(Quinze heures)
La Présidente (Mme St-Pierre) : Bonjour,
mesdames et messieurs. Bienvenue à cette commission. Donc, ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des transports ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Environnement et Lutte contre les changements climatiques des
crédits budgétaires du portefeuille Environnement et Lutte contre les
changements climatiques pour l'exercice
financier 2022‑2023. Une enveloppe de 4 h 45 min a été
allouée pour l'étude de ces crédits. Nous procéderons à l'étude d'une
première partie de ces crédits cet après-midi.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Fortin (Pontiac) est remplacé par M. Leitão
(Robert-Baldwin) et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par
M. Gaudreault (Jonquière).
Environnement et Lutte
contre les changements climatiques
La Présidente (Mme St-Pierre) : Donc,
nous allons procéder à une discussion d'ordre général, par blocs de
20 minutes, incluant les questions et les réponses. Et je vous rappelle
que les réponses et les questions doivent, en termes de temps, être
équivalentes. Alors, vous allez vous gérer, j'espère, mais, si jamais je dois
intervenir, je vais le faire. Alors, Mme la députée de l'opposition officielle,
vous avez 19 min 7 s.
Discussion générale
Mme Melançon : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, vous allez me permettre d'abord de vous saluer, de
saluer le ministre et les gens qui l'accompagnent — je vois qu'ils sont
très nombreux. J'aimerais, bien sûr, saluer les
gens de RECYC, je vois les gens du BAPE qui sont là, bon, les gens du
ministère, bien sûr, les députés de la banquette ministérielle, ainsi
que les députés des oppositions.
Alors, salutations étant faites, comme le temps
est... bien, c'est toujours court, quand même. Les crédits, on trouve ça long,
mais, quand même... Dans le dossier du nickel, on a entendu le ministre, pas
plus tard que la semaine dernière, dans le fond, accuser les oppositions de
faire une campagne de peur. J'aimerais simplement savoir si le ministre est
d'avis que Bruno Marchand, le maire de Québec, fait une campagne de peur. Oui
ou non?
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre.
M. Charette : Vous allez me
permettre quelques salutations également. D'abord, à vous, Mme la Présidente,
les collègues de la partie gouvernementale, les collègues de la partie... des
oppositions, en fait, mais aussi toutes les personnes qui nous accompagnent.
Parce que, oui, c'est un exercice qui est important, qui est fastidieux, qui
représente beaucoup, beaucoup de travail, mais qui est, en même temps,
nécessaire, là, pour répondre aux interrogations très légitimes que
l'opposition peut se poser, mais également la population.
Dossier du nickel maintenant, dossier aussi
important. Ce que j'ai mentionné hier encore, mais à quelques reprises ces
dernières semaines, c'est que, malheureusement, lorsque certaines personnes
abordent le sujet, ils omettent de mentionner des parties importantes de la
transformation qui s'est opérée au niveau de la réglementation. Oui, au niveau
de la règle quotidienne, il y a un changement important qui fait passer la
norme de 14 à 70, mais ce que je déplorais
et ce que je déplore encore, c'est que, malheureusement, on omet, chez
certains, de mentionner systématiquement qu'il y a une norme annuelle
aussi qui a été ajoutée. Donc, ce n'est pas à tous les jours qu'on aura une
norme de 75 ou des données de 70 nanogrammes, mais bien à l'occasion, avec
une moyenne annuelle qui, elle, ne doit pas dépasser les 20 nanogrammes.
La Présidente (Mme St-Pierre) : ...le
temps des questions et des réponses. Mme la députée.
Mme Melançon : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, le nombre d'opposants est quand même
important. Parce que, je tiens à le
rappeler, c'est quand même... c'est fou comme ça, là, c'est le ministre de
l'Environnement, je tiens à le
rappeler à ceux et à celles qui nous écoutent, c'est le ministre de
l'Environnement qui veut hausser le seuil de nickel dans l'air. Je le répète, c'est le ministre de
l'Environnement du Québec qui souhaite augmenter les seuils de nickel dans
l'air.
Alors, les
opposants, Mme la Présidente, les voici : l'Association québécoise des
médecins pour l'environnement, l'Ordre des chimistes, la Table citoyenne
Littoral Est, Accès Saint-Laurent Beauport, Ami-e-s de la Terre, collectif La
ville que nous voulons, Mouvement pour une Ville Zéro Déchet, Mères au front,
Groupe d'initiatives et de recherches appliquées au milieu,
Regroupement d'éducation populaire en action communautaire, Coalition Pour que
le Québec ait meilleure mine!, Voix citoyenne, Association québécoise de lutte
contre la pollution atmosphérique, Greenpeace Québec, Regroupement vigilance
mines d'Abitibi-Témiscamingue, le Conseil régional de l'environnement de
l'Abitibi-Témiscamingue, le comité Arrêt des rejets et émissions toxiques de
Rouyn-Noranda, le Conseil régional de l'environnement
de la capitale nationale, ainsi que huit conseils de quartier : du
Vieux-Limoilou, de Lairet, de Maizerets, de Saint-Sauveur, de Saint-Roch, de Vanier, de Saint-Jean-Baptiste, du
Vieux-Québec—Cap-Blanc. On
ajoute aussi à ceux qui s'opposent
les 18 directions régionales de santé publique, et, au dernier chef, s'est
ajouté, Mme la Présidente, le port de Québec, qui a dit : Il n'y a
pas d'urgence, attendons. J'imagine que le ministre se sent un peu seul dans
son coin.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre.
M. Charette : La collègue a
mentionné : C'est surprenant que ce soit le ministre de l'Environnement
qui initie cette démarche-là. Je lui rappellerai que c'est l'ancienne ministre
de l'Environnement, soit elle-même, qui a initié la démarche en 2018,
notamment, avec ses collègues du Conseil des ministres de l'époque.
Et, bien honnêtement, je l'en remercie, elle a
bien fait, mais là, aujourd'hui, il faut juste qu'elle nous dise, parmi les
experts indépendants qu'elle a elle-même nommés, en qui elle n'a plus
confiance, parce que c'est cette démarche-là qui a été poursuivie. Donc, on
parle d'experts indépendants avec toute la crédibilité et l'expertise
nécessaires pour faire une évaluation juste de la situation, une démarche qui a
été cautionnée par la suite par la Santé publique nationale, qui a pu valider,
avec ses partenaires de l'INSPQ, notamment, la validité de la démarche.
Et ce que j'ai mentionné au départ, ce que je
répète depuis : Si jamais on avait eu un doute au niveau de la santé de la
population, au niveau de la santé du public, c'est bien évident qu'on ne serait
pas allé dans cette direction-là. Donc, la collègue a bien fait à l'époque,
mais elle doit aujourd'hui reconnaître que c'est la poursuite de la démarche
qu'elle a elle-même initiée.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Bien, il y a une différence entre initier quelque chose puis apposer sa signature sur une autre, et c'est votre
signature qui sera apposée sur le geste que vous posez, parce qu'il n'y
a pas d'acceptabilité sociale. Et, lorsque vous dites : Non, non, sur la
santé, si on avait des doutes... Le Collège des médecins du Québec, je vais vous lire ce qu'ils ont
envoyé : «On ne peut rester muet devant une telle décision impactant la
santé de la population. Les décès et
les coûts de santé associés à la pollution atmosphérique sont prouvés.
Priorisons notre santé.»
Ça fait deux ans qu'on est en pandémie, ça fait
deux ans que le gouvernement de la CAQ nous demande de suivre ce que nous
disent les scientifiques. Là, on a le Collège des médecins, on a Dre Pétrin qui
a écrit, on a les 18 directions régionales en santé publique qui se lèvent
contre. J'imagine que d'écouter la science, ça sonne quelque chose aussi du
côté du gouvernement.
• (15 h 10) •
M. Charette : Naturellement, et
c'est là où on reconnaît le choix judicieux des experts que la collègue a
réunis à l'époque qu'elle était ministre de l'Environnement.
Et je ne sais pas si elle a eu l'occasion, sinon
je l'inviterais à écouter la conférence de presse du Dr Boileau de jeudi
dernier au niveau de la Santé publique. La question lui a été posée. Ce qu'il a
eu l'occasion de répéter, c'est que la Santé publique a accompagné la démarche
depuis ses tout débuts, ou presque, avec la possibilité, à chacune des fois, de
questionner les étapes qui ont été franchies, questionner les études qui ont
été mises de l'avant, les conclusions auxquelles ces experts sont arrivés. Et
le Dr Boileau a dit... la démarche et... l'analogie qu'il a faite, c'est celle
d'un diagnostic fait par un médecin autre que celui qui doit reprendre le
dossier. En quelque sorte, il se mettait dans la position du successeur du Dr
Arruda, parce qu'il n'est pas là depuis 2018, on s'entend. Il a dit : Le
Dr Arruda a bien fait, avec les bonnes démarches, avec les bons
questionnements. Donc, pour sa part, il n'y a aucune raison de remettre en
question les conclusions auxquelles la Santé publique est arrivée. Et il dit
avoir aussi validé, depuis, avec l'INSPQ, et l'INSPQ garde le même regard
objectif de la situation. Donc, je le réitère, on a pris le temps de bien faire
les choses avec les experts compétents en la matière.
Et surtout ce
qu'il ne faut pas oublier de mentionner, c'est qu'on s'est donné des outils de
contrôle supplémentaires. Avec la
collègue, naturellement, on a étudié le projet de loi n° 102,
qui nous donne des outils de contrôle et de sanction plus importants,
mais il y a aussi une station d'échantillonnage supplémentaire, là, qui sera
ajoutée. Il y a aussi une entente qui est intervenue, la semaine dernière, avec
un meilleur partage des données avec le port de Québec. Bref, on se donne tous les
moyens nécessaires pour avoir un juste portrait de situation et surtout réagir
si la situation le commande.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme Melançon : Bien, j'ai aussi
écouté Dr Boileau au 98.5 FM, au micro de Paul Arcand. J'ignore si le
ministre a eu le temps de l'écouter. Oui?
M. Charette : Tout à fait.
Mme Melançon : Et Dr Boileau a quand
même dit : Si on me demande de réouvrir, je vais réouvrir, et devant le
front commun. Parce que, oui, bien sûr, il y a tous ceux et celles que j'ai
nommés tout à l'heure, qui sont contre la hausse du
nickel actuellement. Je pense qu'on doit aussi être capable d'écouter. Je vais
encore citer ma mère. Ma mère dit tout le temps : Tu as deux oreilles puis
une bouche, tu devrais écouter deux fois plus que tu parles. Moi, je pense que
ce serait une bonne idée ici d'écouter deux fois plus, d'écouter la population,
d'entendre ce qu'ils ont à dire.
Parce que, si le Dr Boileau dit que, si on lui
demande de réouvrir l'étude, il est prêt à le faire, moi, j'invite le
gouvernement, devant la levée de boucliers, à le faire. Je pense qu'il y a du
travail qui doit être fait. Je ne comprends pas qu'on puisse mettre la
population de Limoilou qui, actuellement, vit malheureusement dans quatre fois
plus de nickel que dans Saint-Sacrement, c'est les exemples qui sont donnés,
actuellement, dans les médias... Je ne pense pas qu'il y ait deux classes de
citoyens, au Québec : ceux qu'on veut protéger puis les autres.
Honnêtement, je ne vois pas où est l'urgence d'agir, actuellement. Pourquoi y
a-t-il urgence, M. le ministre?
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre.
M. Charette : Alors, je déplorais,
là, que certaines personnes veulent malheureusement apeurer ou inquiéter la
population. L'échange avec la collègue est une belle illustration de ce que je
mentionnais. Elle dit qu'on fait ceci au détriment de la santé d'une
population. C'est tout le contraire. Honnêtement, si on avait des données et si
on avait une inquiétude qui nous était transmise par la Santé publique, c'est
une démarche qu'on n'aurait pas confirmée avec un changement de règlement.
Et, pendant toute la période de la pandémie, les
oppositions, à juste titre, ont demandé, ce qui a toujours été le cas,
l'indépendance la plus complète de la Santé publique nationale. C'était une
revendication et c'est un souhait que le gouvernement partageait, on a toujours
voulu que la Santé publique nationale agisse en toute indépendance, et c'était
le cas, ce l'est encore aujourd'hui.
Donc, si la Santé publique veut revoir ou
refaire certaines études, libre à elle de le faire, mais, actuellement, on y est allé avec une démarche qui s'est étalée
non pas sur quelques jours ou sur quelques semaines, sur quelques
années, une démarche tout ce qu'il y a de plus sérieux, et on a pu prendre la
décision qui s'imposait parce que basée, justement, sur une démarche
scientifique rigoureuse.
Mme Melançon : Je vais reposer
ma question, Mme la Présidente : Où est l'urgence d'agir maintenant?
M. Charette : Lorsque la collègue
était ministre de l'Environnement, lorsqu'elle a initié la démarche, elle a
bien fait, je l'ai mentionné tout à l'heure, mais elle s'était laissé dire, à
juste titre, que la norme qui avait été ajustée en 2013 l'avait été sur la base
d'études comportant des erreurs de méthodologie importantes. C'est ce qui est à
l'origine de cette démarche-là, c'est à
l'origine des contrats qu'elle a elle-même signés, comme ministre de
l'Environnement, avec sa collègue à
l'Économie à l'époque, qui est aujourd'hui cheffe de l'opposition officielle.
Donc, c'est ce qui est à l'origine.
Donc, il n'y a pas de sentiment d'urgence, c'est
une démarche qui s'est étalée sur plusieurs années, impliquant, encore une
fois, des spécialistes de renom. Donc, on donne suite à une démarche qui est
tout à fait légitime et qui devait trouver sa conclusion.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée.
Mme Melançon : Où est l'urgence
d'agir maintenant?
M. Charette : La question,
naturellement, a déjà été répondue. Moi, je suis curieux, en fait, je vais lui
poser de nouveau la question : De ces
scientifiques qu'elle a nommés, en qui n'a-t-elle plus confiance aujourd'hui?
Qu'est-ce qui permet de croire que les personnes qu'elle a elle-même
sélectionnées avec ses équipes n'avaient pas les compétences nécessaires pour faire le travail qui a été fait,
qui a été bien fait? Donc, je suis curieux de savoir, en qui n'a-t-elle plus
confiance?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée.
Mme Melançon : Je ne pensais
pas aller là si tôt à l'étude des crédits, mais j'ai déjà dit en qui je n'avais
plus confiance au salon bleu. Et il y a une personne qui va malheureusement
apposer sa signature, et c'est le ministre de l'Environnement du Québec. Et,
très honnêtement, au moment où on se parle, il n'y a pas d'urgence d'agir. Même
le port de Québec, le directeur général du port de Québec demande à ce qu'on
attende parce qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale. Alors, à partir du
moment où le directeur général du port de Québec demande au ministre
d'attendre, je veux savoir du ministre : La pression, elle vient d'où?
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre.
M. Charette : Très heureux que la
collègue aborde la question du port de Québec. Elle a peut-être vu, là, certains échanges dans les médias la semaine
dernière. Il y avait un défi, hein, au niveau de la transmission
d'information, au niveau des communications, défi qui se devait de trouver sa
solution. Et, ma foi, il y a eu un échange très constructif, la semaine
dernière, entre nos équipes, celles du ministère de l'Environnement, donc, et
du port. J'ai moi-même parlé à M. Girard, un échange constructif qui a
permis, justement, d'établir le type d'informations que l'on souhaitait avoir
et la façon dont elles doivent nous être transmises, ces informations-là. Donc,
on a avancé.
Ce que ça veut dire en
clair, c'est qu'on aura des outils supplémentaires à notre disposition qui nous
permettront d'exercer un meilleur contrôle sur la qualité de l'air dans le
secteur. J'ai mentionné aussi cette nouvelle station d'échantillonnage qui sera
établie avec la collaboration de la ville de Québec. On veut avoir
l'emplacement le plus juste pour avoir les données les plus probantes qui
soient. On a aussi un groupe d'experts, encore, indépendants qui doivent nous
transmettre, d'ici décembre, un rapport sur la qualité de l'air du secteur.
Bref, on se donne les moyens pour rassurer encore davantage les citoyens, les
citoyennes qui peuvent être inquiets par rapport à un dossier de qualité de
l'air qui est ancien, antérieur au dossier de la norme nickel, mais qui pose
des questions légitimes.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Veuillez
conclure, s'il vous plaît.
M. Charette : Et on se donne les
moyens pour pouvoir y répondre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Mme la députée.
Mme Melançon : Bien, voilà, le
ministre a répondu à ce que je voulais... où je voulais l'amener. Il a nommé un
comité qui va déposer un rapport sur la qualité de l'air en décembre. Pourquoi
y a-t-il urgence d'y aller maintenant? On y va à l'aveugle, on y va, on plonge
de façon trop rapide, alors que tout le monde dit : Attention! Il y a un
principe de précaution, M. le ministre, qu'il serait intéressant qu'on puisse,
bien sûr, appliquer dans le cas présent. Et, très honnêtement, j'ai de la
difficulté à comprendre comment le ministre arrive, là, justement, à prendre
ses décisions. Souvent, on va mandater le BAPE, qui est avec nous aujourd'hui,
puis on va prendre des décisions avant qu'il y ait les conclusions du BAPE.
Souvent, on va prendre des décisions avant que des rapports soient arrivés sur
le bureau du ministre. On fonctionne à l'envers, Mme la Présidente, et c'est là
où moi, je suis troublée. Ma question au ministre : Combien de rencontres
a-t-il eues avec sa collègue, qui est la vice-première ministre et la ministre
responsable de Québec, sur ce dossier?
• (15 h 20) •
M. Charette : On a pu se parler à
quelques reprises. J'ai rencontré le caucus régional notamment, et toujours
avec la même offre qui a été faite aux oppositions, c'est-à-dire avec des
fonctionnaires spécialistes de cet enjeu-là. Donc, il y a des briefings
techniques qui ont été offerts, notamment aux collègues de l'opposition, à la
ville de Québec, au caucus de Québec, donc à ma collègue vice-première
ministre. Donc, le partage d'information s'est fait dans la plus grande
transparence depuis les tout débuts de la démarche.
Ce qu'il faut savoir aussi, et c'est important...
je parlais d'une nouvelle station dans le secteur Limoilou, mais il y a d'autres stations aussi qui sont déjà
présentes. On parlait de celle du port de Québec, mais, au total, là, de notre
côté, du côté de l'Environnement, on parle de quatre stations, essentiellement,
donc, dans le Vieux-Limoilou, deux stations du port de Québec et celle qui va
s'ajouter.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre, je vous interromps.
M. Charette : Donc, on aura un
portrait de situation tout à fait complet et objectif.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois vous interrompre, M. le ministre. Alors, maintenant, je cède la parole à la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, deuxième groupe d'opposition. Vous avez
14 min 20 s, Mme la députée.
Mme Lessard-Therrien : Merci, Mme la
Présidente. Je trouvais l'échange fort intéressant. J'aurai assurément
l'opportunité de revenir sur la question du nickel, là, au courant de mes... de
mes blocs, pardon, mais, pour l'heure, j'aimerais revenir sur le plan de mise
en oeuvre que vous avez déposé la semaine dernière. Dans le fond, c'est
cocasse, parce qu'on a voulu comparer un peu les sommes qu'il y avait dans ce
plan de mise en oeuvre là, 2022‑2027, avec celui de l'année dernière, puis, étrangement,
bien, il n'est plus disponible, le plan de 2021, sur l'Internet. Heureusement
qu'on a des gens brillants qui travaillent avec nous, qui avaient pris soin de
les imprimer, d'imprimer celui de 2021, donc on a quand même pu comparer les
chiffres du plan de mise en oeuvre de 2021 versus celui que vous avez lancé la
semaine dernière.
Quand on fait le comparable, on remarque un
transfert de budget en transport collectif, et ça apparaît, en fait, dans le
plan, comme une réduction de l'ordre de 262 millions de dollars.
C'est-à-dire que, si on regarde la ligne au niveau du transfert, des
déplacements vers des modes plus sobres en carbone, quand on regarde la ligne
«accroître l'offre de services de transport collectif», on arrive avec une
somme de 1 000 460 000 $, environ, versus 1,1 milliard
dans la précédente version du plan. Si on regarde, là, les sommes plus
globales, là, au niveau du transfert des déplacements vers les modes plus
sobres en carbone, bien, on arrive avec cette différence-là de 262 millions de
dollars. Donc, j'aimerais avoir des explications, M. le ministre, sur ce
transfert de budget.
M. Charette : En fait, je nous
ramènerais à l'étude du projet de loi n° 44, où on a justement enlevé
cette obligation de transfert automatique des deux tiers de l'ancien Fonds vert,
aujourd'hui Fonds d'électrification et de changements climatiques, vers le
transport collectif. Avant, c'était un automatisme, c'était la façon dont était
géré le Fonds vert, avec le résultat que ça laissait bien peu de moyens, bien
peu d'argent pour d'autres mesures qui peuvent être encore plus efficaces au
niveau de la réduction des gaz à effet de serre. Donc, ça, c'est une suite
logique de l'adoption du projet de loi n° 44.
Ce
qu'on a eu l'occasion de répéter à l'époque, et le budget déposé le
22 mars dernier en est l'illustration, c'est que les transports collectifs peuvent être et devront être financés par
des crédits budgétaires, et non pas uniquement à travers l'argent qui
découle du Fonds d'électrification et des changements climatiques. Donc, en
termes de transport collectif, on n'est pas perdants. Au contraire, on a vu
qu'il y a des sommes colossales, là, qui sont prévues pour le transport collectif, et je dirais même qu'on est gagnants
parce que ça donne des argents supplémentaires, maintenant disponibles
pour d'autres mesures au niveau de la réduction des gaz à effet de serre. Et
c'est un levier qui donne des résultats concrets.
Et il n'y a pas de
cachette entre le PMO 1, PMO 2, en ce sens que c'est une évolution,
donc la version à jour est disponible. Et, à chacune des fois, on est à même de
progresser et de faire des avancées importantes. Je rappellerai qu'on était à
42 % du travail identifié financé lors du PMO 1, et là, avec ce qui a
été confirmé jeudi dernier, on a fait une progression de tout près de
10 %, à 51 %.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée.
Mme Lessard-Therrien :
Oui. Je ne reste quand même pas très impressionnée, là. Après un mandat, on
arrive seulement à la moitié, tout juste, du plan qui est chiffré, pour
atteindre l'objectif de diminuer nos gaz à effet de serre de 37,5 %, ce
qui est loin d'être l'objectif scientifique qu'il est souhaitable d'atteindre.
Ça fait que je ne suis pas très impressionnée, mais, quand même, je veux
revenir sur ce que le ministre a dit : Est-ce qu'il peut nous confirmer
avec quels crédits budgétaires il va compenser pour maintenir le transport
collectif, les fonds dans le transport collectif?
M. Charette : Quand la collègue dit ne
pas être très impressionnée... Moi, j'aime mieux mon 50 %... 52 %,
qui est bien appuyé, que le 0 % de sa formation politique. C'est une chose
d'avoir une cible, c'est une autre chose d'avoir une démarche qui soit
crédible. Et cette crédibilité-là, elle a été confirmée par la présentation du
PMO 2. On s'est assuré d'une vigilance constante par le Bureau
d'électrification et des changements climatiques, une autre création du projet
de loi n° 44, mais surtout d'une agilité, c'est-à-dire, lorsqu'un
programme ne donne pas les résultats escomptés, pouvoir le bonifier ou le
remplacer rapidement. C'est ce qui faisait défaut à la démarche précédente de
la gestion du Fonds vert et c'est ce qui nous permet d'avancer. Et c'est une
démarche qui est évolutive, donc 42 % à 51 %.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre...
M. Charette :
L'année prochaine on aura gagné des pourcentages de plus et, en 2030, on
sera à 100 %.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre, je vous rappelle d'équilibrer
les réponses avec la longueur des questions, s'il vous plaît. Merci.
Mme Lessard-Therrien :
Et de répondre à la question. Est-ce que le ministre peut confirmer avec
quels crédits budgétaires il va compenser pour le transport collectif?
M. Charette :
En fait, il y a plein d'outils à notre disposition. Si on regarde juste le
volet Roulez vert, entre autres, le... c'est
85,3 millions qui ont pu être... juste être certain, qui ont pu être...
Donc, si on exclut Roulez vert et qu'on regarde le montant total, c'est
un montant de 85,3 millions de dollars en plus qui ont été ajoutés au
transport collectif.
Mme Lessard-Therrien :
Mais, Mme la Présidente, Roulez vert, ce n'est pas pour du transport
collectif.
M. Charette : Bien, c'est ce que je
dis, c'est... en excluant ce montant-là, de Roulez vert, c'est un 85,3
millions de dollars supplémentaires qui ont été ajoutés. Et je comprends
le questionnement de la collègue, il est légitime, mais c'est toutes des choses
qu'on avait pu prévoir et annoncer dès l'adoption du projet de loi n° 44.
