Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Thursday, October 19, 2023
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Vol. 47 N° 20
Clause-by-clause consideration of Bill 22, an Act respecting expropriation
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Jacques) : ...je
déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement
ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 22, Loi concernant l'expropriation.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Blouin (Bonaventure) est remplacée par M. Thouin
(Rousseau) et Mme Bogemans (Iberville), par M. Lemieux (Saint-Jean).
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le secrétaire.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 22)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 51)
Le Président (M. Jacques) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Donc, on reprend. Lors de la suspension de nos
travaux hier...
Le Président (M. Jacques) : ...nous
étions à l'étude de l'article 12 tel qu'amendé. Je vous rappelle que
l'étude de l'article 5 et de l'amendement proposé par M. le député de
l'Acadie à cet article a été suspendue. Et, lors notre suspension, M. le député
de l'Acadie a déposé un amendement à l'article 12 amendé, et je vous
invite à le présenter.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, effectivement, j'ai un amendement à présenter à
l'article 12 tel qu'amendé. Et l'amendement vise, entre autres,
l'article 12, dans les définitions, au premier paragraphe en ce qui a
trait à la date de l'expropriation. Alors, si vous permettez, M. le Président,
je peux faire lecture de l'amendement.
Donc, article 12 :
L'article 12 de ce projet de loi est modifié par le remplacement, dans le
paragraphe 1° du quatrième alinéa, des mots «la signification de l'avis
d'expropriation au titulaire» par les mots «prise de possession par
l'expropriation».
L'article se dirait comme suit, à
l'article 12, donc : «L'exproprié doit, dans les 30 jours qui
suit la date de l'expropriation, transmettre à l'expropriant les baux ou toute
autre entente écrite conclue avec les locataires de l'immeuble exproprié. En
l'absence de telle entente, il doit lui transmettre par écrit les noms et les
adresses des locataires et des occupants de bonne foi de l'immeuble exproprié,
ainsi que la nature et la durée de chaque bail ou entente, la date de sa
conclusion, le détail de ce qui est inclus et le montant du loyer ou les
conditions auxquelles les locataires ou les occupants de bonne foi occupent
l'immeuble exproprié.
«Au sens de la présente loi, on entend
par :
«1° "date de l'expropriation",
la date de prise de possession par l'expropriant à la place de la signification
de l'avis d'expropriant ou titulaire d'un droit portant sur l'immeuble
exproprié, laquelle correspond, s'il y a plus d'un titulaire pour un même droit
qui porte sur un même immeuble, à la date la plus tardive parmi les dates de
signification de l'avis d'expropriation à ceux-ci...»
Alors, l'idée derrière l'amendement, M. le
Président, c'est de... quand on regarde, au sens de la loi, la date de
l'expropriation plutôt que ce soit à la date de la signification de l'avis, qui
est donc, maintenant, définie comme étant à la date de l'expropriation, ce
serait au moment de la prise de possession par l'expropriant. Et la modification
que je propose, pour moi, c'est important, parce que, quand on parle de
l'exproprié, normalement, le calcul de l'indemnité, puis éventuellement de
l'indemnité définitive, devrait être donné lors de la prise de possession, lors
de la date de l'expropriation. Et ça devrait être, à mon avis, lors de la prise
de possession par l'expropriant. Sinon, sinon, il peut se... il va souvent y
avoir un délai entre la date de signification de l'avis, alors qu'on commence
le processus, et la prise de possession.
Et donc, si l'évaluation est faite au
moment de la date de l'expropriation, qui est la date de l'avis, et que la
prise de possession survient trois, quatre, cinq, six mois, parfois un an plus
tard, bien, évidemment, l'exproprié aura vu son immeuble être évalué, indemnisé
au moment de la signification de l'avis et non pas de la prise de possession.
Donc, ce délai-là, à mon avis, pourrait faire en sorte qu'il y aurait un
préjudice pour l'exproprié. Dans certains cas beaucoup plus rares, j'en
conviens, il pourrait arriver que l'immeuble perde de la valeur. Donc,
l'expropriant pourrait même être parfois obligé de donner plus. Donc, pour
s'assurer que c'est le plus concomitant possible de la date de la prise de
possession, c'est la raison pour laquelle je propose cet amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui, bien, merci, M. le Président. Donc, c'est ça, si je
comprends bien... Parce qu'actuellement c'est déjà au moment de la prise de
possession. Alors, ce que me propose le collègue, c'est de maintenir les choses
telles qu'elles, si je résume, là.
M. Morin : Si vous résumez,
là, oui, effectivement. Ma compréhension du projet de loi...
M. Morin : ...on pourra me
corriger si je fais erreur, mais c'est qu'on veut changer la date de
l'expropriation pour la date de la signification de l'avis, ce qui n'est pas la
réalité, actuellement. Puis, pour éviter qu'un exproprié subisse encore plus de
préjudices, bien, je pense que ce serait plus juste pour tout le monde que ce
soit la date de prise de possession. Voilà.
Mme Guilbault :Bien, en fait, un des objectifs du projet de loi, comme ça
avait été dit souvent, c'est d'ajouter de la prévisibilité puis aussi de recadrer
un peu, si je peux m'exprimer ainsi, le montant des indemnités. Puisune des
manières d'y arriver, c'est justement de la définir au moment de l'avis
d'expropriation. Parce qu'actuellement, des fois, ce qui peut arriver, c'est
qu'entre le moment... que ce soit l'avis de réserve ou d'expropriation, le
signal que ça peut envoyer sur le potentiel de cet endroit-là, si on détermine
juste à la fin, au moment de la prise de possession, ça a laissé toute une
période où il peut y avoir une évaluation à la hausse parce que, justement, les
gens s'attendent à un développement, parce que les gens, tu sais, savent qu'il
peut y avoir un projet qui arrive là, qu'il peut y avoir une route, qu'il peut
y avoir quoi que ce soit. Donc, alors c'est ça qui fait que les municipalités
ou les expropriants sont obligés, des fois, de payer des montants très, très
élevés.
Donc, en ramenant ça plus tôt dans le
processus, c'est... Puis. Même, je dirais, c'est un des éléments fondamentaux,
pour nous, du projet de loi, c'est ça puis les délais, la prévisibilité, puis
l'encadrement des montants d'indemnité, tout comme la réduction des délais,
pour nous, c'est deux éléments fondamentaux du projet de loi. Alors là, c'est
comme si on vient retirer, finalement, un de ces éléments-là en voulant
maintenir les choses telles quelles dans la séquence.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. En fait, quand on parle de prévisibilité, quand je regarde le projet
de loi et que je regarde, par exemple, l'article 10 que nous avons adopté, je
pense que, de la part du législateur, il y a quand même là un message clair à
l'effet qu'il y aura certains montants, certaines indemnités qui pourront être
accordées, puis que la pierre angulaire repose maintenant sur la valeur
marchande. Donc, quand on parle de prévisibilité, je pense qu'il y en a là
suffisamment.
Moi, ce qui m'intéresse, ce qui m'importe,
c'est de m'assurer que, dans la majorité des cas, les expropriés, les gens
ordinaires ne vont pas perdre. On a entendu beaucoup parler, M. le Président,
des groupes nous l'ont dit, parfois, de grands propriétaires terriens, certains
ont même fait référence à des spéculateurs... mais, dans l'ensemble, ma
compréhension de l'expropriation, c'est que, dans la vie de tous les jours,
dans le quotidien, ce n'est pas ces causes-là qu'on rencontre.
Quand, dans mon allocution d'introduction,
je faisais référence au couple à Mirabel, en 2022, là, pas en 1970, là, en
2022, c'est des gens ordinaires qui ont une maison ordinaire. Puis la majorité
des cas d'expropriation, puis je pense que ça vaut la peine de le rappeler,
parce qu'évidemment il y a des gens qui nous écoutent, c'est ces gens-là qui
vont être visés. Comme j'ai dit au départ, moi, je ne veux pas que des gens
s'enrichissent indûment, mais je ne voudrais pas que des gens perdent.
• (12 heures) •
Alors, si on reprend mon exemple de ce
couple, justement, à Mirabel, avec un bungalow, et qu'on laisse la loi telle
qu'elle est, et que la date d'expropriation est donc la date de l'avis, bien,
si ça prend... de toute façon, si ça prend deux, trois ans... parce que je
comprends l'objectif de Mme la ministre, c'est que ça fonctionne le plus
rapidement possible, donc, si ça prend deux, trois mois, il n'y aura pas une
grosse valeur si on met ça à la date de prise de possession, il n'y aura pas un
gros changement de valeur, mais, si ça prend plus de temps et que, admettons,
la résidence, sa valeur augmente, est-ce que ça veut dire que ces gens-là, là, qui
sont du monde ordinaire, ils vont se faire dire : Ah non, vous, là, cette
période-là, vous n'allez pas en bénéficier. La valeur marchande de votre
propriété a augmenté, mais vous ne l'aurez pas? Puis c'est là,
fondamentalement, sincèrement, que j'ai un problème avec le projet de loi.
Qu'on veuille une certaine prévisibilité,
j'en conviens, qu'on veuille que le processus fonctionne plus rondement, j'en
conviens, mais je le disais d'emblée et d'entrée de jeu, ce que je recherche,
c'est un équilibre. Et il me semble qu'en mettant...
