'on s'entend bien
là-dessus, là.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny : Merci beaucoup.
Combien j'ai de temps, M. le Président?
Le Président (M. Jacques) : 3 min 58 s.
M. Montigny : Parfait. Je
vais y aller rapidement, là, puis essayer d'avoir de vous des réponses courtes
aussi. D'abord, je veux vous entendre sur la biénergie. Moi, j'ai été maire
d'une municipalité pendant six ans, à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, sans gaz
naturel, parce que le réseau ne s'y rend pas, vous le savez probablement très
bien. Je veux vous entendre sur la capacité de stocker de l'énergie, dans ce
contexte-là, pour être capables d'éviter les pointes dans les grands
bâtiments...
M. Finet (Jean-Pierre) : J'adore
votre question. Écoutez...
M. Montigny : O.K., mais
rapidement, parce que j'ai une sous-question, elle est vraiment importante.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui,
oui, oui, je vais faire ça très vite. L'accumulation de chaleur, là... Bien,
vous avez vu les systèmes centraux, là, qu'Hydro-Québec subventionne ces
temps-ci à coups de 15 000 $. Finalement, c'est un gros grille-pain,
avec des briques dedans. Il en existe locaux aussi. Il y a des centaines
d'écoles qui sont équipées d'accumulateurs thermiques locaux.
M. Montigny : Je parle de
plus grands bâtiments. C'est une région industrielle, la Côte-Nord. Je veux vous
entendre... dans des grands, grands bâtiments, notamment dans des gros
bâtiments industriels, etc. Parce qu'on veut éviter les pointes...
M. Montigny : ...parce que
c'est dans la puissance qu'on manque d'énergie actuellement au Québec. Ça fait
que j'aimerais ça vous entendre. Comment on fait pour stocker de l'énergie...
comment on fait pour stocker de l'énergie pour être capable de faire face à la
pointe dans des secteurs où il n'y a pas de gaz, puis dans des secteurs à
grande industrie?
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Bien, un peu comme vous a dit Énergir... c'est drôle parce qu'il disait que
déplacer de l'électricité à la pointe dans le bâtiment, c'est plus intéressant
en termes de gestion de pointe que dans l'industriel. Et donc, c'est ça, dans
l'industriel, souvent, c'est des procédés, il n'y a pas vraiment d'utilisation
de chaleur pour chauffer les bâtiments. Donc, c'est moins, je pense, valable,
là, de regarder l'accumulation de chaleur dans les grosses, grosses, grosses
industries. Mais il reste que, bien, pour tous les autres types de bâtiments,
il y a de plus en plus d'options qui arrivent. Même Hydro-Québec a un projet
qui s'appelle Nova 35 où ils testent des genres de convecteurs sur pieds
pour mettre dans les logements. Et ça, on verra ça très bien dans les
logements, avec une thermopompe dehors, sur la galerie, sur le balcon, mais il
y a un paquet d'immeubles multirésidentiels qu'on pourrait convertir de
problèmes de pointe en gestion de pointe.
M. Montigny : ...rester dans
les plus grands bâtiments. Je suis désolé, mais je n'ai pas beaucoup de temps.
M. Finet (Jean-Pierre) : Plus
c'est grand, plus c'est difficile.
M. Montigny : Puis tantôt,
vous avez parlé d'îlots, vous avez parlé de stockage d'énergie, vous avez parlé
de batteries. Vous avez dit aussi que, pour une industrie qui produit des
batteries, il faut utiliser du gaz naturel, puis que ça, ça ne vous plaisait
pas. Mais vous ne pensez pas que c'est mieux d'avoir les outils pour stocker de
l'énergie, particulièrement en région, en milieu isolé, notamment au nord du
Québec, au nord du 50ᵉ parallèle, pour être capable de stocker de l'énergie?
Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus parce que dans une région comme la
mienne, où il y a des gens en milieux isolés, bien, ils utilisent du pétrole.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui,
mais, bon, tu sais, dépendamment de la grosseur du bâtiment. Mais comme je vous
dis, si c'est du stockage thermique ou électrochimique, si c'est
électrochimique, il y a EVLO qui a une filiale d'Hydro-Québec où ils ont des
énormes batteries, là, des containers, là, à 1,2 mégawatt, tout ça. Puis
ça, ça peut aider aussi à gérer la pointe sur le réseau. Donc, il y a du
stockage de réseau, il y a du stockage dans les bâtiments aussi. Il y a différentes
sortes de stockage, il y en a avec des «flywheel», il y a un paquet de
différentes formes, avec différents avantages et inconvénients, puis ça,
c'est...
M. Montigny : On met en place
un système de cotes. Ça fait que j'aimerais ça vous entendre là-dessus parce
qu'on pense que c'est important d'amener un système de cotes pour permettre
d'amener des comparaisons. Tu sais, quand on se compare à soi même, des fois,
puis on voit la cote... Ça fait que j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Finet (Jean-Pierre) : Ah!
bien, je suis parfaitement d'accord. J'ai participé d'ailleurs aux audiences de
la Ville de Montréal justement sur l'implantation de leur système. Et si vous
regardez leur feuille de route aussi, il y a un paquet de choses là-dessus qui
touchent, entre autres, l'accumulation thermique. Donc, oui, je pense que c'est
primordial. D'ailleurs, moi, ça fait longtemps que je souhaite que ça arrive,
puis je suis très content, je l'accueille très favorablement. Je pense que,
premièrement, de savoir... d'avoir un mécanisme de divulgation, c'est
essentiel, d'affichage, et, ensuite, de rehausser progressivement les seuils,
c'est la façon de faire de façon respectueuse et progressive et ordonnée.
M. Montigny : Je reviens sur
la notion progressive, parce que...
Le Président (M. Jacques) : ...M.
le député de René-Lévesque. Ceci met un terme à la période d'échange avec la
partie gouvernementale. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle
et à Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, d'abord, merci, M. Finet, pour votre exposé. C'est fort
intéressant, quand même assez technique, mais je voudrais vous amener tout de
suite sur le tableau de la page 11 que vous avez, qui est le résultat
de votre mémoire, là, le résultat de l'appel d'offres lancé en novembre 2021.
Ça, c'est pour le GSR, là, c'est ce que je comprends bien, d'Énergir. Et là on
voit, là, dans ce tableau-là que, visiblement, c'est les sites d'enfouissement
qui en produisent le plus. L'agricole, c'est faible et le municipal vient
peut-être en deuxième. Donc là, on pourrait comprendre par le municipal,
c'est... Non, en fait, l'agricole vient en deuxième, puis, par la suite le
municipal. On comprendrait, j'imagine, que le municipal, ici, on fait référence
à la biométhanisation, là, que certains groupes municipaux ont parti?
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est
peut-être plus les eaux usées, là, mais...
Mme Dufour : Oui, mais la
biométhanisation qui vient des eaux usées, j'imagine, parce que...
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui,
c'est ça, différentes sources de matières premières, oui.
Mme Dufour : Oui, exactement.
Parce que je ne pense pas que ça ferait un bon mélange dans les tuyaux d'Énergir.
Et là, dans le fond, ce que je voudrais savoir... C'est que, là, c'est en
novembre 2021, c'est un appel d'offres. Est-ce que le potentiel du Québec... il
serait quoi si on regardait un tableau similaire, mais en termes de potentiel,
considérant qu'en 2021, il y a quand même plusieurs usines de biométhanisation
qui n'étaient pas entamées, puis là il y a de l'agricole, il y a des projets de
biométhanisation agricole qui s'en viennent? Donc, je voudrais juste vous
entendre là-dessus.
• (14 h 30) •
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien
là, on parle de première, deuxième et troisième génération. Première
génération, c'est ce qu'il y a en ce moment, là, avec le fumier, les
enfouissements techniques, et tout ça. La deuxième génération, c'est la
biomasse. Et, troisième génération, c'est un peu ce qui...
14 h 30 (version non révisée)
M. Finet (Jean-Pierre) : ...produit
à Shawinigan avec tests, si jamais ça fonctionnait puis c'était légal, dans la
mesure où eux, ils vont prendre quatre atomes d'hydrogène puis le matcher avec
un atome de carbone pour en fabriquer du méthane artificiel, donc. Mais ça, ça
va coûter excessivement cher. Mais, encore là, ça pourrait valoir aussi
excessivement cher, en termes de crédits, d'unités de conformité à vendre sur
le marché. Donc, deuxième génération, ça n'existe pas encore à partir de
biomasse, c'est dommage, mais ça n'existe pas encore, donc ce n'est même pas,
techniquement, commercialement, réalisable. Et l'autre, bien, c'est encore plus
loin puis ça va coûter encore plus cher.
Donc, c'est très restreint. Il y a un
déséquilibre offre-demande, entre l'offre et la demande de GNR, et c'est pour
ça que ça vient surtout des États-Unis, puis ce qu'on achète, c'est ce qui ne
trouve pas nécessairement preneur sur le marché américain parce que la qualité
n'est pas assez bonne pour rencontrer les normes du Low Carbon Fuel Standard,
je pense, en Californie.
Mme Dufour : Mais je vais
répéter ma question : Le potentiel, actuellement, au Québec, il serait
quoi, environ, par rapport à ce que... c'est ça, ce que le Québec peut faire
puis...
M. Finet (Jean-Pierre) : Si
je me souviens bien, l'étude, il me semble que c'était WSP, à l'époque, parlait
de deux tiers, mais, encore là, c'était technicoéconomique, supposément à 15$
du gigajoule, si je ne m'abuse, là, donc, mais on n'est plus là, là, cette étude-là,
il faudrait qu'elle soit reprise. Puis, en plus, comme je vous dis, c'est comme
les petits réacteurs modulaires, ça n'existe pas encore, tu sais, donc c'est
sur papier.
Mme Dufour : O.K., donc on ne
le connaît pas encore, le potentiel.
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est
ça.
Mme Dufour : O.K., parfait.
Je vais passer la parole au collègue député de Jacques-Cartier. Merci.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Rebienvenue, Ce n'est pas la première fois qu'on s'est vus en commission, et
merci beaucoup pour votre présentation. Je sais que vous suivez nos échanges de
près puis j'ai bien aimé quand, dans votre mémoire, vous avez parlé de... que
Québec doit avoir un plus grand intérêt dans l'autoproduction de l'énergie
solaire. Vous savez que je suis un gros fan des microréseaux. Dans votre
présentation, vous avez mentionné les microréseaux.
Alors, peut-être, vous pouvez juste
expliquer un petit peu comment ça peut être utile pour le Québec d'aller plus
loin, de développer plus de microréseaux, laisser des citoyens et peut-être
quand même des bâtiments résidentiels d'avoir leur production. Hier, on a
entendu Bâtiment durable Québec, qui a dit que, présentement, l'autoproduction
d'énergie renouvelable, et particulièrement pour les résidents, est bloquée par
les règles existantes. Alors, comment on peut déréglementer ça ou, quand même,
présenter peut-être certains amendements pour s'assurer que les gens peuvent
produire leur propre électricité, mais quand même faciliter les microréseaux ou
encourager les microréseaux?
M. Finet (Jean-Pierre) : Il y
a différentes façons, mais une des choses primordiales, moi, je pense que...
pour avoir un réseau intelligent, un «smart grid», il faut être connecté. Et
là, en ce moment, le problème c'est que Hilo est une filiale dont le premier
but est de faire des profits. Et, pourtant, Hilo ne fonctionnerait pas s'il n'y
avait pas les compteurs communicants que l'ensemble de la clientèle a payés.
Et, à mon avis, l'ensemble des Québécois devrait être relié à Hilo, et ça
devrait être une activité réglementée, et on devrait... Le défi de la
décarbonation, là, c'est qu'on ajoute de l'électricité variable sur des besoins
souvent fixes aussi et variables, et donc il va falloir améliorer notre gestion
du réseau, la gestion de la demande. Et, tant qu'à moi, que ça passe par un
microréseau ou que ça passe par la... justement, par le contrôle des charges
via Hilo, c'est quelque chose qu'il va falloir améliorer, ça fait partie des
outils, là.
M. Kelley : Excellent. Puis,
quand même, développer peut-être un secteur solaire ici, au Québec. On a des
entreprises comme... ils ont l'expertise, alors pourquoi pas? Il y a un
potentiel pour le Québec.
M. Finet (Jean-Pierre) : Mais
Hydro-Québec, je pense, a des plans, là, d'installer 125 000 panneaux solaires
sur les toits. Mais, encore là, c'est des questions qui sont beaucoup
tarifaires. Le problème qu'Hydro-Québec... puis la raison pour laquelle il n'y en
a pas plus, en ce moment, c'est qu'ils font... ils compensent du un pour un.
Là, si tu rajoutes un kilowattheure sur le réseau, ils vont te le créditer,
mais ils disent : Moi, là, ce kilowattheure-là, je dois le transporter
puis le distribuer, donc je devrais te payer seulement la valeur de la
fourniture. Je pense qu'il ne faut pas regarder seulement ça sur une question
de fourniture d'électricité, mais plutôt il faut favoriser l'autoproduction,
mais avec du stockage chez les gens pour en profiter pour améliorer la gestion
de la demande en puissance, mais aussi la résilience énergétique de la
clientèle.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Puis on peut trouver le temps pour discuter ça en plus de détails,
peut-être, dans un autre moment, prendre un café ensemble. Mais je veux vous
entendre, parce que j'ai trouvé la partie de votre mémoire qu'on parle... que
ça va prendre un plus grand rôle de l'État pour le financement des différentes
technologies. C'est sur la page no 8, où vous parlez...
M. Kelley : ...de le budget
pour la mise en place le PEV. Puis ce n'est pas suffisant nécessairement les
sommes qui sont allouées présentement dans ce plan pour aider les gens d'avoir
des thermopompes ou quand même des autres types... des autres types de... si
c'est des panneaux solaires ou on peut penser à des fenêtres. Mais, bref, juste
vous entendre, ça va prendre combien d'argent pour s'assurer que ça marche
bien, notre plan d'efficacité énergétique? Ce n'est pas juste par règlement, ça
va prendre des programmes, j'imagine, aussi ou...
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
c'est déjà un bon début que le ministre ait inclus dans le PMO de l'argent, les
provisions pour l'accumulation de chaleur, puis ça peut grossir, tant qu'à moi,
puis en plus on pourra partager avec vous, si vous voulez, là, les résultats de
cette étude-là, donc, qu'on a fait faire, là, pour les petits et moyens
bâtiments. Et donc, c'est ça, puis je pense que les budgets vont croître au fur
et à mesure qu'on va faire appel davantage au déplacement des charges plutôt
qu'à l'effacement des charges.