On voulait se donner cette agilité-là. C'est un transfert de sommes qui, avant,
était automatique, qui nous empêchait, justement, de retenir des mesures qui
étaient plus efficaces. Donc, on n'est en rien perdant, au niveau du transport
collectif, sauf que c'est financé par une
source différente ou des sources différentes que le Fonds d'électrification et
des changements climatiques, mais, en termes de budget, on est gagnant
et, en termes de mesures, on a une agilité plus grande, avec des résultats plus
probants en matière de réduction des gaz à effet de serre.
Mme Lessard-Therrien :
Il me reste combien de temps, Mme la Présidente? Combien de temps?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : 7 min 12 s.
Mme Lessard-Therrien :
O.K. Je vais y aller vraiment très simplement, M. le ministre. On sait
qu'au Québec le plus gros secteur émetteur, ce sont les transports. Moi, quand
je regarde dans une région comme la mienne, le développement du transport
collectif stagne complètement. Quand je regarde dans les sociétés de transport,
dans les centres urbanisés, ça ne va pas
très bien, baisse d'achalandage. Quand on regarde vos chiffres, bien là il y a
une réduction de l'ordre de
262 millions. Quand on regarde, il y a trois semaines, le décret que vous
avez signé, qui fait passer le minimum alloué au transport de 66 %
à 25 % des revenus du marché en carbone... J'ai l'impression, en regardant
ça de manière un peu superficielle, qu'il y a un désengagement au niveau du
soutien puis du financement du transport collectif au Québec, alors qu'on sait
que c'est une des premières choses à faire pour réduire nos émissions de GES.
Moi, je veux savoir comment vous allez financer le transport collectif.
M. Charette :
Je suis surpris de l'expression retenue, «désengagement», alors qu'il n'y a
jamais eu autant d'argent de prévu au niveau du transport collectif. On dit et
on répète : On en a pour, essentiellement, 55 milliards de
dollars. Dans certains cas, des projets qui sont déjà bel et bien inscrits au
PQI, dans d'autres cas, des projets qui sont en développement et qui le seront,
là, si ce n'est pas l'année prochaine, dans les années subséquentes, mais on
parle de transport collectif comme jamais. On est à l'écoute comme jamais des
plus grands centres, on l'a vu encore avec cette nouvelle entente avec la ville
de Montréal, mais même les régions davantage... plus éloignées, moins
densifiées ont des alternatives en termes de transport intelligent aussi.
Il faut savoir que la
pandémie nous a appris à voir nos déplacements différents. Il y a une
stratégie, au niveau du télétravail, qui se développe aussi et qui a été
expérimentée un petit peu de façon forcée avec la pandémie, mais qui a donné des bons résultats. Donc, le déplacement,
tel qu'on le concevait pour aller travailler il y a à peine plus de deux
ans, a complètement changé pour beaucoup, beaucoup de nos concitoyens et
concitoyennes.
Donc, ce sont tous
des éléments qui sont pris en compte, mais, en termes de transport collectif,
il n'y a pas d'équivalent, en termes d'appui, à ce qui a été démontré au cours
des dernières années, en fait, depuis 2018, et avec même des budgets...
• (15 h 30) •
La Présidente
(Mme St-Pierre) : En conclusion.
M. Charette : ...en centaines de
millions de dollars pour compenser les sociétés de transport, qui,
effectivement, ont composé avec une diminution de leur clientèle à cause de la
pandémie.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée.
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Moi, je n'ai toujours pas entendu de la bouche du
ministre où on va prendre les sommes pour compenser pour le transport
collectif. Vous me parlez du PQI. Le PQI, ça ne fait pas rouler des autobus,
c'est des investissements à long terme. Vous parlez du contexte qui change, le
télétravail. Moi, je peux vous dire que,
dans une région comme la mienne, les services, ils se centralisent de plus en
plus, ce qui fait que, maintenant, il
y a des gens qui doivent faire 50 kilomètres pour avoir une prise de sang
parce qu'ils ne peuvent plus le faire
dans leur quartier ou dans leur municipalité rurale. Ça fait que les gens, ils
vont être encore appelés à se déplacer. Même si on met toutes les technologies du monde, même si on fait du
télétravail, les gens vont encore avoir besoin de se déplacer.
Et des alternatives
en ce moment dans les régions du Québec, en transport collectif, il n'y en a
pas. On a déjà parlé du prix de l'essence. Comment les ménages, les familles
peuvent compenser, avoir des alternatives? Il n'y en a pas. Vous retirez des sous, vous retirez des engagements de pourcentages
d'investissement dans le transport collectif. Moi, je veux savoir où
est-ce que vous allez prendre les sommes pour assurer un financement stable au
transport collectif.
M. Charette : On n'a enlevé aucune
somme au transport collectif, on les a, au contraire, bonifiées très
largement. Je pense que c'est important de donner la bonne information. Je
disais même que les sociétés de transport ont été compensées à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars
compte tenu d'un achalandage réduit avec la pandémie. Juste le fait de
compenser les sociétés de transport démontre l'importance que l'on accorde au
transport collectif. Sinon, à travers des crédits budgétaires, il y a même un
95 millions de dollars, là, en affectation pour un fonds spécial pour
le transport collectif, et, en complément de ce 95 millions, là, je donne
quelques données à la collègue, on ajoute 300 millions,
2023-2024, et 400 millions en 2024-2025, et 450 millions en
2025-2026, soit un total, là, de 1 245 000 000 $ sur
quatre ans en crédits budgétaires.
Donc, il faut
comprendre une chose. Le FECC a une vision et une façon de faire du précédent
Fonds vert. Le Fonds vert, c'était une obligation, hein, je ne condamne pas ou
ne juge pas les gouvernements précédents, c'était une obligation de transférer
ces deux tiers-là automatiquement, les yeux fermés, sans trop savoir s'il y
avait d'autres mesures plus efficaces à retenir. C'est ce qu'on est venus
changer, parce qu'il y a des mesures plus efficaces à retenir pour diminuer
davantage nos GES, en autant que ces sommes-là soient... ces besoins-là soient
financés par d'autres sources, et c'est ce que je viens de vous relater.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : En conclusion.
M. Charette : En
crédits budgétaires, on parle de centaines, en fait, on dépasse le milliard de
dollars.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Mme la députée.
Mme
Lessard-Therrien : Combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Il vous reste 1 min 23 s.
Mme
Lessard-Therrien : En région, on apprenait, la semaine dernière, que
les millions pour le transport collectif adapté dormaient dans les coffres du
MTQ. Dans Charlevoix, la Corporation mobilité collective disait craindre des
réductions de services en raison d'un manque de liquidités. Qu'est-ce que vous
allez faire?
M. Charette : C'est le ministère des
Transports qui, naturellement, a cette responsabilité. Vous pourrez poser la
question au collègue, mais je l'entendais dire, encore hier, là, en caucus, que
c'est des transferts qu'il souhaitait effectuer le plus rapidement possible, qu'il y avait
eu quelques retards, mais son intention a été réitérée. Mais la question
pourra, naturellement, lui être posée, là, directement.
Mme Lessard-Therrien : Bien,
j'espère que vous avez des vases, quand même, communicants, parce que, si... Je veux dire, une des meilleures mesures
pour lutter contre les changements climatiques, c'est de développer le
transport collectif. Si vous vous engagez
sur le fait que les sommes ne se rendent pas sur le terrain pour en développer,
du transport collectif, bien, on peut peut-être se demander, en fait, à
quoi vous... à quoi le ministre de l'Environnement sert s'il ne peut pas s'assurer que le transport collectif, qui
va nous aider à atteindre nos cibles, n'est pas déployé parce que les
sommes tardent à être déposées. Ça fait que j'espère qu'il y a des vases plus
communicants que ça entre vos deux ministères.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
je dois vous interrompre ici. Maintenant, nous allons à l'opposition
officielle. Mme la députée, vous avez 19 min 7 s... Oh! excusez.
M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour, M. le ministre, les personnes de votre ministère
qui vous accompagnent et des autres organismes. J'aimerais continuer sur le
transport collectif, justement, et le Plan pour une économie verte. D'abord, et
vous l'avez répété, M. le ministre, vous avez encore une fois mentionné, et le
premier ministre le fait régulièrement, les fameux 55 milliards de
dollars en transport collectif. Quand je regarde le PQI, moi, j'arrive à
14,5 milliards, à peu près, là. Il y a quand même une très grande
différence entre 14,5 milliards et 55. Alors, j'aimerais savoir, juste en
commençant, là : Ces 55 milliards de dollars de transport collectif,
c'est quoi, au juste?
M.
Charette : Comme ancien... Merci de la question, très, très
pertinente. Comme ancien ministre des Finances, convaincu que vous allez vous retrouver assez rapidement dans la
réponse. Lorsqu'on met de l'avant des projets, il y a différentes étapes, et ne figure pas le montant
total d'un projet au PQI à sa première étape. Il faut, d'abord et avant
tout, procéder à un certain nombre
d'analyses pour préciser le projet, et c'est ensuite que les sommes
conséquentes y apparaissent. Donc, un
14, 15 milliards actuellement, mais il y a plusieurs projets qui n'y
figurent pas. On peut penser, et très rapidement, au REM de l'Est dans
sa nouvelle version. On peut penser également à des projets qui sont en
développement du côté de l'Outaouais.
On avait à préciser... Et, en fait, je vais
répondre par l'exemple inverse. On a des projets qui, aujourd'hui, sont dans le
PQI et qui, dans ses balbutiements, n'y étaient pas, que ce soit le tramway,
que ce soit maintenant la ligne bleue, qu'on a pu faire progresser, et même le
plein déploiement des budgets au PQI de la ligne bleue ne s'y retrouve pas
encore dans le fin détail. Donc, au gré des avancements de ces projets-là,
cette somme-là va augmenter. Mais, si on additionne les projets concernés, que
ce soit en Outaouais, que ce soit dans la région de Montréal, autant sur sa
rive nord que sur sa rive sud, si on considère le projet sur le côté de Québec,
on est effectivement à plus de 55 milliards de projets en transport
collectif, avec un objectif d'une réalisation complétée, là, sur une décennie,
pour l'ensemble de ces projets-là, mais, dans certains cas, beaucoup plus
rapidement parce que les projets sont plus avancés.
M. Leitão : Justement, M. le
ministre, vous dites : Les projets sont plus avancés. Moi, ce n'est pas du
tout ça ce que je constate. Vous avez mentionné le REM de l'Est, le nouveau REM
de l'Est. Bien, on est beaucoup plus loin qu'on était il y a à peine trois
jours. Là, il n'y a pas de projet du tout, là. On ne sait même pas où ça va
terminer, on ne sait même pas jusqu'où ça va aller, on ne sait pas qui est le
maître d'oeuvre. On ne connaît absolument rien. Ça va se faire peut-être,
éventuellement, un jour. Le seul objectif que j'ai ici, en mentionnant ces
choses-là, M. le ministre, c'est que je trouve que de mentionner à répétition,
comme le gouvernement le fait, qu'on a pour 55 ou 56 milliards de dollars
de projets de transport collectif, on envoie le message, peut-être, qui peut
confondre un peu le public. Ces projets-là ne sont pas à la veille de se
concrétiser. On est encore très loin, on est très loin de la concrétisation
d'un tel projet.
Et pourquoi c'est important, ce point-là, Mme la
Présidente et M. le ministre? C'est que, comme la collègue l'avait mentionné
juste avant, quand on essaie de procéder à une transition énergétique, il nous
faut des alternatives. Donc, quand on dit aux citoyens qu'il faut délaisser la
voiture ou la voiture solo ou aller vers les voitures électriques ou d'autres
modes de transport, il faut qu'une alternative soit disponible pour les
citoyens. S'il n'y a pas ou peu d'alternatives,
on n'y arrivera pas. Les voitures électriques, bravo, là, on veut développer ça
rapidement, mais on est encore loin de l'objectif, là. On va encore au
rythme de, je pense... en 2021, c'était quelque chose comme
400 000 voitures thermiques, voitures à moteur à combustion interne.
Donc, pour que les voitures électriques arrivent à remplacer tout ça, ça va
prendre beaucoup de temps et ça prendra encore plus de temps s'il n'y a pas
d'alternative. Donc, le transport collectif est clé, et il faut accélérer les
projets.
Aujourd'hui, là, le seul projet qui sont
vraiment en réalisation, c'est le REM n° 1. Ça, il
est en réalisation. Le tramway de Québec, maintenant, il semble être un peu
plus avancé. Mais l'Outaouais, écoutez, là, ça ne va pas voir le jour avant
très, très longtemps. Même chose pour l'éventuel REM sur la Rive-Sud,
l'est-ouest. Donc, je ne sais pas, là, mais il me semble que ça serait
peut-être plus constructif d'être un peu plus précis quand on mentionne les
55 milliards en transport collectif.
• (15 h 40) •
M. Charette : C'est certain que, si
on développait les transports collectifs à la vitesse où les gouvernements précédents les développaient, on serait inquiets.
Le collègue se réfère au PQI en nous attribuant, dans le PQI,
formellement, là, plus de 14 milliards. Je lui rappellerai que, dans son
dernier PQI, transports collectifs, on était à 5,2 milliards. Donc, on a déjà triplé, et ce n'est pas théorique,
ce n'est pas anodin, on a déjà triplé ce que le gouvernement précédent
prévoyait en termes de transport collectif. Et, oui, on veut et on va aller
plus rapidement.
J'étais avec la mairesse
de Montréal, pas plus tard qu'hier, et je ne veux pas lui mettre de mots dans
la bouche, elle aura l'occasion de le réitérer, mais elle était enchantée par
l'annonce de lundi, elle était réellement enchantée. Et surtout elle se dit
pressée, le premier ministre se dit pressé, le ministre des Transports se dit
pressé, et on garde le même échéancier qui était prévu pour le REM de l'Est
avec les aménagements qui ont été confirmés lundi, et donc on parle de 2027,
2028, 2029, tout dépendant des segments à mettre en service.
Donc, si on veut se rassurer que les choses ont
changé, je me réfère à votre dernier PQI en transport collectif, et je me réfère au nôtre, et je pense qu'on est en
bonne position pour rassurer les gens. Et surtout, si on devait parler
de la ligne bleue, par exemple, elle a été combien de fois annoncée sans
réellement y mettre les énergies nécessaires pour la réaliser? Là aussi, je
pense qu'on a procédé à une annonce qui a pu rassurer les gens, parce qu'elle
était bien appuyée...
La Présidente (Mme St-Pierre) : En
conclusion, M. le ministre.
M. Charette : ...et tous ont pu se
confirmer que les travaux seront mis en branle rapidement.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Merci.
M. le député.
M.
Leitão : O.K. Le
seul projet de transport collectif qu'aujourd'hui, aujourd'hui, que je vois qui
est en réalisation, c'est le SRB à Montréal et le REM n° 1.
Ces deux projets-là, là, les machines sont dans la rue, la construction...
donc, c'est en phase réalisation.
Le REM de l'Est, là. Je ne le vois pas du tout.
Vous venez de dire que vous allez maintenir le même échéancier, donc tout ça a
été dit ici, là, et je suis sûr qu'il y a des personnes qui suivent nos
travaux, alors je vous invite à prendre note, prendre note de cela :
2026-2027, le REM. D'abord, il faudrait trouver un autre nom, parce que le REM,
c'est une marque réservée par la Caisse de
dépôt, donc il faut l'appeler quelque chose d'autre. Mais, en tous les cas, ça,
c'est secondaire. Ce système structurant pour l'est de Montréal serait en
construction en 2026-2027. O.K. On va... on en jugera. Moi, ma mère m'a toujours dit que j'ai une grande qualité, des
fois, c'est un défaut, mais c'est que j'ai une bonne mémoire. Je me rappelle, je me rappelle des
choses, et vous pouvez être sûr que je vais suivre cela, je vais le suivre de
très près.
Mais, de façon un peu plus... peut-être un peu
plus structurante, tiens, pour employer un tel terme, nous voulons, et je pense
que c'est le souhait, là, nous souhaitons tous réaliser... réussir, c'est
plutôt le meilleur terme, réussir la transition énergétique. Je pense, M. le
ministre, vous étiez à Glasgow, comme la collègue, nous aussi, le collègue de
Jonquière, nous étions tous là et nous avons entendu des présentations, nous
avons entendu beaucoup de choses. En tout cas, moi, j'ai trouvé ça extrêmement
intéressant et utile. Nous avons appris, surtout de la part d'Ouranos, que, par
exemple... l'importance capitale d'arriver à
atteindre la carboneutralité pour la planète en 2050. Vraiment, il faut
vraiment y arriver, là. Je ne vais pas faire de catastrophisme, mais, si on
n'arrive pas à la carboneutralité, collectivement, en 2050, la deuxième moitié
du siècle va être vraiment, vraiment un problème. Regardez, moi, je vais avoir,
avec un peu de chance, 96 ans. Bon, c'est peut-être moins un problème que,
par exemple, ma petite nièce qui a cinq ans maintenant. Bon, donc, il faut
vraiment faire ça. Et, pour pouvoir atteindre la carboneutralité en 2050, il
faut absolument atteindre nos cibles en 2030. Parce que, si on n'atteint pas,
encore une fois, collectivement, là, tous les gouvernements, si on n'atteint pas les cibles de réduction de GES qu'on
s'est données, en 2030, ça sera impossible d'atteindre la
carboneutralité en 2050. Donc, l'horizon 2030, il est crucial, il est très
important, on ne peut pas passer à côté de ça.
Pour arriver à atteindre nos cibles, et on
pourrait en discuter longuement, si 37,5 %, c'est assez, ce n'est pas
assez, mais restons avec le 37,5 % de réduction de gaz à effet de serre,
il faut avoir un plan pour y arriver. Et le gouvernement a déjà annoncé deux
versions de ce plan, enfin, un complète l'autre. On est rendus maintenant à
51 % de l'objectif. Nous sommes en 2022, et là on a identifié des mesures
qui vont nous amener à 51 %. 2030, c'est dans huit ans. Moi, je pense
qu'il faut accélérer, M. le ministre, on n'y arrivera pas. On n'y arrivera pas,
si on n'est pas capables, aujourd'hui, d'identifier ou assez rapidement
d'identifier les 100 %, on n'y arrivera tout simplement pas. Un des
grands... bon, il y a plusieurs composantes à cet effort, un des plus
importants, c'est le transport. 40 et quelques pour cent des émissions de gaz à
effet de serre proviennent du secteur des transports.
Là, j'ai déjà beaucoup parlé, donc probablement
que, M. le ministre, vous allez donner une réponse aussi longue que mon
introduction, mais c'était important que je dise ce que je viens de dire.
Et donc la question pour le secteur des
transports, ce qu'on fait maintenant, on mise pratiquement toutes nos billes
sur l'électrification, donc la voiture électrique, mais on ne change pas
vraiment la structure des transports, on... Des voitures, même si elles sont
électriques, si c'est toujours la voiture solo, ça aussi, je ne pense pas que
ça soit nécessairement très, très positif. Mais comment allez-vous faire, M. le
ministre, pour vous assurer que la plus grosse composante d'émissions de gaz à effet de serre, le transport, arrive à
atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre?
M. Charette : ...a
effectivement abordé différents sujets dans son introduction. Il va me
permettre de revenir sur certains éléments. J'avais pu mentionner
d'entrée de jeu qu'avant qu'un projet se retrouve au PQI ça prend des années
d'analyse et, avant qu'il se mette en chantier, ça prend des années de
préparation. Donc, nous sommes au gouvernement depuis trois ans tout juste,
donc, s'il n'y a pas davantage de projets en réalisation actuellement, c'est
que les précédents gouvernements ne les avaient pas mis en chantier. On ne peut
pas mettre, du jour au lendemain, un chantier en branle.
Ceci dit, le collègue dit avoir beaucoup de
mémoire. Peut-il confirmer que son dernier PQI en matière de transports était
trois fois moins bien garni que notre PQI actuel en matière de transports?
Donc, ce sera un exercice de mémoire intéressant pour lui...
• (15 h 50) •
M. Leitão : Je
peux répondre tout de suite, si vous voulez...
M. Charette : ...que je lui suggère.
Sinon, quelle belle nouvelle qu'on a annoncée, la semaine dernière, avec le
PMO 2! Ce n'est pas anodin de dire qu'en une année à peine, soit du
1er avril 2021 à la mi-avril 2022, on a progressé de 9 %. C'est
énorme. Le collègue est très, très habile avec les chiffres, il a mentionné
qu'il nous reste huit ans avant d'atteindre notre date de référence, qui est
2030. Donc, si on était à 9 % de progression à chaque année, on excéderait
largement notre cible de 37,5 %. Et, si on veut être plus réalistes, parce
qu'il ne faut pas se leurrer, là, chacun des points de pourcentage vers la fin
sera plus difficile à obtenir, donc, si on est plus réalistes, si on est dans
une progression entre 6 %, 7 %, 8 % par année, nous serons à
100 % en 2030 et nous serons, et je le dis, malheureusement probablement
l'un des rares États dans le monde à avoir atteint sa cible.
Mais ce qui est rassurant, c'est qu'on a une
méthode, on a une approche, maintenant, qui maximise grandement nos chances de succès, compte tenu du suivi que
l'on accorde. Et le collègue mentionnait, bon, 52 %, 51 %, c'est
peut-être très peu. Mais là aussi je lui dis : Bonne nouvelle,
l'approche est différente que celle qu'il a lui-même retenue. Si on regarde le
PACC, donc le plan précédent au PEV, donc, qui couvrait la
période 2013-2020, c'est uniquement 13,5 % du travail identifié qui
avait été mis sur la table. Donc, il reproche notre 42 % de l'année
dernière, il reproche notre 51 % de cette année. Or, lorsque les libéraux
ont présenté leur propre PACC, ils n'avaient pu faire la démonstration que 13,5 % de notre... de leur cible... Et
ils ont livré uniquement 8 % à travers leur PACC. Donc, notre 52 %
nous place en très, très bonne position.
Et, en avril
ou en mai 2023, je vais souhaiter qu'on se rapproche de 60 %,
tranquillement, et les années subséquentes aussi. Il faut voir la
démarche du PEV et des PMO comme étant une démarche évolutive, et à chaque
année on ajoutera des points de pourcentage qui seront démontrables et surtout
qui seront appuyés, ça faisait aussi défaut à la démarche des gouvernements
précédents, par des budgets conséquents, mais aussi une réglementation. Parce
que tout n'est pas une question budgétaire.
La Présidente (Mme St-Pierre) : En
conclusion, M. le ministre.
M. Charette : Par moment, c'est en
changeant la réglementation qu'on arrive à des résultats probants. On le voit
avec la norme VZE, notamment.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député.
M. Leitão : ...rapidement, donc?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
vous avez 1 min 40 s.
M. Leitão : O.K. Juste mentionner
que... donc, on revient toujours dans le passé, là, on revient toujours sur ce
que vous avez fait, ce que vous n'avez pas fait. Je vous rappelle... si on veut
jouer à ce jeu-là, je vous rappelle aussi que, depuis que vous êtes arrivés, en
termes de transport collectif, ce que le gouvernement actuel à fait, c'est de
retarder le tramway de Québec, c'est de retarder le prolongement de la ligne
bleue, et vous n'avez même pas été capables d'avancer avec le pont de l'Île
d'Orléans. Le pont de l'île d'Orléans tombe en ruine, ça fait déjà au moins six
ans, comme ça, qu'il faut le remplacer, et il n'est même pas encore commencé.
Donc, si on veut jouer ce jeu de qu'est-ce que j'ai fait, qu'est-ce que toi, tu
as fait, qu'est-ce qu'il faudrait faire, on n'y arrivera pas.
Mais je vous concède une chose, M. le ministre,
les temps ont changé, les priorités changent, l'urgence d'agir aussi change. De
2013 à 2020, vous avez mentionné, oui, on n'a pas atteint les cibles. Vous
voulez savoir pourquoi? Parce qu'essentiellement ce qui a raté, c'est
l'explosion dans le nombre de voitures thermiques en circulation. Les ventes de
voitures, en 2015, 2016, 2018, 2019, ont explosé au Québec. Donc, les émissions
de gaz à effet de serre par le secteur des transports a augmenté de façon
exponentielle. Et je me rappelle très bien, très bien, M. le ministre, qu'en
2015, quand on a annoncé l'assujettissement des distributeurs d'hydrocarbures au
SPEDE, votre formation politique critiquait ça d'une façon virulente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois vous interrompre ici.
M. Leitão : Ça va. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
M. le député de Jonquière, vous avez la parole pour 14 min 20 s.
M.
Gaudreault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Bonjour à
toutes les équipes qui vous accompagnent. Vous êtes nombreux,
nombreuses. Et c'est toujours la période de crédits, pour moi, qui m'apparaît
la plus importante parce que c'est l'objectif de réduire nos gaz à effet de
serre. Je veux y aller tout de suite sur le plan de mise en oeuvre que vous
avez déposé la semaine dernière. Là, je veux bien comprendre. Je vous demande
d'être pédagogique, M. le... Mme la Présidente, je demande au ministre de faire
preuve de pédagogie.
