Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, September 21, 2023
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Vol. 47 N° 18
Special consultations and public hearings on Bill 22 an Act respecting expropriation
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt minutes)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 22, Loi concernant l'expropriation.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président, il n'y a pas de remplacement.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Comme la séance a commencé à 11 h 20, y a-t-il consentement pour
poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue? Yatil consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Jacques) : Consentement.
Merci. Je souhaite la bienvenue aux représentants du Barreau du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter...
Le Président (M. Jacques) : ...Et
à débuter votre exposé.
M. Le Grand Alary (Nicolas) : Bonjour,
M. le Vice-Président, Mme la ministre, Mesdames et Messieurs les députés. Je
suis Maître Nicolas Le Grand Alary. Je suis avocat au Secrétariat de l'ordre et
Affaires juridiques du Barreau du Québec. Je suis accompagné de Maître Sylvain
Bélair, qui est représentant du Barreau du Québec en matière d'expropriation et
qui a plus de 35 ans d'expérience dans le domaine. Le Barreau du Québec
vous remercie de l'avoir invité à participer aux consultations concernant le
projet de loi n° 22, qui est un jalon important de la réforme du droit de
l'expropriation.
Nous soulignons d'entrée de jeu que, si la
loi sur l'expropriation était d'abord et avant tout une loi de procédure, le
projet de loi vient modifier non seulement les processus d'expropriation mais
également certaines règles de droit substantif en matière d'indemnisation des
parties expropriées.
Depuis plusieurs années, le Barreau du
Québec est intervenu sur différents projets de loi qui ont proposé des
modifications ponctuelles au mécanisme général d'expropriation, notamment en ce
qui a trait au REM, au tramway de Québec et à la relance économique suite à la
pandémie de COVID-19. Dans toutes ses interventions, le Barreau du Québec a
toujours favorisé une réforme globale de la Loi sur l'expropriation au lieu de
procéder à des modifications ponctuelles qui dépendent des projets
d'infrastructure particuliers. Nous saluons ainsi le dépôt du projet de loi qui
se veut enfin une réforme globale du régime d'expropriation.
Nous formulons toutefois certains
commentaires afin de le bonifier et d'offrir au législateur de meilleurs outils
pour assurer la protection du public dans le cadre des instances
administratives et judiciaires de l'expropriation.
Tout d'abord, nous souhaitons rappeler que
les objectifs... Les principes fondamentaux qui gouvernent l'expropriation.
Pierre angulaire de tout le régime, l'obligation de verser une juste et
préalable indemnité est prévue au Code civil du Québec. Dans le contexte du
projet de loi, nous comprenons que des règles doivent être mises en place afin
de baliser les conditions visant à établir cette juste et préalable indemnité.
La réforme proposée par le projet de loi soulève toutefois des inquiétudes pour
le Barreau.
En effet, le projet de loi propose de
limiter les montants pouvant être octroyés par le TAQ concernant l'indemnité
pour perte de valeur de convenance et celle relative aux troubles, ennuis et
aux inconvénients. Au fil des ans, la section immobilière du TAQ de même que la
Cour du Québec et la Cour supérieure ont développé des règles de jurisprudence
qui permettent de déterminer le caractère juste de l'indemnité due à
l'exproprié. La Cour suprême du Canada a depuis longtemps reconnu cette
expertise.
Le Barreau s'interroge sur la pertinence
de limiter le montant maximal de ces indemnités et par le fait même de limiter
la juridiction du TAQ de déterminer, dans chaque cas, l'indemnité équitable qui
tient compte de la réalité de l'exproprié. De ce fait, les montants accordés
par le TAQ pour la valeur de convenance peuvent être plus élevés que
20 000 $, mais se situent toujours dans une fourchette raisonnable
qui répond au caractère juste de l'indemnité due à l'exproprié. Il en est de
même pour l'indemnité pour les troubles, ennuis et inconvénients. Le Barreau
propose donc de retirer les limites de 5 000 $ et de
20 000 $ prévues par le projet de loi ou, à défaut, d'octroyer au TAQ
le pouvoir de fixer ces indemnités à un montant plus élevé.
De plus, le projet de loi permet aux
parties d'organiser la tenue d'interrogatoires au préalable et octroie au TAQ
le pouvoir de décider de façon incidente de plusieurs éléments essentiels en
matière d'expropriation. Ces modifications risquent de provoquer des délais
dans la gestion d'instance d'un dossier en expropriation puisque ces demandes seront
pour la plupart du temps contestées.
Plus particulièrement sur les demandes
incidentes, nous constatons que celles-ci pourront par la suite être portées en
appel sur permission à la Cour du Québec. Sachant que le débat peut ensuite se
poursuivre devant d'autres instances d'appel et de révision, nous craignons que
d'importants délais puissent être engendrés avant qu'une audience ne soit fixée
afin de déterminer l'indemnité définitive. D'ailleurs, nous soulignons le
risque d'engorger davantage la Cour du Québec, qui est déjà aux prises avec des
délais importants. Considérant que la vaste majorité des dossiers en
expropriation s'inscrit dans un processus de gestion active, il serait
bénéfique de laisser la gestion de ces demandes particulières aux juges du TAQ
assignés aux conférences de gestion.
Finalement, le projet de loi oblige
certaines parties expropriées à se faire représenter par un avocat devant le
TAQ. Ces parties sont celles visées par une obligation similaire au Code de
procédure civile, dont les personnes morales. Celles-ci ne sont pas toutes des
sociétés qui ont les moyens d'assumer les honoraires d'avocats qui peuvent être
élevés selon la nature du dossier. Il s'agit souvent de PME, de petites
sociétés familiales ou d'entreprises individuelles qui sont incorporées.
Celles-ci peuvent avoir des ressources financières limitées. L'exproprié devra
assumer les honoraires de son avocat pour s'assurer de recevoir sa juste
indemnité pour la valeur de son immeuble.
Pour ces raisons, nous recommandons de
retirer l'exigence d'être représenté par avocat lorsqu'une partie expropriée
est une personne morale ou une autre personne visée à l'article 87, là, du
Code de procédure civile. L'accès à la justice en serait amélioré en éliminant
un frein financier potentiel pour certaines parties qui, face à des honoraires
juridiques élevés, pourraient décider de ne pas faire appel au TAQ pour la
fixation d'indemnités, alors qu'ils ont pourtant un dossier solide et des
bonnes chances de succès.
Toutefois, considérant la complexité des
dossiers en matière d'expropriation, nous reconnaissons qu'il est souhaitable
que les expropriés mandatent des avocats. Ainsi, le remboursement des
honoraires d'avocats à titre de composante de l'indemnité définitive serait une
solution...
M. Le Grand Alary (Nicolas) : ...qui
permettrait d'assurer un meilleur accès à la justice et une réduction des
délais qui sont occasionnés par les partis autoreprésentés. Plusieurs
juridictions canadiennes permettent le remboursement des honoraires d'avocats,
dont le gouvernement fédéral en ce qui a trait aux expropriations visées par la
Loi sur l'expropriation, de même qu'en Ontario, où la loi prévoit une formule
qui permet un remboursement des frais d'avocat à certaines conditions.
Sans recommander un mécanisme de
remboursement en tant que tel, nous invitons le législateur à donner ouverture
au remboursement des honoraires d'avocats dans ces dossiers, à certaines
conditions qui pourront être déterminées, le tout afin de favoriser l'accès à la
justice.
En terminant, nous souhaitons réitérer
qu'un meilleur équilibre pourrait être atteint entre les pouvoirs des corps
expropriants et le droit individuel des propriétaires, des expropriés, le tout
permettant de reconnaître l'expertise et la compétence du TAQ, de réduire les
délais judiciaires et, ultimement, de favoriser l'accès à la justice. D'autres
commentaires techniques se retrouvent dans notre mémoire. Nous vous remercions
encore pour cette invitation et nous sommes disponibles pour répondre à vos
questions. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons débuter la période d'échange avec Mme
la ministre pour une période de 16 minutes 30 secondes.
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci, Messieurs,
encore une fois d'être ici avec nous aujourd'hui. On avait tous hâte,
probablement, en particulier mon collègue ici de l'Acadie qui est juriste,
d'entendre le Barreau du Québec. Je regarde s'il y a d'autres juristes autour
de la table. Je ne crois pas. Bien, mon estimé sous-ministre adjoint ici aussi,
puis évidemment les gens en arrière. Mais bref, merci d'être ici. Toujours très
éclairant d'avoir le Barreau, sur plusieurs projets de loi, d'ailleurs, vous
êtes des habitués de l'Assemblée nationale, le Barreau.
Donc, on a pris connaissance du mémoire,
bien sûr, des recommandations. Et vous nous avez fait un bel exposé, très
succinct, d'ailleurs, je pense même que vous n'avez pas pris le 10 minutes
au complet. Alors, bravo pour la concision. Donc, c'est ça.
Alors, je vais y aller sur certains
éléments. Puis évidemment, moi, je ne suis pas juriste, là, donc je n'ai pas la
prétention de l'être. Mais un des éléments pour lesquels... un des éléments qui
est important pour nous dans le projet de loi, c'était... puis je le dis
souvent je fais toujours un peu la même mise en contexte, le pari qu'on fait
avec ce projet de loi là, il est de deux ordres, réduire les coûts
d'expropriation, parce qu'ultimement, c'est sûr que nous, on est des élus.
Alors, tout ce qu'on débourse comme élus, comme gouvernement, ultimement, c'est
les citoyens qui le paient. Alors, c'est sûr que des coûts qui explosent dans
des projets d'infrastructures, notamment en transports. Comme vous savez, j'ai
cette loi-là chez nous, mais elle est applicable à bien d'autres... à une série
de projets qui débordent les transports. Tout ce qu'on peut réduire comme
coûts, c'est autant d'argent qui sort de moins des poches de nos contribuables,
ou du moins s'il sort quand même des poches, au moins il peut servir à un autre
projet. Et donc c'est ça. Alors, la réduction des coûts d'expropriation, ce qui
affectera à la baisse d'autant le coût de nos projets et aussi la réduction des
délais, et, encore une fois, le pari qu'on fait, puis les opinions varient
là-dessus, mais c'est que... d'envoyer des signaux clairs et d'encadrer de
manière précise, mathématique, dans certains cas, si on pense, mettons, à
l'indemnité de convenance, entre autres, d'encadrer l'UMPP sur trois ans,
d'encadrer certaines notions qui aujourd'hui... jusqu'à aujourd'hui ne
l'étaient pas, va envoyer un signal ou va offrir une prévisibilité qui fait en
sorte qu'il y aura moins de cas d'expropriation qui vont se rendre à la cour.
Et on va désengorger évidemment ce faisant les tribunaux, qui est un autre
souci qu'on n'a pas ailleurs, les délais en justice.
Tout ça pour dire que, dans vos
recommandations, vous recommandez de laisser au TAQ de fixer l'indemnité de
convenance, de retirer le 20 000 maximum et de retirer aussi le 5000 et de
laisser aussi au TAQ la possibilité de le fixer. Alors là, on se retrouverait
dans la même situation où les gens doivent aller systématiquement au tribunal
pour faire déterminer, ce qui n'atteindrait pas notre deuxième objectif de réduction
de délais, de réduction de procédures et de désengorgement du TAQ. Donc,
j'aimerais vous entendre sur comment est-ce qu'on concilie l'objectif qu'on a
avec les éléments que vous proposez.
• (11 h 30) •
M. Bélair (Sylvain) : Oui,
d'accord. Alors, d'abord, bonjour à tous. Je pense que la position du barreau
là-dessus, c'est la position, d'ailleurs, qui a été comme émise à plusieurs
reprises devant la commission, y compris par vous, Mme la vice-première
ministre, c'est de trouver un équilibre, donc pas simplement de réduire les
coûts liés aux acquisitions par expropriation, mais davantage d'éviter les abus
tout en assurant la sauvegarde des droits des expropriés. Et c'est peut-être
là-dessus que le projet de loi, à notre avis, manque un peu, c'est-à-dire
qu'afin de réduire les coûts des acquisitions par expropriation, on sacrifie à
certains égards les droits des expropriés d'être compensés équitablement,
entièrement.
Quant à la deuxième partie de votre
question, quant aux délais, bon, moi qui pratique en expropriation...
11 h 30 (version non révisée)
M. Bélair (Sylvain) : ...question,
depuis 35 ans maintenant, je ne pense pas que les délais soient un
problème criant devant le Tribunal administratif du Québec. Je m'explique. D'abord,
dans la loi actuelle sur l'expropriation, il y a déjà des mécanismes qui
permettent à un corps public qui a besoin d'une propriété pour un projet d'intérêt
public, il y a des dispositions qui lui permettent de prendre possession
rapidement de l'immeuble et d'aller de l'avant avec son projet, quitte à ce que
l'indemnité finale soit déterminée ultérieurement. Donc, dans un premier temps,
il y a des dispositions qui permettent de ne pas freiner la réalisation d'un
projet d'intérêt public simplement en raison du fait qu'un propriétaire
contesterait l'indemnité d'expropriation à laquelle il a droit.
Maintenant, davantage encore, ce qui, à
mon avis, et c'est l'avis qui est exprimé également par le Barreau dans le
mémoire, les nouvelles mesures qui sont prévues vont avoir bien davantage pour
effet d'allonger le processus judiciaire d'un dossier d'expropriation. Et je
pense par exemple... permettez-moi deux exemples, d'abord les interrogatoires
au préalable.
De tout temps devant la Chambre de l'expropriation
auparavant, devant le tribunal administratif maintenant, les témoins sont
entendus en présence du tribunal parce que le tribunal a les pouvoirs de
commissaire enquêteur au sens de la loi sur les commissions d'enquête. Donc, le
tribunal veut entendre les témoins. Donc, si on permet des interrogatoires au
préalable, des interrogatoires hors cour, bien, les témoins vont témoigner deux
fois. Et j'ose à peine imaginer l'avocat d'un corps expropriant, parce qu'un
corps exproprié est toujours représenté par avocats interroger au préalable,
sans la présence d'un juge pour diriger, limiter, donc interroger au préalable
hors cour un exproprié qui se représente lui-même. Vous savez, quand l'interrogatoire
se fait devant le tribunal, bien, même si l'exproprié est seul, le tribunal se
charge de faire en sorte que ça se déroule bien, qu'il n'y ait pas d'abus. Je m'arrête
là.
Et l'autre élément qui est susceptible d'ajouter
énormément de délais aux procédures, c'est la possibilité qui est prévue, dans
le nouveau projet de loi, de scinder les questions en litige et de permettre au
tribunal de les aborder et de les décider l'une après l'autre. Alors, tous les
moyens préliminaires qui permettent de déterminer l'usage le meilleur et le
plus profitable, de déterminer... de faire approuver au préalable par le
tribunal les dépenses que l'exproprié entend encourir pour défendre ses droits,
et il y en a d'autres, là. Ça se retrouve à l'article... je pense que c'est 102
ou 119... Je pense que c'est 102. Alors, toutes ces dispositions-là font... et
ces recours-là sont appelables à la Cour du Québec. Donc, ces dispositions-là
vont faire en sorte qu'il va y avoir des appels multiples. On va faire débattre
d'une question préliminaire, et la partie qui n'aura pas gain de cause sur une
question aussi fondamentale que la détermination d'usage le meilleur et le plus
profitable va vouloir en appeler immédiatement à la Cour du Québec. Alors, un
appel à la Cour du Québec, et là, à la Cour du Québec, on peut dire que les
rôles sont surchargés et on peut dire que la Cour du Québec, elle, est très,
très sollicitée.
Donc, en expropriation, le dossier est
traité par le tribunal administratif, selon mon expérience, dans des délais
très raisonnables. Mais, dès le moment où on va en Cour du Québec, là on frappe
un entonnoir, et la procédure devant la Cour du Québec peut requérir un an et
demi ou même deux ans dans certains cas. Donc, imaginez, si on est obligé d'y
aller à la fois sur un moyen préliminaire, après ça, revenir devant le TAQ pour
disposer de la seconde partie du litige, et après ça, retourner en appel. Donc
là, on multiplie les délais, on additionne les délais. Alors, c'est un peu les
commentaires que j'avais à faire en réponse à votre question.
Mme Guilbault :Oui, merci. Excusez, je demandais si on a les délais moyens
au TAQ, par curiosité, parce que vous me suscitez la question. C'est fort
possible qu'autant que ce soit moins long qu'à la cour. Mais c'est sûr qu'en
même temps, nous, quand on est animé du souci de faire avancer un projet, tu
sais, peut-être qu'un délai de huit mois ou 10 mois qui est considéré
somme toute, dans la moyenne générale de la justice au Québec, court, pour
nous, tu sais, des fois, ça peut être long si on...
Mme Guilbault :...pour nous, des fois, tu sais, ça peut être long, si on
pense à des projets qui sont pressants, on pense à du logement, on pense à des
projets de transport collectif. Mais donc, c'est ça, on est en train de
vérifier si on l'a. Sur... Mais ce que vous dites, c'est ça, ça va relativement
bien au Tribunal administratif et tout ça.
On a reçu il y a deux, trois jours Me
Burelle, que peut-être vous connaissez, qui est évidemment une de vos membres,
qui est spécialisée en expropriation. Donc, ça, ça a été très intéressant de
l'entendre, parce qu'elle, elle fait ça dans la vraie vie à tous les jours, et
elle, elle disait qu'actuellement la procédure n'était pas si bien encadrée, et
que souvent il y avait des retards, et que souvent, bon, justement, ça prenait
plus de temps et que ce n'était pas optimal en ce moment, la pratique pour les
avocats, la pratique en expropriation, parce que ce n'était pas aussi bien
encadré qu'en Cour supérieure. Elle faisait des recommandations là-dessus,
d'ailleurs, de peut-être mieux encadrer. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Bélair (Sylvain) : J'ai
entendu la période... les commentaires de ma collègue, Me Burelle, et les
réponses qu'elle a fournies. Je pense qu'il était question d'échéanciers devant
le Tribunal administratif, il était question de protocoles d'instance à la
manière de ce que l'on voit devant les tribunaux de droit commun. Je pense que,
ça, c'est susceptible de favoriser la bonne marche, favoriser l'échange de
l'information, la communication de l'information, la transparence entre les
parties dans une instance d'expropriation, et ça, c'est davantage de nature à
faire avancer, à écourter les litiges, à éviter les surprises, parce que ma
collègue faisait souvent référence, comme représentant des expropriants,
faisait souvent référence au fait que l'expropriant apprenait tardivement la
position de l'exproprié, recevait tardivement certains rapports d'expertise.
Tout ça... Moi, je salue tous les efforts
qui sont faits pour permettre un échange plus grand, plus complet des
informations entre l'expropriant et l'exproprié, et tous les pouvoirs qui
sont... existent déjà, les pouvoirs de gestion, les pouvoirs de conférence
préparatoire du Tribunal administratif, peut-être pourrions-nous même les
augmenter en donnant au Tribunal administratif des pouvoirs d'ordonner des
choses, alors que souvent il invite les parties à le faire, sans toutefois être
capable de l'ordonner à la manière d'un juge de la Cour supérieure. Je pense
que tout ça, c'est très salutaire, c'est très sain.
Mais je ne pense pas qu'il faille... qu'il
soit nécessaire d'aller plus loin que ça en ajoutant des étapes qui n'existent
pas, comme les interrogatoires au préalable et comme les scissions d'instance,
pour atteindre ce résultat-là. Et, je le rappelle... je me suis peut-être mal
exprimé tout à l'heure, Mme la ministre, mais les étapes devant le Tribunal
administratif, hormis la contestation du droit d'exproprier, qui est un recours
qui se fait devant la Cour supérieure que la loi vient baliser de façon, à mon
avis, tout à fait correcte en limitant les contestations d'exproprier et en
précisant qu'une contestation du droit d'exproprier n'aura pas pour effet de
suspendre les procédures d'expropriation... Je pense que les projets d'intérêt
public ne sont pas ralentis ou ne sont pas démesurément ralentis en raison du
comportement d'une partie expropriée, puisque l'expropriante peut entreprendre
sa procédure d'expropriation, faire une offre, verser une indemnité
provisionnelle et prendre possession de l'immeuble, ce qui peut se faire... Je
pense que la loi prévoit un délai de quatre mois entre la signification de
l'avis d'expropriation et la prise de possession, qui est un délai qui est à
mon avis raisonnable, et, même si l'instance d'expropriation visant la
détermination de l'indemnité finale d'expropriation peut, elle, prendre 12
mois, 18 mois, ça n'a pas pour effet de freiner la réalisation du projet
d'intérêt public.
• (11 h 40) •
Mme Guilbault :Bien, effectivement, puis ce que vous nommez, ça fait
partie des choses qu'on est venus baliser puis raccourcir, là, pour pouvoir aller
plus vite.
Mais... peut-être revenir sur les
interrogatoires. Vous l'avez nommé à quelques reprises, puis un peu dans la
même optique de... Parce que vous avez raison que ce qu'on vient ajouter par
ailleurs va nous aider à aller plus vite dans nos projets. Mais il reste que ça
va générer... Ou, du moins, si on disait qu'on retire par exemple le 20 000 $
et que, systématiquement, les gens doivent aller à la cour pour déterminer
l'indemnité, c'est sûr que ça crée quand même plus de procédures, le but étant...
Mme Guilbault :...quand même plus de procédures, le but étant de façon
générale d'essayer de simplifier les choses puis d'offrir la prévisibilité,
dont je parlais au départ. Mais sur la procédure, puis je reviens à Me Burelle,
Me Burelle estimait que les interrogatoires, ça pouvait être une bonne chose en
matière civile, en disant, justement, comme vous dites, là, un peu : Ça
permet de réduire les surprises, donc, par extension, de réduire les reports,
parce que chaque partie peut mieux évaluer les risques, et tout ça. Et donc, en
gros, globalement, ça nous aide. Et là vous, vous semblez dire que ça ne serait
pas une bonne chose, nécessairement, d'avoir les interrogatoires. Donc encore
une fois, je... Tu sais, vous êtes très crédible, elle l'était aussi, ça fait
que j'essaie de voir où est l'intermédiaire.