Par rapport à ça, justement, en biénergie,
le tarif d'été, tu sais, on dit souvent la Loi sur la Régie de l'énergie est
vieille, il faut la changer, elle a 25 ans, écoutez, le tarif d'été a
40 ans, c'est juste s'il ne fonctionne pas avec un boulier, il fonctionne
avec une sonde de température à l'extérieur puis il efface 573 heures en
moyenne par année, notre pointe est de moins de 100 heures, donc on efface
même, par exemple, la nuit quand il fait moins 20 un samedi. Il y a beau faire
moins 20, il n'y a pas de pointe pour autant, là, donc, puis on va polluer
inutilement. La solution serait de «tweaker», justement, et de contrôler ces
charges-là à distance et de minimiser, justement, l'utilisation, le recours au
gaz naturel en pointe sur ce qu'on a de besoin, et Hydro-Québec est capable de
le faire grâce aux compteurs communicants. Et donc on pourrait garder encore la
biénergie si vous voulez, puis ça, c'est une autre façon.
D'ailleurs, la ville de Montréal, dans les
recommandations, disait : Nous, 30 % de gaz en pointe, nous, on le
fait avec nos propres bâtiments avec 15 % de gaz en pointe, il y a-tu tout
moyen de. Et ça, je veux dire, je pense que vous allez être ouverts aussi à
cette solution-là.
Tu sais, il y a beaucoup d'améliorations à
faire avec les outils existants même puis, des fois, c'est des questions
tarifaires, ce n'est pas juste technologique.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Puis je n'ai pas beaucoup de temps qui reste. Et si c'est possible, est-ce que
vous pouvez déposer l'étude au secrétariat? Alors, on peut tous avoir accès?
C'est juste pour... si c'est possible.
Le Président (M. Jacques) : Vous
pouvez transmettre ces documents par courriel à la commission...
M. Finet (Jean-Pierre) : Je
pourrais... déposer...
Le Président (M. Jacques) : ...au
secrétariat?
M. Finet (Jean-Pierre) : ...une
présentation qu'on a faite à Hydro-Québec là-dessus. On... On a rencontré
d'ailleurs Hydro-Québec pour essayer de trouver des solutions, de sorte à
favoriser l'accumulation de chaleur dans les petits et moyens bâtiments. Moi,
ça va me faire plaisir de vous partager cette... ces résultats-là.
M. Kelley : Parfait.
Le Président (M. Jacques) : Donc,
vous...
M. Kelley : Et juste
rapidement, sur la page numéro 7, vous parlez de la... pertes de revenus
d'Énergir qui atteindra 2,4 milliards de dollars en 2050. C'est juste
de bien comprendre. Pourquoi vous avez trouvé, c'était important de noter que,
pour la suite des choses... Pour Énergir, ça va être difficile, si je comprends
bien, pour les prochaines...
M. Finet (Jean-Pierre) : Non,
non, c'est parce que c'est les clients d'Hydro qui compense les pertes de
revenus d'Énergir pour ne pas que les tarifs augmentent trop. Parce que quand
Énergir vend moins de gaz, bien, ça met une pression à la hausse sur les
tarifs. Donc, si Énergir participe au... de la biénergie, bien, il va faire
moins de vente, donc ça met une pression à la hausse sur les tarifs. Nous, on
faisait juste dire qu'il faudrait prendre ça en compte dans les... le coût de
l'opération parce que ça fait partie de la mesure, la biénergie. Un peu comme
le recours au gaz naturel renouvelable a un coût supérieur qui n'a pas été,
tant qu'à moi, pris en compte dans l'analyse d'impact réglementaire, et ça
devrait, tant qu'à moi, être pris en compte, parce que c'est un coût qui va
être récurrent, que les opérateurs de bâtiment, pour réduire leur gaz à effet
de serre, vont devoir assumer de façon récurrente.
M. Kelley : Parfait. Et
peut-être juste de complémenter la question de mon collègue de Côte-Nord sur le
stockage pour les grosses entreprises peut-être ou des usines qui sont
éloignées. Je pense que vous n'avez pas terminé votre pensée sur les options de
stockage et quand même... quand même juste, en général, le stockage pour les
entreprises. J'imagine, la technologie va juste continuer d'être plus et plus
efficace dans les prochaines années.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Écoutez... Bien, il y a une technologie qui a été développée par Hydro-Québec,
qui est un peu l'accumulateur de chaleur dont on parle dans le résidentiel avec
des briques puis à de l'air chaud, mais ça a été fait avec de l'hydronique.
Donc, c'est... c'est de l'eau chaude qui passe à travers les briques, ça
s'appelle ThermElect. C'est un brevet d'Hydro-Québec, et ça a été.... et ces
systèmes-là sont installés au Québec dans moult grands bâtiments, puis on peut
les aligner en fonction de la grosseur du bâtiment. Plus que ton bâtiment est
gros, plus que tu installes le système ou on peut installer des atténuateurs
thermiques locaux pour chauffer certaines... certaines pièces en particulier,
certaines... C'est ça.
M. Kelley : Parfait. Combien
de temps...
Le Président (M. Jacques) : Une
minute.
M. Kelley : Une minute. Bien,
merci beaucoup encore pour votre présentation.
M. Finet (Jean-Pierre) : Merci.
M. Kelley : C'est toujours
très, très intéressant.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Messieurs, pour vos échanges et Mme la députée de Mille-Îles. Je reconnais
maintenant la députée de Verdun pour quatre minutes, huit secondes.
• (14 h 40) •
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci, M. Finet pour votre présentation. Tout à l'heure,
vous nous parliez des cas de Prévost...
Mme Zaga Mendez : ...de
Candiac, des villes que vous avez accompagnées. J'ai une question par rapport à
la réglementation qui est en place : Est-ce que, selon vous, cette
réglementation-là cause une certaine insécurité énergétique, la façon qu'elle
est écrite maintenant, que ce soit Prévost, mais on a aussi le cas de Montréal,
qu'on interdit de nouveaux branchements?
M. Finet (Jean-Pierre) : Non,
je ne pense pas, je ne pense pas, sinon, on n'aurait pas de Northvolt, et
autres. Je pense qu'en plus la volonté des villes, c'est justement pas de
contribuer au problème. Et ils sont très conscients justement de la
problématique énergétique du... de... du fait que le bilan offre... le bilan en
puissance est restreint. Et c'est pour ça qu'ils veulent participer aussi,
contribuer à la solution. Mais eux, ils ont des objectifs aussi de réduction
des émissions de gaz à effet de serre. Donc, je pense, non, les villes sont
tout à fait conscientes et sont tout à fait ouvertes à faire partie de la
solution. Et puis ce n'est pas un problème du tout. Même, vous avez vu, Candiac
a même des... a même fait des normes pour améliorer la... l'isolation puis
l'étanchéité du bâtiment, de sorte à ce que, bien, ces bâtiments-là... des pannes,
justement, en termes de résilience énergétique, soient capables de durer
longtemps, plus longtemps sans que ça devienne un problème. Donc les villes ont
un désir de contribuer. Puis je pense que le ministère de l'Environnement doit
les soutenir et promouvoir leur enthousiasme.
Mme Zaga Mendez : Dans ce
sens-là, vous avez parlé d'autres options qui sont disponibles, par exemple, si
on le fait par réglementation. Parce que l'impression que ça donne, c'est que,
si on fait un règlement sur le même objet, avec l'article 29, bien, on va
niveler vers le bas. Bien, vous êtes en train de nous suggérer d'autres choses.
Vous parliez d'autres types de réglementation qu'on pourrait mettre en place
pour soutenir les villes?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
c'est-à-dire que, 29 et 30, ça dépend comment qu'on l'interprète. Le ministre
dit qu'il pourrait l'approuver quand même, là. Ce n'est pas dit qu'il va
scraper tous les règlements municipaux le lendemain de l'adoption du règlement.
Je pense qu'il y a peut-être des clauses grand-père ou autres, là, mais il
reste qu'il y a peut-être de l'inspiration là-dedans.
Mais l'affaire intéressante avec Prévost,
c'est que pour les bâtiments existants, l'entente avec Énergir, puis ça, c'est
vraiment... puis je pense que le ministre devrait être content aussi de ça,
c'est que c'est... ils sont avant-gardistes dans la mesure où les clients
existants vont être amenés à... justement, comme les nouveaux raccordements, à
adopter la biénergie ou le 100 % gaz naturel renouvelable ou avec la
biénergie au gaz... avec un appoint au gaz naturel renouvelable. Et ça, c'est
pour le marché existant. Et je pense qu'on devrait en prendre bonne note parce
que c'est une façon aussi d'y aller progressivement dans le marché existant et
de décarboner le marché existant. Parce qu'on a beau arrêter l'hémorragie dans
la nouvelle construction, il reste qu'il faut quand même s'occuper du marché
existant.
Mme Zaga Mendez : Bien sûr.
Et sentez-vous, par exemple, si d'autres villes au Québec continuent cet
exemple-là, que ce soit Prévost ou Montréal ou Saint-Hilaire, on arriverait?
C'est-à-dire est-ce qu'on crée ou pas une insécurité énergétique, si les villes
continuent dans le sens, par exemple, d'interdire les nouveaux branchements?
M. Finet (Jean-Pierre) : Au
contraire, moi, je pense, comme je vous disais tout à l'heure, là, si on
installait des accumulateurs de chaleur sur pieds, par exemple, là, les genres
de convectairs dans les appartements multirésidentiels de 25 et de
100 appartements, si vous voulez, de faire 100 étages, et tout, là,
je pense qu'on a... on pourrait non seulement... pas ajouter au problème, mais
on pourrait même réduire les... Tu sais, on a, en ce moment, là, je disais, on
a 15 000... le résidentiel représente à peu près
15 000 mégawatts d'impact en puissance. Mais ça, on peut le réduire,
là, on... Ce n'est pas une fatalité, là. Donc, c'est peut-être... les
municipalités peuvent peut-être même contribuer à renverser la vapeur.
Mme Zaga Mendez : Bien, je
vous remercie. Est-ce qu'il y a d'autres choses que vous aimeriez ajouter? Il
nous reste 20 secondes.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
je voudrais juste revenir sur la question des extensions de réseau...
Le Président (M. Jacques) : Rapidement,
10 secondes.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui,
en 10 secondes. Dans votre prise de décision, M. le ministre, il faut
vraiment tenir compte de ça, des coûts éventuellement échoués des actifs
d'Énergir dans le temps. Et c'est ça, il faudrait y aller peut-être plus
justement dans les gros bâtiments que dans les... qui sont plus difficilement
électrifiables.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. Finet. Ceci met un terme à nos échanges. Merci pour votre
participation à la commission.
Et nous suspendons quelques instants pour
se préparer pour le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 14 h 44)
(Reprise à 14 h 48)
Le Président (M. Jacques) : La
commission... Bien, nous reprenons nos travaux, en fait, avec le Centre québécois
du droit de l'environnement, et j'invite Me Cloutier à commencer son exposé,
pour une période de 10 minutes. Par la suite, des échanges avec les membres des
commissions se poursuivront. Merci.
Mme Cloutier (Camille) : Bonjour.
Merci. Donc, M. le ministre, la commission, d'abord, je vous remercie de nous
permettre de commenter le projet de loi no 41 et de peut-être l'éclairer dans
votre analyse. Je m'appelle Camille Cloutier, je suis avocate au Centre
québécois du droit de l'environnement, le CQDE. Le CQDE, créé en 1989, est le
seul organisme sans but lucratif à mettre au service de la population une
expertise juridique indépendante en droit de l'environnement. Pour accomplir
cette mission, entre autres, on intervient à l'occasion devant les tribunaux,
on fournit gratuitement de l'information juridique accessible à la population
et on participe à des consultations sur des réformes législatives ou
réglementaires comme celle-ci. Lorsqu'on intervient dans des consultations
parlementaires, notre objectif, c'est de fournir à l'Assemblée nationale un
éclairage sur des questions juridiques relatives à la protection de
l'environnement afin que nos lois et règlements soient ambitieux et cohérents.
• (14 h 50) •
Donc, on félicite d'abord le gouvernement
du Québec pour sa volonté, avec le projet de loi no 41, d'accélérer la
transition, de mettre en place des mesures qui ont le potentiel de transformer
le parc de bâtiments et de réduire leurs émissions de GES. On salue aussi la
volonté du gouvernement d'établir des normes minimales. C'est le terme qui est
employé un peu partout dans l'analyse d'impact réglementaire. Pourtant, le
projet de loi, dans sa version actuelle, n'établit pas...
Mme Cloutier (Camille) : ...seulement
des normes minimales, en fait, n'établit pas des normes minimales, mais plutôt
des normes aussi maximales, donc pas seulement un plancher, mais également un
plafond, puis on est d'avis au CQDE que la volonté de rendre le système plus
efficace ne doit pas signifier se priver d'alliés précieux dans la transition,
dont les gouvernements de proximité que sont les municipalités.
L'apport des municipalités pour la
protection de l'environnement et la décarbonation est essentiel. On a eu dans
les derniers jours, entre autres hier avec le témoignage de l'UMQ, plusieurs
exemples concrets d'initiatives réglementaires municipales qui contribuent
définitivement à la transition écologique et énergétique, pas seulement en
matière de décarbonation, mais sur plusieurs aspects des bâtiments et de la
construction.
L'intervention du CQDE aujourd'hui
s'inscrit vraiment dans la même ligne que plusieurs intervenants qui m'ont
précédée. C'est ce qu'on a constaté dans les derniers jours. C'est ce qui
arrive quand on passe à la fin de la période de consultations. Donc, je vais en
quelque sorte récapituler puis ajouter la voix de notre organisme, qui est
davantage juridique, à la demande de modifier le projet de loi pour permettre
la contribution des municipalités.
En fait, j'aimerais préciser qu'on a
beaucoup parlé au cours des derniers jours d'autonomie ou d'indépendance des
municipalités, mais j'aime beaucoup utiliser le terme «contribution», parce que
c'est ce qu'on souhaite promouvoir vraiment, c'est la participation des
municipalités à la transition écologique et énergétique.
Les recommandations du CQDE sont plutôt
simples, mais concernent des éléments importants du projet de loi, vous l'aurez
peut-être constaté à la lecture du mémoire. Donc, il s'agit de retirer les
articles 29 et 30 de la Loi sur la performance environnementale des bâtiments,
qui est introduite par l'article 1 du projet de loi, et de s'attaquer par la
même occasion à l'article 118.3.3 de la LQE de la même façon. Vous le savez, le
projet de loi n° 41 réutilise le même mécanisme que cet article, puis dans les
deux cas c'est vraiment dans le but de permettre aux municipalités d'adopter
des régimes qui sont plus ambitieux pour complémenter le régime provincial.
Dans les deux cas, les dispositions tant de la nouvelle loi que de la LQE
empêchent les municipalités d'adopter un règlement sur le même objet que la loi
ou un règlement de la province, et ce, peu importe lequel est le plus sévère et
peu importe lequel a été adopté en premier, et ce n'est pas nouveau que
plusieurs acteurs du milieu municipal, entre autres la FQM et l'UMQ, critiquent
cet article 118.3.3 de la LQE, parce qu'il constitue un frein à l'action
municipale.