Bon, à la
page 44, vous faites la projection des émissions, le fameux 51 % que
vous appelez l'effet bénéfique estimé de 15,9 mégatonnes, et là vous le
détaillez en quatre picots : secteur des transports, 7,6, 5,6 pour
l'industriel, deux pour les bâtiments, 0,8 pour le secteur agricole, matières
organiques et les autres matières. Et ensuite, quand on va
plus loin, dans l'annexe II, là, on tombe dans le détail et on est
capables de retrouver les grandes têtes de chapitre, je dirais, là :
transport industriel, bâtiment, matières organiques, mais pas de cible. La
colonne des cibles dans l'annexe II, vous avez des cibles, par exemple,
sur le nombre de véhicules que vous voulez... que vous souhaitez que le Québec
se procure en matière de transports électriques, etc., mais on n'est pas
capables de faire le suivi entre, disons, si
on prend le secteur des transports, le 7,6 mégatonnes, pour s'assurer
qu'on va l'atteindre en 2030 tel que vous le prétendez dans votre
document. Je vais m'arrêter là pour l'instant.
Alors, moi, ce que je
dis, c'est : Comment on peut avoir une reddition de comptes, que je ne
vois pas dans votre plan de mise en oeuvre, au-delà des picots de la
page 44, pour savoir comment chaque mesure qui sont prévues en annexe va
nous permettre, nous, comme parlementaires puis la population générale, de
faire son suivi pour arriver aux tonnes équivalent CO2 de sauvées?
M. Charette :
C'est une bonne question. En fait, il faut savoir que le plan de mise en
oeuvre, on a présenté cette deuxième version jeudi dernier. Mais, à chaque
année, on va renouveler l'exercice avec des informations toujours plus précises
d'année en année. Lorsqu'on aura, par exemple, des confirmations ou des données
de résultats sur les mesures mises en place, elles vont pouvoir s'ajouter à la
démonstration. Donc, c'est réellement un document qui est évolutif et qui sera
bonifié d'année en année.
Et la grande
distinction, puis je ne veux pas me lancer dans une critique, là, des autres
plans qu'on retrouve dans d'autres législations, mais nous, avant d'attribuer
une réduction de GES à une mesure, on veut s'assurer qu'on a les outils pour la
démontrer. Et c'est là où les années subséquentes seront toujours plus riches
en informations. Et c'est là où des mesures qui, pour certains gouvernements,
actuellement, sont des souhaits, pour nous, ne sont même pas évoquées dans le
PMO parce qu'on n'a pas pris la mesure de leur potentiel. Mais on aura toujours
plus d'informations sur les réductions en
transport, on aura éventuellement plus d'informations sur des réductions sur de
nouvelles technologies, mais on ne les comptabilise pas, ces effets-là,
tant qu'on n'a pas la démonstration qu'elles vont se concrétiser.
M. Gaudreault :
Donc ce que vous me dites, c'est
que celles qui sont là sont comptabilisées en équivalent CO2?
M. Charette :
On est en mesure, effectivement,
de faire une approximation des résultats des mesures implantées.
M.
Gaudreault : Mais ils sont où?
M. Charette :
Au niveau du... Ah! c'est des informations qui vont s'additionner au fur et
à mesure des mises à jour des PMO. Je vous donne un exemple. Au niveau de la
norme VZE, par exemple, on sait qu'on a un projet de règlement qui est à
l'étude, on sait qu'il ne va pas suffisamment loin à notre goût. Donc, on va
relancer une démarche de consultation avant de l'édicter. Donc le produit, le
fruit de cette démarche là, on va davantage le voir dans les PMO qui vont se
succéder.
M.
Gaudreault : O.K. Mais c'est parce que je n'ai pas le suivi, moi. Si
je prends votre logique, je devrais avoir le suivi du dernier PMO sur les réductions
qui ont été faites sur les mesures du dernier PMO, puis on n'a pas ça. Ce que
je veux dire, c'est qu'on n'a pas de reddition de comptes claire puis on n'a
pas de mesure nous permettant de savoir où on s'en va. C'est le gros problème.
Puis je sais que
la...
(Interruption)
M.
Gaudreault : O.K. Non, c'est parce que j'aime mieux attendre pour être
sûr que vous comprenez bien, là, puis je sais qu'on fait plein de choses, en
politique, en même temps, là. Mais c'est ça, c'est que nous, là... ou les
citoyens, ça ne leur donne pas le suivi de la mesure qui est appliquée puis de
la réduction qui est effectuée. Alors, si je comprends bien le ministre, ça
veut dire que le dernier PMO, qui a été déposé l'année passée ou, disons, en
novembre 2020, ça nous permettrait, dans le PMO actuel, de voir ce que ça a
donné comme réduction, puis là on ne l'a pas. Donc on s'en va à l'aveuglette,
on navigue à vue sur les réductions de GES en fonction des mesures qu'on
présente.
• (16 heures) •
M. Charette :
Ce sont toutes des bonnes
questions qui sont posées. Naturellement, on peut se référer à un
travail de modélisation qui n'est pas inclus
dans le document parce qu'il deviendrait indigeste assez rapidement, mais c'est
un travail de modélisation qu'on pourrait partager à la commission pour les
secteurs, là, comme le collègue le mentionne.
M.
Gaudreault : Bien, moi, je souhaite avoir le travail de modélisation,
mais la modélisation, pour moi, c'est les projections. Moi, je veux la
reddition de comptes du passé.
M. Charette :
En fait, c'est une combinaison des deux, mais surtout une modélisation qui
nous permet d'arriver à ce 51 % là. Et ce travail là, comme je le
mentionnais, va se peaufiner d'année en année, et c'est des documents, là,
qu'on pourra... Pour ce qui est de la modélisation qui nous a permis d'arriver
au 51 %, on va le déposer à la commission, et, pour le reste, année après
année, c'est des justifications, là, qui seront aussi disponibles.
M. Gaudreault : Mme la Présidente, pourquoi
le ministre n'a pas appliqué la recommandation de son Comité consultatif sur
les changements climatiques? Le Comité consultatif sur les changements
climatiques, à la page 33 de son rapport, nous fait deux propositions : un budget carbone puis
des cibles intermédiaires. Puis il nous donne l'exemple du budget
carbone, entre autres, du Royaume-Uni et de la France. Alors, moi, là, je veux
savoir où on s'en va, O.K.? Puis je sais que le ministre peut me dire :
Ah! mais de la bonne gouvernance, ça n'amène pas une réduction directe
d'équivalent CO2. Oui, parce que ça nous
permet de se donner une mesure pour savoir où on s'en va. Et ça, on ne l'a pas,
alors que son propre comité consultatif, puis il en parle même dans son plan de
mise en oeuvre de la gouvernance, là, quand il parle de la gouvernance, il
parle du comité consultatif qui a été créé en vertu du projet de loi
n° 44, le propre comité consultatif du ministre lui dit : Bien, ça
nous prend un budget carbone pour faire un outil de suivi et de planification
aux cinq ans avec des... avec des mesures, des cibles, voilà, intérimaires
entre les deux. Parce que, là, quand on reçoit, par exemple, l'inventaire à
chaque fin d'année, en général, c'est au mois de décembre, bien, on est deux
ans en retard. Ça fait que ça veut dire que le prochain inventaire va être
2020. En 2022, on va avoir 2020, donc on n'est pas capable de mesurer où on
s'en va parce que c'est l'ancien... c'est les anciennes mesures. Puis, de toute
façon, il n'est pas aussi détaillé en fonction des mesures qui sont annoncées
dans le plan de mise en oeuvre.
Donc, ma question : Qu'est-ce qu'attend le
ministre pour mettre en oeuvre, c'est le cas de le dire, les recommandations de
son comité consultatif sur le budget carbone puis les cibles intermédiaires?
M. Charette : Plusieurs éléments.
Donc, modélisation sera partagée à la commission, mais le bilan du PMO 1
sera publié l'automne prochain, au même moment ou à peu près à la même période
où on va publier les résultats pour l'année 2020. Donc, à chaque année, il
y a deux choses importantes : au printemps, c'est le PMO revisité et, à
l'automne, c'est la présentation, là, du bilan du PMO précédent, donc un
exercice de transparence, là, inégalé.
M. Gaudreault : Mais le bilan... le
bilan du dernier PMO, vous dites à l'automne?
M. Charette : À l'automne qui vient,
effectivement.
M.
Gaudreault : À l'automne. L'automne, c'est du 21 septembre
au 21 décembre. Il y a l'élection entre les deux. On peut-tu
l'avoir avant?
M. Charette : Je ne pourrais pas
vous mentionner la date, à ce moment-ci, comme je ne peux pas vous mentionner
la date où le bilan 2020 sera publié. Sans associer directement les deux,
on sait que la publication des bilans se
fait généralement fin novembre, début décembre. Donc, il ne faut pas y voir de
calendrier électoral, là, c'est une démarche qui est complètement... qui
revient sensiblement au même moment à chaque année. Donc, premier élément de
réponse.
Deuxième, naturellement, le comité scientifique
nous apporte un éclairage qui est plus que souhaité, mais tout ne peut pas être
réalisé instantanément. Au niveau du budget carbone, sans dénaturer la question
du collègue, ce qu'on a présenté jeudi dernier, les plans de mise en oeuvre,
c'est une forme de budget carbone. Peut-être pas comme l'entend le collègue, et
je le comprends, mais c'est une forme de budget carbone malgré tout. Et, si on
se réfère davantage aux exemples de budget carbone comme on peut retrouver sur
le côté de l'Europe, je vous rappellerai ou je rappellerai au collègue, c'est
que 80 % de nos émissions au Québec sont assujetties, alors qu'en Europe,
lorsqu'il est question de budget carbone, souvent, c'est un secteur ou quelques
secteurs en particulier. Donc, nos émissions soumises à 80 % couvrent
beaucoup plus largement les secteurs d'émission que l'Angleterre, par exemple.
Et, pour ce qui est des cibles intérimaires, parce que je veux couvrir chacun
des éléments...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
pense que M. le député va vous poser une question.
M. Gaudreault : Oui, sur les cibles
intérimaires, puis après ça je vais avoir une autre question.
M. Charette : Très rapidement, les
PMO sont des cibles intérimaires qui sont revisitées à chaque année au gré du
potentiel de gain que l'on peut faire. On se donne, à travers le PMO, des
cibles au niveau des transports, au niveau de l'industrie avec un tonnage en
gaz à effet de serre réduit que l'on associe à ces différentes mesures là.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député.
M. Gaudreault : Il me reste combien
de temps?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
vous reste 2 min 30 s.
M. Gaudreault : O.K. Bon, deux
choses. Le comité consultatif scientifique du ministre nous dit, par rapport au
SPEDE, là, au marché du carbone... le ministre nous dit : C'est un peu
comme un budget carbone. Le comité scientifique nous dit : «L'approche
couvre moins de 80 % des émissions et n'est pas ou peu utilisée pour
suivre le chemin parcouru vers l'atteinte des cibles.» Alors, c'est pour ça
que, malgré le marché du carbone, le comité consultatif nous dit : Ça nous
prend un budget carbone. Puis là le ministre nous dit : À quelque part à
l'automne, on va déposer le suivi du dernier PMO. Mais est-ce que le suivi du
dernier PMO va inclure une colonne, si on veut, avec chaque impact de réduction
de CO2 pour chaque mesure? Alors, c'est ça
qu'on veut, là.
Des voix : ...
M. Charette :
C'est la raison pour laquelle je ne peux pas vous donner de date de
publication, on est en train de travailler le format, mais c'est le but, c'est
le but de la...
M. Gaudreault : Bien, O.K. Mais, si
le ministre est en train de travailler là-dessus, peut-il s'engager à ce qu'on
ait ça? Parce que, O.K., moi, je prends toujours la comparaison de, dans les
années 90, on voulait atteindre le déficit zéro, le déficit budgétaire
financier. Bon, bien, à chaque budget déposé par le ministre des Finances, on
voyait si on était pour l'atteindre. Puis, si on n'était pas pour l'atteindre,
le Vérificateur général tapait sur les doigts du ministère des Finances pour
dire : Il faut l'atteindre. Parce qu'on savait où on s'en allait. Là,
c'est comme on doit atteindre l'équilibre carbone au lieu de l'équilibre
budgétaire, mais on ne sait pas où on s'en va.
Alors, ça nous prend, à chaque année puis de
façon condensée, un suivi de chaque mesure qui nous permet de dire : On y
arrive ou on n'y arrive pas. Parce que, là, quand il a déposé, le ministre, son
premier plan de mise en oeuvre, il disait : On a 42 % des mesures qui
sont annoncées. Après ça, il a dit : Bien là, on en a annoncé d'autres, on
arrive à 48 %. Mais là, entretemps, est arrivé l'inventaire qui disait
qu'au lieu de moins 6 % de nos cibles de réduction on est arrivés à moins 2,7 %. Donc là, woup, on a
reculé dans nos mesures. Ça fait qu'au lieu... Tu sais, c'est comme un
tango, on avance, on recule un peu, on avance. Ça fait que, là, il était tout
content de nous dire : On a passé de 42 % à 48 %. Finalement, on est revenu à 42 % parce qu'on
n'a pas réduit nos cibles, puis là il nous redit : Woup! On a 51 %
des mesures, alors qu'on aurait pu
avancer pour beaucoup plus que ça, mais on ne le voit pas venir parce qu'on n'a
pas de mesure qui... on n'a pas de document ou de budget qui nous permet
de voir que telle mesure qui a été annoncée nous a permis d'atteindre telle
réduction.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois vous interrompre ici. M. le ministre, tout à l'heure, vous avez mentionné
des documents de modélisation que vous allez transmettre à la commission.
Est-ce qu'on a un engagement de votre part?
M. Charette : Oui, tout à fait.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Oui, engagement. Donc, vous pourrez procéder.
Alors, nous allons à l'opposition officielle. Mme la députée de Verdun,
vous avez 19 min 7 s.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, on va se diriger vers votre tunnel, le tunnel
caquiste. Vous avez mentionné qu'aucune étude environnementale n'empêcherait la
construction du troisième lien. C'est vous
qui avez mentionné le tout. J'aimerais ça savoir, pour vous, c'est quoi, le
rôle du ministre de l'Environnement face aux grands projets
d'infrastructure.
• (16 h 10) •
M. Charette : Je vous dirais,
essentiellement, le même que vous avez assumé pour le REM dans son premier
volet. Rappelons-nous, nous avions un rapport du BAPE très critique par rapport
au projet que vous avez mis de l'avant, le REM, que nous avons toujours
supporté, ceci dit, c'est un projet qu'on a toujours supporté, même dans
l'opposition. Mais, lorsque vous avez reçu ce rapport-là, vous n'avez pas
dit : On met de côté le REM malgré la charge qui était assez critique de
la part du BAPE. Ce que vous vous êtes dit : On va le bonifier. C'est ce
que vous avez fait. Et on se met essentiellement dans la même position. Donc,
s'il y a une évaluation environnementale qui dit : Faites attention à tel,
tel aspect, bien, on va faire ce que vous avez fait, qui était la bonne chose à
faire, c'est-à-dire non pas renoncer au projet, mais bien de s'assurer de
limiter les impacts négatifs qui peuvent être soulevés. Rappelons-nous que tout
travail d'infrastructure...
La Présidente (Mme St-Pierre) : La
réponse est beaucoup plus longue que la question, alors on va essayer
d'équilibrer. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. La différence, c'est que, nous, il y avait un BAPE. Nous, on avait
des études environnementales qui avaient été faites. Vous, sur le troisième
lien, il n'y en a pas. Il n'y a pas d'études, à ce moment-ci, qui ont été
faites, aucune étude environnementale. Vous vous êtes mis en échec vous-mêmes avant
même le début de la vérification ou des études qui peuvent être faites. Puis
vous êtes même allés plus loin. Le ministre
a dit, Mme la Présidente : «On n'a pas besoin d'étude pour dire que le
troisième lien est bon pour l'environnement.» C'est le ministre de
l'Environnement lui-même, là, qui a dit ça. Pas d'étude, on ne s'est basé sur à
peu près rien, un sentiment, une impression, une volonté politique à mettre à
tout prix, à creuser en dessous du fleuve pour pouvoir sauver le siège du
député de La Peltrie.
Cela étant dit, le ministre est même allé plus
loin, Mme la Présidente, le ministre en a rajouté, il a dit que le troisième
lien serait un frein à l'étalement urbain. Moi, j'aimerais savoir sur quelle
étude il se base pour mentionner que ce serait un frein à l'étalement urbain.
M.
Charette : Plusieurs éléments intéressants, là, dans les
questionnements de la collègue. L'étape où nous sommes rendus maintenant est une étape où... Vous avez
déjà été dans des travaux d'infrastructure, ne serait-ce que le REM, ne serait-ce que Turcot. Avant de réaliser un projet,
il faut d'abord le concevoir, et ensuite se tiennent les évaluations
environnementales. On a mentionné depuis le départ qu'il va y avoir un
BAPE dans le cadre du projet du troisième lien. On a mentionné depuis le départ qu'il va y avoir une évaluation
environnementale qui nous permettra de bonifier le projet.
Si
on parle d'impact au niveau de l'environnement, déjà la formule tunnel vient
les limiter, on est sous terre, on est sous le fleuve, donc moins d'impact au
niveau, par exemple, de ce qui aurait pu être fait en surface. Je ne dis pas
qu'il n'y a pas d'impact, je dis qu'il y a moins d'impacts.
Au niveau de
l'étalement urbain, ce qui est malheureux, c'est que la collègue vient tronquer
un petit peu ce que j'ai mentionné. C'est qu'au fil des années et des décennies
il y a eu essentiellement trois scénarios de troisième lien : un davantage
à l'est, l'autre davantage à l'ouest, et maintenant celui de centre-ville à
centre-ville. Quand j'ai fait une allusion à l'étalement urbain, j'ai
dit : De ces trois scénarios-là, c'est celui de centre-ville à
centre-ville qui a le moins d'impact sur
l'étalement urbain. Plutôt que d'aller dans un secteur qui n'est pas développé,
on le fait de centre-ville à centre-ville. Donc, je n'ai pas dit qu'il y
avait moins... qu'il n'y aurait pas d'étalement urbain...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : En conclusion.
M. Charette :
...mais que c'était le scénario qui allait engendrer le moins d'étalement
urbain.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : En conclusion, M. le ministre.
M. Charette :
Et c'est des affirmations, là, qui sont avérées.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Mme la députée.
Mme
Melançon : Moi, j'invite le ministre à être très prudent sur la
mention de centre-ville à centre-ville parce que ce qu'on a vu jusqu'à présent,
ce n'est pas de centre-ville à centre-ville, c'est du bord de l'autoroute jusqu'au
centre-ville de Québec. Ce n'est pas de centre-ville à centre-ville. Moi, je
l'invite à beaucoup de prudence.
Je repose la
question : Sur quelle étude s'est-il basé pour prétendre que le troisième
lien serait un frein à l'étalement urbain?
M. Charette :
En fait, la collègue m'offre essentiellement la possibilité de répéter ce
que j'ai mentionné. Au fil des années, au fil des décennies, et son
gouvernement et sa formation politique ont aussi contribué à ces différents
scénarios là, un scénario qui visait un troisième lien complètement à l'est
aurait engendré davantage d'étalement urbain. Un scénario qui aurait été
complètement à l'ouest aurait aussi engendré davantage d'étalement urbain.
Lorsqu'on parle d'un tunnel de centre-ville à centre-ville, et, encore une
fois, quand je regarde la jonction notamment de l'autoroute 20 et où est
le coeur de Lévis, pour moi, c'est passablement ce qu'on peut appeler un
centre-ville... et le centre-ville de Québec, bref, c'est le scénario où
l'impact sur l'étalement urbain est le moins grand.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Mme la députée.
Mme
Melançon : Donc, le ministre est en train d'admettre que ça va générer
de l'étalement urbain.
M. Charette :
Ce que j'ai mentionné, c'est que, je le répète, on a retenu le projet avec
le moins d'impact possible, que ce soit environnemental, dans sa forme de
tunnel, ou que ce soit au niveau de l'étalement urbain. Et tout ça a été, je
pense, très bien illustré par mes collègues, notamment mon collègue aux
Transports, au moment de la présentation du projet.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Mme la députée.
Mme
Melançon : Bien, parlons-en, justement, du collègue aux Transports,
qui a dit qu'on était pour y aller d'une pelletée de terre avant même que les
études environnementales soient faites. Je ne sais pas si le ministre de
l'Environnement trouve ça normal.
M. Charette :
...peut-être juste répéter la question, pardon.
Mme Melançon :
Ce que je disais, c'est que le
ministre des Transports a justement annoncé qu'il était pour y avoir des
pelletées de terre avant que les études environnementales soient faites. Le
ministre des Transports a promis qu'il y aurait des pelletées de terre, les
travaux seraient lancés avant la prochaine campagne électorale.
M. Charette :
Ce que l'on a dit, c'est qu'il va y avoir des travaux d'aménagement, oui,
au cours des prochains mois. Ce sont exactement les propos du collègue des
Transports. Il va y avoir des travaux d'aménagement de faits, mais l'essentiel
du projet va être précisé au cours des prochaines années, avec tout le
processus d'évaluation environnementale qui va s'enclencher. Et, je le répète,
je l'ai mentionné tout à l'heure, mais j'invite la collègue à lire le rapport
du BAPE sur la version initiale du projet de REM que le gouvernement précédent
avait développé, et ce n'était pas un avis favorable...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Monsieur...
M. Charette : ...mais
le projet a été bonifié, et c'est un projet qui est en réalisation. Ce sera la
même chose avec le troisième lien.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
gentiment, je vous rappelle encore la règle, j'essaie de vous suivre et de vous
laisser vous exprimer le mieux possible. Mme la députée, allez-y.
Mme Melançon : La différence, c'est
qu'on avait des études environnementales, qu'il y avait justement eu un Bureau
d'audiences publiques en environnement sur le sujet avant même de lancer les
travaux. Et c'est là où il y a une distinction. Et c'est là où le ministre a
abdiqué à ses responsabilités en environnement. C'est lui qui devrait garder
les yeux, justement, sur la balle pour dire à ses collègues autour de la
table : Bien là, il faut rester prudent. Mais, au lieu de ça, c'est
toujours le ministre qui sort le premier, que ce soit pour le nickel, pour dire
que ça va être une bonne affaire, là, de hausser le seuil de nickel, ou que ce
soit sur le tunnel caquiste où on... où le ministre est allé, donc, dire que
c'était pour être bon pour l'environnement, qu'on n'avait pas besoin d'étude
pour dire que c'était bon pour l'environnement, qui est allé dire que ce serait
un frein à l'étalement urbain. Puis aujourd'hui, Mme la Présidente, bien là on
rétropédale.
Moi, honnêtement, lorsque j'ai lu, et j'invite
le ministre, parce qu'il nous invite toujours à faire des grandes lectures, là,
comme si on ne s'intéressait pas au sujet, de notre côté, la ministre des
Affaires municipales...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Vous
venez de prêter des intentions.
• (16 h 20) •
Mme Melançon : Je m'excuse, je
retire, ce n'était pas... Je ne prêterai pas d'intention... je ne prête pas
d'intention, c'est ça, vous avez tout compris, M. le député de Bourget. Donc,
la ministre des Affaires municipales, sur l'étalement urbain, c'était un peu
vaseux, la réponse qu'elle a servie à la députée de Vaudreuil lors de l'étude
des crédits du 26 avril 2022. Je m'excuse, je vais mettre mes lunettes,
là, je vais arrêter de faire comme si je voyais clair. Je ne vois pas clair pas
de lunettes. Alors, ce que la ministre disait, c'est qu'on est en train de
regarder, parce que vous savez qu'il y a la politique nationale d'aménagement
et d'urbanisme, là, et, devant les propos du ministre de l'Environnement, elle, ce qu'elle est en train de
se dire, c'est qu'on n'a pas toutes les réponses, justement, en ce sens-là
pour le troisième lien, on ne peut pas prétendre qu'il n'y aura pas d'étalement
urbain.
Moi, c'est là
où je trouve terrible qu'on nous ait proposé un premier... un premier tunnel,
c'était 10 milliards, c'était un mégatunnel, c'était la plus grosse
affaire jamais vue au monde entier. Là, on nous arrive, dernièrement, avec un
autre projet, là, c'est un bitube à 6,5 milliards de dollars. Ça va
être quoi, la prochaine invention? Ça va être quoi, le prochain truc? Toujours sans étude environnementale, je tiens à le
rappeler. Puis ça va être quoi, la prochaine fois? Ça va être super,
superbon parce que... parce qu'on a déterminé ça du côté de la CAQ?