M. Bélair (Sylvain) : Bien,
moi, je ne dis pas que les interrogatoires au préalable ne sont pas une bonne
chose. Ce que je dis, c'est qu'il est illusoire de penser qu'ils vont
contribuer à raccourcir des délais. C'est à l'inverse, ils vont contribuer à
allonger les délais. Parce que, selon mon expérience, d'abord, devant les
tribunaux de droit commun, quand on fixe des interrogatoires au préalable, vous
savez, il faut que les avocats échangent sur leur agenda. Il faut qu'ils
s'assurent de la disponibilité du témoin. Il faut qu'ils réservent les... un
sténographe. Il faut qu'ils s'exercent à des préengagements, à
l'interrogatoire, à des engagements, aux notes sténographiques préparées par un
sténographe. Tout ça, là, c'est lourd et c'est dispendieux. Alors, d'une part,
ça, ça s'ajoute aux délais usuels.
Et, d'autre part, ce que je dis, c'est que
cet exercice-là, le témoin, là, qui est important, soit pour la partie
expropriante, soit pour la partie expropriée, il va devoir de toute façon venir
témoigner devant le tribunal administratif. Ce n'est pas parce qu'on va
l'interroger au préalable qu'on va éviter... pardon, on va éviter un procès. Si
on l'interroge au préalable, c'est parce qu'on se prépare à un procès, donc on
va quand même avoir un procès.
Donc, à mon humble avis, ce qu'il faut
favoriser, c'est que la partie puisse expropriante puisse savoir ce qu'est la
thèse de la partie expropriée. Et l'inverse est également vrai. Et ça, ça doit
se faire dans un contexte piloté par un juge qui va amener les parties à
produire leurs réclamations plus tôt dans le processus, à produire leurs
expertises... Tout ce que ma collègue a dit là-dessus, d'ailleurs, je suis
d'accord, à produire leurs expertises plus tôt dans le processus, à échanger
leurs documents plus tôt dans le processus et non pas, comme actuellement,
30 jours avant le procès, 20 jours avant le procès...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup.
M. Bélair (Sylvain) : ...parce
que...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met un terme à la discussion avec le groupe du gouvernement. Je
cède maintenant la parole à l'opposition officielle et en l'occurrence à M. le
député d'Acadie.
M.
Morin :Oui. Merci, M. le Président.
Mme Guilbault :...
M.
Morin :Oui, Mme la ministre, vous dites?
Mme Guilbault :...c'est juste... Parce que j'aurais aimé ça vous poser une
question sur le 6 mois.
Le Président (M. Jacques) : Mais,
Mme la ministre...
Mme Guilbault :Mais c'est une suggestion à mon collègue.
M.
Morin :Non, mais c'est ça, je voulais juste comprendre bien
votre suggestion pour ne pas...
Mme Guilbault :...
M.
Morin :Dans le 6 mois, oui, O.K.
Alors, bonjour, messieurs. Merci d'être
là. Merci pour votre mémoire. Évidemment... Bon, je vais vous dévoiler mon
parti pris, là. Je suis membre de votre ordre professionnel, donc évidemment
j'ai beaucoup de respect pour le Barreau, puis, comme je le soulignais aussi,
parce qu'évidemment, vous, dans tout ce débat-là, vous n'avez pas de parti
pris. Vous êtes un ordre professionnel. Vous n'êtes pas un promoteur, vous
n'êtes pas un exploitant, vous n'êtes pas une ville. Et puis vous êtes des
spécialistes du droit, bon, puis, évidemment, on fonctionne dans notre société
avec de la législation. Alors, vos recommandations, évidemment, je les écoute
avec beaucoup d'intérêt.
J'ai quelques questions pour vous parce
qu'on a entendu beaucoup de choses. Vous avez peut-être suivi aussi les travaux
de la commission. Puis moi, ce que j'essaie de voir comme porte-parole de
l'opposition officielle, c'est : où est l'équilibre? Je comprends les
villes, je comprends des groupes de protection de l'environnement qui disent :
Écoutez, nous, là, on a une crise du logement, on a des travaux
d'infrastructures, on a du transport collectif à faire avancer. On a écouté des
sociétés de transport puis là, ça prend du temps, ça prend du temps, ça coûte
cher, puis on nous cite souvent des cas, bon, qui sont parfois un peu dans les
extrêmes, puis on veut que ça aille plus vite. Et puis on écoute aussi des
promoteurs ou des propriétaires qui nous disent : Oui, mais nous, on...
Écoutez... on ne veut pas se faire déposséder, là. Il devrait y avoir un cadre.
Puis...
M.
Morin :...il y a même aussi quelques groupes qui nous ont dit:
Écoutez, vous savez, le droit de propriété, oui, ça existe, mais bon, peut-être
pas si balisé que ça. Vous en parlez dans votre mémoire. Le droit de propriété,
là au Québec, là, corrigez-moi si je fais erreur, mais c'est quand même quelque
chose qui est important, c'est quand même protégé par la Charte québécoise des
droits et libertés. Est-ce que je me trompe ou... Pouvez-vous, juste un petit
peu, donner quelques paramètres pour qu'on comprenne bien, là, ce dont on parle
puis que ce n'est pas quelque chose de banal, finalement?
M. Bélair (Sylvain) : Oui,
bien, écoutez, le droit de propriété, c'est un droit fondamental dans une
société de droit. Au Québec, c'est prévu dans notre Code civil, c'est prévu
dans la Charte québécoise des droits et libertés et c'est un droit que la Cour
suprême a qualifié d'un droit quasi constitutionnel parce que c'est... Dans une
société de droit, le droit de propriété, c'est une pierre angulaire.
Pour moi, c'est... Quand vous dites que la
loi devrait rechercher l'équilibre, tout est là. La Cour d'appel du Québec a
dit, pas plus tard qu'en 2022, que tout aussi légitime, tout aussi larges
soient les droits des corporations publiques en matière de détermination du
développement de leur territoire, tout aussi légitimes et larges soient les
pouvoirs des municipalités en matière d'environnement, il reste que ces grands
choix là, qui sont des choix de société, doivent se faire au prix des deniers
publics et non pas au coût, au détriment, si vous me permettez l'expression, au
prix, au détriment du propriétaire de l'immeuble qui est identifié pour servir
à ces fins d'intérêt public là.
Il n'y a aucune... à mon avis, il n'y a
aucune contradiction entre les pouvoirs des corps publics, gouvernement
provincial ou municipal, en matière d'aménagement du territoire, en matière de
protection de l'environnement, et l'objectif : d'assurer un équilibre et
d'assurer une juste indemnisation au propriétaire qui a le malheur de voir sa
propriété requise à ces fins-là. Que ce soit un promoteur ou que ce soit un
propriétaire privé d'une résidence, ou d'un petit immeuble commercial, ou d'un
immeuble industriel.
J'ai suivi beaucoup les débats,
évidemment, moins que vous, parce que vous, vous y étiez toujours, mais on a
souvent, souvent présenté des situations impliquant des terrains vacants, des
boisés d'intérêt, des terrains de golf, des terrains détenus par des
promoteurs. Je suis au courant de ces enjeux-là, de ces difficultés-là, mais il
faut comprendre que la Loi sur l'expropriation, c'est une loi générale qui
s'applique à beaucoup d'autres situations que ça. Elle S'applique aussi à une
expropriation pour fins de reconfiguration d'une intersection qui implique
l'expropriation de résidences privées. Il y a des exemples, là, je peux vous en
donner 13 à la douzaine. Donc, il faut faire très, très attention de ne pas
révolutionner tout le système d'indemnisation au motif qu'on veut répondre à,
vous savez, des difficultés qui existent, sans aucun doute, là, des défis qui
existent, je ne le nie pas, mais qui peuvent être résolus, à mon avis,
autrement qu'au détriment du propriétaire privé d'un immeuble.
• (11 h 50) •
M.
Morin :Je vous remercie, c'est très intéressant. Dans la même
veine, on nous a beaucoup, beaucoup parlé des expropriations déguisées, des
articles 170, 171, de la loi. Il y a même un avocat représentant un groupe qui
s'occupe d'environnement, bon, qui nous a dit que le gouvernement ratait la
cible avec ça, parce que, de toute façon, ça crée une possibilité pour la
municipalité de retirer l'offre, mais que ça ne couvrait pas, de toute façon,
l'environnement, on parle de patrimoine et d'autres... bon. Pour vous,
avez-vous analysé 170, 171? Est-ce que c'est utile? Est-ce que le gouvernement
fait fausse route, puis comment peut...
M.
Morin :...être efficace? Parce qu'on ne veut pas que quelqu'un
s'enrichisse non plus indûment au détriment... avec des fonds publics. Alors,
quelle serait la meilleure façon de procéder?
M. Le Grand Alary (Nicolas) : Comme...
Merci pour la question. Comme vous avez vu en lisant notre mémoire, on n'a pas
de commentaire spécifique sur ce point-là, ça n'a pas fait le cadre de
l'analyse, là, du Barreau puis des sujets qui ont été priorisés, mais je
laisserais peut-être Me Bélair compléter s'il a peut-être une réponse plus
pratique, mais moins, peut-être... peut-être des précisions sur la réalité
actuelle, là. Merci.
M. Bélair (Sylvain) : Oui,
Nicolas a raison de dire que ce que je vais vous dire là, c'est ma position et
non pas la position du Barreau. Ça, c'est extrêmement important de le...
Avec beaucoup de respect, je pense que le
projet de loi, sur les dispositions sur l'expropriation déguisée, fait fausse
route à plus d'un égard.
Premièrement, vous me permettrez de dire
que je suis un peu surpris que, dans une loi sur l'expropriation, on retrouve
des dispositions sur l'expropriation déguisée. L'expropriation déguisée, c'est
une matière qui relève de la Cour supérieure, parce que c'est une matière qui
relève d'une action en dommages, alors que l'expropriation, c'est un processus
d'acquisition forcée d'un immeuble et qui se déroule devant le tribunal
administratif. Et l'expropriation déguisée, il faut comprendre que les
tribunaux, qui ont été appelés à plusieurs reprises dans les dernières années à
se prononcer, y compris la Cour d'appel et la Cour suprême du Canada... il faut
comprendre que l'expropriation déguisée, c'est un geste illégal. C'est un geste
qu'une municipalité pose et peu importe qu'elle soit de bonne foi ou de
mauvaise foi, là, parce qu'il ne s'agit pas de mauvaise foi, on peut être en
présence d'expropriation déguisée même si une municipalité exerce par ailleurs
des pouvoirs légitimes de zonage. Ce que c'est que l'expropriation déguisée,
c'est lorsque, par l'exercice de ses pouvoirs de zonage, une ville retire tout
usage raisonnable d'un immeuble pour son propriétaire. À ce moment-là, ce que
les tribunaux disent, c'est : Vous ne devriez pas zoner, vous ne devriez
pas le faire par votre zonage, vous devriez le faire en expropriant l'immeuble,
d'où l'expression «expropriation déguisée».
Alors, moi, je pense que là où la... le
projet de loi fait une erreur assez préjudiciable, c'est quand il est prévu que
lorsque la Cour supérieure aura conclu à expropriation déguisée... Il faut bien
comprendre que ce jugement-là est appelable à la Cour d'appel du Québec. Alors,
lorsque la Cour d'appel du Québec l'aura confirmé, on devra donner à la
municipalité le choix entre indemniser, en versant une somme d'argent, le
propriétaire ou encore abroger le texte réglementaire qui est à l'origine de
l'expropriation déguisée.
Alors, mettons-nous... Et je pense que...
je suis convaincu que l'objectif du législateur, c'est de trouver un équilibre,
là, c'est pour ça que je fais ces commentaires-ci. Mais mettons-nous à la place
du propriétaire qui va devoir avoir fait les délais et les frais d'un procès
devant la Cour supérieure, d'un appel devant la Cour d'appel, qui... La Cour
supérieure aura même fixé la valeur de son immeuble. Ça veut dire des frais d'expertise
puis un procès de plusieurs semaines. Et là, au bout de quatre ans ou cinq ans,
la ville aura le droit d'abroger simplement son règlement de zonage et de
remettre le zonage, admettons, résidentiel, qui bénéficiait à l'immeuble, sans
payer un sou. Et c'est beaucoup trop lourd d'imposer un processus comme ça au
propriétaire d'un immeuble. Ce n'est pas correct. Le corps public a amplement
le temps d'opter pour l'un ou l'autre, mais on ne doit pas permettre au corps
public de faire une bataille judiciaire de quatre ou cinq ans puis après ça
dire : Bien, O.K., on l'a perdue, on va changer notre réglementation.
M.
Morin :...puis je suis désolé parce que le temps file.
M. Bélair (Sylvain) : Je vous
en prie. Je suis toujours un peu long dans mes...
M.
Morin :Non, non, non, ça va. Je vous en prie. Je vous remercie.
L'entrée en vigueur du projet de loi est prévue six mois après la sanction. Il
y a plusieurs, plusieurs organismes qui nous ont dit : Non, non, non, ne
faites pas ça, c'est trop long, on va perdre du temps, il faut que ça entre en
vigueur immédiatement. Il y en a même qui ont parlé d'effet rétroactif. C'est
quoi, votre position là-dessus?
M. Le Grand Alary (Nicolas) : Je
vais commencer rapidement puis je vais laisser Me Bélair compléter, mais,
encore une fois, comme vous l'avez vu, on n'a pas de position sur le délai
parce qu'on n'a pas soulevé d'enjeu sur le délai de six mois, là. Donc, je veux
dire, a priori, je pense qu'on peut être favorables, puis Me Bélair pourra
compléter.
Juste d'un point de vue général, au
Barreau du Québec...
M. Le Grand Alary (Nicolas) : ...l'effet
rétroactif rétrospectif ou l'absence de mesures transitoires quand un régime
soit confère plus de droits ou en retire, il faut toujours faire très attention
avec ça. Nous, on n'est pas favorable à ces effets-là, à moins qu'il y ait une
justification. Le point de vue général au niveau de la prévisibilité du droit
puis de la prévisibilité des personnes qui sont dans ces situations-là,
d'expropriation, le mécanisme qu'eux s'attendre à être face parce que c'est la
loi actuelle qui deviendrait, par exemple, une autre ou tous ces enjeux-là,
c'est des choses qui nous causerait problème, disons-le comme ça, mais telle
que rédigé, on n'avait pas d'enjeu. Mais je vais laisser...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine la discussion avec l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Taschereau pour une période de 4 min 8s.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous voyez qu'on n'a pas beaucoup de temps rendu à
mon tour, donc je vous inviterais à des réponses succinctes. Tout à l'heure,
vous avez parlé... En fait, j'aimerais parler de droits individuels, vous en
avez parlé tantôt, vous avez parlé des chartes, versus le bien collectif. Ça a
été beaucoup nommé aussi dans les précédentes rencontres qu'on a eues avec
différents groupes. Moi, on m'indique que... puis je ne suis pas
constitutionnaliste, là, mais on m'indique que le droit de propriété n'est pas
enchâssé dans les chartes ni québécoise ni canadienne, en fait, que ça
rapprocherait le plus, en fait, dans la Charte du Québec, c'est «toute personne
a droit à la jouissance puis à la libre disposition de ses biens, sauf dans la
mesure prévue dans la loi». Donc, j'aimerais que vous m'expliquiez en quoi,
dans le fond... je veux dire, si la loi est modifiée, on est correct pour
avancer, en fait. J'aimerais vous entendre dessus.
M. Le Grand Alary (Nicolas) :Je
vais juste faire un... peut-être un préalable, je vais laisser... là, je vais
laisser du temps à Me Bélair pour compléter. Rapidement. Mais comme on l'a
mentionné là, puis je l'ai fait dans l'allocution aussi, c'est la pierre
angulaire du régime d'expropriation, c'est vraiment l'article 952 du Code
civil, c'est-à-dire qu'on reconnaît le pouvoir aux corps expropriant, là, de
faire les expropriations en l'échange d'une indemnité de juste et préalable.
Donc, c'est ce point-là. Puis je pense qu'on revient à la notion, puis Mme la
ministre l'a mentionné tantôt, puis d'autres députés autour de la table, c'est
la question de l'équilibre entre tous ces enjeux. Donc, nous, je pense qu'on
est vraiment sur ce point-là. Puis ce que notre mémoire vise à faire passer
comme message, c'est qu'il y a moyen d'avoir cet équilibre-là entre tous ces
facteurs-là, peut être d'une meilleure façon, en le bonifiant.
M. Grandmont : Je vais devoir
y aller pour ma deuxième question. Je suis désolé. Vous parlez d'équilibre,
puis me permets de rebondir là-dessus. Je pense que... en tout cas, moi, ma
perception, c'est que le projet de loi no 22 vise à réduire... vise à
retrouver un équilibre qu'on avait perdu avec le temps. Moi, c'est la
perception que j'ai. L'objectif est de réduire les coûts, réduire les délais.
Vous dites vous-même que vous avez toujours plaidé pour une réforme globale de
la Loi sur l'expropriation, alors que... mise à part, peut être, la partie où
vous parlez, en fait, là, des remboursements de frais d'avocat. J'ai comme
l'impression que ce que vous argumentez, ce que vous plaidez, c'est beaucoup le
maintien du statu quo, ça donne cette impression-là. Donc j'aimerais vous
entendre un peu là-dessus. Est-ce que vous êtes à la recherche de cet équilibre-là
vraiment? Est-ce que vous êtes aussi alignés que nous sur la réduction des
coûts et des délais qui pose vraiment problème quant au bien collectif?
M. Bélair (Sylvain) : Écoutez,
on est d'accord pour une réforme. La loi a 50 ans, donc une réforme est
bienvenue, mais on s'inquiète que la réforme ait pour effet non seulement de
s'attaquer au processus, mais qu'elle ait également pour effet de s'attaquer à
l'indemnisation, aux règles d'indemnisation. J'ai dit précédemment, puis je ne
veux pas prendre trop de temps, mais j'ai dit précédemment qu'à mon avis les
délais n'étaient pas un réel problème en matière d'expropriation. Ce qui est un
problème, c'est la prévisibilité. Et, à mon avis, on peut régler ce problème-là
en forçant les choses en amont et non pas... Donc, je trouve qu'il y a beaucoup
de bonnes choses dans le projet de loi. Je suis venu ici pour parler plus des
choses qui devraient faire l'objet d'une réflexion de la part du législateur.
Mais, essentiellement, c'est ce que je crois, pas besoin de faire une réforme
aussi substantielle au niveau de l'indemnisation. Je ne suis pas d'avis... Je
ne suis pas d'accord avec ceux qui ont dit qu'il y a un glissement puis qu'il y
a un abus dans les dossiers présentement devant le tribunal administratif. J'aurais
quantité d'exemples du contraire.
• (12 heures) •
M. Le Grand Alary (Nicolas) : Mais
peut être juste pour compléter rapidement. Mais si on regarde pour revenir sur
le montant des indemnités, les exemples qu'on a choisis au niveau de
l'indemnité pour valeur de convenance, pour l'indemnité pour... la
jurisprudence qu'on cite dans notre mémoire, je veux dire, les montants qu'on
voit qui ont été accordés au-delà de 20 000$ ou de 5 000 $, le
maximum qu'on a, c'est dans les 55 000 $, 29 000 $,
30 000 $. Donc, la réduction de coûts, oui, mais c'est juste le
caractère juste. On est toujours dans un...
12 h (version non révisée)
M. Le Grand Alary (Nicolas) : ...d'indemnités
qui ne sont pas non plus des montants. On ne passe pas d'indemnité de
convenance de 5 millions à 20000, tu sais on est ans une fourchette qui était
déjà établie. Donc, c'est juste de garder la... que ce soit un caractère qui
soit juste au niveau cette indemnité-là.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre... pour votre intervention et merci beaucoup pour votre
participation à la commission. Je suspends nos travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 01)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons les consultations particulières et les auditions publiques sur
le projet de loi n° 22, Loi concernant l'expropriation.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants : l'Autorité régionale de transport métropolitain, la
Société pour la nature et les parcs Québec et l'Association des clubs de golf
du Québec.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de l'Autorité régionale de transport métropolitain. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi,
nous procéderons à la période d'échanges avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
(Visioconférence)
M. Desjardins (Ludwig) : Merci.
Alors, M. le Président, Mme la ministre des Transports et de la Mobilité
durable, chers membres de la commission, merci de nous accueillir, donc, dans
la consultation, là, sur le projet de loi n° 22.
Je vais commencer par me présenter le
Ludwig Desjardins, donc je suis directeur exécutif, modélisation, organisation
et développement des réseaux à l'Autorité régionale de transport métropolitain.
Je suis accompagné de deux collègues. Donc, à ma droite Me Robert Guertin,
donc, secrétariat général, directeur exécutif, affaires corporatives, juridiques
et immobilières. Et à ma gauche, Sylvain Godcher, donc, secrétaire général
adjoint et directeur affaires immobilières.
Je vais commencer ma présentation. On
jugeait utile peut-être de revenir sur les origines et un peu ce que la RTM
fait, donc l'Autorité régionale de transport métropolitain. Donc, c'est un
organisme relativement récent dans la région de Montréal qui a été créé en
2015, là, avec le dépôt du projet de loi n° 76 qui, en fait, est venu
modifier toute l'organisation et la gouvernance du transport collectif, là,
dans la région métropolitaine de Montréal. Donc, la loi a été adoptée en 2016,
est venue modifier deux éléments importants, donc est venue créer le Réseau de
transport métropolitain qui est devenu, par la suite, Exo que vous connaissez
certainement, donc, qui dessert les couronnes de Montréal, a aboli l'Agence
métropolitaine de transport qui était une société d'État qui préexistait, et a
créé l'autorité régionale de transport pour venir chapeauter, en fait, quatre
OPTC, quatre organismes publics de transports collectifs : la STM à
Montréal, l'ATL à Longueuil, la STL à Laval, et Exo, donc, qui couvre les
couronnes nord et sud de la région de Montréal.
Donc, on a débuté nos activités le 1er juin
2017, donc, il y a un peu plus de six ans. Donc la mission, c'est relativement
simple. Donc, dans une perspective de développement durable et de cohésion
régionale, l'autorité planifie, organise, finance, développe et fait la
promotion du transport collectif dans la région métropolitaine de Montréal afin
d'offrir une expérience de mobilité simple, intégrée, fluide et efficace.