Pour comprendre qu'est-ce que ça implique,
nos recommandations, c'est pertinent de comprendre le régime juridique qui encadre
les pouvoirs des municipalités qui prévaudrait en l'absence de l'article 29, 30
de la loi... de la nouvelle loi et en l'absence de 118.3.3 de la LQE. Il s'agit
principalement de l'article 193 de la Loi sur le bâtiment — plusieurs
en ont parlé aussi dans les derniers jours — et de l'article 3 de la
Loi sur les compétences municipales. Donc, en ce moment, avec le régime actuel
avant le projet de loi, lorsqu'une municipalité souhaite adopter un règlement
de construction, elle peut réglementer sur les mêmes matières que la Régie du
bâtiment à condition de le faire de manière plus stricte que le contenu du code
de construction établi par la régie. Donc, ce code de construction, c'est
vraiment une source de normes minimales.
Puis, ensuite, tant pour les règlements de
construction que les règlements d'urbanisme ou d'autres plus largement en lien
avec l'environnement des municipalités, la contrainte fondamentale, c'est celle
d'être conciliables avec les lois et règlements de la province. C'est un terme
qui est important. C'est quoi, être conciliable? Bien, les tribunaux ont
souvent eu à interpréter cet article de loi dans les 20 dernières années, puis
la réponse est assez simple, je vous dirais : pour que deux textes de loi
soient inconciliables, il doit être impossible de se conformer aux deux à la
fois. Puis les tribunaux ont aussi confirmé que pour être conciliable, un
règlement ne peut pas permettre quelque chose qui est... un règlement municipal
ne peut pas permettre quelque chose qui est prohibé par la province, sinon ça
serait aussi une source de caractère inconciliable.
Donc, je rappelle aussi que, quand
l'article 3 de la Loi sur les compétences municipales — donc, cette
règle de base — a été adopté en 2004, l'intention, c'était, et je
cite quelques passages, là, de jugements et du projet de loi initial,
«d'accorder aux municipalités de la marge de manœuvre», «d'exercer efficacement
la plénitude de leurs compétences» et même «de pouvoir répondre aux besoins
évolutifs de leur population sans devoir faire appel constamment à
l'intervention du gouvernement provincial».
Donc, en bref, si on retire 118.3.3 de la
LQE et si on retire 29 et 30 de la Loi sur la performance environnementale des
bâtiments, on revient au cadre initial où les municipalités peuvent
complémenter les mesures qui sont mises en place par la province. C'est...
Mme Cloutier (Camille) : ...selon
nous, ce qui serait souhaitable pour permettre aux municipalités d'aller plus
loin que ce que peut ou veut faire le gouvernement du Québec, en considérant
notamment qu'à l'échelle locale les municipalités peuvent bénéficier d'un appui
particulier de leur population locale. Au CQDE, d'ailleurs, on est témoins, là,
au quotidien, d'initiatives innovantes puis de mobilisation des citoyens, mais
aussi des élus municipaux pour s'attaquer à la crise climatique.
Bien sûr, la concertation entre tous les
niveaux de gouvernement, c'est essentiel. On en a parlé beaucoup dans les
dernières heures et derniers jours. Il faut tenir compte des réalités énergétiques,
agir de manière cohérente, mais la solution n'est pas d'empêcher l'innovation
régionale, municipale, et de freiner les municipalités dans l'ensemble de leurs
initiatives. Les articles 29 et 30 de la nouvelle loi sont problématiques parce
qu'ils ne permettent pas cette complémentarité et cette innovation, puis ils
sont surtout problématiques parce que, non seulement ils empêcheraient ou, du
moins, freineraient l'adoption de nouveaux règlements municipaux, mais ils
risquent aussi de rendre inopérants ou, du moins, de remettre en question des
règlements qui existent déjà, qui fonctionnent et qui sont respectés dans
plusieurs municipalités du Québec. Je souligne que, si une municipalité
considère qu'elle doit aller plus loin qu'une norme provinciale, c'est souvent
parce que la norme provinciale est insuffisante. Puis ce que je veux dire par
là, c'est que, si les règlements qui sont adoptés en vertu de la nouvelle loi
dont on discute aujourd'hui sont ambitieux, permettent de répondre à la crise
climatique et atteindre les cibles de réduction de GES, bien, les municipalités
ne devraient pas avoir à se rendre jusqu'à adopter des règlements différents et
à porter le fardeau administratif et même parfois judiciaire qui vient avec.
Dans les derniers jours, évidemment, on a
beaucoup parlé de décarbonation, de gaz naturel, c'est un enjeu majeur, mais
comme l'ont souligné d'autres avant moi, la performance environnementale des
bâtiments, ça ne concerne pas uniquement le type d'énergie utilisée, mais aussi
toutes sortes d'autres caractéristiques. On peut penser à des normes de
construction écologique, que certaines municipalités à travers le Québec ont
adoptées, là, parfois il y a plus de 10 ans, qui pourraient être remises en
question.
Plus précisément, je termine là-dessus,
sur le mécanisme d'approbation par le ministre, qui est l'exception à
l'interdiction, bien, on considère que ce n'est pas une solution qui va
vraiment venir mitiger les effets négatifs de l'article 29, parce que, d'abord,
c'est un fardeau administratif pour tous les acteurs impliqués, qui va
s'appliquer aussi à des règlements déjà adoptés depuis longtemps, puis
l'information qu'on a jusqu'à maintenant, le retour d'expérience, sur l'article
analogue qui est à la LQE, c'est que, non seulement c'est lourd pour les
municipalités et le ministère, mais ça a également un faible taux de succès et
un effet dissuasif sur l'ambition municipale.
Donc, pour conclure, ce qu'on recommande,
c'est que le gouvernement établisse des normes minimales, et on vous invite
évidemment à être ambitieux sur ce point-là, là, sur le choix des normes
minimales. Merci pour votre écoute. Je vais être prête pour vos questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Me Cloutier, pour votre exposé. Nous allons commencer les échanges avec la
partie gouvernementale. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci d'être avec nous cet après-midi. C'est toujours un plaisir
d'entendre le point de vue du Centre québécois du droit en environnement.
Peut-être vous mentionner, j'ai plusieurs collègues déjà qui m'ont partagé leur
souhait d'échanger aussi avec vous, donc je vais y aller d'un commentaire, dans
un premier temps, vous aurez naturellement la possibilité d'y répondre par la
suite.
Concernant le plafonnement de l'ambition,
c'est l'expression que vous avez retenue, en introduction, bien, peut-être vous
mentionner que ce n'est nullement notre intention de plafonner l'ambition. Je
ne sais pas si vous avez eu l'occasion de suivre l'échange avec l'UMQ et la FQM
sur cette question-là. Il y a une crainte légitime par rapport à la formulation
actuelle, dans le projet de loi, et on s'est déjà entendu avec l'UMQ et la FQM
qu'au moment de l'étude article par article on va vraisemblablement apporter
des modifications pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. On ne veut pas
plafonner l'ambition des municipalités, bien au contraire, encore moins comme
ministre de l'Environnement. L'élément que l'on veut baliser, et, encore là,
l'UMQ et la FQM. est d'accord, c'est tout ce qui est en lien avec
l'approvisionnement énergétique et la sécurité énergétique. Donc, il y aura
vraisemblablement des amendements de proposés à ce moment-là.
• (15 heures) •
Donc, tous les autres champs pour lesquels
les municipalités souhaitent agir, on nous parlait, là, de d'autres exemples
qui n'étaient pas en lien du tout avec le bâtiment, le projet de loi actuel ne
freinera pas cet élan-là, mais, pour le volet énergétique, c'est un réel, réel
enjeu, et les municipalités reconnaissaient elles-mêmes qu'elles n'avaient pas
l'expertise pour prendre la mesure de l'impact de ce qu'elles souhaiteraient
mettre en place dans certains cas. Hydro-Québec est venue nous dire, avant ou
après, je ne me souviens plus quelle était la séquence, mais que, dans le cas
qui a été médiatisé ces derniers jours, celui de Saint-Bruno, par exemple,
Hydro...
15 h (version non révisée)
M. Charette : ...Québec a la
capacité de répondre à ce projet-là. Ils souhaitent même collaborer avec la
municipalité. Ce qu'Hydro-Québec dit par contre, il faudrait que la
municipalité, dans son projet d'écoquartier, inclue telle, telle, telle mesure
pour nous aider à maximiser le potentiel énergétique ou sinon réduire le
recours à l'énergie. Donc, c'est dans ce sens-là qu'il y aura dorénavant une
plus grande collaboration entre les villes, le gouvernement du Québec, Hydro-Québec
aussi, les fournisseurs d'énergie pour s'assurer qu'on opte pour le scénario
optimal et certainement pas plafonner l'ambition. Donc, c'est la petite mise au
point que je souhaitais réitérer auprès de vous. Vous avez la possibilité de
commenter, sinon j'ai effectivement plusieurs collègues qui souhaiteraient
interagir avec vous. Et si on... on devait s'arrêter là. Encore une fois, merci
pour votre présence cet après-midi.
Mme Cloutier (Camille) : ...
M. Charette : Votre micro.
Mme Cloutier (Camille) : Oui,
bien sûr. Merci, M. le ministre. Je vais rajouter un petit quelque chose, là,
mais je prendrai les autres questions avec plaisir. D'abord, sur la question de
sécurité énergétique. Bon, on n'est pas certain de la causalité nécessairement
entre chaque action municipale et cet enjeu là de précarité énergétique. On a
entendu tout plein d'experts dans les derniers jours. Entre autres, M. Finet
tout récemment dit que ce n'était pas une fatalité, là, cet enjeu de sécurité
énergétique et que les municipalités pouvaient faire au contraire partie de la
solution. Mais je suis tout à fait d'accord avec vous que la concertation est
essentielle, puis que... on est content d'entendre que les municipalités et le
gouvernement vont être en discussion pour des amendements à adopter au projet
de loi... aux articles 29 et 30. Donc, on est content de l'entendre. On
souhaite s'assurer toutefois que ça va vraiment laisser place à certaines
innovations dans toutes les matières de performance environnementale du bâtiment,
y compris la décarbonation.
M. Charette : Juste une
petite minute avant de céder la parole. Vous dites: Vous n'êtes pas certaine de
la finalité, mais vous devez comprendre que, comme gouvernement, nous, on doit
être certain de la finalité avant... C'est la raison pour laquelle cet espace
de collaboration là devient nécessaire. Et si vous avez écouté l'échange avec
M. Finet, et je pense que c'était Sortons le gaz!, hier, ou un autre
groupe, je ne me souviens plus, les villes, dans certains cas, voulaient
effectivement restreindre le recours au gaz. Et, a priori, on n'est
certainement pas contre, mais ce qu'Hydro-Québec souhaite, et c'est notamment
le cas avec l'exemple de Saint-Bruno, c'est qu'il y ait aussi des conditions de
mitigation qui soient ajoutées, que ce soit à travers accumulateur de chaleur,
M. Finet parlait de système îlot qui était financé par Prévost ou autres.
Donc, sortir le gaz, on y est, mais si on est 100 % hydroélectrique ou
énergie verte, ce qui est le souhait ultimement, on peut rendre la démarche
encore plus optimale s'il y a des mesures de mitigation pour la pointe
notamment, et qui aide à maximiser le potentiel énergétique.
C'est la position, là, qui est la nôtre et
qui semble partagée, là, avec les municipalités également. Donc, pour ne pas me
faire reprocher de prendre trop de temps auprès de mes collègues, cette fois-ci,
c'est vrai, je leur laisse la parole. Et, encore une fois, merci pour votre
présence.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup. Bonjour, Mme Cloutier. Concernant le rôle des municipalités,
parce que j'ai lu dans votre mémoire que vous voyez vraiment le rôle du
ministère de l'Environnement et du ministre lui-même comme chef d'orchestre de
la lutte climatique. Comment vous arrimez ça avec la volonté que chaque
municipalité puisse réglementer de manière différente à ce sujet là, au niveau
de la performance... plus particulièrement?
Mme Cloutier (Camille) : Oui.
Bien, c'est sûr qu'il y a toute une préoccupation pour une certaine simplicité
ou cohérence dans tout ça, mais on est d'avis qu'il faut favoriser l'émergence
de solutions un petit peu plus innovantes quand la population locale est prête
à ça. On peut penser à l'exemple du chauffage au bois. C'est normal qu'une
ville comme Montréal soit prête à aller plus loin plutôt qu'un village de
région éloignée, par exemple. Donc, il faut permettre cette modulation là de la
mise en place de nouvelles mesures. Puis le rôle du gouvernement du Québec et
du ministère de l'Environnement, bien, c'est d'aller fixer des normes
minimales. Puis, évidemment, le gouvernement du Québec a cette vision d'ensemble,
cette compréhension de la situation énergétique qui lui permet d'aller fixer un
plancher. C'est comme ça qu'on le voit.
Mme Bogemans : Super. Puis je
vous amène de l'autre côté du spectre. Pour les municipalités, justement, qui
ne...
Mme Bogemans : ...ne voient
pas la lutte au changement climatique comme étant quelque chose de leur ressort
ou qu'ils ne le considèrent pas comme une priorité. Quel genre de mesures vous
pensez qu'on devrait mettre de l'argent pour les emmener avec nous dans cette
marche-là?
Mme Cloutier (Camille) : Oui.
Bien, c'est sûr qu'au niveau du choix des mesures techniques, lesquelles mettre
en premier, combien ça va coûter, ce n'est vraiment pas notre expertise, puis
j'ai entendu tout plein d'intervenants au cours des derniers jours qui ont
amené des très bonnes idées, puis je suis sûre qu'il y en a aussi au sein du
ministère. Cela dit, l'établissement de normes minimales par la province va
nous assurer d'aussi tirer vers le haut ou tirer vers l'avant les municipalités
qui... qui considèrent moins que c'est leur priorité, là, d'agir dans la lutte
aux changements climatiques. Donc, c'est pour ça qu'on salue de base, là,
l'initiative d'avoir ce projet de loi là puis de venir réglementer sur le
sujet, tout à fait.
Mme Bogemans : Parfait.
Avez-vous des suggestions pour nous, par exemple, pour les entrepreneurs qui
ont affaire avec deux municipalités... parce que, parfois, ils sont voisins,
puis c'est littéralement d'un opposé à l'autre, là. Comment bien, dans le fond,
respecter leur droit de travailler puis les standards qu'ils doivent mettre de
l'avant?
Mme Cloutier (Camille) : Je
ne sais pas si la réponse va vous satisfaire en mesure de... en matière de
considération de la réalité concrète sur le terrain, mais objectivement, avec
un pas de recul, tant mieux si on favorise des entrepreneurs, des entreprises,
des industries qui vont respecter les plus hauts standards, donc qui va
respecter les standards de la municipalité avec les standards les plus élevés.