12 h (version non révisée)
M. Morin : ...mettant l'accent
sur la prise de possession, on va s'assurer que les expropriés recevront leur
juste part.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien, je vais... je vais maintenir ce que j'ai dit
tout à l'heure, là. L'objectif... Tu sais, on revient toujours au principe de
base, tu sais, une expropriation, personne n'est supposé ni s'appauvrir ni s'enrichir,
et je crois que... puis effectivement, en ramenant la valeur marchande déjà, c'est
moins arbitraire, disons ça comme ça, que la valeur au propriétaire. Mon
collègue a raison. Mais il reste que la valeur marchande peut, elle aussi,
augmenter d'un bout à l'autre du processus si on continue déterminé de laisser
ça au moment de la prise de possession, là.
Alors, encore une fois, l'encadrement et
la prévisibilité des indemnités est un élément fondamental, pour nous, du
projet de loi. Par contre, je vais profiter ici pour rappeler, comme cela a été
dit hier, on a tous le souci de l'équilibre entre les droits des expropriés,
les droits des expropriants. On a aussi le souci de protéger. C'est sûr qu'il y
a des histoires où on peut penser à un exproprié, effectivement un citoyen dans
sa maison et tout ça donc, et on aura des... on aura une façon de le protéger.
En fait avec la valeur marchande déjà en soi, c'est quand même un concept qui
est reconnu. Alors donc, déjà, il n'y a pas de préjudice comme tel au fait de
passer de la valeur propriétaire à la valeur marchande.
Il y a diverses indemnités complémentaires
aussi qui sont disponibles. J'ai parlé hier de l'article 118, l'article 71.
Les postes de réclamations, là, qu'on a abordés dans un précédent article hier.
Et j'aurai probablement aussi un amendement, c'est que là, on n'est pas rendu
là. Je ne sais pas c'est quel article, mais en tout cas... Donc, on aura plus
tard aussi d'autres manières de marquer notre souci de s'assurer de dédommager
les expropriés à leur juste part. Mais notre souhait actuellement nous, c'est
de maintenir le changement qu'on propose dans le projet de loi.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Si vous permettez, j'aimerais apporter deux précisions. La première,
la valeur aux propriétaires. Ma compréhension, c'est que ce n'est pas quelque
chose qui est arbitraire. D'ailleurs, l'Ordre des évaluateurs agréés du Québec
est un ordre professionnel en parle, l'utilise présentement avec des paramètres
qui sont précis. Alors, je pense qu'il faut... il faut être capable de
recentrer, de rectifier ça. La valeur marchande, elle est utilisée
présentement, la valeur marchande. Sauf que présentement, ma compréhension, c'est
qu'avec la valeur au propriétaire, bien, ça permet de compenser avec
différentes indemnités. Je comprends que l'intention du législateur, c'est de
ramener ça. Mais je veux juste que ce soit clair parce que l'Ordre des
évaluateurs agréés nous a quand même parlé de leur mode de fonctionnement, ils
nous ont soumis quand même un mémoire qui est bien étoffé, et c'est un ordre
professionnel reconnu au Québec. Donc, ils ne font pas... je m'excuse, ils ne
font pas du n'importe quoi, là, et ce sont des professionnels, puis ça, je
pense qu'il faut le rappeler. Maintenant, mon souci, c'est un souci d'équité
envers l'exproprié, et c'est la raison pour laquelle moi, je réitère ma
demande. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien, juste rappeler, comme je l'ai dit tout à l'heure, l'article 118,
puis là je viens de le relire, puis vraiment on est tout à fait... on est tout
à fait en lien avec ce qu'évoque mon collègue, l'article 118 qu'on va
aborder plus loin, qui dit :
«Lorsque le transfert du droit exproprié s'opère
plus de six mois après la date de l'expropriation, le tribunal ajoute à l'indemnité
de l'exproprié une indemnité pour compenser la perte d'appréciation du droit
exproprié.
«Cette indemnité est calculée en
appliquant à la valeur marchande du droit exproprié un pourcentage égal au taux
légal pour la période qui débute le premier jour du septième mois suivant la
date de l'expropriation, jusqu'à la date à laquelle s'opère le transfert.»
Donc, vous voyez, c'est l'exemple d'une
indemnité qui pourra venir s'ajouter pour compenser de manière juste l'exproprié.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Oui, j'en conviens. En fait, il y a 119 aussi qui est exactement
dans la même veine, dans le projet de loi, où là on parle d'un transfert après
plus de 18 mois. Sauf que, quand on regarde ce qui peut être accordé puis
ce qui peut véritablement se passer sur le marché, on est dans deux mondes.
Alors, je reviendrai. J'aurai aussi des commentaires à 118 et 119. Je comprends
très bien ce que Mme la ministre nous dit, mais quant à moi ce n'est vraiment
pas suffisant
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Est-ce que d'autres commentaires sur l'article 12... l'amendement
à l'article 12? Il n'y a pas de commentaire. Nous allons procéder à la
mise aux voix de l'amendement à l'article...
Le Président (M. Jacques) : ...mise
aux voix de l'amendement à l'article 12 tel qu'amendé.
M. Morin : ...
Le Président (M. Jacques) : Un
vote par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Morin (Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
Le Secrétaire : M. Montigny
(René-Lévesque)?
M. Montigny : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
Le Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M. Grandmont : Abstention.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
Le Président (M. Jacques) : Abstention.
Donc, l'amendement à l'article 12 amendé est rejeté.
Revenons à l'article 12 tel qu'amendé.
Est-ce qu'il y a des commentaires? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci.
Bien, je vais avoir quelques questions. Merci, M. le Président. D'abord, sur la
notion, là, d'«occupant de bonne foi», j'essayais de... on essayait d'imaginer
des cas, là, moi et mon collègue, là, on essayait d'imaginer des cas où ça
pourrait être compliqué d'identifier les occupants de bonne foi, puis peut-être
que vous saurez nous apporter, là, des éclaircissements satisfaisants. On
imaginait par exemple un propriétaire qui serait responsable d'avoir un
immeuble, par exemple, où il y aurait plusieurs centaines, là... portes,
plusieurs... plusieurs centaines d'appartements, par exemple, dans un immeuble,
et où on aurait...
Évidemment, là, il y a des locataires qui
sont enregistrés en bonne et due forme parce qu'ils ont signé le bail, donc
leur nom apparaît sur le bail, mais des locataires qui se trouvent à être
peut-être des conjoints depuis peu dans un appartement, mais qui n'ont pas leur
nom... ou depuis... depuis peu ou depuis plusieurs années, même, mais qui n'ont
pas leur nom sur le bail. Ça... C'est une situation qui peut arriver. J'ai
moi-même travaillé dans le domaine du logement pendant assez longtemps pour
savoir que c'est le genre de situation où ça arrive, ce n'est pas tout le monde
qui fait attention à avoir son nom sur le bail en bonne et due forme. Il n'y a
pas d'obligation de l'être non plus, mais ça vient avec des enjeux, comme quand
on peut rencontrer effectivement des situations comme celle-là.
Donc, on a un propriétaire qui
recevrait... qui se verrait exproprié, qui devrait transmettre l'information à
l'expropriant pour être capable d'identifier... pour que le travail de
communication se fasse bien avec les personnes locataires. Donc, comment le
propriétaire peut communiquer avec ces personnes-là? Puis comment les personnes
qui se voient aussi exproprier, mais qui n'apparaissent pas sur le bail, parce
que leur nom n'y est pas inscrit, font pour bénéficier en quelque part d'une certaine
forme d'indemnisation, ou en tout cas pouvoir entrer dans le processus? C'est
une question qu'on se posait, là, puis, si vous avez des éclaircissements par
rapport à ça, là, puis particulièrement sur la question des occupants de bonne
foi, là... Parce que ça se fait... Selon la définition, là, ça se fait à la
vue... Tu sais, ils occupent personnellement et physiquement l'immeuble, par
des signes concrets de son utilisation, en y exerçant des activités. Donc,
voilà. C'est un peu une notion qu'on voulait éclaircir. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien, c'est ça. Pendant qu'on vérifie, juste pour
m'assurer, mettons, l'exemple que donne mon collègue, c'est, disons, un couple
qui habite ensemble? Est-ce que c'est ça?
M. Grandmont : Puis il y a
seulement un nom sur le bail, oui.
Mme Guilbault :Oui, c'est ça. Puis donc, la question, c'est : Comment
est-ce que l'autre membre du couple peut exercer ses droits?
M. Grandmont : Bien, d'abord,
comment le propriétaire, l'exproprié, en fait, fait pour connaître le nom des
personnes... puis des personnes occupantes de bonne foi? Est-ce que... Est-ce
qu'il doit faire la démarche de cogner aux mille portes pour savoir... avoir
l'information, ou si, simplement, transmettre la liste des baux de ses
locataires est suffisant? Bref, il y a comme une zone d'ombre dans laquelle on
n'est pas trop sûr que tout le monde pourra être bien rejoint, bien connu de la
part du propriétaire puis, éventuellement, oui, effectivement, là, peut-être
faire valoir ses droits, là, évidemment.
Mme Guilbault :Ou en fait jusqu'à quel niveau de détail d'information
est-ce que l'exproprié doit aller dans sa transmission à l'expropriant pour
qu'on considère qu'il a fait ce qu'il avait à faire en termes de transmission?
Je comprends bien?
M. Grandmont : Ça peut être
une autre façon d'effectivement poser la question, oui.
(Consultation)
Mme Guilbault :...suspendre pendant qu'on...