Au niveau de nos responsabilités, donc,
bien sûr, on établit l'offre de service de transport collectif dans l'ensemble
de la région à travers les quatre organismes publics de transport. S'ajoute
également CDPQ Infra à travers le REM depuis sa mise en service en juillet,
donc un cinquième opérateur qui est joint à l'écosystème du transport
collectif. On établit un plan stratégique de développement pour la région. On finance
l'ensemble des services et on revoit le cadre tarifaire. Donc, on est
responsable de la tarification à l'ensemble de la région. On doit favoriser l'intégration
des services de transport collectif et le transport adapté. On fait également
la promotion du transport collectif. Et, plus près du projet de loi n° 22,
on a un rôle également dans l'encadrement des projets, soit dans leur
planification dans les phases en amont, comme tout récemment avec les projets
structurants de l'Est par exemple, puis on est également... on fait partie
intégrante de la gouvernance de grands projets comme le projet de la ligne
bleue, comme le SRB Pie-IX qui a été mis en service en 2022. Donc, on fait
partie intégrante de la gouvernance qui fait qu'on est un acteur très proche de
tout ce qui peut se dérouler en matière de projets de transports collectifs.
Quelques statistiques. Très rapidement
donc, les déplacements dans la région de Montréal, c'est 85 % des
déplacements en transport collectif au Québec. On dessert 83 municipalités,
soit environ la moitié de la population du Québec. On gère un budget de 2,8 milliards
par année qui vient financer les services, mais également les projets d'infrastructure,
les projets d'immobilisation. Et on sur quatre bailleurs de fonds, quatre
sources de financement, donc le gouvernement du Québec, les municipalités, les
usagers, bien sûr, à travers la tarification, également les automobilistes via
une taxe sur l'essence et sur l'immatriculation.
Pour arriver plus concrètement dans le projet
de loi n° 22. Donc, la RTM, son mémoire en témoigne, on appuie évidemment
cette réforme majeure de la Loi sur l'expropriation, on tient à saluer la
volonté du gouvernement d'imposer des mesures, là, qui viennent réduire les
coûts et simplifier les procédures. S'il y a un message peut-être à tirer de
notre mémoire, c'est vraiment tout ce qui peut viser l'accélération des projets
d'infrastructures de transport collectif. Donc, on a un bagage avec nos
partenaires de longue date sur la gestion de projets de...
M. Desjardins (Ludwig) : ...de
transport. On pense que le projet de loi va dans la bonne voie pour réduire les
délais, réduire les coûts de ces projets-là. Et on vient, dans le mémoire,
proposer quelques simplifications, quelques ajouts qui pourraient également
bonifier, toujours, cette perspective, d'accélérer les projets.
On a six, six grandes recommandations, les
deux premières qui sont des recommandations un peu plus de fond, trois
recommandations davantage techniques par rapport au projet loi, sur lesquelles
je vais passer plus rapidement, mais qu'on pourra aborder dans la période de
questions, au besoin., puis une dernière recommandation qui vise la mise en
œuvre de la loi suite à son adoption.
Donc, au niveau de la recommandation un,
on propose de modifier l'article quatre qui vient préciser... afin de préciser,
en fait, que l'autorisation préalable du gouvernement pour exproprier ne
s'applique pas à l'ARTM. C'est un pouvoir ou un droit dont disposent, par la
loi, les municipalités, par exemple, les communautés métropolitaines, les
commissions scolaires. De par la mission de développement du transport
collectif, en tant qu'organisme public régional, on considère que la loi aurait
dû nous inclure, en fait, dans ces exclusions-là, et donc que l'ARTM n'aurait
pas besoin d'une autorisation préalable du gouvernement pour exproprier.
Au niveau de la recommandation deux, on
propose de modifier l'article 17 afin de permettre au gouvernement du Québec de
prévoir que le droit de l'expropriant à l'expropriation ne peut être contesté
pour les grands projets de transport collectif. Il faut préciser que c'est une
disposition qui était déjà, en partie, présente dans deux lois qui ont permis
d'accélérer des projets d'infrastructure et de transport collectif, donc la Loi
sur Réseau express métropolitain, la loi sur le REM, au niveau de l'article
huit qui aborde cette question, et la Loi sur l'accélération des projets
d'infrastructure, à l'article 18, également, qui venait baliser ainsi le droit
d'expropriation.
Donc, le renversement de la règle, en ce
qui a trait à la suspension des procédures en cas de contestation, on croit que
c'est un pas dans la bonne direction, surtout dans le contexte où le droit de
contestation devrait être exercé, seulement, selon certaines conditions, si,
par exemple, le corps expropriant n'a pas compétence, il agit de mauvaise foi
ou s'il agit sous un faux prétexte. Donc, de par notre mission, de par...
rôle... de projets qu'on mène dans la région, des projets de transport collectif,
on considère qu'on serait difficilement dans une situation semblable où on
agirait, par exemple, sur un faux prétexte ou de mauvaise foi. Donc, l'usage,
si on peut témoigner de l'expérience, l'usage du droit de contestation, étant
souvent exercé pour ralentir les procédures, on considère que ça faciliterait
davantage l'accélération des transports collectifs, si cette contestation-là
n'était pas balisée, tel que prévu.
Au niveau de la recommandation trois, on
propose de modifier l'article pour éliminer la nécessité d'obtenir un plan
signé par un arpenteur-géomètre dans le cas de l'expropriation d'un lot
complet... et cadastré. Donc, c'est une recommandation plus précise et
technique. Et il y a une série de mesures également dans la loi, qu'on salue
dans le mémoire, qui visent à accélérer le démarrage du processus
d'expropriation. On considère que cette petite modification, à l'article huit,
pourrait davantage contribuer à cette accélération des projets. Recommandation
quatre. Donc, on propose de modifier les articles 22 et suivants afin de
prévoir la possibilité pour un expropriant de référer à la valeur uniformisée
prévue au rôle d'évaluation aux fins de la détermination de l'indemnité
provisionnelle.
• (14 h 10) •
Et la recommandation cinq, on propose de
modifier le projet de loi n° 22 afin d'y insérer une mesure similaire à
l'article 155 de la Loi sur les sociétés de transport. Donc, pour elle, c'est
mentionné dans notre mémoire. Donc, il y a un principe d'effet de gel qui est
présent dans cette loi-là, qui fait en sorte que, dès la réserve pour des
terrains, avant même l'expropriation, mais tout au long du processus,
l'objet... l'immeuble visé ne peut pas faire l'objet de modification, émission
de permis, et cetera, qui viendrait modifier et qui viendrait engendrer, plus
tard, des hausses de coûts ou des délais. Donc, on propose que le projet de loi
n° 22 s'inspire de ce qui est prévu déjà à l'article 155 de la Loi sur les
sociétés de transport, et introduise cet effet de gel dans les projets.
Recommandation six, donc, la dernière,
c'est de modifier les articles 240 et 244 afin de prévoir que l'entrée en
vigueur et l'application de la nouvelle loi dès la sanction de celle-ci, donc
que la loi entre en vigueur dès sanction, plutôt que les six mois qui sont
prescrits. Donc, ça fait en sorte que les procédures d'expropriation ou de
réserves foncières qui ont été amorcées, en fait, nous éviteraient, encore une
fois, un délai additionnel, et qu'on tomberait toujours... on tomberait tout de
suite sous les modalités de cette nouvelle loi dès son adoption...
M. Desjardins (Ludwig) : ...de
revenir en période des questions sur les six recommandations et de répondre à
vos questions, mais en gros, s'il y a un message à retenir de notre mémoire,
donc, on disait, on vise, dans le fond, à accélérer les projets de transport
collectif. Plus on les accélère, plus on réduit les coûts, plus on réduit les
délais, plus on peut réinvestir cet argent-là dans des projets qui... D'autres
projets qui seront mis en service, qui vont répondre aux besoins de la
population plus rapidement.
Donc, l'historique et notre bagage en
matière de gestion de projet, là, nous amènent à ces recommandations-là. Donc,
en gros, c'est des pouvoirs qui seraient très similaires à ce que la Caisse de
dépôt, CDPQ Infra, a eu à disposition pour son projet de REM, mais également
qui étaient permis, là, dans la loi qui concernait l'accélération de certains
projets d'infrastructure.
Donc, l'ARTM, donc, appuie ce projet de
loi, considère que c'est un très grand pas dans la bonne direction, et, par
l'ensemble de ces mesures, là, qui va favoriser l'accélération des projets de
transport collectif. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, messieurs, pour votre exposé. Je cède maintenant la parole à M. le
député de René-Lévesque.
M. Montigny : Alors, bon
après-midi, tout le monde. Ça me fait plaisir d'être là avec vous. Veuillez
excuser, là, le fait, en fait, que ça soit moi qui sois là pour vous
accueillir. Comme on avait convenu avec la présidence, simplement vous dire
d'emblée que Mme la ministre ne pouvait pas être là cet après-midi, elle avait
d'autres obligations. Alors, simplement vous remercier d'être là. Ça va me
faire plaisir de discuter avec vous et de poser les questions, du côté
gouvernemental. Puis peut-être que j'ai des collègues aussi qui vont y
contribuer. Alors, chers collègues, gênez-vous pas, si vous avez besoin, des
questions à poser, ça va me faire plaisir de partager le temps du gouvernement.
Maintenant, le premier élément que je
voudrais vous dire, c'est que, bon, plusieurs groupes sont venus nous dire
essentiellement des éléments que vous partagez, vous aussi, dans votre mémoire,
dans ce que vous nous avez soumis et aussi dans l'exposé que vous venez de nous
faire, alors merci. Il y a aussi des groupes qui amenaient des éléments qui
étaient plutôt divergents.
Alors, juste simplement remettre ça dans
le contexte en disant que vous nous dites que, pour faire des projets de
transport collectif, les modifications actuelles sont vraiment... Qu'on demande
sont vraiment essentielles. Donc, les éléments du projet de loi n° 22,
pour vous, c'est essentiel pour vous permettre d'avancer davantage dans les
projets de transport collectif.
Évidemment, vous avez dit aussi que vous
aviez 85 % du transport collectif ou de tout ce qui est projet de
transport collectif dans le territoire dont vous êtes responsables. Alors,
j'aimerais ça vous laisser encore un peu de temps pour nous expliquer ça, en
quoi c'est essentiel, là, ce qu'on amène comme projet de loi n° 22, pour
vous permettre d'avoir plus d'efficience ou de facilité dans les projets sur
lesquels vous travaillez. Merci.
M. Desjardins (Ludwig) : Donc,
on pourrait vous citer également... mon collègue pourrait citer quelques
exemples qu'on a connus dans des projets dans le passé, mais globalement, je
dirais, un projet d'infrastructure de transport collectif, ça requiert des
ressources très importantes à des moments très précis dans un processus qui
peut être complexe. On va monter, par exemple, des bureaux de projet, on va
avoir des équipes d'ingénieurs, des équipes techniques qui vont travailler sur
des projets, puis en parallèle, il faut s'assurer que les terrains sont disponibles
et que les réserves sont faites et que les expropriations sont faites, qu'on
puisse agir sur ces terrains-là, donc, ces deux éléments là se passant en
parallèle. Et la conception des projets, leur réalisation, les étapes
d'ingénierie détaillées, par exemple, se font souvent en parallèle à des étapes
d'acquisition de terrain. Et dès qu'il y a un délai, dès qu'il y a une
contestation qui vient geler un processus, et autres, on peut se retrouver dans
un moment où les équipes avancent sur le projet à un niveau technique, sont
prêtes à réaliser, sont prêtes à aller de l'avant, mais il y a des éléments qui
n'ont toujours pas été réglés sur des acquisitions de terrain. Ce qui fait en
sorte que, quand on a des centaines de personnes qui sont mobilisées sur un projet,
on peut tout simplement être pris à mettre sur pause, en fait, des activités
comme ça. On ne peut pas démanteler ces bureaux de projet là, ces équipes-là,
parce qu'ils sont mobilisés, on ne veut pas perdre l'expertise. Et ces bureaux
de projet là roulent à un niveau assez important en matière de ressources et
donc coûtent beaucoup d'argent. Alors, dès qu'il y a une étape décisionnelle ou
une étape ralentie par une expropriation un mois, deux mois, trois mois, peut
engendrer des effets, un, sur les échéanciers, mais également très importants
sur les coûts. Donc, sur l'ensemble d'un projet qui peut souvent être de
plusieurs milliards de dollars, on peut estimer qu'il y a une portion qui
pourrait être économisée, là, dans les dispositions que le projet de loi
permet, parce qu'on viendrait justement réduire ces étapes-là...
M. Desjardins (Ludwig) : ...il
y a actuellement des délais ou des gels dans les activités. Peut-être mon
collègue pourrait citer quelques exemples qu'on a pu avoir, notamment sur la
ligne de train qu'on a planifiée, qui date de l'époque de l'AMT, bien, où il y
avait des exemples concrets, en fait, où l'expropriation venait entraîner
certains délais, si vous le permettez.
M. Montigny : Allez-y avec
les exemples, ça m'intéresse vraiment. C'était ma prochaine question. Quelque
chose de concret, là, qui a été retardé ou soit même abandonné, là, on ne sait
pas.
M. Godcher (Sylvain junior) : On
n'a qu'à penser à la fameuse ligne de train de banlieue de Mascouche, à
l'époque, réalisée par l'AMT, où on a eu des délais d'environ deux ans causés
uniquement par le plan... des retards dans les acquisitions de terrains dus à
des contestations. Donc, on parle d'un bureau de projet mobilisé pendant deux
ans, dont on ne peut pas avancer l'ingénierie finale de ces gares-là ne
connaissant pas la capacité portante des terrains, n'ayant pas accès aux
terrains. Donc, ça a généré des surcoûts très importants dans le cadre de ce
projet-là. On a aussi à penser au prolongement de la ligne bleue dont la STM
vous a fait mention qui a... le processus a débuté, mais dont il y a des
contestations qui fait en sorte qu'il y a des travaux qui sont retardés. Donc,
c'est deux exemples très concrets, là, qu'on a pour vous.
M. Montigny : Certains groupes
nous disaient... puis je sais que vous n'êtes pas juriste et puis peut-être pas
membre du Barreau non plus. Mais certains groupes nous disaient qu'il pouvait y
avoir, là, prolongation de délais pour toutes sortes d'éléments juridiques.
Mais en même temps, les délais que vous me parlez ont l'air quand même assez
longs. Alors, peut-être me donner, là, des périodes de temps, d'exemples de
délais, là, qui étaient quand même très longs, puis que vous pouvez voir qu'ils
seraient beaucoup plus courts avec... avec ce qu'on amène dans le projet de loi
n° 22. Je ne sais pas si vous pouvez nous donner des exemples de ça ou des
éléments de compréhension là-dessus.
M. Godcher (Sylvain junior) : Mais
le meilleur exemple que je peux vous donner, c'est au niveau de la contestation
du droit à l'expropriation. C'était utilisé par le passé, par certains
expropriés, pour justement mettre l'expropriant en contrainte. Donc, c'est
utilisé pour faire étirer les délais. Donc, porter la cause en appel aussi,
pour... une fois que le droit de contestation était rejeté, portait en appel et
on pouvait prétendre à acquérir un terrain après deux... deux ans, trois ans
après l'avis d'expropriation, ce qui génère beaucoup de pertes de temps, là.
Puis cette manœuvre-là était utilisée entre autres pour justement négocier un
meilleur taux d'acquisition pour permettre justement, là... Donc, tant que
l'expropriant avait le choix d'acquérir à un taux... à un prix plus élevé ou
maintenir son bureau de projet ou maintenir les gens mobilisés. Donc, il
fallait qu'on fasse une décision d'affaires pour justement, là, aller de
l'avant.
M. Montigny : De là, si ma
compréhension est bonne, votre intervention de départ qui disait que, s'il y
avait une chose à retenir, c'est réduire les coûts et simplifier le processus.
C'était pour ça que vous vous disiez d'entrée de jeu en faveur du projet de loi
sur lequel on a une consultation aujourd'hui. Hein, c'est ça?
M. Desjardins (Ludwig) : Tout
à fait, et que l'argent et les sommes dont on dispose pour faire des projets
soient consacrés vraiment à des éléments concrets du projet qui servent à...
qui vont servir aux usagers et aux clients, quitte à générer des... Si on
génère des économies sur ces processus-là, ça nous permet d'investir de
l'argent ailleurs dans d'autres projets puis de mieux ça servir notre mission.
Donc, c'est certain que ça nous apparaissait essentiel.
• (14 h 20) •
M. Montigny : Parfait. Merci
beaucoup.
M. Godcher (Sylvain junior) : Si
vous me permettez également...
M. Montigny : Excusez-moi, je
ne voulais pas vous couper. Merci beaucoup.
M. Godcher (Sylvain junior) : Si
vous permettez, M. le député?
M. Montigny : Oui, allez-y.
M. Godcher (Sylvain junior) : Le
projet de loi aussi apporte une grande prévisibilité aussi dans l'établissement
des indemnités. Donc, ça va éviter un grand débat au tribunal. C'est un des
grands avantages aussi du projet de loi, et je sais que d'autres participants à
la commission ont relevé cet élément-là également.
M. Montigny : Sur vos
propositions, votre deuxième recommandation en fait, elle demande de permettre
au gouvernement du Québec de prévoir que le droit de l'expropriant à
l'expropriation ne peut être contesté pour les grands projets de transports
collectifs. Bon. Évidemment, à l'article 17 du projet de loi, on vient
préciser qu'«une contestation ne suspend plus la procédure d'expropriation»,
là. Je vois que vous souhaitez vraiment qu'on aille plus loin pour que les
projets majeurs, là, de transport collectif, eux autres, il n'y ait pas de
contestation possible. Peut-être nous préciser ça parce qu'il y a d'autres
groupes qui vraiment, pour des questions d'équilibre, nous disaient que...
M. Montigny : ...je vous
dirais, tu sais, qu'ils trouvaient qu'on allait déjà loin pour d'autres
groupes, alors que là, vous nous proposez, dans votre recommandation, d'aller
encore plus loin pour les projets collectifs. Ne sentez pas ici que je dis que
c'est une opinion personnelle, pas du tout. Je cherche à comprendre pourquoi
vous nous amenez plus loin dans vos recommandations.
M. Desjardins (Ludwig) : Bien,
je peux, premièrement, répondre. Juste vous mentionner, je suis le seul
non-juriste dans la salle, donc je vais faire une réponse de non-juriste, et
mes collègues pourront compléter, au besoin. Selon notre lecture et l'analyse
qu'on a faite, c'est une disposition qui existait déjà dans la loi sur le
Réseau express métropolitain et la loi sur l'accélération, là, des
infrastructures, qui permettait au ministère des Transports de suspendre le
droit de contestation. Donc, compte tenu du succès que ça peut avoir dans
certains des projets liés à ces lois-là, notamment les gains en temps, dans les
échéanciers, qui ont pu être faits du côté de CDPQ Infra, dans le projet du
REM, et autres, on jugeait, donc, que c'était pertinent dans la poursuite
d'autres grands projets.
Et, également, la question, c'était que le
recours à la contestation devait s'appuyer sur le fait que l'expropriant était
de mauvaise foi ou agissait sous un faux prétexte. Dans ces conditions-là, on
jugeait difficile de croire qu'un organisme de transport public, dont la
mission est le transport collectif, pourrait agir de mauvaise foi dans sa
mission, et que ce serait très difficile à démontrer. Donc, je ne sais pas
si... C'est un peu l'argumentaire.
M. Montigny : En même temps,
je vous amènerais un élément. Tu sais, certains groupes, même s'ils sont très
favorables au transport collectif, évidemment, mais... nous diraient qu'il y a
une question d'équilibre du droit de la personne expropriée, là. Alors, il n'y
a même pas de capacité de recours, si jamais on allait là, là. Ça fait que je
vous donne une deuxième chance à essayer de nous dire, là, en fonction
d'équilibre des droits de l'exproprié... En tout cas, il y a des groupes qui
doivent sourciller en voyant votre recommandation, des groupes qui sont déjà
venus nous voir.
M. Desjardins (Ludwig) : En
fait, c'est ça, mes collègues me corrigeront, mais la loi sur le REM et sur
l'accélération des infrastructures introduisaient un droit de retrait de la
part du gouvernement. Donc, pour un projet de... qui serait sensible ou qui
aurait une situation particulière au niveau de possible expropriation, il n'y a
rien qui empêcherait le gouvernement de ne pas agir, à ce niveau-là. Donc, il
peut y avoir un traitement, aussi, qui est particulier, mais ça pourrait être
un principe de base qui est enchâssé dans la loi, là.
M. Montigny : Peut-être un
autre élément avant que je passe à une autre question, sur un autre élément de
votre mémoire, c'est... Pour vous, toute la question de signification, de
définition de ce qu'est un projet majeur, là, il ne faudrait pas s'obstiner
dans cette définition de ce qu'est un projet majeur. Peut-être vous donner, là,
une dernière occasion de vous exprimer là-dessus, et je vais passer à un autre
sujet par la suite.
M. Desjardins (Ludwig) : Pour,
vous voulez dire, ce que représente...
M. Montigny : Bien, est-ce
que vous avez dit... Ce n'est pas clair qu'on a une définition claire, et tout
le monde, de ce qu'est un projet majeur.
M. Desjardins (Ludwig) : Souvent,
ce qu'on... nous, on va s'appuyer sur la politique du Conseil du trésor, donc,
qui stipule qu'un projet de plus de 100 millions est considéré majeur. Ça,
c'est la composante coûts. S'il y a une estimation au-dessus de
100 millions, on tombe dans le giron de cette politique-là. Donc, c'est
une réponse, je dirais, institutionnelle, là, comment c'est divisé, par... Mais
il pourrait y avoir un projet...
M. Montigny : Bien, merci
pour la réponse.
M. Desjardins (Ludwig) : Mais
c'est le contexte dans lequel on travaille, je dirais, c'est ça.
M. Montigny : Je ne veux pas
vous presser, c'est juste que je veux faire mes questions puis être capable
d'aussi déléguer à des collègues, si jamais il y a des questions. L'autre
élément, c'est qu'il y a... plusieurs groupes immobiliers, là, disent que ça
pourrait vraiment retarder ou éliminer des projets ou dissuader des
investisseurs immobiliers. Est-ce que c'est une crainte que vous avez sur le
territoire? Parce que vous avez quand même un grand territoire, là où vous
êtes, où votre mission s'applique, là. Est-ce que ça pourrait être quelque
chose qui vous inquiète ou pas du tout?