C'est ce qui est souhaitable, d'après nous.
Mme Bogemans : Donc, dans le
fond, l'entrepreneur devrait toujours suivre les standards les plus élevés.
Comme ça, il n'y aurait pas de problème. C'est ça, la suggestion, finalement,
si je comprends bien?
Mme Cloutier (Camille) : C'est
ce qui aurait l'impact le plus positif pour tout le monde, là, mais c'est sûr
qu'il y a des nuances sur le terrain. Je comprends bien.
Mme Bogemans : Puis en termes
de technologie qu'on peut mettre de l'avant pour arriver à avoir une empreinte
la moins élevée possible, avez vous certaines actions, certaines technologies,
justement, à mettre de l'avant en priorité?
Mme Cloutier (Camille) : On
n'a pas ce rôle-là. On considère vraiment qu'il y a tout plein d'autres
organismes, d'autres experts qui vont venir vraiment proposer des solutions
plus concrètes en termes des énergies à prioriser. Reste que la sortie du gaz
naturel, l'élimination des combustibles fossiles, il n'y a pas de débat là
dessus. Il faut s'en sortir, s'en sevrer à terme, là. Après ça, le débat, c'est
plus sur la vitesse, quelle étape prendre en premier, mais on l'a bien vu dans
l'analyse d'impact réglementaire, les cibles de réduction de GES du Plan pour
une économie verte ne sont pas en voie d'être rencontrées, puis même avec le
projet de loi. C'est un scénario hypothétique. Ça fait qu'on ne sait pas s'ils
vont être rencontrés. Ça fait que c'est pour ça qu'il faut vraiment favoriser,
là, toutes ces idées là nouvelles. Nous, notre rôle, c'est de suggérer le
cadre, mais pas de suggérer les technologies en particulier. Mais il y en a
plusieurs, on en a entendu plusieurs dans les derniers jours. Ça fait que ça,
on n'en doute pas.
Mme Bogemans : Puis d'abord,
dans la démocratisation de ces technologies-là, avez-vous des idées ou des suggestions
à nous faire? Pas nécessairement tant qu'à la technologie à utiliser, mais pour
que le plus de personnes possible y aient accès. Est-ce que vous avez des
idées?
Mme Cloutier (Camille) : C'est
une bonne question. C'est sûr qu'au CQDE, une de nos priorités, ça reste la
participation du public dans les décisions qui vont avoir un impact sur
l'avenir, là, sur entre autres la transition énergétique. Ça fait que dès que
les municipalités peuvent mettre en place des consultations publiques, on parle
à l'échelle municipale, mais à toutes les échelles, de permettre vraiment à la
population de participer aux décisions, c'est vraiment un facteur important. On
peut même voir ça à beaucoup plus grande échelle, de réfléchir à l'avenir
énergétique du Québec en faisant participer la population, en permettant des
forums où tous pourront venir s'exprimer, là, parce qu'il y aura tout plein de
décisions à prendre dans les prochaines années, ça, c'est sûr.
Mme Bogemans : Parfait. Puis,
en même temps, au niveau de la population, vous avez bien répondu à la
question, mais pour les faire participer puis pour mobiliser aussi les
propriétaires résidentiels, pour être capables de faire une masse critique,
avez-vous une idée de quelles seraient les plateformes où ils pourraient
s'exprimer, lesquelles on pourrait les faire s'exprimer? Parce qu'une
commission parlementaire comme aujourd'hui, c'est un petit peu ça, l'objectif.
• (15 h 10) •
Mme Cloutier (Camille) : Je
vous dirais qu'il y a tout plein de choses qui sont déjà en place, qu'on pourra
exploiter davantage, des coalitions citoyennes, des réseaux. Il y a vraiment...
Puis au CQDE, vous avez raison de me poser la question, dans le sens qu'on est
bien placé pour avoir un lien avec le milieu citoyen, avec les organismes
environnementaux, avec les municipalités. Puis on sait qu'il y a tout plein
déjà d'échanges entre eux. Ça fait qu'il y a vraiment moyen d'utiliser ces
canaux-là et de propager l'information, de les encourager à participer. On a
vu...
Mme Cloutier (Camille) : ...entre
autres, l'été dernier, une forte mobilisation citoyenne sur un sujet qui avait
l'air super technique, le projet de loi n° 22 sur
l'expropriation. Et pourtant, il y a des citoyens, citoyennes qui se sont
sentis interpellés par la question, qui ont compris les enjeux
environnementaux, juridiques et qui se sont impliqués. Ça fait que c'est
possible de le faire, là, quand on laisse vraiment une porte ouverte pour la
participation du public.
Mme Bogemans : Parfait. Puis
ensuite, dans le mémoire sur le projet de loi n° 44,
vous disiez que la CQDE a souligné l'importance de responsabiliser le
gouvernement dans les actions face à la crise climatique. Puis je voulais
savoir si la cote qu'on met de l'avant pour le bâtiment répond à vos attentes
concernant ce point-là.
Mme Cloutier (Camille) : L'idée
de mettre une cote nous paraît être une option intéressante. Après ça, pour
tous les aspects plus techniques, ce n'est vraiment pas quelque chose sur
lequel on va se prononcer. Je suis désolée de ne pas pouvoir répondre à toutes
vos questions, là. J'aimerais être aussi experte en énergie, mais ce n'est pas
le cas.
Mme Bogemans : Bien, il n'y a
pas de problème. Et si on continu juste un peu sur la cote parce qu'on parle de
domaines, dans le fond, qu'ils doivent finalement coter ultimement, là,
trouvez-vous que les domaines qu'on met de l'avant font du sens? Est-ce que
vous mettriez ça plus large, par exemple?
Mme Cloutier (Camille) : Peut
être que ça me prendrait une deuxième analyse du projet de loi, mais ce que
j'ai particulièrement apprécié à ma lecture de la version actuelle, c'est que
l'article 1 qui définit la performance environnementale va vraiment
ratisser large. Je sais que l'OIQ, entre autres, dans son mémoire, parlait de
considérer le cycle de vie des matériaux. Il y a toutes sortes d'éléments qui
pourraient être intégrés dans la réflexion, mais la définition qui est à
l'article 1 est super large puis permet vraiment au gouvernement ou au
ministre, là, d'aller encadrer de nombreux aspects du bâtiment. Mais c'est pour
ça qu'on était justement inquiets. Vu que la définition est si large, bien ça
risque beaucoup d'interagir avec les règlements des municipalités qui,
justement, couvrent un peu tous ces aspects-là. C'est pour ça que c'est
vraiment cet élément-là qui nous a appelés à intervenir, là, pour s'assurer que
l'on va de l'avant. Voilà, ça serait ce que j'ai à dire pour l'instant.
Mme Bogemans : Bien,
pensez-vous, en termes de mobilisation citoyenne, puis d'échange, finalement,
puis de participation, là, des gens par rapport à la responsabilisation aussi
et citoyenne face à nos bâtiments, trouvez-vous que la cote est un moyen de
susciter de l'intérêt?
Mme Cloutier (Camille) : Je
l'ignore, mais je pense que dès qu'on va toucher les propriétaires de
bâtiments, ça reste que ça va interpeller les gens, ils vont se sentir
concernés par le projet de loi. Ça fait que, oui, il y a moyen d'aller
interpeller les citoyens et citoyennes qui, peut-être, ne l'auraient pas été
autrement. Après ça, comment la cote va être mise en œuvre? Comment ça va
être... À quel bâtiment ça va s'appliquer aussi, là? C'est sûr que, si on vise
les grands bâtiments en premier, ça risque peut-être moins de toucher la
population générale. Ça fait que, est-ce qu'on en veut aller réglementer la
performance environnementale, la cote, mais aussi d'autres façons, là, on parle
de normes de performance? Plus on va vite vers les petits bâtiments, les
bâtiments résidentiels... plus vite on va toucher à tous les types de
bâtiments, plus vite la population va se sentir interpellée, là, je pense.
Mme Bogemans : Donc, ça fait
bien du sens. Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Jacques) : Une
minute précisément.
Mme Bogemans : Une minute,
tout simplement. Donc, ce sera simple. Mais je voulais savoir, au niveau du
plafond que vous disiez qu'on instaurait, il y a une mesure particulière où
vous aimeriez nous voir agir pour être capables de le rehausser ou répondre à
vos attentes?
Mme Cloutier (Camille) : Oui.
Bien, en fait, j'ai eu quand même l'impression que le ministre réagissait, là,
sur ce point-là en termes de modification des articles 29 et 30 de la loi
qui est instaurée par l'article 1 du projet de loi. Ce qu'on propose,
c'est de ne pas fixer un plafond, finalement, c'est de fixer un plancher plutôt
qu'un plafond. Donc, en modifiant ou en retirant ces articles-là, on va
vraiment permettre aux municipalités de devoir se conformer aux normes, mais de
pouvoir proposer quelque chose de plus ambitieux.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine les échanges avec la partie gouvernementale. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Et merci, Me Cloutier, pour votre présentation et le mémoire.
C'était fort intéressant. J'aimerais d'abord peut-être continuer un peu sur la
conversation que vous aviez juste précédemment concernant la large définition
de performance environnementale, là. Vous en faites état, je crois que c'est à
la page 12 du mémoire, si je ne me trompe pas. Et là... Et vous avez dit,
dans le fond, que... Tout à l'heure, là, verbalement, vous avez dit que ça peut
laisser la place, donc, au gouvernement de légiférer sur bien des choses dans
le cadre du p.l...
Mme Dufour : ...mais ça
pourrait aussi laisser la place à légiférer peu de choses. Parce que ce n'est
pas précisé, tout se ferait par règlement, donc je voulais le souligner. Mais
j'aurais aimé vous entendre sur... sur la définition que d'autres groupes nous
ont parlé. Ils nous ont fait état que performance environnementale, souvent ça
va beaucoup plus large que ce qu'on semble vouloir... l'esprit de la loi qu'ici
on regarde, qui semble plutôt parler de performance énergétique plutôt que la
performance environnementale, qui pourrait couvrir la gestion des eaux par
exemple... est beaucoup plus large. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Cloutier (Camille) : Oui.
Bien, c'est un sujet super intéressant parce que tout ce qui va être adopté en
vertu de la loi découle un peu de cette définition-là. D'abord, l'aspect
positif de la définition, comme je l'ai dit, c'est qu'elle ne restreint pas la
performance environnementale à l'efficacité énergétique, même si c'est ce qu'on
en comprend un petit peu. On dit vraiment dans l'article, là, je l'ai devant
les yeux : La performance environnementale s'entend de caractéristiques
d'un bâtiment qui ont un impact sur l'environnement, notamment son empreinte
carbone, l'énergie qui est utilisée... puis on va jusqu'à dire : Les
équipements favorisant la mobilité durable. Ça fait qu'on se permet vraiment
d'aller loin, ce qui est positif puis qui démontre une considération de la lutte
au changement climatique et de l'action environnementale plus large que
seulement énergétique.
Par contre, c'est toujours souhaitable
d'avoir des articles de loi précis qui vont venir établir des obligations
claires ou un cadre clair pour la suite. Donc, s'il y a une définition qui
correspond plus clairement à ce que le ministre... pardon, l'Assemblée
nationale, souhaite légiférer, c'est... ça pourrait être positif aussi. Par
contre, je trouve ça... on trouve ça positif, là, qu'il y ait une certaine considération
plus large de tous les impacts environnementaux que peut avoir un bâtiment,
dans la mesure où on laisse les municipalités aussi, là, continuer d'innover
là-dessus.
Mme Dufour : Effectivement.
Par contre, quand on regarde les articles du projet de loi par la suite, on a
peu de référence à autre chose que l'énergie, je le souligne, et peut-être les
GES. Mais le fait que ce soit justement par règlement plutôt que dans la loi,
pratiquement tout, là, passerait par règlement. Est-ce que ça, c'est quelque
chose qui vous préoccupe ou vous êtes à l'aise avec cette façon de faire là?
Mme Cloutier (Camille) : Disons
que ce n'est pas la première fois qu'on voit des lois qui vont s'appuyer sur
plusieurs règlements. C'est sûr qu'il y a une certaine préoccupation par
rapport à ça, parce qu'on ne peut pas s'en tenir seulement à l'intention
actuellement. Parfois, on va voir des très longs délais avant que le règlement
soit adopté, particulièrement quand la loi n'établit pas un échéancier clair.
L'intention, aussi louable soit-elle, qu'on va retrouver dans un projet de loi
adopté par l'Assemblée nationale, n'a qu'une valeur de principe tant qu'on ne
la met pas en œuvre. Puis je me permets de faire un lien avec un autre dossier
qui nous préoccupe beaucoup... celle du registre d'information
environnementale. Donc, ça avait été adopté dans le projet de loi il y a six
ans et même plus maintenant, puis, pourtant, il n'y a pas eu de mise en œuvre
de règlements, de... Donc, évidemment, là, ça serait souhaitable qu'on voie un
échéancier plus clair, des étapes plus définies pour vraiment assurer que ça...
c'est mis en œuvre rapidement.
Mme Dufour : Donc, vous avez
dit le registre environnemental... Vous avez dit : Il a été... Ça a été
passé il y a six ans, c'est ça que vous avez dit?
Mme Cloutier (Camille) : Oui.
En mars 2018, si je... si je ne me trompe pas.
Mme Dufour : Parfait. On va
faire des petites vérifications parce que je suis nouvellement porte-parole des
dossiers en environnement, donc je prends connaissance. Et le fait qu'il n'y
ait pas de cible non plus dans le projet de loi, est-ce que c'est quelque chose
que... que vous auriez souhaité voir ou est-ce que c'est quelque chose qui se
fait ailleurs aussi?
Mme Cloutier (Camille) : Oui,
on aurait souhaité voir des cibles et on parle entre autres dans l'analyse
d'impact réglementaire des cibles du Plan pour une économie verte, donc je
pense que c'est un peu ça qui est en trame de fond. Mais on serait très
favorable à l'idée que des cibles de réduction de GES ou des cibles de
performance environnementale des bâtiments soient fixées dès maintenant, pour
autant qu'elles soient ambitieuses, là.
• (15 h 20) •
Mme Dufour : Parfait. Merci.
Peut-être j'aimerais vous entendre maintenant sur un élément que vous avez
effleuré, là. C'est la page 13 de votre mémoire, mais plusieurs autres
groupes nous en ont parlé plus en détail. C'est le fait qu'on retire, dans le
fond, l'efficacité énergétique de la Régie du bâtiment du Québec, en fait... du
code...