Moi, j'ai un grave problème actuellement, puis,
tu sais, le ministre a déjà abdiqué pour le projet de loi n° 61, puis
projet de loi qui est devenu le projet de loi n° 66 parce qu'il avait été
tellement mal rédigé, où on laissait tomber les études environnementales. Ça,
ça avait été approuvé par le Conseil des ministres sur lequel vous siégez. Là,
il faut arrêter d'abdiquer, il faut être plus que jamais à l'écoute, il faut
qu'on porte une attention particulière à ces grands projets là. Ce n'est pas
vrai que faire une autoroute, c'est bon pour l'environnement, là. Il faut arrêter,
là, à un moment donné, on ne peut pas dire n'importe quoi.
Alors, moi, ce que j'invite le ministre à faire,
et ce, rapidement, c'est de se baser sur des études, lorsqu'on est capable
de... lorsqu'on veut se prononcer, et de jouer véritablement son rôle auprès du
Conseil des ministres, parce qu'actuellement, pas d'étude environnementale, pas
de BAPE. Puis on sait que, là, il va y avoir des travaux qui vont être amorcés.
Puis, au début, là, c'était : Les travaux vont être amorcés, comptez sur
moi. Ça, c'est le ministre des Transports qui dit ça aux gens de Québec puis
aux gens de Lévis. Puis aujourd'hui le ministre : Non, non, non, mais ça,
là, c'est de l'aménagement, ce ne sera pas tout à fait des travaux. Mais de
l'aménagement, ça coûte des sous, Mme la Présidente. Puis, si on n'est pas à la
bonne place, parce que les études environnementales démontrent qu'on n'est pas
à la bonne place, qu'est-ce qu'on vient de faire avec les fonds publics? On
vient de les dilapider.
Alors, je suis hypersurprise des réponses que me
donne aujourd'hui le ministre. D'ailleurs, d'ailleurs, tout à l'heure, je vous
disais, Mme la Présidente, qu'avec le nickel le maire Bruno Marchand, le
maire de Québec, n'était pas d'accord et a
sonné la sonnette d'alarme, justement, en disant : Ce n'est pas une bonne
idée de hausser le nickel actuellement. Et là Bruno Marchand, sur
le tunnel caquiste, il dit : Attention, moi, j'aimerais ça avoir une étude
d'opportunité. Attention, moi, je vois qu'il y a de l'étalement urbain.
Est-ce que le ministre va prétendre que le maire
est en train de faire peur aux gens puis qu'il ne pose pas les bonnes
questions? Parce que c'est comme ça qu'on nous retourne toujours la balle du
côté de l'opposition.
M. Charette : En fait, la collègue,
et vous avez bien fait de la rappeler à l'ordre, me prêtait des intentions,
oui, mais a tronqué beaucoup, beaucoup d'éléments de réponse et a détourné,
malheureusement...
La Présidente (Mme St-Pierre) : S'il
vous plaît, M. le ministre... M. le ministre, vous ne pouvez pas faire ce type
d'accusation là, là.
M. Charette : C'est-à-dire, je peux
démontrer...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Vous
pouvez dire... Utilisez un autre terme, s'il vous plaît.
M. Charette : ...je
peux démontrer que, malheureusement, elle a fait quelques raccourcis. On a
mentionné qu'il va y avoir un BAPE, que la procédure d'évaluation
environnementale va être entièrement respectée et que tout ça va arriver dans
l'ordre qui est prévu par la loi. L'étape où on est rendus maintenant est
l'étape qu'elle a connue lorsqu'elle était à l'Environnement et que les travaux
du REM étaient en préparation, par exemple. Il y a eu un BAPE avec des
commentaires qui nécessitaient une réponse de la part du gouvernement. Le
gouvernement a pu s'ajuster, bonifier le
projet en conséquence. Et c'est exactement ce qui va se produire dans le
dossier du troisième lien. Et c'est un dossier
qui avance bien, qui va, oui, servir la mobilité dans la région du grand
Québec, donc, de notre Capitale-Nationale,
mais qui est surtout intégré à un système de transport qui allie voies
réservées, qui allie le tramway, qui allie différents modes de transport.
Donc, on aura, au final, un projet structurant
pour la région de la Capitale-Nationale, qui est attendu par les gens de la
région, d'une part, et qui va lui servir pour les prochaines décennies. Mais,
oui, Mme la Présidente, on va faire les choses dans l'ordre et on va faire les
choses correctement.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée.
Mme Melançon : Bien, moi, je prends
la parole du ministre aujourd'hui, et ce que je comprends, c'est qu'il n'y aura
rien de substantiel comme travaux qui seront faits avant que nous ayons étude
environnementale et le BAPE. n'est-ce pas?
M. Charette : Naturellement qu'on ne
commence pas à creuser le tunnel demain matin. Il y a plusieurs étapes
préalables. Dans ces étapes-là, il y a aussi des procédures... une procédure
d'évaluation environnementale qui sera respectée. Donc, tout va se faire dans
l'ordre et tout va se faire correctement, dans le respect de nos lois et,
surtout, au bénéfice des citoyens de la grande région de Québec.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée.
Mme Melançon : Ce n'est pas tout à
fait ça que nous avait dit le ministre des Transports. Le ministre des
Transports allait beaucoup, beaucoup plus loin. Ça fait que, là, j'hésite à
savoir la parole de qui je dois prendre avant, celle du ministre de
l'Environnement ou celle du ministre des Transports.
M. Charette : Il n'y a pas de
contradiction, et le ministre des Transports a aussi mentionné qu'il allait y
avoir un BAPE, qu'il allait y avoir une procédure d'évaluation environnementale
respectée. Donc, aucune incohérence, et c'est un dossier qui fait l'objet de
discussions entre les collègues, et tous s'entendent pour dire que la procédure
d'évaluation environnementale doit être respectée.
Mme Melançon : M. le ministre, on va
changer de sujet. On va s'en aller du côté des voitures électriques, si vous le
permettez. Je lisais puis je voyais qu'à l'intérieur des mesures incitatives on
a réduit de 1 000 $ la mesure, justement, pour Roulez vert, des
voitures électriques, alors qu'actuellement, de un, l'inflation vient toucher
l'ensemble des Québécois, alors que d'acheter une voiture électrique,
malheureusement, si on rentre chez un concessionnaire, et on a eu la
conversation, il n'y a pas longtemps, avec le député de Bourget, là, ce n'est
plus un an, là, là, c'est un an et demi, puis si on est chanceux, un an et
demi.
Alors là, on retire des incitatifs, alors qu'on
devrait tout faire, justement, pour réduire les GES. Je ne trouve pas que c'est
une bonne idée. J'aimerais savoir combien d'économies, de diminuer de
1 000 $ par voiture électrique actuellement... C'est quoi, l'économie
du gouvernement du Québec?
M. Charette : Zéro. Zéro dollar. On
n'a pas fait ça dans une perspective d'économie, on a fait ça dans une
perspective où les sommes peuvent être investies dans des mesures qui vont
engendrer encore davantage de réductions de gaz à effet de serre. On n'a pas
fait ça pour économiser quelque dollar que ce soit. Et je vous rappellerais le
principe qui gouverne cette subvention-là depuis ses débuts, donc avec le gouvernement
précédent, et c'était une bonne chose aussi, c'est-à-dire de couvrir de
50 %, couvrir 50 % de l'écart entre un modèle à essence et son
équivalent électrique. C'est ce que l'on fait.
Il y a toujours plus de modèles électriques sur
le marché. Plusieurs ont déjà connu une baisse de prix. Je vais vous donner
deux modèles qu'on voit beaucoup sur nos routes et qui vont rappeler, là... la
collègue les connaît très bien, au niveau du PDSF 2022, la
Nissan Leaf, elle est...
La Présidente (Mme St-Pierre) : ...M.
le ministre. Maintenant, la parole est du côté du gouvernement. M. le député de
Bourget, vous avez demandé la parole, vous avez 17 min 12 s.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Mais vous étiez tellement bien parti avec le PDSF, là, puis, comme
j'ai vu moi-même cet exemple-là, parce que j'en ai acheté une il y a quatre ans
et je vois que le prix a baissé, j'aimerais ça vous voir continuer là-dedans.
M. Charette : En fait, oui, bien,
merci au collègue de le permettre. Donc, le prix affiché, en fait, le prix de
détail suggéré est de 37 498 $ pour le modèle 2022. Le même
modèle 2021 était à 44 298 $. Donc, c'est une baisse, là, de tout près de
7 000 $. Je pourrais donner d'autres exemples. Je vais me limiter à
la Bolt, qui est souvent citée en exemple aussi : prix
suggéré 2021, 44 998 $; prix suggéré 2022,
38 198 $. Donc, là aussi, une baisse qui est significative.
Donc, l'objectif de la subvention est maintenu,
c'est-à-dire couvrir minimalement 50 % de l'écart. Et ça n'a pas découragé
les acheteurs. Je ne sais pas si la collègue a eu le plaisir d'y aller, moi, je
m'en mords les doigts, l'agenda ne le permettait pas, mais il y a eu le salon
de la voiture électrique à Montréal. Ils attendaient
30 000 personnes. J'ai parlé au promoteur pas plus tard qu'hier. Il
me disait qu'ils en ont reçu tout près de 45 000. Donc, tout ça après que
cette subvention ait été diminuée.
Donc, l'engouement, il est là, les citoyens sont
au rendez-vous. Et la subvention, elle est maintenue jusqu'en 2027, c'est ce
qui est aussi précisé dans le budget, le principe de la subvention. Ceci dit,
il n'est pas dit que ce sera toujours le même montant jusqu'en 2027, parce
qu'encore là on va vouloir couvrir 50 % de l'écart. Mais, déjà, on s'est
engagés jusqu'en 2027 à maintenir une subvention pour favoriser l'achat des
véhicules électriques.
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député.
M. Campeau : Bien, j'aimerais, vu
que c'est une étude de crédits, parler des crédits. On a souvent dit que le
budget du ministère de l'Environnement était petit en comparaison à d'autres
ministères. Je pense qu'on ne peut pas le nier, les chiffres le prouvent, puis,
par contre, il a été augmenté de façon significative. Bon, il reste que c'est
significatif d'un montant qui n'est pas énorme, ce qui veut dire que l'argent
qu'on met en environnement est ailleurs. On
le sait, où il est, il est dans le PQI, il est dans le ministère des
Transports, etc. C'est quoi, l'avantage? Pourquoi est-ce qu'on n'a pas
le plein contrôle des crédits au niveau environnemental?
M. Charette : C'est une très bonne
question qui m'est souvent posée, disant qu'on calcule, par exemple, le montant
des crédits du ministère de l'Environnement par rapport au budget global, et,
oui, ça donne un pourcentage, compte tenu de l'importance, notamment, en Santé,
Éducation, un pourcentage qui est beaucoup plus petit. Mais la remarque, elle
est tout à fait pertinente.
Le ministère de l'Environnement, c'est d'abord
un ministère de régulation, un ministère de contrôle, donc qui se met à la
disponibilité des autres ministères. Mais, lorsqu'il est question de
programmes, dans bien des cas, ces argents-là se retrouvent dans les ministères
qui vont les mettre en oeuvre, ces programmes-là. On a parlé beaucoup de
transport collectif, on pourrait parler du traitement des eaux usées, on
pourrait parler, naturellement, de la transition énergétique. Donc, mine de
rien, je viens de vous parler de trois secteurs avec des budgets énormes en
environnement, mais qui sont transférés
souvent par l'entremise du... suite aux argents accumulés à travers notre
système de plafonnement, que ce soit aux Transports, que ce soit au
MAMH, que ce soit au MERN. Donc, il ne faut pas se limiter aux seuls crédits du
ministère de l'Environnement pour voir les efforts qui sont faits en matière
d'environnement. Mais, même si on se limitait aux crédits du ministère de l'Environnement,
depuis l'arrivée de la Coalition avenir Québec, les crédits de dépenses, ils
ont littéralement doublé. Ne cherchez pas un autre ministère qui a eu ce
privilège-là, il n'y en a pas. On a doublé les crédits de programmes pour le
ministère de l'Environnement.
Certaines années, avant notre arrivée au
pouvoir, on coupait littéralement les budgets à l'Environnement. Or, là, c'est
tout le contraire, ils sont non seulement bonifiés, mais ils sont bonifiés à un
pourcentage assez intéressant et impressionnant, je dirais.
M. Campeau : Comment est-ce qu'on
peut être certains que l'argent qui... Je vais prendre l'exemple du MERN et du
nombre de voitures électriques. Comment on peut s'assurer, dans ces cas-là, que
cet argent-là est dépensé de façon efficace et qu'on a un effet
environnemental? Comment est fait le suivi?
M. Charette : Autre question
intéressante. On se souviendra du projet de loi n° 44, qui est venu
confirmer le ministre de l'Environnement, et pas parce que c'est moi, là, actuellement,
oui, mais j'aurai un ou une successeur, là, éventuellement, mais le rôle a été
confirmé dans un projet de loi, un rôle de coordination de l'action
gouvernementale au niveau de la lutte aux changements climatiques. Et je me
suis retrouvé, d'ailleurs... j'ai pu taquiner un petit peu, et lui m'a taquiné,
le collègue aux Finances au cours des dernières semaines, parce que le plan de
mise en oeuvre II, qu'on a présenté jeudi dernier, c'est un budget en soi.
Ça veut dire, j'ai des collègues de d'autres ministères qui avaient des
demandes, qui avaient des souhaits, et il y a une certaine évaluation de tout
ça qui a dû être faite, comme le ministre des Finances le fait à la veille de
présenter son budget.
Ce qui est heureux dans le cas, et c'est aussi
le fruit du projet de loi n° 44, on a créé le
Bureau de l'électrification et des changements climatiques, donc un
sous-ministériat qui s'occupe spécifiquement de ces suivis-là et qui nous permet, un, d'avoir un travail de veille qui se
fait, mais surtout qui nous permet d'avoir l'agilité nécessaire pour
améliorer nos façons de faire et s'assurer
qu'autant ce que l'on met en oeuvre que ce que le MERN peut déployer comme
programmation au ministère des Transports — il y a plusieurs ministères
impliqués — donc,
s'assurer qu'on livre la marchandise.
Et je vais peut-être tricher un peu, profiter de
la question du collègue de Bourget pour compléter ma réponse du collègue de
Jonquière de tout à l'heure. Donc, à l'automne, oui, on fait ce premier bilan,
donc le bilan du PMO 1, mais on va aussi déposer le tableau de bord pour
le suivi des différentes mesures. Donc, ça répond et au collègue de Bourget et
au collègue de Jonquière par la même occasion.
Donc, je
reprends la séquence. Au printemps, chaque année, un nouveau plan de mise en
oeuvre, et, à l'automne, non seulement le bilan du PMO précédent, mais
une mise à jour du tableau de bord, et, comme on le fait depuis plusieurs
années aussi, la publication des résultats de l'année antérieure, en fait, de
deux ans antérieurs au moment de la présentation. Donc,
il y a un suivi, et une reddition de comptes, et une transparence comme on n'en
a jamais vu sur ces enjeux-là.
M. Campeau : Je vais changer de
sujet pour parler des aires protégées. J'avoue que, comme Montréalais, les
aires protégées, j'ai toujours trouvé que c'était une très bonne idée, mais
quand... Il me semble que ce n'est pas devenu aussi palpable qu'avec ce qui
s'est passé durant le temps de la pandémie. On s'est aperçu... Il y en a même
qui ont dit que la pandémie pouvait être due
au fait qu'il y avait des animaux qui avaient été trop près de l'homme, et
tout. Il n'y a rien eu de prouvé là-dessus, mais il y a aussi l'aspect
santé mentale, d'avoir de l'espace pour les gens, pour circuler. Mais, donc, j'ai vu que c'était venu de façon plus
directe, on le voit beaucoup plus. Je pense que les gens en sont conscients,
en tout cas, moi, j'en suis devenu plus conscient. On a finalement atteint le
17 % à la fin de 2020, puis ce que j'en comprends, c'est qu'il y a peu
d'endroits dans le monde qui l'ont atteint, les cibles qu'ils s'étaient
données. Alors là, les prochaines cibles sont reliées à quelque chose que vous
avez de la misère à prononcer, l'UICN...
M. Charette : Je me suis pratiqué.
M. Campeau : O.K. C'est beau,
d'avoir pratiqué. C'est bon, ça. C'est sa mère qui lui avait dit de pratiquer.
Il écoute sa mère, lui aussi, c'est pour ça, ça fait que... Alors, les
prochaines cibles, on a dit dans la loi, et ça, c'est assez unique, qu'on était
pour suivre les spécialistes, l'UICN. Qu'est-ce qu'on sait qui s'en vient,
qu'est ce qu'on a et quel effet ça va avoir sur les prochaines aires protégées
qui devront obligatoirement être annoncées?
M. Charette : C'est une bonne
remarque. Bien, peut-être un petit historique. On devait avoir, au départ,
cette COP sur la biodiversité il y a une année et demie, ma foi, maintenant,
COP qui a été reportée, parce qu'il faut savoir, hein, pour ceux qui nous... ceux et celles qui nous écoutent et qui sont
peut-être moins familiers, il y a une COP changements climatiques, mais il y a une COP biodiversité
également. Celle sur la biodiversité a été reportée à quelques reprises,
compte tenu, notamment, là, malheureusement,
là, des effets de la pandémie. Le calendrier qui devient plus probable à ce
moment-ci, ce serait l'automne prochain sur le côté de la Chine. Donc il y a
des discussions qui se poursuivent. Et le Québec est très bien positionné à ce
niveau-là, parce que, bon, l'expertise québécoise est reconnue, donc on fait
partie des équipes de négociation.
Et pourquoi le Québec est bien positionné? Le
collègue l'a mentionné, on est un des rares États à avoir atteint sa cible, et,
pour le Québec, c'est d'autant plus significatif que c'est la première entente
en environnement, première entente internationale en environnement qu'on a
véritablement respectée. Ce qu'on entend, possiblement 30 % de protection
du territoire, pas 30 % d'aires protégées. Ce qui se discute actuellement,
c'est vraisemblablement 10 % d'aires protégées, 20 % de mesures de
protection. Donc, ce 10 % là, on l'a déjà atteint. On est à 17 % et
on n'entend pas se limiter à ça. Et il y aurait d'autres possibilités, là,
d'autres mesures de protection. Et, en fonction de ce qui sera décidé sur le
côté de cette COP, le Québec va se déclarer lié à ces objectifs-là.
Et peut-être, pour faire sourire la collègue,
compte tenu que mon collègue me rappelait de mes problèmes d'élocution avec l'UICN,
juste rappeler à ma collègue que j'ai toujours son petit papier. Je le garde
avec moi, donc, les néonicotinoïdes. Donc,
non seulement je me suis pratiqué pour l'UICN, mais je garde ceci en tête. Et,
éventuellement, on a parlé beaucoup de protection du territoire, mais on va
parler de protection de la faune. Et la collègue devra me fournir un autre
petit truc, parce qu'on parlera éventuellement de l'aubépine ergot-de-coq, et
ça aussi, c'est un nom sur lequel je vais hésiter à plusieurs reprises au moment
de nos discussions sur ces enjeux. Donc, l'environnement demeure un excellent
exercice de diction également.
• (16 h 40) •
M. Campeau : J'aimerais parler d'un
sujet, dont on parle souvent et d'une façon qui me dérange, les aires
protégées, le nord versus le sud, le sud versus le nord. Je comprends très,
très, très bien, c'est une bonne idée d'en mettre dans le sud, je pense que
personne n'est contre ça, là, c'est une excellente idée. Mais, si on veut
atteindre un 30 %, qu'on l'appelle d'aires protégées ou de protection du
territoire, d'une certaine façon, le Québec est un peu mal fait là-dessus,
hein, le nord puis le sud. Le sud est habité, puis le nord l'est moins, puis...
Alors, je me dis : Qu'est-ce qu'on peut prévoir par rapport à ça? Parce
que je regardais qu'à partir du Lac-Saint-Jean en descendant, on a environ
20 % du territoire, mais, si on veut protéger 30 %, ça va être un peu
compliqué de le faire dans le sud seulement. Il va falloir, malheureusement ou
heureusement, mais il va falloir aller dans le nord.
M. Charette : Pas forcément,
c'est-à-dire, pour de très, très grandes superficies, c'est vrai que le nord
était plus accessible. Mais ça, j'ai insisté à chacune des fois, ces
territoires-là qui ont été protégés dans le nord, souvent, l'ont été avec des
communautés autochtones. Et toutes ces communautés-là n'acceptent pas de dire
que leurs territoires protégés ont moins de valeur que
des territoires davantage au sud. Donc, c'est un très beau travail qui a été
fait avec nos concitoyens, concitoyennes autochtones.
Ceci dit, on
avait, on se souvient, hein, ça a été évoqué, une banque de projets, on parlait
de 83, un temps, et certains, lorsque
les 17 % ont été confirmés, étaient déçus de voir que plusieurs de ces
projets-là n'avaient pas été acceptés. Moi, ce que j'ai dit et ce que je répète : Ces projets-là
n'ont pas été refusés. Dans bien, bien des cas, ces projets-là avaient été
développés au début des années 2010. Ce
que ça veut dire, depuis les années 2010, plusieurs élections municipales,
plusieurs élections au niveau québécois, bref, il y a des appuis dans les
milieux qui devaient être confirmés, qui devaient être validés, s'assurer que le milieu appuyait tout le
temps la démarche, et on progresse dans ce travail-là. C'est la raison
pour laquelle on a annoncé, depuis le début de l'année, plus d'une dizaine de
nouvelles aires protégées. Donc, on n'est plus à 81, 82, 83.
On avait annoncé, l'été
dernier, deux projets, que ce soit lac à Moïse, un petit peu plus au nord, là,
de la région de Québec, mais également l'île d'Anticosti. On a aussi dans les
cartons d'autres aires protégées, là, que l'on souhaite annoncer au cours des
prochaines... bien, je ne peux pas dire «semaines», des prochains mois, à tout
le moins. Bref, c'est une liste qui est mise à jour. Et on ne s'arrêtera
certainement pas au 17 % en question, on va continuer à progresser. Et, à chacune des fois, le but, c'est
d'aller chercher la richesse du patrimoine naturel du Québec. C'est-à-dire, si
on regarde les dernières qui ont été acceptées, il y en a eu un petit peu sur
la Côte-Nord, et, attention, la Côte-Nord ne fait pas tout le temps
partie du territoire nord-sud auquel on fait référence, mais il y a eu
l'Outaouais aussi, il y a eu Lanaudière. Donc, on accepte des projets dans les
différentes régions du Québec, qui ont chacune, ces aires protégées là, des
particularités ou un patrimoine qu'on veut mettre de l'avant au niveau naturel.
Donc, le Québec a fait littéralement des pas de géant sur cet enjeu-là au cours
des dernières années, et on ne compte absolument pas s'arrêter là.
Et d'ailleurs des projets de cette nature-là, il
faut aller chercher l'adhésion du milieu. Il faut cimenter les milieux, en quelque sorte. Et, pour ça, ça
nécessite des travaux, des réflexions. Et on a de nos collègues qui participent
encore... Je regarde, là, les collègues qui nous accompagnent cet après-midi.
Je peux parler de discussions, probablement, avec chacun, chacune d'entre vous,
que nous avons pour, justement, continuer à travailler à cimenter les milieux,
s'assurer qu'il y ait adhésion et s'assurer que les projets, une fois acceptés,
puissent être bien reçus par les milieux.
M. Campeau : Combien il reste de
temps?
La Présidente (Mme St-Pierre) : 20
secondes. Si vous voulez dire un mot de 20 secondes.
M. Campeau : Je vais dire un mot de
20 secondes. Alors, merci. Et on se reprend dans le prochain bloc à ce
moment-là. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) : D'accord.
On va réserver ces secondes qu'il vous reste. Donc, nous allons maintenant
aller du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Alors, on ne parlera
pas des néonicotinoïdes, je rassure le ministre. Donc, il peut serrer, pour le
moment, le petit billet que je lui avais remis gentiment. On fait des blagues
avec ça, mais c'est vrai que c'est très scientifique lorsqu'on parle du
ministère de l'Environnement.
Je reviens aux voitures électriques, si vous
vous permettez, M. le ministre. Tout à l'heure, j'entendais le ministre
dire : Bien, s'il y a un objectif qui a été atteint, c'est sans doute l'un
des seuls, puis... Souvent, lorsqu'on est au pouvoir, on a cette prétention-là
de dire que c'est historique, que c'est formidable, qu'on a été les meilleurs.
Mais je tiens à lui rappeler quand même que l'objectif de
100 000 voitures électriques a été atteint aussi. Et je me rappelle, lorsqu'on a lancé la norme VZE, j'avais l'immense
privilège d'être ministre de l'Environnement, tout le monde, tout le
monde se payait un peu ma gueule du côté des
oppositions, je tiens juste à le rappeler. Et je le dis avec un sourire pour
ceux et celles qui étaient là, là,
j'imagine qu'ils se souviennent de ces moments-là. Et ça a été atteint parce
qu'on était ambitieux, parce qu'on a voulu justement marquer le coup, et
l'objectif des 100 000 voitures électriques avait donc été atteint.