M. Desjardins (Ludwig) : En
fait, ce qu'on a pu constater, c'est souvent l'inverse, parce que, quand on
arrive avec des projets de transport collectif, construction de stations de
métro, et autres, en général, on va entraîner une hausse de valeur autour des
stations. Donc, les terrains qui sont là, les immeubles vont pouvoir générer
plus de revenus. Donc la crainte était plutôt pour nous, de l'autre côté, où on
a vu, par exemple, des réserves de terrains qui ont été très longues ou des
expropriations qui ont fait en sorte qu'il a pu y avoir de la spéculation, en
cours de chemin, sur des terrains, ou des modifications à des immeubles, là,
pour les rendre plus chers à acquérir. Donc, de notre expérience, c'est plutôt
ce type de... tu sais, la... qu'on a...
M. Desjardins (Ludwig) : ...parce
que les projets de transport collectif sont très attractifs pour les
promoteurs.
M. Montigny : Merci. Il nous
reste peu de temps, là, je pense, autour de deux minutes. J'irais avec un
élément que vous avez dans vos recommandations. Si je ne me trompe pas, c'est
dans la recommandation 5, toute la question, là, de l'effet de gel. Donc,
peut-être que... je ne suis pas un spécialiste, là, ça fait que j'aimerais ça,
peut-être, que vous m'expliquiez ça. Est-ce que c'est possible de m'expliquer
pourquoi vous souhaitez qu'on élargisse l'effet de gel prévu à la Loi sur les
sociétés de transport en commun?
M. Godcher (Sylvain junior) : M.
le député, dans le fond, on ne veut pas nécessairement qu'il soit élargi, mais
on veut juste que ce principe-là soit repris de la loi sur les sociétés de
transport, c'est-à-dire qu'elle permet, lorsque l'organisme de transport en
commun adopte une résolution pour une réserve foncière ou pour une
expropriation, de venir imposer un gel de six mois dans les... de permis
municipal. Donc, ça évite qu'un promoteur, un propriétaire qui entend parler
d'un prolongement ou d'un projet vienne faire des ajouts ou vienne demander un
permis pour permettre des ajouts ou des surplus, vienne contribuer à un surcoût
des actifs immobiliers.
Donc, ça se passe au niveau administratif,
puis c'est bien entendu que le propriétaire pourra toujours faire, par contre,
des travaux pour maintenir ou pour réparer la propriété, là, pour des besoins
d'entretien. Ça, c'est, on le permet. C'est permis.
M. Montigny : Merci. Je ne
sais pas s'il reste du temps, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Il
reste 59 secondes.
M. Montigny : Cher collègue.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de Masson.
M. Lemay : Merci. Peut-être
une précision au niveau de votre recommandation numéro 1, là, sur les articles
4 et 5. Vous demandez, au troisième... bien, en tout cas, pas le troisième
alinéa, mais le troisième paragraphe du deuxième alinéa, d'être assujettis.
Pouvez-vous nous donner plus d'information? Il vous reste, genre, 30 secondes.
M. Godcher (Sylvain junior) : Dans
le fond, ce qu'on demande, c'est qu'à titre d'organisme public municipal. On
souhaiterait pouvoir exproprier sans obtenir l'autorisation préalable du
gouvernement du Québec, ce qui, dans certains cas, augmente... bien, peut
augmenter les délais de quelques mois, on parle de 3 à 6 mois, pour obtenir
ledit décret d'expropriation. Donc, comme un autre organisme municipal, on
souhaiterait pouvoir être mentionnés à cet article-là.
M. Lemay : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour ces interventions. Je cède maintenant la parole à l'opposition
officielle et, en l'occurrence, au député de l'Acadie.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Bonjour, bon après-midi. Merci
pour votre mémoire et votre exposé. Il y a quelques éléments que j'aimerais
peut-être préciser avec vous. Dans votre mémoire, votre recommandation 3, à la
page 7, vous voulez éliminer la nécessité d'obtenir un plan signé par un
arpenteur-géomètre dans le cas de l'expropriation d'un lot complet, vacant et
cadastré. Puis, quand on regarde la disposition de la loi, bien, évidemment,
c'est ce que la loi demande, parce que je présume que, quand vous voulez
exproprier quelque chose, il faut quand même le faire avec des balises
précises. Donc, pouvez-vous m'en dire plus un peu sur cette recommandation-là
puis quels sont les enjeux pour vous?
M. Godcher (Sylvain junior) : Bien,
dans le fond, c'est un enjeu de coûts et, dans certains cas, de délais, parce
que, présentement, les arpenteurs-géomètres ont une recrudescence de travail,
surtout pour les lots rénovés et vacants, où est-ce que l'arpentage est, à
toutes fins pratiques, très peu utile, compte tenu des plans qui sont déposés
au cadastre. Donc, on peut... on connaît très bien les dimensions, et elles ne
peuvent pas être reprises de manière identique dans les procédures
d'expropriation. Puis ça ne vise qu'uniquement les lots rénovés, bien entendu,
et les lots vacants, pour éviterm là, toute ambiguïté ou problématique
ultérieure.
• (14 h 30) •
M.
Morin :Oui, effectivement. Donc, vous, vous parlez uniquement
des lots vacants, mais, quand vous dites qu'évidemment s'il y a déjà un plan
d'arpentage qui a été déposé... Est-ce que, par exemple, vous pourriez
spécifier davantage en disant que s'il y a eu déjà, par exemple, en fait, un
arpentage qui a été fait d'un lot dans les cinq ou dans les trois dernières
années, bien, à ce moment-là, peut-être que vous n'auriez pas besoin de revenir
avec un autre lot arpenté ou si ça s'applique, selon vous, là, peu importe la
période de temps? parce que quand vous voulez exproprier, j'imagine que vous
voulez vous assurer que vous connaissez bien les bons paramètres du lot.
M. Godcher (Sylvain junior) : Bien,
techniquement, lors de la réservation cadastrale, les arpenteurs-géomètres sont
venus établir, là, les bornes. Ils en ont fait...
14 h 30 (version non révisée)
M. Godcher (Sylvain junior) : ...l'entièreté
de la province. Donc, techniquement, il n'y aurait pas lieu, pour ce type de
propriété là, de refaire de nouveau plan de cadastre... un nouveau plan d'arpentage.
M.
Morin :C'est bien. Je vous remercie. On a parlé brièvement
aussi de votre recommandation quatre. Donc, vous voulez avoir finalement un
délai pour une période de six mois qui serait signifié aux autorités
municipales pour être certain qu'il n'y aurait pas de permis d'accorder où un propriétaire
pourrait évidemment modifier un immeuble quelconque. C'est bien ça?
M. Godcher (Sylvain junior) : C'est
bien ça.
M. Morin : O.K.. Puis, pour
vous, une période de six mois, c'est suffisant ou...
M. Godcher (Sylvain junior) : Oui,
c'est suffisant. Le passé a bien montré que cette disposition-là fonctionnait
très bien et que les délais étaient raisonnables et suffisants.
M. Morin : Vous avez aussi
une recommandation qui traite, je vous dirais, plus de procédures. Il y a des nouvelles
mesures procédurales dans le projet de loi, notamment dépôt séparé des
expertises et contre expertises, possibilité d'interrogatoire au préalable. Ce
sont des règles procédurales que vous saluez. Cependant, il y a des avocats qui
ont de l'expérience dans le domaine de l'expropriation qui nous ont dit
exactement le contraire en ce qui a trait aux possibilités d'interrogatoire au
préalable. En fait, eux, ce qu'ils craignent, c'est que ça allonge les délais.
Est-ce que vous voulez reconsidérer votre recommandation? Est-ce que c'est
quelque chose que vous avez rencontré dans votre pratique? Est-ce que ça pose
un enjeu?
M. Godcher (Sylvain junior) : Je
vous dirais que ça vient donner... Ça vient permettre aux membres du tribunal
administratif des outils de plus pour leur permettre de gérer de manière la
plus efficiente les causes, si vous voulez, d'auditions d'expropriation. Je
vous dirais que ça pourra leur permettre, dans certains cas, d'aller de l'avant
avec ce type de procédure là, pour, justement, au cas par cas, venir utiliser
le temps de la cour de la manière la plus efficiente. Donc, est-ce que ça
serait approprié dans tous les cas? Peut-être pas, mais je pense qu'en le
permettant, en donnant la discrétion aux juges du tribunal administratif de
pouvoir utiliser ces outils-là, ça faciliterait ou ça permettrait de faciliter,
là, l'audition des causes en les diminuant au niveau du temps.
M. Morin : D'accord. Certains
avocats nous ont dit qu'un protocole d'instance faciliterait davantage la... en
fait, la réduction des délais avant l'audience. Est-ce que c'est quelque chose
que... sur lequel vous avez réfléchi?
M. Godcher (Sylvain junior) : Pas
de ma part. Robert?
M. Guertin (Robert) : Écoutez,
ça pourrait être une option. Ça pourrait être une option, si c'est bien géré et
bien encadré. Puis la mesure qu'on a mise dans notre mémoire, c'est la mesure
qu'on privilégierait.
M. Morin : Merci.
M. Guertin (Robert) : ...excusez-moi,
peut-être, ce que je vous dirais, c'est que juste peut-être ajouter un
complément d'information. C'est que, dans le cas de notre recommandation, bien,
c'est le tribunal qui a les outils dans les mains, si je peux m'exprimer ainsi.
Si on met l'établissement d'un protocole d'instance entre des parties qui sont
dans un litige, on ouvre parfois la porte à des délais additionnels. Parce que
ça va de soi que le protocole d'instance ne sera pas... va peut-être être dans
une logique adversariale. Donc, en laissant le tribunal le soin de gérer cet
aspect-là, je pense qu'on met les chances de notre côté en termes de réduction
des délais du processus.
M. Morin : O.K. Donc, est-ce
que... Alors donc, pour vous, c'est important que le tribunal, en l'occurrence
le TAQ, gère évidemment la procédure, mais habituellement, dans le cas d'interrogatoire
au préalable, ça ne se fait pas nécessairement devant un juge.
M. Guertin (Robert) : Absolument,
vous avez raison, mais ce que je veux dire, c'est que l'établissement du
protocole d'instance... ce que je vous dis, c'est que ça peut ouvrir la porte à
des débats entre les parties. Et ce n'est pas... pour l'avoir vu dans le passé,
dans d'autres domaines du litige, parfois, les protocoles d'instance prennent
un certain temps...
M. Guertin (Robert) : ...c'est
dans ce sens-là qu'on avait peut-être une réserve, un petit peu.
M. Morin : Je vous remercie.
Alors, dans votre mémoire, à la page 9, évidemment, vous parlez du recours
à la juste valeur marchande comme base d'indemnisation. Vous soulignez que
c'est aussi utilisé dans plusieurs autres juridictions provinciales
canadiennes. C'est exact, sauf que, dans plusieurs autres juridictions
canadiennes, il y a aussi des groupes qui sont venus nous dire que, bien que le
recours à la valeur marchande était utilisé comme base, il y avait plein
d'autres types d'éléments qui pouvaient être considérés par des évaluateurs et
qui n'étaient pas aussi structurés que les indemnités qui sont prévues au
projet de loi. Ce qui fait que, bien que la valeur marchande soit la base, ça donne
plus de flexibilité et ça permet d'évaluer d'une façon moins structurée les
montants qui pourront être donnés à l'exproprié. Donc, est-ce qu'au niveau de
votre page 9 vous êtes au courant de ça? Est-ce que c'est des éléments
dont vous avez tenu compte ou vous vous êtes basé simplement sur le fait dire
que la valeur marchande était aussi référée, ou utilisée, ou décrite dans
d'autres lois provinciales?
M. Godcher (Sylvain junior) : Ce
que je pourrais vous dire, M. le député, c'est que le projet de loi,
effectivement, on accueille très favorablement le fait que la valeur marchande
ait été retenue justement du fait de la prévisibilité des indemnités. Quand on
fait un budget, quand on négocie, si les parties sont... ont des attentes
similaires, en fait, de ce qui est permis ou allouable en frais d'indemnités,
c'est bien évident qu'on va se rapprocher ou qu'on veut être près d'une entente
ou qu'on veut être dans un spectre, si vous voulez, très près. Tandis que ce
qui arrive présentement, le fait qu'il y ait eu beaucoup de flexibilité ou que
le tribunal a une grande latitude, c'est que, des fois, on peut se ramasser
avec des indemnités demandées qui va du simple au quadruple. Même j'ai déjà vu
à 10 fois ce que l'expropriant offrait sur la base des évaluateurs... des
évaluations qu'il avait obtenues. Donc, le fait d'avoir un cadre plus fixe,
plus strict, ça nous permet, justement, de bien évaluer ou d'avoir des spectres
d'indemnité beaucoup plus rapprochés, et ça va faciliter, selon moi, là,
l'atteinte de règlement... sans avoir à passer par les audiences, oui.
M. Morin : Oui, puis je
comprends. En tout cas, il y a des groupes qui nous ont dit qu'au fond c'était
93 % des dossiers d'expropriation qui se réglaient de gré à gré. Est-ce
que c'est aussi votre expérience?
M. Godcher (Sylvain junior) : De
par mon expérience, c'est un peu en deçà. Je vous dirais autour de 70 %
dans le cas des grands projets de transports collectifs de par leur nature, et
souvent c'est des terrains qui sont plus compliqués ou en milieu ferroviaire,
ou etc. Mais on est... c'est quand même la majorité qui se règle hors cour,
oui.
M. Morin : Parfait, je vous
remercie. C'est sûr... et vous lui avez... vous y faites référence dans votre
mémoire et vous l'avez souligné également, avec des indemnités qui sont très
précises dans le projet de loi, c'est sûr que ça donne des paramètres qui sont
concis.
• (14 h 40) •
Maintenant, j'attire votre attention aux
articles 104 et 106 du projet de loi. À l'article 104, on parle d'une
indemnité pour perte de valeur de convenance qui ne peut excéder 20 000 $.
Et particulièrement, à l'article 106, l'indemnité pour les troubles, les
ennuis, les inconvénients ne peut excéder 5000 $. On est en 2023. Avec
tout le marché qu'on connaît, l'inflation, etc., l'indemnité pour les troubles,
les ennuis, les inconvénients, à 5 000 $, est-ce que vous pensez qu'on
pourrait ou on devrait augmenter la fourchette ou si c'est suffisant et si ça
va couvrir suffisamment les ennuis, les inconvénients qu'un exproprié va subir?
M. Godcher (Sylvain junior) : Sur
cet aspect précis là, je laisserai le soin aux experts, vraiment, évaluateurs
ou à d'autres parties de commenter un peu plus sur cette nature-là. Je ne pense
pas que nous possédons, à titre d'organisme de transport collectif,
l'expertise, là, pour pouvoir venir préciser ces questions-là.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine l'intervention...
Le Président (M. Jacques) : ...de
l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole au deuxième groupe
d'opposition, en l'occurrence, à M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Merci
beaucoup. Bonjour à vous trois. On a seulement quatre minutes ensemble, donc je
vous demanderais d'avoir des réponses concises, s'il vous plaît. Merci pour
votre présence. Merci pour votre mémoire. C'est très éclairant encore une fois.
Peut-être juste commencer sur certains... vos deux premières recommandations et
même votre... quasiment votre troisième aussi. Dans le fond, vous cherchez à
avoir des pouvoirs similaires à d'autres organismes qui ont déjà des pouvoirs
existants, là, c'est-à-dire que, par exemple, pour les articles quatre et cinq,
vous dites : Les municipalités, communautés métropolitaines, centres de
services scolaires, etc. ont déjà des pouvoirs similaires. On ne voit pas
pourquoi l'ARTM ne les aurait pas aussi. L'article 17 et suivants, vous
parlez de ça aussi, dans le fond, un peu les mêmes pouvoirs que la Caisse de
dépôt et placement a eus pour son projet de REM. Donc, on n'est pas dans
quelque chose qui est complètement farfelu,là. Vous vous appuyez sur des choses
qui existent déjà.
M. Desjardins (Ludwig) : Bien,
oui, tout à fait, vous avez raison, qui existent déjà et qui ont fait... On
pense... dans l'accélération de projets concrets, là. Dans le cas du REM,
certainement, on peut dire que c'est un projet qui est allé vite, là, dans
l'ensemble, par rapport à des comparables, où il y a des processus
d'expropriation, là, quand on est en mode plus traditionnel, là, c'est certain.
Donc, c'est dans cet objectif-là qu'on trouvait que c'était une bonne
inspiration, si on veut.
M. Grandmont : Et où il y a
eu des augmentations de coûts, vous pourrez les qualifier vous-même, là, mais
qui, à moi, me paraissait raisonnable. Il me semble, c'est 29 %
d'augmentation du coût final du projet.
M. Desjardins (Ludwig) : En
fait, je dissocierais les coûts globaux du sujet de l'expropriation, là, qui
est en soi quelque chose. On peut avoir un processus très rapide d'expropriation,
mais des surcoûts dans un projet, comme l'inverse. Mais, à notre connaissance,
il n'y a pas eu de problématique d'expropriation ou de... très grande par
rapport au projet du REM, là, donc il a pu bénéficier d'accélération.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. Peut-être une question un petit peu plus philosophique, là, sur la
recherche du fameux équilibre. Est-ce que vous jugez que... Parce qu'on a
entendu... La majorité des groupes, en fait, là, est en accord avec les
positions que vous avez défendues, là. Il y a quelques-uns qui ont trouvé que
le projet de loi allait trop loin. Est-ce que vous trouvez qu'on est à la
recherche d'un équilibre, parce qu'actuellement il y a un déséquilibre entre,
dans le fond, le corps expropriant et les expropriés, au regard de votre
expertise et des travaux que vous menez?
M. Desjardins (Ludwig) : C'est
notre perception dans les cas concrets où on constate que les ralentissements
qu'il a pu y avoir dans les projets, les sommes que ça impliquait, pour nous, ça
nous apparaît hors norme par rapport aux revendications concrètes qu'on a pu
connaître dans des expériences de projet.
Donc, vous avez raison, qu'il y a toujours
un équilibre. Ce qu'on a vu... Là, le point de bascule est plutôt... On est
plutôt de l'autre côté, là. Quand on a des retards qui impliquent des centaines
de millions de dollars, des dizaines de millions de dollars dans des projets
d'infrastructures de plusieurs milliards de dollars pour des considérations
très, très pointues de contestation, ou autres, ou de blocage, ça nous
apparaissait déjà une problématique en soi à régler, là.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. Peut-être en terminant, si j'ai le temps... une minute. Sur le délai de
six mois, là... dans le fond, l'entrée en vigueur de la loi, suivant la
sanction, vous demandez qu'elle soit mise en application dès la sanction.
Qu'est-ce que ça changerait pour vous que ça se fasse immédiatement à la
sanction?
M. Godcher (Sylvain junior) : Bien,
ça permettrait à l'écosystème des transports collectifs de pouvoir bénéficier
des délais améliorés que permet la nouvelle loi. Donc, l'autorité n'aura pas
elle-même d'expropriations en cours, à ce moment-là, compte tenu de
l'avancement de ses projets, mais les sociétés de transport en sortiront grandement
gagnantes.
M. Grandmont : Parfait. Merci
beaucoup. Merci encore pour votre contribution, puis passez une très belle fin
de semaine.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le député. Je vous remercie pour votre participation à la
commission et je suspends les travaux quelques instants pour accueillir le
prochain groupe.
(Suspension de la séance à 14 h 45)
(Reprise à 14 h 50)
Le Président (M. Jacques) : Je
souhaite maintenant la bienvenue à la Société pour la nature et les parcs
Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échanges avec les membres de
la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à débuter votre exposé.
M. Branchaud (Alain) : Bonjour,
M. le Président. Bonjour à tous les membres de la Commission. Je me présente,
Alain Branchaud, je suis biologiste et directeur général à la SNAP Québec, la
Société pour la nature et les parcs. Alors, aujourd'hui, je suis accompagné de
mon collègue Jean-Philippe Lemay, qui est avocat et chef de projet en
écofiscalité.
La SNAP Québec travaille exclusivement à
la protection du territoire. Nous sommes un groupe porteur de solutions qui
agit de manière basée sur la science et en collaboration avec les nations
autochtones, les acteurs gouvernementaux, les communautés locales et le milieu
des affaires. Depuis 2017, le Québec travaille... la SNAP Québec travaille de
concert avec les municipalités québécoises pour lever des fonds dédiés à la protection
de la biodiversité par l'intermédiaire du Fonds des municipalités pour la
biodiversité, mettre en œuvre des solutions nature sur leur territoire et
développer des projets de conservation et adopter des règlements
d'écofiscalité.
À la COP15, qui s'est tenue en décembre
dernier, à Montréal, les États du monde ont adopté un ambitieux cadre mondial
pour la protection de la nature, il s'agit, là, du cadre mondial
Kunming-Montréal. Le Québec s'est engagé à atteindre les cibles de ce cadre
mondial, notamment la cible phare visant à protéger 30 % des milieux
terrestres et marins. Dans le sud du Québec, où ce chiffre se situe en deçà de
10 %, bien, il y a moins de 10 % du territoire qui est protégé dans
le sud du Québec, la conservation de la biodiversité va nécessairement...
M. Branchaud (Alain) : ...par
l'intervention des municipalités à travers leur rôle de planification et leur
connaissance du territoire, elles sont les mieux placées pour appliquer des
mesures de conservation dans un paysage urbanisé et privatisé.
Lors du Sommet des municipalités pour la
biodiversité organisé par la SNAP Québec, en 2022, les acteurs municipaux ont
dénoncé les lacunes du régime d'expropriation comme étant un obstacle à leur
capacité d'agir en matière de biodiversité. Ils ont unanimement demandé une
refonte en profondeur de la Loi sur l'expropriation. Aujourd'hui, nous portons
leur message et proposons des solutions pragmatiques pour accélérer les efforts
de conservation et confirmer les pouvoirs des municipalités en aménagement du
territoire. Dans, les derniers mois, le législateur québécois a intégré
explicitement la protection de la biodiversité au régime de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. Le gouvernement du Québec a suivi le pas avec des
orientations gouvernementales demandant aux acteurs municipaux d'identifier et
de conserver les milieux naturels d'intérêt sur leur territoire.