Le Président (M. Jacques) : Oui.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
(Reprise à 12 h 25)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Et, lors de la suspension, il y avait une discussion
entre le député de Taschereau et Mme la ministre. Donc, je cède la parole à Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Alors, on a clarifié le tout. Et donc, bon, pour les
occupants de bonne foi versus les locataires, si on... Bien, c'est sûr que,
s'il y a juste comme une propriété, avec juste une porte, puis là ça devient
facile pour le propriétaire de savoir qui habite dans cette maison-là, par
exemple, ou dans ce chalet-là, ou autres, mais, disons, pour un gros bloc, là,
avec plusieurs portes, l'exproprié, donc le propriétaire du bloc, est tenu de
transmettre à l'expropriant, en fait, la liste des locataires qui est connue,
c'est-à-dire les locataires, pour lesquels il y a un nom sur le bail... ou si,
lui, disons, je ne sais pas, un bloc de cinq, de six portes, puis c'est des
occupants de bonne foi partout, mais il les connaît... tu sais, puis, encore
là, c'est de moindre envergure. Mais, disons, les... portes, il est tenu de
transmettre les noms des gens, dont le nom est sur...
Mme Guilbault :...le bail. Puis ensuite de ça, si la personne à une porte,
son nom est sur le bail, lui, cette personne-là habite avec une autre personne
qui est là et qui est un occupant de bonne foi, son nom n'est pas sur le bail
puis il n'a jamais donné l'information à son propriétaire que cette autre
personne là habite là, bien, le propriétaire, l'exproprié n'est pas tenu de
transmettre cette information-là. Après ça, ça va être au... Tu sais, dans le
fond, l'indemnité va être remise, de toute façon, à la personne dont le nom est
sur le bail. Puis ensuite si on pense à un couple ou une famille, tout ça, de
toute façon, on va... tu sais, ça va être un dédommagement pour le déménagement
puis un trois mois de loyer. Alors, tout ça va être partagé dans la famille
éventuellement, là, Mais bref, c'est la liste des noms des gens qui sont sur le
bail.
M. Grandmont : Le... J'essaie
de me mettre dans la peau... J'essaie de me mettre dans la peau d'un
propriétaire de 1000 portes d'un immeuble.
Mme Guilbault :Ça doit être naturel.
M. Grandmont : C'est ça.
Donc, il a la charge de... Parce que là, c'est clair, là, vous l'avez dit, là,
la personne qui serait... qui habiterait en colocation mais sans avoir son nom
sur le bail serait considérée donc comme une personne... comme un occupant ou
une occupante de bonne foi, et donc l'information n'est pas transmise. Selon le
texte de loi, actuellement, si l'information n'est pas transmise, l'exproprié
est passible d'être poursuivi, en fait, par l'occupant de bonne foi, selon les
termes qui sont établis là-dedans dans cet article-là. Donc, comment on peut...
Est-ce qu'il y a... En fait, ma question est simple : Est-ce qu'il ne
manque pas un mécanisme pour s'assurer que... finalement pour protéger à
quelque part l'exproprié aussi pour d'éventuelles poursuites? Est-ce qu'il ne
manque pas un processus ou une mention à l'effet que ce travail là de rejoindre
les occupants de bonne foi se fasse de manière adéquate?
Mme Guilbault :...je comprends ce que veut dire mon collègue. N'étant pas
juriste, la façon... Tu sais, la façon, dont je viens de l'expliquer, on peut
très bien interpréter le texte, surtout le texte amendé qu'on a... j'ai encore
la vieille version, là, le texte amendé d'hier... Mais ce que j'ai compris de
la discussion qu'on a eue, c'est que s'il y a par exemple un couple dans une
porte où il y a seulement le nom de l'homme sur le bail, mais il habite là avec
sa femme, le propriétaire du bloc est tenu de transmettre le nom de l'homme
dont le nom est sur le bail. Mais ensuite de ça si... Puis là, bien,
l'indemnité d'expropriation est remise à cet homme-là, dont le nome est sur le
bail. Mais sa femme, qui habite là comme occupante de bonne foi, pourrait lui
réclamer une partie au conjoint. Ils seraient tenus de la partager ensemble,
comme deux colocataires. Là, après ça, si entre eux, ils ne s'entendent pas,
bien, je pense qu'on tombe dans les recours, soit Régie du logement ou petites
créances ou... Tu sais, c'est ça, là, tu sais, les choses qui peuvent arriver
dans des séparations ou des choses comme ça, là, par rapport au bail, là.
M. Grandmont : O.K., bien, je
vais... J'ai deux sous-questions. Dans ce cas-là, là, ça dit... au deuxième
paragraphe, on dit que «le locataire dont le bail n'est pas inscrit sur le
registre foncier et l'occupant de bonne foi ont droit à des dommages-intérêts
en réparation du préjudice résultant du défaut d'exproprié de dénoncer à
l'expropriant leur nom et leur adresse conformément au premier alinéa.» Donc,
je repose ma question. Est-ce qu'on... Est-ce que l'exproprié n'est pas... ne
risque pas vraiment de se retrouver... Oui, il est supposé, évidemment, mais,
en même temps, ce que vous me dites, c'est que l'information qu'on va lui
demander de transmettre, c'est simplement les baux sur lesquels il y a le nom
des locataires, mais là on parle d'un occupant de bonne foi qui serait en
colocation avec quelqu'un dont le nom est sur le bail. Est-ce que l'exproprié
ne se retrouve pas à être un peu à risque d'avoir... de devoir payer des
dommages et intérêts en réparation du préjudice puisqu'il n'aurait pas dénoncé
le nom de la personne dont... oui, dont le nom n'est pas sur... donc, de
l'occupant de bonne foi? Puis, d'autre part, est-ce que le calcul de l'indemnité
se fait sur le nombre... Est-ce que le nombre de personnes... je vais attendre
que le ministre m'écoute pour ma question.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Jacques) : ...de
répondre aussi en même temps.
M. Grandmont : Oui, c'est
correct.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
que vous voulez suspendre un peu?
Mme Guilbault :Ah! je pensais que vous vouliez apporter... Je pensais que
vous vouliez commenter, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Bien,
non, mais je pense qu'on a une question, là, qui se doit d'être...
Mme Guilbault :Bien, qui est complexe.
Le Président (M. Jacques) : ...qui
est complexe, exactement.
Mme Guilbault :C'est ça, parce que je comprends... C'est ça qu'on est en
train de vérifier. Est-ce que c'est juste de relibeller puis de trouver une
formulation qui ne va pas causer un autre problème, là? Ça fait que...
M. Grandmont : Avant de
suspendre, je me permettrais aussi une autre question qui sera peut-être plus
facile à répondre, mais...
12 h 30 (version non révisée)
M. Grandmont : ...le calcul de
l'indemnité, est-ce qu'il se fait sur... Est-ce que le nombre de personnes, en
fait, la taille du ménage influe sur l'indemnité qui est normalement prévue, ou
si c'est vraiment une indemnité par porte? Mais si j'ai un couple, une famille,
tu sais... C'est peut-être une question à laquelle vous pourrez apporter aussi,
là, un éclairage. Dans le fond, est-ce que c'est tributaire seulement du loyer
qui est payé? Parce qu'on peut avoir dans un appartement, par exemple, plusieurs
types de situations. On va avoir une personne dont le nom est sur le bail, par
exemple, puis une autre qui est là, mais depuis moins longtemps. Donc, dans le
calcul de l'indemnité, est-ce que ça change quelque chose ou c'est vraiment
juste par porte, calculé sur la personne qui est là depuis le plus longtemps?
Bref, il y a quelque chose, là, qui n'est pas clair pour nous, encore là.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Juste... M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, merci, M. le
Président. Alors, dans la même veine, parce qu'on va peut-être suspendre, là,
je voulais juste m'assurer... Si l'exproprié omet de dénoncer, évidemment, on a
vu, puis l'amendement était à cet effet-là, qu'il pourrait être responsable des
dommages qui résultent de son défaut. Toutefois, le locataire devrait quand
même avoir droit à une indemnisation par l'expropriante, puis je veux juste m'assurer
que c'est bien le cas dans la mécanique du projet de loi que vous présentez,
parce que je ne voudrais pas que ce soit l'exproprié qui soit, en plus, être
obligé... il a été exproprié puis... de rembourser le locataire.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 12 h 45)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux... la suspension. Je cède maintenant la parole à Mme la
ministre pour des précisions.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Donc, sur l'indemnité à
laquelle a droit le locataire, en fait, l'indemnité, essentiellement, c'est les
frais de déménagement, trois mois de loyer, puis ce qu'on appelle l'avantage au
bail, qui fait qu'on couvre une différence entre le logement qu'avait
l'occupant et l'endroit où il se reloge, donc la différence d'équivalence, si
on veut, là, par rapport au marché. Alors, il n'y a pas de différence sur le
fond, par rapport au nombre d'occupants, mais c'est sûr qu'on peut penser que,
s'il y a plus de gens, peut-être que l'appartement est plus grand, ça fait que
peut-être que l'avantage au bail va être plus élevé, le triple du loyer va être
plus élevé aussi, si le loyer est plus élevé qu'un plus petit appartement.
Puis, si le camion de déménagement est plus grand, ça pourrait coûter plus cher,
les frais de déménagement. Mais c'est, donc, la façon dont ça peut coûter plus
cher s'il y a plus de monde dans l'appartement.
M. Grandmont : O.K.
Parfait...