Mme Dufour : ...construction
et ce serait plutôt transféré vers un code du bâtiment durable qui, lui, serait
sous la responsabilité du ministère de l'Environnement. Plusieurs groupes nous
ont fait part du risque qu'ils entrevoient, là, qu'il y ait certaines
incohérences entre les deux, du fait qu'ils sont habitués de travailler avec
une bible, qu'ils ne veulent pas avoir deux bibles, que si... que c'est ça. Le
fait qu'il pourrait avoir des incohérences, je pense, c'était ce qui
préoccupait le plus, là, ce n'était pas juste de les mettre les deux dans le
même cartable, mais vraiment qu'il y ait comme une connexion.
Donc, je voudrais peut-être vous entendre,
vous l'avez effleuré, mais vous n'en avez pas parlé. Mais comment vous le
voyez, vous, cet aspect-là? Est-ce que c'est quelque chose qui vous préoccupe
ou pas?
Mme Cloutier (Camille) : Bien,
je vous avouerais qu'au CQDE on est peu habitué de travailler avec la Loi sur
le bâtiment, ce n'est pas une loi... Et la Régie du bâtiment, ce n'est pas une
institution avec laquelle on est très familier. Donc, c'est sûr que tout ce que
les autres groupes qui sont familiers avec cette institution-là vous ont dit,
on va les écouter avec attention. C'est certain que l'ajout d'une autre bible,
si on veut l'appeler comme ça, le fait d'avoir un dédoublement d'un code de
construction, règlement de construction municipal, code de performance des
bâtiments ou code du bâtiment durable, peu importe comment on l'appelle, ça
peut venir complexifier davantage. Après, il y a peut-être des mesures à
prendre pour une certaine cohérence. Puis, je dirais, j'évoque juste un
doute, là, par rapport à la modification qui est proposée à l'article 173, on
propose de retirer le paragraphe 6, là, concernant l'efficacité énergétique.
Puis je sais que le ministre n'a pas la même interprétation que ça, mais je
soulève que ça pourrait être interprété comme un... O.K. Je recommence, là. Il
y a un groupe, ce matin ou dans les derniers jours, qui a évoqué l'idée que la
compétence de la Régie du bâtiment, par rapport au contenu du Code de
construction, était très largement exprimée dans l'article 173. Donc, le
retrait du paragraphe 6 ne changeait pas le fait qu'elle pourrait peut-être
réglementer sur l'efficacité énergétique. Je comprends que c'est une
interprétation qui pourrait être discutée, là, mais, quand même ça, ça peut
être mis en doute. Puis, même si le paragraphe 6 est retiré et qu'on ne parle
plus expressément d'efficacité énergétique, ça reste qu'il y a plusieurs normes
de construction partout, à travers le Code de construction, qui peuvent
indirectement toucher à la transition énergétique, là.
Mme Dufour : Oui, bien, c'est
exactement ça que des groupes nous mentionnaient. Mais comme avocat... comme
avocate, si vous aviez à regarder puis à plaider, puis voir des normes dans
deux codes distincts qui viennent se... dans le fond, être un peu en
compétition, est-ce que ça ne vient pas, là, laisser un certain flou qui qui
peut, disons, amener la jurisprudence un peu n'importe où.
Mme Cloutier (Camille) : C'est
certain qu'on est favorable à une plus grande cohérence, à regrouper le plus
possible les normes, puis à éviter de se perdre dans différents textes de loi,
différents règlements. En étant avocate dans le domaine, bien, dans le droit de
l'environnement, je vous dirais que c'est un problème qu'on retrouve dans tout
plein de domaines, là, le fait que c'est très complexe, ça se retrouver un peu
partout. On a même déjà évoqué l'idée de créer un code du droit de
l'environnement pour éviter que, justement, ça se reproduise comme ça. Donc, si
on peut éviter d'augmenter la complexité, tant mieux. Oui, c'est sûr, mais je
ne dirais pas... C'est pour ça qu'on n'a pas formulé de recommandations
vraiment définies, là, sur ce point-là, parce qu'on était moins familiers avec
le fonctionnement de la régie et son expertise. Mais elle a certainement une
expertise dans le domaine de la construction qui devra être développée au sein
du ministère pour pouvoir réglementer sur le domaine... sur le sujet.
Mme Dufour : Merci. Je
voudrais peut-être, maintenant, vous amener, pages 13, 14 de votre mémoire,
vous parlez, là, de, on en a parlé tout à l'heure, là, mais du pouvoir
municipal. Mais j'ai trouvé ça intéressant que vous parliez justement de
l'article 118.3.3 de la LQE, la Loi sur la qualité de l'environnement, et là
vous disiez... Bien, vous citez une analyse du ministère qui était chargée de
donner des approbations, en vertu de cette disposition, qui témoignait, il le
dit, je le cite : «Ce n'est pas nécessairement facile pour une
municipalité d'utiliser ce mécanisme qui est très exigeant.»
Et donc je voudrais peut-être vous
entendre davantage là-dessus, parce que c'est vrai que... bien, en tout cas, il
y a eu une... Moi, dans le passé, j'étais au municipal, puis on avait voulu
interdire, là, par exemple, les plastiques à usage unique. Il a fallu avoir un
avis juridique. Bon, c'était... c'était correct, parce que ce n'était pas
quelque chose qui était couvert à l'époque, là, dans une loi supérieure...
Mme Dufour : ...mais à chaque
fois les villes marchent sur des oeufs moyens, là, pour... pour... pour faire
ces démarches-là. Donc, qu'est-ce que vous voyez qui serait, comme, potentiel
qu'on pourrait avoir comme gain, si on retirait cet article-là, comme vous le
proposez?
Mme Cloutier (Camille) : Je
dirais que la même réflexion que pour les articles 29, 30 de la Loi sur la
performance environnementale des bâtiments, là, le même... le même raisonnement
s'applique à l'article 118.3.3. Est-ce qu'il y a d'autres mesures qui
seront nécessaires pour venir s'assurer de la cohérence, puis tout ça?
Peut-être, là, mais il faudrait vraiment permettre aux municipalités d'aller
plus loin, comme vous parlez des municipalités qui souhaitent réglementer
vraiment dans... en faveur de l'intérêt collectif de la protection de
l'environnement. Le... J'en parle justement puis j'en ai parlé un peu tout à
l'heure, le retrait de l'article 118.3.3 ne permet pas à une municipalité
d'adopter un règlement plus permissif que la province, ne permet pas non plus à
la municipalité d'adopter quelque chose de... un... mettons, un deuxième régime
d'autorisation qui viendrait vraiment rendre ça un labyrinthe, là, ça pourrait
peut-être être considéré inconciliable. Bref, le fait de devoir être
conciliable avec la province permet quand même un certain... un certain
encadrement des pouvoirs municipaux. Puis pour revenir sur les propos du
fonctionnaire, là, c'était dans le cadre de débats parlementaires, puisqu'on en...
ce qu'on en conclue, ce qui en ressort, c'est vraiment un effet dissuasif pour
les municipalités de se rendre jusqu'à demander l'approbation du ministère de
l'Environnement. Puis même avant ça, vous l'avez nommé, là, le fait d'avoir
l'article 118.3.3, qui est toujours là au-dessus de leur tête, ça... ça
peut être un effet dissuasif à la volonté de réglementer en environnement
point, là. Donc, pour nous, c'est vraiment un frein, puis les acteurs du milieu
municipal l'ont dit aussi.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Ceci
termine le bloc d'échanges avec l'opposition officielle. Je cède maintenant la
parole au deuxième groupe d'opposition, à Mme la députée de Verdun, pour quatre
minutes, 8.
Mme Zaga Mendez : Super.
Merci, M. le Président. Merci, Me Cloutier, pour votre exposé et mémoire, qui
sont très, très clairs. Je ne vais pas vous faire répéter votre positionnement
sur l'article 29,30. Tout à l'heure, on a eu aussi une explication sur
118.3.3. J'aimerais avoir votre avis sur des effets puis tout le processus de
réglementation municipale. J'imagine, lorsqu'une municipalité s'épanche sur une
question, que ce soit l'efficacité énergétique ou que ce soit
l'approvisionnement en gaz, ils font tout un processus d'étude avant de passer
à un règlement. Pouvez-vous nous en dire plus?
Mme Cloutier (Camille) : Oui.
Bien, c'est sûr que ça va dépendre des municipalités et des moyens dont ils
disposent, de l'objet qu'ils veulent réglementer. Mais si on prend un pas de
recul peut-être puis on s'intéresse à toutes les contraintes de... des pouvoirs
municipaux. Il y en a plusieurs, là, mais si on réfléchit à... au domaine de
l'environnement, il y a évidemment des contraintes constitutionnelles, là, donc
de ne pas réglementer un domaine qui va être fédéral. Puis ça a l'air simple,
là, mais juste ça, on ne peut pas toucher à la navigation. Dons, dès que ça
touche au plan d'eau, ça devient complexe. Ensuite, on va se demander si on est
conciliable avec les lois, les règlements de la province. Donc, tout ça, ça
demande quand même un examen de ce qui existe déjà au niveau provincial.
Puis ensuite, bien, dès que ça touche
l'environnement, il faut s'assurer qu'on ne touche pas le même objet qu'un
règlement ou une loi de... bien, un règlement ou la LQE, donc la LQE ou un de
ses règlements. Puis cet exercice-là n'est pas simple, parce qu'il n'y a pas un
guide qui dit : Voici l'objet exact qui est visé par chaque règlement,
chaque... puis chaque article de la LQE. Donc, il y a toujours une certaine
notion d'interprétation. Il y a de la jurisprudence sur cet article-là qui
dit... qui va venir examiner c'est quoi l'objet de telle loi, de tel règlement.
Donc, les municipalités sont toujours dans l'incertitude de... Est-ce que j'ai
vraiment le droit de faire ça? Est-ce que je vais me faire poursuivre? Est-ce
que... Donc, c'est un... tu sais, ce n'est pas souhaitable.
Mme Zaga Mendez : Donc,
j'imagine que le fait d'arriver après qu'une réglementation qui a fait tout le
cheminement, dont vous avez décrit, et après une autre réglementation qui
s'ajoute, quelles sont les conséquences? Puis on le sait, là, légalement, vous
l'avez expliqué, là, ça rend le règlement inopérant. Mais est-ce que la
municipalité a des recours ou c'est juste... simplement on vient de mettre à la
poubelle un travail énorme en termes de réglementation?
Mme Cloutier (Camille) : Je
veux juste être certaine de comprendre votre question.
Mme Zaga Mendez : Lorsqu'un...
Mme Cloutier (Camille) : Quand
vous dites : Il y a un autre règlement qui arrive, à quoi vous référez?
• (15 h 30) •
Mme Zaga Mendez : Qui
s'ajoute, par exemple, dans le cas qui nous concerne, là, qu'il va y avoir des
règlements, suivant l'article 29,30, qui viennent réglementer, que ce soit
l'efficacité énergétique ou l'approvisionnement d'une source énergétique.
Quelles sont les conséquences pour cette municipalité autre que... que le fait
que, bon, le règlement est inopérant?...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Zaga Mendez : ...mais
ce que j'imagine, c'est que ça vient mettre de côté tout un travail
réglementaire que vous venez de décrire.
Mme Cloutier (Camille) : Oui,
et surtout si le règlement est déjà adopté, là. Par exemple, j'imagine, c'est
un peu la situation à laquelle vous faites référence, donc à un règlement qui a
passé par tout ce processus-là, qui a été adopté, par exemple, l'année
dernière, et là, qui va être remis en question. C'est certain qu'on vient
mettre de côté non seulement tout le travail qui a été accompli, mais aussi
une... une adaptation de la population locale, de l'industrie, des
propriétaires, qui peut être déjà depuis deux ans, se conforme, là, à cette
réglementation-là.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Je ne sais pas si vous avez quelque chose d'autre à ajouter avec les quelques
secondes, voire minutes qui me restent.
Mme Cloutier (Camille) : Ça
fait le tour pour moi. Mais merci beaucoup. Merci pour votre écoute.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, et merci, Me Cloutier, pour votre contribution aux travaux de la
commission. Nous allons suspendre quelques instants, faire place à la prochaine
présentation.
Mme Cloutier (Camille) : Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M. Jacques) : Nous
sommes de retour. Je souhaite la bienvenue aux représentants de Vivre en ville.
Je sais que vous êtes des habitués. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi, nous procéderons à une période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et
commencer votre exposé.
M. Savard (Christian) : Merci.
Merci beaucoup. Merci à la commission de l'invitation. J'imagine que j'ai
atteint un objectif de carrière de me faire dire que je suis un habitué, ou
pas. Donc, je me présente, Christian Savard, directeur général de Vivre en
ville. Je suis accompagné par Élise Ménard, ingénieure et conseillère en
bâtiment durable chez nous, et de Samuel Pagé-Plouffe, directeur aux affaires
publiques.
Donc, on vient vous présenter de manière
générale notre mémoire et l'esprit de notre mémoire. Parce que, bon, on réussit
toujours à avoir beaucoup de choses à dire chez nous. Donc, c'est un mémoire de
35 pages, on ne pourra pas passer au travers, mais on va dire certaines
lignes, certaines lignes de force. D'abord, de manière générale, on accueille
favorablement le projet de loi. C'est très intéressant de voir le système de
cotation et les objectifs aussi, et les moyens qu'on se donne pour s'attaquer
au secteur du bâtiment. On dit toujours, en matière de lutte contre les gaz à
effet de serre, qu'il y a des choses plus difficiles puis qu'il y a des choses
plus faciles, les fameux fruits mûrs, «low hanging fruit». Le bâtiment en est
un. C'est un des secteurs qui bouscule le moins la population et où le Québec
est très... est vraiment très bien positionné pour en faire plus et atteindre
nos objectifs. Surtout que, bien, le cadre légal actuel est à adapter justement
pour pouvoir cueillir ce fruit-là, ce fruit mûr là.
Le constat du ministère est
particulièrement clair, là, le cadre légal actuel ne permet tout simplement pas
d'atteindre les cibles pour le secteur du bâtiment. On a fait certains efforts
en matière de programmes. Il y a eu des programmes, je pense, à écoperformance,
mais là, le Québec est rendu plus loin que les incitatifs, est rendu plus loin
que les programmes. On doit passer à l'étape légale pour accélérer la
transformation du secteur, parce que le secteur est prêt. Et un élément qui est
très, très important pour nous et, j'espère, qui transparaît dans le mémoire...
et on a vu qu'il y a aussi des intentions gouvernementales dans ce sens-là,
c'est qu'il faut être particulièrement... il faut être particulièrement, je
dirais, exigeant et mettre la barre au bon endroit pour le bâtiment neuf. On
comprend que réduire les gaz à effet de serre dans les bâtiments existants,
avec des... avec des systèmes qui sont déjà en place, y arriver rapidement peut
être plus difficile. Mais dans le bâtiment neuf, toutes les technologies, que
ce soit en matière d'efficacité énergétique, de systèmes mécaniques, sont
présents pour pouvoir faire des bâtiments qui ne nécessitent pas de gaz, qui ne
nécessitent pas d'être raccordés au réseau gazier. Et donc il va nous permettre
de dégager de la marge de manœuvre dans d'autres secteurs.