Le projet de loi no 22 est une étape
importante dans la mise en œuvre de ces nouvelles obligations des municipalités
et, ultimement, dans l'atteinte des cibles de conservation du Québec. C'est
l'illustration parfaite d'une approche pan gouvernementale, cette nouvelle
loi... ce projet de loi no 22, en matière de conservation.
Nous remercions la commission de nous
avoir invités à contribuer à cette réflexion et nous saluons les efforts du
projet de loi no 22 pour répondre aux demandes des municipalités. Nos
recommandations sont chirurgicales et porteront d'abord sur la levée des
obstacles à l'expropriation avant d'aborder la notion d'expropriation déguisée.
Vous aurez compris que nous limiterons nos commentaires aux enjeux de
l'expropriation dans le contexte de la conservation des milieux naturels.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Bonjour.
Donc, tout d'abord, la SNAP Québec accueille favorablement les dispositions du
projet de loi qui encadrent la détermination de l'indemnité définitive en
fonction de la valeur marchande du bien exproprié. Il faut se rappeler que
l'expropriation est parfois le meilleur mécanisme en matière de conservation
des milieux naturels. Par exemple, une municipalité peut vouloir acquérir un
terrain pour en faire... en ouvrir l'accès pour faire un parc ou effectuer des
travaux d'aménagement ou de restauration. Cependant, pour que l'expropriation
demeure une option viable, les municipalités doivent être capables de prévoir
et de budgéter les indemnisations. À l'inverse, sous le régime actuel, nous
constatons que la spéculation sur la valeur des milieux naturels fait gonfler
la facture des municipalités au bénéfice de certains promoteurs, mais au
détriment des autres propriétaires et de la collectivité. Donc, nous saluons
donc les efforts du projet de loi pour établir des indemnités plus prévisibles,
plus objectives et, ultimement, plus justes.
Par contre, nous pensons qu'il est
possible d'aller encore plus loin. Au cœur de la détermination de l'indemnité,
il y a la notion de l'usage le meilleur et le plus profitable. Et, bien que
l'article 87 du projet de loi prévoie des balises pour limiter... nous
demeurons inquiets que les tribunaux continuent d'établir... en évaluant la
probabilité de modification aux règlements municipaux. Donc, nous recommandons
de rejeter explicitement cette interprétation pour assurer le respect de la
démocratie locale et limiter la spéculation. Cet amendement renforcerait le
caractère prévisible et objectif du projet de loi.
M. Branchaud (Alain) : Toujours
dans le même objectif d'établir des règles prévisibles pour favoriser l'action
municipale, nous recommandons de prévoir explicitement dans la loi le pouvoir
des municipalités d'exproprier à des fins de protection de l'environnement et
de la biodiversité. Bien que personne ne conteste la compétence des
municipalités en matière d'environnement et de conservation, certaines
municipalités hésitent encore à utiliser le pouvoir d'expropriation dans ces
domaines. Ceci s'explique par un certain flou autour de la notion de fin
municipale et d'utilité publique.
Comme vous le savez, toute contestation
juridique impose des frais et des délais qui peuvent être évités. Une simple
mention à la Loi sur les cités et les villes et au Code municipal du Québec
permettrait de mettre fin à cette incertitude et accélérer les efforts des
municipalités. En ce moment, on donne comme exemple, dans ces deux textes de
loi, l'établissement d'un stationnement comme exemple d'une fin municipale.
Alors, on pourrait équilibrer et ajouter tout simplement la protection des
milieux naturels ou la protection de l'environnement, comme un autre exemple
pour clarifier la situation.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Ensuite,
la SNAP Québec constate la préoccupation du milieu municipal québécois face aux
décisions récentes des tribunaux en lien avec l'expropriation déguisée. Cette
inquiétude est partiellement grande pour les sites de conservation de la
biodiversité puisque la capacité des municipalités de régir ou prohiber les
usages et activités sur leur territoire est remise en question. Même avec une
méthode de fixation des indemnités révisée par le projet de loi, il est
impensable que les municipalités québécoises exproprient tous les terrains qui
doivent être conservés au Québec. Ce sont les municipalités qui sont les mieux
placées pour savoir quel pouvoir est le plus adéquat pour atteindre les
objectifs environnementaux sur leur territoire, soit l'acquisition ou le
règlement d'urbanisme.
Devant l'ampleur de la problématique, la
réponse proposée par le projet de loi est insuffisante. D'abord, en matière de
conservation des milieux naturels, les municipalités n'auront pas
nécessairement l'option de faire cesser l'effet préjudiciable, comme il est
prévu à l'article 170 du projet de loi. Effectivement, les règlements
municipaux doivent se conformer...
M. Lemay (Jean-Philippe) : ...aux
outils de planification régionale, aux orientations gouvernementales et, bien
sûr, à la loi. Puisque les municipalités sont dorénavant tenues d'identifier et
de conserver les milieux naturels d'intérêt, il leur serait impossible de
retirer la réglementation ayant un effet préjudiciable, et même si elles le
pouvaient, ceci irait à l'encontre des objectifs auxquels le Québec s'est
engagé.
Nous recommandons plutôt de résoudre le
problème à la source en encadrant le critère de la suppression de tout usage
raisonnable, qui découle d'une jurisprudence ambiguë et parfois contradictoire.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi codifie ce critère sans le définir et
importe ainsi tous les risques qui l'entourent dans la jurisprudence. Nous
proposons les cinq principes suivants pour guider le législateur dans cet
encadrement. Premièrement, il existe une responsabilité partagée entre les
propriétaires et la collectivité dans la protection de l'environnement.
Deuxièmement, le législateur a déjà accordé aux municipalités le rôle de
balancer les intérêts publics et privés, notamment par le règlement
d'urbanisme. Troisièmement, la diminution de la valeur d'un immeuble n'équivaut
pas à la suppression de tout usage raisonnable. Quatrièmement, il devrait y
avoir une présomption que l'usage qui est fait d'un immeuble avant l'adoption
d'un règlement est un usage raisonnable. Et finalement il devrait y avoir une
présomption que les mesures de conservation qui découlent des outils de
planification ne suppriment pas tout usage raisonnable.
En terminant, nous ne pouvons pas passer
sous silence la gravité de la situation pour les municipalités qui se défendent
présentement contre des allégations d'expropriations déguisées s'élevant à
plusieurs centaines de millions dollars. Une véritable solution à
l'expropriation déguisée ne peut pas attendre six mois pour entrer en vigueur
et doit inclure les litiges en cours. Autrement, nous mettons encore une fois
sur pause la conservation de la biodiversité, alors que la science nous appelle
plutôt à accélérer nos efforts. Nous vous soumettons que la crise de la
biodiversité et les poursuites judiciaires d'une ampleur sans précédent contre
les municipalités justifient de faire entrer en vigueur les éléments principaux
de la loi dès sa sanction et de donner un caractère rétroactif aux dispositions
sur l'expropriation déguisée.
Donc, merci beaucoup pour votre écoute.
J'espère que vous avez pu constater que le projet de loi n° 22 est une
occasion à ne pas manquer de lever certains des obstacles à la conservation des
milieux naturels en donnant aux municipalités le moyen de nos ambitions. Et
nous serons heureux de répondre à vos questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Et je cède maintenant la parole à la partie
gouvernementale, en l'occurrence au député de René-Lévesque.
M. Montigny : Merci. Alors,
bon après-midi. Vraiment très heureux de vous accueillir ici, cet après-midi,
et de pouvoir regarder avec vous, échanger sur des éléments de votre mémoire.
Merci beaucoup d'y participer. Un premier élément sur lequel j'aimerais
regarder... Vous avez dit, là, d'ailleurs que vos recommandations étaient
chirurgicales, alors on va aller dans le détail, là, pour la première question
que je vous amènerais. J'en ai deux, mais je vais commencer par celle-ci.
D'abord, je nous amène, tout le monde, là,
à l'article 87, hein, toute la question de l'usage, le meilleur et le plus
profitable. À l'alinéa 4, on dit : «Il est probable et non seulement
possible que cet usage se concrétise dans les trois ans qui suivent la date
d'expropriation.» Alors, moi, ce que je vous amène par rapport à cet
élément-là, c'est : est-ce que vous croyez que la nouvelle définition de
l'UMPP, à l'article 87, c'est une avancée? Avez-vous d'autres suggestions
pour encadrer la notion de suppression de tout usage raisonnable? On est en...
plusieurs se questionnent, on est en réflexion là-dedans. Alors, c'est vraiment
une question qui va permettre de m'éclairer, d'éclairer ma pensée là-dedans. Ça
fait que je suis vraiment intéressé d'avoir votre point de vue là-dessus pour
m'aider dans ma réflexion.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Oui,
bien, en fait, pour la première question sur l'article 87, effectivement,
je pense qu'il y a une avancée qui est quand même considérable, surtout d'un
point de vue temporel, c'est-à-dire on vient limiter à trois ans. Concrètement,
ce que ça veut dire pour les milieux naturels : un promoteur qui n'aurait
pas déjà commencé son projet, qui n'a pas déjà un projet clair, disons,
réaliste avec des permis, etc., ça viendrait limiter beaucoup l'UMEPP pour
cette situation-là. Donc, c'est une limite à la spéculation, puis ça, c'est
très bien.
• (15 heures) •
Nous, ce qui nous inquiète, c'est que ce
genre de langage là, donc le fait que ce soit probable est non seulement
possible, la plupart de l'article 87 était déjà prévu dans la
jurisprudence puis dans les guides pour les évaluateurs, et, malgré ça,
l'interprétation qui en était faite était, disons, assez libérale et pouvait
aller jusqu'à, disons, réfléchir à la possibilité qu'un conseil municipal modifie
le zonage, etc. Pour nous, là, il y a un gros risque non seulement pour la
spéculation, mais pour la démocratie locale, c'est-à-dire que ce n'est pas le
rôle d'un juge ou d'un évaluateur de venir évaluer c'est quoi, les possibilités
que, dans un futur lointain, on modifie la réglementation. Pour nous, ça, c'est
important. Donc, je comprends l'ambition de l'article 87 qui est de venir
encadrer, limiter. Nous, on vous suggère qu'il y a encore peut-être un risque
parce que le langage est assez similaire à ce qui était déjà...
15 h (version non révisée)
M. Lemay (Jean-Philippe) : ...par
la jurisprudence. Donc, on vous recommande d'être explicites en rejetant
complètement cette interprétation-là. Si vous me dites que vous avez, à l'interne,
des avis qui vous disent que c'est suffisant, bien, à la limite, nous, on vient
vous identifier ce risque-là.
M. Montigny : C'est très
bien, c'est pour ça que je vous posais la question, c'est pour avoir un
éclairage de votre part là-dessus.
L'autre élément intéressant que j'aimerais,
j'aimerais vous amener, avant de passer la parole à... je sais que j'ai une
collègue ici qui a bien hâte de vous poser des questions, évidemment, et je
vous amènerais sur votre recommandation cinq. Vous suggérez, là, de modifier le
paragraphe deux de l'article 171, «pour accorder un délai de trois mois pour
décider de faire cesser un effet préjudiciable ou d'acquérir un droit
préjudiciable». Hier, dans les échanges, le Centre québécois des droits en
environnement mentionnait que ce n'était pas possible, pour une municipalité,
de cesser l'effet préjudiciable, puisque se doit... elle se doit de respecter
son schéma d'aménagement. J'aimerais ça vous entendre là-dessus, regardez votre
regard là-dessus.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Oui,
bien, je pense qu'on partage un même constat. En termes de protection des
milieux naturels, les obligations sont de plus en plus claires pour les
municipalités. On l'a vu à travers la révision sur la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme et les OGAT qui ont suivi. À partir du moment où le schéma d'aménagement
va identifier et va imposer des mesures de conservation sur le territoire, une
municipalité ne peut pas reculer. Donc, effectivement, c'est une de nos grandes
critiques de l'article 170, c'est qu'en matière de protection des milieux
naturels, ce n'est pas un vrai choix qui est offert aux municipalités, c'est-à-dire
d'un côté, c'est de... c'est de soit payer l'indemnité en faisant, bon, en
choisissant d'acquérir le bien, ou c'est d'aller contre la loi, là. Donc, ça ne
fonctionne évidemment pas,
Pour ce qui est la recommandation cinq,
dans les situations où, effectivement, une municipalité aurait ce choix-là,
encore là, l'objectif, c'est encore d'assurer qu'il y ait le plus, disons, de
facteurs qui peuvent contribuer à maintenir la protection. Puis un de ces
facteurs-là, c'est évidemment le temps qui est alloué à une municipalité, c'est-à-dire
si elle a un mois pour faire un montage financier, pour passer des résolutions,
pour faire des consultations, si nécessaire, ou de retirer sa protection, bien,
dans la plupart des cas, ça va être... malheureusement, ils n'auront pas le
choix d'aller d'aller retirer la protection.
M. Montigny : Je comprends. C'est
pour ça que vous proposez trois mois... en fait, un mois.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Nous,
on propose trois mois, dans la loi, c'est un mois.
M. Montigny : C'est ça, trois
mois. Vous trouvez que c'est... Pour vous, c'était comme compromis, trois mois,
ou c'était en fonction des discussions que vous avez eues avec plusieurs
municipalités?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Ça
vient de nos discussions avec nos partenaires municipaux. Je pense que c'est la
FQM qui nous avait proposé le trois mois, je pense que c'est ce qu'ils ont
repris dans leur mémoire aussi. Bon, nous, on travaille avec beaucoup de
fonctionnaires municipaux à SNAP-Québec, puis on sait que les conseils
municipaux, c'est à peu près une fois par mois. Donc, dépendamment à quel
moment ça tombe l'été, là, oubliez ça, c'est impossible, il n'y a rien qui va
se passer, donc...
M. Montigny : Je peux vous le
confirmer. J'ai été maire de Baie-Comeau cinq ans, là.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Donc,
l'objectif, c'est vraiment que les municipalités aient le plus d'outils pour ne
jamais être obligées de retirer leur protection. Donc, à la base, pour nous, il
y a beaucoup de situations où ça ne devrait jamais se retrouver, avoir ce
choix-là, parce que ce ne serait pas vraiment de l'expropriation déguisée selon
les critères qu'on vous propose. Et, dans les cas exceptionnels, où ça le
serait, bien, on veut qu'une municipalité ait le plus d'occasions de dire :
Oui, on garde la protection.
M. Montigny : Merci beaucoup.
Je pourrais laisser la parole à, au moins... je sais qu'il y a une collègue qui
a envie d'intervenir.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Je cède la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Une enveloppe de combien de temps?
Le Président (M. Jacques) : ...
Mme Grondin : Donc, M.
Branchaud, M. Lemay, très heureuse de pouvoir échanger encore avec vous sur des
questions de conservation, biodiversité. On a 10 minutes, j'ai un minimum de
trois questions, ça vous convient? O.K. Peut-être la première, on va y aller
sur une question plus de principe. En passant, j'ai lu avec grand intérêt votre
mémoire, et merci d'avoir pris le temps, là, de nous expliquer les enjeux
concernant cet enjeu-là de biodiversité en lien avec la Loi sur l'expropriation.
Merci. Vous avez bien résumé les enjeux. Les expropriations, pour des fins de
conservation, on n'en a pas...
Dans le fond, la question, elle n'a pas
été posée à personne, là je me permets de vous la poser : Est-ce que ça
devrait se faire... selon l'évaluation municipale ou selon la valeur marchande,
à votre avis?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Parce
qu'on vous propose dans le mémoire, c'est de garder les critères...
M. Lemay (Jean-Philippe) : ...qui
sont prévues, en ce moment, pour l'ensemble. En fait, on ne propose pas une
indemnité spécifique pour les milieux à conserver. Je sais que le CQDE propose
ça. Ça va être une avenue intéressante pour nous. On pense que, dans le cas des
milieux naturels, le plus gros enjeu, c'est la spéculation qui est faite sur
ces milieux-là. Et on pense qu'avec... en se fiant à la valeur marchande, puis
en venant limiter au plus possible les autres indemnités, on vient enlever une
grande partie de la spéculation, notamment avec..., comme on discutait plus
tôt. Donc, pour nous, ça, ça répond à la plupart des problèmes de spéculation,
là.
M. Branchaud (Alain) : ...de
protection qui est émise par des municipalités, qui est faite en respect des
lois qu'ils ont... dont ils ont accès pour mettre la réglementation municipale,
devrait être respectée, ne devrait pas être perçue comme de l'expropriation
déguisée. Puis, d'une façon générale, je pense qu'il faut se projeter dans
l'avenir aussi, avec ce projet de loi là, puis penser qu'éventuellement le
paradigme va changer sur la valeur des milieux naturels. Éventuellement,
peut-être que les municipalités... ça va être un atout incroyable, pour les
municipalités, d'avoir des milieux naturels protégés, que les municipalités
vont peut-être pouvoir mettre en place des mesures d'écofiscalité qui vont être
bénéfiques pour leurs revenus, mais, également, bénéfiques pour les
propriétaires de ces milieux naturels là. Donc, on est dans un point
d'inflexion, dans l'histoire, où...
Et des modifications à une loi, ça
n'arrive pas à tous les ans. Donc, ça fait 40 ans que ce projet de loi là,
bien, est attendu, peut-être, par certains. Donc, il faut mettre les conditions
gagnantes pour un des plus grands défis de l'humanité, en ce moment, qui est de
faire face à deux grandes crises environnementales. Vous avez la chance, avec
ce projet-là, de contribuer de façon significative à la protection des milieux
naturels, d'offrir aux citoyens des milieux de santé, de bien-être, et ça, ça passe
beaucoup par la protection des milieux naturels.
Mme Grondin : Bien,
justement, je vais prendre la balle au bond. Vous proposez de bonifier... vous
avez, plutôt, pris l'expression «des propositions chirurgicales». Mais pour
répondre, comme vous le disiez, M. Branchaud, à certaines préoccupations quand
on souhaite faire de la protection ou respecter le cadre mondial, nos
objectifs, qui sont ambitieux, en matière de biodiversité... puis, pour être
capables de le faire, vous arrivez, dans le cadre du projet de loi sur
l'expropriation, avec des propositions qui sont, par exemple, la recommandation
2, de retirer toute ambiguïté dans le calcul de l'indemnité, la recommandation
3, de définir peut-être plus précisément ou de bonifier qu'est-ce que ça veut
dire, les notions d'utilité publique de fins municipales. La recommandation 4,
vous proposez de modifier l'article 170, d'ailleurs, on y reviendra tantôt.
Il y a certaines organisations qui sont
venues ici en nous disant d'autres choses pour atteindre les mêmes objectifs.
Il y a différents scénarios qui sont sur la table. Je pense au CQDE, qui
dit : Bien, nous, on aimerait avoir une section dédiée à la conservation.
C'est d'aller bonifier certains articles qui sont déjà proposés là, ce n'est
pas suffisant, il faut aller plus loin. Il y en a d'autres. Je sais que la
ministre, actuellement, discute avec la ministre des Affaires municipales, le
ministre de l'Environnement pour voir s'il existe d'autres véhicules qui
seraient plus appropriés pour répondre à nos ambitions.
• (15 h 10) •
Vous, qu'est-ce qui est l'enjeu? C'est la
question de délais? Donc là, vous l'avez dit, M. Branchaud, il y a un projet de
loi qui est sur la table, c'est un véhicule intéressant. Est-ce qu'il faut
profiter... et saisir l'occasion maintenant ou on devrait voir s'il n'y a pas
d'autres véhicules qui sont encore plus structurants?
M. Branchaud (Alain) : Bien,
la réponse, c'est les deux, dans le sens qu'on a une opportunité incroyable, en
ce moment, d'utiliser un outil, de moderniser un outil pour aider les
municipalités à remplir leurs responsabilités en matière de protection des
milieux naturels. Mais ce n'est pas seulement avec ce projet de loi là, et ce
n'est pas seulement avec cette éventuelle loi là qu'on va réussir à atteindre
nos objectifs de conservation. Donc, ça prend une approche pangouvernementale.
Et nous, on salue les avancées dans ce projet de loi là...
M. Branchaud (Alain) : ...c'est
sûr que d'avoir peut-être un régime particulier pourrait peut-être être bénéfique,
mais il faut aussi considérer qu'on fait des pas un à la fois, puis parfois,
bien, il y a peut-être des pas un peu trop grands à franchir. Donc, c'est
peut-être à la Commission à déterminer si certaines des suggestions vont trop
loin ou non. Pour nous, le fait de clarifier certains concepts, de faire
quelques modifications chirurgicales, donc, aiderait vraiment à ce que, dans
les prochaines années, lorsque des dossiers vont se retrouver devant les
tribunaux, qu'il y ait moins d'ambiguïté, moins de possibilités d'interpréter
ça d'une façon qui va à l'encontre de la volonté du gouvernement, c'est-à-dire
d'atteindre la protection du 30 %, d'augmenter la protection des milieux
naturels dans le sud du Québec et d'offrir aux citoyens l'accès à la nature, des
îlots de fraîcheur et de lutter contre les changements climatiques. Donc là,
vous avez une opportunité juste en clarifiant le langage, c'est notre lecture
du projet de loi, en clarifiant le langage, en allant baliser certains
concepts, vous pouvez aller beaucoup plus loin et vous assurer de votre
intention.
Mme Grondin : Parfait. Oui.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Une
petite chose, si on a le temps.
Mme Grondin : Deux minutes.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Parfait.
Très rapidement. Effectivement, on est conscient qu'il y a des discussions à
d'autres ministères pour trouver d'autres façons de gérer l'expropriation
déguisée. Pour moi, c'est tout à fait valable. Il y a deux risques, par contre,
c'est si on vient adopter l'article 170, 171 comme ça, on vient légitimer
le critère qui est utilisé, la suppression de tout usage raisonnable, en
n'offrant pas de balise. Donc, on se fie aux tribunaux qui en font en ce moment
une interprétation qui, pour nous, est un peu problématique. Donc, il y a une
opportunité ici de venir encadrer, mais il y aussi un risque de le laisser
comme il est prévu au projet de loi.
Mme Grondin : Merci. C'est
vraiment intéressant. Peut-être, s'il me reste une minute?
Le Président (M. Jacques) : ...40.
Mme Grondin : 40 secondes?
Le Président (M. Jacques) : 1
min 40 s.