M. Grandmont : ...je remercie
le ministre pour sa réponse. On reviendra tantôt, plus tard... bien, peut-être
pas tantôt, à un autre moment, sur la question des indemnités, mais, nous
autres, on remarque aussi, là, qu'il y a un possible recul par rapport à ce qui
existait avant. Notamment, là, bon, on parle du trois mois de loyer, parce que,
dans la loi, actuellement, c'est ça, c'est trois mois de loyer. Il y avait
une... bien, en fait, il y avait une indemnité différentielle sur un loyer
calculé à perpétuité, alors que, là, en fait, on aura effectivement toujours le
trois mois de loyer plus une indemnité différentielle mais qui sera... sur le
différentiel de loyer, mais qui sera seulement sur 10 ans, plus un plafond de
5000 pour des ennuis et inconvénients. Notamment, le FRAPRU, là, avait
identifié que, dans le contexte de la pénurie de logements, dans le contexte
des loyers qui ont explosé dans les dernières années, bien, on est en train de
reculer parce que, là, on vient fixer à une durée maximum de 10 ans puis on
vient mettre un plafond sur une autre indemnité, donc on est dans des
conditions qui sont moins avantageuses, là, pour des locataires qui se feraient
exproprier, mais... On comprend que ce n'est pas eux directement qui sont
expropriés. Mais, comme je vous disais, on pourrait revenir, mais je remercie
le ministre, là, pour ces précisions à ma question.
Si on me le permet, j'irais pour une autre
question, concernant le fait qu'on dit, là «Le locataire est l'occupant de
bonne foi, je suis au troisième paragraphe, dont le bail ou toute autre entente
écrite a été conclu après la date de l'expropriation ou, à défaut de bail ou de
toute autre entente écrite, dont la question de l'occupation de l'immeuble
exproprié, débute après la date de l'expropriation ne peut pas réclamer
d'indemnité à l'expropriant. L'exproprié doit dénoncer à ce locataire ou à cet
occupant de bonne foi l'existence des procédures d'expropriation. S'il ne le
fait pas, il est seul tenu responsable du préjudice résultant de son défaut.»
Ma question, en fait, elle est à l'effet
que... est-ce qu'on ne risque pas, dans ce cas précis, de se retrouver avec des
propriétaires qui pourraient compter sur le fait qu'il y a peu de chance
d'avoir des locataires ou des occupants de bonne foi... se lancer dans des
poursuites vis-à-vis leurs propriétaires, l'exproprié, alors que le
propriétaire n'aurait pas dénoncé le fait qu'il y a des procédures
d'expropriation en cours? Bref, est-ce qu'on n'est pas en train de, finalement,
voir des expropriés prendre la chance de faire un coup d'argent avant que
l'expropriation devienne effective, là, finalement?
Le Président (M. Jacques) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Oui, bien, en fait, c'est que, si une personne emménage
après un avis d'expropriation parce que le propriétaire ne lui a pas dit qu'il
se faisait exproprier, il n'a pas droit à l'avis... à l'indemnité, comme c'est
écrit, mais il peut réclamer des dommages au propriétaire qui a négligé de
l'informer du fait qu'il sera obligé de redéménager.
M. Grandmont : Effectivement.
Non, je l'entends bien, il y a un incitatif, là, à l'exproprié de renseigner,
finalement, de dénoncer à ses locataires le fait qu'il y a une procédure
d'expropriation en cours, mais est-ce qu'on ne pourrait pas avoir des
propriétaires, des expropriés, finalement... courir la chance de ne pas être
poursuivis en dommages-préjudices par leurs locataires? Parce qu'on sait
comment c'est compliqué, comment ça prend quand même des ressources, ça prend
quand même une certaine dose de courage, je vais le dire comme ça, pour se
lancer dans une poursuite face à un propriétaire. Ça demande de l'énergie puis
de l'argent. Donc, est-ce qu'on n'aurait pas une chance, finalement, de voir
certains... un risque, en fait, de voir des propriétaires décider de louer un
bien en comptant sur le fait qu'il risque peu d'y avoir des poursuites?
Trouvez-vous que le mécanisme est assez solide, finalement, pour éviter ce
genre de situation?
• (12 h 50) •
Mme Guilbault :Bien, on me confirme que ce serait la Régie du logement,
donc, déjà, c'est moins compliqué qu'en Cour supérieure ou autrement, là, aller
à la Régie du logement, c'est relativement accessible.
M. Grandmont : On pourrait
discuter longtemps, là, du Tribunal administratif du logement, là.
Mme Guilbault :Bien, c'est pour ça, on revient aux questions des délais,
mais, en tout cas, moi je me souviens d'être déjà allée, dans une autre vie, et
ça se passe relativement bien, dans le sens que c'est moins lourd et complexe
que le tribunal, que d'autres cours.
M. Grandmont : Évidemment,
là, on touche les cas de location d'un bien immobilier, mais il y a aussi, là,
d'autres types de locations. On peut avoir un espace, un garage qui est loué
pour de l'entreposage, des trucs comme ça. Je veux juste m'assurer, finalement,
qu'on n'est pas en train de créer une espèce de couloir dans...
M. Grandmont : ...que les
propriétaires voudraient essayer de... d'essayer de faire un coup d'argent en
comptant, finalement, sur le fait que les locataires... Ça peut être un appartement
comme ça, peut être un autre type de biens, là. Je veux juste m'assurer qu'on a
les bons mécanismes pour s'assurer qu'on n'aura pas, là, une espèce d'abus de
ce côté-là.
Mme Guilbault :Oui, non, mais j'entends bien le souci, mais c'est déjà
prévu comme ça dans la loi actuelle, et on n'a pas connaissance qu'il y aurait
eu nécessairement des enjeux. C'est sûr qu'à partir du moment où ce n'est pas
la charge de l'expropriant ça devient, je dirais, une question un peu en
parallèle, là, dans le sens où c'est plus des affaires de droit entre
locataires et propriétaires. C'est ça, l'article 67.1 de la loi actuelle.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 12 amendé? M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. En lien avec la réponse que je posais à Mme la ministre quant à
l'indemnité, est-ce que, donc, le fait... Ici, ça ne va pas... Puis
l'amendement qu'on a déposé fait en sorte que le locataire va avoir droit à des
dommages-intérêts, mais ça n'empêche pas son recours contre l'expropriant. Je
veux juste m'assurer.
Mme Guilbault :Contre l'exproprié, vous voulez dire.
M. Morin : L'expropriant.
Mme Guilbault :Bien, l'expropriant va devoir payer l'indemnité
d'expropriation, mais il va aussi avoir un recours contre l'exproprié pour des
dommages-intérêts parce qu'il y a eu négligence.
M. Morin : Oui, c'est ça. Ça,
je comprends que, si l'exproprié ne fait pas son travail, le locataire, donc,
aurait un recours en dommages contre l'exproprié, mais je veux simplement
m'assurer que ça ne va pas libérer l'expropriant de son obligation de donner
une indemnité aux locataires.
Mme Guilbault :C'est déjà comme ça, puis ça ne change rien à ça, là,
effectivement.
M. Morin : D'accord. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 12 amendé? Pas de
commentaire. Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article 12
amendé? Consentement. Article 13. Mme la ministre
Mme Guilbault :Oui, et j'aurai un amendement, M. le Président, à
l'article 13... on a tellement de feuilles, qui a déjà été transmis aussi.
Bon, parfait. Alors, c'est ça, il est déjà là.
Donc, article 13 : «Lorsque
l'expropriation vise des meubles accessoires à l'immeuble exproprié et que
l'exproprié est une personne physique, ce dernier doit, dans les 30 jours
qui suivent la date de l'expropriation, transmettre à l'expropriant sa date de
naissance. Ce renseignement ne peut servir qu'aux fins de consulter le registre
des droits personnels et réels immobiliers.»
Donc, en commentaires :
L'article 13 du projet de loi prévoit que, dans le cas de l'expropriation
d'un bien meuble, l'exproprié qui est une personne physique devrait
transmettre, dans les 30 jours qui suivent la date de l'expropriation, sa
date de naissance à l'expropriant afin que celui-ci puisse consulter le
registre des droits personnels et réels immobiliers. Cette consultation
permettra à l'expropriant de vérifier s'il existe des droits personnels ou
réels mobiliers inscrits à l'égard du meuble et, le cas échéant, de verser
l'indemnité pour ce bien à qui de droit. Cet article précise également que ce
renseignement personnel ne peut servir que pour la consultation de ce registre.
Ah! puis mon amendement, bien oui, qui est
ici. Parfait. Alors, amendement article 13 : Remplacer la première phrase
de l'article 13 du projet de loi par la suivante : «Lorsque
l'expropriation vise des meubles et que le exproprié est une personne physique,
ce dernier doit, dans les 30 jours qui suivent la demande de l'expropriant
d'obtenir sa date de naissance... O.K., lui transmettre cette date.»
Donc, la modification proposée à
l'article 13 du projet de loi vise d'abord à s'assurer que l'exproprié a
l'obligation de transmettre à l'expropriant sa date de naissance dès
l'expropriation vise des meubles, et ce, que ceux-ci soient accessoires à
l'immeuble exproprié ou que ceux-ci soient utilisés dans le cadre des activités
agricoles, commerciales, industrielles ou institutionnelles de l'exproprié
réalisées sur l'immeuble exproprié. Elle vise enfin à prévoir que l'exproprié
devrait, dans les 30 jours qui suivent la date de l'expropriation
d'obtenir sa date de naissance, lui transmettre cette date. Cette obligation ne
serait plus automatique, elle serait utilisée uniquement lorsque l'expropriant
aurait besoin de ce renseignement...
Mme Guilbault :...pour consulter le registre des droits personnels et
réels mobiliers. Ce qui pourrait aussi advenir dans le cadre de l'instance en
fixation de l'indemnité d'expropriation, notamment si des meubles sont offerts
en contrepartie d'indemnités, par exemple, lors de la cessation de
l'exploitation d'une entreprise.»