• (15 h 40) •
Donc, un message qu'on voulait passer,
c'est attention aux verrouillages carbone, l'importance de l'exemplarité dans
le bâtiment neuf nous apparaît particulièrement importante. Il ne faut pas
rater notre coup pour ça et pour les autres secteurs du bâtiment, bien, il nous
faudra une feuille de route. On en parlera un petit peu plus tard. Merci...
M. Savard (Christian) : ...je
passe la parole maintenant à ma collègue.
Mme Ménard (Élise) : Oui,
merci, Christian. Je vais prendre le temps de vous présenter quelques
recommandations plus spécifiques de notre mémoire. Donc, comme Christian l'a
dit, on accueille favorablement tant les volets, en fait, de divulgation, de
cotation, d'affichage et aussi d'établissement des normes de performance
environnementale. On a pris état du calendrier qui était proposé dans
l'analyse... l'analyse de risque à présenter avec le projet de loi... risque
réglementaire, pardon. On accueille favorablement les dates qui sont présentées
puis l'ambition de ce calendrier-là. Mais, d'entrée de jeu, on souhaite tout de
suite préciser qu'on aimerait qu'un... qu'il soit prévu un calendrier pour
élargir la cotation à l'ensemble des bâtiments et non seulement les grands
bâtiments.
Ensuite, une autre recommandation dont
j'aimerais vous parler, c'est la 14. On réfléchit à quand les... en fait,
lesdits règlements vont être... en fait, donc... bien, je reviens à... je reviens
sur mes pas, je suis désolée. On est conscients que c'est un projet de loi
habilitant. Donc, le ministre se donne de nouvelles responsabilités pour faire
des choses ensuite, mais, avant... avant... avant tout de même, en fait, de
rentrer dans ces détails-là, non seulement le calendrier, c'est un enjeu, mais
aussi lesdites normes puis le dysfonctionnement du système de cotation. On
croit que c'est important que ce soit coconstruit avec des acteurs du milieu
pour que ce soit à la fois cohérent et ambitieux puis on pense qu'au moment de
ces réflexions-là il faudrait que soient présentés une mise à jour puis un plan
détaillé des émissions de GES liées aux mesures qui vont être adoptées par la
réglementation à venir.
J'aimerais aussi... À la page 14, on propose...
c'est un peu pour englober tout ce qui vient dans la suite du mémoire, mais une
modification à l'article 1, donc l'article où la performance
environnementale est définie, elle est posée. Je vais vous lire, en précisant
les ajouts. Donc : «Au sens de la présente loi, la performance
environnementale s'entend de caractéristiques d'un bâtiment qui a un impact sur
l'environnement, notamment son empreinte carbone». On a ajouté «sur l'ensemble
de son cycle de vie»... Inte5... considérant que ce n'est pas que les émissions
durant l'opération du bâtiment qui sont à prendre en compte. Ensuite, je
continue : «...l'énergie qui est utilisée par ce bâtiment et le moment
auquel elle est utilisée, l'énergie produite par ce bâtiment ainsi que les
équipements». Et là, on a ajouté : «...et le choix d'un site favorisant la
mobilité durable de ses occupants». Référence à l'aménagement du territoire qui
est... ce n'est pas seulement les équipements du bâtiment, mais c'est plus...
nous, on le voit de façon plus large. Puis on a aussi, finalement, ajouté que
«la performance environnementale inclut également la résilience aux aléas
climatiques».
Pour revenir sur le point des nouveaux
bâtiments, on pense qu'il est... c'est incongru aujourd'hui de construire des
bâtiments qui seraient, oui, performants énergétiquement, mais qui n'auraient
pas... qui ne seraient pas capables de résister à ce qu'on s'attend pour le
climat dans les prochaines années. Sur ce, Samuel.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Merci,
merci, Élise. Je commencerais par vous parler un peu des articles 29 et
30. Vous en avez certainement entendu parler beaucoup lors des consultations
parlementaires. On s'appelle Vivre en ville. Donc, les pouvoirs des
municipalités, ça nous intéresse, évidemment. On comprend, d'une part, la
crainte du gouvernement. Qu'est-ce que se... que se crée un genre de mosaïque,
là, réglementaire sur le territoire. Et on pense aussi, bien qu'on a appuyé les
nombreuses municipalités qui ont réglementé, on pense aussi qu'il est
souhaitable que le gouvernement se... encadre, en fait, la sortie du gaz
naturel du bâtiment. Cela dit, on partage aussi franchement les inquiétudes,
notamment de l'Union des municipalités du Québec et du milieu municipal en
général, quant à l'exercice des pouvoirs municipaux en matière d'urbanisme, en
matière d'environnement.
Donc, clairement, pour nous, il y a, dans
la formulation actuelle, des deux... des deux articles, quelque chose à
modifier, en tout cas, pour clarifier l'intention gouvernementale. Et, bon, la
proposition qui est faite, là, de s'inspirer... du récent mécanisme créé dans
la Loi sur le bâtiment, là, l'article 193, la proposition de l'UMQ, on la
trouve... on la trouve bonne. Cela dit, pour Vivre en ville, on insiste sur
l'importance d'encourager même les initiatives, les initiatives locales, de
continuer à les encourager. Et, à cet égard-là, une idée, par exemple, on peut
regarder la ville de Candiac, qui a simultanément mis en place, avec sa
stratégie de décarbonation des bâtiments, des normes d'efficacité énergétique.
Donc, ce serait, par exemple, une stratégie qui permettrait à des municipalités
d'aller plus loin tout en tout en exerçant leur pouvoir, leur pouvoir
réglementaire. Merci, Christian, j'avais perdu mon chronomètre, j'apprécie
beaucoup.
Le second point que je voulais aborder...
Bon, concernant tout l'enjeu de... disons, de l'habitation, du développement...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : ...immobilier,
puis du fait d'ajouter des normes de transition énergétique, là, est-ce que ça
pourrait, par exemple, avoir comme conséquence de réduire les mises en
chantier? On comprend qu'il y a cette préoccupation-là. Cela dit, nous, ce
qu'on pense, c'est que la transition énergétique, transition écologique, et la
crise de l'habitation doivent être pensées ensemble. Il y a des synergies à
faire, et même qu'assurer une prévisibilité au marché immobilier, comme vous
allez le faire avec le projet de loi, c'est une manière, en fait de contribuer
à ce que les mises en chantier se fassent promptement... et qu'il y a tout un
bouquet de mesures, là, puis là on ne peut pas vous entretenir de ça ici, dans
le cadre du projet de loi no 41, qui doivent absolument être mises en place
pour accélérer les mises en chantier. Et, à cet égard-là, bien, on a plein de
propositions sur les questions d'aménagement, de zonage, puis le gouvernement
pourrait aller beaucoup plus loin, mais ce n'est pas exactement l'objet du
projet de loi.
Pour terminer, effectivement, un petit
point sur la question de l'aménagement du territoire. Vous savez, nous, à Vivre
en ville, on a beaucoup d'exemples de cas où l'efficacité énergétique d'un
bâtiment est utilisée pour faire un petit peu de l'écoblanchiment, hein, on
dit : Ah! le bâtiment, il est génial, donc on oublie qu'il est peut-être
construit sur un milieu naturel, une terre agricole, un mauvais endroit. Donc,
il faut vraiment réfléchir à comment le bâtiment fait partie d'un environnement
puis comment l'aménagement du territoire participe aussi à l'efficacité
énergétique des bâtiments, des bâtiments qui sont mitoyens par exemple, qui ont
peu de parois, qui ont des contacts avec l'extérieur, sont beaucoup plus
efficaces énergétiquement. Donc, pour réussir les objectifs du projet de loi,
il faut intégrer toutes les préoccupations d'aménagement du territoire.
Je vois qu'on est pas mal à 10 minutes, ce
serait tout pour notre présentation. On vous remercie de votre écoute.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Je cède donc la parole à la partie
gouvernementale, et à M. le ministre.
M. Charette : Merci, M. le
Président. C'est vrai que vous êtes des habitués. C'est un plaisir à chacune
des fois. Donc, merci d'être avec nous cet après-midi. Je ne sais pas si vous
avez suivi un petit peu le déroulement des travaux. J'aime bien y aller de
commentaires et de réponses à vos éléments, ce qui vous permet par la suite d'y
répondre et peut-être que ça me donne l'idée d'y aller d'une question ou deux
supplémentaires. Mais le but, c'est de partager le temps, et on sait déjà qui
va en manquer, parce que je sais que mes collègues veulent intervenir, donc je
ne retarderai pas trop de mon côté.
Donc, vous avez commencé d'entrée de jeu
en parlant d'élargir la cotation à l'ensemble des bâtiments. C'est vrai, dans
un premier temps, on veut y aller avec le plus grand bâtiment, pour ce qui est
du résidentiel de 25 logements et plus, mais vous confirmer que c'est notre
intention, à terme, de couvrir l'ensemble du bâtiment, mais il faut commencer
quelque part. Et on a eu plusieurs échanges intéressants sur des expériences
étrangères. On parle beaucoup, depuis quelques mois, de l'expérience française.
On a eu l'occasion avec autant M.... avec M. Pinault, hier, et, tout à l'heure,
M. Finet, d'échanger là-dessus. On ne veut pas reculer, on veut faire des
avancées, mais pour éviter de reculer, à terme, il faut y aller de façon
méthodique. Mais je vous confirme qu'on vise, à terme, les différents types de
bâtiments.
Au niveau des pouvoirs habilitants du
projet de loi, c'est vrai que ça peut être confondant, et on se taquine, à
l'occasion, entre collègues : lorsqu'on est dans l'opposition, on veut le
détail dans le projet de loi, puis, lorsqu'on est au gouvernement, on veut le
détail dans la réglementation. J'ai fait la même chose quand j'étais dans
l'opposition et je comprends aujourd'hui que c'est nécessaire de d'abord se
donner des pouvoirs habilitants pour produire la réglementation par la suite.
Et la réglementation nous permet ensuite d'agir avec plus d'agilité qu'un
projet de loi, mais je vous rassure, les pouvoirs habilitants, ils sont
nombreux.
Vous parliez de souhait qu'il y ait de la
co-construction pour préparer cette réglementation. Depuis cinq ans, c'est
l'approche que je retiens, comme titulaire du ministère. Donc, oui, il y aura
de la réglementation et, oui, il y aura de la co-construction avec les
organismes partenaires dont... vous en faites partie, naturellement, pour
s'assurer que la balle, lorsqu'elle sera mise au jeu, ait déjà une base
intéressante et, ensuite, ça devient une consultation publique en bonne et due
forme. Et peut-être vous confirmer ce que vous savez sans doute déjà, mais
chaque projet de règlement aurait... aura aussi son analyse d'impact
réglementaire pour voir quelle est la portée qu'on souhaite lui donner.
• (15 h 50) •
Vous parliez de l'importance d'évaluer la
performance énergétique d'un bâtiment sur l'ensemble de son cycle de vie. Il y
a des groupes avant vous qui parlaient nommément, là, de carbone intrinsèque...
M. Charette : ...aussi l'objectif
qui est le nôtre.
Vous allez avoir des références sur la
construction du bâtiment, puis on aura l'occasion sans doute d'en parler au
moment de l'étude article par article, mais, pour nous, c'est sa construction,
c'est son entretien et, ultimement, c'est son cycle entier, là, jusqu'à la fin
de vie du bâtiment. Hier, je pense que c'est le conseil en environnement, le
conseil patronal en environnement du Québec ou un autre groupe qui se
questionnait : Pourquoi il y a même une question de mobilité durable dans
le projet de loi? C'est qu'on veut, à terme, à travers notre réglementation
même, prévoir... Lorsqu'on parle de cycle de vie entier, un bâtiment avec tant
de logements et plus, c'est un non-sens, en 2024, par exemple, qu'il n'y a pas
d'obligation qu'il y ait de bornes de recharge. Si on sait que le bâtiment est
là pour minimalement 50 ans, prévoir qu'un bâtiment puisse, à quelques
années de la fin de la vente de véhicules thermiques, ne pas avoir de bornes de
recharge, c'est un non-sens. Et en milieu plus urbain, on peut se dire la même
chose pour une infrastructure, par exemple, de support de vélo, pour favoriser
le transport actif. Donc, c'est le type de pouvoir qu'on veut se donner à
travers le projet de loi.
Sinon, vous avez évoqué la possibilité,
même en termes d'adaptation, des normes régionales en climat futur. On se donne
le pouvoir, à travers le projet de loi, d'aller dans cette direction-là. Et non
pas un débat, mais une question qui est revenue de façon récurrente, la fameuse
préséance de la réglementation. Vous avez vu les témoignages, autant UMQ, FQM,
on parle d'une même voix, essentiellement. Et, oui, il y a eu des cas de
poursuite malheureux qui ont mis de la pression sur des municipalités qui ne
souhaitaient que bien faire, mais, en même temps, les municipalités réalisent
que l'expertise n'est pas chez elles pour déterminer l'impact de leurs propres
réglementations sur la disponibilité énergétique.
Donc, l'engagement qu'on a pris, autant
auprès d'Hydro-Québec, auprès des municipalités elles-mêmes, c'est qu'on va la
travailler ensemble, cette réglementation-là, et ce n'est pas pour freiner
l'élan des municipalités, parce qu'à travers ça, on veut réduire le recours au
gaz. Et ce sera majeur et ce sera une suite logique aux engagements qu'on a
déjà pris, mais ça doit se faire de façon concertée pour être sûr qu'on arrive
à nos objectifs. Et ce qu'on a réalisé auprès... à travers l'expérience des
municipalités, les municipalités qui, par exemple, voulaient réglementer
l'interdiction, exemple, du recours au gaz, souvent, dans leur interdiction, il
n'y avait pas d'ajout d'obligation de mesures de mitigation, par exemple, pour
faire face à la pointe, que ce soit des accumulateurs d'énergie et autres.
Donc, c'est le type d'élément, là, que l'on pourra discuter avec les
municipalités, avec Hydro-Québec également.
Donc, c'est les quelques commentaires que
je souhaitais apporter. Vous pouvez commenter à votre guise et, par la suite,
ce seront mes collègues qui vont prendre la relève.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Vous
nous avez dit beaucoup de choses intéressantes, M. le ministre. Merci. J'en ai
noté quelques-unes puis mes collègues pourront compléter. Bien, à différents
égards, notre réaction, c'est : Tant mieux. Tant mieux que l'ensemble des
bâtiments seront à terme concernés par tout le système et les normes qui seront
mises en place. À cet égard-là, on demande dans notre mémoire un échéancier. On
ne prétend pas avoir la réponse. Je ne crois pas que vous nous ayez donné de
réponse à cet égard précis sur à quel moment l'ensemble des bâtiments serait
concerné. Peut être que ça sera plutôt dans une prochaine itération du plan
pour une économie verte, mais, dans tous les cas, on pense que c'est
absolument, nécessaire que l'ensemble des bâtiments soient concernés, et de
spécifier quand même une intention, là, ça nous semble nécessaire.