Mme Grondin : Yes. Justement,
l'article quatre, vous proposez justement d'encadrer la notion de suppression
de tout usage. Moi, ce que je trouve intéressant dans les principes, puis on
verra si le législateur aime ça mettre des principes dans un projet... dans
une loi, là...
Une voix : ...
Mme Grondin : Les
législateurs, oui, qu'est-ce que j'ai dit?
Une voix : Non, non, c'est
correct.
Mme Grondin : O.K.. Mais ce
que je trouvais intéressant, c'était... c'est parmi les cinq principes que vous
avez, la trois et la cinq. La diminution de la valeur d'un immeuble n'équivaut
pas à la suppression de tout usage raisonnable et la présomption qu'un règlement
qui applique des mesures de conservation conforme à l'outil de planification ne
supprimant pas tout usage raisonnable. Ce qui est intéressant dans ça, c'est
qu'on a adopté un scénario d'utilisation durable qu'il faudra d'ailleurs
définir, là, quand on parle de protection de la biodiversité, toute la question
de l'utilisation durable. Est-ce que je lis bien que c'est un peu ça que vous
souhaitez aussi dans ce sens là, y intégrer cette notion là d'utilisation
durable?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Bien,
en fait, on reprend en fait le critère de supprimer tout usage raisonnable,
puis en fait le point cinq, c'est de venir dire : Quand une municipalité
se fait imposer par les... les orientations gouvernementales par la loi, de
protéger, bien, ce n'est pas déraisonnable ce que le législateur leur demande
de faire. Il y a quelque chose de... On vient un peu pelleter dans la cour des
municipalités de... l'indemnité, alors que, pour nous, si elle ne fait que
répondre à la planification qui a été faite pour atteindre les objectifs
gouvernementaux, y compris la protection de la biodiversité, bien, pour nous,
ce n'est pas déraisonnable, là.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met un terme aux échanges avec la partie gouvernementale. Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle et à M.
le député d'Acadie.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Alors, bonjour, bon après-midi. Merci pour votre mémoire et la
discussion très intéressante qu'on a cet après-midi. J'ai lu votre mémoire avec
beaucoup d'attention et je tenais à vous féliciter parce qu'à la page trois de
votre mémoire, vous prenez la peine de reconnaître l'importance des droits et
des intérêts des Premières Nations et des Inuits en lien avec l'aménagement du
territoire. Et, parce que je suis également le porte-parole en matière de
relations avec les Premières Nations et les Inuits, c'est quelque chose qui me
touche beaucoup. Alors, félicitations, bravo.
J'ai une question pour vous, et c'est en
lien avec l'article cinq du projet de loi qui dit : « Pour exproprier un droit, il
n'est pas nécessaire d'avoir obtenu les autorisations requises pour la
réalisation du projet ni de remplir les conditions préalables à cette
réalisation qui sont prévues...
M.
Morin :...par d'autres lois, et évidemment vous avez un intérêt
marqué, bien sûr, pour la protection du territoire. On a entendu d'autres
groupes dont, entre autres, l'Union des producteurs agricoles, qui disaient que
cet article-là pouvait être problématique parce que, maintenant, il faut
obtenir, comme vous le savez, l'autorisation de la Commission de protection du
territoire agricole avant de procéder, et cet article-là viendrait modifier ça.
C'est-à-dire qu'il faut toujours obtenir l'autorisation de la commission, mais
l'autorité expropriante pourrait commencer le travail, puis, tout dépendant de
la décision de la commission, bien, évidemment, serait peut-être obligée
d'arrêter ou de continuer. Est-ce que vous pensez que cet article-là va trop
loin, qu'il modifie trop le droit actuel ou que c'est une bonne chose, puis, si
oui, pourquoi?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Pour
être bien honnête avec vous, je ne pense pas qu'on a étudié cet article-là,
surtout pas dans un contexte de secteur agricole, donc je ne pourrais pas
vraiment commenter là-dessus.
M.
Morin :O.K., c'est bien. Je vous remercie. Maintenant, les
articles 170 et 171 ont suscité beaucoup d'animation, de commentaires de la
part d'un grand nombre de groupes devant cette commission. Je sais que ma
collègue, ici, a quelques questions, alors, M. le Président, si vous pouvez
permettre à ma collègue de poser des questions, ce serait très apprécié.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
Merci. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, au collègue aussi. Moi aussi, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre
mémoire et j'ai écouté attentivement la présentation, donc j'ai quand même
plusieurs questions. Donc, si je comprends bien, à la toute fin, vous dites...
On comprend bien, j'ai été à la COP15, très fière, ici, au Québec, d'avoir été
les hôtes. Et, justement, il y a des engagements, le Québec fait partie du
groupe hautes ambitions. On pourrait même dire qu'on pourrait aller même plus loin
que 30 % avec le territoire qu'on a au Québec, mais on fait partie de ce
groupe-là, et, justement, vous dites en conclusion que ce projet de loi
donnerait au Québec les moyens de nos ambitions, effectivement, puis on
comprend que, souvent, ce n'est pas juste dans les projets de loi liés au
ministère de l'Environnement, que c'est à des fins de conservation, protection
de la biodiversité. C'est souvent à travers les autres lois et projets de loi.
Donc, ça, c'est une belle opportunité si je comprends bien, et je suis
d'accord.
Donc, avec ça, j'aimerais savoir, en
premier lieu, est-ce que vous avez des suggestions, des recommandations? Est-ce
qu'il y a d'autres provinces ou d'autres... des pays qui... prêts à prendre
justement une approche équilibrée, une approche intégrée vis-à-vis... là, vous
parlez beaucoup de cet équilibre entre les droits individuels et le bien
collectif. Est-ce que vous avez des exemples, soit dans d'autres secteurs ici,
au Québec, ou d'autres provinces ou pays qui pourraient nous guider?
M. Branchaud (Alain) : Le
temps étant une denrée rare, je pense qu'on n'a pas eu le temps beaucoup
d'examiner et de faire une analyse comparative. Dans d'autres dossiers, on le
fait, parfois, quand c'est vraiment pointu, sur des enjeux de conservation.
• (15 h 20) •
Je répondrais à ça que le Québec peut,
dans certains cas et dans plusieurs situations, être fier d'être avant-gardiste
en matière de protection de la biodiversité, en matière d'action en
environnement. Et on a une occasion, ici, en faisant quelques petits
ajustements au projet de loi, d'être dans cette catégorie de leaders en matière
d'utilisation d'un outil d'expropriation pour faciliter la protection des
milieux naturels. On est d'accord avec l'idée d'équilibre puis le respect des
droits, assurément, mais il y a un pas supplémentaire à faire. Puis je pense
que, si on fait ces...on franchit ces étapes-là puis qu'on fait les quelques
modifications qu'on a suggérées et d'autres, qui viennent de d'autres groupes,
je crois, on va pouvoir être un leader, puis ce seront les autres qui viendront
se comparer à nous.
Mme McGraw : Vous avez parlé
d'un point d'inflexion. On est rendu à un point d'inflexion, et c'est une belle
opportunité, après 40 ans, de réformer une loi importante, avec des impacts
environnementaux en matière de changements climatiques... très importants. Vous
avez aussi parlé de la valeur des milieux naturels et un point d'inflexion où
justement reconnaître, par exemple, les services écologiques des milieux naturels.
On...
Mme McGraw : ...on pourrait
éventuellement voir que la valeur de la conservation serait plus élevée que la
valeur de l'exploitation, mais ce n'est pas le cas présentement.
Alors, au niveau de l'expropriation...
Pardon, j'ai perdu ma question. Peut-être, je vais reformuler. Vous parlez de
critères de suppression de tout usage raisonnable comme étant la source du
problème lorsqu'on parle d'expropriation déguisée, qu'il faut aussi attaquer,
puis vous parlez aussi de... et que tout ça, ça découle de jurisprudence, si je
comprends bien, qui est ambiguë et contradictoire. Je pense que c'était les
mots que vous avez utilisés. Et est-ce que vous trouvez, donc, que les
articles 170... ça représente un potentiel ou un recul? Est-ce que je peux
vous entendre plus là-dessus?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Oui.
Bien, en fait, c'est que l'article 170 ne vient pas vraiment encadrer la
notion. Il propose une procédure pour, disons, enlever un peu le stress aux
municipalités, c'est-à-dire, à partir du moment où est-ce que
l'article 170 commence avec un jugement qui reconnaît l'effet
préjudiciable. Donc, nous, notre objectif, c'est d'arriver avant
l'article 170 en disant que les jugements pour un effet préjudiciable
devraient être beaucoup plus limités. C'est-à-dire, après ça, une fois qu'on a
effectivement un jugement qui dit il y a une suppression de tous les usages
raisonnables, bien là, effectivement, on peut offrir un choix à la municipalité
d'acquérir ou de retirer sa protection. Mais, pour nous, en ce moment, le
risque c'est que, à une certaine époque, la jurisprudence notait que, disons,
l'expropriation déguisée, c'était pour protéger contre un abus de droit contre
des situations très, très exceptionnelles. Puis ce qu'on voit, en ce moment,
c'est qu'on élargit cette définition-là pour venir l'appliquer à des pouvoirs
tout à fait légitimes des municipalités qui ne font qu'en fait suivre les
obligations du gouvernement, là.
Donc, nous, notre objectif, c'est de venir
encadrer ce critère-là pour qu'il y ait de moins en moins de cas qui se rendent
jusqu'à l'article 170, parce que l'article 170, c'est juste une
procédure, une fois que ce jugement-là a déjà été fait, tu sais.
Mme McGraw : Je me rappelle
de l'autre question au niveau des services écologiques, la valeur de la
conservation, et là on parle de spéculation sur la valeur des milieux naturels
qui portent à la spéculation. Est-ce que je peux vous entendre plus là-dessus?
Est-ce que la spéculation, c'est sur la valeur... c'est plus prononcé dans,
justement, les milieux naturels que dans d'autres...
M. Lemay (Jean-Philippe) : Oui.
Bien, en fait, je pense que c'est intéressant. Parce que la notion de valeur
écosystémique est intéressante dans le sens où nous, on demande de reconnaître
cette valeur-là alors que, quand qu'on parle de spéculation, ce n'est pas... La
spéculation, ce n'est pas sur la valeur des milieux écosystémiques, c'est sur
la valeur de détruire ce milieu-là puis d'en faire autre chose. C'est ça la
logique un peu derrière... qui évalue qu'est ce qu'on pourrait faire avec ce
milieu-là autre que le conserver.
Donc, pour nous, on veut reconnaître la
valeur des milieux écosystémiques plutôt que de voir un milieu naturel comme
étant en attente de développement, là. Pour nous, il est déjà à son plein
potentiel ce milieu-là, là. Puis effectivement, pour un peu exprimer l'espèce
d'urgence en lien avec l'exploration déguisée, je pense, l'exemple de la MRC
d'Argenteuil est très pertinent, où en ce moment ils sont... ils ont suspendu
l'application de leur PRMHH, donc le plan régional de protection des milieux
humides et hydriques, parce qu'ils disent tout simplement : Une fois qu'on
va adopter ce PRMHH-là, les... non seulement la valeur des milieux humides
qu'on veut protéger va augmenter, si jamais on veut faire de l'acquisition, que
ce soit par expropriation ou que ce soit de gré à gré, et après ça, les
poursuites en expropriation déguisée vont commencer à rentrer une après
l'autre. Donc, en ce moment, il y a une MRC qui suspend ses efforts de
protection en biodiversité en attendant qu'on fasse quelque chose, là. C'est
quand même grave.
Mme McGraw : Je crois que mon
collègue a une question. Alors, merci.
Le Président (M. Jacques) : ...M.
le député de l'Acadie.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Oui, bien, en fait, ça fait
suite à une question de ma collègue sur... puis votre réponse sur la valeur des
milieux naturels. Évidemment, il y a deux cas de figure possibles. Il y a la
possibilité pour un propriétaire d'éventuellement de vouloir faire du
développement dans un milieu naturel. Et donc là, évidemment, si la
municipalité veut l'exproprier, bien, il y a une perte de son terrain. Mais il
y aurait... J'imagine qu'il y a aussi des cas de figure où le propriétaire ne veut
pas nécessairement faire du développement domiciliaire, mais qu'il est heureux
et content d'avoir ou de posséder cet endroit-là, donc en milieu naturel, mais
que la municipalité veut aussi l'exproprier. À ce moment...
M.
Morin :...veut aussi l'exproprier. À ce moment-là, comment on
évalue la valeur? Parce qu'évidemment, là, la municipalité veut le déposséder.
Puis est-ce que le projet de loi répond à ce cas de figure là?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Bien,
c'était... effectivement, c'est... je pense, c'est un peu difficile. Il y a
plusieurs personnes qui se sont essayées de deviner une formule magique pour
trouver la valeur d'un milieu naturel, disons, qui est maintenu. Il se fait de
plus en plus... Il y a un... Je pense qu'on est dans un moment où il y a un
marché qui se crée pour ce genre de biens là, donc il y a des organismes qui
achètent ces biens-là pour les protéger, il y a plusieurs mécanismes qui sont
en train de se développer là-dessus. Donc, je pense que, de plus en plus, il y
a des exemples sur lesquels on peut se baser pour trouver cette valeur-là, puis
les évaluateurs agréés, c'est leur pain et leur beurre, là, donc ils utilisent
la méthode de comparaison, il y a plusieurs méthodes pour ce faire. Mais,
effectivement, c'est quelque chose qui était... je pense, qui était très
embryonnaire, mais qui commence à se développer, là.
M.
Morin :Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup.
Mme McGraw : Merci beaucoup.
Peut-être 10 secondes...
Le Président (M. Jacques) : 35
secondes.
Mme McGraw : ...vous parler
de la... Recommandation n° 6, si je comprends bien, rentrer en vigueur tout de
suite, parce que c'est non seulement faisable, mais désirable, à cause des
impacts, juste pour vous entendre vite, vite.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Oui.
Bien, en fait, c'est... Nous, en fait, la grande crainte, c'est qu'on va avoir
un six mois pendant lesquels les promoteurs vont pouvoir choisir d'aller de
l'avant ou d'attendre. On l'a vu, la MRC d'Argenteuil attend après ce projet de
loi là. On ne peut pas attendre six mois, là.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour vos interventions. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Taschereau.
M. Grandmont : Bonjour.
Merci, M. Branchaud, M. Lemay. On a quatre minutes ensemble. Peut-être revenir
encore sur la valeur des milieux à protéger. Là, je comprends que c'est une
information qu'on n'avait pas eue, là, qu'il y a comme une espèce de marché qui
est en train de se développer. Ça, c'est intéressant. Il y avait la Communauté
métropolitaine de Québec qui était... qui nous avait dit que, pour la
protection des milieux humides, c'était le fonds de restauration du ministère
de l'Environnement qui servait un peu de guide, en fait, puis on voyait
vraiment un problème en fait où, avec une valeur trop élevée, bien, une
municipalité qui veut acquérir pour protéger, bien là, se trouverait à devoir
débourser des montants qui sont très importants. Si la valeur est trop basse,
c'est plus intéressant, quasiment, de finalement détruire ce milieu-là.
Donc, où est-ce qu'on... comment on va
bien mesurer la valeur d'un milieu naturel? Vous avez donné des pistes. Est-ce
que le milieu... Est-ce qu'on doit s'en remettre finalement aux évaluateurs,
qui vont vraiment... Est-ce qu'on est à la veille d'avoir suffisamment de
matière pour comparaison pour avoir le juste prix, la bonne fixation du prix,
pour que tout le monde puisse axer vers la protection de ces milieux-là?
M. Branchaud (Alain) : Oui.
Bien, il se fait de l'intendance privée depuis des décennies au Canada, au
Québec, donc il y a quand même une belle expertise, là, sur la valeur des
milieux naturels, puis souvent... le cas de figure qui était présenté tantôt,
où une personne veut conserver son milieu naturel, puis il y a de la
négociation qui peut avoir lieu dans ces cas-là. Donc, je pense qu'un projet de
loi peut venir encadrer des situations litigieuses. Mais, dans la vraie vie, la
plupart des cas, ça se règle à l'amiable, ce genre de situations là, parce que
les gens ont le même objectif, donc, de protéger les milieux naturels, de...
souvent, de les rendre accessibles à des citoyens - c'est peut-être là, des
fois, où il y a peut-être des divergences, mais... - puis de mettre à profit
les rôles écosystémiques que jouent ces milieux naturels là, donc. Puis, avec
les programmes des gouvernements québécois ou canadien dans... il peut y avoir
aussi de l'argent qui est disponible pour, justement, soit payer pour un
service qui est rendu ou acquérir les territoires.
Donc, je pense qu'il y a un bon
encadrement en ce moment de ce côté-là, puis on pourrait vous fournir davantage
d'information ou vous mettre en contact avec des gens qui font ça dont c'est le
pain et le beurre quotidiens d'aller protéger ces milieux naturels là.
• (15 h 30) •
M. Grandmont : Parfait. Je
vous en remercie, je vais accepter votre invitation.
Il y a plusieurs groupes... quelques
groupes qui nous ont proposé, là, de... à l'intérieur du p.l. n° 22, de définir
ce qu'est l'expropriation déguisée. Peut-être vous entendre là-dessus. Est-ce
que vous pensez que c'est une... On comprend qu'on doit faire un travail à
l'extérieur aussi du p.l. n° 22, que ce n'est pas suffisant. Mais est-ce que ça
pourrait venir renforcer, finalement, la définition?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Bien,
en fait, nous, les cinq principes qu'on vous propose pour encadrer le critère
de la suppression de tout usage raisonnable, c'est un peu la même idée, c'est-à-dire,
on vient définir l'application. L'expropriation déguisée, ça va être soit la
dépossession, soit la suppression de tout usage raisonnable. La dépossession,
je pense que c'est assez clair, là, on le voit avec nos yeux. Donc, que ça se
fasse dans p.l. n° 22, pour moi, c'est... l'avantage le plus grand, c'est qu'on
ne se retrouve pas avec un article 170 qui est en liberté comme ça dans la
nature, on vient tout de suite le restreindre. Si ça doit passer par un omnibus
municipal, bon, bien, je n'ai pas de problème avec ça. Par contre, il y a un
risque d'avoir ce projet de loi là, comme il est en ce moment, sans
encadrement.
M. Grandmont : Parfait.
Merci. Peut-être juste... Vous avez commencé votre intervention en parlant, M.
Branchaud, là, de l'importance d'atteindre le 30 % de protection de
territoire au Québec. On en est... Évidemment, on est d'accord...
15 h 30 (version non révisée)
M. Grandmont : ...au Québec,
on en est... évidemment, on est d'accord avec ça. Puis on a rencontré toutes
sortes de groupes aussi qui sont venus ici comme vous, puis, évidemment, il n'y
a pas unanimité sur tout. Est-ce que, si on plie sur les principes sur le PL 22
tel que vous le voyez actuellement, on recule sur le 30 %?
M. Branchaud (Alain) : On met
à risque la possibilité d'avoir une belle représentativité dans la protection
des milieux naturels au Québec. Je pense que c'est faisable et réaliste, et on
va l'atteindre, le 30 %, au Québec d'ici 2030, mais on doit penser aussi
que beaucoup de notre biodiversité, de la richesse, de nos... de notre
biodiversité se trouve dans le Sud, et c'est un milieu urbanisé, et ces milieux
naturels là ont des fonctions au niveau des rôles écosystémiques. Donc, c'est
bénéfique d'aller protéger ces milieux naturels là non seulement pour la
biodiversité, mais pour la santé humaine. Donc, il faut penser ça aussi, il y a
des services qui nous sont rendus par ces milieux-là. Et le projet de loi n° 22,
avec quelques modifications chirurgicales, permettrait de rendre les
municipalités extrêmement efficaces à cet égard.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le député. Merci beaucoup pour votre contribution aux travaux de
la commission.
Et je suspends quelques instants pour
faire place au dernier groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 32)
(Reprise à 15 h 39)
Le Président (M. Jacques) : Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de l'Association des clubs
de golf du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, après quoi, nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à débuter
votre exposé.
M. Ducharme (Martin) : Merci.
Merci, M. le Président. Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais tout
d'abord vous remercier de nous avoir invités à déposer un mémoire à la
Commission qui étudie le projet de loi n° 22 portant sur la Loi concernant
l'expropriation. Je me présente, Martin Ducharme, président de l'Association
des clubs de golf du Québec, et je suis accompagné aujourd'hui de M. Stéphane
Dubé, directeur général de l'Association des clubs de golf du Québec.
• (15 h 40) •
D'entrée de jeu, il est intéressant de
noter et de vous faire remarquer que la commission a débuté ses travaux en
parlant des golfs qui ne sont plus en opération. Et aujourd'hui, nous allons
conclure les travaux en parlant encore de golf, mais cette fois-ci de ceux qui
sont toujours en opération et qui comptent le demeurer. Vous comprendrez que je
ne vais pas faire une lecture exhaustive de notre mémoire. Vous l'avez et avez
assurément pris connaissance des huit recommandations que nous proposons. Nous
allons plutôt vous en donner les grandes lignes pour se garder du temps pour
les échanges.
Notre mission, à l'Association des clubs
de golf, est de promouvoir les clubs de golf, mais également en représentant
nos membres auprès des différentes instances comme nous le faisons aujourd'hui
avec vous, mais aussi auprès des différents acteurs de l'industrie touristique.
Nos partenaires, l'ITHQ, l'ARQ, le Conseil québécois des ressources humaines en
tourisme, CQRHT, et l'Alliance de l'industrie touristique du Québec, qui, en
passant, approuve notre démarche collaborative avec vous aujourd'hui, ça
démontre notre engagement à contribuer à l'essor économique du Québec...
M. Ducharme (Martin) : ...c'est
important de se rappeler que les clubs de golf opèrent une activité estivale
commerciale rentable et auront permis à ce jour de protéger ces espaces verts
et de les rendre accessibles à la population par d'autres activités hivernales,
par toutes sortes d'ententes avec des municipalités, et ce, dans toutes les régions
du Québec. Imaginons ensemble ce que seraient devenus tous les terrains de golf
qui avaient été fermés et remplacés par autre chose il y a 20 ou 30 ans.