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires, question sur l'amendement à
l'article 13? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Donc, en fait, quand je lis la phrase actuelle ou la première phrase
de 13, présentement : «Lorsque l'expropriation vise des meubles
accessoires à l'immeuble exproprié et que l'exproprié est une personne
physique, ce dernier doit, dans les 30 jours qui suivent la date, transmettre à
l'expropriant sa date de naissance.» Donc, au fond, quel est l'ajout de votre
modification à la première phrase?
Mme Guilbault :C'est qu'au lieu que ce soit dans les 30 jours qui suivent
la date d'expropriation, c'est dans les 30 jours qui suivent la demande de la
date de naissance.
M. Morin : Donc, qui
suivent... qui suivent la demande de... O.K. Sauf que la date de
l'expropriation, on l'a vu, c'est la date de l'avis parce que c'est resté comme
ça. Donc là, on veut... Parce que le locataire, en fait, n'aura peut-être pas
connaissance de la procédure d'expropriation, donc on veut donner plus de temps
à l'expropriant, est-ce que c'est le but que vous recherchez?
Mme Guilbault :Non, mais c'est... En fait, c'est ça, c'est que ce ne soit
plus automatique. La façon, dont c'est écrit dans le premier, c'est comme s'il
y a une obligation systématique de transmettre la date de naissance. Alors là,
ce qu'on vient dire... Parce qu'il y a plein de circonstances, peut-être, où
l'expropriant ne la voudra pas, la date de naissance, n'en a pas besoin ou ça
ne l'intéresse pas. Donc là, on vient juste préciser, si jamais l'expropriant
la demande, l'expropriant a 30 jours pour donner l'information.
Puis ça, c'est pour des cas, on en
discutait hier, par exemple, tu prends possession d'un immeuble ou des biens
meubles, puis il y a un passif dessus, tu sais, il y a encore une dette ou...
ça fait que là tu te retrouves à donner ton indemnité d'expropriation, puis là,
après ça, tu es obligé de payer les créanciers sur ces biens-là. Alors là,
évidemment, ce n'est pas intéressant.
M. Morin : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement à l'article 13? Est-ce que
l'amendement, à l'article 13, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Est-ce qu'il y a... On revient l'article 13 amendé. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 13 amendé? Pas de commentaire. Est-ce que l'article
13 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
L'article 14... Oh! compte tenu de l'heure, nous pouvons suspendre nos travaux
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 17)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 22, loi concernant les
expropriations, et nous venions de terminer l'article 13 à la suspension de nos
travaux, à 13 heures. Donc, on peut passer soit à l'article 14 ou on revient à
l'article 12, amendé, qui était suspendu. Donc, Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien là, ça, c'est...
Le Président (M. Jacques) : On
peut suspendre quelques instants.
Mme Guilbault :Oui, c'est ça.
(Suspension de la séance à 14 h 18)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 44)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. À la suspension, nous discutions à savoir si nous
revenions à l'article 12 amendé. Donc, est-ce qu'il y a consentement pour
revenir à l'article 12 amendé? Consentement. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui, donc, je déposerais un nouvel amendement ou un...
Est-ce que c'est un... Non, c'est un autre amendement au même article, parfait,
un amendement à l'article 12 amendé.
Article 12 : Remplacer le
sous-paragraphe c du paragraphe 2° du quatrième alinéa de l'article 12 du
projet de loi, tel qu'amendé, par le sous-paragraphe suivant :
«c) elle occupe cet immeuble après avoir
pris entente avec le titulaire du droit portant sur cet immeuble;».
Donc, c'est pour venir clarifier, parce qu'à
la suite de la fructueuse discussion qu'a amenée mon collègue de Taschereau on
s'est aperçu qu'il y aurait lieu de venir préciser, dans la... c'est ça, la
partie c de l'alinéa 2° de l'article 12 amendé, de s'assurer qu'on
comprenne bien que, même quand on parle d'occupant de bonne foi, c'est
minimalement quelqu'un qui aura eu une entente verbale, qu'elle soit écrite ou
verbale, avec le propriétaire, donc l'exproprié dans le cas de figure qui nous
occupe, pour encadrer la responsabilité de l'exproprié aussi.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement? M. le député de l'Acadie.
M. Morin : ...M. le Président.
Alors, est-ce que je comprends qu'il faut qu'à chaque fois qu'il y ait un
nouveau... un colocataire, il y ait une entente? Puis je donne le cas de figure
suivant. Dans le cas, par exemple, d'étudiants qui louent un appartement, mais,
pour toutes sortes de raisons, ils ont différents locataires qui changent
pendant l'année scolaire, est-ce que ça veut dire qu'à chaque fois il faut qu'il
y ait une entente expresse, ou tacite, claire, ou verbale, ou écrite avec, à
chaque fois, la nouvelle personne qui va habiter dans le logement? Est-ce que c'est
ce que je comprends de l'amendement?
Mme Guilbault :Oui. Oui, bien, en fait, toujours pour des cas d'expropriation,
déjà on parlait de consentement expresse ou tacite. En fait, c'est parce que,
quand on regarde de la façon dont c'était écrit...
Mme Guilbault :...pour éviter ou pour clarifier le fait que l'exproprié,
en l'occurrence dans un cas de figure du logement des étudiants dont parle mon
collègue, ce serait le propriétaire de l'immeuble. Quand on dit qu'il est tenu
de transmettre les noms et les informations sur les locataires qui ont un bail
ou les occupants de bonne foi à l'expropriant, il faut qu'on puisse mettre une
limite, puis un encadrement quelque part pour les cas dont on a discuté ce
matin, là. Par exemple, justement, un déroulement d'étudiants qui habitent plus
ou moins là pendant certaines périodes, on ne peut pas penser que le
propriétaire de l'immeuble est au courant, nécessairement, de qui habite dans
chacune des portes en permanence. Ça fait que, quand on dit qu'il est tenu de
transmettre l'info à l'expropriant, c'est l'info qu'il est raisonnable pour lui
d'obtenir.
M. Morin : O.K. Parfait.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'amendement à l'article 12
amendé? Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
L'amendement à l'article 12 amendé est adopté. Est-ce que les commentaires
sur l'article 12 amendé? Il n'y a pas de commentaire. Est-ce que
l'article 12 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Mme la ministre, l'article 14.
Mme Guilbault :Oui. «Article14. L'expropriant doit, dans les 30 jours
qui suivent la réception des renseignements visés à l'article 12,
signifier un avis de libération de l'immeuble exproprié au locataire ou à
l'occupant de bonne foi de cet immeuble.
«L'avis de libération de l'immeuble
exproprié contient notamment :
«1° les renseignements prévus aux
paragraphes 1 à 5 du premier alinéa de l'article9 et contenus dans l'avis
d'expropriation;
«2° la date de l'expropriation;
«3° le texte d'information établi par le
ministre.
«L'avis de libération de l'immeuble
exproprié doit être accompagné d'un plan signé par un arpenteur géomètre de
l'immeuble exproprié.
«L'avis de libération de l'immeuble
exproprié doit également être accompagné de la déclaration détaillée initiale
de l'expropriant qui indique minimalement un montant au moins équivalent à
trois mois de loyer lorsque la résidence du locataire ou de l'occupant de bonne
foi fait partie de l'immeuble exproprié, ainsi que du modèle de réponse établi
par le tribunal et publié sur son site internet.
«Le loyer correspond :
«1° dans le cas d'un locataire qui est une
personne liée au sens de la Loi sur les impôts, au titulaire d'un droit portant
sur l'immeuble loué ou, dans le cas d'un occupant de bonne foi, au loyer
mensuel moyen du marché pour une location équivalente à celle de l'immeuble
loué ou occupé à la date de l'expropriation.
«2° dans les autres cas où le loyer
mensuel prévu au contrat de location.»
En commentaire : l'article 14 du
projet de loi prévoit que dans les 30 jours qui suivent la réception des
ententes avec les locataires de l'immeuble exproprié ou des informations sur
les locataires ou les personnes qui occupent cet immeuble, l'expropriant
devrait signifier à ces personnes un avis de libération de l'immeuble
exproprié. Rappelons que ce délai est actuellement de 15 jours dans la Loi
sur l'expropriation.
Cet article précise que... précise
également, pardon, le contenu de cet avis. Parmi les nouveaux éléments qui
devraient être contenus, il y aurait plus de détails quant au démembrement du
droit de propriété exproprié lorsque c'est le cas, ainsi que la mention de la
date de libération.
Cet article indique également les
documents qui devraient accompagner l'avis d'expropriation, soit un plan de
l'immeuble à exproprier signé par un arpenteur géomètre. Le modèle de réponse
établi par le Tribunal administratif du Québec ainsi que la déclaration
détaillée initiale de l'expropriant, autrement dit son offre.
Enfin, cet article prévoit que l'offre
initiale présentée au locataire ou à l'occupant de bonne foi dont la résidence
fait partie de l'immeuble exproprié — excusez, excusez, M. le Président — fait
partie de l'immeuble exproprié, correspond au moins à trois mois de loyer, tout
en précisant la manière de déterminer le montant d'un loyer.
Donc, c'est ça, ça vient remplacer
l'article 45 de la loi sur l'expropriation qui disait dans les 15 jours.
Donc maintenant c'est 30 jours. Et c'est ça, on dit : Notifier les
locataires et les occupants de bonne foi de l'existence des procédures
d'expropriation et les aviser de comparaître devant le tribunal. Donc, la
comparution maintenant, comme on a vu hier, s'appelle «le modèle de réponse
établi par le tribunal».
Ah! Et j'ai un amendement, M. le
Président, c'est vrai, qui, je pense, va être disponible.