Vous avez mentionné aussi qu'il y aura une
consultation en amont pour la mise en place du système puis des normes. Bon, on
sait, là, que quand des règlements sont publiés à la Gazette officielle,
il y a une consultation obligatoire, là, de 45 jours. Ce qu'on espère,
c'est quand même une consultation un peu plus approfondie, là, avec la société
civile et les experts indépendants. J'entendais que ça allait dans cette
perspective-là. Si vous pouvez préciser, ce serait apprécié. Que chaque
règlement soit soumis à une analyse d'impact réglementaire, bien, ça va de soi.
Ce que l'on souhaite, à ce moment-là, nous, c'est comme vous l'avez... comme ça
a été fait, puis c'est très intéressant, dans l'analyse d'impact réglementaire,
c'est qu'il y a des prévisions précises de réduction de gaz à effet de serre
pour chacun des règlements qui sont déposés, parce que, quand même, là, pour
l'instant, ce qu'on a, c'est assez large et relativement peu précis.
Peut-être un dernier commentaire, là,
sur...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : ...l'encadrement
qui a été annoncé pour la question du gaz naturel puis en particulier pour le
nouveau bâtiment, à cet égard-là, vous avez nommé que le milieu municipal sera
consulté et les distributeurs d'énergie. Nous, on verrait d'un bon oeil qu'une
expertise indépendante soit aussi impliquée. On a bien vu, là, au départ des
consultations sur le projet de loi que ça a été annoncé par voie de communiqué.
On aurait probablement des idées à vous soumettre. On en a souvent. Je crois
que mes collègues auraient probablement des éléments... Ça va? Voilà.
M. Charette : Pour le volet
co-création, il y a la consultation d'office, mais c'est certain qu'avant de
déposer un projet de règlement, on aura l'occasion, là, d'échanger là-dessus,
mais je veux réellement protéger le temps de parole de mes collègues. Donc,
encore une fois, merci. Et je vais céder le reste du temps de parole à mes
collègues.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Jacques) : il
reste 7 min 30 s.
Mme Grondin : Combien?
Le Président (M. Jacques) : 7 min 30 s.
Mme Grondin : 7 min 30 s.
Bonjour, Mme Ménard, messieurs. Petite question, en fait, puis je vais
laisser aussi mon collègue qui a aussi des belles questions. Ce qui me
préoccupe, vous êtes des habitués des... mais aussi en termes de thématiques
qui sont couvertes en termes de réflexion au niveau de l'environnement, la
grande question ici, là, après avoir entendu plusieurs organisations, dont moi,
je me pose, puis je suis intéressée à connaître un peu votre réflexion sur ça,
c'est : Comment réussir à conjuguer, O.K., une volonté, je pense qu'on
l'entend tous ici, là, la volonté de réaliser des objectifs ambitieux de
performance environnementale? Tu sais, on a entendu, à travers les
organisations : On pourrait y intégrer les... le carbone intrinsèque, on
pourrait parler de résilience aux aléas climatiques. Il y en a qui ont rajouté
la pollution atmosphérique, il y en a d'autres qui se sont dit : Mais en
termes d'aménagement du territoire, la localisation du bâtiment, que ça soit
sur une terre agricole, un milieu humide. Donc, vous, vous proposez peut-être
plus la mobilité durable. Donc, tu sais, ça s'arrête où? Dans le sens où tout
ça est super intéressant, je suis une des premières à porter ces genres de messages-là,
mais on a des défis qui sont emballants, on en a parlé, tu sais, on veut
élargir à des bâtiments existants, des bâtiments plus petits, on parle des
défis qui sont au niveau de la formation, l'expertise, l'accompagnement qui
n'est pas encore tout là, on a entendu des organisations qui nous ont
dit : Bah, il faut que la cotation soit crédible, elle doit faire son
travail d'être éprouvée, ce n'est pas... Donc, il y a tout un arrimage aussi
entre les différents codes. On a des municipalités qui souhaitent... qui sont
novatrices, mais il y a toute une question de s'assurer que cette mosaïque-là
se tient, est intégrée et cohérente. Donc, je vous rajoute plein de défis comme
ça. Ma question, puis là on n'a même pas parlé, parce que là on parle de bâtiments
existants, de bâtiments neufs, mais on n'a pas du tout parlé de la question de
la rénovation, ça fait que... Puis on le sait que des changements de
comportement puis des changements de pratiques, un des nerfs de la guerre,
c'est d'être réaliste et simple. Puis on l'a entendu par diverses
organisations, l'importance de la simplicité. Ça fait que comment on conjugue
ça, nos grandes ambitions versus il faut que les gens embarquent?
M. Savard (Christian) : Si je
peux me permettre, sur la dernière intervention, malheureusement pour certains
intervenants, simplicité veut dire statu quo, c'est souvent à ça qu'on entend,
il ne faut pas que ça soit compliqué.
• (16 heures) •
La meilleure chose qu'on peut faire, c'est
fort probablement la prévisibilité et... et une certaine co-construction et de
préparer le milieu. Je vous amènerais à l'expérience que Vivre en ville a
menée, notamment en collaboration... dans la région de Montréal. On est
coordonnateur du groupe de travail du Partenariat climat Montréal, donc on a
autour de la table des promoteurs immobiliers, des ingénieurs, des
universitaires, puis on a travaillé, on a été... on a été un peu le «focus
group» de la Ville de Montréal à travers son règlement qui a certains bouts,
hein, je pense, qui... Montréal, le système de cotation risque d'arriver un peu
plus vite, donc il y a ça aussi, hein, Montréal va un peu peut-être se casser
les dents sur certains des écueils, et on pourra après ça le...
16 h (version non révisée)
M. Savard (Christian) : ...l'ensemble
du Québec. Et ce qui est le plus important, c'est avoir de la prévisibilité sur
les dates. Et vous avez nommé de nombreux défis. Et la dernière recommandation
de ce groupe de travail là, là... on a émis un rapport, j'aurais peut-être dû l'amener,
là, et la principale recommandation, c'est avoir une feuille de route. Vous l'avez
nommé... plein d'éléments. Bien, ça, il faut faire ça en telle année, on va
prendre cette bouchée-là et, à la prochaine année, on prendra cette bouchée-là
dans une... dans... et de manière relativement prévisible. Vous le faites un
peu avec le calendrier, calendrier qu'on appuie et qu'on ne veut pas voir
retardé, notamment.
Donc, je pense qu'avoir de la
prévisibilité à travers une feuille de route sur le bâtiment ferait en sorte qu'on
pourrait prendre toutes ces bouchées... tout cet éléphant-là, là, on le
mangerait morceau par morceau, de manière séquencée. C'est vraiment... C'est
vraiment ce que... Et c'est un secteur qui est plus mûr qu'on le pense. Je vous
dirais, là, qu'au groupe de travail, au début, ça brassait un peu, puis, à la
fin, là, c'est passé à relativement facilement, puis il y a eu peu d'opposition
au règlement de la ville de Montréal, là.
Donc, effectivement, ce qu'on vient vous
parler, c'est beaucoup dans le neuf. Et, moi, c'est un message que je passe,
parce que, si on veut faire la transition et qu'on n'est pas capables,
justement, de ne pas avoir besoin de gaz, même du GNR, dans le neuf, je ne sais
pas si on va y arriver. Donc, c'est pour ça qu'il faut oser mettre la barre
haute pour le neuf. Mais, vous avez raison, le défi reste... le défi demeure
très important, pas entier, on progresse dans la rénovation, mais c'est pour ça
qu'il faut avoir une approche probablement un peu plus progressive dans la
rénovation parce que c'est un peu plus complexe.
Mme Grondin : Je vais
laisser, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de Masson, pour une minute 46.
M. Lemay : Merci, M. le Président.
Mme... M. Savard, Mme Ménard, M. Pagé-Plouffe, bienvenue à ces travaux. Je vais
vous emmener tout de suite sur votre recommandation 12, que vous avez à la page
16 de votre mémoire, quand vous parlez, puis le ministre en a... a abordé tout
à l'heure, un peu, là, de «prévoir un calendrier pour définir les normes
minimales de performance environnementale de tous les bâtiments». Donc, j'imagine
que, si vous voulez avoir... Vous saluez que c'est un calendrier ambitieux. J'imagine
que vous voulez sûrement qu'on relève progressivement ces normes minimalement
là et donc qu'on ait mieux que les... le minimum. Avez-vous des propositions
aussi? Qu'est-ce qui serait un souhait de... Après qu'on ait fixé un minimum,
quel serait votre souhait? Vers où devrait... on devrait se diriger?
Des voix : ...
M. Savard (Christian) : Bien,
vous savez, nous, une chose qu'on sait un peu et que... qui coince, là, c'est
vraiment le fait d'utiliser le GNR au bon endroit le plus possible et ne pas...
que ça ne devienne pas le fameux verrouillage carbone, là, de faire en sorte
que, bien, on branche... on branche des bâtiments pour mettre du GNR, mais,
dans le fond, ça ne tient peut-être pas la route puis, dans le fond, c'est... c'est
une manière que, ah, on n'en aura pas assez finalement ou ça va être trop
compliqué, ça va être trop cher, puis on va mettre du gaz. Donc, pour nous,
dans... si je peux... je peux mettre une barre, là, qui est très importante
pour nous, c'est ne pas faire... et ça, c'est un bout qui nous inquiète, c'est
ne pas faire en sorte que le... que le branchement devienne de facto, là, puis
on sent qu'en ce moment, ça... ça coince même dans le neuf. On comprend la
biénergie dans le... dans le... dans l'actuel, là, dans le bâtiment existant...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Savard.
M. Savard (Christian) : Merci.
Le Président (M. Jacques) : C'est
ce qui termine les discussions avec la partie gouvernementale. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. J'ai combien de temps?
Le Président (M. Jacques) : ...
Mme Dufour : 12 minutes 20. C'est
trop court. J'ai tellement de questions. Je ne sais pas trop par où commencer
tellement j'en ai. Mais je vais peut-être vous amener... Bien, je vais
amener... vous amener sur votre deuxième recommandation. Dans le fond, je vais
y aller en ordre, là. Vous souhaitez, là, que soit «mis en place un système de
déclaration obligatoire et de cotation de la performance environnementale».
Moi, j'avais l'impression, en lisant le projet de loi, que c'est un peu l'objectif.
Ce n'est pas ce que... Ce n'est pas votre perception, à ce moment-là, pour que
vous demandiez ça, vous fassiez ça comme recommandation?
Mme Ménard (Élise) : Oui, c'est
un des objectifs du projet de loi, mais, nous, c'était surtout sur... on veut
que ça soit élargi à plus de... à plus de types de bâtiments. On veut aussi...
Mais ça revient à ce qu'on a discuté plus tôt, là, mais c'est qu'on salue l'idée,
là, on salue l'intention, mais on demande... on demande en fait que ça soit
élargi à plus puis qu'on... que ce soit rapide. On voulait aussi le rappeler,
qu'on ne veut pas un système de divulgation et de cotation dans cinq ans, on le
veut très rapidement.
Mme Dufour : Très rapidement.
Mais, quand on le lit, ça semble couvrir tous les bâtiments éventuellement. En
tout cas, le projet de loi ouvre la voie, il ne le limite pas aux grands
bâtiments.
Mme Ménard (Élise) : Oui,
mais l'analyse qui était...
Mme Ménard (Élise) : ...elle,
spécifiait les grands bâtiments. On suppose que c'est les intentions
gouvernementales et on aimerait que ce soit plus ambitieux.
Mme Dufour : En fait,
vous voudriez que ça soit plus précisé aussi.
Mme Ménard (Élise) : Plus
précisé définitivement.
Mme Dufour : Parce
qu'actuellement, c'est par règlement que ça va se faire. Donc...
Mme Ménard (Élise) : Exactement.
Ce qu'on a vu, c'est qu'il y a des différences que le... Ça a évolué entre le
plan de mise en œuvre et ce qui a été présenté ici. On voit des différences
puis on aimerait que, ça, ça soit explicité et dit clairement que c'est
l'intention gouvernementale.
Mme Dufour : Parfait.
Bien, je vais aller sur le calendrier. Vous en avez parlé. Vous voulez... Là,
il y a deux... deux moments où vous parlez de calendrier, là, pour élargir la
cotation, donc à tous les bâtiments et puis aussi pour les normes minimales
environnementales. Est-ce que vous avez une suggestion à nous faire sur
l'échéancier que vous aimeriez voir pour que ça soit tous les bâtiments? Parce
qu'un calendrier peut... On peut faire un calendrier, mais il peut être très,
très vaste dans le temps. Donc...
Mme Ménard (Élise) : Là,
je nous renvoie aussi à notre... notre demande de coconstruire puis de
spécifier. On comprend la logique de commencer par les grands bâtiments, là. On
veut le spécifier, là, c'est... C'est cohérent puis aussi on salue que les
bâtiments publics sont une année en amont des bâtiments privés, là. C'est...
C'est très cohérent, mais il faudrait dès que... Il y a un système de
divulgation cotation. Je ne veux pas simplifier la chose, mais c'est... Si on
s'en tient à des critères précis, ce n'est somme toute pas aussi compliqué. Ce
n'est pas... On ne demande pas la lune non plus. Puis une fois qu'on le fait
pour les grands bâtiments, on pense que c'est réplicable très... bien, beaucoup
plus facilement pour les... les plus petits, puis l'ensemble. Donc, ça devrait
suivre immédiatement notre avis.
Mme Dufour : Il y a un
groupe qui est venu, Boma...
Mme Ménard (Élise) : Oui.
Mme Dufour : ...qui
représente, et ils nous ont parlé qu'en Ontario ça avait pris cinq ans, bien, à
obtenir les données pour les bâtiments de 25 000 pieds carrés et
plus. Vous avez regardé d'autres juridictions, d'autres systèmes de cotation.
C'est quoi le délai, disons, commun qu'on voit pour aller vraiment chercher
l'information pour l'ensemble des bâtiments, peut-être des plus grands
bâtiments, puis qu'après ça on puisse penser à aller dans les plus petits
bâtiments?