Maintenant, nous reconnaissons que,
derrière chaque club de golf, il y a un propriétaire foncier. On retrouve le
même phénomène en restauration, dans le commerce de détail et dans plusieurs
sphères d'activité commerciale au Québec.À l'ACGQ, dans notre mémoire, nous
nous sommes concentrés sur les impacts de la situation financière actuelle de
nos 133 clubs membres dispersés aux quatre coins du Québec, privés, semi-privés
et publics. Le golf a connu une certaine régression au tournant des années
2000, alors que certains clubs de golf ont fermé leurs portes. Cette situation,
par contre, s'est stabilisée au cours de la dernière décennie. Et là est
arrivée la pandémie. Plusieurs de nos clubs de golf ont permis l'accès aux
terrains pendant la pandémie, et, à cet effet, notre association a collaboré de
façon continue et collaboratrice avec le gouvernement et la Santé publique afin
d'offrir des installations extérieures sécuritaires à une population qui en
avait bien besoin. Juste faire une parenthèse, le golf, c'est le premier
protocole qui a été accepté par la Santé publique en temps de pandémie. Donc,
on avait fait notre travail.
Ceci a créé un intérêt chez les jeunes
générations en raison des restrictions sanitaires qui empêchaient certaines
autres activités de loisir. Les clubs de golf membres de l'ACGQ, tout comme les
municipalités au Québec, sont heureux d'offrir un milieu sain pour leurs
clients, en plus de protéger l'environnement tout en continuant de jouer un
rôle de poumon vert au cœur de plusieurs communautés. Sachez qu'avec
l'Association des surintendants de golfs du Québec, nous demeurons résolument
engagés dans l'amélioration du bilan environnemental grâce à un plan de
réduction en place depuis plusieurs années, en collaboration avec le ministère
de l'Environnement.
Au moment où on se parle, on compte près
de 1 million de golfeurs, au Québec, ayant joué près de 9 millions de parties
de golf en 2022. C'est plus de 27 % d'augmentation d'achalandage depuis
2019. Cela explique par le fait que le golf est devenu au fil des années un
sport familial, intergénérationnel et de plus en plus accessible, et il offre
la possibilité à des grands-parents, des parents, leurs enfants, de passer du
temps de qualité à l'extérieur. Par surcroît, pour plusieurs, c'est souvent le
seul sport entre amis qu'ils pratiquent pour garder le moral, la forme et la
santé mentale.
Je vais maintenant laisser la parole à
notre directeur général, Stéphane Dubé, qui va rentrer plus spécifiquement sur
le projet de loi.
M. Dubé (Stéphane) : Merci,
M. Ducharme, M. le Président, Mmes, MM. les députés. D'entrée de jeu, nous affirmons
que le Québec doit se doter, à l'instar des autres juridictions voisines, d'une
loi sur l'expropriation qui viendra encadrer un flou qui perdure depuis
plusieurs décennies. Les possibilités de reconversion des terrains de golf, en
opération ou non, qui offrent de nombreuses opportunités pour la collectivité
québécoise, alimentent un perpétuel débat. D'un côté, la pression est forte
pour une protection de ces espaces verts dans le contexte des changements
climatiques.
D'ailleurs, l'UMQ et l'Ordre des
urbanistes nous ont proposé cette semaine de reconnaître formellement les
mesures contribuant à la lutte aux changements climatiques et la préservation
de la biodiversité comme motif d'utilité publique pouvant justifier
l'expropriation. Bien qu'on considère que l'opération d'un club de golf
contribue à la lutte aux changements climatiques, nous croyons qu'une telle
disposition pourrait amener certaines utilisations abusives. De l'autre côté de
l'ornière, la pénurie de logements et de terrains industriels, combinée à la
poussée de l'inflation sur les budgets des municipalités, exercent une pression
sur les pouvoirs publics pouvant les amener à revoir leur position dans le
futur et ainsi modifier le règlement pour permettre le développement
industriel, commercial ou résidentiel. En démocratie, nul n'est à l'abri d'un
changement de gouvernance, qu'il soit positif ou négatif.
À l'ACGQ, nous défendons fermement les
intérêts de la population en voulant protéger la pratique du sport du golf. La
protection des espaces verts pour y jouer constitue l'un des défis principaux
auxquels nous devons faire face. En effet, l'accessibilité aux terrains est
menacée, en grande partie à cause des pressions énormes causées par le manque
de terrains disponibles pour d'autres usages un peu partout dans...
M. Dubé (Stéphane) : ...les
différentes municipalités du Québec, mais plus particulièrement dans les
secteurs plus urbanisés. Ces pressions proviennent principalement des
promoteurs qui désirent développer des logements, commerces ou industries sur
des terrains de golf souvent avantageusement situés. D'autre part, le
gouvernement et les municipalités du Québec se sont fixé des objectifs élevés
de protection du territoire, et les terrains de golf offrent de belles opportunités
d'atteindre ces cibles.
Pendant que les différentes parties se
déchirent sur la reconversion des terrains de golf sur la place publique, notre
industrie poursuit sa mission d'offrir un milieu de jeu attrayant et une
activité répondant aux besoins les plus légitimes des Québécoises et Québécois.
Une activité saine pour la santé, un accès à un accès à la nature, un lieu de
rencontre, un attrait touristique, un levier financier pour l'organisation
d'activités de financement pour divers organismes et fondations d'hôpitaux et
autres bienfaits. Et on fait tout ceci en protégeant nos espaces verts.
Maintenant, l'ACGQ croit fermement que le
projet de loi no 22, en protégeant l'usage actuel, peut devenir un outil
important pour assurer la protection du sport du golf. Il existe par ailleurs
certains enjeux que nous désirons habilement... humblement soulever auprès de
vous. D'abord, nous sommes d'avis que de réduire la portée du concept de
l'usage le meilleur et le plus profitable aura un impact positif en diminuant
la pression de différents promoteurs qui offrent des sommes parfois plus
intéressantes que la poursuite des opérations d'un terrain de golf. On voit le
même phénomène auprès de nos terres agricoles.
En revanche, le projet de loi ne devrait
pas non plus verser dans l'autre extrême, où des entreprises verraient leur
patrimoine perdre trop de valeur au point de voir les propriétaires perdre leur
investissement, ou même être témoins d'une relève qui quitte le navire devant
un manque de possibilités de retour sur l'investissement. Une expropriation
partielle d'un terrain de golf en est un bon exemple. Nous voyons donc d'un bon
oeil du projet... Nous voyons donc d'un bon oeil l'équilibre du projet de loi
no 22 qui introduit la notion de juste valeur marchande, tout en prévoyant des
indemnités de déplacement, de réaménagement ou de réinstallation qui
permettraient à un club de golf de continuer d'offrir l'ensemble de ses
services tout en maintenant sa rentabilité actuelle et future. Elles devront
évidemment être précisées.
Maintenant, l'ACGQ est inquiète de voir
certains membres de la société demander des changements dans le projet de loi,
dont le remplacement de la valeur marchande par la valeur à l'évaluation
municipale. Or, nous croyons que cette proposition causerait à tort à notre
industrie... du tort à notre industrie et faciliterait beaucoup trop
l'expropriation par les différents paliers gouvernementaux.
Dans le même ordre d'idées, nous proposons
d'établir à 20 ans une limite temporelle d'ajustement de l'indemnité
définitive afin de prévoir les cas où un changement d'usage soit effectué par
une municipalité ou tout autre palier supramunicipal qui aurait pour impact
d'augmenter significativement la valeur du bien exproprié. À titre d'exemple,
prenons le cas fictif d'un terrain de golf exproprié pour fins de conservation
par une municipalité afin d'en faire un parc. Quelques années plus tard, à la
suite d'une élection, un changement de gouvernance amène un changement de cap,
et la municipalité décide de modifier l'usage à des fins commerciales,
industrielles ou résidentielles. Il est clair pour l'ACGQ que ce type
d'intervention par la municipalité, qui est à la fois expropriant et décideur,
changerait drastiquement la valeur marchande d'un terrain exproprié et
causerait un préjudice important à l'exproprié.
• (15 h 50) •
Une autre proposition d'inclure une
application différente de la loi pour les espaces verts causerait des
préjudices pour l'industrie du golf en créant une seconde classe de terrains.
Nous sommes d'avis que la protection d'espaces verts ne doit pas se faire ni au
détriment des contribuables ni sur le dos des propriétaires de terrains de
golf. Encore une fois, nous appelons le législateur à trouver un juste
équilibre pour offrir une valeur juste à toutes les parties impliquées.
En conclusion, en proposant un projet de
loi équilibré, le gouvernement et les municipalités ont tout à gagner en
soutenant l'industrie du golf. En effet, la protection dans notre sport... de
notre sport permet la valorisation de grands espaces verts, souvent au cœur des
communautés, et ce, sans investissement de la part des contribuables. Pour
nous, il s'agit de préserver nos 50 000 emplois, directs et indirects,
tout en garantissant l'accès à leur support à plus d'1 million de nos
passionnés de golf, et ça, dans toute notre belle région touristique du Québec.
En terminant, l'ACGQ tient à mettre
l'emphase sur ce point, nos membres ne désirent pas gagner à la loterie. Ils
souhaitent simplement continuer à faire vivre le sport au Québec en ne faisant
pas les frais des pressions externes. Ainsi, un club de golf mettant fin à ses
opérations...
M. Dubé (Stéphane) : ...de son
propre gré pourrait obtenir la juste valeur de son bien et de son organisation
en retour de ses investissements en laissant jouer le jeu immobilier via une
vente ou une expropriation encadrée par cette réforme de la loi sur
l'expropriation. Nous appelons donc le législateur à prendre en considération
cette volonté qui nous apparaît plus que légitime.
Je vous remercie. Nous allons être prêts à
prendre, donc, vos questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. J'invite maintenant le député de René-Lévesque à débuter
les échanges avec la partie gouvernementale.
M. Montigny : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, très heureux de vous accueillir aujourd'hui. Vous avez
bien fait de relever certains éléments importants, mais j'aimerais ça aussi, je
dirais, l'encercler au marqueur, toute la partie importante qui relève... qui
est en lien avec les activités de financement pour les organismes importants
des communautés, notamment dans les régions du Québec. Moi, je suis député de
région de René-Lévesque, vous savez, c'est la Côte-Nord, puis, évidemment, nos
organismes communautaires, nos organismes, fondations, etc., en santé
notamment, vous l'avez nommé, c'est important. C'est important, cette
collaboration qu'on a avec des membres chez vous, évidemment.
Je veux aussi vous dire que... je tiens,
d'entrée de jeu, vraiment à vous remercier pour votre mémoire, vos
propositions. Votre approche est plus nuancée que d'autres, je dirais, mémoires
qu'on a reçus dans un... dans le même domaine, disons ça comme ça. Je trouve
que vous avez pris le temps de souligner des éléments intéressants, non
seulement cette recherche d'équilibre qu'on essaie de trouver comme
gouvernement, notamment dans la partie sur en mettant une valeur marchande,
puis c'est bien que vous ayez souligné cet élément-là dans votre exposé.
Moi, je vous amènerais vraiment sur un
élément précis qui est... avant de passer la parole à... certainement que j'ai
des collègues, là, qui vont avoir des questions aussi pour vous, mais sur l'usage,
le meilleur et le plus profitable. Vous savez, le projet de loi n° 22, il
précise que l'usage est probable et non seulement possible si celui-ci se
concrétise dans les trois ans qui suivent la date d'expropriation. Avant,
c'était tellement subjectif, là, que ça... qu'un projet hypothétique, là
pouvait se réaliser, bon, peut-être dans un délai, là, 20 ans ou on ne
sait pas, mais on voulait préciser ça, bon. Moi, j'aimerais ça vous entendre
davantage en lien avec ça, sur... Qu'est-ce que vous répondriez aux personnes
qui croient qu'il faut préciser l'usage, le meilleur et le plus profitable afin
qu'un propriétaire puisse prouver que l'usage dont il prévoit faire de son bien
est probable et réalisable à court terme? Peut-être je vous amènerais sur cette
voie-là.
M. Dubé (Stéphane) : Bon,
écoutez, à la base, nous, évidemment, l'objectif de l'Association des clubs de
golf, c'est la protection des terrains de golf, donc c'est de garder le sport
en activité. On est tous très conscients, on sait très bien, il y a eu des
transactions, on en a entendu parler, tout le monde en a entendu parler, il y a
des terrains, actuellement, donc, qui dorment ou ils sont en attente de
changement de zonage, etc. Nous, notre but, à l'ACGQ, c'est la protection des
golfs et, M. Ducharme l'a mentionné en tout début, les clubs de golf qui sont
actuellement en opération, et qui sont ouverts, et qui veulent le demeurer, et
qui vont, on pense, nous, demeurer ouverts, parce que le sport se porte très
bien actuellement.
Alors, la question du meilleur et le plus
profitable, c'est une bonne question, évidemment. Alors, si on regarde, dans
les cas actuels, ce qui se passe présentement, nous, on vient, dans le projet,
en venant vous mentionner qu'on veut avoir la portion de la juste valeur
marchande et équitable, on vient... marchande. On vient s'assurer aussi de vous
dire qu'on veut avoir un ajustement temporel de 20 ans, parce qu'on n'est
pas... Qu'il y ait eu des transactions passées immobilières, la façon dont les
transactions ont été faites, que les municipalités veulent utiliser les
terrains, c'est... et qu'ils ne l'utilisent pas à des fins de vouloir faire le
golf mais vouloir faire du développement résidentiel ou commercial, fort
possiblement, il est évident, pour moi, que ces transactions-là, nous, on n'est
pas partie de ces opérations-là, on n'est pas partie de ces choses-là et on
n'est pas prêts à intervenir ou à se questionner à cet aspect-là. Ce qu'on dit,
c'est : assurons-nous de protéger la valeur actuelle présente d'un terrain
qui est en opération. Et, lorsqu'un terrain est en opération, comme toute
entreprise, il y a des actifs, il y a des biens qui sont...
M. Dubé (Stéphane) : ...déjà
inclus dedans. Un évaluateur va le calculer la valeur d'un club de golf comment
ça peut valoir, qu'il soit neuf trous, 18 trous, 36 trous. Alors, la
juste valeur marchande va être beaucoup plus précise pour nous comme entité,
selon nous. Et d'assurer par la suite que le fameux 20 ans qu'on parle
dans notre demande va faire en sorte qu'on va protéger le bien des actifs
advenant le cas... ou s'il y a eu une transaction ou s'il est exproprié, que ce
terrain-là ne sera pas utilisé dans cinq ans, huit ans par quelqu'un pour en
faire un projet commercial ou résidentiel. Donc...
M. Montigny : ...sous-question,
là.
M. Dubé (Stéphane) : Oui.
M. Montigny : Votre
20 ans, là, peut-être me préciser il vient d'où, puis votre réflexion sur
le 20 ans, peut-être.
M. Dubé (Stéphane) : Bien,
c'est vraiment temporel, c'est vraiment de... s'il n'y a pas de... pour nous,
là, c'est de s'assurer qu'on laisse un temps pour ne pas que les gens puissent
utiliser deux ans, trois ans... On le sait, il y a... ça peut changer, le
pouvoir en place peut changer. Les gens peuvent décider de faire un développement
commercial. Alors évidemment, 20 ans amènent quand même une certaine durée
dans le temps pour la protection d'un parc, si on veut. Si, exemple, une
municipalité fait une acquisition pour en faire un parc, on veut s'assurer,
nous : Parfait, gardez-le comme étant un parc et nous, on veut s'assurer
qu'il y aura au moins un 20 ans. Donc, sur 20 ans, il peut se passer
plusieurs choses, mais on sait que ça demeurera l'utilisation d'un parc. Sinon,
la valeur va changer et la personne qui détenait ce terrain-là, bien, il sera
rémunéré entre guillemets ou dédommagé pour la vraie valeur à ce moment-là...
que la municipalité a pris comme décision de changer le zonage, et donc la
vocation de ce terrain-là. Donc, c'est là l'objectif pour nous de garder
temporellement un 20 ans pour protéger l'espace vert en tant que tel,
parce qu'on parle d'espaces verts et c'est ce qu'on veut. On veut que les... tu
sais, on veut que ça demeure des espaces verts.
M. Montigny : Je comprends
très, très bien. Merci beaucoup. M. le Président, j'ai des collègues qui
veulent certainement poser des questions.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
Merci, M. le député de René-Lévesque. Mme la députée de Châteauguay pour une
période de huit minutes.
Mme Gendron : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Ducharme, M. Dubé, enchantée de vous avoir ici
aujourd'hui. Comme certains, je pense que le golf, c'est des passionnés, hein,
qui sont là-dedans. Vous l'êtes, ça s'entend aussi. Vous nous avez parlé de
1 million de golfeurs, 133 membres que vous avez, c'est gros, hein?
C'est tout un domaine, le golf au Québec, je l'entends bien.
En fait, moi, compte tenu qu'on a une
obligation puis un désir de conserver des espaces verts, compte tenu qu'on doit
le moins possible... tomber ces terrains-là, tomber dans les mains des
spéculateurs, même dans des zones urbaines et compte tenu qu'un de vos... bien,
en fait, c'est le groupe, l'AMPTG, qui est venu en commission puis qui nous a
expliqué un peu leurs craintes. J'aimerais... bon, oui, ils étaient alarmistes,
peut-être un peu plus que vous, mais j'aimerais que vous me disiez, eux disent
que le PL 22 est vraiment une atteinte à la pratique du golf puis que,
nécessairement, va s'ensuivre un abandon total du golf. J'aimerais savoir un
peu, selon... dans vos lunettes à vous, est-ce que vous faites le même constat?
• (16 heures) •
M. Ducharme (Martin) : Je
vais y aller. D'entrée de jeu, là, je voudrais juste vous signifier, moi, je
suis... moi aussi, je suis issu d'une famille dans le golf, j'étais aussi le
pire décrocheur qui ne pouvait pas avoir sur la terre. Et ce qui m'a ramené
dans le chemin, c'est mon oncle Robert qui m'a amené, qui m'a donné la chance
de travailler dans un parcours de golf, de construire un parcours de golf dans
une petite municipalité qui s'appelle Crabtree, où il y avait Scott Paper, et
on a construit un parcours de golf. Et j'étais le pire décrocheur scolaire. Il
n'y a rien qui m'intéressait dans la vie, et là, je me suis intéressé à ça. Et
aujourd'hui, je suis fier parce que je suis président d'une association, je
suis le directeur général au Château Bromont et j'ai évolué et j'ai avancé. Et
des Martin à travers la province, il y en a partout, des décrocheurs scolaires
qu'on a amenés dans notre industrie, qu'on fait travailler dans notre
industrie. Puis il y a des Martin qui sont retraités aussi puis qui travaillent
pour nous aussi. On a fait plaisir au ministre Boulet en ramenant les retraités
au travail, puis l'industrie du golf l'a fait en trois ans, puis c'est comme ça
qu'on a comblé notre pénurie de main-d'oeuvre. C'est pour ça que l'industrie du
golf, pour moi, là, c'est quelque chose qui me touche à cœur parce que je veux
que ça continue partout à travers la province. C'est un des moteurs économiques
les plus importants. On est...
16 h (version non révisée)
M. Ducharme (Martin) : ...dans
le milieu touristique. On est reconnus maintenant à l'international. Vous savez
qu'on a un événement en 2024 à Montréal, qui est la Coupe des présidents. C'est
du golf, O.K.? Puis je suis content que cette commission-là, là... On a entendu
parler de golf pratiquement à chaque intervenant qui sont passés ici, puis j'en
suis fier, parce que ça serait le fun d'en entendre parler dans les médias
positivement comme ça à tous les jours. Mais je vous le dis : On a besoin
de l'industrie du golf. On en a besoin pour la santé. On en a besoin pour faire
bouger nos jeunes. Parce que moi, si je demande à ma fille d'aller prendre une
marche dans le parc, là, elle va dire : Bien, regarde, Papa, là, va
prendre ta marche, puis on s'en reparlera. Mais si je demande à ma fille de
venir jouer au golf, puis je vais passer 4 heures et demie de temps avec
ma fille sur le parcours de golf, ça, c'est du temps de qualité, et c'est ce
qui se passe présentement avec les grands-parents, les petits enfants puis les
parents.
Donc, c'est la réalité d'aujourd'hui en
2023. C'est ça l'industrie du golf. Puis Stéphane, il l'a mentionné tantôt, on
parle de 50 000 emplois directs et indirects, on parle de 9 millions
de parties de golf qui se joue ici au Québec, puis on parle d'un million d'adeptes.
Puis c'est sans oublier les millions qui sont ramassés dans des causes qui ont
lieu dans chacun des clubs de golf à travers la province, O.K.? Ça aussi, c'est
très important. Est-ce que ça répond à votre question?
M. Dubé (Stéphane) : ...si je
peux aller en continuité, c'est que le p.l. 22, pour nous, ça va permettre d'encadrer
beaucoup plus facilement, je pense, la crainte, que je comprends aussi de l'autre
association. Les propriétaires de terrains de golf ont cette crainte-là de se
voir expropriés... Et ils ont mis leur vie, ces gens-là, dans leur terrain de
golf, ils ont mis leur vie avec des familles. Ils veulent continuer à opérer. C'est
un exemple de ce que Martin dit, mais effectivement on est même en train de créer
une académie actuellement, et, regardez, pour amener les décrocheurs scolaires
dans notre industrie, parce qu'on veut ramener ces jeunes-là au travail.
Alors, il y a plein de facteurs qui sont
différents dans notre vision parfois de celle de l'autre association dont vous
avez mentionné le nom, et je comprends certaines inquiétudes qu'ils ont. Nous,
on pense que ça encadre bien. On pense que ça vient donner une certaine
assurance sur la façon dont potentiellement les transactions devront avoir
lieu, donc ça va amener moins de spéculation si on veut. Et l'idée par contre
en arrière de tout ça, autant pour eux que pour nous, c'est de garder les golfs
ouverts, c'est de s'assurer que les espaces verts demeurent. Ça, c'est
primordial pour nous et pas à n'importe quel prix, on le sait. Il faut s'assurer
que ces gens là, s'ils sont expropriés pour une raison x ou y, aient une vraie
et juste valeur marchande de leur terrain de golf.
Mme Gendron : Je comprends.
Merci beaucoup pour votre réponse. J'aimerais ça faire du pouce sur ce que mon
collègue député de René-Lévesque a mentionné par rapport à la recommandation 4,
que vous avez, bon, pour le 20 ans. Je voudrais juste savoir de quelle
façon ça pourrait se traduire concrètement.