• (14 h 50) •
Le Président (M. Jacques) : ...y
aller, madame.
Mme Guilbault :Alors, oui, amendement à l'article 14 :
Remplacer, dans le troisième alinéa de l'article 14 du projet de loi,
«plan signé par un arpenteur géomètre de l'immeuble exproprié» par «extrait du
cadastre du Québec montrant l'immeuble exproprié lorsque le droit exproprié
porte sur un lot entier situé dans un territoire ayant fait l'objet d'une
rénovation cadastrale ou, dans les autres cas, d'un plan de l'immeuble
exproprié signé par un arpenteur géomètre».
Alors, c'est la concordance avec les
amendements qu'on a votés hier.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement à
l'article 14?
M. Morin : Je n'ai pas de
commentaire sur l'amendement qui est un amendement de concordance, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
que...
Le Président (M. Jacques) : ...l'amendement
à l'article 14 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Maintenant, est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 14, amendé? M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Merci. Alors, M.
le Président, on voit et on lit, à l'article 14, qu'au fond le locataire aura,
comme compensation, trois mois de loyer, et, bon, un peu plus tôt aujourd'hui,
Mme la ministre parlait des frais de déménagement, mais ma question est la
suivante : Est-ce que vous considérez, Mme la ministre, compte tenu de la
crise du logement qu'on a présentement, que trois mois de loyer, c'est
suffisant?
Mme Guilbault :C'est le montant initial, qui est prévu dans la déclaration
initiale, mais ensuite... dans l'indemnité de départ, mais, dans l'indemnité
définitive, il y aura ces frais-là supplémentaires qui vont avoir été défrayés
aussi.
M. Morin : Et les frais
supplémentaires correspondent à?
Mme Guilbault :Le déménagement.
M. Morin : Oui, d'accord.
Mme Guilbault :Puis les postes de réclamations aussi, là, de l'article 10,
je pense?
Des voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Nous
allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 53)
(Reprise à 14 h 54)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Avec le consentement, je permettrais à ma collègue
juriste de répondre, comme c'est vraiment la mécanique de réclamation.
Le Président (M. Jacques) : Consentement?
Consentement. Mme... Maître, est-ce que vous voulez vous nommer et nommer votre
titre, s'il vous plaît?
Mme Massé (Julie) : Oui,
bonjour, Julie Massé, avocate légiste à la Direction des affaires juridiques du
ministère des Transports et de la Mobilité durable. Donc, à l'article 14, ce
qui est transmis au locataire et à l'occupant de bonne foi, c'est la
déclaration détaillée initiale de l'expropriant. Donc, c'est une offre initiale
que l'expropriant va faire, et quand c'est un locataire dont la résidence est
touchée, on demande un minimum de trois mois de loyer. Ça, c'est la... dans le
fond, c'est ce qu'on appelle l'offre, c'est l'offre initiale de l'expropriant.
Par la suite, quatre mois plus tard,
l'exproprié va devoir déposer, lui, sa déclaration détaillée où il va indiquer
les dommages qu'il subit en raison de l'expropriation. Par exemple, si c'est
une entreprise qui subit des dommages, perte de profits, elle va pouvoir les
réclamer dans sa déclaration détaillée. L'expropriant, quatre mois plus tard,
peut modifier sa déclaration détaillée pour tenir compte des dommages réclamés
par ce locataire et occupant de bonne foi.
À l'article 96 du projet de loi, on
prévoit, dans l'indemnité en réparation des préjudices, que... je vais vous
laisser le prendre, donc, c'est le deuxième alinéa, tout de suite après le
paragraphe 3 du premier alinéa : «Dans le cas de l'expropriation totale ou
partielle de la résidence d'un locataire ou d'un occupant de bonne foi, ce
dernier a droit à une indemnité en réparation de préjudice qui équivaut
minimalement à un montant correspondant à trois mois de loyer, lequel est
établi conformément au cinquième alinéa de l'article 14 et aux frais de
déménagement.» Donc, ça, c'est l'indemnité minimale que le TAQ va pouvoir
déterminer. Et ça ne veut pas dire qu'il NE pourrait pas avoir plus de mois de loyer,
si jamais il y a des problèmes pour se relocaliser. Si le loyer qu'il trouve
par la suite est plus cher, la différence va lui être compensée.
Donc, l'ensemble des dommages vont être
évalués dans les étapes ultérieures, mais, à l'article 14, c'est vraiment la
déclaration initiale, déclaration détaillée initiale de l'expropriant. Donc,
c'est pour ça qu'on a prévu un montant minimum à mettre dessus.
M. Morin : Merci. Maintenant,
est-ce que le tribunal va avoir une...
M. Morin : ...discrétion pour
accorder un montant si le locataire n'est pas capable de se retrouver un
logement ou si... Parce qu'évidemment, vous le savez, avec la crise du
logement, présentement, il y a des locataires qui payent un certain loyer,
mais, dans un arrondissement similaire ou à proximité d'où il habite, souvent,
les loyers vont être beaucoup plus élevés. Donc, le locataire qui va être...
qui va se relocaliser, s'il a la chance de se trouver un logement près de
l'endroit où il habite, il est fort probable que les loyers soient beaucoup
plus élevés. Donc, comment on va s'assurer qu'il va être compensé? Parce que
lui, il ne veut pas nécessairement déménager, ça fait peut-être 15, 20,
25 ans qu'il habite là. Alors, quelle est la mécanique qui va faire en
sorte qu'il ne perdra pas suite à l'expropriation?
Mme Massé (Julie) : Oui,
enfin, la mécanique, c'est certain que, tant que c'est un préjudice qui est
directement causé par l'expropriation, ce qui serait le cas, son loyer lui
coûtant plus cher, il va être indemnisé. C'est sûr qu'on est... c'est couvert
sur une certaine période et le tribunal aura compétence, là, pour juger du
dommage causé puis de son lien de causalité avec l'expropriation.
M. Morin : Et puis, quand
vous parlez d'une certaine période, quelle est la période? Parce qu'à
l'article 96 on parle, dans le cas de l'exproprié, d'une période d'en fait
de 10 ans qui suit le transfert du droit, mais, pour le locataire, on n'en
parle pas.
Mme Massé (Julie) : C'est lié
à la durée du bail, en fait, c'est à 96, là, donc, dans le cas du locataire, à
la date de la fin du bail, donc s'il reste plus le renouvellement. Tu sais,
s'il pouvait renouveler pour une autre année, donc, il aurait été assuré
d'habiter là un an plus une autre année, on va payer les deux années.
M. Morin : Mais pas plus.
Mme Massé (Julie) : Pas plus.
M. Morin : Donc, avec le
projet de loi, un locataire qui habite un immeuble depuis 15 ou 20 ans,
puis ça existe, là, dans un endroit, puis, partout au Québec, il y a une crise
du logement... Oui? Attendez.
Des voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Nous
allons le suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 59)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 06)
Le Président (M. Jacques) : Donc,
nous reprenons nos travaux. Me Massé.
Mme Massé (Julie) : Oui. Ce
qu'on proposerait, c'est qu'on pourrait parler du maximum quand on sera rendu à
l'article 96, là. On va réfléchir à ce maximum-là, s'il y a maximum.
M. Morin : Bien, je vous
remercie, parce que... Écoutez, ça me convient, mais je veux juste simplement
partager, par exemple, ce cas de figure avec vous : il y a des villes,
présentement, au Québec, et j'ai la ville de Rimouski en tête, où le taux d'inoccupation
est de 0 %. 100 % des logements sont pris. On nous dit même qu'on a
été obligé de refuser des étudiants à l'Université du Québec à Rimouski parce
qu'il n'y avait pas de logements. Donc, si la ville ou l'autorité expropriante
exproprie des locataires, dans un cas comme ça, ils vont faire quoi, les
locataires?
Puis je vous le soumets parce qu'on aura à
en discuter à nouveau lors de l'étude de l'article 96, mais là, ça va poser un
réel problème. Puis je ne veux pas nécessairement, évidemment, que les
expropriants ne puissent plus agir, mais il n'en demeure pas moins que, dans un
cas comme ça, là, il y a un enjeu réel pour les locataires. Puis ce n'est
peut-être pas la seule ville au Québec. Donc, on pourra en reparler, mais je
voulais juste soumettre ce cas-là pour que ça puisse animer notre discussion.
Puis, pour revenir à Rimouski, si vous
regardez la région après, Val-Neigette, Saint-Fabien, Saint-Simon, il n'y a pas
beaucoup de logements locatifs, donc c'est un enjeu dans ce coin-là du Québec.
Et, quand on parle des loyers et du locataire, ça s'applique à un bail
commercial?
Mme Massé (Julie) : Oui. En
fait, il va y avoir une déclaration détaillée initiale pour tout locataire,
tout occupant de bonne foi. Puis, pour la réclamation, les dommages vont être à
examiner, autant pour les locataires commerciaux, agricoles, peu importe, tous
les locataires occupants de bonne fois sont dans la même procédure.
M. Morin : D'accord. Je vous
remercie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Je
remercie mon collègue de l'Acadie, là, pour les questions qu'il a posées, c'est
des questions que j'aurais aimé poser également. Je vais quand même aller sur
un autre aspect. Dans la définition du loyer, au premier alinéa, on dit que
«dans le cas d'un locataire qui est une personne liée au sens de la Loi sur les
impôts ou titulaire d'un droit portant sur l'immeuble loué ou dans le cas d'un
occupant de bonne foi, au loyer mensuel moyen du marché pour une location
équivalente à celle de l'immeuble loué ou occupé à la date de l'expropriation».