Cependant, aujourd'hui, là, on parlait, tout à
l'heure, de la réduction, du 1 000 $ de réduction d'incitatifs, que
le gouvernement a mis en place dans le dernier budget, avec laquelle je ne suis
pas d'accord. Puis je ne suis pas d'accord, puis, là-dessus, on peut, hein... Il faut être parfois en désaccord,
c'est une bonne chose, ça fait parfois avancer les choses. Cependant, tout à
l'heure, le ministre m'a dit qu'il n'y avait pas d'économies. Moi, je veux
juste savoir ça représente combien, annuellement, de réduire de
1 000 $, comme ça, l'incitatif. Est-ce qu'on a un chiffre?
M. Charette : Oui, tout à fait.
C'est 234 millions de dollars, donc on parle d'une somme qui est
conséquente. Et, tout à l'heure, je disais : Ce n'est pas dans une
perspective d'économies. 100 % de ces sommes-là ont été sur cinq ans,
naturellement, hein? Tout à l'heure, je parlais jusqu'en 2027, donc, ce n'est
pas 234 millions de dollars, là, juste pour le budget actuel, mais
pour la période qu'on a décidé de confirmer, soit jusqu'en 2027. Mais, je réitère,
ce ne sont pas des économies, parce que
toutes ces sommes-là sont réinvesties dans des programmes qui pourront aussi
contribuer, à moindre coût, à une réduction sans doute plus importante des GES.
Ceci dit, peut-être juste faire un petit retour
dans le temps. C'est vrai, et je l'ai toujours reconnu, la cible de
100 000 avait été fixée par le gouvernement précédent, mais, tout à
l'heure, puis ce n'était pas un reproche, quand je disais que c'était une des
premières ententes, je faisais référence à une entente internationale, auquel
le Québec s'était déclaré lié, et c'est là... ou celle sur les aires protégées,
là, devenait la première entente internationale dûment signée par le Québec,
là, qui avait été respectée. Mais la règle du 100 000, je l'attribue volontiers
au gouvernement précédent. Et je rappellerais à la collègue que ma formation
politique, notre formation politique, avait appuyé la loi sur les véhicules
zéro émission. D'ailleurs, c'est une loi qui avait été adoptée à l'unanimité,
donc on avait accompagné le gouvernement, là, dans cette démarche-là.
• (16 h 50) •
Mme Melançon : Merci, M. le
ministre. J'arrive avec une proposition, hein? Les oppositions peuvent faire
des propositions. On ne fait pas juste s'opposer, on propose. Et, très
honnêtement, depuis 2018, depuis que je suis dans l'opposition, j'ai fait de
nombreuses propositions. Alors, j'en lance une maintenant au ministre, qui veut
revoir, justement, les règlements pour les
voitures électriques. On va parler pickup. Et là je regarde la députée de
Rouyn-Noranda, qui a un pickup, puis elle dit qu'elle est en région,
puis qu'elle en a besoin, puis... Et vous savez quoi? Pour les gens, là, qui
sont en région puis qui nous écoutent, là, souvent, la voiture électrique
demeure un frein parce qu'il y a plein de monde qui ont
besoin de pickup pour travailler. Il y a plein de gens qui ont besoin du pickup
pour... à la ferme, par exemple — puis je vais prendre l'exemple — ou
encore pour aller faire des travaux plus importants, travaux de construction,
ou pour aller à la pêche, là, tout simplement, comme me le lance la députée.
Mais, dans les 10 modèles de voitures et
camionnettes les plus vendus au Québec en 2021, 44 % des véhicules vendus
sont des pickups. Là, je ne veux pas faire la promotion d'aucun pickup. Puis là
je vois des gens de l'Outaouais qui ont un pickup, puis, à un moment donné, ça
devient nécessaire, là. Mais il y a plein de gens qui sont dans leur salon puis
qui se disent : Moi, là, comment est-ce que je peux contribuer, comme citoyen,
à, justement, pouvoir faire ma part pour l'environnement? Mais il y a des
pickups électriques qui s'en viennent sur le marché. Je ne veux pas faire, je
le répète, là, je ne veux pas faire la promotion, là, mais là il y a du Ford,
il y a du Ford, il y a du Ford. En tout cas, j'ai beaucoup de Ford là-dessus,
sur mon papier. Mais, blague à part, ce sont des véhicules coûteux, on va se le
dire. Et là on ne parle pas nécessairement de voitures de luxe, c'est qu'un
pickup, c'est déjà plus dispendieux qu'une voiture.
Moi, je pense que, si on veut parler aux gens
des régions, si on a envie de leur dire : Vous pouvez nous aider avec le
bilan GES, je pense qu'il y a là une possibilité, surtout si vous réouvrez le
Règlement sur les véhicules zéro émission. Je pense qu'il serait intéressant
qu'on puisse regarder. Je regardais, là, le coût des véhicules, c'est assez
cher, là. Un Ford, ils vont m'aimer, ils vont m'envoyer un café, quelque chose,
je ne sais pas, mais un Ford XLT, qui est à partir de 68 000 $,
il y en a un autre qui est à partir de 80 000 $, puis l'autre, bien,
il est à 110 000 $. C'est cher, mais, si on est capables de faire
entrer la catégorie pickup à l'intérieur, justement, de ce qu'on veut
reconnaître, je pense qu'on va parler à des gens qui sont dans les régions, qui
ont besoin de ces véhicules-là pour travailler... plus tôt. Puis, entre vous et
moi, là, ils savent, là, ils voient le coût de l'essence, là, ils savent que ça
coûte cher à remplir, ce qui n'est pas toujours une mauvaise chose quand on veut
réaliser qu'on en brûle pas mal, de l'essence, dans une semaine, mais il faut
quand même leur arriver avec une proposition.
Alors, je dépose celle-ci auprès de vous, M. le
ministre. Je n'ai pas besoin d'avoir une réponse dans l'immédiat, et non plus
dans les médias, on pourra s'en parler, mais, pour moi, je trouve qu'il serait
très important qu'on puisse garder ça vraiment à l'oeil.
M. Charette : J'accueille la
proposition favorablement. En fait, j'ai déjà des éléments de réponse, mais
déjà lui mentionner que j'apprécie la façon dont elle a amené le sujet, parce
que, malheureusement, lorsqu'il est question d'environnement, certains vont
retenir une approche qui est très, très dogmatique, c'est-à-dire une
condamnation systématique, et je sais que ce n'est pas le cas de la collègue,
mais une condamnation des déplacements en voiture, condamnation sur certains
types de véhicules. Mais la collègue, à juste titre, a rappelé qu'on occupe un
très vaste territoire. Donc, des Mini Cooper, ce n'est pas la solution pour
tous les types de déplacements et pour tous les types de travaux. Donc, dans
certains cas, il faut — pardon — des
véhicules un petit peu plus gros pour répondre à la tâche.
Et c'est là
où on a déjà des solutions qui s'appliquent. Le programme Écocamionnage, que
mon collègue a d'ailleurs bonifié,
mon collègue aux Transports, permet une subvention de 10 000 $ pour
l'achat, notamment, de pickups, en autant qu'ils soient liés au travail,
donc plaqués F ou associés à une entreprise. Donc, les 10 000 $ en
question, c'est déjà plus généreux que la
subvention qui est offerte pour l'achat de véhicules passagers. Mais, oui, il
faut offrir des alternatives à ceux et celles qui en ont besoin, de ces
véhicules-là, parce qu'ils habitent en région, parce que leur travail le
commande. Et surtout il faut les accompagner sans le jugement, là, qui vient
malheureusement, là, de par certains groupes.
Donc, le 10 000 $ est déjà accessible.
On peut parler d'achat de véhicule. La collègue a mentionné, à juste titre,
Ford à l'occasion, sans faire de publicité. Effectivement, il faut le
reconnaître, le Ford 150, dans sa version essence, c'est un des véhicules
les plus vendus au Québec. Donc, il a maintenant son petit frère, son petit
cousin, son... peu importe, en version électrique. Et c'est là ou le programme
Écocamionnage est en mesure d'appuyer certains acheteurs, tout dépendant du
type d'usage, naturellement, qui sera fait, là, pour ce véhicule-là.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée.
Mme Melançon : En tout cas, moi, je
dis au ministre : S'il a envie de travailler là-dessus, puis s'il a envie
que je puisse peut-être me joindre à la réflexion, ça me fera énormément
plaisir.
M. Charette : ...déjà accessible, le
10 000 $, en question, est déjà accessible.
Mme Melançon : Oui, tout à fait.
Mais je ne parle pas nécessairement dans l'écocamionnage, je parle plutôt de la
façon dont on pourrait revoir pour certains autres véhicules, puis de revoir
les plafonds aussi, parce que ça, ça va être important aussi qu'on puisse le
faire.
M. le ministre, redevances sur l'eau. Lors du
projet de loi n° 102, j'avais déposé un amendement qui a été battu par la
banquette ministérielle pour que nous puissions nous engager à revoir
immédiatement les redevances sur l'eau. Actuellement et lorsque je me réfère
aux cahiers des crédits, à la question particulière n° 35,
le ministère nous dit qu'il y a, comme quantité d'eau prélevée actuellement,
attachez-vous bien, 2 368 milliards de litres d'eau, pour un total de
redevances exigées de 2,8 millions de dollars.
Je me souviens qu'en campagne électorale,
l'actuel ministre des Transports — on en parlait, honnêtement, on aurait dû
l'inviter avec nous — avait
dit qu'ils l'étaient, donc, à la CAQ, pour revoir les redevances sur l'eau.
Clairement, on est à la fin du mandat, Mme la Présidente, et nous n'aurons pas
revu la redevance sur l'eau. J'aimerais savoir pourquoi est-ce que
le ministre n'a-t-il pas voulu aller dans le sens du député de Granby, qui est
aussi ministre des Transports, et de revoir les redevances sur l'eau.
M. Charette : D'autres
bonnes questions tout à fait légitimes. J'invite la collègue à lire le
programme de 2018, et ça n'en faisait pas partie. Le collègue a partagé cette
réflexion-là, mais ce n'était pas partie intégrante du programme. Cela dit, il
est vrai que la collègue, dans le cadre du projet de loi n° 102, avait
proposé un amendement en ce sens-là. Cependant, je lui rappellerai certains de
ses propos. C'est difficile d'aborder un sujet lorsque ce sujet-là n'a pas fait
l'objet de consultations. Donc, c'était un projet... un amendement qui avait
été amené, là, sans préavis, sans qu'on ait pu en discuter et surtout,
malheureusement, sans que les nombreux groupes qu'on avait reçus en
consultations quelques semaines, quelques mois auparavant, aient pu se pencher
sur la question.
Donc, oui, l'enjeu est important. Oui, on y
réfléchit, mais on ne pouvait pas le faire tout simplement à travers le projet
de loi n° 102 sans préavis, sans même avoir la possibilité d'échanger avec
les groupes qui pourraient être interpelés par cette modification-là. Donc, je
n'en dirai pas plus, mais le projet de loi n° 102, là, n'était pas la
bonne façon de procéder.
• (17 heures) •
Mme Melançon : O.K. Mais, en tout
respect, Mme la Présidente, j'imagine que le ministre se rappelle qu'il a eu
trois années aussi pour revoir les redevances sur l'eau et qu'il ne l'a pas
fait. Et ce que je comprends, c'est qu'on peut dire n'importe quoi en campagne
électorale, si ce n'est pas écrit, on est corrects. Ça veut dire qu'on peut
aller dire n'importe quoi dans les médias puis devenir ministre des Transports
ou on peut aller dire n'importe quoi, puis, à un moment donné... C'est ce qu'il
y a quelque chose qui est infiniment troublant quand on regarde le nombre de
milliards de litres d'eau et le montant qui est perçu, qui revient à l'État,
parce que c'est l'eau des Québécois et des Québécoises, Mme la Présidente, dont
il est question. Et, actuellement, ce qu'on est en train de dire... Puis je le
sais que le premier ministre, il aime ça se comparer à l'Ontario, là, je le
sais qu'il aime ça se comparer à l'Ontario. Bien, j'invite quand même le
ministre à aller voir en Ontario la différence des coûts de prélèvement. En
Ontario actuellement, là, c'est 503,71 $ par million de litres, c'est sept
fois plus que ce qu'on perçoit ici, au Québec, pas une fois, pas deux fois, pas
trois fois, sept fois plus. Puis on est encore assis sur nos mains
actuellement, on regarde les compagnies venir pomper notre eau puis on ne fait
rien.
L'eau des Québécois puis des Québécoises... Puis
vous êtes bien placé, M. le ministre, pour le savoir, tu sais, on est en pleins
changements climatiques, on est en pleine crise climatique. Les prochaines
guerres vont se faire sur quoi? Sur l'eau. Puis je suis persuadée qu'ils vous
ont expliqué ça aussi en arrivant au ministère, parce que les gens du ministère
savent à quel point l'eau, ça devient un phénomène tellement important à
travers le monde de pouvoir protéger l'eau, parce qu'on sait que c'est une
ressource, malheureusement, là, qui a une fin.
Et, au Québec, on est chanceux, 3 % de
l'eau douce est sur notre territoire. Mais, au lieu d'agir, dans les quatre
dernières années, devant des chiffres comme ceux-là... Et je vais être très,
très honnête avec vous, M. le ministre, la journée où on m'a donné le chiffre
sur les redevances sur l'eau, là, j'ai eu un petit mal de coeur parce que je me
disais : Ça ne se peut pas. Ça ne se peut pas. Il va falloir qu'on agisse,
puis rapidement. Je n'ai pas eu le privilège que vous avez d'être là depuis trois ans. Moi, je m'attendais tout de même, après
que ce soit sorti, après qu'on ait eu les chiffres... Hein, moi, je me rappelle, là, c'est Radio-Canada, c'est
en 2018, septembre 2018, on est en pleine campagne électorale et, une
fois que les chiffres sont connus, on doit agir. Mais là on invite, dans le
fond, les grandes compagnies à venir sur notre territoire : Laissez-faire, n'allez plus en Ontario, ils vous
chargent bien trop cher. Venez chercher l'eau à peu près gratuitement
chez nous. Quand on sait que c'est 2,50 $ par million de litres d'eau ou
70 $ par million de litres d'eau, honnêtement, ils sont morts de rire.
Puis c'est notre eau, c'est notre ressource qui s'en va et qui ne revient pas.
Et c'est des compagnies multinationales qui s'enrichissent avec cette
ressource-là qui est celle qui a fait notre fierté. Puis pourquoi elle a fait
notre fierté? Parce qu'elle est associée à l'une des plus grandes réalisations
de l'homme, c'est l'hydroélectricité, notamment.
Puis vous savez comme moi que, si on est capables d'aller chercher des sommes
supplémentaires, bien, au lieu de poser un geste comme de hausser le
nickel, où tout le monde va être contre, bien, on va pouvoir aller chercher des
sommes puis on va pouvoir protéger mieux certains lacs, on va pouvoir investir
sur des plantes exotiques envahissantes, on va pouvoir poser des gestes pour
protéger mieux notre eau. Mais je ne comprends pas que les trois dernières
années... Puis, si on me dit que ce n'était pas dans le 102, on aurait pu le
sortir du 102 puis on aurait pu agir avant.
Et les redevances sur l'eau, moi, j'en parle,
là, depuis que je suis porte-parole en matière d'environnement, là. J'en ai
parlé à plusieurs reprises. Moi, j'ai tenté de l'amener dans le 102 parce que,
vous savez quoi?, c'était un projet de loi mammouth. C'était le premier projet
de loi mammouth. Et, pour ceux et celles qui nous suivent, là, un projet de loi
mammouth, ça veut dire qu'on peut aller pas mal dans toutes les directions. On
est tellement allés dans toutes les directions... Mme la Présidente,
d'ailleurs, c'est vous qui présidiez ces travaux-là sur une durée assez longue,
parce qu'on a fait près de 100 heures pour le projet de loi n° 102.
Mais, tu sais, on est allés sur les barrages, on est allés chercher un
équilibre, on a voulu donner un tronc commun, on a été sur l'élagage des
arbres, on est allés... on est allés dans toutes les directions, mais on m'a
dit que, la redevance sur l'eau, ça ne pouvait pas rentrer dans un mammouth.
Moi, je pense qu'on a le devoir de mieux
protéger notre eau avec les chiffres que nous avons actuellement. Et je le
rappelle, je comprends qu'à un moment donné on veuille regarder ce que fait un
peu le voisin, parce que le ministre va sûrement me dire que son ami et
collègue de l'Économie va lui dire : Ah! mais il faut que tu regardes
qu'est-ce qui est fait, tu sais, chez le voisin, sinon la productivité...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois vous interrompre ici, Mme la députée. Alors, nous allons maintenant du
côté de Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Vous avez
14 min 20 s
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens quand même à le préciser, j'ai un camion, mais
c'est pour des besoins très utilitaires. Et, si j'avais accès à des camions en
autopartage, je serais la première heureuse, comme bien
des gens chez moi qui nous empruntent régulièrement le camion pour charrier du
bois de poêle, charrier des balles de foin, déménager une laveuse puis une
sécheuse. Donc, ça, c'est quelque chose qui pourrait faire une grande
différence, parce que des alternatives aux gros véhicules en autopartage,
c'est, à l'heure actuelle, totalement inexistant. Et je tiens à dire que j'ai
une voiture électrique et que nous comptabilisons toujours qui fait le plus de
millage et qui va donc rouler avec la voiture électrique.
Cela dit, j'ai remarqué que, dans le nouveau
plan de mise en oeuvre, le soutien à la biénergie est passé de
125 millions à 158 millions. C'est une augmentation de
33 millions. J'aimerais savoir pourquoi cette bonification.
M. Charette : D'abord,
j'apprécie la remarque de la collègue sur son propre usage, et je sais qu'elle
en a besoin, et je sais que c'est la réalité de plusieurs personnes. Cependant,
de façon très gentille et amicale, je ferais remarquer que sa formation
politique, malheureusement, manque de nuances dans certains cas lorsqu'il est
question d'usage de SUV, utilisation des routes, et autres. Donc, de façon très
amicale, je lui dirais que je comprends sa réalité, je comprends qu'elle a
besoin de ce type de véhicule là, mais qu'elle n'est pas la seule et que, dans
les régions, selon le travail que l'on fait, selon les distances que l'on
parcourt, souvent, l'alternative 100 % électrique ou encore l'alternative
100 % transport collectif n'est pas disponible. Donc, il faut comprendre
la réalité du Québec. Ceci dit, par rapport à la question...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée.
Mme Lessard-Therrien : ...me
permettre de rebondir là-dessus, Mme la Présidente, avant qu'on rentre sur la
question de la biénergie, parce que, pour comprendre les réalités du Québec, je
pense que je suis très bien placée, et ma formation politique, elle est très
bien placée aussi. Quand vous dites qu'on manque de nuances, nous, on vous a
surtout parlé dernièrement d'interdire les publicités qui font la promotion des
véhicules polluants. Et ça, la seule chose que ça va faire, c'est que ça va
moins faire sentir aux gens que, pour mettre leur famille en sécurité, que pour
gravir des montagnes, que pour traverser des rivières, chose qu'on ne fait
jamais, qu'on a besoin d'avoir des gros camions puis des gros SUV, puis que les
gens, là, qui en ont fondamentalement besoin, d'un camion, pour leur travail,
pour leurs besoins, ils n'ont pas besoin de se faire bombarder par des
publicités constamment pour leur faire accroire qu'ils ont ces besoins-là. Ça
fait que, sur la question des nuances, en tout cas, je pense qu'on ne
s'entendra pas là-dessus.
Mais moi, Mme la Présidente, j'aimerais quand
même que le ministre réponde à ma question sur le soutien à la biénergie.
Pourquoi avoir augmenté de 33 millions cette enveloppe-là?
M. Charette : Naturellement, je
me dois de répondre à l'affirmation de la collègue, dans un premier temps, au
niveau du choix des véhicules. Et c'est là où, de façon très amicale, je disais
que sa formation politique n'est pas dans les nuances, malheureusement. Elle
condamne, notamment, l'entretien de nos routes. Ces pickups dont elle fait
allusion, qui sont nécessaires pour bien des gens, pour leur travail, ils
doivent rouler quelque part et ils roulent sur des routes. Et, lorsqu'il y a un
investissement au niveau de l'entretien de ces routes-là, on est en déficit
d'entretien de façon importante, malheureusement, au Québec, c'est là où on
reçoit les reproches de Québec solidaire. Donc, c'est là où, de façon très
amicale, je l'invitais à une certaine nuance.
Cela dit, pour ce qui est de la question, tout
aussi pertinente, ce ne sont pas... Je ne pourrais pas dire que ce sont des
sommes supplémentaires. C'est des sommes qui, à l'année 1, n'avaient pas
été utilisées, qui ont été reportées sur l'année 2. Mais on parle
essentiellement d'un projet qui a été salué par de nombreux spécialistes en
matière de réduction de gaz à effet de serre, c'est-à-dire une entente, je sais
qu'elle ne fait pas le bonheur de Québec solidaire, mais qui donne des
résultats intéressants, c'est-à-dire l'entente entre Hydro-Québec et Énergir.
Pourquoi cette entente-là? C'est fort simple. Il
y a quelques périodes de pointe au Québec pour lesquelles le réseau ne pourrait
pas supporter une demande encore plus forte en matière d'électricité. Donc,
plutôt que de fournir ou de développer le réseau pour quelques périodes de
pointe spécifiques qui coûteraient des milliards de dollars, donc adapter le
réseau pour quelques périodes de pointe, on est arrivés à cette entente
réellement formidable, je pèse mes mots, avec Hydro-Québec avec... entre
Hydro-Québec et Énergir pour que cette pointe-là puisse être assurée par
Énergir. Sans oublier...
La Présidente (Mme St-Pierre) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Charette : Sans oublier que
le gaz naturel sera de plus en plus renouvelable au fil des années. Donc, ça
explique un petit peu le budget auquel fait référence la collègue.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée.
Mme Lessard-Therrien : Donc, je
comprends qu'il y a une partie de ces sommes... En fait, je vous repose la
question peut-être de manière plus claire. Est-ce que ces sommes ou une partie
de ces sommes vont servir à compenser Énergir pour la baisse de ses ventes de
gaz?
M. Charette : Je ne veux pas
induire la collègue en erreur, je m'informe. Peut-être poser une autre question
dans l'intervalle, puis je lui reviendrai. Mon dernier souhait est de l'induire
en erreur, là, par ma réponse.
• (17 h 10) •
Mme Lessard-Therrien :
Bien, la réponse, elle m'intéresse vraiment.
M. Charette : Tout à fait.
Mme Lessard-Therrien : Donc, je
vous poserai une autre question, en attendant, sur un autre sujet. Là, c'est
plate, on ne peut pas suspendre, parce que j'ai besoin que le ministre soit
quand même attentif.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce que vous voulez donner la
parole à un de vos... au sous-ministre adjoint?
M. Charette : Je ne veux pas
pénaliser la collègue sur son temps. Donc, allons-y d'une autre question, puis
je pourrai vous revenir avec la réponse.
Mme Lessard-Therrien : Merci.
Ça fait cinq ans que la réforme de la Loi sur la qualité de l'environnement a
été réformée, nous rappelait le Centre québécois du droit de l'environnement
dans une publication en mars dernier. Dans son livre vert, le ministre de
l'Environnement énonçait que l'un des objectifs de la réforme était d'améliorer
l'accès à l'information pour le public. Il y a un seul article qui demeure non
en vigueur après cinq ans, l'article 118.5, qui établit un registre sur
les autorisations ministérielles. Or, les organismes environnementaux réclament
depuis longtemps la mise en place de ce registre. Qu'est-ce qu'attend le
ministre pour mettre en place ce registre sur les autorisations ministérielles
promis il y a cinq ans?
M. Charette : Je peux demander,
parce que la question est très, très spécifique, à mes collègues, peut-être, de
me fournir un petit élément de réponse à ce sujet-là. Mais j'ai la réponse de
la question précédente. Donc, ça, je ne peux lire ça en cinq secondes. C'est...
Oui, la question précédente, là...
Une voix : ...
M. Charette : D'accord. Le
montant auquel la collègue faisait allusion, c'est une subvention qui est
disponible pour que les gens puissent se procurer des appareils en bioénergie
justement pour réduire leur empreinte en matière d'émission de gaz à effet de
serre. Donc, c'est des argents qui sont disponibles pour les citoyens et
citoyennes.
Mme Lessard-Therrien : Donc,
quelqu'un qui voudrait installer une fournaise ou des appareils qui
fonctionneraient... des appareils pour une cuisinière ou un frigo, par
exemple, qui fonctionneraient au gaz pourraient être subventionnés pour le
faire?
M. Charette : Non. Là, on en
est au niveau du chauffage. N'oublions pas qu'on a adopté un règlement au
niveau du mazout. On n'a plus le droit, au niveau résidentiel, d'installer de
l'équipement au mazout. Ça, c'est une des nouveautés, là, de la réglementation
au cours de la dernière année. Et là on parle de chauffage. Donc, ce n'est pas
la cuisinière au gaz, ce n'est pas le frigidaire au gaz, là, c'est réellement
pour de l'équipement qui permettrait, justement, la bioénergie, là, pour le
chauffage d'une résidence.