Donc, vous dites que 20 ans plus
tard, advenant qu'il y a un changement de vocation sur le terrain, bien, en
fait, on redonne un montant à l'ex-propriétaire. Ça, c'est en souhaitant qu'il
soit toujours dans le portrait, là. Je veux juste avoir une idée globale, de
quelle façon vous voyez ça se concrétiser 20 ans plus tard.
M. Dubé (Stéphane) : ...il y
a tous les mécanismes légaux, là, qui sont toute la partie de... Lorsqu'une
personne décède, il y a tous ses héritiers qui suivent par la suite, donc, ça,
c'est une des parties. Je pense qu'on doit en tenir compte. On veut s'assurer...
Je reviens encore, mais c'est ça, c'est vraiment de s'assurer que les espaces
verts vont demeurer, de s'assurer que ces clubs de golf là ne seront pas
expropriés pour aucune raison, pour une raison qui n'est pas... qui pourrait
être pas nécessairement la bonne finalement, en bout de ligne, et on le
mentionne dans notre mémoire. Mais il y a des enjeux. C'est clair qu'il y a des
enjeux pour certaines municipalités, actuellement, pour certains dossiers. Et,
si on écarte ces dossiers-là... D'ailleurs, on parle dans notre... dans nos
choses qu'on aimerait ça aussi... de faire comme... Je pense, c'est l'UPA qui a
proposé ça, mais de s'assurer que même les clubs de golf, les terrains de golf,
si après plus de... Il y a une notion de trois ans, là, mais on parle de plus
de trois ans dans notre cas à nous aussi, mais de s'assurer qu'ils pourront
être utilisés, à nouveau être loués par la Ville... que ces terrains-là
puissent être à nouveau loués ou réutilisés comme des clubs de golf, donc
revenir sous forme de clubs de golf. C'est toujours la protection du club de
golf, nous, qui nous intéresse comme espace vert.
Donc, pour nous, là, c'est aussi simple,
on tourne toujours dans la même dynamique. Et, si le club de golf en question,
pour revenir à votre question, là, sur le... je m'excuse, là, sur le fameux 20 ans,
bien, on se retrouve en bout de ligne qu'après huit ans, 10 ans, avec les
changements au pouvoir possibles d'une municipalité que, comme je mentionnais tantôt,
ils prennent une décision de vouloir finalement... Parce que les besoins
municipaux changent, ils ont besoin d'argent, ils décident d'enlever... de
faire de ce terrain-là... au lieu d'en faire un espace vert, de le couper à
moitié, puis de la moitié...
M. Dubé (Stéphane) : ...de
décider d'en faire un parc commercial, exemple, ou de bâtir du résidentiel,
cette plus-value-là que l'individu qui était propriétaire de son terrain pour
lequel il a été exproprié... je pense qu'il y aurait un manque, à ce moment-là,
éthique dans la transaction ou de la façon dont ça se serait fait. Et donc le
20 ans vient au moins donner un certain temps pour l'ajustement potentiel.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Ceci met un terme à l'échange avec le gouvernement. Donc, je vais donner la
parole à M. le député d'Acadie pour une période de 12 minutes 23. Je pense
qu'on connaît nos temps maintenant.
M. Morin : Maintenant, M. le
Président, je vous remercie, on connaît nos temps. 12 min 23 s, c'est clair,
c'est précis.
Alors, bonjour, bon après-midi. Merci,
merci d'être là. Merci pour votre exposé et puis pour votre mémoire, qui en
effet, en fait, est très éclairant mais diffère du mémoire que nous avons
obtenu de l'Association nationale des propriétaires de terrains de golf du
Canada. Cependant, vous... dans les deux cas, vous indiquez clairement que
l'industrie du golf au Québec, c'est quand même des milliers d'emplois directs
et indirects. Est-ce que vous avez une idée, pour l'ensemble de vos membres, du
chiffre d'affaires puis des retombées économiques pour le Québec?
M. Ducharme (Martin) : Au
niveau du PIB.
M. Dubé (Stéphane) : Bien,
pour vous donner une réponse, là, non, honnêtement. Précisément, je n'ai pas le
chiffre. Il y a 130 clubs de golf. Il y a des clubs dans les 130 clubs qui sont
membres de notre association, évidemment, là. Il y a des clubs qui sont des
clubs... il y a du privé, il y a du semi-privé, il y a du public. Et d'obtenir
des données précises, je vous avoue, c'est assez difficile. Donc, chacun de ces
clubs-là, ceux qui sont privés, entre autres, c'est leurs propres chiffres,
c'est leurs propres opérations financières. Donc, c'est un petit peu difficile
d'obtenir le détail, nous, de notre côté, comme association, d'être capable
d'avoir toute cette information-là.
M. Morin : Je vous comprends.
Je vous remercie. Dans votre recommandation 1, vous suggérez finalement aux
législateurs d'intégrer des notions de la valeur au propriétaire comme l'Ordre des
évaluateurs agréés du Québec le recommande. Évidemment, le projet de loi n° 22
vient circonscrire d'une façon quand même assez stricte, alors se base sur la
valeur marchande puis après ça, bien, indique des indemnités qui sont quand
même assez strictes. Comment vous pensez qu'on peut réconcilier ce qu'il y a
dans le projet de loi avec ce que vous demandez à votre recommandation 1?
M. Dubé (Stéphane) : Bien, en
fait, nous, ce qu'on voit, c'est un équilibre entre les deux. Alors, la valeur
au propriétaire... Il y a des notions qui sont intéressantes dans la portion de
la valeur au propriétaire. Donc, quand on va voir quelle est la distinction
entre les deux, on peut voir qu'il peut y avoir des points qui sont
intéressants à aller chercher. Je ne pourrais pas vous nommer spécifiquement,
là, je l'ai passé, je l'ai regardé, là, mais, si on regarde autant l'un que
l'autre, je pense que, s'il y avait un équilibre entre les deux, donc une forme
d'hybride entre cette juste valeur marchande là et la valeur au propriétaire,
on pourrait réussir à arriver à un équilibre sur une transaction, je pense,
juste et équitable, qui serait versée au propriétaire d'un terrain de golf.
M. Morin : Parce
qu'évidemment, on s'entend, un terrain de golf, évidemment, c'est un espace
vert. Donc, on veut évidemment protéger les espaces verts. Vous en avez.
Cependant, il y a aussi des golfs qui sont dans des villes ou en périphérie de
villes, et donc, effectivement, vous le savez, on a une crise du logement au
Québec. Donc, il y a des promoteurs ou des villes qui voudraient aussi,
j'imagine, construire du logement ou du logement abordable. Donc, au fond, ce
que vous nous dites, c'est... si jamais un terrain de golf était exproprié,
c'est que le propriétaire obtienne une valeur qui lui permettrait de se
relocaliser et donc de pouvoir éventuellement opérer un autre terrain de golf
ailleurs?
• (16 h 10) •
M. Dubé (Stéphane) : Bien, on
voudrait, effectivement, qu'il y ait la possibilité du moins de le regarder
dans une offre qui aurait lieu, donc avoir la possibilité, parce qu'évidemment
rentre en considération toute la question du secteur, l'endroit où il serait
relocalisé, et cetera. Donc, ce n'est quand même pas nécessairement toujours
facile. Donc, c'est une avenue. Et, si cette avenue-là ne serait pas
envisageable pour le propriétaire, c'est un choix... c'est un choix d'affaires,
hein? Donc, à partir du moment où il est en discussion, si la juste valeur...
Et j'entendais que 95 % de toutes les ententes, finalement, se terminent de
gré à gré. Alors, je pense que le débat pour le 5 % actuellement, il est
problématique probablement pour les terrains qui traînent actuellement, là.
Moi, je pense qu'on... il y a moyen d'arriver à une entente. C'est juste de
s'assurer de bien mettre les mécanismes en place correctement. Et, si le
propriétaire décide d'aller à accepter de prendre un autre espace, d'aller en
reconstruction, établissons la bonne et la vraie valeur pour que quand cette
personne-là soit en mesure de le reconstruire, de le remettre en opération, de
garder les emplois, évidemment...
M. Dubé (Stéphane) : ...parce
que, vous savez, chaque club de golf, ça engage entre 80, 100, et jusqu'à 200
personnes durant la saison estivale, ces gens-là, souvent... Et on travaille
avec le CQRHI pour développer justement un programme d'échange d'emplois, pour
que l'hiver, ils soient automatiquement relocalisés dans d'autres centres.
Alors, c'est des emplois importants, c'est des... on parle de des humains, là,
on parle de des gens qui ont un salaire, et, du jour au lendemain, vont perdre
leurs emplois parce qu'ils sont expropriés. Alors, moi j'ai ce côté... J'y
pense beaucoup lorsque je regarde la loi puis je me dis : J'espère que les
clubs ne seront pas expropriés sans qu'on ait eu le temps de regarder toutes
les possibilités qui étaient autour pour protéger le plus possible nos terrains
de golf.
M. Morin :
O.K., merci. La loi a permis des
indemnités, notamment pour les troubles, les ennuis, les inconvénients.
L'article 106 souligne que le montant ne peut pas excéder 5 000 $.
Pensez-vous que, dans les circonstances, c'est quelque chose qui est réaliste?
M. Dubé (Stéphane) : Ça, je
pense que ce n'est pas... ce n'est définitivement pas suffisant.
M. Morin : O.K., je vous remercie.
L'autre groupe, l'Association nationale des propriétaires, a fait une
recommandation parce qu'ils avaient des craintes quant aux expropriations
partielles. Vous... Je ne me souviens pas de l'avoir lu, ça, dans votre
mémoire. Est-ce que c'est aussi un enjeu pour vous? C'est-à-dire, tu sais,
habituellement, un golf... je ne suis pas un golfeur, là, mais ça a 18 trous,
là, ça fait que vous êtes expropriés de quatre, cinq trous, ça va moins bien,
là. Alors, est-ce que c'est aussi un enjeu? Est-ce qu'il y a de vos membres qui
ont été confrontés à des situations semblables, puis qu'est-ce qui arrive dans
ces cas-là?
M. Dubé (Stéphane) : Bien, je
dirais que, bien, définitivement, que... dans mon texte, tout à l'heure, je
mentionnais, là, effectivement, une seule ligne, là mais je mentionnais
effectivement... expropriation partielle était un des exemples qui seraient
très négatifs. Le golf étant ce qu'il est, on va parler de neuf trous, 18
trous, 36 trous. Généralement, on parle toujours de 18 trous, là, c'est pas mal
la norme dans notre industrie et dans le golf. Alors, c'est certain que, si on
exproprie pour quatre trous, bien, le club n'a plus sa valeur intrinsèque, et
on vient indirectement, quasiment, presque le fermer, ou, en tout cas,
financièrement, ça devient compliqué à opérer. Donc, ce n'est presque pas
viable, et je comprends très bien leur préoccupation qu'ils ont mentionnée à ce
moment-là.
M. Ducharme (Martin) : Pour
ajouter à ça, première des choses, je vais me faire un défi de vous convertir
en golfeur, ça, c'est hyper important. Mais j'ai vécu une situation... que la
ville, et je ne nommerai pas la ville, ici, là, qui a voulu exproprier un trou
de golf, d'accord... et le parcours, en tant que tel, qui est un parcours de 18
trous dans un endroit touristique, considéré comme un parcours de championnat.
Ils ont fait venir les architectes, ils ont dit : O.K., comment on
pourrait remodeler pour conserver 18 trous et lui attribuer la même valeur au
niveau compétition. Et ils n'ont pas réussi, donc la ville a abandonné le
projet de l'expropriation de ce trou de golf là, justement parce que, là, il
venait nuire complètement à la réputation du club de golf. Même s'il y avait
possibilité de faire un réaménagement... Parce qu'on dit : Il y a 18 trous,
il y a 18 trous, oui, mais, si on ne lui garde pas la vocation qu'il avait ou
qu'il a méritée au fil des ans, bien, à ce moment-là, ça ne fonctionnait pas.
Donc, ça, je l'ai vécu dans une municipalité.
Et ça, quand on parle de partielle, c'est
hyper important, c'est... On ne peut pas lui enlever un trou, on ne peut pas
luis enlever un centre de pratique où on va aller exproprier juste une partie,
parce que ça ne fonctionnera pas, en tant que tel, pour le parcours de golf.
M. Morin : O.K., je vous remercie.
C'est un excellent exemple. À votre recommandation 4, j'aimerais qu'on revienne
à la période de 20 ans, là, et il y a une collègue de la partie gouvernementale
qui en a parlé. Donc, si je comprends bien, une fois que la vente est terminée,
le nouveau propriétaire, si jamais... ou la ville, si jamais, change la
vocation du terrain dans les 20 ans, ça ferait en sorte que le... bien, le
vendeur, en fait, l'ancien propriétaire serait indemnisé à nouveau. Est-ce que
je comprends bien, ou il y aurait une indemnité additionnelle?
M. Dubé (Stéphane) : Il y
aurait une indemnité additionnelle, effectivement. Écoutez, j'ai été 30 ans en
affaires, là, des clauses d'ajustement en affaires, il y en a dans toutes les
transactions. Alors, si une offre est faite pour acheter un terrain de golf,
une expropriation est effectuée pour prendre le terrain de golf en
prétendant... et pour faire un espace vert et pour en garder un espace vert, on
a une...
M. Dubé (Stéphane) : ...valeur
établie x pour ce terrain-là. Si on change la vocation en cours de route de ce
terrain-là, quatre ans, cinq ans après, pour les raisons que j'ai mentionnées
tout à l'heure, on se retrouve avec une valeur qui n'aurait pas du tout été la
même dans un cadre de négociation. Et c'est à ce moment-là que nous, on veut
s'assurer qu'on se donne du temps pour faire en sorte qu'on protège ce qui
était vraiment évoqué au départ, qui était l'espace vert.
Alors, on ne voudrait pas... Et là on ne
veut pas rentrer, nous, dans le débat de la question d'une expropriation
déguisée, etc., mais c'est un peu le principe, bien, indirectement, mais on ne
veut pas rentrer dans cette portion-là. Mais, pour nous, c'est très clair,
donnons-nous du temps et protégeons l'espace vert en question.
M. Morin : Bien...
M. Dubé (Stéphane) : Et, si
je peux ajouter...
M. Morin : Oui, oui, oui.
Bien sûr, bien sûr.
M. Dubé (Stéphane) : ...si on
veut modifier immédiatement parce qu'on veut en construire un hôpital ou parce
qu'on veut en... La Loi de l'expropriation, ce n'est pas juste et uniquement
pour garder des espaces verts, hein, on va avoir à exproprier des gens, on va
avoir à exproprier des immeubles. C'est une tragédie parfois pour des familles.
Ça serait une tragédie pour la famille qui opère le club de golf aussi. On est
très conscients que, bien, si on a à construire un immeuble quelconque, c'est
qu'on en fait une vocation qui est différente de garder un espace vert, sa
valeur n'est plus la même. C'est très clair en départ que la valeur n'est plus
la même parce qu'on vient donner une vocation.
Et je peux vous dire, j'ai été impliqué
beaucoup avec les gens dans le milieu hospitalier, pour être sur un conseil
d'administration pendant des années, on a fait des levées de fonds, par des
tournois de golf, justement. On a payé des sommes assez importantes à
Sainte-Justine pour être capable de faire des changements et des constructions.
J'ai une bonne idée de comment ça peut coûter. Je sais que ça coûte cher. Donc,
je sais aussi que la personne pour qui l'intérêt du gouvernement ou de la
municipalité serait de vouloir mettre la mainmise sur ce terrain-là pour en
faire un développement... bien, je peux comprendre que ça aussi, ça coûte cher.
Donc, je pense que l'individu doit être en mesure de recevoir sa pleine valeur.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie. Puis, évidemment, dans votre recommandation 6, vous suggérez
effectivement qu'il y ait plus d'information qui soit donnée au public en
général. Je comprends que c'est l'objectif que vous recherchez par votre
recommandation suite, évidemment, à l'entrée en vigueur de la loi. C'est bien
ça?
M. Dubé (Stéphane) : Exact.
M. Morin : Très bien. Je vous
remercie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Pour combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Jacques) : Pour
quatre minutes. Ah! un peu plus, pratiquement cinq minutes.
M. Grandmont : Wow! Merci, M.
le Président. M. Dubé, M. Ducharme, merci pour votre mémoire. Merci pour votre
présentation. C'était très intéressant. En fait, plein de nuances. Je réitère
ce qui a déjà été dit, là, je l'apprécie.
J'ai quelques questions concernant votre
recommandation 4, là, sur la limite temporelle de l'ajustement de l'indemnité.
Est-ce que... Est-ce que vous avez des exemples de cas où ça s'est produit, où
il y a eu des changements de vocation, et on aurait pu, justement, à l'exemple
de ce que vous proposez, là, offrir des indemnités supplémentaires aux
expropriés?
M. Dubé (Stéphane) : Bien, si
j'ai un exemple, moi, si j'ai un exemple précis? Actuellement, non. Nous, c'est
vraiment de la prévention qu'on veut faire.
Je pourrais vous donner un exemple, là,
qui a traîné pendant au-dessus de 20 ans en cour, là, à la ville de
Sainte-Julie, avec la CPTAQ, sur le changement d'un zonage pour être en mesure
d'en faire du résidentiel, qui était une terre agricole, théoriquement
agricole, mais que ça faisait au-dessus de 20 ans qu'il n'y avait aucune pousse
de patates puis qu'il n'y avait rien sur le terrain. Alors, c'en est un,
exemple, qu'ils ont été obligés de se battre pendant plusieurs, plusieurs
années, à plusieurs millions. Donc, en bout de ligne, le projet a eu lieu.
• (16 h 20) •
Je pense que... Je reviens à ce que je
disais tantôt, là, de gré à gré, à 95 %, c'est ce qu'on entend le plus.
Les dossiers vont généralement bien, ils se font généralement bien. Donc, il ne
faut pas... il ne faut pas s'arrêter nécessairement au fameux 5 % qui
traîne, là, qu'on entend parler partout, des clubs de golf, dans les
municipalités, même si c'est une épine dans le pied pour plusieurs
municipalités actuellement, et on le sait. Mais donc, je reviens à dire, c'est
que, pour moi, ce n'est pas une... Le 20 ans, pour moi, là, il est juste une
question de respect et de protection sur une durée déterminée pour s'assurer de
faire la bonne évaluation.
M. Grandmont : Juste pour
essayer de tester un peu, là, la proposition, là, si on avait, sur 20 ans, un
changement de vocation qui amènerait une diminution de la valeur du terrain, on
projette de faire un parc industriel, pour reprendre un peu l'exemple que vous
avez utilisé, puis finalement on décide d'en faire un parc, la valeur diminue.
Est-ce qu'on redemande à l'exproprié de retourner de l'argent? Juste pour...
M. Dubé (Stéphane) : Bien, en
fait, en fait, à la base, nous, on est un espace vert. La loi présentement
regarde... ce qu'elle mentionne, c'est de protéger, entre autres... Il y a la
principale... La chose principale, c'est de protéger nos espaces verts, les
clubs de golf. Et là on parle de clubs, mais c'est beaucoup... ça touche
beaucoup...
M. Dubé (Stéphane) : ...d'autres
choses, évidemment, ça touche les terres agricoles, etc. Donc, j'assume que, si
la personne est expropriée, il va être à la base bien mentionné que c'est pour
un espace vert. Si, effectivement, une municipalité déciderait de le faire pour
en faire un parc commercial ou industriel, bien, c'est dans l'entente qu'ils
vont prendre. Moi, ce que je pense, c'est que, financièrement, il y a un risque
à toute chose, en affaires il y a un risque à toute chose. Si la ville décide
de changer parce que, là, il y a des pressions de la part des citoyens, il y a
des pressions de toutes parts pour le garder comme zoné vert, c'est une
décision d'affaires que la ville aura pris à ce moment-là.
Nous, ce qu'on dit, c'est : dès le
départ, lors de la transaction, assurons-nous de garder un temporel 20 ans
s'il y a un ajustement, une clause à la hausse pour notre membre propriétaire
d'un terrain de golf. Et ce n'est pas qu'on veut que ça soit juste en un sens,
là, loin de là, je comprends très bien votre question, mais le choix de la
ville s'est fait dès le départ, lors de l'acquisition. Donc, s'il y a eu un
changement pour des raisons x, y, c'est... là, ils sont rendus l'acheteur,
c'est rendu eux, à ce moment-là, qui ont le dossier entre les mains, là.
M. Grandmont : En terminant,
il nous reste à peu près 30 secondes, là... Non, une minute et demie. Yes!
Recommandation 6, j'ai bien aimé ça, le comité ad hoc constitué
d'intervenants des différents milieux pour concevoir un guide québécois des
bonnes pratiques à l'attention du public, des corps expropriants, des
expropriés. Vous avez déjà une idée un peu de la table des matières de ce à
quoi ça pourrait ressembler, qui serait le public visé par ça.
M. Dubé (Stéphane) : Bien, je
veux dire, vous avez eu plusieurs intervenants, là, j'ai eu la chance de
regarder plusieurs intervenants au cours des dernières journées, des choses
excessivement intéressantes, autant provenant du milieu légal, autant provenant
du milieu de notre industrie, évidemment, du golf. Alors, nous, on est
excessivement intéressés à pouvoir accompagner, vous aider. Et je faisais la
remarque à mon président, puis je faisais la remarque à certaines personnes,
puis je disais : C'est quand même étrange que toutes les municipalités qui
se présentent ici... j'ai écouté tout ce qu'ils ont mentionné, qu'aucune de ces
municipalités-là, que ce soit l'Union des municipalités, que ce soit la ville
de Montréal, il n'y a aucune des municipalités qui a communiqué avec nous en
tant qu'association de clubs de golf, et ils ont des défis avec des clubs de
golf actuellement. Alors, moi, je pense que, si tout le monde était assis
autour de la table à faire... à vous aider et à aider à faire un projet et à
émettre plus d'opinions, on grandirait beaucoup plus facilement et plus
grandement... de façon plus grande.
M. Grandmont : Je vous
remercie pour votre intervention puis je vous souhaite un bon retour chez vous.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le député. Merci pour votre contribution à nos travaux. Avant de
terminer, je dépose les mémoires des personnes et organismes qui n'ont pas été
entendus dans le cadre des auditions publiques.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne de ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 24)