Donc, peut-être, d'abord, une question d'éclaircissements, dans le fond. Le
montant qui est versé, là, qui est proposé, en fait, parce que c'est une
première démarche, là, c'est une première proposition, dans le fond, là, on
commence avec ça, là, est-ce que c'est le loyer actuellement payé par le
locataire ou si c'est un loyer, comme je le comprends, là, un loyer mensuel
moyen du marché, qui est proposé dans la première proposition?
Des voix : ...
Mme Guilbault :C'est le loyer du marché.
Le Président (M. Jacques) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Oui. C'est le loyer du marché.
M. Grandmont : C'est parce
que... Je ne suis pas sûr de comprendre, parce que le deuxième alinéa dit «dans
les autres cas, au loyer mensuel prévu au contrat de location». J'aimerais
comprendre la distinction, en fait, entre les deux alinéas, là.
Le Président (M. Jacques) : Nous
allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 10)
(Reprise à 15 h 12)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Alors effectivement le calcul du loyer dans l'alinéa
un pour une personne liée, donc liée au sens de la Loi sur les impôts, c'est
défini dans cette loi-là qui est une personne liée, mais c'est la famille puis
un certain nombre d'éléments. Et là, à ce moment-là, cette personne-là,
puisqu'elle est liée au propriétaire, paie un loyer soit inexistant ou
symbolique ou un peu dérisoire par rapport au prix normal du marché, on va
trouver un comparable sur le marché pour définir le montant qui va être versé,
fois trois pour la location, l'indemnisation, l'indemnité.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. J'aimerai maintenant savoir le loyer mensuel moyen du marché, comment on
établit la géographie du marché? Parce que vous comprenez que les loyers
peuvent varier beaucoup. Mon collègue tantôt a parlé d'inoccupation. Il y a des
endroits où t'as 0 %. Il y a des endroits où les loyers sont beaucoup plus
élevés, puis il n'y a pas besoin de faire beaucoup de kilomètres entre le
centre-ville, le Québec par exemple, puis d'autres secteurs de la ville très
proches, à l'intérieur d'un ou deux kilomètres, où finalement les loyers sont
souvent de prix très variables aussi. Bref, nous avons besoin de savoir un peu
de précision sur la notion de... du marché pour être capable de déterminer
convenablement la hauteur du montant du loyer qui serait versé, la fois trois
mois.
Des voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a consentement pour...
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Il
y a consentement. Veuillez vous nommer et nommer votre titre, s'il vous plaît.
Mme Ferlatte (Karine) : Bonjour
Karine Ferlatte, je suis évaluateur agréé. Pour mesurer les loyers sur le marché,
c'est qu'on va regarder. C'est sûr qu'on y va par rayon, hein, on regarde... À
Montréal, ça va bien, on a une grande région, on peut trouver facilement des
loyers. Si on est à Rimouski puis on regarde, on a des logiciels qui nous
permettent d'identifier des loyers. Si on n'en trouve pas, bien, on va... on va
élargir notre territoire par la suite à des villes avoisinantes ou des villes
des fois, qui peuvent se comparer soit en population, soit par type de... Tu
sais, si c'est une zone... une municipalité plus agricole, plus urbaine, on va
aller chercher des villes comparables puis et on va essayer de trouver, avec
nos outils de recherche, des loyers disponibles sur le marché pour essayer de
faire des comparaisons.
M. Grandmont : D'accord,
merci. Parce qu'il est clair que la notion de déracinement par rapport à son
quartier peut être importante. Il y a des gens qui ont choisi de vivre dans un
quartier parce qu'ils avaient... ils avaient des services, ils avaient
peut-être des ressources auxquelles ils ont besoin d'avoir accès aussi, par
ailleurs, à côté de chez eux, et quand vient le moment de se... puis si ça
fait... Par exemple, on parle d'un loyer, là, justement avec un cas de... dans
le fond, un locataire qui est une personne liée, donc on peut avoir des prix
qui sont peut-être plus bas. Donc, si on veut que cette personne là puisse se
reloger dans un secteur en ayant accès à... c'est ça, à un loyer qui est
suffisant, moi, ma crainte, c'est que si le marché, tel qu'il est évalué, on
parle de rayon, là, s'il est trop grand, bien, la personne n'aura pas une
indemnisation de base qui soit suffisante pour être capable de lui permettre de
demeurer dans le quartier où elle habitait. C'était peut-être un peu ça, là.
Donc, je comprends qu'il y a une notion, on y va de manière concentrique, là.
Mais comment on fait pour s'assurer? Dans le fond, ma préoccupation est un peu
ça, puis on l'avait entendu aussi, là, pendant les audiences, c'est l'Ordre des
évaluateurs agréés qui avait parlé d'un cas, notamment, là, qui était un peu
similaire à ça. La personne veut pouvoir demeurer dans son quartier, puis
évidemment, les prix ne seront pas exactement les mêmes. On parlait d'un cas,
là, de quelqu'un qui habitait à côté des piliers du pont... d'un pont qu'à
Montréal. Comment on fait pour s'assurer finalement qu'on va être capable de
maintenir les gens dans les quartiers dans lesquels ils ont décidé d'habiter?
Puis évidemment, on traite de cette question-ci ici sur la notion de loyer qui
est versé fois trois mois. Mais on aura aussi des questions, peut être en lien
avec les indemnisations à l'article 96 évidemment, là, pour les mêmes
raisons.
Mme Ferlatte (Karine) : C'est
sûr que c'est du cas par cas, hein, tout le temps.
M. Grandmont : Oui,
évidemment.
Mme Ferlatte (Karine) : On a
tout le temps des cas plus compliqués que d'autres. C'est sûr qu'à l'article où
on est rendu, j'aurais envie de vous répondre quelque chose de plus simple. On
est encore à l'offre initiale, on va y aller avec tout ce qu'on trouve
facilement sur le marché, puis l'exproprié peut...
Mme Ferlatte (Karine) : ...il
pourra nous faire valoir pourquoi son besoin à lui est différent, pourquoi son
dommage est plus grand que qu'est-ce qu'on lui a offert. Et là, nous, on va l'étudier.
On prend le temps de discuter avec les gens. Pourquoi... C'est quoi, ton
besoin? Où tu t'en vas? Pourquoi tu t'en vas de là? Qu'est-ce que tu paies
comme loyer? Puis, tu sais, souvent, on s'assoit avec ces gens-là pour chercher
des propriétés. C'est sûr qu'il y en a, des fois, qui ambitionnent, il y en a
qui... non, du tout. On va leur proposer des loyers similaires, selon notre
recherche, puis on va leur donner ce montant-là. Puis si ça ne fait pas, mais
là, ça va être le tribunal qui va trancher à ce moment-là.
M. Grandmont : D'accord.
Donc, on pourrait même avoir... Donc, ce que vous me dites, c'est que, dans le
fond, c'est une offre préliminaire puis que, par la suite, à la négociation...
une collaboration, on va s'ajuster puis on va être capable de trouver quelque
chose qui pourrait être satisfaisant pour la personne.
Mme Ferlatte (Karine) : Exactement.
Sinon, c'est le tribunal qui tranchera par la suite.
M. Grandmont : O.K. Parfait.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Vous avez mentionné, Mme Ferland, que vous avez des logiciels pour
évaluer les loyers.
Mme Ferlatte (Karine) : Pas
les loyers, mais on parle de... marché, oui. Bien, les logiciels, c'est des
styles d'agents immobiliers, tout ça, on peut facilement répertorier...
commercial, on a encore plus de sites qui nous permettent de voir les loyers
affichés sur le marché pour des propriétés commerciales.
M. Morin : O.K. Donc, je
comprends, au fond, que vous consultez des sites d'agents immobiliers puis,
tout dépendant des prix qui sont offerts ou affichés, ça vous permet de faire
une évaluation.
Mme Ferlatte (Karine) : Tout
à fait.
M. Morin : Quand on parlait
avec mon collègue, on parlait des loyers, puis je comprends que, pour
l'indemnité, on va en reparler, mais vous avez mentionné que c'était évidemment
une indemnité initiale, sauf que, quand l'exproprié a des locataires, les
locataires, eux, vont vouloir probablement se relocaliser quand même assez
rapidement, d'où l'enjeu avec la crise du logement actuelle.
Donc, je comprends que vous dites
qu'éventuellement le tribunal va pouvoir, en fait, prendre une décision et que
vous parlez, mais, dans les faits, le trois mois, ça arrive quand même vite.
Puis, si les locataires ne sont pas capables de se relocaliser, parce qu'il n'y
en a pas de logement, vous faites quoi?
Mme Ferlatte (Karine) : Pour
la question du trois mois, je suggère qu'on en discute à l'article 26,
concernant la date de libération des lieux, parce qu'on va probablement avoir
un amendement, puis on pourra en reparler à ce moment-là, ça va être...
M. Morin : Merci, Mme.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député, M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, j'invite
Mme... Me Ferlatte à demeurer. J'avais une autre question, en fait, de
précision. Quand on dit, vous avez partiellement répondu à la question de mon
collègue, quand on dit : On évalue le marché, parce qu'on cherche un prix
de loyer, c'est quel prix qui est représentatif du marché de manière moyenne.
J'imagine qu'on regarde l'offre de logement et non pas les prix moyens payés,
c'est-à-dire qu'on sait bien...
Mme Ferlatte (Karine) : On
regarde... exactement, ce qu'il y a de disponible sur le marché, ce.
M. Grandmont : Ce qu'il y a
de disponible sur le marché.