Mme Ménard (Élise) : Sans
peut-être aller dans les autres juridictions, peut-être y aller directement
avec des solutions. En fait, nous, on croit, c'est une de nos recommandations,
mais que les données, en fait, existent. Elles sont... Il y en a beaucoup qui
existent déjà, elles sont là. C'est une question de les obtenir. On a vu dans
le projet de loi qu'en fait les distributeurs d'énergie ont l'obligation de
donner toutes les données aux propriétaires de bâtiments qui, eux, ensuite, ont
l'obligation de le déclarer au ministre. Et on pense qu'il y a probablement un
raccourci à faire puisque les données existent déjà. Elles ont... Les
distributeurs d'énergie les possèdent. Puis, pour établir les balises du
système de cotation, on pourrait... Si on avait... On pourrait déjà utiliser
ces données-là, en théorie, dès demain pour commencer à poser les balises de
qu'est ce qui serait le système de cotation. Donc, oui, c'est long, mais on
voit déjà des accélérations possibles.
M. Savard (Christian) : Si
on a commencé à le faire en Ontario, on devrait pouvoir bénéficier des
expériences pour aller plus vite ici.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Si
vous avez d'ailleurs un... Vous l'avez certainement vu un encadré
spécifiquement là dessus à la page 12, là, d'expériences... d'expériences
étrangères. Et on est bien disposés à continuer à en discuter avec vous, là.
Mme Dufour : O.K.
Excellent. Et je prends... Je prends l'invitation avec plaisir. Je peux-être
vous entendre parler d'utiliser le critère de localisation dans la cotation. Je
sais, et vous avez un outil, là, déployé par Vivre en ville, mais c'est quand
même un défi de mettre ça dans un registre, là. Comment... Comment vous voyez
ça?
M. Savard (Christian) : C'est
effectivement un défi, mais c'est un défi qu'à un moment donné, il va falloir
oser, oser aborder parce que c'est aussi pour éviter éventuellement une espèce
d'écoblanchissement. Il y a... Ce n'est pas tout... Ce n'est pas toutes les
localisations qui vont... qui vont donner sur le cycle de vie les mêmes
résultats, que ce soit sur où est-ce qu'on construit, sur les impacts sur la
nature ou, après ça, sur les distances à parcourir pour rejoindre... pour
rejoindre ce bâtiment-là. Donc, avoir ça... avoir ça, tu sais, le savoir,
qu'est ce que ça veut dire et en faire un enjeu, et je peux comprendre qu'à
court terme mettre où est ce que ça passe ou ça ne passe pas, mais juste le
savoir, et c'est relativement facile, là, en tout cas, il existe des outils
pour faire ça. Ça, c'est une de nos spécialités, véritablement.
Mme Dufour : Oui,
effectivement.
M. Savard (Christian) : Donc,
voilà.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Juste
rapidement, là-dessus. C'est évoqué dans le projet de loi, la question de la
localisation. Et nous, ce qu'on dit, ça devrait être en particulier une
obsession, puis de le faire comme il faut pour le bâtiment neuf parce que,
quand on développe de nouveaux bâtiments, bien, il y a une menace, par exemple,
pour des milieux naturels.
Mme Dufour : Parlons-en!
Vous en parlez la recommandation 7. Vous parlez d'écoblanchiment. J'aime
beaucoup votre... votre exemple, un bâtiment performant énergétiquement
pourrait obtenir une bonne cote, et ce, même s'il est construit sur une terre
inondable, en milieu naturel ou encore en milieu agricole. Ça m'a fait penser à
North volt. Voilà. C'est un petit commentaire éditorial.
M. Savard (Christian) : Il
y en a plein d'autres exemples de... de choses qui s'appellent des écoquartiers
puis qui, dans le fond...
• (16 h 10) •
Mme Dufour : Oui, tout à
fait, tout à fait. Bien, on va parler de milieux humides, parlant... On va
faire... On va parler de Northvolt, on va venir aux milieux humides...
Mme Dufour : ...votre
recommandation 4, vous parlez de modifier, là, l'article 1, sur la Loi de la
performance environnementale des bâtiments. Vous suggérez une modification de
définition. Vous ne parlez pas de milieux humides, justement, là-dedans, mais
vous parlez, là... «le choix d'un site favorisant la mobilité durable de ses
occupants ou ses utilisateurs». Il y a d'autres groupes qui sont venus nous
parler de juste le choix du site et, tu sais, si ça a requis, justement, de
retirer des milieux humides, bien, ça crée des émissions de carbone parce que,
les milieux humides, c'est des capteurs de GES. Donc, est-ce que ça pourrait
s'agrandir, cette définition-là, ce que vous avez suggéré?
M. Savard (Christian) : Je
dirais que oui. Puis dans l'idée de cycle de vie, également, c'est ça qu'on a,
là, cycle de vie étant, justement, là... on peut considérer beaucoup de choses
lorsqu'on l'aborde, là, donc c'est le genre de choses qu'on aurait derrière la
tête, effectivement.
Mme Dufour : Oui, c'est ça.
Puis puis j'ai posé la question à un autre groupe, s'il y avait une définition,
tu sais, par rapport... justement, cycle de vie, performance environnementale,
est-ce que... puis on ne semble pas avoir de consensus, actuellement, de
qu'est-ce que ça devrait inclure. Est-ce que vous, vous avez travaillé sur quelque
chose qui pourrait nous orienter?
M. Savard (Christian) : Et il
y a beaucoup de... il y a beaucoup de choses sur ça, il y a beaucoup
d'approches. Effectivement, il n'y a pas, actuellement, de consensus. Ce serait
bien de construire un consensus québécois, je dirais, mais je pense que
c'est... on est à un moment où il faut arrêter de voir les choses en silo, et
c'est pour ça que l'analyse par cycle de vie est intéressante, parce qu'elle
nous empêche de faire une chose très positive de l'autre... mais très négative
de l'autre côté. Donc, ça... oui, c'est très très important et c'est une des
obsessions de Vivre en ville, et c'est quelque chose qu'on aimerait travailler,
mais on a mis... on a fait au législateur des propositions en ce sens-là, là.
Mme Dufour : Parfait. Merci.
Je vais peut-être aller sur le registre. Je pense qu'il y en a deux que vous
recommandez. Je vais vous parler de celui qu'on n'a pas parlé dans l'autre
projet de loi, donc le registre en matière de performance environnementale des
bâtiments. Selon vous, qui devrait maintenir ça? Qui devrait l'opérer, puis
comment ça se passe ailleurs, dans les législations que vous avez regardées?
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : En
toute humilité, pour les autres juridictions, on n'a pas regardé ça. Je pense
que l'État devrait être en mesure d'opérer un tel registre. Cela dit, on note
avec intérêt effectivement qu'opérer un tel registre, ce sera quand même un
défi, là. Puis on a de l'expérience sur ces questions-là, vous avez raison, on
y a réfléchi par le passé, mais ce que l'on pense, c'est que c'est nécessaire
de le faire. Et, pour ce qui est des autres juridictions, désolé, on n'a pas de
réponse.
Mme Dufour : C'est bon.
Merci. Je vais aller dans la recommandation 18. Là, vous parlez de permettre
aux municipalités... non, ce n'est pas celle-là, c'est plutôt la 19, vous
parlez de prévoir un soutien technique, financier aux municipalités. Ça va de
soi, mais, mais nulle part je n'ai vu de mesure destinée à ceux qui auront à
modifier leurs bâtiments et j'aurais aimé vous entendre là-dessus. Les privés,
là, entreprises, mais aussi M., Mme Tout-le-monde qui pourraient être touchés
un jour, là, par le projet de loi.
Mme Ménard (Élise) : Oui,
bien, c'est évident que c'est à prévoir. C'est encore une fois dans le sens
d'une feuille de route, mais c'est qu'on considère aussi que ce projet de loi
là puis les nouveaux... nouvelles responsabilités accordées aux ministres
seraient aussi une chance de faire, entre guillemets, un ménage ou de gérer la
confusion dans l'ensemble des programmes qui existent, qui sont... qui
relèvent, des fois, des distributeurs d'énergie, des fois, du ministère, puis
de... qu'avec... si le ministère a les moyens de ses ambitions, il a aussi
l'opportunité de faire un grand ménage et d'aider à la fois les particuliers et
tout autre type de bâtiment.
M. Savard (Christian) : Mais,
éventuellement, ce qu'on proposait, c'est, notamment, dans la feuille de route
de l'autre rapport qu'on a fait pour le groupe de travail, c'est qu'il existe
un guichet unique. Parce que tu parles aux gens, puis qu'est-ce qui est
disponible pour eux, pour les appuyer ou pas, c'est... il y a une certaine
confusion, éventuellement. Donc, qu'il y ait quelque chose comme un guichet
unique où est-ce que les gens qui veulent rénover... particulièrement en
rénovation, qui est une couche de complexité additionnelle.
Mme Dufour : Parfait. Est-ce
que vous pensez que des aides financières sont à être envisagées?
M. Savard (Christian) : Oui.
Mme Dufour : Parfait.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Bien
sûr. Reste que, quand même... et il y a déjà des programmes qui existent, là,
c'est nommé dans l'analyse d'impact réglementaire, là, il y a des incitatifs
financiers. Reste que, quand même, on ne peut pas rendre la transition
énergétique absolument conditionnelle à l'existence...
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : ...de
subventions. D'autant plus qu'on parle, dans le cas du bâtiment, souvent... des
réductions de gaz à effet de serre les moins chères, normalement. Donc, c'est
un peu le mécanisme aussi qu'on a, quand on a une tarification du carbone, ça
doit se passer par incitatif, pas uniquement par... le bâton, pas uniquement
par la carotte.
Mme Dufour : Mais ce
commentaire-là que vous faites, je voudrais juste savoir si ça s'applique,
selon vous, à tous les bâtiments ou seulement quand on arrive avec des
bâtiments neufs parce qu'il y a toute une série de bâtiments qui ont été
construits dans le passé qui sont probablement ceux qui ont le plus de travaux
à faire. Est-ce que votre opinion est la même pour ceux-là?
M. Savard (Christian) : Effectivement,
il faut concentrer les efforts là où le coût... la tonne est le moins élevé, là
où est-ce qu'il peut même y avoir un impact social le plus... le plus fort,
hein, les passoires, tu sais. La précarité énergétique existe, et de prioriser
ces endroits-là, le parc immobilier pluvieux, nous apparaît prioritaire.
Mme Dufour : Je pense que mon
temps est écoulé. Alors, merci beaucoup pour votre... vos réponses.
Le Président (M. Jacques) : Merci
pour cet échange avec l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole à
la deuxième opposition, Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci, M. le Président. Merci, M. Savard et M. Pagé-Plouffe et madame. Désolée,
je n'ai pas retenu...
Des voix : ...
Mme Zaga Mendez : Ménard.
Excusez-moi, je n'ai pas retenu le nom de famille.
J'aimerais ça vous amener sur votre recommandation 27,
je pense que vous n'avez pas eu la chance d'en parler davantage, d'avoir bien
sûr, la... améliorer la performance environnementale des bâtiments, mais en
ayant un regard en ce qui concerne la justice sociale et climatique. J'aimerais
ça vous entendre un peu plus là-dessus.
M. Pagé-Plouffe (Samuel) : Merci
pour la question. Ça fait parfaitement le lien, en plus, avec ce sur quoi on
discutait à l'instant. Effectivement, on propose d'ajouter, puis on a fait une
proposition, là, encore une fois, bien humblement, de... de... de libeller
l'article, donc d'ajouter un article qui dirait que le ministre doit évaluer
les conséquences socioéconomiques de la transition énergétique, je dis
«conséquences», peut-être «impacts», là, serait plus... serait plus approprié,
et, bon, de mettre en place des mesures pour éviter que ça n'altère les
conditions d'accès au logement pour les populations les plus vulnérables.
En fait, les impacts socioéconomiques de
la transition ils peuvent être parfois des périls, mais ils sont des
opportunités aussi. On sait que, par exemple, le gaz naturel pose des risques
importants sur la santé, le fait de... le fait de le sortir du bâtiment, bien,
ça doit être considéré dans la prise de décision, c'est un des impacts socioéconomiques
qui doivent être considérés. Et c'est vrai aussi qu'en situation de précarité
énergétique la transition en tant que telle peut mener, par exemple, à ce que
des ménages se voient expulsés de leur... de leur logement, donc, de demander
au gouvernement d'évaluer les conséquences socioéconomiques, ça nous semble
être la moindre des choses.
Mme Zaga Mendez : Merci,
c'est très clair. J'aimerais ça revenir sur votre... un peu votre
recommandation 20, mais jumelée avec 24 et 25, c'est-à-dire sur se donner
un plan, un plafond de volume de gaz naturel. Tout à l'heure, vous parliez
justement de différencier entre les nouvelles constructions, les constructions
qui sont déjà en place, le résidentiel, l'industriel. Donc, j'aimerais ça un
peu plus vous entendre sur comment établir cette cible de réduction de la
demande énergétique, parce qu'en fin de compte c'est la priorisation qui rentre
en jeu.
M. Savard (Christian) : Bien,
on pense que, de manière plus globale, sur la demande énergétique, on voit l'ensemble
des sujets qui sont dans l'actualité, que ça soit la production d'électricité
de toutes sortes, on voit beaucoup de choses sur la place publique, là, dans...
qu'on parle de sobriété, là on est dans le bâtiment. On pense que, pour toutes
ces questions-là, on est dus pour un débat de société qui va un peu plus en
profondeur. Et même si on apprécie énormément être en commission aujourd'hui
avec vous, on pense que ça ne peut pas se jouer à la pièce. On pense que le
Québec a besoin d'une grande... d'un grand débat, quelque chose comme les états
généraux de l'énergie. On est en train de faire ça en agriculture, une
consultation sur un an, qu'on salue d'ailleurs, on y participe, c'est... on
prend le temps de regarder les choses, de lever toutes les pierres. Je pense
qu'en matière d'énergie, pour éviter justement qu'on fasse des petits bouts à
gauche et à droite, puis ça concerne beaucoup de ministères, on est dus pour
quelque chose comme des états généraux de l'énergie, pour qu'on... qu'après ça,
le Québec est capable de ces grands dialogues là, puis qu'après on parle tout
le monde dans la même direction, plutôt qu'il y a une certaine confusion
actuellement. Puis la démarche d'aujourd'hui s'inscrirait positivement
là-dedans, là, mais pour nous, ça serait important de faire ça pour justement
avoir ce genre de débat là, sur quel volume. C'est des débats très larges qui
ne peuvent pas juste se faire à travers le projet de loi actuel, là.
• (16 h 20) •
Mme Zaga Mendez : Il reste
quelques secondes, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose...
M. Savard (Christian) : ...non,
ça... ça va. J'ai réussi à placer ma recommandation numéro un, je suis content.
Merci.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre contribution à nos travaux. Avant de terminer, je dépose
les mémoires des personnes et des organismes qui n'ont pas été entendus dans le
cadre des auditions publiques.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux au mardi... février à 9 h 45, où elle entamera un nouveau
mandat.
(Fin de la séance à 16 h 21)