Mme Lessard-Therrien : Puis
pourquoi ne pas plutôt... Parce qu'à partir du moment où on subventionne des
gens pour continuer de fonctionner au gaz, on crée toujours de la demande pour
plus de gaz. Pourquoi ne pas évaluer d'autres options comme les accumulateurs
de chaleur, l'efficacité énergétique de nos résidences? Il me semble qu'en
2022, si on veut atteindre nos objectifs de carboneutralité, continuer de
subventionner des systèmes qui fonctionnent aux énergies fossiles, ce n'est pas
réaliste.
M. Charette : Je... J'explique.
Je vais tenter d'expliquer avec d'autres mots. Cette entente-là vise à répondre
à des besoins spécifiques. Mais ce n'est pas toute l'action... ce n'est pas
résumer toute l'action d'Hydro-Québec. On a mis, avec Hydro-Québec, en place un
programme d'efficacité énergétique qui est, d'ailleurs, fort important, mais
surtout fort populaire. Mon collègue, je l'entends constamment répéter que
l'énergie la moins chère est celle qu'on n'utilise pas. Donc, c'est un principe
à la base de l'efficacité énergétique. Donc, autant à travers le MERN qu'à
travers Hydro-Québec, il y a beaucoup, beaucoup d'efforts qui sont faits au
niveau de l'efficacité énergétique. Mais, dans certains cas, l'entente... pas
dans certains cas, l'entente entre Énergir et Hydro-Québec nous permet de faire
des gains substantiels, là, dans notre objectif et notre défi de réduire nos
émissions de gaz à effet de serre. Et ça avait été chiffré, ce que ça pouvait
représenter en termes de tonnage de GES réduit. Et là aussi je vous donnerai la
réponse dans quelques instants, convaincu qu'on pourra me la souffler à
l'oreille.
Mme Lessard-Therrien : Combien
de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
vous reste quatre minutes.
Mme Lessard-Therrien : O.K.
Merci. Je veux juste être certaine de comprendre. Est-ce que ça veut dire qu'Énergir va recevoir, finalement, une quelconque
forme de compensation de fonds publics pour installer des systèmes qui
vont favoriser la biénergie?
M. Charette :
Ça a été mentionné publiquement, donc ce n'est pas un secret, Énergir va
recevoir une certaine compensation de la part d'Hydro-Québec, mais c'est
beaucoup, beaucoup moins cher que si Hydro-Québec aurait dû développer son
réseau pour répondre à ces quelques périodes de pointe qui surviennent par
grand froid, on le devine, l'hiver. Donc, c'est une entente... C'est pour ça,
je me souviens, autant le Pr Pineau que d'autres spécialistes en matière
de réduction de gaz à effet de serre ont eu l'occasion de se pencher sur cette
entente-là et l'avaient saluée comme étant très innovante, comme étant très,
très innovante et surtout, surtout, comme étant une grande source de réduction
de gaz à effet de serre.
Mme Lessard-Therrien :
Mais moi, je veux... Il y a quelque chose qui ne me rentre pas dans la
tête, là. Énergir, c'est une entreprise privée. Pourquoi est-ce qu'on aurait
besoin de la soutenir financièrement?
M. Charette :
Je ne veux pas reprendre totalement les mêmes mots, mais ça a été expliqué
par plusieurs spécialistes en la matière. On vient compenser en partie Énergir
au niveau de ses pertes, mais ces sommes-là sont beaucoup moins importantes que
ce qu'Hydro-Québec aurait dû investir pour développer son réseau pour qu'il
puisse répondre à 100 % des périodes de pointe, là, qui surviennent dans
une année. Donc, en termes d'argent, on est gagnants. Mais, plus intéressant
pour le débat qu'on a cet après-midi, en termes de GES, on est gagnants. Donc,
ces sommes-là économisées servent à autre chose, et on vient réduire de façon
assez significative nos GES. Je ne sais pas si j'ai le chiffre, ce que ça peut
représenter comme réduction de GES. Je vous... Sinon...
Mme Lessard-Therrien :
Il y a quand même quelque chose qui ne me rentre pas dans la tête sur la
question du principe, là. Je veux dire, c'est comme si le ministère de la Santé
lançait une grande campagne pour promouvoir une saine alimentation puis que,
là, tout d'un coup, on aurait Lay's ou n'importe quelle compagnie de chips qui
dirait : Bien là, vous allez me nuire dans mes ventes de croustilles, puis
sachez que moi, en vendant des croustilles, je contribue à ce que les gens ne
vivent pas de famine. Puis là on les compenserait. J'ai de la misère à
comprendre pourquoi est-ce qu'on doit, avec des fonds publics, compenser une
entreprise privée qui émet des GES. On ne le ferait pas dans n'importe quel
autre secteur. Pourquoi, là, il faudrait le faire?
M. Charette :
Bien, deux, trois petits éléments de réponse. Une qui est, pour moi,
fondamentale, c'est que chaque gain est important, là. Cette entente-là
représente 250 000 tonnes de GES réduites année après année. Donc,
c'est significatif. Ça fait partie de notre bilan. Et, juste au niveau de la
compensation ou de la subvention, c'est le citoyen qui la reçoit. Donc, c'est
le citoyen qui est compensé pour soit une transformation de son système de
chauffage ou pour les coûts, là, qu'il a assumés. Mais, encore une fois, pour
moi, ce n'est pas parce que c'est une entreprise privée qu'elle ne peut pas faire
partie de la solution, au contraire, là. Et ça a été salué. Puis, comme je veux
dire, notre débat, cet après-midi, c'est en très, très grande partie sur la
réduction des gaz à effet de serre. Et cette entente-là...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici, M. le ministre.
Maintenant, nous allons du côté de l'opposition officielle. C'est Mme la
députée de Verdun? Mme la députée de Verdun, vous avez 19 minutes.
Mme Melançon :
Oui. Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'ai une petite question
pour le ministre, qu'il va peut-être trouver amusante au départ, mais qui ne
l'est pas tout à fait. J'aimerais savoir si le ministre sait combien ça coûte,
actuellement, un quatre litres de lait.
M. Charette :
Ça dépend où on l'achète. Moi, chez... Bien, je ne dirai pas où je vais
l'acheter au dépanneur, lequel, mais je suis, à peu près, à 6,50 $. Je dis
le quatre litres, là. Nous, on achète les trois sacs de lait, là. Je ne sais
pas si c'est ça, quatre litres. Ça fait que 6,50 $, j'arrondis.
• (17 h 20) •
Mme Melançon :
Achetez-en beaucoup, parce qu'à ce prix-là c'est une aubaine. Je vous le
donne exactement, et la source, c'est le IGA de Châteauguay, en fin de semaine,
c'est 9,49 $.
M. Charette : Bien, j'encourage la
collègue à magasiner, parce qu'il y a possibilité de l'acheter moins cher
que ça.
Mme Melançon :
Alors, cela étant dit, cela étant dit, à 9,49 $ pour un quatre litres
de lait, je ne pense pas que le souhait du ministre, actuellement, ce soit que
les familles du Québec soient obligées de payer plus cher pour le lait. Et vous
allez comprendre, M. le ministre, où je m'en vais, là, je m'en vais sur la
consigne. J'imagine que vous avez eu diverses rencontres dernièrement. Moi,
j'ai fait des rencontres avec, notamment, les gens d'Agropur et les gens du Conseil des industriels laitiers du Québec. Et ces
gens-là, ce qu'ils nous disent, c'est qu'avec la consigne,
malheureusement, il y aura une augmentation
du coût du lait qui est une augmentation d'autour de 10 %. Donc, si je
prends le montant du quatre litres à 9,49 $ et que j'ajoute
10 %, donc 0,95 $, on est rendu à 10,44 $ pour quatre litres de
lait. Je pense que les familles sont déjà aux prises avec l'augmentation, avec
l'inflation. Et entendez-moi bien, parce que, des fois, vous êtes un peu
ratoureux et vous allez vouloir me mettre des petites paroles dans la bouche,
qui ne seront pas les miennes, je suis d'accord avec la consigne...
Des voix :
...
Mme Melançon :
S'il y a des gens qui ont envie d'échanger avec nous, je les invite à venir au
micro ou à se faire élire. Mais ce que je vous propose, M. le ministre, à ce
moment-ci, c'est de juste réfléchir. Avec l'augmentation, avec l'inflation,
avec ce que vivent les familles, pour moi, là, il y a quand même une
préoccupation. Et je sais que les producteurs de lait, notamment, ont envie de
vous dire qu'il ne s'agit pas d'une boisson, hein, il s'agit d'un aliment. Le lait, c'est souvent comme ça que ça nous est
expliqué, il ne s'agit pas d'une boisson, il s'agit d'un aliment, d'un
aliment qui est nécessaire dans notre quotidien. Vous le savez, vous, vous
avez... vous avez des enfants, vous avez même des petits-enfants, à quel point
c'est nécessaire.
Donc, actuellement, il y a un consensus qui se
fait auprès d'Agropur et du Conseil des industriels laitiers du Québec, mais
aussi auprès de l'Association québécoise de récupération des contenants de
boissons, tout le monde est d'accord à dire : On devrait sortir les
cartons de lait pour qu'on puisse continuer à poser le bon geste et l'envoyer
au recyclage. Est-ce que le ministre est
ouvert à cette idée-là? Parce que moi, je suis inquiète, là, je me
disais : O.K., peut-être que les gens d'Agropur, c'est ce qu'ils
veulent. Mais peut-être est-ce que ça ne tiendra pas la route avec ce qu'on
peut faire avec la REP, avec toute la nouveauté qui a été mise sur pied. Mais
les gens de l'AQRCB, j'ai de la misère avec ça,
vous voyez, vous, c'est d'autres mots, à chacun son mot. Bien, eux, ils me
disent : Non, non, non, on serait capables, même dans le montage
financier, d'arriver puis de continuer à faire poser le bon geste aux Québécois
parce qu'actuellement il y a différentes problématiques si on veut s'en aller
avec le lait, notamment pour les détaillants qui nous parlent de salubrité,
d'odeur, de vermine. Et là, tu sais, on n'est pas dans... on n'est pas dans de
la bouteille d'eau qui revient, là. On est quand même dans du lait. Est-ce
qu'il y a une ouverture de la part du ministre de retirer, justement, les
cartons de lait de la consigne?
M. Charette : Je
comprends l'analogie de la collègue, c'est amené de façon habile. Mais
peut-être juste rectifier ou, à tout
le moins, amener certaines informations. Le quatre litres n'est pas consigné.
Nous, la consigne qui a été adoptée, là, c'est réellement pour les
contenants de 100 millilitres à deux litres. Et le quatre litres, ce sont
des sacs de plastique qui, même à deux litres et moins, ne seraient pas
consignés. Donc, je comprends que c'est juste une analogie, là, mais les
exemples cités, là, ne sont pas des contenants qui seront consignés.
Sinon, on se souvient, le calendrier qui avait
été discuté au moment du projet de loi portant sur l'enjeu, on se souvient
aussi qu'on avait accordé des délais supplémentaires pour ce qui est du
multicouche. Je devine que c'est davantage au multicouche que la collègue fait
référence. Donc, on travaille toujours dans la perspective de l'intégrer au
système de consigne élargie. Mais on se souvient, là, que c'était minimalement
deux ans après l'entrée en vigueur du règlement. Et ça, c'est peut-être une
bonne nouvelle qu'on peut confirmer, là, cet après-midi, très, très confiant
que ce règlement-là puisse être édicté au cours des prochaines semaines, mais
le multicouche s'était vu donner un délai supplémentaire. Donc, oui, on
maintient l'orientation, mais en réitérant, là, qu'il y aura un temps plus
grand pour l'industrie pour s'adapter à cette nouvelle consigne élargie.
Mme Melançon : D'accord. Et,
pendant qu'on est sur la consigne, lorsque j'ai parlé avec l'Association
québécoise de récupération des contenants de boissons, ces derniers m'ont parlé
quand même des délais, délais tout court, là. Puis, je le répète, je suis
d'accord avec la consigne. Moi, ce que je veux, là, c'est que ça marche. Il
faut que ça fonctionne. Il ne faut pas qu'on arrive dans un nouveau processus
puis que les Québécois puis les Québécoises, là, s'aperçoivent que ça ne marche
pas puis qu'on s'est plantés, qu'on a... Vous savez, la première... la première
impression est toujours très, très
importante, surtout lorsqu'on relance un secteur qui a eu certains... certaines
problématiques.
On me parle des délais, puis ce qu'on m'a dit du
côté de l'AQRCB, c'est que, justement, avec les délais, ça ne fonctionne pas.
Actuellement, là, on demande... Ça aura pris, je ne sais pas, 12 mois,
écrire un règlement. Puis on voudrait que l'implantation de tout le système se
fasse en six mois. Ils trouvent ça très court. Ils ne demandent pas une
extension très prolongée, mais où, quand même, je suis d'accord avec eux, c'est
lorsque l'on voit que, pour déployer l'OGD, il va falloir faire de la location
de local, de l'embauche. On est en pleine pénurie de main-d'oeuvre, là, je
tiens juste à le rappeler ici. Il va falloir implanter 1 500 dépôts,
où on va avoir, bien sûr, des ententes aussi à signer. On va devoir acheter du
matériel, de l'équipement. Et actuellement il n'y a pas que nous qui sommes en
train de réviser la consigne, Mme la Présidente. En Amérique du Nord puis en
Occident, là, il y a plein d'autres endroits qui sont en train de moderniser la
consigne. Et l'achat d'équipement, actuellement, là, c'est minimalement
12 mois pour obtenir... pour obtenir les nouveaux équipements. Il va
falloir acheter des camions. Tantôt, je parlais des voitures électriques, là,
où c'était long pour recevoir sa voiture. Je peux vous dire que, pour les
camions, c'est la même chose. Ils doivent faire de l'achat. Actuellement, avec
la pénurie, on parle de 12 mois d'attente. Ça prend des changements de
zonage dans plusieurs villes pour pouvoir, justement, venir implanter les
nouveaux dépôts. Et des changements de zonage, dans certaines villes, bien, ça
peut aller entre 12 et 18 mois pour faire ce zonage-là. Donc, j'aimerais
juste savoir avec le ministre : Est-ce que sur le délai, il y a eu une
ouverture de sa part? J'imagine qu'il est en échange avec l'AQRCB.
M. Charette : Merci à la
collègue pour la question. Et je la remercie aussi d'avoir cheminé, je le
dirais comme ça, dans la bonne direction, parce que, lorsqu'il y a quelques
mois j'ai annoncé qu'on reportait de six mois, j'ai eu droit à quelques tweets
de la collègue qui me reprochait ce report-là. Mais je m'étais permis de la
taquiner parce qu'on s'aime bien. Je lui ai dit : Six mois, c'est mieux
que 30 ans, parce que c'est essentiellement les retards qu'on a connus
dans cette réforme qui est attendue depuis une trentaine d'années. Donc, je
salue le cheminement de la collègue.
Donc, oui, on a annoncé un report de six mois.
Ça, c'est l'automne dernier. Donc, on se souvient, au départ, ça devait
s'implanter à la fin 2022. Là, on parle du printemps 2023, donc six
mois plus tard, mais je mentionnais aussi que la réglementation devrait être
édictée dans les prochaines semaines. Et, oui, il y a des discussions. Donc, je
n'exclus pas encore un report supplémentaire de quelques
mois, les discussions vont le confirmer, mais dans tous les cas, dans tous les cas, je partage l'objectif de la
collègue, c'est qu'il faut que ça fonctionne. Il faut que cette réforme-là,
immensément importante, avec beaucoup
d'impact sur ce que l'on enfouit malheureusement actuellement dans les lieux
d'enfouissement technique, avec aussi
cette garantie que l'on doit donner aux consommateurs et aux consommatrices qui
paieront tantôt 0,10 $, tantôt 0,25 $, donc... Et elles ont et
ils ont droit à ce remboursement-là. Donc, pour ça, il faut que le système
fonctionne. Donc, c'est ce que l'on est en train d'ajuster au niveau de la
réglementation. Mais je salue, là, l'ouverture de la collègue et je l'apprécie.
Mme Melançon : Moi, la seule
chose que je souhaite, c'est que ça puisse fonctionner. Là où j'en avais,
c'était sur les délais pour les règlements. Et c'est là où je suis d'accord
quand même avec l'association, c'est de dire : Ça va avoir pris tellement
de temps pour pouvoir écrire le règlement, puis encore faut-il qu'il soit bien
écrit, là, je suis d'accord là-dessus. Moi, c'était plus là-dessus où je
taquinais le ministre en disant : Bien, il avait déjà prévu quelque chose, déjà, il est en train de lui-même
s'autoretarder. C'était plus là-dessus. Moi, c'est plus sur le livrable pour
l'association, pour l'OGD, dans le fond.
• (17 h 30) •
M. Charette : Je tiens à
rassurer la collègue à ce niveau-là. La loi est maintenant adoptée, le
règlement a été prépublié il y a quelques mois, mais, malgré tout, il y a des
rencontres à toutes, toutes les semaines avec les différents interlocuteurs. Et
ces interlocuteurs n'avaient pas et n'ont pas à attendre l'édiction du
règlement parce qu'ils savent que la loi est adoptée. Donc, ce sont des gens
qui se sont mobilisés, qui continuent de se mobiliser, qui, oui, nous ont fait
valoir certaines préoccupations, mais on travaille tous dans l'objectif, là, de
faire de cette réforme-là un succès.
Mme Melançon : Rapidement.
Merci, M. le ministre. J'ai ma collègue de Vaudreuil qui a déposé en
décembre 2020 un projet de loi public. Dans le fond, c'est le projet de
loi n° 695, Loi visant à fixer une norme pour la concentration maximale de manganèse dans l'eau potable. Et le
règlement, c'est le Règlement sur la qualité de l'eau potable. Donc,
c'est au ministère de l'Environnement. Je veux juste rapidement rappeler qu'il
y a une situation qui est assez troublante à Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
que vous connaissez, parce que c'est dans votre comté. Non, à côté, à côté.
Collé, collé, collé.
M. Charette : Pas loin, mais
pas dans mon comté.
Mme Melançon : D'accord. Alors,
tout près de votre comté. Et, moi, en ce sens-là, M. le ministre, ce que
j'aimerais savoir, c'est est-ce que vous comptez appeler ce projet de loi parce
qu'actuellement, là, il y a une véritable problématique. Et, lorsqu'on parle de
manganèse, on sait très bien que ça peut attaquer tout l'aspect neurologique,
là, chez l'être humain. Alors, c'est vraiment... on est en santé publique en
même temps. Je sais qu'il y a une norme au fédéral; il n'y a pas de norme au
provincial. Est-ce que le ministre entend appeler ce projet de loi n° 695
qui a été, donc, déposé en décembre 2020?
M. Charette : Ça m'amène à revenir
sur un des éléments, là, que la collègue mentionnait, c'est-à-dire qu'on n'a
pas, par exemple, adopté une loi sur la redevance sur l'eau. De façon très,
très candide, je dirai qu'il va rester du travail
à faire pour le ou la prochaine ministre de l'Environnement. On n'aura pas tout
réglé dans le cadre de ce mandat-ci, bien
qu'on en a fait beaucoup. Mais bonne nouvelle, par contre, pour ce qui est du
manganèse, ça ne nécessitera pas l'adoption d'une loi mais bien l'ajout d'une norme au niveau de la réglementation.
On a adopté un projet de loi omnibus, là, il y a quelques semaines
maintenant, mais il y a... et on avait d'ailleurs discuté de la question. Il y
a des omnibus réglementaires en
environnement qui seront prépubliés dans les prochaines semaines, les prochains
mois, qui seront édictés par la suite. Et la question et la notion de
manganèse font partie de ce prochain omnibus. Donc, oui, on peut rassurer les
gens. Il y aura une protection supplémentaire, là, sans doute assez rapidement
avec l'édiction de ce règlement-là.
Mme Melançon : Parfait. Je continue
avec un autre projet de loi que j'ai moi-même déposé pas plus tard que la
semaine dernière. Je n'ai pas entendu le ministre tellement sur le sujet. Dans
le fond, ce que je proposais la semaine dernière, c'est un projet de loi pour
inscrire le droit à un environnement sain parmi les droits fondamentaux de la
Charte des droits et libertés. Actuellement, bien sûr que le droit à un
environnement sain apparaît, mais il n'est pas dans les droits fondamentaux.
J'aimerais savoir ce qu'en pense le ministre, d'un projet de loi comme
celui-là.
M. Charette : L'idée est
certainement... le principe de l'idée est intéressant. Cependant, je viens tout
juste, tout juste de donner l'exemple du manganèse. On avait un projet de loi
de déposé, on a finalement retenu l'approche réglementaire pour arriver aux
mêmes fins. Donc, l'idée est intéressante. Il reste à savoir comment
l'incarner. Est-ce que c'est à travers l'adoption d'un projet de loi, ou
l'intégrer à la réglementation, ou l'intégrer à un prochain projet de loi?
Bref, c'est une évaluation, là, qui est en train de se faire, mais je remercie
la collègue, là, pour sa contribution.
Mme Melançon : Bien, je l'ai dit,
Mme la Présidente, tout à l'heure, moi, je fais des propositions, je ne fais
pas de l'opposition. Et c'était exactement en ce sens-là où je déposais ce
projet de loi là. Je veux juste vous dire qu'on peut le regarder d'un sens ou
de l'autre, mais, si on veut vraiment faire de l'environnement un droit
fondamental, ce n'est pas par règlements, parce que, là, il faut vraiment aller
dans la charte. Et j'ai eu plusieurs appuis. Parce que l'environnement fait
maintenant — et
ça, c'est quelque chose qui est plus fort que jamais — partie
vraiment intégrante de la vie des gens. Tu sais, on a parlé... et on l'a
entendu souvent, il y a des gens qui sont écoanxieux.
Et
mon passage au ministère de l'Environnement m'a complètement transformée, et
j'espère que ça vous aura aussi transformé. Parce que, pour moi, oui, il y a
une forme d'écoanxiété, en disant : Est-ce qu'on est capable d'en faire
plus? On doit en faire plus. Puis ce n'est pas pour moi que je suis anxieuse,
c'est pour mes enfants. Puis moi, je n'ai pas la chance que vous avez. Puis je
me donne du temps, là, je parle à mes enfants, je parle à mon garçon de 16 ans, je ne suis pas pressée à être
grand-mère, mais ce que je veux, c'est pour mes enfants puis mes futurs petits-enfants.
C'est à eux à qui je pense lorsque je parle d'environnement. Puis c'est pour ça
que, pour moi, de reconnaître le droit à un environnement sain à un droit
fondamental, ça devient tellement important, tellement imprégné.
D'ailleurs, je ne
sais pas si le ministre entend venir marcher dimanche, fête des Mères, ici, à
Québec, il y a Mères au front qui seront à Québec, qui vont marcher, pas contre
la CAQ, pas contre le ministre de l'Environnement, ils vont marcher pour l'avenir, pour l'environnement. Et, vraiment, je
lui tends la main, je serai présente. Et, si ça lui dit de venir marcher
en ce beau dimanche de la fête des Mères et de se joindre à nous, il sera le
bienvenu, parce qu'il faut s'unir plus que jamais. Le rapport du GIEC, les
rapports du GIEC nous le disent plus que jamais, là, il y a une urgence
climatique, et je pense qu'on doit être unis.
Donc, pour moi, c'est
exactement en ce sens-là où j'ai voulu déposer le projet de loi la semaine
dernière. Si le ministre est intéressé, moi, je vous le dis, là, un, deux,
trois, c'est fait, là. Je le dis, je le dis, puis avec le sourire. Parce
qu'honnêtement quatre articles, si le ministre est sérieux en disant que ça
peut être intéressant, moi, je le dis, là, on va aller voir le leader du
gouvernement puis on va lui mettre un sourire dans le visage, parce qu'il va
pouvoir faire un crochet de plus dans sa longue liste, et on pourra... on
pourrait adopter ça ensemble. Pour moi, c'est vraiment un pas de géant si on
est capable de faire ça et ça pourrait peut-être aussi nous protéger contre
certaines décisions qui, parfois, sont prises pour des raisons qui
m'apparaissent encore nébuleuses, je vais le dire comme ça, là, mais,
notamment, offrir un environnement sain, ce serait aussi de penser aux gens de
Limoilou.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois vous interrompre ici, Mme la députée. Alors, M. le député de
Jonquière, vous avez la parole maintenant pour 14 min 20 s.
M. Gaudreault :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Nous avons adopté deux motions unanimes
l'automne dernier, le 6 octobre et le 9 décembre, sur la transition
juste. Le Québec, d'ailleurs, a... j'essaie de trouver le bon terme, là, je dis
«consenti», là, mais... en tout cas, adhéré à la déclaration de Glasgow
également sur la transition juste. Et les deux
motions unanimes, notamment la deuxième, parlent d'un groupe de travail
interministériel et paritaire entre travailleurs et employeurs sur la
transition juste. Moi, les informations que j'ai m'indiquent qu'il n'y a aucune
réunion qui a été tenue, il n'y a pas eu aucune interpellation des syndicats ou
des représentants des groupes d'employeurs sur ce comité... ce groupe de
travail, je veux reprendre les bonnes expressions, là, selon les motions.