• (15 h 20) •
Mme Ferlatte (Karine) : Même
chose, quand on relocalise une personne qui a une maison, on ne regarde pas
les prix vendus, on va regarder ce qu'il y a de disponible dans sa région, pour
pouvoir lui donner une indemnité suffisante pour se déménager.
M. Grandmont : O.K. Parfait.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 14 amendé? S'il n'y a pas
de commentaire, est-ce que l'article 14 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Mme la ministre, article... Oui, M. le député de l'Acadie pour une introduction
de l'article.
M. Morin : Exactement, M. le
Président. Puisqu'on arrive au chapitre II du projet de loi qui s'intitule la
procédure d'expropriation, je comprends que l'idée du gouvernement, c'est
d'avoir un processus qui est accéléré. Alors, j'aurais une proposition à faire
en ajoutant un article 14.1... ou, enfin, si les légistes du gouvernement ont
d'autres suggestions à ce niveau-là, je serais bien heureux de les entendre.
Mais cette modification...
M. Morin : ...on parlerait d'une
séance de médiation. Donc je peux procéder, M. le Président, à la lecture de
l'ajout.
Alors, article 14.1, l'article se lirait
ainsi :
Insérer, après l'article 14 du projet de
loi, le suivant :
«14.1. Les parties doivent procéder à une
séance de médiation avant de s'adresser au tribunal. À cette fin, le greffier
les informe qu'elles peuvent, sans frais additionnels, soumettre leur litige à
un médiateur accrédité. Le médiateur dépose au greffe un rapport sur la
médiation qu'il a conduite. Si les parties s'entendent, elles déposent au
greffe soit un avis que le dossier a fait l'objet d'un règlement à l'amiable,
soit l'entente signée par elles.
L'entente entérinée par le greffier
spécial ou le tribunal équivaut à un jugement.
La médiation obéit aux principes généraux
inscrits au Code de procédure civile du Québec (chapitre C-25.01) et suit le
processus qui y est prévu.»
Bon. Alors, voilà pour la lecture de
l'article, de l'ajout, M. le Président. En fait, l'idée est la suivante :
dans les derniers mois, j'ai participé, comme porte-parole de l'opposition
officielle en matière de justice, aux travaux de plusieurs projets de loi pour
faciliter l'accès à la justice. Et, dans ces projets de loi là, souvent, on
retrouvait ou bien une séance de médiation, d'arbitrage... Enfin, dans le cas
qui nous occupe, dans le cas qui m'importe, je pense qu'une médiation serait
préférable, mais je me dis, si c'est un moyen qui pourrait faire en sorte que
les parties, donc, expropriant, exproprié, puissent se rencontrer avant même
qu'il y ait un litige déposé au tribunal et qu'ils puissent en arriver à une
entente, étant entendu que, comme on nous l'a dit pendant... les parties, en
fait, qu'on a entendues en commission, il y a quatre 94 % des dossiers ou
93 % des dossiers qui se règlent à l'amiable, donc, ça pourrait être un
élément de plus qui ferait en sorte qu'on pourrait éviter que des litiges se
rendent au tribunal, et donc que ça aurait une facilité pour le tribunal. Ça ne
lui ajouterait pas de dossier et ça permettrait évidemment aux parties de
s'entendre sur différents aspects, de se parler. Ça pourrait peut-être même,
dans certains cas, éviter certains interrogatoires au préalable, qui est une
innovation que l'on retrouve dans le projet de loi dont on parlera plus tard.
Donc, c'est un amendement que je propose à
la partie gouvernementale dans le but de faciliter l'accès à la justice et la
célérité de l'avancement des dossiers. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien, ce qu'on proposerait, parce qu'autour de
l'article 54 il y a une partie qui serait peut-être la partie la plus
appropriée pour introduire ce genre d'amendement ou d'article là... Si le député
est d'accord, sinon, on peut en débattre maintenant, mais, tu sais, en
parallèle, nous aussi, on est en train de réfléchir, comme je lui avais dit
hors micro, sur la question de la médiation.
Donc, soit je... puis là je vois l'heure
aussi, comme on n'a pas finalisé tout à fait notre pensée là-dessus, soit je
proposerais qu'on le suspende, si on veut le laisser à 14, puis qu'on passe à
15, ou qu'il le redépose à un autre endroit dans le projet de loi. Mais, en
fait, pour moi, ça ne me dérange pas, là.
M. Morin : Je serais prêt à
suspendre l'article, comme je le soulignais. En fait, l'aspect qui est le plus
important pour moi, c'est qu'on puisse considérer ou discuter de ce
mécanisme-là. Maintenant, si le gouvernement estime que ça serait mieux peut-être
à un autre article, moi, je suis prêt à suspendre, et, quand on sera rendu à un
autre article, que ce soit 56 ou 55, on puisse continuer notre discussion
là-dessus. Ce qui laissera l'amendement là, puis on en rediscutera, puis ça
nous permettra de faire avancer nos travaux pour cet après-midi avec d'autres
articles, si cela convient à la partie gouvernementale.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre l'introduction de l'article 14.1?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Jacques) : Consentement.
Mme la ministre, article 15.
Mme Guilbault :Oui. Donc, article 15 :
«L'expropriant doit, dans les 30 jours qui
suivent la date de l'expropriation, faire inscrire sur le Registre foncier l'avis
d'expropriation et le plan de l'immeuble exproprié mentionné aux premier et
deuxième alinéas de l'article neuf.
À défaut par l'expropriant de respecter
ces conditions, tout intéressé peut déposer, en vertu de l'article 3063 du Code
civil, une demande...
Mme Guilbault :...radiation de l'inscription de l'avis d'expropriation au
greffe du tribunal compétent et la signifier à l'expropriant et au TAQ, au
Tribunal administratif du Québec. La demande doit être déposée avant que ne
soit inscrit un avis de transfert de droits sur le registre foncier et doit
être instruite et jugée d'urgence.»
Donc c'est ça, il y a 30 jours pour
inscrire, à défaut de quoi on peut demander la radiation de l'inscription.
Ah! le commentaire. Pardon, je n'ai pas lu
le commentaire, je peux le lire : L'article 15 du projet de loi
prévoit que l'expropriant devrait faire inscrire sur le registre foncier l'avis
d'expropriation et le plan de l'immeuble exproprié dans les 30 jours qui
suivent la date de l'expropriation. Dans le cas où l'expropriant ne
respecterait pas les modalités de cette obligation, l'exproprié pourrait
déposer, avant l'inscription sur le registre foncier d'un avis de transfert de
droit, une demande en radiation de l'inscription de l'avis d'expropriation au
greffe du tribunal compétent. Cette demande devrait être instruite et jugée
d'urgence. C'est l'équivalent de l'article 42 dans la loi actuelle.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Vous vous rappellerez, Mme la ministre, quand Me Burelle est venue
témoigner en commission, elle s'était interrogée sur la pertinence d'inclure le
plan de l'immeuble exproprié et elle nous avait même suggéré une modification
où on pourrait dire «si requis». Alors, je me demandais si c'était quelque
chose que vous aviez considéré.
Mme Guilbault :Est-ce que... oui.... à quel élément dans l'article?
M. Morin : Dans l'article le
15.
Mme Guilbault :Oui, ou dans le mémoire.
M. Morin : Me Burelle, dans
son mémoire à la page 4 pour cet article là, nous avait dit que ce n'était
pas dans tous les cas qu'il était nécessairement requis de déposer le plan de
l'immeuble exproprié. Donc, elle suggérait de le modifier en utilisant «si
requis», parce que ce n'est pas requis nécessairement dans tous les cas. Et je
me demandais si c'était vraiment nécessaire ou si vous aviez songé à modifier
cet article-là pour refléter ce que Me Burelle nous a dit en commission parlementaire.
Mme Guilbault :Puis si... Bien que c'est «si requis», le «si requis» est
déterminé par qui? Puis dans... Bien, je peux être vous... On est en train de
vérifier, là. Il y a peut-être plus de détails dans le mémoire. Mais là, a
priori «si requis», si on met quelque chose comme ça, il faut déterminer qui va
le requérir puis sur quelle base.
M. Morin : Oui.
Mme Guilbault :C'est peut-être ailleurs dans le mémoire, là. C'est ça
qu'on vérifie. Ou je ne sais pas si mon collègue a déjà du détail là-dessus.
M. Morin : En fait, c'était à
la page 3 et à la page 4. Or, advenant... C'est ce que Me Burelle
écrivait, alors : Advenant même que cette situation se produise, c'est que
le TAQ choisisse de ne pas relever de son défaut, l'expropriant, celui-ci ne
perdra pas son pouvoir d'exproprier. Ainsi, il ne serait pas forclos de
signifier nouvel avis d'expropriation en vertu de la même autorisation ou
décision. Pour cette raison, nous suggérons les modifications suivantes» et
c'est là qu'elle suggérait d'indiquer «si requis» en ce qui a trait au dépôt du
plan de l'immeuble exproprié.
Mme Guilbault :C'est ça. Mais oui, mais le paragraphe introductif qui
vient d'être lu, tu sais, il n'aborde pas vraiment la question de dans quel
contexte ce serait requis ou non de déposer le plan de l'immeuble. Ça fait que
j'essaie juste de voir, tu sais, la locution «si requis». Parce que si on met
ça, la question corollaire, c'est requis quand et par qui?
• (15 h 30) •
M. Morin : Ce serait
probablement par le tribunal, j'imagine.
(Consultation)
Le Président (M. Jacques) : Donc,
je vous remercie pour votre collaboration. Et compte tenu de l'heure, nous
ajournons nos travaux à mardi le 24 octobre à 9 h 15...
9 h 45.
(Fin de la séance à 15 h 31)