Alors, j'aimerais savoir c'est quoi, l'intention du ministre à cet égard.
M. Charette :
Bonne question, bon sujet également. Sans vouloir contredire le collègue,
j'ai personnellement pris part à deux rencontres avec le patronat et la FTQ sur
cet enjeu-là pour justement préparer un petit peu la suite des choses. Donc,
personnellement, j'ai pris part à deux rencontres. À travers tout ça, il y a
notre collègue ministre du Travail qui a aussi initié une démarche sur les emplois
et les changements climatiques. Donc, il y a aussi des travaux qui ont été initiés et amorcés à ce sujet-là. Et
la question arrive au bon moment. Pas plus tard qu'hier j'étais avec des
gens que le collègue connaît bien, de
COPTICOM, qui aussi travaillent sur cet enjeu-là. Et, encore hier, on essayait
de regarder comment faire progresser les travaux. Donc, la démarche,
elle est bel et bien entamée.
• (17 h 40) •
M.
Gaudreault : Mais les rencontres que le ministre dit qu'il y a eu, je
veux juste bien démêler les affaires, là, est-ce que c'est à travers le CPMT,
là, et le ministre du Travail, votre collègue, qui a annoncé un programme... un
appel de projets pour de la formation en vue de la transition écologique? Parce
que, si c'est ça, ce n'est pas l'esprit de l'ensemble de l'oeuvre en matière de
transition juste, là.
M. Charette :
En fait, ce n'est pas ça. Moi, je n'ai pas participé aux travaux de la
commission... du comité paritaire, là...
M.
Gaudreault : ...des partenaires du marché du travail.
M. Charette :
Voilà. L'acronyme m'échappait. Donc, moi, personnellement, je n'ai pas
participé à ces travaux-là. Les deux
rencontres auxquelles je faisais référence, c'étaient réellement des rencontres
avec des représentants de la FTQ. Il y a plusieurs syndicats impliqués
dans cette mouvance internationale là, mais, disons-le, au Québec, c'est
beaucoup la FTQ qui porte le dossier. Donc, une rencontre avec des
représentants de la FTQ et des représentants du Conseil du
patronat pour justement établir un petit peu la suite des choses. Et
hier, avec COPTICOM, c'était davantage de regarder quel serait le calendrier au
cours de la prochaine année. On s'entend, là, que c'est une démarche sur
quelques...
M. Gaudreault :
O.K. Mais juste me donner une idée du calendrier, là. Ces rencontres dont
vous parlez avec la FTQ et le Conseil du patronat, c'était avant les fêtes ou
après les fêtes?
M. Charette :
Je ne me souviens plus des dates. C'était avant les fêtes. Je me souviens,
d'ailleurs...
M. Gaudreault :
Bien, c'est ça. C'est que, là, on est rendu au mois de mai, la session
parlementaire achève. Ce n'est pas... ça fait longtemps, là, qu'il y a eu ces
premières rencontres là. Puis moi, j'ai constaté, je dois vous dire, avec
beaucoup de déception que, dans le plan de mise en oeuvre que le ministre a
annoncé la semaine passée, il n'est aucunement
fait mention de la transition juste, d'aucune manière. On l'a essayé à
plusieurs reprises, là, «transition juste», entre guillemets,
«transition juste», en tout cas, on l'a... puis, non, ça n'apparaît pas. Alors,
s'il n'y a pas de volonté exprimée et répétée de fois en fois sur la transition
juste, l'importance que ça représente en termes de dialogue social...
Là, Mme la Présidente, on est rendu le
4 mai, il nous reste quelques semaines à peine avant, dans le fond, le
déclenchement de la campagne électorale. Après ça, on se retrouve à la COP27.
Et est-ce que ça veut dire que le gouvernement du Québec, quel qu'il soit, s'il
n'y a rien de fait avant, on va se retrouver avec les mains vides en termes de reddition de comptes sur l'engagement qu'on a
pris en matière de transition juste à Glasgow? Moi, je veux que le
Québec soit exemplaire à cet égard, comme on a été exemplaire, je pense, avec
tout plein de réserves, là. Mais, sur BOGA, sur l'adhésion à BOGA, bien là il faut qu'on soit exemplaires sur la
transition juste. Puis ce n'est pas vrai que deux rencontres
préparatoires avant les fêtes puis une rencontre de travail avec COPTICOM, que
j'adore et que je salue, que c'est de répondre à l'attente et à la demande.
Alors, moi, ma question est bien précise. Est-ce que le ministre, d'ici
juillet, on va dire, il va reconvoquer de façon formelle une première réunion
du groupe de travail interministériel et paritaire sur la transition juste?
M. Charette : Tout à l'heure,
je parlais des deux rencontres auxquelles j'ai personnellement participé, mais
le comité des partenaires du marché du travail a aussi tenu deux rencontres
auxquelles je n'ai pas assisté. J'ai un petit peu le fruit de ces travaux-là.
Mais, dans le PMO, il y a aussi des argents qui sont attribués. On parle de
16,8 millions de dollars pour la
formation de la main-d'oeuvre pour, justement, adapter le marché du travail aux
réalités des changements climatiques. Donc, il y a une première réponse,
là, de tout près de 17 millions de dollars.
Et ce que je mentionnais hier à mon
interlocuteur, là, de COPTICOM, c'est que le défi, c'est de bien faire les choses, mais c'est de comprendre la réalité du
Québec. On a, il y a quelques semaines à peine, évoqué, du côté de
l'Ouest canadien, les milliers d'emplois qui sont associés à l'industrie des
hydrocarbures et ce que ça pourrait représenter de les requalifier. Le défi du
Québec... bien, c'est-à-dire, pas le défi, la situation du Québec, on n'a pas
d'équivalent. On n'a pas de secteurs qui, dans les années à venir, vont
complètement s'effondrer. S'il y en avait, on avait... On a déjà, au Québec,
une tradition que d'autres États n'ont pas, puis, je veux dire, ce n'est pas
propre au gouvernement actuel, c'est une tradition, là, qui était tout à fait
justifiée et qui s'est développée sur plusieurs années. Lorsqu'on a une
entreprise qui est sur le point de fermer, il y a déjà des programmes d'aide,
il y a déjà des argents disponibles pour la requalification,
pour l'aide à la recherche d'emploi. Donc, ces mécanismes-là existent déjà. Ils
continuent de s'appliquer, naturellement.
Et je ne veux pas en rien minimiser l'intention qu'on a de travailler à
l'objet, là, de la question, c'est-à-dire la transition juste, mais on
est dans une position très, très différente de certains États pétroliers ou qui
ont le charbon, par exemple, comme industrie...
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre, il faudrait équilibrer les réponses.
M. Gaudreault : C'est parce
qu'en tout respect pour le ministre je vais lui parler des travailleurs de Rio
Tinto de ma circonscription. Avec l'arrivée de la technologie ELYSIS, on n'est
pas dans le domaine des hydrocarbures, là, mais ELYSIS, c'est beaucoup moins
d'emplois que la production d'aluminium avec la technologie actuelle. Et je
pense que le ministre est au courant, dans ma propre circonscription, il y a
des travailleurs forestiers ou des travailleurs du secteur des pâtes et papiers
qui seront touchés par la transition juste. Alors, moi, Mme la Présidente, je
ne suis pas ici pour dire : On va s'adapter quand on va frapper le mur
puis que les emplois vont tomber. Ce comité interministériel et paritaire
vise... Et, pour moi, le CPMT n'est pas la bonne réponse à ça. C'est correct,
là, ce que le CPMT fait, mais le comité est plus large que ça. C'est qu'il faut
anticiper ce qui s'en vient, faire un dialogue social avec les partenaires sur le
milieu, dans le milieu, dans les régions, pour, après ça, faire des
investissements en transition pour les travailleurs et éviter les pertes
d'emplois pour éviter de se retrouver dans des chocs entre les travailleurs et
le gouvernement. Alors, moi, je reviens avec ma question. Est-ce que le
ministre peut nous dire qu'il va lancer officiellement une première rencontre
du groupe de travail interministériel avant... Je lui donne jusqu'au
8 juillet, c'est le jour de ma fête. Alors, il a l'habitude de me faire des
cadeaux à ma fête, là, l'année passée, j'en avais eu un gros. Alors, est-ce que
ça pourrait être la même chose?
M. Charette : Enfin, le
calendrier des rencontres, je ne le connais pas, mais les travaux se
poursuivent. Et le fameux comité auquel fait référence le collègue, c'est une
démarche parmi d'autres au niveau de notre intention, là, de travailler à cette
réalité de la transition juste. Mais par rapport à l'exemple qu'il donne, c'est
là où je reviens avec les outils du gouvernement du Québec en général. Que l'on
ait en tête cette idée nécessaire de transition juste ou pas, lorsqu'on a une
entreprise qui est en difficulté, lorsqu'on sait qu'il y a des emplois qui sont
menacés, il y a déjà plusieurs programmes,
notamment au Travail, tantôt à l'Éducation, qui permettent cette
requalification ou cette recherche d'emploi là. Donc, au niveau du tissu
social ou de protection, on a déjà des outils supplémentaires, mais il faut...
malgré tout, malgré cet avantage-là qu'on a au Québec, il faut continuer de
réfléchir à la question de la transition juste, et c'est notre intention de
poursuivre les travaux à ce niveau-là.
M. Gaudreault :
O.K. En tout cas, je vais continuer d'insister auprès du ministre d'ici les
prochaines semaines parce que ma perception, Mme la Présidente, c'est qu'à
travers les réponses que... parce que j'ai posé les mêmes questions
à votre collègue du Travail aux crédits Travail hier, puis là je vous pose
encore les mêmes... mais je pose au ministre les mêmes questions. Je relis le
plan de mise en oeuvre, il n'y a aucune mention de la transition juste. Ma
perception, c'est que le gouvernement saisit mal ce que représente la
transition juste parce que nous sommes justement une société dont les
travailleurs ne sont pas dépendants des hydrocarbures ou du charbon. Mais ça ne
veut pas dire pour autant qu'il n'y a pas des enjeux de transition juste pour
nos travailleurs puis nos travailleuses, notamment dans ma région, mais dans plein d'autres régions, je pense aux travailleurs
de la pétrochimie dans l'est de Montréal, je pense aux travailleurs forestiers, je pense à plein de
travailleurs partout à travers le Québec. Alors, il ne faut pas qu'on se
retrouve...
Une voix : ...
M. Gaudreault :
Oui, mais il ne faut pas qu'on se retrouve face au mur, puis là être obligé
de faire face à des pertes d'emplois. Là, on le sait, là. On est-tu capable
d'agir un peu en amont puis préalablement, avant qu'on se retrouve face à des
travailleurs qui perdent leur emploi à Jonquière ou ailleurs au Québec?
M. Charette :
Peut-être juste un petit élément de réponse, je n'avais pas l'information
tout à l'heure. Et je sais que ça ne couvrira pas tout, mais ce fameux groupe
de travail, là, des partenaires du marché du travail, la prochaine rencontre
est prévue pour le 10 mai, donc dans quelques jours...
M. Gaudreault :
Le CPMT? Oui, mais...
• (17 h 50) •
M. Charette :
Oui, bien, comme je dis, ça couvre un volet, ça ne couvre pas tout. Mais ce
volet-là continue ses travaux.
M. Gaudreault :
Mais c'est ça que je dis, c'est la mauvaise perception, on nous ramène
toujours au CPMT. Puis la déclaration de Glasgow sur la transition juste va
beaucoup plus loin que ça. Alors, je répète, quel que soit le prochain ou la prochaine ministre, je ne voudrais
pas qu'au nom du Québec elle arrive les mains vides, cette personne-là,
à la prochaine COP, qui aura un suivi sur la
transition juste. Alors, j'invite le ministre à me faire un beau cadeau de fête
pour début juillet avec une vraie rencontre du comité interministériel. Il me
reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il vous reste 1 min 30 s.
M. Gaudreault :
1 min 30 s encore. Puis là je termine parce que c'est mon
dernier bloc. On a adopté une supermotion avec un groupe de jeunes, mi-avril,
là, qui parlait de faire un groupe de travail horizontal, inclusif,
participatif, transparent pour créer un comité-conseil jeunesse permanent. On
leur dit quoi aujourd'hui?
M. Charette :
Je me souviens avoir eu... et merci de l'invitation, là, d'avoir eu
l'occasion de les rencontrer. Puis je ne
veux pas tomber dans la politique, mais le premier, premier réflexe que j'ai eu
quand j'ai vu cette motion-là, c'est de regretter la disparition du Conseil
permanent de la jeunesse. Ça aurait été, ma foi, la tribune parfaite pour
intégrer un volet environnemental. Ça n'existe plus, on fait avec, puis on est
en train de réfléchir à voir comment honorer cette motion-là, c'est notre
intention. C'est des jeunes, dans certains cas, qu'on avait rencontrés à
Glasgow également, donc qui ont démontré une mobilisation, là, tout à fait
honorable. Donc, je n'ai malheureusement pas de réponse en termes de
calendrier, mais rassurer les jeunes en question, on y réfléchit. Il faut juste
trouver comment intégrer l'esprit de la motion maintenant qu'on n'a plus cette
instance-là qui était le Conseil permanent de la jeunesse.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : 15 secondes pour conclure, M. le député.
M.
Gaudreault : J'accepterais deux cadeaux de fête. Alors, voilà. Merci.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, maintenant, c'est la prochaine intervention, la
députée de Verdun. Vous avez 19 minutes.
Mme
Melançon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, rapidement, M. le
ministre, parce qu'étude des crédits veut
aussi dire un petit peu de chiffres où on est un peu plus pointus. Donc, je
vais y aller doucement pour que les équipes
puissent me suivre aussi, là. Je comprends que le ministre ne peut pas avoir en
tête chaque ligne. Je voudrais avoir des précisions sur des contrats qui
sont mentionnés à la question générale n° 5, plus
précisément pages 11 et 23 sur 34. On retrouve, à l'intérieur de ces
pages-là, trois contrats qui totalisent 72 000 $. C'est des contrats
qui ont été donnés gré à gré. Premier contrat, 24 000 $ au conseil
stratégique en ressources humaines pour la rédaction de descriptions d'emplois
et conseils sur l'organisation du travail. Un autre 24 000 $, je le
répète, ça a été donné gré à gré, à Jean-Charles Denis pour rédaction de
descriptions d'emploi pour des emplois professionnels de complexité supérieure.
Un autre 24 000 $ à Lynn Lord pour rédaction des descriptions
d'emplois d'encadrement et de niveau professionnel. Alors, j'ai une question
toute simple, là, pour le ministre, là. Il me semblait qu'il y avait des
ressources humaines au ministère.
M. Charette :
Peut-être juste... parce que mon dernier souhait, c'est de pénaliser la
collègue dans son temps de parole, peut-être d'y aller d'une autre question le
temps qu'on vérifie, parce que, sinon... je serai bien honnête, je n'ai pas ce
type de détails là en tête, donc je ne veux pas pénaliser la collègue, là, dans
son temps de parole.
Mme Melançon : C'est
parfait. On va y aller ainsi, M. le ministre, comme ça, on sera en mesure de
prendre en rafale les réponses. J'aimerais
donc vous amener toujours là, à la question générale 5, sur les contrats
accordés par le ministère, plus
précisément la page 10 de 34. Alors, on y retrouve un contrat de
5 500 $ pour les conférences Sonia Lupien incorporée pour une
conférence intitulée Comment se déconfiner... sans trop stresser!Je
voudrais juste savoir plus de détails sur
les circonstances de cette dépense. Est-ce que vous connaissez... est-ce que
vous avez assisté à la conférence?
M. Charette : Non, je n'y ai pas
assisté, mais il va possiblement toujours avoir un décalage au niveau des
questions et des réponses. Donc, j'y vais de votre première question et j'aurai
le détail pour la seconde ensuite.
Mme Melançon : Parfait.
M. Charette : Ce n'est pas
inhabituel de recourir à des contrats au niveau RH qui sont plus spécialisés,
pour lesquels le ministère n'a pas l'expertise toujours. Donc, c'est réellement
en appui pour définir des descriptions de tâches, préparer l'avenir, en quelque
sorte, au niveau des besoins en ressources humaines. Donc, ce n'est pas
inhabituel, ce ne sont pas non plus des
montants, là, qui sont très, très, très importants, mais ça aide le ministère,
justement, à mieux gérer, là, ses
ressources humaines. Et on parle d'un ministère avec quand même beaucoup
d'employés, hein? C'est à peu près
2 100 employés au niveau du ministère. Donc, c'est là où une
planification adéquate, avec l'expertise d'une firme externe, à
l'occasion, avec des montants, là, des contrats qui sont, somme toute, très,
très raisonnables, devient nécessaire.
Mme Melançon : C'est quand même...
vous en conviendrez, là, c'est quand même... puis je comprends qu'en bas de
25 000 $, là, c'est tout à fait correct d'y aller en contrats de gré
à gré, mais vous conviendrez quand même que c'est beaucoup d'argent, là,
72 000 $ pour de la rédaction de descriptions d'emplois. J'aimerais
surtout connaître une chose, M. le ministre. Qu'est-ce qu'on entend par des
emplois professionnels de complexité supérieure?
M. Charette : Est-ce que vous êtes à
votre première ou à votre deuxième question?
Mme Melançon : Oui, toujours à la
première question à laquelle vous étiez en train de me répondre.
M. Charette : Est-ce que vous
permettez d'avoir une réponse du sous-ministre?
Mme Melançon : Bien sûr, ça va me
faire plaisir d'entendre M. Croteau.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le sous-ministre, veuillez-vous nommer et votre titre, s'il vous plaît.
M. Croteau (Marc) : Marc Croteau. Je suis sous-ministre au ministère de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Au niveau
des professionnels dans la fonction publique, il y a le professionnel et il y a
deux possibilités d'avoir une reconnaissance particulière qui ramène aussi une
bonification de la rémunération. Il y a le professionnel avec une expertise
puis il y a le professionnel avec émérite. Le niveau d'encadrement, de la
délimitation du nombre de professionnels qui sont émérites et/ou de complexité
supérieure est normé à l'intérieur d'une direction... d'une directive, pardon,
du Conseil du trésor. Donc, il faut revoir ces postes-là assez régulièrement
pour s'assurer, un, qu'on respecte le quota qui a été déterminé par le Trésor
et, deux, pour s'assurer que les postes qui sont reconnus, c'est vraiment des postes
qui méritent, à ce moment-là, la bonification salariale associée à un poste
émérite ou à un poste expertise.
Mme
Melançon : Parfait. Merci, merci. Est-ce que
72 000 $, là, c'est quelque chose qu'on voit souvent? Est-ce
qu'habituellement, d'une année à l'autre, il y en a plus que ça ou...
M. Croteau (Marc) : Bien, en fait, le 72 000 $, ça représente grosso
modo l'équivalent d'un ETC, hein, d'une personne qui est venue nous
accompagner. Le ministère est à revoir, pour moderniser les descriptions
d'emploi. D'ailleurs, on va aller encore plus loin, on est en train aussi de
cartographier des processus pour voir s'il y a des dédoublements, pour assurer
une efficience du service à la population. Donc, ça se peut effectivement, là,
qu'il y ait d'autres contrats qui sont octroyés au cours de
l'année 2022-2023.
Mme Melançon : Parfait. Merci
beaucoup. Je vais continuer pendant que vous cherchez... ah!
M. Charette : J'ai peut-être la
réponse sur l'autre question.
Mme Melançon : Bien, allez-y.
M. Charette : Naturellement, la
pandémie a bouleversé beaucoup, beaucoup de milieux de travail. Le ministère de l'Environnement n'y a pas échappé,
donc il a eu recours à cette expertise-là pour anticiper ce que les
employés peuvent vivre dans un contexte de télétravail, avec le stress que ça
peut engendrer, préparer un éventuel retour au travail en personne avec le
stress que ça aussi, ça peut engendrer. Donc, c'est réellement, là, pour aider
l'ensemble de l'équipe du ministère, là, à composer avec cette inconnue qu'a
été longtemps la pandémie.
Mme Melançon : Parfait.
J'aimerais maintenant vous amener dans les dépenses de formation du ministère
qui sont diffusées directement sur le site du ministère de l'Environnement.
Pour le trimestre d'octobre à décembre 2021, on retrouve une dépense... ce
n'est pas énorme, là, c'est 3 165 $ pour un atelier portant sur les
préférences cérébrales.
M. Charette : ...
Mme Melançon : Oui, moi aussi, j'ai
fait un peu ces yeux-là, M. le ministre. J'aimerais juste en savoir un peu
plus, là, puis comprendre le lien avec le ministère de l'Environnement.
• (18 heures) •
M. Charette : On va se laisser
quelques petites minutes, ou sinon peut-être même demain, si la collègue le
permet, là. Si je ne l'ai pas aujourd'hui, je m'engage à fournir la réponse,
là, demain, lorsque les crédits se poursuivront.
Mme
Melançon : Aucun problème, M. le ministre. Allons donc à la
question particulière 159 qui concerne les demandes d'accès à
l'information. Vous le savez, Mme la Présidente, l'accès à l'information, c'est
au coeur de la transparence. Et, l'année
dernière, le ministère n'a pas respecté les délais prescrits par la loi d'accès
à l'information dans près de 27 % des cas. C'est plus du quart des
demandes d'accès à l'information. La loi est claire, hein, l'article 47 le
dit, sur la loi de l'accès à l'information qui stipule que les délais de
réponse est de 20 jours et que le ministère peut demander un délai
additionnel de 10 jours. J'aimerais surtout savoir par le ministre ce
qu'il compte faire pour corriger la situation. Est-ce qu'il va assigner de
nouvelles ressources? Qu'est-ce qu'il va faire? Parce que, quand même, le
quart, c'est assez important.
M. Charette : C'est une autre très,
très bonne question. C'est beaucoup un problème de volume. On a énormément de
demandes de ce type-là. Oui, on veut mieux faire et on regarde, là, dans les
prochaines semaines pour améliorer, et je dis, vraiment, avec des mots bien
pesés, prochaines semaines, donc ce n'est pas un calendrier qui est obscur ou
qui est indéfini. Donc, on regarde dans les prochaines semaines comment
améliorer les pratiques à ce sujet là. Mais, à la base, c'est réellement une question
de volume, avec toujours plus de demandes d'accès à l'information. Et souvent
c'est des questions qui sont complexes à répondre, ce n'est pas juste une
transmission de documents ou autre, il y a des analyses puis des informations
plus poussées qui sont nécessaires de colliger, mais on est conscients, là,
qu'il y a place à l'amélioration à ce sujet-là.
Mme Melançon : Parfait. J'aimerais
simplement savoir... Le ministre dit qu'il y a plus de demandes. C'est dû à
quoi, ce nombre de demandes là qui est plus grand?
M. Charette : Est-ce qu'on
permet au...
Mme Melançon : Bien sûr.
M. Charette : C'est gentil,
merci.
M. Croteau (Marc) : Il y a plusieurs éléments, Mme la Présidente, qui
viennent... D'abord, on a parlé des contrats tantôt, je vais faire un petit
bout là-dessus pour vous dire que, parmi ces éléments-là, on veut revoir aussi
les rôles et responsabilités. Et tout ce qui touche la loi d'accès à
l'information, c'est le volume, et ce qu'on a remarqué avec la pandémie, et là
ce n'est pas scientifique, mais on présume qu'il y a plus d'yeux puis de
«zoreilles» sur le terrain, et le volume de demandes d'accès à l'information a
été très important durant cette période.
Il y a aussi le fait... et je vais terminer
là-dessus parce que je pense que la question de la députée de... Mme la
députée, elle est au courant que beaucoup des demandes d'accès à l'information,
c'est de l'information qui nécessite aussi un lien avec la direction régionale.
Parce que le dossier est en région, parce qu'on est un ministère qui est
grandement régionalisé, déconcentré, et c'est un des éléments qui faisait en
sorte aussi qu'on a de la difficulté à rencontrer les échéanciers serrés. Quand
il y a eu la réforme, Mme la Présidente, de la loi d'accès à l'information,
dernièrement, on a fait des propositions, nous autres aussi, de voir si on
pouvait avoir différents délais, en lien avec le volume qu'on a à... et puis
non, on nous a refusé. Donc, on veut mettre en place, là, une structure qui va
être capable de répondre plus adéquatement au grand volume qu'on a.
Mme Melançon : Je pense que
c'est une bonne chose, parce que je regardais, quand même, c'est autour de
13 000 demandes, là, qui avaient été... qui avaient été soumises
auprès du ministère... et je comprends, là, que c'est beaucoup, mais on a quand
même une loi à laquelle on ne peut pas déroger. Donc, pour moi, c'était
important d'obtenir ces précisions-là.
Mme la Présidente, simplement pour mon
information, c'était environ cinq minutes?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
vous reste 8 min 10 s.
Mme Melançon : Écoutez, on a du
temps, on ne se peut plus, on est contents. J'aimerais vous amener à la
question n° 4 des règlements... des renseignements,
dis-je, généraux qui concerne l'organisation des conférences de presse et
événements. On a, à l'intérieur, donc, de cette rubrique, une consultation
publique sur la zone d'intervention spéciale. C'est celle
de Drummondville, c'est pour le site d'enfouissement, donc, la zone
d'intervention spéciale située sur le territoire de la ville de Drummondville,
et ça avait lieu le 24 août 2021. La consultation a coûté près de
48 000 $. Moi, où j'ai sursauté, notamment — et
vous me permettrez simplement de reprendre la bonne ligne — c'est
en audiovisuel. On est à 29 036,10 $ pour un événement. J'aimerais
savoir c'était quoi, l'audiovisuel à 30 000 $?
M. Charette : Est ce que...
Libre à la collègue...
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre.
M. Charette : ...mais
on pourrait aussi revenir soit plus tard ou demain pour pouvoir ventiler, là,
ces montants-là. Honnêtement, je ne pourrais pas, là. On a quelques
informations, on pourra peut-être compléter...
Mme Melançon : Allons-y avec
les quelques informations, quand même, là.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M. Croteau.
M. Croteau (Marc) : Mme la Présidente, je n'ai pas le détail complet de tout
ça. Ça a été une organisation complexe parce que la première location de salle
a été refusée par le locateur la journée avant. Donc, on a été obligés de
republier l'avis et de reconvoquer les gens.
L'audiovisuel,
je vais revenir avec les coûts en détail, mais, grosso modo, c'est qu'il y
avait la location de la salle, ça, ça
fait partie du 48 000 $, l'audiovisuel devait aussi permettre que la
rencontre se tienne en présentiel et aussi en virtuel. Donc, c'est sûrement ces éléments-là qui ont
occasionné des coûts, mais je vais revenir très rapidement demain avec
le détail.
Mme Melançon : D'accord. Moi,
je n'ai rien contre le fait qu'on puisse aller faire, bien sûr, des
consultations publiques, là...
M. Charette : Et on se souvient
de l'importance de l'enjeu dans la région en question. Donc, on s'est donné
tous les moyens pour rejoindre tous les gens interpellés et intéressés à y
participer. La dernière chose que l'on souhaite lorsqu'il y a des enjeux
sensibles ou qui génèrent beaucoup de réactions, c'est de laisser entendre
qu'on n'a pas fait tout le nécessaire pour rejoindre tout le monde. Donc, il y
a des efforts supplémentaires qui ont été faits, mais on pourra revenir avec
plus de détails, là, au besoin.
Mme Melançon : Mais ce n'est
pas parce qu'on fait tous les efforts que les gens sont plus d'accord avec ce
qu'on fait, hein?
M. Charette : Tout à fait.
C'est exact.
Mme Melançon : O.K., parfait.
Mais ça, je vous le dis, là, je vous le télégraphie : On va y revenir
demain, donc soyez prêt...
M. Charette : C'est bien.
Mme Melançon : ...pour Drummondville
demain, parce que, je tiens à le rappeler, Mme la Présidente, avec les
décisions qui ont été prises par le ministre de l'Environnement, mais aussi par
le ministre de l'Agriculture, parce que c'est dans sa région, et par le député
de Drummond—Bois-Francs,
il y a de l'opposition, beaucoup, beaucoup, pour le site d'enfouissement. On va
y revenir demain, là, personne n'est content. Les élus de la ville ne sont pas
contents, la MRC n'est pas contente, les citoyens ne sont pas contents. Et
j'espérais juste qu'on ne me réponde pas qu'on avait fait un gros show de sons
et lumières, pour essayer de vendre la chose plus facilement, aux couleurs de
la formation politique du ministre.
M. Charette : Peut-être, si ma
collègue le souhaite... peut-être un autre élément de réponse.
Mme Melançon : Oui.
M. Charette : Je n'avais pas eu
l'occasion. Pour ce qui est de dimanche, c'est la fête des Mères. J'ai
beaucoup, beaucoup de mères que j'apprécie dans mon environnement et j'ai aussi
un autre événement prévu. Donc, je remercie l'invitation
de la collègue, mais ce sera pour une autre fois. Et on a l'habitude, Mme la
Présidente, de se taquiner, là, je le dis à l'avance, je vais taquiner ma collègue. Cette invitation-ci, je ne
peux pas, malheureusement, mais, si elle a un autre concert de Gregory Charles, je l'aime beaucoup, moi aussi,
donc elle pourra m'inviter, et j'y assisterai à ses côtés avec grand
plaisir.
Mme Melançon : Avec des taquineries
comme celle-là, Mme la Présidente, vous comprenez qu'on n'a pas besoin d'ennemi
dans la vie.
M. Charette : Bien non, on est des
amis, vous le savez bien.
Mme Melançon : Cela
étant dit... Non, bien, je vais en profiter, je vais le dire, parce que le
ministre, des fois, il se trouve drôle sur des choses comme celle-là. Moi, je
n'ai pas la même définition de taquinerie que lui. Parce que de faire le
«front-page» du Journal de Montréal avec un événement dans lequel je
félicitais et je donnais une tape dans le dos aux gens de la santé, qui en ont
besoin... Je ne sais pas si, dans son comté, il est au-dessus de tout ça, là.
Et moi, je trouve ça plate, je vais le dire, je trouve ça cheap de la part du
ministre, ce qu'il vient de faire, mais, cela étant dit, je vais le prendre
pour ce que c'est et je vais passer à d'autres choses parce que je vais devenir
maline, alors...
La Présidente (Mme St-Pierre) : ...
Mme
Melançon : Merci. Merci, Mme la Présidente, parce que
c'était, en effet, un excellent concert que Gregory Charles nous a livré
aux gens de la santé. J'ai pu remettre une médaille de l'Assemblée nationale à
tous les travailleurs de la santé. Et je tiens à le redire du fond du coeur,
toute la gratitude pour ce qu'ils ont fait au cours des deux dernières années.
Ça n'a pas été facile et c'était tout à fait mérité. Et c'est exactement ce à
quoi sert une députée, de pouvoir féliciter des gens qui ont fait un travail
formidable. Et, si c'était à refaire demain matin, bien, je referais exactement
la même chose, je tiens à le dire, avec tout mon coeur.
Et ça me permet justement de remettre les pendules
à l'heure, parce que, s'il y a eu confusion, je vais le dire ici, s'il y a eu
confusion avec une personne qui a parlé sous le couvert de l'anonymat à un
journaliste... et ça a été démontré, c'est le CIUSSS qui a fait une erreur dans
l'envoi d'invitations, c'est un gestionnaire qui a envoyé la mauvaise invitation auprès des gens. Alors, je
tenais à le dire ici, mais c'est ça, c'est ça, des taquineries comme celles-là,
M. le ministre, honnêtement, vous auriez pu la garder pour vous. Et j'ai dit la
même chose au ministre du Travail aussi hier, puis je lui en ai parlé. Puis,
lui, j'ai déjà dit de lui qu'il était un gentleman, mais, quand il y en a qui
soufflent des réponses comme celles-là, je trouve ça vraiment cheap.
Alors, j'attends toujours une réponse portant
sur la dépense de 3 165 $ pour l'atelier portant sur les préférences
cérébrales. Est-ce qu'on a une réponse pour moi?
• (18 h 10) •
M. Charette : Comme je le
mentionnais tout à l'heure, c'est une information très, très précise, qu'on
pourra vous fournir demain, là, sans problème.
Mme Melançon : Bien, on est aux
crédits. On est quand même à l'étude des crédits...
La Présidente (Mme St-Pierre) : 45 secondes.
Mme Melançon : ...donc j'espère que
je pourrai obtenir cette demande-là, qui est tout à fait légitime. C'est
dommage, en 45 secondes, ça nous donne peu de temps pour revenir, mais
sachez que, demain, on va pouvoir parler plus
en profondeur du Plan pour l'économie verte, notamment. J'ai déjà dit :
L'agrandissement du dépotoir de Drummondville, les gens qui sont à
l'écoute, si vous avez des questions pour le ministre, ça me fera vraiment
plaisir, à Drummondville... Et voilà, on aura une autre session de travail
demain. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous allons
passer du côté du gouvernement. Vous avez 17 min 13 s, M.
le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la Présidente.
Alors, avant d'aller à Drummondville, demain, moi, je veux parler à la fois et
de la consigne et de la collecte sélective, parce que j'ai l'impression que les
séparer... évidemment, c'est deux sujets différents, mais, en même temps, c'est
une... ça touche les mêmes matières, alors c'est relié.
Alors, je voulais rappeler qu'au début du
mandat, on a parlé de mandat d'initiative qui avait été accepté par le
gouvernement, puis ça m'a donné l'occasion de voir ce que c'était qu'un mandat
d'initiative, parce que je n'avais jamais vu ça auparavant, et j'avais trouvé
ça fort intéressant et fort utile. Et là on avait fait ça, ce mandat
d'initiative là, sur le verre. Et, quand on regarde ce qui se passait et ce qui
se passe encore, qu'on mêle toutes les matières dans le même bac vert — sans
faire de jeux de mots, même si, normalement, j'aime ça, faire des jeux de mots — bien,
il se passe des choses comme : le verre va contaminer le papier ou le
carton. Puis, comme mon background, c'est dans les pâtes et des papiers, je
sais très bien que les compagnies qui opèrent de la machinerie de pointe ne
peuvent pas se permettre d'avoir du verre comme contaminant. Et c'est là qu'on
s'est ramassé avec du papier, du carton qui allait en Chine, qui allait en
Inde, etc., bon.
Ceci dit, pour retirer ce verre-là, bien, une
des façons, c'est de passer par un système de consigne. Il existe déjà
plusieurs provinces, il me semble que c'est huit, qui ont un système de
consigne digne de ce nom, et puis le Québec devrait devenir, donc, la neuvième
province — il
restera le Manitoba — à
avoir un système de consigne. J'ai eu l'occasion, moi aussi, de rencontrer
l'AQRCB — j'ai
pratiqué avant pour ne pas m'accrocher avec le terme — et
puis, oui, je sais qu'ils ont des réticences et je les comprends, j'ai même eu
l'occasion d'en parler avec le cabinet. J'ai parlé avec des associations de
détaillants, j'ai parlé avec des dépanneurs, et tout le monde a ses réticences,
là. C'est comme n'importe quel nouveau système, il y a toujours des réticents,
c'est un peu normal.
Il y a la SAQ qui a embarqué. Je ne comprends
pas pourquoi ils n'embarquaient pas avant, parce que, quand on parlait à la présidente de la SAQ, qui était là
lors de l'annonce, initialement, sur ce système de consigne, elle était
là de bonne foi puis elle semblait dire : Bien, c'est normal qu'on
embarque. Alors, c'est un gros gain. Si la SAQ n'avait pas embarqué, je ne suis pas sûr que notre système de
consigne aurait été fort utile, on aurait eu encore trop de
contamination.
Il y a eu des essais qui
ont été faits, beaucoup d'essais à différents endroits. Parce que ce que j'en
comprends, c'est que la façon de récupérer à côté de chez nous, où il y a de
gros supermarchés avec la SAQ juste à côté, ce n'est pas la même chose qu'aller
récupérer en région, où il y a des distances beaucoup plus grandes. Est-ce
qu'on peut savoir où on en est avec ces essais-là, comment ça a évolué, puis
avoir un sommaire, un peu, un sommaire du sommaire des essais, dans le fond?
M. Charette : Merci de la question.
En fait, c'est un chantier, hein, c'est un chantier, véritablement, celui de la modernisation de la collecte sélective et de
l'élargissement de la consigne. Je le mentionnais tout à l'heure,
malheureusement, c'est quelque chose qui aurait dû être implanté depuis
longtemps. Depuis les débuts des années 80 qu'on fonctionne avec les mêmes
principes où on va, par exemple, consigner un contenant en vertu de son contenu
et non pas en vertu du contenant lui-même. Donc, c'était quelque chose qui
demeure encore... c'est quelque chose qui demeure encore complètement,
complètement désuet, qu'il fallait changer.
Heureusement... Il a fallu un gouvernement de la
Coalition avenir Québec pour avoir ce courage-là. Parce que des réformes, il y
en a une et une autre qui ont été étudiées au cours des dernières décennies. Et
c'est vrai qu'il y a beaucoup de réticences à l'origine de ces retards-là. Il
fallait avoir la détermination, il fallait avoir le courage politique de
procéder, et, à partir du moment que ça a été bien affirmé, et par le premier
ministre, on s'en souvient, en janvier 2020, et j'étais à ses côtés, et, par la
suite, par la réglementation, par rapport à la législation aussi qui a été
étudiée, bien, les acteurs en présence sont convaincus que, cette fois-ci, il
n'y aura pas de recul, et c'est là ou la collaboration est devenue beaucoup
plus constructive. Et je remercie, d'ailleurs, tous les partenaires, là, qui, à
chaque semaine, échangent sur ces enjeux-là,
mais, vous avez raison, on aime se vanter, en matière d'environnement, au
Québec, mais on n'est pas bon élève
dans tout et, au niveau de la gestion de nos matières résiduelles,
malheureusement, on est encore, à ce jour au niveau de la consigne, dans
les derniers de classe, là. Quand on dit qu'il y a huit provinces sur 10 qui
ont implanté un système, et, dans certains cas, depuis plusieurs années... Oui,
on a un retard à combler, mais la bonne nouvelle, par contre, c'est qu'on y
arrive avec cette loi qui est adoptée et ce projet de règlement qui a donné
lieu à la consultation que l'on connaît, avec une édiction, je le mentionnais
tout à l'heure, que l'on souhaite pour les prochaines semaines.
Et ça va permettre d'enclencher les derniers
préparatifs pour une implantation, là, qui devrait avoir lieu quelque part en
2023, avec, oui, un léger retard que j'assume parfaitement, parce que le
souhait derrière tout ça, c'est de bien faire les choses. Quand je dis
«retard», c'est qu'au départ on s'était engagé à implanter cette réforme-là
pour la fin de l'année 2022. On a
plutôt annoncé, il y a quelques mois, que ce serait davantage au
printemps 2023. Et, avec les commentaires, là, de la collègue de
Verdun, je saluais, justement, son cheminement à ce niveau-là... On ne
s'interdit pas... pas de parler d'années, là, mais on ne s'interdit pas
d'envisager peut-être quelques mois supplémentaires pour s'assurer que tout se
fasse dans l'ordre. Pourquoi? Parce que c'est une consigne qui est payée par
les consommateurs, qui est payée par les consommatrices, et ils, elles, ont
tous les droits d'être remboursés lorsqu'ils vont ramener le contenant au bon
endroit. Et c'est là où il faut s'assurer que ce système-là fonctionne bien.
Pour ce qui est des lieux de retour, vous
parlez, à juste titre, d'une disparité entre une grande surface et une petite
succursale de SAQ ou encore un dépanneur. Le règlement va prévoir ces
responsabilités-là pour les joueurs, là, qui seraient concernés. Et ce que l'on
a dit aussi et qui est réitéré dans la réglementation... le but n'est pas
d'obliger à ce que le retour soit automatiquement et uniquement sur le lieu où
l'achat a été fait. L'important, par contre, lorsqu'une succursale de SAQ, une
épicerie ou autre a un certain nombre de pieds carrés, c'est de s'assurer
qu'elle s'associe à une démarche de retour, avec un lieu de retour qui soit
dûment reconnu par l'instance, là, et par RECYC-QUÉBEC. Donc, dans certains cas, ça ne sera pas directement sur
le lieu d'achat, mais l'important, c'est que ce soit à proximité, parce
qu'on veut, encore une fois, que le consommateur ou la consommatrice puisse
récupérer ses argents le plus simplement possible. Donc, c'est toute cette
mécanique-là qui est en train d'être précisée et c'est, je vous dirais, là, un
des grands chantiers pour lesquels la journée où ce se sera dûment implanté...
pour lequel j'aurai certainement beaucoup de fierté.
Puis un outil, vous y avez fait référence
rapidement, un outil qui nous aide à s'assurer de ce succès-là, ce sont les
différents projets pilotes, là, qui roulent depuis quelques mois. Certains
commencent, d'autres cessent leur collecte d'information, parce qu'on veut
avoir le portrait le plus juste possible, mais c'est aussi une étape
fondamentale dans la réussite de cette démarche-là.
• (18 h 20) •
M. Campeau : Quand on disait qu'il y
a des échanges à chaque semaine — je regarde, en même temps, la présidente
de RECYC-QUÉBEC — est-ce
que c'est vraiment à chaque semaine? C'est à ce point-là?
M. Charette : Ah! littéralement,
littéralement, si ce n'est pas plusieurs fois par semaine. RECYC-QUÉBEC, pour
nous, est un partenaire de premier plan. Je remercie, à chacune des fois et
encore aujourd'hui, sa présidente Mme Gagné, là, qui est avec nous
aujourd'hui, mais RECYC-QUÉBEC est un incontournable dans cette réflexion-là.
Et l'autre incontournable, elle est au niveau du cabinet en la personne de
Mme Emmanuelle Géhin. Ce sont réellement deux personnes et deux
organisations, là, qui... Et on pourrait sans doute les recenser, là, mais
c'est des centaines et des centaines de rencontres, au cours des deux dernières
années, sur cet enjeu-là pour justement se donner toutes les chances de succès
possible. Moi, j'en ai fait. Moi, ça peut se limiter peut-être en termes de
dizaines de rencontres, mais je sais que RECYC-QUÉBEC et Mme Géhin, à
travers le cabinet, ce sont des centaines de rencontres, littéralement.
M. Campeau : Quand on parle des
différentes matières, ce que je comprends, c'est qu'il va y avoir différentes
dates, ce n'est pas tout qui va arriver en même temps, exemple, le carton de
lait est plus dur à aller récupérer. Est-ce que j'ai raison de dire ça?
M. Charette : Exactement.
Et je donnais la distinction, là, à la collègue de Verdun, tout à l'heure, et
je comprends l'analogie qu'elle employait, là, celle des sacs de lait n'était
pas la bonne, mais c'est le principe, là, qui était tout à fait applicable et
que je comprends. Oui, les multicouches seront aussi couverts par la consigne
élargie. On s'entend, on parle toujours de contenants à boire entre
100 millilitres et deux litres. Donc, les contenants à boire multicouches
de ces formats-là seront consignés, mais avec un délai, là, supplémentaire,
pour permettre à l'industrie et aux producteurs, là, de bien se mettre en
branle, mais, déjà, le fait d'avoir annoncé cette intention-là a généré des
investissements. Il y a le secteur de la valorisation qui, déjà, se mobilise.
On a un bel exemple sur la rive sud de Québec, ici, à Lévis, c'est Sustana, je
crois. Voilà une belle entreprise, là, qui développe déjà ses installations
pour accueillir cette matière-là et pouvoir la valoriser pour éviter... et
autant collecte sélective que modernisation de la consigne.
Un... bien, en fait quelques objectifs... le
principal : détourner toute cette matière-là des lieux d'enfouissement techniques, des dépotoirs, donc, premier objectif,
mais, naturellement, une valorisation également à travers tout le
principe d'économie circulaire. Mais, déjà, l'industrie se prépare à accueillir
ces contenants multicouches à être revalorisés.
M. Campeau : Je ne sais pas si c'est
juste un feeling que j'ai, mais, selon l'endroit où on va retourner ces
contenants, ça a l'air toujours simple, je veux dire, je les retourne, j'ai mon
argent, puis c'est fini. Ensuite de ça, il faut les amener, ces contenants-là,
à un autre endroit. Est-ce que ça se fait avec un camion qui opère à l'essence?
Il est peut-être électrique. Ça se fait à quelle fréquence, et tout? J'ai
l'impression qu'on est loin d'avoir fini de roder. Puis, même quand on va le
mettre en application, on aura encore un temps de rodage. Alors, il ne faut
peut-être pas s'attendre à ce que ce soit parfait du premier coup. Est-ce que j'ai
raison?
M. Charette : Naturellement, on veut
avoir le plus grand taux de satisfaction client, là, dès l'implantation, mais
il est possible qu'il y ait un petit peu de rodage et... pour se donner de
meilleures chances. C'est la raison pour laquelle, notamment, on a des projets
pilotes qui sont en cours, collecter des données, voir les quantités de
contenants que ça peut représenter.
Mais ce qui nous aide beaucoup, et c'est
peut-être le bon côté d'avoir tardé, s'il faut en trouver un, à implanter ce
système-là, c'est que l'équipement s'est beaucoup, beaucoup, beaucoup modernisé
avec les années. Oui, on est dans les
derniers à le faire, mais on bénéficie de l'expérience des autres, en quelque
sorte, et une seule gobeuse, pour reprendre le terme commun, va pouvoir
prendre tous les types de contenants. Donc, la personne n'aura pas à mettre ses
contenants de verre dans un contenant mais
ses contenants de plastique dans un autre, la machine sera suffisamment
intelligente pour séparer tous ces
contenants-là. Mais ce que la machine va faire aussi, c'est pouvoir envoyer des
données à travers le fameux OGD. Puis je comprends que ça peut être
technique ou on peut s'y perdre, là, c'est l'organisme de gestion qui aura à
gérer tout ça. Donc, on va savoir les quantités accumulées sur les lieux de
retour, et ça va faciliter la collecte, forcément, donc... s'assurer qu'on ne
se retrouve pas avec des entrepôts qui débordent ou des lieux de retour qui
débordent.
Donc, il y a beaucoup, beaucoup d'intelligence
artificielle à travers cette réforme-là, et, encore une fois, c'est
probablement le seul — mais
ce n'est pas négligeable — avantage
à avoir tardé à l'implanter. Et même les gobeuses que l'on retrouve
actuellement, certaines continueront, naturellement, d'être en service, mais
les nouvelles générations de gobeuses, c'est à des lieux et des lunes de ce
qu'on peut avoir actuellement, là, comme expérience client.
M. Campeau : J'aime bien
l'expression «expérience client» parce que, quand on va dans un supermarché,
actuellement, on peut voir des gens attendre en ligne, avoir des bacs pleins,
et ce n'est jamais très intéressant, surtout si on manque de main-d'oeuvre,
pour les gens qui travaillent là, d'aller chercher les contenants, sortir ça,
et c'est assez pour décourager les gens. Alors, j'ai l'impression que cette
expérience client là, ça vaut la peine de roder le système et d'y penser comme
il faut, parce que, selon l'expérience client que les gens auront, ils vont
embarquer dans le système ou rester sceptiques pendant un bout de temps, puis
la dernière chose qu'on veut, c'est quelqu'un de sceptique qui va remettre ses
choses dans le bac vert. Et on n'aura rien gagné parce que, si je comprends
bien, si on enlève 50 % du verre qui est dans le bac vert, bien, c'est
encore trop contaminé. Il faut en enlever une très grande portion pour que ce
soit significatif pour les autres matières.
M. Charette : Oui. Et rappelons-nous
les usages que l'on souhaite faire, et ça, on avait eu ces échanges-là tout au
long du projet de loi. Pour ce qui est du verre, par exemple, le verre peut
être contaminé, par exemple, par de la porcelaine, mais, dans certains cas,
selon l'usage que l'on souhaite en faire, selon le type de valorisation que
l'on souhaite en faire, dans certains cas, la contamination importe moins.
Donc, il va continuer à y avoir du verre dans le bac bleu. Si, par exemple, à
la maison, je brise mon verre de vitre, naturellement, bien, il n'est pas
consigné, ça fait que je vais le mettre dans le bac bleu, et il y aura une
forme de revalorisation avec des besoins différents, mais, si on veut, par
exemple, refaire du verre avec du verre, c'est là où le degré de contamination
fait toute la différence et c'est là où on peut penser que ce sont les
gisements en provenance de la collecte... non pas de la collecte, mais en
provenance de la consigne qui vont alimenter les valorisateurs. Donc, il y aura
de la place encore dans le bac bleu, mais tout ce qui peut être consigné, il faudra le consigner pour s'assurer d'une prise de
valeur encore plus importante de ces matières-là.
Et on a déjà beaucoup de demande, on a des
entreprises qui disent : Nous, on serait prêts à acheter tout votre verre,
ou tout votre aluminium, ou tout ça. Et c'est là la beauté de la chose, avec
l'organisme de gestion désigné. À partir du moment où il y a plus de demande,
il y a naturellement plus de valeur à ces matières-là, que ce soit aluminium,
que ce soit plastique. Donc, ce sera une partie importante du financement de
toute cette opération-là.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
M. le ministre, je vous interromps ici.
Donc, compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux au jeudi 5 mai, à
11 h 30, où elle poursuivra l'étude du volet Environnement et Lutte
contre les changements climatiques des crédits budgétaires du portefeuille
Environnement et Lutte contre les changements climatiques. Je vous souhaite une
très belle soirée. À demain.
(Fin de la séance à 18 h 30)